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PROGRAMME DE COOPÉRATION SUD-SUD POUR UN DÉVELOPPEMENT SOCIO-ÉCONOMIQUE RESPECTUEUX DE L’ENVIRONNEMENT DANS LES TROPIQUES HUMIDES DOCUMENTS DE TRAVAIL No 6, 1995 - ORGANISATION DES NATIONS UNIES - POUR L’éDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE PROGRAMME SUR L’HOMME ET LA BIOSPHÈRE CUNIVERSIT~ DES NATIONS UNIES ACADÉMIE DES SCIENCES DU TIERS MONDE --

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PROGRAMME DE COOPÉRATION SUD-SUD POUR UN DÉVELOPPEMENT SOCIO-ÉCONOMIQUE RESPECTUEUX

DE L’ENVIRONNEMENT DANS LES TROPIQUES HUMIDES

DOCUMENTS DE TRAVAIL

No 6, 1995

- ORGANISATION DES NATIONS UNIES

- POUR L’éDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE

PROGRAMME SUR L’HOMME ET LA BIOSPHÈRE

CUNIVERSIT~ DES NATIONS UNIES

ACADÉMIE DES SCIENCES DU TIERS MONDE

--

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La série des Documents de travail est une publication du Programme de coopération Sud-Sud pour un développement socio-économique respectueux de l’environnement dans les Tropiques humides. La série a pour objectif de disséminer les résultats de la recherche sur les Réserves de la biosphèresur des sujets comme (i) les modèles prédominant de conservation et d’utilisation des ressources et, (ii) les moyens d’améliorer les pratiques traditionnelles et les orientations pour la recherche appliquée afin d’intensifier et d’utiliser de manière pérenne la biodiversité pour fournir de meilleure conditions de vie pour les populations locales des zones tampons et de transition. Sur des thèmes plus généraux, les Documents de travail sont aussi une tentative d’identifier les problèmes clés qui deviendront des éléments de préoccupation pour la coopération internationale.

La carte de première de couverture a été réalisée à l’aide d’un logiciel commercial. Le tracé des frontières n’implique ni approbation ni acceptation officielle de WNESCO ou des Nations Unies. II en est de même pour les idées et opinions exprimées dans la série des Documents de travail, lesquelles n’engagent uniquement que leurs auteurs.

La série des Documents de travail est publiée selon les nécessités soit en anglais, français ou espagnol en fonction de la langue utilisée par l’auteur,

0 La permission de reproduire articles et illustrations de la série des Documents de travail sera accordée sans autorisation préalable, dans la mesure où les références complètes de la source (auteur, titre, titre de la série, date, institution éditrice et lieu de publication) sont citées.

Toute correspondance doit être adressée à I’Éditeur administratif.

Edité par : UNESCO Division des Sciences Écologiques Téléphone : 33 - (1) 45.68.41.46 Programme de Coopération Sud- Télécopie : 33 - (1) 40.65.98.97 Sud Télex : 20.44.61 Paris 7 place de Fontenoy E-mail : m.clusener @ unesco.org 75 700 PARIS (FRANCE)

~~~~~~~~~~~ : .._<..._. . . . . . . ._.... . . ..<....._< ,.... ._............. . . .._. Ignacy SACHS ECOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES (EHESS)

Centre de Recherches sur le Bresil Contemporain (CRBC)

54 Bd. Raspail 75 270 PARIS Cedex 96 FRANCE

Tblephone : 33 - (1) 495420.85 Tekcopie : 33 - (1) 45.48.83.53

SC-95nlw18

~~~~~~~~r~~~ :... . . . . :: . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .._ <. Miguel CLÜSENER-GODT ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’EDUCATION, LA SCIENCE ET LA CULTURE (UNESCO) Division des Sciences Écologiques Programme de Coopbration Sud-Sud 1 rue Miollis 75 732 PARIS Cedex 15 FRANCE Telephone : 33 - (1) 4568.41.46 Tekcopie : 33 - (1) 498598.97

Yann GUILLAUD ÉCOLE DES HAUTES ETUDES EN SCIENCES SOCIALES (EHESS)

Centre de Recherches sur le Bresil Contemporain (CRBC)

54 Bd. Raspail 75 270 PARIS Cedex 06 FRANCE

Telephone : 33 - (1) 4954.2985 T&copie : 33 w (1) 45.48.83.5

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II est demandé aux Réserves de la biosphère ou aux zones gérées de manière similaires qui rejoignent le Programme de Coopération Sud-Sud, de produire un état des lieux de leur région contenant des informations de première main sur sa situation et ses problèmes pressants.

Ces rapports seront en premier lieu utilisés comme matériels de support pour les projets comparatifs approuvés dans le programme d’activités établi lors de la réunion de Chiang Mai, tenue en mai 1994. Pour plus de détails veuillez vous reporter à la lettre d’information Perspectives Sud-Sud (IV’ 1, Octobre 1994 [28 pp.], UNESCO, Paris [France]).

Étant donnée la richesse d’information de ces rapports, ils sont mis à la disposition d’un large public. Ils peuvent être obtenus en contactant le Secrétariat du MAEVUNESCO, Division des Sciences Écologiques.

Pour d’autres documents disponibles dans la série, veuillez voir la dernière de couverture.

Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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Les auteurs de cette étude débutent par une vue d’ensemble de la situation malgache en matière de richesse naturelle et de politique de conservation de l’environnement. Ils considèrent que Madagascar, par sa diversité biologique et par l’étendue de la dégradation de l’environnement, est une priorité mondiale en matière de conservation. Cette dernière devant aller de paire avec une politique de développement en raison de graves difficultés économiques. Aussi, le gouvernement malgache a élaboré une stratégie intégrée de conservation et de développement.

La Réserve de la biosphère de Mananara-Nord s’insère dans cette stratégie et est située sur la côte nord-est de Madagascar. La Réserve couvre environ 140 000 ha. avec une population de 47 200 habitants. Les raisons de la transformation de cette ancienne Forêt classée en Réserve de la biosphère et son processus de création sont décrits. La question de l’intégration des populations locales dans le projet de conservation et de développement est considérée comme l’élément central de sa réussite.

Les acquis de huit années d’expérence du projet et de la mise en œ uvre de la Réserve de la biosphère sont, pour les auteurs, les suivants : l’approfondissement de la connaissance de la région aux niveaux socio-culturel et écologique, l’obtention d’une adhesion assez forte de la population au concept proposé par un début de leur responsabilisation dans la protection par l’abandon de la culture sur brûlis dans les Aires protégées, la promotion de groupements divers comme partenaires, l’établissement d’une structure opérationnelle et de relations étroites avec les différents acteurs locaux. Enfin, l’extension des zones irriguées, le développement de paquets technologiques adaptés à la riziculture irriguée et la vulgarisation de méthodes de riziculture pluviale sans brGlis préalables, dont la recherche mérite d’être approfondie, marquent la volonté d’instaurer un développement durable.

La problématique avant la création de la Réserve et les actions mises en œ uvre depuis sa création sont détaillées par les auteurs en annexe, comme d’ailleurs l’ensemble des études réalisées et le fonctionnement des institutions malgaches responsables de la politique de conservation nationale et de la Réserve de Mananara-Nord.

N. RAONDRY, M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRINA : La Réserve de la biosphère de Mananara-Nord (Madagascar)

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The authors of this study begin with an overview of the Malagash situation on natural wealth and its policy of environment conservation. They consider that Madagascar, by its biological diversity and by the scale of its environmental damage, is a world-wide priority for conservation. Conservation must go along with a development policy because of the critical economic cicrumstances. Therefore, the Malagash Government has elaborated an integrated conservation and development strategy.

The Biosphere Reserve of Mananara-Nord inserts itself within this strategy and is situated on the North-Eastern toast of Madagascar. The Reserve covers around 140 000 ha. with a population of 47 200 inhabitants. The reasons of the transformation of this former Classified Forest into a Biosphere Resesve and its creation process are described. The issue of the integration of the local population into the conservation and development project is considered as the central matter for its success.

The acquired facts of the eight years’ standing project experience and the establishment of the Biosphere Reserve are, for the authors, the following : the deepening of the knowledge of the region on socio-cultural and ecological matters, the obtaining of a strong adherence of the population to the proposed concept by a begining of their involvement into protection by their renunciation to the slash-and-burn agriculture within the Protected Areas, the promotion of varied groups as par-mers, the establishment of an operational structure and of tight relations with the different local actors. Lastly, the extension of the irrigated areas, the development of technological packages adjusted to the irrigated rice-growing and the popularization of methods of rainy rice-growing without previous bum, which is worth farther research, show the willingness to set up a sustainable development.

The problematic before the creation of the Reserve and the actions undertaken since its creation are detailled by the authors in the appendix, as are a11 the studies carried out and the working of the Malagash institutions responsible for the national conservation policy and the Reserve of Mananara-Nord.

Noëline RAONDRY est Coordonnatrice nationale principale des Projets Environnement de I’UNESCO à Madagascar, Martha KLEIN est ancienne Conseillère technique du Projet de Réserve de la biosphère de Mananara-Nord et Victor Solo RAKOTONIRINA est Directeur national du Projet Réserve de la biosphère de Mananara-Nord (Madagascar).

Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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LISTE DES ABRÉVIATIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

I- VUE D’ENSEMBLE DU PAYS ................................................................................. 7

1) Madaqascar, une priorité mondiale en matière de conservation ........... .

2) Diversité ethnique, identité culturelle ...................................................... .8

3) Une politique environnementale novatrice ............................................... 8

II- LA RÉGION DE MANANARA-NORD .................................................................. .lO

1) Un milieu caractéristique de l’est malqache .......................................... 10

2) Une population homoqène.. ..................................................................... 13

Ill- LA RÉSERVE DE LA BIOSPHÈRE DE MANANARA-NORD .............................. 13

1) Le ave-ave, point de départ .................................................................... .15

2) Mananara-Nord : une Réserve de la biosphère à part entière .............. 17

3) Un problème en suspens : les occupations humaines des aires centrales ....................................................................................................... .19

IV- LE PROJET DE CONSERVATION ET DE DÉVELOPPEMENT INTÉGRÉ DE LA RÉSERVE DE LA BIOSPHÈRE DE MANANARA-NORD ................................... 19

1) La Réserve de la biosphère de Mananara-Nord : le premier Proiet de conservation et de développement intéqrés (Pcdi) à Madaqascar ......... .19

2) Maintenir la biodiversité par un développement durable et harmonieux des communautés de base autour des Aires protéqées ........................... 20

3) Une problématique liée à la complexité culturelle, sociale et économique ................................................................................................... 21

a- Les Betsimisaraka, une société fortement structurée ................... .21 b- Un système agraire de subsistance à dominante rizicole.............2 4 c- Forêt ou rizière, le paysan à fait son choix ...................................... 28 d- Les occupations humaines des aires centrales : une situation héritée ..................................................................................................... .29 e- L’exploitation des produits forestiers est difficilement chiffrable.30 f- L’élevage, un secteur économiquement improductif ...................... .31 g- La pêche, une production artisanale ................................................ 32 h- Un Fivondronana en autarcie ........................................................... 33

4) Contraintes au développement et pressions sur l’environnement : revers d’une même médaille ........................................................................ 33

5) Conservationldéveloppement : des hvpothèses à vérifier ................... .34

6) Des bénéficiaires biens ciblés et des volets d’activités multiples.......3 6

N. RAONDRY, M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRINA : La R&erve de /a biosphke de Mananara-Nord (Madagascar)

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7) Une stratégie d’intervention basée sur I’intéqration. la concertation, la spatialisation et la Dérennisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .._............................... 36

V- LES RÉALISATIONS DE 1987 à 1994 ET LES ACQUIS . .._............._.................. 37

CONCLUSION : QUEL AVENIR POUR LE PROJET-PILOTE DE LA RÉSERVE DE LA BIOSPHÈRE DE MANANARA-NORD 7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

BIBLIOGRAPHIE . . .._._. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ._ . . _. . . . . . ._. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . _. _. __ ._. . . _. . _. . . . . . . . . . . . .51

ANNEXE 1 : CARTE DE LA VÉGÉTATION DE MADAGASCAR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

ANNEXE 2 : LOCALISATION DES AIRES PROTÉGÉES ET DES PRINCIPAUX SITES D’INTÉRÊT BIOLOGIQUE.. _ _ _ _. _ . _ . . _ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

ANNEXE 3 : CADRE INSTITUTIONNEL DU PAE . . . . . . . . . . . . . . . . . . .._................. . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

ANNEXE 4 : SYNTHÈSE DE LA PROBLÉMATIQUE (avant 1988) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

ANNEXE 5 : COORDINATION ET ORGANISATION INTERNE DU PROJET............62

ANNEXE 6a : LES PRESSIONS ET LEURS CAUSES PRIORISÉES . . . . . . . . ..-.......... 64 ANNEXE 6b : CARTE DES PRIORISATIONS DES SOUS-ZONES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

ANNEXE 7 : RÉSUMÉ DES OPÉRATIONS ET RÉALISATIONS DU PROJET (19884994) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66

ANNEXE 8 : DÉCLARATION DE MAJUNGA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .._......._..._........................... 69

ANNEXE 9 : LISTE DES ÉTUDES EFFECTUÉES ET DES RAPPORTS PUBLIÉS DANS LE CADRE DU VOLET RECHERCHE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .._.............................. 70

LEXIQUE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .72

Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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LISTE DES ABRÉVIATIONS

fiNGAP -Association nationale de la gestion des Aires protégées

ANAE -Association nationale d’action environnementale

AP -Aire protégée

CA -Conseil d’administration

CNRE -Centre national de recherches sur l’environnement

DEF -Direction des eaux et forêts

FTM -Foiben’i Taosarin-Tany Malagasy (Institut cartographique de Madagascar)

DDRA -Direction des domaines et de la Réforme agraire

MAB -Man and Biosphere Programme (Programme sur l’homme et la biosphère)

h'&ADR -Ministère d’État à l’agriculture et au développement rural

MTP -Ministère des travaux publics

ONG -Organisation non gouvernementale

ONE -Office national de l’environnement

PAE -Plan d’action environnemental

PAT -Programme annuel de travail

PCDl -Projet de conservation et développement intégré

PNM -Parc national marin

PNT -Parc national terrestre

PNUD -Programme des Nations unies pour le développement

PNUE -Programme des Nations unies pour l’environnement

RN -Route nationale

TWAS -Third World Academy of Sciences (Académie des sciences du Tiers monde)

UICN -Union internationale pour la conservation de la nature

UNU -Université des Nations unies

VLM - Vehivavy Liam-Pivoarana Mananara-Nord (Association femme et développement de Mananara-Nord)

WWF - World Wide Fundfor Nature (Fonds mondial pour la nature)

N. RAONDRY. M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRINA : La R&ewe de la biosphdre de Mananam-Nord (Madagascar)

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I- VUE D’ENSEMBLE DU PAYS

1) Madaqascar, une priorité mondiale en matière de conservation

Madagascar est situé à l’est du continent africain entre 1197’ et 25”32’ de latitude sud soit presqu’entièrement dans la zone intertropicale. Le contraste frappant entre la côte est humide et la côte ouest plus sèche est dû à l’effet combiné de la forme allongée de l’île (1 600

km. de long pour 580 km. dans sa partie la plus large), d’un relief montagneux orienté nord-sud et d’un régime des vents dominé par les alizés du sud-est qui sont soumis à l’effet de foehn sur la pente occidentale. Il s’en suit une très grande variété de climats, d’unités biogéographiques et d’écosystèmes forestiers climatiques. Les hauts plateaux du centre, l’est et le nord sont les domaines de la forêt tropicale humide qui laisse la place à l’ouest aux formations forestières tropophiles. Au sud, la forêt d’épineux ou bush est caractérisée par la famille endémique des Didiereacées qui impriment au paysage un cachet très particulier (Cf: ANNEXE 1). Les mangroves sont surtout abondantes sur la côte ouest. Les écosystèmes marins sont remarquables par leur beauté.

L’extraordinaire richesse en biodiversité de Madagascar en fait une des zones de priorité mondiale en matière de conservation. Les évaluations concernant l’importance de la flore varient entre 7 370 et 12 000 espèces avec 85 % d’endémisme (CJ MITTERMEIER et al.). Il existe par exemple plus d’un millier d’espèces d’orchidées, de nombreuses plantes cactiformes (Aloe, Kalanchoe, Euphorbia et la famille endémique des Didiereaceae), une centaine d’espèces de palmiers, des espèces à tronc bouteille (Pachypodium, Adenia) et sept espèces de baobabs (une seule espèce existe en Afrique). La faune, fortement tributaire de la végétation climatique, présente également des taux d’endémismes exceptionnels. Par exemple, parmi les reptiles, les oiseaux et les mammifères (Cf: TABLEAU l), plus que 400 espèces endémiques ont été recensées parmi lesquelles le groupe des Lémuridés. Il en est de même en ce qui concerne l’intêret biologique de la faune et de la flore marines.

TABLEAU 1 :

SOURCE : DURELL & DURELL in MITTERMEIER R. et al.

Document de travail N” 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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2) Diversité ethnique, identité culturelle

La population malgache est un mélange de descendants d’in-migrants asiatiques, africains et arabes, répartis officiellement en 18 groupes ethniques. Malgré quelques différences régionales, le fond culturel est le même et une seule langue existe, le malgache, avec des variantes régionales.

Cette originalité par rapport à d’autres pays africains fait encore de Madagascar un pays très particulier.

3) Une politique environnementale novatrice

Depuis ces vingt dernières années, Madagascar traverse une période particulièrement difficile et qui ne cesse de se dégrader de façon vertigineuse depuis 10 ans (CI' TABLEAU 2).

