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NUMÉRO DE NOËL 2011 Printemps arabe… Noël sous les bombes ? D imanche 16 octobre, quatre heure de l’après- midi, à Paris, Boulevard des Invalides : une manifestation, des hommes, des femmes, des enfants portant une croix et des images de la Vierge ! Quelle langue parlent-ils ? Leur caractère exotique, leur teint basané en même temps que leur nombre im- pressionnant devraient alerter les radios et les télévisions, ainsi que les rédacteurs des échos du jour dans la presse écrite. Ne cherchez pas ! Vous ne trouverez rien ! Seule la chaîne KTO était présente sur cet évé- nement qui était une sorte de procession manifestante (mais toute procession n’est-elle pas une manifestation ?) des Coptes à Paris. Quel Noël, demain, pour nos frères chrétiens d’Egypte ? Ils sont entre 6% et 10% de la population actuelle. Ils étaient 100% avant la conquête arabo-mu- sulmane du VII ème siècle. Ils sont les vrais descendants des pharaons et leur terre est sainte d’avoir abrité la Sainte Famille au temps de la persécution d’Hérode. “D’Egypte, j’ai appelé mon fils.” (Matthieu 2, 15) Dans la nuit du nouvel an, cette année 2011, à l’église des Saintes, une bombe explose en plein office, qui fait 21 morts et 80 blessés. Dimanche 9 octobre, l’armée qui, depuis la chute de Moubarak, est l’Etat, écrase une manifestation (ou une procession ?) pacifique des Coptes, à coup d’engins blindés rentrant dans la foule – 24 morts, 200 blessés. L’armée dit : c’est la faute aux Coptes. Ce sont eux qui ont attaqué. Que faisons-nous, chrétiens de l’Occident, qui subissons une persécution toute ver- bale ? Qu’est devenu le senti- ment d’être frères en Jésus-Christ ? Et la compassion qui signifie souffrir avec nos frères qui souffrent ? Pour les chrétiens d’Egypte, de Palestine, du Liban, de Syrie ou d’Irak, d’Algérie et de Tunisie, le printemps arabe s’achèvera-t-il dans un Noël sous les bombes et sous les balles ? Les Etats d’Europe restent silencieux. Mais nous, dont les ancêtres ont, pendant des siècles, apporté leurs secours à ces églises persécutées, qui nous empêche de poursuivre, à notre place et selon nos moyens, leur œuvre de charité ? Nous savons que ceux qui célèbrent Noël sous les bombes et sous les balles sont plus proches de l’en- fant de la crèche que ceux qui croulent sous les dé- luges de cadeaux et les tornades de victuailles. SecourS de France, c’est aussi, pour eux, une forme de secours de la France et pour nous, c’est un vrai Noël entre chrétiens. Secours de France Dans ce numéro u France-Algérie : l’impossible travail historique..................... 2-3 u In memorian : P. François Casta..................... 4 u Harkis : histoire d’un abandon........................ 5 u Notes de lecture, films et DVD....................6-7 u Les actions de Secours de France.............. 8

Printemps arabes...Noel sous les bombes!

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Bulletin de Noel du Secours de France

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Page 1: Printemps arabes...Noel sous les bombes!

NUMÉRO DE NOËL 2011

Printemps arabe… Noël sous les bombes ?

Dimanche 16 octobre, quatre heure de l’après-midi, à Paris, Boulevard des Invalides : une manifestation, des hommes, des femmes, des

enfants portant une croix et des images de la Vierge !Quelle langue parlent-ils ? Leur caractère exotique,

leur teint basané en même temps que leur nombre im-pressionnant devraient alerter les radios et les télévisions, ainsi que les rédacteurs des échos du jour dans la presse écrite.

Ne cherchez pas ! Vous ne trouverez rien ! Seule la chaîne KTO était présente sur cet évé-nement qui était une sorte de procession manifestante (mais toute procession n’est-elle pas une manifestation ?) des Coptes à Paris.

Quel Noël, demain, pour nos frères chrétiens d’Egypte ? Ils sont entre 6% et 10% de la population actuelle. Ils étaient 100% avant la conquête arabo-mu-sulmane du VIIème siècle. Ils sont les vrais descendants des pharaons et leur terre est sainte d’avoir abrité la Sainte Famille au temps de la persécution d’Hérode.

