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Psychologie cognitive Fred Mast 2008 Cours introductif : Définition de la psychologie cognitive : Science qui s’occupe des processus mentaux des êtres humains avec des méthodes expérimentales permettant la saisie de données expérimentales ou cérébrales. (Mesure des comportements et activité du cerveau, combinaison du comportement avec l’état cérébral) Histoire : Aristote fut le premier à reconnaître que les processus cognitifs sont des abstractions : « voir avec les yeux fermés » (imagerie mentale), grâce à ses théories sur la perception et les liens étroits établis entre la pensée et la formation des images. Puis viennent successivement Descartes avec l’organisation d’un mouvement, la pensée empiriste avec Locke, Berkeley, Hume pour leurs travaux sur la mémoire et la reconnaissance et enfin Kant avec ses deux conditions qui sont l’espace et le temps. Le début de la psychologie expérimentale se situe avec Gustav Theodore Fechner (1801-1887) qui a commencé à faire des expériences en étudiant les phénomènes subjectifs. Méthodes de la psychologie cognitive : Les méthodes comportementales (temps de réaction par exemple), stimulation magnétique transcranienne, IRM, électrophysiologie, spectroscopie, pharmacologie. (Différents niveaux : cerveau – neurones – molécules)

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Psychologie cognitive

Fred Mast 2008

Cours introductif :

Définition de la psychologie cognitive :

Science qui s’occupe des processus mentaux des êtres humains avec des méthodes expérimentales permettant la saisie de données expérimentales ou cérébrales. (Mesure des comportements et activité du cerveau, combinaison du comportement avec l’état cérébral)

Histoire :

Aristote fut le premier à reconnaître que les processus cognitifs sont des abstractions : « voir avec les yeux fermés » (imagerie mentale), grâce à ses théories sur la perception et les liens étroits établis entre la pensée et la formation des images.

Puis viennent successivement Descartes avec l’organisation d’un mouvement, la pensée empiriste avec Locke, Berkeley, Hume pour leurs travaux sur la mémoire et la reconnaissance et enfin Kant avec ses deux conditions qui sont l’espace et le temps.

Le début de la psychologie expérimentale se situe avec Gustav Theodore Fechner (1801-1887) qui a commencé à faire des expériences en étudiant les phénomènes subjectifs.

Méthodes de la psychologie cognitive :

Les méthodes comportementales (temps de réaction par exemple), stimulation magnétique transcranienne, IRM, électrophysiologie, spectroscopie, pharmacologie. (Différents niveaux : cerveau – neurones – molécules)

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La perception

Part de la psychologie expérimentale de Fechner et la psychophysique.

Psychophysique :

Seuil absolu :

Intensité minimale nécessaire pour qu’un stimulus soit perçu dans 50% des cas.

Seuil différentiel :

valeur limite d’une différence par rapport à un stimulus en dessous de laquelle cette différence n’est pas perçue. (Quantité de stimulation qu’il faut rajouter à une première stimulation pour que le sujet le discrimine comme étant un deuxième stimulus, différent du premier) ! constances de Weber, par exemples pour le poids, si on rajoute 1/50 du poids initial, nous sommes capable de discriminer les deux poids. ! loi de Weber-Fechner : R = k log (S/So)

En résumé : la psychophysique met en relation les stimuli physiques avec les sensations psychiques (subjectives) d’une manière expérimentale et quantitative.

La Gestalt :

Idée générale de la gestalt :

Le tout est plus que la somme des parties (par exemple, carré formé avec des croix ou des rond, l’idée du carré reste préservée)

Lois de la gestalt :

• Séparation figure / fond : La figure est définie par le contour, la figure absorbe le contour. Le contour est unidirectionnel seulement si la figure est fermement entourée par les contours.

• Proximité : Les objets proches les uns des autres paraissent regroupés.

• Similarité : Les objets similaires paraissent regroupés.

• Bonne continuation : Les points adjacents qui résultent en lignes droites ou courbes lisses sont per4us comme allant ensemble. Les lignes sont perçues comme suivant le chemin le plus lisse.

• Sort commun : Les objets qui bougent dans la même direction sont regroupés (aspect dynamique)

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• Occultation : Si un objet large est partiellement couvert par un objet plus petit, on voit l’objet plus grand comme continuant derrière l’objet couvrant. (voir l’illusion du triangle blanc etc.)

Le système visuel : Fovéa : Point où la densité de récepteurs est très élevée, vision avec haute résolution (presque exclusivement composé de cônes) Tache aveugle : Point où passe le nerf optique, il n’y a donc pas de récepteur à cet endroit. Notre cerveau est capable de compenser le déficit visuel de la tache aveugle. Rétine : Traitement de l’information visuel déjà actif à ce stade-là. Si les informations sont suffisamment larges, le potentiel d’action est déclenché. Le potentiel d’action : De la rétine au cerveau : l’intensité du stimulus détermine la fréquence des potentiels d’action (pas l’intensité du potentiel d’action), mais les neurones déchargent également sans stimulus : activité spontanée (très variable). Le potentiel d’action est un changement transitoire du potentiel de repos de la membrane neuronale. Le changement se propage le long de l’axone en « tout ou rien » : pas de diminution ou augmentation du potentiel, on parle seulement ici de fréquence. Maximum de 500 à 800 potentiels par seconde. Le champ récepteur : Interaction du nombre de neurones qui déterminent un neurone ou un groupe de neurones à répondre à un stimulus spécifique. Centre du neurone : excitateur, périphérie du neurone : inhibitrice. Convergence : connections synaptiques de plusieurs neurones avec un neurone individuel. (voir l’illusion de la grille blanche) Cortex visuel primaire : Trois types de neurones :

• Simple : répond à une barre d’orientation spécifique • Complexe : répond à une barre d’orientation spécifique et qui bouge dans une direction

spécifique • « end stopped » : répond à une barre d’orientation spécifique, qui bouge dans une direction

spécifique et qui a une longueur spécifique. Les neurones de type simple répondent aux lignes, même si elles sont subjectives (voir figure sur les neurones dans le cortex visuel primaire) Ce n’est pas vraiment une illusion car décharge neuronale quasi semblable à la situation lorsqu’il y a une ligne réelle. Théorie de la reconnaissance-en-composants (Biedermann, 1987) : Les attributs ne sont pas des lignes ou des courbes, mais des formes en 3D simples. Se sont des géons (geometrical icones), il en existe 36. A l’aide des géons, on peut construire une grande portion d’objets communs.

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Caractéristiques des géons : • Invariance du point de vue : les géons peuvent être identifiés quelque soit l’angle sous

lequel ils sont perçus • Discernabilité : les géons peuvent être distingués à partir de presque tous les points de vue. • Résistance aux perturbations : les géons peuvent être incomplets, on les reconnaît quand

même, mais si l’occultation est trop importante, on ne les reconnait plus.

Reconnaissance des visages :

On peut reconnaître un visage sur la base de ses parties (yeux, nez bouche etc.) ou de ses configurations (distances entre les parties, informations métriques). Ces deux mécanismes sont indépendants.

Mélange des parties : Nous sommes encore capables de reconnaître un visage si les informations métriques ne sont plus présentes.

Flou : Les informations spécifiques sur les parties ne sont plus présentes, mais les configurations restent. Le visage est plus difficile à reconnaitre, mais pas impossible.

Si l’on tourne le visage flou : impossible de reconnaître

Si l’on tourne les parties du visage : reconnaissable

Les visages inversés (tournés) sont plus difficiles à reconnaitre que les visages à l’endroit. ! on ne peut pas anticiper les effets de la manipulation si les visages sont présentés à l’envers (par exemple s’il y a eu une rotation des parties). Nous effectuons une rotation mentale et nous comparons l’image avec celles stockées en mémoire.

Spécialisation par expérience : tâche : reconnaitre des visages ou des greebles (quelques chose qui ressemble à des visages, mais qui n’en sont pas) ! aire fusiforme : aire spécifique activée lorsqu’un visage est présenté

Les constances de la perception :

• La constance de couleur : Nous percevons les couleurs d’une manière stable même si la source de lumière change.

• La constance de l’espace : Nous percevons l’espace comme stable, même si nous nous déplaçons.

• La constance de taille : La taille d’un objet reste stable, malgré l’éloignement. (voir illusion des barres blanches avec les rails de train). Nous prenons en considération la distance entre deux objets et le cerveau compense (correction de la perception)

• La constance de direction : A chaque mouvement d’œil, l’image est changée sur la rétine mais l’environnement est perçu comme stable et constant.

