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Emmanuelle Marévéry Licence 3 de Psychologie - UE 64 EC1 Année 2015-2016 Université de REIMS- SEPAD Tuteur : Dr Dimitri Voisin, Maître de conférences en Psychologie Sociale Travail d’étude et de recherche Effet de l’auto-affirmation sur l’acceptation du message et l’auto- efficacité dans le cadre de l’activité physique 1

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Emmanuelle Marévéry

Licence 3 de Psychologie - UE 64 EC1 Année 2015-2016Université de REIMS- SEPAD

Tuteur : Dr Dimitri Voisin, Maître de conférences en Psychologie Sociale

Travail d’étude et de recherche

Effet de l’auto-affirmation sur l’acceptation du message et l’auto-efficacité dans le cadre de l’activité physique

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Remerciements

Je tiens particulièrement à remercier Dimitri Voisin pour son accompagnement, son aide, sa

patience et sa bienveillance tout au long de ce projet de recherche.

Mes remerciements vont également à Angélique Véron-Tarabeux, pour son soutien, sa

réactivité et son amitié. Sans elle, je n’aurais pu atteindre autant de participants.

Enfin, je remercie Maxime Lardeur, qui m’accompagne depuis tant d’années dans la

compréhension de l’univers passionnants des sportifs, pour son soutien tout au long de ce

projet.

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Sommaire

Résumé………………….………………...…………………………………………………….. 4

1. Cadre théorique....................................................................................................................5

1.1. L’activité physique :.......................................................................................................5

1.2. La menace identitaire :....................................................................................................5

1.3. La théorie de l’auto-affirmation......................................................................................6

1.4. L’Auto-efficacité :..........................................................................................................7

1.5. Problématique.................................................................................................................8

2. Hypothèses :........................................................................................................................8

3. Méthodes :...........................................................................................................................9

3.1. Vue d’ensemble :............................................................................................................9

3.2. Plan expérimental :.........................................................................................................9

3.3. Participants....................................................................................................................10

3.4. Procédure et Matériel................................................................................................10

3.4.1. Procédure d’auto-affirmation....................................................................................10

3.4.2. Message de l’OMS....................................................................................................11

3.4.3. Acceptation du message............................................................................................11

3.4.4. Efficacité du message................................................................................................12

4. Résultats ............................................................................................................................13

4.1. Acceptation du message................................................................................................13

4.2. Effet sur l’auto-efficacité et l’intension........................................................................14

4.3. Effet de l’ancienneté.....................................................................................................16

5. Discussion..........................................................................................................................16

5.1. Résultats sur l’acceptation du message.......................................................................17

5.2. Résultats sur l’auto-efficacité......................................................................................17

5.3. Limites méthologiques  et perspectives.......................................................................19

6. Conclusion…..……………....…………………………………………………………………...20

Bibliographie………………………………………………………………………………….20

Annexes

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Résumé :

Les messages de prévention peuvent engendrer une menace pour l’image de soi des personnes

ne respectant pas la préconisation énoncée. La théorie de l’auto-affirmation illustre comment

il est possible de réduire cette menace. Cette étude s’intéresse aux effets de l’auto-affirmation

sur l’acceptation du message de l’OMS sur l’activité physique et sur l’auto-efficacité, c’est-à-

dire le fait de se sentir capable de respecter les préconisations. Les hypothèses sont que, en

condition d’auto-affirmation, les personnes peu actives sont plus à même d’accepter le

message et de suivre les recommandations. On s’attend également à des effets d’interaction

entre l’auto-affirmation et la perception de respecter les consignes de l’OMS. Dans ce but, un

questionnaire en ligne a été administré à 148 personnes. Les hypothèses sont confirmées.

