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Projet de fin d’étude Les apports de l'analyse technique dans la valorisation du portefeuille Professeur responsable du mastère : Hassan SASSI Réalisé par : Sara BAR-RHOUT

Projet de fin d'étude- Apports de l'analyse technique

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Projet de fin d’étude

Les apports de l'analyse technique

dans la valorisation du portefeuille

Professeur responsable du mastère :

Hassan SASSI

Réalisé par :

Sara BAR-RHOUT

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Mastère Finance d'Entreprise et Ingéniere Finncière des Marchés Financiers

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Ce travail est dédié à toutes les

personnes qui m’ont soutenue. Je

remercie ma famille, mes amis

ainsi que tout le cadre professoral

du mastère FEIMF ; qui se sont

montrés attentifs et qui ont

toujours répondu présent.

Merci à tous.

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Introduction

L’analyse technique joue-t-elle un rôle dans la valorisation ? Les praticiens répondent à cette

question par la négative. Pour eux l'analyse technique est plutôt utilisée pour désigner le bon

moment pour acheter et le bon moment pour vendre un titre. En effet, la valorisation désigne

le calcul de la valeur financière d'une entreprise en tenant compte des données comptables

passées et du potentiel de développement de la société. Généralement cette valorisation est

utilisée dans le cas d'une fusion-acquisition, dans le cas d'acquisition de parts d'une start-up en

phase d'amorçage par un investisseur ou encore dans le cas d'un tour de table pré-IPO.

Pour se faire une idée de cette valeur intrinsèque, aussi appelée valeur réelle, fundamental

value ou juste valeur d’une entreprise ou d’un titre, plusieurs méthodes de valorisation

existent. Le but de cette analyse est de mieux appréhender le prix qu’il convient de payer pour

un actif. Se focaliser sur la valeur intrinsèque permet d’identifier les «mispricing», c’est-à-

dire les différences entre le prix valorisé par les marchés et le prix qu’il serait objectif

d’appliquer à un actif donné (prix réel). En cela, ces techniques diffèrent totalement des

approches graphiques. Pour les investisseurs sur le marché, la valorisation dite aussi, analyse

fondamentale permet de déterminer un cours cible, et analyser les écarts entre la valeur

donnée par le marché à la société et celle qui lui est intrinsèque. Il existe trois grands modèles

de valorisation, et s’agit en l’occurrence des modèles analogiques (approches comparatives),

parmi lesquels on retrouve les méthodes des multiples et de la valeur d’entreprise. Ils se

basent sur l’application d’un multiple sur un titre afin de calculer la valeur fondamentale. Il

s’agit aussi des modèles d’actualisation (present value models) qui cherchent à estimer la

valeur objective grâce à la valeur actualisée des futurs bénéfices qui seront dégagés par l’actif.

Et enfin, les modèles patrimoniaux (asset-based valuation models) qui calculent la valeur

intrinsèque d’un titre à partir de la valeur des actifs d’une entreprise à laquelle on aura

retranché la valeur de ses dettes et grâce à d’autres ajustements.

On constate ainsi que l’analyse technique ne figure pas comme une méthode de valorisation,

mais au contraire. Dans des définitions on retrouve que «plus généralement, on peut dire que

l’analyse fondamentale, par opposition à l’analyse technique, se base sur des éléments

objectifs et chiffrés (états financiers, information publique)»1. De cette définition il est donc

évident que l’analyse technique est aux antipodes de l’analyse fondamentale, et donc de la

valorisation. D’ailleurs chez les praticiens on évoque la gestion et non la valorisation de

portefeuille quand il est question d’analyse technique. Quand l’analyse fondamentale se base

sur des informations, comme les fondamentaux de l’entreprise et du secteur, l’état du marché,

les facteurs macro-économiques, l’évolution des taux d’intérêts, le niveau de croissance, les

différents risques, les cash-flows futurs de la société, etc., l’analyse technique se fait à partir

d’interprétations de ce qu’on peut lire dans les cours, comme les tendances, les dynamiques,

les signaux observables, les indicateurs techniques, mais les influences techniques se font

aussi sentir par le sentiment des investisseurs (optimisme ou pessimisme) et les jeux

d’influences (game theory). Par ailleurs, si l’analyse fondamentale permet de refléter la valeur

intrinsèque d’un titre, permettant de donner une indication sur la tendance - si cette valeur est

inférieure au cours actuel, la tendance est baissière, si elle est supérieure, la tendance sera

1 Définition du site http://www.morning-meeting.com, portail dédié à la finance et s’adressant à la

communauté opérant dans la finance de marché.

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haussière- elle présente toutefois quelques faiblesses. En effet, la justesse de la valeur

déterminée dépend étroitement de la qualité de l’information financière. De même, elle

présente un problème de timing car la valeur exprimée est à terme.

L’analyse fondamentale permet de valoriser des actifs de manière juste, d’allouer les

ressources de manière optimale, induisant une utilité économique et sociale ainsi qu’une

justesse indéniable sur le long terme. Cependant, les fluctuations à court terme restent très

souvent inexpliquées. Ceci étant l’apanage que l’analyse technique. La question qui se pose

donc est : Comment l’analyse technique permet à l’investisseur de mieux gérer son

portefeuille et maximiser ses chances de gains ?

Afin d’y répondre nous allons d’abord définir ce que c’est que l’analyse technique et sa

genèse dans une première partie, avant de s’attarder sur les différentes composantes de

l’analyse technique dans une seconde partie, comment utiliser l’analyse technique pour

composer et gérer son portefeuille dans une troisième partie et enfin évoquer les critiques de

l’analyse technique dans une quatrième et dernière partie.