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Les mouvements oculaires :

Nous avons six muscles extraoculaires qui nous permettent de bouger nos yeux.

Il existe deux types de mouvements oculaires :

• Les saccades : Saut d’un point d’intérêt à un autre (pour la lecture par exemple)

• La poursuite lente : Mouvement lisse (seulement possible avec une cible mouvante que l’on suit des yeux)

Principe de réafférence :

Le stimulus se projette sur la rétine ! déclenchement d’une réponse neuronale traitée dans le cortex visuel. A chaque mouvement des yeux, l’image sur la rétine est changée, il faut donc trouver une explication à la stabilité de l’environnement. Nous sommes capables de discerner si le changement est réel (déplacement de l’objet) ou si c’est un mouvement de notre propre œil (l’objet ne s’est pas déplacé). ! La perception correspond alors à la vraie position de l’objet. Mécanisme : Il y a une copie de la commande du mouvement envoyée à l’œil qui est enregistrée qui permet de compenser la perturbation dans le cerveau. Cela permet de corriger l’information sensorielle brute. Paralysie des muscles extraoculaires : le mécanisme fonctionne encore. A chaque fois que le patient veut bouger les yeux, le monde fait un « saut » ! le cerveau utilise le principe de réafférence même si les yeux ne bougent plus.

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L’attention Définition : L’attention est un processus permettant de se focaliser sur certaines caractéristiques de l’environnement ou sur certaines pensées ou activités. Les cas d’attention sont divers : écouter de la musique, s’entretenir avec quelqu’un, se focaliser sur la conduite etc. L’attention n’est pas un seul concept, mais comprend un grand nombre de mécanismes psychologiques différents. L’attention est importante dans beaucoup d’aspects de la cognition : perception, mémoire, imagerie mentale, résolution de problèmes. L’effet cocktail party : Résulte de l’attention sélective : capacité de se focaliser sur un message en ignorant les autres. Expérience sur l’écoute dichotonique : Chaque oreille reçoit un message différent et le sujet doit focaliser sont attention sur un message en particulier. Le sujet doit répéter en écho le message sur lequel il se focalise pour s’assurer qu’il effectue la bonne tâche. Les résultats montrent que les sujets peuvent se focaliser sur une oreille et ignorer l’autre. Les résultats pour l’oreille non focalisée montrent que les sujets ne peuvent pas rapporter le contenu du message mais ils peuvent identifier s’il s’agissait d’une voix féminine ou masculine. Hypothèse de sélection précoce : Le modèle de filtre de Broadbent (1958) : Métaphore du tamis (arrête les messages non focalisés) Les potentiels évoqués : mesurer la réponse de plusieurs milliers de neurones à un événement ou à un stimulus spécifique (électrodes placées sur le cuir chevelu qui enregistrent des changement du voltage dans le cerveau produit par les neurones près de l’électrode, permet une bonne résolution temporelle, mais une mauvaise résolution spatiale) Données soutenant l’hypothèse de la sélection précoce : l’amplitude de l’onde (des potentiels évoqués) augmente quand les sujets focalisent un message. Parce que la modulation des potentiels évoqués est précoce, la sélection précoce semble vraisemblable. Critique de la théorie de Broadbent : L’information présentée à l’oreille non focalisée est traitée jusqu’à une analyse de haut niveau, (sémantique) : les sujets sont conscients du message non-focalisé, cela met donc en doute le concept d’un filtrage précoce. Moray (1959) : Quand on présente le nom du sujet à l’oreille non-focalisée, les sujets le remarquent. (ce n’est donc pas complètement bloqué)

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Gray & Weddeburns (1960) : quand le message focalisé a un sens et saute à l’oreille non focalisée, le sujet suit le message selon le sens. Le sujet répète par exemple Dear Aunt Jane, alors que le message présenté à l’oreille focalisée était Dear 7 Jane. Modèles de la sélection tardive de MacKay (1973) Définition : sélection tardive : sélection d’un message pour le traitement final après l’analyse du sens. Expérience : Des phrases ambiguës sont présentées à l’oreille attentive. Un mot présenté à l’oreille non-focalisée influence le sens de la phrase ambiguë. Tâche : répéter en écho et plus tard indiquer le sens de la phrase. Résultats : les sujets choisissent le sens de la phrase ambiguë qui suit le mot présenté à l’oreille non focalisée. Conclusion : le message non focalisé a été analysé jusqu’au niveau sémantique.

" La sélection précoce versus la sélection tardive a inspiré plusieurs recherches. Il faut tenir compte d’autres facteurs, par exemple la charge de la tâche.

Charge de la tâche : Expérience avec un distracteur : Lorsque la tâche est facile, le distracteur est traité (sélection tardive) car le sujet dispose encore de ressources disponibles, ce qui interfère avec l’exécution de la tâche. La présence du stimulus voisin augmente d’ailleurs considérablement le temps de réaction du sujet. Lorsque la tâche est difficile, l’attention est complètement focalisée sur la tâche. Le sujet n’a donc plus de ressources disponibles pour traiter les éléments extérieurs à cette tâche. Le distracteur n’est donc pas traité (sélection précoce) Les personnes jouant beaucoup aux jeux vidéo sont distraites par le stimulus voisin même lorsque la charge est lourde. L’entraînement aux jeux vidéo peut donc augmenter la capacité à traiter l’information visuelle : même quand on augmente la charge, les joueurs sont capables de traiter l’information supplémentaire. Conclusion :

- Tâche avec lourde charge : difficile, requiert la majorité des ressources cognitives de la personne

- Tâche avec charge légère : facile, quelques ressources cognitives sont à la disposition d’autres tâches (par exemple traitement des distracteurs)

- Avec une charge lourde, seuls les items sélectionnés sont traités ; avec une charge légère, des informations supplémentaires sont traitées.

" Conduire pendant que l’on téléphone : plus d’accidents (4 fois plus !), pas de différence entre

les portables tenus à la main et le kit mains libres. (étude : 2 fois plus de feux rouges manqués et temps de réaction plus lent)

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L’attention visuelle :

• Spot : diriger l’attention vers un endroit rend le traitement des signaux émanent de cet endroit plus efficace. Niveau comportemental : Expérience : les sujets doivent fixer une croix et une flèche indiquant une direction. Résultats : pour un essai valide (la flèche indique la bonne direction) : les sujets sont très rapides ; pour un essai invalide (la flèche indique la direction opposée) : les sujets sont ralentis ; pour un essai neutre (la flèche n’indique pas de position particulière) : les sujets se trouvent entre les deux temps de réaction extrêmes Niveau neuronal : Expérience de Colby & al. (1995) : un stimulus est présenté dans le champ récepteur d’une cellule du lobe pariétal d’un singe. L’image sur la rétine reste la même parce que le singe fixe un point stationnaire. Condition A : présentation du stimulus sans tâche particulière ; condition B : présentation et le singe doit lâcher un levier quand la lumière s’éteint. Résultats : la réponse de la cellule est plus grande dans la condition B bien que le stimulus soit le même. La seule différence entre les deux tâche est donc l’attention portée au champ récepteur ! la charge neuronale devient donc plus élevée.

• Zoom : l’attention peut être répartie sur une grande ou une petite région : un petit zoom améliore le traitement plus qu’un large zoom.

• Attention basée sur les objets : l’effet améliorant peut être situé sur / dans un objet, pas

seulement sur un endroit spatial.

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L’imagerie mentale

Définition de l’imagerie mentale :

Les images mentales représentent des informations mentales pourvues de qualités sensorielles (par exemple visuelles). Basées sur la perception antérieure, les images mentales peuvent contenir de nouvelles combinaisons qui ne correspondent pas à une situation définie par la perception. L’imagerie mentale est crée en l’absence de stimulus visuel (à partir de ce qui est stocké en mémoire, on peut combiner et créer des images qui n’existent pas)

Les images mentales peuvent être créées dans toutes les modalités sensorielles (vision, audition, toucher, goût et ouïe) comme pour par exemple écouter une chanson dans sa tête, s’imaginer le mouvement dans le sport etc.

Avec l’imagerie mentale :

- Il peut y avoir interférence : dans la reconnaissance d’un visage par exemple, l’image mentale que nous avions de ce visage nous a perturbé dans sa reconnaissance.