La grande majorité des malgaches sont des agriculteurs (76 %) et la production rurale apporte 80 % des revenus d’exportation dont les produits les plus importants sont le café, la girofle, la vanille et le coton. Ces dernières années, le prix de ces produits à l’exportation a chuté et la population rurale intensifie les cultures de subsistance, en particulier la riziculture, au détriment des milieux naturels sur lesquels la pression humaine se fait de plus en plus forte.

TABLEAU 2 : Les indicateurs socio-économiques de Madagascar (19874993)

SOURCE : Ministère du Plan

Bien que des études palynologiques indiquent que les savanes et les steppes font partie du climax forestier tropical et qu’on ne peut pas, seulement, incriminer l’action anthropique dans le phénomène de régression des forêts (Cf: TATTERSALL et al. ; BURNEY et al.), à Madagascer les manifestations de dégradation des milieux naturels dûe à l’action de l’homme sont nombreuses : par exemple les défrichements forestiers pour l’agriculture, les feux de brousse qui provoquent l’érosion et la perte de fertilité des sols, les coupes de bois pour l’énergie et la construction. De plus, elles tendent à s’amplifier en raison de la croissance démographique qui entraîne un besoin croissant en terres aménagées pour l’agriculture. La

N. RAONDRY, M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRINA : La Réserve de /a biosphére de Mananara-Nord (Madagascar)

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pratique de la culture itinérante sur brûlis (kzvy), par exemple, fait disparaître environ 200 000 ha. de forêts par an. Les phénomènes érosifs sur la côte est du pays éliminent 30 tonnes de terre par hectare et par an après un “ta-y” pratiqué sur une pente à 45 %. Cette pratique entame le couvert forestier de manière souvent irréversible et la désertification guette alors de nombreuses zones. Les feux de brousse pour le rajeunissement des pâturages brûlent 1 200 000 ha. de savane par an et constituent un autre fléau.

Aussi le pays, presque totalement boisé auparavant, est envahi par une savane aux sols ferralitiques stériles et soumis à une forte érosion. Actuellement, le patrimoine forestier national ne couvre qu‘une superficie estimée à 12 millions d’hectares soit près de 21 % de la superficie totale du pays, dont 8 à 10 millions d’hectares de forêt primaire.

Avec ses 5 000 km. de côtes, Madagascar a un énorme potentiel en ressources halieutiques qui devrait être une source de revenu pour le pays mais il est pour l’instant mal géré. L’exploitation artisanale, qui s’est pourtant accrue ces dernières armées, souffre de techniques non performantes et parfois destructrices car non sélectives, tandis que le prélèvement dû aux grandes pêcheries sont difficilement quantifiables.

Madagascar a une longue tradition en matière de politique forestière et de protection des ressources naturelles en général. Depuis l’émergence de la notion d’État à Madagascar, la protection du couvert forestier a été un souci constant des pouvoirs qui se sont succédés. Le roi Andrianampoinimerina (1787-18 10) dans ses kubary déclare que la forêt est un bien inaliénable. Le Code des 305 Articles, publié en 1881 par la reine Ranavalona II interdisait toute exploitation abusive des produits miniers et forestiers. Au début du siècle sous la période coloniale, après la mise en place d’un service forestier, un décret a permis la création des premières Aires protégées. Après l’indépendance, Madagascar a adhéré à diverses organisations internationales pour la protection de la nature et des ressources naturelles et des mesures ont été prises pour gérer et conserver le domaine forestier national. A ce jour, il existe 39 Aires protégées (Cf: ANNEXE 2) réparties en 11 Réserves naturelles intégrales, 5 Parcs nationaux (dont Mananara-Nord) et 23 Réserves spéciales. Le réseau de ces Aires protégées représente un échantillon des écosystèmes terrestres représentatifs du pays mais leur superficie totale est faible (2.09 % du territoire national). Des lacunes existent en ce sens que certaines espèces végétales et animales endémiques et menacées n’ont pas leur habitat protégé par ce réseau. De plus, aucun écosystème marin n’est actuellement protégé, si ce n’est le Parc marin de la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord qui ne couvre que 1 000 hectares.

Dans tous les cas, même si l’accès est libre dans certaines de ces Aires protégées (Réserves spéciales), toute forme d’exploitation est interdite sans autorisation préalable du Service des eaux et forêts et les contrevenants s’exposent à des peines sévères. Mais la forêt continue de brûler, les animaux continuent d’être chassés... et il a fallu se rendre à l’évidence que les mesures de protection repressives et excluant l’homme était inefficaces, et ce, d’autant plus que l’État malgache manque de moyen pour faire cesser le braconnage, les coupes illicites

Document de travail Ne 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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ou les défrichements à l’intérieur de ces zones protégées. L’élaboration d’une politique claire et précise de la gestion de ces écosystèmes protégés était nécessaire afin de sauvegarder le patrimoine restant.

A partir de 1980, les premiers projets intégrant la population dans une stratégie intégrée sont mis en place pour revaloriser les zones dégradées (projet Savoka, projet Aménagement des Vallées Forestières,. . .).

En 1984, la Stratégie nationale de conservation, basée sur la conservation et le développement durable a été adoptée. Après la conférence internationale de 1985 qui s’est tenue à Antananarivo sur le thème “Le développement durable et la conservation à Madagascar”, le pays a pleinement pris conscience de ses problèmes environnementaux et de la nécessité de redéfinir sa politique en matière de protection de l’environnement. Aidé par la communauté internationale, le gouvernement malgache a pu se doter des structures institutionnelles (Cf: ANNEXE 3) et des moyens adéquats lui permettant de jeter les bases favorables à la mise en place d’un vaste Plan d’action environnemental (PAE). Le PAE a débuté en 1990 et est prévu pour 15 ans. C’est le plan directeur de la politique environnementale nationale. Dans le PAE l’homme, acteur principal à la fois responsable et victime de la dégradation de son environnement, est au centre de la problématique. En effet, seul un développement harmonieux des communautés rurales basé sur une gestion durable des ressources naturelles renouvellables pourra garantir la protection efficace de ces écosystèmes.

En Septembre 1994, un Ministère de l’environnement a été crée pour la première fois dans l’histoire du pays.

II- LA RÉGION DE MANANARA-NORD

1) Un milieu caractéristique de l’est malaache

Mananara-Nord est situé sur la côte nord-est de Madagascar à 16” 10’ de latitude sud, dans le nord de Faritany de Toamasina (Cf: CARTE 1). Le Fivondranana de Mananara-Nord couvre 4 320 km.2 environ.

Le climat de type tropical humide est caractérisé par une pluviométrie importante (2 600 mm./an), une humidité relative toujours élevée (65 % en moyenne) et une température moyenne de 24 “C. Les pluies sont réparties pendant toute l’année avec un maximum en saison cyclonique de décembre à avril, avec cependant deux mois relativement secs de mi-septembre à mi -novembre.

La topographie de la zone est caractérisée par un relief montagneux de basse altitude (O-500 m.) et par de fortes pentes (parfois supérieures à 40 %). Les vallées sont étroites et profondes, sauf celles des grands fleuves (comme par exemple le Mananara, le Sandrakatsy, le Saharamy) plus ouvertes où la concentration humaine est forte. Sur le cordon littoral, les falaises rocheuses alternent avec les plaines sablonneuses et les dépressions marécageuses. Les

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sols sont pour la plupart latéritiques. Fragilisés par la violence des pluies, ils subissent une très forte érosion lorsque la forêt disparait.

CARTE 1 : Localisation de la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord -

Le de Manan,ara

La végétation climatique est dominée par la forêt tropicale humide de l’est qui est un des écosystèmes malgaches en grand danger de disparition (Cf: CARTE 2). Le massif forestier de Mananara-Nord est un des derniers vestiges et, en cela, un témoin important de la forêt tropicale humide de basse altitude de la région orientale du pays. La flore et la faune qui la composent sont en majorité endémiques : 170 espèces arborescentes y ont été recensées sur une population totale estimée à 250 espèces sur la côte est (Cf: DUMETZ). Après le passage des feux, la forêt primaire se modifie en des formations forestières secondaires puis en des formations arbustives, savoka, de plus en plus dégradées. La végétation modifiée se caractérise par sa pauvreté en espèces, souvent à large répartition géographique. Les espèces dominantes des savoka à Mananara-Nord sont : Ravenala madagascariensis (Strelitziaceae), Trema orientalis (Ulmaceae), Harunga madagascariensis (Hypericaceae) et Psidia aitissima (Asteraceae) (Cf: RAMANGALAHY).

Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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CARTE 2 : Évolution de la dégradation de la couverture forestière dans /‘est de Madagascar

SOURCE : Sciences, vol. 248 (p. 213)

Les savoku commencent à être prépondérants dans le paysage. En effet, même si la recolonisation forestière est possible à partir des savoku, les conditions de cette régénération (deux défrichements au maximum avec une jachère de 7 ans) ne sont plus respectées. Le temps de mise en jachère tend à diminuer.

Sur le littoral aussi, la forêt a complètement disparu laissant la place à des bosquets sur sols sableux et/ou halophiles. Les mangroves peu étendues (36 ha.) étaient jusqu’à une date récente bien conservées mais elles subissent maintenant des prélèvements de plus en plus lourds pour le bois de chauffe ou les gaulettes pour les haies (Cf: RAMIAKAJATO).

Les écosystèmes marins, récifs-barrières et les îles coralliennes, sont très productifs (poissons, crustacées, holothuries, coquillages, poulpes.. .), mais menacés par les matières

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charriées par les fleuves en raison de l’érosion intense des bassins versants et de certaines pratiques de pêche : harpons pour déloger les poulpes et les langoustes détruisant les récifs. Une autre cause de leur destruction est leur utilisation pour la réhabilitation des routes, après avoir été prélèvés à la barre à mine.

La baie d’Antongi1 est un berceau de baleines. La zone côtière de Mananara-Nord est également le domaine des tortues de mer, des dugongs (très menacés par la prise dans des filets et mangés à ces occasions) et des dauphins

2) Une population homoqène

La population du Fivondronana de Mananara-Nord (92 113 habitants en 1993) est à plus de 80 % représentée par l’ethnie Betsimisiraka. La vie est essentiellement rurale à vocation principalement agricole. La densité varie de 4 hab./krn2 pour les zones rurales à 35 hab.km2 pour les centres urbains et est en moyenne de 21.32 hab.kn2. L’estimation du taux d’accroissement du Fivondronana de Mananara varie entre 2.59 % et 3.3 %. En 1993, 46 % de la population avait moins de 18 ans.

Dans la région de Mananara-Nord, le phénomène migratoire est essentiellement interne à la zone : déplacements en quête de terrains cultivables pour les paysans. L’exode rurale est un phénomène très marqué chez les jeunes qui quittent leurs villages pour la poursuite de leurs études ou la recherche d’un travail. Ils reviennent rarement dans leur village et viennent grossir le rang des chômeurs.

Ill- LA RÉSERVE DE LA BIOSPHÈRE DE MANANARA-NORD

La Réserve de la biosphère de Mananara-Nord a une superficie de 140 000 ha. environ, soit un tiers de la superficie du Fivondronana du même nom, et compte une population de 47 200 habitants (recensement 1993). Les limites physiques naturelles de la Réserve sont facilement identifiables : ce sont les fleuves Mananara et Anove, les rivières Sandrakatsy et Fotsialanana, et l’océan Indien (Cf. CARTE 3).

Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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CARTE 3 : Limites et zonage de la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord

Note : /// Parcs nationaux ; . . . zone tampon ; _ limites naturelles ; --- limites non naturelles

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1) Le aye-ave, point de départ

L’histoire de la Réserve de la biosphère de Mananara est indissociable de celle de sa mascotte : le aye-aye (Daubentonia madagascariensis) [CJ PHOTO 11. Cette espèce fait partie de l’annexe 1 du CITES et est classée espèce menacée dans le Red Data Book de WICN. A Madagascar, il est légalement protégé par la loi 61/096 du 16 février 196 1 qui porte tous les Lémuriens comme prioritaires en matière de conservation de la faune.

PHOTO 1 : Le Aye-Aye, Daubentonia Madaaascariensis, la mascotte de la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord

Sur 23 espèces de Lémuriens qui sont recencés à Madagascar, 11 espèces appartiennent au domaine de l’est (Cf: POLLOCK) dont on en rencontre 9 à Mananara-Nord (Cf. TABLEAU~).

Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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TABLEAU 3 : Liste des espèces de Lémuriens recensés dans la région de Mananara-Nord

Note : *classification UICN

Le aye-aye, qui est certainement un des plus remarquables Lémuriens de Madagascar, a été signalé pour la première fois par SONNERAT (1782). En 1933, une dépouille lût la dernière trace de l’animal trouvée à Madagascar (Cf: IWND). On pensait l’espèce disparue, jusqu’à sa redécouverte en 1957 par J. J. Petter dans la forêt orientale de l?le près de Mahambo à quelques kilomètres au nord de Mananara-Nord (Cf: PETTER). Un programme de protection fi.tt mis en place pour soustraire le aye-aye du danger que représentait pour lui la disparition de son habitat naturel. On introduisit alors dans la Réserve de Nosy Mangabe quelques individus afin qu’ils puissent s’y reproduire en liberté. Neuf animaux y ont été relâchés et on peut actuellement observer une vingtaine d’individus, ce qui prouve que ce programme a été bien mené. Signalé depuis dans plusieurs endroits de la côte orientale (en particulier dans la région de Mananara-Nord) mais aussi sur la côte occidentale, il est cependant très difficile d’estimer la population actuelle dans l’ile. Jusqu’à présent, cet animal était tabou et les populations le craignaient car il était considéré comme un mauvais présage, Or, la régression de la forêt primaire le pousse à chercher sa nourriture dans les plantations. Il cause ainsi de sérieux dommages aux cocoteraies dont il mange les jeunes fruits. Le mécontentement des paysans fait qu’ils n’hésitaient plus à le traquer la nuit avec des chiens ou même à le manger (C$ ANCRENAZ). C e nouveau conflit risquait à terme de menacer directement la survie de l’espèce bien qu’il soit protégé à double titre par la loi et les coutumes ancestrales.

En 1987, afin de proposer une solution durable et acceptable à ce problème, un groupe de scientifiques et de forestiers a suggéré de trouver une solution combinée en appliquant une approche intégrée qui satisferait à la fois les besoins prioritaires des paysans et la conservation de l’habitat du aye-aye. Le cadre conceptuel et structure1 des réserves de la biosphère a été identifié comme le plus adéquat pour atteindre cet objectif

Bien entendu, le choix de Mananara-Nord n’a pas été basé uniquement sur la présence du aye-aye. On peut dégager trois raisons principales à la création de la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord :

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i) un grand intérêt biologique en raison d’une très forte diversité biologique et d’un potentiel génétique remarquable chez les végétaux et les animaux ;

ii) des pressions humaines très fortes autour des milieux naturels mais qui n’avaient pas atteint un stade irréversible et,

iii) une possibilité d’inverser le processus de dégradation tout en apportant une amélioration des conditions de vie aux populations voisines vu les fortes potentialités agro- économiques encore sous-exploitées.

La problématique a également été élargie et replacée dans un cadre beaucoup plus global de conservation et de développement régional intégré.

2) Mananara-Nord : une Réserve de la biosphère à part entière

Par l’arrêté no 893/MFR/FOR du 19 mars 1965 les forêts de Verezanantsoro, d’Ivontaka Nord et Sud ont été délimitées et ont obtenu le statut de Forêts classées en vue de les soustraire à la pratique du défrichement pour protéger les versants contre les phénomènes d’érosion et constituer une réserve de bois pour des fûtures exploitations forestières.

En Septembre 1987, un Atelier multidisciplinaire était organisé à Mananara-Nord par ~‘UNESCO pour définir les conditions institutionnelles, légales, techniques et sociales nécessaires à la création de la première Réserve de la biosphère du pays. A la suite de cela, un Séminaire international réunissant les îles de l’océan Indien a eu lieu à Toamasina en 1988 (Cf: MALDAGUE et al.) sur le thème de la gestion de l’environnement et des ressources naturelles.

Le projet, lancé en octobre 1988 a été suivi en juillet 1989 par la publication du décret présidentiel no 89/126 portant création de la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord en lui donnant un statut légal. Le texte de loi précise les limites de la Réserve et de ses différentes zones. La Réserve est divisée en trois zones (Cf: CARTE 3) :

i) une zone de protection : * le Parc national terrestre de 23 000 ha. de forêt tropicale humide, éclaté en

trois unités Ivontaka-Nord, Ivontaka-Sud et Verezanatsoro dont les limites sont entièrement matérialisées sur le terrain (limites naturelles et 250 km. de layons) et,

* le Parc national marin (PNM) de 1 000 ha. d?lots et de récifs de Nosy Antafana, le seul PNM à Madagascar (Cf: PHOTO 2) ;

ii) une zone tampon de protection autour des zones classées qui comprend environ 20 000 ha. éclatés en trois éléments : la périphérie du Parc national terrestre, le large d’Antanambe et le large de Mananara et,

iii) une zone de développement à usage multiple de 100 000 ha. environ où sont réalisées les activités de développement dans des domaines très divers (infrastructure rurale, vulgarisation cultures vivrières . . .).

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Les limites de la zone tampon n’ont pas été matérialisées pour ne pas augmenter les difficultés de compréhension de la part de la population riveraine. Cette zone tampon fait l’objet d’études scientifiques et techniques sur les aspects liés à la régénération forestière, aux mécanismes de recolonisation forestière (faune et flore) et à des systèmes agroforestiers de cicatrisation. Ainsi, pour cette zone une exploitation plus extensive des ressources naturelles est visée par le projet, au contraire de la zone à usages multiples où une exploitation plus intensive est envisagée.