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Sommaire

Titre I : L’analyse technique : définition, principes et

outils

1. Ce qu’est l’analyse technique

1. Définition de l’analyse technique

2. Genèse de l’analyse technique

2. Principes et outils de l'analyse technique

1. Fondements de l'analyse technique

2. L'analyse chartiste

3. L’analyse statistique/mathématique

4. Les vagues d’Elliott

Titre II : Rapprochement entre analyse technique et

valorisation du portefeuille 18

1. Constitution, analyse et suivi d'un portefeuille

d'actions

1. La gestion de portefeuille et l'allocation stratégique des actifs

2. Constitution d'un portefeuille

3. L'analyse technique et suivi des valeurs du portefeuille

2. Critique de l'analyse technique

Conclusion

Bibliographie et Webographie

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Titre I : L’analyse technique : définition,

principes et outils

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1. Ce qu’est l’analyse technique

1. Définition de l’analyse technique

Selon John J. Murphy, «l’analyse technique est l’étude de l’action des marchés,

principalement par l’usage de graphiques, et dans le but d’anticiper les tendances futures sur

les prix». L’analyse technique est une approche empirique des marchés, née de l’observation

des historiques de cours. Son rôle donc est d’anticiper les grands changements de tendance,

voire de prévoir l’éclatement de certaines bulles ou encore d’anticiper des tendances

haussières après des périodes d’importantes baisses. L’analyse technique offre aussi la

possibilité de lire dans les cours et les indicateurs techniques des évènements qui se trament,

une information privilégiée ou une rumeur exploitée avant que celle-ci soit rendue publique.

Cette lecture est possible parce que l’analyse technique reflète le comportement des

participants du marché, elle peut, ainsi, permettre de mettre en relief les comportements

inhabituels, les décrochages, la psychologie des investisseurs ainsi que les changements à

venir. En effet, même si l’analyse technique n’est pas infaillible, elle demeure un outil très

efficace, notamment face à l’analyse fondamentale qui ne peut pas vraiment anticiper les

retournements à court terme et qui ne tient pas compte des informations privilégiées. Si dans

la pratique l’analyste technique n’a pas non plus accès aux informations privilégiées, il est

parfois possible pour lui de se douter que quelque chose se trame à la vue des cours.

Autrement dit, l'analyse technique est l'étude des graphiques afin d'anticiper les tendances

futures sur les prix. Celle-ci a pour objectif de fournir des signaux permettant de déterminer la

tendance du marché et à définir si les cours d’un marché sont en phase de continuation ou

d’inversion de tendance. Il est important de noter que l'analyse technique n'est pas une science

exacte, elle se rapproche d'une science humaine dans le sens où elle a pour but de comprendre

la psychologie des investisseurs. L'analyse technique repose sur un phénomène d'imitation et

sur l'observation de tendances cycliques. Pour elle, les mêmes erreurs se répètent toujours, les

bulles spéculatives et les krachs montrent bien la présence de ces cycles. Pour W. P.

Hamilton, qui succéda à Charles Dow au Wall Street Journal, «consciemment ou

inconsciemment, les fluctuations de cours ne reflètent pas le passé mais le futur. Lorsque

l’ombre d’événements se dessine, cette ombre se reflétera d’abord sur la Bourse de New

York».

2. Genèse de l’analyse technique

L’analyse technique a vu le jour pour la première fois au Japon. Les Japonais l’utilisaient pour

faire du commerce sur l'un des plus anciens marchés à terme de la planète, en l’occurrence

celui du riz. Cette pratique date du XVIIIe siècle. En effet, à cette époque il était possible de

vendre les récoltes futures de riz à l’avance, et on appelait ces contrats, contrats vides de riz.

La naissance de cette pratique a engendré une forte spéculation qui découla sur l’apparition de

l’analyse technique. Munehisa Homma (1724-1803) surnommé le «dieu des marchés», est

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considéré comme «le père de l'analyse en chandeliers». Il a amassé une immense fortune en

jouant sur le prix du riz. Honma fut également consultant financier pour le gouvernement

japonais. Il découvrit en fait que les marchés étaient influencés par la psychologie et les

émotions des intervenants. La perception des récoltes pouvait être ainsi très différente de la

réalité. Cette technique est restée méconnue aux yeux de l'Occident jusqu'en 1990 lorsque

Steve Nison la dévoile à la suite d'un voyage professionnel au Japon.

Dans le monde occidental, historiquement, on considère que l’un des précurseurs de l’analyse

technique fut Charles Dow, qui publia en 1884 un indice qui porte son nom, le Dow Jones

Industrial. Après avoir observé que les fluctuations des valeurs correspondaient aux

fluctuations du secteur auxquelles elles appartiennent, il fut convaincu de l’utilité de l’indice

(qui compte aujourd’hui 30 valeurs). Il analysa ensuite les tendances et observa que celles-ci

ont une prédisposition à être actives jusqu’à ce lancent de fermes signaux de retournement.

Cependant, bien qu’étant toujours d’actualité aujourd’hui, la théorie de Dow souffrait de

certaines lacunes, comme le fait qu’elle ne se fondait que sur les cours de clôture. De plus,

son but n’était pas d’anticiper les tendances à venir, mais de détecter l’émergence de marchés

haussiers et baissiers majeurs. Il en découle que son approche n’est pas adaptée à des

stratégies court terme car elle manque de réactivité. En effet, la théorie de Dow repose sur

quelques principes que son fondateur Charles Dow (1851-1902), publia dans ses articles du

Wall Street Journal. Il s’agit de :

- Prendre tout en compte : tous les facteurs qui influencent le cours des actions, qu’ils

appartiennent à la demande ou à l’offre, au domaine technique ou psychologique, sont

pris en compte dans l’évolution du cours. Les graphiques réunissent toutes les

informations. Si un nouveau paramètre inattendu se présente, le cours va s’adapter in

intégrer ce paramètre à l’avenir.

- Trois tendances pour le marché : Dow faisait une analogie entre les mouvements du

marché et ceux de l’océan :

a) La tendance primaire, la marée : tendance générale qui indique la direction que

prend le marché sur plusieurs années. La tendance primaire subit trois phases

successives : la phase d’accumulation où il y a trop peu d’informations pour

que les volumes des transactions soient élevés, la phase d’imitation soit le cœur

de la tendance primaire où de plus en plus d’acheteurs se positionnent et enfin

la phase de distribution qui voit le mouvement se ralentir et les gains être

distribués, en premier lieu à ceux ayant anticipé les mouvements du marché.

b) La tendance secondaire, les vagues : elle corrige la tendance de fond de 30 à

50%, elle ne dure que quelques mois.

c) La tendance mineure, les ondulations : fluctuations sur quelques heures du

marché suite aux évènements du jour. Elle représente une tendance locale sur

un fragment de la tendance générale.

