Prospective Maroc 2030- Tourisme 2030, Quelles Ambitions Pour Le Maroc

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Tourisme 2030

Quelles ambitions pour le Maroc ?

TABLE DES MATIRES

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Prambule Introduction CHAPITRE 1 : DIAGNOSTIC : UNE DYNAMIQUE DE PROGRS 1. Le tourisme au Maroc : un rappel historique jusquen 2000 2. Le tourisme au Maroc : une vision, un contrat-programme 3. Le tourisme au Maroc : une valuation globale 3.1. Offre et demande touristique 3.2. Dimensions conomique et sociale du tourisme au Maroc 3.3. Patrimoine naturel et culturel et tourisme 3.4. Comptitivit du tourisme au Maroc 3.5. Problmatique du tourisme au Maroc CHAPITRE 2 : TENDANCES LOURDES ET FACTEURS DE CHANGEMENT 1. Tendances lourdes de la demande de tourisme 1.1. Nouvelles technologies et innovations fonctionnelles 1.2. La socit du savoir et de la connaissance 2. Tendances lourdes de loffre de tourisme 2.1. Globalisation et intgration des conomies 2.2. Dveloppement durable 3. Facteurs de changement dans les marchs du tourisme marocain CHAPITRE 3 : SCNARIOS LONG TERME DU TOURISME 1. Morphologie du systme touristique 2. Les contours des scnarios 3. Prsentation des scnarios 3.1. Scnario S1 : La route de lexprience 3.2. Scnario S2 : Vers le dveloppement durable 3.3. Scnario S3 : Intgration mditerranenne, vers un tourisme de la connaissance 3.4. Les trois scnarios : la zone commune CHAPITRE 4 : MENACES ET OPPORTUNITS, LES DFIS DU FUTUR 1. Des menaces contournables 1.1. Une zone de stress 1.2. Un financement insuffisant 1.3. Un manque deau 3

Table des matires

Tourisme 2030 Quelles ambitions pour le Maroc ?

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2. Des opportunits stimulantes 2.1. Le co-dveloppement en Mditerrane 2.2. La force innovatrice de lmigration CHAPITRE 5 : VERS UNE POLITIQUE TOURISTIQUE LONG TERME 1. Vers une Vision 2015 2. Quel tourisme pour 2030 ? ANNEXES LISTE DES FIGURES LISTE DES ENCADRS RFRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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PRAMBULE

Sous le Haut Patronage de Sa Majest le Roi, le Haut Commissariat au Plan mne, depuis 2004, une rflexion prospective sur le Maroc lhorizon 2030. La conduite de cette rflexion, dont le processus se proposait lexploration du futur de notre pays et llaboration de scnarios exploratoires et alternatifs, a t structure autour dateliers participatifs, forums, sminaires, confrences-dbats, appuys par des tudes thmatiques ou sectorielles et des enqutes de terrain. Ces activits ont trait de problmatiques caractre gnral portant sur lenvironnement gostratgique et goconomique, rgional et mondial de notre pays, les structures de notre conomie et les sources historiques et potentielles de sa croissance, les permanences, changements et enjeux pour lavenir de notre socit, ou encore les modles clairant les rapports entre croissance conomique et dveloppement humain. Cet ensemble a constitu ce que lon appelle, dans le jargon de la prospective, la base . Il sagit dune srie de donnes, danalyses et de rflexions sur le pass, le prsent et les volutions tendancielles de chacune des composantes sectorielles ou thmatiques du Systme Maroc permettant den dgager les forces et les faiblesses, les tendances et les facteurs de changement. Paralllement ltude de ces problmatiques dordre global et compte tenu dun cadrage macroconomique et socital o il tait ncessaire de les insrer, des secteurs spcifiques dactivit conomique ont t galement soumis cette dmarche prospective. Ils ont t choisis en raison, soit de leur poids actuel et futur dans lvolution de notre pays, telle lagriculture, soit des contraintes et enjeux quils prsentent pour le dveloppement durable et la comptitivit, telle lnergie, soit encore du caractre prioritaire que leur confre la politique nationale. Cest le cas du tourisme, objet de la prsente tude. Lexploration du futur dun secteur conomique aussi important que celui du tourisme se devait de privilgier une approche qui tienne compte de ses rapports avec les donnes conomiques et socitales de la collectivit nationale et de lenvironnement rgional et international qui influencent son volution, afin den mieux apprhender les tendances lourdes, les facteurs de changement, les atouts et les menaces qui affectent ou sont susceptibles daffecter son dveloppement et son poids dans le processus du dveloppement durable. Dans ce cadre, la dmarche sest fonde sur les conclusions auxquelles ont abouti plusieurs tudes dexperts, marocains et trangers, portant sur la demande et loffre touristiques internationales au regard de celles, effectives ou potentielles, qui engagent, aujourdhui, le devenir de ce secteur dans notre pays. Il est avr que, avec le temps, la demande touristique des marchs metteurs traditionnels devra, cet gard, crotre en direction des pays mergents dAsie, dEurope de lEst et dAmrique latine. Elle est appele impulser une forte expansion du tourisme international au cours des 25 annes venir dans le monde et dans la rgion mditerranenne. 5

Prambule

Tourisme 2030 Quelles ambitions pour le Maroc ?

Le dveloppement des nouvelles technologies de linformation et de la communication et lmergence de la socit de la connaissance devraient, par ailleurs, continuer avoir une propension de plus en plus forte modifier qualitativement et quantitativement la demande touristique et lever le niveau de sensibilit lquilibre cologique, la qualit de lenvironnement et la dimension culturelle des produits touristiques. Nous savons que dans un contexte de globalisation et dintgration des conomies, celles-ci seront, de plus en plus, soumises aux contraintes de la comptitivit et de la convergence des normes internationales en matire de durabilit et de qualit qui seront, dans ce cadre, des facteurs dterminants de lvolution de loffre touristique. Une telle tendance devrait justifier, pendant longtemps encore, lengagement du secteur public et la promotion des multiples partenariats public-priv pour en grer ladaptation la demande pour mettre en uvre les ncessaires schmas damnagement du territoire, rguler le march des services et favoriser lmergence et la consolidation de la socit de la connaissance. Lensemble du systme touristique marocain est, de toute vidence, appel sadapter ces tendances lourdes de la demande et de loffre. La morphologie du tourisme au Maroc en 2030 devrait, de ce fait, tre diffrente de celle daujourdhui, dautant plus que ce secteur est encore ltape initiale de son exprience des marchs lre de la mondialisation. La Vision de 2010 doit, cet gard, tre considre beaucoup plus comme le cadre et loutil dun processus dadaptation de notre pays lvolution de la modernit touristique en mergence que comme un schma directeur dfinitif du secteur. Il faut convenir que, par del les programmes et les politiques quelle a pu impulser, lindite mobilisation des acteurs professionnels quelle a suscite et le niveau des objectifs quelle sest assigns, la Vision 2010 a vocation senrichir de lapport dune rflexion prospective plus soucieuse de scnarios qualitatifs long terme. Ces derniers permettent de mieux apprhender les enjeux de lavenir, les impratifs de la durabilit du dveloppement et la prennit des performances pour une plus grande pertinence des ajustements quil savrerait ncessaire dapporter aux programmes prvus. Cest ainsi quil nous incombe de saisir toutes les occasions pour capitaliser notre exprience et celle de certains pays de la Mditerrane et nous engager dans les voies dune rflexion nationale ouverte sur toutes les opportunits quoffre le tourisme de demain. La prsente tude Tourisme 2030 : quelles ambitions pour le Maroc ? se veut un appel appuyer cette ambition. Elle procde par un rappel historique mettant en exergue les grandes volutions du secteur, enchanant sur une valuation globale de lactivit touristique et de son apport lconomie nationale, mettant laccent sur les tendances passes, le niveau de comptitivit et les ressources et potentialits touristiques que recle le pays. Elle sattache, ensuite, par un regard prospectif ramass, identifier les principales tendances lourdes et les facteurs de changement qui vont conditionner les volutions de lactivit touristique du pays lhorizon 2030, tout en soulignant limportance des incertitudes de lavenir. Sur cette base, elle dveloppe, selon une approche originale, trois scnarios diffrencis selon les choix face aux tendances lourdes et aux facteurs de changement dj identifis, et selon leurs exigences en termes dinfrastructures, de comptitivit, de modes de financement et de rapports gostratgiques du pays. Ces scnarios sont, en outre, confronts aux menaces qui doivent tre jugules et aux opportunits quil importe de saisir et de capitaliser. Ltude sachve sur une invitation laction par la ncessit dune Vision 2015 destine clairer le choix du scnario souhaitable identifi comme la zone commune aux trois scnarios et qui parat correspondre aux spcificits socioculturelles et au potentiel conomique de loffre touristique marocaine. 6

Ce travail serait utile sil parvenait intgrer dans les programmes prvus dans la Vision 2010 les composantes du scnario du dveloppement durable, plus exigeant en termes damnagement du territoire et celles du tourisme de la connaissance, qui se situe au niveau le plus lev de lchelle psychologique et culturelle de la demande potentielle de demain, afin den dployer des ralisations dans notre paysage touristique et den tirer le maximum de valeur ajoute pour le pays. Les scnarios prsents dans cette tude, quils soient exploratoires ou normatifs, nont ainsi dautre prtention que de sensibiliser aux enjeux et aux impratifs dadaptation long terme la comptition internationale dun secteur-cl de notre conomie. Se situant au-del des ambitions urgentes et des politiques oprationnelles du programme 2001-2010, ils se veulent surtout un appel la rflexion et la concertation. Par nature, la prospective est en permanence sujette des valuations et des remises en cause et constitue, de ce fait, un complment stimulant des stratgies et des politiques officielles qui sont le propre des attributions gouvernementales. Ceci est dautant plus vrai pour le tourisme quil sagit dun secteur vulnrable. Malgr ses promesses pour lconomie marocaine, il reste dpendant, au plan de la demande, des ralits extrieures, la fois structurelles et conjoncturelles, et des contraintes que cre le caractre transversal de ses activits, au plan de loffre. Nous avons ainsi rsum cela en disant : Les atouts du tourisme pour le dveloppement sont, en mme temps, les facteurs de sa vulnrabilit. La prsente tude de prospective et les scnarios auxquels elle a abouti sont le fruit dune collaboration fructueuse dminents experts et acteurs du secteur ainsi que de hauts cadres de lAdministration, de reprsentants dassociations professionnelles, de syndicats et dintellectuels. Puisse-t-elle contribuer utilement la rflexion laquelle Sa Majest le Roi, dans son message adress le 27 avril 2007 aux 7e Assises du tourisme Fs, a invit le pays pour prparer laprs Vision 2010 . Je men voudrais domettre ici de remercier les cadres du Haut Commissariat au Plan et lensemble des experts et acteurs nationaux qui ont bien voulu nous faire part de leurs commentaires et suggestions en vue damliorer notre travail. Aussi voudrais-je rendre un hommage particulier feu Emilio Fontela, non seulement pour son apport la prsente tude, mais aussi pour lensemble de ses contributions la rflexion prospective Maroc 2030 et pour son soutien technique la cellule Prospective du HCP.Ahmed LAHLIMI ALAMI Haut Commissaire au Plan

