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JEMMAL Sarah BASCUÑANA Céline Projet de recherche : Étude de l’activité transcriptionnelle des gènes var subtélomériques au niveau des pores nucléaires chez Plasmodium falciparum NIETO Laurence DEMANGE Pascal Année universitaire : 2006-2007

Projet de recherche : Étude de l’activité ... archives/23-2007genesVar.pdf · correcte des chromosomes. (Belgareh et al , Drummond et al . 2006 2001). Figure n°3 : Représentation

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JEMMAL Sarah

BASCUÑANA Céline

Projet de recherche :

Étude de l’activité transcriptionnelle

des gènes var subtélomériques au

niveau des pores nucléaires chez

Plasmodium falciparum

NIETO Laurence

DEMANGE Pascal Année universitaire : 2006-2007

2

Résumé

Notre projet de recherche consiste à étudier l’activité transcriptionnelle des gènes var

subtélomériques au niveau des pores nucléaires chez Plasmodium falciparum. Ces gènes

codent pour des protéines de surface responsables des variations antigéniques du parasite lui

permettant d’échapper au système immunitaire de l’hôte. Plasmodium falciparum est un

organisme eucaryote unicellulaire haploïde qui est un agent étiologique du paludisme qui

cause encore de nos jours plus d’un million de morts par an.

De telles études ont déjà été réalisées chez la levure à l’aide de techniques permettant

de mettre en évidence in situ la colocalisation d’un locus particulier avec les pores nucléaires.

Plusieurs étapes sont indispensables pour parvenir à ce résultat. Il faut, dans un premier

temps, marquer le locus du gène var avec une répétition d’opérateurs lac qui sera reconnue

par la protéine répresseur LacI fusionnée à la GFP. En parallèle, il faut marquer le pore

nucléaire et plus précisément une nucléoporine en la fusionnant à la BFP. Une fois ces

constructions réalisées, la colocalisation du locus d’intérêt et des pores nucléaires pourra être

visualisée au microscope à épifluorescence par la technique du FRET correspondant à un

transfert de fluorescence entre la BFP et la GFP et donc entre le pore nucléaire et le locus. Des

expériences utilisant différentes variantes du FISH permettront ensuite d’étudier l’état

transcriptionnel du gène var.

Cette étude des mécanismes de régulation des gènes var pourrait contribuer à la

recherche de cibles pour le développement de nouvelles thérapies anti-parasitaires.

3

Tables des abréviations

3C : Capture de la Conformation des Chromosomes

Blast : Basic Local Alignment Search Tool

bsd : blasticidine désaminase

BFP : Blue Fluorescent Protein

CAT : Chloramphénicol AcétylTransférase

CFP : Cyan Fluorescent Protein

CT : Territoire Chromosomique

CTD : Domaine CarboxyTerminal

DHFR : DiHydroFolate Réductase

FISH : Fluorescent In Situ Hybridization

FRET : Fluorescent Resonance Energy Transfer

GFP : Green Fluorescent Protein

HXK1 : hexokinase isoenzyme 1

IC : régions InterChromatiques

IC50 : Concentration Inhibitrice 50

NLS : Nuclear Localization Signal

NPC : Nuclear Pore Complexe

Nup : nucléoporine

PCR : Polymerase Chain Reaction

PfEMP1 : Plasmodium falciparum erythrocyte membrane protein 1

qRT-PCR : quantitative Real-Time Polymerase Chain Reaction

SIR : Silent Information Regulatory

TARE : Telomere Associated Repeat Elements

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Sommaire

Résumé ....................................................................................................................................... 2 Tables des abréviations .............................................................................................................. 3 Sommaire ................................................................................................................................... 4

I- INTRODUCTION....................................................................................................... 5 I.1- L’organisation nucléaire chez les eucaryotes..................................................... 5

I.1.1- Les territoires chromosomiques et les régions interchromatiques........................... 5 I.1.2- Les machineries de transcription .............................................................................. 6 I.1.3- Les pores nucléaires.................................................................................................. 7

I.2- Plasmodium falciparum et la famille de gènes var ........................................... 8

II- RÉSULTATS............................................................................................................. 11 II.1- Localisation in vivo de séquences d’ADN et visualisation de l’organisation de la chromatine à grande échelle en utilisant une reconnaissance répresseur/opérateur Lac. Robinett et al 1996. .............................................................................................................. 11 II.2- L’association au pore nucléaire confère des niveaux d’expression optimum pour un gène inductible de levure. Taddei et al 2006. ...................................................................... 12 II.3- La répression de l’hétérochromatine et le repositionnement de locus sont liés à la régulation de gènes de virulence chez Plasmodium falciparum. Duraisingh et al 2005. .... 15

III- PROJET DE RECHERCHE:............................................................................ 19 Étude de l’activité transcriptionnelle des gènes var subtélomériques au niveau des pores nucléaires chez Plasmodium falciparum.................................................................................. 19

III.1- Synthèse de la répétition en tandem d’opérateurs lac................................................. 20 III.2- Insertion dans un plasmide de cette répétition en amont d’un gène d’intérêt............. 20 III.3- Transfection stable de la séquence répétée en tandem d’opérateurs lac dans le génome de Plasmodium falciparum par recombinaison homologue................................................. 21 III.4- Expression transitoire de protéines de fusion ............................................................. 21

III.4.1- Répresseur-LacI-NLS-GFP.................................................................................. 21 III.4.2- Nucléoporine de Plasmodium falciparum ........................................................... 22

III.5- Expériences de FRET ................................................................................................. 22 III.6- Expériences de FISH................................................................................................... 23

IV- CONCLUSION ET PERSPECTIVES........................................................ 24

BIBLIOGRAPHIE......................................................................................................... 25

5

INTRODUCTION

I.1- L’organisation nucléaire chez les eucaryotes

Le cytoplasme est compartimenté en organites bien définis tels que l’appareil de golgi,

le réticulum endoplasmique, les mitochondries, les lysosomes, les peroxysomes qui sont

caractérisés par des fonctions bien précises. Contrairement au cytoplasme, le noyau ne

comporte pas de compartiments physiquement individualisés. Cependant, il existe des régions

nucléaires dédiées à certaines fonctions, la plus étudiée étant le nucléole. Le nucléole est un

composé d’une auto-agrégation des ADN codants pour les ARN ribosomiques auxquels

s’ajoutent un certain nombre de protéines qui interviennent dans ce processus.

