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(Territorial03PSY ConseilsLaurent HUSSON)

A - Lcher prise, c'est accepter ses limites

Avant de prtendre " lcher ", encore faut-il savoir ce que nous "tenons".

Au commencement de toute " prise " se trouve l'ego, une conviction, un ressenti dont tout dcoule. Moi, Pierre ou Paul, j'existe indpendamment du tout, spar, seul face l'autre, c'est--dire tout le reste, tout ce qui n'est pas " moi " et qui, tant " autre ", n'obit pas toujours ma loi. L'identification ce trs cher moi se paie au prix fort : me ressentant spar, je vis la fois dans la peur et dans une illusion de toute-puissance. " Seul contre tous ", " Aprs moi le dluge ", telles sont en somme les deux croyances sur lesquelles se dresse l'ego. Lcher-prise, c'est abandonner une illusion, celle de la sparation.

Ce lcher-prise ne sous-entend en rien une ngation de l'individualit. Pierre reste Pierre, Paul demeure Paul. Simplement, la partie se reconnat comme expression du tout, la vague se sait forme du grand ocan et, du mme coup, reconnat les autres vagues comme autant d'expressions de ce qu'elle-mme est au plus profond. Par un apparent paradoxe, l'autre la fois disparat - nul ne peut plus m'tre essentiellement tranger - et se trouve comme jamais reconnu dans sa diffrence existentielle. Le moi spar cesse d'tre l'talon, la mesure de toute chose. Il n'y a plus de moi pour exiger de l'autre qu'il se conforme mes critres. Le lcher-prise se produit ds lors que le moi accepte de l'autre, de tout autre, qu'il soit autre.

Voil pour la "mtaphysique", qu'en est-il de la pratique au quotidien ?

Le sens du moi spar se maintient instant aprs instant par le refus plus ou moins conscient de l'autre (c'est--dire de ce qui est - "Moi, je ne veux pas qu'il pleuve ce matin", "Moi, je ne veux pas que ma femme fasse cette tte", "Moi, je refuse que ce qui est soit et je prtends mettre autre chose la place" -), refus qui s'accompagne de la prtention sous-jacente tout contrler. Le fait mme que " moi, je ne veuille pas "implique la conviction qu'il pourrait en tre autrement parce que tel est mon souverain dsir. Nous refaisons sans cesse le monde grands coups de "si", de "quand , au nom de ce qui "devrait tre", "aurait pu tre", "pourrait ventuellement tre", et nos penses vagabondent dans le pass ou le futur. Il est bien rare que nous soyons vraiment " ici et maintenant " - alors mme que nous ne pouvons en fait tre ailleurs qu'ici et un autre moment que maintenant. Quoi que mon mental prtende, je me trouve l o sont mes pieds. Si je pense au pass ou au futur, c'est toujours maintenant. Pass, futur, ailleurs n'existent qu'en tant que penses surgissant ici et maintenant.

La pratique la plus simple et efficace du lcher-prise consiste donc s'exercer demeurer un ici et maintenant avec ce qui est.

Cette pratique n'exclut en rien l'aptitude prvoir, organiser ni ne nous dispense de nos responsabilits. L'attitude d'ouverture inconditionnelle l'instant ne conduit nullement

baisser les bras, tolrer l'intolrable. Le lcher-prise, dans l'immdiatet, est totalement compatible avec l'action dans la dure. Le lcher-prise n'est pas se rsigner mais tre conscient de ses limites. Je marche dans la rue, un vieillard se fait renverser sous mes yeux. Le fait que je pratique ici et maintenant le lcher-prise (sur des questions comme : est-ce grave ? sa vie est-elle entre mes mains ?) ne me conduit pas m'abstenir de lui venir en aide. Bien au contraire, en m'pargnant les penses parasites ou les atermoiements, ce positionnement intrieur me permet d'agir plus vite, dans la mesure exacte de mes possibilits.

Ici et maintenant, il m'appartient de poser un acte, de proposer quelque chose... dont la vie disposera.

Ainsi je garde toute mon nergie pour agir, plutt que de la gaspiller. En renonant contrler l'avenir, j'obtiens souvent de meilleurs rsultats ici et maintenant.En vrit, notre seul pouvoir, notre seule responsabilit relle, s'exerce dans l'instant prsent, lequel, bien sr, prpare les instants futurs mais sans que nous puissions obtenir de garanties quant l'avenir, y compris la seconde suivante. " La vie, c'est ce qui vous arrive pendant que vous tes en train de faire d'autres projets ", a dit John Lennon. Lcher prise, c'est aussi cesser d'aborder l'existence avec une mentalit d'" assur tous risques ". Quelle que puisse tre la prtention du moi contrler l'avenir, la vie n'est pas une mutuelle et n'offre aucune garantie.

Une pratique assidue du lcher-prise soulage d'un grand poids.

Elle nous affranchit du complexe d'Atlas portant le monde sur ses paules. Elle fait concider le plus profond dtachement avec le plus authentique sentiment de responsabilit envers soi-mme et les autres. Elle est aussi le fondement de la vraie confiance en soi. Tant que je me crois spar et m'attribue un pouvoir sur ce qui est, je ne peux que me surestimer ou me sous-estimer. Ds l'instant o le moi est remis sa place, il est reconnu pour exactement ce qu'il est, avec ses forces et ses faiblesses, ses limites naturelles totalement acceptes.

Reprsentons-nous un instant notre rle de parent, de citoyen, de conjoint ou encore l'exercice de notre activit professionnelle envisags sous cet angle...Mais cette attitude, en elle-mme simple, est difficile pratiquer. Elle va l'encontre de nos conditionnements les plus ancrs. Toute la sagesse pratique du lcher-prise se trouve sans doute synthtise dans la magnifique prire des Alcooliques anonymes : "Donnez-moi la srnit d'accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer celles que je peux changer et la sagesse d'en voir la diffrence."

TECHNIQUES :Comment s'y prendre

Lcher prise sur une rancur, une peur, une motion ngative, revient souvent dtourner son regard de la difficult... sans pour autant la fuir. Quelques pistes pour y parvenir.

Se centrer sur sa respiration quand l'obsession du problme rapparat : imaginer qu' chaque expiration on repousse la colre, la tristesse, les sentiments ngatifs ; et qu' chaque inspiration on inhale la confiance, la joie, la gratitude.

En relaxation, visualiser des horizons, des paysages ouverts. Se mettre en scne en se voyant libr du problme.

Crer des rites pour se sparer symboliquement de ce qui nous fait mal: crire une lettre de ressentiment puis la jeter au feu, organiser avec soin une vritable crmonie de divorce , dclarer haute voix, devant un entourage choisi, sa volont de se librer de ses motions ngatives...

B - "Avoir confiance en soi, c'est redevenir libre"

Je pense que la confiance et l'estime de soi sont fondamentales dans les causes de dpression. Douter, c'est souffrir. Ne pas s'aimer, c'est ne pas pouvoir tre aim. Lors d'une sparation, celui ou celle qui doute de lui-mme souffrira car il interprtera cette rupture comme la confirmation de ses doutes. L'abandon est la preuve la plus douloureuse qui confirme qu'on n'est rien, qu'on n'est pas la hauteur et qu'on ne mrite pas le bonheur. On aura du mal rebondir cause de nos doutes et du manque de confiance. Pourrais-je retrouver quelqu'un ? Est-ce que je mrite l'amour et la considration ? Pourquoi suis-je abandonn ?

Mais tout a n'est qu'une interprtation paranoaque. C'est le manque de confiance qui nous handicape et qui dclenche une peur. On pourrait mme dire que celui qui se sous-estime va chercher l'abandon de l'autre dans une relation et ce, comme une confirmation fatale que ses doutes sont des vrits.

Quelques checs durant l'enfance ont pu crer un manque de confiance et d'assurance et dans les preuves du monde adulte, celui qui manque de confiance aura plus de mal surmonter les preuves. C'est son interprtation des vnements qui le fera souffrir car il prendra tout pour lui, comme un jugement. Avoir confiance, retrouver l'estime de soi, s'aimer, c'est redevenir libre.

4 conseils pour changer le stress en nergie positive

Le stress est l'ennemi numro 1 du bien-tre. Quand il prend le dessus, on perd sa motivation et on manque d'nergie. Voici comment le canaliser pour le transformer en nergie positive.

Les mdecins sont formels : le stress est souvent l'origine de dysfonctionnements physiques. C'est aussi une cause directe du vieillissement prmatur, une personne stresse se replie sur elle-mme et renonce progressivement profiter de certaines de ses capacits mentales.

1. Respirer un bon coup

Parce qu'il est parfaitement impossible d'tre la fois stress et dtendu, la seule faon de se dbarrasser du stress c'est d'exiger soi-mme de se dtendre. Le chemin le plus rapide pour y parvenir consiste respirer plusieurs fois de suite. Relchez vos paules, gardez la bouche ferme et inspirez profondment par le nez. Puis expirez lentement. Rptez le geste deux fois de plus et, chaque fois, n'ayez crainte de faire du bruit en expirant. Puis prenez une respiration profonde toujours par le nez et restez en apne le temps de compter jusqu' 4 puis enfin relchez par le nez. Effectuez encore ce geste deux fois de suite.