PHOTO 2 : L’unique Parc marin de Madagascar : Nosy Atafana dans la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord

Le cas de l’enclave Notons qu’une enclave, sans statut d’Aire protégée est incluse dans le Parc national

terrestre dans la forêt de Verezanantsoro. Il n’y a jusqu’à maintenant aucune décision prise sur

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le reclassement éventuel de cette enclave héritée de l’ancien statut de Forêt classée. Du point de vu des pressions, il semble que les habitants de cette enclave (2 villages, 60 personnes environ) ne soient pas responsables de beaucoup de dommage dans l’Aire protégée. Cependant, aucune action de développement n’y est effectuée pour qu’elle ne devienne pas un pôle d’attraction pour la population, ce qui augmenterait alors sûrement les problèmes de pressions sur 1’AP.

3) Un problème en suspens : les occupations humaines des aires centrales

Les forêts de Verezanantsoro, Ivontaka Sud et Ivontaka Nord qui ont eu un statut de Forêt classée à partir de 1965 forment actuellement le noyau dur du Parc national terrestre.

Les occupations humaines actuelles sont le fait de communautés qui étaient déjà installées avant le classement de 1965, ou bien l’étaient de manière plus récente. C’est après 1972, date d’un changement de régime politique à Madagascar, que les occupations ont été les plus massives. La liberté et le pouvoir donné au peuple ont été mal interprétés. Tous ces occupants savent qu’ils sont en état d’infraction et leur installation résulte d’un certain laxisme à un moment donné de la part des responsables de l’application de la législation. Une solution à visage humain, acceptable par la population et par les autorités, doit être proposée pour régler ce problème.

IV- LE PROJET DE CONSERVATION ET DE DÉVELOPPEMENT INTÉGRÉ DE LA RÉSERVE DE LA BIOSPHÈRE DE MANANARA-NORD

1) La Réserve de la biosphère de Mananara-Nord : le premier Proiet de conservation et de développement intéarés (PCDI) à Madagascar

La stratégie de la politique environnementale malgache, à travers le PAE s’appuie sur les points suivants :

* une approche intégrée des problèmes environnementaux et de l’application de leur solution ;

* une vision à long terme et la continuité de l’appui international à Madagascar ; * la communication et le dialogue entre les différentes parties concernées ; * la présentation du Programme aux populations et collectivités locales sous

l’angle des bénéfices, plutôt que sous celui des contraintes ; * la participation des populations locales dans les projets et, * l’intervention des ONG et des entreprises privées.

Lorsqu’en 1987, la nécessité de créer une aire de protection des forêts de la région de Mananara-Nord a été ressentie, celle d’un type classique (sanctuaire, refuges d’espèces, réserve

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naturelle intégrale) ne pouvait être retenue. En effet, la région est peuplée de manière diffise et les pressions y sont fortes. Le facteur humain ne pouvait être occulté.

Le programme MAB, mis en pratique en milieu réel à travers les réserves de la biosphère, de par la similitude de certains de ses objectifs avec ceux du PAE fournissait un excellent cadre de travail. C’est ainsi que tout naturellement le type des réserves de la biosphère a servi de modèle à Mananara-Nord, premier site où un Projet de conservation et développement intégrés (PCDI) a été mené à Madagascar.

Mananara-Nord avec ses 8 années d’expérience est à plusieurs titres un projet-pilote important et une référence pour le concept conservation/développement. LTJNEsCO, en tant que pionnier, a ouvert la voie en traduisant ce concept en activités en milieu réel.

11 y a actuellement 14 PCDI à Madagascar dont l’approche est basée sur celle de la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord et sur le Programme MAESAJNESCO. Le projet de la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord a été financé en majeure partie par le PNUD et le gouvernement malgache.

2) Maintenir la biodiversité par un développement durable et harmonieux des communautés de base autour des Aires protéqées

Le but ultime du projet de la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord est la conservation de la biodiversité dans les Aires protégées à travers deux objectifs liés dont les actions sont intégrées : maintenir la quantité et la qualité de la biodiversité dans les Aires protégées concernées, et mettre la population à un niveau de développement suffisant pour une meilleure gestion des ressources naturelles et une participation effective à la conservation.

Maintenir la biodiversité L’objectif de conservation des Aires protégées s’intègre dans le souci de préserver les

ressources génétiques de la biodiversité malgache et de contribuer à l’amélioration d’un réseau national d’Aires protégées qui représenteront à terme tous les écosystèmes représentatifs. Il y a 14 Aires protégées prioritaires dont la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord fait partie. A la fin du PAJZ 50 Aires protégées devraient exister à Madagascar.

Cet objectif global de conservation se décompose en activités de protection des milieux naturels terrestres et marins et en activités de gestion et d’utilisation durable de ces mêmes ressources naturelles dans les zones définies à cet usage. Ceci, afin de diversifier et d’augmenter les sources de revenu pour des populations rurales à très faible revenu monétaire. Le tourisme de découverte (ou éco-tourisme) est intégré à cet objectif de conservation vu l’originalité à la fois des écosystèmes naturels et des aspects culturels qui y sont liés.

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Développement rural intégré L’objectif de développement est de contribuer à l’essor économique d’une région par la

gestion rationnelle des ressources naturelles et la conservation de la biodiversité pour le bien- être de la population actuelle et des générations futures. Il s’agit donc de mettre le développement et la conservation au service l’un de l’autre.

L’amélioration et la diversification des systèmes de production doivent permettre une meilleure exploitation de l’espace et une gestion rationnelle de la capacité de la main d’oeuvre et du temps de travail de la population active. L’objectif à court terme est d’atteindre l’autosuffisance alimentaire tout en réduisant les atteintes négatives sur les écosystèmes naturels. A plus long terme, la population ne devrait plus percevoir l’État comme un État providence. Aussi, à travers les communautés concernées, une nouvelle dynamique socio- économique interne à la région devrait être mise en place en collaborant avec les différents services gouvernementaux présents, les opérateurs économiques de la région et des organismes internationaux et/ou des ONG spécialisées. Elles seront des partenaires responsabilisés dans les actions de conservation des écosystèmes.

3) Une problématique liée à la complexité culturelle, sociale et économique

Le projet s’est attaché, dès sa mise en place, à recueillir des données sur l’environnement culturel, social et économique de la région qui conditionnent la réussite de toute activité menée dans un cadre spécifique. En effet, des facteurs tels que les us et coutumes, les systèmes agraires,. . . sont soit des atouts qui doivent être valorisés, soit des contraintes dont il faut non seulement tenir compte mais aussi essayer, dans la mesure du possible, de positiver.

a- Les Betsimisaraka, une société fortement structurée

La société Betsimisaraka est traditionnellement hiérarchisée par l’âge et le rang de naissance parmi les lignées germaines, mais aussi selon les fehitra (unité de descendance portant un anarafi qui est à la fois un nom, un titre, une histoire et un rang) (Cf: MANGALAZA, 1988 ; DOMENICHINI J. P., 1992). L’autorité à Mananara, comme partout ailleurs, est bipolaire : les agents de l’État (le fanjakana) et les héritiers d’une charge traditionnelle (les fangalamena), conservateurs des coutumes et rites religieux. Ces derniers, très respectés, sont des interlocuteurs incontournables pour toute activité nécessitant l’adhésion des villageois.

La vie spirituelle des villageois est, comme celle des malgaches de manière générale, fondée sur la croyance de la survie de l’âme ou esprit (iaiia) après la mort physique. Cela se manifeste par des rites, des lieux de culte ou des individus qui font le lien entre le monde des

vivants et celui des ancêtres. Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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La communication avec l’esprit des morts oblige à respecter des interdits ou tabous, f@, qui conditionnent une bonne partie de la vie à Mananara.

Les tabous oufady Les fa@ jouent un rôle important dans la vie quotidienne des villageois. Les plus

fréquents sont ceux qui touchent à des interdits alimentaires (par exemple : Indri-Indri, chèvre, boeuf sans corne -omby bory-, porc, poulet,.. .). D’autres, plus spécifiques, tels que l’interdiction d’entreprendre des travaux relatifs à la culture du riz le mardi, le jeudi et/ou le dimanche, ou bien celle de travailler la terre avec un outil métallique un certain jour de la semaine ont des conséquences directes sur la pratique et le calendrier des travaux culturaux.

La connaissance de ces interdits est primordial lorsque l’on veut introduire des innovations, car ils peuvent parfois constituer des verrous qu’il convient alors de contourner pour atteindre le but fixé.

L’entraide collective Pour les travaux quotidiens, la main d’oeuvre est essentiellement familiale. Cependant,

il existe un système traditionnel de travaux collectifs qui permettent au paysan Betsimisaraka de surmonter les périodes de pointe (Cf. RABETALIANA H., 1989). Suivant leurs nature et leur importance, l’exploitant fait appel soit à un petit groupe, soit à l’ensemble du village ou à d’autres villages lorsque qu’il s’agit de gros travaux. Les services rendus, réciproques ou non sont rémunérés en nature : boisson et/ou nourriture pendant la durée du travail.

Cette tradition d’entraide est un atout indiscutable lorsque l’on applique une approche participative et nous avons largement bénéficié de la prédisposition de la population aux travaux collectifs dans le cadre de nos actions.

Les rites mortuaires Aller enterrer le mort signifiait et signifie encore “aller jeter ce qui est inutile”

(haiiary). La préoccupation majeure lors d’un décès est de porter les dépouilles mortelles avec diligence au “domicile” définitif dans la grotte caveau familial. Les tombeaux sont plus au moins éloignés du village dans un lambeau de forêt primaire et sont des lieux sacrés. Nosy Antafana, un des îlots du Parc national marin était un lieu de sépulture à une époque lointaine, mais qui a été abandonné depuis longtemps.

La forêt : un lieu plein de mystères Selon la croyance Betsimisaraka, la forêt est la résidence des “êtres-forces invisibles”

comme le tsiny ou le kalanôro et c’est là que s’opère par exemple, la métamorphose de la mort. On ne s’y aventure jamais sans précaution, c’est-à-dire sans se munir d’un couteau ou encore sans se faire accompagner par son chien (C’ MANGALAZA et al., 1989). La forêt n’est qu’un

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lieu de passage, pour aller d’un village à un autre, ou un site pour la culture saisonnière du riz, ou bien encore un lieu de récolte des plantes médicinales ou d’autres espèces utiles. Elle est plutôt un lieu de danger par opposition au village qui est un lieu de détente, de consommation et de repos. Dans un tel contexte, on peut donc penser que la pratique du tavy est fondamentalement plus une tradition culturelle qu’un véritable mode de production (CJ RABE).

Cependant l’évolution des mentalités, mais aussi l’installation de migrants et les difficultés économiques font que la forêt perd son aspect “sacré” et est beaucoup plus facilement pénétrée qu’autrefois.

L’homme et la femme : une répartition des rôles équilibrée Dans la tradition Betsimisaraka, encore très vivace en milieu rural, il y a une

différenciation entre hommes et femmes au niveau de la fonction et la répartition des tâches aussi bien au niveau de la société que du foyer (Cf: MANGALAZA, 1988). Le rôle de la femme n’est absolument pas négligeable et elle est un élément sur lequel il faut s’appuyer .

Si pour la communauté, l’homme est le chef et le représentant de la famille, la femme a un rôle important au sein de son foyer. Bien que l’homme décide au niveau supérieur (village), il prend toujours en compte les conseils et les avis de sa femme. Celle-ci en tant que maîtresse de maison, assure tous les travaux domestiques : ménage, repas, éducation des enfants, petits achats et petites activités d’appoint. C’est elle qui tient le budget et la clé de la caisse du ménage. Pour l’homme, le foyer est surtout un lieu de repos, pour la femme c’est aussi un lieu de travail.

C’est la femme qui gère le stock dans le grenier du ménage et, ainsi, c’est souvent elle qui pousse son mari à faire le tavy dans le but d’assurer l’autosuffisance en riz pour sa famille. L’homme, bien sûr, se consacre plutôt aux travaux durs nécessitant des efforts physiques. Ainsi les travaux de labour, le bûcheronnage, la forge, la construction et l’entretien des cases et des pirogues, la pêche en mer constituent des activités typiquement masculines. Dans le commerce, ils acheminent et assurent la vente des produits de forge, celle des zébus, des produits forestiers et la boucherie. La répartition des tâches entre l’homme et la femme dans les travaux agricoles est très bien définie (CJ TABLEAU 4). Elle contribue spécifiquement au petit élevage (poules, canards.. .), à la pêche en eau douce et surtout à l’artisanat (paniers, nattes, . .) dont elle écoule les produits au marché ainsi que les produits maraîchers, les fruits et le riz.

Le partage équitable des biens du ménage Tous les biens obtenus par héritage ou dot restent à la personne en question, homme

ou femme. La femme suit son mari après le mariage et tous les biens obtenus par le couple appartiennent à chacun sans distinction de sexe. En cas de divorce, ils sont partagés en part égale entre l’homme et la femme (contrairement à la coutume des hauts plateaux où souvent

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un-tiers seulement revient à la femme). La répartition équitable des biens fait que chaque membre du couple se sent entièrement concerné par tout ce qui touche à son capital, au patrimoine à léguer à sa descendance.

TABLEAU 4 : La réparfition de tâches pour les cultures agricoles principales entre l’homme et la femme à Mananara

Culture Homme Femme Ensemble Riz pluvial Défrichement et Séchage et écorticage. Semis, nettoyage et

transport. récolte. Riz irrigué Pietinage, labour et Repiquage, séchage et Semis, sarclage et

transport. décorticage. récolte. Maraîchage Labour et transport. Semis, sarclage,

récolte et vente. Girofle Plantation et entretien. Récolte, griffas

Vanille Plantation, entretien, Fécondation. séchage et vente. Préparation et vente.

Café gardienage et récolte. Plantation et entretien. Récolte, séchage et

I vente.

b- Un système agraire de subsistance à dominante rizicole

Bien que la polyculture soit caractéristique de l’exploitation agricole Betsimisaraka, le paysage agraire est fortement marqué par la riziculture et les cultures de rente. A Mananara- Nord, ces dernières (café, girofle, vanille) représentent 40 % de la production de la province de Toamasina. Jusqu’à la fin des années 1970, elles ont procuré à la population une véritable prospérité, puis leur valeur à l’exportation a chuté. Elles ont alors été progressivement délaissées entrainant une évolution plus autarcique de la production agricole.

Très diversifiés et complexes, les systèmes de production de la région de Mananara sont caractérisés par l’insuffisance des facteurs terre et travail. Comme nous l’avons dit plus haut, la main-d’oeuvre est essentiellement familiale.

Le riz : base de l’alimentation La riziculture tient une place prépondérante dans le système de production.

Cependant, pour cette denrée le Fivondronana n’est pas auto-suffisant. Il y a un déficit chronique entre la production et la consommation de paddy à Mananara. En 1989, le taux de couverture, très faible, n’a atteint que 33 % des bessoins (Cf: DIRASSET/MEP/PNUD).

Il existe deux systèmes de riziculture à Mananara-Nord : la riziculture inondée de bas- fond qui peut produire deux récoltes par an (le riz de Ière. saison -vary malemy- et le riz de 2eme. saison -vary vato) et le riz pluvial sur brûlis (1 seule récolte le vary tavy).

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En riziculture irriguée, les techniques culturales sont très peu performantes. Il n’y a pas d’utilisation d’intrants agricoles et seuls les chaumes résiduels sont utilisés comme amendement organique. La préparation du sol est capitale, mais les zébus ne sont utilisés que pour le piétinage des rizières. Labour et enfouissement des résidus de culture se font à la main. Les seuls outils pour le travail de la terre et la récolte, panicule par panicule, sont la bêche, le coupe-coupe et le couteau. En riziculture inondée, le principal problème est la maîtrise de l’eau. Les rendements obtenus sont très faibles (de 0.8 à 1.5 t./ha.), mais peuvent être triplés par une gestion plus rationnelle du calendrier cultural et l’aménagement de petits ouvrages de microhydrauliques et/ou l’améliorisation du drainage.

Le mot tavy désigne à la fois la parcelle et le système de culture itinérante sur brûlis. Toute déclivité boisée, couverte de forêt ou de savoku, est susceptible d’être défrichée, brtYée (C’ PHOTO 3) et ensemencée (Cf: PHOTO 4). La période de préparation du terrain (tavachage et brûlis), correspond à la saison la moins pluvieuse de l’année (octobre à novembre). La végétation ainsi coupée se consume mieux. Le tavachage est un gros travail manuel. L’entraide est de règle. Le semis, en poquets, se fait à l’aide d’un bâton pointu et a lieu immédiatement après le brûlis pour éviter la prolifération des adventices. Le sarclage commence un mois et demi après le semis et se poursuit jusqu’à l’apparition des premiers panicules. La récolte a lieu au bout de 5 à 6 mois et le résultat moyen est d’environ 0.6 t./ha.. Ensuite, la parcelle est abandonnée pour une jachère de 3-4 ans (autrefois 7-8 ans).

Lorsque le riz vient à manquer en période de soudure (période entre deux récoltes de riz), l’alimentation quotidienne est complétée par la consommation de tubercules : manioc, taro, igname, patate douce et fruit à pain. Il semble que ces denrées prennent une place grandissante (bien que limitée) dans la diète des paysans qui effectuent ainsi une meilleure gestion de leur grenier afin de réduire la durée de la période de soudure. Néanmoins, ces aliments demeurent toujours une nourriture peu estimée par les Betsimisaraka, qui la considèrent comme dégradante.

Le carme à sucre est aussi fréquemment cultivée. La production sert principalement à la fabrication artisanale de boisson alcoolisée, le betsabetsa. On retrouve également de nombreuses espèces fruitières (litchi, banane, pomme-cannelle, agrumes, jacquier, corossol, etc.), disséminées dans le verger caféier autour de l’habitat, formant de luxuriants jardins agroforestiers. Cette production est essentiellement vouée à la consommation familiale. Quant aux noix de coco, elles sont souvent commercialisées dans les marchés locaux.