Mots clefs: Menace identitaire, message de prévention, auto-affirmation, auto-efficacité,

acceptation d’un message, pratique sportive, persuasion

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1. Cadre théorique

1.1. L’activité physique :

L’OMS1 définit l’activité physique comme étant  « tout mouvement produit par les muscles

squelettiques, responsable d'une augmentation de la dépense énergétique ». McAuley,

Blissmer et Marquez (2001) font le lien entre la pratique d’une activité physique et un

ensemble d’indicateurs généraux concernant la santé physique et psychologique. Ainsi,

pratiquer une activité physique permet de diminuer le risque d’accidents coronariens, de

cancer et de toutes les causes de mortalité (Blair et all, 1989) elle diminue également le risque

de dépression tout en améliorant les fonctions cognitives (Dustman, Emmerson et Shearer,

1994)

Avec l’augmentation des comportements sédentaires, notamment chez les adolescents, l’OMS

a ciblé, parmi ses priorités, l’activité physique avec pour objectif d’encourager tout un chacun

à pratiquer chaque jour 30 minutes d’activité physique pour éviter les dommages liés à la

sédentarité. S’intéresser donc à l’impact de ce message est d’un intérêt sanitaire mondial et

capital.

1.2. La menace identitaire :

Les messages préventifs, en explicitant l’augmentation de la probabilité d’encourir un risque

lié à la santé par un comportement donné, peuvent provoquer une menace identitaire chez les

personnes ne respectant pas les préconisations énoncées. Ce phénomène peut aboutir à un

rejet du message par ces personnes. Concrètement, les individus se retrouvent confrontés à

1 Organisation Mondiale de la Santé

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une situation où ils apprennent que leurs comportements, ou que leurs croyances, ne

concordent pas avec les préconisations provenant d’un message au sujet de sa santé ; quand

c’est le cas cette personne se met généralement sur la défensive et développe des stratégies de

coping (Lazarus et Folkman, 1984). On dit qu’elle subit une menace identitaire car l’intégrité

du soi peut être directement affectée par ce message mettant en évidence l’inadéquation du

comportement. Ainsi, lors de la lecture d’une telle information, le sujet développe des

mécanismes de défense visant à rejeter le message. Il va, par exemple, chercher des erreurs

dans le discours, nier les résultats ou encore les rationaliser rendant la portée du message

moins efficace (Sherman et Cohen, 2006). Ainsi, on retrouve chez les fumeurs, l’optimisme

comparatif (« je ne suis pas un fumeur typique, je ne suis donc pas dans la population à

risque », Weinstein, 1990). De même, les jeunes buvant le plus d’alcool durant les soirées

nient les effets délétères sur le cerveau (Voisin, Girandola, David et Aim, 2016). Le message

peut également amener à une rationalisation (Sherman, Cohen, 2006).

Comment éviter le rejet du message et augmenter son efficacité ? Comment motiver le

changement de comportement ?

1.3. La théorie de l’auto-affirmation

Pour répondre à cette problématique, Steele (1988) a développé la théorie de l’auto-

affirmation. Cette théorie part du constat qu’un individu cherche à maintenir positive, stable et

contrôlée l’image qu’il a de lui-même. Lorsqu’une personne a une activité néfaste ou nocive

pour lui, on dit qu’il y a dissonance entre le comportement (réalisation de l’acte nocif) et la

réalité (prise de risque ayant des conséquences prouvées ou évidente sur la santé). Comme

indiqué ultérieurement, c’est cette dissonance qui menace l’intégrité du soi, le sujet va alors

développer des stratégies pour diminuer la menace identitaire et les stratégies de défense

rendent peu efficaces les messages préventifs.

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Les techniques d’affirmation de soi permettent de diminuer les effets de la menace car elles

permettent de restaurer l’intégrité du soi, de développer une meilleure aptitude à faire face en

ouvrant les perspectives et augmentent les ressources pour modifier le comportement

(Sherman et Cohen, 2006). Le besoin de rationaliser l’information diminue. Une des

conséquences de l’auto-affirmation est que l’acceptation du message augmente (Epton et

Harris, 2016) ce qui est un enjeu majeur dans les messages préventifs.