“D’Egypte, j’ai appelé mon fils.” (Matthieu 2, 15)Dans la nuit du nouvel an, cette année 2011, à l’église

des Saintes, une bombe explose en plein office, qui fait 21 morts et 80 blessés.

Dimanche 9 octobre, l’armée qui, depuis la chute de Moubarak, est l’Etat, écrase une manifestation (ou

une procession ?) pacifique des Coptes, à coup d’engins blindés rentrant dans la foule – 24 morts, 200 blessés. L’armée dit : c’est la faute aux Coptes. Ce sont eux qui ont attaqué.

Que faisons-nous, chrétiens de l’Occident, qui subissons une persécution toute ver-bale ? Qu’est devenu le senti-

ment d’être frères en Jésus-Christ ? Et la compassion qui signifie souffrir avec nos frères qui souffrent ?

Pour les chrétiens d’Egypte, de Palestine, du Liban, de Syrie ou d’Irak, d’Algérie et de Tunisie, le printemps arabe s’achèvera-t-il dans un Noël sous les bombes et sous les balles ?

Les Etats d’Europe restent silencieux. Mais nous, dont les ancêtres ont, pendant des siècles, apporté leurs secours à ces églises persécutées, qui nous empêche de poursuivre, à notre place et selon nos moyens, leur œuvre de charité ?

Nous savons que ceux qui célèbrent Noël sous les bombes et sous les balles sont plus proches de l’en-fant de la crèche que ceux qui croulent sous les dé-luges de cadeaux et les tornades de victuailles.

SecourS de France, c’est aussi, pour eux, une forme de secours de la France et pour nous, c’est un vrai Noël entre chrétiens.

Secours de France

Dans ce numérou France-Algérie :

l’impossible travail historique..................... 2-3

u In memorian : P. François Casta..................... 4

u Harkis : histoire d’un abandon........................ 5

u Notes de lecture, films et DVD.................... 6-7

u Les actions de Secours de France.............. 8

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2 BULLETIN DE NOËL 2011

• Première affirmation : “C’est le passé colonial qui fait obstacle à des relations apaisées entre la France et l’Algérie.” D’où la nécessité pour la France de reconnaître publiquement l’implication première de notre pays dans les traumatismes engendrés par la colonisation.

S’il fallait penser les relations entre la France et le Maghreb, en termes de traumatisme, pour-quoi, alors, ne pas revisiter une histoire lon-gue et “traumatique”, intégrant les conquêtes arabes, la piraterie barbaresque et la mise en esclavage de chrétiens faits captifs ?

En réalité, les bons apôtres de la réconciliation se font piéger par la rhétorique des dirigeants algériens qui, depuis l’indépendance, utilisent une histoire mythifiée et diabolisée de la colo-nisation pour justifier leur dictature, l’incurie de leur gestion, la prévarication des richesses na-tionales en particulier des hydrocarbures, leur incapacité à assurer sécurité et progrès social.

La démagogie historique, ainsi déployée, vise surtout à manipuler les ressentiments et les frustrations de la population, autant qu’à mettre en difficulté le partenaire français.

• Deuxième argument sémantique : les partisans de la repentance française font systématiquement référence à “la guerre d’indépendance algérienne” sur le modèle, sous entendu, de la “guerre d’indépendance américaine”…

Cette formulation qui se substitue à celle communément ad-mise de “guerre d’Algérie” consiste, en fait, à caractériser un événement par sa fin – l’indé-pendance –, alors qu’il est clair que, jusqu’en septembre 1959, cette perspective en est une parmi d’autres.Selon cette conception “finaliste”, faisant de l’aboutissement l’essence de l’événement, la Révolution de 1789 devrait s’intituler “L’avè-nement de Napoléon 1er” et la Première Guerre Mondiale “L’effondrement des Empires Cen-traux”.En outre, cette formule masque les réalités d’un conflit qui ne s’est jamais résumé à un an-tagonisme binaire entre “indépendantistes” et “forces coloniales”, mais a commencé et s’est poursuivi en guerre civile : terreur du FLN

pour s’imposer au peuple algérien, jamais spontanément ni massivement derrière lui. Elle ignore le penchant d’une grande proportion d’Algériens et pas seulement des anciens combat-tants en faveur du maintien d’une présence française.Elle tait les affrontements meurtriers entre le FLN et le MNA, les assassinats de travailleurs immigrés en métropole ou d’habi-tants de douars refusant de payer l’impôt révolutionnaire.

