25
1 LA SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE SHERBROOKE Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par MARIE-ÈVE JETTÉ Travail présenté à ÈVE DESJARDINS Sherbrooke Avril 2010

Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

1

LA SOCIÉTÉ D’HISTOIRE DE SHERBROOKE

Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke

par

MARIE-ÈVE JETTÉ

Travail présenté à

ÈVE DESJARDINS

Sherbrooke

Avril 2010

Page 2: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

2

Introduction

La ville de Sherbrooke est passée de l’âge de l’eau, à la vapeur, ensuite à l’électricité

pour se rendre aujourd’hui à une société de services. Mais à chaque moment, il se produit

des incidents comme dans toute ville. Ce tour pédestre vous racontera des accidents

mortels, des meurtres, des suicides, des infanticides, des incendies marquants qui ont eu

lieu au cours du développement de Sherbrooke. Que l’on soit à l’époque de la vapeur ou à

l’électricité chacun a ses particularités. Pendant de nombreuses années, l’on y retrouve un

personnage clé de Sherbrooke : le coroner. C’est cette personne qui doit enquêter sur

toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la gravité du cas.

S’il est grave, il nommera un jury qui va mener l’enquête avec lui. Certains sont assignés

à assister à l’autopsie, mais tout le jury écoute les témoignages. Ces deux éléments

permettent de rendre un verdict par la suite.1

Un enfant est retrouvé dans une boîte en carton à l’hôtel Magog

L’immigration irlandaise a connu une forte croissance au milieu du XIXe siècle. En

Irlande, une grande famine est causée par une maladie qui touche la pomme de terre, leur

principal aliment. Mais l’immigration se poursuit autour de cette période, car la forte

concentration de population amène un manque d’emploi dans les villes et un manque de

terre en campagne pour nourrir la population trop nombreuse.2 Une nouvelle immigrante

irlandaise a travaillé à l’Hôtel Magog. Il s’agit du plus vieil hôtel de Sherbrooke.3 Il se

situe sur la rue Dufferin autrefois, Commercial Street.4 Le 6 juillet 1881, Jane Raney a

mis un enfant au monde. Toutefois, l’enfant fut retrouvé dans une boîte à carton servant

pour le bois dans le grenier de l’hôtel. Après avoir été arrêtée, Jane Raney a avoué être la

1 André Lachance. " La vie est si fragile… " : étude sur la mort violente dans les Cantons de l’Est, 1900-1950, Sherbrooke, Productions GGC, 2002, p.9-10. 2 Jacques Paul Couturier, Wendy Johnson et Réjean Ouellette, Un passé composé : Le Canada de 1850 à nos jours, Moncton, Éditions d’Acadie, 2000, p.27. 3 Jean-Pierre Kesteman, Histoire de Sherbrooke - Tome 2 : De l’âge de la vapeur à l’ère de l’électricité (1867-1896), Sherbrooke, GGC, vol. 2, 2001, p.215. 4 Sherbrooke Directory, 1887-1888 p.88.

Page 3: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

3

mère de l’enfant, mais nia l’avoir tué. Elle a été envoyée en prison sur les ordres du

coroner pour subir un procès. Elle est accusée d’homicide.5

Yvonne Baron accusée d’infanticide

L’infanticide se pratique, à une certaine époque, à cause de l’idée que la population a de

la femme. L’église est toujours très présente en 1929 et donne une idée fixe de la

sexualité de la femme. Elle ne sert qu’à avoir des enfants, mais seulement à l’intérieur du

mariage. Si la femme ne respecte pas cela, elle peut subir la honte et le bannissement.6

Yvonne Baron, une jeune femme âgée de 22 ans se fait expulser de chez elle par ses

parents lorsqu’ils apprennent qu’elle est enceinte. 7 Elle se réfugie alors chez M. et Mme

Proux à Collinsville. Dès son arrivée, M. Proux lui demande à plusieurs reprises de s’en

aller, car il remarque dès son arrivée qu’elle est enceinte. Malgré ses nombreuses

demandes, Yvonne Baron reste chez lui et met l’enfant au monde le 25 avril à l’aide de

Me Proulx et du médecin R.-L. Boisvert. Elle tente par la suite de le donner à un curé,

mais il ne peut pas le recueillir, car il a déjà un certain nombre d’enfants.8 Par la suite,

elle essaie le mettre dans un hospice. Seulement, le chanoine Letendre lui dit qu’il ne peut

le prendre, mais qu’avec un peu d’argent pour payer le transport, il peut envoyer l’enfant

à Montréal. Des prêtres lui conseillent qu’elle retourne chez ses parents, mais elle a

refusé cette solution tout comme la précédente. Le 11 mai, des enfants qui jouent sur la

grève découvrent le cadavre de l’enfant flottant sur la rivière au niveau du pont du

Pacifique Canadien. Lors du procès elle a admis avoir jeté l’enfant à l’eau, même si

l’enfant semblait en bonne santé. Étant célibataire, elle devait retourner travailler à son

emploi à la filature Paton.9 Elle a subi son procès en novembre pour être finalement

accusée du meurtre de son enfant.10 Elle reçoit en décembre la sentence qui l’abat

profondément. Il s’agit de deux ans d’emprisonnement au pénitencier de Kinston, qui est

une prison pour femme. Elle doit en premier lieu aller à la prison St-Vincent-de-Paul et 5 Le Pionnier de Sherbrooke, 15 juillet 1881, p.2, col.7. 6 Andrée Lévesque, La norme et les déviantes, Montréal, remue-ménage, 1989, p.85. 7 André Lachance, " La vie est si fragile… " : étude sur la mort violente dans les Cantons de l’Est, 1900-1950, Sherbrooke, Productions GGC, 2002, p. 56. 8 La Tribune, 13 mai 1929, p.3, col. 6-7. 9 La Tribune, 14 mai 1929, p.8, col, 1-2, La Tribune, 28 novembre 1929, p.1, col. 2-3 et p.3, col, 3-4. 10 La Tribune, 29 novembre 1929, p.3, col. 1-3.

