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Juin 2010 PROGRAMME DE RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ PAR LE TOURISME MODULE DE FORMATION ARTISANAT

PROGRAMME DE RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ PAR LE TOURISME€¦ · situation économique et leurs moyens de subsistance, notamment en leur permettant de trouver leur place dans les chaînes

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Juin 2010

PROGRAMME DE RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ PAR LE TOURISME

MODULE DE FORMATION ARTISANAT

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Module de Formation à l’Artisanat

CCI –Programme de Réduction de la Pauvreté par le Tourisme Page 2

Les appellations employées dans la présente publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part du Centre du commerce international CNUCED/OMC (ITC) aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Si tout a été fait pour vérifier les informations contenues dans le présent document, l’ITC ne saurait être tenu responsable des éventuelles erreurs qu’il pourrait contenir.

Le présent rapport n’a pas été officiellement publié sous la direction du Centre du commerce international (ITC).

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MODULE DE FORMATION À L’ARTISANAT

Alfons Eiligmann

Droit d’auteur © Centre du commerce international 2009

Tous droits réservés : aucune partie de la présente publication ne

peut être reproduite, enregistrée dans une base de données ou

transmise sous quelque forme que ce soit ou par tout moyen

électronique, électrostatique, magnétique, mécanique, ou autre, ou

sous forme de photocopie, sans autorisation écrite préalable du

Centre du commerce international.

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SYMBOLES

Brève description des buts et de l’objectif du segment suivant. Met en avant

les connaissances qui devraient être acquises au terme de la séance.

Indique la rubrique : comment le sujet sera-t-il couvert et quels sont les liens

entre le sujet en question et les autres sujets.

Définitions clés et références.

Donne la « recette » des concepts et instruments évoqués. Liste des

différentes mesures à prendre pour mettre en œuvre le concept.

Exemples donnés afin d’illustrer les affirmations avancées et de partager des

expériences, ou pour présenter des exercices d’application pratique du sujet.

Résumé des principales affirmations abordées dans une séance afin d’insister

sur les faits les plus importants sous la forme d’une liste de contrôle.

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ACRONYMES

AFOM Atouts, faiblesses, occasions, menaces (SWOT)

CCC Cambodian Craft Cooperation

GTZ Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit

IDC International Development Consultants

ITC Centre du commerce international

KSV Khmer Silk Villages

MPME Micro, petites et moyennes entreprises

ODI Overseas Development Institute

OMD Objectifs du millénaire pour le développement

ONG Organisation non gouvernementale

PNUD Programme des Nations Unies pour le développement

PRPE Programme de réduction de la pauvreté par l’exportation

PRPT Programme de réduction de la pauvreté par le tourisme

RBP Revenu bénéficiant en priorité aux pauvres

SFI Société financière internationale

TFP Tourisme favorable aux pauvres

TVA Taxe sur la valeur ajoutée

WTTC Conseil mondial du voyage et du tourisme

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Module de base :

renforcement de la

participation des

communautés locales au

secteur du tourisme

Module

Artistico-

Culturel

Module Gestion

de l’Accueil

Module

Artisanat

Module

Agriculture

Module

Fourniture de

Services

Spécifique

Module Gestion

Environnementale

MODULES DU PROGRAMME DE RÉDUCTION DE LA PAUVRETÉ

PAR LE TOURISME

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TABLE DES MATIÈRES

1. VUE D’ENSEMBLE DU MODULE .................................................................................................. 08

2 SECTION 1: INTRODUCTION .............................................................................................. 13

3 SECTION 2: VUE D’ENSEMBLE DU SECTEUR DU TOURISME ................................... 19

4 SECTION 3: ÉTABLIR UN LIEN ENTRE LE TOURISME, LA REDUCTION DE LA

PAUVRETE ET LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ......................................................... 29

5 SECTION 4:CONSEQUENCES DU TOURISME SUR L’ENVIRONNEMENT ................ 43

6 SECTION 5: CONSEQUENCES DU TOURISME SUR LA CULTURE ET LA SOCIETE 56

7 SECTION 6: INTERVENTIONS DE NATURE A ACCROITRE LES RETOMBEES

POSITIVES DU TOURISME SUR LA PAUVRETE, TOUT EN PRESERVANT

L’ENVIRONNEMENT, LA CULTURE ET LA SOCIETE. ........................................................... 68

8 ANNEX 1: DE REDUCTION DE LA PAUVRETE PAR L’EXPORTATION DU CENTRE

DU COMMERCE INTERNATIONAL ............................................................................................ 82

9 ANNEX 2: APPROCHES PARTICIPATIVES ET COLLABORATIVES DU

DEVELOPPEMENT DU TOURISME ........................................................................................... 84

10 ANNEX 3: SITES DU PATRIMOINE MONDIAL ............................................................... 86

11 ANNEX 4: CODE MONDIAL D’ETHIQUE DU TOURISME DE L’OMT ........................ 88

12 RÉFÉRENCES ........................................................................................................................... 93

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Liste des Figures Figure 1: Les modules de formation de l’itc ...................................................................................... 09 Figure 2: Système touristique de base ................................................................................................ 21 Figure 3: Participation des différentes parties prenantes à la planification touristique 22 Figure 4: Cycle de vie d’une station touristique ............................................................................. 23 Figure 5: Comment les touristes parviennent-ils jusqu’au produit touristique? ............... 24 Figure 6: Canaux de distribution du tourisme ................................................................................ 25 Figure 7: La chaîne logistique du tourisme ....................................................................................... 26 Figure 8: Chaine logistique de la production d’artisanat ............................................................ 27 Figure 9: Distribution de l’argent depense par les touristes pour les voyages a forfait: chaine de valeur ........................................................................................................................................... 28 Figure 10: Participation economique directe des pauvres au tourisme ............................... 32 Figure 11: Participation indirecte dans les chaines logistiques et participation directe au tourisme .......................................................................................................................................................... 33 Figure 12: Participation des pauvres a l’economie touristique a luang prabang, laos .... 34 Figure 13: Retombees dynamiques du tourisme sur le developpement local et la reduction de la pauvrete ........................................................................................................................... 40 Figure 14: Cycle de vie de l’impact environnemental des entreprises touristiques ......... 44 Figure 15: Figure 1: indice d’irritation de doxey ........................................................................... 59 Figure 16: Dépenses des touristes qui bénéficient en priorité aux pauvres, par destination ..................................................................................................................................................... 74

Liste des Tableaux Tableau 1: Exemple d’emploi du temps pour le module de base tourisme .......................... 11 Tableau 2: Possibilités pour les populations locales pauvres d’être associées au tourisme ............................................................................................................................................................................ 16 Tableau 3: Types de touristses ............................................................................................................... 19 Tableau 4: Pour les hotels, les depenses en denrees alimentaires sont presque aussi elevees que la masse salariale ................................................................................................................ 37 Tableau 5: Exemples averes d’impacts environnementaux du tourisme .............................. 45 Tableau 6: Retombees du tourisme sur la societe et la cultureError! Bookmark not defined.58 Tableau 7: Différents types d’interventions susceptibles de mettre en valeur la filière alimentaire ..................................................................................................................................................... 73 Tableau 8: Pour que l’alimentation, l’hebergement, les achats et les excursions degagent davantage de revenus pour les pauvres ............................................................................................. 75

Liste des Encadrés

Encadré 1: Définitions du tourisme et des touristes ..................................................................... 14 Encadré 2: Qu’entend-on par « pauvres » ? ....................................................................................... 15 Encadré 3: Vue d’ensemble des strategies de reduction de la pauvrete par le biais du tourisme .......................................................................................................................................................... 29 Encadré 4 : Passer du tourisme communautaire a la reduction de la pauvrete par l’exportation .................................................................................................................................................. 31

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Encadré 5: Large gamme de petits operateurs sont presents dans le secteur du tourisme balneaire au kenya ...................................................................................................................................... 35 Encadré 6: Les produits de l’artisanat degagent des flux de revenus significatifs a luang prabang............................................................................................................................................................ 36 Encadré 7: Importations versus production locale de produits de l’artisanat en éthiopie ............................................................................................................................................................................ 36 Encadré 8: Les ventes de melons dopent le revenu des agriculteurs ..................................... 38 Encadré 9: Changement climatique et tourisme ............................................................................. 47 Encadré 10 : Consommation d’eau par les touristes ..................................................................... 48 Encadré 11 : Utilisation des zones humides pour l’epuration des eaux usees .................... 49 Encadré 12 : Le probleme de l’incineration des dechets ............................................................. 50 Encadré 13 : Conception responsable des batiments .................................................................... 51 Encadré 14 : Exemples de codes de conduite { l’intention des visiteurs ............................... 55 Encadré 15 : Retombees du tourisme sur la societe et la culture ............................................. 57 Encadré 16 : L’eglise de sarica, cappadoce, turquie ....................................................................... 61 Encadré 17: Fort-palais de shigar au pakistan ................................................................................. 61 Encadré 18 : Combattre l’exploitation sexuelle des enfants ....................................................... 62 Encadré 19 : Commercialisation et marchandisation ................................................................... 63 Encadré 20 : Tourisme sur la costa brava, espagne ....................................................................... 64 Encadré 21 : Droits des communautes sur les ressources et tourisme en namibie .......... 65 Encadré 22 : Points faibles des interventions passées et potentiel des nouvelles initiatives ........................................................................................................................................................ 69 Encadré 23 : Torra conservancy, namibie ......................................................................................... 72 Encadré 24 : Conseils pour concevoir vos interventions ............................................................. 74 Encadré 25 : Conjuguer ecotourisme, conservation, culture et developpement economique ................................................................................................................................................... 79 Encadré 26 : Tui nordic : consolider le developpement economique local, reduire l’impact social et environnemental ...................................................................................................... 80 Encadré 27 : Lodge nkwichi / projet manda wilderness, mozambique ................................. 81 Encadré 28 : Jungle bay resort and spa, dominique ....................................................................... 81 Encadré 29 : Community action treks et community action nepal, nepal ............................. 81

Liste des Exercices

Exercice 1: Qu’est-ce qu’un touriste ? .................................................................................................. 13 Exercice 2: Le systeme touristique ....................................................................................................... 26 Exercice 3: Reflexion sur la maniere dont les pauvres peuvent accroitre leur revenu grace au tourisme ........................................................................................................................................ 29 Exercice 4: Etablissement de la cartographie des principaux maillons economiques de la chaine de valeur du tourisme ................................................................................................................. 41 Exercice 5: Reduire l’impact environnemental du tourisme ..................................................... 55 Exercice 6: Avantages sociaux et culturels du tourisme a destination .................................. 61 Exercice 7: Menaces sociales et culturelles pesant sur la destination du fait du tourisme ............................................................................................................................................................................ 64

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1. Préface

Le Programme de réduction de la pauvreté par l’exportation (PRPE) a été lancé par le Centre du commerce international (ITC) en 2002 pour contribuer à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), et plus précisément pour contribuer à réduire la pauvreté et la faim d’ici 2015. Le PRPE vise à aider les producteurs pauvres de pays en développement à accéder aux marchés internationaux et à prendre part au commerce mondial de manière à améliorer leur situation économique et leurs moyens de subsistance, notamment en leur permettant de trouver leur place dans les chaînes d’approvisionnement à l’exportation (ITC, 2006). 22 projets ont été mis en œuvre dans 20 pays et dans trois secteurs principaux (agriculture, artisanat & textiles et tourisme). Le Programme de réduction de la pauvreté par le tourisme (PRPT) est une émanation du PRPE. Le PRPT a été mis sur pied afin de valoriser plus encore le potentiel du secteur du tourisme en tant qu’instrument de développement et de réduction de la pauvreté. Il vise à mettre à profit les retombées positives du tourisme, en particulier en consolidant les liens entre les populations locales vivant dans les destinations touristiques et à proximité. Le programme encourage les interventions de nature à favoriser le tourisme inclusif, les partenariats entre les parties prenantes et la participation des populations locales, de même que l’inclusion d’un plus grand nombre de représentants des populations locales dans les chaînes d’approvisionnement de biens et de services dans le secteur du tourisme et les secteurs connexes. L’objectif est d’offrir davantage de débouchés aux populations locales pour leur permettre d’intervenir dans le secteur du tourisme, d’aider les producteurs et fournisseurs locaux à offrir les biens et services demandés et de réduire les importations. Le programme facilite aussi le renforcement des capacités pour permettre aux populations locales pauvres de trouver leur place dans les chaînes d’approvisionnement et d’accéder au marché. Il a déjà été lancé au Bénin, au Brésil, en Colombie, au Mozambique, aux Philippines et au Sénégal. Lorsque l’on se demande dans quel domaine et de quelle manière les pauvres peuvent tirer parti du tourisme, il convient de savoir que la production et la vente de produits de l’artisanat sont un sous-secteur clé du tourisme. La production et la vente de produits de l’artisanat aux touristes constituent en fait une des principales sources de revenu pour les pauvres dans le secteur du tourisme des pays en développement. Le présent module de formation destiné aux artisans contient des recommandations sur la manière dont les pauvres peuvent accroître le revenu tiré de la production artisanale grâce à la création de liens économiques entre les producteurs d’artisanat et le secteur du tourisme. Dans la plupart des programmes, le terme « pauvre » est

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défini en fonction du seuil de pauvreté national ou international de $E.-U.1 ou $E.-U.2 par personne et par jour, et s’entend des personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté ou juste à la limite. En Asie, les seuils de pauvreté nationaux sont encore parfois bien plus bas (au Vietnam, par exemple, le seuil de pauvreté national se situe autour de $E.-U.0,4 par personne et par jour). L’objectif de réduction de la pauvreté étant de contribuer à atteindre un niveau de revenu décent, et parce qu’il est probable que les plus pauvres parmi les communautés pauvres sont moins impliqués dans le tourisme, le tourisme favorable aux pauvres, comme nous l’appellerons ici, s’entend aussi des retombées sur les groupes cibles « relativement pauvres », comme par exemple les personnes ayant récemment échappé à la pauvreté mais qui appartiennent toujours aux couches les plus pauvres de la population (Ashley, 2006). Le module de formation vise tout particulièrement à aider les facilitateurs aux différentes phases des projets directement liées au PRPE :

Étude d’opportunité Facilitée par : - Des consultants ITC nationaux ou internationaux - Le partenaire gouvernemental et/ou du projet

Mise en œuvre du projet

Facilitée par : - Le coordinateur du projet ITC - Le partenaire du projet - Des consultants ITC nationaux et internationaux - Des spécialistes

Expansion/Reproduction du projet

Facilitée par : - Le gouvernement - Le partenaire du projet - Des organisations de promotion du commerce.

Parmi le public visé figurent aussi les micro, petites et moyennes entreprises (MPME), les groupes de producteurs, les représentants d’associations, les institutions communautaires et les organisations non-gouvernementales (ONG) qui trouveront des informations utiles au développement de l’artisanat.