- Utilisation des volumes : Dow considérait le volume comme un indicateur important

pour confirmer une tendance. Les volumes échangés doivent suivre la tendance

haussière ou baissière. Le cours de clôture est le plus important, Dow ne tenait pas en

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compte les niveaux extrêmes atteints au cours d’une séance. L’élément essentiel est le

cours de clôture dont l’effet psychologique est le plus important.

- La fin de la tendance : tant que des signaux clairs n’ont pas démontré le

renversement de la tendance, cette dernière se poursuit. Il ne peut s’agir que d’un effet

passager.

L’autre contemporain de Charles Dow, fut Jesse Livermore (1877-1940). Celui-ci a raconté

ses aventures boursières, depuis son âge de 14 ans, dans son livre, les «Mémoires d’un

spéculateur». Il prenait ses décisions sur de simples considérations de marchés et non sur des

données fondamentales. En étudiant la psychologie du marché sur la base de son expérience

personnelle, il découvre des similitudes dans certaines situations qui lui permettent de prévoir

des retournements de tendances. En cela, on peut le voir comme un autre précurseur de

l’analyse technique. Il a d’ailleurs publié «How to trade in stocks; the Livermore formula for

combining time element and price», traduit en français sous le titre «Gagner en Bourse avec

Jesse Livermore». Il y décrit le système de trading qu'il employait ainsi que des anecdotes

autobiographiques et de situations historiques précises, émaillées de maints conseils sur le

comportement du marché et des actions, l'analyse des secteurs leaders, le timing de marché, le

money management ou encore le contrôle émotionnel.

Après les années 30, c’est Ralph N. Elliott (1871-1948) qui rajoute une nouvelle pierre à

l’édifice de l’analyse avec sa théorie des vagues d’Elliott. Cette théorie est un concept sur le

développement des marchés financiers, directement inspirée de la théorie de Dow. Le point de

départ de cette théorie est que l'évolution des marchés se fait par une série de vagues

successives, et ce, quelle que soit l'échelle d'observation de ce marché (de la minute au très

long terme). Ses recherches qui firent l'objet de plusieurs ouvrages vers la fin des années 30

restèrent assez longtemps dans l'oubli. Le grand public et les analystes ne redécouvrirent la

méthode qu'avec les publications de l'américain Robert Prechter qui la remis au goût du jour

dans les années 80 et qui s'en fit un porte parole. Un peu à la même période qu’Elliott,

William Delbert Gann (1878-1955), dévoile sa théorie des angles de Gann dans son livre The

Basis of My Forecasting Method publié en 1935. Selon cette théorie, les figures géométriques

d'un cercle, d'un carré et d’un triangle sont le résultat des angles de 45°, 90°, 135°, 180°, 225°,

270°, 315°, et 360°, selon Gann, il s’agit des angles géométriques les plus importants où le

prix et le temps rencontrent la résistance et le support. En fait, WD Gann pensait que les

points de retournement du marché (hauts et bas) sont liés par des principes mathématiques. Il

n'y a pas de haut ou de bas du marché qui ne peuvent pas être expliqués par des angles et des

niveaux de supports / résistances. En d'autres termes, avec les données de temps et les prix

historiques, il pouvait à l'aide de principes mathématiques et géométriques prédire le marché

en termes de points de retournement. Chacune de ces trois théories a posé les hypothèses

«philosophiques», voire ésotériques notamment pour la théorie de Gann qui utilisait aussi

l’astrologie pour ses analyses, à partir desquelles diverses écoles d’analyse technique se sont

construites.

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Cette époque révolue, c’est au début des années 1990 que les analystes techniques

recommencent à publier des livres et articles et popularisent leurs méthodes de gestion.

Certaines de ces publications descendent directement des travaux des pères fondateurs,

d’autres apportent leurs propres contributions à la théorie en créant de nouveaux outils comme

les oscillateurs. es plus célèbres théoriciens modernes sont Robert Prechter (né en 1945) qui a

complété et expliqué la théorie des vagues d’Elliott, Steve Nison qui préconise l’utilisation

des chandeliers japonais, considéré d’ailleurs comme le père fondateur de la théorie moderne

des chandeliers japonais et J. Welles Wilder, qui a développé le RSI (Relative Strenght

Index), oscillateur borné qui ouvrira la voie à une analyse technique plus quantitative

permettant d’avoir des indications sur l’ampleur et la force d’un mouvement. Stan Weinstein

a également beaucoup influencé les techniques de trading utilisées par les analystes

techniques, en dévoilant une technique basée sur quatre phases qui lui ont permis de passer au

travers des grands krachs boursiers. Il est à l'origine du fameux slogan the tape tells all qui

signifie «le cours dit tout». Autrement dit, toutes les informations importantes sont inscrites

dans les cours de bourse. Sans oublier John A. Bollinger (né en 1950), qui a contribué à

développer le domaine de l'analyse technique boursière avec l’invention des Bandes de

Bollinger (2002). Son livre «Bollinger on Bollinger Bands», a été traduit en huit langues.

2. Principes et outils de l'analyse technique

1. Fondements de l'analyse technique

L’analyse technique peut être utilisée sur les cours de n’importe quel actif : matière première,

devise…tant que cet actif voit ses cours naître de la confrontation entre une offre et une

demande. La seule contrainte à l’application de l’analyse technique est la volatilité : si elle est

trop faible, l’analyse technique perd de son utilité car l’investisseur peut changer le

comportement du marché en agissant. L'analyse technique se fonde sur 3 postulats : le prix

comprend toute l’information disponible à un moment donné, il suit la tendance et les

variations finissent toujours pas se répéter.

Le prix comprend toute l’information

Ce point est certainement le plus important de tous puisqu’il justifie le fait que l’analyse

technique ne s’intéresse qu’aux seules données de marché et non pas aux données

fondamentales comme les statistiques économiques ou les résultats des entreprises. En effet

si, à chaque instant, le cours d’un actif sous-jacent intègre immédiatement toute l’information

disponible sur les marchés, alors il n’est plus besoin de s’intéresser aux données

fondamentales puisqu’il est quasiment impossible de profiter d’un effet d’annonce.

