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PRODUCTION DE BLEUETS BIOLOGIQUES Ce guide est une initiative du Comité agriculture biologique du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ). Sa rédaction a été rendue possible grâce au Programme de soutien au développement de l’agriculture biologique du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et au Fonds végétal du CRAAQ. Ce document est disponible avec photos en couleurs sous version papier reliée

PRODUCTION DE BLEUETS BIOLOGIQUES

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PRODUCTION DE BLEUETS BIOLOGIQUES

Ce guide est une initiative du Comité agriculture biologique du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ). Sa rédaction a été rendue possible grâce au Programme de soutien au développement de l’agriculture biologique du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) et au Fonds végétal du CRAAQ.

Ce document est disponible avec photos en couleurs sous version papier reliée

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Remerciements

L’équipe de rédaction et d’édition tient à remercier toutes les personnes ayant contribué de près ou de loin à la réalisation de ce document. Merci aussi aux partenaires ayant offert leur appui financier au projet :

Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

La Financière agricole du Québec

La Fédération d’agriculture biologique du Québec

Bio-bulle

Avertissements

Au moment de sa rédaction, l’information contenue dans ce document était jugée représentative du secteur de l’agriculture biologique au Québec. Son utilisation demeure sous l’entière responsabilité du lecteur.

Les renseignements relatifs au secteur, aux techniques ou aux produits décrits pouvant avoir évolué de manière significative depuis la rédaction de cet ouvrage, le lecteur est invité à en vérifier l’exactitude avant de les utiliser ou de les mettre en application.

Les marques de commerce mentionnées dans ce guide le sont à titre indicatif seulement et ne constituent nullement une recommandation de la part de l’auteur ou de l’éditeur.

Il est interdit, sauf pour usage personnel, de reproduire, éditer, imprimer, traduire ou adapter cet ouvrage, en totalité ou en partie, sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, incluant la photocopie, sans l’autorisation écrite du Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec.

Dans le présent document, le masculin englobe le féminin et est utilisé uniquement pour alléger le texte.

Pour information ou commentaires

Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec

2875, boul. Laurier, 9e étage Sainte-Foy (Québec) G1V 2M2 Téléphone : (418) 523-5411 Télécopieur : (418) 644-5944 Courriel : [email protected] © Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec

Dépôt légal Bibliothèque nationale du Canada, 2003 Bibliothèque nationale du Québec, 2003 ISBN 2-7649-0113-5

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Rédaction

Jean Duval, agronome, conseiller en agriculture biologique Club agroenvironnemental Bio-action, Sainte-Justine-de-Newton

Révision

Christiane Cossette, d.t.a., conseillère en agriculture biologique MAPAQ, Rimouski Yvon Douville, agronome, producteur agricole Bleuets Douville, Bécancour Denis Lafrance, enseignant en agriculture biologique Cégep de Victoriaville, Victoriaville Christian Legault, t.p. AgroExpert inc., Sherbrooke Luc Urbain, agronome, conseiller horticole MAPAQ, Sainte-Marie Larbi Zérouala, agronome, conseiller horticole, répondant en agriculture biologique MAPAQ, Blainville

Édition

Lyne Lauzon, biologiste Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, Sainte-Foy

Coordination de la production graphique

Marie Caron, conceptrice-graphiste Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, Sainte-Foy

Graphisme

Opus communication design

Photos

ACIA Maria Fernanda Garcia, MAPAQ Ginette H. Laplante, MAPAQ Nathalie Laplante, MAPAQ Luc Urbain, MAPAQ

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Le CRAAQ remercie les membres du Groupe corporatif

Association des fabricants d’engrais du Québec Association des technologues en agroalimentaire Centre d’insémination artificielle du Québec Centre d’insémination porcine du Québec Fédération des caisses Desjardins du QuébecFinancement agricole CanadaOrdre des agronomes du Québec

Partenaires

Associés

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Production de bleuets biologiques

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Table des matières

Avant-propos Grands principes de la production biologique Concernant la certification biologique Introduction Choix du site Zones climatiques Sol Éléments de conduite Choix des cultivars Implantation Espacement des plants Billons, paillis et mauvaises herbes Couvre-sol Taille Irrigation Récolte Fertilisation Oiseaux Insectes nuisibles

Mouche du bleuet Pyrale des atocas et noctuelle des cerises Charançon de la prune Petit carpocapse de la pomme Tordeuses Autres ravageurs Maladies Pourriture sclérotique Chancre Brûlure phomopsienne Moisissure grise Anthracnose Rouille Rouille balai de sorcière Autres maladies Virus Économie Bibliographie Planches photos

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Production de bleuets biologiques

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Avant-propos

En ce début de millénaire, l’agriculture biologique est en plein essor partout dans le monde. L’engouement des consommateurs pour les produits issus de cette agriculture fait en sorte que la demande dépasse souvent l’offre dans plusieurs productions.

Au Québec, la plupart des fruits et légumes biologiques sont importés. Dans ce contexte, la production biologique de petits fruits représente un créneau prometteur, d’autant plus que les petits fruits sont très périssables et donc, moins faciles à importer que d’autres denrées.

La production de bleuets sous conduite biologique représente toutefois un défi technique, bien qu’elle demeure plus facile à réussir que d’autres cultures, telle la pomiculture. Ce guide a pour but de fournir l’information pratique qui aidera le producteur potentiel autant que le producteur expérimenté à réaliser avec succès la production de bleuets biologiques.

Cet ouvrage reflète les connaissances actuelles dans le domaine, mais ne prétend pas apporter une solution à tous les problèmes rencontrés. En effet, il reste encore beaucoup à faire pour raffiner les méthodes de production biologique, particulièrement sur le plan de la lutte contre les insectes ravageurs, les maladies et les mauvaises herbes.

Il revient à chacun de bien s’entourer (conseillers, dépisteurs, etc.), de se renseigner continuellement (colloques, Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP)1, etc.) et de faire ses propres expériences afin de parfaire ses cultures en fonction de son contexte de production.

Il y a, en ce moment, très peu d’entreprises au Québec qui tirent l’ensemble de leurs revenus de la seule culture de bleuets biologiques. La plupart des producteurs ont un revenu hors ferme en complément ou encore, ils pratiquent aussi d’autres formes de culture, comme le maraîchage. Ceci dit, avec le développement de la demande pour les produits biologiques et le raffinement des méthodes de production, les années qui viennent verront sans doute apparaître plus d’entreprises spécialisées dans le domaine.

Pour mieux situer la production de bleuets sous conduite biologique et mettre en lumière ce qui la distingue du mode de production conventionnelle, il est pertinent de rappeler quelques grands principes de la production biologique et de donner un aperçu de la certification biologique.

Grands principes de la production biologique

L’agriculture biologique implique beaucoup plus que le non-emploi de substances chimiques. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un type d’agriculture qui met l’emphase sur la vie (bio = vie, en grec). Elle s’appuie donc sur des principes biologiques, plutôt que physiques ou chimiques, pour produire des denrées agricoles.

À la base de toute agriculture se trouve le sol. Un des principes fondamentaux de l’agriculture biologique est de NOURRIR LE SOL POUR NOURRIR LA PLANTE. Cette démarche contraste avec l’approche conventionnelle qui consiste à fournir des éléments minéraux très facilement disponibles aux plantes par l’intermédiaire d’engrais solubles.

Les matières fertilisantes utilisées en production biologique doivent transiter par les organismes vivants du sol pour que les minéraux qu’elles contiennent soient disponibles aux plantes. Ce respect des processus naturels de nutrition des plantes amènerait des bénéfices tant pour la santé des sols que celle des plantes et des gens qui s’en nourrissent.

En pratique, dans la fertilisation, le producteur tient compte des besoins variés des plantes en utilisant des engrais organiques tels que les composts et les minéraux non transformés. Le recyclage des éléments grâce à la rotation et à l’utilisation d’engrais verts, même s’il concerne moins la culture des bleuets, favorise les processus vivants du sol.