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INTRODUCTION

Dans les socits avances contemporaines, le tourisme est une composante de lactivit humaine dont limportance est croissante. Il sagit, en effet, dune activit de consommation dordre suprieur, dont llasticit par rapport au revenu est toujours suprieure un, cest--dire que le taux de croissance de la demande est suprieur au taux de croissance de lconomie. Le tourisme a acquis cette caractristique de la modernit parce quil rpond un besoin naturel de loisir, de repos, de qute de connaissance et de nouveaut dont lintensit augmente mesure que sont satisfaits les besoins essentiels de survie tels que lalimentation, le logement ou lhabillement. Au Maroc, cette lasticit par rapport au revenu est estime 1,4, et elle ne peut quaugmenter, tant pour le tourisme interne ( mesure quaugmente le bien-tre gnral de la population) que pour le tourisme international ( mesure que crot linsertion du Maroc dans le monde). Alors que la demande de tourisme augmente de telle manire quelle ouvre des perspectives conomiques prometteuses pour les rgions du monde disposant de ressources dintrt touristique au cours des dernires annes, le tourisme sest confirm en tant que secteur productif capable de transformer ces ressources naturelles et culturelles au moyen de processus daccumulation de capital en infrastructures, en quipements, en personnel et en technologie. Le secteur touristique est ainsi devenu, dans plusieurs pays, un vecteur de changement structurel capable de promouvoir lesprit dentreprise dans des activits directement touristiques, comme les services dhbergement, ou dans de nombreuses activits telles la restauration, les loisirs ou le sport. Avec des effets multiplicateurs levs et dintenses liaisons avec le reste de lconomie, le tourisme apporte dj, de manire directe ou indirecte, plus dun dixime du revenu national dans de nombreux pays ayant des ressources touristiques et culturelles et un niveau de dveloppement comparables ceux du Maroc. Dans ce contexte volutif de loffre et de la demande, le tourisme international est considr par le gouvernement du Maroc comme une importante industrie , et ce depuis les annes 60. Dabord, parce quil draine des devises et participe lquilibre de la balance des paiements, cre des emplois, amliore les revenus et gnre des effets multiplicateurs sur le reste des secteurs de lconomie. Ensuite, parce quil est peru comme un moyen de rapprochement entre les peuples et de maintien des relations pacifiques et, sur le plan conomique, comme un excellent vecteur dinsertion dans les processus de globalisation. Activit importante tant pour lconomie nationale que pour le dveloppement des rgions du Maroc, le tourisme a connu une croissance certes lente mais assez satisfaisante, avant de rentrer dans une phase de stagnation la fin des annes quatre-vingt jusquau milieu des annes quatre-vingt-dix. Dimportantes mesures de relance de lactivit touristique ont t prises ds 1995, suite une tude damnagement touristique qui a identifi les problmes et les handicaps du tourisme marocain et propos un plan daction prcis et dtaill. 9

Introduction

Tourisme 2030 Quelles ambitions pour le Maroc ?

Les indicateurs de suivi de lvolution des activits touristiques ont affich de bons rsultats, pour les arrives que pour les nuites et surtout pour les recettes touristiques en devises. Lan 2000 a vu larrive au Maroc de prs de 4 300 000 non-rsidents, dont 2 275 000 touristes trangers, et a enregistr 22,3 millions de nuites, dont 50 % dans les htels classs. Sappuyant sur cette relance, le Maroc a organis les premires assises du tourisme Marrakech en 2001, sous la prsidence effective de Sa Majest le Roi. Au cours de ces assises, la Fdration du tourisme, membre de la Confdration gnrale des entreprises du Maroc (CGEM), et le gouvernement ont adopt une stratgie de dveloppement touristique sous la forme dun contrat-programme 2001-2010, portant sur le tourisme : une vision, un dfi, une volont . La prospective long terme, dont les scnarios constituent un instrument central, est aujourdhui une discipline des sciences sociales qui facilite llaboration des politiques publiques et des stratgies dentreprise en explorant les alternatives qui, tout moment, requirent des dcisions des agents conomiques publics et privs. En nonant des champs dhypothses sur des tendances et sur des probabilits dinflexion, sur des options dcisionnelles ou sur de nouveaux comportements sociaux, la prospective apporte des visions qui la fois clairent les choix et contribuent la motivation collective autour dobjectifs globaux long terme. Lobjectif du prsent travail est de dfinir les scnarios de lvolution du tourisme. Un diagnostic prcis, objectif et global, associ la dtermination des tendances lourdes et des facteurs de changement, constitue le point de dpart de cet exercice de prospective. Il est souligner que ces scnarios peuvent tre remis en cause plus ou moins long terme : le but de leur laboration nest pas de choisir un des scnarios en excluant toute autre variante, mais daider la conception dune stratgie, pour faire face aux diffrentes incertitudes qui marquent le futur. Les scnarios sont de simples simulations dcoulant dun ensemble dhypothses et diffrent de ce fait des prvisions et des prdictions. Se situant ncessairement au-del des ambitions urgentes du programme 2001-2010, la prospective 2030 du tourisme au Maroc instaure le besoin dune rflexion permanente et complmentaire des politiques et stratgies en cours dexcution, sur le futur dun secteur qui est la fois prometteur pour lconomie marocaine et trs vulnrable. Sa vulnrabilit vient, sur le plan de la demande, de la dpendance extrieure, la fois conjoncturelle et structurelle, et sur le plan de loffre, du caractre transversal dune activit qui dpend de nombreux partenariats avec dautres secteurs productifs. Les atouts du tourisme pour le dveloppement sont en mme temps les facteurs de sa vulnrabilit. Pour promouvoir ce secteur, il faut diversifier loffre, multiplier les zones damnagement touristique et pour cela exploiter de nouveaux sites et des cosystmes prsentant parfois des risques de vulnrabilit. Est-il ncessaire de rappeler les dgts causs, dans certains sites du littoral, par un tourisme balnaire peu soucieux de prserver lenvironnement ? Pour dvelopper le tourisme soleil-plage ou diversifier loffre, il est impratif dinscrire le dveloppement dans la dure et de veiller laccompagner de mesures prservant lenvironnement et exploitant rationnellement les ressources naturelles (ressources en eau, littoral, oasis, montagnes, etc.). Cest pour cela que le dbat prospectif sur le futur long terme de ce secteur ne peut tre quun dbat ouvert, participatif, bien document avec des arguments robustes. Tourisme 2030 entend fournir les lments essentiels ncessaires pour ce dbat et cette rflexion collective de la socit marocaine.

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Chapitre 1 Diagnostic : une dynamique de progrs

1. Le tourisme au Maroc : un rappel historique jusquen 2000Avant le protectorat franais, lhtellerie marocaine se limitait aux fondouks traditionnels. La cration dune htellerie, prenant exemple sur lhtellerie franaise, dbute Marrakech en 1921, quand le Marchal Lyautey, Rsident gnral franais, dcide de construire lhtel de luxe la Mamounia. Par la suite, des socits franaises ralisrent dautres htels luxueux dans les grands centres urbains, entre autres le Palais Jama Fs en 1929. Dans les annes 30, fut cre une htellerie nettement plus modeste dans sa majeure partie, ne se limitant pas au littoral mais stablissant dans le Moyen-Atlas et, dans une moindre mesure, dans le sud du Haut-Atlas. Aprs lIndpendance, le Royaume du Maroc, fort dun potentiel touristique diversifi et dune riche tradition touristique datant du protectorat (qui lui a lgu un quipement compos, entre autres, de prs de 200 htels totalisant 7 500 chambres), a dcid une attention particulire et significative au dveloppement touristique. Avec la promulgation du Plan triennal 1965-1967, le pays a opt pour une nouvelle politique conomique articule autour de trois axes prioritaires : lagriculture, la formation des cadres et le tourisme. Le tourisme nest plus considr comme un simple adjuvant utile lquilibre de la balance des paiements, mais comme un secteur-clef du dveloppement. Cette option concrtise par lamnagement continu et progressif des structures daccueil et encourage par les rsultats conomiques escompts est reconduite dans les diffrents plans de dveloppement conomique et social successifs du Maroc.

Encadr 1. Les grandes tapes de la politique touristique1918 1960 1965 1965-1967 1968 1973 1983 1995 2001 Cration de lONMT Adoption du code dinvestissement industriel Cration du ministre du Tourisme Premier plan rigeant le tourisme en priorit nationale Cration de la SONABA et de la SNABT Adoption du code dinvestissement touristique Adoption dun nouveau code dinvestissement touristique Adoption de la charte dinvestissement Conclusion du contrat programme 2001-2010

ONMT : Office national marocain du tourisme SONABA : Socit nationale damnagement de la baie dAgadir SNABT : Socit nationale damnagement de la baie de Tanger

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Diagnostic : une dynamique de progrs

Tourisme 2030 Quelles ambitions pour le Maroc ?

Lattrait touristique du Maroc et ses caractristiques gographiques, historiques et culturelles ainsi que le succs du tourisme international dans certains pays du pourtour de la Mditerrane, dont lEspagne, ont milit, ds le milieu des annes soixante, en faveur dune nouvelle orientation en matire de tourisme au Maroc. Une politique touristique active, o le secteur public allait jouer un rle dynamique, a remplac lancienne politique o linitiative de la croissance du secteur tait dvolue au secteur priv. Ainsi, le tourisme est rig en dpartement indpendant en 1965. Les professions touristiques sont rglementes. Leffort damnagement est concentr sur quatre zones amnagement prioritaire choisies en fonction de leur attraction touristique (Tanger, Al Hoceima, RestigaSmir et Agadir). Des socits damnagement sont mises sur pied pour faciliter et hter la ralisation de leur amnagement. Les autorits marocaines ont procd galement lamnagement de centres et sites touristiques, lamlioration des infrastructures routires et aroportuaires ainsi qu lentretien des plages. Le ministre du Tourisme, qui ne comptait quune seule unit de formation en 1965, a assur sa charge la formation professionnelle touristique et htelire dans plus de 10 tablissements. Par ailleurs, lEtat a initi, par le biais dorganismes publics et semi-publics tels que lOffice national marocain du tourisme (ONMT) et la Caisse de dpt et de gestion (CDG), la cration des premires units dhbergement dans les rgions sous-quipes ou dshrites. Leffort entrepris par ltat est consolid par un arsenal de mesures visant inciter les investisseurs privs sorienter vers le tourisme. Le secteur a bnfici des avantages du code dinvestissement industriel de 1960 avant linstitution en 1973 dun code dinvestissement spcifique au secteur touristique, modifi en 1983 par un nouveau texte. LEtat a pris en charge et garanti sous forme dexonrations fiscales et de facilits de financement par le Crdit immobilier et htelier (CIH) prs de 75 % du cot des investissements des oprations caractre touristique. Cependant, la loi cadre 18/95 a limit laide publique en faveur du tourisme qui a connu dnormes difficults et, en plus du surendettement des entreprises htelires, une quasi stagnation de la demande de touristes trangers de sjour au cours des annes 1992-1996. Les lois de finances des annes suivantes ont apport des dispositions incitatives importantes, notamment par lintgration de certains produits sensibles dans la liste des biens dquipement et lassimilation du tourisme aux secteurs dexport.

