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PRÉPARER LA PREMIÈRE ÉPREUVE ÉCRITE D’ADMISSIBILITÉ

FRANÇAIS

DEVOIR N° 1

CONCOURS

DE RECRUTEMENT

DES PROFESSEURS

DES ÉCOLES

RédactriceNathalie BETTON

Professeure agrégée ESPÉ

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Les cours du CNED sont strictement réservés à l’usage privé de leurs destinataires et ne sont pas destinés à une utilisation collective. Les personnes qui s’en serviraient pour d’autres usages, qui en feraient une reproduction intégrale ou partielle, une traduction sans le consentement du CNED, s’exposeraient à des poursuites judiciaires et aux sanctions pénales prévues par le Code de la propriété intellectuelle. Les reproductions par reprographie de livres et de périodiques protégés contenues dans cet ouvrage sont effectuées par le CNED avec l’autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (20 rue des Grands Augustins, 75006 Paris).

© CNED 2016 5-FR65-DV-WB-01-17

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PRÉPARER LA PREMIÈRE ÉPREUVE ÉCRITE D’ADMISSIBILITÉ

DEVOIR N° 1 – FRANÇAIS

PREMIÈRE PARTIE – QUESTION RELATIVE AUX TEXTES PROPOSÉS (11 points)

Quelle représentation de l’école les auteurs de ce corpus livrent-ils aux lecteurs ?

Texte 1 : Albert Camus, Le Premier Homme, Gallimard, 1994, pages141-143

Texte 2 : Antoine Bangui, Les Ombres de Kôh, Hatier, 1988, pages 143-144

Texte 3 : Jules Vallès, L’Enfant, Le livre de poche, 1985, page 148

Texte 4 : Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance, L’imaginaire Gallimard, pages 78-79, 1975

Texte 1 La punition ordinaire consistait seulement, il est vrai, en mauvais points, qu’il déduisait à la fin du mois du nombre de points acquis par l’élève et qui le faisaient descendre alors dans le classement général. Mais, dans les cas graves, M. Bernard ne se souciait nullement, comme le faisaient souvent ses collègues, d’envoyer le contrevenant chez le directeur. Il opérait lui-même suivant un rite immuable. « Mon pauvre Robert «, disait-il avec calme et en gardant sa bonne humeur, «il va falloir passer au sucre d’orge «. Personne dans la classe ne réagissait (sinon pour rire sous cape, selon la règle constante du cœur humain qui veut que la punition des uns soit ressentie comme une jouissance par les autres). L’enfant se levait, pâle, mais la plupart du temps essayait de faire bonne contenance (certains sortaient de leur table en ravalant déjà leurs larmes et se dirigeaient vers le bureau à côté duquel se tenait déjà M. Bernard, devant le tableau noir). Toujours selon le rite, où entrait ici alors une pointe de sadisme, Robert ou Joseph allait prendre lui-même sur le bureau le « sucre d’orge » pour le remettre au sacrificateur.

Le sucre d’orge était une grosse et courte règle de bois rouge, tachée d’encre, déformée par des encoches et des entailles, que M. Bernard avait confisquée longtemps auparavant à un élève oublié ; l’élève la remettait à M. Bernard, qui la recevait d’un air généralement goguenard et qui écartait alors les jambes. L’enfant devait placer sa tête entre les genoux du maitre qui, resserrant les cuisses, la maintenait fortement. Et sur les fesses ainsi offertes, M. Bernard plaçait selon l’offense un nombre variable de bons coups de règle repartis également sur chaque fesse. Les réactions à cette punition différaient suivant les élèves. Les uns gémissaient avant même de recevoir les coups, et le maitre impavide remarquait alors qu’ils étaient en avance, les autres se protégeaient ingénument les fesses de leurs mains, que M. Bernard écartait alors d’un coup négligent. D’autres, sous la brulure des coups de règle, ruaient férocement. II y avait aussi ceux, dont faisait partie Jacques, qui subissaient les coups sans mot dire, frémissant, et qui regagnaient leur place en ravalant de grosses larmes. Dans l’ensemble, cependant, cette punition était acceptée sans amertume, d’abord parce que presque tous ces enfants étaient battus chez eux et que la correction leur paraissait un mode naturel d’éducation, ensuite parce que l’équité du maitre était absolue, qu’on savait d’avance quelle sorte d’infractions, toujours les mêmes, entrainait la cérémonie expiatoire, et tous ceux qui franchissaient la limite des actions ne relevant que du mauvais point savaient ce qu’ils risquaient, et que la sentence était appliquée aux premiers comme aux derniers avec une égalité chaleureuse. Jacques, que M. Bernard aimait visiblement beaucoup, y passait comme les autres, et il dut même y passer le lendemain du jour où M. Bernard lui avait manifesté publiquement sa préférence.

