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IFPEK
Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes
Projet de fin de vie en Unité de Soins Palliatifs : quel accompagnement par l’ergothérapeute ?
UE 6.5 S6 : Evaluation de la pratique professionnelle et recherche
En vue de l’obtention du Diplôme d’Etat d’ergothérapeute
BEDEL Sophie Mai 2013
IFPEK
Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes
Projet de fin de vie en Unité de Soins Palliatifs : quel accompagnement par l’ergothérapeute ?
UE 6.5 S6 : Evaluation de la pratique professionnelle et recherche
En vue de l’obtention du Diplôme d’Etat d’ergothérapeute
Sous la direction de Mme MEUNIER-SCHOEN Pierrette
BEDEL Sophie Mai 2013
Résumé
Récemment légiférée, la fin de vie est au cœur de l’actualité. La notion de projet de fin
de vie, pourtant peu évoquée par la littérature, trouve tout son sens en unité de soins palliatifs.
Entourés par une équipe pluridisciplinaire et des bénévoles d’accompagnement, le malade et
ses proches traversent ensemble cette douloureuse étape de la vie.
L’ergothérapeute est amené à intervenir ponctuellement dans les unités de soins
palliatifs. Comment participe t-il à l’accompagnement du patient dans son projet de fin de vie ?
Parvient-il à utiliser son outil spécifique qu’est l’activité thérapeutique ? Qu’en est-il de son
intégration au sein de l’équipe transdisciplinaire ?
L’enquête a cherché à répondre à ces questionnements par le biais d’entretiens
qualitatifs auprès des principaux intervenants de la prise en charge du patient. Les soignants
ont démontré leur attachement à encourager l’individu dans l’élaboration de son propre projet
de fin de vie. Bien que participant, l’ergothérapeute apparait davantage comme un acteur
externe et indirect, axant son travail sur des préconisations de positionnement. L’activité
thérapeutique s’est révélée être rarement exploitée car soumise à trop de contraintes.
Mots clefs : Projet de fin de vie / Unité de soins palliatifs / Equipe transdisciplinaire / Ergothérapie / Activité thérapeutique
Recently enacted, End-Of-Life law is at the heart of today's preoccupations. The idea of
an End-of-Life project, yet little mentioned within literature, find its whole meaning in palliative
care unit. Surrounded by a multidisciplinary team and volunteers in palliative care, the patient
and its relatives go through this painful life stage together.
The occupational therapist occasionally takes action in palliative care units. How does
he take part in the end of life project of the patient? Does he manage to use its specific tool,
which is therapeutic activity? What about its integration within the cross-disciplinary team?
The investigation tries to answer those questionings through qualitative interviews with
the main protagonists of the patient care. Caregivers have shown their attachment to encourage
the patient into its own end of life project. Even if the occupational therapist is a also caregiver,
he still appears more as an external and indirect player, basing its work on positioning
suggestion. The therapeutic activity turned out to be rarely used because subject to too much
constraints.
Keywords : End-of-Life project / Palliative care unit / Cross-disciplinary team / Occupational therapy / therapeutic activity
« Au fond, la question est de savoir
si les patients entrent en institution pour y mourir
ou bien pour y vivre le plus convenablement possible
les dernières années ou moments de leur vie. » 1
1 PRADINES B., PRADINES-ROUZEIROL V., POLI P. Fin de vie en soins de longue durée. NPG, février 2009,
Volume 9, numéro 49, pp 32-41.
Remerciements
Je tiens à remercier sincèrement toutes les personnes qui ont contribué au bon
déroulement de ces trois merveilleuses années de formation en ergothérapie ainsi qu’à
l’élaboration de ce mémoire de fin d’étude.
Plus particulièrement, merci à,
ma directrice de mémoire, Mme Pierrette Meunier Schoen, pour son soutien, ses précieux
conseils et son suivi ;
les différents intervenants qui ont acceptés de me recevoir et de répondre à mes questions
au cours d’entretiens ;
mes amis et camarades de promotion avec qui j’ai partagé des moments de joie mais aussi
de doutes et qui ont su me soutenir dans les moments difficiles ;
mes deux colocataires pour ces deux dernières années ;
mes amis et ma famille pour leur soutien.
Sommaire
Introduction ........................................................................................................................... 1
PROBLEMATIQUE ............................................................................................................... 2
CADRE CONCEPTUEL .......................................................................................................10
1. Projet et fin de vie .....................................................................................................10 1.1. Le projet de vie .......................................................................................................10 1.2. La fin vie .................................................................................................................11 1.3. Le projet de fin de vie .............................................................................................14
2. Les soins palliatifs .....................................................................................................16 2.1. Qu’est-ce que les soins palliatifs ? .........................................................................16 2.2. L’organisation des soins palliatifs ...........................................................................18 2.3. Ethique et cadre législatif .......................................................................................21
3. L’ergothérapie ...........................................................................................................23 3.1. Généralité ..............................................................................................................23 3.2. Un outil spécifique : l’activité thérapeutique ............................................................26
Conclusion du cadre théorique .............................................................................................28
METHODOLOGIE ................................................................................................................29
1. Méthodologie du recueil de données .........................................................................29 1.1. Choix de l’outil ........................................................................................................29 1.2. Choix de la structure ..............................................................................................29 1.3. Choix de la population interrogée ...........................................................................29 1.4. Le guide d’entretien ................................................................................................31
2. Méthodologie d’analyse des données .......................................................................31 2.1. Passation des entretiens ........................................................................................31 2.2. Méthode d’analyse des entretiens ..........................................................................32
RECUEIL ET ANALYSE DES DONNEES ............................................................................33
1. Le travail en soins palliatifs .......................................................................................33
2. Le travail en équipe pluri/inter/transdisciplinaire ........................................................36
3. Le rôle du bénévole...................................................................................................38
4. Le travail de l’ergothérapeute ....................................................................................41
DISCUSSION .......................................................................................................................47
1. Conclusion de l’enquête ............................................................................................47
2. Evaluation des hypothèses .......................................................................................51
3. De nouvelles pistes de réflexions ..............................................................................52
4. Critique de la méthode ..............................................................................................53
CONCLUSION .....................................................................................................................54
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................55
Annexes ..................................................................................................................................
Sophie BEDEL Mai 2013 1
Introduction
Le vieillissement de la population et les progrès de la médecine « chronicisent » des
maladies autrefois aigües et accroissent le nombre de personnes ayant un état de santé
vulnérable du fait de leur grand âge ou de la gravité de leur maladie. L’augmentation de
l’espérance de vie de personnes présentant des maladies incurables a nécessité le
développement de structures adaptées à l’accompagnement de la fin de vie. Les soins
palliatifs ont pour objectif de répondre à cette demande croissante. En effet, chaque année
en France, 60% des personnes qui décèdent seraient susceptibles de relever d’une prise en
charge en soins palliatifs, soient plus de 322 000 personnes2. Ce type de soins est encore
récent, la première unité de soins palliatifs (USP) en France a vu le jour en 1987. Depuis,
près de 110 USP se sont ouvertes.
L’ergothérapeute est un professionnel de Santé intervenant dans des secteurs variés
principalement axés sur la rééducation, la réadaptation et la réinsertion psychosociale de
l’individu. Il dispose d’un outil qui lui est spécifique : l’activité signifiante. Depuis une
vingtaine d’années, il a peu à peu intégré les services de soins palliatifs pour enrichir la prise
en charge des patients en fin de vie. Pourtant au cœur de l’actualité par de récentes lois,
cette problématique est peu abordée dans la formation des ergothérapeutes, davantage
habitués à accompagner le patient dans la réalisation de projets de vie tournés vers d’autres
publics.
Intervenant selon une approche globale du patient, l’ergothérapeute se retrouve
confronté à des situations complexes liées à la fin de vie. Ce mémoire de fin d’étude visera à
approfondir cette problématique, en commençant par une partie expliquant l’émergence de
ma question de recherche et d’hypothèses de réponses. Ensuite, le cadre conceptuel
développera les notions des projets, de soins palliatifs et d’ergothérapie. Puis, la
méthodologie de l’enquête sera détaillée avant de présenter l’analyse des données
recueillies et sa discussion. Cette dernière partie comprendra la synthèse de l’enquête,
l’évaluation des hypothèses de départ, la critique de la méthode et de nouvelles pistes de
réflexions. Enfin, une conclusion viendra clore ce travail d’initiation à la recherche.
2 CépiDc INSERM, Répartition de la population adulte susceptible de bénéficier de soins palliatifs par type de
trajectoire de fin de vie selon le lieu de décès, 2008.
Sophie BEDEL Mai 2013 2
PROBLEMATIQUE
L’ergothérapie est une profession de santé aux carrefours de divers secteurs
sanitaires et sociaux, allant de la rééducation fonctionnelle à la réhabilitation psychosociale,
et s’adressant à des personnes de tout âge de la vie. Ainsi, cette variété de secteurs
d’intervention lui offre un large champ d’application. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est bien
souvent complexe d’expliquer, à une personne novice en la matière, ce qu’est cette
profession. Ceci participe sans doute à la méconnaissance du métier du grand public et
parfois même des autres professionnels de santé. Pourtant, les ergothérapeutes, quel que
soit leur lieu d’exercice, partagent les mêmes valeurs, transmises en majeure partie par la
formation. En effet, tous les ergothérapeutes travaillent toujours dans une même direction :
maintenir ou restaurer l’autonomie et l’indépendance de l’individu.
Cette méconnaissance du métier peut être frustrante en tant que professionnel mais
aussi en tant qu’étudiant. En effet, à diverses occasions, j’ai pu me rendre compte qu’il y
avait encore un long chemin à parcourir avant que l’ergothérapie soit clairement identifiée.
Outre la méconnaissance de la profession chez le grand public, les professionnels de
santé eux même semblent peu informés. En effet, lors de mes expériences professionnelles
en tant que stagiaire, j’ai remarqué qu’au sein même d’une équipe pluridisciplinaire de santé,
le rôle et les compétences de l’ergothérapeute restaient flous pour bon nombre de
professionnels. Là encore, les ergothérapeutes et moi-même ressentions de la frustration et
étions parfois cantonnés à appliquer une partie seulement de nos compétences par manque
de prescriptions médicales du médecin par exemple. A contrario, dans certaines équipes,
l’identité professionnelle de chacun des soignants était claire. La dynamique de groupe et la
coopération entre les différents acteurs n’étaient que meilleures car plus organisées et plus
efficaces. Il me parait alors essentiel de contribuer à mon échelle à une meilleure
connaissance du métier d’ergothérapeute.
Dans le cadre de mon mémoire de fin d’étude, ma volonté est donc de participer à la
promotion de l’ergothérapie mais là où on ne l’attend pas : dans les services de soins
palliatifs. En effet, l’ergothérapeute travaille souvent dans une perspective d’avenir où il
élabore avec le patient un projet de vie. Pourtant, comme rappelé précédemment,
l’ergothérapeute peut être amené à exercer auprès d’individus de tout âge de la vie, y
compris auprès de personnes en fin de vie. C’est lors d’un stage de 2ème année de formation
que j’ai découvert ce type de prise en charge si particulier. Je suis allée deux mois dans un
hôpital constitué d’un pôle de psycho-gériatrie dans lequel s’est déroulée la majeure partie
de mes interventions. Toutefois, l’établissement possédait également un service de soins
palliatifs. Il s’agissait plus exactement d’une unité de soins palliatifs comprenant dix
chambres individuelles. Ce service était vraiment singulier et différent des autres pôles de
Sophie BEDEL Mai 2013 3
l’hôpital. En effet, à l’inverse de l’agitation et de l’animation ambiante des autres services, il y
régnait le calme et un sentiment d’apaisement. On y trouvait des fleurs et des bougies dans
le couloir, parfois un fond sonore de musique classique. Quelques pièces de vie étaient
réservées au patient s’il souhaitait recevoir des proches. L’équipe soignante y privilégiait le
confort et la qualité de vie des patients. Bien qu’importantes, ce ne sont pas les capacités
physiques qui étaient au cœur de la prise en charge mais le ressenti et le vécu de l’individu.
Je suis intervenue avec ma tutrice ponctuellement dans ce service, essentiellement
pour proposer des préconisations de positionnement. Mais les prises en charge
ergothérapeutiques ne se sont pas toutes arrêtées là. La situation d’un patient en particulier
m’a interpellée. Il s’agissait de Mr P, un homme de 35 ans ayant une tumeur au niveau des
cervicales, diagnostiquée 2 ans auparavant. Son cancer était responsable d’une
tétraparésie. Il était marié et père de deux enfants : une fille de 13 ans et un garçon de 10
ans. A son entrée dans le service, nous avons constaté que le patient était très douloureux,
notamment au niveau des cervicales. Ses membres supérieurs ne permettaient aucune
mobilité. Cependant, il avait conservé une légère abduction de l’articulation talo-crurale
gauche. Lors de notre première intervention, nous avons rencontré Mr P, allongé dans son
lit. Après avoir échangé avec le patient, nous avons tout de suite rempli un premier objectif :
assurer sa sécurité. Concrètement, il s’agissait de trouver un moyen pour que celui-ci puisse
avoir accès à la sonnette pour joindre l’équipe soignante si besoin. Nous avons proposé au
patient de fixer un contacteur relié à la sonnette au bas de son lit, à gauche. Après avoir
essayé, Mr P a adopté cette solution. Pendant l’installation, nous avons établi un premier
dialogue avec le patient. Celui-ci semblait épuisé, tout à fait conscient de sa situation mais
aussi révolté et animé par un sentiment d’injustice. Il était important de prendre le temps
d’écouter le patient dans ses inquiétudes et ses souhaits. Nous commencions ainsi à
construire une relation de confiance avec le patient. Toujours lors de ce premier entretien
avec Mr P, nous nous sommes assurés de permettre au patient de se déplacer. Nous lui
avons alors proposé un fauteuil roulant de confort. Certes, il ne pouvait pas se mouvoir seul
mais la priorité pour Mr P était de limiter ses douleurs et d’être dans une position la plus
confortable possible. L’ergothérapeute et moi-même avons alors préconisé un
positionnement au lit et au fauteuil. C’est ainsi que s’est terminée notre première
intervention.
L’ergothérapeute travaillait sur différents services de l’hôpital, principalement sur le
service de soins de suite et de réadaptation (SSR). C’est donc l’équipe soignante référente
de l’unité de soins palliatifs qui l’appelait lorsqu’elle estimait qu’un patient avait des besoins
spécifiques. Dans cette situation par exemple, l’infirmière de Mr P avait demandé à
l’ergothérapeute d’intervenir pour effectuer des tâches précises : rendre la sonnette
accessible et assurer le confort de Mr P (au lit comme au fauteuil). Cette organisation de
Sophie BEDEL Mai 2013 4
travail d’équipe rendait l’ergothérapeute moins autonome dans l’élaboration du plan de
traitement du patient. Toutefois, elle avait toujours l’occasion de s’exprimer lors des réunions
pluridisciplinaires (lorsque son planning lui permettait d’y assister).
Lors ces réunions de synthèse hebdomadaire, l’équipe accordait une place majeure à
l’humeur du patient et à son cheminement psychologique. La situation avec son entourage
était complexe et avait des répercussions sur sa volonté de se battre contre son cancer.
Effectivement, ses relations avec ses enfants s’étaient envenimées. Auparavant, Mr P était
un homme très investi dans son travail, laissant peu de place à sa vie privée. Il n’était pas
très complice avec ses deux enfants et l’était encore moins depuis sa maladie. Mr P se
voyait régresser de jour en jour et ne voulait pas se sentir diminué auprès de ses enfants. Il
n’arrivait plus à assumer son rôle de père. En parallèle, depuis quelques années, aspiré par
son travail, il s’était éloigné de sa femme. Ces confidences ont été recueillies principalement
par la psychologue qui suivait non seulement Mr P mais aussi toute sa famille proche.
Toutefois, toute l’équipe soignante était également à l’écoute. De nombreuses fois, le patient
s’était confié lors de soins. Quant à sa femme, elle a aussi souvent eu besoin de parler avec
les aides soignantes notamment. Toutes ces confidences étaient partagées en synthèse
avec toute l’équipe afin que chaque acteur puisse se positionner avec le patient.
Enfin, par la suite, Mr P nous avait confié qu’il aimait l’informatique auparavant et qu’il
était fumeur mais il n’avait plus les capacités de fumer seul. Une aide soignante allait alors
en terrasse avec lui pour lui tenir sa cigarette quand il voulait fumer. Ceci démontre bien la
volonté de l’équipe de permettre au patient d’être détendu et d’être à son écoute. Après en
avoir discuté avec Mr P, j’ai cherché une aide technique pour qu’il puisse fumer seul et un
contrôle d’environnement afin qu’il gagne en indépendance, qu’il puisse surfer sur internet et
se servir de son ordinateur, allumer et changer les chaines de sa télévision, etc. Mais
quelques jours plus tard, la prise en charge a pris une autre direction. Effectivement, entre la
douleur physique ressentie en permanence, et la détresse familiale, la vie était devenue trop
difficile pour Mr P. Il a demandé à être sédaté. Selon la Société Française
d’Accompagnement et de Soins Palliatifs (SFAP, 2009), « la sédation est la recherche, par
des moyens médicamenteux, d’une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu’à la perte
de conscience. Son but est de diminuer ou de faire disparaître la perception d'une situation
vécue comme insupportable par le patient, alors que tous les moyens disponibles et adaptés
à cette situation ont pu lui être proposés et/ou mis en œuvre sans permettre d’obtenir le
soulagement escompté. La sédation est une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu’à
la perte de conscience qui peut être appliquée de façon intermittente, transitoire ou
continue ». Cette pratique, lorsqu’elle est appliquée sous ces conditions, est légale en
France. Les traitements ne sont pas administrés dans l’intention de provoquer la mort mais
de soulager des douleurs. Elle diffère donc de l’euthanasie, illégale en France.
Sophie BEDEL Mai 2013 5
Le plan de traitement a alors totalement changé. En effet, ce-dernier est établi en
fonction de la volonté du patient et non pas de ce que souhaiteraient les soignants. Le
patient reste au cœur des choix thérapeutiques. La recherche d’aides techniques n’a donc
pas abouti. L’équipe s’est concentrée sur l’écoute, le soulagement de la douleur et l’apport
de confort. Suite à sa demande de sédation, a été plongé dans un sommeil artificiel et est
décédé deux jours plus tard.
Cette situation de stage a été à l’origine de nombreux questionnements mais aussi de
frustrations :
- la frustration de ne pas avoir réussi à guérir, ce qui est pourtant la vocation première
de chaque soignant, qu’il soit médecin ou non,
- la frustration de ne pas avoir pu mettre en place avec le patient tout ce que l'on avait
en tête afin d'augmenter son confort et son autonomie...
Après avoir pris du recul et laissé ma frustration de côté, je me suis rendu compte
que ce qui était le plus important, c'était d'avoir respecté la volonté du patient, de l'avoir
laissé acteur de sa prise en charge, et maître de son destin.
Je me suis aussi questionnée sur la place de l'ergothérapeute dans une telle prise en
charge. Un patient, dans une unité de soins palliatifs, bénéficie d'un suivi pluridisciplinaire
très soutenant. L'ergothérapeute y trouve t-il sa place ? Comment peut-il intervenir
concrètement ? N'est-il pas limité par une notion de temps ? Comment peut-il apporter une
plus value au patient ? Est-il qualifié pour permettre une meilleure qualité de vie au patient ?
Ces questionnements, issus de ma situation de stage, se regroupent en une question
qui fait office de question de départ : « En quoi l’ergothérapeute peut-il enrichir la prise en
charge pluridisciplinaire d’un patient en soins palliatifs ? »
J'ai poursuivi ma réflexion en mettant en parallèle de mon expérience, la littérature, à
commencer par les textes de loi.
En effet, les compétences de l’ergothérapeute sont définies par le Ministère de la
Santé et des Sports (2010, p170). Celui ci caractérise l'ergothérapeute de professionnel de
santé. Il ajoute que « l’ergothérapeute accompagne la personne dans l’élaboration de son
projet de vie en proposant un cadre d’intervention repéré dans le temps et dans l’espace. »
Mais qu’en est-il dans le cas d’un patient suivi en soins palliatifs ? Peut-on parler de projet de
fin de vie ? Et si oui, l’ergothérapeute est-il également compétent pour accompagner un
projet de fin de vie ?
Selon le Code de la Santé Publique, « les soins palliatifs sont des soins actifs et
continus pratiqués par une équipe interdisciplinaire en institution ou à domicile. Ils visent à
Sophie BEDEL Mai 2013 6
soulager la douleur, à apaiser la souffrance psychique, à sauvegarder la dignité de la
personne malade et à soutenir son entourage. » Les soins palliatifs n'impliquent donc pas
nécessairement la notion de fin de vie mais l’idée de chronicité. Cependant, afin d’être plus
précise, j’ai choisi de centrer mon mémoire sur les personnes en fin de vie dans les unités de
soins palliatifs. En effet, il existe différentes structures de soins palliatifs mais j’ai ciblé mes
recherches sur unité de soins palliatifs, ayant déjà eu une expérience en USP.
De plus, selon l’article L. 1110-5 du Code de la santé publique : « les professionnels
de santé mettent en œuvre tous les moyens à leur disposition pour assurer à chacun une vie
digne jusqu’à la mort ». L’ergothérapeute serait donc inclus dans l’équipe pluridisciplinaire du
patient pris en charge en fin de vie. Quels sont les moyens dont-il dispose pour mettre cette
loi en application ?
De nombreux travaux traitent la prise en charge du patient en soins palliatifs,
notamment l’Agence Nationale d’ Accréditation et d’Evaluation de la Santé (ANAES, 2002)
par des recommandations. Ce document apporte des conseils et des propositions sur la
prise en charge complexe d’un patient en soins palliatifs. Ces réflexions ont été réalisées par
un large éventail de professionnels de santé. Mais aucun ergothérapeute n’y a participé.
Pourquoi sont-ils moins investis dans les services de soins palliatifs ? Est-ce lié au fait que
l’ergothérapeute y travaille le plus souvent de façon ponctuelle et non à temps plein?
Cet écrit mentionne tous les professionnels concernés par une prise en charge en
soins palliatifs : « les médecins généralistes et spécialistes, les infirmier(e)s, les aides-
soignant(e)s, les kinésithérapeutes, les psychologues, les assistantes sociales et les
ergothérapeutes. » L’ergothérapeute fait donc partie intégrante de l’équipe pluridisciplinaire
des services de soins palliatifs selon l’ANAES. A-t-il réellement sa place dans les services de
soins palliatifs ? Peut-il rendre la prise en charge du patient plus complète par des apports
spécifiques à de l’ergothérapie ? Comment peut-il travailler au sein d’une équipe
pluridisciplinaire dans un tel contexte ?
Toujours dans l’objectif d’enrichir ma réflexion, j’ai assisté à une conférence suivie
d’un débat nommée « Accompagner la fin de vie. Pour mieux connaitre la loi Léonetti et les
soins palliatifs ». La conférence a été animée par un ergothérapeute et anthropologue de la
santé. Elle a démarré par l’intervention d’un médecin responsable d’une équipe mobile
d’accompagnement et de soins palliatifs mais aussi président de la Société Française
d’Accompagnement et de Soins Palliatifs (SFAP). Celui-ci a expliqué à la salle les grandes
lignes d’une loi ayant un grand impact sur les soins en soins palliatifs : la Loi relative aux
droits des malades et en fin de vie (2005-370) plus connue sous le nom de la loi Léonetti.
C’est ensuite un médecin-pneumologue, responsable d’une unité de soins palliatifs
qui a témoigné de ses pratiques. En partageant son expérience, il a souligné l'importance de
Sophie BEDEL Mai 2013 7
créer du lien avec le patient et surtout de donner un sens à sa prise en charge. Il a raconté
par exemple avoir déjà permis avec son équipe une célébration de mariage d’un patient en
fin de vie, un baptême, etc. Il met un point d’honneur à respecter jusqu’au bout les volontés
du patient et en quelque sorte, permettre la réalisation d’activités signifiantes. Le médecin a
évoqué les professionnels travaillant avec lui dans ce sens : aide-soignant(e)s, infirmières,
médecins, kinésithérapeute, psychologue et travailleurs sociaux. Bien que l’activité
signifiante soit l’outil de prédilection de l’ergothérapeute, j’ai donc eu la surprise de constater
que la profession n’a pas du tout été mentionnée. A défaut d’avoir pu questionner les
intervenants sur le moment, je me suis entretenue par téléphone avec l’animateur,
ergothérapeute et anthropologue, afin d’avoir son regard sur la situation. Il m’a confirmé
qu’effectivement, l’ergothérapie n’avait pas été évoquée et que selon lui, la profession était
très peu connue dans les services de soins palliatifs. J’ai alors retiré deux conclusions de
cette conférence. La première est que l’ergothérapie souffre de sa méconnaissance auprès
des équipes soignantes. La deuxième idée est que l’activité signifiante est présente dans les
services de soins palliatifs, bien qu’elle ne soit pas forcément encadrée par des
ergothérapeutes.
Cette conférence m’a quelque peu déroutée. En tant qu’étudiante, j’ai une certaine
représentation de l’ergothérapie. Malgré de nombreux stages, la majeure partie de la
formation en ergothérapie reste théorique. Le risque est donc d’en avoir une vision utopique,
en décalage avec la réalité sur le terrain. J’ai alors choisi de croiser mon regard avec celui
d’une professionnelle afin de m’assurer de la cohérence et du bien-fondé de mon
questionnement.
En guise d’entretien exploratoire, j’ai alors correspondu par mail avec une
ergothérapeute ayant une expérience dans les soins palliatifs. En effet, elle a travaillé sept
ans dans un EHPAD3 et un SSR où il y avait trois lits identifiés en soins palliatifs. Elle en
retient une expérience riche de contacts, de relations mais aussi une volonté et une fierté
d’exercer sa profession. Elle garde cependant quelques regrets, comme celui de ne pas
avoir pu aller au bout de certaines prises en charges ou encore que la douleur des patients
ne puisse pas toujours être soulagée.
Cette ergothérapeute souligne l’importance d'écouter activement le(s) souhait(s) du
patient et de son entourage. De plus, elle insiste sur le fait que le travail d'équipe est
essentiel pour pouvoir déterminer le projet de soin et ainsi proposer la prise en charge la
plus adéquate pour le patient et sa famille.
3 EHPAD : Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes
Sophie BEDEL Mai 2013 8
Concrètement, elle a été amenée à :
- travailler le positionnement des patients au lit et au fauteuil (soulager la douleur,
prévenir les escarres, et optimiser le confort en choisissant le matériel adéquat)
- maintenir l'indépendance et l'autonomie : choisir et conseiller des aides techniques
- permettre le maintien de la communication avec le patient par la création de tableau
de communication lorsqu’elle est altérée
- préparer le retour à domicile par le biais de visites à domicile, d’évaluations des aides
techniques et des besoins en aides humaines, d’échanges avec l'entourage ainsi
qu’avec les divers professionnels intervenants à domicile.
Selon elle, l'ergothérapeute a entièrement sa place dans un projet de soins palliatifs
pour optimiser l'indépendance et l’autonomie du patient. Elle fait partie intégrante de l'équipe
en prenant note des transmissions des différents professionnels et en transmettant ses
observations et parfois les consignes (positionnements, aide au repas ou à la toilette, etc.)
dans le dossier de soins. Elle participe aux réunions de synthèse, et élabore avec l’équipe
pluridisciplinaire un plan de traitement personnalisé respectant les volontés du patient.
Enfin, elle pense que l'ergothérapeute pourrait intervenir à temps complet dans une
unité de soins palliatifs et ne pas se limiter à y travailler ponctuellement si le nombre de lits
est suffisant. Cela favoriserait la coordination dans le travail pluridisciplinaire, le conseil aux
équipes (de manutention notamment) et le maintien de l'indépendance du patient.
Cet échange nous donne un aperçu du travail qu’un ergothérapeute peut-être amené
à réaliser auprès de patients bénéficiant de soins palliatifs. Si l’on analyse les diverses
actions citées, nous pouvons remarquer qu’il s’agit de prise en charge assez technique, où
l’outil de l’activité signifiante n’est pas utilisé.
L’accompagnement de la fin de vie est de plus en plus un sujet d’actualité et de
société, régulièrement traité par les médias. Mais, plus qu’un sujet de société, c’est avant
tout un sujet qui nous touche tous individuellement. En effet, la fin de la vie est inéluctable
pour tout individu. La mort apparait même, selon certains, comme le plus gros défi de
chacun. Il semble donc capital d’accompagner cette fin de vie avec dignité. Cette dignité ne
peut être préservée qu’en respectant les souhaits du patient et en donnant du sens aux
soins. Bien que l’ergothérapeute ne soit pas un professionnel surreprésenté dans les
services de soins palliatifs, certains contribuent au maintien de la dignité du patient en fin de
vie. Il est donc légitime de se demander :
« En quoi l’ergothérapeute, au sein d’une équipe pluridisciplinaire, peut-il
accompagner le projet de fin de vie d’un patient dans une unité de soins palliatifs? »
Sophie BEDEL Mai 2013 9
Avant d’avoir une réponse précise à cette question grâce à des recherches et des
données supplémentaires, il convient de poser des hypothèses.
La première est que l’ergothérapeute présenterait de réelles compétences pour
enrichir la prise en charge des patients. Cependant, il interviendrait principalement en unités
de soins palliatifs pour répondre à des besoins ciblés en termes de sécurité, d’accessibilité,
de confort. L’activité comme support thérapeutique ne serait pas utilisée. Alors que
l’ergothérapeute se sert de l’activité en rééducation pour favoriser la récupération motrice, ou
en psychiatrie comme un moyen d’expression des conflits internes, elle ne serait pas
exploiter dans les unités de soins palliatifs.
Ensuite, à la vue des éléments recueillis précédemment, nous pouvons poser une
seconde hypothèse. L’ergothérapeute serait intégré dans l’équipe pluridisciplinaire mais pas
à l’élaboration du projet de fin de vie du patient. Bien qu’il y participe, il ne serait pas à
l’initiative de ses prises en charge. En effet, ses interventions resteraient ponctuelles dans la
majorité des cas et répondraient à la demande des soignants référents du patient. Du fait de
cette organisation, les objectifs de la prise en charge seraient davantage repérés par l’équipe
soignante de l’USP que par l’ergothérapeute.
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CADRE CONCEPTUEL
1. Projet et fin de vie
1.1. Le projet de vie
1.1.1. Approche globale du projet
Afin de bien saisir la notion de projet, il est nécessaire de tout d’abord s’intéresser à
son étymologie. D’origine latine, le mot « projet » vient de « projectum », participe passé du
verbe « projicere » qui veut dire « jeter quelque chose en avant ». Le préfixe « pro » signifie
« qui précède dans le temps ». Ceci traduit l’anticipation de l’exécution d’une action et la
projection dans le futur. Au projet est donc rattachée une dimension temporelle comprenant
la phase de la conception de l’objet à atteindre et la phase de réalisation de celui-ci. Il s’agit
alors davantage de la volonté d’obtenir un résultat plutôt que le résultat, l’objet lui-même.
D’une façon plus générale, Le Petit Robert définit le projet comme étant : "Une image
d'une situation, d'un état que l'on pense atteindre" ou encore "Tout ce par quoi l'homme tend
à modifier le monde ou lui-même, dans un sens donné". Ainsi, selon BOUTINET (2011a), le
projet est « une propriété spécialement humaine ». De ce fait, il transcrit plusieurs
caractères humains décelables dans les quatre pôles de signification du projet :
- le pôle biologique : la création de nouveaux projets empêche la monotonie, la
répétition. « Le projet exprime une nécessité vitale, empêchant que la répétition nous
englue dans la mort ».
- le pôle existentiel : le projet est porteur de sens pour conjurer les situations
déroutantes et absurdes auxquelles peut être confronté l’individu.
- le pôle culturel : le projet est une opportunité culturelle d’innovation, baigné dans une
société où prône le culte du changement. Il s’oppose à la marginalisation qui est un
critère d’exclusion sociale.
- le pôle pragmatique : en élaborant des projets, l’individu acquiert une maitrise des
événements et trouve un moyen rassurant de faire face à l’imprévu et aux aléas.
Ces quatre pôles s’inscrivent dans des projets dit existentiels, que BOUTINET
distingue des projets techniques. Selon lui, les projets existentiels cherchent à donner du
sens aux actes de l’individu. Ils lui permettent alors d’établir une relation privilégiée avec son
environnement et de donner de la valeur à son existence. Ce type de projets est
véritablement lié à son auteur. A contrario, les projets techniques s’attachent à la réalisation
d’un objet voué à une utilisation publique, non réservée uniquement à la personne en étant à
l’origine. Enfin, l’auteur identifie le projet à « une anticipation opératoire, individuelle ou
Sophie BEDEL Mai 2013 11
collective, d'un futur désiré » (BOUTIN ET, 2012). Il peut être mené par un seul acteur et
devenir personnel ; ou être dirigé par un groupe de personnes et devenir un projet commun.
1.1.2. Spécificité du projet de vie
Le projet de vie s’apparente à un projet existentiel et individuel. Toujours dans une
notion de temporalité, le projet de vie se déroule comme son nom l’indique, tout au long de la
vie de l’individu. L’Homme, en fonction de ses valeurs, prend des décisions et agit pour
tenter d’atteindre ses aspirations. « Il est le fil conducteur évolutif et malléable à souhait
d'une histoire en devenir, un scénario possible parmi d'autres qui peuvent à tout moment
être privilégiés à la place du choix initial ». (BOUTINET, 2011b)
Selon Jean-Pierre BOUTINET, le projet de vie se découpe en sous-projets, en
fonction de l’âge de l’individu. Il décrit alors le projet du jeune (comprenant son éducation, sa
scolarité, son orientation…), le projet de vie de l’adulte et le projet de retraite.
Le projet de vie de l’adulte se divise selon différentes sphères. Tout d’abord, le projet
professionnel fait référence à un emploi ou à une promotion par exemple, tandis que le projet
familial peut concerner un mariage, une parentalité, un aménagement en couple, une
séparation… Le projet personnel quant à lui vise à définir le mode de vie, les valeurs et les
rôles sociaux de l’adulte. Enfin, le projet latéral se nourrit d’engagements ou au contraire de
désengagements non valorisés socialement mais à travers lesquels l’individu se réalise.
