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1/2 "Dépendance de l'Europe" dans Le Monde (4 janvier 1957) Légende: Le 4 janvier 1957, le quotidien français Le Monde publie un article de Maurice Le Lannou, géographe français, qui s’inquiète de la dépendance énergétique de plus en plus grandissante de l'Europe. Entre l'ère du charbon et celle de l'atome à venir, c'est le pétrole qui assure le travail des sociétés occidentales et celui-ci doit être importé en grandes quantités de l'étranger. Copyright: (c) Le Monde Avertissement: Ce document a fait l'objet d'une reconnaissance optique de caractères (OCR - Optical Character Recognition) permettant d'effectuer des recherches plein texte et des copier-coller. Cependant, le résultat de l'OCR peut varier en fonction de la qualité du document original. URL: http://www.cvce.eu/obj/dependance_de_l_europe_dans_le_monde_4_janvier_1957-fr-f981ec5f-4498-4fac-ad71- 91d7bc829d48.html Date de dernière mise à jour: 21/07/2017

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Page 1: pSHQ GDQFHGHO(XURSHGDQV/H0RQGH MDQYLHU · L À menace qui assombrit cette entrée dans l'hiver révèle un dee traits les plus Inquiétants de la géographie ~nomique d'aujourd'h~:

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"Dépendance de l'Europe" dans Le Monde (4 janvier 1957) Légende: Le 4 janvier 1957, le quotidien français Le Monde publie un article de Maurice Le Lannou, géographe français, qui s’inquiète de la dépendance énergétiquede plus en plus grandissante de l'Europe. Entre l'ère du charbon et celle de l'atome à venir, c'est le pétrole qui assure le travail des sociétés occidentales et celui-ci doitêtre importé en grandes quantités de l'étranger.

Copyright: (c) Le Monde

Avertissement: Ce document a fait l'objet d'une reconnaissance optique de caractères (OCR - Optical Character Recognition) permettant d'effectuer des recherchesplein texte et des copier-coller. Cependant, le résultat de l'OCR peut varier en fonction de la qualité du document original.

URL: http://www.cvce.eu/obj/dependance_de_l_europe_dans_le_monde_4_janvier_1957-fr-f981ec5f-4498-4fac-ad71-91d7bc829d48.html

Date de dernière mise à jour: 21/07/2017

Page 2: pSHQ GDQFHGHO(XURSHGDQV/H0RQGH MDQYLHU · L À menace qui assombrit cette entrée dans l'hiver révèle un dee traits les plus Inquiétants de la géographie ~nomique d'aujourd'h~:

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L À menace qui assombrit cette entrée dans l'hiver révèle un dee traits les plus Inquiétants de la géographie ~nomique

d'aujourd'h~: la dance ou l'Eu-セMセセ@ once 'Notri contl­~qffl usquen 929 exportait de 1 *1efl!e. en dclame de plus en plus aux JDODde., lointains. A examiner le rythme accélû6 de cette demande Q&l. pcµt. ili'ln-~n~S., &ort nsen:é. ,u t,ravall v\Q&l.a,Jur r.l'années qui

parent d'une utilisation vala61e de l'atome. suez encombré suffit à détruire notre paix et vérifie le pronostic qu'An­dré S.egfried donnait dès 1940 : « Le eanal ne pourrait être bloqué ni même compromis dans son efficacité par une mauvaise administration sans que la ci­vllulatlon matérielle de l'Europe ne s'en nssente >

Les soigneuses publications de l'O.E. C E. donnent la mesure du déftett éner­セセエセ@ de l'Europe <i>. Notre cas sur la ête est singulier. L'énorme éten­due des pays « sous-développés » man­que de consommateurs plus que de res­sources.. L'Union soviétique, dans ses efforts actuels, ne fait que rattraper un retard et doit bien être en mesure d'or­ganiser en temps utile un système éner­gétique plus cohérent que celui de notre Europe morcelée.- Les Etat.&'Unis achè­tent de grosses quantités de pétrole, mais c'est dans le cadre d'une vaste poli­tique bénéflclaire, et lls J)OW'ralent trou­ver dans leurs sources personnelles de quoi suivre la croissance de leurs besoins. Il en va tout autrement de l'Europe. laquelle. nonobstant .ses richesses natu­relles et plua exactement a cause de ces richesses. a un besoin réel et pressant de développement énergétique. セ@e."ltre production et CQllSQ~~s-aè-1'.'ffllt ~em~ Les prévisions à court eL l~Urrrie ne sont guère rassuran­tes. En 1969 et en 19'75 les disponlb1lltés des pa5s de l'O E C.E se seront accrues de 10 et de セ@ , mais les besalns au­ro1 t sana doute augmenté de 15 et de 64 ,.., Si l'on admet; que la m15e en œu­vre de l'énergie atômlque pourra redon­ner à l'Europe quelque autonomle, l'his­toire éc'onomfque de notre continent n'en aura pas molllS été marquée pendant plua de- la moiti~ du xxr s1ècle par une phase singulière de sujétion au cours de laquelle noua n'aurons disposé que par artJfice de noa O!Jtlls.