Le prix suit la tendance

C’est l’observation des graphiques historiques de cours qui fait dire à l’analyste technique que

le marché suit des tendances. L’étude d’un graphique boursier permet d’identifier des phases

de hausses et des phases de baisses sur des périodes allant de quelques minutes à plusieurs

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années. Pour expliquer que ce phénomène n’est pas uniquement dû au hasard, l’analyse

technique s’appuie sur l’analyse psychologique des foules dont elle prétend être une

application sur les marchés. Un marché, comme une foule, peut donc être pris soit dans une

dynamique d’optimisme (voire d'euphorie) soit dans une dynamique de pessimisme (voire de

désespoir) soit en phase d’hésitation. Ceci se reflète sur un graphique par des périodes de

hausse, de baisse ou de stagnation des cours, périodes qu’on nommera respectivement trend

haussier, trend baissier et range. A juste titre, George Lanes disait «The trend is your friend»

(La tendance est votre amie).

Les variations se répètent

L’avenir est déterminé par le passé sur les marchés et les mêmes « erreurs » se répètent

toujours (formation de bulles spéculatives et krachs). Là encore, cette idée découle de

l’analyse psychologique d’une foule. Les sociologues qui se sont intéressés aux foules ont

affirmé que celles-ci avaient des comportements propres n’ayant pas de lien avec une simple

somme de comportements individuels. Une foule est mue par certains principes qui

parviennent à transcender la psychologie de chaque individu la composant. Le tout aura plus

d’influence sur la partie que chaque partie n’en aura sur le tout du fait du phénomène

d’imitation existant au sein de tout groupe. La décision d’un individu au sein d’une foule est

fondée sur l’idée qu’il se fait de la décision que vont prendre les autres individus composant

cette foule et non sur sa perception normale de la réalité. Si l’individu peut apprendre du

passé, la foule, elle, n’en apprend rien et évoluera souvent de la même façon dans des

situations identiques. Ceci s'applique aux marchés : le fait que krachs et bulles spéculatives

soient récurrents sont les exemples les plus probants de l’existence de ce principe d’imitation

qui interdit toute leçon du passé à la foule.

Tout en se basant sur les mêmes principes, plusieurs courants se détachent en analyse

technique :

- L’analyse technique chartiste se concentre sur l’évolution des prix et des volumes en

tentant de trouver des configurations se répétant périodiquement.

- L’analyse technique statistique se base sur la modélisation de l’évolution des prix par

l’intermédiaire d’indicateurs techniques.

- Les vagues d’Elliott se servent de la dimension fractale des graphiques boursiers, avec

le nombre d’or comme pivot, pour les décomposer en vagues se répétant

périodiquement.

2. L'analyse technique chartiste

L’analyse technique graphique part du postulat que les cours sont la manifestation du

comportement psychologique des intervenants. Ces derniers sont eux-mêmes influencés par le

niveau et l’évolution des cours. Elle utilise des outils graphiques pour constater l’importance

psychologique des cours. Certaines configurations ont tendance à se reproduire dans le temps

et autorisent donc la prévision. Trois types de représentations graphiques sont utilisés :

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- Graphiques en courbes continues : il s’agit d’un graphique en cours d’ouverture ou de

clôture soit quotidiens, soit hebdomadaires, soit mensuels,… Sa plus grande limite est

la non représentativité de la journée tranding. De même, il donne l’impression de la

continuité de la trajectoire.

- Graphiques en Bar Chart : ce graphique représente toute l’information disponible sur

le cours (ouvertire, plus haut, plus bas, clôture) et permet de détecter les trous où le

marché n’a pas connu de cotations.

- Graphiques en chandeliers japonais : cette représentation reprend les principes des Bar

Charts, et permet en plus d’apprécier le sens de la journée ainsi que la tendance

relative.

Hormis la représentation graphique des cours, l’analyse chartiste s’appuie aussi sur l’étude

des volumes. En effet, ceux-ci donnent une troisième dimension au graphique (après le cours

et le temps) et permet de valider la tendance. Il confirme, en effet, par son importance la

qualité des signaux de rupture et la validation des figures graphiques. Par ailleurs, le principe

de l’existence de tendances, permet, dans l’analyse chartiste de tracer des droites de supports

et de résistance. Ensuite, il y a les figures. Celles-ci constituent la base de l’analyse technique

et se départagent en trois catégories: Figures de retournement, figures de continuation et

figures neutres. Comme leurs noms l’indiquent les figures de retournement annoncent un

retournement de tendance, tandis que les figures de continuation annoncent une continuité de

la tendance. Les figures neutres, elles, marquent l'indécision des investisseurs. Malgré la

pertinence de cette méthode elle demeure limitée par la part importante de subjectivité, la

difficulté de «backtester» et le fait qu’elle nécessite un très bon «oeil» et une connaissance

spécifique du sous-jacent.

Les principales figures chartistes sont les suivantes :

Figures de retournement Figures de continuation Figures neutres

Biseau ascendant

Canal baissier

Canal

horizontal

Biseau descendant

Canal haussier

V bottom

Biseau d'élargissement

ascendant

Drapeau ascendant

V top

Biseau d'élargissement

descendant

Drapeau descendant

Diamant de creux

Elargissement

symétrique de sommet

Diamant de sommet

Fanion

Double bottom

Rounding bottom

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Double top

Rounding top

Elargissement ascendant

à angle droit

Tasse avec anse

Elargissement descendant

à angle droit

Triangle ascendant

Elargissement symétrique

de creux

Triangle descendant

Epaule-tête-épaule (ETE)

Triangle symétrique de

creux

Epaule-tête-épaule

inversé (ETE inversé)

Triangle symétrique de

sommet

Triple bottom

Triple top

Source : http://www.tribuforex.fr

3. L’analyse statistique/mathématique

A l’image de l’analyse chartiste, l’analyse statistique part aussi du postulat que les cours

suivent des tendances. Et afin d’étudier ces tendances elle fait appel à des outils

mathématiques, statistiques et économétriques. Cette discipline qui a vu le jour courant les

années 70, compte aujourd’hui un nombre d’indicateurs qui dépasse la barre des 100. Il est

possible de répartir ces indicateurs en trois groupes :

- les indicateurs de tendance : ils sont construits autour de moyennes mobiles et

déterminent la dynamique d’un marché.