Pour de plus amples informations sur le PRPT, merci de consulter le site : www.intracen.org/poverty-

reduction/TPRP_Tourism-led_Poverty_Reduction_Programme/Inclusive-Tourism.pdf

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2. Module de formation : contexte

2.1. Objectif du module artisanat

L’objectif du module artisanat du PRPT est :

De montrer comment les producteurs d’artisanat des pays en développement peuvent mieux s’intégrer à la chaîne de valeur du tourisme afin d’accroître leur revenu, et

De fournir aux facilitateurs le savoir-faire nécessaire à la création de liens économiques entre les producteurs d’artisanat et les marchés du tourisme.

Dans les pays en développement, les pauvres manquent souvent de ressources, de compétences et de travail, ce qui les empêche de dégager un revenu familial qui soit supérieur au seuil de pauvreté. Leur accès à l’éducation est limité et ils dépendent essentiellement de l’agriculture de subsistance ou d’emplois occasionnels mal rémunérés dans les centres urbains. La production artisanale, fondée sur un savoir-faire traditionnel et qui n’exige que des investissements modestes, est une des rares possibilités qui s’offrent aux pauvres d’accroître leur revenu. La production artisanale est une source de création d’emplois importante dans le secteur informel. Les paysans pratiquant l’agriculture de subsistance tirent un revenu supplémentaire de la production artisanale dans leur famille et pour les pauvres des zones urbaines, elle constitue une solution de remplacement dans un environnement ou les possibilités d’emploi sont peu nombreuses. Au Vietnam, les artisans dégageraient un revenu en moyenne 60% supérieur au revenu moyen de la population rurale (Ngo Duc Anh, 2005). Dans les pays qui accueillent un grand nombre de visiteurs internationaux, le secteur du tourisme offre aux pauvres de nombreuses possibilités de vendre de l’artisanat, les touristes dépensant des sommes significatives en souvenirs et autres produits de l’artisanat. Le tourisme est en expansion : le nombre de touristes internationaux est passé d’à peine 25 millions en 1950 à 925 millions en 2008. Selon les prévisions, ce chiffre devrait atteindre 1,4 milliard d’ici 2020. À l’échelle mondiale, les voyages et le tourisme devraient se développer au rythme de 4,0% par an au cours des dix années à venir, chaque pays du monde ayant là la possibilité de participer de cette progression et d’en partager les bénéfices (Conseil mondial du voyage et du tourisme, 2009).

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Les parties prenantes clés du tourisme et de l’artisanat peuvent tirer parti du présent module de formation, et ce de plusieurs manières : Les représentants des pouvoirs publics des pays en développement devraient être intéressés car :

Le tourisme est un secteur de service d’envergure et en pleine expansion, une source de devises étrangères

Avec l’augmentation du nombre de touristes étrangers, le tourisme peut bénéficier aux producteurs d’artisanat pauvres

La consolidation du secteur de l’artisanat permet de faire en sorte que les touristes privilégient l’artisanat local plutôt que les produits importés

La production artisanale peut contribuer à la diversification du produit touristique pour inclure les séjours chez l’habitant, les expériences culturelles, et faciliter la promotion du tourisme responsable

L’expérience acquise dans le cadre de projets pilotes peut être mise à profit par les organismes publics pour obtenir des résultats à grande échelle.

Les agences de développement et les donateurs devraient être intéressés car :

L’artisanat est une industrie à forte intensité de main-d’œuvre capable d’offrir des emplois à temps partiel et à temps plein, tant qualifiés que non qualifiés

Les partenaires au développement ont un rôle important à jouer à l’heure de soutenir et de favoriser les partenariats entre les entreprises touristiques et les producteurs d’artisanat

La création d’emplois dans les zones rurales réduit les migrations vers les villes.

Les organisations non gouvernementales sont souvent intéressées car :

Les ONG peuvent aider les producteurs d’artisanat à négocier les conditions d’approvisionnement avec les magasins locaux

Le secteur de l’artisanat est une importante source d’emploi tant pour les pauvres des zones urbaines que pour ceux des zones rurales ; cela encourage la réalisation des objectifs finaux que sont la création d’emplois et la réduction de la pauvreté.

Lorsque les communautés pauvres obtiennent des résultats tangibles de la vente d’artisanat dans les régions où les gens dépendent des ressources naturelles pour leur subsistance, elles sont plus disposées à soutenir et à apprécier à leur juste valeur les zones protégées.

Le secteur privé s’intéresse à l’artisanat car :

Il permet aux entreprises touristiques de se procurer des produits de fabrication locale de plus grande qualité, et d’offrir ainsi une gamme de produits plus attrayante

Pour les magasins de souvenirs, la collaboration avec des artisans locaux est un argument vendeur qui peut améliorer leur image. Nombreux sont en effet les magasins qui voient leur ventes augmenter dès lors qu’ils font de la responsabilité sociale un argument de vente

Les touristes étant perçus comme une source de revenu pour les pauvres, la criminalité s’en trouvera réduite.

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Les entreprises d’artisanat s’y intéressent car :

Les producteurs d’artisanat existants ne considèrent peut-être pas le secteur du tourisme comme un client potentiel et se concentrent sur des produits de moindre valeur uniquement destinés au marché local

Les artisans peuvent apprendre à diversifier leur base de produits et à accroître la valeur de leur entreprise

Les artisans peuvent acquérir de nouveaux savoirs-faires pour garantir la pérennité de leur entreprise.

Les représentants des communautés prennent conscience du fait que :

Le secteur de l’artisanat est une importante source d’emploi dans leur région et que le développement du marché du tourisme peut contribuer à accroître les revenus des communautés

Produire de l’artisanat donne aux communautés la possibilité de préserver leur patrimoine naturel et culturel et les fait connaître des visiteurs internationaux.

2.2. Réduire la pauvreté grâce à la production artisanale liée au tourisme Deux exemples de destinations touristiques très différentes, l’Éthiopie et le Laos, attestent de l’importance que peut prendre la production artisanale liée au tourisme pour réduire la pauvreté. En Éthiopie, les ventes d’artisanat liées au tourisme sont estimées à pas moins de $E.-U. 12,7 millions par an. 55% des sommes dépensées, soit $E.-U. 6,9 millions, sont considérées comme des revenus

Tableau 1 : Dépenses des touristes et retombées positives pour les pauvres en Éthiopie

Figure 3 : Chaîne de valeur touristique ($E.-U. 174,5 million p.a. de dépenses des touristes & $E.-U. 54 millions p.a. en construction)

Source : Mitchell & Ashley, 2009

Hébergement

$E.-U. 98,7 millions

Alimentation et boissons

$E.-U. 55,0 millions

Artisanat

$E.-U. 12,7 millions

Excursions

$E.-U. 8,2 millions

Construction

$E.-U. 53,9 millions

Total

$E.-U. 228,4 millions

11% pour les pauvres

$E.-U. 10,7 millions

13% pour les pauvres

$E.-U. 7 millions

55% pour les pauvres

$E.-U. 6,9 millions

36% pour les pauvres

$E.-U. 3,0 millions

10% pour les pauvres

$E.-U. 5,2 millions

17% pour les pauvres

$E.-U. 39 millions

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Module de Formation à l’Artisanat

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bénéficiant en priorité aux pauvres, en d’autres termes des revenus qui bénéficient aux artisans, négociants ou fournisseurs de matières premières pauvres. Outre les revenus dégagés par la location d’hébergements et la vente de denrées alimentaires et de boissons, l’artisanat compte parmi les sous-secteurs du tourisme les plus importants lorsqu’il s’agit de dégager des revenus bénéficiant aux pauvres. En 2007, l’Éthiopie a attiré 250 000 touristes étrangers, ce qui signifie que chaque touriste a dépensé en moyenne $E.-U. 50 en artisanat pendant son séjour, dont $E.-U. 25 étaient des revenus bénéficiant aux pauvres. La SFI avance des chiffres semblables pour d’autres pays d’Afrique : pour le Mozambique, la SFI estime les dépenses moyennes par touriste à $E.-U. 20 minimum ; pour le Kenya et la Tanzanie les achats d’artisanat par touriste sont estimées à $E.-U. 79 (SFI, 2006). Tableau 2 : Tourisme et ventes d’artisanat à Luang Prabang, RPD Lao

Secteur : Hébergement Alimentation et

boissons Bibelots et artisanat

Transport, excursions

Chiffe d’affaires annuel approximatif LPB

$E.-U. 8,7 m $E.-U. 7 m $E.-U. 4,4 m $E.-U. 1,8 m

% revenant aux SQ&NQ par an

6% 45-50% 40% 33% +

Revenant approximatif aux SQ&NQ par an

$E.-U. 555 000 $E.-U. 3 000 000 $E.-U. 1 800 000 $E.-U. 600 000

Principaux bénéficiaires SQ&NQ (avec revenu approximatif par groupe par an)

Employés hôtellerie ($E.-U. 290 000) ; employés chambres d’hôtes ($E.-U. 215 000)

Producteurs de viande et de poisson ($E.-U. 2 400 000). Producteurs de denrées alimentaires fraîches (jusqu’à $E.-U. 883 000)

Tisserands ($E.-U. 550 000). Fournisseurs d’argent et autres ($E.-U. 505 000). Fournisseurs de soie ($E.-U. 265 000). Vendeurs ($E.-U. 200 000).

Chauffeurs de tuk-tuk ($E.-U. 300 000). Propriétaires de bateaux ($E.-U. 110 000). Guides ($E.-U. 150 000).

Revenu pour les « pauvres »

Minime. Quelques parents pauvres employés.

Agriculteurs (riz, fruits, légumes) produisant pour $E.-U. 883 000 de produits frais (prix de gros)

Fournisseurs de soie, de produits à base de bois, et d’argent Hmong, vendant pour environ $E.-U. 770 000 de matière première p.a.

Villageois – prix, achats, séjour chez l’habitant. Entre $E.-U. 100 000 et $E.-U. 200 000.

Principales possibilités d’augmentation

Accroître l’offre de denrées alimentaires fraiches et de spécialités alimentaires lao.

Accroître l’offre de soie lao, les ventes dans les zones rurales, la valeur ajoutée, les produits sur-mesure.

Restructurer l’offre de produits des campagnes pour que les touristes dépensent plus et passent plus de temps dans les campagnes.

p.a. = par an. m = million. SQ&NQ = personnes semi-qualifiées et non-qualifiées. Source : Ashley, 2006

Selon l’évaluation des retombées positives du tourisme sur les pauvres dans l’ancienne capitale lao et dans sa principale destination touristique, Luang Prabang,

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un total de $E.-U. 4,4 millions de bibelots et d’articles d’artisanat seraient vendus chaque année aux touristes. 40% de cette somme, soit $E.-U. 1,8 millions, fournissent un revenu à des personnes semi-qualifiées et non-qualifiées, dont on considère qu’elles appartiennent aux groupes les plus pauvres de la population. Sur les quatre principaux sous-secteurs du tourisme (hébergement, alimentation et boissons, artisanat et excursions), l’artisanat est le second en termes d’impact sur les pauvres. Quelque 135 000 touristes internationaux visitent chaque année Luang Prabang, dont la plupart sont de jeunes routards aux moyens financiers limités. Il n’en demeure pas moins que les achats moyens d’artisanat par touriste international sont estimés à pas moins de $E.-U. 33, même en partant du principe que les jeunes routards ne dépensent qu’un tiers environ des sommes dépensées par les touristes plus aisés (Ashley, 2006). Une grande partie des producteurs et vendeurs d’artisanat, voire la majorité, sont des femmes et nombreux sont ceux qui sont issus de minorités ethniques défavorisées. On estime que 40% des revenus de l’artisanat qui bénéficient aux pauvres reviennent aux fournisseurs pauvres de matières premières tels que les sériciculteurs ou ceux qui récoltent l’écorce. Nombre des producteurs et vendeurs d’artisanat local en RPD Lao s’en sortent bien grâce au tourisme et affichent des revenus qui se situent au dessus du seuil de pauvreté national. Bien souvent ils ne sont plus considérés comme des pauvres, ce qui signifie que le tourisme bénéficiant aux pauvres (TBP), que nous trouvons à Luang Prabang, a permis de faire basculer le revenu des pauvres au-dessus du seuil de pauvreté.

2.3. Difficultés liées à la création de liens entre l’artisanat et le tourisme Même si la création de liens entre le tourisme favorable aux pauvres et la production d’artisanat locale offre de nombreux débouchés aux pauvres, de nombreux exemples montrent encore que les marchés de l’artisanat des pays en développement regorgent de produits importés ou déçoivent les touristes par l’absence de variété et d’innovation ainsi que par la piètre qualité des produits. En visite dans un pays étranger, qui n’a jamais été dans l’incapacité de trouver un souvenir local à la fois esthétique et utile ?

Dans le cadre de son programme de développement du tourisme au Mozambique, la SFI a conclu que les achats, les magasins d’artisanat, les excursions et les loisirs destinés aux touristes ne sont pas suffisamment développés, et la situation se dégrade à mesure que l’on s’éloigne de Maputo. Les fournisseurs sont confrontés à des coûts élevés et les marchés sont petits. Exception faite des achats de bibelots, les formes de tourisme (tourisme culturel, par exemple) susceptibles d’enrichir l’expérience touristique et d’accroître les dépenses des touristes au sein des communautés locales restent largement sous-exploitées au Mozambique. Les voyagistes estiment que l’exposition limitée à la culture autochtone locale (comme l’artisanat) enlève à l’originalité et à l’attrait de l’expérience touristique (SFI, 2006).

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Les producteurs d’artisanat se heurtent souvent à de nombreuses difficultés qui les empêchent de tirer pleinement parti des débouchés offerts par le secteur du tourisme, à savoir notamment :

Difficultés liées à l’offre : Gamme de produits limitée et/ou uniquement traditionnels faute d’innovation

et de créativité Piètre qualité des produits faute de savoir-faire ou de connaissance des

attentes des touristes Les producteurs locaux éprouvent des difficultés à soutenir la concurrence

avec les produits importés meilleur marché Les matières premières et autres intrants ne sont pas disponibles ou pas tout

le temps Les producteurs ne sont pas en mesure d’investir dans des

machines/équipements afin d’améliorer la qualité de leurs produits Les producteurs sont éparpillés et ne sont pas bien organisés, ce qui fait que

l’approvisionnement n’est pas continu, pas rapide, et pas sûr.

Difficultés liées au marché : L’absence de points de vente adéquats sur le marché et attrayants plus les

touristes Les négociants en artisanat aux destinations touristiques ne sont pas

conscients du potentiel d’approvisionnement dans d’autres régions du pays Les différents intermédiaires entraînent une augmentation des prix La méfiance qui règne entre les négociants et les producteurs d’artisanat les

empêche de mieux coopérer L’insuffisance des liaisons de marché avec les magasins de vente au détail

sur les principaux sites touristiques La faible intégration dans les forfaits touristiques des voyagistes et des

complexes hôteliers Les clients cherchent souvent des cadeaux utiles plutôt que des souvenirs

traditionnels.

La consolidation des liens entre l’artisanat et le tourisme est certes importante, mais elle n’est pas une garantie de succès. Les projets performants exigent d’aborder le marché en tenant compte des enseignements tirés des expériences passées et en permettant la création de partenariats économiques stables.