2. Ne plus regarder derrire soi

Le moyen le plus sr de gaspiller votre nergie est de cogiter sur vos actions passes, surtout celles dont le rsultat ne vous est pas apparu satisfaisant. N'y pensez plus car vous n'y changerez rien. Plus vous accordez de place ce genre de rflexion, plus vous lui permettez de prendre de l'importance dans votre esprit. En fait plus nombreux seront les neurones dans votre cerveau sollicits... Ne vous rongez pas l'esprit avec quelque chose de ngatif, faites tout pour oublier ou, au moins, passer autre chose !

3. Savoir se mnager

Nous passons notre temps courir dans la vie quotidienne, pour aller au bureau, en revenir, chercher les enfants l'cole, faire les courses... Chacun d'entre nous cre ainsi une dose de stress qui, bien souvent, se rvle contagieuse. Rsultat, nous terminons nos journes dans un tat lamentable ! Il ne tient qu' nous de savoir crer un sas de dcompression entre le chemin du retour la maison et le moment o nous introduisons la cl dans la serrure. En effectuant de simples exercices respiratoires, comme par exemple celui expliqu prcdemment, nous pouvons mieux prendre conscience du fait que nous regagnons notre domicile. En rigeant une frontire claire entre travail et vie prive, nous refusons l'intrusion du stress la maison.

4. Se crer de nouvelles habitudes

Les bonnes comme les mauvaises habitudes se prennent par l'accumulation de choix oprs au quotidien. Chacun de ces choix est enregistr dans l'inconscient. Quand on finit par s'apercevoir d'une mauvaise habitude, elle a dj pris place de faon durable dans le systme neuronal. Pour changer ses habitudes, il faut commencer par les identifier. Puis, il faut modifier les comportements et les choix quotidiens qui ont provoqu ces habitudes en les remplaant par d'autres qui seront bien entendu positifs. Cela n'est pas compliqu, c'est une simple question de motivation. Si vous croyez en manquer, demandez-vous au nom de quoi le stress pourrait devenir la valeur cardinale de votre personnalit.

"Avoir confiance en soi c'est savoir qu'on mrite le bonheur"

La confiance en soi est la sensation intrieure de pouvoir raliser nos dsirs. C'est elle qui nous permet d'agir. La possder est une question de survie, affirme le psychologue.

De toutes vos opinions, celle que vous avez de vous-mme est la plus importante. Il y a la mme diffrence entre une bonne et une mauvaise estime de vous-mme qu'entre la passivit et l'action, la russite et l'chec ", nous dit l'un des plus grands psychologues amricains, Nathaniel Branden.

Il est le pre du Self-Esteem Movement, un groupe d'intellectuels et de psychologues qui ont rflchi la faon dont on peut favoriser et soutenir le dveloppement de l'estime de soi des individus dans les coles, les prisons, les entreprises. Depuis quarante ans, Nathaniel Branden anime des stages de dveloppement personnel et conduit des thrapies individuelles autour de ce thme. Il a mis au point des exercices et dfini une pratique quotidienne

Psychologies : C'est quoi, avoir confiance en soi ?

Nathaniel Branden : C'est avant tout une exprience. C'est percevoir que vous pouvez faire face aux dfis de votre quotidien. C'est avoir confiance en votre capacit penser, apprendre, faire des choix, prendre des dcisions, vous adapter aux changements...Et savoir que vous mritez le bonheur. Possder cette confiance de base est une question de survie. Reconnatre ce qui nourrit l'estime de soi et ce qui la dtriore est l'un des dfis relever pour vivre consciemment, car la ralit est souvent diffrente de ce que l'on croit. La confiance en soi n'est pas l'euphorie, ni l'illusion de bonheur que vous apporte ponctuellement l'usage d'une drogue, un compliment, une grosse voiture, une augmentation de salaire ou un nouvel amour. Elle ne vient pas de l'extrieur, ni de vos parents, ni de vos amis ou amants, ni d'un thrapeute ou d'un groupe de soutien. Celui qui vit consciemment se rend vite compte que la sensation de confiance apporte par l'extrieur est phmre et gure satisfaisante.

La confiance en soi est un acte d'veil, suivi d'une pratique quotidienne qui consiste reconnatre qui nous sommes et ne sommes pas, et tre honnte sur ce que nous dcouvrons. C'est ce que je propose dans la pratique des " 6 cls " (voir encadr). Quand vous faites de votre mieux pour voir la ralit telle qu'elle est, votre estime de vous-mme augmente, tout naturellement. A l'inverse, si par peur ou par dsir vous cherchez vous en chapper, vous sabotez votre confiance en vous. Un tre humain ne peut compter sur lui-mme que si, sur une longue dure, il fait face sa propre ralit et celle de la vie. L'intgrit est la dernire des six cls qui constituent notre confiance en nous.

Comment se met-elle en place ?

Je crois que nous naissons avec des diffrences gntiques qui rendent la construction de notre estime de nous-mmes plus ou moins difficile. Mais l'ducation est galement un facteur essentiel. En 1967, Stanley Coopersmith a fait une tude intitule " The Antecedents of Self-Esteem ". Elle dmontrait que l'estime que se portent les parents est le meilleur modle pour dvelopper une solide estime de soi chez l'en-fant. Ces parents semblent avoir des points communs : ils lvent leurs enfants avec amour et respect, leur dfinissent des rgles appropries et leur communiquent leurs attentes ; ils ne les assaillent pas de contradictions, ne les accablent pas de ridicule, n'utilisent pas l'humiliation ou l'abus physique pour les contrler, et font preuve de confiance en leurs comptences, leur bonne nature et leur bonne volont.

Tout se joue-t-il trs tt ?

Non. L'tude de Stanley Coopersmith dmontre justement que certains enfants, levs dans les circonstances que je viens de citer, deviennent des adultes mal dans leur peau, alors que d'autres, issus de milieux instables, peu rassurants et peu aimants, auront un sens trs dvelopp de leur valeur qui rpondra tout fait aux critres d'une bonne estime de soi.

Que proposez-vous vos patients qui veulent amliorer l'estime qu'ils ont d'eux-mmes ?

L'estime de soi augmentant avec la conscience de soi, je propose des exercices qui permettent qu'une part inconsciente de nous-mmes devienne consciente. Par exemple, j'emploie notamment la technique des phrases complter par crit ou par oral, quelques minutes par jour : " Etre responsable de soi signifie... ", " Si je voulais tre plus heureux aujourd'hui, je pourrais... ", " Si j'acceptais mes peurs, je serais... " ou " Si j'acceptais mon enthousiasme, je... ". Il faut rpondre trs spontanment et utiliser la mme srie de phrases pendant une semaine. La rptition permet de dsamorcer l'envie qu'a l'inconscient d'viter ce qui lui est inconfortable. Aprs avoir suivi ce programme, un de mes clients m'a avou : " Mes schmas de fonctionnement sont devenus si clairs, leur inutilit et leur pouvoir destructif dans ma vie si vidents, que j'ai arrt de les reproduire. J'ai appris des faons de fonctionner qui me rendent plus heureux. "

Quelqu'un peut-il avoir trop de confiance en soi ?

Il est trs important de faire la distinction entre confiance en soi et arrogance. Dans la pice de T.

S. Eliot "The Cocktail-Party", le psychiatre Sir Henry Harcourt-Reilly dclare : " La souffrance de ce monde vient des gens absorbs l'infini dans la qute de penser du bien d'eux-mmes. " Beaucoup de mes patients ne souffrent pas d'un excs de confiance en eux, mais d'une dformation lie leur incapacit reconnatre leur manque de confiance en eux. Accepter les limites de notre ralit est l'une des pices essentielles pour reconstruire enfin un regard sain sur nous-mmes.

SIGNES :Des symptmes inattendus

Quand on manque de confiance en soi, on bredouille, on plit, on rougit... Des signes immdiatement identifiables. Il en existe d'autres, plus subtils, tout aussi rvlateurs.

Bgaiement, rougissement... l'absence de confiance en soi gnre comme une coupure de communication entre le corps et la volont. Brigitte, 34 ans, connat bien ces symptmes : " Je me sens comme paralyse en face de mes interlocuteurs. J'ai un grand blanc l'esprit, comme si j'avais perdu l'usage du langage. " Pour d'autres, les jambes tremblent, le souffle se fait court... Ainsi, on croit que celui qui manque de confiance en lui le sait, ses motions ne cessant de le lui signaler. Cela n'est pas toujours vrai. Cette carence intrieure peut nous saper sans que nous en soyons conscients. Panorama des symptmes les moins attendus.

Etre incapable de choisirPierre, 41 ans, passe d'une femme l'autre et ne se soucie pas de prvenir ses conqutes de la rupture en marche. En fait, loin d'tre bourreau, Pierre est surtout victime de sa peur inconsciente d'tre abandonn. Il vite tout engagement affectif et part avant d'tre quitt. Sa hantise : " Et si la femme que j'ai dcid d'aimer se rendait compte un jour de qui je suis vraiment ? "

Sylvie, 33 ans, enchane les formations professionnelles et ne se dcide jamais. Sera-t-elle ducatrice spcialise ou assistante sociale ? Consciemment, elle est capable de justifier ses hsitations. Inconsciemment, elle ne choisit pas, car elle vit avec l'ide qu'elle ne saura pas rebondir en cas d'chec.