Un autre principe de l’agriculture biologique est de FAVORISER LA BIODIVERSITÉ dans la mesure du possible. Les agroécosystèmes simplifiés ont tendance à être plus fragiles face aux aléas de la production que ceux bénéficiant d’une grande diversité. Dans la culture de plantes vivaces telles les bleuets (où il n’y a pas de rotation), l’application du principe de biodiversité implique 1) de conserver des refuges pour accroître la lutte biologique naturelle, 2) d’implanter des couvre-sols permanents ou temporaires et 3) de limiter le plus possible l’utilisation de pesticides, même naturels, s’ils nuisent aux organismes bénéfiques.

1 Pour plus d’information, consulter le http://www.agr.gouv.qc.ca/dgpar/rap/titre.htm

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Production de bleuets biologiques

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Le développement de systèmes de production suffisamment en équilibre avec le milieu pour prévenir les problèmes demeure un idéal à atteindre. En pratique, les interventions phytosanitaires demeurent encore inévitables contre certains insectes ravageurs et certaines maladies.

Concernant la certification biologique

Pour qu’un produit agricole du Québec soit vendu sous l’appellation « biologique », il doit provenir d’une entreprise certifiée par un organisme de certification accrédité par le Conseil d’accréditation du Québec (CAQ). Le site Internet du CAQ2 fournit une liste d’organismes présentement accrédités et leurs coordonnées. Au Québec, la plupart des entreprises agricoles et horticoles biologiques sont certifiées par les organismes Québec-Vrai (OCQV) et Garantie-Bio, lesquels sont basés ici même.

La certification est accordée à une entreprise seulement si elle respecte le cahier des charges d’un organisme de certification. Au Québec, il existe des normes de base communes définies par le CAQ. Les organismes de certification peuvent cependant se doter de normes plus strictes. Les normes du CAQ sont disponibles sur son site Internet. Pour connaître les différents cahiers de charge, il suffit de contacter les organismes concernés.

Avant d’être certifiées, les parcelles d’une entreprise ne doivent pas avoir reçu, pendant un certain temps, d’intrants non permis par les cahiers de charge. Dans le cas d’une entreprise qui pratique l’agriculture conventionnelle, la période de transition sans produit interdit est de trois ans jusqu’à la première récolte certifiée.

Pour des terres en friche ou n’ayant jamais reçu d’intrants chimiques, la période de transition peut être moindre. Dans tous les cas, il doit y avoir une année dite de pré-certification (avant la première récolte à certifier) au cours de laquelle un inspecteur est appelé à se présenter sur les lieux de l’entreprise.

Il faut contacter un organisme de certification dès qu’on envisage la production biologique afin d’obtenir une copie de ses normes et exigences. L’inscription pour la pré-certification n’est cependant requise qu’en fonction de la première année de récolte biologique prévue.

Dans le cas de nouvelles plantations de bleuets, l’inscription aura lieu, au plus tard, au début de l’année précédant la première récolte. Pour les plantations existantes, elle devra se tenir au début de la dernière année de transition. Dans les deux cas, il faut pouvoir démontrer à l’organisme de certification qu’aucune substance proscrite n’a été employée. Des registres doivent être maintenus pour faire foi des opérations réalisées dans les années qui précèdent le suivi de l’entreprise par l’organisme de certification.

Le présent guide tient compte des normes biologiques du CAQ. Dans le cas de certains intrants de production, comme l’utilisation de paille en provenance de fermes conventionnelles, les organismes de certification peuvent avoir différentes opinions. En cas de doute, il vaut toujours mieux vérifier l’acceptabilité d’un intrant AVANT de l’utiliser.

Bonne exploration dans le monde fascinant de la production de bleuets sous conduite biologique.

2 www.caqbio.org

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Production de bleuets biologiques

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Introduction

Au Québec, deux types de bleuetiers sont retrouvés, soit le bleuetier nain ou sauvage qui pousse naturellement dans plusieurs régions, et le bleuetier géant ou en corymbe qui vient de régions plus au sud.

Le bleuetier nain est rarement cultivé à partir de plantations. Il s’agit de populations sauvages qui sont aménagées pour être plus productives. Il se fait de la culture aménagée de bleuets nains avec conduite biologique dans les provinces maritimes, mais aussi dans le Bas-Saint-Laurent notamment, et même des plantations avec des variétés améliorées. Ceci dit, au Québec, les bleuets certifiés biologiques issus de bleuetiers nains proviennent en majorité de la cueillette en milieu forestier non aménagé, surtout de la région du lac Saint-Jean.

La certification biologique permet que les récoltes en milieu naturel puissent porter la mention « biologiques ». Dans ce contexte, il serait peu profitable, sauf pour des marchés très locaux, de développer une conduite biologique pour des bleuetiers nains à partir d’aménagements ou de plantations, étant donné l’abondance de la ressource sauvage qui domine le marché. En conséquence, il ne sera question dans ce guide que du bleuetier géant.

Le lecteur qui veut en savoir plus sur ce que serait la conduite biologique du bleuetier nain peut se référer sur Internet au document Agro-Bio 310-10 intitulé La régénération des bleuetières3 ou aux autres renseignements sur l’aménagement des bleuetières naturelles, disponibles sur le site Petits fruits d’Agri-Réseau4.

Le bleuetier géant répond bien à une conduite biologique. Hormis la lutte contre les mauvaises herbes et les ravageurs, de même que la fertilisation azotée, la conduite est très semblable en production biologique ou conventionnelle. Les principaux défis sont de protéger la récolte des oiseaux, de maintenir le pH du sol suffisamment bas et, dans les zones climatiques québécoises, d’obtenir une bonne survie hivernale. Le choix d’un site approprié constitue, comme pour tous les autres petits fruits, un élément essentiel au succès de la culture.

Choix du site

Zones climatiques

Toutes les régions du sud du Québec ne sont pas propices au bleuetier en corymbe. En général, il faut plus de 120 jours sans gel et les températures hivernales ne doivent pas descendre sous –32 ºC pour les cultivars les plus fréquemment utilisés. La couverture de neige a aussi son importance dans la survie des plants à l’hiver. Il faut aussi comprendre que même si le plant survit à des températures aussi basses, les bourgeons à fruits sont, quant à eux, plus sensibles au froid et peuvent être endommagés à des températures de –28°ºC.

En pratique, la culture du bleuet en corymbe est donc restreinte aux zones climatiques 4 et 5. Des plants plus petits (croisement entre le nain et le géant) et un couvert de neige suffisant peuvent permettre la survie de certaines variétés de bleuetiers en corymbe plus au nord, mais il ne faudra alors pas envisager une plantation commerciale.

Un site abrité du vent, avec une pente légère et régulière, est favorable. Il faut toujours faciliter l’écoulement de l’air pour éviter la formation de zones plus froides en bas des pentes. Les obstacles, tels un boisé en bas des pentes ou des creux de terrain servant de trappe à air froid, sont à éliminer. Un brise-vent va permettre d’accroître l’accumulation de neige. Toutefois, il peut aussi avoir des effets néfastes : trop grande accumulation de la neige, zones dénudées, etc. Son emplacement et le choix des essences qui le composeront doivent donc être bien planifiés.

Sol

Le sol idéal pour le bleuetier est léger, riche en matière organique, bien drainé et acide (pHeau entre 4,2 et 5,5). Plus le pH est bas, moins les mauvaises herbes risquent d’être un problème. À des pH plus élevés, les plants développent des carences en fer tandis qu’à des pH très bas, il y a risque de toxicité par le manganèse.

Contrairement à la plupart des plantes, le bleuetier absorbe l’azote sous forme d’ammoniaque plutôt que de nitrates. En milieu acide, l’azote est plus facilement maintenu sous forme ammoniacale. Heureusement les apports

3 http://eap.mcgill.ca/agrobio/ab330-10.htm 4 http://www.agrireseau.qc.ca/petitsfruits/

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Production de bleuets biologiques

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d’engrais organiques, qui sont les matières fertilisantes principalement utilisées en production biologique, sont d’abord converties en ammoniaque avant d’être transformées en nitrates par l’action microbienne.