Page 4: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

4

ensuite, elle est conduite à Kingston pour purger sa peine.11 Finalement, elle ne retourne

pas travailler à la manufacture Paton, même si elle a fait ce geste dans ce but.

L’ancienne Banque des marchands est hantée

En 1882 la Merchant’s Bank ouvre ses portes à Sherbrooke.12 Par contre, en 1902

l’édifice situé sur la Factory Street, maintenant Frontenac, est à démolir. Elle change de

lieu pour le coin Frontenac et Marquette et partage une fois de plus l’édifice avec la Sun

life.13 Les personnes employées pour la démolition de la bâtisse ne veulent plus y

travailler lorsqu’il fait noir, car il y aurait des esprits dans l’édifice. Le jour tout est calme

et les employer s’occupe de la démolition. Seulement, lorsque la nuit tombe des témoins

disent qu’il y a des bruits étranges qui se font entendrent. Les personnes les plus

superstitieuses disent qu’ils se trouvent dans la voûte. De plus, ils ajoutent que ce sont de

mauvais esprits, car ils se logent dans un espace restreint. Avec l’historique de la bâtisse,

l’on peut croire que ce sont des esprits qui souffrent et qui veulent payer pour une peine

financière qu’ils ont commis. M. Hawkins, le propriétaire de l’édifice, ne croit pas que

ces esprits existent. Il demande à ce qu’une personne l’accompagne la nuit pour visiter les

pièces. Cependant, personne n’est volontaire pour l'escorter et les travaux se continuent

seulement de jour au déplaisir du propriétaire.14

Morte ou vivante

La cathédrale Saint-Michel est construite en 1855. Mais la population qui devient trop

nombreuse et la cathédrale qui n’est pas assez prestigieuse pour se nommer ainsi sont les

raisons qui poussent à la reconstruire. En 1916 la démolition est entamée et en 1917 est

construite la cathédrale que nous connaissons aujourd’hui.15 À l’intérieur de l’ancienne

11 La Tribune, 13 décembre 1929, p.3, col. 6. 12 Jean-Pierre Kesteman, Histoire de Sherbrooke - Tome 2 : De l’âge de la vapeur à l’ère de l’électricité (1867-1896), Sherbrooke, GGC, vol. 2, 2001, p. 132. 13 Sherbrooke Directory 1906-1907, p.212. 14 Le progrès de l’Est, 21 février 1902, p.3, col.3. 15Jean-Pierre Kesteman, Histoire de Sherbrooke – Tome 3 : La ville de l’électricité et du tramway (1897-1929), Sherbrooke, GGC, vol. 3, 2002, p.134-135

Page 5: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

5

cathédrale, il s’y est déroulé une petite aventure. En janvier 1905, Dame Marie

Crochetière est tombé malade en revenant de la messe, mais pourtant elle avait une bonne

santé. Elle s’est donc mise au lit, mais n’en est pas ressortie. Sa maladie est allée en

s’intensifiant tellement, qu’elle n’est plus sortie plus du lit jusqu’à ce qu’elle meurt deux

jours plus tard. Une autopsie faite sur le corps révèle qu’elle est morte d’une obstruction

intestinale. Les funérailles ont eu lieu à la cathédrale. Seulement, lorsque le cercueil était

sur le point d’être fermé, les personnes présentes ont remarqué que le corps n’avait pas de

lividité cadavérique et que la couleur de son visage avait conservé de belles couleurs. Les

personnes en deuil ont eu peur qu’il s’agisse d’un cas de léthargie. Ils ont donc appelé des

médecins qui ont pratiqué des incisions, mais ne confirmèrent que le décès de la dame.16

Il ne veut pas l’épouser

Le carré Strathcona est un milieu pour les commerces dès 1859 avec l’inauguration d’un

marché public. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, il est même nommé Market

Square ou Commercial Square. En 1900, il y a la construction d’un nouveau palais de

justice, mais le commerce est toujours présent. C’est en novembre 1904 que le nom de

Strathcona square est adopté.17 Ce lieu commercial a été témoin d’un crime passionnel

qui eut lieu en 1894. Plusieurs années plus tôt, Joseph avait eu une liaison intime avec

Joséphine Bégin. Mais cette liaison a arrêté lorsqu’il s’est marié avec une autre femme au

grand chagrin de Joséphine. Lorsqu’il devient veuf, il retourne vers Joséphine.

Seulement, après quelque temps, il la délaisse à nouveau pour une autre femme. Cette

femme l’aimant plus que tout veut le garder pour elle. Elle lui a donc demandé à plusieurs

reprises qu’ils réalisent un de ces désirs, se marier tous les deux. Un jour, commençant à

perdre patience elle lui demande une réponse claire pour le lendemain. Ainsi, une journée

plus tard elle va le voir à son étal au City Hall et lui pose la même question et espérant la

réponse qu’elle attend depuis des années. Joseph qui fatigué de se faire poser cette

question lui répond qu’il ne l’épouserait jamais. Abattue, elle part en lui disant qu’elle

reviendrait plus tard pour en discuter. Elle est immédiatement allée chez elle au 18 rue

16 Le progrès de l’Est, 31 janvier 1905, p.3, col. 3 et Marc Genest, Portraits de familles de Sherbrooke, Rock-Forest, Formatexte enr, vol. 1, 1999, p. 219-220. 17 La Société d’histoire de Sherbrooke, Quelques parcs historiques de Sherbrooke, 2009, p.40.