1.1. La capacit daccueilLes rsultats de la politique touristique, notamment les incitations linvestissement, se sont traduits par une importante augmentation de la capacit daccueil qui sest leve environ 215 000 lits fin 2 000 dont 40 % (86 140) en places dans les campings, 44 % dans les htels classs et 16 % dans les htels non classs. En se limitant aux seuls tablissements homologus demands par le tourisme international, force est de constater une forte croissance. En 1965, la capacit des htels classs slevait 14 708 lits. Elle sest accrue en moyenne annuelle raison de : 2 000 lits par an pour la priode couverte par le code des investissements de 1960 ; 2 500 lits par an pour la priode couverte par le code de 1973 ; 4 000 lits par an pour la priode 1985-1992 (code de 1983) ; 2 000 lits par an pendant les annes 1993-2000 (charte des investissements de 1995). Ainsi, la capacit des moyens dhbergement homologus a connu au cours de la priode 19652000 un taux daccroissement net moyen de 5,5 % par an. 12

1.2. La demande touristique internationaleAu cours de cette mme priode, la demande touristique internationale, porte sur le Maroc (exclusion faite des Marocains rsidant ltranger, en visite temporaire dans le pays et les croisiristes) a augment sensiblement : elle est passe de 370 000 entres en 1964 2 274 814 en 2000, soit un taux annuel moyen daccroissement de 5 %. La progression a t trs encourageante jusqu lanne 1973 o le nombre dentres de touristes a atteint 1 226 000, marquant une croissance au cours des annes 1964-1973 de 14,2 % par an. En 1974, le volume des entres a chut pour se fixer 1 052 000. Il a oscill autour de ce chiffre jusquen 1981, qui a marqu le dbut de la reprise. Tout au long de la priode 19741987, la progression a t trs lente : 2 % pour les annes 1974-1981 et 4 % pour les annes 1982-1987. Ce nest qu partir de 1987 que le volume du tourisme a augment fortement, 24 % par an, avec larrive dun important flot de frontaliers algriens, sans grand impact sur les nuites htelires, mais trs important par ses effets dentranement sur les activits commerciales de lOriental. Ce flux a baiss en 1993. Mis part la clientle algrienne (de lordre de 7 000 entres en 1987, 1 453 000 en 1990 et 15 706 seulement en 1998 aprs la fermeture des frontires terrestres et linstauration des visas), les entres de touristes essentiellement europennes et amricaines ont connu une stagnation. Elles ont oscill dans une fourchette allant de 1 300 000 1 700 000 entres par an, tout au long de la priode 1985-1998. La stagnation relative des flux touristiques est atteste par celle des nuites vendues aux touristes trangers dans les htels homologus qui sont passes de 7 954 740 en 1985 9 700 909 en 1998, soit un accroissement annuel de 1,5 %, bien en de de loffre additionnelle mise en service chaque anne.

Encadr 2. Le tourisme rcepteur en 2000Selon la pratique denregistrement des donnes, les arrives de touristes internationaux au Maroc, au sens dfini par lOMT, ont atteint, en 2000, le nombre de 4 293 240 touristes soit 0,5 % du volume mondial : 2 274 814 touristes des principaux pays traditionnels metteurs de tourisme (europens, amricains) dits touristes trangers de sjour ; 180 203 croisiristes ; 1 650 143 Marocains rsidant ltranger.Source : DPCP, Le tourisme en 2000 , Dpartement du Tourisme.

1.3. Le tourisme domestiqueLa demande touristique nationale est partiellement apprhende travers les nuites ralises dans les tablissements dhbergement touristique reconnus par lEtat. Lanalyse de leur volution statistique fait ressortir que, de 1978 1994, elles nont augment que de 2,2 % par an. La part des nuites du tourisme intrieur dans les catgories dhbergement classes se situe aux alentours de 20 % du total des nuites. Faute de statistiques, il nest pas possible de ventiler les nuites du tourisme intrieur par type de tourisme. Nanmoins, une ide approximative montre limportance des destinations littorales (67 % des sjours touristiques en 1985). 13

Diagnostic : une dynamique de progrs

Tourisme 2030 Quelles ambitions pour le Maroc ?

Le nombre des arrives de rsidents enregistr dans les hbergements touristiques marchands sest lev 2 105 305 en 2000 dont 51 % dans les htels classs, 26% dans les htels non classs et 23 % dans les campings. Par ailleurs, le taux de dpart en vacances des Marocains oscille entre 30 et 40 % ds 1993. Ainsi, le Maroc se trouve au dbut des annes 90 dans la situation de certains pays europens dans les annes 60 (40 % en Belgique en 1959, 37 % en Allemagne en 1965, 45 % en France en 1966).

2. Le tourisme au Maroc : une vision, un contrat-programmeDevant une situation caractrise par une crise dessoufflement du tourisme rcepteur lors de la premire moiti de la dcennie 90, une importante tude portant sur lanalyse du secteur et la mise en place dune stratgie nationale damnagement touristique a t ralise. Plusieurs conclusions ont t soulignes. Le plafonnement du flux touristique est une consquence surtout de la dprciation, voire du vieillissement du produit marocain face la concurrence des autres pays mditerranens et des destinations de longue distance, ainsi que de lincapacit du Maroc offrir et vendre un produit de moyenne gamme mais de qualit, rpondant aux niveaux des revenus de la clientle touristique internationale. Certains htels construits restent de niveau lev, mais de qualit de service faible. Ltude a permis de dfinir les grandes lignes dune stratgie de dveloppement du tourisme au Maroc pour les annes 1995-2010 et de suggrer un programme daction qui devraient laccompagner. La mise en application des premires mesures du plan daction de ltude de la stratgie nationale damnagement touristique (1), conforte par lavnement du gouvernement dalternance, a amlior limage du Maroc ltranger. Lan 2000 sest sold par larrive au Maroc de prs de 4 300 000 non rsidents dont 2 275 000 touristes trangers de sjour (sans compter les croisiristes) ayant enregistr 22,3 millions de nuites dont 50 % dans les htels classs. La relance du secteur (un accroissement de la demande de plus de 30 % en trois ans) a t accompagne par la volont des promoteurs, notamment de professionnels trangers, damliorer et daccrotre loffre touristique marocaine, juge insuffisante. Un noyau de gros projets, dune capacit de prs de 40 000 lits tait en lan 2000 en construction (17 000 lits), en projet aux conventions finalises (10 000 lits) ou en discussion avec les pouvoirs publics (13 000 lits). En 2001, la Fdration du tourisme, membre de la Confdration gnrale des entreprises du Maroc (CGEM), et le gouvernement adoptent une stratgie de dveloppement touristique sous la forme dun contrat-programme 2001-2010, le tourisme : une vision, un dfi, une volont , qui actualise et dveloppe la stratgie de dveloppement 1995-2010.

2.1. Laccord-cadre, plateforme pour une nouvelle politique touristiqueLe Discours royal du 10 janvier 2001 Marrakech loccasion des Assises nationales du tourisme a engag officiellement le Maroc dans une nouvelle politique touristique qui sest concrtise par la signature de laccord-cadre entre le gouvernement et la CGEM et la signature de son accord dapplication en octobre 2001 Agadir. Une nouvelle donne caractrise le tourisme marocain, il sagit de le consolider parmi les priorits nationales en raison du rle important quil peut jouer dans le dveloppement conomique(1) Le schma en annexe 1 en rsume la dmarche adopte.

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et social du pays. Dans cette perspective, la politique touristique du pays prend une nouvelle direction. Elle consiste passer de lartisanat une vritable industrie touristique qui ferait du pays une des destinations les plus prises et pourrait aussi servir de bouclier aux ventuels soubresauts de la conjoncture mondiale. Lobjectif central des promoteurs du contrat-programme est de placer le Maroc parmi les premires destinations mondiales. Les quatre grands axes de la stratgie tournent autour de quatre fonctions : dynamique commerciale, dynamique industrielle, dynamique financire et dynamique institutionnelle.

Encadr 3. Vision 2010, lments-clefs Lancement par Sa Majest le Roi Mohammed VI de la nouvelle stratgie touristique lors des premires Assises du tourisme Marrakech le 10 janvier 2001. Signature de laccord-cadre entre lEtat et le secteur priv en octobre 2001. Principales orientations Positionnement offensif sur le balnaire avec le dveloppement dautres produits ; Amlioration du rapport qualit/prix (baisse du cot du package via la libralisation du transport arien) ; Professionnalisation des mtiers (formation) ; Renforcement de la promotion ; Dynamisation de linvestissement (foncier, fiscalit, financement) ; Rgionalisation. Cadre de mise en oeuvre : renforcement du partenariat public-priv Objectifs lhorizon 2010 Entres aux frontires Touristes internationaux hbergs Capacit htelire additionnelle Nuites touristiques dans les htels classs Taux doccupation Recettes touristiques Emploi additionnel Formation 10 millions 7 millions 160 000 lits 50 millions 70 % 80 milliards de Dh 600 000 emplois 72 000 laurats

2.2. Ralisations du contrat-programmeDepuis lannonce solennelle du contrat-programme du tourisme et la signature de laccord dapplication y affrant, dimportantes actions ont t prises par lEtat pour concrtiser son engagement. Ladministration marocaine a procd la rvision des textes lgislatifs et rglementaires rgissant les activits touristiques (ex. adoption et mise en application de la loi sur le classement des htels). Le processus d'allgement et de simplification de la fiscalit touristique nationale et locale a t poursuivi. Le budget de promotion allou lOffice national marocain du tourisme a t renforc par suite de laugmentation trs sensible de la subvention de ltat : 100 millions Dh en 2000-2001, 250 millions Dh en 2002, 350 millions en 2004, 450 millions en 2005. 15

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Tourisme 2030 Quelles ambitions pour le Maroc ?