Vient ensuite le temps de la retraite où le fait d’avoir des projets marque la volonté de
ne pas rester passif et résigné. Dans un premier temps, on parle de projet de retraitement.
L’individu se réinvestit alors une activité non rémunérée mais valorisante culturellement.
Parfois pouvant sembler purement occupationnelle, l’activité est cependant porteuse de sens
pour la personne. Puis, avançant dans l’âge, l’individu se concentre sur un projet de retrait.
Celui-ci marque un détachement rapide ou progressif des rôles sociaux du retraité. Souvent
ralenti et moins exposé socialement, le projet de retrait a une grande importance pour
l’acteur. Le projet est alors très privatif et garantit la quiétude de la personne.
1.2. La fin vie
1.1.3. La personne en fin de vie
Il existe plusieurs synonymes du mot « fin » selon le contexte : achèvement, terme,
cessation, interruption, dernière phase, période terminale, ruine, échec, mort... La vie quant
à elle correspond à un « état d'activité caractéristique de tous les organismes […] de leur
naissance à leur mort » (Le Petit Larousse Illustré, 2012). Cette définition positionne donc la
fin de vie (dernière phase de la vie) comme partie intégrante de la vie.
Sophie BEDEL Mai 2013 12
Selon la loi du 22 avril 2005, la fin de vie est « la phase avancée ou terminale d’une
affectation grave et incurable, qu’elle qu’en soit la cause ». La notion de fin de vie reste
cependant floue. En effet, il est difficile pour l’équipe médicale de déterminer quand
commence cette période terminale, à partir de quel stade la maladie d’un patient devient
incurable. Bien souvent, l’entrée dans la fin de vie est évaluée par un constat rétrospectif de
l’état du malade, du à la difficulté de l’évaluation du pronostic vital.
De plus, la qualification de fin de vie exclut tout espoir de guérison et condamne le
patient. Elle est donc lourde de conséquences pour le patient comme pour le médecin d’un
point de vue psychologique. En effet, elle peut d’une part être vécue comme une sentence
irrévocable pour le malade et peut d’autre part incarner l’échec de la médecine dont la
pratique vise pourtant à guérir (STIEFEL, 2007a).
1.1.4. Le propre deuil de la personne en fin de vie
La personne en fin de vie traverse une véritable et douloureuse crise existentielle.
Après l’annonce et le choc du diagnostic, elle doit réaliser son propre deuil pour considérer
différemment son passé, son présent et son avenir.
Elisabeth KÜBLER-ROSS a décrit le processus de deuil du malade en fin de vie. Il se
déroule en cinq étapes :
- le déni : période de négation où l’individu nie la réalité, où il refuse d’y croire : « Ce
n’est pas possible ». Les émotions sont très peu ressenties voire absentes.
- la colère : étape d’indignation de la personne : « Pourquoi moi ?! »
- le marchandage : phase du deuil où la personne en fin de vie tente de négocier, de
faire du chantage. Ce peut être par exemple avec Dieu : « Je promets de mieux me
comporter si tout s’arrange… »
- la dépression : période de grande tristesse, de détachement du monde extérieur, de
détresse et de chagrin.
- l’acceptation : dernière étape du processus de deuil. La réalité est mieux comprise et
donc mieux accepter.
Ces cinq étapes peuvent suivre un ordre différent et s’appliquer à tout type de
deuil (perte d’un proche, de capacités, d’un emploi, rupture amoureuse…). Les proches de la
personne en fin de vie devront donc également faire leur deuil, selon les mêmes étapes.
1.1.5. La douleur
La douleur des personnes en fin de vie est qualifiée de « douleur totale » (« total
pain ») selon Cicely Saunders (1967) tant elle est à la fois physique, psychologique, sociale
Sophie BEDEL Mai 2013 13
et spirituelle. C’est pourquoi elle est une source de grande angoisse pour l’individu. Selon
une étude, 54% des Français déclarent que la maladie et ses conséquences sont plus à
craindre que la mort elle-même (SOFRES 2010). Par conséquences à craindre, il faut
comprendre ici la peur de souffrances physiques certes, mais aussi de souffrances
psychologiques. En effet, les Français craignent qu’une perte d’autonomie soit synonyme de
déchéance et d’indignité. Ils ont également peur de souffrir d’une rupture de lien avec leurs
proches, liées à la maladie (abandon, négligence, sentiment d’être un poids pour sa
famille…).
La douleur physique tend à être plus facilement contrôlée, par des moyens
médicamenteux et un positionnement optimal, participant à une meilleure qualité de vie. En
effet, la douleur, si elle n’est pas prise en compte, peut emprisonner le patient dans une
sphère nociceptive. « La douleur est un moment de l’existence où se scelle pour l’individu
l’impression que son corps est autre que lui. Une dualité insurmontable et intolérable
l’enferme dans une chair rebelle qui le contraint à une souffrance dont il est le propre
creuset. »(LE BRETON, 1995, p24). Cette accaparation du corps par la douleur prend le pas
sur tout le reste et prive l’individu de toutes interactions avec le monde extérieur.
Enfin, la douleur se présente comme une menace redoutable pour le sentiment
d’identité. Elle peut engendrer des réactions à l’opposé du comportement habituel du
patient : cris, pleurs, énervement, retranchement, désinvestissement... Ce changement de
caractère peut l’éloigner de ses proches qui ne le reconnaissent pas et ainsi accroitre une
souffrance psychologique. Ainsi, selon RICOT (2003a) « le malade, trop douloureux, perd
l’envie de vivre.» L’apaisement de la douleur tant physique que psychologique, sociale ou
spirituelle semble alors devoir être un objectif majeur de prise en charge pour les soignants
de patients en fin de vie.
1.1.6. La mort
La mort, rattachée à tout être vivant, est inéluctable pour tous. En effet, « la mort se
présente comme un événement biologique auquel chaque membre de l’espèce humaine ne
saurait échapper du fait de son appartenance au règne des vivants. » (RICOT, 2003b). C’est
notion est inscrite dans la nature et est acquise par tous. Chacun a connaissance de la
condition humaine et donc de la finalité mortelle de la vie.
Etant pourtant une idée commune, la mort reste abordée de façon très ambivalente.
En effet, bien qu’elle fasse partie de l’ordre des choses, elle n’est pas toujours acceptée.
Lorsqu’elle parvient à la suite d’un accident, d’un meurtre ou d’une maladie, elle est vécue
comme une agression intolérable qui aurait pu être évitée. L’idée de mourir ne fait donc pas
référence ici à la condition humaine mais à une situation que l’Homme n’a pas réussi à
Sophie BEDEL Mai 2013 14
déjouer, comme par exemple une maladie que l’on n’a pas su guérir. Pourtant, comme l’a dit
Sénèque (traduit par BAILLARD, 1861) : « tu ne meurs pas de ce que tu es malade, tu
meurs de ce que tu es vivant ».
L’approche de la mort est source de vives angoisses pour la personne en fin de vie.
Elle fait appel à des représentations négatives : agonie, souffrances terribles… Ensuite, la
mort en elle même est redoutée car elle est entourée de mystères, de croyances religieuses,
de convictions personnelles. Ainsi, la mort est bien souvent apparentée au plus grand défi
auquel l’Homme devra faire face.
1.3. Le projet de fin de vie
1.1.7. Peut-on parler de projet de fin de vie ?
Parler de projet de fin de vie peut paraitre au premier abord sarcastique. En effet, le
projet revoie à de l’ambition, à une projection vers l’avenir, alors même que le pronostic vital
des personnes en fin de vie est engagé. Or une personne en fin de vie, comme évoqué
précédemment, est fréquemment soumise à des douleurs physiques et morales. Au fur et à
mesure que son état se détériore, elle franchit une à une les étapes du deuil. Fragile, fatigué,
le malade peut sembler ne pas être en capacité de s’investir dans un projet.
Le terme de « projet de fin de vie » est d’ailleurs très peu évoqué dans la littérature.
Pourtant, « la perspective du projet de fin de vie devrait intervenir pour offrir au malade les
moyens de partager les derniers temps de sa vie avec ceux qui l’entourent. » (Centre de
Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de Vie, 2008a, p133)
Ainsi, la création d’un projet de fin de vie peut permettre de rassurer le patient face à
toutes les angoisses qui l’assaillent. L’objet du projet peut alors constituer, à l’instar de l’objet
transitionnel de Winnicott (1975, p11), « une défense contre l’angoisse, en particulier contre
l’angoisse de type dépressif. » En laissant une trace de son histoire, en créant un souvenir
matériel, le patient redevient acteur de sa prise en charge. Cette dynamique, porteuse de
sens, l’inscrit dans le vivant et non dans la mort. Le projet met le patient en activité et peut lui
permettre de s’exprimer. L’objet du projet de fin de vie peut notamment être un moyen de
lutter contre la crainte de rupture de lien avec ses proches. Par exemple, dans le cadre de
son projet de fin de vie, un patient en USP avait fait la demande d’être enregistré. Il ne
parvenait pas à se confier à ses proches et à leur exprimer tout ce qu’il voulait, submergé
par l’émotion. Il avait donc été enregistré avec l’aide de l’ergothérapeute afin témoigner
librement et de laisser une trace, facilitant le travail de deuil de la famille après son décès.
Sophie BEDEL Mai 2013 15
1.1.8. Projet de fin de vie et euthanasie
Dans leur pratique professionnelle, les médecins doivent régulièrement faire face à
une demande du patient d’abréger leur souffrance en mettant un terme à leur vie
prématurément. Plusieurs facteurs peuvent conduire les personnes en fin de vie à formuler
cette demande. « La souffrance existentielle, alimentée par un état dépressif, un sentiment
de perte de sens ou de dignité et/ou d’être une charge, semble être un facteur déterminant.
L’isolement social et les symptômes physiques paraissent n’être que contributifs. »
(MAZZOCATO C, BENAROYO, 2009a)
Cette demande se rapporte à une demande d’euthanasie, pratique illégale en France
contrairement à dans certains pays. Selon le Comité consultatif national d’éthique (2011),
l’euthanasie qualifie « l’acte d’un tiers qui met délibérément fin à la vie d’une personne, dans
l’intention de mettre un terme à une situation jugée insupportable. »
Les idées suicidaires ou les demandes d’euthanasie ne sont pas rares dans les
unités de soins palliatifs mais sont souvent seulement passagères. Elles se présentent à un
instant donné comme un moyen désespéré pour le patient de reprendre le contrôle d’une
situation dans laquelle il se sent prisonnier. Pourtant, fréquemment, dès que le patient a pu
exprimer sa souffrance et ses angoisses et qu’il a ressenti la mobilisation de l’équipe
médicale et de ses proches, il change d’avis. Ses idées funestes se dissipent et il
s’émancipe alors une volonté de vivre et de se battre jusqu’au bout. (STIEFEL, 2007b)
Ainsi, l’équipe médicale a des outils permettant d’éviter d’arriver à des situations
désespérées. En effet, « la mise en évidence d’éléments «protecteurs», tels que le bien-être
spirituel ou un sentiment de dignité conservé, offre de nouvelles perspectives de prise en
charge. Offrir un espace de dialogue explorant les attentes et craintes de la personne
malade, sa connaissance des options de soins disponibles en fin de vie, ses ressources et
ses difficultés contribue fréquemment à diminuer sa souffrance » (MAZZOCATO C,
BENAROYO, 2009b). Le projet de fin de vie rentre dans ce cadre. Il est un outil permettant
d’appréhender l’inconnu avec plus de sérénité, de se rassurer face à la mort.
Les personnes en fin de vie requièrent donc des soins et un accompagnement
spécifiques. Pour répondre à cette demande, des structures de soins palliatifs se sont
développées. « Le renforcement des soins palliatifs apparait comme une véritable alternative
à l’euthanasie. » (THEROUSE, MARGRAFF, 2006). Les services de soins palliatifs
apparaissent donc comme une structure adaptée, pouvant permettre à l’individu de réaliser
son projet de fin de vie.
Sophie BEDEL Mai 2013 16
2. Les soins palliatifs
2.1. Qu’est-ce que les soins palliatifs ?
2.1.1. Définition des soins palliatifs
La Société Française de Soins Palliatifs donne la définition suivante : « Les soins
palliatifs sont des soins actifs dans une approche globale de la personne atteinte d'une
maladie grave, évolutive ou terminale. Leur objectif est de soulager les douleurs physiques
ainsi que les autres symptômes et de prendre en compte la souffrance psychologique,
sociale et spirituelle. Les soins palliatifs et d'accompagnement sont interdisciplinaires. Ils
s'adressent au malade en tant que personne, à sa famille et à ses proches, à domicile
ou en institution » (INSERM, 2003).
La qualification de soins actifs implique une poursuite de la prise en charge du
malade. Bien qu’éventuellement diagnostiqué comme ayant une maladie incurable, le patient
n’est pas abandonné pour autant. Toute une stratégie de soins visant à optimiser le confort
du patient est mise en place.
L’approche globale souligne le fait que l’individu soit considéré de différents angles.
Les soins apportés aux patients ne se cantonnent pas sur une dimension physique mais
tentent de soulager l’ensemble des maux de la personne. Une attention particulière est
également portée aux proches du patient.
Les soins palliatifs ne sont donc pas des « mouroirs », c'est-à-dire des « services
hospitaliers où des malades incurables, des vieillards attendent la mort » (Petit Larousse
Illustrée, 2012) mais des services de soins et d’accompagnement des malades.
2.1.2. Soins curatifs et soins palliatifs
Les services de soins palliatifs ne se limitent pas à des soins terminaux. La période
palliative commence lors du diagnostic de l’incurabilité de la maladie. Dès lors, des
traitements à visée curative et des traitements à visée palliative se côtoient. Ces deux types
de soins se distinguent et s’entremêlent selon l’évolution de la maladie. Les soins curatifs,
ont pour objectif « la guérison ou l’augmentation de la durée de vie de la personne malade »
selon Clark D. et Seymour J.4 (1999, cité et traduit par STIEFEL., 2007c, p.17). A cette
étape, le pronostic vital n’est pas mis en jeu et des espoirs de guérison et de rémission sont
fondés.
4 Clark D., Seymour J.,Reflections on palliative care. Buckingham and Philadelphia: Open University press, 1999.
Sophie BEDEL Mai 2013 17
Les traitements à visée palliative quant à eux s’opèrent lorsque le pronostic vital est
alors engagé et que la qualification d’incurabilité est certaine. Ils ont pour objectifs
« d’améliorer la qualité de vie et de soulager les symptômes ». Ils procurent du confort au
patient (traitement de la douleur par exemple) et sont en permanence donnés aux patients,
même auparavant en phase curative. Cependant, au fur et à mesure de l’évolution de la
maladie, ils sont de plus en plus conséquents, pour devenir les seuls soins procurés en
phase terminale. Il existe donc deux phases dans la période palliative : l’une où les soins
visent à ralentir l’évolution de la maladie ; et l’autre dite terminale, visant à apaiser le malade.
Figure 1 : Périodes curatives et palliatives d’une maladie grave évolutive 5
2.1.3. Public ciblé
Les soins palliatifs s’adressent, comme cité auparavant, «à la personne atteinte d'une
maladie grave, évolutive ou terminale ». Les prises en charge les plus fréquentes
correspondent à (Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de Vie,
2008b) :
« 1. Les phases terminales des maladies dégénératives (cancers métastasés surtout);
2. Les états de dégradation neurologique consécutifs à des accidents vasculaires
cérébraux (AVC) graves et à la maladie d’Alzheimer ;
3. Les états très dégradés liés au grand âge avec poly-pathologies. »
Le passage en soins palliatifs du patient est amorcé par la décision du médecin de
stopper les traitements uniquement curatifs. Cependant, ce n’est pas le seul critère justifiant
l’intégration d’une structure de soins palliatifs. La prise en charge palliative se choisit en
5 Schéma modifié de G. Laval, M.L. Villard, disponible sur internet:
http://www-sante.ujf-grenoble.fr/sante/corpus/disciplines/cancero/cancgen/69/lecon69.htm(consulté le 10
novembre 2012)
Sophie BEDEL Mai 2013 18
fonction de la lourdeur des soins infirmiers nécessaires et du besoin d’un accompagnement
psychologique et/ou social.
Mais concrètement, la sortie du « curatif » pour l’entrée en « palliatif » d’un patient
n’est pas clairement établie, d’autant plus que cette décision fait face à une certaine
réticence de la part des médecins. En effet, elle implique la douloureuse annonce du
diagnostic d’incurabilité au malade.
2.2. L’organisation des soins palliatifs
2.2.1. Les structures de soins palliatifs
En France, les équipes spécialisées en soins palliatifs s’organisent selon cinq types :
les unités de soins palliatifs (USP) ;
les équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP) ;
les lits identifiés en soins palliatifs (LISP);
les services d’hospitalisation à domicile (HAD) ;
les réseaux de soins palliatifs.
Les USP sont de petits services situés à l’hôpital. Elles comprennent un nombre
restreint de lits mais une équipe pluridisciplinaire spécifique. Le ratio de personnel soignant
est assez élevé. Très apaisantes, ces unités visent à reproduire l’environnement familier de
l’individu, à ce qu’il se sente chez lui. Ce n’est qu’en 1987 qu’a été crée la première unité de
soins palliatifs en France par le Dr ABIVEN, à l’hôpital International de la Cité universitaire de
Paris (soit 20 ans après le premier hospice anglais crée par Cicely Saunders, précurseur du
concept des soins palliatifs) (SERRYN D. ; HOEBEN N. ; PIGEOTTE H., 2012)
Les équipes mobiles de soins palliatifs sont particulières et assez récentes en
France. Comme leur nom l’indique, elles n’ont pas de structures fixes. Moins coûteuses que
les USP, il s’agit d’équipes pluridisciplinaires se déplaçant dans différents services ayant des
lits identifiés en soins palliatifs (en EHPAD par exemple) afin d’orienter, de conseiller les
soignants non spécialisés. Leurs interventions permettent aux soignants d’appliquer les
recommandations prodiguées et d’avoir une approche spécifique des soins palliatifs.
Les lits identifiés en soins palliatifs sont intégrés dans des services hospitaliers
fréquemment confrontés à des situations de fin vie. L’équipe soignante assure la continuité
des soins en s’appuyant sur les conseils des EMSP.
Les services d’hospitalisation à domicile permettent à la personne malade de
respecter sa volonté de rester à domicile. Ce type de prise en charge, sous prescription
Sophie BEDEL Mai 2013 19
médicale, engendre un grand nombre de passage de soignants. L’équipe du service de HAD
travaille en collaboration avec le médecin traitant et avec tous les intervenants au domicile.
Les réseaux de soins palliatifs visent à favoriser le maintien à domicile de l’individu.
Pour cela, les professionnels de terrain ont différents objectifs : conseiller, soutenir, appuyer
et former l’équipe soignante du domicile ; travailler en partenariat avec les structures médico-
sociales, organiser le retour à domicile et prévoir un lit de repli en hospitalisation si jamais le
maintien à domicile devient trop difficile.
2.2.2. Le travail pluridisciplinaire
De nombreuses professions sont représentées dans une équipe de soins en USP :
médecin, psychologue, infirmier(e), aide-soignant(e), kinésithérapeute, ergothérapeute,
assistante sociale... Ayant une vision globale du patient, l’équipe se doit de collaborer et
d’être en cohésion afin de travailler autour d’un projet commun centré sur celui-ci.
Il existe plusieurs manières de former une équipe selon GOULLET de RUGY B. (2002):
Une équipe dite pluridisciplinaire renvoie à une diversité de professionnels
travaillant dans un même sens, en mettant en commun leur savoir. Cependant,
chacun travaille librement, avec la méthodologie qu’il entend. Chaque membre
s’adapte aux autres soignants selon son libre arbitre. Le patient de son côté reste
simple consommateur de services.
Une équipe interdisciplinaire quant à elle est en symbiose et fonctionne selon une
même méthodologie. Chacun est jugé comme compétent dans ses prestations. Il
existe une coordination claire de l’équipe, acceptée par tous. Le patient est cette fois
participant et consulté.
Enfin, une équipe transdisciplinaire adopte une méthodologie commune que
chacun applique à sa pratique. Aucune profession n’est plus prépondérante qu’une
autre. A la différence d’une équipe interdisciplinaire, elle intègre totalement le patient
et son entourage à la prise en charge. Le patient est actif, influent, et coproducteur de
son plan de traitement.
L’idéal, particulièrement en soins palliatifs, est de former une équipe
transdisciplinaire, où les corps de métier ne se juxtaposent pas simplement mais
s’imbriquent, tout en veillant cependant à garder la spécificité de chaque profession. Le
patient quant à lui est au cœur de sa prise en charge, en étant écouté, informé, actif et
décisif. Cela nécessite pour l’équipe un investissement collectif, des temps de réflexion en
commun et une bonne connaissance du rôle et des compétences de chacun.
Sophie BEDEL Mai 2013 20
Ce mode de fonctionnement est difficile à atteindre. Le principal écueil à la formation
de cette équipe idéale est la différence de temps d’intervention entre les professionnels. En
effet, dans une unité de soins palliatifs, bien souvent l’équipe comprend des professionnels
internes au service (médecin, aides soignants, infirmiers, psychologue …) et des
professionnels dits « externes ». Ces derniers y interviennent ponctuellement et sont
rattachés à d’autres services. L’ergothérapeute se trouve régulièrement dans cette situation.
(GALMES BERARD, 2005). Cette organisation de travail peut majorer la difficulté de former
une équipe transdisciplinaire.
2.2.3. Les bénévoles d’accompagnement en soins palliatifs
Outre les professionnels de Santé, d’autres intervenants extérieurs jouent un rôle
majeur auprès des patients fin de vie. Il s’agit des bénévoles d’accompagnement. Ces
derniers peuvent, avec le consentement du patient, « proposer une présence et une écoute,
respectueuses de l’intimité et de la confidentialité de la personne, de sa famille et de ses
proches » d’après le programme de développement des soins palliatifs de 2008-2012 du
gouvernement.
Les bénévoles viennent en aide au malade bien-sûr mais à son entourage
également. En effet, ils peuvent intervenir au domicile, et permettre à l’entourage du patient
de s’accorder un moment de répit.
Les bénévoles ne sont pas issus d’une formation médicale, ils ne sont donc pas des
professionnels de Santé. Leurs actions ne sont pas thérapeutiques, et ils n’ont pas accès
aux données confidentielles du patient (non consultation du dossier patient). Ils s’engagent
néanmoins à respecter le secret médical. De plus, ils ne participent nullement aux décisions
d’ordre médical. Ils ont néanmoins une formation à l’écoute par leur association. En étant
membres de l’association, ils s’engagent à être auprès d’un ou plusieurs patients un certain
temps par semaine, à l’institution ou à domicile. Chaque membre de l’association
d’accompagnement signe une chartre listant un certain nombre de valeurs. « Ces principes
comportent notamment le respect des opinions philosophiques et religieuses de la personne
accompagnée, le respect de sa dignité et de son intimité, la discrétion, la confidentialité et
l’absence d’interférence dans les soins » selon l’article L1110-11 de la loi du 4 mars 2002.
Dès 1986, le rôle des bénévoles a été reconnu officiellement par la circulaire relative à
l'organisation des soins et à l'accompagnement des malades en phase terminale.
Sophie BEDEL Mai 2013 21
2.3. Ethique et cadre législatif
2.3.1. Ethique et soins palliatifs
Les services de soins palliatifs partagent des dimensions éthiques fortement
inspirées de la pensée humaniste. Ils reconnaissent alors que le mourant est avant tout un
vivant. Ce dernier demeure un être de désir, jusqu’au bout capable de s’accomplir, et est
porteur d’une histoire qui lui est propre. Le respect de la dignité humaine est donc une des
grandes valeurs reconnues par l’ensemble du personnel soignant. Toutefois, « ce n’est pas
assez de respecter le malade, encore faut il lui garantir les possibilités de conserver l’estime
de soi » (Ricot, 2003, p.17)
C’est dans ce sens que travaillent notamment les unités de soins palliatifs. Pour
autant, elles ne prétendent pas être la solution à « l’énigme d’avoir à mourir ». Elles
reconnaissent humblement l’impuissance de la médecine face à la finitude humaine et
refusent l’acharnement thérapeutique. Les soins palliatifs peuvent alors venir petit à petit
prendre le relai sur les soins curatifs, devenus inutiles et inefficaces. Il ne s’agit pas d’un
arrêt de soins au contraire de la prolongation des soins. Ainsi, selon Ricot (2003, p.8), les
soins palliatifs permettent de rappeler que « le soin doit être une exigence ininterrompue
dans la totalité de l’existence humaine ».
Enfin, aux soins promulgués s’ajoutent le confort d’un accompagnement de l’équipe
médicale auprès du patient en fin de vie et de son entourage. Ainsi, les soins palliatifs
« s'efforcent de préserver la meilleure qualité de vie possible jusqu'au décès et proposent un
soutien aux proches en deuil. » (MINO, 2003)
2.3.2. Aspects législatifs
De nombreux textes légifèrent la fin de vie. Le premier texte de référence est la
circulaire Laroque, qui dès 1986, affirme que : « les progrès de la médecine et le sens de la
solidarité nationale doivent se rejoindre pour que l’épreuve inévitable de la mort soit adoucie
pour le mourant et supportée par les soignants et la famille sans que cela n’entraine de
conséquences pathologiques. ». C’est à travers cette circulaire permet d’introduire pour la
première fois en France la notion de « soins palliatifs ».
Depuis, deux lois majeures, orientant la prise en charge des patients en fin de vie, ont
été promulguées. Il s’agit de la loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des
malades et à la qualité du système de santé (aussi appelée loi Kouchner) et de la loi no
2005-370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie (dite loi Léonetti).
Ces deux lois réaffirment entre autres :
Sophie BEDEL Mai 2013 22
- Le droit d’accéder à un accompagnement et aux soins palliatifs à toute personne
malade
- Le respect de la dignité du patient
- Une attention constante portée à la gestion de la douleur
- La notion de bénéfice/risque des soins inculqués et le refus de l’obstination
déraisonnable
Ce refus de l’acharnement thérapeutique ne légifère pas pour autant le recours à
l’euthanasie mais tolère la sédation. Ces deux notions ne sont pas similaires. Le terme
d’euthanasie est imprécis, c’est pourquoi il a été qualifié par des adjectifs distinguant
l’investissement des soignants (euthanasie active ou passive) de la volonté du patient
(euthanasie volontaire ou involontaire, c'est-à-dire pratiquée avec ou sans le consentement
éclairé du patient). L’expression d’euthanasie active ou passive peut sembler être
incohérente. En effet, si l’euthanasie désigne un acte, elle est forcément active, résidant en
une injection létale. Les termes d’euthanasie passive sont encore plus inadaptés puisqu’il
renvoie en réalité à un arrêt ou d’une limitation de traitements curatifs, c'est-à-dire d’un refus
de l’obstination déraisonnable et non d’une euthanasie.
Sophie BEDEL Mai 2013 23
3. L’ergothérapie
3.1. Généralité
3.1.1. Définition
L’ergothérapie est une profession de santé s’appliquant en rééducation, réadaptation
et réinsertion, pour les « personnes atteintes de maladies ou de déficiences de nature
somatiques, psychique ou intellectuelle, à des personnes qui présentent des incapacités ou
à des personnes en situation de handicap temporaire ou définitif. » (MEYER, 2007, p14).
D’après le référentiel d'activités de l’ergothérapeute de 2010, le but de l’ergothérapie
est de restaurer ou de maintenir l’indépendance de l’individu en situation de handicap, en
tenant compte de ses habitudes de vie et de son environnement. Il travaille en collaboration
avec différents acteurs : le patient et ses proches, l’équipe médicale et paramédicale, ainsi
qu’avec les professionnels des secteurs sociaux, économiques et éducatifs. Ainsi, il est en
mesure de proposer au patient une prise en charge le prenant en compte dans sa globalité.
De plus, il « facilite le processus de changement pour permettre à la personne de développer
son indépendance et son autonomie afin d’améliorer son bien-être, sa qualité de vie et le
sens qu’elle donne à son existence. » .Enfin, l’ergothérapeute intervient sous prescription
médicale. Il veille à respecter les volontés du patient et à l’accompagner dans l’élaboration et
la réalisation de son projet de vie selon un cadre temporel et spatial.
3.1.2. Les valeurs
Les valeurs sont définies selon l’Encyclopeadia Universalis comme des « références
morales, sociales, esthétiques d’un groupe humain donné à une époque donnée ». Les
valeurs professionnelles partagées par les ergothérapeutes sont à la fois personnelles et
communes. En effet, elles sont propres à chaque individu et sont forgées par l’histoire et la
culture de celui-ci. Certaines sont également communes car elles sont inculquées aux
ergothérapeutes lors de leur formation. L’ANAES a publié en 2001 des recommandations
concernant le dossier patient en ergothérapie. Afin de proposer un dossier patient type, elle
s’est appuyée sur les valeurs professionnelles de l’ergothérapie qu’elle a recensée, à savoir :
- Le patient est en mesure d’être autonome et de s’autodéterminer. Comme chaque
individu, il aspire au respect de sa dignité et de ses droits fondamentaux.
- Les activités thérapeutiques sont un outil de l’ergothérapeute, favorisant le
développement de l’individu, son évolution et son insertion sociale.
- La relation soignant/soigné est capitale et a des influences majeures sur la
progression et l’investissement du patient dans sa prise en charge.
Sophie BEDEL Mai 2013 24
- La motivation et les convictions personnelles du patient sont des facteurs clés de
progression et de réadaptation.
- Le patient doit être considéré dans sa globalité. L’esprit et le corps sont
indissociables.
- L’environnement humain et matériel de l’individu est un des déterminants de
l’évolution du patient, interagissant avec les composantes physiques, psychiques et
sociales de la personne.
Les valeurs professionnelles de l’ergothérapeute peuvent également être influencées
par les modèles conceptuels utilisés. Selon Marie-Chantal Morel-Bracq, « un modèle
conceptuel est une représentation mentale simplifiée d’un processus qui intègre la théorie,
les idées philosophiques sous-jacentes, l’épistémologie et la pratique. Cela signifie qu’un
modèle va s’élaborer à partir d’hypothèses plus ou moins vérifiées, selon des valeurs
fondamentales plus ou moins explicites. » Le choix de suivre tel ou tel modèle conceptuel
guide donc la pratique de l’ergothérapeute. Enfin, les valeurs du professionnel sont aussi
orientées selon la politique et le projet d’établissement de la structure de soin. Différentes
influences nourrissent donc les valeurs du professionnel, auxquelles se conjuguent les
valeurs du patient et de son entourage.
3.1.3. Le référentiel d’activités de l’ergothérapeute applicables à la
pratique des soins palliatifs
1 – Recueil d’informations, entretiens et évaluations visant au diagnostic ergothérapique
Ceci comprend la connaissance du patient dans sa globalité et des moyens de
transmission avec l’équipe pluridisciplinaire. Il intègre aussi l’observation et l’analyse du
comportement ou des capacités du patient, ainsi que son évaluation et de sa synthèse. Ces
activités sont en mesure d’être réalisées lors de la prise en charge d’un patient en USP.
2 – Réalisation de soins et d’activités à visée de rééducation, réadaptation, réinsertion et
réhabilitation sociale
Cet item regroupe les activités de rééducation par l’activité thérapeutique, « visant le
développement des capacités motrices, sensorielles, cognitives, comportementales,
d’interaction et de communication ». Dans le cadre d’un projet de fin de vie, cette visée
thérapeutique semble cohérente, à condition que celle-ci soit une demande du patient. Les
activités de rééducation, de réadaptation, de réinsertion, et de réhabilitation sociale sont
également, potentiellement applicables en soins palliatifs. Elles peuvent ainsi participer au
maintien des capacités fonctionnelles pour la réalisation d’activité de la vie quotidienne
(toilette, habillage par exemple). Il peut encore s’agir d’une proposition de communication
alternative pour des patients présentant des troubles de la communication. Elles peuvent
Sophie BEDEL Mai 2013 25
également trouver leur place dans des activités relationnelles notamment dans le cadre
familial par exemple, et faire office de soutien psychologique, etc.
3 - Réalisation de traitements orthétiques et préconisation d’aides techniques et
d’assistances technologiques
Bien qu’au premier abord les traitements orthétiques n’apparaissent pas comme une
priorité dans le plan de traitement d’un patient en fin de vie, on peut tout de même les
envisager pour des bienfaits antalgiques notamment. Des propositions d’aides techniques ou
encore d’assistances technologiques peuvent également être faites, à l’image des contrôles
d’environnement par exemple afin que le patient conserve une action sur son cadre de vie.
4 - Conseil, éducation, prévention et expertise vis à vis d’une ou de plusieurs personnes, de
l’entourage et des institutions
Les conseils au patient et à ses proches (comprenant une écoute active et un
soutien) semblent être cohérents en USP. En tant qu’expert de la manutention,
l’ergothérapeute en soins palliatifs semble aussi pouvoir apporter une éducation
thérapeutique à l’équipe soignante ou l’entourage. Ceci constitue alors un moyen de
prévention des troubles musculo-squelettiques engendrés par des manutentions à répétition.
5 - Réalisation et suivi de projets d’aménagement de l’environnement
Les demandes de retour à domicile sont fréquentes chez les patients relavant de
soins palliatifs. L’ergothérapeute est en capacité d’intervenir pour des propositions
d’aménagement du domicile du patient (après une évaluation) ou de donner son point de vue
d’expert sur l’agencement d’une chambre d’un service palliatif par exemple.
6 - Organisation, coordination des activités en santé et traitement de l’information
Comme dans tout service hospitalier, l’ergothérapeute planifie et organise ses
interventions auprès du patient et participe à la formation de l’équipe pluri, inter, voire
transdisciplinaire en effectuant des transmissions et en intervenant aux synthèses.
7 - Gestion des ressources
La gestion du matériel est également de mise en soins palliatifs, à l’image du suivi du
prêt de matelas et coussins anti-escarre, de fauteuil roulant, d’aides au positionnement, etc.
8 - Veille professionnelle, formation tout au long de la vie, études et recherches
Quelque soit son milieu de pratique, l’ergothérapeute poursuit en permanence sa
formation en menant des recherches, et en échangeant avec d’autres professionnels.
9 - Formation et information des professionnels et des futurs professionnels
L’ergothérapeute peut également accueillir et former de futurs professionnels à sa
pratique, comme ce fut mon cas lors de mon stage en unité de soins palliatifs.