I.1.1- Les territoires chromosomiques et les régions interchromatiques

Un autre constituant capital du noyau est la chromatine. Elle adopte une conformation

spécifique dans le temps et dans l’espace ce qui confère aux gènes un état transcriptionnel

plus ou moins actif. Des mécanismes épigénétiques tels que la méthylation de l’ADN, la

modification des histones et le remodelage de la chromatine participent à cette régulation des

gènes. Ainsi pour un gène, une colocalisation avec l’hétérochromatine péricentriolaire,

subtélomérique ou dans la périphérie nucléaire est généralement synonyme de répression alors

qu’une localisation plus interne dans le noyau (euchromatine) se traduit par une activité

transcriptionnelle.

L’ADN interphasique a longtemps été considéré comme un amas aléatoirement

disposé dans le noyau mais les techniques d’hybridations in situ par fluorescence (FISH) ont

pu permettre de visualiser une organisation territoriale particulière de l’ADN lors de

l’interphase. Le premier à suggérer une organisation territoriale des chromosomes est Boveri

en 1909. Dans les années 1980, Cremer et al. ont démontré, par des expériences de micro-

irradiations au laser UV, l’existence de structures spécifiques de chromatine : les territoires

chromosomiques (CT). La relation des gènes avec les territoires chromosomiques est

hautement corrélée à leur expression : les gènes actifs sont loin des CT, dans des régions

interchromatiques (IC), alors que les gènes inactifs se retrouvent au sein des CT ou à leur

surface.

En 1999, l’équipe de Croft a prouvé que deux chromosomes de tailles similaires ont

une position différente en fonction de leur contenance en gènes, en prenant l’exemple des

chromosomes 18 et 19. En effet, ils ont pu remarquer que le chromosome 18, pauvre en gènes

6

actifs, se retrouvait à la périphérie du noyau alors que le chromosome 19, riche en gènes

actifs, avait une position plus centrale.

I.1.2- Les machineries de transcription

Les ARN polymérases II peuvent être détectées par immunoFISH à l’aide d’anticorps

couplés à des fluorophores dirigés contre les ARN polymérases II en cours de transcription

c’est-à-dire hyperphosphorylées sur leur domaine carboxyterminal (CTD). Ainsi, il a pu être

mis en évidence que la transcription des gènes s’effectuait dans certaines zones nucléaires

restreintes où tous les éléments nécessaires (facteurs de transcription,…) sont réunis : il s’agit

des machineries de transcription.

L’équipe d’Osborne en 2004 a voulu mettre en évidence la colocalisation d’allèles

transcrits chez la souris en utilisant la technique des 3C ou Capture de la Conformation des

Chromosomes. Cette technique consiste à fixer des cellules dans le formaldéhyde ce qui

entraîne la formation de pontages, à digérer par une enzyme de restriction, à favoriser les

ligations intramoléculaires, à enlever les pontages précédemment formés et enfin à purifier

l’ADN avant de le détecter par PCR.

Territoires chromosomiques(CT)

Régions Interchromatiques

Figure n°1 : Représentation schématique de l’organisation territoriale nucléaire des chromosomes

Fraser et al. 2006.

Machinerie de transcription (regroupement des composants nécessaires

à la transcription)

Interactions régulatrices

Figure n°2 : Représentation de la méthodologie 3C : Étapes : Pontage au formaldéhyde ; digestion enzymatique ; ligation intramoléculaire ; réversion du pontage suivi détection des produis de ligation par PCR. NB : les astérisques montrent les sites de restriction nouvellement formés

Dekker et al,2002

7

Le principe de l’étude d’Osborne chez la souris était de détecter par PCR les produits

de ligation entre Hbb-b1, gène de la globine, et différents fragments de restriction dans deux

types cellulaires (cellules érythroïdes et cellules du cerveau). Le temps de fixation nécessaire

au pontage entre Hbb-b1 et le gène étudié corrélait en fait avec la fréquence d’expression de

ce gène sachant que Hbb-b1 est un gène hautement exprimé. Ces résultats appuient le modèle

d’association dynamique de gènes avec les machineries transcriptionnelles illustré par la

figure n°1.

I.1.3- Les pores nucléaires

Les pores nucléaires sont des structures macromoléculaires complexes ancrées dans

l’enveloppe nucléaire. C’est au niveau de ces structures, représentées sur la figure 3, que se

fait la totalité des échanges bidirectionnels entre le cytoplasme et le noyau dans les cellules

eucaryotes. Les études réalisées par l’équipe de Belgareh en 2001 ont permis de caractériser,

dans les cellules humaines, les différents constituants (nucléoporines) du complexe Nup107,

présent au niveau des pores nucléaires, déjà identifiés chez la levure S. pombe. Au cours de la

mitose, il y a désorganisation de ces

composants sous forme de sous-complexes

dispersés dans le nucléoplasme. Certaines

nucléoporines (Nup107 et Nup133) vont

alors s’associer aux kinétochores qui sont des

structures assemblées au niveau des

centromères permettant la fixation des

chromosomes aux microtubules. Ceci

pourrait permettre la régulation coordonnée

de deux processus essentiels du cycle

cellulaire : le désassemblage et la

restructuration de l’enveloppe et des pores

nucléaires en mitose et la ségrégation

correcte des chromosomes. (Belgareh et al,

2001).Drummond et al . 2006

Figure n°3 : Représentation schématique de l’organisation d’un pore nucléaire de vertébré Légende : schéma de dessus : filament interne , filament cytoplasmique, particule cytoplasmique, anneaux « thin », « star », « spoke » ,canal transporteur central ; schéma de dessous : anneau nucléoplasmique, filament interne, filament du panier, anneau distal.

8

Il a également été montré que l’association de gènes à ces complexes de pores

nucléaires entraîne leur transcription (Casolari et al. 2004).