Des mesures incitatives linvestissement dans le tourisme ont t prises progressivement depuis 1998 (assimilation du tourisme au secteur dexportation, introduction de plusieurs biens dquipement touristique dans la liste A de la charte, appui pour le financement et le rchelonnement des arrirs des entreprises touristiques en difficults financires, etc.). Lamnagement des zones touristiques (Plan Azur) a commenc : six stations ont t identifies, tudies et concdes des amnageurs-dveloppeurs privs. Ltat leur a cd les terrains ltat brut en vue de lamnagement des infrastructures in situ , de la promotion des stations, de la ralisation de quelques units et de la commercialisation des diffrents lots. A charge pour lEtat dassurer la cession des terrains bruts des prix comptitifs de sorte quils soient commercialiss au plus 500 Dh le m2 (50 % du prix de revient) et de raliser les infrastructures hors site. Le programme est financ hauteur de 500 millions Dh par le fonds Hassan II. La Banque Mondiale intervient avec un prt de 2,4 millions de dollar US. A ce programme sajoute lamnagement de la zone touristique Ghandouri Tanger par le groupe Maroc Htels Village.

Tableau 1 Prsentation des cinq stations touristiques du Plan Azur concdesRubriques Capacit totale (lits) Cap. htelire Cap. immobilire Investissement total (Mds Dh) Dont investissement amnageur Superficie (ha) Amnageur Saidia 28 000 16 000 12 000 9,3 3,7 614 Fadesa Lixus 12 000 7 500 4 500 5,3 > 1,4 461 Mazagan 8 000 3 900 4 100 5,3 > 2,5 500 Mogador 10 500 6 600 3 900 5,6 2,4 500 Thomas & Piron Risma, Colbert-Orco Juillet 2005 2007 Taghazout 21 000 15 800 5 200 10 868 Groupement Colony Capital/Sato can/Lopesan Janvier 2007 2e trim. 2009

Thomas&Piro, Kerzner, Colbert-Orco, Somed, CDG, Delta holding, Mamda Promoteur belge Janvier 2006 Fin 2007 Octobre 2005 Fin 2007

Dbut travaux Ouverture 1er htel

Fvrier 2004 2e sem. 2006

A lintrieur du Maroc, il y a lieu de souligner le vaste programme de repositionnement du tourisme rural et du tourisme de montagne ainsi que le dveloppement de certaines zones touristiques dj existantes, dans le cadre du plan MadaIn, notamment Fs, Casablanca (la marina), Rabat (projet Bouregreg) et lamnagement des zones Agdal et Annakhil Marrakech et Mdiq-Ngro et Mdiq-Fnideq dans la rgion de Ttouan. En matire de financement, le fonds Renovotel, dot de 100 millions Dh, a t confi en gestion la Caisse centrale de garantie (CCG) et Dar Damane. Ce financement est destin aider, conjointement avec les banques de la place, les programmes de rnovation des units htelires existantes. De mme, la mise en place dun fonds dinvestissement de 3 milliards de Dh ddi au tourisme a t dcide loccasion des assises de 2006 Tanger. Ce fonds sera aliment hauteur de 1 1,5 milliard de Dh par Attijariwafa Bank et la Banque populaire, 250 millions de Dh par la CDG et le reste par des assureurs et des fonds de retraites. 16

En vue dune meilleure connaissance des cots et des standards de concurrence, le ministre du Tourisme a mis en place lObservatoire de la comptitivit et des cots. La libralisation arienne (open sky) a t concrtise en 2004. Des compagnies aux bas tarifs (low cost) ont t cres et dautres sont programmes. L'accord global arien conclu entre le Maroc et l'Union europenne permet lextension de lactivit du transport arien des compagnies low cost. Il supprime toute limitation de nationalit, de capacit ou de frquence pour les compagnies ariennes, de mme quil leur permet de stablir, dinvestir et de vendre des billets au Maroc ou en Europe. La compagnie britannique EasyJet, plus grand oprateur europen du low cost, et la compagnie Rayanair sont venues s'ajouter d'autres compagnies ariennes qui oprent dj sur le ciel marocain (First Choice, Jet4you, Globalia). En matire de formation, les 14 tablissements de formation des techniciens en htellerie et tourisme sont en cours de transfert lOFPPT, seuls lInstitut suprieur du tourisme de Tanger et celui de Touarga restent sous la tutelle du ministre. Au cours de la priode 2001-2005, le nombre dlves et dtudiants en formation sest accru de 70 %. Le dpartement de la Formation professionnelle a prvu, outre lappui la gestion des ressources humaines une centaine dentreprises (pour un cot de 60 millions de Dh), lextension de 12 tablissements et la cration de 7 autres ainsi quun centre des comptences avec un cot prvisionnel de 350 millions de Dh. De plus, dans le cadre de lamlioration htelire et touristique, le dpartement du tourisme a labor un plan de dveloppement intgr, en concertation avec le secteur priv.

Encadr 4. Formation, axes stratgiques du Plan de dveloppement intgr Extension du dispositif national de formation : optimisation, extension, cration de nouveaux tablissements de formation htelire et touristique (EFHT). Consolidation du dispositif actuel : dveloppement de lapprentissage par comptence, formation de formateurs et certification, appui au secteur priv de la formation. Dynamisation de la formation continue : cration du GIAC-Htellerie, validation des acquis professionnels. Matrise et connaissance du march de lemploi : rpertoire et nomenclature des mtiers et des emplois, rfrentiels des comptences, segmentation du secteur et caractrisation du march de lemploi. Dveloppement des formations en entreprise : par apprentissage dans les centres de formation dapprentis, par alternance, formation en milieu du travail. Dveloppement de la formation qualifiante.

2.3. Des rsultats en mi-teinteSur le plan des objectifs quantitatifs, les quatre premires annes de mise en uvre de la Vision 2010 ont connu des rsultats en de des esprances de la vision, bien que relativement corrects eu gard au contexte international. En lan 2004, les arrives de touristes trangers nont t que de 2,7 millions dont 85 % provenaient de lUnion europenne, alors que les prvisions de la Vision 2010 devaient les situer prs de 5 millions de touristes trangers de sjour. Seul le march franais a pu samliorer. La stagnation du tourisme rcepteur au Maroc nest pas due seulement aux 17

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vnements terroristes daprs le 11 septembre 2001 ou la crise au Moyen-Orient et aux guerres en Irak et en Afghanistan ; elle a t entame bien avant ces vnements, comme cela a t mis en vidence dans le bref rappel historique. Il en est dcoul une moins-value pour les htels qui ont enregistr durant les annes 20012004 dimportants reculs de leur taux doccupation. Des pays comme la Tunisie et lgypte ont connu ces mmes problmes. Lanne 2005 a t caractrise par une meilleure performance du tourisme tant au niveau mondial quau niveau du Maroc. Les arrives du tourisme international, y compris les Marocains rsidant ltranger, se sont accrues de 6 % par rapport 2004 en passant de 5,5 5,8 millions. Le plus significatif pour lobjectif de la Vision 2010 est laugmentation du volume du tourisme tranger de sjour qui, avec 3 millions darrives, enregistre un accroissement de 12 % par rapport 2004, ce qui ramne le taux de croissance annuel moyen au cours de la priode 2000-2005 5,6 % contre un taux prvisionnel de 14 %. Laccroissement de la demande du tourisme tranger sest traduit par laugmentation significative des nuites ralises dans les htels classs, passant de 10,3 millions en 2004 12,3 en 2005, soit un accroissement de 19 %. Calcul pour la priode 2000-2005, le taux daccroissement annuel moyen des nuites du tourisme rcepteur na connu quune faible amlioration de 1,7 % par an, alors que la capacit htelire a cr dau moins 5 %. Cest au niveau des recettes touristiques en devises trangres que les rsultats sont plus que satisfaisants et attestent de limportance et de la dynamique que peut jouer le tourisme dans lconomie nationale. Ces performances financires ont t favorises par : lavnement de leuro qui sest traduit par le transfert dun important montant thsauris ltranger par les Marocains rsidant ltranger et les touristes fidliss de la destination Maroc ; leffet bnfique des mesures et procdures prises par les banques au niveau mondial rduisant les fuites (sous forme de commissions et autres) la suite des vnements du 11 septembre ; la comptabilisation partir de lanne 2002 par les services de lOffice des changes, dune partie des transferts en billets de banque des Marocains rsidant ltranger dans le poste voyages . A la lumire des rsultats enregistrs, il savre ncessaire dassurer ladquation de la croissance quantitative (lits supplmentaires, siges dans les moyens de transport, inputs locaux, etc.) et qualitative (nature des produits offerts) de loffre touristique celle de la demande par march metteur, produits et rgions recherchs.

Encadr 5. Les catgories de tourisme au MarocQuatre composantes diffrentes contribuent la formation du produit touristique marocain : Le tourisme international de sjour moyenne ou longue distance. Il est le plus connu et le plus convoit. Il a procur au Maroc en 2005, avec des arrives de lordre de trois millions, prs de 70 % de la production touristique totale estime et 70 % 75 % des devises effectives gnres par lactivit touristique. Le tourisme international de proximit, en provenance des pays frontaliers, qui prsente des caractristiques le situant entre les flux internationaux de moyenne distance et le tourisme interne ; il sagit essentiellement des frontaliers, dont les Algriens, qui ont fourni un flux moyen annuel de lordre de 1,7 million darrives aux dures de sjour trs faibles, au cours de la priode 1990-1993. Leur volume est fonction des relations politiques des pays de la rgion.

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Les Marocains rsidant ltranger de retour temporaire dans le pays pour rendre visite leurs familles et amis : leur volume quivaut ces dernires annes celui des touristes trangers de sjour, le montant de leurs dpenses pour leurs sjours au Maroc est estim prs de 6 MdDh en 2005. Le tourisme intrieur est le rsultat dun mlange entre les dplacements traditionnels (visite la famille et aux amis, plerinage, thermalisme) et une appropriation-adaptation des activits de loisir introduites par le tourisme international (baignade, randonnes, nautisme, sport, colloques et congrs).

3. Le tourisme au Maroc : valuation globaleLvaluation de la politique touristique du Maroc est apprhende travers une analyse de lvolution des structures de loffre et de la demande, une approche de limpact de lactivit touristique sur les dimensions conomique et sociale, un examen de la position comptitive du Maroc et un rappel du potentiel dont dispose le pays en matire de patrimoine naturel et culturel.