Albert Camus, Le Premier Homme, Gallimard, 1994, pages 141-143

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PRÉPARER LA PREMIÈRE ÉPREUVE ÉCRITE D’ADMISSIBILITÉ DEVOIR N° 1

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Texte 2 Les maitres ne faisaient rien pour rendre leurs cours attrayants. Bien au contraire. Seuls des rapports de force les unissaient à leurs élèves. La moindre faute de calcul ou d’orthographe était sanctionnée par des volées de gifles, de règle, ou de cravache, et soulignée par des chapelets de mots blessants et injustes.

J’étais devenu assez insensible aux mauvais traitements qui avaient fini par m’apparaitre normaux et logiques, puisqu’ils s’inscrivaient dans l’ordre social dans lequel nous vivions. Autour de nous, en effet, tout n’était que violence et abus d’autorité. Les gardes et les boys-coton fustigeaient hommes et femmes dans leurs champs. Au marché même, on recevait des coups. Pourtant, les maitres ne manquaient pas toujours d’imagination. Trop d’anciens écoliers de Bossangoa doivent encore conserver dans leur mémoire l’odeur nauséabonde qui punissait leur naturelle spontanéité à s’exprimer et à jouer dans leur langue maternelle. Que ce soit dans la cour de récréation ou en classe, il nous était en effet interdit de parler autrement qu’en français. Les fautifs, surpris par le maitre, ou dénoncés par leurs camarades, dont il me semble entendre les voix glapissantes :

« M’sieur! M’sieur! II a causé en sango!», se voyaient aussitôt affublés d’une vieille boite de conserve, attachée au cou par une ficelle, dans laquelle croupissaient des excréments humains.

Une telle conception de la pédagogie n’était guère favorable à la poursuite des études, ni à leurs succès. La faim s’y ajoutant, la plupart d’entre nous éprouvaient d’insurmontables difficultés à assimiler cet enseignement rebutant. Toute la semaine, nous rongions notre frein dans l’attente du samedi midi où nous filerions enfin derrière nos parents retenus en brousse par les travaux agricoles. Sur quarante élèves que comptait notre classe au début de l’année, six mois plus tard, il n’en restait plus que dix-neuf.

C’est pourquoi, cette école si ardemment désirée, se révéla à l’usage plus que décevante, riche surtout en regrets et en interrogations.

« En rang ! Mains sur l’épaule ! Fixe !», nous percevions que ces rauques injonctions auxquelles nous nous soumettions, et qui rythmaient désormais nos journées d’enfants, captaient dans leurs orages sonores notre liberté abandonnée au seuil sévère de ce bâtiment sans âme.

Antoine Bangui, Les Ombres de Kôh, Hatier, 1988, pages143-144

Texte 3... J’ai été puni un jour: c’est, je crois, pour avoir roulé sous la poussée d’un grand, entre les jambes d’un petit pion qui passait par là, et qui est tombé derrière par-dessus tête ! II s’est fait une bosse affreuse; et il a cassé une fiole qui était dans sa poche de côté ; c’est une topette de cognac dont il boit — en cachette, à petits coups, en tournant les yeux. On l’a vu : il semblait faire une prière, et il se frottait délicieusement l’estomac.

— Je suis cause de la topette cassée, de la bosse qui gonfle... Le pion s’est fâché.