• Troisième type de généralisation : la notion de “système colonial”, appliqué selon un schéma exclusif parfaitement rodé…

Il s’agit là d’une expression tronquée, volontairement partiale et réductrice des réalités coloniales. La notion de “système” sup-pose une homogénéité dans la conception, la mise en œuvre et le fonctionnement de la colonisation dans l’espace et le temps, alors que toutes les études historiques ont établi, au contraire, la grande diversité de la conquête dans ses origines, ses modali-tés et ses évolutions..

UN DÉBAT FAUSSÉ PAR L’IDÉOLOGIE

France-Algérie : l’impossible travail historiqueEn cette veille d’anniversaire de la fin de la guerre d’Algérie et depuis plusieurs années, un certain nombre d’universitaires et de personnalités françaises et algériennes nous invitent à “dépasser le contentieux historique, entre la France et l’Algérie”.Daniel Lefeuvre, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris VIII Saint Denis et Michel Renard, également professeur d’histoire et chercheur, ont répondu à cette démarche qu’ils qualifient de “généreuse”, tout en démontrant le caractère unilatéral et convenu de l’argumentation mise en avant par ses initiateurs.

t

Daniel Lefeuvre est l’auteur d’une thèse de doctorat sur l’industrialisation de l’Algérie entre 1930 et 1962, publiée en 2005 chez Flammarion, et de Pour en finir avec la repentance coloniale, également publié chez Flammarion en 2008.

Daniel Lefeuvre : “une histoire mythifiée

et diabolisée”.

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3BULLETIN DE NOËL 2011

• Dans ce cadre, il est fait allusion régulièrement aux “massacres de centaines de milliers d’Algériens”, depuis 1830, et “du million et demi”, au cours du conflit de 1957 à 1962”.

Il est prouvé que la conquête a entraîné la mort d’environ 250 000 autochtones et la guerre d’Algérie, moins de 250 000, dont plus de cinquante mille tombés sous les coups du FLN.Si l’on excepte les “enfumades” des années 1844-45 et les re-présailles aveugles qui ont suivi les attentats de Sétif en 1945, et celles engagées après la tuerie de civils européens à la Mine d’El Halia en 1955, l’essentiel des tués l’ont été au combat, les armes à la main. En aucun cas on ne peut parler de massacres ou d’exterminations.

• On rappelle volontiers la “dépossession des terres” par les colons.

Certes, la propriété européenne a couvert deux millions d’hec-tares, acquis partiellement par spoliation, mais il convient, d’une part, de noter l’importance de l’investissement matériel et hu-main effectué par les Européens pour assainir et mettre en va-leur ces terres et, d’autre part, de préciser que la propriété algérienne s’est également largement développée, au lendemain de la première guerre mondiale.

• Autre reproche, la “clochardisation” d’une grande masse d’Algériens.

Référons-nous au diagnostic de l’ethnologue Germaine Tillon qui voit ce phénomène d’appauvrissement dans le bled, lié moins à la colonisation “qu’au vent et aux chèvres…”Germaine Tillon avance, cependant, une explication à la clo-chardisation : l’explosion démographique due aux bienfaits de la colonisation a supprimé les guerres ancestrales de tribus, les famines mortelles, le paludisme, le typhus et la typhoïde mais finit par entraîner l’épuisement des sols, la réduction des rende-ments, sans que d’autres sources de richesses, l’industrialisation notamment, aient été initiées.

• Selon ses détracteurs, la colonisation en Algérie a également entraîné des “souffrances pour les Français”… et, parmi eux, “les déportés en Algérie pour raisons politiques”.

On doit rappeler que ces derniers, s’étant opposés au coup d’Etat de Louis Napoléon-Bonaparte, ont, pour la plupart, rega-gné la Métropole, après leur amnistie. En tout état de cause, ils ne sont en rien victimes de la colonisation.

• Restent les “victimes expiatoires” désignées ainsi, toujours dans la mouvance de l’idée de repentance, lors de l’effondrement du “système” colonial en Algérie.

Pourquoi ne pas rappeler la spoliation massive de leurs biens par l’Etat algérien, ne pas évoquer les 3 000 morts et dispa-rus, après les accords d’Evian ? Pourquoi se contenter de cette vision judéo-chrétienne qui fait de la colonisation un “péché” sans, à aucun moment, imaginer que, pour la fraction dure du

FLN, la finalité de la guerre comportait un volet d‘épuration ethnique et que l’expulsion des “Pieds-Noirs” et la confiscation de leurs biens étaient partie intégrante de son projet politique ?

