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Problématique des marqueurs histopronostiquesdans les tumeurs neuroendocrines digestives
Histoprognostic factors in digestive neuroendocrine tumorsJ.-Y. Scoazec
Service d’anatomie et cytologie pathologiques, hôpital Édouard-Herriot, hospices civils de Lyon,
F-69437 Lyon cedex 03, France
Reçu le 23 mai 2013 ; accepté le 9 septembre 2013
Abstract: The evaluation of progno-
sis is essential for the management
of a patient with a neuroendo-
crine tumor, especially digestive, in
which the risk of malignancy is
significant. Three validated histo-
prognostic factors are available
from the pathological examination:
morphological differentiation sta-
tus, histological grade, and pTNM
stage. Numerous prognostic bio-
markers have been proposed in
the literature but none has been
transposed to clinical practice. In
the sameway, among the candidate
predictive biomarkers, only MGMT
is an emerging biomarker, which
may be useful for the prediction of
the response to temozolomide.
Keywords: Neuroendocrine tu-
mors – Proliferation indexes – Pro-
gnostic factors – Predictive bio-
markers
Résumé : L’évaluation du pronos-
tic est un élément essentiel pour la
prise en charge d’un patient atteint
de tumeur neuroendocrine, no-
tamment digestive, où le risque
de malignité est important. Les
trois facteurs histopronostiques
validés susceptibles d’être fournis
par l’examen anatomopatholo-
gique sont : le degré de différen-
ciation morphologique, le grade
histologique et le stade pTNM. De
nombreux biomarqueurs pronos-
tiques ont été proposés, mais au-
cun n’a été validé en pratique
clinique. C’est aussi le cas pour
les marqueurs prédictifs, parmi
lesquels seule la MGMT fait figure
de marqueur émergent pour la
prédiction de la réponse au témo-
zolomide.
Mots clés : Tumeurs neuroendo-
crines – Index de prolifération –
Facteurs pronostiques – Biomar-
queurs prédictifs
Le diagnostic de tumeur neuro-
endocrine, comme celui de toute
tumeur, repose sur l’examen anato-
mopathologique. Il est générale-
ment facile et repose sur des
arguments morphologiques et
immunohistochimiques aujour-
d’hui bien standardisés. La nature
neuroendocrine de la prolifération
tumorale est suspectée sur les
caractéristiques morphologiques
des cellules tumorales et de leur
stroma (qui est habituellement
hypervasculaire) et elle est confir-
mée par l’expression demarqueurs
diagnostiques sensibles et spéci-
fiques, tels que la chromogranine
A et la synaptophysine [7]. C’est
après le diagnostic que commence
la tâche la plus difficile du patholo-
giste : celle de l’évaluation du pro-
nostic. Le spectre évolutif des
tumeurs neuroendocrines est en
effet très large, depuis des tumeurs
bénignes d’évolution extrêmement
lente jusqu’à des tumeurs de très
haut grade de malignité, associées
à un trèsmauvais pronostic [11]. De
plus, même lorsque la tumeur est
maligne, sa vitesse de progression
et son profil évolutif sont variables
d’un cas à l’autre : certaines lésions
évoluent rapidement et d’un seul
tenant, d’autres au contraire pro-
gressent secondairement après
une phase initiale de stabilité appa-
rente [11]. Un certain nombre de
paramètres histologiques, tirés de
l’examen anatomopathologique,
peuvent aider à l’évaluation du
pronostic. Certains de ces facteurs
histopronostiques ont été clinique-
ment validés et doivent impérative-
ment figurer dans le compte rendu
anatomopathologique : il s’agit
notamment de la différenciation
morphologique, du grade histolo-
gique et du stade pTNM. C’est sur
ces facteurs que nous nous concen-
trerons, d’autant que la combinai-
son des deux premiers, différencia-
tion et grade, forme la base de
l’actuelle classification OMS des
tumeurs neuroendocrines digesti-
ves [15]. Beaucoup de candidats
biomarqueurs ont été proposés
dans la littérature, le plus souvent
comme marqueurs pronostiques,
parfois comme marqueurs prédic-
tifs, mais leur intérêt clinique n’a
pas été (encore) établi : nous en
ferons un tour d’horizon rapide.