I.2- Plasmodium falciparum et la famille de gènes var

Plasmodium falciparum est l’agent étiologique du paludisme. Son invasion est initiée

par une interaction avec la cellule hôte par l’intermédiaire de protéines de surface. Il se

développe de façon indépendante dans le globule rouge et modifie cette cellule de sorte à en

tirer ses nutriments. C’est un parasite unicellulaire et haploïde. Sa caractéristique majeure est

d’être constamment capable de varier son expression génique pour produire des formes

phénotypiques différentes et ainsi contourner les réponses immunitaires de l’hôte. Le

séquençage du génome de Plasmodium falciparum achevé en 2002 (Gardner et al, 2002).

constitue un intérêt majeur de l’utilisation de cet organisme dans les études. Le génome du

clone 3D7 de Plasmodium falciparum est composé de 22,8 mégabases (Mb) réparties en 14

chromosomes dont la taille varie de 0,643 à 3,29Mb. La composition en nucléotides présente

une forte richesse en adénines (A) et en thymines (T), en moyenne de 80,6% du génome voire

plus de 90% pour les régions intergéniques et les introns. La taille moyenne des gènes de

Plasmodium falciparum est de 2300 pb sans les introns présents à 54%. Plasmodium

falciparum possède une machinerie typique des eucaryotes capable d’engendrer les

modifications et le remodelage de la chromatine pour contrôler la régulation

transcriptionnelle.

Des aperçus de la fonction des regroupements de télomères en « clusters » sont fournis

par des pathogènes tels que Plasmodium falciparum, Trypanosoma brucei, ou Candida

glabrata. Chez Plasmodium falciparum notamment, les télomères sont groupés au niveau de

l’enveloppe nucléaire, comme chez la levure de bière. De plus, les protéines de la levure SIR

(Silent Information Regulatory) orthologues ont été identifiées chez Plasmodium falciparum

augmentant la probabilité d’avoir des voies conservées de regroupements et d’ancrage de

télomères. Dans ce pathogène, le regroupement des télomères est clairement lié à sa virulence.

Cela implique des mécanismes épigénétiques d’exclusion allélique pour permettre une

variation antigénique des protéines de surface. Ces protéines de surface, Plasmodium

falciparum erythrocyte membrane protein 1, PfEMP1, sont codées par une famille de gènes,

appelés var, et jouent un rôle dans l’adhésion aux cellules hôtes. Il existe cinquante neuf

copies de gènes var dans le génome mais seule une copie est active au niveau transcriptionnel,

toutes les autres étant réprimées.

9

Ces gènes var représentent une grande partie des gènes situés à proximité des

télomères dans les régions subtélomériques des 14 chromosomes de Plasmodium falciparum

plus précisément localisés en aval de la séquence TARE6 (Telomere Associated Repeat

Elements). Ces séquences sont voisines des gènes rifin et stevor et aussi des gènes var

supplémentaires (cf. Figure n°4).

Figure n°4 :Modèle d’organisation des chromosomes chez Plasmodium falciparum

Légende : (a) Génome haploïde organisé en 14 chromosomes linéaires. Chaque chromosome est composé d’une région interne dans laquelle les gènes de ménage sont localisés et d’une extrémité chromosomique montrant une haute organisation de l’ADN commune à tous les chromosomes. (b) L’extrémité du bras gauche du chromosome 3 est schématiquement représenté comme un exemple d’organisation d’extrémité chromosomique.

Le regroupement des différents gènes var au niveau de foci, correspondant aux foci de

télomères permet d’accroître l’efficacité de recombinaison entre de tels gènes, augmentant

ainsi la virulence du parasite.

Figure n°5 : Modèle schématique du cluster de télomères de Plasmodium falciparum

Ce modèle est déterminé par l’alignement physique de régions subtélomériques hétérologues dans lesquelles le

taux de recombinaison augmente.

Scherf et al 2001

Scherf et al 2001

10

En 2002, Figueiredo et son équipe ont montré que le regroupement des télomères de

Plasmodium falciparum dépendait d’éléments subtélomériques répétés.

Les gènes var sont contrôlés par trois principaux types de promoteur définis comme

upsA, B et C (Gardner et al, 2002). Les gènes régulés par les promoteurs upsA et upsB sont

généralement localisés dans les régions subtélomériques mais parfois certains sont présents

dans les régions centrales. Les promoteurs des gènes var type upsC sont exclusivement

retrouvés dans les clusters des chromosomes centraux.

11

II- RÉSULTATS

II.1 - Localisation in vivo de séquences d’ADN et visualisation de l’organisation de la

chromatine à grande échelle en utilisant une reconnaissance répresseur/opérateur Lac.

Robinett et al 1996.

Robinett et son équipe en 1996 ont développé une nouvelle méthode de localisation in

situ de séquences d’ADN qui permet d’effectuer des observations directes in vivo tout en

préservant l’ultrastructure chromosomique et nucléaire. Cette méthode est basée sur la

reconnaissance d’une séquence répétée en tandem de 256 opérateurs lac qui est ajoutée au

vecteur utilisé pour la transfection comme le montre la figure n°6. Cette reconnaissance se fait

par le répresseur Lac I étiqueté à la GFP à l’aide d’un microscope à épifluorescence.

Figure n°6 : Construction d’une répétition d’opérateurs lac dans un vecteur

Légende : E1, E2 et E3 sont trois enzymes de restriction différentes. Les extrémités générées par E1 et E3 sont compatibles.

Dans son étude, Robinett a utilisé comme enzyme Sal I pour E1, Bam HI pour E2 et Xho I pour E3 ; le plasmide utilisé est

dérivé de pUC18. Plasmide Lacop*1= plasmide avec une seule copie de l’opérateur lac ; Lacop*2 = plasmide avec 2 copies de

l’opérateur lac. Au bout de n cycles on obtient 2n copies d’opérateurs lac dans le plasmide.

