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0 Projet ROCC : Hydrogéologie État critique des connaissances et impact de l’eau sur la stabilité des falaises Programme financé par les fonds européens INTERREG II novembre 2001 BRGM/RP-51436-FR

Projet ROCC : Hydrogéologie

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Projet ROCC : HydrogéologieÉtat critique des connaissances et impact de l’eau

sur la stabilité des falaises

Programme financé par les fonds européens INTERREG II

novembre 2001BRGM/RP-51436-FR

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Projet ROCC : HydrogéologieÉtat critique des connaissances et impact de l’eau

sur la stabilité des falaises

Programme financé par les fonds européens INTERREG II

M. Caudron, E. Equilbey, R.N. Mortimore

novembre 2001BRGM/RP-51436-FR

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Mots clés : Falaise, Craie, Hydrogéologie, Géotechnique, Littoral, Zone saturée,Piézométrie, Pente piézométrique, Milieu poreux, Milieu karstique, Karst,Fissural, Réseau karstique, Réseau fissural, Porosité matricielle, Porositéde fissures, Aquifère de la craie, Aquifères tertiaires, Vulnérabilité,Découpage Cartographique, Valleuse, Vallée humide, Plateau, Littoralcauchois, Seine-Maritime, Somme, Baie de Somme, Haute-Normandie,Picardie, France, South Downs, Sussex, Angleterre.

En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante :

Caudron M., Equilbey E., Mortimore R.N. (2001) - Projet ROCC. Hydrogéologie : Etatcritique des connaissances et impact de l’eau sur la stabilité des falaises. BRGM etUniversité de Brighton. BRGM/RP-51436-FR, 50 p., 6 fig., 8 tabl., 2 photos., 1 ann.

© BRGM, 2002, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l’autorisation expresse du BRGM.

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Synthèse

es falaises crayeuses du littoral côtier cauchois (Haute-Normandie), de Picardie, enlimite de baie de Somme en France et de l’East Sussex en Angleterre, font l’objet

d’une érosion permanente qui fragilise une paroi en perpétuel équilibre limite. Cetteusure, aux conséquences discontinues et difficilement prévisibles dans le temps etl’espace, constitue un handicap certain pour la gestion du littoral haut-normand etpicard.

Le programme européen ROCC constitue le premier programme multidisciplinaire derecherche de détermination de la vulnérabilité de l’érosion des falaises côtières de craie.Le linéaire d’étude ne concerne que les falaises où la craie est la seule entité géologiqueconcernée. Le point d’orgue de ce programme est la réalisation d’une cartographied’aléa par une interprétation multi-paramétrée des principaux facteurs d’érosion.

Le présent document s’intéresse à la dimension « hydrogéologie » des falaises.

Les travaux effectués dans le volet hydrogéologie du programme ont permis surtout deconfirmer que les rares données existantes disponibles (BSS au sens large), constituéespar les puits et sources, restent limitées et ne permettent en aucune manière d’apprécierle fonctionnement de l’aquifère à proximité de son exutoire en falaise. Cette absence deconnaissances est d’autant plus pénalisante que la hauteur de saturation dans l’arrièrefalaise immédiat est un des principaux facteurs déterminant l’état d’instabilité de toutezone susceptible de mouvement de terrain. Les nombreuses instabilités constatées cesmois derniers, alors que l’aquifère crayeux est en période de très hautes eaux,confirment ce rôle majeur de l’eau.

Pour l’élaboration de la partie numérique à usage SIG, il a été utilisé les seulsdocuments de référence existants, à savoir les atlas hydrogéologiques départementauxde la Seine-Maritime et de la Somme. Ce présent texte définit les paramètreshydrogéologiques retenus, constituant une des couches d’un système d’informationgéographique (SIG).

Pour pouvoir apprécier d’avantage l’impact des eaux souterraines sur la stabilité desfalaises, les connaissances sur le fonctionnement hydrogéologique de l’aquifère crayeuxen arrière falaise restent à acquérir. Cette acquisition va nécessiter la mise en placed’une vaste campagne de mesures sur le terrain. Il est notamment recommandé :

- la mise en place d’un réseau piézométrique spécifique, à thématique littorale, entreAult et Le Havre ;

- l’étude des sources littorales, comme éventuel complément au suivi piézométrique,comme points de suivi d’un réseau qualité des eaux souterraines et enfin commefacteur aidant à la caractérisation des écoulements dans le milieu crayeux ;

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- la réalisation d’investigations hydrogéologiques sur le terrain les plus exhaustivespossibles sur des petits bassins versants côtiers test, précisant au mieux le contextehydrogéologique côtier, et mettant en évidence de possibles comportementsspécifiques à la frange littorale.

Parallèlement, les éléments acquis dans les autres disciplines (géologie et géophysique)seront à même de faciliter le travail futur de définition du contexte hydrogéologique enarrière paroi de falaise.

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Sommaire

1. Introduction ................................................................................................................ 9

2. Cartographie des facteurs hydrogéologiques de vulnérabilité ............................ 11

2.1. Hydrogéologie du littoral crayeux........................................................................... 11

2.2. Méthodologie employée .......................................................................................... 12

2.3. Description des différentes couches ........................................................................ 13

2.3.1. Hauteur de saturation des terrains crayeux sur la frange littorale ................ 132.3.2. Pente piézométrique ..................................................................................... 142.3.3. Importance des caractères de discontinuités hydrogéologiques ................... 14

2.4. Analyse critique du travail cartographique.............................................................. 15

3. Travaux de terrain.................................................................................................... 17

3.1. Travaux d'hydrogéologie de terrain (France) .......................................................... 17

3.1.1. Travaux en Haute-Normandie ...................................................................... 173.1.2. Travaux en Picardie ...................................................................................... 26

3.2. Travaux de recherches britanniques sur l’hydrogéologie de la craie ...................... 27

3.3. Autres travaux de terrain ......................................................................................... 33

3.3.1. Géophysique : apport à la connaissance en hydrogéologie .......................... 333.3.2. Structure et hydrogéologie............................................................................ 36

4. Etat des connaissances hydrogéologiques de la falaise crayeuse côtière ............ 37

4.1. Rôle de l'eau ............................................................................................................ 37

4.1.1. L'eau comme facteur d'érosion ..................................................................... 374.1.2. L'eau comme facteur d'instabilité ................................................................. 37

4.2. Bilan sur l'hydrogéologie sur la frange côtière........................................................ 39

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4.2.1. Piézométrie ................................................................................................... 394.2.2. Comportement mixte de l’aquifère crayeux ................................................. 40

5. Perspectives et pistes de développement................................................................. 43

5.1. Hydrogéologie ......................................................................................................... 43

5.1.1. Piézométrie ................................................................................................... 435.1.2. Sources ......................................................................................................... 445.1.3. Bassin versant test ........................................................................................ 45

5.2. Structure................................................................................................................... 45

5.3. Géophysique ............................................................................................................ 46

5.4. Autres domaines en liaison avec l’hydrogéologie................................................... 47

5.4.1. Géotechnique ................................................................................................ 475.4.2. Réseaux d’alerte ........................................................................................... 475.4.3. Autres travaux en cours sur les falaises........................................................ 48

6. Conclusions ............................................................................................................... 49

7. Bibliographie............................................................................................................. 51

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Liste des illustrations

FIGURES

Fig. 1 - Localisation des points d’eaux et des sources sur les côtes françaises(* : non compris les linéaires côtiers Yport – Eletot et Petites Dalles –Penly).................................................................................................................16

Fig. 2 - Localisation des points d’eaux (rond noir plein), accessibles à la mesuredans l’East Sussex (Univ. de Brighton) avec report des principalesvilles (carré blanc) .............................................................................................31

Fig. 3 - Surface piézométrique dans les South Downs de l’East Sussex enpériode annuelle de hautes eaux (Univ. de Brighton) .......................................32

Fig. 4 - Surface piézométrique dans les South Downs de l’East Sussex enpériode annuelle de basses eaux (Univ. de Brighton) .......................................32

Fig. 5 - Profils obtenus : a) premier profil RMP obtenu ; b) après prise encompte d’un forage piézométrique....................................................................34

Fig. 6 - Cas du piézomètre d’Heuqueville, situé à 800 m de la côte dans le Becde Caux..............................................................................................................41

TABLEAUX

Tabl. 1 - Relevé piézométrique sur le secteur d’Heuqueville à Yport (Univ. deRouen, septembre-octobre 1999) ....................................................................18

Tabl. 2 - Relevé piézométrique sur le secteur d’Eletot à Petites Dalles (Univ. deRouen, septembre-octobre 1999) ....................................................................19

Tabl. 3 - Relevé piézométrique sur le secteur de Penly au Tréport (Univ. deRouen, septembre-octobre 1999) ....................................................................19

Tabl. 4 - Inventaire des sources littorales entre Heuqueville et Yport (Univ. deRouen, septembre-octobre 1999) ....................................................................21

Tabl. 5 - Inventaire des sources littorales entre Eletot et Les Petites Dalles (Univ.de Rouen, septembre-octobre 1999) ...............................................................22

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Tabl. 6 - Inventaire des sources littorales entre Penly et Le Tréport (Univ. deRouen, septembre-octobre 1999) ....................................................................23

Tabl. 7 - Analyses microgranulométriques et physico-chimiques des 24résurgentes (Univ. de Rouen)..........................................................................26

Tabl. 8 - Mesures piézométriques effectuées sur le piézomètre réalisée au Bois-de-Cise à Ault (Somme, Picardie)...................................................................27

PHOTOS

Photo 1 - Résurgence à fort débit dans le front de falaise dans l’axe d’unevalleuse (Haute-Normandie, fin août 2001, BRGM)......................................30

Photo 2 - Valleuse nettement entaillée par les eaux de ruissellement (BRGM).............38

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1. Introduction

es falaises crayeuses du littoral côtier cauchois (Haute-Normandie), en limite de labaie de Somme (Picardie) en France et dans l’East Sussex en Angleterre, font

l’objet d’une érosion permanente qui fragilise une paroi en quasi-perpétuel équilibrelimite. Cette usure aux conséquences discontinues et imprévisibles dans le temps etl’espace, notamment par la survenue de grands effondrements, constitue un handicapcertain pour la gestion du littoral haut normand, picard et anglais.