- Nous pouvons transformer les objets mentalement : simuler la réalité avant de réaliser réellement un assemblage (Tetris)

- Nous pouvons regarder nos images mentales en cherchant des informations: si l’on nous demande combien de fenêtres il y a dans notre salon, le cerveau recrée une image mentale du lieu et nous sommes capables d’extraire l’information voulue.

- Nous pouvons effectuer un « zooming » : extraire des informations plus ou moins détaillée dans une imagerie mentale (par exemple : quelle est la forme de l’interrupteur de mon salon ?)

- La rotation mentale implique également l’imagerie mentale.

Histoire :

Wilhelm Wundt : pionnier de la psychologie expérimentale, pense que les sensations, les émotions et les images sont les composantes élémentaires de la conscience.

Aristote : pense qu’il est impossible de penser sans image

Galton (1883): pense que même des gens qui ont du mal à former des images mentales sont capables de penser.

Behaviorisme (Watson, 1913) : rejet de l’étude des images mentales parce qu’elles ne sont pas observables.

Révolution cognitive (1950 et 1960) : mesures du comportement qui permettent de tirer des inférences sur les processus cognitifs

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Révolution cognitive :

Balayage d’une image :

- Expérience de Kosslyn avec la carte de l’ile (1978):

Les sujets ont dû mémoriser la carte de cette île et on dû ensuite se focaliser sur l’un des endroits précisément. Dans 50% des cas, l’objet présenté par la suite ne se trouvait pas sur l’île et les sujets devaient dire si oui ou non l’objet s’y trouvait.

Résultats : Nous constatons dans cette expérience que la distance entre les objets dans l’image mentale est conservée et que plus l’objet précis est éloigné de la zone focalisée, plus le temps de réaction est long

- Expérience de Kosslyn avec le bateau (1973) :

Les sujets ont dû mémoriser une image, puis on leur demande de se focaliser sur une partie de l’image mentale (par exemple l’ancre). La tâche est de vérifier si un autre objet est présent sur l’image (par exemple le moteur) en appuyant sur l’un des deux boutons à disposition.

Résultats : Plus l’objet est loin du champ focalisé, plus les temps de réactions sont longs

# Interprétation : L’imagerie a un caractère spatial.

L’imagerie mentale est-elle spatiale ou propositionnelle ?

Cette représentation abstraite de la configuration du bateau montre très certainement de quelle façon l’imagerie mentale est construite.

Si le temps de réaction est plus long, c’est qu’il faut « passer » par plusieurs lignes.

Représentation spatiale (Kosslyn) :

Pour Kosslyn, l’imagerie implique une représentation spatiale ; différentes parties de l’image correspondent à différents lieux dans l’espace.

Représentation propositionnelle (Pylyshyn) :

Pour lui, même si l’on a l’impression que l’imagerie est spatiale, le mécanisme sous-jacent peut être non-spatial. On parle dans ce cas d’épiphénomène (quelque chose qui accompagne le mécanisme réel, mais qui ne fait pas partie de ce mécanisme). Le mécanisme réel est donc la représentation propositionnelle : les relations peuvent être représentées par des symboles (comme les mots d’un langage : Chat SOUS table)

Mouvements oculaires :

Nous observons également des mouvements oculaires lors de l’imagerie mentale, mais ceci constitue une source de données indépendante, tout comme l’activité cérébrale.

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Tomographie à émission de positons (TEP) :

Description :

On injecte dans le sang (ou inhale) une substance radioactive, oxygène 15 par exemple (marqueur), qui émet des positons (particules émettant un rayonnement Gamma). Des détecteurs situés en dehors de la tête décèlent ces émissions de positons, elles-mêmes détectées par des ordinateurs qui reconstituent les images du cerveau. Comme le flux sanguin et l’activité métabolique augmentent dans les régions cérébrales activées, le marqueur y est plus concentré.

Principe de la caméra à positons :

Le sujet est placé dans un cylindre recouvert de détecteurs. Quand deux détecteurs détectent en même temps deux positons, on déduit qu’une désintégration s’est produite sur la ligne joignant les détecteurs. Des milliers de positons sont ainsi détectés.

Expériences

1) Les sujets doivent mémoriser des objets et les imaginer en trois tailles différentes.

Résultats : le cortex visuel est activé sans stimuli visuels directs (influence purement cognitive). Si la taille de l’objet est très petite : maximum d’activité postérieure ; si la taille est plus grande : activité antérieure. On peut donc anticiper l’arrivée d’un stimulus grâce à l’imagerie mentale

2) Farah (1985) : les sujets doivent imaginer soit la lettre H, soit la lettre T. Dès qu’ils avaient formé l’image correspondante, deux carrés étaient présentés successivement dont l’un contenait soit H, soit T. La tâche du sujet était de décider si le premier ou le deuxième carré contenait la cible.

Résultats : Quand la lettre imaginée correspond à la lettre cible, la discrimination est plus précise. L’imagerie mentale aide donc bien la perception.

Stimulation magnétique transcranienne :

Les sujets ont dû mémoriser une matrice contenant des lignes. On leur a ensuite posé des questions comme par exemple : il y avait-il plus de barres dans la case 3 que la case 2 ?

Avec la Stimulation magnétique transcranienne, on peut perturber temporairement le traitement de l’information. Cela permet la validation ou non de l’hypothèse de travail d’une aire spécifique du cerveau.

Résultats : la SMT augmente quelque peu le temps de réaction des sujets.

Neuropsychologie clinique :

La neuropsychologie clinique permet d’établir des corrélats neuronaux entre les sujets sains et les patients cliniques.

Agnosie :

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Patient CK : accident de la circulation!déficits cognitifs majeurs, capacité d’apprentissage limitée, plannification réduite, distractabilité.

Performances : (entre autres, par exemple)

- Reconnaissance visuelle des objets : 16/23 (groupe contrôle 23/23), confond un scie avec un couteau, ne reconnait pas certains objets ;

- Reconnaissance tactile des objets : 23/23

- Reconnaissance visuelle des dessins schématiques : 18/60 (norme 56.6/60)

- Reconnaissance de lettres : 36/52

- Reconnaissance des visages et des visages célèbres: parfait (il semble y avoir quelque chose de particulier dans la reconnaissance des visages)

- Perception de formes superposées : performance diminuée

- Imagerie pour la forme des objets : parfaite (par exemple si les oreilles d’un animal sont dressées ou pas)

- Dessins de mémoire : 29/30

- Perception des objets générés par imagerie mentale : 11/12

" L’imagerie reste donc intacte, mais c’est la perception qui est diminuée

Dissociation entre perception et imagerie :

Patient RM : lésions cérébrales dans les lobes occipitaux et pariétaux

Patient CK : accident de voiture

Tâche : nommer les objets !

Patient RM : peut reconnaitre les objets et les recopier, mais n’arrive pas à dessiner des objets de mémoire ou à comparer des objets dans l’imagination

Patient CK : incapable de nommer les objets (agnosie visuelle) même s’il en reconnait les parties, mais est capable de dessiner des objets de mémoire, ce qui requiert de l’imagination (mais ne les reconnait pas plus tard lorsque son propre dessin lui est présenté).

Promenade mentale :

Patiente MGS à qui une grande partie du lobe occipital a du être enlevé.

Avant opération : on lui fait passer la promenade mentale (aller vers un objet jusqu’à ce qu’il couvre la totalité du champ visuel. Mesure : distance minimale avant que l’image mentale remplisse le champ visuel)

Après opération : son champ visuel était réduit et la distance minimale dans la promenade mentale était augmentée ! cortex visuel primaire important pour l’imagerie.

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Imagerie mentale et perception :

Plusieurs études suggèrent que la perception et l’imagerie partagent des processus, mais il existe une double dissociation (! mécanismes indépendants) : certains peuvent très bien percevoir, mais ne pas réussir l’imagerie mentale et vice-versa.

Est-ce possible de découvrir une nouvelle interprétation d’une image mentale ?

Par la perception, une nouvelle interprétation est possible, par contre, dans les images mentales, une deuxième interprétation est beaucoup moins évidente.

Expérience : les sujets ont dû mémoriser une figure, puis la tourner mentalement de 180 degrés.

Résultats : 44% ont découvert la nouvelle interprétation de l’image contre 56% qui ne l’ont pas trouvée.