II m’a mis aux arrêts ; — il m’a enfermé lui-même dans une étude vide, a tourné la clef, et me voilà seul entre les murailles sales, devant une carte de géographie qui a la jaunisse, et un grand tableau noir où il y a des ronds blancs et la binette du censeur. Je vais d’un pupitre à l’autre : ils sont vides — on doit nettoyer la place, et les élèves ont déménagé.

Rien, une règle, des plumes rouillées, un bout de ficelle, un petit jeu de dames, le cadavre d’un lézard, une agate perdue.

Jules Vallès, L’Enfant, Le livre de poche, 1985, page 148

Texte 4L’école

J’ai trois souvenirs d’école.

Le premier est le plus flou : c’est dans la cave de l’école. Nous nous bousculons. On nous fait essayer des masques à gaz : les gros yeux de mica, le truc qui pendouille par-devant, l’odeur écœurante du caoutchouc.

Le second est le plus tenace : je dévale en courant — ce n’est pas exactement en courant : à chaque enjambée, je saute une fois sur le pied qui vient de se poser; c’est une façon de courir, à mi-chemin entre de la course proprement dite et du saut à cloche-pied, très fréquente chez les enfants, mais je ne lui connais pas de dénomination particulière —, je dévale donc la rue des Couronnes, tenant à bout de bras un dessin que j’ai fait à l’école (une peinture, même) et qui représente un ours brun sur fond ocre. Je suis ivre de joie. Je crie de toutes mes forces : « Les oursons ! Les oursons ! »

Le troisième est, apparemment, le plus organisé. A l’école on nous donnait des bons points.

C’étaient des petits carrés de carton jaunes ou rouges sur lesquels il y avait écrit : 1 point, encadré d’une guirlande. Quand on avait eu un certain nombre de bons points dans la semaine, on avait droit à une médaille. J’avais envie d’avoir une médaille et un jour je l’obtins. La maitresse l’agrafa sur mon tablier. À la sortie, dans l’escalier, il y eut une bousculade qui se répercuta de marche en marche et d’enfant en enfant. J’étais au milieu de l’escalier et je fis tomber une petite fille. La maitresse crut que je l’avais fait exprès ; elle se précipita sur moi et, sans écouter mes protestations, m’arracha ma médaille.

Je me vois dévalant la rue des Couronnes en courant de cette façon particulière qu’ont les enfants de courir, mais je sens encore physiquement cette poussée dans le dos, cette preuve flagrante de l’injustice, et la sensation cénesthésique de ce déséquilibre imposé par les autres, venu d’au-dessus de moi et retombant sur moi, reste si fortement inscrite dans mon corps que je me demande si ce souvenir ne masque pas en fait son exact contraire: non pas le souvenir d’une médaille arrachée, mais celui d’une étoile épinglée.

Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance, L’imaginaire Gallimard, pages 78-79, 1975

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DEVOIR N° 1

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DEUXIÈME PARTIE – Connaissance de la langue (11 points)

1. Relevez, classez et corrigez les erreurs orthographiques dans la copie d’un élève de CE2, retranscrite ci-dessous. (4 points)

Se pentin pleurait, rier et parler comme les otres senfans. Ils lui arrivaient de nonbreuse aventure.

2. Indiquez la nature et la fonction des propositions du passage ci-dessous, quand cela est possible. (4 points)

J’étais devenu assez insensible aux mauvais traitements qui avaient fini par m’apparaitre normaux et logiques, puisqu’ils s’inscrivaient dans l’ordre social dans lequel nous vivions.

3. Expliquez et commentez les expressions soulignées. (2 points)

a) Texte 1 : « quelle sorte d’infractions, toujours les mêmes, entrainait la cérémonie expiatoire [...] ».

b) Texte 2 : Toute la semaine, nous rongions notre frein dans l’attente du samedi midi où nous filerions enfin derrière nos parents retenus en brousse par les travaux agricoles.