Le programme européen ROCC constitue le premier programme multidisciplinaire derecherche de détermination de la vulnérabilité de l’érosion des falaises côtières de craie.Le linéaire d’étude s’étend sur 140 km du littoral de Haute-Normandie et de Picardiecôté France et 40 km du littoral anglais de l’East Sussex côté Grande Bretagne, sur lesfalaises où seule la craie affleure en base.

La craie renferme un puissant aquifère au niveau fluctuant dont l’impact sur l’érosion etl’instabilité a toujours été constatée mais reste mal quantifiée.

Une première partie cartographique, finalisée dans ce rapport, est destinée à identifierdes liens de causes à effets à l’aide d’un SIG. Il a été défini trois coucheshydrogéologiques différentes (hauteur d’imbibition et pente piézométrique en arrière defalaise, importance des réseaux ou indices fissuraux et karstiques dans l’aquifère)permettant un premier découpage du linéaire côtier. Cette partie se clôt avec l'examend'un point de vue critique des limites du travail cartographique réalisé (et donc de seslimites d’usage).

Dans une deuxième partie de ce document, les travaux d'investigations réalisés sur leterrain sont présentés. Ces travaux de terrain illustrent la faiblesse des connaissances del'aquifère crayeux sur sa frange côtière et reflètent les difficultés d'appréciation desdifférents facteurs hydrogéologiques, tant dans leur caractérisation et variabilité quepour leur impact exact sur l'érosion des parois rocheuses.

Dans une troisième partie, les différents rôles de l’eau sur l’érosion des falaises et lesconnaissances de l’hydrogéologie des falaises côtières sont pour faire un état des lieuxet mettre en avant l'importance des manques de connaissance. De ce bilan, sontproposées dans une quatrième et dernière partie des pistes futures de travail etperspectives de recherches et développement.

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2. Cartographie des facteurshydrogéologiques de vulnérabilité

2.1. HYDROGÉOLOGIE DU LITTORAL CRAYEUX

Le milieu géologique crayeux est le siège d'un puissant réservoir aquifère.

Le comportement hydrodynamique de cet aquifère a d'abord longtemps été considérécomme celui d'un milieu poreux dont il reproduit au moins à grande échelle les lois.

L'implantation de nouveaux forages pour faire face aux besoins croissants pour laressource en eau, les observations faites ponctuellement sur le terrain (fortes variationsde débits sur la plupart des sources, phénomènes turbides et plus récemmentl'observation piézométrique) ont pu mettre en évidence un autre dynamisme du réservoirbasé sur les discontinuités de la craie qui concentrent une partie importante de laconductivité de l'aquifère le long des réseaux fissuraux et karstiques et qui localementpeuvent s'avérer être le régime hydrodynamique prépondérant.

En parallèle de cette prise en compte du rôle de ce régime hydrodynamique discontinu,l'importance de la karstification de la craie a pu dépasser les sphères spéléologiques etêtre diffusée et portée de manière incontestable à connaissance du monde scientifique(Calba, 1988 ; Rodet, 1992 ; Downing et al., 1993 ; Hanot, 2000) et des aménageurstechniques et politiques.

Hormis des études cibles sur des points particuliers, l'état des connaissances surl'aquifère crayeux n'a guère dépassé le constat sur cette double nature structurale de lacraie et par conséquent du régime mixte hydrodynamique qui en découle.

Les conditions climatiques actuelles sont causes d’instabilités variées sur le littoral, enparticulier par l’apparition de hauts niveaux saturés dans le massif crayeux.

Ce constat sur les modestes connaissances fondamentales acquises sur les eauxsouterraines du milieu crayeux est encore nettement aggravé sur la frange littorale :

- il n’y a pas d’information piézométrique, nécessité de prise en compte de facteurssupplémentaires comme les exutoires karstiques en falaise ou sur le platier, ainsi queles phénomènes de marée et de salinité ;

- l'essentiel des travaux portent surtout sur des investigations ponctuelles sur les sourceslittorales comme points d'exutoire des réseaux karstiques ;

- aucune étude d'envergure suffisante n'a été menée à ce jour pour étudier d'un point devue hydrogéologique la frange littorale des falaises crayeuses de Normandie.

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Partout sur le linéaire situé entre Ault et Le Tilleul, l’aquifère de la craie est présentdans la falaise. La nature de cette craie, et donc le comportement hydrodynamique,évoluent de manière importante selon la stratigraphie des dépôts crayeux. Ces dépôts nesont en effet pas homogènes, avec des séquences de bancs donnant des débris très durs,de craie molle, de galets de craie durcie englobés dans une matrice pâteuse, etc.

Le réservoir aquifère présente donc une importante variation strato-lithologique entreAntifer et Ault qui a un impact certain (mais mal connu) sur le comportementhydrodynamique de l’aquifère.

De plus, dans la zone d’affleurement des terrains tertiaires (Dieppe-Varengeville) entête de falaise, on trouve des petites unités aquifères locales :

- dans les cailloutis culminant au-dessus des argiles de la formation de Vanregeville ;

- dans les sables fauves du Cuisien (Yprésien supérieur) au-dessus des argilessparnaciennes (Yprésien inférieur).

Dans les deux cas, par débordement au contact des substratums argileux, les deuxaquifères se vidangent en sommet de falaise et contribuent activement aux instabilitésdu secteur, notamment entre l’église de Varengeville et le phare d’Ailly.

2.2. MÉTHODOLOGIE EMPLOYÉE

En absence d'écrits spécifiques concernant la bordure crayeuse littorale dans sonensemble, il a été décidé d'utiliser comme base de travail le seul documenthydrogéologique de référence, à savoir les atlas hydrogéologiques départementaux au1/100 000. On reviendra par la suite (chap. 3) sur ce postulat de référence accordé auxatlas départementaux.

Sur cette carte, plusieurs types d’informations sont compilés :

- le fond géologique, où notamment les principaux affleurements de sables tertiaires ontété reportés ;

- les grandes axes structuraux et accidents tectoniques ;

- les courbes piézométriques estimées, correspondant à un niveau de « moyenneseaux », et la localisation des stations piézométriques ayant servis à leur réalisation ;

- la délimitation supposée des bassins versants géographiques et hydrogéologiques ;

- le réseau hydrographique pérenne ;

- les principales sources, notamment les sources littorales, rangées par classes de débit ;

- les points de prélèvement en eaux potables (AEP) avec parfois les périmètres deprotection, industrielles (AEI) ou enfin agricoles ;

- quelques pertes karstiques (« bétoires »), le report des traçages hydrogéologiquespositifs entre ces points d’engouffrement et des ouvrages AEP ;

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- le report non exhaustif de certaines activités potentiellement polluantes (sitesindustriels, station d’épuration, stockage d’ordures ménagères, épandages agricoles).

Les atlas hydrogéologiques ont été réalisés suivant le même canevas en 1977 en Haute-Normandie et en Somme. Ils ont été ensuite réactualisées et réédités en 1989 côtéHaute-Normandie. Cette réactualisation a concerné les points de prélèvements, lestraçages, certains activités potentiellement polluantes, mais n’a pas concerné lapiézométrie de manière notable.

Pour apprécier la sensibilité de la falaise à l’érosion par les eaux souterraines, il a étédécidé de considérer les trois couches suivantes à usage « SIG » :

- la hauteur de saturation de la falaise ;

- la pente piézométrique qui donne déjà une première indication des flux provenant del’aquifère sur la falaise ;

- les éléments fissuraux et karstiques indicateurs d'écoulements préférentiels et desarrivées ponctuelles d'eaux (sources), principalement par leur densité et leurimportance sur le littoral.

2.3. DESCRIPTION DES DIFFÉRENTES COUCHES

Le découpage en classe selon les trois couches hydrogéologiques précitées exclutsystématiquement les parties de littoral sans falaises sur les parties de vallées nonsuspendues (et par contre intègre bien « les valleuses »). Cette exclusion se traduirasystématiquement par la classe 0 (zéro), à hauteur des vallées.

2.3.1. Hauteur de saturation des terrains crayeux sur la frange littorale

La hauteur de saturation des terrains en arrière de falaise n’a jamais fait l’objet d’étudespécifique sur la falaise crayeuse française.

La seule information disponible est l’examen des courbes piézométriques de l’aquifèrecrayeux à l’échelle départementale qui donne un premier degré d’indication sur lahauteur de saturation du réservoir aquifère sur cette limite physique (falaise), qui sertégalement de limite hydrogéologique d’imposition de niveau (niveau marin).