Page 6: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

6

Gillespie et elle dit à son père qu’elle va tuer Joseph Hébert. Son père qui est malade et

infirme ne réussit pas à prévenir la police. Elle se rend ensuite au magasin Codère fils et

Cie au 161 rue Wellington pour y acheter un révolver avec une cartouche de balles.18

Après avoir acheté son arme, elle est retournée voir Hébert à son étal prêt à agir. Après

lui avoir dit qu’il ne changerait pas d’idée, elle lui dit qu’il rit d’elle depuis plusieurs

années et que c’est maintenant à son tour de rire de lui. Elle lui tire deux balles à la tête et

une à la sienne. Elle est ensuite partie de l’étal la tête en sang, en laissant l’arme sur le

lieu du crime. Malgré ses blessures, Hébert réussit à sortir de son lieu de travail et trouve

un homme se nommant Alex Ames. Ames le ramène à son étal et il appelle de l’aide.

Sentant la fin proche, Hébert demande un prêtre pour sa dernière confession. Le Chef

Davidson et le constable Bell arrivent. Dès que le constable voit Hébert, il se met à

chercher la coupable. Il réussit à la trouver sur la rue Grove, aujourd’hui rue Cathédrale.

Pendant ce temps, un prêtre et le Dr. Worthington arrivent près du mourant. Il est

transporté chez lui au 8, rue conseil en ambulance.19 Il meurt deux heures plus tard sans

parvenir à retrouver suffisamment conscience pour donner une déposition aux enquêteurs.

Cette enquête troublante est réalisée par le coroner Woodward. Lors du procès, le jury se

compose de John Wiggett, président, J. A. Fournier, Wm. Gendron, Jos. Couture, Prosper

Olivier, Philippe Desaulniers, P.W. Sargeant, Pierre Ménard, J. Frisette, Siméon Roy, J.

B. Bernier, Chs. Beauregard et Louis Smith.20 Le jeune Ouellette, le garçon boucher de la

victime, dit dans son témoignage que Joséphine a menacé deux fois Hébert avec un

couteau de boucherie avant de le tuer véritablement. Elle lui a souvent dit que s’il ne la

marie pas, il allait mourir de sa main. Le soir du meurtre, elle s’est mise sur le poêle

brûlant et Hébert a demandé si elle était folle. Joséphine lui répond que cela avait peu

d’importance, car il ne lui restait pas longtemps à vivre. Joséphine désirait Joseph

beaucoup plus que lui la désirait. Elle, était prête à tout pour son amour, mais Hébert n’en

voulait pas. De plus, selon le constable Bell elle lui a dit lorsqu’il l’a arrêté qu’elle l’avait

tué parce qu’elle avait été déçue et qu’il s’était moqué d’elle.21 Ainsi, avec tous ces faits

le juge propose le meurtre ou manslaughter, qui est un homicide involontaire, mais le jury

18 Sherbrooke Directory 1894-1895, p.32. 19 Sherbrooke Directory 1894-1895, p. 139. 20 Le progrès de l’Est, 6 décembre 1894, p.2 col. 4-5. 21 Le progrès de l’Est, 11 décembre 1894 p.2, col. 4.

Page 7: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

7

décide qu’elle est non coupable.22 Ont-ils senti la peine de Joséphine pour lui avoir donné

ce verdict, car les éléments semblent tous correspondre pour qu’elle soit reconnue

coupable?

Des incendies dramatiques

Les incendies sont présents partout. Un qui a touché la population est celui de l’hôtel

Grand Central situé au coin la rue Wellington Nord et Meadow construit en 1880.23

L’incendie a eu lieu le 22 octobre 1937. Il semble que c’est l’incendie le plus important

depuis 22 ans selon le sous-chef J.-A. Prunier. Au moment où les personnes dorment dans

leur lit, un feu se déclare vers six heures du matin. À 6 h 15, un employé de la Tribune

qui passe devant dit qu’il y a des flammes et de la fumée qui sort de tous les étages, qu’il

s’agit en fait d’un nuage noir. Les flammes se répandent rapidement dans l’hôtel et il est

difficile de savoir qui manque à l’appel, car il l’on ne retrouve aucun registre des

personnes ayant loué une chambre. Lorsque les flammes sont contrôlées par les pompiers,

plusieurs personnes manquent à l’appel et il y a de nombreux blessés. Alma Hudon, une

domestique, est gravement brûlée et Robert Cooper, qui s’est sauvé des flammes en

sautant à l’extérieur de la bâtisse en feu, a subi plusieurs fractures et n’a pas survécu à

cette chute. En tout, il y a douze blessés qui sont transportés à l’hôpital St-Vincent-de-

Paul. 24 Le corps de Stewart Grose est retrouvé le lendemain vers 10 heure. Il est reconnu

seulement par une bague qu’il porte à un doigt. Cet homme aurait réveillé un grand

nombre de personnes et lorsqu’il est retourné au deuxième étage pour en réveiller

d’autres, il aurait été prisonnier des flammes.25 Après deux jours, Oswald Charlwood est

retrouvé dans les décombres. Il n’a plus de jambes ni de bras, mais est reconnu par sa

largeur d’épaules plus prononcée que celle de Grose ainsi que la rondeur de son visage.26

Lancelot Stewart, musicien de Sherbrooke, est retrouvé près de Grose le soir même, mais

il est plus facile de le reconnaître. Il est possible que ce dernier ait été réveillé par Grose

22 Le progrès de l’Est, 15 mars 1895 p.2, col. 4. 23 Jean-Pierre Kesteman, Histoire de Sherbrooke - Tome 2 : De l’âge de la vapeur à l’ère de l’électricité (1867-1896), Sherbrooke, GGC, vol. 2, 2001, p. 208-209. 24 La Tribune, 18 octobre 1937, p.1, col. 1-8, La Tribune, 18 octobre 1937, p.7, col. 8. 25La Tribune, 19 octobre 1931, p.1, col. 1-3. 26 La Tribune, 20 octobre 1937, p.1, col.1-2, La Tribune, 20 octobre 1937, p.9, col. 5.