Sophie BEDEL Mai 2013 26
Ce détail des activités de l’ergothérapeute démontre que, en théorie, chacune de ces
pratiques est applicable en unité de soins palliatifs.
3.2. Un outil spécifique : l’activité thérapeutique
3.2.1. L’activité en tant que moyen thérapeutique
Comme évoqué auparavant, l’ergothérapie est une thérapie par l’activité. En effet,
comme l’a affirmé DETRAZ en 1992, "c'est par son outil thérapeutique spécifique,
"l'activité", dans ses différentes composantes motrices, sensorielles, psychologiques,
socioculturelles, et par la spécificité de son aire d'intervention, le cadre de vie de tous les
jours, que l'ergothérapeute est apte à œuvrer dans une perspective de réadaptation
globale.". Ainsi, selon l’ergothérapeute, permettre la réalisation d’activités importantes pour
l’individu dans son environnement peut avoir une visée thérapeutique et faciliter la gestion du
quotidien, le bien être et la qualité de vie de l’individu et de ses proches. (Marie-Chantal
MOREL, 2006a)
L’activité n’est pas associée au sens français de l’occupation, qui désigne simplement
une manière de faire passer le temps. Ici, il faut comprendre l’activité selon le terme anglo-
saxon «occupation», dont la définition est « un groupe d'activités, culturellement
dénommées, qui ont une valeur personnelle et socioculturelle et qui sont le support de la
participation à la société » selon référentiel d’activité et ENOTHE. Elle devient thérapeutique
dès lorsqu’elle « aide les personnes ayant des incapacités […] et leur apprend à résoudre
leurs problèmes spécifiques. » (BLOUIN, BERGERON, 1997)
Les activités thérapeutiques encadrées par l’ergothérapeute permettent de :
(MOREAU A., 2008)
- « favoriser l’amélioration des fonctions déficitaires et réduire les limitations fonctionnelles ;
- développer les capacités résiduelles, solliciter les ressources d’adaptation et d’évolution ;
- réduire ou supprimer les situations de handicap compte tenu des habitudes de vie, de
l’environnement de la personne ;
- permettre à la personne de conserver son potentiel physique, cognitif, sensoriel, psychique
ou relationnel ».
Ces objectifs restent généraux. Ils sont bien-sûr affinés et personnalisés à chaque
individu grâce à des évaluations réalisées au préalable. Ces évaluations permettront de
dresser une représentation du patient à un instant « t » afin d’adapter au mieux sa prise en
charge selon ses capacités, ses situations de handicaps et ses besoins et désirs. Une fois
ces objectifs déterminés, l’activité pourra alors être utilisée à des fins thérapeutiques, comme
un moyen de remplir un de ces objectifs.
Sophie BEDEL Mai 2013 27
Plus qu’un simple moyen, l’activité peut également faire office de médiateur dans la
relation soignant / soigné. En effet, elle est propice à l’échange et place directement le
patient en tant qu’acteur de sa prise en charge. Ainsi, de spectateur des répercussions de sa
pathologie et objet de soins, il passe à acteur et sujet de sa prise en charge (PIBAROT,
1977, p5) Ceci change augmente complètement le rapport qu’a le malade avec sa maladie.
Son investissement est alors fortement majoré, à condition que l’activité choisie résulte de
ses envies et qu’elle ait du sens pour lui.
Enfin, afin de ne pas conclure sur un échec et d’être réalisable, l’activité
thérapeutique doit être élaborée dans un cadre précis et connu du patient. Celui-ci précise le
contexte, et les conditions de la réalisation de l’activité mais aussi les contraintes (lieu, date,
temps, investissement, connaissances requises…). Cependant, il est modulable en fonction
de l’évolution du patient dans le temps afin d’être toujours en accord avec ses capacités.
3.2.2. L’activité signifiante et l’activité significative
Selon les ergothérapeutes, pour pouvoir prétendre être thérapeutique, l’activité,
quelle qu’elle soit, doit avoir du sens pour l’individu. Toutefois, il existe deux catégories
d’activités thérapeutiques : les activités signifiantes et les activités significatives. Une activité
est dite « signifiante » lorsqu'elle a un sens pour la personne, qu’elle la renvoie à quelque
chose de concret, qui fait écho en elle. En revanche, elle est significative lorsqu'elle a un
sens cette fois pour l'environnement social (LEONTIEV, cité par ROCHEX, 1995).
D’une certaine manière, la distinction entre ces deux types d’activités peut résider
dans le fait que l’activité signifiante se rattache plus aux désirs propres de l’individu. Elle
répond potentiellement à une demande personnelle, plus égocentrée sur la personne.
L’activité significative quant à elle est moins personnelle et renvoie davantage aux besoins
qu’aux désirs de chacun.
Les ergothérapeutes estiment que s’engager dans des activités thérapeutiques,
qu’elles soient signifiantes ou significatives, permet de développer le contrôle de l’individu
sur son environnement, de rester acteur et ainsi de préserver un attrait et du sens pour sa
vie. En effet, en réalisant chaque jour des activités qui ont un sens, le patient s’inscrit aussi
dans un quotidien qui garde également du sens.
3.2.3. L’activité thérapeutique et le projet de fin de vie
Les activités à visée thérapeutique proposées au patient en fin de vie sont
spécifiques à la population ciblée. Afin de correspondre à un moyen de réalisation du projet
de fin de vie, ces activités doivent être projectives. « N’importe quelle activité peut devenir
projective à partir du moment où son objet est porteur de sens et défini comme tel, et non
Sophie BEDEL Mai 2013 28
plus seulement à l’expression d’une qualité technique. » (DUPUY, 2008a). Ce n’est plus la
qualité de la production qui prime mais l’investissement et la projection qu’elle implique. « Le
terme de « projectif » décrit une activité qui permet de « jeter devant soi un contenu », d’une
façon à la fois simple, parce que référencée à des mécanismes fondamentaux émotionnels
ou affectifs, et complexe parce qu’exprimée à travers une matière et que la mise en mot de
cette expression est loin d’être simple ». (DUPUY, 2008b)
Selon CSIKSZENTMIHALYI, (cité par MOREL-BRACQ, 2001), les meilleurs
souvenirs de chacun correspondent à des instants de vie dans lesquels l’individu s’est
« activement engagé ». Cela s’expliquerait par un investissement complet de la personne
dans lequel elle a exploité ses capacités au maximum pour atteindre un objectif important
pour elle. D’après lui, ceci abouti alors à un «état particulier de la conscience » : le Flow. Le
Flow qui implique une attention portée vers un objectif clairement défini et un « feed-back
immédiat de la réussite de l’action » (MOREL-BRACQ, 2001). Cet état peut être à l’origine
d’une abstraction totale de l’existence de la personne tant implication et la satisfaction qui en
découle est importante. Cependant, il existe quelques conditions que doit remplir l’activité
pour être source de Flow : « être porteuse de sens, viser un objectif important, mettre au défi
de façon adaptée à ses capacités de permettre un feed-back rapide sur la réussite de
l’action. » Dès lors, s’engager dans des activités signifiantes ou significatives permettrait de
majorer « ses capacités et le sentiment de contrôler sa vie mais aussi son estime de soi et
permet de structurer son identité».
Conclusion du cadre théorique
Ces recherches littéraires démontrent que, théoriquement, l’ergothérapeute est
pleinement habilité à travailler en unité de soins palliatifs. Pourtant, la pratique est encore
peu développée et les interventions restent ponctuelles d’après mon expérience
professionnelle acquise en stage et d’après l’entretien exploratoire mené précédemment. La
recherche suivante visera donc à trouver des explications à ce constat et à savoir si
l’ergothérapeute est en mesure de développer l’ensemble de ses compétences en USP.
De plus, la littérature affirme que le projet est directement lié au vivant et qu’il est
bénéfique et porteur de sens pour chaque individu, à condition qu’il en soit à l’initiative ou à
défaut, au moins l’acteur. Or, la fin de vie fait partie de la vie, et donc la recherche de sens
est toujours d’actualité. L’ergothérapeute semble compétent pour accompagner le patient en
fin de vie à travailler dans ce sens. En effet, son outil spécifique est l’activité, qu’elle soit
signifiante ou significative, mais surtout projective. Elle est un moyen d’élaborer et de réaliser
le projet de vie de l’individu, voire même le projet de fin de vie dans le cas des patients
ciblés. La recherche aura alors également pour but de déterminer si l’ergothérapeute utilise
l’activité thérapeutique comme support lors de ses prises en charge en USP.
Sophie BEDEL Mai 2013 29
METHODOLOGIE
1. Méthodologie du recueil de données
1.1. Choix de l’outil
Afin de répondre à la problématique posée précédemment et de valider ou non les
deux hypothèses énoncées, deux possibilités se présentaient : soit effectuer des entretiens,
soit envoyer des questionnaires de recherche. L’ergothérapeute peut-être amené à travailler
en soins palliatifs. C’est un fait accompli. La question n’était donc pas de faire une analyse
quantitative du nombre d’ergothérapeutes y travaillant, mais plutôt qualitative de sa pratique.
C’est pourquoi j’ai opté pour les entretiens, afin d’avoir davantage l’opportunité d’échanger
avec les différents intervenants. Il m’a ensuite fallu définir le type et la forme de mes
entretiens. J’ai choisi de les mener de façon semi-directive. Ainsi, je donne un cadre de
départ pour orienter mon entretien et limiter les hors-sujet. Cependant, je n’influence pas les
propos de mon interlocuteur et il n’est pas en mesure de deviner une quelconque réponse
potentiellement attendue. J’ai également fait le choix de ne pas parler dans un premier
temps de l’activité thérapeutique (signifiante ou significative) afin de pouvoir observer si ce
moyen vient spontanément à l’idée des professionnels lorsque je les questionne sur la
pratique de l’ergothérapeute.
1.2. Choix de la structure
J’ai ciblé ce mémoire de recherche sur une structure spécifique: les unités de soins
palliatifs. J’ai donc orienté ma recherche vers ce type de service. Cependant, afin de
recueillir des informations et des points de vue différents, je me suis dirigée vers une unité
de soins palliatifs qui m’était inconnue. Il ne s’agit pas de celle dont est issue ma situation de
stage, ni de l’établissement où exerçait l’ergothérapeute interrogée lors de mon entretien
exploratoire. Enfin, dans le but de retirer une vision globale du travail en unité de soins
palliatifs, tous les professionnels qui seront cités travaillent dans la même structure. Il s’agit
d’une unité de soins palliatifs de 6 lits, comprenant une équipe référente de deux médecins,
six binômes infirmière/aide soignante,
1.3. Choix de la population interrogée
J’ai ensuite dû déterminer les intervenants avec qui je passerai un entretien. Donner
la parole au principal concerné, c'est-à-dire le patient, m’a semblé dans un premier temps
cohérent. Cependant, il est plus que délicat de demander à une personne en fin de vie de
témoigner l’accompagnement de son projet de fin de vie en n’ayant créé aucune relation
Sophie BEDEL Mai 2013 30
avec elle au préalable. J’ai alors décidé de me limiter aux autres intervenants de la prise en
charge.
Le médecin / le cadre de Santé de l’USP
Le médecin est au centre de l’équipe médicale. C’est aussi lui qui évalue les besoins
du patient et qui établie différentes prescriptions afin de tenter d’y répondre (le traitement
entre autres, notamment pour la gestion de la douleur). De plus, l’ergothérapie se pratiquant
sous prescription médicale, il est à l’initiative des interventions du professionnel.
Dès le départ, j’ai échangé des mails avec la cadre de Santé de l’unité de soins
palliatifs dans le but d’organiser des entretiens. Très à l’écoute, elle a veillé à répondre au
mieux à toutes mes demandes. Malheureusement, un récent changement de médecins du
service venait tout juste d’avoir lieux. Les deux nouveaux arrivants n’avaient pas eu le temps
de prendre leurs marques pour être en mesure de répondre à mes questions.
J’ai alors proposé à la cadre de Santé avec qui j’avais correspondu de s’entretenir
avec moi. En effet, elle coordonne l’équipe médicale avec le médecin et a une connaissance
fine du rôle de chaque intervenant. Mon premier entretien concerne donc la cadre de Santé
de l’Unité de Soins Palliatifs. Elle est à ce poste depuis 12 ans. Elle a initialement une
formation d’infirmière et de sophrologue. Elle a eu une première expérience
d’accompagnement de personnes en fin de vie en tant qu’infirmière libérale. Elle est ensuite
devenue cadre de Santé en soins de suite, puis en EHPAD (Etablissement d’Hébergement
pour Personnes Agées Dépendantes) et l’est actuellement au sein de l’USP ainsi qu’au sein
du service de rééducation.
La psychologue
Le regard de la psychologue apporte des informations supplémentaires sur le vécu
du patient en fin de vie. C’est le professionnel le plus à même de témoigner du
retentissement psychologique de la prise en charge du patient sur lui-même. La psychologue
interrogée est l’unique psychologue de l’unité. Elle partage un temps de 70% entre l’unité et
une équipe mobile de soins palliatifs depuis 2 ans et demi. Auparavant, elle a eu diverses
expériences en lien avec les soins palliatifs.
L’ergothérapeute
Afin d’analyser sa pratique et son intégration dans l’équipe pluridisciplinaire, il va de
soit de mener un entretien avec l’ergothérapeute. Celle-ci a toujours travaillé dans le même
établissement depuis le début de sa carrière. Elle était polyvalente au début sur l’ensemble
des services et est maintenant principalement sur le plateau technique de rééducation de
l’établissement. En parallèle, elle est l’ergothérapeute référente des interventions dans l’USP.
L’infirmière
Sophie BEDEL Mai 2013 31
L’infirmière est un des professionnels de l’équipe travaillant au plus proche du patient,
au jour le jour. Il a donc une bonne connaissance de la spécificité de la personne en fin de
vie. Il en est de même pour l’aide soignant. L’infirmier travaille au quotidien avec celui-ci et
lui donne des instructions à suivre. J’ai choisi de me limiter à l’infirmier en n’interrogeant pas
l’aide soignant. En effet, j’ai pensé que les questions entre les deux professionnels seraient
trop similaires et je suis partie du principe que l’infirmier parlerait aussi au nom de l’aide-
soignant.
L’infirmière rencontrée travaille au sein de l’unité de soins palliatifs depuis 15 ans.
Elle fait partie de l’équipe dite d’après midi.
Le bénévole d’accompagnement
Intervenant à la volonté du patient, il accompagne aussi la personne en fin de vie et
connaît ses angoisses qu’il tente d’apaiser. L’idée est de l’interroger sur ses actions et
d’étudier leurs composantes afin de les comparer à des activités thérapeutiques.
La personne interrogée est bénévole depuis cinq / six ans. Il est retraité depuis 13
ans, ancien chirurgien dentiste. Il fait parti d’une association autour du deuil. Il en a d’abord
bénéficié avant de décider quelques années plus tard de devenir bénévole à son tour pour
apporter un soutien aux personnes en fin de vie ainsi qu’à leur entourage.
Pour être bénévole, il a dû participer à des weekends de formation animés par une
psychologue et la présidente de l’association pendant trois à quatre ans avant d’être reconnu
apte à accompagner et la personne en fin de vie et son entourage. L’association envoie
ensuite les bénévoles dans tel ou tel établissement en fonction des demandes.
1.4. Le guide d’entretien
Bien que les personnes interrogées soient toutes différentes, j’ai suivi un guide
d’entretien qui m’a servi de fil conducteur et m’a permis de créer du lien. Il regroupe 25
questions au total, divisées selon cinq thématiques principales. Le premier item correspond à
la présentation de l’intervenant et de la structure. Les réponses de ces premières questions
ont été utilisées pour présenter la population interrogée. Les quatre autres thématiques
sont : le travail en soins palliatifs, le travail en équipe, le rôle du bénévole et le travail de
l’ergothérapeute. Ce guide d’entretien se trouve en annexe 1.
2. Méthodologie d’analyse des données
2.1. Passation des entretiens
J’ai passé les cinq entretiens en deux fois et sur deux lieux différents. Dans un
premier temps, j‘ai échangé par mails avec la cadre de Santé et lui ai expliqué ma démarche
Sophie BEDEL Mai 2013 32
en énonçant les grosses lignes de ma problématique. En effet, je lui ai expliqué que je
travaillais sur l’accompagnement des personnes en fin de vie dans les unités de soins
palliatifs et sur la manière dont l’ergothérapeute peut y contribuer, au sein d'une équipe
pluridisciplinaire. Cependant, afin de ne pas orienter ses réponses, je ne lui ai pas fait part
de mes deux hypothèses.
Je lui ai ensuite donné mes contraintes (personnel à interroger, durée de l’entretien
d’environ 30 minutes…). C’est elle ensuite qui a établi le lien avec les trois autres
professionnels et qui a géré la planification des entretiens en fonction des disponibilités de
chacun. Nous nous sommes accordées sur une matinée où tous les professionnels étaient
disponibles. Je les ai alors rencontrés tous un à un, dans leur bureau respectif dans
l’établissement.
Pour la rencontre du bénévole d’accompagnement, cela s’est passé différemment.
N’étant présent qu’un après-midi par semaine dans l’établissement, le cadre de Santé m’a
laissé prendre directement contact avec lui après m’avoir fourni ses coordonnées. Après
m’être mise en relation avec lui et lui avoir expliqué de la même façon mon travail, il m’a
proposé de le rencontré à son domicile un après-midi, une semaine après mes premiers
entretiens.
2.2. Méthode d’analyse des entretiens
Pour pouvoir analyser mes différents entretiens, j’ai suivi plusieurs étapes. Tout
d’abord, j’ai enregistré chacun de mes échanges avec les intervenants et les ai tous
retranscris ; ils se trouvent en annexe 2. Ensuite, pour préparer leur analyse, j’ai choisi de
classer les données brutes issues des entretiens et de les organiser par item. Pour en
faciliter la lecture, j’ai réalisé un tableau de recueil de données, consultable en annexe 3.
Sophie BEDEL Mai 2013 33
RECUEIL ET ANALYSE DES DONNEES
Cette partie comprend la synthèse des données et leur analyse par thématique. Dans
ces thématiques, des sous-parties correspondent aux questions posées. Les réponses
seront croisées avec le cadre conceptuel dans la partie suivante : la discussion.
1. Le travail en soins palliatifs
Les besoins et les désirs d’une personne en fin de vie
Pour chaque interviewé, nous retrouvons la même difficulté de généraliser les
besoins et les désirs d’une personne en fin de vie. Tous rappellent que cela est propre à
chacun. Cependant, à travers l’ensemble des discours, nous pouvons retrouver les besoins
ou désirs : d’être accompagné (être rassuré, être compris, avoir une présence…) et de ne
pas souffrir. Ceci passe par une recherche de confort (soulager la douleur physique mais
aussi psychologique). Cette notion de douleur revient systématiquement : « ils ne veulent
pas souffrir déjà, ça c’est la première chose » résume l’infirmière.
Celle-ci précise qu’en lien avec la personnalité de chacun, certains émettent le besoin
ou le désir d’un accompagnement à distance pour pouvoir se replier et être seul : « C’est
humain aussi. On ne meurt pas avec la fleur entre les dents ! ». A l’inverse, d’autres ont la
volonté d’être entourés par l’équipe, leurs proches ou encore spirituellement en fonction de
leurs croyances. Pour chaque situation, l’équipe veille à respecter la volonté du patient.
Nous pouvons relever que l’ergothérapeute insiste principalement sur la douleur
physique et sur la recherche de confort : « On peut apporter effectivement notre expérience,
notre spécificité dans le cadre du bien-être corporel mais aussi psychique, mais je dirais que
là en l’occurrence, on est plus basé sur le confort physique du patient ». Elle évoque moins
le confort psychologique car elle estime qu’elle y contribue peu étant donné que celui-ci fait,
selon elle, moins partie de son domaine d’intervention.
Le bénévole d’accompagnement quant à lui s’axe plus sur le confort psychologique
puisqu’il intervient à plus forte raison dans cette optique. Cependant, il précise que les
demandes varient fortement d’une personne à une autre. Dans tous les cas, ce qu’il cherche
à apporter en premier lieu, « c’est d’abord une présence ».
Soulignons que la distinction entre les besoins et les désirs n’a été faite par
aucun des intervenants. Bien qu’individuels, ils s’orienteraient tout d’abord par la
recherche de l’apaisement de la douleur physique.
Notion de projet de fin de vie
Tous les professionnels de Santé s’accordent à dire que cette notion est adaptée en
soins palliatifs. Seul le bénévole ne la soutient pas totalement car il estime que l’état de
Sophie BEDEL Mai 2013 34
santé des patients ne le leur permet pas: « Quand on arrive là, il n’y a pas beaucoup de
projet ! », « En général, les gens n’ont pas de projets (…), [ou] c’est assez limité ».
La cadre de Santé affirme que « ce sont des actions qui sont étudiées et construites
avec et pour le patient ». Elle souligne une fois de plus qu’un projet de fin de vie est
personnel et modulable en fonction des envies et des désirs du patient mais aussi en
fonction de l’évolution de ses capacités. Bien que le premier projet de fin de vie qui vient à
l’esprit des intervenants soit le retour à domicile, des projets de plus faible envergure et plus
modeste sont également cités, comme une écoute et une présence auprès de la personne.
L’ergothérapeute de son côté confirme la cohérence de l’expression de projet de fin
et témoigne du dernier projet de fin de vie auquel elle a participé. Il s’agissait de celui d’une
jeune patiente qui déclarait beaucoup s’ennuyer dans sa chambre. L’ergothérapeute lui a
alors présenté le plateau technique et lui a montré quelques activités qu’elle pouvait être
amenée à faire avec d’autres patients en rééducation. La patiente a voulu faire un pêle-mêle
en collant différentes images de mode tirées d’un magazine. Ceci était une demande de sa
part et faisait écho avec sa passion pour la mode. Une semaine plus tard, encouragée par sa
famille, elle a de nouveau pris l’initiative de faire un pêle-mêle mais cette fois avec des
photos personnelles de ses proches. L’ergothérapeute l’aidait sur l’aspect pratique de
l’activité (logistique et prêt de matériel) et laissait la patiente en faire le maximum.
Enfin, l’infirmière et la psychologue appuient sur le fait que l’équipe s’attache à avoir
des projets de fin de vie pour et avec le patient, même petits. La psychologue ajoute que :
« C’est important d’essayer de raisonner comme ça en terme de projet, pour qu’il y ait
toujours jusqu’au bout des petites choses à faire qui apportent un sens et une envie de faire
des choses (…) Ca peut redonner un nouveau souffle de vie ».
En résumé, l’équipe soignante soutient la qualification de projet de fin de vie et
s’attache à maintenir le patient investi dans une telle démarche. Un projet de fin de vie
est toujours personnel et peut être d’ampleur variable, allant du retour à domicile à la
simple volonté d’être entouré. L’ergothérapeute a déjà été amené à y participer suite à
des demandes de mise en activité de patients.
Qualification d’une USP pour accompagner un projet de fin de vie
La qualification de l’USP pour accompagner le projet de fin de vie des patients est
soutenue par la cadre de Santé, l’infirmière et la psychologue. Selon elles, l’USP est adaptée
par son personnel formé aux situations complexes de fin de vie, par les compétences
relationnelles accentuées des professionnels, par leur savoir faire avec la fragilité des
patients mais aussi par le rythme singulier des USP. Contrairement aux autres services,
l’USP n’est pas rythmée par les repas, les soins et les séances mais par les besoins de
chaque patient. « On vit à un autre rythme dans cette unité » précise la cadre de Santé.
Sophie BEDEL Mai 2013 35
La psychologue ajoute qu’en USP, « c’est aussi ce côté relationnel qui est important
avec les familles, avec les patients. Il y a toute cette partie là de communication,
d’accompagnement, autre que le soin pur ». La famille est plus intégrée dans la prise en
charge du patient que dans tout autre service.
Enfin, l’infirmière affirme que la grande différence qu’il existe avec les autres services,
c’est la fragilité des patients : « on sait qu’ils vont mourir à plus ou moins long terme… ».
Cependant, elle insiste sur la poursuite des soins : « Ce n’est pas parce qu’ils vont mourir de
leur cancer ou d’une maladie autre que l’on ne peut pas leur proposer quelque chose. »
Les unités de soins palliatifs apparaissent donc comme étant adaptées à
l’accompagnement du projet de fin de vie de par la qualification de son personnel
soignant et son rythme de fonctionnement ajusté au patient
Equipe pluri, inter ou transdisciplinaire
Les personnes interrogées sur la qualification de l’équipe soignante sont les
professionnels ayant un temps défini en USP : la cadre de santé, la psychologue et
l’infirmière. L’ergothérapeute n’en fait pas partie, ni même le bénévole d’accompagnement.
Tout d’abord, ce qui se dégage des réponses, c’est à la fois une spécificité et une
complémentarité de chaque profession. Chaque soignant a développé des compétences
communes de relationnel et d’écoute active auprès des patients. La psychologue admet que
les aides soignantes ou les infirmières sont « même mieux placées parce qu’il y a la relation
quotidienne (…) qui favorise forcément les échanges aussi [plutôt qu’avec] quelqu’un qui est
psychologue, qui a cette étiquette et qui n’est là que pour ça. ».Cette étiquette peut être un
frein ou un facilitateur à la communication avec la personne en fin de vie. Ainsi, ce partage
de compétences relationnelles offrent un panel d’intervenants qualifiés au patient et des
relations soignants-soigné variées. Cependant, chacun vise un même objectif : accompagner
la personne en fin de vie. La psychologue souligne que « c’est intéressant parce qu’on
travaille vraiment les uns avec les autres »
Ensuite, la psychologue ajoute qu’il est important d’avoir une bonne connaissance
des compétences de chacun mais aussi d’avoir quelques connaissances spécifiques des
autres professions afin de pouvoir garder une vision globale du patient : « Tout comme moi,
c’est important que j’aie des notions [médicales] (…) parce que je ne peux pas occulter non
plus ce qui se passe sur ce plan là ».
De son côté, l’infirmière détaille sa collaboration étroite avec l’aide soignante au
quotidien. Là encore, elles partagent des compétences et d’autres leur sont spécifiques.
Enfin, elle rappelle que l’équipe soignante référente de l’unité est constituée d’un médecin,
d’une cadre de Santé, d’une psychologue, des aides soignantes et des infirmières.
Sophie BEDEL Mai 2013 36
Cependant « il y a une grande ouverture vers des contacts extérieurs ». Elle cite alors
l’ergothérapeute, le kinésithérapeute, un pédicure-podologue, un cardiologue extérieur…
Cette description de la collaboration entre les différents professionnels traduit
la transdisciplinarité de l’équipe, centrée sur le patient, tout du moins pour le « noyau-
mère », constitué du médecin, de la cadre de Santé, des infirmières, des aides
soignantes et de la psychologue. Les autres membres du réseau (ergothérapeute,
kinésithérapeute, bénévole…) semblent peu intégrés dans l’équipe.
Le rôle de la cadre de Santé
Les actions de la cadre de Santé sont davantage dirigées vers les soignants que vers
les soignés. Elle veille surtout à l’intégration du soignant dans l’équipe et au dynamisme et
au moral de l’équipe. « J’ai déjà eu l’occasion de rencontrer la famille en tant que cadre,
mais c’est vrai que le patient, ce n’est plus moi directement ». Elle gère les lits de l’USP et du
service de rééducation de façon plus extérieure. Elle garde peu d’échanges avec les patients
sauf pour des situations particulières en organisant des entretiens avec les familles.
La cadre de Santé de l’unité travaille principalement en amont de la prise en
charge, elle n’a que très peu d’actions directes sur les patients.
2. Le travail en équipe pluri/inter/transdisciplinaire
Fréquence d’interventions des acteurs
Parmi les personnes interrogées, toutes ont un temps d’intervention différent dans
l’USP. En effet, la cadre de Santé partage son temps entre l’USP et le service de
rééducation de l’établissement. La psychologue quant à elle travaille à 70% sur l’USP et au
sein de l’équipe mobile de soins palliatifs : « Après je n’ai pas défini de plages horaires
précises pour chacune. (…) Je pense que c’est à peu près moitié-moitié ». Selon elle, ce
temps partiel ne suffit pas à couvrir tous les besoins de l’unité. L’infirmière, tout comme les
aides soignants et le médecin du service, travaille à 100% dans l’USP. Enfin, le bénévole
intervient un après midi par semaine, le mercredi, de 14h30 à 17h30 environ. Ceci
représente en moyenne 30 à 45 minutes auprès de chaque patient.
Les interventions de l’ergothérapeute sont ponctuelles et de durées variables. On fait
tout de même régulièrement appel à elle lors des entrées de patients pour du positionnement
au lit et au fauteuil avec du matériel plus adapté. Toutefois, elle peut parfois difficilement se
libérer : « A partir du moment où je n’ai pas un temps comptabilisé… ».
En somme, les intervenants auprès du patient sont nombreux et leur temps
présence dans l’unité varié, allant de temps complets à des temps non identifiés car
très ponctuels comme c’est le cas pour l’ergothérapeute.
Sophie BEDEL Mai 2013 37
Contexte de la première intervention auprès du patient
La première intervention de l’ergothérapeute s’effectue après qu’elle ait reçu une
prescription du médecin par le système informatisé. Parfois, elle a lieu à la demande d’un
autre membre de l’équipe qui a identifié un besoin spécifique, mais il y a tout de même une
prescription de fait par la suite : « je peux aussi me faire interpeller par l’infirmière dans les
couloirs ou par téléphone ».
Le bénévole d’accompagnement quant à lui intervient sans prescription médicale
puisqu’il n’est pas un professionnel de Santé. Une présentation succincte du patient lui est
faite par l’infirmière avant qu’il ne vienne à la rencontre de celui-ci dans sa chambre. A cet
instant, le patient peut être seul ou avec sa famille. Il présente en évoquant rapidement son
association et propose sa compagnie au patient qui est libre d’accepter ou de refuser. Les
échanges peuvent totalement varier en fonction de la présence ou non de la famille. Il prend
alors souvent le temps de voir les deux séparément par la suite. Il n’a aucune planification ni
projection de séance de faite d’une semaine à l’autre. En effet, « il n’est pas sur que les 6
chambres soient occupées par les mêmes personnes que la semaine dernière. Il y a souvent
entre temps des départs, des décès(…). On ne peut pas savoir, c’est imprévisible. ».
En conclusion, la première intervention de l’ergothérapeute se fait suite à une
prescription médiale, après qu’un besoin ait été identifié par l’équipe
transdisciplinaire. Le bénévole, quant à lui, agit sans prescription rencontre le patient
pour la première fois le mercredi suivant son entrée, après une rapide présentation du
comportement du patient par l’infirmière.
Organisation du travail en équipe
La cadre de Santé assiste aux staffs tous les lundis, sauf quand elle est prise ailleurs.
« J’essaie au maximum d’assister aux staffs du lundi, voire plus parce que ça m’arrive d’aller
aussi aux transmissions(…)». Elle n’intervient pas volontairement au groupe de paroles du
jeudi pour les soignants avec la psychologue pour que chacun puisse échanger librement
sur des situations qu’il a bien ou mal vécues. De plus, elle assiste souvent aux transmissions
de 20h pour le changement d’équipe des infirmières et aides soignantes.
De son côté, la psychologue insiste sur l’importance de la communication de l’équipe
par le biais des transmissions. Elle participe à deux temps de transmissions identifiés par
jour. Le matin dans un premier temps, pendant 15 minutes avec l’infirmière et l’aide
soignante du service pour faire un point sur la situation des patients : « C’est déjà des
moments d’échange, où moi j’apprends ce qui se passe dans le service, on peut se
questionner ensemble aussi… ». Puis, elle retrouve l’équipe pour refaire le point pendant 30
minutes l’après midi. « Après, il y a (…) et tous les temps informels aussi où l’on se croise
dans les couloirs. » En plus des transmissions quotidiennes, elle se rend aux réunions de
Sophie BEDEL Mai 2013 38
synthèse chaque semaine. «Il y a aussi un staff hebdomadaire le lundi où tout le monde est
là. C’est aussi un temps où l’on parle des personnes qui sont décédées dans la semaine. On
commence par ça, parce que c’est important aussi d’avoir un temps pour ça, une espèce de
rituel pour pouvoir parler du décès et des circonstances du décès ».
L’ergothérapeute quant à elle partage peu de temps de transmission avec l’équipe
car elle peut difficilement se libérer. « J’essaie de participer à certaines réunions de
synthèse. J’essaie de les faire coïncider avec mon planning (…) Donc j’essaie d’assister à
au moins une des 2 réunions hebdomadaire [le staff ou le groupe de parole des soignants],
quand j’ai un suivi. » Pour rester en lien avec l’équipe et prendre connaissances des
informations importantes, elle interpelle régulièrement les infirmières dans les couloirs et
consulte chaque jour le système informatisé pour voir si elle a des prescriptions à l’USP.
Enfin l’infirmière a plus particulièrement expliqué son organisation de travail avec
l’aide soignante puisqu’elle travaille toute la journée en binôme avec elle. Elle commence sa
journée par les transmissions avec l’équipe de nuit qui durent environ quinze minutes, puis
elle va dans chaque chambre avec son binôme pour voir comment se portent les patients.
Ensuite, les deux professionnelles proposent le petit déjeuner si des personnes sont
réveillées, ou laissent dormir les patients si c’est le cas. Ceci montre une fois de plus que le
rythme en USP est différent, réellement adapté au patient. Puis l’aide soignante prépare le
charriot de linge et de ménage, et l’infirmière le charriot de soins. Elles aident toutes les deux
indifféremment les patients pour la prise des repas, la toilette ou les transferts. « Entre
temps, le médecin arrive dans la matinée et donc on fait un petit temps de transmission avec
lui, sur ce qui à ou non poser problème, s’il y a besoin de réajuster des choses… ».
En résumé, il y a une réunion de synthèse hebdomadaire ainsi que des temps
de transmissions deux fois par jour, où sont présents la cadre de Santé (le plus
possible), la psychologue, les infirmières, les aides soignantes et le médecin. Les
intervenants extérieurs tels que l’ergothérapeute y assistent très rarement. Des
échanges informels se font aussi régulièrement dans la journée ainsi que des
transmissions informatisées, ce qui facilite la communication avec les professionnels
de Santé extérieurs comme l’ergothérapeute.