La théorie de l’auto-affirmation est concrétisée dans la pratique, lorsque, par exemple, un

sujet est amené à écrire sur une des valeurs personnelles importantes pour lui, comme les

relations avec la famille et les amis ou la liberté. Cette démarche a pour effet de réduire les

mécanismes de défenses provoqués par un message véhiculant une menace identitaire

(Sherman et Cohen, 2006, McQueen et Klein, 2006). Le sujet est porteur de davantage

d’émotions positives et également plus à même d’accepter les informations délivrées par le

message comme étant véridiques que lorsqu’il est amené à écrire sur des valeurs qui ne sont

pas importantes pour lui (Crocker, Niiya et Mishkowski 2008). Pour résumer, de nombreuses

études démontrent les effets bénéfiques de cette méthode sur l’estime de soi, la réduction des

défenses (Steele et Liu, 1983) et l’acceptation du message (Epton et Harris, 2016).

1.4. L’Auto-efficacité :

Un des changements attendus par l’auto-affirmation est une augmentation du sentiment

d’auto-efficacité qui se définit comme étant « croyances relatives à ses propres capacités à

exécuter avec succès une série d’actions en vue de répondre aux demandes particulières d’une

tâche » (Bandura, 1986) ou encore « le sentiment de se sentir capable de réussir d’atteindre un

objectif » (Sherman, 2002).

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L’auto-affirmation influence donc l’auto-efficacité du groupe menacé, car en ouvrant les

perspectives et en augmentant les ressources, il offre davantage la possibilité à l’individu de

modifier son comportement et, par conséquent, de réduire la dissonance entre son propre

comportement et la réalité.

McAuley, Blissmer et Marquez (2001) indiquent que « le sentiment d’auto-efficacité est l’un

des concepts les plus pertinents pour expliquer l’engagement et le maintien de

l’investissement dans une pratique physique à des fins de santé ». L’auto-efficacité serait donc

un prédicateur important dans la mise en pratique des recommandations de l’OMS quant à

l’activité physique. Apporter plus d’auto-efficacité est donc un enjeu majeur.

L’affirmation de Soi pourrait donc être un moyen pour changer les comportements.

1.5. Problématique

Dans cette étude, nous allons nous intéresser à l’impact d’un message de persuasion sur la

santé concernant l’activité physique sur deux populations : un groupe qui déclare respecter

actuellement les consignes de l’OMS et un autre groupe déclarant ne pas respecter les

consignes.

Comment est-ce que ceux qui ne pratiquent pas assez vont percevoir les prérogatives de

l’OMS ? L’auto-affirmation peut-elle les amener à pratiquer davantage via une augmentation

de l’auto-efficacité ?

2. Hypothèses :

Après avoir été amenés à disserter sur une valeur importante pour eux (condition auto-

affirmation), les sujets peu sportifs se sentiront moins sur la défensive à la lecture du message

et seront donc plus susceptibles d’y adhérer, le message sera ainsi plus efficace. On devrait

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observer par conséquent qu’ils se sentent plus capables de modifier leur comportement.

Autrement dit, leur acceptation du message et leur auto-efficacité devraient être

significativement plus grandes que celle du groupe contrôle.

Pour le groupe le plus sportif, il est attendu qu’il ne sera pas particulièrement menacé par le

message (bien que n’atteignant pas souvent le seuil d’activité sportive recommandé de

l’OMS), on devrait observer des effets moindres, voir nul de l’auto-affirmation sur l’auto-

efficacité.

Enfin, McAuley et all ont réalisé une série d’études (McAuley et all, 1991 et 1993) montrant

que la pratique physique à long terme et la pratique intensive pouvait accroitre les perceptions

d’auto-efficacité sur le plan physique. On peut donc s’attendre dans cette étude à relever une

augmentation de l’auto-efficacité en fonction de l’ancienneté de pratique.

3. Méthodes :

3.1. Vue d’ensemble :

L’expérience a pour but de tester si le fait de s’auto-affirmer avant de lire un message

menaçant pour les personnes ne respectant pas les consignes de l’OMS a une influence sur

l’auto-efficacité. Les participants sont aléatoirement assignés à deux conditions : avec auto-

affirmation et sans auto-affirmation (contrôle) avant de lire un message de l’OMS concernant

l’activité physique.