Dans cette méthode, une unité de base est construite et contient l’opérateur lac ainsi

que trois sites de restriction correspondant à trois enzymes de restriction différentes. Cette

unité va être insérée dans un plasmide préalablement digéré par Sal I et Bam HI. Ce plasmide

nouvellement formé va subir de nouvelles digestions : celle par Sal I et Bam HI va permettre

Plasmidelacop

*1Ligation

E1 E2E3

Digestion par E1 et E2Digestion par E2 et E3

Plasmide

lacop*1

Plasmidelacop

*2

Ligation

*

Opérateur lac = unité de base

E1 E2E3

Plasmide digéré

par E1 et E2

n fois

���� 2n copies de lacop

Plasmidelacop

*1Ligation Plasmide

lacop*1

Ligation Plasmidelacop

*1Ligation

E1 E2E3

Digestion par E1 et E2Digestion par E2 et E3

Plasmide

lacop*1

Plasmidelacop

*2

Ligation

*

Opérateur lac = unité de base

E1 E2E3

Plasmide digéré

par E1 et E2

n fois

���� 2n copies de lacop

E1 E2E3

Digestion par E1 et E2Digestion par E2 et E3

Plasmide

lacop*1

E1 E2E3

Digestion par E1 et E2Digestion par E2 et E3

Plasmide

lacop*1

Plasmide

lacop*1

Plasmidelacop

*2

Ligation

*Plasmidelacop

*2

Ligation

Plasmidelacop

*2

Ligation

*

Opérateur lac = unité de base

E1 E2E3

Plasmide digéré

par E1 et E2

n fois

���� 2n copies de lacop

Opérateur lac = unité de base

E1 E2E3

Plasmide digéré

par E1 et E2

Opérateur lac = unité de base

E1 E2E3

Plasmide digéré

par E1 et E2

Plasmide digéré

par E1 et E2

n fois

���� 2n copies de lacop

n fois

���� 2n copies de lacop

12

de fournir des unités de base tandis que celle par Bam HI et Xho I va permettre une nouvelle

insertion d’une unité de base. Les extrémités générées par Sal I et Xho I étant compatibles, on

va avoir insertion de l’unité de base sans formation d’un site de restriction. Grâce à cela, on va

pouvoir renouveler huit fois les étapes de digestion et insertion et ainsi obtenir une séquence

répétée en tandem de 256 (28) opérateurs lac sur notre vecteur de départ. Cette séquence va

être reconnue par le répresseur lac qui est fusionné à la protéine GFP ou Green Fluorescent

Protein pour pouvoir être détecté par microscopie à épifluorescence comme l’illustre la figure

n°7. Ainsi on va localiser notre gène d’intérêt puisque celui-ci est positionné en aval de la

répétition.

Figure n°7 : Localisation d’un gène d’intérêt par la protéine de fusion répresseur LacI/GFP

Plusieurs applications de cette technique ont été testées par Robinett. Ainsi des copies

simples et multiples du vecteur intégré ont pu être détectées dans les cellules d’ovaire de

hamster (CHO) vivantes avant amplification du gène d’intérêt. De plus, la détection d’une

seule répétition de 256 opérateurs Lac et sa stabilité pendant la mitose ont été démontrées par

son insertion ciblée dans le génome de levures de bière par recombinaison homologue.

II.2- L’association au pore nucléaire confère des niveaux d’expression optimum pour un

gène inductible de levure. Taddei et al 2006.

Cette technique basée sur la reconnaissance répresseur/opérateur lac a également été

utilisée en 2006 par l’équipe de Taddei pour localiser un gène subtélomérique de levure de

bière. En effet, plusieurs études ont montré que les changements dans l’organisation

tridimensionnelle du génome s’accompagne de changements dans l’expression des gènes.

Chez la levure, la chromatine transcriptionnellement silencieuse, incluant notamment les

Gène d’intérêtRépétition de 256

opérateurs lac

exon exonexon

Protéine de fusion LacI répresseur/ GFP

Gène d’intérêtRépétition de 256

opérateurs lac

exon exonexon

Protéine de fusion LacI répresseur/ GFP

13

télomères, se lie à l’enveloppe nucléaire alors que la transcription de certains gènes a lieu à

cette même périphérie nucléaire. Selon une hypothèse, la « gene gating hypothesis » de

Blobel , le gène serait capturé par le pore nucléaire où il se ferait transcrire permettant ainsi un

export rapide vers le cytoplasme de ces transcrits. L’équipe de Taddei s’est donc intéressé au

positionnement périnucléaire des gènes et plus particulièrement aux niveaux d’expression

qu’il entraînait. Leur étude a consisté à tester si l’activation transcriptionnelle d’un gène

subtélomérique de levure de bière, HXK1 ou hexokinase isoenzyme 1, conduisait à sa

relocalisation aux pores nucléaires. Pour cela, ils ont utilisé la technique de Robinett en

insérant en amont du promoteur de HXK1 une répétition d’opérateurs lac. Parallèlement, ils

ont exprimé des protéines de fusion dans les levures de bière : une protéine répresseur lacI-

GFP afin de suivre le positionnement du gène HXK1 comme expliqué précédemment et une

nucléoporine, la Nup49, étiquetté avec la GFP afin de localiser les pores nucléaires et donc

visualiser la périphérie nucléaire comme le montre la figure n°8.

Figure n°8 : Localisation du gène HXK1 à la périphérie nucléaire en absence de glucose

a. Les cellules de levures exprimant les protéines GFP-LacI et GFP-Nup49 sont étiquetées avec une répétition de 256 opérateurs lac en amont de HXK1. La distribution du locus HXK1 est suivie en calculant sa position relative par rapport à la périphérie nucléaire caractérisée par la zone 1. Barre d’échelle, 1µm. Chr, chromosome. Tel6R, télomère 6. b. Représentation graphique du nombre de taches dans la zone 1 pour des souches portant une répétition lacop proche de HXK1 (dont la transcription est induite en absence de glucose) ou de PES4 (contrôle dont la transcription est insensible au galactose) et étant cultivé dans un milieu contenant du glucose (Glu) ou du galactose (Gal). Valeur P provient d’un test proportionnel de comparaison et indique la distribution. n, nombre de cellules en interphase comptées.