Explication : La réinterprétation ne fait pas partie de la phase de l’encodage, il est donc possible de découvrir quelque chose par imagerie mentale, mais cela n’est réservé qu’à certaines personnes.

Test d’imagerie mentale :

4 composantes indépendantes les unes des autres :

- Résolution : capacité de détailler

- Inspection : capacité à extraire des informations des images mentales

- Combinaison : combiner quelque chose visuellement présent avec une abstraction

- Rotation

Ce test montre une différence significative concernant la rotation.

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Mémoire et apprentissage

Définition de la mémoire :

Processus impliqué dans la rétention, la récupération et l’utilisation d’informations sur les stimuli, les événements, les idées etc. lorsque les informations originales ne sont plus présentes.

" Aspect « time machine » : rappel des expériences stockées en mémoire Cas cliniques : Clive Wearing : musicien atteint d’encéphalite virale ayant détruit ses lobes temporaux. Il ne peut mémoriser que les dernières 1 ou 2 minutes et oublie le reste. A cause de son incapacité à fournir de nouveaux souvenirs, il se sent toujours comme reprenant connaissance. Ceci entraîne une incapacité à participer à la vie d’une manière sensée. Syndrome de Korsakov : causé par une insuffisance prolongée de vitamine B1 résultant de l’alcoolisme chronique. Cette maladie aboutit à la destruction de plusieurs aires dans les lobes frontaux et temporaux. Cela entraine une incapacité à enregistrer des nouvelles informations dans la mémoire à long terme. Les résultats basés sur les patients indiquent que la mémoire à court terme et la mémoire à long terme utilisent des mécanismes différents (la MCT reste intacte alors que la MLT est déficiente) Le modèle d’Attkinson et Schiffrin (1968) : Composantes structurelle : 1) mémoire sensorielle, 2) mémoire à court terme, 3) mémoire à long terme Processus de contrôle : 1) répétition, 2) stratégies rendant le stimulus plus mémorisable. La mémoire sensorielle : Définition : la rétention des effets de la stimulation sensorielle pour une courte période. Exemple : perception d’une séquence continue au cinéma : en réalité, les images sont séparées par l’obscurité. (Impression de continuum) Etude de Sperling (1960) : stimulation : matrice de 12 lettres a été affichée pendant 50 ms, tâche : rapporter les lettres de la matrice. Deux conditions :

1) Compte rendu global : rapporter tous les items de la matrice. Résultats : les sujets peuvent rapporter 4-5 lettres. Les sujets remarquent que les autres lettres s’effacent quand ils les rapportent. (capacité de la mémoire sensorielle : moins de 50 %)

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2) Compte rendu partiel : ne rapporter que certains items parmi l’ensemble des items présentés.

La ligne des items à rapporter a été indiquée par un indice (son). Conséquence : l’attention peut être dirigée vers la ligne indiquée. Résultats : les sujets arrivent à rapporter 3.3 lettres sur 4 de la ligne présentée. Quand la présentation de l’indice est retardée, la performance diminue à 1 lettre par ligne (même niveau que le compte rendu global)

Mémoire à court terme : La position sérielle (étude de Glanzer & Cunitz, 1966): Effet de récence : meilleur rappel des mots placés en fin de liste (interprétation : les derniers mots peuvent être gardés dans la mémoire à court terme grâce à la répétition) Effet de primauté : meilleur rappel des mots placés en début de liste (interprétation : les premiers mots ont été transférés dans la mémoire à long terme parce qu’ils ont été répétés pendant la présentation de la liste) Distinction entre la mémoire à court et à long terme : preuve neuropsychologique (double dissociation) :

- Patients avec MCT normale, mais MLT déficiente : Clive Wearing (musicien), le plus connu : H.M ablation billatérale du lobe temporal médian parce qu’on ne pouvait pas soigner son épilepsie par médicament en 1953 ! incapable de créer de nouveaux souvenirs dans la MLT

- Patients avec une MLT normale, mais une MCT déficiente : K.F : MLT normale, mais

beaucoup de difficultés à garder des informations quelques secondes (empan mnésique=2 et pas d’effet de récence dans la courbe de position sérielle)

Empan mnésique : nombre de chiffres que le sujet peut retenir dans la MCT (environ 5-9) Propriétés de la MCT : la capacité

- Empan mnésique : 5-9 items (Etude de Miller : Le chiffre magique sept, plus ou moins deux)

Problème : qu’est-ce qui constitue un item ? - Groupement (« chunking ») : petites unités (comme des mots) pouvant être combinées en

unités plus grandes et signifiantes (comme une phrase)

- Effet de l’expertise : groupement : chiffres avec sens : Etude Erickson & al : coureur au début empan mnésique = 7, a augmenté à 79 après un entrainement de 230 heures. Les chiffres étaient regroupés selon sa connaissance des temps des coureurs (interaction MCT-MLT). Etude Chase & Simon : jeu d’échec avec experts et novices : les experts retiennent mieux les positions potentielles, mais l’avantage disparait lorsque les positions sont aléatoires. ! grâce à leurs connaissances, les experts peuvent grouper les pièces en groupes sensés quand

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configurations connues, mais pas dans les configurations aléatoires. Les capacités mnésiques sont donc identiques pour les deux groupes.

La mémoire de travail : Baddeley (2000) : La mémoire de travail est un système de capacité limitée pour le stockage temporaire et la manipulation de l’information. La différence entre la MCT et la mémoire de travail est qu’elle est composée de plusieurs parties et est active dans la manipulation de l’information (et pas seulement dans le stockage).

1) La boucle phonologique : garde l’information verbale et auditive. Elle a deux parties :

- Passive : stockage de l’information pendant 2 secondes, l’info se désintègre si on ne la répète pas après 2 secondes

- Active : répétition 2) Système visuo-spatial : garde l’information

visuelle et spatiale (voir expérience de Brandimonte & al, 1992)

3) Système exécutif central : coordination de 1) et 2), focalise l’attention sur un aspect d’une tâche et tire de l’information de la MLT

Le substrat neuronal du système visuo-spatial : Epreuve mnésique chez le singe : Le singe regarde la nourriture, puis la scène est cachée. Après un délai, le singe peut prendre la nourriture. Après une ablation du cortex préfrontal, le singe n’est plus capable de résoudre la tâche (réponse retardée impossible). De même, le CPF n’est mûr que 8 mois après la naissance : « loin des yeux, loin du cœur » chez les bébés. Interprétation : le cortex préfrontal est important pour garder l’information pendant une période brève.

Funahashi & al (1987) : Enregistrement cellulaire dans le cortex préfrontal pendant une tâche avec réponse retardée Résultats : des neurones dans le CPF déchargent quand le stimulus est présenté et pendant qu’il est absent (intervalle de rétention) = code neuronal pour la mémoire.

La mémoire à long terme : Définition : La mémoire à long terme peut être considérée comme une archive qui stocke des informations aussi bien récentes que datant de plusieurs années. Les souvenirs plus récents sont souvent plus détaillés,

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car les souvenirs s’effacent avec le temps (! illusions de mémoire : les sujets sont convaincus d’avoir fait une expérience, alors qu’il n’en n’et rien). La MLT a des interactions avec la mémoire de travail pour créer notre mémoire courante (! conscience) Les différents types de MLT (Tulving, 1972):

- La mémoire déclarative (explicite): Nos souvenirs conscients d’événements ou faits que nous avons vécu ou appris dans le passé. Il existe deux types de mémoire déclarative : 1) Mémoire épisodique : mémoire pour des événements spécifiques qui sont arrivés à la

personne, mémoire marquée par une date et un lieu spécifique. 2) Mémoire sémantique : mémoire pour la connaissance du monde, qui n’est pas liée à

l’expérience personnelle (mémoire de culture générale) Preuves neuropsychologiques pour la distinction épisodique-sémantique (double dissociation) :

- Frederick (1996) : Au début de la maladie d’Alzheimer, le sujet se souvient des règles du golf (mémoire sémantique : ok), mais après un délai, il a oublié qu’il a déjà frappé la balle et se fâche parce qu’il pense que les autres l’ont oublié (mémoire épisodique : faible), voir aussi expérience de Jon

- Derenzi, (1987) : patiente italienne souffrant d’encéphalite ne reconnait plus les visages familiers ou célèbres, ne se souvient plus de la signification des mots sur une liste de courses (mémoire sémantique : faible), mais se souvient de ce qu’elle a fait pendant la journée (mémoire épisodique : ok)

- La mémoire implicite : Une expérience influence le comportement d’une personne sans qu’elle s’en rende compte.