Se montrer arrogant, vaniteuxC'est le syndrome de ceux qui " en font trop " et se sentent obligs de citer tout bout de champ leurs diplmes, leurs relations clbres ou leurs biens matriels. Le psychanalyste Alfred Adler s'est intress aux sujets atteints de ce complexe de supriorit, cens compenser leur malaise intrieur : " [Ils perdent] le contact avec la vie et se proccupent continuellement de savoir quelle impression ils produisent sur les autres. " (1)

Vouloir avoir toujours raisonFabienne, 40 ans, sait tout. Dans les dners, elle s'efforce d'blouir les convives par ses connaissances pluridisciplinaires. Rien ne la rjouit plus que les joutes oratoires avec un

personne qui n'est pas de son avis : elle engage alors une vraie bataille, car elle tient une chance de prouver sa valeur. En fait, Fabienne est incapable de parler d'elle, de ses motions, et elle est tellement peu en contact avec son tre profond qu'elle ne le sent exister que dans le conflit.

Eviter l'intimitParadoxalement, les personnes qui manquent de confiance en elles peuvent tre plus l'aise dans des relations exposes que dans l'intimit. On citera le cas du blagueur invtr, clown de service qui fait rire toutes les assembles et fuit le dialogue. Comment pourrait-il, en effet, partager ce moi auquel il ne se fie pas ?

D'autres symptmes signalent l'existence de cette faille : des sujets souffrant d'obsit cherchent inconsciemment, par leurs kilos, se protger des autres. Les " fashion victims ", affubls des dernires trouvailles technologiques, des vtements des stylistes en vogue, parlent rarement de leurs propres sentiments : ils jugent leurs motions banales. Il y a aussi les " people pleasers ", qui cherchent sans cesse l'approbation des autres et vitent les conflits... A chacun, donc, de s'interroger et de dceler ces failles qui, lorsqu'elles ne sont pas prises en compte, tlguident nos vies dans un sens peu favorable. (Pascale Senk)

1 - Dans "Connaissance de l'homme", Payot.

PRATIQUES :

Les 6 cls de la confiance en soi

1) La vie conscienteRespecter les faits, tre prsent ce que l'on est en train d'accomplir, curieux et ouvert ce qui nous entoure, nous intresse, nous touche ou nous enrichit.

2) L'acceptation de soi Se donner la permission et avoir le courage de s'approprier nos penses, nos motions et nos actions, sans s'en chapper, ni les nier ou les dnigrer.

3) La responsabilit de soiRaliser que nous sommes les crateurs de nos choix et actions, que nous sommes responsables de l'aboutissement de nos projets. Se poser la question : " Que faut-il faire ? ", et non : " Qui faut-il blmer ? ".Personne ne va venir nous sauver de notre vie.

4) L'affirmation de soi Etre authentique dans nos rencontres, refuser de fausser la ralit de qui nous sommes pour viter la dsapprobation.

5) L'identification de nos objectifsDiscerner, court et long terme, quelles sont les actions ncessaires ou les comportements adquats pour atteindre nos buts. Vrifier chaque tape pour tre sr de rester dans le bon axe. Observer les rsultats pour reconnatre ce qui a besoin de changer, puis s'ajuster.

6) L'intgrit personnelleVivre en harmonie entre ce que nous savons, ce que nous professons et ce que nous vivons. Dire la vrit, tenir nos engagements et montrer l'exemple pour les valeurs que nous admirons.

C - Sommes-nous entrs, selon vous, dans une re de dsamour du travail ?

Bien des gens souhaitent s'engager dans leur travail, mais ils veulent le faire dans des conditions qui rpondent de nouvelles attentes. Car, dans une socit hyperindividualiste, ce n'est plus le seul lieu d'investissement et d'identit. Les 35 heures ont, de surcrot, fait clater le modle dominant o l'emploi primait sur les autres champs. Aujourd'hui se manifeste une aspiration trs forte quilibrer vie professionnelle et vie prive, et s'investir dans les deux domaines.

Ce souci d'quilibre n'a pas pour autant entran un dsamour du travail. Mais plutt un repositionnement, une relativisation de la place qui lui est consacre. C'est particulirement vrai chez les plus jeunes. Echauds par l'exprience du chmage de leurs parents, et d'un niveau d'ducation plus lev qu'autrefois, ils sont plus exigeants, plus contestataires, davantage rfractaires l'autorit hirarchique, et pourtant disposs s'investir dans leur travail... mais sous conditions, commencer par le non-sacrifice de la vie prive. Pas d'amour fusionnel donc, mais pas de haine non plus.

Comment expliquez-vous leur dsarroi ?

Si l'entreprise procure un salaire et un ventuel accomplissement personnel, elle exige, en contrepartie, adaptabilit et performance. Mais cette politique du toujours plus , plus vite, plus qualitatif, plus comptitif, plus efficace... gnre aussi de l'inscurit, de la complexit et de la souffrance. L'change est parfois peru par les salaris comme inquitable. Mais attention, pas d'anglisme non plus. Dans sa relation au travail, l'individu exprime des aspirations ambivalentes : il veut de l'panouissement, mais pas trop d'engagement ; des responsabilits, mais pas de temps complet ; du changement, mais pas trop de sollicitations... Et, force de vouloir une chose et son contraire, il se retrouve en permanence dans un tat d'insatisfaction.

D'o la souffrance psychologique ?

Exactement. Nous sommes passs de l'poque industrielle et physique une poque de services et de relationnel. La souffrance psychologique a pris le pas sur la souffrance physique. Les employs ont grer un rapport aux autres qui, sur le plan motionnel, est beaucoup plus sollicitant que ne l'est le travail de production classique. Si l'on n'y prend garde, on peut vite puiser ses ressources personnelles.

Comment affronter ces nouvelles ralits qui mettent nos nerfs l'preuve ?

Chacun doit tre trs attentif ne pas se laisser dborder. Et, surtout, il faut arrter de se leurrer : le modle de l'entreprise n'est pas un modle affectif, mais d'efficacit. Il est bon de mettre de l'affect dans son travail, puisque c'est cette condition que l'on en retire du plaisir, mais l'excs d'implication est un pige. En cas de rupture avec l'entreprise, c'est ce lien affectif qui est toujours le plus difficile grer. Or, qu'on le veuille ou non, nous sommes tous en contrat dure dtermine. Le lien que l'on cre avec son entreprise doit d'emble intgrer cette notion de prcarit. Il est donc plus qu'utile d'quilibrer ses champs de vie, priv, relationnel, professionnel.

Comment se relever du traumatisme d'un licenciement ou d'une restructuration ?

Le mieux est videmment de s'y tre prpar. Anticiper la survenue d'un choc professionnel, c'est se permettre de saisir des opportunits que l'on n'aurait sans cela peut-tre jamais aperues. En priode de crise, nous devons lutter contre cette fcheuse tendance nous positionner en victime et mettre en uvre toutes nos capacits de rsilience, c'est--dire nous donner les possibilits de rebondir. Cela suppose d'tre capable de mettre du sens dans ce qui est vcu, de garder espoir et de rver son futur. Et puis, il faut accepter de se faire aider ! Le rseau social et familial a un rle trs important. Mais attention, crer du lien social, c'est un travail de tous les jours.

Quels conseils donner ceux qui se sentent dvaloriss ?

Nous avons tous des souhaits exprims et non exprims, nous percevons tous des promesses de la part de nos employeurs et nous avons tous des dceptions, des satisfactions ou des surprises. Pour viter les dsillusions, il faut savoir tre clair sur ses attentes et sur ce que l'on apporte l'entreprise. Ensuite, il faut vrifier que l'on continue tre prcieux pour elle et ne pas hsiter exiger de la formation et de l'information. Car, si l'on veut construire une relation panouissante son travail, on est oblig de se rendre attirant. Tout cela implique, et c'est le corollaire de l'individualisme, que les gens devront davantage se prendre en main.

La cl de la motivation ?

Ne jamais oublier que le travail est ce qui nous empche de vieillir, parce qu'il nous sollicite, qu'il nous oblige nous adapter. On dit : Pourquoi j'irais travailler ? , mais la vraie question reste : Pourquoi je me lverais le matin si je n'avais pas de travail ? !

15 CONSEILS :

pour tre plus fort

1 Prendre conscience de la prcarit du travail.

2 tre clair sur ses attentes et les exprimer.

3 Exiger de son manager des rponses justifies.

4 Comprendre et accepter les refus.

5 Solliciter l'avis de ceux qui vous connaissent.

6 Dcoder les rgles de circulation de l'information.

7 Vrifier sa valeur pour l'entreprise.

8 Exiger des formations.

9 Donner du sens ce qui est vcu.

10 Savoir anticiper et rver le futur.

11 Savoir organiser son entourage et son soutien social.

12 Saisir l'opportunit cache.

13 Ne pas focaliser son attention sur ce que l'on ne contrle pas.

14 Mesurer son implication affective.

15 Trouver un quilibre entre "personnel" et "professionnel".

D - Ces dettes inconscientes qui nous gchent la vie

Une mre qui se "sacrifie", un patron qui nous donne notre chance... Et l'on se sent redevable. Difficile de rompre ces liens qui plombent notre existence. Notre libert est pourtant ce prix.