Si on divise la cellule en trois zones, une distribution aléatoire du gène HXK1 dans le

noyau correspond à un pourcentage dans la zone 1, représentant la périphérie nucléaire, de

33%. Cependant on peut remarquer sur la figure n°8b que HXK1 est présent à 85% en

périphérie nucléaire lorsqu’il est activé transcriptionnellement c’est-à-dire en absence de

14

glucose. Des expériences complémentaires mesurant le niveau d’expression du gène par

analyse de ces transcrits par qRT-PCR confirment cette observation et amènent donc à

affirmer que l’ancrage du gène HXK1 à la périphérie nucléaire est induite par l’activation du

gène.

A partir de ces premiers résultats Taddei a cherché à savoir si l’ancrage du gène à la

périphérie nucléaire se faisait au niveau de complexes de pores nucléaires (NPC). Elle a pour

cela utilisé une souche délétée de Nup133 dans laquelle le regroupement des pores nucléaires

est étiqueté avec la CFP (Cyan Fluorescent Protein). Les résultats de son expérience sont

présentés en figure n°9.

Figure n°9 : Colocalisation de HXK1 avec les pores nucléaires en absence de glucose

a. Sections confocales équatoriales déconvoluées de noyaux provenant de cellules, cultivées avec du glucose ou du galactose, sauvages (WT) ou nup133∆, dans lesquelles HXK1 étiqueté GFP apparaît vert et les NPC apparaissent rouges (CFP-Nup49). Barre d’échelle, 1µm. NE, enveloppe nucléaire. b. Quantification des colocalisations de HXK1 sur Nup49. Valeur P provient d’un test proportionnel de comparaison. n, nombre de cellules comptées.

La fréquence d’une complète superposition entre HXK1, visible grâce à la GFP, et le

signal du pore (CFP) est calculée dans des conditions de répression (Glu) et d’induction (Gal)

du gène. Quand il y a répression, on observe très peu de superposition (4%) alors que dans des

conditions d’induction, cette colocalisation est multipliée d’un facteur quatre. Les auteurs

expliquent que cette faible valeur de colocalisation (17%) est due à la mobilité constante de la

chromatine. Ils déduisent donc de cette expérience que le gène activé transcriptionnellement

vient s’ancrer au niveau des pores nucléaires.

a b

15

Pour vérifier que l’association à l’enveloppe nucléaire du gène HXK1 activé est bien

caractéristique d’une transcription active, ils induisent HXK1 d’une autre façon. Les

expériences qu’ils mènent montrent que l’association stable aux NPC n’est pas absolument

nécessaire pour la transcription chez la levure. Ils cherchent alors à déterminer si l’association

aux pores qu’ils observent est nécessaire pour des niveaux élevés de transcription en analysant

les niveaux de transcrits et la position du gène pour les deux méthodes d’induction du gène

HXK1. Ils montrent alors que la deuxième technique d’induction présentée annule le niveau

normal d’expression de HXK1 induite par la première méthode, l’induction au galactose. Ils

proposent donc que l’association de HXK1 aux pores nucléaires est nécessaire pour une

expression maximale. En améliorant l’ancrage du gène aux pores nucléaires, les auteurs

montrent en effet une augmentation de l’activation de HXK1 par le galactose ce qui confirme

la proposition formulée précédemment.

Cette technique a permis à Taddei et al d’affirmer que les différents modes

d’activation d’un gène peuvent conduire à des positions nucléaires différentes et de proposer

que la position nucléaire a un rôle actif dans la détermination du niveau d’expression optimal

d’un gène chez la levure.

II.3- La répression de l’hétérochromatine et le repositionnement de locus sont liés à la

régulation de gènes de virulence chez Plasmodium falciparum. Duraisingh et al 2005.

Pour aborder la régulation périnucléaire de gènes subtélomériques de virulence chez

Plasmodium falciparum, Duraisingh et al insèrent le gène de la dihydrofolate réductase

humaine (hDHFR) dans la région TARE6 du chromosome 3 (cf. Figure n°4). Ils démontrent

que l’expression de ce gène marqueur aussi bien que celles des gènes var endogènes sont

épigénétiquement contrôlés et que le repositionnement de locus et la structure de la

chromatine jouent un rôle dans la répression et l’activation de ces gènes chez Plasmodium

falciparum.

Pour insérer un marqueur de transcription dans le subtélomère Rep20 du chromosome

3, ils transfectent les parasites Plasmodium falciparum (3D7) avec un plasmide pHdhfr, sous

contrôle d’un promoteur calmoduline, contenant le gène hDHFR humain codant pour la

résistance à une drogue, l’antifolate (WR99210). Le plasmide pHdhfr inclut 506 pb de la

région Rep20, pour permettre l’intégration homologue dans le subtélomère du chromosome 3,

et la séquence CAT (Chloramphénicol AcétylTransférase) comme cible pour l’hybridation in

situ par fluorescence :

16

Figure n°10 : Structure du subtélomère du chromosome3 de Plasmodium falciparum et intégration de

hDHFR.

Légende : La structure conservée du subtélomère du chromosome de Plasmodium falciparum est montrée. La région noire à gauche est le télomère. TARE6 correspond à la région Rep20. Le gène var sur le chromosome 3 (PF0005w) est représenté par la flèche noire. Le plasmide pHdhfr est présenté et contient Rep20 comme cible pour l’intégration. Les sites d’enzymes de restriction sont : H, HindIII ; M, MseI ; B, BsaAI ; S, StuI ; A, AatI ; X, XbaI . La structure d’intégration est montrée (2 copies du plasmide sont insérées 3.3kb en amont de l’ATG du gène var.

Les parasites transfectés sont sélectionnés sur WR pour obtenir des lignées 3D7/H

avec l’intégration de pHdhfr proche du gène var. Des expériences d’électrophorèse en champ

pulsé et de Southern blot permettent de confirmer l’intégration de la structure.

Pour déterminer si le gène hDHFR maintient une activité transcriptionnelle sans la

sélection (drogue WR), les lignées de parasites transfectées sont clonées et poussent sur 50

générations en absence de WR pour obtenir des lignées 3D7/Hc1. Après détermination des

IC50 pour la drogue sur les populations, ils considèrent qu’approximativement 40% de la

population ont un gène hDHFR silencieux ou inactivé et que la localisation subtélomérique

peut être importante pour cet état transcriptionnel.