• • • Notre suprématie are~ sur le char­

bon, et elle s'est ef!ritée comme s'essouf­flaient nos charbonnages Bien aftr la production charbonnière de l'Europe ne diminue pas, mais ses progrès sont 1nal­gnlflanta en face de ceux de la consom­mation On pourrait pensM qu'il y a dans une demande fortement accrue une conjoncture favorable. En réalité l'in­dustrie charbonnière est comme frap~e d'inhibition. Les dlf!lcultéa techniques

fi) Orranlu\lon euro~enne de cooplra-1 tconomlqu , f Europe face d •e• buotna

~11cr ... 1c. J>11r1 •• deux1ême edlt, Juin 1~.

LA GÉOGRAPHIE P ar MAURICE LE LA.NNOU

Dépendance ile l'Europe du~ à l'appro!ond1SSement des puits ne sont pas les principales Il y a par-dessus tout l affaiblissement de la confiance a l'égard des destmées de la houille d'un monde exalté par la brusque révélation de l'atome L'opinion tiendrait volontien cette source fondamentale pour périmée. Les prévisions des experts ne sont pour­tant pas de nature à Justifier cette ré­pudiation. Il semble bien peu probable que l'énergie atomique puisse fournir è lcl vingt ans 10 'o de la demande totale d'énergie de l'Europe occidentale. La chance des houlllères resterait appré­ciable si cette industrie n'était par es.5ence pnvée de &ouples.se. Vingt ans lui semblent une perspective courte quand déjà depuis quelque temps l'élan est perdu. que les investissemenLc; sont ralentis et ne s·appliquent pas aux des­s,Ins à long terme.

La di!ficulté de recruter des troupes suffisantes de mineurs est sans doute antérieure à cette défiance des capitaux. Ce serait la un des grands maux de l'Europe s'il n 'était incongru d'appeler un mal le recul des travailleurs devant l'effrayant labeur de la mme. Mals c'est un fa1t. L'Angleterre alimente difflclle­ment en .hommes ses charbonnages. En Europe conUnentaJe, ou l'appel aux sur­plus démographiques d Etats pauvres en emploi est In. regle, la source polonaise est a peu pre.s tarie, les Italiens se mon­trent réticents et ne s'acerochent pas longtemps à ce mé~r nou, eau. Les dif­ficultés soulevées par le gom emement italien à propos des conditions offertes à. ses ressort1SSaDts dans les houilleres belgt!S sont assez rélélatrices. Il n 'y a guère de remède décisif contre ces refus qul prennent l'allure d une révolution sociologique L'Europe est ainsi tiralllée entre un p~ récent, dont les œuvres restent fondamentales. et de5 lende­mains impatiemment attendus riches de perspectives souriantes quant nux possl­b11ltés d élévation humaine, par l'expan­Bion d mdu tries nouvelle., moins péni­bles et plus lucratives, par les prome es de l'atome, par la conviction du pro­chain avènement d'un monde où le contact sera moins rude entre la terh­nlque et le travail n lui est auJourd hui dlf!lclle de diriger en mllme temps l élan vers la lléduisante Inconnue de l'énergie nucléaire et de promouvoir la nécessaire réhabUltatlon du charbon.

Le recoun l la houille blanche n'offre que des compensatlona limitées. Bien que l'Europe possède encore dans ce domaine dea réserves appréciables, éva­luéea à plua de quatre fois la produc­tion actuelle, le rythme d'accroiasement