On distingue les cinq classes de hauteurs suivantes :

Classe n° Désignation0 portion littorale hors falaise : vallées hors valleuses (suspendues)1 falaise purement crayeuse avec ligne piézométrique identifiée + 5 m NGF en arrière de falaise2 falaise purement crayeuse avec ligne piézométrique + 10 m NGF en arrière lointain de falaise3 falaise purement crayeuse avec ligne piézométrique identifiée + 10 m NGF en arrière immédiat de

falaise4 formations tertiaires suffisamment développées en tête de falaise pour être mentionnées sur la carte

hydrogéologique et crées une imbibition en tête de falaise

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2.3.2. Pente piézométrique

La pente piézométrique moyenne de l'aquifère nous donne une indication partielle surles flux d'eau arrivant en arrière de falaise depuis l'arrière pays, venant se recharger enpied de falaise.

On distingue les six classes de pentes suivantes :

Classe n° Désignation0 portion littorale hors falaise : vallées hors valleuses (suspendues)1 pente piézométrique < 5 ‰2 5 ‰ < pente piézométrique < 10 ‰3 10 ‰ < pente piézométrique < 20 ‰4 20 ‰ < pente piézométrique < 40 ‰5 pente piézométrique > 40 ‰

La première isopièze, indiquée en arrière de falaise sur les atlas hydrogéologiques, estgénéralement l’isopièze + 10 m NGF. Dans certains secteurs côtiers, il a été possible detracer une isopièze + 5 m NGF.

Le calcul de la pente piézométrique se fait en mesurant l'écart entre les deux premièresisopièzes, soit entre l’isopièze + 20 m NGF et l’isopièze + 10 m NGF, soit entrel’isopièze + 10 m NGF et la ligne + 5 m NGF.

2.3.3. Importance des caractères de discontinuités hydrogéologiques

Compte tenu de la nature mixte du réservoir crayeux, il est important de pouvoirquantifier même sommairement l'importance des caractères fissuraux et karstiques del'aquifère qui localement priment largement sur le modelé piézométrique.

Sur la carte hydrogéologique, ces éléments sont représentés par les sources littorales,seul levé effectué de manière homogène, caractérisant de manière plus ou moinsindirecte l'importance de la fissuration et le degré de karstification du massif crayeux dela frange littorale.

On distingue les quatre classes de discontinuités suivantes :

Classe n° Désignation0 portion littorale hors falaise : vallées hors valleuses (suspendues)1 pas de sources littorales ou sources littorales de petits débits (< 10 l/s) en faible densité

linéaire2 sources littorales de moyens débits (>10 l/s et <100 l/s) en faible densité linéaire ou

sources littorales de petits débits (< 10 l/s) en forte densité linéaire3 sources littorales de forts débits (>10 l/s et < 100 l/s) en forte densité linéaire ou sources

littorales de forts débits (> 100 l/s)

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2.4. ANALYSE CRITIQUE DU TRAVAIL CARTOGRAPHIQUE

Le principe de méthodologie adoptée pour déterminer la vulnérabilité à l'érosion desfalaises crayeuses vis-à-vis des eaux souterraines s'appuie sur l'utilisation du seuldocument de référence, l'atlas hydrogéologique, qui reflète le plus fidèlement l'état desconnaissances de l'aquifère et en fait la synthèse la plus pertinente possible.

Pour arriver à ce résultat de manière homogène, une telle cartographie est loin d'êtreexhaustive et s’avère très simplificatrice : certains paramètres fondamentaux quicaractérisent le milieu hydrodynamique poreux sont totalement ignorés (transmissivité,coefficient d’emmagasinement). Les facteurs structuraux de base qui permettentd’apprécier le comportement des écoulements fissuraux de la craie (orientation desfissures, niveau de drainage, perméabilité de fissures…) sont ignorés et les écoulementsfissuraux sont réduits à l’activité des résurgences visibles sur le littoral.

Les facteurs piézométriques utilisés à deux reprises sont issus d’une cartographieeffectuée à l’échelle du département (1/100 000) impropre à produire fidèlement leshauteurs saturées sur la frange littorale de craie, surtout en quasi absence de mesureseffectuées sur le proche littoral, ce qui a obligé à un tracé basé sur l’extrapolation.

Enfin, ces cartes au 1/100 000 sont la synthèse de données variées et interprétées : savalidité est limitée par ses données et les connaissances du fonctionnement de l’aquifèrecrayeux lors de la réalisation de la carte.

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Fig

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3. Travaux de terrain

3.1. TRAVAUX D'HYDROGÉOLOGIE DE TERRAIN (FRANCE)

3.1.1. Travaux en Haute-Normandie

Une tournée de terrain a été effectuée (fig. 1) du 14 septembre au 14 octobre 1999 parl’Université de Rouen (Laboratoire de géologie).

Cette tournée a été réalisée sur trois tronçons du linéaire haut-normand de la falaisecrayeuse, à savoir de Heuqueville à Yport, de Fécamp à Veulettes-sur-Mer, enfin dePenly au Tréport.

Cette tournée a permis de faire :

- des mesures piézométriques sur les points d’eau existants ;

- l’inventaire des résurgences sur le littoral (falaises et platiers) avec prélèvement deseaux pour échantillonnage ;

- l’analyse microgranulométrique et physicochimique des eaux échantillonnées.

Son objectif était de vérifier, actualiser et compléter les données existantes.

� Piézométrie

Les rares points d’eau existants et accessibles sont situés dans les valleuses ou vallées etsont quasi absents du plateau, du moins sur la largeur de bande littorale des premièrescentaines de mètres du plateau crayeux. Les points de mesures piézométriques restenttrop épars (fig. 1) pour pouvoir faire l’objet d’une interprétation sous forme de cartepiézométrique.

La tournée de 1999 (tabl. 1 à 3 ; ann. 1) a permis de mettre à jour l’inventaire des pointsd’eau pouvant faire l’objet d’une piézométrie occasionnelle, d’acquérir quelquesmesures dans les vallées notamment la vallée d’Etretat et celle de l’Yères.

L’absence de mesures en « plateaux » (têtes de falaise), où les fluctuations sont plusimportantes (pas de niveau imposé par la topographie des fonds de talweg), estfortement préjudiciable.

La tournée de septembre 1999, compte tenu de l’époque de l’année, constitue unemesure de basses eaux annuelles. Cette tournée aurait du être complétée par uneseconde tournée de même type dans la période suivante de hautes eaux annuelles (enmars-avril 2000) pour apprécier les fluctuations annuelles.

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En cette période actuelle (2001) de très hautes eaux (plus haut niveau historique connude l’aquifère crayeux en Haute Normandie), une mesure des niveaux d’eau devraitpermettre de déterminer les Plus Hautes Eaux Connues (PHEC).

N°BSS X (m) Y (m) Z (m)cote

piézométrique(m NGF)

Observations

ancienne cotepiézométrique

(m NGF)non vérifiée

00567X0009 447,83 1222,7 21 7,800567X0022 447,57 1224,1 15,5 3,7600567X0026 446,71 1225,3 11,7 1,3300567X0029 446,87 1224,8 7,26 pompe abandonné 0,7600567X0030 446,81 1224,7 8,5 bouché 2.00 : pompe ?00567X0057 446,08 1225,3 6,76 0,7600567X0062 446 1225,2 7,39 1,2900567X0068 447,92 1222,2 24 dalle scellée 11,7000567X0069 447,79 1222,9 20 bouché 7,7500742X0003 443,14 1220,4 32,5 12,500742X0004 444,06 1220,5 53,5 personne pompe 4.17 l/s00742X0008 442,82 1215 82 53,700743X0002 444,14 1216,4 110 67,4700743X0040 446,69 1221,5 55 31,700743X0044 447,2 1221,7 44 2400743X0048 447,72 1220,8 53 pas trouvé 35,0000743X0049 447,64 1220,6 60 pas trouvé 46,4000743X0053 448,62 1222 31,5 14,6500743X0060 449,72 1221,7 35 24,3400743X0063 450,53 1221,3 41 25,400743X0067 447,09 1217,1 128 80,2300744X006 451,9 1219,6 100 4200744X018 451,12 1220,9 43 28,400744X022 452,3 1220,3 64 40,3

Tabl. 1 - Relevé piézométrique sur le secteur d’Heuqueville à Yport (Univ. de Rouen,septembre-octobre 1999).

Page 20: Projet ROCC : Hydrogéologie

Projet ROCC. Hydrogéologie

BRGM/RP-51436-FR 19

N° BSS X (m) Y (m) Z (m)cote

piezométrique(m NGF)

Observationsancienne cote

piézométrique (m NGF)non vérifiée

00571X0002 461,530 232,120 113,00 bouché 44,0000572X0001 468,720 236,990 20,00 inaccessible 16,4000572X0006 468,840 236,340 26,00 6,4000572X0007 467,170 235,520 80,00 2,8000572X0008 466,260 235,220 90,00 inaccessible 60,0000572X0010 468,590 233,890 90,00 49,3800572X0012 469,870 237,400 22,00 bouché 3,2000572X0013 469,820 237,390 19,00 cadenas 4,0000572X0015 469,860 237,500 27,00 personne 4,9000572X0017 469,800 237,510 14,00 personne 3,5000572X0020 470,390 234,370 92,00 37,6000572X0023 469,180 234,230 92,00 condamné 44,9300572X0026 469,800 237,070 19,00 personne 8,6000572X0027 469,760 237,490 17,00 personne 4,4000572X0032 468,790 236,830 20,00 rien 0,5500573X0016 474,680 240,110 7,00 5,3600573X0023 474,990 240,140 21,00 bouché 0,1500573X0025 471,310 237,700 87,00 personne 32,0500573X0028 470,800 236,050 37,00 détruit 14,3000573X0035 470,780 234,720 60,00 bouché 35,3000573X0037 473,120 238,350 82,00 76,8500573X0072 474,800 239,475 58,00 forage 33,8200575X0134 461,880 229,650 17,00 16,30 non valable00575X0181 462,680 229,480 30,00 27,91

Tabl. 2 - Relevé piézométrique sur le secteur d'Eletot à Petites Dalles (Univ. deRouen, septembre-octobre 1999).