Le bleuetier est capricieux quant au niveau de l’eau. En aucun temps la nappe d’eau ne devrait venir à moins de 30 cm de la surface, car ce serait fatal pour les plants. Il est donc recommandé de planter les bleuetiers sur des billons de 30 à 35 cm de hauteur. Les sols argileux sont à éviter puisque la faible masse racinaire du bleuetier lui permet difficilement d’exploiter ce type de sol.

Acidification du sol

Certains sols demanderont à être acidifiés avant d’implanter les bleuetiers. Une analyse de sol, réalisée idéalement deux années avant la plantation, permettra d’évaluer le pH du sol et donc, le degré d’acidification nécessaire. Il est préférable d’échantillonner à un temps de l’année où il y a peu d’activité biologique qui puisse affecter le pH; par exemple, au début du printemps aussitôt que le sol est dégelé. L’acidification se fera avec du soufre (tableau 1), la seule substance minérale permise en conduite biologique pour acidifier le sol.

Tableau 1. Quantité de soufre requise pour abaisser d’une unité le pHeau Texture du sol Soufre (kg/ha)

Sable 500 à 750 Loam 1000 à 1500 Argile 1500 à 2000

Il est préférable de ne pas dépasser une dose de 500 kg/ha par an, car en grande quantité le soufre nuit à la vie du sol. Le soufre prend environ une année à agir. Par conséquent, il est préférable d’en apporter 250 kg/ha au printemps et 250 kg/ha à l’automne. L’année suivante, le producteur refait l’analyse de sol pour vérifier son pH. Si ce dernier est supérieur à 6,5, il vaut mieux ne pas y envisager la culture commerciale du bleuet, car il sera très difficile de palier aux problèmes de nutrition qui y adviendront avec la conduite biologique.

Pour une plantation petite à moyenne, l’ajout de mousse de tourbe est envisageable pour acidifier le sol. L’opération est coûteuse, mais son effet dure longtemps. Le producteur plante les bleuetiers dans 25 à 50 L de mousse de tourbe. Il peut aussi creuser une tranchée qu’il emplit ensuite de mousse de tourbe qu’il mélangera au sol environnant avec un rotoculteur.

L’eau d’irrigation contient souvent des éléments qui font augmenter le pH, notamment des carbonates de calcium et de magnésium. Le producteur peut tamponner ces matières alcalines par des apports généreux de matières organiques, tels des copeaux et du bran de scie.

Éléments de conduite

Choix des cultivars

Au Québec, le cultivar Patriot domine autant en zone 4 qu’en zone 5 en raison de sa rusticité et de sa bonne performance générale. Cependant, il est recommandé de planter au moins trois variétés de bleuetiers pour favoriser la pollinisation et augmenter par le fait même le calibre des fruits. La plantation de quelques variétés permet également d’allonger la saison de récolte. Certaines variétés comme Polaris et St-Cloud ont absolument besoin d’une autre variété pour la pollinisation.

Les bourdons sont les meilleurs pollinisateurs du bleuetier. Le producteur peut favoriser leur présence en laissant des tas de roches et de branches à proximité ou en cultivant une parcelle de fleurs attirantes telle la phacélie, par exemple. Il est aussi possible d’introduire des colonies de bourdons comme le font les serriculteurs. L’installation de ruches d’abeilles domestiques peut aussi être profitable en certains cas à raison de cinq ruches à l’hectare.

Le tableau 2 présente les caractéristiques essentielles des cultivars disponibles au Québec. Pour la Montérégie, les cultivars Patriot, Blueray, Bluecrop, Nelson et Spartan représentent de bons choix. Pour les zones un peu plus froides, Patriot, Northland et Blueray conviennent bien. En zone froide, il faut choisir des plants trapus portant des fruits sur les branches basses protégées par la neige. Il s’agit en général de variétés découlant de croisements entre le bleuet en corymbe et le bleuet nain : Northblue, Chippewa et Polaris, par exemple.

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Production de bleuets biologiques

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Tableau 2. Rusticité, sensibilité aux maladies et autres caractéristiques des cultivars de bleuetier en corymbe les plus courants au Québec

Cultivar Rusticité* Maladies Autres Bluecrop + Tolérant à la pourriture sclérotique Difficile à propager. Gros fruitsBlueray + Sensible à la pourriture sclérotique Bluejay - Résistant à la pourriture

sclérotique

Bluetta + Sensible à la pourriture sclérotique, résistant au chancre

Compact et hâtif. Fruit de qualité médiocre

Chippewa ++ Mi-saison Nelson + Récolte tardive. Gros fruits

délicieux Northblue ++ Résistant à la pourriture

sclérotique Fruits mous. Mi-saison

Northland ++ Sensible à la pourriture sclérotique et au balai de sorcière

Demande beaucoup de taille mais récolte abondante, fruits mous et sucrés. Mi-saison

Patriot ++ Résistant au pourridié phytophthoréen, sensible à la pourriture sclérotique

Le choix le plus populaire au Québec. Doit être récolté au bon moment pour une pleine saveur. Mi-saison

Polaris ++ Fruits petits et sucrés. Nécessite une autre variété pour la pollinisation

Spartan + Tolérant à la pourriture sclérotique Gros fruits St-Cloud ++ Difficile à propager * + indique une bonne rusticité, ++ une très bonne rusticité et – une rusticité moyenne.

Implantation

Il n’existe pas de multiplicateurs de plants de bleuetier en corymbe de culture biologique. Comme la récolte ne commence pas avant la troisième année, il n’est pas nécessaire d’obtenir une dérogation de l’organisme de certification pour l’utilisation de plants conventionnels, les plants de vivaces devant être en conduite biologique pendant deux ans avant une première récolte certifiée. Un plant de qualité aura deux ans et deux à trois grosses tiges. Les jeunes boutures et les plants issus de culture in vitro sont plus lents à s’établir, mais ils peuvent quand même rattraper les autres et former de beaux buissons.

Espacement des plants

L’espacement recommandé en production biologique est le même qu’en production conventionnelle, soit de 2,5 à 3 m entre les rangs et de 0,9 à 1,5 m entre les plants (photo1). Un espacement moindre sur le rang permettra une plus grosse récolte dans les premières années, mais il sera coûteux à l’établissement. De plus, il sera obligatoire de réduire la densité des plants après 5 ans en raison de la compétition entre eux. Le producteur plante, 2,5 à 5 cm plus creux qu’à la pépinière, des plants de 2 à 3 ans à racines nues ou en contenants.

Billons, paillis et mauvaises herbes

Tout comme pour les autres petits fruits en conduite biologique, il est important de bien préparer la parcelle avant l’implantation des bleuetiers pour éliminer le chiendent et les autres mauvaises herbes vivaces. Une jachère pratiquée pendant une saison avec passage de herse tous les trois ou quatre semaines devrait suffire. Comme engrais verts, le sarrasin et le seigle sont plus tolérants aux pH bas. Le sarrasin doit être détruit après cinq semaines de croissance, sinon le producteur devra le sarcler dans les années à venir, car il y aura repousse à partir des semences tombées au sol.

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Production de bleuets biologiques

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Le bleuetier croît bien sur billon paillé. Le billon prévient les maladies racinaires et éloigne les racines de la nappe d’eau s’il y a risque que celle-ci soit élevée. Le paillis empêche les mauvaises herbes de s’installer, il régularise la température du sol et aide à conserver l’eau, tout en amenant de la matière organique.

Comme le bleuetier est sensible à la compétition, il ne doit pas y avoir de mauvaises herbes sur une bande d’au moins 1 m de largeur. La pratique courante consiste donc à pailler une bande de 1 m ou plus de largeur avec un paillis de bran de scie, d’écorce, de copeaux ou autres, de 8 à 15 cm d’épaisseur. Idéalement, ces matériaux devraient être vieillis en tas quelques années avant leur application. Ce vieillissement est d’autant plus important en conduite biologique qu’il permettra de diminuer les apports azotés nécessaires pour la décomposition du paillis.