3.2. Plan expérimental :

Il s’agit d’un plan expérimental 2 (condition : avec et sans auto-affirmation) x2 (respect des

consignes de l’OMS : groupe déclarant respecter les consignes et ceux qui déclarent ne pas les

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respecter). La seconde variable, respect des consignes, est auto-évaluée par le participant. Les

mesures principales sont l’acceptation du message et l’auto-efficacité.

3.3. Participants :

148 personnes, dont 113 femmes et 35 hommes, vivant dans le nord de la France ou en

Belgique francophone ont répondu à l’enquête à laquelle ils ont été conviés par mail. Un lien

internet leur permettait d’accéder à l’enquête. Les participants sont âgés de 19 à 67 ans

(Mage=36,23 ans, σage= 11,52) et 85,14% d’entre eux déclarent avoir une pratique sportive

(14,86% n’ont pas d’activité sportive).

Le message de l’OMS s’adressant aux adultes, le seul critère d’exclusion est l’âge des

participants qui doit être supérieur à 18 ans.

Les participants ont été recrutés sur une base de données en tant qu’inscrits à un club sportif.

Il convient de mentionner que, suite à une erreur d’affichage, un nombre plus important de

personnes a répondu au questionnaire dans les conditions auto-affirmation que dans la

condition contrôle (N=93 personnes en auto-affirmation contre N= 55 personnes sans auto-

affirmation en condition de contrôle). Le nombre induit des biais dans le calcul qui seront

discutés plus loin.

3.4. Procédure et Matériel :

Les participants sont invités à remplir en ligne un questionnaire d’une dizaine de minutes.

3.4.1. Procédure d’auto-affirmation :

Tout d’abord, les participants prennent connaissance d’une liste de 10 valeurs. Dans une

première étape, ils doivent classer les valeurs de la plus à la moins importantes pour eux. Puis,

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dans une seconde étape, ils doivent disserter quelques lignes autour d’une valeur (Voisin D.,

2016, adapté de Sherman et all, 2000). La moitié des participants dissertent sur la valeur

désignée par eux comme étant la plus importante pour eux (condition auto-affirmation) et

l’autre moitié sur la valeur la moins importante pour eux (condition contrôle). L’intégralité de

cette procédure est disponible en Annexe 1.1.

3.4.2. Message de l’OMS :

Après avoir rempli un questionnaire sur la pratique sportive, les participants sont invités à lire

un extrait du message de l’OMS sur l’activité physique. Après avoir défini ce qu’est l’activité

physique, l’article recommande d’avoir au moins 30 minutes d’activité physique par jour.

Puis les risques liés à l’absence d’activité physique sont explicités (décès imputés à la

sédentarité et facteur de risque de maladie, comme les cancers, le diabète, les cardiopathies

…). Enfin l’article présente les bénéfices de la pratique (amélioration de la santé

fonctionnelle, des os, contrôle du poids, …) et conclut en affirmant qu’un adule sur quatre

manque d’exercice. L’extrait est disponible dans son intégralité en Annexe 1.2.

3.4.3. Acceptation du message :

Pour étudier l’acceptation du message, les réponses aux informations présentées sont

mesurées en utilisant au total 9 items (l’α de Cronbach est de 0,88).

Quatre items sur une échelle de Likert en 9 points concernent l’acceptation des résultats de

la recherche (Crocker et all., 2008 adapté de Sherman et all., 2000) comme par exemple : « à

quel point pensez-vous que les conclusions sont justifiées par des recherches antérieures ?».

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Deux items sur une échelle de Likert en 9 points mesurent l’acceptation du message (Voisin

et all., 2016 adapté de Sherman et all.,2000) comme par exemple « Pour vous, à quel point il

est important d’avoir une activité physique ? ».