Page 8: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

8

et que les deux hommes soient prisonniers des flammes.27 Au total, il y a six morts sont

causées par cet incendie. La famille Têtu, propriétaire de l’établissement, décide de ne

pas reconstruire l’hôtel Grand Central.28

Un incendie touche davantage lorsqu’il s’agit d’un enfant. Au 24, rue Cathédrale a eu lieu

un feu dans une maison familiale. Un feu qui s’est déclaré dans un garde-robe de la

cuisine. Il a été découvert par Daniel, un enfant de 5 ans. Daniel est allé avertir sa mère

qui dormait. Madame Demers a réussi à faire sortir neuf de ses enfants malgré la fumée

dense qu’il y a dans la maison. Le père étant parti travailler n’a pu être présent pour aider

sa femme à sortir les enfants de la maison. Madame Demers malgré ses efforts n’a pas

réussi à retrouver sa fille Sonia âgée de 6 ans. Une fois que le feu fut contrôlé par les

pompiers, le corps de la petite fille est retrouvé dans un lit autre que le sien. Voilà

pourquoi, sa mère n’a pas réussi à la sauver. Même s’il a fallu seulement 15 minutes pour

contrôler le feu, la fumée dense est la cause de la mort de la petite Sonia.29

Madame William Knowlton tué par accident

Les accidents mortels que ce soit à la maison ou au travail surviennent fréquemment. Il

en résulte une accoutumance et ces sujets en viennent à ne faire que quelques lignes dans

le journal. Mais les cas les plus surprenants font la une des journaux. 30 Le 5 juin 1917,

son jeune neveu revenait d’une excursion de pêche. Il est entré dans la cuisine où se

trouvait madame Knowldon au 20, rue Meadow. Quelques instants plus tard, des voisins

entendent une détonation et madame Knowldon est retrouvée morte baignant dans son

sang. Lors de l’interrogatoire fait sur l’enfant, il déclare qu’il a trouvé un révolver sur la

table de la cuisine. Le voyant vide, il a appuyé sur la détente et la balle est allée en

direction de sa tante pour se loger dans un poumon. Elle est morte avant l’arrivée du

27 La Tribune, 22 octobre 1937, p.1, col. 1, La Tribune, 22 octobre 1937, p.9, col. 6. 28 La Tribune, 22 octobre 2008, p.13. 29 La Tribune, 7 juin 1966, p.3, col. 4-6. 30 André Lachance, " La vie est si fragile… " : étude sur la mort violente dans les Cantons de l’Est, 1900-1950, Sherbrooke, Productions GGC, 2002, p. 103.

Page 9: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

9

médecin. La seule balle à l’intérieur de l’arme avait été placée par le frère de l’enfant.31

Ce malheureux ne savait pas qu’il peut y avoir une balle dans la chambre du révolver. Il

l’apprend d’une façon bien triste. À la suite de l’enquête du coroner, le jury rend un

verdict de mort accidentel.32

Il est dangereux de se promener en attelage

Les chevaux sont des êtres vivants. Certains d’entre eux peuvent être très nerveux et il

suffit seulement d’un bruit soudain pour provoquer une peur subite et déclencher une

course soudaine ou des mouvements brusques.33 Par exemple, en décembre 1881 M. Carr

arrive du marché en attelage et doit s’arrêter à la traverse de la rue King pour laisser

passer un wagonnet. Seulement, le cheval pris de panique fait tomber son maître. En

tombant sur un billot, il est mort par le choc reçu à la tête.34 Il n’y a pas seulement les

autres attelages qui peuvent faire peur au cheval, mais celui qu’il tire aussi. En août 1915

Georges Benoit, laitier, vient de tourner l’angle de la rue Gorden pour se situer sur King.

Sans savoir pourquoi, une courroie s’est brisée. Le bruit occasionné lorsque l’objet est

tombé a fait peur aux deux chevaux et ils se sont rapidement élancés en direction de la

rue Wellington. Le laitier a rapidement compris qu’il est impossible d’arrêter les chevaux

effrayés et saute du côté droit de la charrue. Ce n’est qu’après avoir sauté, qu’il remarque

qu’il y a un autre enfant du côté gauche de la voiture. L’enfant de six ans ne sachant que

faire est resté dans la l’attelage en étant sans doute aussi effrayé que les chevaux.

L’attelage alla fracasser un des poteaux de la Edwards realty Co. au niveau 32 de la rue

King. L’enfant ne put expliquer pourquoi il était avec le laitier, car son crâne a été

fracassé entre le poteau et la voiture. La force du choc a été si fort qu’il a défoncé toute la

partie supérieure de la tête et même qu’il y a de la cervelle qui a été trouvée sur le trottoir.

Le docteur Noël qui est passé à ce moment n’a pas réussi à le sauver. Pour ce qui est de

Georges Benoit il n’a pas eu de nombreuses blessures. Les chevaux sont aussi blessés, 31 La Tribune, 5 juin 1917, p.1, col. 5-6 et Michel Sharpe, La mort violente à Sherbrooke de 1901 à 1930 : l’accident mortel, le suicide et l’homicide. Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 1993, p. 81. 32 La Tribune, 6 juin 1917, p.1, col. 4. 33André Lachance, " La vie est si fragile… " : étude sur la mort violente dans les Cantons de l’Est, 1900-1950, Sherbrooke, Productions GGC, 2002, p. 126. 34 Le Pionnier de Sherbrooke, 22 décembre 1881, p.2, col. 4 et Marc Genest, Portraits de familles de Sherbrooke, Rock-Forest, Formatexte enr, vol. 1, 1999, p. 19.