• Quant aux harkis “enrôlés dans un guêpier qu’ils ne maitrisaient pas” …

Ils ne sont pas les objets passifs d’une histoire qui les aurait dépassés. Beaucoup se sont engagés par conviction, par fidélité à la France, pour se venger ou venger leur famille des exactions du FLN, voire, pour percevoir une modeste rémunération, né-cessaire à l’entretien de leur famille.

Ils ont été victimes d’une double raison d’Etat : celle de la nou-velle République qui fonde dans le sang le mythe du peuple al-gérien uni contre le colonialisme ; celle de l’Etat français qui instaure un déni rétrospectif du “vivre ensemble franco-musul-man”, pour se prémunir, de manière illusoire, contre le risque d’une immigration massive vers la Métropole….

Le partenariat franco-algérien réclamé, qui exige un travail his-torique rigoureux, est sans doute possible, mais il passe par une investigation honnête et scientifique de part et d’autre de la Méditerranée. Or, au sud, les archives, notamment celles du FLN, restent pour l’essentiel, fermées aux chercheurs.

Par définition les entreprises mémorielles restent unilatérales. On ne saurait effectuer un travail scientifique dès lors que les intervenants conviennent d’un commun accord de ne prendre en considération que la vérité officielle et corsetée dispensée par l’une des parties... n

Daniel Lefeuvre et Michel Renard

ont publié en 2008 chez Larousse un remarquable travail de détricotage du

discours simpliste véhiculé depuis plusieurs décennies :

Identité nationale = xénophobie = racisme =

extrême droite.

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4 BULLETIN DE NOËL 2011

Le mercredi 31 du mois d’août, à Pietrosella, au sud du Golfe d’Ajaccio, dans une chaleur et

une lumière méditerranéennes, nous avons porté en terre le corps du Père François Casta, Grand-Croix de la Lé-gion d’Honneur, aumônier militaire qui avait accompagné les soldats français du Rhin au Danube, de la RC 4 à la Baie d’Along, de Cao-Bang à Dien Bien Phu, d’Alger à Mostaganem, de Cherchell à Souk-Ahras…

A son retour en Corse, ce person-nage encombrant, comme disent ses confrères, avait sollicité humblement, un ministère paroissial… n’importe lequel, le plus déshérité, le plus reculé… Mais rien n’y fit. Par un de ces paradoxes du mal par lesquels l’Eglise de Dieu prouve qu’elle est vraiment divine… On lui re-fusa tout… sauf la fonction de biblio-thécaire qu’il accepta…

Il en profita pour écrire une histoire du Diocèse d’Ajaccio… Nos élus du jour, s’ils veulent comprendre quelque chose à ce qu’ils appellent le “problème corse” devrait commencer par lire cet ouvrage et le méditer.

Fils de sous-officier, à peine ordonné prêtre, alors que son frère faisait la guerre comme soldat, François Casta devint aide-soignant dans une unité où le Général de Lattre de Tassigny avait réalisé l’amalgame entre les FTP venus des maquis et les soldats de la Première Armée.

Le jeune curé fut plutôt mal accueilli dans ce milieu, mais quand il a fallu aller chercher, sous la mitraille ennemie, un camarade blessé, ce que fit, seul, Fran-

IN MEMORIAM FRANçOIS CASTA

“Gloire à l’homme de Dieu. Paix à l’homme de guerre.”

Nous empruntons à notre administrateur et ami, Jacques Trémolet de Villers, quelques lignes de la chronique qu’il a consacrée, dans “Présent”, au Père François Casta, Homme de Dieu, Homme de guerre et “compagnon de plume” de l’auteur.

t

çois Casta, le silence se fit sur son pas-sage. Au Noël qui suivit, communistes ou pas, ils étaient tous là.

Du “Bataillon des damnés” au “Drame spirituel de l’armée”

A son retour, il apprend que certains de son village, engagés dans la Milice étaient promis au poteau d’exécution.

Il contribue alors à leur permettre de rejoindre un corps spécial de volon-taires pour l’Indochine, “le bataillon des damnés” à qui seront confiées les mis-sions les plus risquées et dont il sera, bien sûr, l’aumônier.