3.1. Offre et demande touristiqueUne offre spatialement concentre et peu diversifie Lvolution de la capacit des moyens dhbergement, au cours de la priode 1964-2004, a form progressivement un espace caractris par un tourisme itinrant et un tourisme sdentaire avec une concentration de la capacit daccueil sur le littoral, trs demand par les touristes, quils soient trangers ou nationaux, en qute de la formule repos-soleil-plage . Au milieu des annes soixante, la rpartition spatiale de lhtellerie marocaine rpondait aux besoins dun tourisme haut de gamme itinrant, attir par les villes impriales et par la diversit des sites offerts. La seconde moiti des annes soixante-dix a t marque par lmergence du tourisme de masse. Agadir abritait 19,6 % de la capacit en 1977 contre 0,8 % en 1964, et la cte mditerranenne disposait de 14,1 % de la capacit, contre 5,9 % en 1964. De 1977 2004, le littoral a connu une expansion de sa capacit daccueil avec une baisse de son poids passant de 69,2 % de la capacit totale en 1986 54,7 % en 2004 en raison du dveloppement de nouvelles formes de tourisme culturel dans les grandes agglomrations de lintrieur. Lanalyse de la distribution de la capacit offerte en 2004 sur lespace touristique rvle une forte concentration dans les grandes agglomrations qui servent de ples dattraction du tourisme et de centres de satisfaction des besoins. Moins de 10 villes concentrent prs de 80 % de la capacit totale. Agadir est le premier centre touristique du Royaume avec 22,34 % de la capacit totale. Elle est suivie de Marrakech avec 21,16 %, Casablanca avec 8,13 %, Tanger avec 6,13 %, Fs avec 5,13 %, Ouarzazate avec 4,73 %, Ttouan avec 4,14 % et Rabat avec 3,81 %. Entre 1982 et 2004, la position relative de la ville dAgadir a t maintenue, celle de Marrakech sest renforce, passant de 12,1 % 21,16 % , elle serait mme le premier centre touristique avant Agadir si lon inclut les maisons dhtes qui reprsentent une part de 23,87 % de la capacit totale en 2004. Cest galement le cas des villes dOuarzazate et de Zagora qui ont vu leur poids relatif passer de 2,5 % 6,06 %. A loppos, le poids relatif de la ville de Tanger a baiss, passant de 15,3% en 1982 6,13% seulement en 2004. La rpartition de la capacit offerte entre les principaux ples dattraction touristique, fonde sur un critre de dcoupage plus appropri pour le secteur du tourisme, permet de mieux valuer le poids relatif des diffrentes rgions. Il en rsulte une domination du balnaire sud avec 27 % de la capacit offerte en 2004, suivie du Sud ( dominance culturelle) avec 23 %. En termes relatifs, la rgion mditerranenne a perdu une partie de son importance. 19

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Figure 1 Rpartition de la capacit htelire par rgion touristique35000 30000 25000 20000 15000 10000 5000 0 1994 2000 2004

M d ite rra n e

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Source : HCP, Annuaires statistiques.

Lvolution de loffre touristique des moyens dhbergement sest accompagne du dveloppement dun important rseau dagences de voyage, de louverture de restaurants en dehors des htels, de loffre de service de plus de 2000 guides et de lexploitation dun important parc dautocars de tourisme. Dun autre ct, la concentration de la capacit dhbergement sur le littoral et dans les villes impriales est aussi la consquence de la faible diversification de loffre touristique marocaine. Les installations ont t faites pour rpondre deux types de produit, savoir le balnaire (sur le littoral) et le culturel (dans les villes impriales). Cette faible diversification engendre naturellement une faiblesse de limpact attendu du tourisme sur lensemble du territoire. Une demande dominance europenne La demande touristique internationale adresse au Maroc, excluant les MRE en visite temporaire dans le pays, a t multiplie par prs de neuf. Elle est passe de 370 000 entres en 1964 3 056 000 en 2005, soit un taux annuel moyen daccroissement de 5,3 %. Figure 2 Evolution des arrives des touristes trangers de sjours 1962-2005 (indice 100 en 1962)2000 1800 1600 1400 1200 1000 800 600 400 200 0196 5 196 8 197 1 197 4 197 7 198 0 198 3 198 6 198 9 199 2 199 5 199 8 200 1 200 4

Source : HCP, Annuaires statistiques.

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Le tourisme marocain sinscrit dans la dynamique du tourisme mditerranen qui est aujourdhui le centre du tourisme mondial (encadr 6). En 2005, le tourisme rcepteur au Maroc provient essentiellement de lEurope qui a fourni 85,4 % du flux total et ralis 70,1 % des nuites des htels classs.

Encadr 6. Le tourisme mditerranenLe tourisme mditerranen fut dabord hivernal, cest un produit qui, historiquement, a pris de limportance aprs la Seconde Guerre mondiale, et ce nest quau dbut des annes soixante que la restructuration conomique de lEurope, lamlioration des niveaux de vie, linstauration du droit au cong, laccs des classes moyennes aux loisirs, le dveloppement de la voiture individuelle et la dmocratisation du transport arien entranrent le changement de la dimension du tourisme mditerranen devenu estival. Aux voyages longs et imprvisibles des classes aises sest substitu un produit nouveau de voyages courts avec le dsir dchapper aux villes, de retrouver la nature, le soleil, la mer, de se reposer et de rtablir sa sant, do lintrt pour les littoraux dont ceux des pays mditerranens. Si le principal produit et limage des pays mditerranens restent trs troitement associs aux sjours soleil et plages, certaines destinations se sont adaptes lvolution des gots des consommateurs et ont dvelopp avec succs de nouveaux produits tels que le tourisme daffaires et de congrs, les produits axs sur la culture comme les courts sjours et voyages thme culturel, et certains produits porteurs comme le tourisme sportif, le tourisme de nature, le tourisme nautique, le tourisme daventure. Paralllement, les destinations ont fait un important effort pour amliorer la qualit du tourisme, sur le plan des services, des infrastructures et de la formation, et de diversifier leur approche du march. Au niveau des rsultats, la Mditerrane est aujourdhui la plus importante destination touristique dans le monde. Les arrives de touristes internationaux dans le pourtour mditerranen sont passes de 58 millions en 1970 228 millions en 2002.

Plus de la moiti des arrives europennes sont le fait du march franais suivi du march espagnol avec moins de 15 %, lAngleterre 7 %, lAllemagne et lItalie, 5 % chacun. La concentration est plus accentue en termes de nuites dans les htels classs qui en 2005, se partagent entre tourisme rcepteur pour 80,6 % et tourisme intrieur pour 19,4 %. Sur les 15,2 millions de nuites dans lhtellerie classe, prs de 12,3 millions de nuites sont le fait du tourisme international. Ce dernier se concentre dans une proportion de 93 % des nuites offertes par lhtellerie homologue dans huit grands centres : Marrakech 34,8 %, Agadir 34,5 %, Casablanca 7,6 %, Tanger 2,7 %, Fs 4,4 %, Ouarzazate 4,2 %, Rabat 3,2 % et Ttouan 1,6 %. Cette rpartition de la capacit reflte les prfrences et les motivations du tourisme au Maroc (quil soit dorigine trangre ou nationale) qui sachemine vers un partage de lespace touristique. Les nationaux semblent se diriger de plus en plus vers le nord du pays, Tanger et la cte mditerranenne (qui ont perdu relativement en termes de capacit daccueil class), vers la zone Atlantique comprise entre Asilah et El Jadida et accessoirement vers le MoyenAtlas tabulaire. Les trangers affluent plutt vers les destinations mridionales, notamment Marrakech, Agadir et le Sud intrieur. Les vacanciers europens ont toujours constitu plus de 50 % des touristes se rendant au Maroc. La France, lEspagne, lAngleterre, lAllemagne, la Scandinavie et le Benelux fournissent l'essentiel des arrives. Variant autour de 60 % durant les annes soixante, la part de la clientle europenne a grimp 70 % la fin des annes soixante dix pour atteindre 80 % depuis 1979. 21

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Les touristes franais reprsentent plus du quart de la clientle. Leur part dans le total des nuites atteint 40 %. Cette nationalit a toujours t la principale cliente du Maroc, aussi bien par ses liens historiques que par sa proximit. Elle a ainsi marqu le tourisme marocain jusqu' la fin des annes 1970 par son style itinrant et individuel, ax sur le tourisme culturel. Les Franais tendent modifier leur comportement limage des touristes germaniques et scandinaves. Les Allemands constituent un exemple de la nouvelle clientle (9 % en 1969, 13,5 % en 1985, 10 % en 1999). Les agences allemandes, fortes d'une puissance organisationnelle, sont de plus en plus actives au Maroc et rclament essentiellement un produit balnaire doubl dun passage au dsert. Les Allemands, Scandinaves, Suisses et Autrichiens rpartissent leurs nuites de faon assez rgulire au cours de l'anne et se distinguent par leur style touristique : arrivant surtout par avions charters, ils pratiquent un tourisme de groupe. Cette tendance forte vers le tourisme balnaire de sjour va tre tempre par l'arrive de touristes issus des pays nord-mditerranens au cours des dernires annes. Si les Portugais arrivent encore en petit nombre et si les effectifs des Italiens augmentent timidement, les Espagnols semblent dcouvrir la destination marocaine. Ne dpassant pas 50 000 entres la fin des annes soixante et au dbut des annes soixante dix, les Espagnols fournissent entre 200 000 et 300 000 touristes chaque anne depuis 1986, arrivant ainsi au deuxime rang aprs les Franais et avant les Allemands. Les Italiens reprsentent plus de 6 % des arrives, ils consomment 5,3% des nuites internationales des htels classs. Ces chiffres, encore faibles, augmentent sensiblement au fil des annes. Les Franais sont partags entre le tourisme itinrant (49,3 % des nuites sont ralises Marrakech ; 5,8 % Ouarzazate ; 4,5 % Fs-Mekns ; 4,2 % Casablanca et 2,1 % Rabat) et le sjour balnaire (25,4 % Agadir ; 2,9 % Ttouan-Tanger et 1,1 % Essaouira). Pour les Scandinaves et les Allemands, le produit le plus recherch reste le balnaire avec respectivement 87 % et 78,6 % des nuites dans les htels classs Agadir. Pour les Britanniques et les Italiens, le produit recherch reste le balnaire, virant fortement vers le tourisme culturel et itinrant. En termes de motifs de sjour le Maroc nchappe pas la tendance dominante caractrisant le tourisme mditerranen savoir les loisirs, dtente et vacances. Selon le Plan bleu, en 2001, cet agrment attire plus de la moiti des arrives internationales (il est encore plus dominant en Espagne, en Chypre avec plus de 80 % des sjours). Les motifs professionnels reprsentent 6 % (2 % en Egypte et 40 % en Italie). Les autres motifs (comprenant visite aux parents et amis, traitement mdical, religion et plerinages) continuent tre importants au Maroc (39 %).

Figure 3 Arrives internationales par motif de visite en 2001100 % 80 % 60 % 40 % 20 % 0% Espagne Italie Chypre Slovanie Albanie Turquie Syrie Isral Egypte Maroc Loisirs, dtente et vacances Affaires et motifs professionnels Autres

Source : Dossier tourisme durable en Mditerrane.