Page 10: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

10

mais très peu. L’attelage est complètement détruit. L’enfant avait sans doute voulu faire

une promenade en voiture, mais malheureusement ce fut sa dernière.35 Il y eut des

funérailles à la cathédrale et il a été inhumé au cimetière St-Michel, le seul cimetière

catholique de Sherbrooke.36

Gare aux locomotives

La station du dépôt, autrefois Union Station, a été construite en 1890. Le Grand-Tronc, le

Québec central et le Boston & Maine utilisent cette gare dès son ouverture.37 Cette gare

fut témoin de la mort de plusieurs personnes dont deux marquantes. La première est celle

d’un jeune homme de 21 ans. Pierre Cyr était à Sherbrooke depuis seulement une

semaine et travaillait pour la compagnie de chemin de fer le Grand Tronc. Un mécanicien

du convoi qui se trouve sur le rapide numéro six du Québec Central a vu Pierre Cyr

coucher la tête sur un rail. Il n’a pas eu le temps d’arrêter le train à temps, alors le corps a

été traîné sur une distance de 25 pieds, entre 7 et 8 mètres. Pierre Cyr ne pouvait

aucunement s’en sortir vivant, car sont corps a subit de nombreux dommages; la cervelle

est à moitié répandue et l’autre collé à des touffes de cheveux collé aux rails et il a eu un

bras coupé au coude. Les personnes présentes ont ramassé les morceaux du corps et les

ont transportés à la morgue sans aucun avis du coroner.38 Les évènements laissent croire

à un suicide, mais l’enquête du coroner a démontré des faits étranges. Quelques minutes

avant l’accident la victime a montré un rouleau d’argent à Albert Côté, un maçon, et lui a

dit qu’il a fait de bonnes affaires et qu’il allait partir pour Montréal tard dans la nuit.

Seulement, avant de partir il devait rencontrer une personne et il partit par la suite vers

l’ouest en pleine noirceur. Ce qui s’est passé par la suite demeure un vrai mystère. Les

enquêteurs ont donc fouillé les poches de Cyr et ont trouvé que très peu d’argent. Peut-

être qu’il a été attaqué par la personne qu’il devait rencontrer. Une chose est claire; c’est

que Cyr était complètement sobre, mais l’on ne peut pas expliquer l’accident qui s’est

35 La Tribune, 16 août 1915, p.1, col.6 et La Tribune, 18 août 1915, p.6, col. 3. 36La Tribune, 18 août 1915, p.6, col. 3. 37 Jean-Pierre Kesteman, Histoire de Sherbrooke - Tome 2 : De l’âge de la vapeur à l’ère de l’électricité (1867-1896), Sherbrooke, GGC, vol. 2, 2001, p. 83. 38 La Tribune, 5 octobre 1912, p.1, col. 2-3.

Page 11: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

11

produit. Je jury a rendu un verdict de mort accidentel, car il n’a aucune preuve pour parler

d’un homicide.39

Un autre cas moins mystérieux, mais tragique est celui de l’inspecteur Byham. Pendant

que l’inspecteur vérifie l’accouplement entre deux wagons, le train se met à avancer. Il a

voulu sortir rapidement de l’endroit, mais son pied gauche est resté coincé dans les voies.

Ne pouvant sortir son pied, le wagon l’a renversé et coupé le corps en trois.40 L’enquête

ouverte par le coroner Bachand révèle que le serre-frein a levé le bras involontairement

en marchant. Le mécanicien a donc avancé la locomotive en prenant ce geste comme un

signal. Le jury rend un verdict de mort accidentelle.41 Ainsi, Byham est mort pour un

geste commis par inadvertance.

Drôle d’histoire

En 1861, il y a eu un meurtre qui a profondément marqué la population. Il est même

raconté dans un numéro souvenir de la Tribune en 1915. Fred Camirand est le témoin de

cette grande histoire. L’histoire se déroule un soir d’été. Au moment le plus fort d’une

tempête, il y a une bagarre sur le pont Magog, qui se situe près de la manufacture Paton,

entre deux hommes et une femme. Malgré la pluie provenant de par la tempête, le

lendemain matin, le pont est tout de même couvert de sang suite à cette bataille.

L’importance du sang a inquiété la population et les policiers ont commencé à chercher

qui sont ces trois personnes. Avec les recherches ils apprirent le nom des trois individus,

mais ils n’ont pu retrouver la jeune femme. En ville, il y a la rumeur que son corps se

trouve dans la rivière. La rivière a été fouillée scrupuleusement, mais cela n’a donné

aucun résultat. Ce n’est que neuf jours plus tard que le docteur Tuck a découvert le

cadavre d’une femme à demi submergé dans la rivière sous le pont de la rue Dufferin.

Tout le monde a su qu’il s’agit du corps de la jeune fille. Les autorités, averties, se sont

présentées au pont. Dans le but de ne perdre aucun indice, le coroner Woodward a interdit

aux hommes de toucher au corps. Pour ce faire, ils ont, à l’aide de câbles et de poulies,

39 La Tribune, 8 octobre 1912, p.1, col, 6. 40 La Tribune, 2 juillet 1940, p.3, col. 1-2. 41 La Tribune, 3 juillet 1940 p.3 col. 2.

Page 12: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

12

retiré la dépouille de cet endroit pour la mettre dans un canot et la tiré dans un champ à

cent pieds, 32 mètres, de la manufacture. La nouvelle a rapidement fait le tour de

Sherbrooke. Les curieux se sont rassemblés dans le champ autour du cadavre. Le coroner

choisit un jury et demande au docteur Tuck de faire l’autopsie sur le cadavre. Il lui

répondit qu’il refusait d’agir seul vu l’état du cadavre. Les docteurs Johnson et

Worthington ont été choisis pour l’aider à pratiquer l’autopsie. Lorsque le docteur

Worthington a réussi à obtenir ses outils, il s’est mis à la tâche. Par son empressement, il

n’enlève pas les vêtements de la femme alors il décide de les couper à l’aide d’un

couteau. Dès le premier coup de couteau, de la paille est apparue. Tout le monde présent

a été stupéfait par ce qu’ils voyaient. En fait, ce n’était qu’une farce destinée à la police.