3. Le rôle du bénévole
Place du bénévole d’ans l’équipe pluridisciplinaire
Le bénévole d’accompagnement est clairement identifié comme un intervenant non
membre de l’équipe soignante. A ce titre, il n’a pas accès aux données médicales du patient.
Les échanges qu’il peut avoir avec les soignants à propos du patient concernent simplement
le comportement de celui-ci et ses capacités « C’est vrai que c’est assez succinct. Il revient
Sophie BEDEL Mai 2013 39
nous voir à la fin de la journée pour nous dire au revoir et pour nous informer s’il s’est passé
quelque chose de particulier » confie l’infirmière. La psychologue confirme la pauvreté des
échanges du bénévole d’accompagnement avec l’équipe pluridisciplinaire. En effet, leurs
planning discordants ne permettent pas non plus à la psychologue et au bénévole de
s’entretenir ensemble dans l’USP. La psychologue regrette cette situation car « c’est
important qu’il y ait du lien entre lui et l’équipe soignante parce que certains ont tendance à
venir, à faire leurs accompagnements et à repartir, parfois ils s’osent pas déranger mais c’est
important je trouve qu’ils prennent le temps d’échanger avec l’équipe, sur ce qui c’est
passé… ». En effet, aucune transmission n’est parfois faite, ni même écrite.
De son côté, le bénévole avoue effectivement peu communiquer avec l’équipe mais il
ne voit pas concrètement ce que l’équipe souhaiterait connaitre de ses interventions. « Je ne
sais pas réellement ce qu’elles attendent de moi », « à moins qu’il se soit passé quelque
chose d’extraordinaire, je ne leur dit rien de particulier (…) Parce qu’elles connaissent aussi
bien que moi les patients, on les connait de la même façon.».Il n’ose pas toujours
interrompre les infirmières ou aides soignantes pour leur raconter ses entrevues avec les
patients. « C’est vrai que c’est peut-être dommage (…) ». Il ressort également du discours
du bénévole une interrogation sur la reconnaissance de ses interventions par l’équipe
soignante : « Je ne sais pas ce que pensent les infirmières de mon passage ».
Retenons que le bénévole d’accompagnement, n étant pas un professionnel de
Santé, n’a pas accès aux données médicales du patient. Ses échanges avec l’équipe
sont très limités. Il n’existe pas de moyen de transmission écrit. Il en ressort un
manque de communication notable avec les soignants et des pertes d’informations.
Collaboration avec le bénévole d’accompagnement
Aucun projet commun n’est élaboré et porté par le bénévole d’accompagnement et
un membre de l’équipe soignante. Une collaboration ne s’est jamais établie. Pourtant,
ergothérapeute et bénévole trouvent l’idée intéressante : « Peut-être pour des patients ayant
des demandes ou des projets de vie justement oui pourquoi pas. »
Le bénévole intervient seul et ne collabore avec aucun des soignants.
Activités proposées par le bénévole d’accompagnement
Le bénévole d’accompagnement ne semble pas très à l’aise avec le terme d’activité
qui ne lui parait pas tout à fait adapté en unité de soins palliatifs. Il associe l’activité à une
mise en mouvement de la personne ou à une production, ce qu’il ne trouve pas accord avec
les capacités des patients, bien souvent fatigués et fragilisés. « C’est quand même limité ! ».
Il parvient tout de même à trouver de rares exemple où il considère avoir fait une activité
Sophie BEDEL Mai 2013 40
avec le patient, comme des ballades, des jeux de société… Il a rarement des demandes
spontanées d’activités particulières des patients.
Le bénévole est rarement amené à proposer des activités (dans le sens de mise
en mouvement) aux patients, jugés trop fragiles pour s’investir dans cela.
Rôle du bénévole d’accompagnement auprès des patients
Au vu des réponses des professionnels de Santé, le rôle du bénévole
d’accompagnement est reconnu et bien identifié. « C’est très bien qu’il y ait des bénévoles »
affirme l’ergothérapeute. La psychologue reconnait qu’il recueille parfois davantage
l’expression du vécu des patients car il intervient à une approche différente et n’est pas
associé à l’équipe soignante. L’ergothérapeute souligne d’ailleurs qu’il permet au patient «de
parler de ce qu’il veut avec une personne qui ne soit ni de leur entourage, ni de l’équipe
soignante». Le bénévole peut permettre au patient de discuter librement de ce qu’il veut,
sans certains tabous qu’il peut y avoir avec ses proches, et sans la distance pouvant exister
avec l’équipe soignante, qui porte la blouse blanche. « Donc ça peut, pour certaines
personnes en tout cas, mettre plus à l’aide et permettre de parler de ce qui leur fait du bien,
que ce soit de la pluie et du beau temps ou de leur situation. »
Plus concrètement, les représentations des actions du bénévole d’accompagnement
qu’ont les soignants sont relativement similaires entre elles : « (…) c’est plus de l’écoute et
de l’accompagnement avec la parole ou juste une présence silencieuse, rassurante et
apaisante» comme le résume la psychologue. L’infirmière ajoute qu’il permet d’apporter « un
peu d’oxygène extérieur » au patient. L’ergothérapeute apporte une notion supplémentaire
en évoquant le caractère occupationnel de ses interventions. Bien qu’elles ne soient
thérapeutiques à proprement parler, elles sont importantes pour le patient : « Ca occupe les
gens aussi, ça aussi c’est important pour certains. Parce que le vide, ou l’ennui peut être très
pesant et mal vécu par les patients. »
Les actions du bénévoles sont reconnues par l’équipe soignante. Elle y
reconnait des nombreux bienfaits grâce à une présence auprès du patient et une
écoute active. Il favorise l’expression du ressenti de la personne en fin de vie.
L’ergothérapeute y associe également des bienfaits à l’occupationnel.
Objectifs des interventions identifiés par le bénévoles
Le bénévole n’attache pas d’objectifs à ses interventions car aucune planification
n’est possible d’une semaine à l’autre. En effet, le temps d’hospitalisation des patients en
unités de soins palliatifs étant en moyenne de 3 semaines, les suivis sont trop courts pour se
fixer des objectifs. De plus, l’imprévisibilité de l’évolution de l’état de santé des patients ne
favorise pas ce mode de fonctionnement.
Sophie BEDEL Mai 2013 41
Le bénévole d’accompagnement ne planifie pas ses interventions et n’y
rattache pas d’objectifs particuliers en partie à cause de l’imprévisibilité de l’USP.
4. Le travail de l’ergothérapeute
Collaboration avec l’ergothérapeute
La collaboration de l’ergothérapeute avec la psychologue ou encore avec le
bénévole est inexistante. La psychologue confie ne pas souvent voir l’ergothérapeute dans le
service et n’avoir que très peu d’échanges avec elle. Elle dit également ignorer le temps que
l’ergothérapeute est susceptible de passer auprès d’un patient en unité de soins palliatifs. Le
bénévole lui ignorait totalement qu’une ergothérapeute intervenait parfois sur le service.
L’infirmière est la seule professionnelle à travailler en collaboration avec
l’ergothérapeute. En effet, les infirmières ont un rôle majeur dans les interventions de
l’ergothérapeute puisque ce sont elles qui l’appellent lorsqu’elles identifient un besoin
spécifique. Elles sont donc le relai entre le médecin et l’ergothérapeute en demandant des
prescriptions d’ergothérapie au médecin après avoir évalué les besoins du patient. Les
besoins les plus souvent identifiés concernent le positionnement : « L’ergothérapeute, nous
ont fait beaucoup beaucoup beaucoup appel à lui pour les installations au lit et aussi pour
avoir du matériel pour les transferts par exemple. » Les évaluations effectuées par les
infirmières sont donc capitales et influent sur la fréquence des interventions de
l’ergothérapeute. De plus, pour que la prise en charge du patient soit optimale, il faut que
l’ensemble des compétences de l’ergothérapeute soient bien maitrisées par le personnel
soignant, en particulier par les infirmières qui établissent le relai avec le médecin.
En conclusion, seule l’infirmière est amenée à travailler en collaboration avec
l’ergothérapeute. Elle a une influence majeure sur la fréquence de ses interventions
puisqu’elle les initie suite à l’évaluation des besoins du patient.
Actions de l’ergothérapeute
Tous les intervenants s’accordent à répondre que les interventions de
l’ergothérapeute en USP sont limitées et ciblées. La cadre précise que « c’est vraiment basé
sur le confort avec l’installation. ». La psychologue partage le même point de vue : « j’ai
l’impression que c’est vraiment (…) ponctuel et précis pour veiller au confort et améliorer la
position… ». Selon les professionnels de l’équipe, les compétences de l’ergothérapeute en
USP se résument donc à une expertise du positionnement du patient pouvant prévenir des
troubles cutanés et apportant des bienfaits antalgiques. La psychologue dresse une
représentation des compétences de l’ergothérapeute assez sommaire : « j’ai une image par
exemple de quelque chose autour du cou avec des coussins afin de veiller à la meilleure
Sophie BEDEL Mai 2013 42
installation physique possible… ». Les compétences de l’ergothérapeute ne sont pas
clairement identifiées par les professionnels de Santé et restent floues.
L’infirmière affirme cependant connaitre d’autres compétences que l’ergothérapeute
peut être amené à appliquer dans d’autres services : « Je sais qu’ailleurs, dans les autres
services de l’établissement, ils [les ergothérapeutes] vont à domicile pour évaluer les besoins
et faire un peu le bilan de ce qui est existant et de ce qu’il faudrait mettre en place. (…) Non
nous nous ne sommes pas dans cette optique là. » Pourtant, des patients de l’USP émettent
parfois le désir d’un retour à domicile. Mais dans ce cas, l’ergothérapeute ne rentre pas en
jeu. Les retours à domicile sont gérer par l’équipe d’hospitalisation à domicile, des cabinets
d’infirmiers libéraux et par l’assistant social. L’infirmière justifie l’absence de l’ergothérapeute
par des situations trop « lourdes », où la recherche d’autonomie n’est pas évoquée : « c’est
plus simplement être dans son lieu de vie… Ils ne vont pas faire beaucoup plus de choses. »
La recherche d’indépendance n’étant pas un des objectifs majeurs des patients en fin de vie,
l’application de l’ergothérapie serait donc plus limitée en USP. La cadre explique que cela
peut tout de même arrivé que l’ergothérapeute propose des adaptations de couverts ou des
aides techniques visant à maintenir l’indépendance pour la prise des repas notamment.
Le bénévole d’accompagnement confirme les propos des professionnels. Il associe
l’ergothérapie au fait de travailler « pour entretenir ou restaurer les fonctions physiques et
psychologiques des personnes » et donc imagine mal comment elle pourrait s’appliquer en
soins palliatifs : « ce doit être assez limité…vu l’état des patients… ».
L’activité thérapeutique, outils de prédilection de l’ergothérapeute, n’a pas été
citée par les intervenants. En effet, les actions de l’ergothérapeute identifiées en USP
rejoignent toutes la notion de positionnement antalgique. D’autres compétences de
l’ergothérapeute ont été citées mais elles ne seraient pas applicables en unité de
soins palliatifs du fait de la vulnérabilité des patients selon les personnes interrogées.
Axes de prises en charge généraux en ergothérapie en unité de soins palliatifs
Lorsque l’ergothérapeute est interrogée sur la question, son discours rejoint celui des
autres intervenants. Elle explique que ses actions sont essentiellement centrées sur le
positionnement et le choix du matériel (au lit ou au fauteuil) pour un maximum de confort.
Cette compétence apparait comme étant réellement propre à l’ergothérapeute qui est le seul
à avoir cette expertise du positionnement : « C’est vraiment une compétence spécifique à
l’ergothérapeute en soins palliatifs, où l’on va systématiquement faire appel à moi ».
L’ergothérapeute en USP participe parfois aussi au choix de l’aide de marche du patient, en
collaboration avec le kinésithérapeute. Elle apporte aussi son point de vue et prodigue des
conseils à l’équipe ou au patient pour faciliter les transferts.
Sophie BEDEL Mai 2013 43
L’ergothérapeute rejoint donc l’avis des autres intervenants puisqu’elle avoue
axer ses prises en charges sur du positionnement.
Activités mises en place par l’ergothérapeute en USP
Les activités thérapeutiques proposées par l’ergothérapeute sont rares et sont à
l’initiative du médecin la plupart du temps, dans une visée rééducative. Elle reçoit ainsi
parfois des prescriptions médicales pour travailler avec des patients sur leur héminégligence
par exemple. Elle propose alors des exercices sur le plateau technique. Il arrive cependant
que ce soit une demande du patient lui-même, comme dans le cas de la patient souhaitant
réaliser un pêle-mêle : « c’était vraiment une demande de la patiente, qui trouvait le temps
trop long. ». L’activité lui a alors permis de se remettre en activité, de lutter contre l’ennui et
contre le syndrome dépressif, souvent retrouvés chez des personnes en fin de vie.
L’ergothérapeute propose rarement des activités thérapeutiques en USP.
Cependant, cela arrive à la demande du médecin ou du patient parfois.
Perception de la pratique de l’ergothérapeute autour de l’activité en USP
Lorsque l’ergothérapeute revient sur les activités qu’elle a déjà été amenée à
proposer en USP, elle n’évoque pas d’analyse particulière de l’activité. Elle reprend
l’exemple de la création du pêle-mêle avec la patiente. Elle n’a pas cherché à ce que
l’activité soit thérapeutique, l’objectif premier était qu’elle soit déjà occupationnelle : « Je n’ai
pas réellement cherché à ce qu’il y ait une activité signifiante. C’était plus pour elle
effectivement de l’occupationnel et d’essayer en même temps de joindre l’utile à l’agréable.
C'est-à-dire que par le biais du collage, elle s’est beaucoup exprimée. Elle a réussi à parler
d’elle-même, à parler du passé, du présent, et parler, au travers des photos, échanger
énormément au niveau de sa famille et de ses proches ». Pourtant, l’activité décrite ainsi fait
référence à une activité thérapeutique signifiante.
L’ergothérapeute n’analyse pas les activités qu’elle peut être amenée à réaliser
avec les patients en USP, bien qu’elle y reconnaisse de nombreux bienfaits.
Place et apports de l’ergothérapeute en USP
La place de l’ergothérapeute en unités de soins palliatifs est défendue par
l’ensemble des professionnels interrogés, notamment par son expertise du
positionnement. « L’ergothérapeute est vraiment vraiment une personne précieuse pour
moi (…) par rapport aux installations, le plus confortable possible. Et moi j’y crois beaucoup.
Parce que soigner la douleur, bien sur il y a les médicaments c’est évident, la morphine entre
autre, [mais il y a aussi le positionnement]. (…) L’ergothérapeute est vraiment beaucoup plus
formé à ça » affirme le cadre de Santé. La psychologue la rejoint et ajoute qu’elle peut
apporter un confort en plus pour le patient auquel les autres professionnels n’auraient pas
Sophie BEDEL Mai 2013 44
pensé. Notamment dans le maintien de l’autonomie de la personne en fin de vie, illustré par
l’infirmière par un exemple d’adaptation d’un robinet pour que le patient puisse, à sa
demande, faire seul une partie de sa toilette au lavabo.
L’ergothérapeute est également convaincue qu’elle est en mesure d’apporter une
plus value à la prise en charge du patient en fin de vie car elle estime que « le bien-être du
patient et le confort, c’est primordial ». Elle insiste en disant que « c’est déjà un atout majeur
de pouvoir pour le patient, oublier sa douleur », ce qui passe par un positionnement optimal
au lit et au fauteuil. Elle précise que ses conseils de positionnement sont également
prodigués auprès du personnel soignant. Elle lui apporte des notions de manutention afin de
lutter contre les troubles musculo-squelettique liés des transferts effectués à répétition.
Actions de l’ergothérapeute sur le confort psychologique
Une fois de plus, les différents professionnels partagent le même avis. Tous
établissent le lien entre le confort physique et le confort psychologique, comme l’explique la
cadre de Santé : « Par voie de conséquence, dès l’instant où la personne est mieux installée
physiquement, je pense qu’elle peut l’être aussi psychologiquement ». Le bien-être physique
favoriserait donc indirectement le bien-être psychologique car il permet à l’individu d’être plus
en clin à exprimer ses ressentis. Soulager la douleur, quelle qu’elle soit, est le premier
objectif de l’équipe soignante : « Ce serait illusoire de vouloir mettre en place quelque chose
avant… Je ne sais pas, par exemple, envoyer la personne vers une psychologue si elle
souffre physiquement et que l’on n’a pas soulagé la douleur, ça donnera rien, ce n’est même
pas la peine. C’est quelque chose qui va parasiter toute la relation. ». Les propos de
l’infirmière soulignent l’importance du positionnement qui n’est pas à négliger.
Au-delà de ces actions autour du positionnement, les compétences de
l’ergothérapeute autour du confort psychologique semblent restreintes. Pourtant, après avoir
expliqué les principes de l’activité thérapeutique, la psychologue admet que cela pourrait être
intéressant et participé au confort psychologique du patient. « Je ne savais pas que ça
pouvait faire partie des missions de l’ergothérapeute. Mais ça me semble tout à fait adapté.
Le tout c’est de le savoir, de l’intégrer dans la réflexion de l’équipe pluridisciplinaire… Mais
oui je pense que ça pourrait être intéressant. Certains en plus auraient des désirs de faire
quelque chose et donc là c’est l’équipe qui essaie de proposer des objectifs au patient pour
qu’il puisse se raccrocher à quelque chose. Parce qu’il y a souvent des symptomatologies de
dépression aussi. Certains oui ne sont plus en mesure de faire des projets pour eux-mêmes
et d’avoir envie de faire quelque chose. Mais certains par contre, oui, sont encore dans cette
dynamique là. Mais même pour tous les patients, ça peut être une aide pour eux… Mais (…)
nous dans l’équipe, il faut qu’on sache que c’est possible, qu’il existe des personnes
ressources, qu’il y ait une possibilité à ce que leurs désirs se réalisent… ». Quelque soit
Sophie BEDEL Mai 2013 45
l’état de santé du patient et ses capacités, l’activité thérapeutique adaptée et personnalisée
pourrait permettre de proposer une approche différente du soin envers le patient en fin de
vie. Seulement, une telle dynamique nécessite d’être portée par toute l’équipe.
L’ergothérapeute a une action indirecte sur le confort psychologique, en
agissant sur le confort physique, qui est intimement lié. Cependant, elle y participe
rarement directement par le biais d’activité thérapeutique.
Justification des interventions ponctuelles de l’ergothérapeute en USP
Plusieurs explications sont avancées pour justifier les interventions ponctuelles de
l’ergothérapeute. Tout d’abord, la cadre de Santé rappelle qu’il s’agit d’une petite unité,
n’ayant que six lits. Elle estime qu’un si petit service ne représente pas assez de travail pour
un temps défini en unité de soins palliatifs. De plus, des limites sur le plan financier
contraignent la structure à limiter les interventions en ergothérapie en unité de soins
palliatifs. En effet, d’autres besoins sont identifiés dans les autres services et sont
considérés comme prioritaires, notamment en rééducation. Les ergothérapeutes peinent à
répondre à ces besoins par manque de temps. Les temps d’intervention en unité de soins
palliatifs sont donc d’autant plus restreints. Si l’unité de soins palliatifs augmente à 10 lits
comme cela est en projet, un temps partiel d’un ergothérapeute à 40% sera alors envisagé.
L’infirmière confirme qu’un temps plein en USP ne lui semble pas adapté et estime
que des interventions ponctuelles suffisent pour répondre aux besoins des patients. La
psychologue justifie ce constat en soulevant la notion de contrainte financière. Elle avance
également l’idée que les interventions ponctuelles de l’ergothérapeute en USP résultent peu
d’être « [d’] une question de culture, une façon de penser actuelle qui n’intègre pas assez
cette dimension [de l’activité thérapeutique] et ses possibilités. »
L’ergothérapeute quant à elle juge que les besoins en ergothérapie dans l’unité de
soins palliatifs ne nécessitent pas un temps plein. « Ca dépend du nombre de lits… C’est
vrai que là sur 6 lits, il n’y a pas un travail assez conséquent pour un temps plein ergo. C’est
d’ailleurs pour cette raison que moi j’y interviens de façon ponctuelle ». Tout comme la cadre
de Santé, elle pense qu’un temps partiel serait cependant plus adapté si l’unité passait à 10
lits. Elle n’envisage pas pour autant un temps complet car les capacités des patients sont
trop faibles et leur fatigabilité trop importante : « on est obligé de tenir compte de la
fatigabilité du patient, des effets médicamenteux du traitement qui peuvent être fluctuant….
On ne peut pas compter sur un atelier qui serait prévu avec des horaires fixes… On est
obligé de travailler au jour le jour en soins palliatifs. » Les contraintes seraient trop
nombreuses et importantes pour pouvoir mettre en place en atelier permettant la pratique
d’activités thérapeutique par exemple : se rendre dans l’atelier, ne pas être trop fatigué, y
Sophie BEDEL Mai 2013 46
participer à des horaires fixes afin de se tenir à une planification et une organisation des
séances… Ceci ne serait pas un rythme adapté au patient.
Les interventions ponctuelles de l’ergothérapeute sont justifiées par la petite
taille du service et donc de rares demandes de positionnement. Le développement de
l’activité thérapeutique semble être soumis à trop de contraintes selon l’équipe.
Influence de ces interventions ponctuelles sur l’intégration de l’ergothérapeute
à l’équipe transdisciplinaire de l’USP
Pour cette dernière question, les points de vue sur l’intégration de l’ergothérapeute au
sein de l’équipe transdisciplinaire divergent. D’un côté, la cadre de Santé, la psychologue et
l’infirmière s’accordent à dire l’ergothérapeute n’est pas un membre à part entière de l’équipe
transdisciplinaire. « Moi je pense peu à l’ergothérapeute comme membre dans l’équipe »
explicite la psychologue, ainsi que la cadre de Santé : « Moi, je le considère un petit peu
comme un intervenant extérieur quand même car il intervient vraiment ponctuellement ».
Toutes insistent sur le fait que l’ergothérapeute n’est pas assez présente dans l’équipe pour
en être totalement intégrée, notamment lors des staffs. L’infirmière ajoute même que « elle
ne va pas venir au staff s’il n’y a pas eu d’intervention importante, elle n’y sera pas forcément
conviée ». L’ergothérapeute, si elle est disponible et a réussi à se libérer, n’est donc pas
toujours invitée à participer aux réunions de synthèse, ce qui l’investit et l’intègre encore
moins dans l’unité. Elle garde un lien avec l’équipe majoritairement par le système
informatisé ou par des temps d’échanges informels dans les couloirs. L’infirmière conclut en
disant : « Elle intervient en tant qu’intervenant extérieur (…) Je pense que c’est formalisé
comme cela. » Ce mode de fonctionnement de l’ergothérapeute par actions ponctuelles
entravent donc clairement l’intégration du professionnel dans l’équipe.
L’ergothérapeute porte un jugement différent sur son intégration dans l’équipe.
Contrairement à l’avis des autres professionnels, elle se sent « intégrée à part entière à
l’équipe. Ca n’interfère en rien mon intégration puisqu’elles savent très bien ou me trouver ».
Elle ne considère pas ses interventions ponctuelles comme un frein à son intégration avec
l’équipe puisqu’elle parvient à garder contact avec elle : « Tous les jours je passe devant
[l’USP], j’ai donc la possibilité de moi-même (…) de leur rendre visite. Et de toute façon, elles
savent où me trouver. Mes compétences sont bien identifiées dans l’équipe.». Les
compétences en USP relevées précédemment par l’ergothérapeute se rapportaient
essentiellement à des notions de positionnement. Il est vrai que ce sont aussi ces actions
qu’ont reportées les autres intervenants, bien qu’elles restent un peu floues pour certains.
Les points de vue de l’ergothérapeute et des soignants diffèrent sur son
intégration dans l’équipe pluridisciplinaire. L’ergothérapeute considère être un
membre à part entière de l’équipe, qui elle l’identifie comme un intervenant extérieur.
Sophie BEDEL Mai 2013 47
DISCUSSION
1. Conclusion de l’enquête
Cette analyse des différents entretiens fait ressortir des notions intéressantes. Tout
d’abord, ce que nous pouvons remarquer, c’est que la considération de la douleur est
omniprésente en unité de soins palliatifs. Telle qu’elle a été décrite, elle correspond bien à la
« douleur totale » de SAUNDERS (1967) qui est à la fois physique, psychologique, sociale
et spirituelle. Bien que la douleur physique soit évoquée en premier lieu, les autres
dimensions de la douleur ne sont pas dénigrées. La majeure partie des angoisses du patient
citées par l’équipe soignante sont en lien avec la peur de l’approche de la mort.
Ensuite, la singularité de chaque patient en soins palliatifs a été relevée plusieurs
fois. Les besoins et désirs n’échappent pas à cette règle. Cependant, il semblerait qu’ils
soient très proches voire entremêlés. En effet, visant souvent à pallier une souffrance, les
désirs découlent principalement des besoins de la personne en fin de vie. Ils traduisent aussi
le type projet suivi par le patient. Le choix d’être plus isolé par exemple peut être assimilé à
un projet de retrait, ce qui correspond à une étape du projet de vie de l’individu selon
BOUTINET. En effet, certaines personnes avançant dans l’âge et donc se rapprochant
inéluctablement de la mort, souhaitent se concentrer sur ce type de projet. Il n’est pas moins
porteur de sens pour l’individu et doit être respecté, ce que s’efforce de faire l’équipe
soignante d’après les personnes interrogées.
La notion de projet de fin de vie a été explicitée par les intervenants. Le caractère
personnel et modulable énoncé précédemment dans le cadre conceptuel, a été rappelé.
Cette flexibilité du projet de fin de vie est en lien avec l’évolution des capacités du patient
mais aussi de ses envies, qui sont elles mêmes influencées par l’étape du processus de
deuil que traverse le patient.
Les personnes interrogées font émerger une suite d’exemples concrets de projets de
fin de vie que nous pouvons à chaque fois rattacher à l’un des quatre pôles du projet.
Elaborer un projet de fin de vie, comme un retour à domicile par exemple, correspond au
pôle existentiel, qui est porteur de sens et conjure les situations déroutantes auxquelles
peut être confronté l’individu en fin de vie. Vouloir être entouré est davantage en lien avec le
pôle pragmatique, où la personne cherche à être rassurée. L’exemple du projet de fin de
vie consistant à la réalisation d’un pêle-mêle d’images de mode, appartient quant à lui au
pôle biologique. En effet, la patiente cherchait à éviter la monotonie et l’ennui. Il s’est
ensuite précisé comme étant un projet de retraitement, car la personne s’est investie dans
activité non rémunérée pouvant paraitre occupationnelle mais valorisante culturellement,
auprès de ses proches. En effet, elle a reproduit cette activité mais cette fois avec des
Sophie BEDEL Mai 2013 48
photographies de son entourage. En somme, seul le pôle culturel n’a pas été illustré, car la
recherche d’innovation est sans doute moins cohérente en soins palliatifs.
Cette activité pêle-mêle de photographies avec les proches de la patiente n’a pas été
identifiée comme une activité thérapeutique par l’ergothérapeute. Elle l’a associée à de
l’occupationnel, y reconnaissant cependant un moyen d’expression. Pourtant, l’activité
réalisée ne visait pas à remplir un simple objectif productif avec l’application une technique
particulière. La démarche primait davantage. Il s’agissait d’une activité thérapeutique car elle
a permis à la personne en fin de vie de conserver son potentiel physique, cognitif, sensoriel,
psychique et relationnel. Plus précisément, il s’agissait d’une activité signifiante car elle avait
du sens pour la patiente et elle lui a permis de construire un objet transitionnel au sens de
WINNICOTT. En effet, nous pouvons supposer que la réalisation du pêle-mêle lui a été un
moyen de défense face à ses angoisses et lui a permis de maintenir du lien avec ses
proches. L’ergothérapeute a alors participé à l’accompagnement de la personne en soins
palliatifs dans la création de son projet de fin de vie mais ne l’a pas analysé comme tel.
L’activité était pourtant pertinente puisque qu’elle résultait d’une demande de la patiente qui
a ensuite a pu accéder au « flow 6». L’activité était effectivement porteuse de sens, elle lui a
permis de relever le défi de construire avec ses capacités résiduelles et lui a apporté un
retour positif auprès de ses proches. Cet exemple prouve que la proposition d’activité
thérapeute au patient en fin de vie est cohérente et possible.
Ensuite, l’enquête menée permet aussi d’obtenir une meilleure description du mode
de fonctionnement des unités de soins palliatif. Sa spécificité à accompagner un projet de fin
de vie réside par la proximité qu’il peut s’établir entre soignant-soigné. Le patient est
considéré selon une approche globale, favorisée par de petits services (seulement 6 lits ici).
Les relations entre patients et professionnels de Santé sont approfondies car l’équipe
dispose de plus de temps pour être auprès du patient, et pas uniquement pour des soins
curatifs. Les soins palliatifs interviennent alors en visant à apaiser au maximum les patients,
par une continuité des soins et par du relationnel. De plus, pour chacun des patients, le
pronostic vital est engagé. Ceci entraine une fragilité et des situations parfois complexes que
les soignants sont habitués à gérer.
D’après la description faite par les professionnels, il s’agit d’une équipe
transdisciplinaire. En effet, il existe une méthodologie commune basée sur des valeurs et
des compétences partagées que chacun applique à sa pratique. Aucune profession n’est
plus prépondérante qu’une autre. L’équipe travaille en symbiose et toutes les compétences
de chaque professionnel sont reconnues. Et surtout, le patient et sa famille restent au cœur
6 Le Flow est un état intrinsèquement agréable qui se manifeste pendant la perception d’un équilibre entre ses
compétences personnelles et la demande de la tâche (Csikszentmihalyi, 1975)
Sophie BEDEL Mai 2013 49
de la prise en charge en étant actifs, influents, et coproducteurs du plan de traitement.
Cependant, cette dynamique semble s’appliquer uniquement pour le « noyau mère » de
l’équipe, c'est-à-dire : médecin, infirmiers, aides soignants, psychologue et cadre de Santé.
En effet, l’ergothérapeute et le bénévole d’accompagnement notamment, sont cités comme
des intervenant extérieurs car moins présents dans le service. Une distinction est donc mise
en évidence entre membres ayant un temps clairement défini dans le service, et les
intervenants ponctuels. Cependant, la démarche qu’a faite l’ergothérapeute en demandant à
devenir référente des interventions ponctuelles en USP facilite son intégration. Ainsi, les
membres de l’équipe savent directement à quel ergothérapeute s’adresser en cas de
besoin. La communication n’en est que meilleure.
Celle-ci est également facilitée par le système informatique qui permet à
l’ergothérapeute de garder le contact avec l’équipe et de se tenir informé des transmissions.
Sans cela, la communication serait difficile car l’ergothérapeute ne participe que très
rarement aux temps d’échanges et aux réunions de synthèse de l’équipe. En effet, son
planning très serré ne le lui permet pas toujours. Le système informatique sert alors
d’alternative à sa présence en synthèse. Cependant, ses absences répétées l’effacent petit à
petit de l’équipe et ne lui permettent pas de relancer les soignants pour qu’ils fassent appel à
elle en cas de besoins. Ainsi, comme dans un cercle vicieux, ses compétences sont moins
bien identifiées, donc sa participation au plan de traitement du patient est moindre, alors
l’équipe n’en vient plus à penser systématiquement à ses possibilités d’actions et ne la
convie plus aux réunions de synthèse. L’ergothérapeute ne semble donc pas totalement
intégrée comme un membre à part entière de l’équipe, bien qu’elle ne partage pas cet avis.
Pourtant, son intégration est capitale puisque la première évaluation des besoins en
ergothérapie du patient est faite par l’équipe transdisciplinaire. En effet, les infirmières sont
à l’origine de la majeure partie de ses prescriptions médicales, servant de relai auprès du
médecin. Leur influence est donc considérable. En ce sens, leurs actions prédominent sur
celles de l’ergothérapeute puisque ce sont elles qui sont de mesure de demander ou non
une prise en charge ergothérapeutique pour le patient. La transdisciplinarité montre donc ses
limites et ne semble pas s’appliquée à l’ensemble du réseau des intervenants en soins
palliatifs, mais uniquement au sein du « noyau-mère ». En effet, en suivant une telle
organisation et en manquant parfois de communication avec les intervenants dits
« extérieurs », le noyau mère aurait tendance à « s’accaparer » le patient. Bien qu’il s’ouvre
aux compétences d’autres intervenants extérieurs, l’intégration de ces nouveaux apports
parait limitée.
Ensuite, nous pouvons constater que les compétences que l’ergothérapeute
reconnait et soumet à l’équipe sont ciblées et ne couvrent pas l’ensemble des compétences
décrites dans le référentiel d’activité de l’ergothérapeute par le Ministère de la Santé.
Sophie BEDEL Mai 2013 50
Pourtant, il a été démontré dans le cadre conceptuel que chacune pouvait être développée
en unité de soins palliatifs théoriquement. Bon nombre de compétences restent donc non
exploitées. Concrètement, les axes de prises en charge en ergothérapie d’un patient en fin
de vie se sont avérées être principalement axés sur du positionnement afin de répondre à
une recherche de confort physique. Cette expertise de l’ergothérapeute dans ce domaine est
bien identifiée par l’équipe. Cependant, elle semble pour beaucoup se résumer à cela.
L’ergothérapeute a tout de même évoqué des interventions auprès du personnel pour des
conseils de manutention, et une collaboration avec le kinésithérapeute pour le choix d’aides
à la marche et quelques rares adaptations de matériel pour maintenir un degré
d’indépendance au patient dans les actes de la vie quotidienne.
Aussi, le diagnostic ergothérapeutique ne s’avère pas toujours optimal puisqu’il
commence par une évaluation réalisée par un autre professionnel de santé, souvent
l’infirmière. Il est bien sûr réaliser de nouveau par l’ergothérapeute lors de sa première
intervention, après que l’infirmière est pris l’initiative de l’appelée. Cependant, n’étant pas
spécialisée dans ce domaine, l’infirmière peut ne pas relever un besoin pour le patient et ne
pas faire appel à l’ergothérapeute qui aurait peut-être une évaluation différente.