Depuis quelques mois, Marie passe tous ses week-ends la clinique, au chevet de sa mre qui se remet peu peu d'un cancer. Le pronostic des mdecins est excellent, ses amis lui font de frquentes visites et son moral est bon. Il n'y a donc aucune raison pour que Marie lui consacre tout son temps et n'ait pratiquement plus de vie personnelle... Thierry, lui, hberge son copain d'enfance, qui ne trouve pas vraiment utile de gagner sa vie et passe ses journes railler les "esclaves du travail", confortablement install dans le canap...

Nous nous sentons tous "responsables" de nos parents, de nos amis, de nos enfants, de nos collgues. Nous nous imposons tous des devoirs, des obligations et des missions qui nous empoisonnent l'existence quand, au fond, personne ne nous a rien demand ! En fait, nous rglons, sans le savoir, ce que les psys nomment des dettes inconscientes. De qui, de quoi sommes-nous dbiteurs ? D'o viennent ces dettes que nous ne nous formulons pas explicitement, mais que nous acquittons ?

La premire, nous la contractons envers nos parents. C'est la fameuse "dette de vie". Certes, ils nous ont fait un cadeau inestimable en nous mettant au monde et nous avons des obligations envers eux. Mais est-ce une raison pour leur vouer une dvotion et une reconnaissance ternelles ? Devenir adulte, c'est se dire, une bonne fois pour toutes, que l'on ne peut pas rendre nos parents tout ce qu'ils ont fait pour nous, affirme la psychothrapeute Nicole Prieur. Tout parent devrait savoir que l'amour qu'il porte ses enfants est un cadeau dsintress. D'autant que la vie qu'ils nous ont donne, ils l'ont eux-mmes reue. On est dans la transmission et non dans le don. C'est trs librateur de comprendre que ce que l'on ne peut rendre nos parents, on le donne nos enfants, qui le redonneront aux leurs. Notre devoir n'est pas de rendre aux gnrations passes mais aux gnrations futures, l'avenir...

"Aprs tout ce que j'ai fait pour toi"

Hlas, peu d'entre nous ont cette indpendance vis--vis de leurs gniteurs, surtout quand ils ont un besoin irrpressible de nous rappeler quel point ils se sont sacrifis pour nous. Il ne faut pas se laisser piger par les discours sacrificiels des gnrations prcdentes, exhorte Nicole Prieur. On risque d'y perdre sa libert. C'est ce que vit, douloureusement, Elisabeth : J'ai entendu ma mre rabcher pendant des annes : "A cause de toi, je suis reste seule. Tu n'aurais jamais pu supporter qu'un homme prenne la place de ton pre. Tu es ma seule raison de vivre." Rsultat, 34 ans, "j'habite seule avec maman", comme dit la chanson d'Aznavour. Parfois, je me sens pige, mais je n'ai pas le courage de l'abandonner, car elle ne m'a pas laisse tomber quand mon pre est parti !

Les parents ne sont pas seuls responsables de ces relations touffantes. A leur sempiternel : Je me suis sacrifi pour vous , rpond le fantasme de toute-puissance des enfants. Ainsi, dire de ses parents : Je ne peux pas les lcher, ils ont besoin de moi ! , c'est se conforter dans l'illusion infantile que l'on va pouvoir les sauver. Au travail, entre amis, en couple, nous rejouons, sans le savoir, les relations compliques que nous avions, enfant, dans la constellation familiale.

Comme l'explique Serge Hefez, thrapeute familial, chacun occupe un rle dans sa famille et dans sa gnalogie. Il y a les rles officiels - le pre, la mre, le frre an, la sur cadette - et les fonctions secrtes, les missions implicites qui nous "agissent" notre insu et que l'on transporte sa vie durant. Ainsi, l'un des enfants aura pour mission de dtourner sa mre de la dpression, un autre sera "parentifi" pour servir de soutien un pre dfaillant, un autre encore jouera le rle de mdiateur. Ceux qui se sentent obligs de prendre les autres en charge ont occup, enfant, la place du "protecteur" prt se sacrifier pour le bonheur des autres.

"Je ne peux pas la laisser tomber"

Lorsqu'elle tait petite, Marina, couvrait toutes les btises de ses frres. Il y a deux mois, j'ai failli perdre mon job parce que j'ai fait engager l'une de mes amies dans ma socit. Je savais que c'tait une "fille problmes", mais elle tait au chmage et je ne pouvais pas la laisser tomber. C'tait plus fort que moi, il fallait que je lui tende la main. Naturellement a m'est retomb sur le nez, car elle a commis de grosses bourdes ! Si Marina n'avait pas tenu son rle de sacrifie, son sentiment de culpabilit aurait t trop lourd supporter. Cette culpabilit, nous en sommes tous ptris. Coupables de ne pas avoir rpondu aux dsirs de nos parents, de les avoir dus, trop aims ou has, coupables de les avoir fait souffrir. Tous les moyens sont bons pour y chapper.

Il a fallu six ans d'analyse Thibault pour raliser quel point il se sentait responsable : Mes parents travaillaient beaucoup et m'avaient confi la mission de m'occuper de ma petite sur fragile. Ce que j'ai fait comme un bon petit soldat ! Si bien qu' 26 ans, je payais ses loyers et comblais ses dcouverts... Je me sentais coupable d'aller bien et de la voir si mal. Un jour, j'ai dit : Stop, dbrouille-toi ! a m'a libr. J'ai cess par la mme occasion d'tre "l'ami fidle", le compagnon qui assure pour deux, le collgue serviable qui se laisse souffler les promotions ! Je ralise que la seule personne qui je dois quelque chose, c'est moi-mme.

Certains clans accentuent l'importance de ce que chacun doit la cellule familiale, aux anctres, au patrimoine, aux traditions, souligne Serge Hefez. Tous les descendants sont solidaires et pensent qu'ils ne pourraient exister sans ces liens puissants. Un peu comme dans les familles mafieuses... Ainsi, Lionel s'est pli la volont paternelle en reprenant la direction de l'usine familiale, comme l'ont fait, avant lui, tous les fils ans depuis plusieurs gnrations. Cette succession tait mon tribut payer la ligne. J'aurais ador faire de la philosophie, mais je me le suis interdit. J'ai 56 ans aujourd'hui, je travaille comme un damn pour maintenir l'entreprise flot, et je me rends compte que mon sens du devoir filial a gch ma vie...

"Je lui dois tout"

Les missions inconscientes dont nous sommes chargs et qui se transmettent de gnration en gnration peuvent tre moins explicites, mais tout aussi oprantes. Lydia, jeune mre clibataire d'un petit garon de 18 mois, s'est aperue en thrapie qu'elle avait hrit d'une mission inconsciente : celle d'exclure les hommes de l'ducation des enfants, comme l'avaient fait auparavant quatre gnrations de femmes. Pour sauver sa relation avec son fils, Lydia a d trahir la dette implicite que lui avaient confie ses aeules.

Des dettes inconscientes, on en a aussi envers ses collgues. Les conflits de loyaut jalonnent notre parcours professionnel. Karine a refus un poste mieux rmunr dans une autre socit, par crainte de casser son image de fidle et loyale adjointe : C'est ma chef qui m'a donn ma chance. Je lui dois tout. En partant, j'aurais l'impression de lui planter un poignard dans le dos ! Ce genre de situation implique une rupture et le risque - norme - de perdre l'amour de ceux que l'on fait souffrir. Mais comme le souligne Nicole Prieur, il faut savoir, parfois, se montrer dloyal et passer outre sa culpabilit pour changer d'horizon. C'est trs douloureux, mais indispensable. Il ne s'agit ni de trahison ni d'ingratitude. A condition, bien entendu, que l'on soit capable de s'expliquer, et de reconnatre que ce qui a t vcu a t fondamental.

Il y a vingt-cinq ans, avec mon ami, nous tions insparables, raconte Patrick. Aujourd'hui, chacun a volu sa manire et, part les souvenirs, on ne partage plus rien. On continue se voir, par fidlit notre jeunesse sans doute ! Patrick n'est pas le seul maintenir des relations par habitude. Couper des liens anciens, reconnatre que ce qui a t n'est plus, est un acte difficile assumer. C'est pourtant le seul moyen d'voluer. Il faut trouver le courage de s'affranchir de la "tyrannie bienveillante" de ses proches, sinon tous les rapports sont pervertis. Ce qui devrait tre du domaine de l'affectif devient une contrainte. On n'est pas l pour le plaisir d'tre ensemble mais parce que notre sens du devoir, notre surmoi, nous en intiment l'ordre , note Serge Hefez.