Il vaut mieux prévenir les besoins et toujours stocker les matériaux de paillage une ou deux années avant leur application. Les copeaux de bois durs conviennent tout autant que ceux de bois mous, mais ils se décomposent plus vite. Un matériau intéressant et d’un coût abordable est le résidu de tourbière, du moins dans les régions où se trouvent des tourbières. Il s’agit de ce qui reste après le tamisage et l’ensachage de la mousse de tourbe.

L’année d’implantation, le producteur peut effectuer un faux-semis en mai. Cette opération consiste à préparer le sol et à attendre qu’une première génération de mauvaises herbes germent et commencent à croître. Par la suite, le producteur forme les buttes, plante les bleuetiers et applique immédiatement le paillis de bran de scie vieilli.

Il n’est pas recommandé de lutter mécaniquement contre les mauvaises herbes dans la zone paillée, car les racines du bleuetier sont très superficielles. Il faut donc arracher à la main les mauvaises herbes qui s’installeront dans la zone paillée ou les couper à la houe ou autrement. Selon la pression des mauvaises herbes, cette opération sera plus ou moins coûteuse.

Malheureusement, il existe peu de solutions alternatives à la lutte manuelle contre les adventices en production biologique de bleuets. Les savons et les vinaigres herbicides ne sont généralement pas admis par les organismes de certification pour usage près des plants. Par ailleurs, les oies, pourtant réputées dans les fraisières, ne sont pas très efficaces dans les bleuetières, car elles ont tendance à tasser le paillis et le sol et à endommager les nouvelles pousses. L’utilisation de brûleurs est, quant à elle, trop risquée en raison des paillis et des dommages aux tiges. Les paillis de plastique ne sont pas recommandés non plus, car ils encouragent un enracinement superficiel des bleuetiers et une croissance tardive à l’automne.

Les toiles géotextiles durables, aussi appelées toiles de paillage, peuvent être utilisées avec succès même si elles n’apportent pas la matière organique dont le bleuetier a besoin. Certaines plantes peuvent tout de même s’enraciner à travers elles. Le producteur les fixe avec des broches en U afin de pouvoir les replier une à deux fois en saison. Cette pratique va permettre d’effectuer un apport de matières fertilisantes ainsi que le passage d’un rotoculteur au point de jonction entre l’entre-rang et le bord du géotextile pour empêcher l’herbe de remonter sur la toile.

Même s’il contient une protection contre les rayons ultraviolets, il est bon de couvrir le géotextile avec du bran de scie afin de le protéger de la lumière. Sa vie utile s’en trouvera grandement prolongée. Pour installer la membrane, le producteur fait un X à l’endroit de plantation sur la toile déroulée sur le rang. Une fois le plant en terre, il ajoute un morceau de géotextile carré avec une fente au centre sur la moitié de sa longueur ou un disque du même genre fait pour cet usage. Cette pièce sera mise au pied du plant pour y empêcher la croissance de mauvaises herbes.

Couvre-sol

Dans l’entre-rang, un couvre-sol composé uniquement de graminées (par exemple, de fétuque rouge) est indiqué puisque les légumineuses n’aiment pas les milieux acides. Toutefois, si l’acidification n’a été effectuée que dans la zone où sont plantés les bleuetiers, il devient possible d’ajouter des légumineuses au mélange du couvre-sol. ll faut tondre le couvre-sol de trois à cinq fois par saison. Le producteur peut projeter l’herbe vers les rangs, sauf si le couvre-sol contient du pissenlit ou d’autres mauvaises herbes susceptibles de causer éventuellement des problèmes sur le rang.

Le producteur doit garder une bande sarclée entre le couvre-sol et la zone paillée pour empêcher le couvre-sol d’envahir la culture et pour éviter que les mauvaises herbes ne s’établissent. Les sarcloirs bricolés dans ce but comportent un disque qui délimite la fin du couvre-sol et jette la terre vers le rang, et deux dents rapprochées qui travaillent le sol à peu de profondeur, soit 7,5 cm (3 po) au maximum, laissant une bande de sol nu de 15 à 20 cm de largeur. Un porte-outil dépasse le pneu arrière vers le rang. Le seul problème associé à l’utilisation d’une telle machine sera l’apparition d’un creux entre le couvre-sol et le rang.

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Production de bleuets biologiques

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Un système de couvre-sol temporaire constitué d’avoine, de seigle ou d’herbe du Soudan est parfois utilisé aux États-Unis dans les bleuetières. Ce type de couvre-sol implique plus de travail de sol, mais peut aussi aider à l’aoûtement. En ce cas, le couvre-sol peut être fauché et projeté vers le rang pour servir de paillis.

Taille

La taille des plants est nécessaire pour avoir un équilibre entre leur rendement et le calibre des fruits, mais aussi pour faciliter la récolte et les autres opérations telles que la fertilisation et la pulvérisation. La taille empêche aussi que les plants ne deviennent trop fournis, ce qui nuirait à la circulation de l’air.

Certains producteurs pourraient être tentés par la méthode du japonais Fukuoka, qui consiste à ne pas tailler les arbres et arbustes fruitiers et à laisser la plante prendre sa forme naturelle. Cette pratique n’est cependant pas à conseiller avec le bleuetier en corymbe. La non-taille aura pour effet, les premières années, de diminuer le calibre des fruits. Avec les années, si la taille n’est toujours pas suffisante, il y aura trop de vieux bois et pas assez de nouvelles pousses. Les fruits seront alors gros mais peu nombreux.

Par ailleurs, si la taille est irrégulière (c’est-à-dire réalisée une année sur deux, par exemple), les plants auront tendance à produire plusieurs tiges fines qui ne porteront pas beaucoup de fruits. Il vaut donc mieux tailler sagement et régulièrement que de laisser faire la nature!

Les tiges qui produisent le meilleur rapport qualité : quantité sont de taille intermédiaire : elles ont de 4 à 6 ans et mesurent 1,5 à 2,5 cm de diamètre à leur base. Un ratio idéal à rechercher serait de 20 % de tiges neuves et fines, 60 % de tiges intermédiaires et 20 % de grosses tiges.

Dans les conditions prévalant au Québec, la taille se fait habituellement en avril alors que la neige est fondue et que les plants sont encore dormants. Les trois premières années, le producteur enlève les branches peu vigoureuses ou qui poussent mal à la base des plants afin d’encourager une croissance verticale. Il est aussi bon d’enlever les fleurs pour que les plants emploient leur énergie à faire du bois plutôt que des fruits.

Dans une bleuetière en production, la taille consiste à enlever les tiges qui ne produisent pas ou peu, les tiges faibles ou celles qui sont mortes à l’hiver, de même que les tiges malades. Le producteur enlève aussi une ou deux des plus vieilles tiges et sélectionne les tiges d’un an qu’il veut garder. Il faut sortir de la bleuetière et détruire ou brûler les tiges taillées pour éviter de propager les maladies présentes sur le bois.

En zone froide, le producteur peut aussi tailler de façon à favoriser la croissance le plus près possible du sol où les bourgeons floraux seront protégés par le couvert de neige en hiver. Dans ce but, il taille à la hauteur désirée lors de la croissance du printemps. Pour plus de détails sur la taille des bleuetiers en corymbe, il est possible de consulter les articles pertinents disponibles sur le site Petits fruits d’Agri-Réseau5.

Irrigation

Contrairement à la plupart des autres plantes, le bleuetier n’a pas de radicelles l’aidant à puiser l’eau. Par conséquent, l’irrigation est indispensable en sol sableux. Elle est très fortement recommandée dans les autres sols. Un manque d’eau affecte la grosseur des fruits, les rendements de l’année suivante et la croissance végétative.

L’irrigation au goutte-à-goutte convient généralement (photo 2). Si le site est propice aux gels, l’irrigation par aspersion est préférable. Il faut appliquer assez d’eau pour mouiller les 30 à 40 premiers centimètres de sol sans avoir d’excès d’eau à la surface. Dans le cas de nouvelles plantations, le producteur doit irriguer immédiatement après la plantation.