Parachutistes, la Légion Etrangère… Pour tous, il est “Le Padre”…

Après ce sera l’Algérie. Quand il voit l’armée confrontée à la guerre révolu-tionnaire, il écrit, pour ses brebis à lui, ses “hommes de guerre”, Le drame spiri-tuel de l’armée (1) qui lui vaut la révoca-tion de sa fonction d’aumônier militaire, mais aussi cette gloire de voir le général de Boissieu, gendre de De Gaulle, déci-der que chaque Saint-Cyrien devait lire ce livre…

En Corse, à court d’église, sans pa-roisse, il célébrait la messe, comme aux premiers temps de l’Eglise de Rome dans de belles villas du bord de mer, sur des terrasses, pour ses paroissiens d’occasion. Puis avec eux, il construit son église à Pietrosella qu’il baptise Sainte Monique, en souvenir de Souk-Ahras.

C’et là qu’il repose sous le vitrail de Saint-Michel. Ce sont les légionnaires du 2ème REP qui l’ont porté en terre. Son neveu rappela, dans un bref et émouvant hommage, l’une de ses for-mules favorites : “Un Corse ne s’exile pas. Il s’absente…”

Il faisait très beau. Chaque feuille d’olivier, “l’ombrelle verte et blanche à la double couleur”, scintillait.

Gloire à l’homme de Dieu. Paix à l’homme de guerre. La terre de Corse lui sera douce et le sourire de Dieu ne lui manquera plus… n

(1) réédité par le Secours de France

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5BULLETIN DE NOËL 2011

Harkis : histoire d’un abandon

DVD disponible

à l’ECPAD : 2-8 Route

du Fort, 94200 Ivry-

sur-Seine. (Chèque de

14,90 € port compris

à l’ordre de l’ECPAD.)

DEVOIR DE MÉMOIRE

Harkis : histoire d’un abandon

L e 8 novembre dernier s’est déroulée, à l’amphi Foch de l’Ecole Militaire, sous la présidence du Ministre de la Défense, Gérard Longuet, la présen-

tation, en avant-première, du film “Harkis, histoire d’un abandon”.Ce document réalisé par Marcela Feraru et coproduit par le SecourS de France, avec le concours de l’EC-PAD, a été longuement applaudi par un public attentif et souvent ému, composé de harkis, mais aussi pour une bonne part d’adhérents et de donateurs du SecourS de France, ainsi que de nombreuses personnalités.Il retrace le destin de ces dizaines de milliers d’hommes, (beaucoup plus nombreux que les effectifs du FLN) qui ont choisi l’engagement dans l’armée française plutôt que de combattre dans les rangs de l’ALN.

Il leur rend justice, à travers la réflexion et la quête de ses origines d’une fille de harki, à la recherche des mo-tivations de son père.Il fait litière des accusations faciles du camp d’en face et de ses alliés de ce côté-ci de la Méditerranée, qui voudraient y voir des collabos, des mercenaires, des chômeurs, attirés par la solde ou la rapine.Il rappelle des vérités dérangeantes sur les raisons vé-ritables de leur engagement, conséquence, le plus sou-vent, des exactions d’un terrorisme qui appliquait à la lettre le schéma de la lutte révolutionnaire, expérimenté un peu partout dans le monde.Il montre, sans complaisance, l’alliance objective des futurs maîtres de l’Algérie et d’un gouvernement fran-çais pressé de liquider le passé au prix de l’abandon de ses propres soldats, dès lors qu’ils n’appartenaient pas à des unités métropolitaines constituées.

Peu de bonnes âmes ont, à cette époque, dénoncé cette non-assistance de caractère raciste à per-sonnes en danger. Et les médias se sont faits discrets sur l’horreur de ces dizaines de milliers d’exécutions sommaires, précédées des supplices les plus raffinés.Mais le film ne s’arrête pas là. Les rescapés, ayant échappé à ce sort horrible, grâce à la légitime désobéissance de leurs officiers, sont difficilement ac-cueillis en France.Il faudra cinquante années pour que les enfants et les petits-enfants de nos frères d’arme prennent leur place dans la société française…Il restait à leur témoigner l’estime et la gratitude que nous devions à leurs parents. C’est fait.Merci à Marcela Feraru. Merci à Jean Piat qui en dit le commentaire et merci à la Chaîne Histoire qui pro-gramme ce film avant la fin de l’année. n

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6 BULLETIN DE NOËL 2011

Le Général de Lattre en Indochine

C’est à notre ami, Gilles Bonnier que l’on doit ce salut aux ultimes com-

bats du Général de Lattre, d’abord en Indochine, contre les Viets, où il ren-verse la situation, et ensuite en 1952 en France, contre le cancer qui finira par le vaincre. Il aura eu l’immense douleur de perdre son fils Bernard au combat de Ninh Binh le 30 mai 1951.