- les oscillateurs : ce sont des indicateurs qui oscillent soit autour due 0 soit entre deux

bornes. Ils permettent d’anticiper les phases d’accélération des cours et les zones de

surachat et de survente.

- les indicateurs de force : ils calculent la puissance d’une tendance observée.

Les indicateurs de

tendances Les oscillateurs Les indicateurs de force

La moyenne mobile Le RSI (Relative Strength

Index)

Le DMI (Directional

Movement Index)

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Le MACD (Moving

Average Convergence

Divergence)

Le Momentum

Les Bandes de Bollinger

Source : Les Echos

Les indicateurs de tendance

La moyenne mobile

La moyenne mobile est une courbe qui représente l’évolution d’une moyenne de cours sur une

période donnée. Par exemple, une moyenne mobile 20 jours sur une valeur est la

représentation graphique de l’évolution de la moyenne des 20 derniers cours de bourse. Les

investisseurs utilisent le plus souvent les moyennes mobiles courtes 5, 10, 20 ou 50 jours et

les moyennes mobiles longues 10, 20 ou 50 semaines. A l’instar des lignes de support et de

résistance pour l’analyse graphique, les moyennes mobiles sont à la base de l’analyse

statistique et permettent de mettre en évidence de façon très simple la tendance du marché.

Les analystes recherchent souvent les valeurs sur lesquelles les moyennes mobiles courtes et

longues se croisent confirmant parfois des retournements de tendances à la baisse ou à la

hausse.

Le MACD (Moving Average Convergence Divergence)

Le MACD est l’un des indicateurs mathématiques le plus utilisé. Son étude se distingue en

deux parties : une étude de l’indicateur seul et une comparaison entre l’indicateur et le cours

de la valeur. Dans l’étude de l’indicateur seul, lorsque la moyenne mobile courte passe au-

dessus de la longue, le MACD devient positif et il s’agit d’un signal d’achat. Inversement,

lorsque la moyenne mobile courte est en-dessous de la longue, le MACD est négatif et il

s’agit alors d’un signal de vente. Le MACD est également composé de sa propre moyenne

mobile appelée ligne de signal. Lorsque celui-ci franchit la ligne de signal à la hausse, le

marché est dominé par les acheteurs. Et lorsqu’il la franchit à la baisse, le marché est dominé

par les vendeurs. En comparaison avec le cours, on cherche plutôt une divergence. Une

divergence est observée lorsque le cours de la valeur et le MACD divergent, ou évoluent en

sens contraire. La divergence sera baissière lorsque l’on observe une pente ascendante sur le

cours et une pente descendante sur le MACD. Cela concorde généralement avec un

retournement à la baisse. La divergence sera haussière lorsque l’on observe une pente

descendante sur le cours et une pente ascendante sur le MACD. Cela concorde généralement

avec un retournement à la hausse.

Les Bandes de Bollinger

Les bandes de Bollinger tiennent compte des moyennes mobiles mais incluent également un

nouveau paramètre : la volatilité. L’indicateur est ainsi composé de trois courbes. Il s’agit

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notamment d’une courbe du milieu (généralement dessinée en pointillés) : moyenne mobile

du cours à 20 jours, d’une courbe inférieure située à deux écarts-types (volatilité) de la

moyenne mobile et d’une courbe supérieure située également à deux écarts-types (volatilité)

de la moyenne mobile. Il permet de dégager plusieurs informations. La première concerne la

tendance. Celle-ci sera forte lors d’un écart important entre les bandes. Inversement, une

phase plus atone verra un rétrécissement de l’écart entre les bandes. Les Bandes renseignent

aussi sur le niveau des prix : au-dessus de la bande supérieure, les prix sont considérés comme

élevés. Il ne s’agit pas nécessairement du signal de vente si les volumes sont importants. Elles

donnent des signaux de retournement : la brève cassure de la bande supérieure est un signe de

retournement à la baisse de la valeur. Inversement, la brève cassure de la bande inférieure est

un signe de retournement à la hausse de la valeur, ainsi que des signaux d’accélération : un

rétrécissement du canal présage d’une phase d’accélération future des cours.

Oscillateurs

Le RSI (Relative Strength Index)

Le RSI est un indicateur qui évalue le rapport de force entre les acheteurs et les vendeurs et

permet ainsi de déterminer aisément les zones de surachat et de survente. Il est formé sur la

base des moyennes de hausses et de baisses des titres. La valeur de l’indicateur évolue entre 0

et 100% et il est généralement choisi à 14 jours par les analystes. Un RSI au-dessus de 50%

montre plutôt une tendance haussière et inversement, un RSI en-dessous de 50% montre une

tendance baissière. Des zones de surachat et de survente sont atteintes pour un RSI

respectivement supérieur à 70% et inférieur à 30%. Comparé au cours de la valeur, il permet,

comme le MACD, d’analyser les divergences.

Le Momentum

Contrairement au RSI, le Momentum n’est pas borné. Il oscille autour de la ligne du zéro. Il

signale un potentiel retournement haussier s’il est bas et qu’il se retourne à la hausse ou s’il

est négatif et repasse au-dessus du niveau 0. Par contre, il signale un potentiel retournement

baissier s’il est haut et qu’il se retourne à la baisse ou s’il est positif et repasse au-dessous du

niveau 0. Comparé au cours, ce sont plutôt les divergences qui sont recherchées. Une

divergence baissière (même principe que pour le MACD) sera le signe d’un retournement à la

baisse, tandis qu’une divergence haussière (même principe que pour le MACD) sera le signe

d’un retournement à la hausse.