Récolte

La maturité des fruits du bleuetier en corymbe est graduelle. Il faut compter faire de deux à quatre cueillettes par cultivar, réparties sur une période de quatre à cinq semaines, soit environ une cueillette par semaine. Pour faciliter la cueillette, le cueilleur peut attacher des contenants à sa taille ou à sa ceinture de façon à libérer ses deux mains. Il ne doit cueillir que les fruits mûrs, c’est-à-dire exempts de teinte rougeâtre à leur point d’attache. Une fois le fruit vraiment bleu, il faut encore attendre une semaine pour obtenir le maximum de goût et de calibre du fruit, même si le fruit est alors plus mou et plus fragile.

5 http://www.agrireseau.qc.ca/petitsfruits/

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Fertilisation

Le bleuetier est très peu exigeant en éléments fertilisants. Un excès peut amener plus de problèmes que de bénéfices, surtout dans les premières années. Les apports de matière organique sous forme de paillis et autres ainsi que l’acidification adéquate du sol vont permettre de prévenir la plupart des problèmes en nutrition du bleuetier.

Pour ce qui est des éléments majeurs (azote, phosphore et potassium), seul l’azote doit absolument être fourni. Celui-ci va en grande partie servir à décomposer le paillis, ce qui va libérer le potassium contenu dans les matériaux de paillage.

Le bleuetier exige très peu de phosphore. Trop de phosphore peut même amener des problèmes de carence en fer. En ce qui a trait au potassium, une correction peut être faite l’année avant la plantation si son niveau est très bas (moins de 200 kg/ha). Des apports de sulfate de potassium et de magnésium pourraient alors être justifiés auprès de l’organisme de certification.

Le bleuetier est parfois sujet à une carence en magnésium. Les sources possibles de magnésium sont la chaux dolomitique (à utiliser uniquement si le sol est très acide), le sulfate de potassium et de magnésium ou le sel d’Epsom (sulfate de magnésium). L’apport d’une dose de plus ou moins 100 kg/ha (selon l’analyse de sol) de sulfate de potassium et de magnésium à l’automne, soit environ 25 g par plant, est une pratique conventionnelle qui favorise l’aoûtement et l’endurcissement au froid et qui devrait aussi être appliquée en production biologique.

Le compost, qui constitue le fertilisant le plus couramment utilisé en production horticole biologique, n’est pas toujours le meilleur engrais à employer dans le cas du bleuet. Il a tendance à faire remonter le pH du sol, ce qui n’est pas approprié pour le bleuet. Si le producteur en utilise, il faudra qu’il recherche autant que possible un compost pauvre en phosphore. Les premières années, il épandra le compost au pied des plants au printemps, à raison de 5 à 8 kg par plant ou de 20 à 30 tonnes à l’hectare (t/ha), selon la richesse du compost. Une plus faible dose peut être employée si peu ou pas de paillis est utilisé. Avec les années, les doses peuvent aussi être diminuées.

Comme source d’azote, l’alternative au compost est l’utilisation d’engrais organiques, tels la farine de plume (100 g/plant), la farine de poisson (125 g/plant) ou la farine de sang (100 g/plant). Ces sources d’azote minéralisent plus rapidement que les composts. Le producteur en fait deux apports, un premier environ une semaine avant la floraison, soit vers la mi-mai, et un second au début de juin, quand la croissance des racines est maximale.

Il ne faut jamais effectuer de tels apports en juillet pour ne pas nuire à l’aoûtement des plants et donc, à leur survie à l’hiver. La salinité de la farine de plume pourrait avoir des conséquences indésirables; le producteur ne doit donc pas en abuser et plutôt varier les sources d’azote. Le fumier de vers de terre représente une source d’azote un peu plus coûteuse que les autres matières, mais il pourrait aussi être intéressant, car il est proportionnellement plus riche en azote que les composts de fumier animaux. Il est aussi plus riche en calcium.

Les besoins du bleuetier vont augmenter légèrement avec les années puisque les plants vont grossir et produire davantage. Il n’est cependant pas toujours nécessaire d’augmenter les apports fertilisants, car les engrais organiques vont avoir un effet cumulatif avec les années. Le producteur doit donc demeurer flexible.

Outre l’observation de la croissance des plants, la seule façon de vérifier si la fertilisation est adéquate est de procéder à des analyses foliaires. Dans ce but, des feuilles de milieu de tiges doivent être prélevées sur des tiges fruitières, en août. Si, à l’analyse, les niveaux sont inférieurs à 1,6 %, il y a manque d’azote. Au delà de 2,2 % il y a excès d’azote. Le tableau 3 indique les niveaux normaux d’éléments nutritifs dans le bleuetier.

Tableau 3. Concentration normale des éléments dans le feuillage du bleuetier en corymbe Élément Concentration (%) Élément Concentration

(ppm) Azote 1,80-2,10 Bore 30-70 Phosphore 0,10-0,40 Cuivre 5-25 Potassium 0,35-0,60 Fer 60-200 Magnésium 0,12-0,25 Manganèse 50-350 Calcium 0,40-0,81 Zinc 8-30 Soufre 0,13-0,20 Aluminium 80-180

Adapté de : Highbush Blueberry Nutrition, Ext. Bull. E-2011, Michigan State University.

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Contrairement à celles du framboisier ou de la vigne, les racines du bleuetier se développent peu en largeur et à environ 40 cm de profondeur en moyenne. Il faut donc effectuer les apports fertilisants près des plants, mais en évitant une zone de 20 cm tout autour de leur base, car leurs racines sont très sensibles à un excès de salinité. Dans tous les cas, le producteur doit essayer de répartir l’apport sur toute la zone racinaire. L’inoculation avec des mycorhizes est possible à la plantation. Ces champignons qui aident la plante à se nourrir vont cependant se développer seuls avec les apports de bran de scie et de mousse de tourbe.

La fertigation (ou fertilisation par le système d’irrigation) ne doit pas être utilisée pour les engrais organiques, sauf peut-être les algues. Les tuyaux de goutte-à-goutte se bouchent facilement avec ces substances. Les pulvérisations foliaires d’algues sont possibles et peuvent être profitables en période de stress pour la plante. Certains producteurs y recourent systématiquement au débourrement, avant et après la récolte.

Les émulsions de poisson, qui constituent une autre source d’azote, peuvent aussi être appliquées avec un pulvérisateur. Dans le cas de telles émulsions, il faut s’assurer qu’il ne s’agit pas de produits fortifiés qui ne rencontreraient pas les normes biologiques.

Oiseaux

Dans une bleuetière en conduite biologique, les problèmes de maladies et d’insectes ravageurs sont relativement moins importants que les problèmes de mauvaises herbes et surtout, que ceux occasionnés par les oiseaux. Contre ces derniers, le seul moyen de dissuasion vraiment efficace est l’installation de filets au-dessus de la culture (photo 3), une mesure coûteuse et dont la pertinence de l’investissement doit être sérieusement considérée.

Le moyen le moins coûteux et le plus facile pour effaroucher les oiseaux est d’installer un appareil radio qui syntonise une station bruyante. Les sons qui s’échappent sont alors imprévisibles pour les oiseaux, ce qui les effraient. Idéalement, l’appareil sera sur un pied tournant pour que le son vienne de différentes directions et il sera déplacé à quelques reprises durant la période critique.

Une autre mesure à envisager est l’installation, au milieu de la bleuetière, de deux longs poteaux téléphoniques distants de 5 à 7 m et reliés par un câble. Avec un peu de chance, au moins un rapace va prendre l’habitude de s’y installer, ce qui va effrayer les oiseaux assez efficacement. Pour une revue des autres moyens de lutte contre les oiseaux, il est possible de consulter le texte6 d’André Carrier sur le site Petits fruits d’Agri-Réseau.