Vivre selon son dsir oblige fermer des portes, tirer un trait sur des relations qui se sont appauvries ou qui ont cess de nous intresser, dire : Aujourd'hui, je dsire me tourner vers d'autres gens, d'autres espaces, d'autres possibles. Il ne s'agit pas l d'gosme mais, au contraire, d'une ouverture au monde. Bien entendu, l'attachement au pass et la fidlit sont des

valeurs importantes, qui crent une continuit dans notre existence. Les tmoins de notre vie sont des repres rconfortants qui aident tenir debout, affronter un avenir inconnu.

Il n'est pas question de faire table rase du pass, de renier ses amis, ses origines, sa famille, son histoire, mais tout simplement de se dfaire de ce qui nous retient. Pour soi, pour ses enfants. Afin de les rendre autonomes, il est souhaitable que nous accdions nous-mme notre autonomie. En particulier vis--vis de nos propres parents. Si l'on veut que nos enfants nous obissent, il faut dsobir nos parents, conclut Nicole Prieur. Ce n'est pas de l'ingratitude, c'est une question de survie.

LA CULPABILITE : Fondement de notre culture

S'il est un point commun entre les religions monothistes et la psychanalyse, c'est l'ide que chacun de nous est destin se sentir coupable, un sentiment qui se transmet de gnration en gnration. Pour le thologien et psychanalyste Eugen Drewermann, le rcit biblique du "pch originel" dcrit symboliquement ce phnomne. La religion catholique nous considre d'ailleurs comme des coupables, qui ne seront lavs de la souillure originelle qu' la fin des temps. Lorsque Can assassine Abel, l'Eternel le punit en maudissant ses fils jusqu' la huitime gnration.

En psychanalyse, les fautes inavouables des anctres, leurs non-dits se rpercutent sur leurs descendants. Ils les hantent sous la forme de symptmes nigmatiques, pathologie que les psychanalystes Maria Torok et Nicolas Abraham ont nomm "le travail du fantme". Heureusement, ces fantmes psychiques durent moins que les maldictions divines, et s'teignent gnralement la quatrime gnration.

(Isabelle Taubes)

A LIRE :

- "La Culpabilit" de Lewis Engel et Tom Ferguson.Un ouvrage qui, partir d'analyses de cas rels, propose divers moyens pour se librer de dettes imaginaires et culpabilisantes (Le Jour, 1999).

E - Amour, travail, amis...Les bonnes questions pour faire le point

On rvise souvent ses choix dans l'urgence. Nous vous proposons la dmarche inverse : faire le point froid avant que les crises n'clatent.

Nous ressentons tous le besoin de nous arrter pour faire le point, regarder o l'on en est, o l'on va... Mais nous ne savons pas toujours par o commencer. Les questions se bousculent ; les rponses oscillent entre conclusions radicales - Il est trop tard - et solutions illusoires - Je recommence zro - qui entretiennent l'immobilisme.

Pour viter ces piges, nous vous proposons une dmarche mthodique concrte pour se questionner rgulirement et sereinement. Les petits bilans prventifs vitent souvent les grands bouleversements, quand des frustrations quotidiennes accumules dgnrent en crise et que des changements s'imposent dans l'urgence. Ecouter ses besoins profonds et exercer sa vigilance face un sentiment d'insatisfaction diffus permettent de procder des rajustements qui vitent les sismes.

Nous avons demand quatre spcialistes de nous indiquer les questions se poser pour faire un bilan de vie efficace. Ils nous invitent une introspection rigoureuse dans les domaines amoureux, relationnel, personnel et professionnel, et nous proposent d'tablir un plan d'action efficace pour changer ce qui doit l'tre.

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VIE PROFESSIONNELLE

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Soudain, la routine devient pesante et un dsir de changement nous dmange. On veut plus de temps pour soi, plus d'indpendance ou, au contraire, travailler davantage en quipe... Et si ce job ne nous correspondait plus ? Faut-il changer de mtier ou de faon de travailler ?

Les questions se poser

- Au cours d'une semaine, combien de temps consacrez-vous votre travail, votre famille, votre vie sociale et vous-mme ? Si vous pouviez rquilibrer les tendances, quels pourcentages tabliriez-vous ?

- Parmi ces valeurs - pouvoir personnel, russite, recherche de sens, jeu et crativit, intimit, coute et participation -, lesquelles taient les plus importantes au dbut de votre carrire ? Et aujourd'hui ?

- Quelle a t la situation la plus motivante dans votre parcours professionnel ? Pourquoi et selon quels critres ? A l'inverse, quelle a t la moins motivante ? Pourquoi ?

Rpertoriez cinq critres, hirarchisez-les par degr d'importance pour vous et dterminez si votre situation professionnelle actuelle les remplit.

Analyse et conseils

L'quilibre menac

En valuant l'quilibre entre notre temps de travail et notre temps priv, nous cernons nos dsirs profonds et nos motivations. Si nos rponses rvlent de grands carts entre ceux de dpart, d'aujourd'hui et ceux que l'on souhaiterait dvelopper, un rquilibrage s'impose. La hirarchie des valeurs que nous avons tablie nous aide apprcier dans quel sens il doit s'oprer.

Agir progressivement

Il s'agit d'explorer si l'on peut aborder son travail diffremment - reconfigurer son poste, par exemple - et reprer nos ressources personnelles pour y parvenir. Ensuite, on en parlera avec son patron, mais aussi avec des collgues et amis. Cela peut suffire pour changer, progressivement, de situation. Dans le cas inverse, si un changement radical parat invitable, Hlne Vecchiali conseille de se faire accompagner par un spcialiste - coach, thrapeute - car toute rorientation, aussi dsire et positive soit-elle, est anxiogne .

VIE AMOUREUSE

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Entre les moments o l'on regrette le clibat, ceux o on le dplore et ceux o l'on se demande si notre choix amoureux est le bon, notre vie affective est un perptuel questionnement. Ces doutes rvlent-ils un rel besoin de changement ? Peut-on amliorer sa vie sentimentale, ou faut-il tout quitter ?

Les questions se poser

- Vous tes en couple, mari ou clibataire : votre situation vous convient-elle ? Avez-vous le sentiment de l'avoir pleinement choisie ?

- Etes-vous l'coute de votre partenaire ? Et vos envies sont-elles entendues ?

- Avez-vous du plaisir retrouver la personne avec qui vous vivez ? Faites-vous des projets d'avenir avec elle ?

- Aimez-vous le couple que vous formez ? Avez-vous du plaisir sortir ensemble et faire connatre aux autres votre "duo" ?

- Dans votre vie sexuelle et affective, vous sentez-vous exister en tant qu'homme ou femme ?

Analyse et conseils

Notre identit en question

La vie amoureuse a plusieurs dimensions - sexuelle, affective (l'amour pour l'autre) et relationnelle (l'amour pour le couple) - et chacune de ces dimensions appartiennent des besoins particuliers. On s'panouit affectivement quand la plupart de ces besoins sont combls. Quand nous nous interrogeons sur notre couple, nos sentiments, ceux de l'autre, la vraie question qui nous anime, au fond, est celle de notre identit, explique Robert Neuburger. Ce que nous demandons, c'est : "Qui suis-je, moi, pour l'autre ? Pourquoi suis-je aim de telle ou telle faon ?" Il est rare d'tre satisfait sur tous les plans. L'essentiel est de cerner les domaines o des manques apparaissent, puis d'en reprer les causes. Par exemple, vous avez le sentiment de ne plus exister aux yeux de l'autre. Pourquoi ? Est-ce le fait d'un manque de communication entre vous ? De l'absence de projets ou d'activits deux ?

Ouvrir la discussion

Une fois les vrais problmes identifis, il convient de s'interroger sur notre part de responsabilit et sur les moyens notre disposition pour faire voluer notre couple. Aprs avoir fait le point avec soi-mme, on pourra ouvrir la discussion avec son partenaire. Pour viter que l'change ne se transforme en rglement de comptes, chacun devra proposer les changements de comportement qu'il est prt faire pour combler les manques de l'autre. Enfin, conclut Robert Neuburger, quand les deux sombrent dans une indcision anxieuse ou que la communication se rvle impossible, le recours un tiers peut tre utile, avant d'envisager la ncessit d'une rupture .

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VIE RELATIONNELLE

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Pas assez l'coute, incapable de s'affirmer, trop colrique... Notre tendance nous enfermer dans des rles - produits de notre histoire personnelle - nous empche d'avoir des relations satisfaisantes avec les autres. On voudrait mieux communiquer, tre plus respect, moins autoritaire, mais comment changer ?

Les questions se poser

- Quelles relations aviez-vous, enfant, avec votre entourage (parents, proches) ? En avez-vous reparl avec eux depuis ? Avec un psy ?

- Par quels qualificatifs vous dsigne-t-on gnralement ? Vous dfinissez-vous de la mme faon ?

- Quelles relations entretenez-vous avec les autres ? Avez-vous tendance mdire ? juger ? vous mfier des autres ? ou, au contraire, couter et faire confiance facilement ?

- Quand vous exprimez une opinion, comment est-elle reue ? Est-elle disqualifie, banalise ? Ou dclenche-t-elle une adhsion spontane ?