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PHOTO 3 : Un tavy après défrichement et brûlis -en avant-plan la végétation modifiée ou savoka-

Photo 4 : Le semis manuel en poguets sur un tavy traditionnel

La chute des produits de rente, principale cause de la course aux terres rizicoles Les Betsimisaraka, traditionnellement agriculteurs itinérants (riz pluvial sur brûlis), se

sont sédentarisés avec l’introduction des cultures coloniales au début du XXème. siècle. Leur implantation s’est concentrée dans les vallées, par l’aménagement des bas-fonds pour la riziculture irriguée. Il s’agit en fait d’une culture de riz inondé, ces paysans n’ayant pas de

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tradition de “sculpteurs de collines” comme sur les hauts plateaux. Encore aujourd’hui, les rizières en terrasses demeurent marginales.

Jusqu’à la fin des années 1970, les prix du café, de la girofle et de la vanille permettaient de dégager des revenus non négligeables pour l’État mais aussi pour les producteurs. Le paysannat de la côte orientale malgache a connu une réelle prospérité. La généralisation des cultures de rente a été fortement appuyé par le Service de l’agriculture. Ceci a donc accéléré l’avance du front pionnier sur la forêt dans une course à la terre où l’appropriation foncière est marquée, après une campagne de riz pluvial, par les girofliers qui colonisent les tanety (collines). De plus, ces plantes pérennes nécessitent des soins culturaux moins contraignants que le riz.

La composante majeure de la dynamique paysanne consistait alors à s’approprier la terre et à marquer l’espace par le giroflier et le caféier. Les revenus générés par les cultures de rente permettaient de compenser une production rizicole déficitaire, le pouvoir d’achat d’un kilogramme de café justifiant bien l’investissement de la force de travail dans les plantations plutôt que dans les rizières (Cf: GRAPHIQUE 1).

GRAPHIQUE 1 : Rapport entre la valeur d’un kg. des trois principales cultures de renfe et celle d’un kg. de riz blanc (1983-7993)

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Mais à partir de 1971 (café), puis 1978 (girofle, vanille) les prix réels des cultures d’exportation baissent. En 1982, sous l’effet conjugué de l’augmentation brutale du prix du riz à la consommation et de l’inflation touchant les produits de première nécessité, la baisse du pouvoir d’achat s’accélère (Cf: RUF). Les agriculteurs réagissent alors en modifiant leurs statégies de valorisation de la force de travail, facteur de production limitant dans l’exploitation agricole. Ces choix de gestion, basés sur le rapport entre le prix du café au producteur et le

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prix du paddy au consommateur, entraînent une diminution graduelle des soins accordés aux plantations, en faveur de la production du riz. Il s’en suit une extension des terres rizicoles et une nouvelle poussée de la course à la terre.

c- Forêt ou rizière, le paysan à fait son choix

La stratégie paysanne de production agricole évolue au détriment de la forêt L’objectif principal du chef d’exploitation est d’assurer ses besoins alimentaires (en riz

principalement) et en masse monétaire. Mais compte tenu du déficit chronique entre la production et les besoins, le paysan a 3 stratégies possibles : acheter la différence à l’aide des revenus du girofle et du café ; produire plus de riz par l’intensification du rendement en culture irriguée ou l’augmentation du tavy ou bien produire une culture vivrière de substitution, mais cela est culturellement difficile..

Les prix relatifs des différentes spéculations sur plusieurs armées consécutives sont facteurs d’évolution des systèmes de production. La première option, préferée il y a 20 ans, est de moins en moins rentable. Le graphique1 montre la chute dramatique de pouvoir d’achat des paysans de Mananara-Nord pendant les dix dernières années.

La sratégie paysanne actuelle pour assurer ses besoins est d’augmenter la production de riz par l’extension des surfaces rizicoles conquises sur la forêt. Les bas-fonds aménageables pour la riziculture irriguée sont insuffisants et on assiste à la recrudescence du riz pluvial traditionnel. Ce phénomène est encore aggravé par le fait que, la main d’œ uvre se fait de plus en plus rare, et donc de plus en plus chère, et que la production traditionnelle dune tonne de riz sur tavy nécessite moins de travail que celle dune tonne de riz en terrasse.

Le mode traditionnel d’acquisition de la terre : cause de la spéculation foncière Les droits fonciers à Mananara-Nord, comme dans bien d’autres endroits à

Madagascar, sont caractérisés par la superposition de deux régimes déterminant la propriété et l’usage de la terre.

Juridiquement, les titres fonciers sont attribués à ceux qui occupent et cultivent la terre. Théoriquement, tout terrain en culture est soumis à la taxe foncière, mais dans la pratique elle est rarement perçue, car presqu’aucun nouveau terrain acquis après 1950 (période coloniale) n’a été titré à Mananara-Nord et à Maroantsetra qui sont les régions de Madagascar où il y a le plus de conflits fonciers.

Dans les faits, c’est le régime foncier traditionnel qui détermine la répartition du territoire et qui est en général respecté par la population rurale : selon la tradition, l’appropriation de nouvelles terres se fait par le défrichement de la forêt primaire. Aucun titre ou borne ne détermine les parcelles, le droit d’usage étant socialement reconnu aux pionniers et à leurs descendants. Les terres en friche ou en longues jachères inexploitées pendant des

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armées, ont toujours un propriétaire reconnu par la communauté même s’ils n’ont aucun statut légal vis-à-vis de 1’Administration.

L’une des préoccupation d’un chef de famille est d’assurer un héritage à sa descendance et la terre constitue le capital de base à léguer à ses enfants. Elle est donc rarement vendue et de préférence à l’intérieur de la famille. Cet état de choses entraine une très forte spéculation foncière et une appropriation par défrichement efI%né des zones forestières. La situation foncière actuelle est tributaire de cette course à la terre initiale par les pionniers et du partage successif de génération en génération. Il en résulte que :

* des parcelles rizicoles sont très morcelées et dispersées entre plusieurs terroirs villageois ;

* des superficies en savoku sont importantes, souvent non valorisées mais appartenant à quelques grands propriétaires et,

* de jeunes paysans sans terre ou de futurs héritiers de modestes parcelles ne peuvent assurer les besoins familiaux. Ces derniers n’ont d’autre recours que le métayage ou la location de rizière.

Les modes de faire-valoir indirect sont le plus souvent informels et modulés selon les arrangements entre les deux parties : souvent un jeune et un propriétaire âgé n’ayant plus la force de travail pour les travaux champêtres. Enfin, pour d’autres jeunes agriculteurs, l’accès à la terre passe par le défrichement illicite de la forêt, en toute connaissance des représailles auxquelles ils s’exposent. La crainte de la sanction sociale pour usage de biens d’autrui reconnu par la communauté est beaucoup plus forte que celle d’une pénalisation civile punissant l’utilisation de la forêt appartenant à l’État !

d- Les occupations humaines des aires centrales : une situation héritée

On peut distinguer 2 types d’occupants : ceux qui vivent dans le Parc national terrestre (5 villages soit 321 familles, 2 082 personnes en février 1992) et ceux qui y ont des terrains de culture mais qui n’y vivent pas (occupation éparpillée et difficilement localisables) (Cf: Rapport de synthèse sur l’enquête menée par le Projet dans le Parc national terrestre en 1992).

La riziculture irriguée et pluviale, le manioc, le taro, la canne à sucre, le bananier, le giroflier, la vanille, le café,. . . c’est-à-dire les cultures habituelles de la région occupent les terrains à l’intérieur du Parc national.

Les principales raisons économiques évoquées par les personnes enquêtées qui les ont poussé à s’introduire dans le Parc national sont :

* la spéculation fonçière, ils veulent laisser un héritage à leurs enfants bien qu’ils aient assez de terre à l’extérieur du Parc national ;

* ils n’ont plus assez de terres à l’extérieur du Parc pour subvenir à leurs besoins * ils n’ont pas de terres du tout, ce sont pour la plupart des migrants ou des

jeunes sans héritage et s’approprient les terres à l’intérieur du Parc qui appartiennent à l’État.

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Les autres raisons sont politiques (refuge après les évènements de 1947) familiales (exil dû à une faute commise) ou encore religieuses (fondation dune communauté protestante en dehors du 1’Eglise Réformée).

Tous ces occupants savent qu’ils sont en état d’infraction par rapport à la loi. C’est après 1972, date d’un changement de régime politique à Madagascar, que les

occupations ont été les plus massives. Cependant, depuis l’intervention du projet ce phénomène a baissé. D’ailleurs, lors des évènements de 199 1, la même ruée vers le Parc national a failli se reproduire mais la présence du projet et les acquis en matière de sensibilisation ont permis de contenir le mouvement.

Les solutions proposées par les occupants en 1992, lors dune enquête, pour régler le problème étaient soit de soustraire leurs villages et/ou terrains de culture du Parc national, soit de les indemniser. A ce propos, ils ont également émis des objections sur les limites actuelles du Parc terrestre qui, d’après eux, ne correspondent pas aux anciennes limites des Forêts classées. Ce point soulève la nécessité de déliiter physiquement le Parc afin d’éviter toute polémique.

Au niveau du Parc national marin bien que les interlocuteurs soient mois diflùs que ceux du Parc terrestre, le problème est plus difficile à résoudre car, avant 1989, l’accès y était libre et la population a eu du mal à accepter le nouveau statut. Pour essayer de faire pression et résister ils se sont même appropriés le deux lieux de sépultures de Nosy Antafana qui en fait avaient été abandonnés depuis tellement longtemps que la mémoire collective avait même fini par oublier leurs propriétaires ! Des concertations avec les pêcheurs et un contrat de formation et d’appui technique adéquat avec le projet ont permis de mettre en place un système d’autogestion rationnelle des ressources basé sur une limitation des jours de pêche. Des comités villageois sont impliqués dans la mise en vigueur et le maintien de ce contrat.

e- L’exploitation des produits forestiers est difficilement chiffrable

Les permis d’exploitation forestière sont seulement délivrés par le Département des eaux et forêts (DEF) soit au niveau de la direction soit au niveau du service provincial. Lors de la mise en place du projet en 1987, il y a eu deux permis d’exploitation couvrant une superficie respectivement de 980 et 100 hectares dans le Firaisana d’Antanambe. Mais dépuis la mise en place du projet, aucun permis d’exploitation n’est plus délivré et le dernier permis d’exploitation a expiré en 1990.

Les permis de coupe sont délivrés par des agents de la DEF au niveau du Fivondronana. Ces permis autorisent les propriétaires de terrains à couper un certain nombre d’arbres dans les forêts domaniales en dehors des Aires protégées en spécifiant l’endroit, tout en interdisant la vente des produits forestiers issus de la coupe. Actuellement tous les permis de coupe doivent avoir l’avis favorable des comités de forêt de la localité de coupe avant d’être

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légaux. Les comités sont constitués par les membres du ou des villages situés à proximité des massifs forestiers concernés.

Ainsi, les bois de construction et de menuiserie utilisés dans le Fivondronana proviennent actuellement soit de Maroantsetra (Fivondronana limitrophe au nord), soit des permis de coupe ou bien des coupes illicites. Notons qu’aucun marchand de bois de construction ou de menuiserie n’existe à Mananara. Il n’y a que les commerçants de bois de chauffage ou de charbon qui cherchent le bois dans le cadre du droit d’usage et qui les vendent illégalement dans les villes. Tel sont les cas des chefs-lieux de Firaisana alors que dans les fokontany, chaque ménage s’approvisionne lui-même en bois.

D’autres produits forestiers sont également l’objet de prélevements sans autorisation, comme le Hafopotsy (Grewia SP., Tiliaceae, dont les écorces sont utilisés après traitement rudimentaire à l’obtention des matières primaires pour la confection de chapeau à une échelle reduite) ou le Vontro ou piassava (Vonitra utilis, Palmaceae, crin végétal pour la fabrication de balai).

Outre le bois de chauffage, le bois de construction, de menuiserie et les matériaux primaires pour l’artisanat, la forêt primaire fournit des plantes médicinales et des produits d’alimentation complémentaire. Mais en général, seulement la récolte de miel et d’igname sauvage sont destructeurs du milieu.

Le quarz est une ressource non négligeable à Mananara-Nord et depuis longtemps exploitée par de gros collecteurs. Les gisements affleurants sont en passe d’être pratiquement épuisés. Mais paradoxalement, aucune étude sérieuse sur la filière du quartz dans cette région n’a été rendue publique, le secteur minier a longtemps été un monopole d’État. Il importe donc d’approfondir les connaissances dans ce domaine.

f- L’élevage, un secteur économiquement improductif

Les effectifs des cheptels bovin et porcin sont relativement peu importants. On estime le nombre de zébus dans le Fivondronana à 4 000. Les paysans qui ont plus de dix zébus sont considérés comme de gros éleveurs. Par contre, l’estimation moyenne du nombre de volailles par ménage serait proche de la douzaine ce qui est relativement élevé.

L’élevage se fait de manière extensive et l’état sanitaire du cheptel est précaire. Les races locales relativement résistantes mais peu performantes, gagneraient à être améliorées.

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Le zébu : signe de richesse La présence de zébus est traditionnellement liée aux piétinage des rizières irriguées. Ils

peuvent être également l’objet de thésaurisation et sont ainsi considerés comme un signe de richesse. La traction animale est très peu répandue (deux charrettes pour 90 000 habitants) et l’élevage bovin laitier comme on trouve à Maroantsetra n’y existe pas.

On ne consomme quasiment pas de viande bovine dans les localités secondaires, ou seulement à l’occasion de festivités ou d’inaugurations traditionnelles et coutumières. Les 20 à 30 bêtes qui sont abattues chaque mois au marché Mananara-ville proviennent de Mandritsara (province de Mahajanga). En période faste (par exemple quand le prix du café augmente), la consommation de viande augmente.

Le porc : un frein culturel La possession, l’élevage et la consommation du porc est pour une grande partie de la

population traditionnellement fac@. Cependant, par nécessité ou par désagrégation de la coutume au fil des générations, on voit un augmentation d’intérêt ou un fléchissement des tendances répulsives vis-à-vis de la viande porcine.

La volaille : un élevage familial L’élevage de volaille (poulet, canard, dinde), principale source de protéines animales

des populations rurales, est pratiqué par toutes les familles. Cependant, elle sert plutôt comme une forme de thésaurisation.

g- La pêche, une production artisanale

On ne rencontre que des pêcheurs traditionnels et artisanaux dans les localités au bord de la mer. Ils opèrent sur le plateau continental, surtout aux alentours des récifs coralliens et !dans les estuaires des fleuves.

La plupart des opérateurs sont des pêcheurs-agriculteurs qui ne partent en mer à bord de petites pirogues monoxyles que les jours où le travaille de la terre est interdit par la coutume (#ù@). La taille de leurs embarcations ne leur permet pas de dépasser la plate-forme continentale où les eaux sont trop instables.

L’essentiel des matériels de capture est constitué de filets maillants, lignes, nasses, harpons et les prises regroupent poissons, crevettes, poulpes, crabes, langoustes, trépans et mollusques divers. En l’absence de circuits de commercialisation organisés et de moyens de conservation performants, le volume des prises ne dépasse guère la demande sur place. Les maigres surplus sont séchés ou fumés et vendus ou troqués dans les environs immédiats. Les requins pour leurs ailerons, les langoustes et les trépans qui sont très recherchés par les commerçants font exception et sont vendus relativement chers. Pour cette raison, il est à craindre que ces espèces soient actuellement sur-exploitées.

N. RAONDRY, M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRINA : La RBsewe de /a biosphére de Mananara-Nord (MadagascarJ

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h- Un Fivondronana en autarcie

La problématique de développement économique de la zone de Toamasina-Nord est commandée en grande partie par la route. En raison du mauvais état de la RN5 à partir de Soanierana-Ivongo, la population des Fivondronana Mananara-Nord et Maroantsetra vit réellement un état d’enclavement. Cet handicap, insurmontable pour le moment, pose des problèmes sérieux quant à l’avenir d’une région au potentiel considérable. L’isolement se répercute à tous les niveaux que ce soit social (médico-sanitaire, éducation-loisirs), économique (commercialisation-approvisionnement) et productif (élevage-agriculture, pêche- mine).

Au niveau du Fivondronana de Mananara-Nord, en matière de santé et d’éducation de base, il y a lieu de faire face aux retombées de la croissance démographique mais aussi de soutenir l’effort national dans ce secteur. En ce qui concerne l’enseignement la couverture est assez dense mais ce sont les infrastructures qui sont souvent en mauvais état.

4) Contraintes au développement et pressions sur l’environnement : revers d’une même médaille

La problématique est synthétisée en annexe 4. La pression principale exercée sur la forêt provient de la riziculture sur brûlis ou tavy.

D’autres pressions moins fortes résultent de l’exploitation illicite du bois, de la chasse, de la capture d’animaux et de la collecte intensive et systématique de produits forestiers secondaires comme le miel, les fibres et les résines.

Les facteurs qui induisent ces pressions sont multiples et c’est sur eux qu’il faudrait agir pour en diminuer les effets négatifs. Les facteurs socio-économiques sont de loin ceux qui menacent le plus d’extinction de nombreuses espèces végétales et animales. Ils détruisent ainsi progressivement le capital naturel qui est le substrat principal de la production en milieu rural. Ainsi, ils constituent à la fois les causes et les effets de l’appauvrissement des populations rurales des régions où ils se manifestent. La faiblesse des moyens financiers et humains mis à la disposition des services de l’État chargés de la conservation des Aires protégées est une autre cause de leur dégradation. La législation environnementale de Madagascar est bien développée et cohérente, mais sa faiblesse réside au niveau de son application et en particuher celui du contrôle de l’accès dans les Aires protégées et la répression des contrevenants. Ceci génère de fait un accès libre, mais non de droit. Or, l’État n’aura jamais les moyens financiers et humains d’empêcher de manière efficace toute intrusion illicite et de clore hermétiquement les Aires protégées. Aussi, une solution négociée avec la population devra être trouvée à terme pour préserver le patrimoine génétique que représente le milieu naturel. En attendant, un soutien au Service des eaux et forêts doit être consenti par le projet pour lui permettre d’assumer sa tâche jusqu’à la clarification des systèmes de gestion concertés qui seront mis en place.

Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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Si les actions en conservation constituent principalement à un appui au service des eaux et forêts, les actions de développement rural auront pour objectif d’infléchir les contraintes socio-économiques.

5) Conservation/développement : des hypothèses à vérifier

La conservation par un développement durable des communautés riveraines des Aires protégées est somme toute un concept nouveau et le projet de la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord s’attache à en vérifier le bien fondé à travers quelques hypothèses de réalisation :

i) Afin d’assurer une conservation des Parcs nationaux, il est supposé qu’un minimum d’aménagement et de surveillance des parcs et leur soustraction aux exploitations irraisonnées sont essentiels et favoriseront l’adoption des solutions agricoles et économiques alternatives.

ii) La protection et la conservation des forêts naturelles ne peut se faire que si le pouvoir de décision sur la gestion des ressources naturelles revient entre les mains des communautés riveraines. Leur responsabilisation suppose la structuration de systèmes locaux de gestion durable qui intègrent les formes traditionnelles d’utilisation des ressources naturelles et de l’espace. Cette forme de gestion communautaire devra être assortie de mesures adéquates empêchant toute nouvelle intrusion dans les Aires protégées.

iii) L’aménagement des parcs vers une valorisation écotouristique pourrait apporter des activités alternatives bénéfiques aux populations riveraines. Cette forme de valorisation doit être renforcée par un programme de recherche qui apportera les éléments nécessaires à la mise en œ uvre d’un plan de gestion,

iv) Toute activité économique qui permet un accroissement des revenus, en dehors de l’agriculture itinérante sur brûlis, diminue les besoins de pratiquer ce type d’agriculture, aujourd’hui cause majeure de dégradation du milieu dans la zone. Cette hypothèse conduit à promouvoir d’une part la riziculture de bas-fonds couplée au système de riziculture intensive (système Katayama) et, d’autre part, la diversification des productions (élevage, maraîchage, apiculture, artisanat).

v) Mais les stratégies de diversifications et de productions, hors agriculture sur brûlis, sont insuffisantes pour éliminer l’agriculture sur les tavy. Il importe donc d’intervenir sur les tavy eux-mêmes pour moderniser cette agriculture. Les “paquets technologiques” pour moderniser l’agriculture sur brûlis existent et ont été initiés aussi bien en station qu’en milieu paysan (milieu réel).

vi) La sécurisation foncière devra être assurée sans renier le droit coutumier local. La non contestation du droit foncier coutumier est en effet une des conditions socio-politiques de la réussite technique des opérations de stabilisation et de modernisations de l’agriculture sur brûlis.

N. RAONDRY, M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRINA : La RBserve de la biosphère de Mananara-Nord (Madagascad

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vii) La promotion de la pêche au large devrait considérablement diminuer les pressions de pêche traditionnelle sur les récifs du Parc marin.

viii) L’accès à la culture, à l’éducation et à la sante, en particulier des jeunes générations est indispensable pour l’amélioration de leurs conditions de vie future. Intégrer des activités de formation et d’éducation environnementale à tous les niveaux contribuerait, entre autre, fortement à une capitalisation technique et conceptuelle de longue durée. Parce qu’au bout du compte le transfert de nouvelles connaissances est la base pour un éventuel changement de perception du concept environnemental de la population rurale.

ix) Les femmes en tant que pilier moral de la famille constitue une porte d’entrée privilégiée pour les concepts nouveaux que l’on voudraient voir intégrés par la population. En outre, elles devraient acquérir les connaissances techniques indispensables à leur participation active dans la vie économique

6) Des bénéficiaires biens ciblés et des volets d’activités multiples

La conservation de la diversité biologique et de ses éléments passe par la sensibilisation des populations à son utilité en y intégrant les aspects biologiques, sociaux, culturels, ethniques, religieux, économiques et éthiques. Par ailleurs, on doit assurer à cette population un niveau de vie qui ne les rendent plus directement tributaires des ressources naturelles que l’on veut préserver.

Les cibles du projet sont prioritairement les populations qui se trouvent en situation de provoquer des dommages au milieu naturel et, parmi celles-ci, les plus pauvres, mais aussi celles qui par leur rôle actuel ou futur dans la société peuvent faire changer les mentalités.

Nous avons ainsi trois pôles d’intervention privilégiés : i) Les producteurs agents directs du développement : agriculteurs, éleveurs et

pêcheurs. * Les paysans agriculteurskleveurs du site du projet qui bénéficieront de

transfert de technologie aussi bien pour l’agriculture rizicole de bas-fonds que pour l’agriculture itinérante sur brûlis et pour les actions de diversification productives (maraîchage, élevage, apiculture.. . .) et d’apport de petits crédits ruraux.

* Les paysans agriculteurs/pêcheurs du littoral en face du Parc national marin qui seront encadrés en vue d’améliorer l’exploitation rationnelle des ressources marines.

* Les paysans implantés à l’intérieur des aires protégées avec qui des relations de confiance doivent être fortement établies.

ii) Les femmes devraient être reconnues comme agent de développement économique à part entière. Il leur faut surmonter les diverses contraintes particulières auxquelles elles sont confrontées dans la réalisation de leurs activités. Parmi celles-ci, on peut reconnaître le manque d’information, le manque de formation appropriée et la difficulté d’accéder aux ressources

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financières qui leur sont souvent indispensables. Il importe donc de soutenir les initiatives de développement prises par les femmes organisées en groupement. Les femmes bénéficient particulièrement de certaines des actions entreprises en matière d’élevage, d’agriculture et d’artisanat appuyées en matière d’investissement par l’octroi de petits crédits pour leur permettre la commercialisation de leur productions.

iii) Les jeunes et les enfants qui sont l’avenir seront plus particulièrement visés par la sensibilisation environnementale. Le lien très fort qui attache les malgaches à leurs enfants en font des partenaires très efficaces dans le chagement des mentalités et la prise de conscience des aînés en matière d’environnement (que leur laisseront-ils en héritage ?).

Nos axes d’intervention sont multiples et s’articulent autour des volets suivants : la conservation (dont l’écotourisme), l’agriculture, l’élevage, la pêche, l’artisanat, la santé (récemment repris par Médecins du monde), l’éducation/formation/sensibilisation, la recherche finalisée, la promotion féminine et l’infrastructure rurale qui vient en appui logistique à tous les autres volets en particulier pour l’agriculture (ouvrages micro-hydrauliques par exemple) et l’éducation (réhabilitation des écoles par exemple).

7) Une stratéqie d’intervention basée sur l’intégration, la concertation, la spatialisation et la pérennisation

La mise en œ uvre des activités est basée sur les stratégies suivantes : i) Une approche systémique et intégrée, c’est-à-dire planifier et exécuter des

activités synchronisées et cohérentes de conservation des écosystèmes et de développement rural (Cf: ANNEXE 5).

ii) Une approche participative : le projet s’efforce, dans sa stratégie, que la population concernée participe activement aux décisions, à la planification et à la réalisation des activités afin d’assurer une programmation par la base et de stimuler fortement l’auto- développement (C)T IUMANGASON). Dans le respect des traditions culturelles, nos activités tiennent compte du calendrier et du rythme de travail des participants, de leur organisation sociale, de leurs ressources et des compétences disponibles.

iii) Intégration du projet dans la réalité du Fivondronana par l’existence dune structure de dialogue et d’échange élargie au niveau de toutes les entités régionales : le Comité de programmation qui est composé des élus, représentants des services publics, opérateurs économiques, ONG locales et cadres du projet (Cf: FIGURE 1).

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FIGURE 1 : Structure de décision, de concertation et de dialogue

Comité de programmation (c) ..:.y i... /...:..: _............ g...x.y~$~ ~~ :.:.:.:-: .I. ..:.:.:.:.:.:.:.:.:. .:.:.:-:-:.a - j#gg

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~ 1 Population cible (s)

+ Flux, identification, discussion c -Niveau central et propositions

+ Décision de l’implantation des s -Niveau du site programmes annuels, trimestriels et mensuels

SOURCE : D’après RAMANGASON

iv) Priorisation spatiale des sites d’intervention en relation avec les fronts de litige avec la population. Des enquêtes menées au niveau de la population riveraine des Aires protégées ont permis de définir les pressions, leur lieu d’origine et leurs causes (CI’ ANNEXE 6a). Nous avons pu ainsi déterminer 14 zones d’intervention classées suivant l’importance des pressions et le projet intervient directement dans douze zones (Cf. ANNEXE 6b). Les secteurs d’intervention sont fonction des principaux types de pressions.

v) La formation d’une expertise nationale et l’appui à des structures nationales de relève sont primordiaux dans un but de pérennisation : mis à part le conseiller technique expatrié du site, tout le personnel du projet (Coordinateur national, Directeur national, Administration, cadres et agents de terrain) est malgache ; la formation de groupements basés sur les communautés rurales concernées est un axe privilégié de nos actions.

V- LES RÉALISATIONS DE 1987 à 1994 ET LES ACQUIS

Si l’année 1987 a consisté à définir les bases juridiques et institutionnelles du projet, de 1988 à 1994, un travail important ventilé sur plusieurs volets a été réalisé. Le volet santé (qui n’a apparemment pas de relation vraiment directe avec la conservation) a constitué une

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activité “porte d’entrée” pour le projet pour permettre au concept et à l’équipe d’être acceptée par la population.

Cependant, au sujet de ces activités dites “portes d’entrées” une remarque est importante à faire. Prenons l’exemple du volet santé. Il est difficile pour n’importe quelle population d’être réceptive à un message quelconque si les soins primaires qu’elle est en droit d’attendre ne sont pas satisfaits. Quelque soit la valeur intrinsèque d’une graine, elle ne peut germer sur une terre stérile ! Il était donc primordial que les efforts du projet dans le sens de l’amélioration de la santé de la population soit poursuivis. Nous avons donc recherché un partenaire pour le volet santé et c’est ainsi que depuis mai 1993 1’0~~ Medecins du monde collabore avec nous à Mananara-Nord.

L’annexe 7 résume les réalisations depuis 1988. On peut en dégager les principaux points, forts et faibles, suivants :

i) En matière de conservation. Bien que les tavy ne soient pas encore enrayés, on peut noter une diminution des zones défrichées en raison d’une part du renforcement du contrôle et de la surveillance des Aires protégées mais aussi d’autre part, du fait de la sensibilisation de la population. Il faut ici noter que le pouvoir de verbaliser les délits n’appartient qu’au Service des eaux et forêts et que les agents du projet ne le font en aucun cas. Au début du projet, la population ne faisait pas la différence entre les gardes-forestiers et les agents de conservation du projet, bien que pour ces derniers nous ayons toujours évité un uniforme pour ne pas encore ajouter à la confusion. Nous étions perçus à la fois comme des gendarmes et des interlocuteurs pour le développement, notions qui s’opposent dans l’esprit des villageois. Mais à force de dialogue, nous pouvons maintenant pleinement assumer notre rôle de “guide” pour l’amélioration des conditions de vie et de “garants” de la conservation.

Les 250 kilomètres de limites non naturelles du Parc terrestre ont été entièrement matérialisés et entretenus de façon régulière.

Pour assurer la reconstitution de la couverture forestière et pallier au manque de bois 13 pépinières villageoises sont maintenant opérationnelles. Un objectif de 60 000 plants par an décidé par les paysans est prévu à partir de la campagne de reboisement 1994-95. Ceci montre le changement de mentalité par l’acceptation de produire le bois plutôt que de le prélever dans la forêt. Pour trouver une alternative à l’utilisation du bois pour la construction, des études sur la fabrication de briques à Mananara-Nord (CT ANDRIAN ARIMANANA ; RANDRIANA) ont montré que leur faisabilité et leur qualité pourront en faire à l’avenir un matériau de construction apprécié et recherché par la population. Ces études initiées par le projet vont prochainement aboutir à la mise en place d’une briquetterie-école prise en charge et gérée par une ONG locale.

Le problème des occupations humaines dans les zones centrales n’est pas résolu. Nous nous acheminons vers une solution nationale qui préconise la cogestion dans les zones périphériques et la cession de droits d’usage exclusifs aux communautés riveraines. En effet, en

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novembre 1994, après un diagnostic de la situation au niveau de 4 Aires protégées dont Mananara-Nord (Cf: WEBER) s’est tenu à Mahajanga (Madagascar) un colloque sur le thème “Occupations humaines des aires protégées”. Ce colloque a vu la participation des représentants nationaux et étrangers de différents départements et institutions concernés par la problématique mais aussi (et c’était toute l’originalité et l’importance de ce colloque dans les annales) celle des représentants de communautés rurales des zones périphériques des Aires protégées et mêmes des occupants de ces Aires protégées. Deux représentants des occupants illicites de Mananara-Nord étaient présents. Au cours de ce colloque, toute les parties en présence avaient compris l’enjeu d’une telle rencontre pour l’avenir des Anes protégées. L’homme en tant que partie intégrante de l’environnement à été au centre des débats. Un des résultats de ce colloque a été la “Déclaration de Mahajanga” reproduite en annexe 8. Cette déclaration stipule, entre autres résolutions, que des accords contractuels entre communautés rurales et PCDI, avec le soutien des partenaires institutionnels (DEF, ANGAP, ONE et autres agences d’exécution du PAE), seront mis à l’étude pour aboutir, à terme, à un usage viable à long terme des terroirs spécifiques dans les zones tampons. &‘attribution de droit d’usage exclusif sur la base d’un plan de gestion négocié à une population strictement définie sur un espace stictement défini pour une période donnée renouvelable [est apparu comme] la solution adéquate» pour mettre fin à une situation d’accès libre de fait mais non de droit. Mais pendant toute la phase de transition que nécessitera la mise en place de cette cogestion communautaire, les introductions nouvelles dans les Aires protégées seront empêchées avec toute la force des lois en vigueur. Ces résolutions ont eu l’adhésion des occupants des Aires protégées.

Une nouvelle forme de gestion des zones forestières protégées mais aussi pour d’autres écosystèmes (en particulier le Parc national marin de Mananara-nord) va donc voir le jour à Madagascar. Basée sur le développement de la cogestion des ressources naturelles avec les communautés de base elle est la voie de la réconciliation de l’homme et de son environnement.

L’écotourisme est un des défis pour Madagascar. Le slogan publicitaire de la compagnie aérienne nationale &J~US n’avons pas de palace mais notre nature est cinq étoiles» est très expressif de la volonté du pays. A Madagascar, 50 % de la recette des droits d’entrée dans les Aires protégées (versés à FANGAP) vont à la population riveraine qui les gèrent par le biais d’un comité de gestion. Mananara-Nord a des potentialités écotouristiques indéniables. Des études préliminaires ont été faites par le projet pour la mise en valeur des sites (Cf: RALAIARIVONY), mais l’insuffisance des infrastructures de communication sont un désavantage pour ne pas dire un frein à son développement. Tant que celles-ci ne seront pas améliorées l’écotourisme ne pourra être qu’un épiphénomène. Le projet doit profiter de ce répit avant la ruée attendue pour asseoir auprès de la population les bases d’un écotourisme bien pensé et réellement profitable pour la population locale et non pas uniquement pour de grands opérateurs. Nous souhaitons dans l’avenir approfondir les données économiques concernant

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les coûts des investissements à consentir et les retombées financières qui pourront être dégagées par la population locale. Un écotourisme mal préparé peu parfois être plus dévastateur que pas d’écotourisme du tout.

ii) En ce qui concerne l’Agriculture. Des paquets technologiques adaptés à la riziculture irriguée, la facilitation de l’accès au matériel agricole (charrue, herses, bêche,. . .) et l’appui pour la construction de micro-barrages à travers le volet infrastructure rurale ont permis de tripler les rendements qui sont passés de 1 t. à 3.5 t./ha. et d’augmenter les surfaces cultivées de 274 ha.. En riziculture intensive (méthode Katayama), un rendement maximum de 8.57 t./ha. sur une parcelle de 40 ares a été obtenu en 1994.

Il s’agissait aussi pour nous de trouver une alternative techniquement adaptable et socialement adaptée aux cultures itinérantes sur brûlis, principale cause de la dégradation forestière à Mananara-Nord et qui pourrait sédentariser les “tavystes” sur d’anciennes parcelles récupérées et aménagées de façon adéquate. C’est ainsi que depuis 1991-1992 nous avons procédé à des essais, en milieu réel, de riziculture pluviale sur tanety sans brûlis (Cf: PHOTOS

5a, 5b et 5~). C’est un de nos axes de recherche le plus prometteur. Les résultats de recherche sur le potentiel agricole des jachères de la Réserve (Cf: FWMANGALAHY) ont montré que les savoka de Mananara-Nord avaient une fertilité beaucoup plus élevée que ceux des hauts- plateaux de Madagascar. D’autre part, la pratique traditionnelle du vary kapa (qui consiste à produire sur la même parcelle nettoyée par un feu contrôlé ou sans mise à feu du riz pluvial la deuxième année après le brûlis) était une porte d’entrée culturelle pour faire admettre aux paysans de cultiver le riz pluvial sans brûlis préalable.