Entre ces deux dates, décrites avec précision, clarté, rigueur et documents in-contestables, les offensives pour sauver un Tonkin déjà considéré comme perdu, avec un chapelet de victoires (Vinh Yen, Mao Khé, Dong Trieu) s’adossant à la fortification du Del-ta, avec la réorganisation d’une armée où “l’active s’active” et laisse les bureaux aux appelés volontaires et où monte en puis-sance la nouvelle armée vietnamienne.

Une stratégie comprenant aussi un volet “externe”, en particulier la cam-

pagne aux Etats-Unis au nom de la défense du Monde Libre, qui “rap-portera” assistance et matériels.

Mais de Lattre ne verra pas les succès chèrement gagnés des deux autres batailles défensives de Nghia-Lo et Hoa Binh…Il ne verra pas non plus les terribles revers des années suivantes en dé-

pit de l’héroïsme des hommes, dans ce conflit lointain et mal compris d’une opi-nion sensible à d’autres campagnes, celles du Parti Communiste et de ses affiliés

contre la “sale guerre”. n

Gilles Bonnier : Le Général de Lattre en Indochine, 35 € port compris,Fondation Maréchal de Lattre,

4 rue Amélie 75007 Paris

L’alliance Staline-Hitler

Que Molotov et Ribbentrop aient si-gné, le 23 août 1939, un pacte de non

agression qui donnait le feu vert à Hitler pour son offensive à l’ouest, est connu. Ce coup de poignard dans le dos des dé-mocraties progressistes occidentales est, d’ailleurs, souvent justifié par l’argument selon lequel l’Union Soviétique ne se sen-tait pas prête à cette époque à affronter, les armes à la main, son grand ennemi idéologique.

C’est du moins ce que semblent avoir compris les “forces prolétariennes” de ce côté-ci de la frontière, qui mettaient immédiatement une sourdine à leur pro-pagande antinazie et se retournaient au contraire conte les fauteurs de guerre im-périalistes que symbolisaient les gouver-nements français et britanniques.

Ce que l’on sait moins, c’est que ce même jour, 29 août 1939, les plénipo-tentiaires des deux pays concernés si-gnaient un protocole secret fixant la répartition, après conquête, des terri-toires d’Europe centrale et orientale, ce qui met à bas la thèse du “non possu-mus” des partisans soviétophiles et, si l’on se réfère aux documents issus des archives de la Wilhelmstrasse, permet d’appréhender l’origine des deux pre-mières années de la deuxième Guerre Mondiale, et ce, en dépit des répu-

gnances de l’historiographie officielle. n

J.-G. Malliarakis : L’alliance Staline-Hitler, Editions du Trident, 369 p., 20 €

Adieu Roumi

Pour une fois, dans cette foisonnante littérature autour de l’Algérie, un ro-

man. Un vrai roman où s’agitent, parlent, s’aiment, combattent et meurent, des per-sonnages de chair et de sang, au rythme des péripéties de l’Histoire.

Deux familles voisines dans le centre d’Alger célèbrent, le 30 juin 1930, la nais-sance de leur premier fils respectif, Marc et Mathias. Ces deux jumeaux de cœur vont suivre un des-tin commun : l’en-fance heureuse, l’adolescence tu-multueuse, l’ap-prentissage de l’armée à Cher-chell, les aventures féminines, parfois en compétition, comme dans les matches de boxe, puis le début de la vie professionnelle, comme journalistes à l’Echo d’Alger…

Puis c’est la Toussaint Rouge, le début dés “événements” qualifiés de “commen-cement de la fin”, l’engagement au 18ème RCP, les premiers accrochages, ratissages et autres opérations brutales, notamment après l’embuscade de Palestro…

On y décrit aussi l’étrange relation qui s’établit entre les rebelles prisonniers et les soldats pieds-noirs, tous nés dans un même pays. On ne fait pas mystère des in-terrogatoires musclés, même dans L’Echo d’Alger : “Qui n’a pas vu des corps d’échi-quetés… ne peut comprendre pourquoi l’interrogatoire d’un terroriste diffère de celui d’un voleur de poules.”