Analyse et conseils

Une attitude dysfonctionnelle

Ces questions nous aident reprer nos dysfonctionnements. Pour Jacques Salom, il est impossible de comprendre comment nous nous comportons avec les autres si nous ne rflchissons pas la faon dont les autres se sont comports avec l'enfant que nous avons t . D'o la ncessit d'un travail d'introspection pour mesurer l'influence de notre enfance sur nos comportements. D'autre part, nous nous laissons trop facilement dfinir par autrui, y compris lorsqu'on se dfinit contre ( Je suis tout l'oppos de ma mre ; Je pense le contraire d'untel ...). Quand il y a distorsion entre la faon dont on est peru et ce que nous sommes, il s'agit de comprendre si c'est un problme de connaissance de soi ou de communication. Enfin, pour que nos points de vue soient pris en compte, il faut savoir s'affirmer sans crainte d'tre jug et tre attentif aux ractions que l'on suscite.

Changer son mode de communication

Prendre conscience de nos dysfonctionnements n'est pas suffisant. La rgle d'or d'une communication saine ? Proposer l'autre une dynamique relationnelle qui ne soit ni alinante ni infantilisante, dans laquelle l'autre est cout et respect pour ce qu'il est et non pour ce que l'on attend et dsire qu'il soit , rpond Jacques Salom. Comment y parvenir ? En acceptant la diffrence et en gardant l'esprit qu'une personne ne se rsume pas ses propos. Et en changeant son mode de communication. Par exemple, quand on exprime une opinion, on privilgiera la forme affirmative la forme ngative.

Le but : sortir d'un schma relationnel qui oscille le plus souvent entre l'accusation ( J'aimerais avoir de bonnes relations avec les autres mais on ne m'en donne pas l'occasion ) et l'autoaccusation ( Je suis trop timide ). Et raisonner en termes de responsabilisation ( Je ne suis pas responsable de ce qui m'arrive mais je suis responsable de ce que j'en fais ).

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VIE PERSONNELLE ET INTERIEURE

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Entre un travail parfois peu panouissant et une vie de famille charge, les moments consacrs soi sont rares et... prcieux. Mais comment savoir si on les occupe bien , en accord avec nos besoins profonds ? Et si nous nous donnons toutes les chances de nous panouir travers ces moments ?

Les questions se poser

- Le lieu dans lequel vous vivez vous plat-il ? Avez-vous du plaisir y tre ?

- Prenez-vous rgulirement le temps de ne rien faire ? Vous sentez-vous bien dans les moments de calme et de solitude ? Ou, au contraire, avez-vous plus souvent le sentiment d'tre seul, perdu ?

- Exprimez-vous facilement vos sentiments de joie, de peur, de colre et de tristesse ? Riez-vous souvent ?

- Pratiquez-vous une activit qui vous permette de dvelopper votre crativit et d'tre en contact avec la nature ?

- Etes-vous bien dans votre corps ? Prenez-vous du plaisir le faire bouger, vous en occuper ?

Analyse et conseils

Ce plaisir souvent oubli

Pour Pierre-Jean De Jonghe, ces questions abordent nos diffrents besoins. Dans cet tat des lieux, le premier lment reconsidrer est notre lieu de vie. Nous plat-il ? Est-il en harmonie avec nos gots et notre existence actuels ? Le but : remettre au got du jour son espace quotidien afin de se le rapproprier. Mais le bien-tre se mesure aussi notre capacit rester seul et ne rien faire, ajoute le spcialiste. Il ne s'agit pas de fuir les autres ou de sombrer dans une lthargie malsaine, mais de savoir apprcier les moments o l'on se retrouve seul face soi-mme.

La capacit exprimer et couter ses motions est un signe d'panouissement. Quant nos besoins intellectuels, nous les satisfaisons grce notre activit professionnelle, mais aussi en sortant des sentiers battus travers des pratiques cratives. Toute activit laquelle nous nous adonnons avec plaisir exprime d'autres aspects de notre personnalit que celle que nous dveloppons dans notre travail. Enfin, reprendre contact avec soi, c'est aussi reprendre contact avec son corps et ses sensations : A toujours le juger et le "penser", on en oublie de le "ressentir". Un corps que l'on aime, c'est un corps que l'on veut soigner , rappelle Pierre-Jean De Jonghe. Parce qu'on le connat et que l'on est l'coute de ses besoins et des sensations qu'il nous procure.

Se donner des objectifs et les respecter

On notera par crit nos manques et nos faiblesses, puis on laissera mrir . Il s'agira ensuite de se donner des priorits, d'en parler avec les personnes concernes (conjoint, enfants...), d'couter leur avis et de s'exercer, au quotidien, remplir les objectifs que l'on s'est fixs. Et Pierre-Jean de Jonghe de conclure : La vie que nous avons est celle que nous avons choisie. Nous avons en nous les moyens de la reprendre en main.

F - Travail : la bonne mthode pour grer son stress

Dossiers qui s'accumulent, dlais raccourcis... un jour, on craque. Le "coping" propose d'affronter le stress plutt que de le subir. En instaurant une juste distance entre le travail et soi, cette stratgie d'autoanalyse fait tomber la pression.

Mme si 72 % des salaris souffrent de stress comme l'annonce le dernier sondage CSA, il n'est pas une fatalit. Prsent comme une calamit sociale par les mdias, ce mal des temps modernes peut tre endigu de faon individuelle. N'attendons pas des entreprises qu'elles nous apportent des solutions miracles pour radiquer toutes les sources de tension. Ce ne serait pas raliste. Comptons plutt sur ce que les spcialistes appellent le coping (de l'anglais to cope with : faire face ). Il s'agit d'une stratgie personnelle que nous dveloppons tous pour grer notre stress. Applique de faon plus ou moins efficace, nous pouvons l'optimiser et en faire un atout pour lutter contre les pressions incontournables de l'entreprise.

Prenez conscience de vos propres valuations

Notre suprieur hirarchique ne nous donne aucun signe de reconnaissance ; un dossier arrive et nous n'avons pas le temps de le traiter ; notre chef de service nous fait une critique sur notre travail ; un usager nous insulte ; un collgue ne nous adresse plus la parole : la manire dont on va valuer ces vnements fait la diffrence sur toute la mcanique du stress.

Cette valuation, ces reprsentations des vnements sont le fruit de notre histoire personnelle et de nos propres diktats : Il faut que je sois parfait ; Les gens doivent toujours m'aimer ; Je dois russir tout ce que j'entreprends ; Montrer que l'on ne comprend pas est un signe de faiblesse ; etc. Certaines personnes bnficient de mcanismes d'valuation beaucoup plus performants que d'autres. Des tudes ont t faites auprs de caissires de supermarchs. Face un client agressif, l'une pensera : Je ne suis pas un chien. Il n'a pas le droit de me parler comme a, ce n'est pas de ma faute. Une autre se dira : En fait, ce n'est pas moi qu'il s'adresse, mais la premire personne qu'il rencontre. A une situation identique, deux valuations diffrentes. La premire caissire, se sentant personnellement atteinte, rsistera moins bien la pression de la clientle que la seconde. Le problme, c'est que ces reprsentations, loin d'tre le fruit d'un raisonnement labor, sont automatiques. Nous sommes programms, en quelque sorte ! Plus elles sont perturbes, plus nous souffrons. Et elles le sont souvent par des attentes irralistes : vouloir que notre patron ne nous adresse que des compliments, que nos collaborateurs soient irrprochables, qu'il n'y ait aucun embouteillage sur notre chemin, etc. Elles peuvent l'tre galement par des interprtations errones. Si un collgue nous contredit, ce n'est pas forcment qu'il veut nous dstabiliser, mais que le sujet l'intresse et qu'il souhaite en discuter. Si notre suprieur hirarchique ne nous dit pas bonjour, il ne nous fait pas obligatoirement la tte ; pris dans ses penses, il ne nous a peut-tre tout simplement pas vus.

Ddramatisez

Nous rendons souvent les vnements plus graves qu'ils ne le sont. Aux cadres qui ont peur d'tre licencis, Eric Albert, psychiatre, fondateur de l'Institut franais de l'anxit et du stress, demande :

Vous serez licenci, et alors ?

- Je n'aurai plus de ressources, rpond le cadre angoiss.

- Et alors ? poursuit le psychiatre.

- Je ne pourrai plus faire face mes charges.

- Et alors ?

- Je me retrouverai SDF sous les ponts.

Mais n'existe-t-il pas d'tapes intermdiaires entre le licenciement et vivre sous les ponts ? Comme les allocations chmage, un emprunt la famille, un emploi alimentaire avant de retrouver celui qui conviendra ?

Grer son stress, c'est prendre conscience du dcalage entre nos reprsentations et la ralit. Et agir pour cela de faon individuelle ne veut pas dire agir seul. L'autoanalyse est particulirement difficile quand notre tat de tension ne nous permet plus de rflchir objectivement. Il n'est pas question ici d'analyses aux longs cours mais d'approches comportementales. Des cabinets de conseil proposent des stages de gestion de stress ou du coaching pris en charge dans le budget de formation de l'entreprise.