L’idée d’un temps plein d’ergothérapeute en USP a également été discutée et ne
paraissait pas réalisable. En effet, le service ne disposant que de très peu de lits,
l’ergothérapeute n’aurait pas assez de travail à temps plein pour n’effectuer que du
positionnement. Favoriser la réalisation d’activités thérapeutiques engendrerait également
quelques problèmes. L’unité de soins palliatifs, singulière par son adaptation au rythme du
patient, serait forcée de suivre une organisation rythmée par les ateliers thérapeutiques. De
plus, la courte durée des prises en charge et l’imprévisibilité de l’état des patients limitent la
possibilité d’entreprendre de telles actions. La situation palliative des patients implique
régulièrement de travailler dans le court terme uniquement. Cependant, en effectuant
quelques aménagements, la réalisation d’activité thérapeutique est possible, à l’image de la
construction du pêle-mêle. Ces contraintes peuvent donc potentiellement être surpassées.
Seulement d’autres paramètres rentrent en jeu, comme des restrictions financières par
exemple. Mais les véritables limites à la réalisation d’activité thérapeutique en USP semblent
surtout résider dans les notions relevées par la psychologue : dans une question de culture
et une méconnaissance de l’ensemble des compétences de l’ergothérapeute. Pourtant, tous
partagent les mêmes valeurs.
Enfin, le rôle d’une intervenant particulier, non professionnel de santé, a été mis en
évidence. Il s’agit du bénévole d’accompagnement. Celui-ci s’est révélé être un acteur
majeur dans l’accompagnement du patient en fin de vie. Il résume ses actions par l’apport
une présence et des échanges. Pourtant, son statut lui permet d’avoir une approche
différente de tous les autres soignants, facilitée par des compétences relationnelles acquises
Sophie BEDEL Mai 2013 51
par une formation préalable. Il parvient parfois à faire avancer le patient dans son processus
de deuil et se montre à l’écoute des volontés de la personne en fin de vie. Il est cependant
regrettable que ses échanges avec l’équipe transdisciplinaire ne soient pas plus riches. Il n’a
pas conscience que le bienfait de ses interventions soit reconnu par l’équipe
transdisciplinaire qui peine à l’intégrer.
2. Evaluation des hypothèses
L’enquête menée visait à répondre à la problématique soulevée au début de ce
travail de recherche : « En quoi l’ergothérapeute, au sein d’une équipe pluridisciplinaire,
peut-il accompagner le projet de fin de vie d’un patient dans une unité de soins palliatifs? ».
Nous avons désormais une vision plus éclairée de son travail en USP. Mais qu’en est –il des
hypothèses avancées ?
La première hypothèse supposait que l’ergothérapeute présentait de réelles
compétences pour enrichir la prise en charge des patients en USP mais qu’elles n’étaient
pas toutes exploitées. Elle sous-entendait que l’ergothérapeute intervenait principalement
pour répondre à des besoins ciblés en termes de sécurité, d’accessibilité, de confort et que
l’activité thérapeutique n’était pas utilisée.
Les réponses obtenues tendent à valider cette hypothèse mais en nuançant ses
propos. En effet, il a été démontré que les compétences de l’ergothérapeute dans l’unité sont
centrées sur des actions de positionnement et d’installations antalgiques. C’est d’ailleurs
ainsi qu’elles sont identifiés par l’équipe transdisciplinaire. Les autres professionnels
soignants reconnaissent cependant son expertise dans ce domaine et ses bienfaits, agissant
indirectement sur le confort psychologique. D’autres domaines d’actions ont été mis en
évidence : des conseils de manutention, des adaptations de matériel ou maintenir
l’indépendance du patient, un avis sur l’aide de marche… Ceci est accord avec les
interventions supposées précédemment, visant à apporter sécurité, accessibilité et confort.
L’activité thérapeutique est certes peu utilisée, car soumise à trop de contraintes
(financières, logistiques, organisationnelles, liées à sa méconnaissance…). Elle est tout de
même exploitée parfois, bien qu’elle ne soit pas analysée en tant que telle.
La seconde hypothèse présupposait que l’ergothérapeute était intégré dans l’équipe
pluridisciplinaire (qui s’est révélée être transdisciplinaire) mais pas à l’élaboration du projet
de fin de vie du patient. Bien que nous devinions sa participation, il ne semblait pas à
l’initiative de ses prises en charge. En effet, ses interventions paraissaient ponctuelles dans
la majorité des cas et répondre à la demande des soignants référents du patient. Du fait de
cette organisation, les objectifs de la prise en charge semblaient davantage repérés par
l’équipe soignante de l’USP que par l’ergothérapeute.
Sophie BEDEL Mai 2013 52
Cette deuxième hypothèse est également confirmée mais demande à être pondérée.
En effet, nous avons pu notifier des divergences de points de vue concernant l’intégration de
l’ergothérapeute à l’équipe transdisciplinaire. Les soignants ne le considèrent effectivement
pas comme étant un membre à part entière de l’équipe étant donné sa faible présence dans
l’USP et aux réunions de synthèse. L’ergothérapeute s’estime pourtant intégrée car elle juge
que l’équipe sait l’interpeller quand un besoin spécifique été identifié. Ce n’est en effet pas
elle qui évalue les besoins des patients. Elle participe au projet de fin de vie du patient
seulement si les infirmières ou le médecin sont demandeurs.
3. De nouvelles pistes de réflexions
Cette étude nous conduit vers de nouvelles pistes de réflexion. En effet, de
nombreuses contraintes à l’application de l’activité thérapeute en USP ont émergées.
Comment pourraient-elles être surpassées ? Une autre organisation serait-elle possible ?
Une des contraintes majeures est temporelle. En effet, les prises en charge des
patients en USP sont généralement courtes, d’une moyenne de 3 semaines. Ce temps est
restreint pour développer et mettre en place une activité thérapeutique. De plus, l’évolution
des capacités de la personne en fin de vie et de son état de santé sont imprévisibles. Il serait
intéressant de se questionner sur une collaboration entre psychologue, ergothérapeute et
bénévole, travaillant autour de l’activité thérapeutique. En effet, ensemble, ces trois acteurs
pourraient peut-être développer le confort psychologique du patient, en combinant leur
approche singulière pour favoriser l’expression des ressentis. Ceci demanderait des
aménagements puisqu’aucun de ces acteurs n’intervient à temps complet en USP. Une
communication enrichie par des transmissions (orales, écrites et régulières) et des temps
d’échanges pourraient éventuellement pallier cette difficulté.
La régularité des interventions de l’ergothérapeute en unité de soins palliatifs dépend
des membres de l’équipe soignante, en particulier de l’infirmière et du médecin puisque ce
sont eux qui sont à l’initiative de ses prises en charge. La fréquence des interventions
dépend également des compétences identifiées à l’ergothérapeute. En effet, s’il est établi
que l’ergothérapeute peut seulement avoir une action sur du positionnement, il ne sera pas
contacté pour favoriser l’expression du ressenti du patient par exemple. La richesse du
référentiel de compétences que l’ergothérapeute soumet à l’équipe de l’unité de soins
palliatifs a donc son importance. L’ergothérapeute devrait alors être sensibilisé à l’activité
thérapeutique pour pouvoir être en mesure de soutenir ses bienfaits pour le patient. Il doit
alors promouvoir sa profession pour pallier la méconnaissance de la profession.
Aussi, il a été dit que l’ergothérapeute adaptait parfois du matériel de la vie
quotidienne pour maintenir l’indépendance du patient. Cette compétence pourrait être
développée et s’étendre à des préconisations plus régulières d’aides techniques et de
Sophie BEDEL Mai 2013 53
contrôle d’environnement notamment. En effet, certes la rééducation et la réadaptation
peuvent être difficiles à entreprendre en soins palliatifs, mais lorsqu’elles intègrent un projet
de fin de vie, elles trouvent encore tout leur sens.
Enfin, il serait pertinent de s’interroger sur la place de l’ergothérapeute dans les
équipes d’hospitalisation à domicile (HAD). Il n’y avait pas d’ergothérapeute dans l’équipe
d’HAD de la structure interrogée. Cependant, il arrive qu’il s’y trouve un ergothérapeute.
Dans ce cas, comment travaille t-il ? Y a-t-il une collaboration avec l’équipe soignante de la
précédente hospitalisation du patient ? Commet prépare t-il le retour à domicile de la
personne en fin de vie ? L’inclut-il dans un projet de fin de vie ?
4. Critique de la méthode
Cette étude touche à son terme. Elle a permis de réaliser une analyse qualitative du
travail de l’ergothérapeute en unité de soins palliatifs. Cependant, elle présente quelques
limites. En effet, en faisant le choix de recueillir des données qualitatives par le biais
d’entretiens, plutôt que quantitatives avec des questionnaires, j’ai pris le risque de recevoir
des données subjectives. En effet, les conclusions de mes entretiens ne seraient peut-être
pas les mêmes dans une autre structure car chacune a son propre mode de fonctionnement
interne.
De plus, j’ai interrogé une seule personne par profession, une seule infirmière de
l’équipe par exemple. Là encore, les réponses ont été subjectives. Elles ne transcrivent pas
forcément la philosophie de la profession. Aussi, je ne suis pas parvenue à interroger le
médecin du service, acteur pourtant clef des interventions de l’ergothérapeute dans l’USP
puisqu’il délivre les prescriptions médicales d’ergothérapie.
Enfin, il aurait été intéressant de comparer les données recueillies avec celles d’une
unité de soins palliatifs ayant un ergothérapeute un temps d’intervention défini dans le
service afin d’observer les divergences de fonctionnement.
Sophie BEDEL Mai 2013 54
CONCLUSION
Cette enquête a permis de comparer les données théoriques à la réalité du terrain. Le
cadre conceptuel a souligné l’importance pour la personne en fin de vie de rester dans une
dynamique de projet et une recherche de sens, l’ancrant à la vie. En effet, se réinvestir dans
un projet de fin de vie permet au patient de rester acteur et de ne pas être seulement objet
de soins mais sujet de soins. Les unités de soins palliatifs ont démontré leur qualification
pour accompagner les personnes en fin de vie, de par la disponibilité de leur personnel, leurs
compétences relationnelles, et leur habilité à faire face à des situations complexes.
Toutefois, les enjeux d’un projet de fin de vie ne s’avérèrent pas toujours clairement
identifiés par le corps médical. C’est pourquoi l’activité thérapeutique, pouvant pourtant être
un moyen d’accéder à un projet de fin de vie, peine encore à s’instaurer en unité de soins
palliatifs. Selon les soignants, la fragilité des personnes en fin de vie leur permet rarement
d’être en capacité de s’investir dans des activités signifiantes et projectives. De plus, le
développement de l’activité thérapeutique s’heurte à des contraintes multiples : financières,
logistiques, organisationnelles… Cependant, des essais ont d’ores et déjà été concluants
auprès de personnes en fin de vie. Il est donc possible de surpasser ces obstacles, à
condition que cette démarche soit soutenue par l’ensemble des membres de l’équipe. Dans
le cas échéant, l’ergothérapeute occulte certaines de ses compétences et s’oriente
majoritairement sur un travail de positionnement antalgique. Ce type d’interventions reste
cependant capital car il tente de répondre à une recherche de confort physique, apportant
indirectement un confort psychologique. Cet axe de prise en charge reste actuellement le
plus développé par l’ergothérapeute et implique des interventions seulement ponctuelles
dans les unités de soins palliatifs.
L’enquête a également démontré que bon nombre d’intervenants gravitent autour de
la personne en fin de vie. Cependant, leur cohésion n’est pas totale. Un clivage s’opère entre
les professionnels ayant un temps défini en USP, travaillant ensemble en transdisciplinarité ;
et les intervenants dits « extérieurs » tels que l’ergothérapeute ou encore le bénévole
d’accompagnement. Ceci se traduit essentiellement par un manque notable de
communication entre ces deux groupes distincts.
Une collaboration entre un membre de l’équipe transdisciplinaire telle que la
psychologue, l’ergothérapeute ainsi que le bénévole d’accompagnement serait à étudier. En
effet, un tel travail d’équipe pourrait permettre d’accroitre la communication entre les
différents intervenants et de surmonter plus facilement les écueils à la réalisation d’activité
thérapeutique en soins palliatifs.
Sophie BEDEL Mai 2013 55
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8_2012.pdf> (Consulté le 13 février 2013)
1
Annexes
Annexe 1 : Guide d’entretien
Annexe 2 : Retranscriptions des entretiens
2.1 Entretien avec la cadre de Santé
2.2 Entretien avec la psychologue
2.3 Entretien avec l’ergothérapeute
2.4 Entretien avec l’infirmière
2.5 Entretien avec le bénévole d’accompagnement
Annexe 3 : Tableau de recueil des données et d’analyse descriptive des
entretiens
2
Annexe 1 : Guide d’entretien
1. Présentation de l’intervenant et de la structure
Questions Objectifs / attentes
Intervenants
interrogés
Cadre
Psycholo
gue
Erg
oth
éra
peute
Infirm
ier(
e)
Bén
évole
1. Pouvez-vous vous présenter
rapidement (profession/formation,
parcours et expérience
professionnels,…) ?
- établir un premier contact le professionnel
- connaitre son parcours.
X X X X X
2. Pouvez-vous présenter la structure de
l’unité de soins palliatifs ?
- comprendre le fonctionnement du service (nombre de lits, membres de l’équipe médicale…)
X X X
3. Comment se déroule la formation pour
devenir bénévole d’accompagnement ?
- Savoir de quelle manière se déroule la formation et avec quels formateurs
X
2. Le travail en soins palliatifs 4. D’après votre expérience, quels sont
les principaux besoins et désirs d’une
personne en fin de vie ?
- cibler les axes majeurs du plan de traitement d’une personne en fin de vie.
X X X X X
5. Peut-on parler de projet de fin de vie ? - légitimer ou non la notion de projet de
fin de vie X X X X X
6. Si oui, en quoi une unité de soins
palliatifs est-elle qualifiée pour
accompagner le projet de fin de vie
d’un patient ?
- comprendre en quoi les unités de soins palliatifs y sont adaptée, quelle est sa spécificité.
X X X
7. Comment s’organisent les soins ? Y a-
t-il un travail spécifique associé à
chaque corps de métier ?
- connaitre l’organisation du service (globale ou spécifique, équipe pluri, inter ou trans ?)
- saisir les spécificités de chaque corps de métier
X X X
3. Le travail en équipe pluridisciplinaire
8. Quelle place tenez-vous auprès de
l’équipe pluridisciplinaire ?
- savoir quelles sont les missions spécifiques du cadre de santé d’une unité de soins palliatifs
X
9. A quelle fréquence intervenez-vous en
unité de soins palliatifs ?
- Connaitre le temps d’intervention de (temps plein/temps partiel) et l’organisation qui en découle.
X X X X X
10. Dans quel contexte se fait votre
première intervention auprès du
patient ?
- Savoir si l’ergothérapeute prend directement contact avec le patient ou s’il intervient à la demande d’un autre professionnel de Santé
X X
11. Comment travaillez-vous au sein de
l’équipe pluridisciplinaire ?
- Connaitre l’intégration du professionnel dans l’équipe
- Connaitre la manière dont le professionnel travaille avec ses collègues
X X X X
3
4. Le rôle du bénévole 12. Quelle place la place du bénévole au
sein de l’équipe soignante ?
- Savoir s’il est intégré à l’équipe bien qu’il ne soit pas soignant.
X X X
13. Vous arrive t-il de travaillez en
collaboration avec le bénévole
d’accompagnement ?
- Connaitre l’intégration du bénévole dans l’équipe
- Savoir si des projets communs sont portés entre bénévoles et professionnels de Santé
X X
14. Quelles activités pouvez-vous être
amené à proposer au patient et/ou à
son entourage ?
- savoir si les activités proposées par le bénévole peuvent être assimilées à des activités thérapeutiques
X
15. Quel est le rôle du bénévole
d’accompagnement près du patient ?
- savoir si ses actions sont reconnues et clairement établies
X X X X
16. Quels sont les objectifs de vos
interventions ?
- savoir si les interventions sont proposées selon des fins thérapeutiques précises
X
5. Le travail de l’ergothérapeute
17. Comment travaillez-vous plus
particulièrement avec
l’ergothérapeute ?
- connaitre l’organisation des prescriptions médicales du médecin
- savoir si l’infirmier appelle l’ergothérapeute lorsqu’il identifie un besoin du patient (gestion du temps partiel) ou si une autre organisation est mise en place.
X X X
18. A votre avis, quels sont les actions
les ergothérapeutes peuvent ils être
amenés à faire ?
- Savoir si les compétences et les axes de travail de l’ergothérapeute sont clairement identifier par les autres professionnels.
X X X X
19. Pouvez-vous me décrire des axes
clefs de la prise en charge en
ergothérapie de patients en unité de
soins palliatifs ?
- Cibler les axes majeurs de travail d’un ergothérapeute en USP
- Savoir si les activités signifiantes ou significatives viennent spontanément à l’idée des ergothérapeutes
X
20. Quelles activités pouvez-vous être
amené(e) à mettre en place pour des
patients en USP ?
- Savoir si des activités thérapeutiques sont proposées aux patients
- Savoir si ces activités sont davantage signifiantes ou significatives.
X
21. S’il vous arrive de travailler autour
d’activités, comment percevez-vous
votre pratique ?
- Comprendre si l’activité est présenté comme de l’occupationnel ou comme la réalisation d’activité signifiante ou significative
X
22. Pensez-vous que l’ergothérapeute ait
sa place en USP ? Si oui, en quoi
l’ergothérapeute peut-il apporter une
plus value à la prise en charge du
patient ? Si non, pourquoi ?
- Dresser la place que les autres professionnels de Santé accordent à l’ergothérapeute au sein du service.
X X X X
23. L’ergothérapeute est-il en mesure
d’agir sur le confort psychologique
des patients en fin de vie ?
- Savoir si l’ergothérapeute s’identifie et est identifié par ses collègues, comme étant un professionnel ayant des outils pour agir sur le confort psychologique des patients.
X X X X
24. Généralement, les ergothérapeutes
interviennent ponctuellement dans les
usp. Qu’est-ce qui justifie ce constat
selon vous ? Un temps plein pourrait-
être envisageable ?
- Savoir si ce constat se justifie et si, selon les professionnels, une organisation pourrait-être mise en place.
X X X X
25. Cela influence t-il l’intégration de
l’ergothérapeute au sein de l’équipe
pluridisciplinaire ?
- Identifier le point de vue de chaque professionnel
X X X X
4
Annexe 2 : Retranscriptions des entretiens
2.1 Entretien avec la cadre de Santé
- Pouvez-vous présenter rapidement (profession/formation, parcours et expérience
professionnels,…) ainsi que la structure du service ?
- Alors, je m’appelle Madame P, je suis cadre de santé au niveau du ****. Enfin je ne
sais pas si c’est cela qui vous intéresse parce que effectivement, quand on a 60 ans,
on a une carrière derrière soi plutôt que devant ! (rires).
- Oui si bien sur, allez-y !
- Et bien je suis cadre de l’USP à *** depuis 2001. Avant ça, donc j’ai fait du long séjour
d’abord, j’étais cadre en long séjour… Je précise quand même qu’avant, j’ai été
quand même formatrice en institut de soins infirmiers. Je suis cadre de santé infirmier
hein…
- D’accord
- Voilà et donc j’étais déjà intéressée par l’accompagnement en fin de vie, parce que
c’est quand même l’objet du service de soins palliatifs ! Donc déjà je m’occupais du
module optionnel de 3ème
année d’accompagnement en soins palliatifs. Auparavant,
j’étais infirmière libérale et j’ai fait par la suite une formation de conseiller en santé qui
consiste tout simplement… Enfin conseiller en santé, c’est un bien grand mot ! Qui
consiste tout simplement à pouvoir, avec des petits outils comme l’analyse
transactionnelle, la PNL, la relaxation, la sophrologie…qui consiste à pouvoir aider la
personne. Donc ce que je faisais déjà, je faisais de l’accompagnement en fin de vie,
moi-même, dans mon propre cabinet. En sachant que les patients que je voyais
parfois pour des soins, et à un autre moment, je revenais les voir pour les aider à,
voilà, à comprendre, et à accepter si c’est acceptable de mourir quand on a 40 ans.
Parce que c’était des patients relativement jeunes que je suivais. Et avant ça, je suis
aussi sophrologue depuis 1988. Donc voilà pour situer un petit peu l’esprit donc
lequel je fais ça. Donc je me suis occupée de l’unité de soins palliatifs, quand je suis
passée en soins de suite, c'est-à-dire que les services de soins palliatifs et de soins
de suite étaient à l’époque situés à côté. Donc quand on prenait la direction (enfin la
direction entre guillemets parce que je ne suis pas directrice) des soins de suite, on
prenait également la responsabilité du service de soins palliatifs. Donc ça tombait
bien pour moi, j’aimais bien ! Après j’ai quitté un peu les autres services, je suis allée
en maison de retraite, et je suis revenue pour intégrer la rééducation, et donc là j’ai
retrouvé les soins palliatifs. Voilà !
- D’accord, très bien. Les questions qui vont suivre seront dans un premier temps un
peu plus axées sur le travail en soins palliatifs en lui-même…D’après vous, d’après
votre expérience, quels sont les principaux besoins d’une personne en fin de vie ?
- Les besoins d’un patient… Alors, moi je m’occupe surtout de l’équipe. Moi je
n’interviens pas auprès du patient en tant que cadre, je laisse l’équipe le faire. Moi je
m’occupe davantage des besoins des soignants. Pas trop des besoins de patients…
après je les connais quand même un petit peu.
- D’accord. Et d’après votre expérience d’infirmière ?
- Oui, alors effectivement, c’est vrai que les patients ont quand même besoin d’être
rassurés, c’est évident. Et puis, ils ont besoin d’être accompagnés, ils ont besoin de
calme, ils ont besoin de compréhension… Alors, il n’y a pas que le patient, il y a aussi
la famille aussi avec. Par contre, j’ai déjà eu l’occasion de rencontrer des familles en
tant que cadre. Mais c’est vrai que le patient, ce n’est plus moi directement. Je peux
être amenée à rencontrer le patient et la famille quand il y a une demande particulière
mais en aucun cas sinon je n’interviens.
- D’accord
- Je ne peux pas de toute façon parce que ici j’ai 40 lits à gérer avec les autres
services, de l’autre côté (en unité de soins palliatifs) j’ai 6 lits à gérer, donc je ne peux
pas.
- Ok. Je vais tout de même continuer dans cette direction même si vous ne travaillez
plus dans cette optique là maintenant… Selon vous, peut-on parler de projet de fin de
vie ? Si oui, en quoi une unité de soins palliatifs est-elle qualifiée pour accompagner
le projet de fin de vie d’un patient?
- Oui je pense que l’on peut parler de projet de fin de vie, parce que pour moi, dès
l’instant où l’on parle de projet, c'est-à-dire que ce sont des actions qui sont étudiées,
et construites avec et pour le patient, et chaque projet de fin de vie est un projet
différent. Mais parfois il peut y avoir des projets qui changent d’un seul coup, qui
peuvent changer du jour au lendemain.
5
- Oui tout à fait… Et donc en quoi une USP serait-elle plus apte à accompagner ce
genre de projet?
- En quoi… Bah d’abord parce que ce sont effectivement des gens qui sont formés, qui
sont très à l’écoute et qui ont l’habitude de la fin de vie donc c’est surtout en cela
qu’elles sont adaptées. On vit à un autre rythme dans cette unité. Moi je peux encore
mieux faire la comparaison puisque j’ai aussi le service de rééducation. Le service de
rééducation, les patients prennent leur petit-déjeuner à telle heure, ils prennent euh…
C’est rythmé en fait par les repas, les rendez-vous chez le kiné sur le plateau
technique, les soins infirmiers… Enfin, on a une trame de base, d’emploi du temps
entre guillemets. Tandis qu’aux soins palliatifs, on n’en a pas. On s’adapte en fonction
des besoins du patient.
- D’accord. Comment s’organisent les soins ? Y a-t-il un travail spécifique associé à
chaque corps de métier …ou alors c’est plus un travail global?
- Non il y a quand même un travail spécifique, sachant qu’ils sont tous
complémentaires ! Bien sur un travail spécifique, c'est-à-dire que l’infirmière ne va pas
faire le travail de l’aide soignante, que l’aide soignante ne va pas faire le travail de
l’ergothérapeute, et le kiné ne va pas faire non plus le travail des infirmières. Donc
chacun a quand même sa spécificité et l’intérêt, c’est de pouvoir en parler, pour
pouvoir avoir le même regard et pour pouvoir surtout avoir le même projet quoi ! Qu’il
n’y en ait pas qui disent « bah oui bien sûr vous allez remarcher », alors qu’il y en a
d’autres qui disent « vous êtes en fin de vie »… (rires) Pour avoir la même logique.
- D’accord oui. Et donc vous, dans l’équipe pluridisciplinaire, quelle place tenez-
vous auprès des professionnels? Quel est votre rôle ?
- Avant tout, je suis très très très attentive aux professionnels, parce que, je ne vais pas
hésiter, alors c’est bizarre de dire ça de la part d’un cadre qui préfère bien sûr avoir
toute son équipe à travailler. Mais je fais très attention, parce que quand je vois que
certains soignants sont fatigués, moi je ne vais pas hésiter à leur dire « arrêtez-
vous ». Euh parce que je fais très attention aussi bien à la santé physique de l’équipe
qu’à la santé morale de l’équipe. Quand je vois quelqu’un aussi qui est en souffrance,
j’interviens. Ca m’est arrivé par une soignante qui revenait de son congé mat’ et qui
m’a dit « je ne me sens plus bien en USP, je ne peux plus. Je ne peux plus
accompagner la personne en fin de vie, c’est trop dur pour moi, je veux changer de
service. ». Donc moi je suis intervenue auprès du bureau du personnel pour favoriser
effectivement le départ de cette infirmière vers un autre service. Donc c’est là où je
sers à quelque chose ! (rires)
- Et comment travaillez-vous avec l’équipe pluridisciplinaire ? Est-ce que vous assistez
aux réunions de service ?
- Oui, tous les lundis. Sauf évidemment quand je suis prise vers d’autres tâches.
J’essaie au maximum d’assister aux staffs du lundi, voire plus parce que ça m’arrive
d’aller aussi aux transmissions de temps en temps. Par contre il y a également un
groupe de parole le jeudi mais je n’y interviens pas. Je les laisse parler entre eux
volontairement. Je préfère qu’il y ait des choses qui se règlent avec la psychologue.
- Pour les patients ?
- Pour les soignants.
- Ah d’accord.
- Les soignants ont tous les jeudis un groupe de parole.
- Afin d’échanger sur des situations qu’ils ont vécu…
- Voilà, des situations qu’ils ont vécues, ou parfois mal vécues, parfois bien vécues
mais souvent ce sont effectivement des situations qu’ils ont mal vécues. Alors ce que
je fais aussi, c’est des réunions d’équipe, euh équipes jour/nuit, on fait ça vers 20h
pour que l’équipe de nuit puisse arriver, et dans ces cas là on convie aussi l’équipe de
jour et l’équipe d’après midi. Quand je dis l’équipe de jour, c’est l’équipe de matin.
- Je vois, très bien. Maintenant je vais un peu plus axer mes questions sur le travail de
l’ergothérapeute en soins palliatifs. A votre avis, quels sont les actions les
ergothérapeutes peuvent être amenés à faire ?
- En soins palliatifs, c’est vraiment basé sur le confort avec l’installation. On ne peut pas
viser à gagner en autonomie comme l’ergothérapeute est amené à le faire ici dans le
service de rééducation, on ne peut pas parler de ça. Même si on va essayer de
maintenir l’autonomie bien sûr le plus longtemps possible, mais on ne va pas
forcément faire appel à l’ergothérapeute pour ça. Quoique c’est vrai que c’est arrivé
quelques fois, par exemple d’équiper quelqu’un avec une cuillère spéciale, une
fourchette spéciale, euh c’est arrivé quand même.
6
- Et en terme de confort ? Vous m’avez parlez du confort physique principalement…
- Mmmm
- Est-ce que vous pensez qu’il peut aussi y avoir une intervention au niveau du confort
psychologique ?
- Par voie de conséquence, dès l’instant où la personne est mieux installée
physiquement, je pense qu’elle peut l’être aussi psychologiquement. Mais pour moi…
Je ne vois pas l’ergothérapeute comme étant… Elle participe bien-sur, au même titre
que l’aide soignante ou que l’infirmière. Mais euh, quand la personne a des besoins
psychologique, on a la psychologue qui est là en permanence dans l’équipe, donc on
fait appel à elle.
- D’accord
- Et au médecin aussi (rires), faut pas oublier de le dire quand même !
- D’accord… Alors, pensez-vous que l’ergothérapeute ait sa place en USP ? Si oui, en
quoi l’ergothérapeute peut-il apporter une plus value à la prise en charge du patient ?
Si non, pourquoi ?
- Oui bien sûr. L’ergothérapeute est vraiment vraiment une personne précieuse pour
moi parce que, euh, c’est toujours par rapport aux installations, le plus confortable
possible. Et moi j’y crois beaucoup. Parce que soigner la douleur, bien sur il y a les
médicaments c’est évident, la morphine entre autre, mais il y a aussi pour moi toute
l’installation, toutes les positions, et tous les accessoires divers et variés qui peuvent
être mis. Pour des aménagements dont on n’en aurait pas l’idée. L’ergothérapeute est
vraiment beaucoup plus formé à ça.
- Alors ensuite je suis partie du constat que les ergothérapeutes interviennent
généralement ponctuellement en soins palliatifs. Je crois qu’ici, c’est pareil, il n’y a
pas de temps partiel clairement défini, c’est vraiment en fonction des besoins ?
- Pour l’instant oui.
- D’accord. C’est en projet ?
- Et bien si l’on passe à 10 lits, donc il y aura effectivement un ergothérapeute. Donc
pas un ergothérapeute à temps plein malheureusement (rires) ou heureusement je ne
sais pas, parce que je ne sais pas, 10 lits, peut-être que ça ne représente pas assez
de travail. Peut-être. Je ne sais pas. Je n’ai pas encore fais l’étude. Mais j’espère en
tout cas qu’il y aura quelqu’un à au moins 40% pour l’équipe.
- J’en viens justement à cela dans ma dernière question. Pour vous, qu’est-ce qui
justifie ce constat selon vous ? Pensez-vous qu’un temps plein pourrait être
envisageable ?
- Oui parce qu’il n’y a que 6 lits et il y a surtout beaucoup de besoins ailleurs. Nous
avons demandé des 50% d’ergothérapeutes en plus dans d’autres services et nous
ne les avons pas obtenus pour des raisons financières. Donc euh… vous voyez !
- Oui, ça rentre aussi en jeu, c’est sûr… Et par rapport aux interventions partielles de
l’ergothérapeute. Selon vous, est-ce que cela influence son intégration dans l’équipe.
Est-il considéré comme un membre de l’équipe à part entière ou comme un
intervenant extérieur ?
- Alors, ça dépend des équipes. Moi je le considère un petit peu comme un intervenant
extérieur quand même car il intervient vraiment ponctuellement. Et c’est vrai qu’elle
n’est pas souvent aux réunions pluridisciplinaires car elle a des patients à prendre en
charge dans d’autres services.
7
Annexe 2 : Retranscriptions des entretiens
2.2 Entretien avec la psychologue
- Pouvez-vous présenter rapidement (profession/formation, parcours et expérience
professionnels,…) ainsi que la structure du service ?
- Euh donc je suis *****, je suis psychologue ici au sein de l’unité de soins palliatifs
depuis 2 ans et demi, depuis novembre 2010. J’ai fait ma formation à Paris, à l’école
des psychologues des praticiens. Suite à ça, j’ai travaillé dans 2 équipes mobiles de
soins palliatifs pour des durées courtes en Bourgogne et puis en région parisienne.
Avant ça, j’ai fait 2 ans de stage à la maison médicale Jeanne Garnier à Paris qui est
une grande unité de soins palliatifs… Donc euh, c’est là que j’ai découvert les soins
palliatifs et puis que ça m’a intéressée. J’ai fait mon mémoire de fin d’étude sur les
relations entre les familles et les patients et les bénévoles d’accompagnement dans
cette unité de soins palliatifs. Voilà pour mon parcours…
- Très bien. vous êtes la seule psychologue sur l’unité de soins palliatifs ?
- Alors oui sur l’USP oui. J’ai 70% partagé avec l’équipe mobile de soins palliatifs et
l’unité, donc tous les jours sauf le mercredi et le jeudi matin. Et dans l’établissement, il
y a 2 autres psychologues, une à 90% sur tous les reste de l’établissement ; et une
autre spécialisée en neuropsychologie, donc qui travaille beaucoup au niveau des
consultations mémoire. Et c’est vrai que dans le cadre de l’équipe mobile, ça m’arrive
d’intervenir dans d’autres services de l’établissement quand il y a des situations
d’accompagnement de personnes en fin vie ou alors des suites de deuil aussi. Et
dans le cadre de l’équipe mobile, on va aussi à l’extérieur, au domicile, dans des
EHPAD… Et puis on anime des formations à l’extérieur aussi, dans des maisons de
retraite sur les soins palliatifs.
- Je vais aborder maintenant des questions qui traitent plus la spécificité des soins
palliatifs. D’après votre expérience, quels sont les principaux besoins et désirs d’une
personne en fin de vie ?
- (…)
- Les besoins et désirs…
- C’est une question euh… complexe. Euh les besoins principaux euh… Bah j’ai envie
de dire que ça dépend vraiment de chaque personne ça… Je pense le besoin d’être
accompagné, d’être soulagé sur le plan de la douleur physique, sur le plan aussi des
angoisses, de la souffrance psychologique… C’est pour ça que l’on travaille
beaucoup en équipe pluridisciplinaire. On a la notion de confort qui est importante,
essayer de favoriser le confort au maximum, tout en sachant que c’est de toute façon
hyper difficile et que l’on ne peut pas non plus tout atténuer, tout supprimer tous types
de souffrance… Ce n’est pas possible non plus mais on peut les soulager au
maximum. Et les besoins oui après ça dépend de chaque personne aussi. Certains
ont besoin d’être plus peut-être en retrait, d’autres au contraire d’être très entourés.
Ca dépend aussi de l’histoire de chacun, du profil de chacun hein… C’est un peu du
sur mesure que l’on essaie de faire aussi en fonction de chaque patient, quand on a
un peu de temps pour apprendre à le connaitre.
- D’accord… Euh, est-ce que selon vous l’on peut parler de projet de fin de vie ?