est freiné par d'lmpor..antes servitudes dont la moins lourde t 'est pas le poids !mancier. Les augures staUsuc1ens pen­sent que l'électricité h)draullque, qui en 1955 a couvert 7,8 des besoins euro­péens, pourrait en couvrir 8.9 ,..o en 1960, 10.8 ¾ en 1975. A la cltférence de l ex­plottaUon charbonnière. qui n 'exalte plus personne. la construction hydro­électrique est entrée dans les grands mythes de l'Europe c:;éatrice. mais les frelllS ne manquent pc;urtant pas. L'uti­llsaUon des grands neuves étant aujour­d'hui conçue comme tét.ale, dans un des­sein qui embrasse à 16 !ois l'energie, la navigation et l'irrigation, les problèmes sont à l'echelle du grandiose et passent souvent la mesure de3 poss1bl11tés pré­sentes ; セ@ J)~ut.re des données lnternatl<?}yi)t.a-.,$1~ notre Europe mô~~ ne tacilit.lr,t pas leur solll­ffon : Te'-tinbnr, teRb!n et la Moselle, ci5trpl!5 de frontières. ont aussi chargés de ra1sons d'Etat J'a,Jcuteral lei, au rang des hypothèques qui ~Lravent les grands des.seins, la résistance des « esthéti­ciens » aux projeta drusine marémotrice de la ~ce et à cee. plus chimeriques sans doute, de la l)a;e du Mont-Saint­Michel : elle achève de témoigner que l'Europe est une terre déllcate, d'aména­gement difficile, ét qu en tnce de la houme blanche comme de Ja noire I rune européenne n'appuie( pas sans ~ene la t~hnfque.

Entre 1ère du ·· '*'arbon et celle de l'atome, c est le JJ6tiidle qui a ure notre travail Il a founu 1!.f55 17.3 de la consommation d éoe gte prunsire de l'Europe occidentale conlre mo\ns de 12,4 en 1950, mata on pré\·oit qu U devra rouvrir 21 de n01 besoins en 1960, et 30 '1i en 1975 Bien entendu, cet accrois­sement sera dQ en grande partie à l'extension de8 uaag spécifiques des produit.a pétroliers, et notamment dea transports automobill'S et aériens. Mals 11 sera nécessaire a\.1151 par J tntenentlon de plua en plua gra dt' du pétrole dnn des usages industrt résenéa jUAQu Ici à la houllle LM fue et les diesels s im­J>OSent peu à peu dus le centralelJ ther­miques,, En Grande-Bretagne, le fuel entre pour un quart dans le combusUble employé à ta fabrtcat on et à Il\ trnnsfor­rnatlon de l'acier, POUr phm de ln moitié dans la production des verreries. Une deuxi~me révolution teclmiQUe e!t en cours qui, de.ant les menaces que la lourdeur de l'lnduatr e charboqnlèrc fait peser sur lea chances de l'EUrope, tend à aubautuer de plua en plus au charbon. dana les ueagea tnduatriels et domesti­ques qui lut reat,àftnt longtemps riser-

vés, les produits variés tirés des h\·dro-carbures naturels. •

* •• Le bilan énergétique de l'Europe tmpll­

que notre cro16Sante 2;ervltude par 1 am­pleur des Importations nécessaires. De houille d'abord, et c·est un des plus con­sidérables 1 enversements de l hlstolre économique européenne. Les pa~ s de l'O E C.E. ont dû en unporter 33 nullions de tonnes en 1955 La nécessité se fa1t de plus en plus pressante, pul,;que Jes seuls pals .de la c~wuwté cl!arbop_­~r. en 1956, en auroül. !ait venfr 36 mllllons de tonnes. dont 30 mi1lions aes Et.ats-tJnls; et le groupe de 1'0.E.C E. en aura importé au moins 42 millions. Il est arrivé. apres les deux grandes guerres mondiales. que l'Amétique vmt au se­cours des charbonnnges défaillants de l'Europe, mais cette fois li s'agit moins d'un sauvetage que du rétablissement d un équilibre fondamental par un sou­tien qui doit sans doute durer jusqu à l'afflrmntlon de la révolution atomique Les masse, de pétrole brut importées sont plus considérables encore. puisque, nonobstant I act.he et polnt trop déce­,ante recherche pétrollère sur le conti­nent européen et l'utilisation accrue du gaz natuJ"el, ellt'S ont ét~ en 1955 de plus de 80 milllons de tonnes.. Et nom1 ne somme point au bout de notre dépen­dance, puisque les augures c-.akulmt QU'~Q U1.75. ml},&ré. les gren1 1ezea ,:ontn­bqY,ons iubs~tielle.s de féner&[e bU• cléa1re, nous denons ~ei.Qlr .SO Dlill ons de fonnes de: hou.Ule- eL 220 & 225 mlll Oll5 da .tœmea de ~trole ~t de l>t'1duU.I J>étrolfers.