Encadré 1 : Réussite exemplaire du magasin de laine Tsagaan Alt Wool Shop, Union coopérative, Mongolie, dans le cadre du PRPE. Faire d’une pierre deux coups : tel était l’objectif visé par la Mission luthérienne norvégienne en Mongolie, accroître le revenu des bergers mongols en créant un nouveau circuit de commercialisation de la laine et dégager des revenus pour les pauvres défavorisés et sans emploi des zones urbaines en produisant des articles en feutre (chaussures, vêtements, housses de coussins, sacs, souvenirs, etc.) à partir de laine de Mongolie. À leurs yeux, les nombreux touristes étrangers visitant la capitale Oulan-Bator depuis la chute de l’Union soviétique constituaient le principal débouché commercial. En 2008, quelque 440 000 touristes ont visité la Mongolie. Un magasin de vente de laine au détail, le Tsagaan Alt Wool Shop, a été ouvert

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dans le centre ville par l’Union coopérative. Les producteurs membres de coopératives ont été formés et de nouvelles collections de produits ont été conçues avec le soutien du Programme de réduction de la pauvreté par l’exportation de l’ITC. En 2009, quelques années plus tard seulement, le chiffre d’affaires du magasin Tsagaan Alt Wool Shop atteint pas moins de $E.-U. 15 000 par mois en moyenne. 300 membres des coopératives de producteurs bénéficient d’un accès au marché stable. Les principaux facteurs de réussite ont été l’innovation en termes de conception des produits et une gestion de la qualité stricte. Dans un premier temps, le magasin vendait uniquement tous les types d’articles en feutre, pour la plupart des souvenirs, produits et fournis par les artisans qui pensaient pouvoir intéresser les touristes. Par la suite les producteurs ont reçu une formation pour offrir des collections bien conçues selon des codes couleur précis, des spécifications données, et en suivant les goûts occidentaux. La création d’un point de vente haut de gamme et l’accent mis sur les produits utiles (tels que les chaussures) plutôt que sur les articles purement décoratifs (comme les animaux en peluche) ont contribué à tirer les ventes vers le haut. En fait, les chaussures et les accessoires de mode sont les articles qui se vendent le mieux au magasin, des articles dont la modernité et le juste mélange de tradition et de nouveauté suscitent un certain intérêt. La production locale ayant été dopée par les ventes locales sur le marché du tourisme, l’Union coopérative a pu se lancer avec succès dans l’exportation avec le soutien de l’ITC. Des chaussures et d’autres articles en feutre sont exportés vers l’Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège, le Japon, la Chine, etc. D’autres entreprises mongoles ont décidé de suivre l’exemple de l’Union coopérative, ont ouvert leurs propres magasins et ont contacté les artisans ayant reçu une formation de qualité pour travailler avec eux. Il semblerait aujourd’hui que l’offre de matière première locale (laine de qualité) se raréfie, ce qui a déjà contraint l’Union coopérative à investir dans son propre cheptel. En tout état de cause, le magasin de laine Tsagaan Alt Wool Store est devenu une attraction à Oulan-Bator, et nombreux sont les touristes qui ne manquent pas de le visiter.

Résumé : tourisme et artisanat La production artisanale est une des principales sources de revenu pour les pauvres dans le

secteur du tourisme. Chaque touriste dépense en moyenne entre $E.-U. 20 et $E.-U. 80 en artisanat dans les pays

en développement. Pour de nombreux producteurs, la production d’artisanat lié au tourisme peut être un moyen de

sortir de la pauvreté et offre en particulier des débouchés aux femmes, aux minorités ethniques et aux producteurs de matière première.

Il existe un certain nombre de problèmes liés à l’offre et au marché, lesquels doivent être réglés pour que les producteurs d’artisanat puissent pleinement exploiter le potentiel du marché du tourisme.

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3. Analyse de la chaîne de valeur

L’objectif de cette section sur l’analyse de la chaîne de valeur est de montrer :

Comment utiliser les instruments d’analyse de la chaîne de valeur dans le secteur de l’artisanat lié au tourisme

Comment évaluer la part du revenu bénéficiant aux pauvres dans la chaîne de valeur Comment évaluer les débouchés commerciaux et les contraintes inhérentes à la chaîne de

valeur.

L’analyse de la chaîne de valeur permet de mieux comprendre comment fonctionne un secteur d’activité donné et comment les différentes parties prenantes à une chaîne de valeur donnée sont liées entre eux. Il s’agit d’un outil analytique utilisé par les donateurs et toutes sortes d’institutions aux niveaux national et régional pour planifier les projets de développement économique. Il fournit aussi aux entreprises, groupes de producteurs et associations des informations précieuses sur l’offre et la structure du marché.

La chaîne de valeur s’entend d’un produit ou d’un ensemble de produits donné. Pour être plus précis, elle se réduit parfois à un marché cible donné, par exemple, la chaîne de valeur de l’ananas frais destiné à l’exportation. Dans le présent module de formation, nous nous concentrerons uniquement sur la chaîne de valeur de l’artisanat destiné au marché du tourisme, et nous laisserons de côté toute autre activité de gros tournée vers l’exportation ou la production d’artisanat destinée au marché local.

Encadré 2 : Qu’entend-on par chaîne de valeur ?

La chaîne de valeur est un système économique pouvant être décrit comme suit :

- une suite d’activités (fonctions) économiques liées entre elles allant de la fourniture d’intrants donnés pour un produit donné, à la production primaire, à la transformation et à la commercialisation, jusqu’à la vente finale du produit en question au consommateur ;

- l’ensemble d’entreprises (opérateurs) qui exécutent ces fonctions, en d’autres termes les producteurs, les transformateurs, les négociants et les distributeurs d’un produit donné. Les entreprises sont liées par une série de transactions commerciales dans le cadre desquelles le produit passe des producteurs primaires aux consommateurs finaux.

Source : Springer-Heinze, 2007

Le développement et l’analyse de la chaîne de valeur peuvent s’organiser de différentes manières. Afin de proposer une approche simple à utiliser, nous limiterons ici l’analyse de la chaîne de valeur à des instruments clés tels que :

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La cartographie

L’analyse économique

L’analyse des débouchés et des contraintes.

3.1. Comment établir la cartographie la chaîne de valeur ?

Établir une cartographie de la chaîne de valeur (CV) est un moyen d’avoir une bonne vue d’ensemble et une meilleure compréhension des principaux maillons qui composent cette chaîne de valeur. La cartographie de la chaîne de valeur représente les différentes étapes franchies par le produit depuis l’approvisionnement en intrants jusqu’à la fourniture au consommateur, et montre de quelle manière les différents intervenants sont liés les uns aux autres.

La cartographie de la CV représente en substance :

Les principales fonctions nécessaires à la mise sur le marché d’un produit

Les principaux intervenants chargés d’exécuter ces fonctions

Les institutions d’appui qui travaillent avec la chaîne de valeur.

La chaîne de valeur du tourisme est très différente des autres, notamment car l’outil qu’est la cartographie y est difficilement applicable. Aucun produit n’est réellement transmis d’un intervenant à l’autre (comme entre un producteur et un négociant). En fait, dans ce cas précis, c’est le touriste qui passe d’un opérateur à l’autre dans la chaîne de valeur (voir la cartographie de la CV ci-dessous).

Tableau 3 : Chaîne de valeur du tourisme au Vietnam

Source : Mitchell & Le, 2007

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La carte de la chaîne du tourisme ci-dessus couvre de nombreux acteurs (cellules bleues) liés à la vente d’artisanat : marché de nuit, magasins, magasins de souvenir, centres commerciaux, marchés, villages d’artisanat, musées et aéroports. Même sur la plage, dans les gares ferroviaires et routières, les parcs aquatiques et autres sites touristiques de même que dans les supermarchés, vous avez de fortes chances de trouver des produits de l’artisanat.

La carte indique où se rendent les touristes, ce qu’ils font et qui travaille avec eux. Toutes les activités proposées aux touristes et aux fournisseurs de services constituent des débouchés pour les producteurs ou les négociants d’artisanat. Pour étudier de plus près la chaîne d’approvisionnement en artisanat dans le secteur du tourisme, il est utile d’établir une cartographie de la chaîne de valeur pour comprendre comment l’artisanat est produit et comment il parvient jusqu’au marché du tourisme.

L’établissement de la cartographie de la chaîne de valeur passe par différentes étapes: Étape 1: Description succincte des principales fonctions depuis

l’approvisionnement en intrants jusqu’à la consommation. Étape 2: Énumération des principaux fournisseurs en intrants ou intervenants

travaillant avec les produits de l’artisanat. Étape 3: Description détaillée des liens entre les différents acteurs de la CV: qui

vend quoi à qui ?

L’exemple donné dans le Tableau 4 récapitule les fonctions génériques et les principaux intervenants de la chaîne de valeur de l’artisanat lié au tourisme. Les fonctions et intervenants diffèrent selon les cas, mais l’exemple ci-dessous montre comment se présente généralement la chaîne de valeur.

Tableau 4: Cartographie de la chaîne de valeur de l’artisanat lié au tourisme

Consommation

Détail

Gros

Production

Approvisionne

ment intrants

Touristes

Points de vente

producteurs

Marchands

ambulants

Magasins villes/hôtels/

marchés/aéroports

Points de vente

groupements

producteurs

Intermédiaires

Groupement/

association

producteurs Artisans

Fournisseur

matières

premières

Fournisseur

accessoires

Fournisseur

équipement

Circuit 1 Circuit 2

Institution

d’appui I

Institution

d’appui II

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Dans certains cas, des fonctions supplémentaires viennent s’ajouter à la chaîne, telle que la transformation du produit, ou alors les fonctions liées au négoce peuvent être alignées différemment. Selon les chaînes, d’autres intervenants prendront de l’importance, comme par exemple un magasin de détail particulier, des négociants intermédiaires, des fournisseurs d’intrants ou des transformateurs importants dans un pays donné. C’est généralement au début du projet qu’est établie la cartographie de la chaîne de valeur. Elle doit être conçue de manière à refléter la situation au moment où elle est établie. Si elle subit des changements de taille au cours de la mise en œuvre du projet, la carte doit être adaptée pour refléter ces changements. La carte est d’autant plus utile qu’elle contient aussi des informations numériques sur les intervenants sur le marché. Vous pouvez ajouter:

Le nombre d’entreprises intervenantes, si vous le connaissez, ou un chiffre estimatif, ou

Les quantités de produits vendus par les différents intervenants sur le marché (nombre de produits ou chiffre d’affaires), ou

Des chiffres sectoriels, comme par exemple le nombre de personnes employées ou le nombre de femmes employées aux différents échelons de la chaîne, par exemple.

Il est possible d’établir une carte représentant l’ensemble de la chaîne de valeur ou plusieurs cartes thématiques. Les cartes de la chaîne de valeur sont un bon moyen de visualiser la structure d’une branche d’activité, elles permettent d’entamer la discussion avec le personnel en charge du projet et les partenaires.

Exercice 1: Établir la cartographie de la chaîne de valeur de l’artisanat liée au tourisme dans votre pays Si l’on reprend l’exemple mentionné ci-dessus, comment se présente la chaîne de valeur de l’artisanat lié au tourisme dans votre pays: Quelles en sont les principales fonctions? Quels sont les intervenants sur le marché? Comment sont-ils liés entre eux? Combien d’intervenants différents comptez-vous le long de la chaîne? Établir une carte parlante vous semblera peut-être plus difficile que vous l’auriez pensé. C’est bien là l’intérêt de la chose. Voici quelques pistes pour établir une carte digne d’intérêt:

Tableau 5: Quantification

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Une carte de CV de qualité transmet un message clair Elle donne une bonne vue d’ensemble de la chaîne mais n’est pas surchargée Elle est simple à comprendre sans appeler d’explications supplémentaires.

3.2. Analyse économique

L’analyse économique de la chaîne de valeur doit permettre de répondre aux questions suivantes : quelle est la valeur économique créée à quel niveau de la chaîne de valeur? : dans quelle mesure cette valeur économique bénéficie-t-elle en priorité aux pauvres?, et à quel endroit de la chaîne de valeur des changements sont-ils envisageables pour accroître les revenus bénéficiant en priorité aux pauvres (RBP)? La valeur totale dégagée le long d’une chaîne de valeur s’entend du prix de vente final du ou des produits que l’on multiplie par les quantités vendues. En règle générale, à chaque échelon de la chaîne une valeur est ajoutée, laquelle bénéficie soit aux intervenants de la chaîne (producteurs, négociants, fournisseurs de matières premières) ou aux fournisseurs de services extérieurs à la chaîne de valeur. Elle couvre les salaires, les amortissements, d’autres coûts et profit. Tableau 6: Ajout de valeur de la valeur ajoutée entre différents types d’opérateurs et de fournisseurs d’intrants le long de la chaîne

Valeur ajoutée retenue par la CV Valeur ajoutée retenue par les fournisseurs d’intrants Source: Springer-Heinze, 2007

Producteurs

primaires

Fabricants de

produits

Négociants Consommateurs

Produit

intermédiaire

Valeur ajoutée

Autres intrants

Valeur totale

consommée

Valeur ajoutée

Produit

intermédiaire

Autres intrants

Valeur ajoutée

Fournisseurs

services

/intrants

Valeur ajoutée Valeur ajoutée

Fournisseurs

services

/intrants

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L’évaluation de la valeur ajoutée débute généralement par une évaluation des prix du marché à différents niveaux de la chaîne de valeur: quelles sont les sommes dépensées pour l’achat de matières premières (produit intermédiaire), quel est le prix à la production et quels sont les prix de gros et de détail?

Encadré 3: Calcul de l’ajout de valeur pour les foulards Krama au Cambodge L’exemple ci-après représente la chaîne de valeur des foulards Krama cambodgiens destinés au marché du tourisme. Les foulards Krama à carreaux de couleurs vives sont pour ainsi dire portés par tous les Cambodgiens des zones rurales et sont aussi populaires dans les villes. Le Krama est le symbole vestimentaire du Cambodge par excellence - mais il est aussi aujourd’hui un souvenir populaire auprès des touristes. Le Krama courant, de qualité moyenne, est vendu pour une bouchée de pain sur les marchés locaux. Mais il en existe de beaucoup plus raffinés et coûteux, principalement vendus aux touristes. Les revenus qui bénéficient en priorité aux pauvres le long de cette chaîne de valeur sont principalement dégagés par les tisserands, étant donné que l’essentiel des matières premières utilisées (coton/polyester et colorants) sont de production industrielle et importée (et ne bénéficient donc pas aux pauvres) et que les négociants ne sont pour la plupart pas des pauvres. La valeur créée par le maillon des tisserands revient essentiellement aux tisserands car hormis la matière première, rares sont les autres intrants ou services utilisés à ce niveau de la chaîne.