Premier facteur
histopronostique :
différenciation morphologique
Les classifications actuelles des
tumeurs neuroendocrines, quelle
que soit leur localisation, opposent
deux groupes de tumeurs :
– les lésions peu différenciées,
constamment de haut grade de
malignité et associées à un très
mauvais pronostic ;Correspondance : [email protected]
Dossier
Them
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file
■Oncologie (2013) 15: 510–514© Springer-Verlag France 2013DOI 10.1007/s10269-013-2332-4
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– les lésions bien différenciées,
dont le profil évolutif est beaucoup
plus variable, de bénin à malin, et
ne peut être prédit par l’aspect
morphologique seul [15].
L’intérêt de reconnaître les for-
mes peu différenciées va au-delà
du seul intérêt pronostique : il est
aussi prédictif, puisque ces tumeurs
relèvent d’une approche thérapeu-
tique spécifique et standardisée,
basée sur la chimiothérapie combi-
nant VP16 et cisplatine [10].
Chacun de ces deux grands
groupes de tumeurs, bien et peu dif-
férenciées, présente un certain
degré d’hétérogénéité morpholo-
gique. Depuis plusieurs années, il
a été reconnu deux sous-types de
carcinomes neuroendocrines peu
différenciés thoraciques, à petites
ou à grandes cellules. L’exis-
tence de ces deux sous-types a été
plus récemment admise dans la
sphère gastroentéropancréatique
[15]. Autant le diagnostic de carci-
nome à petites cellules repose sur
des critères reproductibles, autant
celui de carcinomes à grandes
cellules peut s’avérer parfois diffi-
cile, faute de critères simples et uni-
voques : les lésions réunies sous ce
terme présentent un spectre relati-
vement diversifié d’aspects mor-
phologiques, ce qui témoigne du
caractère probablement artificiel
de ce groupe. De même, les
tumeurs bien différenciées présen-
tent des aspects variables. Certai-
nes particularités morphologiques
sont associées à la localisation ana-
tomique et/ou à la différenciation
fonctionnelle : les tumeurs entéro-
chromaffines de l’iléon ne ressem-
blent pas aux insulinomes pancréa-
tiques typiques. D’autres variations
sont associées à des activités proli-
fératives élevées : densité cellulaire
augmentée, rapport nucléocyto-
plasmique élevé, atypies nucléaires
sont généralement associés à la
présence d’un nombre significatif
demitoses.Cesformes«atypiques»
sont fréquemment dénommées
« moyennement différenciées »
dans la littérature anglo-saxonne,
mais ce terme n’a jamais été
admis, et encore moins défini, par
les classifications OMS officielles.
Le diagnostic différentiel entre
formes bien et peu différenciées
est facile aux extrêmes, devant
une tumeur neuroendocrine bien
différenciée typique ou un carci-
nome neuroendocrine à petites cel-
lules. Il peut être plus difficile entre
une forme « bien différenciée » à
forte activité proliférative et une
variante de carcinome neuroendo-
crine à grandes cellules. Une autre
cause dedifficultés dans le diagnos-
tic différentiel est constituée par
les artefacts liés à certains types
de prélèvements et notamment
aux prélèvements biopsiques : les
cellules neuroendocrines, fragiles,
sont en effet facilement altérées ou
écrasées lors d’une biopsie. Les
altérations cellulaires peuvent
alors être facilement surinterpré-
tées en faveur du diagnostic de
tumeur peu différenciée : dans ces
situations, il faut vérifier la cohé-
rence entre la suspicion diagnos-
tique et les indices de prolifération
(les carcinomes neuroendocrines
peu différenciés sont toujours asso-
ciés à des capacités prolifératives
élevées) et éventuellement s’aider
de marqueurs immunohistochi-
miques supplémentaires, comme
la protéine p53, qui est habituelle-
ment positive dans les tumeurs
neuroendocrines peu différenciées,
mais négative dans les formes bien
différenciées [7].
Les erreurs d’évaluation de la
différenciation sont l’une des sour-
ces principales de discordances
dans l’examen anatomopatholo-
gique d’une tumeur neuroendo-
crine : c’est ce que confirme l’expé-
rience du réseau de relecture des
tumeurs neuroendocrines mis en
place à l’initiative de l’Institut natio-
nal du cancer. Il s’agit plus souvent
d’un « sur-diagnostic » de tumeur
peu différenciée que de l’inverse.