Insectes nuisibles

Mouche du bleuet

La mouche du bleuet (Rhagoletis mendex) est le principal ennemi du bleuet en Amérique du Nord. Heureusement, elle est encore très peu répandue au Québec. Dans les régions où elle est présente depuis longtemps, ses populations atteignent rarement des seuils critiques nécessitant un traitement. Un certain équilibre se fait avec les années.

Dommages : Les fruits infestés de larves de la mouche du bleuet (photo 4) ramollissent et tombent prématurément. Il n’est pas dangereux d’en manger, mais ce n’est pas très appétissant… La mouche du bleuet attaque aussi d’autres fruits sauvages comme les canneberges, les cornouilles et les baies d’amélanchier.

Cycle de vie : La mouche adulte mesure 0,5 cm de longueur; ses ailes portent des marques noires (photo 5). Les femelles pondent un œuf par fruit dès que les premiers bleuets commencent à mûrir. Chaque femelle pond de 25 à 100 œufs sur une période de 2 à 3 semaines. La larve, qui peut avoir jusqu’à 8 mm, mine le fruit lors de son développement, après quoi elle le quitte et se laisse tomber au sol. Elle passe le stade de pupe enfoncée dans le sol à environ 5 cm. La plupart des nouveaux adultes émergent le printemps suivant, mais certains peuvent ne sortir qu’une année, voire deux ou trois années, plus tard.

Dépistage : Des pièges jaunes englués (photo 6) doivent être installés à la mi-hauteur des plants à partir de la mi-juin, à 9 m à l’intérieur de la bleuetière, à raison de deux pièges par hectare. Un appât de carbonate d’ammonium, une des rares substances synthétiques admises en production biologique et seulement comme appât pour les pièges, peut être ajouté pour plus d’efficacité. Le producteur vérifie quotidiennement ces pièges, si possible, et il demande l’avis d’un spécialiste pour l’identification des insectes attrapés, en cas de doute.

6 http://www.agrireseau.qc.ca/petitsfruits/Documents/oiseaux.PDF

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Comme la mouche du bleuet est un insecte à déclaration obligatoire auprès de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), le producteur doit obligatoirement traiter, s’il en trouve. TOUTE PERSONNE QUI DÉCOUVRE OU SOUPÇONNE LA PRÉSENCE DE LA MOUCHE DU BLEUET DOIT EN INFORMER L’ACIA. Les producteurs à l’intérieur d’une zone réglementée doivent s’inscrire à un programme de certification qui détermine la nécessité de traiter ou non.

Prévention : Avant de transplanter de nouveaux plants, il faut vérifier la présence de pupes dans les premiers centimètres de sol entourant les racines. Comme les mauvaises herbes peuvent servir de refuge aux adultes, une bonne lutte contre les mauvaises herbes est indiquée. À la récolte, il faut ne pas laisser de fruits sur les plants et éviter d’en échapper au sol. Les résidus de taille doivent être brûlés plutôt que compostés. Finalement, les contenants de cueillette doivent être bien nettoyés.

Lutte directe : Il n’existe aucun insecticide autorisé en production biologique qui soit homologué contre la mouche du bleuet. Il n’existe pas non plus d’agent de lutte biologique connu. En dernier recours, s’il y a obligation de traitement, un insecticide végétal de type roténone devrait être efficace s’il est appliqué à la véraison, soit deux semaines avant la récolte, et de nouveau quelques jours avant la récolte. S’il y a un traitement rendu obligatoire par le gouvernement avec une substance non permise en production biologique, les normes prévoient que le site ainsi traité ne perd pas son statut biologique. Toutefois, la récolte de l’année du traitement ne pourra pas être certifiée.

Pyrale des atocas et noctuelle des cerises

La larve de la pyrale des atocas (Acrobasis vaccinii) (photo 7), un papillon nocturne, attaque le bleuet et la canneberge. La larve mature hiverne près de la surface du sol. Le stade de pupe se fait à la fin de l’hiver et l’adulte émerge un mois plus tard. Les femelles pondent à la base des fruits verts. La larve qui émerge 4 à 5 jours plus tard creuse le fruit près du pédoncule, puis tout l’intérieur du fruit pour se diriger ensuite vers d’autres fruits. Les fruits attaqués ratatinent et tournent au bleu prématurément. La larve lie ensemble, avec de la soie, des fruits sains et attaqués. Elle laisse aussi des excréments. La pyrale des atocas produit une génération par année.

La larve de la noctuelle des cerises (Grapholita packardi) produit des dommages semblables à ceux de la pyrale des atocas, mais elle ne laisse pas d’excréments. De plus, elle est de couleur rouge. La larve hiberne dans une tige morte ou coupée ou encore, sur les mauvaises herbes.

Dépistage, prévention et lutte : Tant pour détecter la pyrale des atocas que la noctuelle des cerises, il importe d’observer souvent la bleuetière afin de détecter les bleuets qui seraient prématurément bleus. Le producteur doit enlever et brûler les fruits infestés pour détruire les larves avant qu’elles ne sortent et ne passent au stade de pupes. Dans les atocatières, où la pression de la pyrale des atocas est généralement plus forte que dans les bleuetières, il se fait de la lutte biologique grâce à l’introduction, vers la mi-juin, de parasitoïdes appelés trichogrammes.

Dans la bleuetière, la prévention (inspection et enlèvement des fruits affectés) et le développement d’un équilibre écologique (ennemis naturels) avec les années devraient normalement suffire même si une étude faite à l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) n’a identifié aucun trichogramme naturellement présent dans les bleuetières. Au Québec, aucun traitement n’existe contre la pyrale des atocas et la noctuelle des cerises, tant en production biologique qu’en production conventionnelle.

Charançon de la prune

Le charançon de la prune (Conotrachelus nenuphar) (photo 8) est un coléoptère qu’on associe davantage aux arbres fruitiers qu’aux petits fruits. Pourtant, une étude réalisée en 2002 dans une bleuetière de la Montérégie a révélé que le charançon de la prune était sans doute le ravageur le plus important du bleuet dans cette région. En effet, même si seulement 4,4 % des fruits montraient des dommages (photo 9), le charançon était la cause de ces dommages dans 60 % des cas. Cette étude préliminaire signifie qu’il faudra garder l’œil ouvert face à ce ravageur. Comme dans les vergers, le charançon apparaît à la fin de mai dans les bleuetières. La ponte a lieu vers la mi-juin au stade calice (chute des pétales).

Pour dépister le charançon ou même lutter contre lui, le producteur dispose un drap blanc autour du bleuetier, puis il secoue l’arbuste. Le charançon est actif en soirée, par temps chaud, pendant la floraison. En procédant ainsi au battage des bleuetiers à deux reprises, à intervalles de trois jours, à la fin de mai, le producteur pourrait effectivement diminuer la population.

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Un pomiculteur biologique de la Montérégie a développé une façon de mécaniser le battage pour lutter contre le charançon dans les vergers. Une adaptation de ce procédé serait sans doute possible pour le bleuet, advenant qu’il soit confirmé que le charançon est un ravageur important. Comme mesure préventive, il est bon d’éliminer les arbres et les arbustes fruitiers sauvages ou abandonnés dans un rayon de 200 m autour de la bleuetière.

Petit carpocapse de la pomme

Comme le charançon de la prune, le petit carpocapse de la pomme (Grapholitha prunivora) est un insecte surtout associé aux arbres fruitiers. Il attaque aussi les fruits du bleuetier et de l’églantier mais rarement à des niveaux importants. Il s’agit d’un petit papillon d’environ 7 mm de long, ayant une tache dorée sur la tête, de même que des ailes foncées, munies de taches orangées et de bandes bleu pâle (photo 10). La femelle pond un œuf sur le feuillage ou sur un fruit.

Après l’éclosion, la jeune larve (photo 11) entre dans un fruit. Une fois son développement complété, elle effectue son stade de pupe sur une craque de l’écorce ou dans le couvre-sol. Cet insecte peut être capturé avec un piège de type « Wing Trap » et une phéromone qui lui est particulière.