Grossiste en Krama à Phnom Penh

Dans l’exemple du Krama au Cambodge, le fait que les produits destinés aux touristes soient de plus grande qualité signifie davantage de valeur/de produits à différents niveaux, notamment au niveau des tisserands. On peut estimer qu’entre 15% (qualité supérieure) et 36% (qualité simple) de la valeur générée constituent un revenu bénéficiant en priorité aux pauvres. Qualité simple (polyester/coton), colorants thaï Matière première $E.-U. 0,5/Krama Production tisserands $E.-U. 0,9/Krama Intermédiaire-Marketing $E.-U. 1/Krama Marché de détail $E.-U. 1,1/Krama Consommateur local Qualité supérieure (100% coton), colorants allemands ou naturels Matière première $E.-U. 1,6/Krama Production tisserand $E.-U. 2,3/Krama Intermédiaire-Marketing $E.-U. 2,5/Krama Marché de détail $E.-U. 4,5/Krama Touriste Source: Dutta 2009, Eiligmann, 2009

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Une fois évalués les prix du marché et sachant comment s’organise la production, il est possible d’estimer les flux de revenus qui bénéficient en priorité aux pauvres le long de la chaîne de valeur. S’agissant du Krama, les RBP peuvent être estimés comme suit: Première question à poser: à quel endroit de la chaîne de valeur les pauvres

interviennent-ils? Dans le cas du Krama (voir encadré 3), les pauvres des zones rurales interviennent principalement au stade du tissage, alors que la majorité des intermédiaires et négociants ne sont pas considérés comme étant pauvres.

S’agissant du produit de qualité supérieure destiné aux touristes, l’ajout de valeur pour le maillon des tisserands est de $E.-U. 0,7/Krama. Étant donné que le tisserand n’achète aucun autre service ou matière en dehors de la matière première, ses coûts se limitent à sa main-d’œuvre et à la dépréciation/réparation de son métier à tisser. Les métiers à tisser sont généralement fabriqués et entretenus par des artisans villageois (relativement pauvres). En d’autres termes, l’ajout de valeur de $E.-U. 0,7/Krama au niveau du tisserand, soit 15% de sa valeur totale de $E.-U. 4,5, peut être considéré comme un revenu qui bénéficie en priorité aux pauvres, étant donné que tant les tisserands et les fabricants de métiers à tisser appartiennent à des groupes cibles (relativement) pauvres.

Si des colorants naturels sont employés ou si un groupe de producteurs assure aussi la commercialisation, la part des revenus qui bénéficient en priorité aux pauvres augmente, étant donné que ces activités ont lieu à l’échelon du tisserand et contribuent à accroître son revenu.

Le pourcentage de RBP généré le long de la chaîne de valeur de l’artisanat lié au tourisme varie d’un pays à l’autre et est fonction du type d’artisanat vendu et des circuits de commercialisation utilisés. Dans l’exemple de Na Dang au Vietnam (Tableau 7), on estime que 54% des achats d’artisanat par les touristes bénéficient aux pauvres. En règle générale, la part du RBP est élevée lorsque les produits de l’artisanat sont fabriqués à partir de matières premières essentiellement locales (soie, bois, papier, glaise, etc.) et que les producteurs ou de petits négociants (pauvres) se chargent eux-mêmes de leur commercialisation.

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Tableau 7 : Part de la valeur ajoutée qui bénéficie aux pauvres à Na Dang, Vietnam

Mitchell & Le, 2007

3.3. Analyse des opportunités offertes et des contraintes rencontrées Une fois établie la cartographie de la chaîne de valeur et son analyse économique lancée, il convient de se demander quels sont les débouchés offerts sur le marché du tourisme. Les marchés sont en constante mutation, de nouvelles tendances voient le jour, de nouveaux lieux d’intérêts et infrastructures se développent, de nouveaux hôtels et stations touristiques ouvrent leurs portes.

Pour faire l’inventaire des débouchés offerts par le marché, il convient de se poser les questions suivantes:

Les négociants expriment-ils une demande particulière pour un type d’artisanat donné ?

Quels sont les produits de l’artisanat de plus grande valeur appréciés des touristes ?

Certaines qualités de produit spécifiques sont-elles particulièrement demandées ?

En quoi le secteur du tourisme du pays devrait-il changer dans un avenir proche ?

Quelles sont les tendances en matière de tourisme que les parties prenantes locales et internationales encouragent ?

Certains produits importés pourraient-ils être remplacés par des produits d’origine locale ?

De nouveaux produits pourraient-ils être conçus ?

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Quels sont les circuits de commercialisation qui pourraient être développés de façon plus approfondie ?

Quels types de matières premières pourraient être utilisés, et qui ne le sont pas encore ?

Est-il possible d’aider les pauvres à améliorer leur production ? Les pauvres pourraient-ils assumer des fonctions supplémentaires le long de

la chaîne de valeur ?

Pour dresser la liste des contraintes, il convient de poser les questions suivantes :

Quelles sont les contraintes à surmonter pour pouvoir exploiter les débouchés offerts par le marché ?

Quelles sont les autres contraintes qui empêchent les artisans de percevoir un prix plus élevé de la part des touristes et d’accroître leur revenu ?

Dans quelle mesure la qualité du produit doit-elle être améliorée pour que les ventes augmentent ?

Quels sont les savoir-faire et les connaissances qui font défaut ? L’offre de matière première est-elle suffisante ? Les technologies et les équipements sont-ils utilisés judicieusement ? Comment accroître la productivité ? Le transport pose-t-il problème ? Comment se présente la relation entre les négociants et les fournisseurs de

matière première ?

L’évaluation des opportunités offertes par le marché et des contraintes existantes permet de mettre en lumière les possibilités d’améliorer la chaîne de valeur pour augmenter les quantités vendues aux touristes et dégager davantage de revenus bénéficiant en priorité aux pauvres.

Il est utile d’examiner les occasions offertes et les contraintes rencontrées sous des angles différents pour obtenir un tableau détaillé des débouchés disponibles. Elles devraient être réparties en plusieurs catégories :

Accès au marché Offre d’intrants Innovation technologique/de produits Gestion et organisation Cadre de politique générale Finances Infrastructures Débouchés et contraintes socioculturels (Lusby, F. & Panlibuton, H., 2007)

Résumé : Analyse de la chaîne de valeur

Établir la cartographie de la chaîne de valeur aide à comprendre comment l’offre est structurée ainsi que les relations commerciales

Calculer les retombées de l’ajout de valeur et des RBP sur la base des prix du marché à différents niveaux de la chaîne de valeur

Évaluer les débouchés offerts sur le marché et les contraintes rencontrées pour tirer parti des possibilités d’amélioration de la chaîne de valeur.

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4. Interventions

Cette partie du module vise à :

Montrer comment promouvoir la chaîne de valeur de l’artisanat lié au tourisme

Tirer les enseignements des exemples de promotion réussie de l’artisanat

Se pencher sur le rôle du facilitateur

L’analyse de la chaîne de valeur vous aura donné une bonne vue d’ensemble des différents intervenants sur le marché et des revenus dégagés aux différents maillons de la chaîne. Elle aura mis en lumière certains débouchés et contraintes rencontrés le long de la chaîne de valeur. La question qui se pose à présent est la suivante : Quelles sont les interventions nécessaires au développement de la chaîne de valeur de l’artisanat lié au tourisme? Les activités de projet génériques qui favorisent le développement de la chaîne de valeur de l’artisanat sont:

L’amélioration des liens économiques verticaux

La création de groupements et d’associations de producteurs (liens économiques horizontaux)

L’amélioration de la compétitivité des producteurs en matière de conception de produits, de qualité, de respect des délais et de quantité

La formation des producteurs en calcul des coûts et fixation des prix

L’amélioration des efforts de promotion des ventes

L’appui aux initiatives gouvernementales en mettant l’accent sur la reproduction et l’expansion des projets.

4.1. Amélioration des liens économiques verticaux

La consolidation des liens entre le tourisme et l’économie locale est une des approches les plus efficaces pour promouvoir le tourisme favorable aux pauvres en faisant en sorte que les touristes dépensent davantage à destination. Le meilleur moyen d’aider les pauvres consiste simplement à faire en sorte que le secteur du tourisme soit plus rentable. Consolider les liens a pour objectif d’améliorer la relation entre le tourisme et les pauvres (Mitchell & Faal, 2006).

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Les liens économiques verticaux peuvent être des liens en aval (axés sur le marché) ou des liens en amont (axés sur l’approvisionnement en intrant), et ils peuvent être renforcés de différentes manières. Option 1: Amélioration des liens économiques en aval existants La première question qui se pose est: quels sont les points de vente sur le marché, les détaillants et les grossistes déjà en place et dans quelle mesure les producteurs d’artisanat sont-ils déjà liés à ces points de vente sur le marché? Il se pourrait que les liens existants avec le marché soient très limités et que les possibilités de créer des liens entre les producteurs et les autres détaillants ou grossistes soient nombreuses. Dans de nombreux pays, bien que les artisans aient été formés dans le cadre de précédentes initiatives, les groupements de producteurs n’ont toujours pas vraiment accès au marché et les quantités vendues restent modestes. Il est possible de partir d’une évaluation des besoins des négociants existants et de leur demander auprès de qui ils s’approvisionnent et quels types de produits ils seraient disposés à vendre en plus de ceux qu’ils vendent déjà. Quelles sont leurs attentes en matière de qualité et de prix? Les producteurs locaux sont-ils en mesure de fournir des produits qui correspondent aux attentes? Rencontrez chaque négociant individuellement et interrogez-les sur leur relation avec les fournisseurs d’artisanat. Comment faire pour que toutes les parties soient gagnantes? Le rôle premier du facilitateur consiste à servir de médiateur pour instaurer des partenariats entre les entreprises touristiques et ceux qui vendent de l’artisanat aux touristes d’une part, et les producteurs d’artisanat en tant que fournisseurs de l’autre. Le facilitateur doit créer une enceinte de discussion et faciliter l’échange d’informations sur les besoins, les attentes et le potentiel d’approvisionnement. Bien souvent les artisans ne sont pas conscients du potentiel du marché du tourisme pour leurs produits. Peut-être n’ont-ils pas envisagé l’industrie du tourisme comme un client potentiel et ils se concentrent peut-être sur les produits de moindre valeur destinés uniquement au marché local, comme dans l’exemple du Krama donné plus haut. Un partenariat avec des entreprises touristiques peut les aider à mettre sur pied une activité commerciale nouvelle, voire plus rentable. Les partenariats présentent aussi des avantages pour les exportateurs d’artisanat, lesquels peuvent tirer parti des possibilités de vendre des produits de seconde qualité (ne convenant pas pour l’exportation) à un prix inférieur sur le marché touristique, ou tester la réaction des clients dans le pays avant de vendre le produit à l’internationale.

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Encadré 4: Rôle du facilitateur Le facilitateur ne doit pas être directement associé à des transactions économiques. À titre d’exemple, aucun produit ne devrait être acheté ou vendu dans le cadre du projet, lequel doit uniquement être axé sur l’amélioration des relations d’affaires entre les différents acteurs du secteur privé. Avant que de mener les entretiens, le facilitateur devrait évaluer toutes les publications disponibles sur la structure du marché du pays pour devenir un interlocuteur averti pour les parties prenantes de la chaîne de valeur et pouvoir tirer parti des expériences passées dans la planification du projet.

Réunion de parties prenantes à un projet au Laos La deuxième étape consiste en des entretiens individuels avec des représentants des différents types d’entreprises composant la chaîne de valeur. Les entretiens individuels sont préférables à ce stade car ils permettent à l’ensemble des parties prenantes de la chaîne de valeur de s’exprimer librement. Dans une réunion avec des représentants de différents maillons de la chaîne dont les responsabilités diffèrent, de même que le niveau d’éducation, les artisans probablement moins éduqués, moins riches et moins extravertis n’oseraient pas s’exprimer librement. Les entretiens individuels devraient être menés à l’aide de questionnaires semi-ouverts, en d’autres termes qui contiennent à la fois des questions précises types et quelques questions ouvertes générales de nature à susciter la discussion et des remarques générales. Les principales conclusions tirées des entretiens individuels peuvent être recueillies par le facilitateur et débattues dans le cadre de réunions des parties prenantes rassemblant des représentants de différents groupes d’intervenants sur le marché. Mettre en présence les parties prenantes leur permettra de s’accorder sur un programme d’activité conjoint. Les résultats de l’étude d’opportunité et de l’évaluation des besoins déboucheront sur une proposition de plan d’action, laquelle sera discutée et approuvée avec les parties prenantes clés de la chaîne de valeur dans le cadre d’un atelier de validation avant que le projet soit mis en œuvre. Les principales activités qui incombent généralement au facilitateur sont:

La création d’une enceinte de discussion et d’échange d’informations;

La création de partenariats entre les négociants, les entreprises touristiques et les fournisseurs d’artisanat;

La création d’office et de conseils de marketing et de développement du tourisme à long terme;

La sélection d’artisans en mesure de fournir des produits de plus grande qualité;

La facilitation des études de marché et la promotion de l’innovation;

L’organisation d’un approvisionnement en artisanat fiable et stable;

L’aide aux producteurs d’artisanat dans la négociation des conditions d’approvisionnement des magasins locaux.

Le facilitateur doit posséder des talents de médiateur et de communicateur. Il doit prêter une oreille attentive à toutes les parties concernées, entendre leurs explications et leurs préoccupations, et doit s’assurer que le point de vue des intervenants de la chaîne les moins extravertis, les moins instruits et les moins puissants seront pris en compte de la même manière que celui des intervenants qui dominent la chaîne. Il doit être capable de mettre en lumière les débouchés existants et de concevoir un programme d’activités adapté.

Recherches secondaires

Entretiens

individuels

Réunions

des parties

prenantes

Atelier de validation

Mise en œuvre du

projet

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La collaboration avec des artisans locaux est un argument de vente pour les magasins de souvenir, les hôtels ou toute autre entreprise touristiques, et peut améliorer leur image de marque et leurs ventes. S’ils offrent des produits locaux de qualité supérieure, leur gamme de produits n’en est que plus attrayante et les profits plus importants que s’ils vendent uniquement des produits importés. Malgré cela, les entreprises touristiques et les magasins locaux se refusent parfois à travailler en plus étroite collaboration avec les producteurs d’artisanat locaux, l’approvisionnement n’étant souvent pas bien organisé, sporadique et de piètre qualité. Le facilitateur est donc, dans un premier temps, négociateur et médiateur, puis sélectionneur des fournisseurs et organisateur des producteurs, lesquels vont gagner en importance à mesure que les partenariats évoluent. Autre domaine d’intervention possible: la diversification géographique de l’approvisionnement ou des fournisseurs d’artisanat. Les liens commerciaux entre les producteurs d’artisanat situés à un endroit du pays et les magasins d’artisanat des principales destinations touristiques ailleurs dans le pays doivent être renforcés. Le facilitateur peut aussi aider les deux parties à réaliser les études de marché destinées à évaluer les attentes des touristes. Au Laos, au Cambodge et au Vietnam, par exemple, les touristes asiatiques des pays voisins sont en train de devenir de plus en plus importants. Leurs goûts en matière d’artisanat sont très différents de ceux des touristes occidentaux, américains ou européens. Il est important que les producteurs d’artisanat et les magasins définissent leurs préférences et adaptent leurs collections en conséquence. Bien des possibilités existent pour consolider les liens avec le marché, notamment avec les:

Vendeurs sur les marchés d’artisanat: on trouve dans de nombreux pays d’Asie d’importants marchés d’artisanat rassemblant des centaines de petites échoppes, tels que les marchés de nuit de Chaiang Mai et de Luang Prabang ou le marché russe de Phnom Penh.