4. Expliquez la formation de l’adjectif « immuable », texte 1. (1 point)

TROISIÈME PARTIE – Analyse de supports pédagogiques (13 points)

À partir de l’analyse de l’interaction orale dans une classe de Grande Section de maternelle, transcription reproduite dans l’ouvrage coordonné par Mireille Brigaudiot, Apprentissages progressifs de l’écrit à l’école maternelle, p 130-131, Hachette éducation, 2000, vous répondrez aux questions suivantes :

1. Identifiez les objectifs visés par l’enseignante pour cette séance. (2 points)

2. En vous appuyant sur des exemples précis, vous mettrez en évidence les spécificités de la langue orale. (4 points)

3. Vous expliciterez le rôle de l’enseignant. (4 points)

4. Vous analyserez la participation des élèves et les interactions entre eux. Quelles sont les compétences qu’ils mobilisent au cours de cette séance ? (3 points)

On est en fin de Grande Section. La maitresse a lu aux enfants Le Petit Roi dodu (Graham Jeffrey, Nathan). Ils ont été amusés par le mot « dodu ». Elle leur a donc promis de leur apporter un autre album qui raconte aussi l’histoire de quelqu’un de dodu : un ver.

Extrait de la séance :

Lecture de la couverture

La maitresse présente aux enfants l’album Le Beau Ver dodu (Van Laan et M. Russo, Kaleidoscope).

E - t’as amené l’histoire du ver dodu

Approbation de beaucoup.

Audrey 1 - j’ai vu le nom de l’éditeur. C’est pas Nathan.

M1 - oui, comment tu es sûre que c’est le nom de l’éditeur ?

Audrey 2 (montre) - parce que c’est écrit en bas

Juliette 1 - oui, et, normalement, c’est aussi écrit en bas sur la première page.

Elle se lève et vérifie.

M2 - c’est vrai. Mais quel est cet éditeur? Audrey a dit que ce n’est pas Nathan...

Les E regardent le nom mais ne parviennent pas à l’oraliser.

Lisa 1 - on y arrive pas! Dis, tu peux nous le lire, son nom.

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PRÉPARER LA PREMIÈRE ÉPREUVE ÉCRITE D’ADMISSIBILITÉ

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M3 - « Kaléidoscope »

Les enfants sont un instant perplexes.

Lisa 2 - c’est un drôle de nom. On dirait comme magnétoscope. C’est peut être pas l’éditeur

M4 - si, c’est vraiment le nom de l’éditeur, ce drôle de nom

Alice 1 - j’ai vu autre chose. Y a un petit texte qui va avec le titre

Marion 1 - c’est peut-être le résumé

Juliette 2 - n’importe quoi! Y a jamais de résumé sur la couverture. D’habitude, là, c’est l’auteur et l’illustrateur

Alice 2 - j’suis pas d’accord. C’est trop long. C’est pas l’auteur et l’illustrateur, c’est un petit texte, je te dis

Les E essaient de lire, n’y parviennent pas.

Agathe 1 à M - ben, toi, tu le sais, ce qu’est écrit

M5 (lit en suivant du doigt) - je lis. Texte de Nancy Van Laan Illustrations de Marisabina Russo

Agathe 2 - alors, j’avais raison

M6 - oui, mais on ne connait pas encore le titre. . .

Audrey 3 - ben si, on le connait ! C’est Le Petit Ver dodu

M7 - tu peux venir nous le lire ?

Audrey pointe bien chaque mot et lit «Le petit ver dodu».

Marion 1 - oui, mais, j’ai remarqué quelque chose. C’est que «petit», ça devrait commencer par un « p », et, là, ça commence par un « b »

Bastien 1 - alors, c’est pas «petit»

Audrey 4 - si, c’est «petit»

Antoine 1 - ben, non, regarde (II va chercher Le Petit Roi dodu et le met à côté.)

Marion 2 - j’avais une idée, mais ça va pas, y a un « e »

M8 - dis-nous ton idée

Marion 3 - on dirait qu’y a [o] : « a » et « u », comme dans « Audrey ». Mais y a un « e ». Alors...

M9 - si, tu as raison. On peut écrire [o] avec la lettre « o », avec les lettres « a » et « u » et puis avec « e »,« a », « u »

Marion 4 - alors, ça fait «beau»

Bastien 2 - ah oui, c’est Le Beau Ver dodu. C’est celui que t’avais promis

M10 - oui, c’est Le Beau Ver dodu que j’avais promis