- Oui, je pense que l’on peut parler de projet. Là quand on parle de projet, ça me fait
penser que souvent il y a des projets soit de retour à domicile, soit de sortie dans un
autre service parce que souvent on pense que c’est le dernier lieu l’USP alors que
pas toujours. Il y a parfois une amélioration, une stabilisation du patient, peut-être
quand on revoit certains traitements, quand on accompagne… Ca peut redonner un
nouveau souffle de vie donc du coup euh, l’unité elle est faite pour une durée de
séjour d’une moyenne de 3 semaines environ donc parfois ça dépasse largement ce
temps là. Du coup, il peut y avoir une sortie dans un autre service ou au domicile et
un retour à l’unité… Ou alors un projet de permission au domicile du patient. Je pense
que tout ça, ça peut être des projets. Et c’est vrai que oui, on se doit d’avoir des
projets, de les tracer lors des réunions hebdomadaires… Ou alors d’accompagner au
mieux le patient dans l’unité quand c’est vraiment le projet d’y rester. Ca peut être très
restreint aussi comme projet, vraiment à court terme comme par exemple le projet de
se lever au fauteuil et d’aller dans le salon, ça peut-être… Mais c’est important
d’essayer de raisonner comme ça en terme de projet, pour qu’il y est toujours
jusqu’au bout des petites choses à faire qui apportent un sens et une envie de faire
des choses.
- Oui, tout à fait. Vis-à-vis du travail avec l’équipe… Comment s’organisent les soins ?
Y a-t-il un travail spécifique associé à chaque corps de métier ? Ou alors ça se
recoupe un petit peu entre chaque profession ?
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- C'est-à-dire ?
- Bah par exemple auprès des patients, il y a beaucoup d’écoute active… Auprès des
patients et leur entourage. Est-ce que c’est vraiment un travail qui vous est réservé à
vous la psychologue, ou alors est-ce que l’infirmière par exemple peut aussi être
amenée à travailler dans ce sens ?
- Bah oui oui. Oui je pense que les infirmières, les aides soignantes, les médecins,
toutes les professions qui travaillent auprès du patient sont amenés à développer des
compétences qui on va dire, se rapprochent de celles du psychologue forcément, et
parfois elles sont je pense même mieux placées parce qu’il y a la relation quotidienne,
la relation de soins, la toilette, …qui favorisent forcément les échanges aussi. Je
pense que pour certains patients, c’est plus facile de se livrer et puis d’exprimer leur
vécu auprès de celles avec qui ils sont plus proches quotidiennement que quelqu’un
qui est psychologue, qui a cette étiquette et qui n’est là que pour ça, ça peut être
parfois un frein même et au contraire pour d’autres ça peut leur permettre des choses.
Ca dépend aussi de chacun. Mais je pense que oui, on a chacune à s’inspirer un peu
du métier de l’autre. Tout comme moi, c’est important que j’aie des notions aussi
de…bah de ce qui se passe sur le plan médical. J’essaie de comprendre aussi le
maximum de choses par rapport à ça, parce que je ne peux pas occulter non plus ce
qui se passe sur ce plan là. C’est vrai que c’est intéressant parce qu’on travaille
vraiment les uns avec les autres et que chaque infirmière, chaque aide-soignante à
ses propres compétences d’écoute active…
- Avec une approche différente aussi en fonction de la « casquette » qu’elle porte vis-à-
vis des soins…
- Oui oui oui. Je pense que c’est ça qui les intéresse aussi beaucoup par rapport aux
autres services, c’est ça qui fait qu’elles ont eu envie de travailler en soins palliatifs.
C’est aussi ce côté relationnel qui est important avec les familles, avec les patients. Il
y a toute cette partie là de communication, d’accompagnement, autre aussi que le
soin pur.
- Mmm mmm. Euh, vous m’en avez parlé un petit peu, mais à quelle fréquence
exactement est-ce que vous intervenez en USP ici ?
- Alors, bah en fait, je suis 3 jours et demi sur l’unité et l’équipe mobile. Après je n’ai
pas défini de plages horaires précises pour chacune donc je suis souvent entre les 2
quoi… Sachant par exemple, les patients qui arrivent dans l’unité, parfois je les
connais avant avec l’équipe mobile, donc les 2 sont souvent un peu combinés. Ou je
peux recevoir aussi dans le cadre de l’équipe mobile pour un suivi de deuil des
familles qui avaient un proche qui était dans l’unité… (soupir) Je pense que c’est à
peu près moitié-moitié. Mais c’est un temps psychologue qui n’est pas suffisant par
rapport à ce qui devrait être par rapport au nombre de lits, et à l’activité de l’équipe
mobile. Mais bon c’est comme ça !
- D’accord. Parce que vous dites que les patients souvent, avant qu’ils intègrent l’USP,
vous les suivez avec l’équipe mobile ?
- Bah moi ou le médecin ou l’infirmière de l’équipe mobile. Il y a souvent eu un contact
avant… Par exemple dans un autre service en médecine, on peut m’appeler parce
que le patient à besoin d’un soutien psychologique et puis quelques semaines après,
le service fait une demande d’hospitalisation dans l’unité et du coup, je le connais
déjà… Et puis pareil pour la sortie. Si un patient sort pour un autre service ou pour un
retour à domicile, je peux être amenée à poursuivre le suivi à l’extérieur de l’USP.
- D’accord. Et du coup, une fois que le patient est hospitalisé en USP, dans quel
contexte se fait votre première intervention auprès du patient? Est-ce que c’est une
demande de sa part ou…
- Non parce que des demandes, il y en a très peu spontanément. Je me présente dans
les jours qui suivent l’arrivée spontanément pour dire que je suis dans le service et
qu’on peut faire connaissance. Et puis j’essaie d’évaluer en même temps quels sont
les besoins. Donc après, bah si je sens qu’il peut y avoir des besoins importants, je
propose de repasser régulièrement. Souvent les patients sont d’accord. Si j’ai
l’impression que ça va, que la personne n’est pas très anxieuse, je lui dis que si elle le
souhaite, elle peut demander à me revoir. C’est plus une présentation et leur dire que
je suis là. Mais c’est très rarement spontanément une demande à l’origine des
patients, ça vient un peu plus tard.
- Je vois. Et comment travaillez-vous auprès de l’équipe pluridisciplinaire ?
- Bah ça passe par pas mal de temps de transmission. Le matin, entre 9h et 9h15 on
essaie de prendre un moment avec l’infirmière et l’aide soignante du service pour
faire un point sur la situation des patients. C’est déjà des moments d’échanges, où
moi j’apprends ce qui se passe dans le service, on peut se questionner ensemble
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aussi… Après, il y a les transmissions de l’après midi à 13h30 jusqu’à 14h, et tous les
temps informels aussi où l’on se croise dans les couloirs. Hier matin par exemple, il y
a une infirmière qui avait eu des difficultés avec une situation donc j’ai pris du temps
pour discuter avec elle de ça… Il y a aussi un staff hebdomadaire le lundi où tout le
monde est là. Et normalement, on prend un peu plus le temps de discuter de chaque
situation, dans tous ses aspects. C’est aussi un temps où l’on parle des personnes
qui sont décédées dans la semaine. On commence par ça, parce que c’est important
aussi d’avoir un temps pour ça, un espèce de rituel pour pouvoir parler du décès er
des circonstances du décès. Donc voilà, il y a des temps formels, il y a des temps
informels… Mais c’est vrai que ça se fait assez facilement, les infirmières prennent
souvent le temps de me dire ce qu’elles pensent d’une situation, mais je prends le
temps quand j’ai fini un entretien de leur en redire un petit mot par rapport à ça, avec
le médecin aussi…
- Ok… Et l’ergothérapeute ? Vous est-il déjà arrivé de travailler avec et si oui
comment ?
- Euh pas beaucoup. C’est vrai que… Je trouve qu’elle ne passe … Enfin moi je ne la
vois pas souvent. Peut-être parce que l’on ne se croise pas, je ne sais pas ! Mais pas
tant que ça. Plutôt avec la kinésithérapeute, ça m’arrive plus de demander à la kiné...
Je ne sais pas si l’ergothérapeute passe beaucoup de temps avec le patient.
- Oui, c’est très ponctuel.
- Oui, j’ai l’impression que c’est vraiment euh… Oui ponctuel et précis pour veiller au
confort, améliorer la position… Mais non c’est vrai que j’ai très peu d’échanges avec
l’ergo.
- D’accord. Et du coup, c’est une question en lien. Est-ce que vous avez une idée de
ses actions dans le service ?
- (…) Euh… Je n’ai pas trop réfléchi à ça… Euh…
- Vous en avez parlé un petit peut tout à l’heure…
- Euh…
- Le positionnement… ?
- Oui, c’est ça le positionnement… Je pense oui… J’ai une image par exemple de
quelque chose autour du cou avec des coussins afin de veiller à la meilleure
installation physique possible. C’est ça un peu l’image que j’en ai…
- Mmm mm, d’accord. Du coup, ça peut-être un peu difficile pour vous de me répondre,
mais pensez vous que l’ergothérapeute ait sa place en unité de soins palliatifs ? Et si
oui, en quoi est-ce qu’il peut apporter une plus value à la prise en charge du patient?
- Bah oui je pense qu’elle a sa place… Euh… Et justement une plus value par rapport à
sa connaissance de ce qui est possible pour améliorer le confort, et de son expertise
par rapport à ça… Je pense qu’elle connait tout un tas de choses que les autres
professionnels ne connaissent pas et elle peut avoir des idées à proposer…
- C’est ça aussi en fait, l’ergothérapeute intervient dans la majorité des cas en unité de
soins palliatifs pour proposer des positionnements les plus confortables possibles.
Euh, moi je me suis interrogée sur le fait que, euh, l’un des outils spécifiques de
l’ergothérapeute, c’est l’activité thérapeutique dite significative ou signifiante, enfin qui
a du sens pour le patient. Et en fait, elle vise à ce que le patient s’investisse dans
quelque chose dans lequel il se retrouve et qui a du sens pour lui. Est-ce que vous
pensez que le fait d’établir des activités thérapeutiques soit adapté pour les
personnes en fin de vie en USP ?
- Et ça, c’est quelque chose que vous faite dans d’autres services ?
- Oui, en fait, l’ergo le fait dans d’autres services, pour des personnes qui sont en
situation de handicap. L’ergo accompagne le patient à se remettre en activité et qu’il
se projette dans quelque chose en fait, bien que ce ne soit pas toujours facile.
- Qu’il aille de l’avant oui…
- Oui voilà. Donc je me demandais si c’était cohérent de proposer quelque chose qui
aille dans ce sens en unité de soins palliatifs ou alors si c’est n’est pas vraiment en
adéquation avec leur état de santé ou leurs envies….
- D’accord, bah en fait je ne savais pas que ça pouvait faire partie des missions de
l’ergothérapeute. Mais ça me semble tout à fait adapté. Le tout c’est de le savoir, de
l’intégrer dans la réflexion de l’équipe pluridisciplinaire… Mais oui je pense que ça
pourrait être intéressant. Certains en plus auraient des désirs de faire quelque chose
et donc là c’est l’équipe qui essaie de proposer des objectifs au patient pour qu’il
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puisse se raccrocher à quelque chose. Parce qu’il y a souvent des symptomatologies
de dépression aussi. Certains oui ne sont plus en mesure de faire des projets pour
eux-mêmes et d’avoir envie de faire quelque chose. Mais certains par contre, oui,
sont encore dans cette dynamique là. Mais même pour tous les patients, ça peut être
une aide pour eux… Mais simplement, c’est vrai que nous dans l’équipe, il faut qu’on
sache que c’est possible, qu’il existe des personnes ressources, qu’il y ait une
possibilité à ce que leurs désirs se réalisent…Et l’ergothérapeute du service l’a déjà
proposé ?
- Apparemment oui mais c’est très rare. Il y a aussi une contrainte de temps… Du coup,
je me demandais, je sais qu’il y a 2 bénévoles d’accompagnement à intervenir dans la
structure. Est-ce que vous travaillez un peu plus avec lui dans ce sens là, est-ce que
vous vous rencontrez…
- Euh… C’est vrai qu’il y a *****, c’est lui que vous avez contacté ?
- Oui.
- Euh bah avant il venait le vendredi et maintenant il est passé au mercredi, et comme
je ne travaille pas le mercredi, je ne le vois presque plus. Par contre il y en a un autre
qui vient le vendredi et que du coup j’essaie de voir de temps en temps. Vendredi
dernier, on s’est croisé dans l’escalier et justement je lui ai dit bah « est-ce que vous
avez le temps pour qu’on discute un peu de tous ça ? » Parce que c’est important, j’ai
essayé d’insister justement avec lui sur le fait que c’est important qu’il y ait du lien
entre lui et l’équipe soignante parce que certains ont tendance à venir, à faire leurs
accompagnements et à repartir, parfois ils s’osent pas déranger mais c’est important
je trouve que..bah que oui ils prennent le temps d’échanger avec l’équipe, sur ce qui
c’est passé… Du coup, j’ai appris qu’il avait passé 45 min avec une patiente et qu’ils
avaient parlé de plein de choses. Alors que moi je l’avais vue le matin cette dame et
elle ne m’avait rien dit de tout ça donc… Justement, c’est ça qui est bien aussi, c’est
que chaque patient choisi dans le panel d’intervenants qu’on lui propose, la personne
avec il va faire certaines activités ou parler de certaines choses… Donc oui j’essaie
de les voir et je trouve que c’est important. Après parfois, je suis en formation l’après
midi donc je peux passer plusieurs semaines, plusieurs mois sans les voir…
- Mmm mmm. D’accord, donc c’est plus des transmissions sur ce qui s’est dit ou ce qui
s’est fait… Enfin je veux dire il n’y a pas de projet commun ?
- Sur quelque chose de plus concret, des activités ou autre ?
- Oui voilà ?
- Non pas vraiment. Enfin bon ça pourrait. Mais non. Je sais que de son côté par
exemple, récemment, il y a une patiente qui lui a appris à jouer à un jeu et ils
échangeaient autour de ce jeu. Quand il fait beau, ça peut être faire un tour dehors.
Ca ça peut arriver. C’est vrai que souvent, je pense que c’est plus de l’écoute et de
l’accompagnement avec la parole ou juste une présence silencieuse, rassurante et
apaisante.
- Ok… Une dernière question, par rapport à l’ergothérapeute. Généralement, les
ergothérapeutes interviennent ponctuellement dans les usp. Qu’est-ce qui justifie ce
constat selon vous ? Cela influence t-il l’intégration de l’ergothérapeute au sein de
l’équipe pluridisciplinaire ?
- Alors qu’est-ce qui justifie ce constat… Je ne sais pas. Peut-être déjà une question de
moyen financier, et peut-être aussi une question de culture… Je ne sais pas ce que
les autres professionnels vous ont répondu mais c’est vrai que moi je pense peu à
l’ergothérapeute comme membre dans l’équipe. Donc pourquoi, oui peut-être une
question de culture, une façon de penser actuelle qui n’intègre pas assez cette
dimension là et ses possibilité euh… C’est un peu comme l’assistante sociale qui
intervient que ponctuellement parce qu’elle ne participe pas aux transmissions du
lundi ou normalement toutes les infirmières et aides soignantes sont là. Je pense que
leur présence favoriseraient aussi les échanges avec l’équipe mais elles ne sont pas
toujours libres à ce moment là j’imagine…
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Annexe 2 : Retranscriptions des entretiens
2.3 Entretien avec l’ergothérapeute
– Pouvez-vous présenter rapidement (profession/formation, parcours et expérience
professionnels,…) ainsi que la structure du service ?
– Alors je m’appelle ****, j’ai 58 ans, j’ai exercé pratiquement tout ma carrière au sein du
même établissement. J’ai fait au début de ma carrière plusieurs services, j’étais, ainsi
que mes collègues plutôt polyvalente, on intervenait à la fois les unités de soins
longue durée et sur la rééducation. Depuis une vingtaine d’année maintenant, je suis
spécialisée dans le service de rééducation, donc uniquement sur le plateau
technique. Je m’occupe à la fois de personnes ayant un handicap d’origine
traumatologique ou neurologique. Et depuis quelques temps, j’ai demandé à être la
référente des soins palliatifs.
– D’après vous, quels sont les principaux besoins et désirs d’une personne en fin de
vie ?
– Le confort.
– D’accord… Essentiellement ?
– Bah, je dirais que quand les personnes arrivent en fin de vie, surtout quand elles
intègrent l’unité de soins palliatifs où le handicap est directement lié au corps, oui.
Donc ce qu’elles veulent surtout déjà c’est ne plus souffrir et qu’on leur apporte
justement un bien-être, un confort. C’est là que nous, en tant qu’ergothérapeutes, on
a un rôle à jouer. On peut apporter effectivement notre expérience, notre spécificité
dans le cadre du bien-être corporel mais aussi psychique, mais je dirais que là en
l’occurrence, on est plus basé sur le confort physique du patient, que ce soit en
décubitus ou en position assise, ou au cours de la verticalisation.
– Très bien…. Peut-on parler de projet de fin de vie ? Si oui, en quoi une unité de soins
palliatifs est-elle qualifiée pour accompagner le projet de fin de vie d’un patient?
– Oui on peut parler de projet de fin de vie à partir du moment où c’est le patient qui fixe
lui-même son projet. Euh…récemment, j’ai été amenée à participer au projet de fin de
vie d’une patiente qui a été admis en USP et qui déclarait beaucoup s’ennuyer dans
sa chambre et qui voulait sortir de sa chambre. Donc j’ai proposé mes services, je lui
ai proposé de descendre sur le plateau technique, je l’ai emmenée en salle
d’ergothérapie, je lui ai montré les différentes choses que l’on pouvait faire et son
regard s’est accroché sur le collage à partir de montage photo. C’était une ancienne
« fashion victime » on va dire, très attachée à la mode, aux vêtements… Elle était très
« tendance », c’était quelqu’un d’assez jeune. Je lui ai proposé de travailler ensemble
et de réaliser, à partir de magazine de mode, de faire un montage photo. Elle s’y est
prêtée de bonne grâce et elle l’a fait, elle était contente. Et ensuite, c’est elle qui a
proposé autre chose. L’idée est vraiment venue d’elle, elle a été très très encouragée
par sa famille, en particulier par ses enfants. Elle a voulu faire un montage avec ses
photos personnelles et de toutes la famille, et on a fait un grand pêle-mêle. Enfin
disons que c’est elle qui l’a fait, elle l’a choisi, ça a été son projet parce qu’en fait c’est
elle qui en a pris l’initiative, c’est elle qui l’a réalisée, c’est elle qui a choisi les photos
qu’elle mettrait, qui les a découpée et qui a ait la mise en forme complète du pêle-
mêle. Je ne suis intervenue que pour la logistique et le prêt de matériel.
– A quelle fréquence travaillez-vous en unité de soins palliatifs ?
– Je travaille à la demande, et sur prescription médicale.
– D’accord, et si vous deviez totaliser le nombre de vos interventions par mois ?
– (silence) Je dirais que … (soupir) ça dépend. Là en ce moment, je suis amenée à y
intervenir tous les jours, parce qu’un patient en fait la demande, lorsqu’il se sent en
forme. Je le descends sur le plateau technique pour travailler avec lui la marche, en
collaboration avec sa kiné qui le fait elle aussi de son coté. Moi j’essaie de la faire
aussi de mon côté de façon à ce qu’il ait 2 prises en charges par jour. En quand il
vient sur le plateau technique, on essaie de travailler ensemble quelque chose de
spécifique à l’ergothérapie puisque c’est un monsieur qui a une grosse
héminégligence. On fait en fonction de son état donc je suis amenée à passer tous
les jours en soins palliatifs, et je le prends s’il en fait réellement la demande.
Autrement, c’est dès qu’il va y avoir une entrée, la plupart du temps, on va faire
appelle à l’ergothérapeute si le service n’a pas le matériel adéquat. Ils vont me
demander du matériel spécifique et de faire, la plupart du temps du positionnement
sur-mesure.
– Dans ces situations, qui fait appel à vous ?
12
– Et bien je reçois la prescription médicale du médecin directement sur informatique,
mais je peux aussi me faire interpeller par l’infirmière dans les couloirs ou par
téléphone.
– Très bien. C’est en lien mais dans quel contexte se fait votre première intervention
avec le patient ?
– Je travaille sur prescription médicale, mais on ne m’interdit pas d’y passer tous les
jours pour savoir s’il y a à un besoin. Mais à partir du moment où je n’ai pas un temps
comptabilisé…
– C’est davantage quand vous pouvez vous libérez… ?
– Voilà exactement.
– Avec cette organisation, comment travaillez-vous au sein de l’équipe
pluridisciplinaire ?
– Et bien j’essaie de participer à certaines réunions de synthèse. J’essaie de les faire
coïncider avec mon planning avec les réunions de transmission qu’il y a toutes les
semaines le lundi. Donc j’essaie d’assister à au moins une des 2 réunions, quand j’ai
un suivi.
– Très bien… Sinon, je sais qu’il y a des bénévoles qui interviennent régulièrement
dans le service. Quel est leur rôle selon vous auprès du patient?
– Oui, c’est très bien d’ailleurs qu’il y ait des bénévoles…Bah leur rôle, disons qu’ils
permettent au patient de parler de ce qu’il veut avec une personne qui ne soit ni de
leur entourage, ni de l’équipe soignante. Donc, il n’y a pas les tabous qu’il peut y avoir
avec les proches parfois, où l’on n’ose pas parler de la mort pour les protéger ou au
contraire, on ne parle que de ça et c’est omniprésent dans toutes discutions… Et ce
n’est pas un professionnel de Santé, qui vient avec sa blouse blanche et son
« étiquette » de soignant. Donc ça peut, pour certaines personnes en tout cas, mettre
plus à l’aide et permettre de parler de ce qui leur fait du bien, que ce soit de la pluie et
du beau temps ou de leur situation. Je pense aussi que ça peut leur permettre de
garder un lien supplémentaire avec l’extérieur de l’hôpital, de voir du monde comme
ça, surtout pour les personnes qui ont peu de famille, peu de visites. Ca occupe les
gens aussi, ça aussi c’est important pour certains. Parce que le vide, ou l’ennui peut
être très pesant et mal vécu par les patients. Ca dépend après certains recherchent
aussi le repos, c’est vraiment au cas par cas.
– Vous arrive t-il de travailler avec le bénévole d’accompagnement ?
– Non, jamais… C’est vrai que ça ne s’est jamais fait oui. Ca pourrait être intéressant
pourtant, peut-être pour des patients ayants des demandes ou des projets de vie
particuliers justement oui pourquoi pas. Mais non je n’ai jamais travaillé avec lui.
– Pouvez-vous me décrire des axes clefs de la prise en charge en ergothérapie de
patients en unité de soins palliatifs ?
– Le positionnement, essentiellement. Euh…définir l’installation au fauteuil roulant, quel
type de fauteuil roulant est le plus adapté… Donc ça c’est vraiment une compétence
spécifique à l’ergothérapeute en soins palliatifs, où l’on va systématiquement faire
appel à moi. Je participe également, en collaboration avec le kiné, à définir quelle
sera l’aide à la marche la plus adaptée… Ensuite au niveau des transferts, on peut
très bien faire appel à moi pour que je définisse moi-même quels sont les besoins du
patient, et de quel matériel adapté aura besoin le patient et/ou les soignants.
– Quelles activités pouvez-vous être amené(e) à mettre en place pour des patients en
USP ?
– Je peux faire ce que je fais par exemple pour ce monsieur qui a une héminégligence
due à une tumeur cérébrale. Et là le médecin m’a demandé d’intervenir avec le
patient sur le plateau technique pour essayer de lutter contre cette héminégligence.
Donc ça passe par le biais d’exercice et je fais également en fonction de ses troubles
cognitifs, qui sont malheureusement très souvent associés aux tumeurs cérébrales,
donc je m’adapte. Donc là j’interviens à la demande du médecin. Pour la dame qui
avait fait un pêle-mêle de photos, c’était vraiment une demande de la patiente, qui
trouvait le temps trop long.
– Comment avez-vous perçu votre pratique à ce moment là par exemple?
– Je n’ai pas réellement cherché à ce qu’il y ait une activité signifiante. C’était plus pour
elle effectivement de l’occupationnel et d’essayer en même temps de joindre l’utile à
l’agréable. C'est-à-dire que par le biais du collage, elle s’est beaucoup exprimée. Elle
a réussi à parler d’elle-même, à parler du passé, du présent, et parler, au travers des
photos, échanger énormément au niveau de sa famille et de ses proches.
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– Pensez-vous que l’ergothérapeute ait sa place en USP ? Si oui, en quoi
l’ergothérapeute peut-il apporter une plus value à la prise en charge du patient ? Si
non, pourquoi ?
– J’en suis convaincue dans la mesure où c’est moi qui aie demandé à être
l’ergothérapeute référente pour les interventions en usp, parce qu’avant, on
intervenait à la demande à tour de rôle. Moi j’ai demandé à être la personne référente
car c’est un secteur d’activité qui m’intéresse, dans la mesure où je suis parfaitement
convaincue que le bien-être du patient et son confort sont primordiaux. C’est déjà un
atout majeur de pouvoir pour le patient, oublier sa douleur. Et donc pour pouvoir
oublier sa douleur, ça passe forcement par un confort de positionnement. A ce titre là,
je suis sure que l’on a notre place. Après il y a effectivement la deuxième dimension
dont on a parlé tout de suite… Alors le confort, ça passe par le positionnement mais
pas que. Ca passe par aussi par avoir un rôle auprès du patient mais aussi du
personnel. Ca j’en ai pas assez parlé, mais c’est évident que pour la manutention du
patient, c’est une évidence pour moi qu’il faut aider le personnel à travailler le mieux
possible, dans les meilleures conditions, à la fois pour le patient mais à la fois pour le
personnel, pour éviter les troubles musculo-squelettique. Donc à ce titre là, je suis
absolument convaincue que l’ergothérapeute à sa place dans une antenne de soins
palliatifs.
– Pensez – vous que l’ergothérapeute pourrait travailler davantage sur le confort
psychologique de patient en fin de vie en usp ?
– (Silence). Oui. Oui probablement puisque de toutes façon tout est lié ! A partir du
moment où l’on se sent mieux sur le plan du corps, vous êtes davantage en clin à
parler. Vous aidez l’expression du patient. Pour moi, c’est une évidence, les 2 sont
liés.
– Généralement, les ergothérapeutes interviennent ponctuellement dans les usp.
Qu’est-ce qui justifie ce constat selon vous ? Pensez-vous qu’un temps plein pourrait-
être envisageable ?
– Là ça dépend du nombre de lits… C’est vrai que là sur 6 lits, il n’y a pas un travail
assez conséquent pour un temps plein ergo. C’est d’ailleurs pour cette raison que moi
j’y interviens de façon ponctuelle. Avec un nombre plus conséquent de lit, à partir de
10 lits, on devrait trouver je pense un temps spécifique de temps d’intervention de
l’ergo, un temps partiel. Pas de temps complet non… dans la mesure il faut que le
patient ait la capacité physique de se rendre en atelier d’ergothérapie, ce qui n’est
pas toujours forcement le cas, puisqu’on est obligé de tenir compte de la fatigabilité
du patient, des effets médicamenteux du traitement qui peuvent être fluctuants…
Donc il y a des jours avec et des jours sans. On ne peut pas compter sur un atelier
qui serait prévu avec des horaires fixes… On est obligé de travailler au jour le jour en
soins palliatifs.
– Cela influence t-il l’intégration de l’ergothérapeute au sein de l’équipe
pluridisciplinaire ?
– Non, je me sens intégrée à part entière à l’équipe. Ca n’interfère en rien mon
intégration puisqu’elles savent très bien où me trouver. Moi de toutes façons, je vais
voir chaque jour sur le système informatisé, je vais voir tous les jours si j’ai une
prescription ou pas. Et puis je travaille au rez-de-chaussée et l’antenne de
rééducation est au 1er étage, au même étage que l’USP. Donc tous les jours je passe
devant, j’ai donc la possibilité de moi-même d’ouvrir la porte et de leur rendre visite.
Et de toute façon, elles savent où me trouver. Mes compétences sont bien identifiées
dans l’équipe.
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Annexe 2 : Retranscriptions des entretiens
2.4 Entretien avec l’infirmière
– Pouvez-vous présenter rapidement (profession/formation, parcours et expérience
professionnels,…) ainsi que la structure du service ?
– Je suis infirmière, je travaille dans cette unité de soins palliatifs depuis 1998, avec
plus ou moins des petites coupures avec d’autres services, sur des postes de nuit
puis de jour depuis environ 5 / 6ans. Et le service, c’est une USP de 6 lits, avec une
spécificité ; c’est qu’il y a l’USP et il y a une équipe mobile qui intervient en intra et en
extrahospitalier. Elle intervient à domicile, dans les EHPAD… Il y a 2 médecins, un
rattaché à l’USP et un autre pour l’équipe mobile.
– D’après vous, quels sont les principaux besoins d’une personne en fin de vie ?
– Les principaux besoins… ?
– Et désirs ?
– Bah la plupart des gens, ils ne veulent pas souffrir déjà, ça c’est la première chose. Ils
veulent… Enfin après c’est difficile de généraliser mais je dirais que, la chose
principale, c’est qu’ils savent qu’ils sont atteints d’une maladie incurable, pour la
plupart, ils savent qu’ils sont dans la dernière phase de leur vie…Et ce qui ressort le
plus souvent, c’est « je ne veux pas souffrir ». Voilà… Après tout dépend des
pathologies, il y a des gens très communiquants qui veulent être entourés, d’autres
sont croyants et veulent avoir recours à un prêtre, d’autres peuvent se replier, c’est
humain aussi… On ne meurt pas avec la fleur entre les dents ! Et voilà, après je crois
que les besoins et désirs sont un peu propres à chacun.
– Peut-on parler de projet de fin de vie ? Si oui, en quoi une unité de soins palliatifs est-
elle qualifiée pour accompagner le projet de fin de vie d’un patient?
– Oui on peut parler de projet de fin de vie… On essaie d’avoir des petits projets de vie
pour le patient. Bon évidemment, il y a quelques patients qui vont arrivés à la dernière
phase de leur vie et qui vont restés ici peut-être 2/ 3jours, 7 jours, 15 jours maximum
parfois. Pour cela le projet va être de les accompagner, eux et leur famille au mieux,
de leur permettre d’être là s’il faut 24h/24, les remplacer s’ils ne peuvent pas être là
tout le temps, de combler un vide, que la personne ne soit pas toute seule… Mais
pour des patients qui sont à domicile ou dans les institutions, une fois les symptômes
soulagés (il peut y avoir un problème de douleur, de nausée, de la déshydratation des
troubles ioniques…enfin plein de choses qui font que la personne n’est pas bien) et
quelque fois, il suffit de rééquilibrer les choses et que finalement la personne se
stabilise, que ça s’installe un peu dans la durée. Dans ces cas là, autant que c’est
possible, les gens retournent dans leur lieu de vie, avec parfois des aides
supplémentaires, des adaptations à domicile ou en EHPAD. Et ça repart pour un
tour… Alors pour certains, un RAD ne va pas être possible alors on peut essayer de
leur proposer soit un EHPAD, soit un autre service du genre soins de suite et
autrement, certains peuvent aller en long séjour… Après c’est au cas par cas et dans
la mesure des possibilités des services…
– Et vous m’avez dit que certains patients restaient seulement 2/3 jours. La durée
maximale peut être de combien de temps ?
– Je crois que la moyenne, ce doit être une quinzaine de jours…
– En quoi alors une USP est-elle qualifiée pour ce genre de prise en charge, et qu’est-
ce qui spécifie votre travail d’un autre service ?
– Ce qui diffère, c’est que là les gens sont réellement… Euh… On sait qu’ils vont mourir
à plus ou moins court terme. Dans d’autres services, il peut y avoir des patients qui
relèvent de soins palliatifs et qui sont pris en charge peut être de la même manière.
Mais ca doit être un peu plus compliqué, parce que les personnes ne sont pas les
mêmes… Mais la majorité des patients est dans un processus de guérison ou de
réadaptation… Voilà mais nos patients, il faut faire avec leur fragilité. Ce n’est pas
parce qu’ils vont mourir de leur cancer ou une maladie autre, que l’on ne peut pas
leur proposer quelque chose. Après on a à faire à une population plutôt âgée aussi, la
plupart du temps, ce n’est pas toujours le cas ! Mais après, il faut que le projet soit
réalisable car cela implique aussi la famille et leur entourage.
– Comment s’organisent les soins ? Y a-t-il un travail spécifique associé à chaque corps
de métier ?
– Alors nous déjà on travaille en binôme. De jours, il y a 4 aides soignantes et 4
infirmières. (2 binômes le matin 2 binômes l’après midi). Le travail de base, c’est une
aide soignante et une infirmière. Que ce soit le matin, l’après-midi ou la nuit, on est
toujours le même nombre. Après, il y a une psychologue, le médecin et l’infirmière
15
coordinatrice qui intervient surtout à l’extérieur avec l’équipe mobile de soins palliatifs.
Après, on parle aussi de travail pluridisciplinaire. Donc en fonction des besoins du
patient, on peut faire appel à l’ergothérapeute pour adapter un peu le matériel, pour
adapter les couverts pour le repas, les installations au lit… On a recours aussi au kiné
pour des patients qui sont au lit, qui ne se mobilisent pas… Nous, on leur fait des
massages de confort mais c’est plus de la prévention… On ne peut même pas trop
appeler ça des massages, c’est plus pour hydrater la peau, etc… Et le kiné, on va
aussi faire appel à lui pour des personnes qui ont encore un peu de mobilité, qui
exprime le désir de marcher, de se mobiliser…En fait on peut faire intervenir
beaucoup d’autres professionnels. Il ya le pédicure-podologue aussi par exemple,
pour des gens qui ont des ongles des pieds qui sont un peu négligés, pour des
patients qui peuvent être diabétiques… On peut faire appel à eux. C’est arrivé qu’on
fasse aussi appel à un psychiatre extérieur, ou que le médecin fasse appel à un
cardiologue, à un neurologue… Enfin il y a une grande ouverture vers des contacts
extérieurs. On a en plus des bénévoles qui viennent le mercredi et le vendredi.
– Et justement, quelles sont leurs actions ?