Vendeurs des villages d’artisanat: dans nombre de pays africains, les villages d’artisanat se situent dans les centres urbains. Les ateliers et les points de vente d’artisanat se concentrent dans un endroit pour y attirer les visiteurs, comme à Bamako, la capitale du Mali.

Magasins d’artisanat dans les villes, souvent situés à proximité des sites touristiques ou des zones de loisir.

Magasins des hôtels, que l’on trouve dans la plupart des grands hôtels et qui vendent généralement une variété de produits d’artisanat locaux. Les magasins d’hôtels sont particulièrement importants pour les destinations dominées par les vacances à forfait tout-compris et où nombreux sont les touristes qui ne quittent jamais leur hôtel.

Vendeurs ambulants qui fournissent essentiellement les segments de marché plus bas de gamme et que l’on trouve dans de nombreux endroits: aux abords immédiats des hôtels, restaurants et sites touristiques, sur la plage, etc.

Magasins d’aéroport, qui offrent essentiellement des articles de petite taille pouvant être transportés en bagage à main et des articles à petit prix qui permettent aux touristes de dépenser les devises qui leur restent.

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Magasins des musées, qui offrent généralement davantage d’objets d’art et de produits originaux présentant une valeur culturelle et ethnique.

Marchés hebdomadaires et tous types de festivals nationaux, culturels et religieux qui attirent aussi les touristes. D’une manière générale, les marchés grouillent de personnes toutes disposées à dépenser de l’argent.

Les voyagistes et les guides jouent souvent un rôle particulier lorsqu’il s’agit d’orienter les touristes vers certains quartiers et magasins. Ils prennent généralement une commission sur les ventes d’artisanat et peuvent amener de grands groupes de touristes dans certains magasins. Les voyagistes et les guides ont tendance à amener les touristes dans les magasins à la fois attrayants (pour que les touristes soient heureux de la recommandation) et qui leur offrent une commission élevée sur les ventes. Les magasins de détail doivent instaurer des partenariats avec les voyagistes et les guides et devraient fixer leur prix en y incluant une commission raisonnable. La demande de produits de l’artisanat de nombreuses entreprises liées au tourisme dans le pays mérite aussi d’être prise en considération, les hôtels et les restaurants ayant aussi besoin de meubles et d’articles de décoration, ils sont souvent de gros clients pour les artisans locaux. Par ailleurs, des produits semblables aux articles de décoration utilisés dans les hôtels ou les restaurants peuvent aussi être vendus dans la boutique de l’hôtel ou du restaurant en question. Les intermédiaires sont fréquents entre les producteurs d’artisanat des zones rurales et les points de vente des centres touristiques. Leur rôle consiste à faire le pont entre les acheteurs et les producteurs. Leur importance dans la chaîne de valeur est fonction des services fournis. À titre d’exemple, si un producteur est éloigné d’un acheteur potentiel et rencontre des difficultés de transport, l’intermédiaire peut constituer un maillon essentiel en vendant ces produits qui, dans le cas contraire, ne pourraient être commercialisés. Les avantages et les inconvénients des intermédiaires sont exposés dans le tableau ci-dessous.

Table 8: Advantages and disadvantages of Intermediaries

Avantages Inconvénients

Sont déjà en relation avec les acheteurs Abaissent le coût de la commercialisation

pour les producteurs Vendre aux intermédiaires est une solution

pratique Ils fournissent des services essentiels comme

le groupage, le triage et le transport Peuvent fournir des services supplémentaires

tels un appui technique et du savoir-faire Fournissent parfois un préfinancement ou les

matières premières requises

Ajoutent un maillon supplémentaire à la chaîne, ce qui réduit les recettes des producteurs

Offrent aux producteurs des prix inférieurs aux prix offerts par d’autres clients de la chaîne de valeur

Les intermédiaires utilisent parfois le manque de connaissances du marché des producteurs pour les exploiter

Les producteurs deviennent dépendants des intermédiaires car ils ne peuvent accéder directement aux acheteurs

Dans bien des cas les intermédiaires offrent un accès au marché stable et, dans une certaine mesure, fiable. Même s’ils n’offrent souvent pas les meilleures conditions, ils offrent un moyen de vendre les produits. Les projets de développement doivent

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veiller à ne pas détruire les liens existants avec les intermédiaires en les remplaçant par des liens nouveaux dont la stabilité n’est pas avérée. Associer les intermédiaires à l’élaboration de la stratégie du projet peut s’avérer plus judicieux. Eux aussi doivent généralement développer leur gamme de produits afin d’offrir de meilleurs produits à leurs clients. Certains intermédiaires parmi les plus dynamiques ont peut-être les moyens d’élargir leurs activités et de devenir des entreprises à part entière. Pour s’assurer de la durabilité des liens créés avec le marché, il convient de systématiser les discussions avec les différentes parties prenantes de la chaîne de valeur et de les associer au processus décisionnel afin de créer une plate-forme d’échange et d’innovation à long terme. Pour cela, une solution consisterait à créer des offices et conseils nationaux et internationaux de développement du tourisme ou à intégrer aux offices et conseils existants des représentants des entreprises productrices d’artisanat destiné au tourisme. Option 2: Création de nouveaux liens économiques en aval Outre l’amélioration des liens existants avec les points de vente et les grossistes, il est dans certains cas possible de créer de nouveaux liens. Cependant, cette solution doit s’ajouter à l’amélioration des liens existants et ne saurait s’y substituer. Elle permet ainsi, par exemple, de créer de nouveaux circuits de vente. Le Tableau 4 donne l’exemple d’un 2ème circuit de distribution par le biais duquel les produits sont vendus via des groupements de producteurs et des associations faisant office de grossistes. Les producteurs peuvent ouvrir leurs propres points de vente ou mettre sur pied des activités de vente de détail et en gros conjointes qui seront gérées par un groupement ou une association de producteurs. Les exemples abondent également d’ONG qui créent leurs propres points de vente de détail pour retirer un bénéfice direct des prix pratiqués sur le marché touristique, la valeur ajoutée des activités de négoce étant généralement élevée. Dans l’exemple des foulards Krama de qualité supérieure destinés aux touristes, 50% environ de la valeur du produit reviennent aux négociants. Les détaillants majorent généralement leur prix d’achat de 100% à 300%.

Encadré 5: Création de nouveaux points de vente de producteurs Les points de vente de producteurs qui permettent la vente directe aux touristes peuvent être un très bon moyen de dégager des RBP, pour autant qu’ils soient correctement liés au secteur du tourisme. Pour choisir l’emplacement idoine de ces points de vente, il est important de connaître les endroits fréquentés par les touristes et de comprendre comment ils passent leur temps, et où et quand ils sont disposés à acheter de l’artisanat. À Paksé, au Laos, par exemple, les touristes ne passent qu’une nuit en ville, en route pour les princiaux sites touristiques tels que les ruines de Wat Phu, le Plateau Boloven ou les 4000 îles sur le fleuve Mékong. Pendant la journée, il n’y a pour ainsi dire aucun touriste en ville, mais en fin de journée, les touristes rentrent de leurs excursions. Les magasins sont situés le long de la route qui les ramène des principaux sites touristiques et le meilleur moment pour vendre de l’artisanat se situe entre 17h et 20h. Mais, à ce moment là, les touristes sont fatigués de leur journée, ont envie de

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prendre une douche, et leur programme est contrôlé par les voyagistes. Plus loin, les magasins sont dispersés et l’on ne trouve pas une masse critique de magasins concentrés en un endroit, qui pourraient attirer les bus de touristes. Les ventes sur les routes principales ne sont pas aussi bonnes qu’au centre ville où les touristes se promènent en soirée. Le partenaire du projet du PRPE à Paksé a ouvert un magasin d’artisanat à 9km du centre ville sur la route de Wat Phu sur les conseils des autorités locales et avec leur appui. La municipalité a mis à leur disposition une jolie hutte en bois (voir photo) mais le partenaire peine aujourd’hui à couvrir ses frais d’exploitation. Les ventes ont été importantes pendant un festival annuel, mais sont insuffisantes le reste du temps pour que la boutique soit rentable. Le partenaire du PRPE éprouve à présent des difficultés à entrer dans ses frais, à attirer davantage de touristes, ou à déplacer la boutique. Les propriétaires d’hôtels, les voyagistes et la municipalité souhaitent davantage de points de vente d’artisanat au centre ville pour que Paksé soit plus animée et attrayante pour les touristes en soirée. L’association des voyagistes et la municipalité envisagent d’ouvrir un marché d’artisanat de nuit et ont l’intention de mettre des terrains adaptés à la disposition des négociants pour qu’ils y ouvrent des magasins d’artisanat.

Magasin d’artisanat à Paksé, Laos Un certain nombre de nouveaux points de vente d’artisanat sont aussi en train d’ouvrir dans le nouveau terminal de l’aéroport de Paksé actuellement en construction, et un grand magasin a été ouvert dans le musée de Wat Phu. Une association d’artisans locaux a été créée pour répondre à la demande touristique croissante et le PRPE est en train de former les communautés locales de tisserands de soie pour leur permettre d’offrir des produits de plus grande qualité et de diversifier leur gamme de produits.

Autre moyen de créer des liens avec le marché: promouvoir et exploiter des marchés d’artisanat réglementés. Les communautés peuvent établir des marchés d’artisanat rassemblant un grand nombre d’échoppes qui vont recevoir plus de visiteurs que si elles étaient éparpillées en ville. À titre d’exemple, dans le secteur du tourisme de la Gambie, 384 petites échoppes d’artisanat sous licence ont été répertoriées en 2006, lesquelles ont généré un revenu mensuel moyen de $E.-U. 130/échoppe. La création de marchés de l’artisanat officiels et réglementés ainsi que le soutien offert aux négociants pour leur permettre de concevoir et de gérer leurs échoppes et leurs produits de manière plus professionnelle ont eu des retombées très positives sur les pauvres et ont été un succès de taille pour l’Association des petites entreprises touristiques (ASSET) et le DfID (Mitchell & Faal, 2006). La création de marchés de l’artisanat réglementés contribue à rendre les vendeurs d’artisanat plus visibles, aide les touristes à s’orienter et leur évite bien des déceptions et l’insécurité liés à l’achat de souvenirs sur le bord de la route ou dans la rue. La création de centres offrant à la fois des formations et la possibilité de vendre des objets fabriqués est un excellent moyen de soutenir la chaîne de valeur de l’artisanat liée au tourisme (SFI, 2006). Des points de vente peuvent aussi être créés directement dans les ateliers de production. Les touristes peuvent ainsi assister à la fabrication des produits qu’ils achètent. Le tourisme culturel, le tourisme communautaire et le tourisme rural offrent tous des possibilités de commercialisation directe des produits de l’artisanat.

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Les excursions dans les villages d’artisanat présentent un intérêt tant pour les producteurs d’artisanat que pour les voyagistes ou les stations touristiques qui peuvent proposer à leur clientèle d’intéressantes visites d’une journée pour se familiariser avec la culture locale, les traditions et la vie de village.

Encadré 6: Tourisme communautaire au Laos Le tourisme communautaire est populaire au Laos. Plusieurs voyagistes proposent des séjours d’une nuit dans des villages du pays. Les touristes restent généralement quelques jours ou une semaine dans un village, vivent dans des maisons de bois traditionnelles, dans une végétation tropicale, ils participent à la vie quotidienne de la communauté ou apprennent certaines techniques artisanales comme la fabrication de céramiques ou le tissage d’un foulard en soie. D’autres voyagistes organisent des visites de villages d’artisans dans le cadre d’excursions à la journée.

Hébergement de village, Paksé, Laos.

Les artisans locaux produisent des objets devant leur maison. En l’absence de visiteurs, ils se concentrent simplement sur leur activité. En présence de touristes, ils interrompent leur production et essaient de vendre leurs produits. Les prix sont inférieurs aux prix pratiqués en ville, mais les artisans producteurs gagnent davantage que lorsqu’ils vendent par le biais d’un intermédiaire. Les touristes accordent davantage de valeur aux produits qu’ils achètent directement aux villageois car ils peuvent apprécier l’effort des producteurs, se rendre compte de leurs conditions de vie, et constater de visu que leur achat contribue directement à l’amélioration du revenu du ménage au sein de la communauté pauvre.

Vente et production d’artisanat local, Paksé, Laos. La tradition artisanale et les savoir-faire sont ainsi préservés et les jeunes sont formés à des techniques artisanales qui, dans le cas contraire, se perdraient.

Les «Artisans d’Angkor», entreprise privée basée à Angkor Vat, la principale destination touristique du Cambodge, gère un magasin de détail et un musée de la sériciculture. Les guides expliquent la production aux touristes depuis la culture du mûrier, jusqu’au tissage de la soie, en passant par l’élevage des vers. Leurs excursions s’achèvent à la boutique où les touristes peuvent acheter des vêtements et des accessoires en soie de grande qualité de la collection soignée des Artisans d’Angkor.

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Box 7 : Batik in Jogjakarta, Indonesia Le batik est une technique particulière d’impression des étoffes considérée comme un art en Indonésie. Le batik est un produit artisanal obtenu au terme d’un long processus. Les artisans producteurs de batik de la ville indonésienne de Jogjakarta ont décidé de donner aux touristes un aperçu du processus de production de cet art. Les touristes intéressés, particuliers ou en groupes, peuvent visiter l’usine avec un guide qui leur explique le processus de production. Des artisans étant toujours présents à travailler à différents stades de la production, l’ensemble du processus est toujours visible des touristes. Ils peuvent voir comment l’étoffe est sélectionnée et préparée, comment les motifs sont dessinés et comme l’étoffe est enduite de cire, de teinture, de cire encore, et ainsi de suite jusqu’à devenir un batik coloré. Le guide explique avec force détails ce que font les artisans et en quoi consiste l’étape suivante du processus de production. Au terme de la visite, les touristes ont la possibilité d’acheter des étoffes ou des vêtements batik tels des chemises et des sarongs dans la boutique située à côté de l’usine. Le batik n’étant pas uniquement un art mais aussi un style vestimentaire en Indonésie, il participe de l’intérêt des touristes pour l’artisanat. Les habitants de Jogjakarta s’approvisionnent en étoffes au même endroit. Qui plus est, le batik est utilisé comme article de décoration par le secteur de l’accueil. Source: www.expat.or.id/info/batik.html

Exercice 2: Potentiel de promotion des liens économiques en aval En vous basant sur votre propre situation, remplissez le tableau suivant:

E Magasins

d’artisanat

existants

Stations touristiques,

hôtels, voyagistes

Guides et intermédiaires

Création de nouveaux points

de vente

Quelles sont, d’après vous,

les possibilités de

consolidation des liens

économiques en aval?