Indicateur de force

Le DMI (Directional Movement Index)

Le DMI constitue un complément aux précédents indicateurs. Il donne comme information

supplémentaire la puissance du mouvement éventuellement détecté au préalable. Le DMI est

décomposé en trois courbes, notamment le DI+ : il indique le mouvement haussier, le DI- : il

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indique le mouvement baissier et l’ADX : il indique la force de ces mouvements. Un DI+ qui

évolue au-dessus du DI- matérialise une domination du marché par les acheteurs. C’est

généralement considéré par les analystes comme un signal d’achat. Inversement, un DI-

évoluant au-dessus du DI+ est considéré comme un signal de vente. L’ADX permet de

mesurer la force des mouvements observés. Un ADX à 14 jours supérieur à 25 signifie que la

tendance observée est forte, et les analystes prennent positions. S’il est inférieur à 20, la

tendance observée est considérée comme non significative.

4. Les vagues d’Elliott

Pour bâtir la théorie des vagues d’Elliott, Ralph Nelson Elliott basa sa réflexion sur l'analyse

des mouvements du Dow Jones et s'inspira de deux personnages : Charles Dow, duquel il

reprit en partie ses recherches sur le cycle des cours et Leonardo Fibonnacci, le mathématicien

italien auquel il emprunta sa théorie sur le nombre d'or. Pour Elliott, l'hypothèse de départ

était que les cours n'évoluaient pas de manière désordonnée mais tout comme la nature, selon

des cycles harmonieux ascendants et descendants qui pouvaient être modélisés. L'analogie des

vagues fût ainsi toute trouvée pour décrire les mouvements des cours. Les marchés évoluent

suivant des cycles haussiers ou baissiers, néanmoins même quand le mouvement est haussier

des phases de correction alternent avec les phases de progression et vice-versa quand le

mouvement est à la baisse. Partant de ce principe Elliott a modélisé ce qu'il appelle un «cycle

élémentaire» composé de 8 vagues principales : 3 vagues de correction succèdent à 5 vagues

de tendance. Il existe trois principes des vagues d'Elliot, que suivent les 5 impulsions, à

savoir : la vague 2 ne chute pas sous le point de départ de la vague 1. Si c'était le cas, cela

signifierait que vous êtes toujours dans la tendance précédente, la vague 3 n'est pas la vague la

plus courte en termes de prix, comparée à la vague 1 ou 5 et la vague 4 ne chevauche pas le

range de la vague 2. Enfin, il est souligné que la théorie des vagues d'Elliott n'est pas un outil

de prise de décision. Il ne faut pas baser les décisions d'entrée ou de sortie sur les vagues

d'Elliott ou encore les nombres Fibonacci. Cette théorie ne sert ni plus, ni moins que de repère

de tendance.

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Titre II : Rapprochement entre analyse

technique et valorisation du

portefeuille

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1. Constitution, analyse et suivi d'un portefeuille

d'actions

1. La gestion de portefeuille et l'allocation stratégique des

actifs

La construction d’un portefeuille dépend étroitement des objectifs qui sont fixés au gérant. Il

peut s’agir d’essayer de générer le maximum de rentabilité possible quelle que soit l’évolution

des marchés, de répliquer l’évolution d’un indice boursier ou de sécuriser complètement la

valeur atteinte d’un portefeuille. La gestion du portefeuille peut être une gestion active ou une

gestion passive. L’objectif du gérant pratiquant une gestion active est d’essayer de générer des

performances sur la base de ses anticipations. Il peut s’agir de gestion active traditionnelle ou

de gestion alternative. La gestion passive au contraire ne repose pas sur l’exploitation

d’anticipations. Il s’agit soit de répliquer les mouvements du marché, la gestion indicielle, soit

de construire des portefeuilles dont le profil de gain peut certes dépendre de l’évolution du

marché mais qui est défini à l’avance, les fonds structurés. L’allocation stratégique réside

dans la définition de l’allocation type du portefeuille en fonction de l’horizon de placement et

de l’aversion au risque de l’investisseur, qui sont les paramètres clés. Afin de mesurer plus

facilement les performances du gérant, on peut définir un benchmark qui servira d’étalon.

L’allocation stratégique d’actifs repose principalement sur les principes de la théorie

financière communément admis par les gérants, notamment sur le fait qu’il existe une

hiérarchie des risques et des rentabilités des différentes classes d’actifs. Les actions sont plus

risquées, mais aussi plus rentables que les obligations et que les dettes à court terme, ainsi que

du principe selon lequel la combinaison des actifs entre eux et des classes d’actifs réduit le

risque du portefeuille.

2. Constitution d'un portefeuille

Pour constituer son portefeuille, il est primordial de procéder à l’allocation tactique avant

d’entamer le choix des valeurs. L’allocation tactique d’actifs consiste à déterminer la

pondération de chaque classe d’actif dans le portefeuille en tenant compte des contraintes et

objectifs définis lors de la phase stratégique. Le gestionnaire va surpondérer la part du

portefeuille investie dans les actifs pour lesquels il anticipe les rentabilités les plus élevées et

sous-pondérer la part investie dans les actifs pour lesquels ses attentes sont inférieures. La

qualité des anticipations du gérant est donc déterminante au succès de cette phase et il lui faut

disposer d’outils de market-timing. Malheureusement, il n’existe pas d’outils fiables issus de

la théorie financière pour l’aider dans ses décisions. Toutefois, on peut identifier trois

approches : l’approche fondamentale pure, l’approche fondamentale «tempérée» et l’analyse

technique. L’usage de l’analyse technique, qui nous intéresse ici, dans l’allocation tactique

suit les différentes approches présentées précédemment. Par ailleurs, le choix des valeurs est

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la dernière étape de la composition des portefeuilles dans une approche top-down. Trois

approches « pures » sont envisageables : l’approche fondamentale, l’approche par l’analyse

technique et l’approche quantitative. L’analyse technique : on l’utilise pour anticiper les

mouvements du marché dans la phase d’allocation tactique, mais elle peut aussi aider à la

sélection de valeurs. L’idée est la même. Il s’agit d’investir dans des valeurs et de les vendre

en se référant à des signaux chartistes. Le gestionnaire ne tient alors pas du tout compte de la

valeur fondamentale des titres mais uniquement de leurs mouvements attendus, la plupart du

temps à court terme. On utilise cette approche dans les salles de marché, mais très peu en

gestion collective. Elle a pour principal inconvénient de faire tourner très fréquemment les

titres dans le portefeuille, et donc de générer de substantiels frais de transaction. La

performance brute du portefeuille doit être élevée pour offrir une performance nette attractive.