Le message pour les cliniciens est
donc clair : en cas de diagnostic de
tumeur neuroendocrine peu diffé-
renciée, notamment sur biopsie,
bien vérifier la cohérence avec les
indexdeprolifération et nepashési-
ter à demander confirmation du
diagnostic par une seconde lecture.
Il apparaît de plus en plus pro-
bable que les deux groupes de
tumeurs neuroendocrines, bien et
peu différenciées, ne correspon-
dent pas aux deux extrêmes d’un
même spectre, mais à deux entités
différentes, relevant de mécanis-
mes moléculaires distincts [23]. Si
cette hypothèse se vérifie, il faudra
se repencher sur la morphologie
des tumeurs dites bien différen-
ciées, de façon à mieux décrire
leur variabilité et être capables de
proposer des critères reproducti-
bles permettant d’identifier les for-
mes « moyennement différen-
ciées », habituellement associées à
des capacités prolifératives élevées.
Grade histologique
La notion de grade histologique a
été proposée pour la première fois,
dans le cadre des tumeurs neuroen-
docrines digestives, en 2006, avec
un objectif bien précis : affiner l’éva-
luation du pronostic de ce qui était
appelé alors les carcinomes endo-
crines bien différenciés, c’est-
à-dire les tumeurs neuroendocrines
bien différenciées associées à des
signes objectifs de malignité (inva-
sion locale et/ou métastases) [16].
Aujourd’hui, le grade histologique
est devenu, avec la différenciation
morphologique, l’un des deux critè-
res utilisés pour la classification des
tumeurs neuroendocrines digesti-
ves selon l’OMS [15].
Dans les tumeurs neuroendocri-
nes digestives, le grade histolo-
gique est défini par la combinaison
de deux indices de prolifération,
l’index mitotique et l’index Ki67
(Ki67 est un anticorps dirigé contre
une protéine nucléaire encore
assez mal connue, exprimée par
les cellules en prolifération, pen-
dant toutes les phases du cycle cel-
lulaire, de la phase G1 à la phase
M). Rappelons que dans la classifi-
cation des tumeurs neuroendocri-
nes pulmonaires, seul l’index mito-
tique est utilisé et que l’index Ki67
n’a pas droit de cité.
Le grade histologiquepermet de
distinguer trois groupes de tumeurs
neuroendocrines digestives :
– les tumeurs de grade 1, peu
prolifératives ;
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– les tumeurs de grade 2, à
capacités de prolifération intermé-
diaires ;
– les tumeurs de grade 3, à forte
activité proliférative (Tableau 1).
Tous les carcinomes neuroen-
docrines peu différenciés, quel que
soit leur sous-type histologique,
sont de grade 3. Les tumeurs bien
différenciées se répartissent entre
grade 1 et grade 2 ; certaines sont
même de grade 3.
La valeur pronostique du grade
histologique a été démontrée par
de nombreuses études [3–5,12,18].
Le grade histologique est corrélé
avec la survie et avec le risque de
récidive, notamment après chirur-
gie. En revanche, la valeur prédic-
tive du grade histologique reste
encore discutée. L’existence d’un
grade histologique élevé et de capa-
cités de prolifération importantes
est aujourd’hui souvent un argu-
ment pour traiter une tumeur neu-
roendocrine maligne bien différen-
ciée par chimiothérapie plutôt que
par chirurgie ou traitements locaux,
mais le bien-fondé de cette attitude
reste à démontrer.
La démonstration de l’impor-
tance pronostique du grade histolo-
gique a amené beaucoup d’équipes
à s’interroger sur les conditions de
sa détermination, sur sa reproducti-
bilité et sur les pièges éventuels
pouvant entraîner des erreurs
d’évaluation. En pratique, même si
le grade est fondé sur la combinai-
son de deux indices de proliféra-
tion, c’est surtout sur l’index Ki67
que l’intérêt des cliniciens et des
pathologistes s’est concentré.
C’est en effet l’indice le plus popu-
laire des deux et celui qui apparaît
comme le plus simple à déterminer.