Ils ont pu démontrer que le transgène subtélomérique hDHFR est réversiblement

silencieux. En analysant la sensibilité d’une dizaine de clones à la drogue par RT-PCR, ils ont

montré que hDHFR est transcrit dans les lignées résistantes au WR mais pas dans les

parasites sensibles. De plus, ils ont montré que les lignées sensibles pouvaient intégrer le gène

hDHFR et le transcrire après sur une nouvelle exposition à la drogue.

Dans cette étude, ils ont mis en évidence par des expériences de digestion de la

chromatine native avec une nucléase micrococcale (MNAse) que la répression (tout comme

l’activation) est associée à des altérations de la structure de la chromatine « locale » et à la

fonction de PfSir2.

Pour tester si hDHFR occupe une position spatiale différente au sein du noyau de

Plasmodium falciparum en fonction de son état (actif ou silencieux), ils emploient la

17

Figure n°12 :Position nucléaire de hDHFR à l’extrémité du chromosome 3 par rapport à

l’épisome pBsd/Rep20

Analyse FISH de 3D7/Hc1.3+/pB et 3D7/Hc1.3/pB respectivement Chr3Lactif et Chr3L silencieux. Images d’épifluorescence de noyaux colorés au DAPI et hybridé avec pGem(Rouge) pour identifier à la fis l’ »pisome pBsd/Rep20 et le hDHFR et CAT (vert) pour identifier la position de hDHFR intégré dans le chromosome 3 seulement.

technique du FISH. Pour fournir un marqueur de l’activation de cluster de chromosome

périphérique, ils génèrent un plasmide pBsd/Rep20(cf. Figure n°11) qui porte le gène de la

blasticidine désaminase (bsd) conférant une résistance à la blasticidine S, Rep20 pour assurer

l’association de l’épisome au cluster de chromosome à la périphérie nucléaire, et le gène de la

luciférase (lux) comme sonde.

Figure n°11 : Schéma du plasmide pBsd/Rep20

Légende : Le gène bsd (rouge) est sous le contrôle du promoteur hsp86 (bleu) et flanqué d’un terminateur dhfr de P. bergei (PbDt3’ ; vert). Le gène de la luciférase (jaune) est intégrée comme cible d’hybridation.

L’hybridation avec pGem détecte le gène hDHFR intégré dans le chromosome 3 dans

tous les clones transfectés. Chez Plasmodium falciparum, les épisomes contenant Rep20

s’associent physiquement avec les clusters de chromosomes localisés en périphérie, un

procédé qui permet la répartition des plasmides durant la mitose. Comme les parasites

transfectés avec le plasmide pBsd/Rep20 ont poussé sur blasticidine S le gène bsd doit être

exprimé et le plasmide contenu au sein de la région transcriptionnellement active. De plus, ce

plasmide sert de marqueur de domaines transcriptionnellement actifs à la périphérie nucléaire.

Pour déterminer si la transcription périnucléaire chez Plasmodium falciparum est restreinte à

des zones, les auteurs réalisent un FISH sur les lignées blasticidine S résistantes hDHFR actif

et hDHFR silencieux respectivement 3D7/Hc1.3+/pB et 3D7/Hc1.3/pB.

18

Ils emploient le FISH à deux couleurs utilisant le gène cat (vert) qui détecte

spécifiquement le hDHFR subtélomérique sur le chromosome 3 et le plasmide (rouge) pour

détecter les deux c’est-à-dire le locus du transgène hDHFR et l’épisome (cf. Figure n°12).

Si la présence d’une sous population parasite dans 3D7/Hc1.3/pB avec un hDHFR

activé est pris en compte (50% approximativement), on pourrait s’attendre à ce que ce gène

puisse colocaliser avec le plasmide pBsd/Rep20 soit en raison de l’intégration, soit en raison

d’une association physique avec la région transcriptionnellement active, ces résultats

deviennent hautement significatifs. Cela suggèrent que chez Plasmodium falciparum, les loci

subtélomériques transcriptionnellement actifs et silencieux occupent différentes localisations

périnucléaires. Finalement , ils proposent le modèle de régulation suivant :

Légende :

À gauche : Dans les noyaux avec hDHFR, Chr3L est séparé de l’épisome périnucléaire transcriptionnellement actif dans les clusters attachés à la membrane nucléaire (MN). La formation de cluster, médiée par les TAREs apparaît impliquée dans le pontage de Rep20. Étant donné que dans la chromatine native le promoteur devant le gène hDHFR est moins accessible à la nucléase miccrococale, il est probable que l’extrémité Chr3L silencieux soit empaquetée dans l’hétérochromatine (repésentée par les chromosomes « ondulés »). Ici, le plasmide BSD actif transcriptionnellement s’attache à la séquence Rep20 d’un autre chromosome qui se situe dans un sous compartiment périphérique transcriptionnellement actif. À droite : Suivant l’activation de la transcription du gène hDHFR par la sélection WR, le Chr3L transcriptionnellement actif et le plasmide épisomique colocalisent. Chr3L se relocaliserait dans un sous compartiment transcriptionnellement actif, occupé par le plasmide épisomique. De plus, l’accessibilité augmentée aux endonucléases suggèrent qu e le promoteur est dans une conformation plus ouverte. Il est important de remarquer que le gène var voisin n’est pas activé à ce moment, en accord avec les niveaux supplémentaires de régulation transcriptionnelle ( i.e. la répression coopérative intron-promoteur).

Figure n°13 : Modèle de repositionnement de locus et de répression de gène pour la région subtélomérique

des chromosomes chez P. falciparum.

19

III- PROJET DE RECHERCHE:

Étude de l’activité transcriptionnelle des gènes var subtélomériques au

niveau des pores nucléaires chez Plasmodium falciparum

Les "clusters" de télomères de Plasmodium falciparum sont à l'origine des variations

antigéniques des protéines de surface qui permettent l'échappement aux réponses

immunitaires de l'hôte. En effet, ces clusters favorisent les événements de recombinaison

entre les gènes qui codent pour ces protéines de surface. Les télomères de Plasmodium

falciparum peuvent être considérés comme le talon d'achille du pathogène car leur

perturbation empêcherait les mécanismes de variations antigéniques et donc le pathogène

serait plus vulnérable. C'est pourquoi il est intéressant de se pencher sur les mécanismes de

régulations des gènes var qui peuvent constituer une cible pour le développement de

nouvelles thérapies anti-parasitaires.