Le cadavre est en fait un mannequin, le sang sur le pont celui d’un mouton et la bagarre

imaginée. Une fois la surprise générale passée, il semble que la population était morte de

rire. Les auteurs de cette farce sont le docteur Tuck, un pharmacien du nom de Robt

Walker et F. A. Camirand.42

Des suicidés dans la rivière Magog

La rivière étant un endroit accessible aux habitants, un grand nombre de personnes se

suicide en se jetant à l’eau. Entre 1901 et 1950 12 % des suicidés ont employé la noyade

comme technique en Estrie. Il s’agit de la quatrième méthode la plus populaire. 43 Les

autres sont, dans l’ordre, la pendaison, l’arme à feu et le poison. En août 1878 est

retrouvé le corps de John Bailey. Ce jeune homme d’environ 30 ans avait une vie stable.

Il travaillait comme peintre en bâtiment. Seulement, il lui manquait une chose : une

femme qu’il peut aimer et chérir. L’ayant trouvé, il a fait la cour à une jeune fille, mais il

n’a pu conquérir son cœur. Son chagrin était si intense que lorsqu’elle s’est mariée avec

un autre homme que lui, il s’est donné la mort en se jetant dans la rivière Magog près de

la fabrique de laine Grindrod situé près de la Belvédère Nord. Lorsque son corps a été

retiré de l’eau, il était abimé en plusieurs endroits à cause des rochers présents dans la

rivière. Même qu’il lui manquait un bout de nez. L’état de son corps montre combien son

42 Marc Genest, Portraits de familles de Sherbrooke, Rock-Forest, Formatexte enr, vol. 2, 2003, p.161-162. 43 André Lachance, " La vie est si fragile… " : étude sur la mort violente dans les Cantons de l’Est, 1900-1950, Sherbrooke, Productions GGC, 2002, p. 81.

Page 13: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

13

cœur doit être brisé. L’enquête du coroner mène à déclarer que John Bailey s’est suicidé

dans un moment de dépit causé par le mariage de la fille qu’il aimait.44

Près de celui-ci, il y a en 1883 un avocat du nom de Georges H. Borlasse qui est porté

disparu. Les recherches ont permis de découvrir son chapeau, sa canne et son habit sur le

bord de la rivière St-François. Une enquête a été ouverte pour découvrir la cause de la

mort. Dans son bureau, il fut trouvé son testament et une lettre adressée à sa femme.

Seulement nous ne savons pas ce que disait cette lettre. Il avait peut-être des problèmes

personnels qu’il croyait ne pas pouvoir surmonter, car depuis quelque temps il prenait

tellement de boisson que cela affectait son travail. Peut-être que l’alcool n’étant plus une

solution, il a voulu mettre fin à ses jours. Il y eut un verdict de mort dans un moment

d’aliénation mentale. Pourtant, il a pris le temps d’écrire une lettre à sa femme et d’avoir

un testament juste à côté.45

Un autre cas de suicide dans la rivière est celui de Frank Rocque en 1925. Cet homme

âgé de 51 ans s’est jeté dans la rivière Magog au niveau du pont Rouge du Pacifique,

aujourd’hui celui qui est à côté du stationnement du lac des nations. Il semble qu’il avait

une grande détermination, car avant de se jeter à l’eau, il a avalé du vert de Paris, il s’agit

d’ammoniac, l’on en retrouvait dans la peinture pour donner une pigmentation verte.

Seulement, il n’a pas prévu un élément, la présence d'autres personnes sur la rivière. Un

pêcheur l’a vu sauter et il est allé le tirer de l’eau. Il a été transporté à l’hôpital où il a

admis avoir pris du vert de Paris, car il était découragé de ne pas trouver d’emploi. Les

médecins n’ont pu réussir à le sauver. Il est donc mort d’une intoxication. Il est donc

parvenu à son but même si ce n’est pas l’eau qui l’a tué. Peut-être même qu’il a sauté à

l’eau, car le poison qu’il avait pris ne faisait pas effet assez rapidement selon lui.

L’enquête du coroner révèle qu’il avait une maladie mentale depuis quelque temps et

qu’il avait vu un spécialiste pour cela.46

44 Le Pionnier de Sherbrooke, 9 août 1878, p.3, col.3. 45 Le Pionnier de Sherbrooke, 9 août 1883, p.2, col.4. 46 La Tribune, 27 mai 1925, p. 1, col. 6-7 et Michel Sharpe, La mort violente à Sherbrooke de 1901 à 1930 : l’accident mortel, le suicide et l’homicide, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 1993, p.141.

Page 14: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

14

Mort d’un empoisonnement

L’Hôpital St-Vincent-de-Paul a été construit entre les années 1907 et 1912 par le docteur

Joseph Émile Noël.47 Bien entendu, depuis le début de sa construction, l’hôpital reçoit un

grand nombre personne avec des maladies ou autres. En janvier 1951 l’hôpital accueille,

de Windsor, une mère et ses quatre enfants pour un empoisonnement. Au début, les

médecins croient que c’est un empoisonnement par la nourriture.48 Malheureusement.

Gérard, l’enfant le plus jeune, âgé de seulement deux ans, en est mort. Pour comprendre

pourquoi toute une famille est tombée malade, une autopsie est pratiquée sur lui. Cela a

permis de découvrit qu’il est mort d’un empoisonnement, car ses muscles sont contractés.

Flore, qui est l’aînée, est la personne qui a commencé à se rétablir en premier. Lors d’un

interrogatoire, elle déclare à la police que sa mère l’avait envoyé chercher du vert de

Paris à l’épicerie. Le père étant parti travailler en après-midi, pour le souper,la mère a fait

dévêtir ses enfants et leur a tous donné une cuillère à thé en leur disant qu’elle leur

donnait quelque chose de bon. À son tour, elle prit trois cuillères et mis la bouteille dans

le poêle pour qu’elle disparaisse. Ils sont ensuite allés se coucher. Il n’a pas fallu deux

heures pour que le poisson fasse effet. Peut-être qu’elle a changé d’avis en voyant ses

enfants souffrir, car elle a appelé le docteur Fortin pour qu’il vienne examiner la famille.

Après les avoir examinés, il décide de les envoyés à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul.