Apprciez votre valeur professionnelle

Identifier nos mcanismes de dfense face au stress ne suffit pas pour lutter contre les tensions quotidiennes en entreprise. Se relaxer, dominer son anxit non plus. Il faut s'armer autrement et la connaissance de ses droits peut tre un fabuleux outil d'affirmation de soi. Si l'on est capable de dire : Cela ne rentre pas dans mon champ de comptences ou dans mes attributions , on se fait respecter et la pression tombe. Savoir ce que l'on vaut sur le march du travail est galement une magnifique protection contre toutes les critiques ngatives. Alors, restons sans cesse sur le dpart, en recherche d'emploi permanente, notre CV jour. Cela vite la peur du licenciement. Cessons surtout d'attendre de notre travail la satisfaction de nos besoins affectifs, intellectuels, physiques et sociaux. Ne faisons pas du domaine professionnel une fin en soi, mais une aide pour raliser notre projet de vie et un moyen de plus pour tre heureux.

Reconnatre les facteurs de stress

L'entreprise est une mauvaise matresse, ironise Patrick Lgeron, psychiatre. Elle est exigeante, nous demande de tout sacrifier pour elle. Si on a une famille, des amis, elle nous le reproche. Et elle peut nous plaquer tout moment. Pour rsister, identifions ses exigences.

- La charge de travail amplifie par la pression du temps.

- La performance inscrite dans les valeurs d'entreprise : le zro dfaut, la qualit totale, l'excellence, etc.

- Les mises au placard, mme dor, font des ravages.

- L'absence ou la mauvaise dfinition d'un poste favorise l'incertitude.

- La nouveaut : fusions, rorganisations, nouvelles procdures et, bien sr, nouvelles technologies.

- La frustration : les organisations actuelles nous obligent souvent abandonner des projets en cours de route. Ce sont de vrais renoncements motionnels.

- Le manque de reconnaissance : peu de dirigeants sont capables de reconnatre la valeur de leurs collaborateurs.

- Les conflits de valeurs : tre oblig de vendre un produit que l'on n'apprcie pas peut tre minant.

- Les relations interpersonnelles : avec la hirarchie, les collaborateurs, mais aussi avec les clients ou les usagers, de plus en plus exigeants, agressifs, voire violents.

- Les messages implicites, comme Partir tard le soir est une preuve de motivation , qui sont admis sans que personne ne les remette en cause.

G - L'affectif au travail

1) L'affectif parasite-t-il les relations professionnelles ?

L'affectif ne parasite pas plus les relations au travail que les relations dans son club de sport ou avec son boucher ou dans la famille. Heureusement, on ne peut s'en affranchir et l'accepter permet par la mthode des essais, des erreurs et des prises de conscience, de progresser afin de trouver la bonne distance entre soi et les autres.

2) Pourquoi ce besoin de toujours tre apprci ?

Il est humain de dsirer tre apprcie par les gens qui nous entourent. Cependant, si ce besoin devient omniprsent, il faudrait essayer de reprer s'il ne s'agirait pas d'une qute d'un amour paternel et d'un amour maternel. La question dpassera alors le cadre de l'activit professionnelle. Et mme si cela n'a rien de pathologique, il vaudrait alors mieux en discuter avec un thrapeute pour se librer de ces attentes.

3) Comment pallier un manque de confiance en soi ?

Il est tout fait lgitime de manquer de confiance en soi, surtout quand on dmarre dans une carrire professionnelle. Cependant, lorsque les ractions deviennent trop intenses, il serait opportun d'en chercher les raisons "souterraines" : recherchez-vous tre parfait, trop parfait ? Attendez-vous que des autres qu'ils soient aussi parfaits ? Prenez-vous le temps de faire dvelopper les critiques qui vous sont adresses ? Etc... La perfection et la volont de tout matriser augmentent souvent les difficults relationnelles. En prendre conscience est dj un dbut de rsolution du problme.

G - "Ah le changement..."Carrie, 27 ans

Changer sa vie professionnelle, c'est aussi changer "toute sa vie". Actuellement sous contrat, attendant impatiemment une titularisation, j'ai dcid la semaine dernire d'envoyer un courrier dans un autre organisme. BINGO. Le directeur me tlphone le soir, le rendez-vous est pris le lendemain matin. J'ai mal dormi. Rveil difficile. Mon emploi actuel me plat normment. Nous avons, avec ma collgue, galement sous contrat, assist la naissance de ce service et nous l'avons fait voluer... Dur d'avoir un entretien pour un autre poste. Bref, le lendemain, entretien avec le directeur et son adjoint, je suis l'aise, rponds aux questions, parle normment de mon poste actuel. Et j'en ai oubli de poser quelques questions essentielles sur le poste que l'on me propose qui est trs intressant financirement et qui est trs stable. Je suis l'aise mais je n'assure en rien l'entretien....

J'attends une rponse dans les prochains jours. Je suis vraiment "dgote" par mon comportement compltement idiot. J'ai consciemment "vit" de poser les bonnes questions. Je suis sre qu'avec plus de volont, j'aurai eu ce poste (bien que je n'ai pas encore eu de rponse). Mais parce que je tiens mon service actuel, sans rien savoir du futur de celui-ci, et peut-tre au petit confort que je m'y suis cr... Les petites habitudes tuent. En ce moment, elles me blessent et me font culpabiliser normment. Je vais peut-tre passer ct d'une belle opportunit de "recommencer tout zro" et je trouve cela trs navrant mais il est trop tard...

Sens social

Besoin de se lier aux autresAlfred Adler a forg cette expression pour dsigner un besoin inhrent chaque tre humain de se lier aux autres, de s'identifier, de reconnatre les autres et de se reconnatre en eux. Pour Adler, c'est une facult biologique autant que psychologique, et qui, de la mme faon que le langage, doit tre veille, dveloppe et travaille. Lorsque ce sens social, appel aussi sentiment de communaut , n'a pas t assez dvelopp, apparat soit un complexe d'infriorit soit un complexe de supriorit.

H - L'homme est-il vraiment fait pour travailler ?

Jean-Didier Vincent : Il est avant tout fait pour agir... Mais partir du moment o son action est insre dans une culture et organise par des rgles sociales, cela devient un travail. Nos cousins immdiats, les singes bonobos, font peu prs ce que nous faisons, et ont mme une bauche d'organisation sociale. Mais aucune rgle n'organise leur temps d'activit. Le travail, en tant que forme de l'action, est donc le propre de l'homme.

L'action serait donc un besoin naturel ?

Oui. Les animaux se diffrencient des plantes par leur aptitude se mouvoir, se dplacer dans leur environnement. Voil la toute premire forme d'action. Cependant, les vertbrs ont une caractristique supplmentaire : la capacit d'agir sur le monde - je dirais presque "d'agir le monde" - lie au dveloppement de la sensibilit, de la sensorialit, donc la capacit d'orienter leur action par l'"affect". Or, ce qui donne du sens l'action, c'est l'affect - les motions dans un sens plus gnral. Tout vient de la crte neurale, cette partie du cerveau qui a donn naissance aux systmes qui grent les motions... Or, tout ce qui est de l'ordre de l'affect se convertit d'une faon ou d'une autre en action. Nous sommes ici bien au-del de la simple ide d'"homme d'action" ou de la ncessit d'agir : tous les vertbrs ne peuvent vivre qu'au prix de l'action.

Pourquoi, pour certains, est-ce si difficile d'agir ?

Parce que l'action rpond la satisfaction d'un dsir. Mais le besoin d'action, lui-mme li au besoin de sensation et d'activit, dpend de la personnalit. Certains "chercheurs de sensations" en veulent toujours plus. En qute permanente de nouveaux stimuli, ils peuvent crer sans cesse de nouvelles entreprises, et pas forcment pour la recherche du pouvoir ou de l'argent. Rechercher des sensations procure leur cerveau des rcompenses si frquentes qu'elles finissent par emballer le systme. L'inactivit gnre alors une souffrance quivalente au manque de drogue ou d'alcool. Ce type de comportement peut se dvelopper trs tt dans l'enfance, car il est soit gntiquement inn, soit acquis cause d'une srie de stress nonatals.

Peut-on alors dire que l'action est anxiolytique ?

Oui. Prenez l'exemple de l'ennui, qui peut se dfinir par la rptition du mme stimulus ou par l'absence de stimulation. Il plonge certaines personnes dans un tat de dtresse comparable celui du manque. Mais il peut aussi devenir un puissant ressort de l'action. Le problme, c'est qu'il est possible de tomber dans l'excs en se "shootant" au travail, surtout dans une socit qui "surstimule" et cre naturellement des dpendances l'action.

Observez simplement votre attitude lorsque vous tes en voiture : ds que vous vous trouvez dans un embouteillage, vous adoptez presque automatiquement un comportement la limite du pathologique parce que, brutalement, il y a une rupture d'action. Votre souffrance vous pousse alors adopter un comportement anormal, voire asocial : insultes, agressions, etc.

Certaines personnes sont contemplatives alors que d'autres sont toujours dans l'action. Pourquoi ?

Parce qu'elles sont gntiquement programmes. Dans notre cerveau, nous avons ce que l'on appelle des "systmes dsirants" et des "systmes de rcompense". Les deux scrtent de la dopamine, de la noradrnaline, de la srotonine, ces endorphines connues sous le nom de "molcules du bonheur". Ces systmes seront dots de leur mode de fonctionnement ds la naissance. Les chercheurs de sensations sont comme certaines voitures : elles ne fonctionnent pas correctement si elles ne tournent pas haut rgime !