3. L'analyse technique et suivi des valeurs du portefeuille

Tout comme pour le choix des valeurs, leur suivi se fait grâce aux mécanismes de l’analyse

technique. Celle-ci permet de déterminer s’il est opportun de garder le titre dans le

portefeuille ou de s’en désengager en fonction des signaux relatés. En effet, comme le décrit

si pertinemment Thierry Clément dans son livre Guide complet de l'analyse technique, il est

question de faire un diagnostic sur une valeur un comme un médecin qui effectue un

diagnostic sur l’état de santé d’un patient dont il a la charge: grâce à l’observation en continu

d’un certain nombre de résultats d’examens, il peut surveiller jour par jour l’amélioration ou

au contraire la dégradation de l’état de santé de celui-ci. Il ne peut jamais à coup sûr prévoir

que son patient va s’en sortir ou au contraire mourir, mais il sait, grâce à l’analyse

comparative des résultats de ces examens, que celui-ci est en train de se rétablir ou au

contraire de devenir plus malade. Avec l’analyse technique, il est donc question d’effectuer un

diagnostic sur l’état de santé du marché, et connaître ses chances de rétablissement ou au

contraire de rechute. Grâce à ce diagnostic, il est possible donc de l’accompagner dans ses

phases haussières ou le quitter dans ses phases baissières et développer ainsi une stratégie

«statistiquement gagnante», qui permettra en particulier de positionner les ordres d’achat et de

vente dans le temps de manière plus fiable et plus efficace. Il est conseillé pour gérer son

portefeuille de mener des analyses techniques de manière périodique et régulière, qui soient

adaptée à la position d’investissement et du titre en question. Il est préférable de commencer

l’analyse du marché par l’analyse détaillée de son indice phare. On peut ainsi se faire une idée

de la configuration technique globale du marché des actions, avant de passer à l’étude

individuelle action par action.

Il est ensuite judicieux d’effectuer une analyse des indices de secteur. Cette étude permet de

repérer les secteurs qui sont les mieux configurés techniquement et apporte donc une plus

grande sélectivité à l’étude. L’usage de l’analyse des secteurs industriels est complémentaire

et apportera à ceux qui l’utilisent une plus grande sélectivité dans le choix des valeurs et un

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moindre risque à l’achat: en choisissant des valeurs dans les secteurs les mieux configurés,

l’investisseur s’affranchit du risque lié au secteur. L’inconvénient de cette méthode est la

possibilité de manquer éventuellement des opportunités sur des valeurs individuelles très bien

configurées. Elle est par contre très utile à la vente. L’expérience montre en effet qu’il n’est

pas conseillé de conserver trop longtemps une valeur dans un secteur mal configuré, même si

celle-ci est bien configurée individuellement, car le secteur finit (presque) toujours par

contaminer la valeur individuelle: dans un premier temps la valeur commence par se

consolider, ce qui au regard des autres actions baissières du secteur lui donne une progression

relative croissante. Puis sous l’effet d’attraction des autres actions du même secteur, elle

commence à régresser, lentement d’abord, puis brutalement, cherchant à combler le retard de

baisse qu’elle avait accumulé jusqu’alors. Ensuite vient l’analyse des valeurs individuelles. Il

faut commencer par les valeurs sur lesquelles l’investisseur est déjà positionné et vérifier si

ces valeurs se comportent convenablement, si ce n’est pas le cas l’investisseur se doit de

prendre les décisions nécessaires pour solder sa position. Pour pouvoir solder sa position,

autrement dit vendre, il faut trouver le moment où la vendre. L’analyse technique offre à

l’investisseur qui l’utilise un moyen de se dégager du côté affectif de la décision en proposant

des règles objectives de vente applicables à tout moment et à toute action, indépendamment

de tout facteur subjectif. Pour vendre une position d’achat existante, il suffit qu’une mauvaise

configuration technique apparaisse sur le marché (son indice phare), sur l’indice de secteur,

ou sur le titre lui-même.

Une fois ce travail effectué, l’investisseur pourra procéder à la recherche de nouvelles

opportunités d’achat. Cette étape intervient lorsque des signaux d’achat apparaissent sur

l’indice phare de la place. Il faut ainsi immédiatement rechercher parmi les valeurs

disponibles sur le marché celles qui sont le mieux configurées techniquement en vue d’un

achat. Pour cela, il convient d’effectuer une analyse sur un ensemble suffisant de valeurs, à la

manière de celle menée sur l’indice. Il faut éviter de mener des analyses techniques sur des

marchés ou valeurs peu liquides car le manque de liquidité nuit à la fiabilité des signaux

techniques.

Par ailleurs, il faudra veiller à ce que la composition et la diversification du portefeuille

répondent à deux objectifs : permettre d’obtenir une meilleure performance que l’indice de

marché et ne pas trop exposer le portefeuille au risque «valeurs» et au risque «secteur».

Dans la même lignée de gestion de risque, l’utilisateur de l’analyse technique se doit d’avoir

la bonne attitude face aux événements extérieurs. Il existe un grand nombre d’événements

susceptibles d’impacter un marché, un secteur industriel ou une valeur: conflits armés,

attentats, conflits sociaux, rumeurs d’OPA, nouveaux marchés ou nouvelles technologies,

publications de bons ou de mauvais résultats... Ces événements ne peuvent être ignorés par un

investisseur responsable, surtout si ceux-ci font l’objet d’une couverture médiatique

importante. Il faut toutefois savoir pondérer ces événements et les restituer dans le contexte

psychologique du moment: l’effet d’une mauvaise nouvelle survenant dans une tendance

haussière bien établie où il y a un fort consensus haussier risque peut-être de conduire

simplement à une correction baissière mineure qui ne remettra pas en question la tendance

établie.