Par ailleurs, les limites et les difficul-
tés de la détermination de l’index
mitotique sont bien connues à tra-
vers l’expérience acquise dans de
nombreux autres types de
tumeurs… y compris les tumeurs
neuroendocrines pulmonaires, où
il reste le seul critère admis de clas-
sification. Qu’avons-nous appris
des nombreux travaux récents à
propos de la fiabilité de l’index
Ki67 ? Un effort de standardisation
est à faire dans les techniques de
détection et de mise en évidence.
Parmi les différentes méthodes de
comptage disponibles (évaluation
simple au « coup d’oeil », comptage
visuel, comptage automatisé par
logiciel d’analyse d’images),
aucune ne présente un avantage
définitif et toutes donnent des résul-
tats comparables [22]. La reproduc-
tibilité des comptages intra- et inter-
observateurs est acceptable. Il
existe des variations, parfois impor-
tantes, dans la densité de cellules
exprimant Ki67 au sein d’une
même lésion, primitive oumétasta-
tique [2]. L’intérêt de tenir compte
des valeurs maximales dans les
zones de plus forte densité (hotspots), plutôt que de considérer
une valeur moyenne, a été démon-
tré [3,24]. L’hétérogénéité intratu-
morale peut entraîner une sous-
estimation du grade histologique
sur un prélèvement ciblé, s’il est
insuffisamment représentatif ; ce
risque a été estimé à 50 % pour les
biopsies ciblées de métastases
hépatiques [24]. Il peut exister éga-
lement des différences, parfois
significatives, de capacités de proli-
fération et de grade histologique
entre une lésion primitive et ses
métastases [2,3]. Cette notion
amène à poser la question de l’inté-
rêt debiopsier (ou rebiopsier) systé-
matiquement les lésions métasta-
tiques avant toute décision
thérapeutique, notamment lorsque,
comme c’est souvent le cas dans
les tumeurs neuroendocrines, la
tumeur primitive a été réséquée de
nombreuses années auparavant.
Le grade histologique est appelé
à évoluer, avec l’accumulation
d’études cliniques qui permettent
notamment d’affiner les valeurs
les plus pertinentes pour fixer les
seuils séparant les différents grou-
pes pronostiques. Il est ainsi pro-
bable que les seuils seront adaptés
à chaque localisation anatomique
et que des valeurs différentes, plus
significatives (par exemple, 5 % au
lieu de 2%pour la limite entre G1 et
G2), seront adoptées [18]. Il est éga-
lement probable que la valeur pro-
nostique et l’intérêt de l’index Ki67
seront démontrés dans d’autres
localisations que les localisations
gastroentéropancréatiques.
Stade pTNM
Ce n’est que récemment qu’une
classification TNM a été proposée
pour les tumeurs neuroendocri-
nes. L’ENETS a fait les premières
propositions en 2006 [16,17].
L’Union internationale contre le
cancer (UICC) a intégré pour la pre-
mière fois les tumeurs neuroendo-
crines dans la septième édition de
sa classification officielle, valable
depuis le 1er janvier 2010 [19]. Il
existe malheureusement des diffé-
rences entre ces deux classifica-
tions. L’UICC ne propose en fait de
classification TNM spécifique que
pour les tumeurs neuroendocrines
bien différenciées du tube digestif ;
cette classification ressemble de
près à celle de l’ENETS, sauf pour
l’appendice où les différences
sont importantes. Pour l’UICC, les
tumeurs neuroendocrines peu dif-
férenciées, quelle que soit leur loca-
lisation, sont à classer comme les
carcinomes d’autres types et de
même site anatomique alors que
pour l’ENETS, elles sont à classer
comme les tumeurs neuroendocri-
nes bien différenciées. Enfin, pour
l’UICC, les tumeurs neuroendocri-
nes bien différenciées du pancréas
(et du poumon) sont également à
classer comme les carcinomes
d’autres types histologiques de
même localisation anatomique.
L’intérêt pronostique des classifica-
tions TNM, ENETS et UICC, a été
validé par des études rétrospecti-
ves. La comparaison directe de ces
deux classifications a montré que
leur valeur pronostique était globa-
lement comparable [14,20,21]. Le
pathologiste peut donc choisir
d’utiliser la classification qu’il sou-
haite (voire les deux) à condition
Tableau 1. Grade histologique se-lon l’ENETS
?
Index mitotique(/10 HPF ou 2 mm2)
Index Ki67(%)
G1 < 2 ≤ 2G2 2–20 3–20G3 > 20 > 20
?