Quelles pourraient, d’après vous, être les retombées positives sur le revenu des pauvres?

De quels types d’activités de facilitation auriez-vous besoin?

Option 3: Amélioration des liens économiques en amont Les liens économiques en amont concernent l’approvisionnement en intrants. La compétitivité d’un produit, en termes de prix et de qualité, dépend dans une grande

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mesure de l’accès par les producteurs au type de matière première dont ils ont besoin. Avoir accès à des intrants de qualité à des prix raisonnables permet aux artisans de réellement améliorer leurs produits. S’agissant des liens en amont, les principales questions à poser sont:

L’offre de matières premières est-elle suffisante tout au long de l’année? Dans quelle mesure la qualité des matières premières convient-elle à la

production artisanale? Où les artisans peuvent-ils s’approvisionner en matières premières et à quel

prix? Où peuvent-ils obtenir des matières supplémentaires pour le finissage? Les matières premières peuvent-elles être achetées en gros à un meilleur

prix? La transformation des matières premières, comme par exemple la teinture du

tissu, peut-elle être centralisée pour plus d’efficacité, par un fournisseur de service extérieur ou par chaque artisan individuellement?

Les matières premières importées peuvent-elles être remplacées par des matières premières d’origine locale?

Tout comme la chaîne de valeur peut être modernisée par la promotion des liens économiques en aval, elle peut également l’être par la facilitation de l’approvisionnement en matières premières. Ce faisant, les fournisseurs de matières premières peuvent être sélectionnés pour fournir les intrants de la qualité requise par les producteurs. Nombreux sont les exemples de projets de développement de l’artisanat couronnés de succès, qui ont débouché sur une augmentation de la demande de matière première dans le pays. En Mongolie, la production d’articles en feutre exige l’élevage de cheptels plus importants de moutons locaux qui produisent de la laine de qualité. Au Cambodge, l’augmentation des ventes d’articles en soie signifie que le «Fil d’or» cambodgien produit par les sériciculteurs locaux ne suffit plus à satisfaire la demande. La sélection des fournisseurs de matières premières contribue à accroître la compétitivité de la chaîne de valeur et à dégager des revenus qui bénéficient en priorité aux fournisseurs de matières premières pauvres.

4.2. Promotion des groupements et associations de producteurs Il peut s’avérer nécessaire de promouvoir un groupement, une coopérative ou une association de producteurs pour:

Accroître l’offre potentielle et parvenir à des économies d’échelle Régulariser l’offre de produits harmonisés pour les acheteurs Améliorer l’accès à la formation et à l’appui par les pouvoirs publics.

La coopération entre les artisans peut leur permettre d’asseoir leur position sur le marché et de créer de nouveaux circuits de commercialisation. Dans bien des cas, il existe, d’une manière ou d’une autre, un groupement ou une association de

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producteurs. Par conséquent, le potentiel des groupements existants devrait être évalué avant d’envisager d’en créer de nouveaux. Le facilitateur devrait rencontrer les leaders d’opinion de la communauté, les maîtres-artisans, les producteurs expérimentés et respectés, et voir dans quelle mesure ils souhaitent créer un groupement de producteurs. Ne les contraignez pas à en créer un. Il est important qu’ils s’approprient eux-mêmes l’idée. Associez les membres les plus importants de la communauté dès l’évaluation et la planification. Exposez-leur les objectifs du projet et demandez-leur ce qu’ils en pensent, ainsi que leur engagement en faveur du projet. Les dirigeants locaux peuvent les aider à organiser les réunions et à présenter le facilitateur aux membres de la communauté. Le rôle du facilitateur consiste à mobiliser le groupe, à le motiver et à orienter ses membres vers la création d’un groupement. Cependant, le simple fait de réunir des gens ne suffit pas à créer un groupement. Pour être durable, le groupement doit être capable de fonctionner de manière autonome, sans structures d’appui. Pour cela, il convient de s’assurer que le groupement est d’emblé géré de manière démocratique et participative. Chacun de ses membres doit être associé au processus décisionnel, à la planification et à la gestion, de même qu’à sa création et à son développement. Il importe de noter que toute organisation de producteurs, quelle qu’elle soit, ne peut être durable que dans la mesure où elle bénéficie de l’appui des dirigeants locaux. Lors des premières réunions, les facilitateurs peuvent aider les résidents locaux à acquérir les compétences nécessaires à la compréhension de l’économie locale, à leur organisation pour avoir plus de poids dans les négociations, et à leur diversification en fonction de la demande, ce qui permet de ne pas tirer les prix de l’artisanat vers le bas. Après une formation de base, les artisans locaux peuvent répartir les responsabilités, les rôles et les obligations. Il convient d’organiser des réunions d’artisans pour discuter des possibilités d’association entre producteurs, de transport vers les marchés locaux, et de négociation collective afin de vendre à différentes catégories de clients en des endroits divers. Gagnez la confiance de la communauté. Discutez avec des personnes d’horizons divers. Essayez de ne pas contrôler la discussion et de ne pas imposer votre propre point de vue. Dans un premier temps, il se peut que les participants n’expriment pas le fond de leur pensée ou ne révèlent pas les détails des transactions commerciales conclues ou les difficultés rencontrées. Dans ce type de situation, un sens aigu des relations humaines et une connaissance des traditions locales sont essentiels. Les membres de la communauté peuvent avoir vécu des expériences très différentes et leurs avis divergent parfois, ou bien ils peuvent être réticents à l’idée de divulguer des informations aux personnes extérieures à leur communauté, voire même à des membres de celle-ci. C’est là qu’une discussion modérée par le facilitateur peut s’avérer utile. Dans un premier temps, il peut être bénéfique d’organiser des réunions par groupes d’intérêt. Consignez avec soin les contributions de chacun afin de faciliter les échanges de points de vue et de préoccupations du groupe lorsque les différents sous-groupes se réunissent.

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Encadré 8: Développement communautaire dans le cadre du PRPE à Berimbau, Brésil La région de Bahia située au nord-est du Brésil dépendait jadis exclusivement de l’agriculture, que ce soit pour l’emploi ou en tant que source de revenu. Tirant parti de son riche patrimoine et de ses paysages naturels, la région est devenue une destination touristique florissante. Lorsque le projet PRPE/Berimbau a été lancé, il existait déjà une importante station touristique à Costa do Sauipe. L’objectif était de faire en sorte que les communautés pauvres de la région participent davantage aux activités touristiques organisées autour de la station pour créer des emplois et dégager des revenus. La principale leçon tirée du Projet PRPE/Berimbau est que, pour qu’un programme d’assistance technique porte ses fruits, les communautés locales doivent en être la pièce maîtresse. Il est essentiel que les bénéficiaires escomptés du projet soient eux-mêmes moteur de changement, qu’ils soient notamment associés au processus décisionnel, car au terme du programme ce sont eux qui devront en supporter les retombées. Dans le cadre du programme Berimbau, les mesures suivantes ont été prises :

Répertorier les associations communautaires, opérationnelles ou non Répertorier les responsables communautaires : qui sont-ils, que font-ils, niveau de

représentation, parcours Inviter les associations et responsables communautaires aux manifestations locales Organiser plusieurs réunions avec des petits groupes de responsables communautaires pour

leur expliquer très simplement en quoi consistait le programme Berimbau sans susciter d’attentes exagérées, leur expliquer de quelle manière il pourrait les aider et leur demander ce qu’ils attendaient du programme.

Élargir le groupe des responsables, traiter les réclamations passées ainsi que les débouchés d’avenir présentant un intérêt commun.

La relation instaurée entre le projet PRPE/Berimbau et les communautés reposait sur plusieurs principes :

La transparence : ne pas faire de promesses qui ne pourront pas être tenues et faire preuve de sincérité

L’action : limiter les grands discours au profit de l’action. Répondre rapidement aux sollicitations lorsqu’un réel intérêt est manifesté. Décourager les requêtes isolées pour gagner en crédibilité et en respect

La sensibilisation : expliquer très clairement que la raison d’être du projet est le bien-être de l’ensemble de la population, l’amélioration des conditions de vie, et un développement local intégré et durable

Le renforcement des capacités de la population locale. Pour plus de 7 000 personnes (dont 3 500 femmes) de huit communautés, les avantages retirés ont été substantiels. Ces avantages n’étaient pas uniquement attribuables au projet PRPE, mais aussi au Programme Berimbau élargi qui portait sur l’amélioration des infrastructures locales, l’éducation, le patrimoine culturel, la création d’emplois et l’amélioration du niveau de vie. Parmi les bénéfices généraux du programme figuraient :

La création d’une coopérative de producteurs ruraux (fruits, légumes et artisanat) vendant directement à la station touristique de Costa do Sauípe

La construction d’un magasin d’artisanat à Costa do Sauípe L’augmentation du revenu mensuel moyen des artisans, passé de $E.-U. 40 à $E.-U. 250

(majorité de femmes) L’installation d’une usine de recyclage des déchets organiques.

ITC, 2006

Artisan local à Bahia, Brésil

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Lorsque les membres d’un groupe ont des intérêts communs, cela les soude. Les différences sociaux-économiques marquées entre les membres peuvent, en revanche, être source de frictions et de conflits. Discutez attentivement des avantages et des inconvénients possibles de l’entrée dans le groupe de personnes plus influentes ou plus riches, étant donné qu’elles risquent de dominer le groupe ou de l’utiliser à leur propre avantage. Ces personnes peuvent cependant apporter avec elles des connaissances ou des contacts intéressants, auquel cas elles pourraient être admises au sein du groupe pour autant qu’elles soient disposées à y participer sur un pied d’égalité. Il est essentiel que tous les membres potentiels participent au processus de création du groupe, et pas uniquement à quelques sous-groupes. Une communication ouverte favorisera le travail d’équipe et contribuera à tisser des liens solides. Les informations présentées aux réunions doivent être « transparentes plutôt que nébuleuses » - tous les membres peuvent apporter leur contribution, commenter les informations reçues, les critiquer, voire les modifier.

Encadré 9 : L’association de producteurs devrait :

Se doter d’un comité exécutif

Évaluer les conditions du moment et envisager différents scénarios de développement possibles

Définir la structure optimale de l’organisation

Évaluer les besoins en formation et en renforcement des capacités

Évaluer et sélectionner les partenaires commerciaux en amont et en aval

Préparer un plan d’action et mobiliser des ressources

Motiver les membres de la communauté pour qu’ils contribuent aux efforts de développement

Garantir la transparence financière et surveiller l’évolution des activités

Élaboration d’un plan de développement pour l’association de producteurs La fonction la plus importante du plan de développement est d’orienter l’organisation dans son expansion :

Il montre la voie à suivre : où souhaitons-nous aller, quel est notre objectif ?

Il énonce les stratégies qui seront suivies pour atteindre l’objectif en question.

Il anticipe les éventuels écueils et indique comment les surmonter. Le plan de développement est aussi un document qui explique les idées des producteurs à ceux qui n’appartiennent pas à l’organisation. Il peut donc être utilisé pour obtenir des prêts ou des investissements. L’investisseur ou l’intermédiaire financier pourra comprendre, à partir du plan de développement, ce que l’organisation a l’intention de faire de son argent. Le plan de développement se présente généralement comme suit :

Introduction Description de l’organisation et de ses activités

Résumé Résumé du contenu principal du projet

Vision Énoncé des objectifs de l’organisation

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Analyse stratégique Précisions sur la manière dont les objectifs seront atteints

Plan marketing Planification des activités de marketing et de promotion des ventes

Planification financière Estimation des coûts, recettes, investissements, profits et marge brute d’autofinancement.

Une analyse AFOM (SWOT), un aperçu des atouts, faiblesses, opportunités et menaces, peut contribuer à la préparation de la partie analyse stratégique du plan de développement. Recommandations supplémentaires pour l’élaboration d’un plan de développement :

Faites en sorte que le plan soit bref, mais qu’il couvre tout ce qui est important pour l’activité de l’organisation. Concentrez-vous sur les idées essentielles. Laissez les questions secondaires et les détails de côté pour en discuter ultérieurement.

Concentrez-vous sur les objectifs de l’association de producteurs. Utilisez le plan pour organiser les efforts axés sur les objectifs de levée de fonds et de croissance économique.

Soyez réaliste – basez les prévisions sur les résultats de l’analyse.

Soyez honnête quant aux constatations positives et négatives sur les marchés et les ventes.

Essayez d’inclure autant de données et d’informations possibles sur le marché.

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Encadré 10 : Exemple d’analyse AFOM (extrait) de Khmer Silk Villages, Cambodge Atouts Faiblesses

Solide savoir-faire technique en sériciculture et en tissage Organisation solide sur le terrain Effectifs – bonne équipe technique ayant de nombreuses années d’expérience dans le domaine de la soie et de bonnes compétences linguistiques Effectifs très engagés en faveur de l’organisation Relation de confiance existant entre les agriculteurs et les tisserands Marque réputée pour sa soie jaune et ses compétences techniques L’équipe de direction a tissé des liens de qualité avec différents projets et donateurs ; de nouveaux projets ne cessent de lui être confiés qui pérennisent KSV Un grand nombre de groupements solides, dont bon nombre disposent de fonds de financement KSV englobe les plus gros tisserands et groupes d’éleveurs indépendants Les cotisations ($E.-U. 0,5 par an en 2009) sont versées Existence d’une voie touristique ; écotourisme proposé Plusieurs collections de qualité disponibles ; capacités de création internes en place Première expérience à l’exportation réalisée avec le Japon

Pas de documents/supports d’information : site web, dépliants, informations sur les services et projets, énoncé de la mission de l’organisation Piètre promotion des activités de KSV, les

autorités locales connaissent mal KSV Manque de fonds et de continuité des

financements. KSV dépend pour ses recettes des nouveaux projets qu’elle obtiendra en 2010. KSV tire peu de recettes de la fourniture de services en dehors de l’assistance technique Expérience limitée de la rédaction de

propositions qui réduit les possibilités d’acquisition proactive propre de projets Pas de vérification extérieure des états

financiers, ce qui diminue la crédibilité auprès des donateurs Les groupes de producteurs sont difficiles à

gérer du fait des distances qui séparent leurs membres Les réseaux d’éleveurs du nord-ouest et des

tisserands du sud sont difficiles à relier entre eux Les habitudes ont la vie dure et il est difficile

de faire évoluer la technologie (traditions centenaires) Pas de commercialisation active à

l’exportation des produits finaux en soie ; manque de liens avec le marché d’exportation La situation du marché du fil de soie est telle

que la commission prélevée ne dépasse pas 8% Pas de certification du fil de soie cambodgien

Opportunités Menaces

KSV est parfaitement opérationnelle, peut développer ses programmes et accroître l’impact moyennant un effort minimum Intérêt politique élevé pour la promotion de la filière soie nationale Relations de qualité avec les différents donateurs et parties prenantes Il existe un marché de niche spécialisé pour la soie dorée fine dont KSV est le principal fournisseur KSV peut tirer parti des projets pour acquérir de nouvelles connaissances et technologies pour ses membres Le nombre croissant de touristes offre davantage de débouchés pour les produits en soie et offre un potentiel pour l’écotourisme

Le manque de fonds peut sonner le glas de l’organisation Les programmes d’envergure, source de

stabilité, ne sont pas assez nombreux Les sériciculteurs risquent de se tourner vers

d’autres produits agricoles plus rémunérateurs Migration des sériciculteurs vers la Thaïlande Les tisserands renoncent à leur activité pour

travailler dans des usines de confection La production est dans une grande mesure

tributaire des conditions météorologiques Les tisserands risquent de remplacer la soie

cambodgienne par de la matière première meilleur marché importée du Vietnam La crise économique mondiale entraîne une

diminution de la demande internationale

Source: KSV, 2009

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Il convient de noter que le plan de développement est un « document vivant ». Il doit être régulièrement révisé et actualisé de manière à refléter les objectifs et stratégies actuels de l’entreprise. Il doit être rédigé par l’association de producteurs ou l’entreprise, ce qui va l’aider à trouver une solution aux problèmes rencontrés.

