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Pages spéciales Morbihan / 7 décembre 2012 13 Idéa, Nov'agri... Les groupes de développement agricole du Morbihan muent. Sous les habits neufs de leur modernisation, le sens du collectif demeure, au service de projets, de formations, d'actions et d'innovations. Et l'AEI est un cap que dessine l’Union des GVA. On attendait Michel Griffon, le créateur de l'AEI pour en parler, mais ce n'est qu'un message enregistré qui aura été diffusé à l'assemblée réunie au siège du Crédit Agricole du Morbihan pour l'AG de l'UDGVA, mardi dernier. Car si le papa de l'AEI venait d'être retenu par Stéphane Le Foll, ministre de l'agri- culture, c'était pour y défendre dans la loi "une formule contractuelle qui redonnerait aux agriculteurs la liberté d'entreprendre ce que leur empêche l'empilement réglementaire actuel". A suivre... Mais pendant ce temps, à Vannes, Gilles Chauviet, a témoigné concrète- ment de son engagement dans l'AEI. Car le concept gène aux entournures. "On nous dit souvent, comment peut on être écologique et intensif ?", pointe un responsable de GVA depuis la salle. Un semblant de paradoxe qui pourrait expliquer le retard à l'allumage dont souffre l'AEI dans le Morbihan. "On n'avance pas aussi vite que les autres", constate, à regret, Eric Touzard, pré- sident de l'UDGVA sur cette manière de "produire autrement dont il faut que les agriculteurs soient les acteurs". Une nouvelle façon de faire pourtant "por- teuse d'espoir, car au travers de cette démarche centrée sur l'agronomie, on redonne de l'autonomie", estime Nicole Le Peih, président de l'UDGVA. Il y a donc urgence à convaincre. Du confort à la responsabilité et l'autonomie C'est par la preuve que Gilles Chauviet, agriculteur à Moyet dans la Sarthe, ancien président de l'union des Geda de ce département est venu faire part de son expérience. Alors pourquoi changer pour l'AEI ? "Parce qu'on avait délégué savoirs et compétences à nos techni- ciens. On était dans le confort. En cas de problème, on les appelait. J'avais l'im- pression de ne plus être qu'un exécu- tant". Une situation inconfortable pour cet éleveur laitier en Gaec, avec porcs et volailles de Loué. "Avant on avait des groupes thématiques ; lait...cultures.... Or, chaque acte de production est lié à un autre, on a décloisonné, cela nous a fait travailler sur tout un tas de choses. On a appelé notre réseau Trame, bâti une formation. On s'est redécouvert dans nos métiers, l'important étant de trouver des solutions à nos problèmes. Certains avaient trouvé des choses, pratiquaient depuis 20 ans le non labour. Une somme de compétences et c'était valorisant. Dès qu'on buttait, on invitait un chercheur. Non pas pour un cours magistral mais pour répondre à nos questions", raconte -t-il . De retour sur leurs exploitations, les membres du groupe continuent, essaient, échangent et travaillent en intergroupe. "Cela nous permet de corriger, d'avoir de meilleurs résultats". Et s'il n'est pas question de faire n'importe quoi, "on ne s'interdit rien. J'essaye d'utiliser des processus plus vertueux mais, si je n'y arrive pas, je peux garder un passage chimique. L'intérêt, c'est la mixité du travail". Changer de pratiques demandera du temps : "peut être 10 ou 15 ans pour faire 10 quintaux de plus, et une deu- xième récolte avec l'inter-culture, en nourrissant le sol et non plus la plante pour que l'écosystème fonctionne bien. Pas pour produire plus, plus grand mais bien, avec ce que l'on a". Claire Le Clève Produire autrement, nouveau défi pour gagner en autonomie Avec Eric Touzard, à gauche, Gilles Chauviet, agriculteur à Moyet dans la Sarthe a témoigné de son expérience en groupe sur l'AEI.