Il est intéressant de noter que l'Eu­rope. depuis lougtemp., habituée à 11-ne de Ja substance du monde. s engage allégrement dau la \ oie de cette dé­pendance L enthousiasme qui est rerusé à l'exploitation charbonnière, l unani­mité qui fait d6faut à la réallsatlon df!5 grand entreprises h31draullque . se tournent volontiers veni les problèmes d approvisionnement. Notre conl nent s est do1,1116 une riche ceinture de raffi. nertes littorales dont on est en train, à 1 hfi!re pré.sente, d augmenter comldé­rnblement la capacl~ Le pétrole brut Mt même en vote de pénétrer profondé­ment Je contluent européen : St:rasbours veut créer une raffmerle de 4 milliom de tonnes ; en Allemagne, les ~de. sociétés pétroli~res vont faire de la Ruhr et de la nglon de Cologne le cen­tre raffineur le plus important. d~pu­sant Hambourg. Pour alimenter les usines rh~nanes, on 4!tabllt dans la

hâte le projet de p, .... ......__. dam ou Wilhelmshaven tre Mar.seJlle et Stras~ sumsance de noe ports rnnt. le gross~ment. des partlcullcrement Ct'lul des nav m

liers . le plus gros tlLnker du moMP: n est dejà plus celui de 47 600 tonnes q~ mentionnait mon feuilleton d f aoQ• dn­nier mali. bien. clepuls le 13 octobrt' one unité de 84 730 tonn~ de port en uurd. 1 Unrv rse-Lcader constru te au Japon pour une oclété amérlcnlne Les grands orgauL,;me.:s portuaires de l 'Europe. de Venise à Hambourg. s'apprétent to\1.1 à. s ouvrir au,c momtre! énormM et pres­sés Ma1s cette ré, olullon menare d ~t e plus profonde encore Pour aboi r toute suJéUon, on pen,;e à crttr, ur de alt.ea bien dou~ en condltloru. nautiques et. Jusqu 1c1 m:ll évellles a la grande acU­'lté rnar1Ume, des parts pétroliers tout neufs En Fnnce La Palhce Le Croi c. Lorient. Brest. Cherbourg e me P t sur les rangs. En Belgique Zeebr 1gge. donL les rë, es n ont poinL trop réu ,·eut rece,oir. a,ec les paquebou. セ@ antl de 1'h0tl'ller américain Can tor, les u­per.;tankers qui alimenteront les ramne­ries d Ain ers En Grande Bretagne. sou­thampton comme Zeebrugge et Cher­bourg, ~errait bien cette a~latlon ln4-dlte de.'I paquebots et de.<i pétroliers ; Milford-Haven est en train de mett~ en œm re un plan grandiose pour accepter des tankers de 100 000 tonnes et u,-urer des redistributions de brut mr le! raf­f111er1e.,; d'AngleLen e et même d'Europe continentale

Ces desseins .s'entretiennent da.na un mou~emellt d enthousiasme et d entre­p1 ISe que la crise actuelle, lo n de m l'n­t r. exclt e Le pétrole .s'impose en grand prioritaire Ne dit-on point qu en France le comnmsanat général au plan aurait décidé de différer le montage 6Ur cale du grand paquebot de l'Atlantique nord pour pennettre la construction accélérée de 6Uper-tankPffl 2 C'~~ solide fol dans la ulnqul mo quf d'avolr pour seule "l~e Q n Etr..e 1>~ eQ セ@ ---. gt'ment à la !!(Jùrce セ@ セ@crtngl!léfud~ po.ur ml œrt.. mt.J, セ@ni" de la aour ëlle-nŒmê. 'îâ e dnt reconnu qu 1 t'fflll1effl. autour de Suez et. du 101re Peralque des cartai ma­gntf1ques, et llil volent tout Je profit qu lia peuvent. ttrrr de notre dlP-')d•oce ~erg~tique Une telle aen t.ude à l'égard de lolntaina ables pét.ro f res pouvàit se Justl!ier Juaqu'à la dernUre guerre dans un monde 1 peu prêt risi­gné à la férule euroi*Une. C'est plus dan1ereux lorsque se n§yoltent les colo­nela. et Andn§ Siegfried avait eneore rai­son d écrire, JJ J a quinze am. que Ja condition nkeualre 1 Ja resplratioll d'une Europe encarl!e dam un pértl1eUs clrcuU. d'échanges c est le c aubluatulll d une clvillaatlon internationale orpnl­eée ».

Que l'O N.U tremble sur NI buel dans le tem1>1 (JI) l on sabote lel pipe.

iii~JJ&ffifi*iJ ~~ww=