Bataille d’Alger, espoir du 13 mai, bar-ricades à Alger, putsch des Généraux, engagement dans l’OAS, Commandos Delta, où l’on côtoie Degueldre et Le Daim, face aux Barbouses, aux “viets”, au FLN et, pour finir, l’exode précipité… Tous ces événements sont vécus “de l’in-térieur”, entremêlés de relations intimes, d’étreintes passionnées, racontées dans un style alerte, émaillé de formules chocs qui donnent à ce roman d’un Roumi la vi-gueur et l’authenticité de l’autobiographie. On pense, à le lire, aux Agités d’Alger de Jacques Laurent (dit Cecil Saint-Laurent),

paru en 1961. n

Jean Taousson : Adieu Roumi, 30 €,www.atelier- folfer.com

NOTES DE LECTURE

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7BULLETIN DE NOËL 2011

Le Sacrifice : Dien Bien Phu 1954

Le Colonel Jacques Allaire raconte en direct, avec sobriété et émotion, non

seulement la bataille mais la vie et la mort des hommes de sa section. Ces hommes dont on voit les visages, dont on connaît les noms, dont on partage le quotidien de “bruit et de fureur”, dont on pèse l’abné-gation, l’angoisse, l’humour et l’esprit de fraternité, depuis le parachutage du “ba-taillon Bigeard” où il sert comme sous-lieutenant jusqu’à la libération des camps viets, le 2 septembre 1954.

Coup de chapeau à ces jeunes paras qui tiendront dans le sang et la boue, sous un déluge d’obus face à la ruée de 60 000 Bo-doïs ; à ces camarades vietnamiens, enga-gés dans la défense de leur nation et de leur liberté, à ces “Pims”, ces transfuges du Viet Minh qui serviront jusqu’au bout, à ces femmes ex-prostituées dévouées aux blessés et qui seront, comme les pre-miers, exécutées dès la chute du camp retranché.

Salut également à ces centaines de “si-lencieux de la nuit”, volontaires pour être parachutés, bien que non brevetés, dans la

fournaise où “les plus humbles ont été les plus grands”.

Beau travail du réalisateur Philippe De-larbre qui nous fait revivre grâce, notam-ment, aux images de l’ECPAD, aux clichés privés et à un montage intelligent, mêlant monologues, prises d’armes, combats et descriptions, dans cette œuvre nerveuse qui n’épargne pas “les politiques com-plices” ni “les militaires défaillants”… et se veut un “devoir de mémoire contre l’oubli.” n

Philippe Delarbre : Le Sacrifice. Dien Bien Phu 1954, 20 €, Caroline

Production, 4 rue de l’Alboni, 75016 Paris (chèque à l’ordre de Caroline

Production)

FILMS ET DVD

Par le sang versé…

Ce film de Marcela Feraru et de l’EC-PAD est un document historique

particulièrement intéressant en ce qu’il évoque le parcours de trois légionnaires blessés au combat au service d’une patrie qui n’était pas la leur. L’un est Polonais, et s’est battu en ex-Yougoslavie ; le second, Portugais, en Côte d’Ivoire ; le troisième, Chinois, en Afghanistan.

Ils sont confrontés, tous les trois, à l’im-possibilité, il y a encore quelques années, de se voir accorder la nationalité française.

Le Général Jean-Claude Coullon, ancien Commandant de la Légion Etrangère, et quelques politiques livrent alors une véri-table bataille législative pour faire recon-naître par le Garde des Sceaux de l’époque, Elisabeth Guigou (qui s’y opposait ferme-ment, ne voulant pas entamer un débat sur la nationalité susceptible de déboucher sur le problème de l’immigration), le droit pour un étranger, blessé au service de la France, de devenir Français “par le sang versé”.

Le motif officiel invoqué pour cette fin de non recevoir était : “Il est nécessaire de vérifier le degré d’attache de ces personnes avec la France et de permettre au Gouver-nement de conserver une marge d’appré-ciation.” – Réponse d’un gouvernement socialiste qui relève d’une appréciation humainement injustifiable, humiliante et révélatrice également d’une conviction politique et d’un aveuglement dogmatique bien connus. Pourquoi, dans ces condi-tions ne pas vérifier pour tous les favo-risés, français par “le droit du sol”, leur degré d’attachement à une “Mère Patrie” qui ne leur a rien coûté ?