- Les effets d’amorçage (priming) : Warrington & Weiskrantz (1968) : 5 patients avec le syndrome de Korsakoff : incapables d’enregistrer de nouvelles informations. Tâche : identifier des images incomplètes et ces images sont complétées jusqu’à ce que le patient les reconnaisse. Résultats : la performance des patients s’améliore, bien qu’ils oublient avoir vu les images. (après plusieurs jours d’entraînement) Interprétation : l’amorçage de la répétition. Voir aussi la procédure pour investiguer la mémoire implicite chez les sujets normaux (esc--- ! escaliers, car vu escaliers dans une liste de mots) Palmer (1975) : Chaque essai commence avec la présentation d’une scène de contexte, puis une cible (objet commun) est brièvement présentée. Manipulation principale : la correspondance sémantique entre le contexte et la cible. Le sujet doit identifier la cible. Résultat : plus de réponses justes avec une cible correspondant au contexte.

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Il y a donc une liaison sémantique (par exemple cuisine-pain) Traitement descendant : guidé par les concepts Traitement ascendant : guidé par les données sensorielles

- Applications : Publicité : Perfect & Askew (1994) : Les sujets ont été chargés de lire des articles et d’ignorer les publicités qui précédaient les articles. Après la lecture, on leur a demandé d’évaluer plusieurs publicités sur plusieurs dimensions. Résultats : évaluation plus positive pour les publicités présentées pendant la lecture même si les sujets ne reconnaissent que 2.8 sur 28 publicités. La reconnaissance des pubs n’est doc pas consciente ! utilisation des méthodes implicites pour influencer l’intention d’achat des clients.

- Mémoire procédurale : Mémoire pour l’exécution d’aptitudes bien pratiquées qui sont difficiles à expliquer verbalement. (par exemple faire du vélo, attacher ses lacets etc.) Cette mémoire reste intacte chez quelques amnésiques ou chez les patients atteints du syndrome de Korsakoff. Par exemple le patient HM peut apprendre à dessiner en miroir. ! perturbation visuo-motrice à laquelle il faut s’adapter !nécessité de recalibrer l’information et la motricité.

Le transfert de l’information :

- L’encodage : processus d’acquisition et de transformation d’information dans la mémoire (à long terme) Facteurs aidant à l’encodage : formation de connexions avec d’autres informations (voir expériences) : Imagerie mentale (fonctionne mieux que la répétition silencieuse), organisation des items : classer par similitudes et hiérarchiquement.

- La récupération : dans la mémoire : retrouver des informations encodées et stockées au préalable.

La nature constructive de la mémoire : Expérience de Jacoby &a (1989) : devenir célèbre du jour au lendemain

1) Acquisition : Les sujets lisent des noms non-célèbres dans une liste a, 2) Test immédiat : lisent des noms de l’acquisition et des noms non célèbres nouveaux d’une liste b), question : quels sont les noms célèbres ? 3) Test retardé après 24h : même question que dans le test immédiat.

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Résultats : Il est plus probable que les sujets identifient mal un nom de la liste a) comme célèbre dans le test retardé que dans le test immédiat. Interprétation : les noms de dans a) sont familiers au test 3) : quand les sujets se demandent pourquoi le nom leur est familier, ils peuvent arriver à la fausse conclusion qu’il est familier parce qu’il est célèbre au lieu de conclure qu’il es familier parce qu’il a été présenté hier.

" La source de familiarité est mal attribuée (processus de décision) Les effets de l’expertise :

Les chauffeurs de taxi à Londres : ils doivent passer un examen pour montrer qu’ils connaissent bien la ville de Londres. On constate qu’après une longue pratique de la profession, le volume (physique) de l’hippocampe partie postérieure est beaucoup plus développé que la moyenne. L’hippocampe est important dans le processus de mémoire. Spéculation : il existe un phénomène de « neurogénèse » : on peut créer de nouveaux neurones, surtout dans l’hippocampe. Dès que les neurones sont utilisés, ils subsistent, sinon ils disparaissent. Les souvenirs flashs :

- Hypothèse d’un mécanisme spécial : souvent, les souvenirs flash sont accompagnés par des émotions fortes : un lien entre émotion, mémoire et une structure sous-corticale (l’amygdale : rôle connu dans le traitement des émotions) Des images évoquant une activation élevée de l’amygdale sont les mieux rappelées. Après une lésion de l’amygdale, les items émotionnels ne présentent plus d’avantage (par ex une partie de l’histoire d’une mère et son fils dans laquelle le fils est blessé) sur des items neutres.

- Hypothèse de la répétition narrative : on se souvient des événements importants (par ex le 11 sept) parce qu’on répète ces événements après qu’ils se soient produits. Les gens rapportent que les souvenirs sont intenses, mais souvent, ces souvenirs sont faux. Neisser & Harsch (1992) : explosion de la navette Challenger : Les sujets ont rempli un questionnaire le même jour que l’événement ou 2-3 ans plus tard. Après l’explosion, 21% ont dit avoir appris la nouvelle par la télé, ce chiffre augmente à 45% 2-3 ans plus tard. Talarico & Rubin (2003) : 11 sept 01 : Questions sur des détails : où étais-tu lors de l’attaque et un événement du quotidien le jour précédent. Résultats : plus d’erreurs et moins de détails au fil du temps avec peu de différence entre les souvenirs flashs et quotidiens, mais par rapport aux événements quotidiens, plus confiance que les souvenirs flashs soient justes. L’estimation de la vivacité reste donc élevée.

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La motricité

Les fonctions de la motricité :

- Déplacements

- Orientation posturale

- Expression des sentiments

- Développement :

La motricité constitue un prérequis essentiel pour une perception visuelle appropriée ! la motricité aide la perception. Le réflexe vestibulo-oculaire : Chaque fois que je bouge ma tête, le système vestibulaire détecte les accélérations. Là il y a un réflexe qui est activé et le mouvement des yeux permet de fixer la cible. (bouger la tête : on arrive à lire, bouger la cible : on arrive plus à lire). Ce réflexe est un réflexe simple (2 synapses) Le système vestibulaire : Comprend les organes otolithiques et les canaux semi-circulaires. Ces canaux sont au nombre de 3, sont perpendiculaires les uns par rapport aux autres et sont remplis par un liquide. Le système vestibulaire détecte les accélérations. Lors d’une rotation par exemple, le liquide reste stable dans un premier temps, puis se met à tourner lui aussi en raison de l’inertie. C’est ce décalage entre l’inertie elle-même et celle du liquide qui est détecté et mesuré par les cellules ciliées. Lorsque je bouge à vitesse constante, le liquide bouge avec moi et les cellules ciliées ne détectent plus rien (plus de décalage dans l’inertie) Mouvement illusoire : vertige : lorsque l’on s’arrête, le liquide tourne encore. Le système vestibulaire détecte donc encore un mouvement. ! les mouvements oculaires sont encore présents (pour un moment du moins) même si la personne s’est arrêtée et ceci en raison du réflexe vestibulo-oculaire.

- Perception :

L’action et la perception utilisent des chemins différents : Expérience des ronds : Le contexte induit une différence de taille. Les personnes ont du saisir l’objet au milieu et on a mesuré l’écart de la pince. Résultat : la pince était exactement la même pour les deux situations ! la perception n’influence pas l’activation motrice dans ce cas là. (! certaine indépendance entre motricité et perception visuelle)

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La motricité et la perception utilisent des mécanismes en partie différents :

Expérience de la boîte à lettre mobile :

Tâche : ajuster 2 barres. Pour des gens normaux : trivial. Pour des personnes déficientes : aléatoire, mais dès qu’il y a la composante motrice, les sujets déficients arrivent très bien à maitriser la tâche. ! le patient doit encore avoir des ressources cérébrales pour effectuer la tâche au niveau moteur.

- Imagerie mentale (imagerie motrice, mouvements imaginés) :

Travaux sur la rotation mentale :

- Mains identiques ou non (faite par nous-mêmes lors des exercices sur ordi) : Le temps de réaction augmente avec l’angle d’inclinaison (=mécanisme de rotation mentale), le taux d’erreur augmente également avec l’angle. Discrimination droite-gauche (et paume ou face): rend la tâche déjà plus motrice. Le temps de réaction augmente avec l’angle et est plus grand pour les paumes, à l’exception de 180 degrés de rotation : la face prend plus de temps. La reconnaissance des paumes a le plus de taux d’erreurs.