N° BSS X (m) Y (m) Z (m)cote

piezométrique(m NGF)

Observations

ancienne côtepiézométrique(m NGF) non

vérifiée00433X0010 527,500 256,340 15,00 12,0000433X0018 527,000 259,910 20,00 -2,25 16h32 le 29/09 influence de la

marée00434X0005 532,975 258,050 82,00 31,8000441X0003 535,900 259,690 77,00 17,80 pompe 10 à 15m3/h utilisé

1 fois/jour00441X0002 536,180 258,050 75,00 73,20 Site de démolition, bouché ?00433X0019 527,050 258,090 9,00 personne 7,0700433X0023 527,210 257,990 25,00 pas trouvé 14,1000433X0022 526,610 258,470 9,00 scellé, robinet 5,0000433X0011 527,310 256,220 21,00 pas trouvé 10,8300434X0016 529,650 255,360 28,00 n'a pas ouvert 18,6000433X0017 528,470 256,050 15,00 rebouché 12,00

Tabl. 3 - Relevé piézométrique sur le secteur de Penly au Treport (Univ. de Rouen,septembre-octobre 1999).

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Projet ROCC. Hydrogéologie

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� Sources littorales

La tournée a permis de faire l’inventaire systématique des sources littorales visibles enpied de falaise (fig. 1) sur les trois tronçons visités, de préciser le contexte d’émergence(plâtier ou falaise, sur fracture ou sur discontinuité de litage, manteau d’altération...), etde comparer avec les données de la carte hydrogéologique (celles de la BSS, Banque dedonnées du sous-sol).

La comparaison entre la tournée de terrain (tabl. 4 à 6, ann. 1) est assez fidèle desdonnées de la BSS, comme l’indique le tableau ci-dessous :

Section Sourcesen BSS

Sources localiséessur le terrain

(1999)

Sources de la BSSnon retrouvées

Nouvelles sourcesrepérées

Heuqueville - Yport 28 24 7 3Eletot - Petites Dalles 17 17 3 3Penly - Tréport 11 10 1 0

Les sources non retrouvées sont toutes de faible débit (sauf une sur Criel-sur-Mer).Compte tenu de la période de l’année (basses eaux annuelles), il n’est pas surprenant dene pas avoir trouvé toutes les sources de faible débit (sans compter les autres aléas, dontl’urbanisation dans les fonds de vallée).

Une tournée de contrôle en période de hautes eaux, en mars-avril 2000, aurait permis derendre plus systématique l’inventaire des sources littorales.

Sur les 28 sources du secteur Heuqueville - Yport, 20 sont situées sur la falaise (dont 7 àplus de 5 m NGF et une huitième en pied de falaise morte) et 8 sur le platier.

Sur les 17 sources du secteur Eletot - Petites Dalles, 7 sont situées en falaise (dont 2 àplus de 5 m NGF) et 10 sur le platier.

Sur les 10 sources du secteur Penly - Tréport, 8 sont situés sur le platier et 2 sur lafalaise (en parties basses, à moins de 5 m NGF).

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Projet ROCC. Hydrogéologie

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Projet ROCC. Hydrogéologie

22 BRGM/RP-51436-FR

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Projet ROCC. Hydrogéologie

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Projet ROCC. Hydrogéologie

24 BRGM/RP-51436-FR

� Chimisme des eaux résurgentes

Un prélèvement systématique sur les sources littorales a été effectué avec premièresanalyses microgranulométriques et physico-chimique des eaux résurgentes (tabl. 7).

Ces analyses permettent de donner un première image de la géochimie des eauxrésurgentes et de mettre en évidence, sur chacun des points, les éventuels mélanges avecles eaux marines (contamination saline).

L’analyse limitée aux ions majeurs ne permet de caractériser que de façon partielle lessources : le seul résultat indéniable est une très forte teneur en sel (Na et Cl) associée àd’autres ions sur 6 résurgences. Les analyses chimiques témoignent sans équivoque depossibles intrusions d’eaux salées dans les eaux douces résurgentes.

Les sources en question étant toutes situées sur le platier, ces mélanges aux résurgencescorrespondent très vraisemblablement au relargage des ions liés aux eaux salinesintrusives lors de la marée haute. À un degré moindre, 3 autres résurgences ont desvaleurs très au-dessus des normales dont 2 situées dans les parties basses ou d’éboulisde la falaise.

De manière générale , toutes les résurgences sont chargées en ions. Les valeursdépassent sensiblement les valeurs moyennes des eaux douces du Pays de Caux,quelque soit la source bibliographique consultée (Asté et al., 1991 ; Panel, 1978) :

- la teneur moyenne pour les eaux souterraines du pays de Caux est d’environ 10 mg/lpour Na+ et 21 mg/l pour Cl- ;

- le pH est toujours légèrement basique entre 7,49 et 8,43, correspondant au pH deseaux côtières littorales.

Des teneurs chimiques dépassant le bruit de fond naturel ont été constatées sur certainesrésurgences qui reflètent la détérioration de la qualité chimique des eaux de l’aquifèrecrayeux :

- les teneurs en nitrates sont partout sensibles, sans excès (un seul cas supérieur à50 mg/l, donc non potable) ;

- les teneurs ponctuelles élevées en nitrites sur 11 points et/ou en ions ammonium sur3 points témoignent de la forte vulnérabilité des sources aux pollutions azotéesponctuelles (ordures ménagères, épandages d’engrais, de lisiers de boues…).

Une bonne partie des sources sont de plus de nature fissurale ou karstique. Ce systèmefissural et/ou karstique draine des arrivées d’eaux à écoulement rapide (parfois par despoints d’entrée directe telles les pertes karstiques, dites « bétoires » dans la région),pouvant être particulièrement chargées.

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Tabl

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Projet ROCC. Hydrogéologie

26 BRGM/RP-51436-FR

3.1.2. Travaux en Picardie

Compte tenu du linéaire réduit de falaise en Picardie, une visite systématique de lafalaise a pu être effectuée en juin 2000 à marée basse.

Une seule zone d’émergence (3 à 4 griffons de faible débit) a été repérée, située sur leplatier le long de diaclases, à hauteur de Bel Air au sud-ouest immédiat de la valleused’Ault (fig. 1).

En longeant en continu le pied de la falaise d’Ault à Mers-les-Bains, on observediverses teintes sur les parois de la roche crayeuse correspondant à des altérationshydriques superficielles distinctes :

- teintes blanches : action des intempéries sur la craie fraîche mise en affleurementrécemment ;

- teintes grises : action des intempéries sur la roche en affleurement ancien ;

- teintes brunes : action d’eaux de ruissellement ou de suintements en tête de falaiseavec entraînement d’argile limoneuse sur le flanc ;

- teintes vertes : action marine par développement d’algues marines en pied de falaise ;

- teintes rosées : sur la base de la falaise, entre 2 et 5 mètres d’épaisseur, pelliculepoudreuse friable rosée avec limite supérieure horizontale visible sur plusieursdizaines de mètres et aussi sur les parois à l’intérieur des grottes � zone d’exsudationdes eaux gravifiques contenues dans la craie.

Il apparaît que les lits de silex dans les dépôts crayeux sont suffisamment continus pourpouvoir constituer par endroits des écrans d'étanchéité. Lorsqu’ils sont de grandeétendue, ces bancs continus vont alors dissocier la partie haute de falaise, où lesécoulements sont liés aux eaux de surface d'une partie inférieure, protégée desintempéries et de l'altération, où les écoulements proviennent des eaux souterraines.

Le sondage de reconnaissance géologique PZCISE exécuté à AULT près de la valleusedu Bois-de-Cise à 120 m de faîte de la falaise atteint la profondeur de 74,45 m (cote ausol estimée + 75). Le niveau piézométrique a été relevé depuis sa réalisation (tabl. 8).

La tranche d’eau dans le tubage ne dépasse pas le demi-mètre.

Les fluctuations sont de faible amplitude avec une cote maximale en juillet 2001 et unecote minimale en octobre 2000 et août 2001. Le diamètre du tubage étant trop étroit, iln’est pas possible d’installer une sonde automatique, ni de faire des prélèvements.

La cote piézométrique est vers + 01 m NGF (repère non nivelé).

Notons qu’en 1969, au hameau du Bois-de-Cise, à 500 m de la côte, le niveau avait étérelevé à + 41 m NGF dans un ancien puits située dans la valleuse, ce qui donne unepente hydraulique moyenne de 8 % jusqu’à la mer.