Exercice 3 : Analyse AFOM/SWOT Réalisez une analyse AFOM en vous inspirant de l’exemple ci-dessus pour une entreprise que vous connaissez bien. N’oubliez pas : Les atouts et les faiblesses sont des facteurs internes sur lesquels vous avez un certain contrôle et que vous pouvez influencer. Les occasions et les menaces sont des facteurs externes sur lesquels vous n’avez aucun contrôle. Vous pouvez néanmoins élaborer une stratégie pour y faire face, le cas échéant. Posez-vous les questions suivantes : Les atouts de l’organisation sont-ils plus nombreux que ses faiblesses ? Le tourisme constitue-t-il un débouché pour l’organisation ? Sur quelle voie l’organisation devrait-elle s’orienter ?

Pour de plus amples informations sur l’élaboration d’un plan de développement, consulter le

document du PRPE disponible sur demande auprès de : [email protected]

4.3. Améliorer la compétitivité en matière de conception de produits, de

qualité, de respect des délais et de quantités Pour accroître l’attrait des producteurs aux yeux des touristes et améliorer les liens économiques, il convient de renforcer les capacités d’approvisionnement et d’améliorer le portefeuille de produits offerts.

Encadré 11 : Comment promouvoir l’artisanat qui bénéficie en priorité aux pauvres à Luang Prabang ? L’artisanat offre indéniablement des débouchés économiques considérables pour les ménages locaux. Le montant total des dépenses liées au tourisme est élevé, il représente en effet environ un cinquième de l’ensemble des dépenses des touristes, dont une part importante (deux-cinquièmes environ) bénéficie à des travailleurs semi-qualifiés et non qualifiés. Toute augmentation des ventes bénéficierait donc aux travailleurs semi-qualifiés et non qualifiés, mais s’attacher à augmenter l’offre n’est pas nécessairement prioritaire : si l’offre d’artisanat augmentait et qu’elle était diversifiée, les touristes dépenseraient-ils davantage? Et dans l’affirmative, serait-ce aux dépens d’autres achats effectués pendant le reste de leur voyage? Pour la plupart des touristes, les possibilités de faire des achats sont déjà très nombreuses. Plutôt que d’accroître l’offre d’artisanat, il est vraisemblablement plus utile d’envisager de la diversifier et d’améliorer les débouchés offerts aux producteurs existants, et de trouver le moyen de faire entrer davantage de producteurs dans la chaîne d’approvisionnement. À titre d’exemple: parmi les possibilités (...) d’accroître les revenus des travailleurs semi-qualifiés et non qualifiés figurent:

Marché de nuit à Luang Prabang, Laos

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Augmenter la production de soie grège au Laos et étudier la possibilité pour le Laos de produire du coton Diversifier les sites touristiques en dehors des villes et, parallèlement, appuyer les producteurs/vendeurs locaux sur les sites touristiques ruraux, de manière à ce que les tisserands d’autres villages puissent vendre directement aux touristes. Soutenir les producteurs pour leur permettre de moderniser leur production et d’offrir de nouveaux articles à plus forte valeur ajoutée. À titre d’exemple, les textiles et articles à base de papier (sacs, porte-monnaie, carnets de note) fabriqués sur commande pour des ateliers en y apposant le nom de l’évènement et vendus par le biais de l’hôtel dans le forfait touristique; les denrées alimentaires transformées, étiquetées en anglais et conditionnées pour pouvoir être aisément transportées; l’élargissement de la gamme de spécialités alimentaires locales pour les touristes asiatiques; les textiles et articles à base de papier qui comportent une explication des origines du produit, de son processus de fabrication et le nom du producteur. Aider les producteurs et les magasins à décrocher des commandes à l’exportation qui consolideraient leur activité en cas de baisse du tourisme et les prémuniraient contre le caractère saisonnier de leur activité.»

Ashley 2006

Nombreux sont les touristes qui ont l’habitude de beaucoup voyager et qui en ont assez qu’on leur présente toujours et encore les mêmes styles de statues d’animaux, de masques ou d’étoffes traditionnelles. Sur de nombreux marchés d’artisanat dans le monde il n’y a pas grand-chose à découvrir, tout comme d’une boutique à l’autre les produits proposés ne sont pas très variés : Nombreux sont les touristes qui ne recherchent plus des souvenirs bon marché

mais qui préfèrent des produits nouveaux de plus grande valeur. Nombreux sont les touristes qui préfèrent les produits dont le style correspond au

pays visité mais qui trouveront aussi leur place une fois de retour chez eux. Ils préfèrent que les produits soient à la fois de beaux souvenirs et des articles utiles.

Les touristes recherchent tout particulièrement des articles qu’ils pourront aisément ranger dans leurs bagages. Ces articles devraient donc n’être ni trop volumineux, ni trop lourds, ni trop fragiles.

Encadré 12 : Innovation dans les domaines de la conception et de la commercialisation au sein de la Cambodian Craft Cooperation

Le partenaire du programme du PRPE au Cambodge est la

Cambodian Craft Cooperation (CCC), une association rassemblant

différents groupements de producteurs travaillant la soie, la

céramique, l’argent et l’osier. Ses produits les plus populaires sont

les foulards en soie, lesquels sont vendus aux touristes à Phnom

Penh et exportés vers l’Europe, l’Amérique latine, les États-Unis et

l’Asie.

Design: Gabriela Byrde, 2009

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Le personnel et les producteurs de la CCC ont été formés par le PRPE à tester de nouveaux

modèles, combinaisons de couleurs et styles. Le programme met à profit les connaissances de

stylistes internationaux et les initiatives des propres producteurs, et ce dans le

but de créer un éventail de styles nouveaux. Des ateliers de créativité et de

stylisme ont été organisés et les stylistes locaux ont été formés. La plupart des

collections de la CCC ont été conçues à partir de contributions des tisserands

et des stylistes locaux.

À Phnom Penh, la CCC vend à un certain nombre de détaillants. « Vos

modèles ont quelque chose de différent, on ne trouve aucun produit semblable

ailleurs en ville » est une remarque fréquemment entendue dans la bouche des

détaillants.

Le PRPE s’est attaché à renforcer les compétences de la CCC et de son

groupement de producteurs en matière de stylisme et d’innovation, et ce pour

qu’ils soient autonome et n’aient plus besoin d’une aide extérieure. Aujourd’hui,

un jeune styliste cambodgien de la CCC crée souvent de nouveaux modèles et

les tisserands aussi continuent par eux-mêmes de tester de nouveaux modèles.

L’innovation est nécessaire, étant donné que des copies de foulards

apparaissent tôt ou tard sur le marché.

Sur tous les produits de la CCC vendus est apposée une petite étiquette sur laquelle on peut lire le texte suivant : « Ce produit a été fait à la main au Cambodge au sein des communautés de

tisserands de Tanor, Kporm, Saiwa, Kdagn (province de Takeo) et Prey Antak

(province de Prey Veng). Les tisserands, pour la plupart des femmes également

paysannes, perçoivent un prix équitable pour leurs produits en soie, ce qui leur

permet de vivre mieux et d’envoyer leurs enfants à l’école. En achetant ce produit, vous contribuez à

réduire la pauvreté dans les villages ruraux dont l’histoire a longtemps été difficile. 100% soie. Laver

à la main à l’aide d’un savon approprié. Teintures respectueuses de l’environnement et conformes à

la Directive 2006/61/EC de l’UE. Produit et distribué avec l’appui du Programme de réduction de la

pauvreté par l’exportation (PRPE) du Centre du commerce international (ITC) des Nations Unies.

www.silkfromcambodia.com »

Artisane avec son

travail

Collection de base

Pour répondre aux exigences des touristes, les producteurs doivent être créatifs et tester de nouveaux modèles. Le tourisme n’est pas différent des autres secteurs d’activité dans la mesure où il se doit d’innover pour susciter la demande. Les réactions des acheteurs peuvent être utilisées pour mettre en lumière les produits qui se vendent bien et qui peuvent encore être développés. Les producteurs devraient essayer de ne pas imiter des produits existants mais plutôt de créer leurs propres modèles contemporains. Ils peuvent concevoir de nouveaux produits ou adapter leurs produits existants pour créer de nouveaux styles. Les programmes de développement peuvent aider les groupements de producteurs à renforcer leurs compétences en matière de stylisme et les encourager à concevoir de nouveaux produits en : Les sensibilisant à la nécessité d’innover en matière de stylisme et de répondre

aux attentes du marché. Formant les stylistes locaux qui travaillent avec les groupements de producteurs,

les ONG et les associations. Encourageant les artisans locaux à essayer de produire de nouveaux modèles.

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Fournissant un accès aux sources d’informations sur les tendances du moment en matière de styles et de couleurs.

Instaurant des partenariats avec les universités et les écoles de stylisme.

Exercice 4 : Améliorer la conception des produits Recueillir des idées dans le cadre d’un exercice de réflexion sur les questions suivantes : À titre individuel, comment jugez-vous la qualité, l’innovation et la diversité des produits de l’artisanat vendus aux touristes ? Quelles sont les ressources locales disponibles dont vous pourriez tirer parti pour améliorer la conception des produits ? Comment pourriez-vous faciliter l’innovation, l’amélioration et la diversification des produits ?

Outre l’introduction de nouveaux modèles, l’amélioration de la qualité du produit peut aussi accroître les débouchés sur le marché. L’amélioration de la qualité du produit passe par un système de contrôle de la qualité de base en trois temps : Il s’agit tout d’abord de s’assurer que la matière première fournie convient à la

production d’un produit fini de qualité supérieure. Des contrôles réguliers de la qualité doivent ensuite être réalisés tout au long du

processus de production pour faire en sorte que la qualité du produit soit constante.

Les producteurs d’artisanat doivent enfin procéder à un contrôle rigoureux de la qualité du produit fini avant que de l’envoyer aux points de vente.

Les producteurs devraient aussi s’efforcer de produire certaines quantités pour permettre un approvisionnement régulier, continu et fiable des magasins et des grossistes. Les produits doivent être disponibles en quantités suffisantes et en temps voulu, notamment pendant la haute saison touristique. Il convient de noter que certains produits ne peuvent être négociés. Il est donc important que les producteurs soient conscients du fait que : Leurs produits ne doivent pas être fabriqués à partir d’espèces menacées. Les espèces animales et végétales vivantes sont soumises à quarantaine étant

donné qu’elles peuvent introduire des parasites dans d’autres pays.

4.4. Formation des producteurs au calcul des coûts et à l’établissement des prix

Les producteurs devraient connaître leurs coûts de production et savoir comment fixer leurs prix de manière compétitive, pour qu’ils soient attrayants pour le client, tout en dégageant un bénéfice raisonnable.

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Pour établir les prix, le plus simple est de voir quels sont les prix pratiqués par d’autres producteurs pour des produits similaires, et de fixer le prix de ses produits en conséquence. Pour de nombreux types de produits, les prix seront plus ou moins standards. Les producteurs devraient aussi se demander quels types de produits sont vendus à un prix plus élevé que d’autres articles et recèlent ainsi un plus gros potentiel de revenu. Les producteurs devraient aussi ne pas oublier que les touristes s’attendent souvent à pouvoir marchander le prix de l’artisanat avec le vendeur. Le coût de production total des produits de l’artisanat peut généralement être divisé en trois catégories : coût des matières premières (matériaux utilisés), coût de la main-d’œuvre (coût des heures de travail), et coûts indirects (coûts indirectement liés au processus de production). En outre, les entreprises peuvent devoir acquitter des taxes sur les ventes comme la TVA (dans certains cas) et voudront dégager un bénéfice. Le producteur sait probablement d’expérience combien de pièces il peut produire à partir d’une unité de matière première (un kilo, un mètre, etc.). Le prix payé par le producteur pour la matière première, divisé par le nombre de pièces fabriquées à partir de cette matière première, donne le coût en matière du produit. Souvent, plusieurs types de matériaux entrent dans la production d’un produit de l’artisanat. N’oubliez pas non plus qu’une partie de la matière première finit en rebut pendant le processus de production. Le coût des rebuts doit toutefois aussi être inclus dans le prix du produit.

Exercice 5 : Calcul du prix du produit Estimez les coûts directs par pièce et ajoutez des marges pour couvrir les coûts indirects, les taxes sur les ventes (le cas échéant) et calculez une marge bénéficiaire.

Coûts directs par pièce (voir exemple dans l’encadré 13) Matériau 1 Matériau 2 + Matériau 3 +

Matériau 4 + Main-d’œuvre 1 + Main-d’œuvre 2 + Autres coûts +___________ Total coûts directs par pièce = + marge x% pour coûts indirects (voir exercice 6) + + marge x% pour taxes à acquitter + 1 marge x% pour marge bénéficiaire +___________ Prix produit =

La main-d’œuvre s’entend du temps que consacre le producteur (et ses employés) à travailler sur le produit. Pour calculer le coût de la main-d’œuvre par personne, il convient de multiplier le nombre d’heures consacrées par le producteur à la production par le salaire horaire moyen en vigueur. Les coûts indirects s’entendent de l’ensemble des coûts d’exploitation qui ne sont pas directement liés à la production. Ils peuvent inclure le loyer du magasin,

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l’amortissement des équipements, le téléphone, l’électricité, la maintenance, le transport, les taxes et les frais de commercialisation. Le prix du produit doit inclure une marge couvrant ces frais tout en laissant un peu d’argent au producteur pour, le cas échéant, remplacer un équipement défectueux ou investir dans des activités de commercialisation. Les dépenses en loyer, téléphone et électricité peuvent être estimées et calculées sur une base mensuelle. Pour estimer les coûts indirects par pièce, il convient de se demander combien de pièces peuvent être produites/vendues par mois. La production et le volume des ventes pouvant grandement varier, il est possible d’estimer les coûts indirects par pièce à partir des différentes quantités susceptibles d’être vendues. Les achats d’outils et d’équipements sont ponctuels car ces produits durent généralement longtemps. Ils sont néanmoins relativement coûteux et exigent de mettre régulièrement de l’argent de côté pour pouvoir les remplacer lorsqu’ils parviennent en fin de vie. Cette « épargne » nécessaire entre dans les coûts indirects du produit et est connue sous le nom d’amortissement. Pour calculer cet amortissement, il convient de diviser le coût du nouvel équipement par le nombre d’années d’utilisation escomptée avant son remplacement par une nouvelle machine.