A l'inverse, d'autres personnes n'auront pas besoin de tant d'activit pour vivre : elles sont "andoniques", c'est--dire insensibles au manque d'action. Cependant, pour tre politiquement correct - et physiologiquement correct aussi -, il faut prciser que l'on est tous influencs et moduls par notre environnement familial, social, culturel, religieux, etc. Certains seront donc plus enclins devenir des hommes d'action, d'autres tre contemplatifs. Il faut se garder d'opposer les deux, car certaines formes de mditation sont de vritables recherches de sensations. Les mystiques sont souvent dans une telle stimulation crbrale que l'on ne peut pas dire qu'ils sont andoniques !

La pense prcde-t-elle l'action ?

Disons plutt qu'elle procde de l'action. Mais tout dpend de ce que l'on appelle "pense". C'est un mot trs vague, qu'il ne faut pas confondre, par exemple, avec la conscience de soi. La pense, c'est tout ce qui est de l'ordre de la relation, de l'interaction entre les objets vivants. Je dis souvent : La vie, c'est quand l'amour vient la matire... Pour moi, la pense est l'expression de ce qui est profondment relationnel au cur de la matire vivante, et elle accompagne forcment l'action. Agir, c'est rflchir, dans tous les sens du terme. Dans la partie antrieure du cerveau, des "neurones miroir" se mettent en activit ds que l'on voit un autre raliser un mouvement : comme si on faisait ce mme geste. Cela signifie qu'un mouvement reprsent mentalement, mme s'il n'est pas effectu dans la ralit, est de l'ordre de l'action.

Quand l'"action travail" devient-elle pathologique ?

Tout dpend de l'individu et de son histoire personnelle. Regardez ces personnes qui vivent et travaillent dans un tat de surexcitation permanente : elles prennent dix rendez-vous en mme temps, courent dans tous les sens, accumulent sans cesse des informations... Sinon, elles ont immdiatement l'impression de ne rien faire ! Elles ont fondamentalement besoin d'agir, et de maintenir leur cerveau un niveau d'activit lev. Elles basculent dans la pathologie et la dpendance lorsque, par exemple, le silence les stresse plus que le travail, ou quand elles sont incapables... de prendre des vacances !

I - Je ne sais pas dire non

Submergs de travail, ils acceptent un nouveau dossier. Le vtement qu'ils essayent ne leur va pas, ils l'achtent quand mme... Incapables de refuser, ils ont rang le non parmi leurs tabous. Qui sont ces personnalits "oui oui" ?

L?incapacit rpondre non vient de la tendance accorder une plus grande importance aux dsirs de l'autre qu'aux siens, explique Dominique Fromm, formateur en dveloppement personnel. Lie une image ngative de soi, cette attitude est une faon de se dvaloriser. On en vient prfrer satisfaire l'autre plutt que soi, avec toutes les frustrations et colres que cela implique : colre contre soi-mme d'avoir accept une tche, un projet, une relation non dsire ; colre contre celui qui a su obtenir de nous ce qu'il voulait. Ces personnes qui ne savent rien refuser restent toujours " ct d'elles-mmes", ce qui, bien videmment, se rvle tre un obstacle leur panouissement personnel , poursuit Dominique Fromm.

A cette insatisfaction s'ajoute, paradoxalement, la dconsidration de la part d'autrui. Comment garder confiance en quelqu'un qui rpond systmatiquement par l'affirmative ? Son oui est-il un vrai oui ou un faux non ? C'est la crdibilit et l'honntet de l'ternel consentant qui sont remises en question.

Rester un enfant obissantRefuser, dsobir, dire non ? Parents, enseignants, patrons nous l'ont tour tour interdit. Comme l'explique le psychiatre et psychanalyste Samuel Lepastier, celui qui n'ose pas s'imposer face l'autre par un non est dans une relation infantile l'autorit. D'ailleurs, ce sont souvent des personnes qui ont gard une relation de dpendance l'gard de leurs parents.

Vers 2-3 ans, l'enfant est pris entre deux tendances : d'une part, la prise de conscience progressive de son autonomie, qu'il exprime en opposant systmatiquement sa volont celle de ses parents, c'est la priode dite du "non" ; d'autre part, l'angoisse de l'abandon et de la perte d'amour de leur part. Pour peu qu'il soit soumis une ducation particulirement rigide ou des chantages affectifs - "Si tu continues nous dsobir, on ne pourra plus te supporter" -, ces angoisses prennent vite le dessus , explique Marie Haddou, psychologue.

Pour les carter, il n'a qu'une solution : se placer systmatiquement dans une posture favorable ses parents, et devenir un tre ternellement obissant. A l'ge adulte, ces peurs infantiles se reportent dans les relations sociales et affectives : le non reste un mot tabou. Coinc dans cette posture infantile, on s'imagine que l'on ne survivra pas une crise, un dsaccord avec des tres forcment suprieurs soi. C'est alors la peur inconsciente du conflit qui l'emporte.

Nourrir un sentiment de toute-puissanceLa volont de mnager l'autre, de ne pas le dcevoir semble une raison louable de ne jamais dire non. Mais, comme le remarque Marie Haddou, elle renvoie paradoxalement au souci inconscient de satisfaire un sentiment intrieur de toute-puissance . La personne a une faible estime d'elle-mme mais, au niveau inconscient, n'a pas renonc la toute-puissance. Au bureau, monsieur "Oui Oui" est ce hros omnipotent qui accepte de prendre en charge toujours plus pour prouver aux autres - et lui-mme - qu'il peut tout assumer. Dans le cadre des relations amicales et amoureuses, c'est l'ami sollicit de toute part, toujours disponible et prsent pour chacun. Ainsi, le oui donn tous flatte un ego qui, au fond, se croit unique et irremplaable.

TEMOIGNAGE : Isabelle, 29 ans, photographe

A l'cole, c'taient les devoirs de maths de mes copines ; plus tard, les invitations dner avec des hommes qui ne m'intressaient pas. Sans parler des boulots minables que j'ai accepts pour faire plaisir des connaissances. Ou les vtements que j'ai achets sous la pression des vendeuses. L'ide de refuser ne me venait mme pas l'esprit. Du coup, je faisais n'importe quoi, simplement par "devoir" ou politesse.

Et puis, un jour de dprime, un ami m'a demand : "De quoi as-tu vraiment envie ?" J'ai t incapable de rpondre. 'a t le dclic. Depuis un an, je vois rgulirement un psychothrapeute. J'y apprends me recentrer, dfinir mes objectifs. Cela m'a dj permis de trouver ma voie professionnelle. Pour une fois, je ne regrette pas d'avoir dit oui une dmarche qui ne me convainquait pas !

CONSEILS A L'ENTOURAGE :

Lorsque l'on se trouve confront quelqu'un qui rpond systmatiquement oui tout, comment faire le tri entre les rponses qu'il nous donne avec plaisir et celles qu'il assne sans conviction ? La chose semble d'autant plus difficile que cette personne n'en est bien souvent pas capable elle-mme. Il faut donc l'y aider en s'efforant de ne pas se fier sa premire rponse affirmative.

Au contraire, on reformulera plusieurs fois la question, et on l'interrogera sur ses vritables motivations acquiescer. Autrement dit, on deviendra "sa voix intrieure", qui lui est si difficile d'entendre par elle-mme.

CONSEILS A CELUI QUI NE SAIT PAS DIRE NON :

Un retour sur soi Quelles sont les personnes que j'apprcie ? Qu'est-ce que j'aime manger, voir, entendre ? En rpondant ces questions, on s'coute enfin. On est capable de dire oui ses envies et, d'abord, soi.

Le temps de la rponseL'ducation enseigne l'obissance et... la rflexion : Il faut tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler. Se laisser du temps pour rpondre permet de reprendre la pleine matrise de ses choix et d'viter de se sentir manipul par l'autre.

Distinguer parole et sujet parlantRpondre non, c'est rejeter une proposition, et non celui qui l'nonce. Un non ne peut porter atteinte au regard que l'autre pose sur nous : la rponse ne nous engage que dans la discussion prsente et ponctuelle.

Les prcautions langagiresRpondre oui, mais... impose une condition l'approbation, non, mais... propose une alternative au refus. Et les deux permettent de s'affirmer en tant qu'acteur de la relation.

Mditer sur ces prceptes... Trs peu d'hommes et de femmes existent par eux-mmes, ont le courage de dire oui ou non par eux-mmes. Marguerite Yourcenar, crivain et acadmicienne. L'apprentissage de la dsobissance est un long cheminement. Il faut toute une vie pour atteindre la perfection. Maurice Rajsfus, historien. Penser, c'est dire non. Alain, philosophe.

A LIRE :

"Savoir dire non" de Marie Haddou. A travers des situations varies, la psychologue analyse les mcanismes psychiques l'uvre chez ceux ne savent pas refuser. Avec des solutions pratiques (J'ai lu, 2000).

"Dire non, a s'apprend !" de Dominique Fromm. Conseils et mthodes d'un formateur en dveloppement personnel pour apprendre s'affirmer par le non (Dangles, 1999).

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