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Projet ROCC. Hydrogéologie

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Mesurespiézo-

métriques

Hauteurpiézo-

métrique

Hauteurde maréeDate

mesuresHeuresmesures (profondeur

en m) (m NGF)

Contexte marée

(m)

31-mai-00 10 H 73,77 1,23 marée haute -21-juin-00 10 H 45 73,76 1,24 marée basse -06-oct-00 11 H 74,14 0,86 marée basse -06-oct-00 17 H 30 74,15 0,85 marée haute -26-oct-00 11 H 73,87 1,13 Ascendante, marée haute (PM-1H) 8,0129-nov-00 10 H 45 73,85 1,15 Ascendante, mi marée (PM-3H) 5,4811-déc-00 10 H 30 73,88 1,12 Ascendante, marée haute (PM-1H) 9,5123-janv-01 10 H 10 73,89 1,11 Ascendante, marée haute (PM-1H) 8,513-févr-01 11 H 73,84 1,16 Ascendante, marée basse (BM+1H) 1,7727-févr-01 10 H 73,84 1,16 - -28-mars-01 10 H 22 73,85 1,15 Ascendante, mi marée (PM-3H) 3,5924-avr-01 10 H 28 73,87 1,13 Ascendante, marée basse (BM+1H) 5,0423-mai-01 10 H 12 73,18 1,82 descendante, marée basse (BM-2H) 3,2828-juin-01 10 H 37 73,82 1,18 descendante, marée basse (BM-2H) 3,7726-juil-01 10 H 73,69 1,31 descendante, marée basse (BM-2H) 2,7329-août-01 10 H 74,18 0,82 descendante, marée haute (PM+1H) 7,6325-sept-01 9 H 45 73,97 1,03 descendante, mi-marée (BM-3H) 4,4812-oct-01 10 H 05 74,13 0,87 Ascendante, basse mer (BM) 1,8919-nov-01 10H 07 73,88 1,12 Ascendante, basse mer (BM+1) 3,03

Tabl. 8 - Mesures piézométriques effectuées sur le piézomètre réalisée au Bois-de-Cise à Ault (Somme, Picardie).

3.2. TRAVAUX DE RECHERCHES BRITANNIQUES SURL’HYDROGÉOLOGIE DE LA CRAIE

Le présent sous-chapitre ne prétend pas résumer les travaux réalisés en Angleterre. Ilprésente un rapide résumé des principaux résultats des travaux d’hydrogéologie réaliséslors de ROCC, ou durant des travaux de recherche antérieurs, sur la côte sud crayeusede la Grande Bretagne

Le texte ci-dessous résume l’essentiel des conclusions acquises par les chercheursanglais du programme ROCC.

La craie est un aquifère à double porosité (porosité matricielle, porosité de fissures) quidétermine à la fois le comportement hydrodynamique et l’instabilité de versant.

La porosité matricielle est différente selon les formations, et même au sein d’une mêmeformation, les porosités entre les bancs de craies dures et les bancs de craies plusargileuses fluctuent depuis des valeurs faibles jusqu’à des valeurs élevées. La porositéreste inférieur à 15 % dans les bancs durcis de craies à faible porosité et dépasse les40 % dans les craies tendres à haute porosité. La porosité varie également selon la

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Projet ROCC. Hydrogéologie

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fraction résiduelle des éléments insolubles (particulièrement selon la teneur deséléments argileux).

La plus pure et plus homogène des craies, à savoir les craies de la formation du Seaford(> 96 % de carbonate de calcium) est la formation la plus poreuse. Ces craies trèsporeuses du Seaford s’observent sur les falaises littorales de la côté anglaise de l’EastSussex et de la côte française, au nord de Veulettes-sur-Mer. Cette variation de laporosité a un impact marqué sur la densité et la force mécanique de la craie, et par làmême sur les surfaces d’instabilité. Lorsqu’elle est saturée, l’augmentation de la densitése traduit par un poids accru de la roche, pouvant modifier l’équilibre des forces àhauteur d’un plan de rupture potentiel dans la falaise.

Les formations peu poreuses comme les craies des formations d’Holywell et de Lewes(notamment sur la falaise côtière au sud-ouest de la faille de Fécamp), contiennent denombreux bancs très peu poreux, qui agissent comme des barrières à l’écoulement deseaux et augmentent le poids total du matériau.

C’est pourquoi la porosité matricielle de la craie est donc un des facteurs fondamentauxde l’état d’instabilité de falaises. De plus, le comportement à l’éboulement de la craie varefléter également la porosité initiale des terrains de la falaise : les craies à faibleporosité ont tendance à donner davantage de chutes de larges blocs, alors que les craiesà porosité élevée sont les plus susceptibles d’engendrer des éboulements en masse.

La porosité de fissure résulte de l’ouverture des joints, de failles et/ou des plans dulitage (c’est-à-dire le long des joints marneux et des bancs continus de silex).

Chaque formation crayeuse développe un état de fracturation qui lui est propre. C’estcet état de fracturation qui va fortement affecter le comportement des eaux souterrainesà s’emmagasiner ou s’écouler au sein de la masse rocheuse.

Les craies de la formation Seaford, caractérisées essentiellement par des jeux de fissuresverticales, ont des densités de fractures beaucoup plus fortes que dans les formationscrayeuses de New Pit, de Lewes et de Newhaven. L’eau s’y dissipe largement dans sesfissures, augmentant significativement la densité de la masse rocheuse.

En contraste, les formations telles les craies du New Pit ou de Newhaven, parcouruespar des jeux conjugués de fissures inclinées, favorisent la concentration des écoulementssouterrains dans un nombre réduit de fissures, induisant l’amplification des écoulementsd’eaux en certains points, notamment à hauteur des intersections des fissures et desinterfaces imperméables.

Robert et Preene (1990) ont mesuré les effets de ces variations de porosités de fissures(combinaison de la densité de fracture et de l’écartement des fissures) sur laperméabilité.

Cette caractérisation de la porosité de fissures a donné lieu à une classificationgéotechnique, dite de Mundford (Ward et al., 1968), se basant sur des critères de

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Projet ROCC. Hydrogéologie

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lithologie, de tectonique, des critères d’altération, qui tient aussi compte de lagéomorphologie (en colline ou plateau, sur les flancs de vallées, en fond de vallée).

La densité de fracturation est généralement plus élevée sur les flancs de vallées (parexemple à Hope Gap dans le Sussex, ou Sainte-Marguerite-sur-Mer en Seine-Maritime).Beaucoup d’écoulements souterrains, formant des sources résurgentes sur le platier, ontété observés dans l’axe des vallées sèches. Ces zones de forte imbibition dans l’arrièreparoi des falaises sont des lieux à instabilité accrue (photo 1).

L’impact des couches imperméables, des joints marneux ou des bancs continus de silex,sur les mouvements d’eaux souterraines, est bien illustré dans la craie des linéairescôtiers anglais et français. L’eau ressort du massif crayeux sous forme de résurgencesponctuelles le long des discontinuités dans la craie de Rouen à Bruneval (Antifer), lelong des surfaces d’Hargrounds du Tilleul dans la falaise aval d’Etretat, sur le marne deSoutherham et Glynde à Senneville-sur-Fécamp, et le long des marnes de la formationPlenus à Holywell (Eastbourne).

Des conduits karstiques souterrains ont été observés dans la craie, constituant dessystèmes de cavités souterrains, développés le long des plans de litage comme tel que leniveau repère silex des Seven Sisters sur la falaise ouest de Dieppe.

Les couches imperméables semblent avoir un effet important sur le transfert despressions hydrauliques au sein de la falaise (Duperret et al., 2001).

La structure de la masse rocheuse, les propriétés des matériaux comme la porosité,constituent une des clés de la détermination de l’état d’instabilité de la craie dans lesfalaises côtières le long de la Manche.

Pour le moment, il n’existe pas suffisamment de forages à proximité immédiate de latête de falaise pour déterminer l’allure piézométrique de l’aquifère crayeux sur la bandecôtière (fig. 2). A l’aide des quelques forages existants dans l’intérieur des terres de larégion des South Downs, des campagnes de mesures en mars 1993 en période annuellede hautes eaux (fig. 3) et en septembre 1993 en période annuelle de basses eaux (fig. 4)ont permis de cartographier la piézométrie à l’échelle de la région de l’East Sussex.

Les débits des sources littorales amènent à penser que la surface libre de l’aquifèrecrayeux est proche du niveau marin moyen dans la plupart des cas. Dans les zones oùles conditions de pendage ne permettent pas un écoulement suffisant en direction de lamer, l’aquifère crayeux peut néanmoins se retrouver encaissé dans la falaise, en positionperchée par rapport au platier.

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Projet ROCC. Hydrogéologie

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Photo 1 - Résurgence à fort débit dans le front de falaise dans l’axe d’une valleuse(Haute-Normandie, fin août 2001, BRGM).

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Fig. 3 - Surface piézométrique dans les South Downs de l’East Sussex en périodeannuelle de hautes eaux (Univ. Brighton).

Fig. 4 - Surface piézométrique dans les South Downs de l’East Sussex en périodeannuelle de basses eaux (Univ. Brighton).

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Projet ROCC. Hydrogéologie

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3.3. AUTRES TRAVAUX DE TERRAIN

3.3.1. Géophysique : apport à la connaissance en hydrogéologie

Sur le site expérimental de Bois-de-Cise à Ault, des investigations géophysiquesdiverses ont été menées.

Les premiers travaux, réalisés sur le site du Bois-de-Cise en octobre-novembre 1998,ont consisté en des prospections électriques, électromagnétiques, sismique réfractionpermettant de préciser l’état d’altération et la fracturation de la craie sur la falaise(Gourry, 2000).

Cinq couches géophysiques et un réseau de fracturations organisés autour de deuxdirections principales N120-N130 et N30 avaient pu être clairement identifiés sur labordure de plateau en tête de falaise. Une bande d’altération de la craie a été relevée(correspondant vraisemblablement à une surépaisseur des altérites de la craie, les argilesà silex ?).

Ces éléments de géophysique confirment, si besoin était, l’importance à échelle localedes facteurs structuraux sur le comportement de la craie (facteurs structuraux dont onconnaît l’importance sur l’hydrodynamique des écoulements souterrains).

De même, le contact en surface ondulée entre la craie et les argiles à silex (épis de craieet surépaisseurs d’argiles à silex) semble pouvoir être apprécié par ces méthodesgéophysiques de prospection.