Produire autrement, nouveau défi pour gagner en autonomie

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Morbihan

/ 7 décembre 2012 13

Idéa, Nov'agri... Les groupes de développement agricole du Morbihan muent. Sous les habits neufs de leur modernisation, le sens du collectif demeure, au service de projets, de formations, d'actions et d'innovations. Et l'AEI est un cap que dessine l’Union des GVA.

On attendait Michel Griffon, le créateur de l'AEI pour en parler, mais ce n'est qu'un message enregistré qui aura été diffusé à l'assemblée réunie au siège du Crédit Agricole du Morbihan pour l'AG de l'UDGVA, mardi dernier. Car si le papa de l'AEI venait d'être retenu par Stéphane Le Foll, ministre de l'agri-culture, c'était pour y défendre dans la loi "une formule contractuelle qui redonnerait aux agriculteurs la liberté d'entreprendre ce que leur empêche l'empilement réglementaire actuel". A suivre... Mais pendant ce temps, à Vannes, Gilles Chauviet, a témoigné concrète-ment de son engagement dans l'AEI. Car le concept gène aux entournures. "On nous dit souvent, comment peut on être écologique et intensif ?", pointe un responsable de GVA depuis la salle. Un semblant de paradoxe qui pourrait expliquer le retard à l'allumage dont souffre l'AEI dans le Morbihan. "On n'avance pas aussi vite que les autres", constate, à regret, Eric Touzard, pré-sident de l'UDGVA sur cette manière de "produire autrement dont il faut que les agriculteurs soient les acteurs". Une nouvelle façon de faire pourtant "por-teuse d'espoir, car au travers de cette démarche centrée sur l'agronomie, on redonne de l'autonomie", estime Nicole Le Peih, président de l'UDGVA. Il y a donc urgence à convaincre.

Du confort à la responsabilité et l'autonomieC'est par la preuve que Gilles Chauviet, agriculteur à Moyet dans la Sarthe, ancien président de l'union des Geda de ce département est venu faire part de son expérience. Alors pourquoi changer pour l'AEI ? "Parce qu'on avait délégué savoirs et compétences à nos techni-ciens. On était dans le confort. En cas de problème, on les appelait. J'avais l'im-pression de ne plus être qu'un exécu-tant". Une situation inconfortable pour cet éleveur laitier en Gaec, avec porcs et volailles de Loué. "Avant on avait des groupes thématiques ; lait...cultures....Or, chaque acte de production est lié à un autre, on a décloisonné, cela nous a fait travailler sur tout un tas de choses. On a appelé notre réseau Trame, bâti une formation. On s'est redécouvert dans nos métiers, l'important étant de trouver des solutions à nos problèmes. Certains avaient trouvé des choses, pratiquaient depuis 20 ans le non

labour. Une somme de compétences et c'était valorisant. Dès qu'on buttait, on invitait un chercheur. Non pas pour un cours magistral mais pour répondre à nos questions", raconte -t-il . De retour sur leurs exploitations, les membres du groupe continuent, essaient, échangent et travaillent en intergroupe. "Cela nous permet de corriger, d'avoir de meilleurs résultats". Et s'il n'est pas question de faire n'importe quoi, "on ne s'interdit rien. J'essaye d'utiliser des processus plus vertueux mais, si je n'y arrive pas, je peux garder un passage chimique. L'intérêt, c'est la mixité du travail". Changer de pratiques demandera du temps : "peut être 10 ou 15 ans pour faire 10 quintaux de plus, et une deu-xième récolte avec l'inter-culture, en nourrissant le sol et non plus la plante pour que l'écosystème fonctionne bien. Pas pour produire plus, plus grand mais bien, avec ce que l'on a".

Claire Le Clève

Produire autrement, nouveau défi pour gagner en autonomie

Avec Eric Touzard, à gauche, Gilles Chauviet, agriculteur à Moyet dans la Sarthe a témoigné de son expérience en groupe sur l'AEI.