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Une demande interne en progression Le tourisme domestique de son ct volue et se dveloppe davantage en raison notamment de lamlioration du niveau de vie, de laccroissement des revenus de la population et de la promotion qui soriente de plus en plus vers cette catgorie. En termes de nuites ralises dans les tablissements dhbergement marchand, le tourisme intrieur reste moins performant, avec prs de 25 % du total des nuites enregistres dans les htels classs. Figure 4 Taille du march interne en 2003 : une prdominance de lhbergement gratuit (73 %)

8,1 M voyages

5,9 M pour vacances

0,5 M dans CNF

1,1 M dans CF

7,8 M au MarocCF : commercial formel CNF : commercial non formel Voyage : voyage individuel M : million

1,6 M hbergement commercial

Source : Stratgie de dveloppement du tourisme interne.

Des flux saisonniers axs sur le balnaire Au Maroc, la saison dt a, pendant une longue priode, marqu le tourisme standardis et strotyp dominante balnaire. Dautres saisons, celle du printemps, des ftes de fin danne et des vacances se sont imposes ces dernires annes. La saisonnalit du tourisme a plusieurs origines. Du point de vue de la demande, lorganisation des rythmes scolaires, qui conditionne les dates de dpart des familles, reste largement domine par les vacances dt en Europe (principal metteur pour le Maroc). Cependant, la rduction du temps de travail, la diversification des rythmes annuels quelle entrane, laugmentation du nombre de retraits et le dveloppement du tourisme intrieur laissent esprer long terme une diminution de la saisonnalit pour un meilleur talement de la frquentation touristique.

3.2. Dimensions conomique et sociale du tourisme au MarocLe tourisme est un ensemble complexe d'activits et de services, dont les interactions avec d'autres secteurs conomiques, environnementaux et sociaux sont multiples. Aussi le dveloppement dune industrie du tourisme prsuppose-t-il une bonne connaissance de la complexit et des spcificits du systme. Un apport significatif lconomie Le dveloppement de lindustrie du tourisme au Maroc exerce une srie deffets dordre conomique et financier, tant sur le plan national que rgional. Source apprciable dapprovisionnement en devises, lactivit touristique participe lquilibre de la balance des 23

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paiements. Elle dtient, ces dernires annes, la deuxime place aprs les transferts des Marocains rsidant ltranger, voire la premire place si lon inclut leurs dpenses en devises au Maroc. Les recettes se sont situes en 2005 41 milliards de dirhams et ont reprsent 24,5 % du compte des biens et services contre 11,9% en 1980 et 19 % en 2000.

Figure 5 Evolution des recettes touristiques (en millions de Dh)45000 40000 35000 30000 25000 20000 15000 10000 5000 070 79 82 91 61 73 88 94 64 67 76 85 97 00 20 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 19 20 03

Le Maroc a labor en 2004 un compte satellite du tourisme pour lanne 1998 respectant les normes et recommandations de lOrganisation mondiale du tourisme. Sappuyant sur la mme mthodologie, les structures de production du tableau ressources emplois de 1998 lgrement rajustes et les donnes disponibles ou prvisionnelles pour les annes 2000-2005, il a t possible destimer limpact du tourisme sur lconomie marocaine pour lanne 2005. Figure 6 Rpartition des produits touristiques en 2005Produits connexes (16 294 millions de dirhams)Produits ptroliers 18,1 % Services Tlcommunications 4,3 % Services commerce rparation 23,9 % Services sant et actions sociales 2,9 % Meubles et bijoux 12,2 % Textiles, habillements 26,8 % Agroalimentaires 11,7 %

Produits caractristiques (43 626 millions de dirhams)Hbergement et restauration 45,7 % Animation et sport 6,9 % Services de location 11,6 % Agences de voyages et oprateurs 2,7 %

Transport de passagers 33,1 %

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Llaboration du tableau ressources/emplois (2) fait ressortir la dynamique impulse lactivit conomique par la demande finale touristique qui apparat travers les changes interbranches, les valeurs ajoutes par activit ainsi que les salaires, les impts et les excdents dexploitation gnrs. Il rend compte de cette dynamique ainsi que de lintensit avec laquelle elle se propage dans les autres branches.

Encadr 7. Ventilation de la production touristique globale La production globale (chiffre daffaires) des activits touristiques est de lordre de 66,6 milliards de dirhams : recettes en devises du tourisme rcepteur (55,6 %) ; recettes en devises des voyages des Marocains rsidant ltranger (9 %) ; dpenses du tourisme interne et metteur (17,7 %) ; recettes du transport damene dont 50% en devises (10,1 %) ; dpenses en consommation collective et FBCF (7,6 %). La production locale gnre directement par le secteur touristique est de lordre de 51,6 milliards de dirhams, ncessitant lutilisation directe des consommations intermdiaires pour un montant de 20,1 milliards de dirhams en production locale et 3,1 milliards de dirhams en importations non comptitives. Quant la valeur ajoute directe gnre par le tourisme, elle serait de lordre de 28,1 milliards de dirhams soit un taux moyen de valeur ajoute de 55%. Cette valeur ajoute est compose, en 2005, de 7,3 milliards de dirhams en salaires et charges sociales et de 20,3 milliards de dirhams en excdent brut dexploitation. Le reste, soit 495 millions de dirhams, correspond aux autres impts sur la production nette des subventions. Le calcul de la valeur ajoute directe et indirecte selon le schma de Leontief apporte un autre lment dapprciation de lapport du secteur touristique lensemble de lconomie. Les rsultats obtenus montrent que la valeur ajoute directe et indirecte gnre par la demande touristique sur la production locale serait de lordre de 44,4 milliards de dirhams faisant ainsi apparatre un coefficient multiplicateur de 1,6. Le cfficient moyen pour lensemble des activits a atteint son niveau le plus lev parmi les branches caractristiques du tourisme pour les activits dhbergement et restauration o la valeur ajoute directe gnre pratiquement son quivalent en valeur ajoute indirecte. Pour les activits connexes, le coefficient multiplicateur le plus lev concerne les industries agroalimentaires du fait quelles sont entranes par le niveau dactivit des tablissements dhbergement et de restauration. La dtermination de la valeur ajoute directe a permis lestimation du PIB du secteur transversal que constitue le tourisme. Il ressort des estimations effectues que le PIB direct du tourisme serait de lordre de 33,9 milliards de dirhams, soit lquivalent de 6,2 % du PIB global estim pour lanne 2005. Lintgration des effets multiplicateurs dans lvaluation du PIB touristique aboutit un montant global du PIB direct et indirect de 50,8 milliards de dirhams, soit 9,4 % du PIB de lensemble de lconomie.

(2) Voir annexe 4.

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Tourisme 2030 Quelles ambitions pour le Maroc ?

Tableau 2 Les ressources de la production touristique en 2005PIB direct du tourisme / PIB total PIB direct et indirect du tourisme / PIB total Emplois directs tablissements Emplois directs et indirects tablissements Imports en millions de dirhams Tourisme metteur en millions de dirhams Tourisme rcepteur en millions de dirhams 6,2 % 9,4 % 280 000 476 000 13 820 4 000 42 000

Impact du tourisme tranger de sjour : 70 % de la production du tourisme national

Le tourisme se positionne comme un secteur fortement crateur demplois, tout en ayant une productivit suprieure la moyenne marocaine. Lemploi direct gnr par les activits touristiques est estim prs de 407 000 emplois, dont prs de 202 000 emplois salaris, soit peu prs la moiti de lemploi total. Rapport la population active occupe, le tourisme contribue directement pour 4 % de lemploi total. Lemploi direct et indirect induit par la demande finale touristique slverait, en 2005, plus de 690 000 emplois, soit lquivalent de 6,8 % de lemploi total. Enfin, lapport du secteur du tourisme savre important sur le plan financier travers sa contribution aussi bien aux ressources fiscales quen matire de rserves de changes. Au niveau de la fiscalit, les impts directs et taxes gnrs par les activits touristiques sont estims en 2005 10,1 milliards de dirhams. Ces ressources sont constitues essentiellement de la fiscalit indirecte qui a totalis plus de 8,1 milliards de dirhams, soit 82 % du total. La fiscalit directe et indirecte du tourisme a rapport aux caisses de lEtat 11 milliards de dirhams. En ce qui concerne les rserves en devises, lapport du secteur est estim globalement un excdent net de la balance des paiements qui slverait 32,5 milliards de dirhams, dduction faite des importations pour les besoins de toutes les activits touristiques ou 36,7 milliards de dirhams pour les seules activits gnratrices de devises. Le tourisme, agent de transformation sociale Le tourisme est un facteur douverture, de mise en valeur des cultures locales et damlioration des conditions de vie des socits locales (cration dinfrastructures de transports, amlioration des services collectifs et du cadre de vie, dsenclavement de zones rurales). Il entrane souvent une volution des modes de vie, les nouvelles pratiques pouvant rentrer en conflit avec les valeurs traditionnelles : enrichissement, individualisme, adoption dun mode de vie plus urbain. Mme si cette volution est invitable, mal prpare elle peut conduire des comportements de repli. La diffrence de niveau de vie entre touristes et population locale est un autre facteur influant sur la relation touristes-populations autochtones. Le phnomne de chert de la vie dans les rgions touristiques est une des principales rcriminations des populations rsidentes contre le tourisme. De plus, les stations touristiques connaissent souvent des problmes de congestion des infrastructures de transport, dinflation et de difficult de logement pour la population rsidente. 26

Le tourisme renforce galement la mobilit sociale et gographique des individus (tout comme il peut contribuer fixer les populations). Le dveloppement de lactivit touristique et la cration demploi attirent les personnes qualifies ou pas, la recherche dopportunits. Dans les destinations dont le potentiel touristique est confirm, il a initi le flux de migration dfinitive, motiv la fois par des raisons professionnelles et dagrments. Limportance des phnomnes de para-tourisme nest pas ngligeable. Les touristes ne font que passer, mais les rsidences secondaires (parfois suivies dinstallation en rsidence principale) tmoignent dune occupation plus permanente de lespace. La renomme internationale de la mdina de Marrakech a entran une forte demande sur les vieilles demeures, ou riyads, que les rsidents trangers des diffrentes nationalits rnovent et transforment en riches rsidences ou en maisons dhtes (plus de 600 vieilles demeures de la mdina de Marrakech ont t rachetes par des touristes europens Marrakech, 380 maisons Essaouira). La mme tendance sobserve Fs, Chefchaouen ou Asilah.