PHOTO 5a : La riziculture sur tanety sans brûlis : préparation du terrain

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PHOTO 5b : La riziculture sur tanety sans brûlis : riz associé au maïs

PHOTO 5c : La riziculture sur tanety sans brûlis : dispositif an fi-errosif

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Une centaine de paysans encadrés par le projet pratiquent depuis 1992 une riziculture pluviale sans br-ûlis sur d’anciens savon réputés stériles. Cette technique (défrichement, nettoyage sans mise à feu, mise en andains suivant les courbes de niveau des résidus végétaux et plantation de légumineuses arbustives, semis en poquets) donne de bons résultats : le rendement moyen (1 t./ha.) est supérieur à celui du tavy (0.6 t./ha.), les plants de riz sont plus résistants à la sécheresse, le sarclage est plus facile et l’érosion du sol est freinée. Le facteur limitant la vulgarisation de cette technique est le manque de main-d’oeuvre lors du nettoyage de la jachère qui se fait à la machette et à la main. Pour essayer de limiter le phénomène d’embrousaillement, nous avons expérimenté l’utilisation de Pueraria sp. comme légumineuse de couverture et qui est aussi un fertilisant. Cette espèce empêche la croissance des autres adventices et le nettoyage est facilité.

Il existe des systèmes agroforestiers traditionnels à Mananara-Nord (Cf: IWNDRIANJAFY). Aussi, la riziculture pluviale sans brûlis faite sous les girofliers ou les cafeiers en système agroforestier ne rencontre pas de blocage culturel et est expérimenté. Dans l’avenir, il nous faudra consolider les résultats acquis et établir un protocole cultural qui garantisse la stabilisation des rendements.

La promotion des cultures maraichères a pour but de diversifier à la fois les ressources monétaires et le régime alimentaire. Leur adoption par la population a été très satisfaisante. Actuellement, vu l’importance de la demande, des particuliers ont sollicité un appui technique pour leur permettre de produire des semences (qui venaient avant d’Antananarivo par le biais du projet) afin d’approvisionner le marché de Mananara-Nord. L’introduction des cultures maraîchères sont appuyées par des sessions d’éducation nutritionnelle et culinaire qui sont faites en collaboration avec des ONG locales, en particulier les associations féminines.

iii) Dans le secteur pêche. La cogestion concertée du stock marin avec les communautés villageoises a été rendue possible grâce à des contrats d’assistance et de formation avec les agriculteurs-pêcheurs (CY PHOTOS 6) : 14 groupements de pêcheurs ont été constitués. Nous avons introduit l’utilisation de la pirogue à balancier dans la région de Mananara-Nord. La poursuite des actions pour l’amélioration des techniques de pêche en haute mer sera poursuivie. L’élévage des langoustes et des trépans sera expérimentée dans la zone d’Antanambe (zone tampon marine). A terme il faudra supprimer, sinon réduire considérablement, les pressions dans le Parc marin.

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PHOTOS 6 : Formation sur la confecfion et /‘entretien des filets en collaboration avec /‘Apostolat de la Mer

iv) Pour ce qui est de l’élevage. Les mentalités (faau, élevage contemplatif des zébus) sont difficiles et longues à changer. Cependant, les ressources monétaires engendrées par un cheptel sain et productif commence à être perçue par la population. L’introduction de nouvelles races plus performantes a encouragé les éleveurs et nous projetons de mettre en place des stations de monte bovine pour la production de lait. Ces stations de monte seront, avec l’appui technique du projet, sous la responsabilité d’éleveurs sur la base de contrats- programmes. D’ores et déjà ces éleveurs ont été ciblés et leurs pâturages ont été enrichis en

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Pennisetum. La vulgarisation de la culture attelée sera poursuivie. Le problème qui se pose à nous est d’assurer à terme un service vétérinaire privé autonome notamment en ce qui concerne la couverture sanitaire du cheptel. Nous devons cibler dès à présent la srtructure pérenne qui prendra le relais du projet.

L’apiculture est un pôle à renforcer mais nous devons étoffer nos connaissances sur les circuits commerciaux par où sera écoulée la production.

v) Les femmes sont un groupe cible privilégié car elles constituent le plus souvent la “porte d’entrée” la plus efficace pour le changement des habitudes familiales et un allié au niveau du foyer à l’ouverture des enfants aux problèmes environnementaux inculqués à l’école. De par la place déjà non négligable que tient la femme dans la société malgache en général et Betsimisaraka en particulier, leur intégration dans le développement économique devrait être atteint à plus ou moins court terme. Nos activités dans le volet femmes vise à promouvoir les groupements féminins et à leur donner les bases techniques nécessaires pour véritablement participer à la dynamique régionale. Parmi les activités à promouvoir autre que la couture et la broderie, il y a le tressage et le tissage végétal qui sont des activités traditionnelles des femmes de Mananara-Nord. Mais leur production souffrait d’un manque de technicité et aussi d’un débouché commercial. Le projet a favorisé la promotion des associations féminines et leur a fourni une formation adaptée en collaboration avec des petites ONG qui existaient déjà (VLM).

Ces associations ce sont maintenant fédérées et dernièrement, la Maison des femmes de Mananara-Nord vient d’être inaugurée grâce à l’appui financier et technique du projet. Ce lieu leur sert de centre de formation, de rencontre et de vente de leurs production.

vi) Le concept conservation/développement qui soutient tout l’édifice du projet, doit être véhiculé de manière intensive et doit s’intégrer dans la vie de chaque citoyen. Le volet éducation/sensibilisation/formation est à ce titre primordial. Il vise, en collaboration avec les circonscriptions scolaires, à promouvoir l’éducation environnementale à l’école (Cf: PHOTOS 7).

Mais aussi par des sessions de formation qui sont organisées de manière intégrée avec tous les autres volets du projet, toutes les franges de la population sont atteintes. Ainsi, la sensibilisation se fait à travers toutes les composantes du projet.

Un Hall d’information a été construit par le projet dans la ville de Mananara-Nord. Ce sera le point de rencontre de toute la population avec les objectifs du projet. L’information et la formation au sens large y sont les points focaux de notre action. Une bibliothèque, une salle vidéo, des jeux éducatifs,... sont à la disposition du public. Des expositions et des conférences débats y sont organisées sur des thèmes variés. Ce sera également un lieu de promotion de l’écotourisme. Il est à noter que la construction de cet édifice a été décidé au niveau du Comité de programmation. Le Hall d’information devrait permettre de sortir quelque peu Mananara- Nord de son isolement.

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participative est de mise pour les réalisations de ce volet. Les communautés ou groupement qui désirent bénéficier de notre appui déposent une demande au projet. Si l’étude technique (intêret, impact, faisabilité) faite au niveau du projet est positive, un contrat est signé entre le projet et les bénéficiaires. Ces derniers s’engagent à fournir la main d’œ uvre et les matériaux locaux (gabillons, planches, toiture végétale par exemple), tandis que le projet assure la conception et l’encadrement techniques ainsi que le ciment, le béton, les clous,... Pour chaque ouvrage micro-hydraulique, une Association des usagers de l’eau (ATJE) est mise en place pour assurer l’entretien du réseau.

viii) La Recherche menée dans le cadre du projet a été conduite avec un objectif commun de collectes de données scientifiques et techniques visant à fournir aux gestionnaires des outils d’appréciations et de décisions pour l’aménagement intégré et la gestion de la Réserve de la biosphère. Le volet recherche a à son actif plus d’une trentaine d’études sur la flore, la faune, l’ethnologie,... (Cf: ANNEXE 9). La plupart d’entre elles ont été réalisées dans le but principal de préparer le Plan d’aménagement de la Réserve de la biosphère de Mananara- Nord, mais après huit ans, il n’est pas encore finalisé (C’ ALBIGNAC & BOUSQUET ; BEDEL). Cet outil important pour une gestion à long terme est indispensable. Les données scientifiques sont suffisantes, mais l’aspect socio-économique des problèmes et de leurs solutions ne le sont pas. A l’avenir, les axes de recherche devront intégrer plus étroitement les sciences naturelles et les sciences sociales. La mise en valeur des ressources devra impérativement tenir compte de leur potentiel économique. Vu l’enclavement de la zone, les circuits commerciaux viables devront être identifiés.

Afin de mettre en œ uvre ce plan d’aménagement, la zone tampon et la zone à usage multiple doivent être préalablement définies dans leur limites (ce qui est le cas) et dans leurs fonctions (ce qui en théorie est le cas). Mais surtout, ces zones doivent être physiquement matérialisées sur le terrain (ce qui n’a pas été fait) et leur signification doit être très claire pour la population afin d’éviter d’éventuels conflits. Ce plan devra en outre intégrer une nouvelle donne dans l’échiquier politique : la décentralisation des pouvoirs de l’État qui donnera aux communautés locales des nouvelles prérogatives.

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L’expérience acquise au cours de ces huit années a permis au tùr et à mesure d’élaborer une méthodologie de travail concrète et basée sur la réalité du terrain. Mais pour permettre un suivi méthodique de nos actions et évaluer sur des bases scientifiques le bien fondé de la démarche et ses impacts il est nécessaire maintenant de mettre en place un système de suivi-évaluation qui donnera une réro-action permanente aux gestionnaires et aux décideurs. Le système de suivi-évaluation doit être basé sur des indicateurs objectivement vérifiables dont on pourra mesurer la variation dans le temps. Ces indicateurs concerneront des données de base telles que les indicateurs écologiques -comme par exemple la surface de forêts brûlées par an-, agronomiques, économiques, sociaux, et les impacts financiers des actions au niveau des ménages,. . _

Le projet a construit, à Antanambe à quelques kilomètre du Parc marin, un centre de recherche qui sert de base aux chercheurs et aux agents du projet au cours de leur tournées de terrain.

En résumé, les acquis de ces huit années sont : i) La mise en place des éléments moteurs du projet et en particulier les compétences et

expertises techniques nationales. ii) L’approfondissement de la connaissance de la région au niveau socio-culturel et

écologique à partir d’études préliminaires qui demandent à être approfondies. iii) L’obtention d’une adhésion assez forte de la population au concept proposé. De

1988 à 199 1, un début de responsabilisation des populations dans la protection des Aires protégées a été constatée et des paysans “tavistes” du Parc national avaient déjà quitté leurs terrains de culture. La mauvaise interprétation des événements politiques de 1991, par ces mêmes paysans, a entraîné leur retour de quelques uns dans les Aires protégées. Ceci prouve que l’approche utilisée est bonne, mais elle a manqué de temps pour être tout à fait assimilée et perçue en dehors de toute considération politique.

iv) L’établissement d’une structure d’intervention opérationnelle afin d’atteindre les objectifs assignés en harmonie avec une bonne connaissance de la région.

v) D’avoir noué des relations étroites avec les autorités locales et nationales, les services publics et les ONG intervenant dans la région.

vi) La promotion de groupements divers qui sont non seulement des structures de dialogue, des partenaires actuels du projet, mais aussi et surtout des futurs éléments de pérennisation.

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CONCLUSION : QUEL AVENIR POUR LE PROJET-PILOTE DE LA RÉSERVE DE LA BIOSPHÈRE DE MANANARA-NORD ?

Le caractère pilote de ce projet lui a donné une dimension hautement expérimentale à tous les niveaux. Au cours des premières années, il s’agissait surtout de la reconnaissance du terrain et de l’édification des relations avec la population locale. Le projet a dû d’abord surmonter la méfiance et l’incompréhension des paysans vis-à-vis de l’intervention des vahiny (étrangers) dans la région et vis-à-vis d’une structure qui renforce la protection (rôle de gendarme) et en même temps s’occuper de développement (appui et aide). Le fait que les paysans ne croient pas aux paroles si elles ne correspondent aux actes et aux réalisations, a conduit à initier des opérations concrètes dès que le projet a été mis en place.

Progressivement, sur la base d’études scientifiques et techniques consolidées par la pratique en milieu réel ce nouveau concept de conservation/développement a été élaboré et concrétisé. En huit années, une large gamme d’activités s’est développée pour répondre aux objectifs du projet. L’équipe a également grandi et est devenu de plus en plus multi-disciplinaire et structurée. L’approche utilisée jusqu’ici est satisfaisante. Les résultats obtenus montrent que le lien entre le développement et la conservation des milieux naturels est une démarche réaliste conduisant à des résultats encourageants. Cette démarche doit cependant être encore affirmée. Cela demandera du temps car il nous faudra aboutir à des changements profonds de mentalité et de comportement des populations qui sont souvent très isolées et repliées sur des systèmes autarciques. Aussi, une période de huit ans est trop courte pour à la fois initier et pérenniser des pratiques d’exploitation des ressources naturelles, socio-économiquement viables et écologiquement acceptables. Il est clair que la continuité des actions sur le terrain et la durée de ces activités sont des paramètres à l’aune desquels seulement l’évaluation des effets et des impacts des actions menées peuvent se faire. De plus, les difficultés rencontrées dans le financement du projet ont été des freins pour une programmation sereine des activités. Ce type de projet qui n’a pas de retombées financières directes a de plus en plus de mal à trouver des bailleurs de fonds dans la conjoncture internationale actuelle.

Or, un pays comme Madagascar qui a de multiples priorités n’a pas les moyens financiers pour soutenir ce type de projet qui ne peut raisonnablement espérer atteindre ses objectifs en moins de 15 ans. C’est le délai de financement dévolu au PAE qui devrait se terminer en 2005. C’est pourquoi, de tels projets doivent songer dès le départ aux structures nationales de pérennisation qui poursuivront les actions dans la phase ultime.

Suite aux interventions concrètes sur le terrain et aux contacts fréquents avec les autorités locales et autres décideurs, le projet est devenu un plateforme de concertation et conceptualisation vis-à-vis de la conservation des ressources naturelles et du développement de la région. Autrement dit, le projet a progressivement remplacer le rôle moteur vers un rôle de catalyseur. Ce rôle catalyseur doit gagner en importance durant la prochaine phase du projet. Aussi, notre stratégie d’intervention inclut de nombreux éléments visant à pérénniser les actions

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entreprises par le projet. Certains de ces éléments sont d’ordre institutionnels, d’autres relèvent de la capacité à générer des ressources de développement. La pérennisation du projet impliquera non seulement les bénéficiaires du projet, mais aussi par leur assistance et leurs activités les partenaires du service public et du secteur privé. Pour garantir la poursuite et l’extension future des activités après le retrait du projet, deux types de problèmes doivent être résolus, à savoir : d’une part l’institutionalisation des mécanismes du projet qui créent les conditions du transfert de services et/ou qui fournissent les services de transferts de technologie et, d’autre part, le caractère d’autofinancement des activités par la génération de ressources.

En ce qui concerne l’institutionalisation des activités du projet, le désengagement progressif de l’État est une donnée déterminante. Dans cette perspective, un rôle prépondérant doit être octroyé aux institutions rurales participatives. Dans cette perspective les principes de la non-gratuité des aides matérielles (cédées à prix coûtant ou à crédit) et de la contractualisation des actions aussi bien avec les services publics locaux qu’avec la population cible sont observés. Les ONG locales sont aussi impliquées ainsi que le service public dans la mesure où des pouvoirs accrus seront octroyés au niveau décentralisé aux institutions gouvernementales. Celles-ci devraient alors jouer un rôle décisif dans la pérennisation de la capacité de service générée dans un premier temps par le projet. Au cours des prochaines années, on pourra estimer les impacts du projet et la pérennisation des acquis pour les bénéficiaires par l’émergence d’institutions rurales participatives ou d’organismes privés qui continueront à fonctionner et qui utiliseront les technologies vulgarisées par le projet.

En ce qui concerne le financement de la poursuite des activités, après le retrait du projet on ne peut raisonnablement pas attendre du gouvernement central, dont les priorités sont multiples, qu’il subventionne des opérations similaires à un niveau significatif Une solution au moins partielle pour l’autofinancement national des activités scientifiques et économiques pourrait être trouvée si l’on admettait que le projet propose que les Parcs nationaux soient nettement orientés vers la génération de ressources touristiques. Une autre possibilité est d’améliorer l’information et l’accès des ONG nationales et des coopératives rurales aux divers fonds gouvernementaux ou d’Agences internationales dévolus à des actions spécifiques.

Le défi lancé par la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord à la pauvreté et à la destruction effrénée de la forêt tropicale humide mérite d’être soutenu. La perspective qui s’ouvre dans le cadre du programme Sud-Sud mis en œ uvre par I’UNESCO/MA& l’Université des Nations Unies (UNU) et l’Académie des Sciences du Tiers Monde (T~AS) est une opportunité pour mettre en commun tous les efforts, toutes les forces, les potentialités et les expériences de chaque Réserve de la biosphère des Tropiques humides afin de réduire les risques d’échecs et d’atteindre par le plus court chemin l’objectif d’un développement socio- économique respectueux de l’environnement.

N. RAONDRY, M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRINA : La Réserve de la biosphère de Mananara-Nord (Madagascar)

I -

1 -~ 1

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Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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N. RAONDRY, M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRINA : Le RBsewe de /a biosphere de Mananara-Nom (Madagascar)

--1- 1 1

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ANNEXE 1 : CARTE DE LA VÉGÉTATION DE MADAGASCAR

ANKARAFANTSIK

100km 659 Forêt dense humide m Forêt des hautes montagneS m Foré/ dense sèche

I Fourré (bush)

-‘A Mangrove

I Savane

Les formations forestières primaires sont représentées par : i) La forêt dense humide. Elle couvre environ 6 000 000 d’hectares principalement

sur la côte est qui bénéficie d’une forte pluviométrie. Elle est caractérisée par sa densité et par la présence de grands arbres (jusqu’à 30 m. de haut) à feuillage persistant. On y rencontre la

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plus grande diversité en espèces animales et végétales, orchidées et palmiers en particulier. Une variante d’altitude que l’on retrouve au-dessus de 1 800 m. est constituée par la forêt des hautes montagnes.

ii) La forêt tropicale sèche. Elle couvre environ 2 580 000 hectares principalement sur la côte ouest. Ce type de forêt est caractérisé par une densité moins faible des arbres avec une hauteur moindre (25 m. au maximum). C’est le domaine entre autre des grands baobabs, de nombreuses Légumineuses et des tortues terrestres.

iii) La forêt à épineux ou bush à Didiereaceae. Elle couvre environ 3 000 000 d’hectares dans le sud du pays. Outre les Didiereceae, ces forêts sont caractérisées par des Euphorbes et des Apocynaceae.

iv) La mangrove ou forêt de palétuvier. Elle couvre 270 000 hectares de la zone côtière, principalement dans l’ouest et le nord du pays. Ces milieux offrent refuge et zone de reproduction à de nombreuses espèces aquatiques.