L’enquête menée révèle que madame Beauregard a bien empoisonné ses enfants et elle-

même. Elle l’a même avoué au docteur Fortin et à son mari, mais l’histoire ne dit pas

pourquoi elle a agi ainsi. De plus, les déclarations de Flore âgées de 7 ans démontrent

bien qu’il s’agit d’un homicide.49

Accidents de travail tragique

Au début du XXe siècle, les accidents de travail ne sont pas la responsabilité de

l’employeur. Au Québec, il faut attendre en 1909 pour qu’une loi soit écrite disant que

47 Jean-Pierre Kesteman, Histoire de Sherbrooke – Tome 3 : La ville de l’électricité et du tramway (1897-1929), Sherbrooke, GGC, vol. 3, 2002, p.251 48 La Tribune, 5 janvier 1951, p.3, col. 6-7 49 La Tribune, 8 janvier 1951, p. 1, col. 5-6, La Tribune, 8 janvier 1951, p.2, col. 3

Page 15: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

15

l’employeur est responsable des accidents dans son établissement à moins qu’il ne soit

évident ce se soit la faute de l’employé.50 Malgré les avancements qu’il y a eu dans la loi,

les accidents ont toujours lieu et en voici deux exemples. En décembre 1916, C. E.

Drouin, un jeune homme habitant à Farnham travaille pour la Southern Canada Power

Compagny depuis deux semaines seulement. Un soir, alors qu’il fait une tournée dans

l’usine, en regardant la lumière du transformateur, il juge qu’elle n’éclaire pas assez. Il

décide donc d’aller chercher un fil d’extension dans le but de placer d’autres lumières sur

le transformateur. En montant une échelle, le fil qu’il tenait s’est déroulé de son bras pour

aller toucher un autre fil chargé en électricité. Il n’a pas dû ressentir de grande douleur,

car la mort a été spontanée. L’intensité du courant a frappé de plein fouet le jeune homme

et il est tombé de l’échelle pour ne plus bouger sur le plancher. Les collègues présents

n’ont rien pu faire pour le sauver vu la rapidité des évènements. Ils ont donc appelé une

ambulance pour transporter son corps à la morgue. Une enquête a été réalisée par le

coroner Bachand. Le résultat n’est pas connu, mais nous pouvons supposer d’un verdict

de mort accidentel, car tous les témoignages corroborent les mêmes faits. Ce jeune

homme de vingt ans, dans la fleur de l’âge, devait épouser une fille de Sherbrooke au

mois de janvier.51

En 1916, un accident de travail à la filature Paton concerne Alcide Hébert demeurant au

26, rue Grove.52 Cet employé plaçait une courroie sur une poulie en mouvement lorsque

l’escabeau sur lequel il se tenait est tombé par terre. Nos réflexes étant très forts lors de

moments comme celui-ci, Alcide Hébert a pris la poulie entre ses mains pour ne pas

tomber sans penser à ce qui peut lui arriver par la suite. En prenant la poulie, il lâche un

cri qui avertit ces collègues de ce qui lui arrivait. Ils ont seulement eu le temps de voir

qu’il est lancé au plafond avec violence et qu’il est resté accroché à une poutre. Son corps

est réduit en morceaux par la machine qui n’a pas été arrêtée à temps. Le docteur Lambly

fut appelé, mais il ne put que constater la mort du jeune homme.53

50 André Lachance, " La vie est si fragile… " : étude sur la mort violente dans les Cantons de l’Est, 1900-1950, Sherbrooke, Productions GGC, 2002, p. 108. 51 La Tribune, 18 décembre 1916, p.1, col. 5 52 Sherbrooke Directory 1914-1915, p.211. 53 La Tribune, 27 juin 1916, p. 1, col. 1, Michel Sharpe, La mort violente à Sherbrooke de 1901 à 1930 : l’accident mortel, le suicide et l’homicide. Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 1993, 195 p.

Page 16: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

16

Conclusion

Il y a de nombreux autres cas tout aussi intéressants qui se sont produits à Sherbrooke,

mais qui n’ont pas été abordés. Par exemple, il y a le cas de l’affaire de la rue Sanborn en

1913 où un paquet livré par le facteur a explosé lorsqu’il a été ouvert par la femme à qui

il était destiné. C’est un cas qui n’était toujours pas réglé en 1931.54 Il y a aussi une

femme qui se suicide en 1954 et pour y arriver, elle se fie à une image qu’elle retrouve

dans un livre.55 Sans compter Roméo Drapeau qui tue toute sa famille le 14 février 1956

à l’aide d’un marteau lors d’un matin banal.56 Pour compléter ce tour guidé, vous pouvez

allez voir la visite sur la prison Winter qui aborde les prisonniers qui ont été pendus et des

suicides qui ont eu lieu en cette prison.

54 La Tribune, 17 juin 1913, p. 1, col. 1-3, La Tribune, 3 juillet 1913, p. 2, col. 1-2 et La Tribune, 20 février 1931, p.8, col. 6-8, Sherbrooke Directory 1911-1912, p.146. 55 La Tribune, 25 novembre 1954, p.3 col. 3 et La Tribune, 26 novembre 1954, p.3, col. 1. 56 La Tribune, 14 février 1956, p. 1 col. 1-4 et La Tribune, 14 février 1956, p. 8, col. 1-3.