Exercice 6 : Calcul de la marge sur les coûts indirects Quels sont vos coûts indirects et comment les couvrir selon les quantités vendues ?

Coûts indirects/mois Installations de production/loyer magasin Amortissement équipement Électricité/communication Coût main-d’œuvre du personnel administratif ou de vente Transport/voiture Autres coûts ___________

Total coûts indirects/an = Coûts indirects par pièce

Production modeste (….pièces/an) Coûts indirects par pièce = Production moyenne (….pièces/an) Coûts indirects par pièce = Production importante (….pièces/an) Coûts indirects par pièce =

Encadré 13 : Exemple de calcul des coûts directs Chaussons tricotés pour bébé

(feutre/mélange de fils) de Mongolie

PRPE Mongolie, 2009

Matière première 100 grammes de laine teinte,

$E.-U. 17,7/kg

30 cm de cuir, 185/10cm

Fil

Savon

Fil tricoté, 40 grammes

Coût de la main-d’œuvre

3,8 heures, $E.-U. 0,5/heure

Total coûts directs

$E.U.

1.77

0.39

0.07

0.07

0.43

1.90

4.63

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4.5. Amélioration des efforts de promotion des ventes

Aucun produit ou presque ne peut être vendu sans faire l’objet d’une forme de promotion ou de publicité, quelle qu’elle soit. Pour vendre un produit, encore faut-il que les clients sachent qu’il existe et qu’ils peuvent se le procurer. Le matériel publicitaire peut être conçu par l’association de producteurs et peut rendre le produit plus intéressant aux yeux des touristes. Idéalement, il devrait décrire le processus de production du produit, retracer l’évolution de la tradition artisanale dans le pays. Les touristes sauront ainsi dans quel contexte sont fabriqués les produits artisanaux et auront peut-être envie de passer au magasin. Certains objets ont plus de valeur et d’intérêt pour le touriste lorsqu’ils sont en rapport avec le patrimoine culturel local. Les produits censés porter bonheur, ou qui sont des répliques modèle réduit d’une statue très connue et propre à la région, présentent davantage d’intérêt pour les touristes que les produits sans aucune signification religieuse ou culturelle. En outre, si les touristes sont attachés à un produit pour sa signification religieuse ou culturelle, il y a de fortes chances qu’ils soient disposés à payer un prix plus élevé pour se le procurer. Nombreux sont les touristes plus tentés d’acheter un produit de l’artisanat s’il est une source de revenu pour les pauvres. Il est donc conseillé aux producteurs d’artisanat de mettre en avant la notion de « Commerce équitable », l’argument contribuant à l’augmentation des ventes et des prix obtenus. Le commerce équitable signifie que les producteurs pauvres perçoivent un prix équitable pour leur produit, un prix qui leur permet de gagner un revenu décent et qui permet à leur famille de vivre au dessus du seuil de pauvreté. Les groupements et associations de producteurs d’artisanat dont les produits sont officiellement certifiés issus du commerce équitable sont nombreux dans les pays en développement et en transition. La certification est un avantage mais peut aussi s’avérer trop complexe ou trop coûteuse pour certains. En ce qui concerne le marché du tourisme, faire valoir que les achats bénéficient en priorité aux producteurs pauvres et donc favorisent le commerce équitable est, dans bien des cas, suffisant. Les groupements et coopératives de producteurs devraient, dans l’idéal, expliquer dans leur matériel publicitaire si et dans quelle mesure la vente de leurs produits d’artisanat contribue à la réduction de la pauvreté. Parmi les matériels publicitaires utiles pour les touristes peuvent être cités : Les prospectus et les brochures Les affiches, tableaux d’informations et banderoles Les publicités Les étiquettes apposées sur les produits Les films vidéo.

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Encadré 14 : « Nazar », l’œil du malin

Conter l’histoire du produit au touriste est un bon moyen d’en accroître la valeur. Voici un exemple qui nous vient de la Turquie.

« Un jour, une femme donne naissance à un beau bébé aux joues roses en pleine santé ; tous les voisins viennent voir le bébé. Ils le couvrent de compliments, s’exclamant tout particulièrement sur la bonne santé de ce bébé joufflu. Quelques semaines plus tard, le bébé tombe malade, sans qu’il soit possible de savoir à quoi est due sa maladie. On parle de l’œil du malin ou « Nazar ». Afin de protéger le bébé du « Nazar », toutes les mères turques ou presque attachent une petite amulette sur les vêtements du bébé. Lorsque l’amulette est retrouvée fendue, cela signifie qu’elle a protégé le bébé du mal et doit immédiatement être remplacée. »

Les Turcs pensent que cette amulette contre l’œil du malin les protège et que ce sont les énergies négatives qui se concentrent dans l’amulette qui font qu’elle se brise. Aucune énergie négative ne peut atteindre celui ou celle qui porte l’amulette qui protège contre le « Nazar ». Cette amulette est un objet traditionnel de la Turquie et l’on en trouve partout : les femmes les portent en bracelet, en boucles d’oreilles ou en collier ; d’autres personnes l’accrochent dans leur maison, leur bureau ou leur voiture, et sur les vêtements des bébés.

Si quelqu’un vient d’avoir un bébé, d’acheter une nouvelle voiture, de construire un nouveau bâtiment ou si quelqu’un craint que ses « amis » ou des tiers lui envient sa bonne fortune, là encore c’est l’amulette qui est utilisée pour protéger toute chose nouvelle ou susceptible de susciter des convoitises.

Source : www.business-with-turkey.com/tourist-guide/evil_eye_amulet_nazar_boncuk.htm

Nazar

Des prospectus peuvent être distribués dans les aéroports, les hôtels, les restaurants, les agences de voyage, les pubs et autres lieux dans lesquels les touristes se rendent habituellement. Dans les hôtels et les complexes touristiques on trouve généralement des comptoirs d’information où sont disponibles tous types de prospectus et de brochures.

Dans la plupart des destinations touristiques il existe différents types de publications informant les touristes des lieux d’intérêts existants dans la région, des excursions possibles, des manifestations publiques, etc. Si les touristes lisent les publicités et articles contenus dans ces publications, ils auront peut être envie de visiter les magasins d’artisanat présentés. Les groupements et associations de producteurs peuvent parfois négocier avec les éditeurs pour insérer des articles qui présentent leurs activités en plus des publicités payées. La publicité dans les publications des compagnies aériennes disponibles dans les avions est une autre possibilité.

Exercice 7 : Amélioration des efforts de promotion des ventes

Prenez l’exemple d’un groupement de producteurs que vous connaissez bien et notez sur une demi-page :

Trois raisons pour lesquelles il serait bon d’acheter le produit de ce groupement ; Trois avantages du produit ; Trois avantages pour le client.

Utiliser ces arguments pour rédiger un texte promotionnel d’une demi-page maximum.

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Sur vos prospectus, brochures, affiches, publicités, étiquettes et films vidéo, donnez aux touristes des informations sur le contexte dans lequel le produit est fabriqué et, plus important, jouez sur la corde sensible. Utilisez des photos, des phrases simples et des exemples clairs. Même sur les petites étiquettes attachées aux produits vous avez la place d’évoquer, par exemple, les avantages sociaux découlant de sa vente (voir l’Encadré 12, CCC Cambodge). Les points d’information et les panneaux d’affichage destinés aux touristes vous permettent aussi d’informer les touristes sur les points de vente d’artisanat. Distribuez du matériel publicitaire dans les lieux où les touristes se concentrent, comme les hôtels, les cafés et les restaurants. Des tableaux d’affichage peuvent être placés sur les places des villes ou des villages, à proximité des magasins et des restaurants. Des panneaux d’informations peuvent être placés dans les aéroports. Les groupements et associations de producteurs de plus grande taille peuvent pousser le marketing plus loin en créant des marques qui seront reconnues comme le symbole de produits de qualité par le secteur du tourisme local. Pour lancer une marque, il convient de créer une gamme complète de produits présentant des caractéristiques de qualité distinctives (éléments de fait tangibles) conjuguées à un slogan, un label, un logo et des valeurs fondamentales intangibles en rapport avec le patrimoine artisanal, les racines et l’engagement social.

4.6. Appui aux initiatives des gouvernements L’élaboration des stratégies de développement ou des plans-cadre en faveur des destinations touristiques relève des organisations gouvernementales nationales, régionales et locales. Leur rôle premier consiste à faire en sorte que soient réunies les conditions juridiques et sociales nécessaires et que l’environnement soit favorable à la croissance des entreprises. Il convient de s’assurer que les infrastructures adéquates sont en place, et que la stabilité politique et la sécurité sont garanties. Le gouvernement accorde généralement un grand intérêt à la promotion du tourisme qui représente une des principales sources de recettes pour le pays. Il s’efforce d’accroître l’intérêt de sa destination, et un secteur de l’artisanat dynamique peut être un atout de taille pour atteindre cet objectif. Il est important que le gouvernement s’attache à : Améliorer le cadre législatif pour les MPME ; Mettre à disposition les terrains et installations dont ont besoin les artisans et le

secteur du tourisme ; Organiser des festivals, manifestations et marchés pour favoriser le tourisme et

l’artisanat ; Coordonner et promouvoir les activités organisées dans le cadre des projets ; Offrir des formations professionnelles destinées aux secteurs du tourisme et de

l’artisanat. La promotion des secteurs du tourisme et de l’artisanat relève d’organismes gouvernementaux différents et exige une coordination entre les départements,

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organisations et institutions impliqués dans le développement de ces secteurs. Les décisions importantes et à long terme qui ont des conséquences de taille sur les ventes d’artisanat sont souvent prises par les offices et conseils du tourisme, des partenaires clés du PRPT. Les projets du PRPT peuvent appuyer les initiatives des gouvernements en : Faisant la démonstration des possibilités de dégager des revenus pour les

pauvres par le biais de projets pilotes, lesquels pourront être reproduits par les organismes publics pour en faire bénéficier le plus grand nombre.

Facilitant les discussions entre les professionnels de l’artisanat lié au tourisme et les organismes publics pour améliorer la coopération.

Contribuant à améliorer l’organisation et les résultats des associations de producteurs d’artisanat pour leur permettre de devenir des partenaires utiles pour le gouvernement.

Aidant à organiser des festivals, manifestations et marchés pour sensibiliser la population.

Améliorant le savoir-faire et les compétences des centres de formation professionnelle.

Les organismes publics peuvent faire fond sur les activités du PRPT, accroître leur impact et leur durabilité. Les enseignements tirés peuvent être intégrés aux initiatives actuelles des gouvernements et être mis en application à plus grande échelle. Les responsables du tourisme dans les institutions publiques peuvent appuyer les initiatives et projets lancés au titre du PRPT pour promouvoir l’amélioration des liens commerciaux entre les artisans et le secteur du tourisme. Ils peuvent faciliter l’échange d’informations et se concentrer sur la promotion des activités touristiques en rapport avec le tourisme. Lorsque le gouvernement soutient les projets de développement de l’artisanat,, les possibilités sont multiples de gagner sur de nombreux plans. Les organismes publics compétents doivent d’emblée être associés à la conception du projet et rester d’actifs partenaires tout au long de sa mise en œuvre. Les enseignements tirés des activités réalisées dans le cadre du projet doivent être communiqués aux autorités gouvernementales pour être intégrés aux politiques qui seront par la suite adoptées en faveur du secteur.

Résumé : Comment développer la chaîne de valeur de l’artisanat liée au tourisme ? Améliorer les liens commerciaux entre les différentes parties prenantes à la chaîne de valeur par

le biais d’interventions qui tiennent compte des intérêts de tous et bénéficient à toutes les parties. Aider à organiser les groupements et associations de producteurs pour renforcer leur

compétitivité. Promouvoir l’innovation et l’esprit d’entreprise. Appuyer l’adoption de politiques sectorielles.

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5. Bibliographie et lectures conseillées

Ashley, C., 2006, Participation by the poor in Luang Prabang tourism economy: Current earnings and opportunities for expansion, Overseas Development Institute (ODI) et SNV Netherlands Development Corporation

Dutta, M., 2009, Rapport sur l’analyse de la chaîne de valeur de la transformation des denrées alimentaires, production de Krama, confection de vêtements, Ministère de la condition feminine du Cambodge/PNUD (en anglais)

Eiligmann, A., 2009, Opportunity study for Krama and doormats made from garment waste, International Development Consultants (IDC), pour le Centre du commerce international

Société financière internationale (SFI), 2006, The Tourism Sector in Mozambique: A Value Chain Analysis

Centre du commerce international (ITC), 2006, Réduction de la pauvreté par l’exportation

Centre du commerce international (ITC), 2006, EPRP Tool kits

Centre du commerce international (ITC), 2000, Product Costing and Pricing, Artisan as Entrepreneur Training Module

Khmer Silk Villages (KSV), 2009, Plan stratégique (en anglais)

Lusby, F. et Panlibuton, H., 2007, Value Chain Program Design: Promoting Market-Based Solutions for MSME and Industry Competitiveness, USAID – Bureau de développement des petites entreprises

Mitchell, J. & Ashley, C., 2009, Value chain analysis and poverty reduction at scale, Overseas Development Institute (ODI)

Mitchell, J. & Faal, Jojoh, 2006, The Gambian Tourist Value Chain and Prospects for Pro-Poor Tourism, Overseas Development Institute (ODI)

Mitchell, J. & Le, P., 2007, Participatory Tourism Value Chain Analysis in Da Nang, Central Vietnam. Overseas Development Institute et MCG Management Consulting.

Ngo, Duc Anh, 2005, Blending handicrafts and tourism development the good way of preservation of tradition and poverty reduction in rural areas, workshop presentation for Vietnam National Administration for Tourism; ASIA Seed Institute et JODC

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Rylance, A., Spenceley, A., Mitchell, J., Leturque, H, 2009, Module de formation du secteur agricole, Programme de réduction de la pauvreté par le tourisme, Centre du commerce international

Spenceley, A., Ashley, C. & Mitchell, J., 2008, Guide pour la réalisation d’études d’opportunité, Programme de réduction de la pauvreté par le tourisme, Centre du commerce international

Springer-Heinze, A. 2007, ValueLinks Manual, Deutsche Gesellschaft für Technische

Zusammenarbeit (GTZ)

Conseil mondial du voyage et du tourisme, 2009, www.wttc.org

Pour plus de publications sur le développement économique, le tourisme et l’artisanat, veuillez consulter le site de l’ITC à l’adresse suivante: www.intracen.org/eshop et www.intracen.org/creativeindustries