ANNEXE 2 : LOCALISATION DES AIRES PROTÉGÉES ET DES PRINCIPAUX SITES D’INTÉRÊT BIOLOGIQUE

La DEF est responsable pour l’application de la loi forestière. Les forêts sont d’abord classées en forêt privée et forêt gouvernementale. Concernant les forêts gouvernementales, il y a une distinction entre des Forêts classées, qui ont fait l’objet d’un acte juridique, et des forêts domaniales, les autre forêts publiques. La répartition entre forêt classée et non-classée est respectivement d’environ 6 500 000 et 5 500 000 hectares.

Une Forêt classée peut obtenir le statut d’Aire protégée, généralement par décret, afin de lui conférer une protection plus appropriée. Il y a trois catégories d’Aires protégées à Madagascar :

i) Les Réserves naturelles intégrales (RNI). L’accès aux RNI est exclusivement limité aux chercheurs scientifiques dûment autorisés. Les populations riveraines ou non n’ont aucun droit de collecte, de pénétration ou d’installation. Madagascar compte 11 RNI.

ii) Les Parcs nationaux (PN). L’accès aux Parcs nationaux est ouvert pour les chercheurs scientifiques et touristes munis d’une autorisation délivrée par la Direction des eaux et forêts soit par les organismes ayant une délégation (&GAP, opérateurs). Cette ouverture aux touristes est déjà une forme d’évolution du système de protection mais la population riveraine est encore exclue avec ses activités de collecte et agricole. Madagascar compte 5 Parcs nationaux dont Mananara-Nord.

iii) Les Réserves spéciales. Elles ont été instituées dans le but de protéger certaines espèces particulières de la faune et/ou de la flore. Leur accès est libre mais il est interdit de chasser, de pêcher et de s’y livrer à la cueillette de produits. Il y a actuellement 23 Réserves spéciales.

N. RAONDRY, M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRINA : La Rt%erve de la biosphère de Mananara-Nord (Madagascar)

.- 1

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Localisation des Aires Protéghs GI des pnncipaux Sites d’lntér& f3iologique

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Tsrmane;np Futur Pssc Nalbiwl

(11) Futur Parc Nalbiwl

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-

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ANNEXE 3 : CADRE INSTITUTIONNEL DU PAE

Un des principes directeurs de la première tranche du PAE (PEI : 199 1-1995) est la mise en place d’un cadre institutionnel innovateur et souple pour son exécution. Le h@ADR est le premier responsable du PAE et un certain nombre de structures institutionnelles ont été crées ou renforcées pour le seconder dans sa tâche, suivant l’organigramme ci-dessous :

-[GGJ

-0 FTM

La Direction des eaux et forêts (DEF) La DEF du MEADR, en tant qu’institution et agence d’éxécution de l’État, est chargée

de la composante “Conservation et développement du patrimoine biodiversité” du PA& c’est-à- dire :

statut et,

* de l’amélioration des Aires protégées et des zones périphériques ; * de l’étoffement du réseau des Aires protégées et en particulier de réviser leur

* de l’amélioration du système de protection des forêts non reclassées en AP. Elle garde la responsabilité globale pour la politique en matière de protection de la

biodiversité à Madagascar et à ce titre supervise la mise en œ uvre de PAP. Cependant, la DEF a délégué un certain nombre de ses mandats à l’ANGAp (voir ci-dessous). Sur le terrain la DEI? assure à travers ses agents les fonctions de police forestière au niveau de toutes les Aires protégées car elle garde toutes ses responsabilités pour la législation forestière.

Offke national de l’environnement (ONE) L’ONE est un établissement public crée spécifiquement pour le PAE et rattaché au

b&ADR. Il a pour fonction auprès du PAE : * de la coordination ; * de l’animation et de l’incitation ; * de l’articulation inter-agence d’exécution ; * du suivi-évaluation et, * de la mobilisation de fonds pour le programme d’exécution des Programmes

environnementaux.

La Direction pour les domaines et de la Réforme agraire (DDRA) La DDRA du MEADR est l’agence d’exécution chargée de la composante cadastre. Le

cadastre est un outil précieux du PAE en engendrant la sécurité foncière dont l’impact répond au mieux au concept malgache qui veut que la protection de l’environnement soit intimement

N. RAONDRY, M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRINA : La R&erve de la biosphère de Mananara-Nord (Madagascar)

-

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liée au développement. La délivrance d’un titre de propriété, garant de la sécurisation foncière, permettrait de sédentariser les exploitations et d’éviter les cultures itinérantes sur bxûlis, le tayv, et aussi d’accéder au prêt bancaire pour l’amélioration de l’exploitation. Dans le PEI le cadastre est impliqué en priorité dans la délimitation des surfaces appartenant aux Aires protégées et de leurs zones périphériques.

L’Institut géographique de Madagascar (I?TM) Le FTM, Institut national de cartographie, est l’agence d’éxecution du volet

“Cartographie, télédétection et information géographique”. A ce titre le FTM doit produire des outils cartographiques à toutes les Agences d’exécution, par exemple : couverture aérienne, traitement photo-aériennes et images satellites, établissement de carte, établissement de carte ortho-photo pour les bassins versants, amélioration du réseau géodésique, banques de données multi-thématiques à partir d’un système d’information géographique,. . . La FTM fonctionne sous forme d’assistance technique et ses produits ou services sont vendus aux autres Agences.

Association nationale pour la gestion des Aires protégées (ANGAP) L’ANGAP est une ONG régie par le droit privé, mais reconnu d’utilité publique. Ses

membres sont issus du secteur privé et du secteur public. L’ANGAP a été créée comme agence d’éxécution de 1’0~~ pour la composante “Biodiversité” (volet Aires protégées) du PAE. Après la création de ~‘ANGAP, un partage des tâches a été fait entre ~‘ANGAP et la DEF. Dans le cadre de la composante biodiversité, 1'!iNGM est chargée plus particulièrement :

* d’établir et d’équiper un réseau d’environ 50 AP ; * d’assurer la coordination au niveau des PCDI opérationnels ; * d’assurer l’appui aux opérateurs pour la formation de leurs agents de terrain ; * d’organiser et d’améliorer la circulation des informations entre les différents

opérateurs des PCDI ; * de promouvoir l’écotourisme et, * de valoriser la biodiversité.

L’ANGAP est l’interlocuteur privilégié du projet de la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord et de tous les autres PCDI.

Association nationale d’action environnementale (ANAE) L’ANAE est une deuxième ONG née du PAE comme agence d’exécution de 1’0~~.

L’AN& est chargée de la composante “Conservation des sols, protection des bassins versants, et amélioration du cadre de vie rurale”. Son objectif à long terme est d’aider la population rurale à atteindre un développement durable en association avec une meilleure gestion des ressources naturelles. A çourt terme, elle doit :

* diminuer la déforestation et l’érosion ; * protéger la biodiversité ; * développer les zones périphériques des Aires protégées et, * étudier et développer les ressources humaines dans le PE.

En Septembre 1994, le Ministère de l’environnement a été créé.

Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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ANNEXE 4 : SYNTHÈSE DE LA PROBLÉMATIQUE (avant 1988)

CAUSES PROBLÈMES EFFETS

1 Culture sur brûlis 1

Spéculation foncière I

Diminution du prix des cultures de rente après 1980

r I Biodiversité menacée

Hausse des surfaces rizicoles au détriment de la forêt

Stratégie de survie immédiate Diminution de la surface due à la pauvreté généralisée forestière

, :.. ::. jjj: ..:. :.. . . .

Diminution de la durée de mise en jachère

I Nécessité de bois de chauffage et de construction / I

Exploitation forestière autre Augmentation des surfaces que le bois dégradées (savok~)

Taux de reboisement très faible 1 1 Impact climatique à long terme 1

1 Trafic de bois précieux

Chasse et collecte illégale de la faune

I Outrepassement des habitants du statut des forêts classées

Diminution des ressources en bois

Perte de protection des sols

Occupations illicites des forêts classées

L I et de la flore 1 Exploitation illégale de la faune

1 Événements politiques

(à suivre.. .)

N. RAONDRY, M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRINA : La R&erve de la biosphére de Mananara-Nord (Madagascar)

- I 1 ~11

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(suite de la figure de l’annexe 4...)

CAUSES

1 Pas de maîtrise de l’eau I I

Prédominance de la riziculture

Chute du prix des cultures de rente

Pas de traitement Forte occupation de l’espace phytosanitaire, pas de fumure pour de faibles rendements

Enclavement de la région Impossibilité d’écouler les productions hors de la région

Poste vétérinaire à moyen réduit

PROBLÈMES

1

Races rustiques, résistantes mais peu productives

Zébu signe de richesse et non objet de spéculation

.,:

:$i ..:. . . . . . . . . . . . .

EFFETS

Pénurie alimentaire en période de soudure

Manque chronique de semence

Manque de protéine animale dans la ration alimentaire

humaine

Productivité très faible

Grande sensibilité aux épidémies de peste aviaire et à

la nrédation

Produits difficiles à trouver sur 51

(à suivre.. .)

Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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(suite de la figure de l’annexe 4.. .)

CAUSES

c

Techniques de pêche parfois destructives

rl locales qui ne controlent pas les

Prélèvement du récif pour les réhabilitations de route

Économie de survie et d’autoconsommation

PROBLÈMES EFFETS

Diminution de la taille et du1 nombre des poissons pêchés

Destruction du récif corallien

Taux d’intérêt usuraires

T

Économique de troc Pénurie alimentaire en période de soudure

Economie régionale en circuit fermé

Y Pas d’investissement sur les unités de production agricoles

travaux agricoles ou ménagers 1 Utilisation des enfants pour les] 1

Manque d’école, de matériel et de moyens financiers

r

1

1

Taux d’illetrisme encore élevé

1 qualification]

1 Faible accès des jeunes ruraux

au secondaire Manque de formation continue pour les enseignants

Pas de planning familial, fort accroissement démographique

(à suivre.. .)

N. RAONDRY, M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRMA : La R&erve de la biosphtke de Mananara-Nord (Madagascar)

- 1

~~. 1 .-

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(suite et fin de la figure de l’annexe 4...)

CAUSES PROBLÈMES EFFETS

Dégradation et non entretien1 1 Région enclavée (isolement] 1 des voies d’accès géographique et socio-culturel)

Services gouvernementaux Pas de production énergétique 1 ayant des moyens réduits

Centres et Services médicaux réduits

; I’accès au soin

Prix élevés des médicaments

[/

Fort taux de maladies parasitaires, pleuropulmonaires

et vénériennes

1 Fortes pluies, cyclones Diminution des surfaces

cultivables Déforestation

Augmentation de la charge en1

Pentes fortes I I - sédiment des cours d’eau 1

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ANNEXE 5 : COORDINATION ET ORGANISATION INTERNE DU PROJET

Au niveau national : le Conseil d’administration du proiet

Le projet est placé sous la tutelle de la DEF. Mandatée par la DEF, ~‘ANGAP est chargée, au nom du gouvernement, de la coordination et du suivi-évaluation externe des projets de type PCDI à travers notamment le Conseil d’administration (CA) qu’elle préside. C’est au niveau du CA que se fait l’approbation des Rapports annuels et des Programmes annuels de Travail du PCDI qui doivent être conformes à la ligne de la politique environnementale malgache.

Au niveau local : le Comité de programmation

Le Comité de programmation, présidé par le président du Fivondronana de Mananara-Nord, est composé de 30 membres environ (élus, services publics, opérateurs économiques, ONG locaux et cadres du projet). Il s’agit d’une plateforme de discussion et de critique dans le but d’intégrer et de responsabiliser les décideurs locaux dans l’élaboration des programmes d’éxécution du projet. Le Comité de programmation se réunit une fois par trimestre. Les réunions constituent une assise pour présenter les rapports d’activités du projet, discuter des actions à entreprendre pour le trimestre suivant en tenant compte du PAT et pour résoudre à un niveau plus élevé des problèmes locaux dont la solution échappe au projet.

Structure opérationnelle du proiet et orcaaninramme

Coordination nationale à Antananarivo L’isolement géographique des sites d’intervention explique la nécessité d’une

coordination nationale des projets Environnement de ~‘U~SCO (Réserve de la biosphère de Mananara-Nord, site du Patrimoine mondial des Tsingy de Bemaraha) à Antananarivo, centre politique, économique et intellectuel de Madagascar. Son rôle est de :

* représenter ~‘UNESCO, agence d’exécution, et d’être le point focal des instances de coordination et de supervision et,

* mettre à disposition et gérer d’une manière simple mais efficace les apports des bailleurs de fonds et appuyer la Direction exécutive du site dans la réalisation des activités prévues dans le cadre du projet et en particulier coordonner et superviser le volet recherche.

Sructure opérationnelle du site de Mananara-Nord Au niveau du site, la direction et la coordination du projet, toutes composantes

confondues, sont assurées par la Direction exécutive composée du Directeur national et du Conseiller technique expatrié. A ce titre, la Direction exécutive a pour rôle de :

* coordonner l’ensemble des activités conduites dans chacune des composantes ; * assurer la gestion de l’ensemble des ressources allouées au projet et, * assurer une bonne communication aussi bien interne qu’externe afin de garder

l’esprit d’équipe et d’assurer une bonne cohérence dans les actions et une homogénéité d’approche.

La gamme des activités et le manque dune infrastructure routière et communicative (tout se fait à pied et oralement) justifie l’installation dune grande équipe bien structurée sur place. Cette équipe, dont la majorité est recrutée sur place, doit effectuer le transfert de nouvelles connaissances auprès des paysans afin d’aboutir dans la zone cible à une évolution vers une exploitation durable des ressources naturelles.

N. RAONDRY, M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRINA : La R&erve de la biosphére de Mananara-Nord (Madagascar)

-----T---

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Afin d’assurer une bonne communication continue, une session mensuelle est consacrée aux échanges d’informations entre agents du terrain, les cadres et la direction exécutive (briefzng, formations internes, programmation).

Organigramme La structure interne du projet est schématisée ci-dessous :

CELLULECENTRALE] Antananarivo --------------------------------------- -------------------------------------

Mananara Direction du site

1 I Conservation Développement rural

Agriculture Infrastructure rurale Élevage Pêche Femmes

I Éducation

I Recherche

Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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ANNEXE 6a : LES PRESSIONS ET LEURS CAUSES PRIORISÉES

Pressions (l --->14) + -

1- Défrichement 2- Occupation humaine 3- Coupe illicite Q- Pêche 5- Récolte de trépand

6- Feux non contrôlés 7- Braconnage 8- Récolte de Hafopotsy 9- Récolte de Ravintsira 1 O- Récolte de quartz 1 l- Récolte de miel 12- Divagation du zébu 13 - Récolte de Vontro 14- Récolte d’igname

Causes (l--+19) + -

l- Besoin en riz 2- Appropriation de terrain 3- Régression économique 4- Besoin d’argent 5- Croissance démographique : équilibre de production /population 6- Manque d’encadrement technique 7- Manque de moyen 8- Besoin de bois 9- Inconscience lO- Problème de contrôle et répression 1 1 - Tradition 12- Enclavament 13- Manque de structure sociale 14- Alimentation complémentaire 15- Mécontentement 16- Besoin de ménage 17- Prédateurs 18- Pâturage 19- Médicaments traditionnels

ANNEXE 6b : CARTE DES PRIORISATIONS DES SOUS-ZONES

Priorités (1--->14) + -

1 - Antanananivo 2- Seranambe 3 - Antevialabe 4- Sahasoa 5- Sandrakatsy 6- Antanetilava 7- Marotoko 8- Beketra 9- Antanambe 1 O- Mananara 1 l- Ambatoharanana 12- Sahasoa-Tsaravato 13- Anove 14- Enclave

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.o’ Ambodimampy 4t *LA “P

. f~ombahi~ra w

8 l&II d*iniormaIion < COnbC &changcCohd o Formation gestion 46RICU L TURE

# BibliothPquo villag@oiso #Formotion ortisonot A Ecok ~Educaticrculinai~

t SRI

0 Villoge 01 R4 pluvial 8 Culhras morolch&rts

PECHE : 6.~ Grouwm~nt des pêcheur> ; E. c Erakra&on des captures A.3 Appui au* groupmtnh

INFRASTRUCTURE RURALE

BB; OuvragC Microhpdroliguc

J ELEVAGE v Vaccincdion zébu, ” .‘- D DupowsiJoge cibu a Apiculturt W Pisciculture 6 euh-e foareg;trc @dcmab

Document de travail N” 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

-1

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ANNEXE 7 : RÉSUMÉ DES OPÉRATIONS ET RÉALISATIONS DU PROJET (1988- 1994) -

Volets :ONSERVATION 13 agents, 1 cadre

AGRICULTURE 9agents, 1 cadre

Buts

I Concrétiser les mesures le protection des Parcs iationaux

! Assurer l’intégrité des %rcs nationaux

i Restaurer le couvert brestier et produire une source de bois I Trouver une alternative à .‘utilisation du bois

3 Mobiliser la population

5 Promouvoir I’écotourisme

1 Augmenter la production rizicole et stabiliser les paysans sur leurs terrains de culture

2 Récupérer des zones dégradées

3 Diversifier les ressources monétaires el

alimentaires

4 Mettre en place une structure de p&ennisation

Actions

1 *Classement de la Réserve *Matérialisation des

limites des Parcs nationaux

2 *Contrôle des délits *Surveillance akienne des

Parcs nationaux *Mise en place d’un

système de protection :ommunautaire participative 3 Création de pépinières villageoises

4 Trouver d’autres matériaux

5 Sensibilisation de la population 6 Aménagemenl écotouristique

1 *Production annuelle de 2 récoltes de riz irrigué

*Accès au matérie: agricole performant

2 Amélioration de? techniques de riz pluvial su1 tanety

1991-1992 1992-1993 1993-1994

3 Promotion des culture maraîchères

4 *Formation des paysan initiateurs

*Association des usager de l’eau

Réalisations pratiques LFormation des techniciens 1 *Mat&ialisation des limites

*Ouverture et entretien de 250 km. de layon

*Mise en place de 56 panneaux 2 *Mise en place de 7 postes de garde

* 18 recomraissances aériennes

*Contrat de participation des pêcheur5 i la protection du Parc marin

3 Mise en place d’lpépinière centrale d Mananara et encadrement de 6 pépinieres villageoises 4 Études sur la faisabilité et 1s vulgarisation de briques dans la ville de Mananara (Cj: volet Recherche) 5 Séances de sensibilisation continue dc la population 6 Plans d’itinéraires écotouristiques

*Formation des techniciens 1 Formation des agriculteurs :

-22 sites d’intervention - 116 familles encadrées -rendement passé d’lt./ha. à 35t./ha. -vente à crédit de materiels (4(

sarcleuses) dotation d’angaa” (~2000)

2 Introduction de techniques sans brûli! et de systèmes anti-errosifs :

-28 sites d’intervention >2 paysans encadrés > 114 paysans encadrés >72 pasans encadrés (retard de

pluies) 3 Introduction de nouvelles espéces

4 *22 réseaux *52 paysans initiateurs *5 associations

(à suivre...)