Tordeuses

Les tordeuses (Tortricidae spp.) sont les larves de différentes espèces de petits papillons. Comme leur nom l’indique, elles s’enroulent dans les feuilles pour se protéger. En début de saison, elles lient ensemble les bourgeons floraux pour s’en nourrir, après quoi elles passent leur stade de chrysalide enroulée dans une feuille. Les petits papillons bruns ou jaunes de 1 à 2 cm émergent quelques semaines plus tard. Deux générations sont produites par année.

Au Michigan, principale région bleuetière en Amérique du Nord, le seuil de tolérance est de 15 tordeuses par plant. Les différentes espèces de tordeuses qui attaquent le bleuetier peuvent être réprimées par une application de B. t. kurstaki (par exemple, BIOPROTEC, DIPEL) quand les chenilles se nourrissent.

Autres ravageurs

Les limaces et les perce-oreilles peuvent occasionner des dégâts aux fruits (photo 12). Dans le cas des limaces, il faut voir s’il n’y pas un problème de surplus d’eau dans la bleuetière et éviter de pailler avec de la paille. Les problèmes de perce-oreilles ont tendance à être épisodiques et localisés. Il faut compter sur un équilibre écologique qui va s’établir pour diminuer leur présence.

Dans les régions plus au sud, les acariens et les cochenilles peuvent causer des problèmes au bleuetier. Ces ravageurs peuvent être réprimés par une application d’huile minérale insecticide (huile de dormance) avant le débourrement. Pour dépister facilement les cochenilles, un piège peut être conçu en enroulant sur les branches un ruban d’électricien noir, le côté collant à l’extérieur. Les cochenilles, de couleur pâle, vont facilement être visibles sur ce fond noir.

Maladies

Pourriture sclérotique

La pourriture sclérotique (Monilinia vacinii-corymbosi) est l’une des plus importantes maladies affectant le bleuet. Le champignon qui en est responsable survit sur les fruits momifiés qui tombent au sol. Les spores qui s’échappent de ces fruits infectés au printemps contaminent les jeunes pousses. Celles-ci vont, à leur tour, produire un autre type de spores qui vont infecter les fleurs. Il n’y a rien d’apparent sur les fruits avant le mûrissement. Par la suite, les bleuets deviennent ratatinés et rosés (photo 13). Ils tombent au sol, tournent au brun et prennent la forme d’une citrouille miniature.

Il faut enlever des plants les fruits atteints, les rassembler et les brûler ou les recouvrir d’au moins 5 cm (2 po) de paillis. Le sarclage près des rangs au printemps va détruire une partie des spores. Aucun traitement approuvé en production biologique n’existe. Il n’y a pas de variétés totalement résistantes à la pourriture sclérotique, mais certaines sont moins sensibles (voir le tableau 3).

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Chancre

Après la pourriture sclérotique, le chancre causé par le champignon Fusicoccum putrefaciens est la plus sévère des maladies retrouvées au Québec. Le champignon se reconnaît sur les tiges de 1 ou 2 ans à de petites taches rouges souvent situées près de la base du plant. Celles-ci vont s’agrandir le printemps suivant pour produire une nécrose de couleur brun rouge (photo 14). Le feuillage des tiges atteintes fane, jaunit, se dessèche et tourne au brun roux. Les tiges meurent au début de l’été.

Les spores sont répandues par la pluie, très peu par l’air, ce qui fait que le producteur peut circonscrire l’infection en taillant les parties atteintes lors de la taille printanière. Les stress de froid accroissent les dommages. Il faut enlever les tiges qui dessèchent dès la fin de mai et les couper le plus près possible du sol. Il existe des différences variétales face à la sensibilité au chancre, mais pas de cultivars totalement résistants.

Advenant un problème important, le producteur peut presque tout tailler au sol, en laissant uniquement deux à trois tiges de 30 cm de longueur. En prévention, il est conseillé de ne pas utiliser une forte dose de matière azotée en une seule application, mais plutôt de la répartir en deux applications. Avant de les planter, il faut vérifier s’il y a présence de taches rouges sur les plants achetés et ne pas les planter le cas échéant. En dernier recours, un traitement à la chaux soufrée peut être fait tôt au printemps.

Brûlure phomopsienne

Le champignon Phomopsis vaccinii, peu fréquent au Québec, hiverne sur les parties affectées de la plante, surtout les tiges. Il se reconnaît à des taches allongées sur la tige qui semble aplatie. Les spores issues des chancres au printemps sont dispersées par la pluie. Le stress hydrique prédispose le plant à l’infection. Les hivers avec fréquents redoux et gels printaniers sont aussi favorables à la maladie. Le choix d’un site approprié et l’irrigation adéquate constituent donc les meilleures mesures préventives.

La taille des parties atteintes est importante pour prévenir la propagation du champignon. Il faut couper le plus près possible de la couronne et brûler les tiges. Il faut aussi éviter les blessures aux plants résultant d’une taille négligée. En dernier recours, une application de chaux soufrée après la chute des feuilles à l’automne et au printemps, avant le temps chaud, peut aider à réduire la quantité d’inoculum.

Moisissure grise

La moisissure grise (Botryits cinerea) est surtout un problème quand il y a surfertilisation en azote, qu’il y a peu de circulation d’air, qu’il y a eu des dommages hivernaux importants et que les conditions de température et d’humidité sont favorables au champignon en cause. Les symptômes y étant associés sont semblables à ceux de la pourriture sclérotique. Le premier signe est la nécrose de bourgeons floraux (photo 15) mais sans production de spores couleur crème. Quelques feuilles vont aussi avoir des taches noires quelques semaines plus tard.

Le champignon Botryits cinerea survit sur les petites branches mortes et dans la matière organique. Les cultivars à grappes denses sont plus susceptibles d’être atteints. Une bonne hygiène de la bleuetière, impliquant le ramassage des fruits morts et des débris, va prévenir les problèmes. Lors d’un cas grave, le producteur peut remplacer le paillis présent par un nouveau paillis. Il faut éviter de placer ce dernier sur le tronc.

Anthracnose

Le champignon responsable (Colletotrichum acutatum) de l’anthracnose hiverne principalement sur et à l’intérieur des petites branches. Les spores sont dispersées au printemps par le vent et la pluie. Si le temps est chaud et humide, il peut y avoir sporulation au printemps, mais habituellement ce sont les fruits mûrs (photo 16) qui servent de lieu de reproduction au champignon Colletotrichum acutatum.

Le premier symptôme de la maladie est une atteinte des nouvelles pousses du printemps. Quelques groupes de fleurs vont devenir noirs ou bruns. Au mûrissement, le bout du fruit devient mou, il perce et des spores couleur saumon sont apparentes. Ces spores vont se répandre à d’autres fruits par la pluie ou par contact des fruits entre eux. Les cultivars dont les fruits mûrs restent longtemps accrochés au plant sont les plus sensibles.

En prévention, il faut fréquemment cueillir les fruits et enlever les branches infectées. Il faut aussi améliorer la circulation de l’air en taillant les vieilles branches et les petites branches trop fines.

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Rouille

La rouille (Pucciniastrum vaccinii) (photo 17) peut affecter la plante en entier. Si l’infection est localisée, le bleuetier peut toutefois rester productif. Le producteur taille alors au niveau du sol et brûle les tiges atteintes. Si la maladie touche plus de 50 % de la plante, il faut l’arracher et la remplacer.

Il peut y avoir réinfection à plusieurs reprises durant la saison. Les conifères (sauf la pruche) sont des hôtes alternes essentiels au cycle de vie du champignon Pucciniastrum vaccinii. Il est donc préférable d’enlever les sapins à proximité de la bleuetière, de même que les Vaccinium sauvages (bleuets nains, canneberges) dans les environs.

Rouille balai de sorcière

Le bleuet partage cette maladie avec le sapin baumier. Le champignon qui en est responsable (Pucciniastrum goeppertianum) engendre la production d'une multitude de tiges en forme de balai (photo 18) d’où seront produites les spores. Une carence en bore peut produire un effet semblable.