Au moyen des techniques utilisées par Taddei, nous allons étudié l’activité

transcriptionnelle des gènes var en fonction de leur localisation dans le noyau. Pour

approfondir les résultats obtenus par Duraisingh, nous avons voulu étudier l’implication des

pores nucléaires dans l’activité transcriptionnelle d’un gène var.

Dans un premier temps, nous allons devoir intégrer une répétition en tandem

d’opérateurs lac en amont d’un gène var par transfection stable au sein du génome de

Plasmodium falciparum. Pour suivre la localisation nucléaire de cette répétition et donc du

locus d’intérêt, nous allons produire la protéine de fusion répresseur LacI/GFP. Parallèlement,

nous allons produire une nucléoporine de Plasmodium falciparum fusionnée avec la BFP ou

Blue Fluorescent Protein afin de détecter la localisation des pores nucléaires. Ainsi, cette

technique pourra mettre en évidence une éventuelle colocalisation entre notre locus d’intérêt

et les pores nucléaires. Cette colocalisation pourrait être confirmée par des expériences de

FRET (Fluorescent Resonance Energy Transfer). Pour élargir cette étude, différentes

variantes de la technique du FISH pourront être utilisées dans le but de contrôler l’état

transcriptionnel du gène d’intérêt.

20

III.1- Synthèse de la répétition en tandem d’opérateurs lac

La technique utilisée pour construire la répétition en tandem des 256 opérateurs lac est

celle décrite par Robinett et illustrée par la figure n°6. Il faudra donc se procurer le plasmide

utilisé par Robinett qui contient cette séquence.

III.2- Insertion dans un plasmide de cette répétition en amont d’un gène d’intérêt

L’insertion de la répétition en tandem des 256 opérateurs lac dans le chromosome 3 de

Plasmodium falciparum va se faire par recombinaison homologue en amont du gène var

d’intérêt. Pour cela, il faut avoir une région d’homologie entre le plasmide et la région du

chromosome 3 afin de cibler l’intégration : il s’agit de la séquence Rep20. Le plasmide utilisé

par Duraisingh et al en 2005 comporte ces caractéristiques (cf. Figure n°14). Il suffirait donc

de demander à leur équipe de nous fournir le plasmide et de procéder à quelques

modifications pour effectuer nos expériences. En effet, la séquence lacop*256 présente sur le

plasmide de Robinett doit être intégrée dans le plasmide pHdhfr pour obtenir le plasmide

pHdhfr- lacop*256. Cela peut se faire par digestion enzymatique en utilisant l’enzyme MseI,

ainsi la séquence lacop*256 se retrouvera en amont de la séquence CAT. Si l’intégration au

génome ne se fait pas correctement (en raison d’une taille de l’insert trop importante), on

pourra envisager de retirer le gène CAT.

Une fois cette intégration réalisée, la reconnaissance de la séquence lacop*256 et donc

du locus d’intérêt se fera par une protéine de fusion répresseur LacI-NLS-GFP comme

l’illustre la figure n°7.

Figure 14 : Plasmide pHdhfr Légende : Le plasmide pHdhfr est présenté et contient Rep20 comme cible pour l’intégration, le gène hDHFR humain codant pour la résistance à une drogue (WR99210), la séquence CAT chloramphénicol acétyltransférase comme cible pour l’hybridation in situ par fluorescence Les sites d’enzymes de restriction sont : H, HindIII ; M, MseI ; B, BsaAI ; S, StuI ; A, AatI ; X, XbaI .

21

III.3- Transfection stable de la séquence répétée en tandem d’opérateurs lac dans le

génome de Plasmodium falciparum par recombinaison homologue

Le fait que le génome de Plasmodium falciparum soit haploïde facilite cette

manipulation. En effet, avec un génome diploïde on peut augmenter l’efficacité de

recombinaison par augmentation de la pression de sélection ce qui favorise les événements de

crossing-over inégaux et peut ainsi contribuer au fait que plusieurs copies s’intègrent dans le

génome. Ici, on souhaite intégrer au génome une seule copie de la répétition d’opérateurs lac

pour localiser le locus d’intérêt. Cependant les expériences de Duraisingh montrent qu’ils ont

obtenus plusieurs insertions de leur plasmide. Afin d’éviter cela, on pourra procéder à une

numération cellulaire dans le but d’effectuer une dilution clonale, c’est à dire dans des

conditions telles qu’on se retrouve avec zéro ou une cellule après dilution. Cette dilution sera

réalisée après la transfection du plasmide pHdhfr-lacop*256 juste avant d’appliquer la

sélection. Ainsi, la population obtenue ne proviendra que d’une seule cellule et donc toutes les

cellules de la lignées seront identiques.

La lignée de Plasmodium falciparum employée sera la lignée 3D7 qui a été utilisée par

l’équipe de Duraisingh en 2005. Les transfections de plasmide dans les cellules 3D7 se feront

par électroporation (Wu et al. 1995) comme pour l’équipe de Duraisingh. Des expériences

d’électrophorèse en champ pulsé et de Southern blot permettront de confirmer l’intégration de

la structure(Duraisingh et al, 2005).

III.4- Expression transitoire de protéines de fusion

III.4.1- Répresseur-LacI-NLS-GFP

La protéine nécessaire à la détection de la répétition en tandem d’opérateurs lac est la

protéine de fusion GFP-répresseur LacI. Robinett et son équipe en 1996 ont déjà produit une

telle protéine qui comporte un signal de localisation nucléaire de SV40. Nous pourrions nous

procurer le vecteur qu’ils ont utilisés. Le point de essentiel de la production de cette protéine

de fusion répresseur LacI-NLS-GFP pour une détection convenable de la répétition en tandem

d’opérateurs lac est la quantité de protéines de fusion au sein du noyau. En effet, il faut se

mettre dans des conditions où tous les répresseurs LacI-NLS-GFP se fixent uniquement au

niveau de la répétition d’opérateurs lac pour éviter qu’il y ait émission de fluorescence non

22

spécifique du locus. Le promoteur en amont du gène ne doit donc pas être un promoteur très

fort.