- Shepard & Metzler (1971) : Figures géométrique en 3D : consigne : 1) utiliser une stratégie interne : imaginer tourner la forme avec sa main, 2) utiliser une stratégie externe : imaginer qu’il existe un moteur qui tourne les objets pour qu’on puisse les comparer visuellement. Différence au niveau cérébral entre les 2 stratégies : Interne : partie du cerveau activée normalement lors des mouvements ! cortex moteur (les mains ne bougeaient pas), Externe : cortex pariétal impliqué dans les activités visuo-spatiales

" Les parties du cerveau sont beaucoup plus cognitives que ce que l’on pensait auparavant.

Imagerie sans action réelle : Y a-t-il des influences sur le comportement moteur ? Expérience avec la force du doigt : Tâche : abduction du petit doigt ! mesure de la force appliquée. 3 groupes : groupe qui a vraiment exécuté le mouvement, groupe imagerie et groupe contrôle. Résultats : groupe contraction réelle : la force a le plus augmenté (des 3 groupes) après entrainement, groupe imagerie : la force a augmenté après entrainement mental uniquement, groupe contrôle : même niveau. (! imagerie motrice dans le sport) Deux théories actuelles pour l’imagerie motrice :

- Théorie neuromusculaire : en imagerie, il y a une activation périphérique. L’imagerie motrice se distinguerait de la motricité réelle par une activation plus faible. (question de quantité)

- Théorie de simulation : L’imagerie se restreindrait essentiellement au niveau cortical (par exemple pour la planification d’un mouvement). ! Rien ne se passerait au niveau périphérique, tout resterait au niveau du cerveau et il y aurait même des structures inhibitrices de l’exécution du mouvement.

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La navigation La navigation sert à connaître sa position (ses coordonnées), détermine un cadre de référence et son domaine est la cognition spatiale. L’influence à l’égard du champ : Expérience du sujet devant le mur ligné obliquement : tâche = ajuster le bâton. Résultat : le sujet l’incline un peu en raison de la présence des lignes (! direction haut-bas vestibulaire) Système vestibulaire :

- Organes otholitiques : détectent les linéaires et la direction de la gravité. Reposent sur un masse gélatineuse et s’il y a accélération, la déformation de cette masse est enregistrée par les récepteurs. Les organes otholitiques sont composés de l’utricule et du saccule. L’utricule mesure l’accélération linéaire et le saccule mesure la gravité : le pliage des cellules ciliées donne l’information enregistrée par les récepteurs.

- Canaux semi-circulaires : détectent les accélérations

détectent l’accélération angulaire. Conséquences sur la perception : La perception verticale : expérience : les sujets sont dans le noir et doivent ajuster une baguette à la verticale. On tourne le sujet jusqu’à 180 degrés (tête en bas). ! En l’absence d’indices visuels, on doit se baser sur les organes otholitiques. Chez certains patients, on a du enlever ces organes pour cause d’infection ! les résultats à cette tâche sont mauvais Pour ce qui est de l’expérience avec le mur strié, il y a un conflit entre 2 informations sensorielles : les otholites qui indiquent le « vrai » haut-bas, et le système visuel qui indique le haut-bas correspondant aux lignes du mur. Dans la réalité, on trouve majoritairement des structures horizontales et verticales et donc, le système visuel suggère que le haut-bas correspond à ce que l’on voit. (compromis) Extéroception : système sensoriel rendant les informations du monde extérieur (vision, audition etc.) Proprioception : concerne notre propre corps (postures, mouvement de son corps)

" Cette classification est quelque peu artificielle, on trouve des exceptions et des limites. Il existe par exemple une proprioception uniquement basée sur la vision (cf illusion du train : on interprète le mouvement du champ visuel en entier comme le mouvement de notre propre corps)

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Rotation mentale de son propre corps :

- Cadre de référence égocentré : doit s’imaginer être à la place d’une personne (basé sur le corps)

- Cadre de référence allocentré : doit s’imaginer

tourner la table (basé sur les objets) On constate que le temps de réaction est plus long et que le nombre d’erreurs commises est plus grand lorsque l’on utilise le cadre de référence allocentré.

Lorsque l’on tourne une représentation humaine (dessin), et que l’on pose une question sur celle-ci (quel bras est-il allongé), le sujet active une représentation du schéma corporel de son propre corps.

Expérience : les dessins peuvent être présentés de face ou de dos, tournés ou non. On remarque que plus les figures sont tournées, plus le temps de réaction est long. Il en va de même lorsque les figures sont présentées de face, sauf pour l’angle de rotation de 180 degrés.

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Les émotions

Question méthodologique : Méthode de la psychologie cognitive : empirique, expérimentale, source de données = comportemental et cérébral Comment peut-on appliquer cette méthode à un phénomène aussi complexe que les émotions? (entièrement subjectif – c’est aussi le cas pour la perception, mais là on peut contrôler le stimulus. Pour les émotions, c’est différent, il n’y a pas vraiment de contrôle strict possible – difficile à définir, difficile à mesurer) But de la psychologie cognitive : pour comprendre les mécanismes, il est utile d’appliquer une méthode permettant d’étudier les relations causales. La théorie de W.James et les facteurs périphériques : La réaction corporelle précède le sentiment de peur. Soutien empirique : expérience de Strack : régulation des émotions par inhibition de l’expression faciale (Darwin) : Les sujets se sont vus présenter une suite d’images dessinées racontant une histoire drôle. Les sujets ont du juger sur une échelle de 1 à 7 le degré auquel ils trouvaient cette histoire amusante. Ils tenaient tous un stylo dans la bouche, soit d’une façon un peu triste ou d’une façon où les muscles sont tendus comme pour un sentiment de joie. Résultats : les réponses ont dépendu de l’nervation des muscles faciaux. Par la manipulation de facteurs périphériques, on peut influencer les émotions. Théorie des deux facteurs, Schachter & Singer :

1) Nous percevons une activation non spécifique au niveau physiologique. Cette activation ne suffit pas à provoquer une émotion (en contradiction avec James, pour lui c’était spécifique)

2) Nous cherchons une explication appropriée lors du contexte actuel. L’interprétation cognitive détermine la qualité d’une émotion.

Attribution de l’émotion, Expérience de Dutton & Aron (1974) : Une femme attirante procède à des entretiens, pose des questions pour une enquête, donne son numéro de téléphone au cas où les sujets souhaitent obtenir de plus amples informations. Deux conditions : 1. Sur un pont suspendu instable et en hauteur, 2. Sur un banc après avoir traversé le pont. ! Combien d’hommes la rappelleront ? Résultats : Il y a plus d’hommes qui étaient sur le pont qui l’ont rappelée. Interprétation : sur le pont, l’activation physiologique globale était plus élevée que dans la situation sur le banc. Les sujets ont fait une fausse attribution : ils ont attribué leur état physiologique à la présence de la femme attirante, ils ont donc pris contact plus souvent que ceux qui étaient sur le banc.

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Expérience sur l’évaluation, Lazarus & al. (1965) : A présenté un film bouleversant d’un événement très douloureux comme une circoncision ou un accident montrant la perte d’un doigt. Trois groupes différents ont été constitués :

1) « Négation » : c’est un film joué par des acteurs 2) « Intellectualisation » : Regarder le film avec distance (par exemple du point de vue d’un

expert) 3) Groupe contrôle (sans consigne)

La VD était la réponse galvanique de la peau (microsudation) ! mesure du stress Résultats : la réponse était plus forte pour le groupe contrôle, suivi par le groupe « négation ». Les réactions les plus faibles ont été obtenues par les sujets ayant intellectualisé l’expérience en adoptant la perspective d’un expert.

" L’évaluation a changé l’activation physiologique, ce qui est en contradiction la théorie de James & Lange selon laquelle l’activation physiologique précède l’évaluation cognitive.

" Les réponses obtenues sont également en contradiction avec la théorie de Schachter & Singer qui propose une indépendance de l’activation physiologique par rapport à l’évaluation cognitive, les consignes pouvant influencer la réponse corporelle.