Par contre, ces prospections purement géophysiques n’avaient pas été confirmées parforages. La fracturation et les couches géophysiques mises en évidence n’ont pas étécalées aux éléments de géologie, tels les failles levées par cartographie ou un loggéologique.

De compléments de géophysique sismique ont été effectués durant l’été 2001 (périodede basses eaux) dans la valleuse d’Ault : ces prospections ont surtout eu un butméthodologique (comparaison technique et financière de deux techniques sismiquesdifférentes). Des éléments structuraux (direction et localisation) ont été mis en évidencesans difficulté avec une fracturation de direction NW, qui semble être de mêmedirection qu’une des deux familles de fractures relevées sur le plateau du Bois-de-Cise(Baltassat et al., 2001).

Une troisième phase de prospection géophysique a été réalisée dans l’intervalle en mars2000 (période de hautes eaux) avec la réalisation d’un profil RMP pour essayer demettre en évidence un profil de la géométrie de la surface saturée de l’aquifère de lacraie.

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a) premier profil RMP obtenu (Rapport BRGM RP-50147, mars 2000).

b) profil obtenu après prise en compte d’un forage piézométrique (colloque du Havre,mai 2001)

Fig. 5 - Profils obtenus : a) premier profil RMP obtenu ; b) après prise en compted’un forage piézométrique.

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Le profil effectué est perpendiculaire à la falaise et oblique aux deux familles defractures détectées auparavant. Le profil RMP n’a pas été récolé sur les résultats de lacampagne géophysique précédente, à savoir les axes de fracturations relevées (ou deleur prolongement).

Le profil montre après interprétation un niveau de saturation assez plat en arrière defalaise (55-60 m NGF), qui chute brutalement à proximité d’une tête de valleuse(fig. 5a). Le rôle de drainage topographique par la valleuse apparaît manifeste. Lavalleuse pourrait être elle même pour partie guidée par la fracturation naturelle quiconstituerait un deuxième facteur de drainance.

L’augmentation brutale du front d’altération à hauteur de la valleuse (et la diminutiondes vitesses de perméabilité) pourrait expliquer la légère augmentation du niveausaturée avant la phase de nette chute piézométrique (le point d’inflexion pourrait sinontraduire un artefact des mesures, de leur interpolation et interprétation).

La méthode RMP met sinon en évidence des horizons de forte teneurs en eau dans lazone considérée comme non saturée qui traduisent l’arrivée progressive des fronts desaturation liés aux précipitations s’infiltrant dans le sol. Pour une bonne analyse, ellenécessite au moins un point de calage où la profondeur de la saturation est connue, oùl’évolution de porosité libre selon la profondeur est à peu près connue (au moins lesfortes variations) et de prendre en compte la pluviomètrie des semaines antérieures auxmesures. Le profil a pu être après coup recalé (fig. 5b) sur le forage (réalisée en mai2000), où la piézométrie (variations observées entre 73,7 et 74,15 m de profondeur) aété estimée pour mars à 73 m de profondeur (l’écart sur l’estimation reste tout à faitraisonnable compte tenu des dimensions sur le profil). La chute des niveaux saturés, quiavant le recalage semblait grossièrement relever d’un profil en marches d’escalier, estaprès interprétation nettement rectiligne : ce décalage entre les deux figures (5a et 5b)apparaît trop grand pour être représentatif et la fiabilité de la méthode sur ces basesd’expérimentation reste insatisfaisante.

Le seul apport non équivoque du profil par RMP montre clairement le drainagetopographique de l’aquifère crayeux par la valleuse voisine, ce qui n’est pas àproprement parlé une découverte. La technique devra également tenir compte del’importance de la hauteur de la frange capillaire (pouvant atteindre les 60-80 m dans lacraie), mises en évidence par l’examen des teneurs en eau (CETE-LRPC, 1980).

De plus, cette technique fournit des valeurs de teneurs en eau qui ne correrspondent pasaux valeurs de teneurs en eau obtenues en laboratoire. Une validation méthodologiquesera nécessaire.

Une campagne de mesures par sismique passive (bruit de la houle) a été réalisée surCriel-sur-Mer et s’est relevée non concluante.

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3.3.2. Structure et hydrogéologie

Les travaux de relevés systématiques des éléments de structures sur un jeu de photosaériennes obliques (et des autres facteurs visibles, d’érosion, de mouvements récents)apportent une vision homogène 2D du front de falaise.

Dans la mesure où les discontinuités constituent des plans d’instabilités et plansd’écoulements préférentiels, ce travail de relevé constitue un apport fondamental à lacompréhension du fonctionnement géotechnique et hydrogéologique.

Les points de résurgences sont le plus souvent associés à des éléments de structures : ledescriptif mentionnant le contexte géologique parle de discontinuités structuralesvisibles pour 9 des 28 émergences en falaise et pour 5 sur les 20 émergences du plâtier(les points d’émergence sont souvent invisibles, masqués sous les galets).

Le positionnement précis des résurgences sur ce fonds structural devrait pouvoirillustrer les corrélations non équivoques existantes entre les résurgences et les élémentsde structure.

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4. Etat des connaissances hydrogéologiquesde la falaise crayeuse côtière

4.1. RÔLE DE L'EAU

4.1.1. L'eau comme facteur d'érosion

L'eau joue des rôles multiples sur les falaises. Elle a déjà une action directe d'érosionsuivant deux modes d'action. L'eau peut attaquer chimiquement les carbonates parsimple réaction acido-basique :

CaCO3 + 2H+ ↔ Ca2+ + HCO3- + H+ ↔ Ca2+ + H2O + CO2 (gaz)

Une augmentation de l'acidité des eaux circulantes en tête de falaise et dans la falaiseelle-même (acidité des eaux d'infiltration, de lixiviation des acides humiques...)s'accompagne d'une dissolution chimique des carbonates.

Ce processus chimique est renforcé par l'érosion physique (entraînement, voirearrachement), qui sera d'autant plus importante que les vitesses d'écoulement sontélevées : ce dernier effet s'observe nettement sur les valleuses, souvent atteintes par desentailles au développement organisé et structuré (photo 2).

Les sections de falaises où la pente en tête de falaise est orientée vers les terres (et nonvers la mer) présentent un aspect beaucoup moins altéré que pour les parois soumis entête à des arrivées d’eaux de ruissellement.

De même, il avait été déjà noté que la présence de terrains tertiaires en tête de falaise etles sources de débordements qui les accompagnent, favorise les phénomènesd’instabilités de la falaise crayeuse.

Enfin, le gel des eaux incluses dans la craie s'accompagne d'une augmentation de leurvolume qui peut mécaniquement déstructurer la craie. Cet effet s'observera lors dudégel.

4.1.2. L'eau comme facteur d'instabilité

L'eau exerce une poussée isotrope qui vient s'ajouter aux autres contraintes physiquesdu milieu, forces souvent anisotropes. Cette force supplémentaire a une action qui, selonles situations, peut avoir un effet stabilisateur ou déstabilisateur : à hauteur de la paroide falaise, la poussée de l'eau sera déstabilisatrice du fait de la dissymétrie entre craie etatmosphère.

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L'action mécanique de l'eau se complique du fait de la fracturation de la craie, quiconstitue autant des discontinuités d'un point de vue mécanique, que de voiespréférentielles d'écoulements.

Photo 2 - Valleuse nettement entaillée par les eaux de ruissellement (BRGM).

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Maintenus dans un état de saturation élevée ou totale, soumises à des mises en chargeaussi intenses que brutales, les fissures s'avèrent être des surfaces mécaniques fragilesguidant une possible rupture. Le jeu du gel/dégel aggrave encore l'instabilité intrinsèquedes fissures.

Parmi les autres rôles de l'eau et pas des moindres, la résistance mécanique faiblitlorsque les teneurs en eau des matériaux augmentent fortement. Le degré de saturationaffecte également la force mécanique du matériau : le passage d’un état non saturé à unétat saturé peut s’accompagner d’une réduction de 500 % de la résistance mécanique(Mortimore, 1979 ; Mortimore et Fielding, 1990).

Le rôle majeur de l’eau comme facteur d’instabilité avait été mis en évidence lors duprogramme de recherche Européen RIVET de 1990-1994 sur les préventions des risquesgénérées par les instabilités des versants. Suite à ce programme, un second programmeeuropéen a été entièrement consacré au rôle de l’eau sur les instabilités, HYCOSI(HYdrologicals Causes Of Slope Instabilities ; 1994-1998). Dans ce cadre, un inventaireplus exhaustif, plus général (non cantonné aux falaises crayeuses), des différents effetsde l'eau a été effectué. Hormis la consultation de ce rapport, des éléments d'illustrationsur le rôle de l'eau sont données pour appréciation dans le rapport plus spécifique duCETE sur les falaises de craie de la Haute-Normandie de 1980 (CETE-LRPC, 1980).

4.2. BILAN SUR L'HYDROGÉOLOGIE SUR LA FRANGE CÔTIÈRE

Que se soient les calculs de stabilité, les travaux de recherche antérieures (O. Maquaire,1990), les programmes de recherche européens (RIVET 1990-1994 et HYCOSI 1994-1998), les approches statistiques (corrélations entre les hauteurs piézométriques etl'occurrence des désordres), tous montrent sans équivoque que la hauteur de saturationest le facteur qui détermine le plus l'instabilité des falaises à un instant quelconquedonné.

4.2.1. Piézométrie

La connaissance de la piézométrie en arrière falaise offre une des meilleuresappréciations des aléas potentiels de mouvements en falaise. Mais aucun suivipiézométrique à proximité des falaises n'a été effectué dans le passé.