Pour réduire l'incidence de la rouille balai de sorcière, il faut enlever tout sapin baumier des environs de la bleuetière. À l'automne ou au début de mai, il faut aussi enlever les plants atteints avant que les spores ne se forment sur les balais, puis les brûler.

Autres maladies

La tumeur du collet, causée par Agrobacterium tumefaciens, ne peut être un problème que si le bleuetier est cultivé dans un sol non acide. Contre le pourridié phytophthoréen (Phytophthora spp.), il faut cultiver sur billons et un sol drainé, et éviter les sols lourds.

Virus

Certains virus commencent à poser problème au Québec, dont le ToRSV (de l’anglais « Tomato Ringspot Virus ») (photo 19), parce que le cultivar Patriot y est sensible. Il n’y a pas de programmes de certification pour les plants de bleuetiers au Québec. Cependant, de tels programmes existent aux États-Unis d’où provient une grande partie des plants vendus au Québec. Le producteur peut donc acheter des plants certifiés sans virus.

Il faut enlever de la plantation les plants atteints. Le ToRSV est transmis par les nématodes. Il faut lutter contre les pissenlits, des hôtes pour les nématodes. Le producteur peut aussi mettre une plus grande épaisseur de paillis pour encourager un enracinement superficiel, lequel éloignera les racines des nématodes qui se trouvent dans le sol.

Économie

Les coûts d’implantation pour une bleuetière en conduite biologique sont les mêmes que pour une bleuetière conventionnelle. Les rendements devraient aussi être sensiblement les mêmes. Quant aux coûts d’entretien, ils seront comparables ou plus élevés qu’en production conventionnelle, selon la propreté de la bleuetière et le coût des matières fertilisantes.

Il faut compter 3 000 à 3 600 plants à l’hectare, soit environ 10 000 $/ha pour l’achat des plants. Avec les autres frais, le coût d’implantation est d’environ 25 000$/ha. Le producteur récupère normalement ses investissements vers la sixième année. De même, le rendement optimum est atteint après environ 6 ans (6 000 à 12 000 kg/ha) après la plantation. Une bleuetière bien entretenue peut durer 15, 20, voire 30 ans.

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Production de bleuets biologiques

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Bibliographie

Le lecteur trouvera une grande quantité d’articles sur plusieurs aspects de la culture du bleuet en corymbe sur le site Petits fruits d’Agri-Réseau à l’adresse suivante : http://www.agrireseau.qc.ca/petitsfruits/ [en ligne]. Voici aussi quelques références ayant servi lors de la rédaction de ce guide : Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). « Rhagoletis mendax » Curran, mouche du bleuet, [en ligne]. http://www.inspection.gc.ca/francais/sci/surv/data/rhamenf.shtml (consulté le 29-09-03). Bernier, D. et al. 2001. Bleuet en corymbe. Guide de protection 2001-2002. Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ). Québec. 24 pages. Caruso, F.L. et D.C. Ramsdell. 1995. Compendium of Blueberry and Cranberry Diseases. American Phytopathological Society, APS Press, St.Paul, Minnesota. 87 pages. ISBN 0-89054-1736. Elsner, E.A. et M. E. Whalon. Common Blueberry Insect Pests and their Control. Hints on Growing Blueberries, [en ligne]. Michigan State University Fruit IPM Extension Bulletin E-1863. 23 pages. www.canr.msu.edu/vanburen/e-1863.htm (consulté le 29-09-03). Hanson, E.J. et J.F. Hancock. Hints on Growing Blueberries, [en ligne]. Michigan State University Fruit IPM Extension Bulletin E-2066. 23 pages. www.canr.msu.edu/vanburen/e-2066.htm (consulté le 29-09-03). Kuepper, G.L. et S. Diver. 2000. Organic Blueberry Production, [en ligne]. Appropriate Technology Transfer for Rural Areas (ATTRA). Fayetteville, Arkansas. 13 pages. www.attra.org/attra-pub/blueberry.html (consulté le 29-09-03). Lodgson, G. 1974. Successful Berry Growing. Rodale Press, Emmaus, Pennsylvanie, 200 pages. ISBN 0-87857-182-5. Ramsdell, D.C. Blueberry Diseases in Michigan, [en ligne]. Michigan State University Fruit IPM Extension Bulletin E-1730. 23 pages. www.canr.msu.edu/vanburen/e-1731.htm (consulté le 29-09-03) Richard, Jean. 1987. Fruits et petits fruits; Production écologique. Éditions Marcel Broquet, LaPrairie, Québec. 337 pages. ISBN 2-89000-189-X. Schmid, Andi et Gilles Weidmann. 1998. La culture biologique des petits fruits. Institut de recherche en agriculture biologique (IRAB), Frick, Suisse. 16 pages.

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Production de bleuets biologiques

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Planches photos

Photo 1. Espacement entre et sur les rangs à l’implantation (Luc Urbain, MAPAQ)

Photo 2. Irrigation goutte-à-goutte (Nathalie Laplante, MAPAQ)

Photo 3. Filet de protection contre les oiseaux (Maria Fernanda Garcia, MAPAQ)

Photo 4. Larve de la mouche du bleuet (Luc Urbain, MAPAQ)

Photo 5. Mouche du bleuet (ACIA)

Photo 6. Piège jaune englué (Ginette H. Laplante, MAPAQ)

Photo 7. Larve de la pyrale des atocas (Nathalie Laplante, MAPAQ)

Photo 8. Charançon de la prune (Nathalie Laplante, MAPAQ)

Photo 9. Dégât du charançon de la prune (Ginette H. Laplante, MAPAQ)

Photo 10. Petit carpocapse (Ginette H. Laplante, MAPAQ)

Photo 11. Larve de petit carpocapse (Ginette H. Laplante, MAPAQ)

Photo 12. Blessure causée par le perce-oreille (Ginette H. Laplante, MAPAQ)

Photo 13. Pourriture sclérotique sur les bourgeons floraux (Ginette H. Laplante, MAPAQ)

Photo 14. Pourriture sclérotique sur les fruits (Luc Urbain, MAPAQ)

Photo 15. Chancre sur une tige (Luc Urbain, MAPAQ)

Photo 16. Moisissure grise au stade nouaison (Ginette H. Laplante, MAPAQ)

Photo 17. Symptôme de l’anthracnose (Ginette H. Laplante, MAPAQ)

Photo 18. Taches de rouille sur une feuille (Maria , MAPAQ)

Photo 19. Rouille balai de sorcière (Ginette H. Laplante, MAPAQ)

Photo 20. Symptômes causés par le ToRSV (Maria , MAPAQ)

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BIOlogiques au Québec

Page 25: PRODUCTION DE BLEUETS BIOLOGIQUES

Totaldes achats

Frais de poste etde manutention*

Totalà payer

* Les frais de poste et de manutention s’appliquent à toute livraison auCanada et doivent être ajoutés selon le montant total des achats. Pour untotal des achats de 100,00 $ et moins, les frais sont de 4,01 $ (taxes inclu-ses). Pour un total de plus de plus de 100,00 $, les frais correspondent à10 % du total des achats, jusqu’à concurrence de 20 $ (taxes incluses).

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NUMÉRO DE LA PRIX UNITAIREPUBLICATION TITRE DE LA PUBLICATION QUANTITÉ (INCLUANT TAXES) PRIX TOTAL

VX 026 Production de fraises biologiques, 2003, 35 pages 20,00 $

VX 045 Production de framboises biologiques, 2003, 28 pages 20,00 $

VX 046 Production de bleuets biologiques, 2003, 20 pages 20,00 $

VX 047 Production de raisins biologiques, 2003, 22 pages 20,00 $

VX 053 Collection Production de petits fruits biologiques, 2003 68,00 $

VW 021 Manutention et conditionnement des petits fruits 35,00 $destinés au marché du frais, 2002, 37 pages

VV 014 Guide de référence en fertilisation, 2003, 294 pages 18,00 $

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