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2. Critique de l'analyse technique

L’analyse technique n’étant pas une science au vrai sens du terme - tout comme la

psychologie - est souvent décriée au profit de l’analyse fondamentale, voir même annihilée

par la théorie de la marche aléatoire. Certains la voient comme une science occulte tandis que

d’autres estiment qu’elle est auto-réalisée.

En effet, certaines méthodes sont considérées par certains comme ayant des fondements

ésotériques plus que scientifiques. C’est le cas de la théorie des vagues d’Elliott fondée sur le

nombre d’or. L’expression «nombre d’or» peut paraître ésotérique mais il n’en serait rien : Le

nombre d'or apparaît dans de nombreux exemples : de la suite l’étude de la reproduction des

lapins jusqu’à l’ordre des galaxies en passant par la croissance des végétaux. C’est aussi le cas

de la théorie des angles de Gann qui se base non seulement sur la géométrie mais aussi sur

l’astrologie pour prédire les mouvements du marché. D’autres pensent que si l’analyse

technique fonctionne, c’est qu’une majorité d’opérateurs y croient et qu’en cela, ils créeraient

les tendances qu’ils anticipent. Toutefois, pour que cette assertion soit valable, il faudrait que

la majorité des détenteurs de capitaux croient en l’analyse technique et que tous les analystes

techniques anticipent exactement la même chose au même moment. Or ceci est loin d’être

vrai. Un certain nombre d'opérateurs en bourse récusent la validité de l’analyse technique. De

plus, tous les analystes techniques n’ont pas forcément le même point de vue sur le marché à

un même moment (parce que tous n'ont pas le même horizon de placement ni la même

stratégie d'investissement, sans compter ceux qui se trompent). Par ailleurs, la théorie de la

marche au hasard du cours des actions qui a été identifiée en 1953 par Maurice Kendall et a

été notamment reprise dans le livre de Burton Malkiel «A Random Walk Down Wall Street»,

stipule, tout en se basant sur l’hypothèse de l’efficience de marché, qu’il est impossible de

prédire si une action va monter ou baisser dans la minute qui va suivre. Et suggère ainsi que

l’analyse technique est une perte de temps. Selon l’hypothèse de la marche aléatoire,

l’utilisation des cours de Bourse passés ne permet en rien de prévoir les cours de Bourse

futurs. A cette allégation, les praticiens citent Bergson qui disait que «le désordre est un ordre

auquel on ne s’attend pas», s’appuyant ainsi sur la théorie du Chaos. Cette phrase, les

analystes techniques l’appliquent aux marchés financiers puisqu’ils pensent que même si

l’étude brute d’un graphique donne une apparence d'évolution aléatoire, une étude détaillée

permet d’identifier des séquences qui se reproduisent dans le temps et qui donnent lieu

souvent à la même évolution à terme, ceci quel que soit le marché.

Enfin, il reste le débat confrontant l’analyse technique à l’analyse fondamentale notamment

sur les éléments déterminants de l’évolution du marché. L’analyse fondamentale essaie de

quantifier l’effet des statistiques et autres résultats d’entreprises ou économiques sur

l’évolution générale des marchés. L’analyse technique, quant à elle, sans nier l’effet qu’ont

les fondamentaux sur les marchés, pense qu’il suffit de considérer le marché en tant que tel

pour prévoir l’évolution des marchés. L’analyse technique prétend donc alors prendre en

compte non pas les fondamentaux mais l’état psychologique exact du marché qui se trouve

être quantifié par les variations de prix, de volumes et d'indicateurs techniques. Enfin il est

raisonnable de penser que ces deux types d'analyse puissent correspondre à des modes de

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trading particuliers. À titre d'exemple, l'analyse fondamentale semble ne pas être adaptée au

négoce d'options binaires en ce qu'il consiste à prédire l'évolution d'un actif sur le très court

terme, alors que l'analyse technique semble bien plus appropriée à ce type d'investissement.

Conclusion

En somme, il est évident que l’analyse technique dispose d’une réelle utilité. Si l’utilité

sociale et la réussite sur le long terme reviennent à l’analyse fondamentale, l’analyse

technique permet d’anticiper à court terme et sur ce point elle surpasse l’analyse fondamentale

qui cherche avant tout à trouver une explication aux variations. L’analyse technique, plus

pragmatique, permet de réaliser d’excellentes performantes sur un horizon temporel plus

restreint. Toujours décriée face à la prétendue supériorité scientifique de l’analyse

fondamentale, l’analyse graphique a pourtant beaucoup à apporter, en complément de

l’analyse financière, sectorielle et économique classique. Certes, les méthodes graphique ne

sont ni parfaites, ni infaillibles, mais elles permettent réellement de pallier certains manques

de l’analyse fondamentale. Le marché ne peut que difficilement être purement rationnel, car

constitué de tout ce qui nous fait humain. Nos peurs et nos doutes, notre cupidité, nos espoirs

et nos convictions. Il faut l’accepter : malgré leurs différences, l’analyse technique et

l’analyse fondamentale devront encore longtemps cohabiter pour tenir compte des deux

facettes de l’investisseur : juste et rationnelle à long terme, cupide et moutonnière à court

terme. Les marchés ne seront totalement efficients que le jour où nos biais cognitifs seront

éliminés…donc probablement pas d’ici demain.

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Bibliographie

- Guide complet de l’analyse technique - Thierry Clément

- Gestion de portefeuille et marchés financiers – P. Alphonse, G. Desmuliers, P.

Grandin, M. Levasseur

- Monnaie, banque et marchés financiers - Frederic Mishkin

- L'analyse technique, pilier historique du trading - Samuel Baron, directeur du

département d’économie à Cours Capitole

- Strike, Le magazine des warrants de la Commerzbank, numéro 37, mai 2004

- Cours du professeur Chekkouri

Webographie

http://www.morning-meeting.com

www.oblis.be/fr/school/

www.actufinance.fr/fusions-acquisitions/techniques-valorisation.html

http://www.tribuforex.fr

http://www.trading-school.eu

www.wikipedia.com

www.abcbourse.com

http://www.boursorama.com