III.4.2- Nucléoporine de Plasmodium falciparum

La production d’une nucléoporine permettra de localiser les pores nucléaires de

Plasmodium falciparum et ainsi de voir s’il y a une colocalisation entre ces pores et notre

gène d’intérêt var. Afin de trouver des protéines de pores nucléaires accessibles de

Plasmodium falciparum, nous allons effectuer un BLASTP (Basic Local Alignment Search

Tool Proteic) de la séquence protéique de Nup49, la nucléoporine de levure utilisée dans les

expériences de Taddei, contre le protéome de Plasmodium falciparum. Une autre alternative

serait de déterminer une séquence consensus de nucléoporine de levure et une séquence

consensus de nucléoporine de mammifères dans le but de procéder à un BLASTP de cette

séquence contre le protéome de Plasmodium falciparum. Cette deuxième possibilité semble

plus plausible étant donné qu’elle tient compte d’un plus grand nombre de protéines.

De plus, le séquençage du génome de cet organisme achevé en 2002 se révèle être un

outil intéressant. Effectivement, si une nucléoporine a été annotée, on pourrait l’utiliser mais

il faudrait auparavant vérifier que celle-ci soit bien accessible au niveau du pore nucléaire.

Une fois la séquence de la nucléoporine d’intérêt déterminée, il faudra la cloner dans

un vecteur qui permettra de produire la protéine en fusion à la BFP. Qbiogen commercialise

ce type de vecteur contenant des promoteurs plus ou moins forts. Un paramètre essentiel est à

prendre en considération pour la suite de la démarche expérimentale. Il faut avoir une idée du

nombre de nucléoporines présentes dans le complexe du pore nucléaire. En effet, plus le

nombre sera important, plus le signal de fluorescence générée par la BFP sera amplifié.

III.5- Expériences de FRET

Pour mettre en évidence la colocalisation entre le locus d’intérêt et les nucléoporines,

la technique de choix est le FRET. En effet, cela permet de mettre en évidence la proximité de

deux molécules. Dans notre projet, le gène d’intérêt est détecté grâce à la GFP et les

nucléoporine grâce à la BFP. On peut donc utiliser les propriétés (longueur d’onde

d’excitation et longueur d’onde d’émission) de ces deux protéines fluorescentes pour mettre

en évidence un transfert d’énergie révélant la proximité des deux protéines.

23

Ici, on excitera nos préparations cellulaires à la longueur d’onde d’excitation de la

BFP et on mesurera l’intensité de fluorescence émise à la longueur d’onde d’émission de la

GFP comme le montre la figure n°15.

BFP GFP

λ émission GFP≈ 504nmλ excitation BFP≈ 380 nm

λ émission BFP≈450nm

λ excitation GFP≈ 475 nm

FRET(1)

Ro=50-60 Å

(2) Absence de FRET

BFP GFP

λ émission GFP≈ 504nmλ excitation BFP≈ 380 nm

λ émission BFP≈450nm

λ excitation GFP≈ 475 nm

FRET(1)

Ro=50-60 Å

(2) Absence de FRET

Figure n°15 : Principe du FRET Légende : Le Ro ou distance de Förster est la distance entre les chromophores pour laquelle il y a 50 % d’efficacité de transfert. Un contrôle est cependant nécessaire pour valider cette mesure. Il faut exciter la

préparation à la longueur d’onde d’excitation de la GFP pour vérifier la présence du

répresseur LacI/GFP. De plus si on n’observe pas de transfert de fluorescence, il faudra

contrôler la présence de la nucléoporine/BFP en mesurant l’intensité de fluorescence émise à

la longueur d’onde d’émission de la BFP.

III.6- Expériences de FISH

Des expériences de FISH (Du et al 2003) pourront nous donner une information sur

l’activité du gène var étudié. Du RNA-FISH pourra être réalisé en utilisant une sonde

correspondant à une séquence intronique du gène pour pouvoir localiser les ARN pré-

messagers et ainsi pouvoir suivre la transcription du gène. Ces expériences pourront être

combinées à des expériences d’ImmunoFISH. En effet, si l’on détecte à l’aide d’un anticorps

couplé à un fluorophore spécifique, la RNA polymérase II hyperphosphorylée sur son

domaine carboxy-terminale, cela nous permettra de visualiser les machineries de

transcription. Ainsi s’il y a colocalisation des ARN pré-messagers var avec les machineries de

transcription, cela démontrera l’activité transcriptionnelle du gène.

24

Pour compléter cela, on peut envisager de quantifier les transcrits du gène d’intérêt par

qRT-PCR, comme l’a fait Taddei, afin de caractériser le niveau d’expression du gène étudié.

Les télomères pourront également être détectés pour les situer par rapport au pore

nucléaire en utilisant la technique du DNA-FISH. Dans cette expérience, les séquences

TARE, qui détectent tous les télomères, seront utilisées.

IV- CONCLUSION ET PERSPECTIVES

Ce projet de recherche permettra de déterminer si un gène subtélomérique

transcriptionnellement inactif de Plasmodium falciparum, le gène var du chromosome 3, se

retrouve positionné au niveau des pores nucléaires lorsque sa transcription est activée. En

effet, une fois les différentes constructions effectuées, la technique de FRET nous permettra

de voir si le gène d’intérêt colocalise avec les pores nucléaires et le RNA-FISH permettra de

déterminer si notre gène d’intérêt est actif au niveau transcriptionnel. Les résultats obtenus

pourront alors être confrontés à ceux de Taddei chez la levure. Cela nous donnera une vision

plus complète de la régulation de la transcription des gènes positionnés en périphérie

nucléaire chez les eucaryotes.

De plus, étant donné que cette étude traite des mécanismes de régulations des gènes

var responsables des variations antigéniques de Plasmodium falciparum, elle pourrait entrer

dans le cadre d’une recherche de cibles pour le développement de nouvelles thérapies anti-

parasitaires

25

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