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(. ..suite du tableau de l’annexe 7)

Volets Buts Actions Réalisations pratiques INFRA- *Formation des techniciens

STRUCTURE RURALE

8 agents, 2 cadres 1 Appuyer techniquement 1 *Reconnaissance et étude 1 *15 sites d’étude les volets : des sites

-agricoles : riziculture *Construction d’ouvrages *63 ouvrages micro-hydrauliques irriguée (amélioration de hydrauliques 274 ha. d’extension de surfaces la maîtise de l’eau) irriguées

-sanitaires et éducatifs : *Réhabilitation de *2 postes médicaux réhabilités améliorer les bâtiments 8 écoles réhabilitées infrastructures 2 Appuyer la population 2 Dotation de matériel pour la réouverture des pistes secondaires

2 *4 pistes ouvertes *angady

3 Réaliser des bâtiments 3 Construction de divers 3 *Marché couvert d'Antananani~~

prévus dans la bâtiments *Bâtiment de l’Association féminine programmation du projet *Complexe Biosphère

*Hall d’information Mananara-Nord

ÉLEVAGE *Formation des techniciens 3 agents, 1 cadre 1 Améliorer les conditions 1 Vaccination et 1 *Campagne régulière sur tout h

sanitaires déparasitage cheptel : -2000 bovins (vaccin./déparasitage) -6000 volailles (vaccination) -800 porcins (vaccination)

2 Améliorer les conditions 2 Amélioration des 2 Formation technique pour 1~ d’élevage bâtiments d’exploitation construction de :

-3porcheries-type -15 poulaillers

3 Améliorer le cheptel 3 Introduction de races 3 *Introduction de races avicole! améliorées améliorées

*Formation zootechnique 4 *Diversifier les 4 Promotion de nouveaux 4 *Introduction de la pisciculture : 11 ressources monétaires et élevages étangs piscicoles, distribution de carpes protéiniques *Introduction de l’apiculture : 21

*Diminuer la récolte de paysans formés et vulgarisation dl produits forestiers ruches améliorées (60 ruches de typ

“Langstrophe” et 40 de type traditionne amélioré)

5 Encourager l’utilisation du zébu comme animal de traction pour la riziculture

(à suivre.. .)

Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Surf-Sud), Paris (France)

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(. . . suite du tableau de l’annexe 7)

Volets Buts Actions Réalisations pratiques PÊCHE 1 Éviter la pêche sur les 1 Promotion de la pêche au 1 *Formation technique des pêcheurs

1 agent, 1 cadre récifs du Parc marin large du Parc marin *Introduction de 4 pirogues à balancier

*Gestion de matériels

2 Mettre en place un 2 Encouragement de 2 Mise en place de 12 groupements système de gestion l’établissement de communautaire des groupements de pêcheurs ressources marines artisanaux 3 Augmenter le nombre de 3 Amélioration de 3 Appui materie sous forme de crédit captures l’équipement (20 filets) 4 Diversifier les 4 Promotion des produits de ressources monétaires et la pêche protéiniques 5 Inventorier les 5 Évaluation des captures 5 *Identification des espèces (*70) ressources naturelles *Évaluation de la production

FEMMES 1 Intégrer les femmes en 1 *Accès à l’information et à 1 *Formation pour l’amélioration de: 1 agent, 1 cadre milieu rural dans le une formation appropriée conditions de vie familiale (hygiene

développement santé, nutrition) *Appui à la VLk4 (association

féminine de Mananara-Nord) équipement du bâtiment de la VLM dotation de matériels (3 machines i

coudre) *Diversitkation et *Formation à la comptabilité et à h

augmentation des ressources gestion fmancières *Formation technique pour :

-le petit élevage, le maraîchage,. -la couture, le tressage, le tissage,.

*Encouragement des *Mise en place et suivi de 1~ associations f ’ eminines et groupements (127 femmes) notamment aux petites *Appui sous forme de crédit er entreprises matériels aux associations (!

*Accès à des ressources groupements) financieres

2 Valoriser des ressources 2 Promotion de l’artisanat naturelles traditionnel

SANTÉ 1 Améliorer les conditions 1 *Prévention et hygiène de 1 *Équipe mobile de santé opérant dan Volet repris par sanitaires et d’hygiène en base les sites loin des postes sanitaires

Médecins du milieu rural *Unité de dentisterie à Antanamboab~ Monde en avril *Mobilisation de la population pou

1993 construire des laterines (avant : 12 *Faciliter l’accès aux *Redynamisation d’un réseau d#

monitrices, 1 cadre) médicaments essentiels dispensateurs de chloroquine *Education sanitaire en *Formation de 12 monitrices de santé

milieu ruram

(à suivre.. .)

N. RAONDRY, M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRINA : La Réserve de /a biosphère de Mananara-Nord (Madagascar)

1 1

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(. suite et fin du tableau de l’annexe 7)

Volets Buts Actions Réalisations pratiques ÉDUCATION i Améliorer 1 Réhabilitation des 1 *8 écoles réhabilités avec volets IR et 1 agent, 1 cadre lknVirommment scolaire bâtiments par des travaux 3 écoles sans m

participatifs *Confection de mobilier scolaire (7 écoles)

2 Impliquer la population 2 Promotion d’une 2 *Séances de sensibilisation de masse dans la conservation information et d’tme *Formation des instituteurs

éducation SUT *Éducation sur l’environnement en I’environnement classe

*Activités para-scolaires (classes vertes, concours,...)

*Construction et/ou équipement de : -4 bibliothèques villageoises - 1 centre d’échange villageois -1 centre culturel et d’information

de Mananara-Nord -production et dotation de matériels

didactiques 3 Appuyer de manière 3 Formation des agents du 3 Formation des agents du projet sur didactique les autres volets projet divers thèmes sur l’environnement et sur

les techniques pédagogiques RECHERCHE 1 Connaître le potentiel 1 Inventaire biologique des Voir annexe 9

des ressources naturelles écosystèmes protégés et dégradés

2 Comprendre les 2LV4 Études de sciences structures sociales et la sociales et des techniques logique paysanne dans les prises de décisions 3 Étudier l’interface homme-nature 4 Étudier les systèmes de 4 Aménagement des tanety production (riz pluvial)

ANNEXE 8 : DÉCLARATION DE MAJUNGA

Le colloque, consacré à l’occupation humaine dans les Aires protégées, organisé conjointement par ICONE, la Direction des eaux et forêts et TANGAP, s’est tenu à Mahajanga du 22 au 26 novembre 1994, 120 personnes y ont participé représentant diverses agences et départements ministériels dont : la Banque mondiale, ~‘UNESCO, ~‘USAID, la Mission française de coopération, les élus, les représentants des communautés paysannes des Aires protégées, les autorités civiles et militaires régionales, les représentants des ONG internationales, les représentants des Agences d’exécution du PAE et des PCDI et les invités étrangers.

Les participants réunis au colloque sur les occupations humaines des Aires protégées (Mahajanga, 22-26 novembre 1994) se sont accordés sur la nécessité :

i) D’aborder les problèmes des AP et des habitants riverains de façon globale et sur le long terme.

ii) De conserver voire d’étendre le réseau d’AP correspondant aux unités bio- géographiques de Madagascar répondant aux lois du pays et aux conventions internationales sur la Conservation de la biodiversité.

iii) De fonder la réalisation complète du PAE notamment dans le domaine de la biodiversité sur une démarche contractuelle entre communautés locales, Administrations et opérateurs.

Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

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iv) De continuer et de confirmer la démarche suggérée dans la présente déclaration dans le PE2.

v) De s’engager dès le début de 1995 dans l’étude de la recherche d’accords contractuels entre communautés rurales et les PCDI avec le soutien de ~‘ANGAP, de la DEF, de 1’0~~ et des autres Agences d’exécution. Ces accords contractuels concerneront les usages viables à long terme de terroirs spécifiques dans les zones tampons et les participants soulignent que cette démarche est extensible aux Forêts classées, aux forêts domaniales, aux forêts communautaires et autres écosystèmes terrestres, aquatiques et marins, et ceci dans les zones périphériques bien définies.

vi) De s’engager résolument dans une démarche contractuelle entre la population locale et l’Adm.inistration, démarche que les participants au colloque considèrent comme la voie la plus appropriée pour résoudre les problèmes d’occupation humaines des AP au mieux des intérêts de la Conservation et du développement.

vii) De mettre fin à une situation d’accès libre de fait et non de droit qui prévaut dans les AP : l’attribution de droit d’usage exclusif sur la base d’un plan de gestion négocié à une communauté strictement définie sur un espace strictement défini pour une période donnée renouvelable leur paraît la solution adéquate pour y mettre fin.

viii) De prendre les mesures adéquates avec toute la force des lois en vigueur pour empêcher toute nouvelle intrusion, toute extension des surfaces actuellement cultivées, tout nouveau défrichement et toute autre forme de nouvelle pression pendant la période de transition entre le mode actuel et le mode à venir de gestion des AP. Les représentants des communautés rurales présents au colloque ont déclaré que ces communautés rurales sont prêtes à coopérer dans ce sens.

ix) D’attirer l’attention du gouvernement, des bailleurs de fonds, des opérateurs PCDI, de donner la priorité aux actions susceptibles de faciliter la phase de transition.

x) D’approfondir et de mettre en œ uvre dans la mesure du possible les recommandations formulées au cours du colloque contenu dans le rapport et annexes à la présente déclaration, notamment celles émises par les députés élus dans la région de Mahajanga.

ANNEXE 9 : LISTE DES ÉTUDES EFFECTUÉES ET DES RAPPORTS PUBLIÉS DANS LE CADRE DU VOLET RECHERCHE

ANCRENAZ Marc Ecole Nationale Véterinaire d’ Alford

Rapports de Doctorat Contribution à l’étude éco-éthologique du aye-aye (Daubentonia 1991 madagascariensis)

Rapports de stage RARETALJANA Hanta Riz et forêts ou riz ou forêts -Étude des systèmes de production et 1989 ESATXNEARC de Montpellier des premières actions de la Réserve de la biosphère à Mananara-

Nord VALADE Isabelle Etude de la structure et de l’architecture des forêts tropicales 1992 Muséum de Paris humides de Mananara-Nord

Divers POITOU Claude IdentiJcation des systèmes de pêche en milieu récifal à Mananara- 199 1 Université des Antilles-Guyaune Nord INSTITUT PASTEUR DE Rapports des études épidémiologiques et des enquêtes sur la 1991 MADAGASCAR nutrition sur le site de Mananara-Nord

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ontribution à l’étude des r

Jean-Noël ion de Mananara-Nord

Rabe ogtquement act

Michel Ravenala madagascariensis (Strilitziaceae) dans la région de ZmHUniversité de Tananarive Mananara-Nord QNDRIANARIVO Chantal Contribution à l’étude de la régénération naturelle de trois espèces 1992 %WUniversité de Tananarive de Sapotaceae utilisée en foresterie dans une zone exploitée de la

Réserve de la biosphère de Mananara-Nord EWZANAJOELINA Louis ÉtudesJloristiques et écologiques des formations marécageuses de 1992 biversité de Tananarive la région de Mananara-Nord RAZAFITSIALONINA Contribution à l’étude spatiale et temporelle de la structure du 1992 Bienvenu peuplement entomologique circulant en forêt tropicale humide de Lhiversité de Tananarive Mananara-Nord MDRIANARIMANANA Etude de faisabilité des briques de terre cuite à Mananara-Nord 1994 Jean-Claude Ecole Polytechnique Tananarive EUNDRIANA Richard Etude de faisabilité des briques pressées et stabilisées dans la 1994 Fortuné région de Mananara-Nord Ecole Polytechnique Tananarive ANDRIAMIHARIVELO Étude d’extraction des huiles essentielles dans la Réserve de la 1994 Rabemanatsoa, biosphère de Mananara-Nord ANDRIAMANJATO Mamitiaua Université de Tananarive RAMIAKAJATO Vololoniaina Étude écologique des mangroves et l’impact de leur utilisation dans 1995 Université de Tananarive la Réserve de la biosphère de Mananara-Nord

Document de travail No 6,1995, UNESCO (Programme de Coopération Sud-Sud), Paris (France)

- I

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LEXIQUE

Anaran (a)

fwP@Y Betsabetsa

Betsimisaraka

Fady

Fanjakana

Faritany

Fehitra

Firaisana

Fivondronana

Ha fiary

IaZa

Kabary

Omby bory

Savoka

Tanety

Tangalamena

Tavy

-Nom

-Bêche

-Boisson traditionnelle alcoolisée à base de jus de canne

-Un des groupes ethniques de Madagascar, habitant la côte est

-Tabou ou interdit traditionnel

-État

-Division administrative correspondant à l’ancienne province

-Unité de descendant portant un nom, un titre, une histoire et un rang

-Division administrative correspondant à l’ancienne Mairie (commune)

-Division administrative correspondant à l’ancienne Sous-préfecture

-Jeter ce qui est inutile

-Survie de l’âme ou esprit

-Discours

-Boeuf sans corne

-Végétation secondaire naturelle sur les parcelles en jachère

-Colline déboisée aux sols dégradés

-Héritiers d’une charge traditionnelle, conservateurs des coutumes et rites religieux

-Défrichement de la forêt suivi d’une culture sur btûlis

Tsiny ou Kalanoro -Êtres-forces invisibles

Vahiny -Personne non originaire de la région (malgache ou étranger)

Vafy malemy -Riz irrigué de lère- saison

Vary tavy -Riz pluvial sur btûlis (1 seule récolte)

Vary vato -Riz irrigué de 2eme. saison

N. RAONDRY, M. KLEIN, V. S. RAKOTONIRINA : La Rkserve de la biosphère de Mananara-Nord (Madagascar)

- I

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Documents de travail

N” 1 (1995) : The Mata At/ântica Biosphere Reserve (Brazil) : An Overview Antonio Carlos DIEGUES

N” 2 (1995) : The Xishuangbanna Biosphere Reserve (China) : A Tropical Land of Natural and Cultural Diversity WU Zhaolu, OU Xiaokun

N” 3 (1995) : The Mae Sa-Kog Ma Biosphere Reserve (Thailand) Benjavan RERKASEM, Kanok RERKASEM

N” 4 (1995) : La Réserve de la biosphère de Dimonika (Congo) Jean DIAMOUANGANA

N” 5 (1995) : Le Parc national de Tai’ (Côte d’ivoire) : un maillon essentiel du programme de conservation de la nature Yaya SANGARE

N” 6 (1995) : La Réserve de la biosphère de Mananara-Nord (Madagascar) 1988- 1994 : bilan et perspectives Noëline RAONDRY, Martha KLEIN, Victor Solo RAKOTONIRINA

N” 7 (1995) : A Study on the Homegarden Ecosystem in the Mekong River Delta and the Hochiminh City (Viet Nam) Nguyen Thi Ngoc AN

N” 8 (1995) : The Manu Biosphere Reserve (Peru) Gustavo SUAREZ DE FREITAS

N” 9 (1995) : The Beni Biosphere Reserve (Bo/ivia) Carmen MIRANDA L.

N” 10 (1995) : La Reserva de /a biosfera Sierra de/ Rosario (Cuba) Maria HERRERA Alvarez

N” 11 (1995) : The Omo Biosphere Reserve (Nigeria) Augustine 0. ISICHEI

N” 12 (1995) : Environnement nature/ et socio-économique de /a forêt classée de /a Lama (Bénin) Marcel A. BAGLO, P. COUBEOU, B. GUEDEGBE, B. SINSIN

N” 13 (1995) : The Calakmul Biosphere Reserve (Mexico) Eckart BOEGE Schimdt