HPF : champ à fort grandissement.
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d’expliciter clairement laquelle est
effectivement employée.
Vers l’identification
et la validation
de biomarqueurs
pronostiques ?
De très nombreux biomarqueurs
ont été proposés comme mar-
queurs pronostiques dans les
tumeurs neuroendocrines digesti-
ves. Cependant, faute de validation
clinique, aucun d’entre eux n’a jus-
qu’à présent franchi l’étape du
transfert au diagnostic. Citons quel-
ques exemples récents. Certains
sont des marqueurs « phénotypi-
ques », susceptibles d’être mis en
évidence par immunohistochimie.
Un exemple particulièrement étu-
dié est celui de la protéine kit et
de la cytokératine 19, considérées
comme des facteurs de mauvais
pronostic dans les tumeurs neu-
roendocrines pancréatiques et
dont la combinaison permettrait
d’identifier un groupe de particuliè-
rement mauvais pronostic [25].
D’autres sont des marqueurs molé-
culaires. La présence de mutations
des gènesMEN1 et/ouDAXX/ATRXserait un facteur de bon pronostic
dans les tumeurs neuroendocrines
pancréatiques [6]. Le gain du chro-
mosome 14, susceptible d’être mis
en évidence par FISH, serait un fac-
teur de mauvais pronostic dans les
tumeurs neuroendocrines de l’iléon
[1], de même que les pertes alléli-
ques du chromosome X dans les
tumeurs neuroendocrines de l’in-
testin antérieur [13]. Un dernier
exemple est celui de la densité
microvasculaire intratumorale : au
contraire de ce qui est observé
dans les autres tumeurs malignes,
une densité vasculaire élevée serait
un facteur debonpronostic dans les
tumeurs neuroendocrines pancréa-
tiques [9].
Vers l’identification
et la validation
de biomarqueurs prédictifs ?
L’avènement des thérapies ciblées
a entraîné un effort considérable
pour la recherche de biomarqueurs
prédictifs de la réponse au traite-
ment. Les tumeurs neuroendocri-
nes digestives, pour lesquelles
trois principaux types de thérapies
ciblées sont actuellement disponi-
bles (antiangiogéniques, inhibi-
teurs de mTOR, inhibiteurs de
récepteurs tyrosine-kinase), n’ont
pas échappé à la règle. Aucun des
marqueurs candidats, quelle que
soit la voie impliquée, n’a cepen-
dant franchi pour l’instant les éta-
pes nécessaires au passage en
clinique.
Parallèlement au développe-
ment des thérapies ciblées, un
regain d’intérêt pour les chimiothé-
rapies « conventionnelles » s’est
manifesté dans le domaine des
tumeurs neuroendocrines digesti-
ves. La plupart d’entre elles utilisent
des agents utilisés dans d’autres
tumeurs. Paradoxalement, alors
que la recherche de facteurs prédic-
tifs de la réponse à ces agents
est très active dans beaucoup de
types de tumeurs, elle est beau-
coup moins développée dans les
tumeurs neuroendocrines digesti-
ves. Le seul candidat émergent
dans ce domaine est la MGMT,
enzyme capable de réparer les
lésions de l’ADN dues aux agents
alkylants et notamment au témozo-
lomide. L’absence d’expression de
MGMT, habituellement associée à
l’hyperméthylation de son promo-
teur, serait un facteur prédictif
de réponse au témozolomide, au
moins dans les tumeurs neuroen-
docrines pancréatiques [8]. Toute-
fois, la difficulté de standardisation
des techniques immunohistochi-
miques et/ou moléculaires néces-
saires à l’étude de MGMT et de
son gène ralentissent leur transfert
vers la pratique clinique.
Conclusion
Trois informations tirées de
l’examen anatomopathologique
conventionnel sont indispensables
à l’évaluation du pronostic des
tumeurs neuroendocrines digesti-
ves et de leur risque évolutif : diffé-
renciation morphologique, grade
histologique et stade pTNM. Ces
critères seront probablement sup-
plantés, ou complétés, par des bio-
marqueurs pronostiques et prédic-
tifs… lorsque ceux-ci auront été
identifiés et validés.
Conflit d’intérêt : l’auteur
déclare ne pas avoir de conflit
d’intérêt.
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