– En fait, eux ils interviennent pendant les soins. C’est un peu l’apport extérieur. Ils
viennent rendre des visites. Quand la personne peut communiquer, ils peuvent
échanger sur tout et rien. Si les gens ont envie de parler de leur maladie, c’est
possible mais c’est aussi simplement un petit peu d’oxygène extérieur.
– D’accord… Quelle place la place du bénévole au sein de l’équipe soignante ?
– Et bien, il ne fait pas partie de l’équipe soignante… Il n’a donc pas accès à toutes les
données médicales du patient. Mais souvent, avant qu’il ne rencontre le patient, moi
ou une autre infirmière, on lui fait un petit topo sur le patient. Pas sur sa pathologie
mais plus sur son comportement, ses capacités… Voilà mais c’est vrai que c’est
assez succinct. Il revient nous voir à la fin de sa journée pour nous dire au revoir et
pour nous informer si s’est passé quelque chose de particulier…
– Ok…Comment travaillez-vous au sein de l’équipe pluridisciplinaire ?
– Au quotidien ?
– Oui
– Alors je vous donne un peu la journée type de travail. Par exemple le matin, avec mon
binôme aide soignante, on va aux transmissions avec l’équipe de nuit, qui dure
environ 15 min. Ensuite, on va faire un tour dans chaque chambre pour voir un peu
comment se porte chaque patient. S’il y a des personnes réveillés, on va leur
proposer le petit déjeuner ; s’ils dorment et bien on les laisse dormir. Pendant ce
temps là, l’aide soignante va prépare le charriot pour le ménage, du linge. L’infirmière
elle prépare les médicaments, les soins… Ensuite, il y a le petit déjeuner qui est
servie par la première qui est prête et on aide le patient à manger, aussi bien l’aide
soignante que l’infirmière, ça se fait indifféremment, on va aider les personnes qui ne
peuvent pas manger toute seule. Ensuite, on fait les toilettes. Alors, quand les
personnes ne sont pas lourdes, on peut faire chacune une personne. Et donc on fait
la toilette, les soins, et on termine par le ménage dans la chambre. Car il n’y a pas
d’agents hospitaliers pour le service mais nous on fait le ménage, indifféremment
l’aide soignante de l’infirmière. Et pour les personnes plus difficiles à mobiliser, on
travaille en binôme. Entre temps, le médecin arrive dans la matinée et donc on fait un
petit temps de transmission avec lui, sur ce qui à ou non posé problème, s’il y a
besoin de réajuster des choses… . Après, ça nous amène à midi, donc rebelote avec
les repas, l’aide ou non…
– Comment travaillez-vous plus particulièrement avec l’ergothérapeute ?
– L’ergothérapeute, nous on fait beaucoup beaucoup beaucoup appel à lui pour les
installations au lit et aussi pour avoir du matériel pour les transferts par exemple.
– D’accord. En donc c’est vous qui faites une demande de prescription auprès du
docteur ?
– Bah on appelle et le médecin fait une prescription pour ce dont on a besoin. C’est
nous qui évaluons la situation et servons de relai.
– Et donc cela vous arrive d’aller trouver directement l’ergothérapeute.
– Oh oui ! Parfois même c’est elle qui vient nous voir : « Alors ça va, besoin de quelque
chose?! ».
– A votre avis, quels sont les actions les ergothérapeutes peuvent ils être amenés à
faire ?
16
– Bah chez nous, c’est un petit peu limité. Je sais qu’ailleurs, dans les autres services
de l’établissement, ils vont à domicile pour évaluer les besoins et faire un peu le bilan
de ce qui est existant et de ce qu’il faudrait mettre en place. Il y a une cuisine
thérapeutique aussi, j’imagine pour adapter les choses pour la préparation des
repas… Non nous nous ne sommes pas dans cette optique là.
– D’accord, et quand il y a des retours à domicile de prévu, vous ne travaillez pas avec
l’ergothérapeute ?
– Non… Non. Pas chez nous. Parce qu’en fait, nous les retours, ça va davantage se
faire avec soit l’HAD, soit des cabinets infirmiers libéraux, ou on va solliciter
l’assistante sociale aussi pour la mise en place des aides donc… Je dirais que les
gens, quand ils retournent à domicile, sont plus « lourds ». J’imagine que les
personnes amputés par exemple on davantage de potentiel d’autonomie et donc ont
besoins de plus d’aménagements, et à long terme, que les patients qu’il peut y avoir
en USP… Bon les retours à domicile en USP vont se faire car il y a le désir du patient,
de la famille… Mais c’est plus simplement être dans son lieu de vie… Ils ne vont pas
faire beaucoup plus de choses.
– Vous parliez de confort. D’un point de vue physique. Intégrez vous à cette notion le
confort psychologique ?
– Bah quelqu’un qui est bien installé, se sentira forcement mieux que quelqu’un qui est
tordu dans son lit, rétracté qui ne trouve pas de position…! Alors que s’il est bien
installé, psychologiquement il ira mieux ! Le symptôme le plus fréquent c’est souvent
la douleur. C’est la première chose que l’on traite. On ne fait rien avant. Ce serait
illusoire de vouloir mettre en place quelque chose avant… Je ne sais pas, par
exemple, envoyer la personne vers une psychologue si elle souffre physiquement et
que l’on n’a pas soulagé la douleur, ça donnera rien, ce n’est même pas la peine.
C’est quelque chose qui va parasiter toute la relation.
– Pensez-vous que l’ergothérapeute ait sa place en USP ? Si oui, en quoi
l’ergothérapeute peut-il apporter une plus value à la prise en charge du patient ? Si
non, pourquoi ?
– Bah c’est le confort ! C’est le confort, c’est aussi aider la personne à se débrouiller par
ses propres moyens avec des aides parfois extérieures. Si on lui donne les moyens
matériels pour qu’elle se débrouille… Ils ont adapté par exemple des robinets pour
qu’un patient ayant un bras déficitaire puisse s’en servir seul… Après la personne
n’avait pas besoin d’appeler quelqu’un pour le faire. Parce que l’on a souvent des
plaintes de gens qui disent : « je ne peux plus rien faire, je suis bonne à rien… » …
Nous, l’installation confort, c’est l’ergothérapeute qui s’en occupe en adaptant pour
chaque patient…
– Généralement, les ergothérapeutes interviennent majoritairement ponctuellement
dans les usp. Qu’est-ce qui justifie ce constat selon vous ? Pensez-vous qu’un temps
plein pourrait être envisageable ?
– Chez nous non. C’est clairement non. Il y a trop peu de besoins pour 6 lits. Je ne vois
pas ce que ferait un ergothérapeute à temps plein dans notre service. L’état des
personnes ne le permet pas je pense. Parce que dans les critères d’admissions des
patients en USP, le pronostic vital est engagé à moins de 3 mois, donc les gens sont
très fatigués. Ils n’ont pas forcément le besoin d’ergothérapeute. L’intervention
ponctuelle suffit à mon avis, et l’on appelle assez régulièrement tout de même
l’ergothérapeute.
– Cela influence t-il l’intégration de l’ergothérapeute au sein de l’équipe
pluridisciplinaire ?
– Oh non, on est assez accueillantes ! Elle fait partie de l’équipe euh… oui et non ! Oui
quand elle intervient. Par exemple il y a des temps interne de parole pour l’équipe ou
elle ne va pas venir, les staffs, s’il n’y a pas forcément eu d’intervention importante,
elle n’y sera pas forcément non plus conviée. Mais on partage avec elle si elle veut
des nouvelles de patients, etc.… Il y a des échanges informels mais pas de temps
attribué à l’équipe. On utilise les moyens de l’établissement. Elle intervient en tant
qu’intervenant extérieur, comme les podologues, les kinésithérapeutes… Je pense
que c’est aussi formalisé comme cela !
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Annexe 2 : Retranscriptions des entretiens
2.5 Entretien avec le bénévole d’accompagnement
- Pouvez-vous présenter rapidement (profession/formation, parcours et expérience
professionnels,…) et comment vous êtes devenu bénévole ?
- Alors, je suis à la retraite… Mon parcours professionnel vous voulez ?
- Oui !
- J’étais chirurgien dentiste. Et puis, je suis à la retraite depuis 13 ans. Bah…il n’y a pas
grand-chose à dire autrement…
- Vous faites partie d’une association ?
- Dans les soins palliatifs ?
- Oui
- Je fais parti de l’association xxxxxx : (explication du sigle). C’est une association qui
couvre la France entière. Il y a une antenne ici à ******. Vous voulez peut-être savoir
comment je suis arrivé à xxxxxx ?
- Oui, si vous êtes d’accord.
- Alors je suis venu à xxxxxx, j’étais à la retraite. Ma femme était gravement malade.
Elle est décédée en 2001. (…) Et euh… Bah ça a été un choc. Et donc suite à ça, je
suis allé dans un groupe de parole organisé par xxxxxx pour les personnes en deuil.
Et puis on se retrouve avec une dizaine de personne et un psychologue bénévole et
on discute un peu. Alors j’y suis allé un certain temps, une fois par mois, voir ce
groupe. Et puis bah… Au bout d’un moment, ça ne me paressait plus nécessaire.
Puis le temps a passé. Et il y a quelques années, il y a 5/6 ans, je suis repassé à
xxxxxx et j’ai eu envie de devenir bénévole.
- D’accord… Et vous avez suivi une formation pour être bénévole ?
- Oui, il y a une formation de plusieurs weekends. C'est-à-dire qu’il y a 2 niveaux de
formation. Il y a celle pour les arrivants, c’est un groupe de parole informel qui se
réuni environ 1 fois par mois pendant 1 an ou 2, avec une psychologue et puis la
présidente. Alors, les gens viennent librement pour parler de ce qu’ils veulent. Et puis
au bout d’1 an ou 2, si les gens sont motivés pour faire une formation supplémentaire,
ils s’inscrivent. Et puis c’est des weekends pendant 1 an, toujours animé par une
psychologue, la présidente de l’association et puis tous les membres. Et donc à la fin
de cette année, vous pouvez accompagner quoi. Alors, suivant les offres des
établissements, on nous envoie dans tel ou tel établissement.
- D’accord…
- Il se trouve que je suis allé à *****, avant j’étais à ******. Alors il y a bien sur les
établissements hospitaliers bien sur mais il y a aussi les accompagnements à
domicile.
- D’accord… Et vous intervenez depuis combien de temps ici dans l’établissement ?
- Ca va faire 2 ans.
- D’accord. Et vous intervenez à quelle fréquence dans l’USP?
- J’y vais en principe tous les mercredis après midi. J’arrive vers 14h30 parce que bon,
il ne faut pas arriver trop tôt car souvent les patients sont fatigués et font la sieste
après le repas. Donc 14h30 jusqu’à 17h/17h30. Vous y êtes déjà allée ?
- Oui j’y suis allée pour faire d’autres entretiens avec des professionnelles de l’équipe
soignante de l’USP : la cadre de santé, une infirmière, l’ergothérapeute et la
psychologue.
- Il y a une ergothérapeute qui intervient à l’USP ?
- Oui.
- Ah je ne l’ai jamais croisé. Je croise souvent la kinésithérapeute mais pas
l’ergothérapeute, je ne la connais pas…
- C’est Mme *****
- (…)
- Mais elle intervient vraiment ponctuellement.
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- Euh, du coup je vais continuer à vous poser des questions plus spécifiques aux soins
palliatifs. D’après votre expérience de bénévole, quels sont les principaux besoins et
désirs d’une personne en fin de vie ?
- (…) Les besoins et désirs des personnes en fin de vie…(…)
- Bah je ne sais pas. J’ai envie de dire, je ne sais pas, les besoins et les désirs des
gens… Les gens sont tellement différents et à un stade de la maladie différent… Ca
peut être très variable. Il y a des gens qui sont conscients, d’autres inconscients, il y
en a qui ne peuvent plus parler, euh… Il y en a qui ont toute leur tête et qui réalisent
ce qui va se passer etc.… Alors moi, ce que j’essaie d’apporter je dirais, bah c’est
d’abord une présence. C'est-à-dire que par exemple, je vais frapper à la porte, et puis
je me présente et puis je leur demande si je peux m’assoir à côté d’eux et leur parler.
Bon 9 fois sur 10, ils ne veulent pas. Bon c’est pas grave, je leur dit « excusez-moi ».
Il ne faut pas que ça les dérange. Ceci dit, moi je viens, je ne viens pas pour moi hein,
j’essaie en tout cas d’être présent. Une présence c’est… Il y a des gens qui ne
peuvent même plus parler, il y en a qui sont dans le coma…donc alors parfois, je
m’assois juste à côté d’eux, je leur prends la main et puis je reste un moment comme
ça. Et puis ça s’arrête là. Ceci dit, il y a des gens qui peuvent très bien parler, qui
peuvent échanger, alors bon… Ca peut être des échanges disons banaux, des
conversations banales sur la météo, les événements, etc. Et puis parfois bah on parle
de leur situation et ils réalisent très bien, bah qu’ils vont mourir bientôt. Euh bon voilà,
c’est peut-être plus intéressant d’une certaine façon. Enfin bon…Les besoins et les
désirs, c’est à la demande hein. Les gens sont toujours différents. Parce que quand
on frappe à une porte, on ne sait jamais sur qui on va tomber, quand c’est quelqu’un
qu’on ne connait pas, qu’on n’a jamais vu… Les échanges peuvent être très variables
quoi…
J’ai deux cas actuellement, il y en a un, c’est un monsieur qui s’appelle Mr *****. Avant
que je ne le rencontre, les infirmières m’ont dit qu’il était musulman. Bon. Alors je suis
allé le voir la première fois, il y avait sa fille et sa femme qui étaient là. Alors je me
suis assis à côté d’eux. Au bout d’un quart d’heure je les ai laissés. La fois d’après, on
s’est mis à parler de son origine, de l’histoire de France et tout ça… On a eu une
discussion très intéressante sur les relations avec la France et l’Algérie… Bon… Très
détendu… Bon c’était une conversation disons un peu banale quoi. On n’a pas parlé
de sa mort ni de ses angoisses. Parfois il y en a qui me parlent plus de l’approche de
leur mort. Ils me disent : « voilà, je sais que je vais mourir, je ne sais pas comment ça
va se passer, si ce sera dans 1 semaine, 2 semaines ou un mois… Mais je suis
prêt ». Et je leur dis que c’est très bien s’ils se sentent prêt.
Je vois une 2ème
personne en ce moment, je là vois cet après-midi d’ailleurs. Les
infirmières m’ont prévenu avant que j’aille à sa rencontre. Elles m’ont dit : « ne soyez
pas surpris parce que le pharmacien est allé et il s’est trouvé mal ! ». « Ah bon ?
Pourquoi, qu’est-ce qu’elle a cette dame ? ». « Elle a tout le visage mangé, elle a un
énorme trou qui part du nez jusqu’à la bouche. » Et effectivement, elle n’a plus de
nez, plus de bouche, tout a été mangé par le cancer. Alors elle a une espèce de
bandeau qui cache un petit peu mais bon c’est surprenant quand on n’est pas au
courant ! Donc je suis allé la voir. C’est une personne âgée, elle a 92 ans. Elle alors,
bah elle ne peut plus parler mais elle a une ardoise. Alors on communique par une
ardoise par écrit. Et on a des échanges très intéressants ! (rires) Mais bon bah, elle
est contente comme tout parce qu’elle n’a pas beaucoup de visites, apparemment elle
n’a pas beaucoup de famille. On échange sur des tas de sujets ! Je suis sur qu’elle
apprécie beaucoup. Enfin j’ai l’impression. Elle ne peut pas sourire la pauvre avec son
visage complètement ragé mais je suis sur que dans sa tête, elle est contente quoi !
- D’accord…
- Voilà.
- Je vais passer à la question suivante. Est-ce que selon vous, on peut parler de projet
de fin de vie ?
- Projet de fin de vie ? Oh vous savez, quand on arrive là, il n’y a pas beaucoup de
projet ! C'est-à-dire que, ou bien les gens se rendent compte de leur état et se disent
« bon, je n’en ai plus pour longtemps » donc pour eux, les projets, c’est quand même
assez limité hein. S’ils se rendent compte de leur état euh…En général, ils sont
satisfaits des soins, parce qu’en soins palliatifs, les soins sont très bons, mais ils n’ont
pas de projet quoi. Ou alors ne pas souffrir, être entouré et puis voilà …Et des projets
euh… Parfois, il y a des gens qui ont le projet de retourner chez eux.
- Oui, voilà par exemple.
- Bon, pour ça oui. Et parfois ça arrive hein, ça arrive. Ils retournent chez eux pour un
mois ou deux et puis bon on les revoit après, ils reviennent. Mais oui ça peut-être des
projets comme ça oui…
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- Après, ça peut être des projets de faible envergure, mais ça le fait d’avoir un projet les
rattache à quelque chose, et leur permet de se réinvestir dans quelque chose…
- Oui, oui. Mais c’est limité. Vous savez, un projet dans l’état où ils sont euh…ce n’est
pas facile.
- D’accord. Ensuite, euh, dans quel contexte se fait votre première intervention auprès
du patient, quand vous le voyez pour la première fois ?
- Comment ça se passe quand je vais voir quelqu’un pour la 1ere fois que je ne connais
pas ?
- Oui… Vous allez voir tous les patients systématiquement à leur entrée… ?
- Bah il y a 6 chambres, c’est un petit service vous avez vu. Donc oui, je commence par
frapper à la porte, je me présente. Si je ne connais pas la personne, je lui dis :
« Bonjour, je suis bénévole dans le service ». Je ne dis pas le nom de l’association
spontanément parce que dans le sigle xxxxxx, il y a le mot « mourir ». Donc si je pars
de ça, il y en a que ça va très vite choquer. Donc je ne précise pas trop s’ils ne me
demandent pas plus d’explications. Donc bah, je me présente, je leur dis un petit
bonjour, « j’espère que je ne vous dérange pas ». Donc souvent ils me disent « non,
vous pouvez rester ». Et puis bon, la conversation s’engage ou ne s’engage pas hein.
- D’accord…
- Parfois il y a des silences, bah c’est pas grave. Je suis là quoi. Vous savez, les gens
quand ils sont en fin de vie, c’est vrai que parfois ils ont du mal à parler. Mais le
simple fait d’avoir une présence, pour eux c’est important. Il y a la présence, il y a
l’écoute. Je ne suis pas là pour raconter ma vie, je suis là pour eux s’ils ont quelque
chose à me dire, pour répondre à leurs questions, pourquoi pas.
- Par exemple, cet après-midi, vous allez voir les 6 chambres ?
- Oui, oui. Mais bon sur les 6 chambres… C'est-à-dire qu’il n’est pas sur que les 6
chambres soit occupées par les mêmes personnes que la semaine dernière. Il y a
souvent entre temps des départs, des décès… Parfois, il y en a 5 sur les 6 qui sont
des personnes différentes et puis des fois, les 6 mêmes personnes sont toujours là.
On ne peut pas savoir, c’est imprévisible quoi.
- D’accord. Et vous, en tant que bénévole, quel place tenez vous auprès de l’équipe
pluridisciplinaire ? Est-ce que vous avez des échanges avec eux ?
- Oui, oui bien sur. Mais des échanges… c'est-à-dire que j’arrive à 14h30. A ce moment
là, il y a les transmissions pour la passation de pouvoir si on peut dire entre les 2
équipes de matin et d’après midi. Moi j’arrive juste après donc j’ai un petit topo par les
infirmières qui me disent : « bah la chambre numéro un, il y a monsieur un tel qui
vient d’arriver. Il ne parle pas beaucoup… », « Il est sourd », ou des choses comme
ça. C’est pas les problèmes médicaux, on ne parle pas des problèmes médicaux. Je
leur parle de leur environnement, je demande si je peux aller les voir. Elles le disent
« oui, surement, il va apprécier. » C’est ça nos échanges en fait. On me donne
quelques renseignements sur les malades. Et puis à la fin, bah je vais dire au revoir à
l’équipe soignante et à moins qu’il se soit passé quelque chose d’extraordinaire, je ne
leur dit rien de particulier. Parce qu’elles connaissent aussi bien que moi les patients,
on les connait de la même façon. Leur état d’esprit, la façon dont ils réagissent…
Alors je ne sais pas ce que pensent les infirmières de mon passage. Dans la structure
là on est 2. Je pense qu’elles trouvent ça pas trop mal. La psychologue m’a déjà
reproché de ne pas avoir assez d’échanges avec les infirmières. Bon. Ce n’est pas
toujours facile, j’essaie de faire des efforts… Je sais pas. Je sais pas réellement ce
qu’elles attendent de moi. Mais elles ont toutes du travail et puis bah généralement je
ne leur apprends rien de nouveau. La psychologue quant à elle je ne la vois plus du
tout car je viens le mercredi et elle est en congé le mercredi donc… C’est vrai que
c’est peut-être dommage qu’on ne se croise pas plus souvent avec elle. Elle, elle va
les voir aussi les patients, elle vous l’a dit…
- Mm mmm
- Mais on n’a pas le même statut hein… C’est le moins que l’on puisse dire. C'est-à-dire
que elle, elle va en tant que psychologue. Euh… C’est très bien, elle fait son boulot
mais…Elle arrive quand même avec l’étiquette « psychologue ». Et donc il y a des
gens qui sont réticents quand ils la voient : « Qu’est-ce que c’est que ça une
psychologue, j’en ai pas besoin, je suis bien dans ma tête ! ». Alors que nous, on est,
on est n’importe qui ! J’imagine que c’est peut-être plus facile avec nous d’échanger
qu’avec elle.
- Mm mm. Ensuite, je voudrais savoir quelles activités vous pouvez être amenés à
proposer au patient et/ou à son entourage ?
20
- (…)
- Activités au sens très large hein…
- Bah ça, c’est quand même limité. Activités, activités… Bah on peut échanger, on peut
parler… Là récemment, il y a une patiente qui voulait jouer à un jeu. Elle me l’a appris
car je ne connaissais pas et puis on a joué ensemble… Mais les activités… Bah, de
temps en temps, il y en a qui ont envie de sortir, du coup on va faire un tour dans le
parc à côté, pourquoi pas. Mais autrement les activités…
- Est-ce que des fois on vous fait des demandes particulières… ?
- Non pas spécialement, parfois, de lire le journal pour ceux qui ne peuvent pas lire…
Une partie de jeu parfois… Mais sinon non.
- D’accord. Et quels sont vos objectifs lorsque vous intervenez ?
- Je n’en ai pas spécialement… Des objectifs particuliers, non… Non, moi je suis là.
J’essaie d’être disponible. Non parce que comme je l’ai dit tout à l’heure, quand on
arrive, on ne sait pas à qui on a à faire. Je ne sais pas ce qui va se passer, je n’en
sais rien mais je suis là…
- D’accord… Et c’est souvent des prises en charge assez courtes j’imagine si vous y
allez 1 fois par semaine et que la durée moyenne d’hospitalisation est de 3
semaines…
- Oui, en moyenne je les vois 3 fois. Mais c’est très variable, parce qu’il y en a qu’on ne
voit qu’une fois, d’autres pendant 2 mois… Ca peut être très variable !
- Mmm mmm d’accord. On arrive déjà presque à la fin de mes questions. Est-ce que
vous connaissez la profession de l’ergothérapeute ? Est-ce que vous l’avez déjà
rencontré dans l’unité de soins palliatifs ?
- Non, je ne l’ai pas rencontré ici. L’ergothérapeute, il travaille pour…pour entretenir ou
restaurer les fonctions…physiques et psychologiques des personnes… C’est à peu
près ça non ?
- Oui tout à fait.
- Oui, donc en soins palliatifs, le rôle de l’ergothérapeute, il doit être assez limité… Vu
l’état des patients…Mais en tout cas, en tant que bénévole, je n’ai jamais échangé
avec elle. Moi j’échange surtout avec les patients bien sur, mais aussi les familles.
Parfois quand on rentre dans une chambre, soit le malade est seul, soit il y a sa
famille à ses côtés. Bon bah déjà, ça change l’ambiance ! Bon les contacts ne sont
pas les mêmes ! On ne peut pas dire les mêmes choses au malade, et le malade ne
nous dit pas les mêmes choses devant sa famille, et pareil dans le sens inverse. On
peut voir la famille à l’extérieur, parce qu’il y un salon des familles. Elles ont alors un
discours différent que devant le patient.
- Mmm mm. Donc vous êtes parfois amené à rencontrer les 2 séparément…
- Oui, c’est très variable. Ce qui se dit en présence du malade est très différent de ce
qui se dit en son absence ! Donc oui bien souvent. Parce que les familles, bon.., où
bien tout le monde est d’accord et tout le monde s’est parlé… C'est-à-dire que la
personne en fin de vie et la famille se sont parlées, se sont confiées, ils se sont dit les
choses au clair, ils comprennent bien la situation… Ou bien il n’y a pas d’échange
vraiment sur la fin de vie. Parfois les 2 savent que c’est la fin de vie, le malade et puis
la famille. Mais il n’y a pas vraiment d’échange autour de ça. Parce que chacun se
protège mutuellement. Alors dans le salon, les familles me parlent parfois très
franchement, et puis le malade aussi de son côté. Donc réunir les deux, c’est…ce
n’est pas mon rôle hein. Ce n’est pas mon rôle, c’est leur problème mais d’une
certaine façon, je les encourage à échanger sur la situation actuelle et sur la vie qui
va finir. Mais c’est à eux de le faire, on ne peut pas les obliger.
21
Annexe 3 : Tableau de recueil de données et d’analyse descriptive des entretiens.
Personnes
interrogées Réponses à la question Analyse descriptive des réponses
1. Présentation du professionnel / de l’intervenant ?
Cadre Cadre de santé de l’USP depuis 12 ans - Formation infirmière et sophrologue- 60 ans - A été
formatrice infirmière - Expérience de d’accompagnement en fin de vie en tant qu’infirmière libérale
- A déjà été cadre de santé en soins de suite, EHPAD, en rééducation et en soins palliatifs
4 professionnels de Santé et un bénévole d’accompagnement,
intervenant dans la même unité de soins palliatifs.
Expériences des soins palliatifs variées selon les
professionnels : de 2 ans et demi à 15 ans.
Psychologue Psychologue à 70% entre l’USP et l’équipe mobile de soins palliatifs depuis 2 ans et demi – A fait
un stage de 2 ans en USP – A fait son mémoire de fin d’étude sur l’accompagnement du patient
en fin de vie et de son entourage par le bénévole d’accompagnement -
Ergothérapeute Ergothérapeute dans le même établissement depuis le début de sa carrière – 58 ans –
Polyvalente sur tous les services au début, spécialisée sur le plateau technique de rééducation
aujourd’hui - Ergothérapeute référente de l’unité de soins palliatifs.
Infirmière Infirmière à USP depuis 15 ans, sur des postes de nuit, puis de jours depuis 5/6ans -
Bénévole Bénévole d’accompagnement de l’association xxxxx depuis 5/6ans après avoir été bénéficiaire -
Chirurgien dentiste à la retraite depuis 13 ans
2. Présentation de la structure du service ?
Cadre Service de 6 lits
Unité de soins palliatifs de 6 lits avec un médecin, 6 équipes de
binômes infirmière/aide soignante, une cadre de santé et une
psychologue à 70% en USP et en équipe mobile de soins
palliatifs.
Psychologue Est la seule psychologue à intervenir sur l’USP - « J’ai 70% partagé avec l’équipe mobile de soins
palliatifs et l’unité, donc tous les jours sauf le mercredi et le jeudi matin. »
Infirmière « USP de 6 lits, avec une spécificité ; c’est qu’il y a l’USP et il y a une équipe mobile qui intervient
en intra et en extrahospitalier. » - Il y a 6 équipes d’infirmières et d’aides soignantes : deux la nuit,
deux le matin et deux d’après midi - « Après, il y a une psychologue, le médecin (…) ».
3. Formation pour devenir bénévole d’accompagnement ?
Bénévole
2 niveaux de formation :
- Celle pour les arrivants = groupe de parole informel réuni environ 1 fois par mois
pendant 1 an ou 2, avec une psychologue et la présidente.
- Au bout d’un an ou 2 : formation supplémentaire, certains weekend pendant 1 an animée
par une psychologue, la présidente de l’association et puis tous les membres.
On devient alors bénévole. « Suivant les offres des établissements, on nous envoie dans tel ou tel
établissement. »
Pour devenir bénévole d’accompagnement, il faut d’abord
rejoindre une association et ensuite participé a des weekends de
formation animés par une psychologue et la présidente de
l’association. Après 3 à 4 ans de formations, les bénévoles sont
aptes à accompagner des personnes en fin de vie. L’association
envoie ensuite les bénévoles dans tel ou tel établissement en
fonction des demandes.
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4. Principaux besoins et désirs d’une personne en fin de vie ?
Cadre « Moi je m’occupe davantage des besoins des soignants » ; Besoin d’être rassurée - d’être
accompagnée. –« ils ont besoin de calme, ils ont besoin de compréhension » Difficulté de généraliser mais on retrouve quand même
généralement les besoins ou les désirs :
o D’être rassuré
o D’être accompagné
o De calme
o De compréhension
o D’être soulager de la douleur physique = ne pas
souffrir
o D’être soulager des ses angoisses
o D’être soulager de la douleur psychologique
o De confort
Au cas par cas. D’être entouré ou de se replier, d’une présence.
Pas de distinction faite entre besoins et désirs
Psychologue « Ca dépend vraiment de chaque personne ça… Je pense le besoin d’être accompagné, d’être
soulager sur le plan de la douleur physique, sur le plan aussi des angoisses, de la souffrance
psychologique… » -« de confort au maximum »
Ergothérapeute
Le confort – « Ce qu’elles veulent surtout déjà c’est ne plus souffrir et qu’on leur apporte justement
un bien-être, un confort. » - « On peut apporter effectivement notre expérience, notre spécificité
dans le cadre du bien-être corporel mais aussi psychique, mais je dirais que là en l’occurrence, on
est plus basé sur le confort physique du patient »
Infirmière « ils ne veulent pas souffrir déjà, ça c’est la première chose »-« Il y a des gens très communiquant
qui veulent être entourés, d’autres sont croyants et veulent avoir recours à un prêtre, d’autres
peuvent se replier » « Après je crois que les besoins et désirs sont un peu propres à chacun. »
Bénévole
« Je ne sais pas (…) Les gens sont tellement différents et à un stade de la maladie différent… Ca
peut être très variable. Il y a des gens qui sont conscients, d’autres inconscients, il y en a qui ne
peuvent plus parler, Il y en a qui ont toute leur tête et qui réalisent ce qui va se passer etc… Alors
moi, ce que j’essaie d’apporter je dirai, bah c’est d’abord une présence. »
5. Notion de projet de fin de vie ?
Cadre Oui. – « Dès l’instant où l’on parle de projet, c'est-à-dire que ce sont des actions qui sont étudiées,
et construites avec et pour le patient, et chaque projet de fin de vie est un projet différent. » - Ils
peuvent changer du tout au tout du jour au lendemain. Expression de « projet de fin de vie » cohérente, soutenue par
l’équipe soignante.
Ils peuvent être variés, allant d’un projet de retour à domicile à
des projets de plus faibles envergures, plus modestes
(présence, écoute…)
Toujours élaborés sur la volonté du patient, propre à chaque
individu, et évolutif.
Infirmière et psychologue appuient sur le fait que l’équipe
s’attache à avoir des projets de vie, même « petits ».
Important car redonne des objectifs, un but, du sens et des
envies au patient.
Moins bien identifié par le bénévole d’accompagnement.
Rapidement limité selon lui à cause de l’état de santé des
patients. Exception pour des projets de retour à domicile parfois.
Psychologue
Oui. - Exemple cités : Des retours à domicile ou des permissions de weekend à domicile, un
changement de service ou alors d’accompagner au mieux le patient dans l’unité. – « On se doit
d’avoir des projets, de les tracer lors des réunions hebdomadaires…. » - « Ca peut être très
restreint aussi (…) vraiment à court terme » - « C’est important d’essayer de raisonner comme ça
en terme de projet, pour qu’il y est toujours jusqu’au bout des petites choses à faire qui apportent
un sens et une envie de faire des choses. » « Ca peut redonner un nouveau souffle de vie» -
Ergothérapeute Oui si c’est le patient qui fixe lui-même son projet - Exemple du pêle-mêle.
Infirmière
Oui. « On essaie d’avoir des petits projets de vie pour le patient. » - Exemple de projets pour des
personne qui sont dans la dernière phase de leur vie, qui restent très peu de temps à l’USP : « les
accompagner, eux et leur famille aux mieux, de leur permettre d’être là s’il faut 24h/24, les
remplacer (…), combler un vide, que la personne ne soit pas toute seule… » - Pour des patients
ayant un meilleur état de santé : projet de retour à domicile, ou EHPAD par exemple. « Mais
après, il faut que le projet soit réalisable car cela implique aussi la famille et leur entourage. »
Bénévole « Quand on arrive là, il n’y a pas beaucoup de projet ! En général, les gens n’ont pas de projets.
Ou alors ne pas souffrir, être entouré et puis voilà … » - Parfois, projet = retour à domicile. « C’est
assez limité. Vous savez, un projet dans l’état où ils sont…ce n’est pas facile. »
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6. Unité de soins palliatifs qualifiée pour accompagner le projet de fin de vie d’un patient ?
Cadre
Oui : « les gens [l’équipe soignante] sont formés, sont très à l’écoute et ont l’habitude de la fin de
vie ». « On vit à un autre rythme dans cette unité. » = pas d’ "emploi du temps" rythmé par les
repas, les toilettes et les différentes séances. « Aux soins palliatifs, (…) on s’adapte en fonction
des besoins du patient. »
Spécificité de l’USP :
o Personnel formé aux situations de fin de vie
o Compétences relationnelles accentuées
o Rythme différent des autres services, suit le
rythme de chaque patient, individualisé, en
fonction des besoins de chacun.
o Savoir faire avec la fragilité des patients
Psychologue « C’est aussi ce côté relationnel qui est important avec les familles, avec les patients. Il y a toute
cette partie là de communication, d’accompagnement, autre que le soin pur. »
Infirmière « Ce qui diffère, c’est que (…) on sait qu’ils vont mourir à plus ou moins court terme. Voilà mais
nos patients, il faut faire avec leur fragilité. Ce n’est pas parce qu’ils vont mourir de leur cancer ou
une maladie autre, que l’on ne peut pas leur proposer quelque chose. »
7. Equipe pluri, inter ou transdisciplinaire ? (spécificité de chaque profession ?)
Cadre « Il y a quand même un travail spécifique, sachant qu’ils sont tous complémentaires ! » -
Importance d’échanger en équipe pour travailler selon une même logique, une même direction
Personnes interrogées = professionnels de l’équipe ayant un
temps défini en unité de soins palliatifs, partiel ou complet.