Cela s’explique par l'absence de puits en falaise, mais aussi par le fait que les mesurespiézométriques du niveau statique de l'aquifère crayeux sont influencées par les effetsde la marée, qui ajoutent aux fluctuations lentes de l’aquifère crayeux le signal dubattement intertidal rapide. Pour éliminer le signal intertidal, il est déjà nécessaired’effectuer un suivi en continu (graphique ou numérique) et de pouvoir déduire desfluctuations observées le signal des fluctuations du niveau marin. Dans les années 1970,lors de la mise en place des réseaux piézométriques, les capacités de traitements decalculs n'étaient pas encore très développées. Aujourd'hui, la dissociation du signal desbattements marins des fluctuations des niveaux saturés est aisément réalisable sur

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n'importe quel ordinateur (même si un tel travail méthodologique n'a pas forcement étémis en œuvre).

Ainsi l'ampleur des battements et de leur atténuation au fur et à mesure qu'on s'éloignedu front littoral est totalement inconnu et les rares mesures constatées restent des casparticuliers sans possibilités de généralisation (fig. 6).

En Seine-Maritime, l'aquifère crayeux, délimité par la Manche, la Seine et ses affluents(Bresle, Epte, Andelle), a une forme en dôme piézométrique. Si les fluctuations au cœurde ce dôme départemental sont marquées (métriques à plurimétriques), les pointspériphériques évoluent plus modérément en ampleur, mais avec un synchronismecertain, qui devraient se prolonger en s’atténuant jusqu'à l'exutoire de la nappe, la mer :l'observation durant l'été 2001 des falaises cauchoises laisse transparaître, malgré l'été,un état de saturation très élevée (suintements, sources karstiques bien actives, valléesencore légèrement inondées, saturation des valleuses bien entaillées, laisses d'eaux surle plateau en tête de falaises), qui reflète l'état exceptionnel de hautes eaux de l’aquifèrecrayeux phréatique.

Le premier essai de géophysique (RMP) en profil perpendiculaire donne des résultatsmitigés, l'image obtenue par RMP après interprétation étant non validée : une zone dedécrochement des niveaux saturés entre le niveau côtier et le niveau piézométriqued'arrière falaise (600 m) a été repérée, mais il n'a pas été possible d'apprécier si la chuteest brutale à hauteur d'une fissure drainante, ou progressive sans fissuration notable pardrainage de la vallée.

4.2.2. Comportement mixte de l’aquifère crayeux

La double porosité de la craie, matricielle et de fissure confère à l’aquifère crayeux, à lafois un comportement de milieu poreux à grande échelle, souvent relayée à plus petiteéchelle, par un comportement de milieu fissuré.

Le système fissural/karstique assure une part essentielle du rôle conductif de l’aquifère,notamment le long des vallées où la fissuration est plus marquée. De nombreusesmarques de karst ou d’axe fissural drainant sont visibles sur le front de falaise ettémoignent de l’importance du système aquifère discontinu.

Les sources littorales sont en bonne partie d'origine fissurale et/ou karstique comme entémoigne leur localisation fréquente sur les axes de fractures ou de diaclases (sur les45 sources recensées, 16 au moins mentionnent des discontinuités structurales).

Des travaux de recherche (Leboulanger T., 199?) restés en parties inachevés(communication orale, les quelques écrits existants n’ont pas été encore récupérés),soulignent l’organisation du karst à l’exutoire en forme deltaïque et suivant uneorganisation fractale.

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5. Perspectives et pistes de développement

Dans la perspective d’une carte de sensibilité des falaises à l’érosion, mais aussi la miseen place d’un système d’alertes aux risques d’éboulements, les commentaires suivantssont proposés.

5.1. HYDROGÉOLOGIE

Le présent rapport se base sur les travaux existants en Haute-Normandie et en Picardie :faute de temps sur un programme de deux ans, les travaux réalisés par les anglais n’ontpas été détaillés mais les principaux résultats issus des expériences anglaises del’hydrogéologie de la craie, en Angleterre en général et sur la côte crayeuse de l’EastSussex en particulier, ont été présentés.

De même, les expériences acquises sur la côte crayeuse de la région française nordn’ont pas encore été intégrées. Un aperçu de ces travaux réalisés en hydrogéologie dansces régions peut être trouvé dans l’ouvrage faisant la synthèse des connaissances sur lacraie dans le nord-ouest de l’Europe (R.A. Downing et al.,1993).

Outre cette meilleure intégration des expériences acquises, l’axe principal d’effort dansles années à venir porte sur l’acquisition de données piézométriques sur le front defalaise.

5.1.1. Piézométrie

L’acquisition des mesures des niveaux saturées de l’aquifère crayeux est une étapefondamentale : en l’absence de points d’eau déjà existants, il conviendra de forer unnombre importants de piézomètres profonds dans l’arrière falaise (un minimum d’unequinzaine de forages).

Situés à proximité d’une limite imposée (la mer) dont le niveau évolue en permanenceet varie avant tout sur un cycle court (cycle de la marée), ces piézomètres nécessiteronten début de suivi un travail méthodologique de calage et de validation des mesures.

On peut dans un premier temps proposer une première base de programme suivante :

- en premier lieu sur les points de suivi, il conviendra d’effectuer des mesures trèsrégulières (inférieures à 5 ou 10 mn), et par traitement du signal dissocier lesfluctuations liées aux effets de la marée de celles des fluctuations propres del’aquifère ;

- ce travail de suivi à une échelle de temps très fine serait à effectuer en période demarées de moyennes eaux, puis dupliqué en période de vives eaux et de mortes eaux ;

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- pour apprécier l’amortissement du signal marée en pied de falaise (ampleur, effetretard), il conviendra de disposer de plusieurs points alignées perpendiculairement aufront de falaise afin de disposer de profils piézométriques ;

- de tels profils (5 à 6 forages par profil) seraient à effectuer au moins sur deux à troissecteurs : un site avec karst avéré et largement présupposé, un site avec nettefissuration et un profil sans fissuration (du moins sans fissuration marquée). La miseen place de ce réseau demandera au démarrage de regarder un nombre plus élevé depoints (de préférence 20 à 30 points entre Ault et le Havre). Les profils piézométriquesseraient à mesurer au moins à 4 périodes différentes (à heure marée fixe) d’un cyclehydrologique annuel puis à deux reprises sur au moins les deux cycles hydrologiquessuivants ;

- une fois ces profils piézométriques en bonne partie étudiés, il sera alorséventuellement temps de compléter la connaissance piézométrique avec des méthodesRMP ;

- pour disposer de chroniques représentatives de données, les mesures piézométriquesdevront faire l’objet de suivi dans le cadre d’un réseau piézométrique à thématiquelittorale sur quelques points (un minium d’une dizaine de points seraient souhaitables)sur plusieurs années, de façon à enregistrer les effets des cycles annuels et pluriannuelsdu réservoir aquifère ;

- les volumes de stockage/déstockage (cycles pluriannuels) pourront commencer às’apprécier sur une base de suivi sur un minimum d’une dizaine d’années ;

- deux des points de ces réseaux pourront être issus des profils perpendiculaires sur lespoints les plus pertinents en terme de distance à la falaise : les autres points serontimplantés sur d’autres secteurs représentatifs ou problématiques. La distanced’implantation dépendra des enseignements issus des profils et du contexte propre dessites.

Cette première base de travail, au-delà des clauses techniques restant à définir en détail,est donnée à titre indicatif pour illustrer l’ampleur, la durée, et la difficulté des travauxd’acquisition des mesures nécessaires à une meilleure appréciation du rôle des niveauxsaturés dans l’arrière falaise littorale.

5.1.2. Sources

Si les conditions d’implantation le permettent, les points de sources pourraientconstituer une alternance de suivi d’un point piézométrique et/ou son complément, carles débits à l’exutoire sont globalement proportionnels à la hauteur de saturation del’aquifère.

Les profils piézométriques seront préférentiellement placés sur l’axe d’une source, pourbénéficier des compléments d’informations fournies par le suivi des débits de sources.

Une fois calé, le point source pourra partiellement remplacer un piézomètre.

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Les cas de discordance (non calage entre piézométrie et débit des résurgences) seraientalors à étudier (niveau seuil ?, chambre karstique ?)

Mais les sources seront préférentiellement utilisées pour des suivis du chimisme deseaux, car ses fluctuations permettront éventuellement de préciser le fonctionnement desécoulements phréatiques et marins à proximité des fronts de falaise.

A priori, les paramètres à suivre les plus intéressants sont la conductivité, le couple(NA, Cl), les nitrates (marqueur anthropique), complétés par quelques mesuresbactériologiques pertinentes.

5.1.3. Bassin versant test

Afin d’apprécier l’impact des écoulements souterrains dans l’arrière côte sur la stabilitédes falaises, des études plus complètes du fonctionnement hydrogéologique à l’échellede petit bassin versant crayeux littoral doivent être entreprises. Compte tenu de la tailledes bassins versants hydrogéologiques, il sera sans doute nécessaire de travailler àl’échelle des petits bassins versants géographiques côtiers.

Afin de disposer d’études représentatives, il conviendra de travailler sur deux bassinsversants, l’un présentant une karstification avérée, l’autre une absence d’indiceskarstiques connus.

Le choix des bassins versants doit être effectué le plus tôt possible et intégrer autant quepossible des points piézométriques (profils) et des sources.