Emotions et cerveau : Processus :

1) Réaction immédiate, boucle réflexe : image sur la rétine (considérée comme dangereuse ou

effrayante) ! thalamus, line direct avec l’amygdale (impliqué dans le traitement des informations émotionnelles) ! décision de prendre la fuite, arrêter la marche

" Réaction motrice sans passer par le cortex

2) 2ème boucle vers le cortex visuel pour analyser plus finement

Chez certains patients, ablation d’une partie du cortex visuel ! plus de possibilité d’analyse fine, mais peuvent encore discriminer si les visages ont une émotion positive ou négative ! boucle directe !

Ce sont les aires visuelles et celles de la motricité qui sont activées pour la peur. Pour la joie : que l’aire visuelle ! lien motricité-émotions : préparer la fuite ?

Stimulus : lié à des émotions fortes, mais pas de prédispositions génétiques, sauf éventuellement pour le serpent par exemple, ce qui serait lié à un mécanisme de survie. Sinon, pour ce qui est du 11 septembre ou ce genre d’événements, ces émotions sont stockées de manière individuelle, mais de façon consciente. Attention, les prédispositions génétiques (pour le serpent par ex) n’excluent pas une influence de l’apprentissage (facteurs sociaux).

Emotions pendant le rêve :

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Basé sur les informations stockées en mémoire, puisque il n’y a pas de stimulus extérieur. Les réactions ne sont pas très spécifiques et sont limitées (mouvements oculaires etc. uniquement)

La prise de décision

Raisonnement :

Processus cognitif par lequel on commence avec un information et on arrive à des conclusions qui dépassent cette information.

Raisonnement déductif :

On tire une conclusion logique à partir de deux prémisses. Exemple : Prémisse 1 : Julie a obtenu un diplôme en psychologie, Prémisse 2 : Il faut au moins 4 pour obtenir un diplôme, Conclusion : Julie a obtenu au moins la note 4 à son diplôme. Le problème des quatre cartes de Wason (1966) : Solution abstraite : Il y a quatre cartes avec une lettre sur un côté et un chiffre de l’autre, mais on ne voit qu’un côté des quatre cartes. Il faut indiquer les deux cartes qu’il faut retourner pour tester les règles indiquées. « S’il y a une voyelle sur un côté, il y a un nombre pair sur l’autre ». etc. Solution concrète : Imaginez-vous être un travailleur à la poste. D’après les règlements, une lettre cachetée doit être affranchie à 5p. Lesquelles des enveloppes faut-il retourner pour vérifier la règle ? ! Même structure de logique, mais le raisonnement abstrait est plus compliqué que le raisonnement concret parce que les sujets peuvent établir un rapport entre des règlements réels. Question de contexte ! La sous-utilisation de l’information abstraite : 87 étudiants choisissent de prendre des cours en fonction de 3 conditions :

1) D’évaluations moyennes des cours par leurs pairs sur des échelles de notation (base rate = information disponible des chiffres) ! information abstraite

2) Evaluation orale sur la même échelle de notation et bref commentaire sur le cours venant de quelques étudiants ayant déjà suivi le cours (face à face)

3) Contrôle (pas d’évaluation du cours)

" Les commentaires « face-à-face » ont plus d’impact sur la décision de choisir le cours que la « base-rate » (information abstraite)

La tâche de Wason et le raisonnement pragmatique : Schéma de permission : si une personne satisfait la condition A alors il peut effectuer l’action B La version abstraite du problème des quatre cartes de Wason est approchée sous l’angle d’un problème abstrait de logique. La version concrète est approchée dans le but de s’assurer que la personne a le droit d’envoyer une lettre ce qui active le schéma de permission. ! Activer le schéma de permission augmente le taux de succès dans la tâche de Wason

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Voir aussi l’expérience de Chen & Holyoak (1985) La tâche de Wason et l’approche évolutionnaire : Perspective évolutionnaire de la cognition : beaucoup de caractéristiques de nos esprits peuvent être attribuées aux principes évolutionnaires de la sélection naturelle. Théorie de l’échange social : capacité de deux personnes à coopérer d’une manière dont toutes les deux peuvent profiter. Détection de la tricherie : par exemple quelqu’un qui envoie une lettre avec un affranchissement insuffisant ! indispensable pour augmenter le mécanisme de coopération. Mais en général, pas de consensus sur les mécanismes Conclusion modeste : le raisonnement dépend du contexte. La punition altruiste : Jeu coopératif : Au début, joueur A et B recoivent 10 francs. Le joueur A commence avec l’option d’envoyer ses 10 francs au joueur B. Si A choisi cette option, l’expérimentateur multiplie par 4 la somme recue par B soit 40.-. Puis B a l’option d’envoyer 25.- de ses 50 .- à A. si le joueur B garde les 50 .-, il commet une violation de la norme. Comment va réagir joueur A si le joueur B décide de garder tout l’argent ? Implication du noyau caudé : si on reçoit de l’argent, cette aire est activée. Pour la punition, ce même noyau est activé ! punition = récompense ? Il semble il y avoir quelque chose de positif à punir le joueur non altruiste (vengence) Le raisonnement inductif : Conclusions à partir de preuves. Les prémisses sont basés sur l’observation s’un ou plusieurs cas spécifiques et une généralisation est faite à partir de ces observations. Impossibilité de déterminer la vérité, seule la probabilité peut être jugée. Exemple : une étudiante a observé que le professeur X pose beaucoup de questions sur les procédures expérimentales. Basé sur ceci, elle prédit que l’examen sera similaire. La disponibilité : Corrélations illusoires : il semble qu’une corrélation existe, bien qu’il n’y en ait pas. Stéréotypes : généralisations simplifiées sur un groupe de personnes. Les stéréotypes font que l’on prête attention aux cas qui confirment le stéréotype, cela suggère qu’il y ait une corrélation.

" L’attention sélective aux comportements stéréotypiques rend les comportements plus disponibles. ! on pense qu’ils sont plus probables.

L’expérience personnelle fait partie de la disponibilité, mais ne correspond pas forcément à la réalité. ! tendance à surestimer son expérience personnelle

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Exemple heuristique : Les gens craignent plus un crash d’avion que de voiture, bien qu’un accident de voiture est plus probable. ! le crash d’avion est plus rare donc pertinent quand il arrive, attire plus l’attention (médias) donc est plus atteignable cognitivement. Stéréotypes : Histoire du père et du fils ayant un accident. Le père meurt et le fils hospitalisé ! idée de la mère spécialiste ! moins disponible cognitivement. Etude de Correll, Park, Judd & Wittenbrink (2002) : Jeu vidéo, Consigne : quelqu’un tient une arme ou un couteau, si danger peser sur le bouton, Cible : Personnes afro-américaines ou personnes blanches, armées ou non. Résultats : La différence est significative concernant le nombre d’erreur : on a plus tendance à appuyer sur le bouton quand la personne sur la photo est noire. La représentativité : Tversky & Kahneman (1974) :

- La loi des grands nombres : plus l’échantillon est grand, plus le groupe est représentatif de la population entière

- Une population plus petite est moins représentative et s’écarte plus des vraies proportions - Le problème du raisonnement est que les gens présument que la représentativité tient même

pour des petits échantillons. Prototypes de Rosch : Le concept : oiseau, ! l’hirondelle est plus un prototype d’oiseau que le pingouin, mais le pingouin est un oiseau malgré tout. Même chose pour une femme blonde : est-elle suédoise ou italienne ? ou pour une fille lisant un livre : est-ce que cette femme étudie la psychologie ou les mathématiques ? La prise de décision : Implique un choix entre différentes alternatives et peuvent inclure un raisonnement déductif et inductif. Effet du cadre : Exemple : Imaginez-vous que les USA se préparent à l’arrivée d’une maladie qui devrait tuer 600 hommes. Deux programmes alternatifs ont été proposés pour lutter contre la maladie. Supposez que les estimations scientifiques des conséquences des programmes sont :

- Si le programme A est adopté, 200 hommes seront sauvés ; - Si le programme B est adopté, la probabilité que les 600 hommes soient sauvé est de 1/3 et la

probabilité que personne ne soit sauvé est de 2/3. Plus tard, deux propositions supplémentaires sont avancées :

- Si le programme C est adopté, 400 hommes mourront ; - Si le programme D est adopté, la probabilité que personne ne meure est de 1/3 et la

probabilité que les 600 hommes meurent est de 2/3

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" Stratégie pour éviter un risque : sauver 200 vies est plus attractif que le risque que personne ne soit sauvé ! quand le problème est exprimé en termes de gains.