Page 17: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

17

Annexe

Magog House, Fonds M. A. Bignone, Société d’histoire de Sherbrooke

Page 18: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

18

Première cathédrale de Sherbrooke, Fonds Gérard Auray, Société d’histoire de Sherbrooke

Page 19: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

19

Place du marché (carré Strathcona) avant 1900, Fonds Paul Gagné, Société d’histoire de Sherbrooke

Page 20: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

20

Hôtel Grand Central, reproduction de 1898, Fonds Gérard Auray, Société d’histoire de Sherbrooke

Union Station, Fonds Louis-Philippe Demers, Société d’histoire de Sherbrooke

Page 21: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

21

Manufacture Grindrod, reproduction de 1898, Fonds Gérard Auray, Société d’histoire de Sherbrooke

Hôpital Saint-Vincent-de-Paul, Fonds Clovis Roy, Société d’histoire de Sherbrooke

Page 22: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

22

Manufacture Paton, Fonds de la Société d’histoire de Sherbrooke, Société d’histoire de Sherbrooke

Page 23: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

23

Bibliographie Ouvrages généraux COUTURIER, Jacques Paul, Wendy JOHNSON et Réjean OUELLETTE. Un passé composé : Le Canada de 1850 à nos jours. Moncton, Éditions d’Acadie, 2000, 419 p. GENEST, Marc. Portraits de familles de Sherbrooke, Rock-Forest, Formatexte enr, vol. 1, 1999, 473 p. GENEST, Marc. Portraits de familles de Sherbrooke, Rock-Forest, Formatexte enr, vol. 2, 2003, 273 p. KESTEMAN, Jean-Pierre. Histoire de Sherbrooke - Tome 2 : De l’âge de la vapeur à l’ère de l’électricité (1867-1896). Sherbrooke, GGC, vol. 2, 2001, 280 p. KESTEMAN, Jean-Pierre. Histoire de Sherbrooke – Tome 3 : La ville de l’électricité et du tramway (1897-1929). Sherbrooke, GGC, vol. 3, 2002, 292 p. LACHANCE, André. " La vie est si fragile… " : étude sur la mort violente dans les Cantons de l’Est, 1900-1950. Sherbrooke, Productions GGC, 2002, 209 p. La Société d’histoire de Sherbrooke, Quelques parcs historiques de Sherbrooke, 2009, 56 p. LÉVESQUE, Andrée. La norme et les déviantes, Montréal, remue-ménage, 1989, 233 p. SHARPE, Michel. La mort violente à Sherbrooke de 1901 à 1930 : l’accident mortel, le suicide et l’homicide. Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 1993, 211 p. Articles de journaux et Sherbrooke Directory Un enfant est retrouvé dans une boîte en carton à l’hôtel Magog Le Pionnier de Sherbrooke, 15 juillet 1881, p.2, col.7 Sherbrooke directory, 1887-1888 p.88 Yvonne Baron accusée d’infanticide La Tribune, 13 mai 1929, p.3, col. 6-7 La Tribune, 14 mai 1929, p.8, col, 1-2 La Tribune, 28 novembre 1929, p.1, col. 2-3 La Tribune, 28 novembre 1929, p.3, col, 3-4 La Tribune, 29 novembre 1929, p.3, col. 1-3 La Tribune, 13 décembre 1929, p.3, col. 6

Page 24: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

24

L’ancienne Banque des marchands est hantée Le progrès de l’Est, 21 février 1902, p.3, col.3 Sherbrooke Directory 1906-1907, p.212. Morte ou vivante Le progrès de l’Est, 31 janvier 1905, p.3, col. 3 Il ne veut pas l’épouser Le progrès de l’Est, 6 décembre 1894, p.2 col. 4-5 Le progrès de l’Est, 11 décembre 1894 p.2, col. 4 Le progrès de l’Est, 15 mars 1895 p.2, col. 4 Sherbrooke Directory 1894-1895, p. 139 Des incendies dramatiques La Tribune, 18 octobre 1937, p.1, col. 1-8 La Tribune, 18 octobre 1937, p.7, col. 8, La Tribune, 19 octobre 1931, p.1, col. 1-3 La Tribune, 20 octobre 1937, p.1, col.1-2 La Tribune, 20 octobre 1937, p.9, col. 5 La Tribune, 22 octobre 1937, p.1, col. 1 La Tribune, 22 octobre 1937, p.9, col. 6 La Tribune, 22 octobre 2008, p.13 Madame William Knowlton tué par accident La Tribune, 5 juin 1917, p.1, col. 5-6 La Tribune, 6 juin 1917, p.1, col. 4 Il est dangereux de ce promener en attelage La Tribune, 18 août 1915, p.6, col. 3 Gare aux locomotives La Tribune, 5 octobre 1912, p.1, col. 2-3 La Tribune, 8 octobre 1912, p.1, col, 6 La Tribune, 2 juillet 1940, p.3, col. 1-2 La Tribune, 3 juillet 1940 p.3 col. 2

Page 25: Promenade fantômes dans les rues de Sherbrooke par …C’est cette personne qui doit enquêter sur toute mort qui n’est pas naturelle. Un jury est nommé tout dépendant de la

25

Des suicidés dans la rivière Magog Le Pionnier de Sherbrooke, 9 août 1878, p.3, col.3 Le Pionnier de Sherbrooke, 9 août 1883, p.2, col.4 La Tribune, 27 mai 1925, p. 1, col. 6-7 Mort d’un empoisonnement La Tribune, 5 janvier 1951, p.3, col. 6-7 La Tribune, 8 janvier 1951, p. 1, col. 5-6 La Tribune, 8 janvier 1951, p.2, col. 3 Accidents de travail tragique La Tribune, 27 juin 1916, p. 1, col. 1 La Tribune, 18 décembre 1916, p.1, col. 5 Sherbrooke Directory 1914-1915, p.211. Images Magog House, Fonds M. A. Bignone, Société d’histoire de Sherbrooke Place du marché (carré Strathcona) avant 1900, Fonds Paul Gagné, Société d’histoire de Sherbrooke Union Station, Fonds Louis-Philippe Demers, Société d’histoire de Sherbrooke Manufacture Grindrod, reproduction de 1898, Fonds Gérard Auray, Société d’histoire de Sherbrooke Hôpital Saint-Vincent-de-Paul, Fonds Clovis Roy, Société d’histoire de Sherbrooke Première cathédrale de Sherbrooke, Fonds Gérard Auray, Société d’histoire de Sherbrooke Manufacture Paton, Fonds de la Société d’histoire de Sherbrooke, Société d’histoire de Sherbrooke Hôtel Grand Central, reproduction de 1898, Fonds Gérard Auray, Société d’histoire de Sherbrooke