Leurs études hydrogéologiques seront aussi complètes que possibles, tant d’un point devue descriptif que comparatif : analyse des précipitations, suivi des ruissellements,fluctuations piézométriques, des débits des sources, bilan volumique, essais depompages, modélisation si possible, suivi des teneurs chimiques à différentes échellesde temps (cycle marée, cycle hydrologique annuel, cycle pluriannuel si possible), voiregéochimie (datation, traçages).

Etalée sur quelques années, ces études pourraient intégrer des observatoires existants ouêtre l’objet de la mise en place d’observatoires, pour qu’une partie de leurs suivispuissent être ensuite pérennisée.

5.2. STRUCTURE

Les travaux entrepris en géologie structurale, tant par l’observation des photos desparois de falaises (2 dimensions) que par l’approche géophysique (ouverture à latroisième dimension), ont montré dans ce programme leur efficacité opérationnelle àdéterminer précisément la géométrie des éléments structuraux des falaises crayeuses.

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Les deux techniques par contre n’ont pas été corrélées à la litho-stratigraphie par ungéologue pour s’assurer de la bonne validité des résultats et apprécier les typesd’artefact possibles qui pourraient apparaître en géophysique notamment.

Les conditions semblent réunies pour pouvoir cartographier en 3 dimensions l’ensembledes éléments de structures sur la frange littorale crayeuse, dont la connaissance est undes éléments essentiels d’appréciation directe de l’instabilité des falaises (sans compterles effets d’instabilités induites par les écoulements des eaux au sein de cesdiscontinuités).

Un tel travail serait à réaliser sous la direction et le contrôle d’un géologue : les travauxde géophysique nécessaires à cette réalisation seront définis et encadrés par ce dernier.

Si pour tous les travaux d’hydrogéologie, la connaissance préalable des élémentsstructuraux sera toujours souhaitable, elle s’avèrera complètement indispensable pourles études poussées sur des bassins versants tests.

5.3. GÉOPHYSIQUE

On a vu ci-dessus que les méthodes géophysiques devraient être un des principauxoutils qui permettra la cartographie en 3 dimensions des éléments de structures, et queleur emploi systématique sera un des éléments de progression essentiel pour l’avenirdans la connaissance de l’évolution des falaises.

D’un point de vue plus hydrogéologique et dans une seconde étape, l’usage de laméthode RMP est recommandé sur les réservoirs crayeux. Néanmoins, l’usage de laméthode RMP ne constitue pas et de loin la première étape des travaux d’investigationshydrogéologiques. La détermination au préalable du contexte géologique,hydrogéologique, la prise en compte des points de calage (piézomètre) sontindispensables. Ces travaux finis ou bien entamés, des prospections RMP pourront alorsêtre envisagés et entrepris sous la coordination d’un hydrogéologue.

L’utilisation de sonde d’humidité du sol (type HUMILOG) ou équivalent serait aussi àtester pour apprécier l’état de saturation dans la Zone dite Non Saturée (ZNS, depréférence juste avant la RMP, ou en même temps).

D’un point de vue plus géotechnique, il serait utile que les apports de la méthodologiedite « H/V » par géophysique sismique soient testé à large échelle le long des falaises :en effet, O. Maquaire (1990) avait ainsi pu délimiter le front décomprimé des falaisescalcaires bas normandes. Un essai ponctuel avait même été effectué à Cauville sur lafalaise crayeuse haute-normande en collaboration avec le CETE de ROUEN. Les faiblesvitesses obtenues dans la craie décomprimée sont du même ordre de grandeur que cellesobtenues en bordure de versant dans la région de Reims (Coulon, 1986). L’emploi de latechnique H/V mériterait donc d’être poursuivie plus amplement en différents sites de lafalaise.

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5.4. AUTRES DOMAINES EN LIAISON AVEC L’HYDROGÉOLOGIE

5.4.1. Géotechnique

D’un point de vue plus géotechnique, le travail effectué sur les falaises de Basse-Normandie par Maquaire (1990) serait dans les grandes lignes à adapter au littoral haut-normand et picard :

- mise en place d’une chronique historique des phénomènes de mouvements de terrainde recul, recherche de synchronisme avec les données climatiques (pluviométrique etgel) et les données piézométriques (existantes et à acquérir), à l’aide d’outilsstatistiques ;

- l’étude de sites sensibles (pose d’appareillage in situ et suivi régulier) ;

- la détermination du front décomprimée, altérée ;

- la modélisation géotechnique (abordé de manière sommaire par O. Maquaire).

La phase de constitution d’une chronique historique sera l’occasion d’effectuer labibliographie de toutes les travaux géotechniques effectués sur les falaises (CETE deRouen, BRGM, Universités, BET privés…) pour en faire la synthèse, en extraire lesdonnées et faciliter les travaux de modélisation.

Les travaux récents entamés en géométrique par S. Taïbi (Taïbi et Fleureau, 2001) ausein du programme ROCC (différences de comportement mécaniques de la craie à lasaturation) seraient à poursuivre sur d’autres secteurs et à confronter avec les donnéesdu CETE de Rouen.

Pour cette phase, un suivi régulier par photos aériennes obliques dans le futur desévénements (2 vols/an) serait très utile pour établir une cartographie des événements.

5.4.2. Réseaux d’alerte

Au-delà des aspects de recherches, l’objectif de ces travaux d’évaluation de l’aléa est des’appliquer à des sites déjà sensibles (Criel, Dieppe, Sainte-Adresse, etc.) pour lesquelsla mise en place de réseaux de surveillance pouvant jouer un rôle d’alerte est àenvisager.

On essayera autant que possible (accessibilité, contexte du site) d’effecteur les travauxde recherche et développement à proximité de ces sites difficiles, où en dernier lieu lesacquis de la recherche pourront être directement appliqués sur place.

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5.4.3. Autres travaux en cours sur les falaises

Dans le cadre du projet national de recherche PROTECT, nettement plus centré surl’appareillage de suivi et d’alerte des mouvements de terrains (mise au pointd’équipement de petits appareillages in situ : extensomètres, accéléromètres deprécision, capteur de pressions, capteur d’humidité….), les premiers repérages sur lesite de Mesnil-Val (commune de Criel-sur-Mer) ont eu lieu en fin d’été 2001.

Le CETE de Rouen intervenant de manière régulière sur les falaises, ses études outravaux seraient à intégrer en partenariat lors d’un prochain programme.

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6. Conclusions

e premier programme de recherche sur les falaises crayeuses a permis par uneapproche multidisciplinaire :

- d’identifier la complexité des phénomènes d’érosion en jeu ;

- d’apprécier pour partie l’importance de certains de ces phénomènes (houle, fissuration,etc.), la méconnaissance pour d’autres (état de saturation, aspect et comportement del’aquifère crayeux, analyse du gel, etc.) ;

- de tester dans les différentes disciplines des techniques variées, souvent innovantes,avec des succès très variés ;

- d’effectuer un premier document synthétique sous forme d’une cartographie numérisée(SIG) des principaux paramètres en jeu (lithologie, structure, hydrogéologie).

L’hydrogéologie apparaît comme la discipline la plus pauvre en connaissances sur ledomaine des falaises crayeuses littorales. Les travaux effectués dans le volethydrogéologie du programme ont permis surtout de confirmer que les rares donnéesexistantes (puits et sources) ne caractérisent que de minuscules superficies et nepermettent en aucune manière d’apprécier le fonctionnement de l’aquifère à proximitéde son exutoire marin. De ce fait, le travail de cartographie des paramètreshydrogéologiques est fondé sur les seuls documents hydrogéologiques existants, àsavoir les atlas départementaux de Seine-Maritime et de Picardie effectués au 1/100 000(avec tous les limites que représente l’emploi de tels documents).

Côté anglais, malgré un littoral plus aménagé, des informations plus nombreuses, destravaux de recherche fondamentale hydrogéologique de la craie plus aboutis(notamment sur la lithologie, la texture et la structure), les conclusions restentsensiblement les mêmes.

Le principal apport complémentaire est d’avoir souligné à quel point il est important debien apprécier les paramètres (et leurs fluctuations locales) du réservoir aquifère tels queles porosités matricielle et fissurale.

Pour la prévision des éboulements de falaises, cette absence est d’autant pluspénalisante que la hauteur de saturation est un des principaux facteurs déterminant del’état d’instabilité. Les nombreuses instabilités constatées ces mois derniers alors quel’aquifère crayeux est en période de très hautes eaux, confirment ce rôle majeur del’eau.

Parallèlement, les éléments acquis dans les autres disciplines (géologie et géophysique)faciliteront dans l’avenir la compréhension du fonctionnement hydrogéologique de lacraie en arrière paroi de falaise.

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Les perspectives d’amélioration des connaissances sur l’hydrogéologie sont réelles (tousles outils de base existent : piézométrie, traitement du signal, RMP…), mais laméconnaissance est aujourd’hui telle que l’acquisition des données de bases sur leterrain couvrira plusieurs années et devrait constituer un programme de service public àpart entière, tant les collectivités sont concernées et les applications immédiates.

Il apparaît aussi important de souligner qu’à l’avenir l’amélioration des connaissancespassera d’abord et avant tout par l’application adaptée à grande échelle des méthodesclassiques et validées de chaque discipline (géologie, hydrogéologie, géotechnique),plus que par la mise en oeuvre de nouveaux procédés innovants.

Une première base très grossière du travail futur pour l’hydrogéologie (et quelquescompléments sur les disciplines connexes) a été donné tant pour illustrer l’ampleur dutravail à accomplir que pour montrer la nécessité à l’avenir de poursuivre de manièreencore plus imbriquée les disciplines entre elles.

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ANNEXE 1

Cartographie détaillée de la campagne 1999en Haute-Normandie

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