Spécificité et complémentarité des différents professionnels de
Santé.
Compétences partagées de relationnel et d’écoute active auprès
du patient : offre un panel d’intervenants compétents et des
relations soignant/soigné variées visant un même objectif :
accompagner le patient en fin de vie.
Importance d’identifier les compétences de chacun et d’avoir
quelques connaissances spécifiques des autres professions afin
de garder une vision globale du patient.
Travail de l’infirmière et de l’aide soignante en collaboration
étroite : base commune et spécificités.
Equipe référente = médecins, cadre de santé, psychologues,
infirmières, aide-soignant(e)s // Contacts extérieurs appelés
parfois au cas par cas, en fonction des besoins du patient :
ergothérapeute, kinésithérapeute, pédicure-podologue, assistant
social, psychiatre, cardiologue, neurologue…
Psychologue
Toutes les professions qui travaillent auprès du patient sont amenées à développer des
compétences qui (…) se rapprochent de celles du psychologue. [Chacun] a ses propres
compétences d’écoute active ». -
« Parfois, elles [les infirmières et les aides soignantes] sont (…) même mieux placées parce qu’il y
a la relation quotidienne (…) qui favorise forcément les échanges aussi [plutôt qu’avec] quelqu’un
qui est psychologue, qui a cette étiquette et qui n’est là que pour ça. » Ce peut être un frein ou un
facilitateur. « Ca dépend aussi de chacun ».
« Mais je pense que oui, on a chacune à s’inspirer un peu du métier de l’autre. » « Tout comme
moi, c’est important que j’aie des notions [médicales] (…) parce que je ne peux pas occulter non
plus ce qui se passe sur ce plan là ». « C’est vrai que c’est intéressant parce qu’on travaille
vraiment les uns avec les autres »
Infirmière
Travail au quotidien en binôme infirmière/aide soignante. Spécificité pour les soins et le traitement
par l’infirmière puis travail indifférencié avec l’aide soignante (repas, toilette, ménage…)
« Après, on parle aussi de travail pluridisciplinaire. Donc en fonction des besoins du patient, on
peut faire appel à l’ergothérapeute pour adapter un peu le matériel, pour adapter les couverts
pour le repas, les installations au lit ; (…) au kiné [pour des mobilisations passive ou de la
marche]… » « On peut faire intervenir beaucoup d’autres professionnels » - Intervenants cités :
pédicure-podologue (pédicurie ou soins pour patients diabétiques), psychiatre extérieur,
cardiologue et neurologue extérieurs. - « Il y a une grande ouverture vers des contacts
extérieurs » + 2 bénévoles
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8. Place dans l’équipe pluridisciplinaire (ou inter ou trans) ?
Cadre
Attention portée aux professionnels soignants avant tout. « Je fais très attention aussi bien à la
santé physique de l’équipe qu’à la santé morale de l’équipe. »
« J’ai déjà eu l’occasion de rencontrer la famille en tant que cadre. Mais c’est vrai que le patient,
ce n’est plus moi directement. Je peux être amenée à rencontrer le patient et la famille quand il y
a une demande particulière mais en aucun cas sinon je n’interviens. »
« J’ai 40 lits à gérer avec les autres services, de l’autre côté (en USP) j’ai 6 lits à gérer. »
Rôle du cadre de Santé davantage dirigé vers les soignants que
les soignés = intégration du soignant, dynamisme moral et
physique de l’équipe.
Gère les lits de façon plus extérieure, pas d’échanges directs
avec les patients ou sauf situation particulière avec des
entretiens auprès des familles.
9. Fréquence d’intervention en unité de soins palliatifs ? Cadre Cadre du service de l’USP ainsi que d’un service de rééducation.
Temps d’intervention variés entre chaque intervenant.
Interventions plus longues et plus régulières de la cadre de
Santé, de la psychologue et de l’infirmière (et de l’aide
soignante)
Intervention ponctuelle et de durée variable de l’ergothérapeute,
à la demande de l’équipe. Assez fréquent, lors d’entrée de
patient, pour du positionnement au lit et au fauteuil avec du
matériel plus adapté.
Intervention planifiée du bénévole d’accompagnement, une
après midi par semaine (soit environ 30min à 45 min par patient,
tous les mercredis)
Psychologue
3 jours et demi sur l’unité et l’équipe mobile. « Après je n’ai pas défini de plages horaires précises
pour chacune donc je suis souvent entre les 2. » « Les 2 sont souvent un peu combinés. » « Je
pense que c’est à peu près moitié-moitié ». A parfois des suivis de deuil des familles qui avaient
un proche à l’USP, dans le cadre de l’équipe mobile « C’est un temps psychologue qui n’est pas
suffisant par rapport à ce qui devrait être par rapport au nombre de lits, et à l’activité de l’équipe
mobile. »
Ergothérapeute
A la demande, sur prescription médicale. Temps d’intervention très variable en fonction des
demandes des patients. « Autrement, c’est dès qu’il va y avoir une entrée, la plupart du temps, on
va faire appel à l’ergothérapeute si le service n’a pas le matériel adéquat. Ils vont me demander
du matériel spécifique et de faire, la plupart du temps du positionnement sur-mesure. » « (…) Mais
on ne m’interdit pas d’y passer tous les jours pour savoir s’il ya à un besoin. Mais à partir du
moment où je n’ai pas un temps comptabilisé… » - Elle passe quand elle peut se libérer.
Infirmière A 100%. Fait partie de l’équipe de l’après midi.
Bénévole Tous les mercredis après midi de 14h30 jusqu’à 17h/17h30. « J’arrive vers 14h30 parce que bon,
il ne faut pas arriver trop tôt car souvent les patients sont fatigués et font la sieste après le repas. »
10. Contexte de la première intervention auprès du patient ?
Ergothérapeute « Je reçois la prescription médicale du médecin directement sur informatique, mais je peux aussi
me faire interpeller par l’infirmière dans les couloirs ou par téléphone. »
Première intervention de l’ergothérapeute auprès du patient
après avoir reçu une prescription du médecin par informatique
ou à la demande d’un autre membre de l’équipe qui a identifié
en besoin spécifique (mais il y a tout de même une prescription
par la suite).
Bénévole
Présentation systématique à chaque entrée. Il frappe et se présente : « Bonjour, je suis bénévole
dans le service (…) j’espère que je ne vous dérange pas ». « Souvent ils me disent « non, vous
pouvez rester et puis la conversation s’engage (…) ou pas. » « Je ne dis pas le nom de
l’association spontanément parce que dans le sigle xxxxx il y a le mot « mourir » [qui peut
choquer].
« Parfois quand on rentre dans une chambre, soit le malade est seul, soit il y a sa famille à ses
côtés ». Cela change la nature et la sincérité des échanges car chacun se protège mutuellement.
Pas de prescription médicale pour le bénévole puisse qu’il n’est
pas un professionnel de Santé. Présentation succincte du
patient par l’infirmière avant qu’il ne fasse sa rencontre. Il va
ensuite trouver le patient dans sa chambre qui peut être seul ou
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« Les contacts ne sont pas les mêmes ! On ne peut pas dire les mêmes choses au malade, et le
malade ne nous dit pas les mêmes choses devant sa famille, et pareil dans le sens inverse ». Il
peut alors voir les 2 séparément par la suite.
Il passe chaque semaine dans les 6 chambres sans savoir qui sera là. « il n’est pas sur que les 6
chambres soit occupées par les mêmes personnes que la semaine dernière. Il y a souvent entre
temps des départs, des décès(…). On ne peut pas savoir, c’est imprévisible. »
avec sa famille. Il propose ensuite sa compagnie au patient qui
est libre de l’accepter ou de la refuser.
Pas de planification ni de projection faite d’une semaine à l’autre
due à l’imprévisibilité de la présence ou non des patients dans le
service.
11. Organisation du travail en équipe ?
Cadre
Assiste aux staffs tous les lundis, sauf quand elle est prise ailleurs. « J’essaie au maximum
d’assister aux staffs du lundi, voire plus parce que ça m’arrive d’aller aussi aux transmissions de
temps en temps. » N’intervient pas volontairement au groupe de parole du jeudi pour les soignants
avec la psychologue pour que chacun puisse échanger librement sur des situations qu’il a bien ou
mal vécues. Assiste souvent aux transmissions de 20h pour le changement d’équipe des
infirmières et aides soignantes.
Staffs hebdomadaire du lundi. Y sont présents :
o la cadre de santé (le plus possible)
o la psychologue
o les infirmières
o le médecin
o les aides soignantes
très très rarement l’ergothérapeute
Temps de transmissions réguliers dans la journée avec :
o Médecin
o Infirmières
o Psychologue
o Aides soignantes
o Parfois la cadre
Groupe de parole pour les soignants le jeudi.
Temps d’échanges informels entre les différents professionnels
Transmissions par système informatique : meilleure
communication pour les intervenants extérieurs.
Travail en binôme de l’infirmière avec l’aide soignante.
Psychologue
« Ca passe par pas mal de temps de transmission ». « Il y a des temps formels, il y a des temps
informels… » 2 temps identifiés de transmissions par jour : 15 min le matin avec l’infirmière et
l’aide soignante du service pour faire un point sur la situation des patients. « C’est déjà des
moments d’échange, où moi j’apprends ce qui se passe dans le service, on peut se questionner
ensemble aussi… » et 30 min l’après midi. « Après, il y a (…) et tous les temps informels aussi où
l’on se croise dans les couloirs. » « Il y a aussi un staff hebdomadaire le lundi où tous le monde
est là. Et normalement, on prend un peu plus le temps de discuter de chaque situation, dans tous
ses aspects. C’est aussi un temps où l’on parle des personnes qui sont décédées dans la
semaine. On commence par ça, parce que c’est important aussi d’avoir un temps pour ça, une
espèce de rituel pour pouvoir parler du décès er des circonstances du décès ».
Ergothérapeute
« J’essaie de participer à certaines réunions de synthèse. J’essaie de les faire coïncider avec mon
planning avec les réunions de transmission qu’il y a toutes les semaines le lundi et le jeudi. Donc
j’essaie d’assister à au moins une des 2 réunions, quand j’ai un suivi. » Elle consulte chaque jour
le système informatisé par voir si elle à des prescriptions à l’USP.
Infirmière
Journée type de travail, en binôme avec une aide soignante : transmissions avec l’équipe de nuit,
qui dure environ 15 min, tour dans chaque chambre pour voir comment se porte les patients,
proposition du petit déjeuner si des personnes sont réveillées, sinon on les laisse dormir,
préparation du charriot de linge et de ménage par l’aide soignante, préparation du charriot de
soins par l’infirmière (soins, traitements…), aide pour la prise des repas, aide pour la toilette,
soins, transferts à une ou à 2 selon le patient et ménage de la chambre. « Entre temps, le
médecin arrive dans la matinée et donc on fait un petit temps de transmission avec lui, sur ce qui
à ou non poser problème, s’il y a besoin de réajuster des choses… »
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12. Place du bénévole dans l’équipe pluri/inter/transdiciplinaire ?
Psychologue
Peu d’échanges entre eux car leurs planning sont discordants ou ils manquent de temps. « Je ne
le vois presque plus ». Essaie pourtant de prendre un temps pour échanger avec l’autre bénévole.
« Parce que c’est important, j’ai essayé d’insister justement avec lui sur le fait que c’est important
qu’il y ait du lien entre lui et l’équipe soignante parce que certains ont tendance à venir, à faire
leurs accompagnements et à repartir, parfois ils s’osent pas déranger mais c’est important je
trouve qu’ils prennent le temps d’échanger avec l’équipe, sur ce qui c’est passé… » Clairement identifié comme un intervenant non membre de
l’équipe pluridisciplinaire = pas accès aux données médicales.
Temps d’échanges et de transmission très limité voire
inexistants avec certains professionnels.
Manque de communication : le bénévole ne sait pas ce que
l’équipe pense de ses interventions et de ce qu’elle voudrait,
n’ose pas déranger / l’équipe regrette le manque d’échange.
Infirmière
« Il ne fait pas partie de l’équipe soignante (…). Il n’a donc pas accès à toutes les données
médicales du patient. » Echanges avec le bénévole d’accompagnement sur le comportement et
les capacités de la personne. « Voilà mais c’est vrai que c’est assez succinct. Il revient nous voir à
la fin de sa journée pour nous dire au revoir et pour nous informer s’il s’est passé quelque chose
de particulier… »
Bénévole
« J’ai un petit topo par les infirmières (...) on ne parle pas des problèmes médicaux. Je leur parle
de leur environnement, je demande si je peux aller les voir(…). On me donne quelques
renseignements sur les malades ». - « Et puis à la fin, bah je vais dire au revoir à l’équipe
soignante et à moins qu’il se soit passé quelque chose d’extraordinaire, je ne leur dit rien de
particulier. Parce qu’elles connaissent aussi bien que moi les patients, on les connait de la même
façon.» - « Je ne sais pas ce que pensent les infirmières de mon passage ».- « Je sais pas.
réellement ce qu’elles attendent de moi » « La psychologue m’a déjà reproché de ne pas avoir
assez d’échanges avec les infirmières. Bon. Ce n’est pas toujours facile(…). Mais elles ont toutes
du travail et puis bah généralement je ne leur apprends rien de nouveau. C’est vrai que c’est
peut-être dommage (…) »
13. Collaboration avec le bénévole ?
Psychologue Echanges oraux parfois mais pas de projet commun porté par la psychologue et le bénévole
d’accompagnement. « Ca pourrait mais non(…). Aucun projet commun mené entre le bénévole et un membre de
l’équipe soignante.
Psychologue et ergothérapeute estiment que cela pourrait être
intéressant pourtant. Ergothérapeute
« Non, jamais… C’est vrai que ça ne s’est jamais fait oui. Ca pourrait être intéressant pourtant,
peut-être pour des patients ayants des demandes ou des projets de vie particuliers justement oui
pourquoi pas. Mais non je n’ai jamais travaillé avec lui »
14. Activités proposées par le bénévole ?
Bénévole
« C’est quand même limité ». Il échange, et parle surtout avec le patient. Parfois, il partage un
moment avec le patient en jouant à un jeu ou en allant faire une ballade dehors. « Mais autrement
les activités… ! ». Il a rarement des demandes particulières (exemple : lire le journal, jouer à un
jeu de société…).
Activité perçue au sens de mise en mouvement, ou de
production par le bénévole = limité.
Activité principale : échanges verbaux avec le patient sur tous
ou simple présence. A peu de demandes spontanées d’activité.
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15. Rôle du bénévole d’accompagnement auprès du patient ?
Psychologue
Le bénévole obtient parfois des confidences que la psychologue n’a pas. « Justement, c’est ça qui
est bien aussi, c’est que chaque patient choisi dans le panel d’intervenants qu’on lui propose, la
personne avec il va faire certaines activités ou parler de certaines choses… » - « C’est vrai que
souvent, je pense que c’est plus de l’écoute et de l’accompagnement avec la parole ou juste une
présence silencieuse, rassurante et apaisante. »
Rôle du bénévole d’accompagnement reconnu, et bien identifié
Le bénévole permet au patient de conserver un contact avec
l’extérieur autre que le personnel soignant et son entourage
Vision de l’ergothérapeute : occupationnel et non une activité
thérapeutique.
N’est pas associé à un soignant, pas distance thérapeutique =
facilite parfois les échanges et l’expression du vécu du patient.
Ergothérapeute
« C’est très bien qu’il y ait des bénévoles » - « Ils permettent au patient de parler de ce qu’il veut
avec une personne qui ne soit ni de leur entourage, ni de l’équipe soignante. » Le bénévole peut
permettre au patient de discuter librement de ce qu’il veut, sans certains tabous qu’il peut y avoir
avec ses proches, et sans la distance pouvant exister avec l’équipe soignante, qui porte la blouse
blanche. « Donc ça peut, pour certaines personnes en tout cas, mettre plus à l’aide et permettre
de parler de ce qui leur fait du bien, que ce soit de la pluie et du beau temps ou de leur situation. »
Permet de garder un lien avec l’extérieur de l’hôpital - « Ca occupe les gens aussi, ça aussi
c’est important pour certains. Parce que le vide, ou l’ennui peut être très pesant et mal vécu par
les patients. (…)Certains recherchent aussi le repos, c’est vraiment au cas par cas. »
Infirmière
« C’est un peu l’apport extérieur. Ils viennent rendre des visites. Quand la personne peut
communiquer, ils peuvent échanger sur tout et rien. Si les gens ont envie de parler de leur
maladie, c’est possible mais c’est aussi simplement un petit peu d’oxygène extérieur. »
Bénévole
« On n’a pas le même statut [avec la psychologue]. (…)Elle arrive quand même avec l’étiquette
ʺ. psychologue ʺ. Il ya des gens qui sont réticents quand ils la voient : ʺ. Qu’est-ce que c’est que ça
une psychologue, j’en ai pas besoin, je suis bien dans ma tête ! ʺ. Alors que nous, on est, on est
n’importe qui ! J’imagine que c’est peut-être plus facile avec nous d’échanger qu’avec elle. »»
16. Objectifs des interventions du bénévole ?
Bénévole
« Je n’en ai pas spécialement… Des objectifs particuliers, non (…) car quand on arrive, on ne sait
pas à qui on a affaire. Je ne sais pas ce qui va se passer ». A des suivis assez court d’une
moyenne de 3 interventions en lien avec la courte durée de séjour en unité de soins palliatifs.
Pas d’objectifs définis car pas de planification possible
(contrainte de temps).
17. Collaboration avec l’ergothérapeute ?
Psychologue Pas beaucoup. « Je ne la vois pas souvent(…). Je ne sais pas si l’ergothérapeute passe
beaucoup de temps avec le patient. (…). J’ai très peu d’échanges avec l’ergo. » Pas de collaboration entre l’ergothérapeute et la psychologue ou
le bénévole, ni même de réelle communication.
Infirmière / Ergothérapeute : Relai entre médecin et
ergothérapeute. Ce sont elles qui demandent les prescriptions et
qui évalue les besoins en ergothérapie du patient => nécessite
une bonne connaissance des compétences de l’ergothérapeute.
Infirmière
« L’ergothérapeute, nous ont fait beaucoup beaucoup beaucoup appel à lui pour les installations
au lit et aussi pour avoir du matériel pour les transferts par exemple. » - « On appelle et le
médecin fait une prescription pour ce dont on a besoin. C’est nous qui évaluons la situation et
servons de relai. » Cela peut arriver que les infirmières viennent directement la voir et
réciproquement. La prescription médicale est alors faite par la suite.
Bénévole « Il y a une ergothérapeute qui intervient à l’USP ? (…) Ah je ne l’ai jamais croisé. »
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18. Actions de l’ergothérapeute en unité de soins palliatifs ?
Cadre
« En soins palliatifs, c’est vraiment basé sur le confort avec l’installation. On ne peut pas viser à
gagner en autonomie comme l’ergothérapeute est amené à le faire ici dans le service de
rééducation (…). Même si on va essayer de maintenir l’autonomie bien sur le plus longtemps
possible, mais on ne va pas forcément faire appel à l’ergothérapeute. Quoique c’est vrai que c’est
arriver quelques fois, par exemple d’équiper quelqu’un avec une cuillère spéciale, une fourchette
spéciale (…). »
Travail de l’ergothérapeute moins axé sur la recherche
d’autonomie en USP que dans d’autres services.
Travail majeur de l’ergothérapeute en USP = positionnement
visant à soulager la douleur physique grâce à des conseils de
positionnement et du prêt de matériel adapté (coussins).
Ensemble des compétences de l’ergothérapeute mal identifiées,
concentrées sur des connaissances sur le positionnement, des
accompagnements pour le retour à domicile et des adaptations
de matériel pour gagner en autonomie. Pas de notion spontanée
d’activités thérapeutiques.
Pas de travail de l’ergothérapeute en lien avec des retours à
domicile. Géré par l’équipe d’hospitalisation à domicile.
Interventions jugées limitées selon l’ensemble des personnes
interrogées.
Psychologue
« Euh… Je n’ai pas trop réfléchi à ça… Oui, j’ai l’impression que c’est vraiment (…) ponctuel et
précis pour veiller au confort, améliorer la position… » - « J’ai une image par exemple de quelque
chose autour du cou avec des coussins afin de veiller à la meilleure installation physique possible.
C’est ça un peu l’image que j’en ai… » - « J’ai très peu d’échanges avec l’ergo.
Infirmière
« Chez nous, c’est un petit peu limité. » - « Je sais qu’ailleurs, dans les autres services de
l’établissement, ils [les ergothérapeutes] vont à domicile pour évaluer les besoins et faire un peu
le bilan de ce qui est existant et de ce qu’il faudrait mettre en place. (…) Non nous nous ne
sommes pas dans cette optique là. »- « Les retours [à domicile après une hospitalisation en USP],
ça va davantage se faire avec soit l’HAD, soit des cabinets infirmiers libéraux, ou on va solliciter
l’assistante sociale aussi pour la mise en place des aides donc… Je dirais que les gens, quand ils
retournent à domicile, sont plus « lourds » ».- « Bon les retours à domicile en USP vont se faire
car il y a le désir du patient, de la famille… Mais c’est plus simplement être dans son lieu de vie…
Ils ne vont pas faire beaucoup plus de choses. »
Bénévole « L’ergothérapeute, il travaille pour…pour entretenir ou restaurer les fonctions…physiques et
psychologiques des personnes… ?(…) Oui, donc en soins palliatifs, le rôle de l’ergothérapeute, il
doit être assez limité… Vu l’état des patients »
19. Axes de prises en charge en ergothérapie en unité de soins palliatifs ?
Ergothérapeute
« Le positionnement, essentiellement. (…)Définir l’installation au fauteuil roulant, quel type de
fauteuil roulant est le plus adapté… (…) C’est vraiment une compétence spécifique à
l’ergothérapeute en soins palliatifs, où l’on va systématiquement faire appel à moi. Je participe
également, en collaboration avec le kiné, à définir quelle sera l’aide à la marche la plus adaptée…
Ensuite au niveau des transferts, on peut très bien faire appel à moi pour que je définisse moi-
même quels sont les besoins du patient, et de quel matériel adapté auront besoin le patient et/ou
les soignants. »
Rejoint le discours des autres intervenants : actions
essentiellement centré sur le positionnement = compétence
spécifique de l’ergothérapeute.
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20. Activités mises en place en unité de soins palliatifs par l’ergothérapeute ?
Ergothérapeute
Interventions à la demande du médecin parfois pour travailler en rééducation sur le plateau
technique (exemple : lutter contre une hémi-négligence = exercices).
Activité pêle-mêle photo : « c’était vraiment une demande de la patiente, qui trouvait le temps trop
long. »
Demande du médecin (pour lutter contre un déficit) pu du patient
lui-même (besoin d’être en activité, lutte contre l’ennui et la
dépression).
21. Perception de la pratique de l’ergothérapeute autour de l’activité en unité de soins palliatifs ?
Ergothérapeute
« Je n’ai pas réellement cherché à ce qu’il y ait une activité signifiante. C’était plus pour elle
effectivement de l’occupationnel et d’essayer en même temps de joindre l’utile à l’agréable. C'est-
à-dire que par le biais du collage, elle s’est beaucoup exprimer. Elle a réussi à parler d’elle-même,
à parler du passé, du présent, et parler, au travers des photos, échanger énormément au niveau
de sa famille et de ses proches »
Pas d’analyse thérapeutique de l’activité, donc non identifiée
comme telle mais plutôt à titre occupationnel
S’apparente pourtant à une activité signifiante
22. Place de l’ergothérapeute en unité de soins palliatifs ? Apport d’une plus value à la prise en charge ?
Cadre
« Alors l’ergothérapeute est vraiment vraiment une personne précieuse pour moi (…) par rapport
aux installations, le plus confortable possible. Et moi j’y crois beaucoup. Parce que soigner la
douleur, bien sur il y a les médicaments c’est évident, la morphine entre autre, [mais il y a aussi le
positionnement]. (…) L’ergothérapeute est vraiment beaucoup plus formé à ça. »
Est réellement une plus value à la prise en charge grâce à son
expertise du positionnement = actions auprès des patients.
Parfois pour gagner en autonomie grâce à des adaptations de
matériels ou de aides techniques = connaissances spécifiques
que les autres professionnels n’ont pas.
Apporte des compétences supplémentaires aux soignants en
proposant des conseils de manutentions ou du matériel pour les
transferts = actions auprès des soignants
Psychologue « Une plus value par rapport à sa connaissance de ce qui est possible pour améliorer le confort,
et de son expertise par rapport à ça… Je pense qu’elle connait tout un tas de choses que les
autres professionnels ne connaissent pas et elle peut avoir des idées à proposer… »
Ergothérapeute
« J’en suis convaincue dans la mesure où (…) le bien-être du patient et le confort sont
primordiaux.. C’est déjà un atout majeur de pouvoir pour le patient, oublier sa douleur. Et donc
pour pouvoir oublier sa douleur, ça passe forcement par un confort de positionnement. (…)Ca
passe par aussi par avoir un rôle auprès du patient mais aussi du personnel. (…) Pour la
manutention du patient, c’est une évidence pour moi qu’il faut aider le personnel à travailler le
mieux possible, dans les meilleures conditions, à la fois pour le patient mais à la fois pour le
personnel, pour éviter les troubles musculo-squelettique. Donc à ce titre là, je suis absolument
convaincu que l’ergothérapeute à sa place dans une antenne de soins palliatifs. »
Infirmière
« Le confort ! » « Nous, l’installation confort, c’est l’ergothérapeute qui s’en occupe en adaptant
pour chaque patient… » « C’est aussi aider la personne à se débrouiller par ses propres moyens
avec des aides parfois extérieures. Si on lui donne les moyens matériels pour qu’elle se
débrouille… » Exemple d’adaptation d’un robinet : « Après la personne n’avait pas besoin
d’appeler quelqu’un pour le faire. Parce que l’on a souvent des plaintes de gens qui disent : « je
ne peux plus rien faire, je suis bonne à rien… » .
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23. Actions de l’ergothérapeute pour agir sur le confort psychologique ?
Cadre
« Par voie de conséquence, dès l’instant où la personne est mieux installée physiquement, je
pense qu’elle peut l’être aussi psychologiquement ». « Je ne vois pas l’ergothérapeute comme
étant… Elle participe bien-sur, au même titre que l’aide soignante ou que l’infirmière ». Mais sinon,
les besoins psychologique sont davantage confiés à la psychologue et au médecin.
Discours entre les différents professionnels en accord.
Action indirecte de l’ergothérapeute sur le confort psychologique
en agissant sur le confort physique, ce qui est étroitement lié.
Soulager la douleur du patient est le principal objectif de l’équipe
soignante. Rien n’est envisageable par la suite si la douleur
physique n’a pas été atténuée dans un premier temps.
Psychologue
Après explication de l’activité thérapeutique « Je ne savais pas que ça pouvait faire partie des
missions de l’ergothérapeute. Mais ça me semble tout à fait adapté. Le tout c’est de le savoir, de
l’intégrer dans la réflexion de l’équipe pluridisciplinaire… Mais oui je pense que ça pourrait être
intéressant. Certains en plus auraient des désirs de faire quelque chose et donc là c’est l’équipe
qui essaie de proposer des objectifs au patient pour qu’il puisse se raccrocher à quelque chose.
Parce qu’il y a souvent des symptomatologies de dépression aussi. Certains oui ne sont plus en
mesure de faire des projets pour eux-mêmes et d’avoir envie de faire quelque chose. Mais
certains par contre, oui, sont encore dans cette dynamique là. Mais même pour tous les patients,
ça peut être une aide pour eux… Mais simplement, c’est vrai que nous dans l’équipe, il faut qu’on
sache que c’est possible, qu’il existe des personnes ressources, qu’il y ait une possibilité à ce que
leurs désirs se réalisent… »
Ergothérapeute « Oui probablement puisque de toutes façon tout est lié ! A partir du moment où l’on se sent mieux
sur le plan du corps, vous êtes davantage en clin à parler. Vous aidez l’expression du patient.
Pour moi, c’est une évidence, les 2 sont liées. »
Infirmière « Quelqu’un qui est bien installé, se sentira forcement mieux que quelqu’un qui est tordu dans son
lit, rétracté qui ne trouve pas de position…! Alors que s’il est bien installé, psychologiquement il ira
mieux ! » La douleur est le 1er
symptôme que l’équipe vise à traiter. « Ce serait illusoire de vouloir
mettre en place quelque chose avant… Je ne sais pas, par exemple, envoyer la personne vers
une psychologue si elle souffre physiquement et que l’on n’a pas soulagé la douleur, ça donnera
rien, ce n’est même pas la peine. C’est quelque chose qui va parasiter toute la relation. »
24. Justification des interventions ponctuelles de l’ergothérapeute en USP ? Temps plein envisageable ? Cadre Interventions ponctuelles pour le moment, pas de temps défini pour l’unité de soins palliatifs.
Seulement 6 lits et surtout d’autres besoins prioritaires dans d’autres services : limitation sur le
plan financier. Projet d’un ergothérapeute à temps partiel à 40% si l’unité passe à 10 lits. « Pas un
ergothérapeute à temps plein malheureusement (rires) ou heureusement je ne sais pas, parce que
je ne sais pas, 10 lits, peut-être que ça ne représente pas assez de travail. Peut-être. Je ne sais
pas. Je n’ai pas encore fais l’étude. »
Petit service = peu de patients = pas assez de travail pour un
ergothérapeute à temps complet, ni même à temps partiel.
Limitation sur le plan financier
Question de culture. Pourtant partage des mêmes valeurs.
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Psychologue
Peut-être une question de moyen financier, et aussi une question de culture(…), une façon de
penser actuelle qui n’intègre pas assez cette dimension là et ses possibilités.
Capacités trop restreintes et trop grande fatigabilité des patients
pour s’engager dans un atelier qui présente trop de contraintes
(se déplacer sur le lieu, ne pas être trop fatigué, horaires fixes
dues à une planification et une organisation des séances). Ceci
nécessite de suivre le rythme du thérapeute et non du patient.
Obligation de travailler au jour le jour en USP, en fonction de
l’évolution de l’état de santé du patient.
Pas de temps complet apparemment envisageable pour un
ergothérapeute en USP.
Ergothérapeute
« Ca dépend du nombre de lits… C’est vrai que là sur 6 lits, il n’y a pas un travail assez
conséquent pour un temps plein ergo. C’est d’ailleurs pour cette raison que moi j’y interviens de
façon ponctuelle. Avec un nombre plus conséquent de lit, à partir de 10 lits, on devrait trouver je
pense un temps spécifique de temps d’intervention de l’ergo, un temps partiel. »
« Pas de temps complet non… dans la mesure il faut que le patient ait la capacité physique de se
rendre en atelier d’ergothérapie, ce qui n’est pas toujours forcement le cas, puisqu’on est obligé
de tenir compte de la fatigabilité du patient, des effets médicamenteux du traitement qui peuvent
être fluctuant…. On ne peut pas compter sur un atelier qui serait prévu avec des horaires fixes…
On est obligé de travailler au jour le jour en soins palliatifs. »
Infirmière « Chez nous non. C’est clairement non. Il y a trop peu de besoins pour 6 lits. Je ne vois pas ce
que ferait un ergothérapeute à temps plein dans notre service. L’état des personnes ne le permet
pas je pense. Parce que dans les critères d’admissions des patients en USP, le pronostic vital est
engagé à moins de 3 mois, donc les gens sont très fatigués. Ils n’ont pas forcément le besoin
d’ergothérapeute. L’intervention ponctuelle suffit à mon avis, et l’on appelle assez régulièrement
tout de même l’ergothérapeute. »
25. Influence d’interventions ponctuelle de l’ergothérapeute dans l’intégration de l’équipe pluri/inter/transdisciplinaire de l’USP? Cadre « Moi, je le considère un petit peu comme un intervenant extérieur quand même car il intervient
vraiment ponctuellement. Et c’est vrai qu’elle n’est pas souvent aux réunions pluridisciplinaires car
elle a des patients à prendre en charge dans d’autres services. »
Points de vue discordants de l’équipe soignante référente du
patient et de l’ergothérapeute.
Cadre / psychologue /infirmière : ne fait pas vraiment partie de
l’équipe soignante considéré comme un noyau avec médecins,
infirmières, aides soignantes, psychologue et cadre.
L’ergothérapeute est plutôt considéré comme un intervenant
extérieur. Ceci est renforcé par le constat qu’elle assiste peu aux
réunions de synthèse (car elle ne peut pas se libérer).
Ergothérapeute : Se sent totalement intégrée à l’équipe car elles
gardent des contacts réguliers avec les membres de l’équipe
(majoritairement avec les infirmières) et estiment que toutes ses
compétences sont bien identifiées par tous les professionnels de
l’équipe. Or, elles seraient un peu floues pour certains.
Psychologue « Moi je pense peu à l’ergothérapeute comme membre dans l’équipe. Je pense que leur présence
[présences des ergothérapeutes en réunion de synthèse] favoriserait aussi les échanges avec
l’équipe mais elles ne sont pas toujours libres à ce moment là j’imagine… »
Ergothérapeute « Non, je me sens intégrée à part entière à l’équipe. Ca n’interfère en rien mon intégration
puisqu’elles savent très bien ou me trouver » - . « Tous les jours je passe devant [l’USP], j’ai donc
la possibilité de moi-même d’ouvrir la porte et de leur rendre visite. Et de toute façon, elles savent
où me trouver. Mes compétences sont bien identifiées dans l’équipe. »
Infirmière « Elle fait partie de l’équipe euh… oui et non ! Oui quand elle intervient. (…)il y a des temps
interne de parole pour l’équipe où elle ne va pas venir, les staffs, s’il n’y a pas forcément eu
d’intervention importante, elle n’y sera pas forcément non plus conviée. Mais on partage avec elle
si elle veut des nouvelles de patients, etc.… Il y a des échanges informels mais pas de temps
attribué à l’équipe. On utilise les moyens de l’établissement. Elle intervient en tant qu’intervenant
extérieur, comme les podologues, les kinés… Je pense que c’est aussi formalisé comme cela ! »
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