3.3. Patrimoine naturel et culturel et tourisme (3)Lactivit touristique reste trs lie aux potentialits naturelles et culturelles dun site. Beaucoup de touristes considrent que les milieux naturels constituent un lment trs important du dcor de leurs vacances et que leurs particularits gologiques donnent la possibilit de pratiquer des activits troitement lies la nature. De la mme manire, les aspects culturels des populations autochtones suscitent de plus en plus la curiosit des touristes. Dvelopper un tourisme bas sur le patrimoine naturel et culturel ncessite avant tout une connaissance et une valorisation de celui-ci. Un capital naturel prcieux prserver L'environnement marocain est caractrise par une diversit biologique et une richesse de la flore et de la faune (4 000 espces de plantes vasculaires et 550 espces de vertbrs), malgr la grande superficie des espaces arides et dsertiques (93 % du territoire). La principale richesse vgtale est reprsente par la fort qui couvre actuellement 5 millions dhectares dont 90 % de fort naturelle. Le rseau national d'aires protges est constitu d'un total de 168 Sites d'intrt biologique et cologique (SIBE) rpartis sur 154 units spatiales diffrentes, dont 6 parcs nationaux, 2 parcs naturels et 146 rserves naturelles (108 en domaine continental et 38 couvrant le domaine littoral). Ces rserves concernent en moiti des cosystmes forestiers, en gnral de montagne, le reste se rpartissant principalement entre des SIBE spcifiques aux zones humides de l'intrieur (une quarantaine) et aux secteurs littoraux (une quarantaine). L'ensemble des rserves ainsi dlimites couvre une superficie de plus de 1 million d'hectares. La mise en valeur touristique de ce potentiel naturel est trs varie : Lobservation de la nature est une activit qui reste dvelopper : passage oblig des oiseaux migrateurs, le Maroc abrite aussi de nombreuses espces particulires (lIbis chauve dans le Souss Massa, lOutarde arabe dans le Tafilalet, laigle royal dans le Toubkal). La diversit faunistique est galement souligner : la gazelle dans lAnti-Atlas, le mouflon dans le jbel Grouz, la panthre dans la valle de loued Wabzaza (Azilal), le phoque moine Dakhla. Au niveau du patrimoine vgtal, les espces sont diverses : larganier dans le sud dAgadir, le sapin prs de Chefchaouen ou encore le chne-lige dans la Maamora.(3) Cette partie ne prtend pas lexhaustivit, elle prsente certains aspects du patrimoine naturel et culturel du Maroc.

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Tourisme 2030 Quelles ambitions pour le Maroc ?

Les sites naturels isols sont des ples dattraction : ils peuvent tre visits loccasion dun transfert entre deux destinations (Ito entre Mekns et le Tafilalt), au cours dexcursions partir du lieu de sjour (massif du Toubkal) ou encore comme lieu de destination principale (dunes de Merzouga, embouchure et marais de la Moulouya, sources de lOum Rbia). Les circuits relient des sites panoramiques : le Maroc sud-atlasique, avec les valles du versant sud (Dads, Mgoun, Todra, gorges du Dra), les ksours et palmeraies des oasis prsahariennes, la chane de montagne des Beni Snassen (Berkane et Taforalt). Les sites sportifs sont essentiellement concentrs dans la montagne : sites descalade (plus particulirement dans le Haut et lAnti-Atlas), stations de randonnes (Ifrane, Immouzer, Azrou, Toubkal), ski alpin ou ski de fond (Oukameden, Michlifen), rivires exploitables pour le rafting et le canyoning (Haut-Atlas central et Moyen-Atlas oriental), rivires pour la pche sportive (surtout dans le Moyen-Atlas oriental) et de nombreux gouffres et grottes pour la splologie (gouffre de Friouato dans le parc de Tazekka, les grottes marines au cap des Trois fourches). Dautres sports sensations se dveloppent lentement : le surf (Sidi Ifni), le deltaplane (jbel Saghro), le parachutisme (rgion de Beni Mellal). Le tourisme de bien-tre dispose datouts naturels mais trs mal quips : Sidi Harazem et Moulay Yakoub, la source bleue de Meski Errachidia, la source Lalla Haya dOulms. La thrapie traditionnelle est sous-utilise : seule la sablothrapie connat un certain engouement (sudest du pays). Un capital culturel trs riche mais sous-valoris La dimension culturelle du Maroc est reconnue internationalement. Ainsi, lUNESCO a class huit sites sur la liste du patrimoine mondial : la mdina de Ttouan, la cit de Mekns, Volubilis, la mdina de Fs, Mazagan, la mdina dEssaouira, la mdina de Marrakech et le qsar At Ben Haddou, dans la rgion de Ouarzazate. A cette liste il faut ajouter le classement au patrimoine mondial oral de lhumanit de la place Jema El Fna Marrakech. Cest ainsi que les villes impriales restrent longtemps la vitrine culturelle du Maroc, relais incontournables des circuits touristiques. Depuis, elles ont vu apparatre une concurrence rude. Il existe un hritage prhistorique immmorial et mconnu du grand public : le triangle TataAkka-Assa dans le grand Sud, les traces de dinosaures Tifni dans la rgion dAzilal, les gravures rupestres libyco-berbres Tinzouline, les sites nolithiques et gravures rupestres dans le littoral de loued Eddahab. Les vestiges de la priode antique sont concentrs dans la Pninsule tingitane et le Gharb (El Berrian, Ad Novas, Cromlech de Msoura, Lixus, Zillis et Asilah, Banassa). Un des aspects du tourisme reste la dcouverte des lieux de vie et des communauts. De ce point de vue, le Maroc offre une palette de choix trs importante (les grottes habites de la falaise de Bou Soun au sud dAgadir, les 40 qsour du Tafilalet, les monuments architecturaux (la citadelle de Kasba Tadla, le fort hritage hispano-lusitanien et mdival en Mditerrane occidentale et sur la cte atlantique)). Lune des manires dapprhender la culture marocaine peut se faire par lintermdiaire des bibliothques des zaouias ou encore les moussems, phnomne social profondment enracin dans la socit (plus de 700 moussems ont lieu chaque anne). Le tourisme est aussi loccasion de ctoyer des communauts particulires (la tribu des Haha dans le sud, la tribu des Beni Guil dans lOriental, les Reguibates du grand Sud), de vivre au rythme de leurs vnements (fte des dattes Erfoud, fte des roses Kelaat Mgouna, fte des cerises Sefrou). Loriginalit du milieu rural marocain rside dans la prservation dune structure traditionnelle de commerce travers les souks ruraux hebdomadaires qui, 28

en plus de leur rle commercial ancestral, sont des lieux de rencontres, dchange dinformations et de loisir pour les tribus environnantes. Lartisanat est sans conteste le mode de faire-valoir de la culture populaire. Trs riches, les diffrents supports utiliss (tapisserie, dinanderie, poterie, marqueterie, maroquinerie, couture, etc.) sont lexpression la fois de lme marocaine et des identits locales. Enfin, cette dernire dcennie a vu le dveloppement de festivals culturels denvergure nationale et internationale, souvent thmatiques (Festival des musiques sacres de Fs, Festival gnaoua dEssaouira, Boulevard des jeunes musiciens de Casablanca, Festival de la bande dessine de Ttouan). Ces derniers drainent des centaines de milliers de spectateurs.

Encadr 8. Le tourisme ax sur le patrimoine naturel et culturelLe tourisme ax sur le patrimoine naturel et culturel offre, dans le contexte actuel du Maroc, une occasion dasseoir le dveloppement des zones rurales et pauvres, grce : aux emplois crs : le tourisme reste un secteur forte densit de main-d'uvre susceptible, en consquence, d'offrir de nouvelles opportunits en termes d'emplois et de qualifications ; la diversit et la stabilit de l'conomie locale : les recettes du tourisme n'engendrent pas uniquement des gains directs pour les entreprises du secteur (htels, attractions touristiques, restaurants, etc.) mais aussi des gains indirects pour l'agriculture, la construction, l'artisanat, etc. ; au dveloppement des petites et moyennes entreprises : les PME (surtout dans les activits annexes et de restauration) sont les mieux adaptes pour satisfaire la demande locale cre par le tourisme ; au relvement du niveau de vie local : l'augmentation des revenus et des impts lie la cration d'emplois et d'entreprises peut tre oriente vers lentretien et la modernisation de linfrastructure et les services locaux et la qualit globale de l'environnement, mme de rpondre aux exigences des touristes et des rsidents ; la conservation du patrimoine naturel et culturel local : le tourisme favorise le dveloppement d'un sentiment de fiert et une sensibilisation l'gard des atouts naturels et culturels de la rgion. Cette prise de conscience peut, son tour, susciter davantage de comprhension et de sympathie vis--vis de leur restauration et de leur protection.

3.4. Comptitivit du tourisme marocainLa performance du niveau de comptitivit du tourisme au Maroc par rapport la concurrence peut tre approche travers lindice de comptitivit du tourisme tabli par le Conseil mondial du tourisme (WTTC) (4).

Encadr 9. La comptitivit selon le Conseil mondial du tourismeLa comptitivit est mesure par les indices suivants : lindice du tourisme humain qui est une moyenne de lindice de participation au tourisme (ratio du nombre de touristes la population) et dun indicateur mesurant son impact conomique ; lindice des infrastructures qui sappuie sur des donnes sur les routes, le niveau sanitaire et laccs leau ;

(4) Source : Document de travail de lAgence franaise de dveloppement, la Tunisie et le march euro-mditerranen du tourisme, septembre 2005.

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Diagnostic : une dynamique de progrs

Tourisme 2030 Quelles ambitions pour le Maroc ?

lindice de lenvironnement qui agrge les donnes sur la densit de population, les missions de CO2 et la mise en uvre des accords internationaux sur lenvironnement ; lindice technologique qui se fonde principalement sur le taux de diffusion des tlcommunications ; lindice des ressources humaines qui reprend lindice de lducation du PNUD ; lindice douverture agrgeant plusieurs indicateurs (contraintes de visa, ouverture aux changes, niveau des taxes sur les changes) ; lindice du dveloppement social qui agrge des indicateurs sociaux et des indicateurs de diffusion des mdias et dInternet.