Le texte sera voté par procédure sim-plifiée en décembre 1999, après une vé-ritable guerre de tranchées politique et médiatique. Il fera l’objet, à l’Assemblée Nationale, d’une tentative de récupération par ceux-là même qui par antimilitarisme primaire, s’y opposaient mais avaient fini par renifler le caractère populaire d’une disposition électoralement positive.

Le magnifique exemple d’intégration hu-maine et sociale que constitue la Légion Etrangère, dont la devise est “Honneur et Fidélité”, pourrait peut-être inspirer nos politiques, en quête de solutions pour assimiler une immigration, française par

l’allocation versée. n

Du débarquement à Sidi Ferruch à l’exil de tout un

peuple, c’est l’histoire de 132 années d’Algérie française que retrace ce film, réalisé par Charly Cassan et Marie Ha-venel, depuis la lutte contre les pillages barbaresques jusqu’aux massacres post ac-cords d’Evian et à la liquida-tion féroce des harkis.

On y rappelle aussi les périodes de prospérité entrecoupées d’émeutes spo-radiques et de répressions, mais aussi d’engagements individuels et de mobilisa-tions collectives des Européens et musul-mans d’Algérie, notamment au cours de deux guerres mondiales. On y analyse les événements de 1954 à 1962, le coup de force qui ramène le Général De Gaulle au pouvoir, la semaine des barricades, la ré-volte des généraux, suivis du terrorisme du désespoir mené par un peuple trompé, trahi et contraint à choisir entre la valise et le cercueil…

Quand Arte censure La valise ou le cercueilSi la Cour Européenne des

Droits de l’Homme affirme dans l’article 6 de sa charte, que “toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable”, la Chaîne Arte qui devait le programmer, a signifié sans ambages aux réalisateurs que leur film ne serait pas diffusé,

car jugé trop “historiquement incorrect”.Ainsi, plutôt que de susciter un débat

autour d’un film évidemment engagé, il a paru préférable de l’éliminer.

La Télévision a moins de scrupules quant il s’agit d’honorer les “porteuses de feu” terroristes du FLN. n

On trouvera le DVD du film en cliquant « La valise ou le cercueil »

ou en écrivant à « Reportage 34 »11 Route des Jardins de Maguelone 34970 Lattes, Tel : 04 67 27 87 26

Prix 30 € + port 6€

Page 8: Printemps arabes...Noel sous les bombes!

8 BULLETIN DE NOËL 2011

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Un point sur nos ActionsCe terme générique “Actions” recouvre l’emploi de

ressources en provenance tant du socle des an-ciens donateurs, d’une fidélité absolue (pour certains depuis un demi-siècle), que de ceux, nombreux, qui nous rejoignent chaque année et marquent ainsi leur approbation aux fondamentaux du SecourS de France.

Les “Actions” portent, on le sait, sur trois domaines : la Vérité sur nos Combats, une lutte permanente contre la falsification de l’Histoire non seulement de la guerre d’Algérie, mais aussi “d’opérations extérieures” comme celle du Rwanda ; la Charité pour les Oubliés, vieux combattants ou certains de leurs descendants, pour la plupart de la communauté harkie ; enfin les “bourses d’excellence” attribuées à des jeunes de cette communautée motivés et engagés à fond dans la poursuite de leur projet professionnel.

Les derniers mois ont connu une activité importante dans chacun de ces trois domaines :

– La phase finale de la coproduction du film “Harkis His-toire d’un abandon” projeté, en avant-première le 8 no-vembre, et assorti d’un DVD. (Voir article page 5).

– Une croissance de nos ressources récentes a permis de remédier à des situations de grande précarité engen-drées par une crise qui atteint en priorité des personnes déjà démunies. C’est le cas en particulier des veuves de nos vieux soldats… Une quinzaine de dossiers ont été ainsi traités en quelques mois.

– L’attribution de nouvelles “bourses d’excellence” porte à 25 le nombre de leurs bénéficiaires, qui viendront ain-si grossir les élites de la génération harkie… Parmi les derniers candidats sélectionnés, une étudiante en 5ème année de Droit avec une vocation de juriste franco-alle-mande, un étudiant en 4ème année de Médecine dentaire, un élève de Math. Spé projetant de devenir ingénieur en énergies nouvelles, un titulaire d’un master en biologie et pathologie en 2ème année de Médecine.