" Stratégie de prendre un risque : la mort certaine de 400 personnes est moins acceptable qu’un risque de 2/3 que 600 personnes ne meurent ! quand le problème est exprimé en termes de pertes.

Les gens prédisent mal leurs réactions émotionnelles face à un événement : Illusion de la focalisation : Les gens se focalisent sur un aspect de la situation et ignorent les autres aspects qui peuvent aussi être importants. Exemple : Question A : Dans quelle mesure êtes-vous heureux ?, Question B : combien de rendez-vous avez-vous eu durant le mois passé ? Dans l’ordre A!B, la corrélation entre les questions est plus faible (0.12) que dans l’ordre B!A (0.66). Poser la question sur les rendez-vous amène les sujets à se focaliser sur cet aspect de leur vie et cette perspective resserrée détermine les évaluations du bonheur.

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La conscience Mécanismes implicites : Tests d’associations implicites : Association déjà établie avant permettant initialement de grouper deux concepts et ensuite grouper deux concepts moins évidents Voir tests effectués en classe (dominant-masculin, subordonné-féminin etc) Préjugé inconscient : Expérience de Devine (1989) : Est-ce que les préjugés ont une influence sur les jugements, même si cette influence est contraire à ses valeurs conscientes ? Groupement des sujets selon un questionnaire sur l’attitude raciste. Deux groupes : préjugé élevé, préjugé bas. Les sujets ont vu des mots liés aux préjugés vis-à-vis des afro-américains (par ex paresseux, délinquant, musical etc.). Les mots ont été présentés de manière subliminale (sans reconnaissance consciente), puis les sujets ont lu la description ambiguë d’une personne et ont du indiquer leurs impressions sur sa personnalité (par ex fiable etc.). Résultats : les deux groupes ont été influencés par la présentation des stimuli subliminaux.

" Attention aux mécanismes implicites ! « Hindsight Bias » : Jugement d’un stimulus, d’une situation ou d’un événement peut être modifié si le sujet a entre temps eu connaissance du résultat. Ce biais existe aussi pour la perception visuelle (cf exemple avec la photo d’Angelina Jolie floue et devenant de plus en plus nette ! avec la connaissance de l’identité de la personne, on regarde l’image différemment) Epistémologie : Qualia : Expériences qualitatives en première personne. Exemple : un scientifique aveugle qui connait tout de la perception des couleurs (mécanismes rétiniens, seuils différentiels, etc.) Ce scientifique aurait-il une perception nouvelle si on lui rendait la vision ? Oui car ce qui lui manque se sont les qualia, l’expérience subjective de la vision. Dualisme : Descartes : Suppose l’existence de deux substances complètement indépendantes :

- « res extensa » : substance étendue - « res cognitans » : substance pensante (qualia)

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L’âme (res cognitans) produit des mouvements (par exemple décision de bouger la main) et les événements déclenchent des réactions subjectives (par exemple la perception)

" Il y a donc tout de même des influences de l’un sur l’autre. Les deux substances ne peuvent pas être totalement indépendantes l’une de l’autre. La causalité implique un rapport de dépendance. Descartes a cru que la glande pinéale était l’endroit où la substance pensante et l’étendue interagissent. En réalité, cette glande existe dans le cerveau, mais ne joue pas ce rôle. Parallélisme : Leibniz : Reprend les deux substances de Descartes, mais pense qu’il n’y a pas d’interaction entre celles-ci. Parfois, l’étendue n’est pas accompagnée par la pensée ! elle est peut-être implicite. ! Il n’y a pas d’influence mais il semble y en avoir grâce à l’harmonie préétablie (= explique comment les unités se passent et semblent s’influencer mutuellement) Monisme : Spinoza : Il existe une seule substance et tous les phénomènes sont des attributs de cette même substance. Par exemple : un mécanisme cérébral peut être décrit, analysé – potentiel d’action, seuil différentiel etc. – et aussi permettre la perception ! cela reste toujours une seule substance. Le problème corps-esprit : Fonctionnalisme : Insiste sur les fonctionnalités des états mentaux (par exemple désir, croyances) lorsque le support physique importe peu. Physicalisme : Le mental est une réalité physique. Pour tout événement mental, il y a un événement physique auquel il est identique. ! L’état mental doit être décrit par un processus cérébral. Eliminativisme : Propose de choisir l’explication la plus proche du fonctionnement des neurones. ! Il faut se baser sur les bases cérébrales que nous connaissons car les concepts tels que « perception », « attention » sont trop flous. On ne peut donc se baser que sur le fonctionnement neuronal. Matérialisme réducteur : Les états psychiques sont des épiphénomènes (=symptômes accessoires qui se rajoutent aux symptômes essentiels). Point de vue radical ! cela ne sert à rien de prendre en compte les états psychiques pour comprendre comment ça fonctionne. Neuropsychologie et conscience : Trois lésions cérébrales :

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- héminégligence : lobe pariétal - agnosie : cortex temporal - blindsight : cortex visuel

Héminégligence :

Le sujet cérébrolésé du côté droit par exemple peut souffrir d’héminégligence et ignorer ou négliger complètement les stimuli provenant du côté gauche (côté controlatéral à la vision). Il n’y a pas de troubles au niveau sensoriel, c’est vraiment au niveau du cortex (les yeux, le nerf optique, la rétine sont intacts)

Les patients héminégligents montrent aussi des signes de négligence en imagerie mentale (! imagerie et perception partagent en partie des mécanismes cérébraux communs !)

Voir expérience sur l’imagination d’une place bien connue.

Héminégligence et perception implicite :

Si on dessine une maison avec des flammes du côté négligent du patient et que l’on en dessine une autre tout à fait normale et que l’on demande au sujet dans quelle maison il préfère habiter, il va répondre la maison normale. ! il y a tout de même un traitement implicite de l’information.

Réhabilitation de l’héminégligence :

Adaptation aux lunettes avec prismes : Le patient ne perçoit, par exemple, pas du côté gauche. Avec un prisme, on dévie le regard. On a décalé le champ visuel vers la droite pour qu’il perçoive la partie qui tombe normalement sur le côté négligé. Avec cette manipulation, le patient est obligé d’explorer le côté négligé avec ses mains pour saisir l’objet. Après un laps de temps, les effets de l’héminégligence sont réduits. MAIS pas de traitement à long terme, seulement à court terme. Cette méthode fonctionne grâce à une certaine plasticité = adaptation de la personne à la situation.

Autre exemple de plasticité : « Rubber Hand Illusion » : La main du sujet est cachée et une main artificielle est placée devant lui. Cette dernière est stimulée et on constate que sa propre main bouge également. Après un laps de temps, le sujet a l’impression que la main artificielle lui appartient.

Agnosie : Concerne la perception visuelle. Troubles d’identification perceptive propre à un canal sensoriel donné et fonctionnellement préservé. Il existe des agnosies spécifiques, comme par exemple la prosopagnosie qui est l’incapacité de reconnaitre des visages. Etude de Bergmann & al (1994) : Patient C.K. : accident de la circulation, déficits cognitifs majeurs, capacité d’apprentissage limité, planification réduite, distractibilité.

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- Reconnaissance visuelle : 16 objets sur 23 (confond une scie avec un couteau, ne reconnait pas certains objets)

- Reconnaissance tactile : 23/23 - Reconnaissance visuelle des dessins schématiques : 18/60

Les agnosies sont toujours des lésions sur le cortex temporal. Voie dorsale : impliquée dans le traitement spatial et prépare le mouvement des sujets. On peut parfois utiliser la voie ventrale lorsque la voie dorsale n’est plus intacte.

Mouvements oculaires : un déplacement invisible de la cible est enregistré au niveau des mouvements oculaires ! utilisation de la voie dorsale : les yeux prennent en considération le changement de position de la cible même si le sujet n’a rien vu consciemment

Blindsight : Lésion du cortex visuel primaire (dans le champ visuel opposé au site de la lésion ou lésion bilatérale ! cécité corticale complète). Absence de perception visuelle consciente. Détection des cibles en partie préservée (supérieure au hasard) ! capables d’indiquer si la source visuelle était présentée à droite ou à gauche. Le sujet ne perçoit plus même si les yeux, la rétine etc. sont intacts. ! corticalement aveugles.