Appliqu en 2003 pour un panel de pays concurrents, lindice fait ressortir que le Maroc est globalement en retard par rapport la moyenne des pays pour tous les indicateurs sauf pour celui concernant le tourisme humain (3e du classement). Ce rsultat est corrobor par les constats faits dans dautres tudes et rapports nationaux et internationaux. Les importants dficits en matire de ressources humaines et les contraintes administratives (degr douverture, etc.) lestent la croissance de lconomie et constituent des facteurs limitatifs au dveloppement touristique que les mesures prises dans le cadre de la Vision 2010 essaient de corriger. Figure 7 Niveau de comptitivit touristique du Maroc par rapport un panel de paysUn niveau de comptitivit touristique en dessous de la moyenne du panelMaroc Tourisme humain Infrastructure Environnement Technologie Ressources humaines Ouverture Dveloppement social 59 44 60 46 11 17 36 Rang du Maroc 3e 7 6e 8e 11e 11e 11ee

Ecart en % / au premier 21 41 33 53 88 77 51

Ecart en % / moyenne +10 16 2 26 79 69 34

Comptitivit selon l'indice "Infrastructure"100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0

Lib an

Al g rie

Jo rd an ie

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Comptitivit selon l'indice "Environnement"100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0

Comptitivit selon l'indice "Technologie"100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0

Comptitivit selon l'indice "Ressources humaines"

Al g rie Cr oa tie Eg yp te Es pa gn e Gr c e Isr a l Jo rd an ie Lib an M ar oc Tu ni sie Tu rq ui e

Al g rie Cr oa tie Eg yp te Es pa gn e Gr c e Isr a l Jo rd an ie Lib an M ar oc Tu ni sie Tu rq ui e

Comptitivit selon l'indice "Dveloppement social"100 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0Al g rie Cr oa tie Eg yp te Es pa gn e Gr c e Isr a l Jo rd an ie Lib an M ar oc Tu ni sie Tu rq ui e

Comptitivit selon l'indice "Tourisme humain"100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0

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Comptitivit selon l'indice "Ouverture"

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3.5. Problmatique du tourisme marocainLe tourisme est une activit importante, tant pour lconomie globale que pour le dveloppement futur des rgions du Royaume. Le tourisme peut constituer un levier important dans le processus de modernisation du pays. La faiblesse et la concentration de la demande manant des pays fournisseurs traditionnels du Maroc sont un dfi relever. Les tentatives de recherche dextension, dadaptation, damlioration et de diversification du produit touristique sorientent non seulement, vers lexploitation de niches telles les randonnes de montagne, le tourisme de sant, le thermalisme, la navigation de plaisance, le tourisme de congrs et des sports divers, laventure et les dcouvertes, mais galement en capitalisant sur lexprience passe (tourisme culturel et balnaire) et sur le dveloppement du tourisme interne. Elles se dirigent galement vers le rehaussement de la qualit du produit existant par lintroduction du professionnalisme touristique et le respect des standards internationaux. Toutefois, lactivit touristique, surtout lorsquelle est saisonnire, entrane des effets de pointe avec des rpercussions dans de nombreux domaines : emplois, transports, quipements, ponction et pression sur les ressources naturelles et lenvironnement, etc. Limpact sur les ressources et lenvironnement se trouve accentu par une demande plus importante et plus exigeante en matire de qualit prix. Le souci de la protection est souvent mis en veilleuse en raison de limpratif concurrentiel. En labsence dune protection de lenvironnement, le faonnement de lactivit touristique au Maroc ne sest pas fait sans modification des paysages ni reproduction du milieu urbain avec ses murs de bton et une architecture standardise et strotype. La pollution du milieu daccueil des touristes, la consommation abusive de ressources rares comme leau et la terre, la destruction de la vgtation sont autant dcueils viter dans une stratgie de dveloppement du tourisme marocain. Asseoir une politique touristique mme de relever le niveau de management du dveloppement du pays doit se faire en tenant compte des spcificits conjoncturelles et de long terme de cette activit particulire. Se situant dans une zone de stress international, le tourisme au Maroc est sensible aux crises. Cette vulnrabilit est visible lors des chutes de frquentation loccasion de crises conomiques, politiques, scuritaires ou environnementales. Une diversification de la demande adresse au Maroc est mme de contribuer la rsilience terme (par la demande arabe par exemple). Dun autre ct, la reformulation des objectifs de la politique touristique offre une occasion de corriger, par les actions futures, les dsquilibres que cre le tourisme au niveau de lamnagement du territoire. Lespace touristique marocain est caractris par une diffusion de lactivit avec de fortes concentrations dans les grandes agglomrations, des dsquilibres rgionaux et lexistence de vastes zones, notamment dans larrire-pays, trs peu touches par lactivit touristique. Lenjeu est celui dune meilleure matrise du dveloppement touristique avec lobjectif de maximiser ses retombes locales et nationales grce une meilleure connaissance de la demande segmente par types de besoin, de la concurrence, de loffre et de la circulation des revenus. Cest dans ce genre de situation que la prospective, qui permet dexplorer de nouvelles solutions, prend tout son sens.

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Chapitre 2 Tendances lourdes et facteurs de changement

Linterprtation du prsent repose sur une analyse du pass et un regard sur le futur. Les structures socio-conomiques, confrontes des vnements qui les transforment, prsentent des forces dinertie et des processus de retour lquilibre qui font que les volutions sont en gnral relativement rgulires et lentes ; ce sont les tendances lourdes qui rendent vraisemblable lexploration du futur. Le tourisme est une composante essentielle des systmes socio-conomiques complexes des pays industriels avancs ; son volution sinscrit ncessairement dans les grandes tendances de ces systmes. Certaines tendances lourdes affectent tout naturellement le dveloppement quantitatif et qualitatif de ce que lon peut appeler la demande de tourisme dans les pays metteurs (pour ce qui concerne le tourisme international) ou lintrieur mme des pays. Dautres tendances se rfrent lorganisation du fonctionnement et de la production du secteur touristique, ces tendances se situent au niveau de loffre. Demande et offre donnent un contenu concret aux marchs internationaux, nationaux et rgionaux du tourisme et leur volution ; cest au niveau de ces marchs quinterviennent les facteurs de changement (vnements majeurs, politiques publiques, prix relatifs, etc.) qui peuvent long terme inflchir les tendances lourdes de la demande et de loffre touristiques. Ces points font lobjet de ce deuxime chapitre de Tourisme 2030 .

1. Les tendances lourdes de la demande de tourismeLa demande de tourisme est une fonction des revenus et des prix comme toute autre demande de biens et services, mais dans son sens profond elle dpend de besoins qui se manifestent dans un contexte socioculturel donn. Cest ce niveau que la demande de tourisme se confronte ou sassocie avec dautres besoins humains, et cest aussi ce niveau que se situent les tendances les plus lourdes quil sagit didentifier dans un exercice de prospective lhorizon 2030 qui inclut un changement de gnration. Pour Tourisme 2030 , deux grandes tendances sont releves. Elles affectent la demande de services touristiques dont lorigine se situe dans la seconde moiti du XXe sicle : le dveloppement dun ensemble technologique autour de moyens de communication et de micro-lectronique qui augmente la capacit dinnovation fonctionnelle par la satisfaction des besoins et des demandes ; lpanouissement de systmes dinformation qui dessinent une socit de la connaissance capable de mieux satisfaire les besoins humains dordre suprieur. 33

Tendances lourdes et facteurs de changement

Tourisme 2030 Quelles ambitions pour le Maroc ?

Encadr 10. Tendances lourdes du tourisme selon lOrganisation mondiale du tourisme1. Augmentation des richesses dans de nouveaux marchs metteurs (Chine, Russie, Inde). 2. Transition dmographique : augmentation du tourisme des personnes ges. 3. Facilit des formalits de voyage et harmonisation des normes de contrle et de surveillance. 4. Partenariat public-priv dans une industrie touristique transversale et multiforme. 5. Techniques de communication et dinformation qui augmentent la transparence de loffre touristique. 6. Consommateurs aux commandes grce Internet. 7. Terrorisme ne contrecarrant nullement les voyages. 8. Amlioration des conditions de vie et envies de voyage, avec plus de tourisme influenc par le dsir dapprendre, de connatre et dajouter un sens au vcu des hommes (produits touristiques de divertissement, motion, ducation ). 9. Intensification de la comptitivit entre destinations. 10. Emergence du multilatralisme et des groupements rgionaux en rponse aux dfis globaux de lenvironnement et de la scurit.Source : OMT, A Look into Tourisms Future, draft White Paper, August 2005.

1.1. Nouvelles technologies et innovations fonctionnellesLes tendances technologiques de ces dernires annes sont caractrises par la concentration de dveloppement dans le domaine des ordinateurs et de linformatique, dans le domaine des tlcommunications et dans celui de la micro-lectronique et de ses multiples drivs. La majorit des innovations sont aujourdhui bases sur les connexions entre ces trois domaines technologiques et sadressent tous les secteurs de production et de consommation. Figure 8 Le paradigme technologique de la socit de l'informationOrdinateur Tlcommunication Convergence = Nouveaux procds et produits Microlectronique

Intelligence artificielle

Informatique

Analyse de systme

Au-del des innovations spcifiques de procds et de produits (biens et services), les nouvelles technologies sont capables dinduire des changements systmiques qui modifient sensiblement lorganisation sociale. Les tendances lourdes de la technologie se refltent tout naturellement dans le tourisme. Le touriste recherche des biens et des services qui, souvent de manire invisible, incorporent ces nouvelles technologies. De plus, il sadapte sans grande difficult aux innovations systmiques qui modifient laccs aux services touristiques. 34

Quelques exemples suffisent montrer comment les innovations technologiques en cours modifient la demande touristique en la rapprochant des besoins profonds de la population en matire de tourisme. En matire doffre commerciale, le touriste est devenu avant tout un acteur qui demande pouvoir faire son choix en toute connaissance de cause et avoir un rapport qualit/prix satisfaisant. Ainsi, de nouvelles offres se dveloppent : le mid-week (ou le court sjour de fin de semaine), le click and pack qui permet dassembler des produits la vole rpondant au souhait du consommateur de pouvoir combiner la souplesse du voyage individuel et le niveau de prparation du voyage packag, le early booking qui permet au client qui rserve tt de payer moins cher. Dans les transports, et en particulier dans le transport arien, on assiste des innovations systmiques qui facilitent laccessibilit aux voyages moyenne et longue distances (ex. les compagnies bas cot). Dans les tlcommunications, dautres innovations rendent possible la continuit des activits sdentaires tout en prservant la mobilit touristique (ex. tlphonie mobile). Distance et discontinuit qui ont t les principaux obstacles au dveloppement de certaines formes de tourisme se rduisent un rythme acclr avec les nouvelles technologies : un dplacement de 1 000 kilomtres est rendu chaque jour plus facile en termes conomiques et en termes familiaux et sociaux. Dautres innovations systmiques bouleversent la nature-mme des services touristiques. Ainsi, les tlcommunications et linformatique transforment de plus en plus la fourniture de services distance dans des domaines autrefois strictement fixes sur les territoires, comme les services de sant ou les services ducatifs. Le touriste est en mesure de recevoir des soins ou une formation comme sil navait jamais abandonn sa rsidence principale. Cette ubiquit dlments essentiels des styles de vie sert, encore une fois, rapprocher la demande touristique du besoin de tourisme. En quelque sorte, les nouvelles technologies du paradigme de la socit de linformation rduisent la perception du risque encouru lorsquon procde un changement de cadre existentiel et, par l, contribuent inclure le tourisme dans ce cadre, le rendre