Trois items sur une échelle de Likert en 7 points mesurent l’acceptation et dérogation du

message (Good, Harris, Jessop, Abraham, 2015, adapté de Ruiter, Verplanken, Kok and

Werrij, 2003), pour ses trois items, une même question est posée « qu’avez-vous pensé des

informations que vous venez de lire sur l’activité physique ? ». La dérogation, mesurée par la

réponse aux propositions « C’était exagéré » et « On a essayé de manipuler mes sentiments »,

illustre le rejet du message et la mise en place de mécanisme de défense. L’item mesurant

l’acceptation demande d’évaluer la proposition « C’était persuasif ».

L’ensemble des items est disponible en Annexe 1.3.a.

3.4.4. Efficacité du message :

Deux items sur une échelle de Likert en 7 points mesurent l’efficacité de la réponse (Good,

Harris, Jessop, Abraham, 2015, adapté de Ruiter, Verplanken, Kok and Werrij, 2003) comme

par exemple : « Avoir au moins 30 minutes d’activité physique modérée par jour permet de

réduire le risque de mortalité lié à la sédentarité ».

Trois items une échelle de Likert en 7 points mesurent l’auto-efficacité (Good, Harris,

Jessop, Abraham, 2015, adapté de Ruiter, Verplanken, Kok and Werrij, 2003). Par exemple

« Je suis confiant(e) sur ma capacité à faire au moins 30 minutes d’activité modérée par jour

pendant les sept prochains jours ».

Enfin un item mesure l’attente de changement comportemental (Good, Harris, Jessop,

Abraham, 2015, adapté de Ruiter, Verplanken, Kok and Werrij, 2003): « Sur les 7 prochains

jours, combien de jours espérez-vous pratiquer une activité physique modérée pendant au

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moins 30 minutes ? »  Les participants doivent se prononcer sur le nombre de jours (de 0 à 7

jours) où ils comptent faire du sport.

Il convient de noter que les 2 premiers items mesurent l’efficacité du message sur la

compréhension des enjeux véhiculées par l’article alors que les 3 items suivants mesure

l’auto-efficacité c’est-à dire est-ce que la personne se sent capable de respecter la

préconisation. (L’α de Cronbach est de 0,87). L’analyse ACP, disponible en Annexe 2,

montre ses deux dimensions ne sont pas corrélées, seules les items liés à l’auto-efficacité

seront prise en compte dans l’analyse. L’ensemble des items est disponible en Annexe 1.3.b.

4. Résultats :

4.1. Acceptation du message :

L’hypothèse sur l’acceptation du message est que l’auto-affirmation ferait baisser les défenses

et donc augmenterait l’acceptation du message.

Si l’on regarde les résultats sur l’acceptation du message, on observe qu’en condition d’auto-

affirmation (M=7,20, σ=1,16), les participants acceptent davantage le message que le groupe

contrôle (M=7,09, σ = 1,41). Cependant ses résultats ne sont pas significatifs (F(1,144),

p=.44) ce qui suggère que l’auto-affirmation n’a pas d’effet sur l’acceptation du message.

En outre, les participants déclarant respecter les consignes de l’OMS (M=7,30, σ=1,40)

semblent davantage accepter le message que ceux qui ne les respectent pas (M=6,90, σ =

1,44). Ces résultats sont presque significatifs (F(1,144)=3,75, p=.055). Cet effet est attendu

car la menace perçue doit être moins forte pour les personnes qui pensent respecter les

consignes de l’OMS.

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En étudiant les résultats de l’ANOVA, on voit que les effets de l’auto-affirmation sont les

plus forts sur le groupe qui ne respectent pas les consignes. Comme attendu, la différence

entre les moyennes de l’acceptation du message est plus grande pour le groupe contrôle, entre

ceux qui respectent et ceux qui ne respectent pas les consignes (ΔAcceptation (Respect-Non respect) =1,7)

que pour le groupe auto-affirmation (ΔAcceptation(Respect–Non respect)=0,10). L’effet d’interaction entre

l’auto-affirmation et le respect des consignes sur l’acceptation du message est significatif

(F(1,144)=4,40, p=.0038). Pour les personnes ne respectant pas les consignes de l’OMS,

l’auto- affirmation permet une meilleure acceptation du message.

4.2. Effet sur l’auto-efficacité et l’intension :

Le message étant mieux accepté, on s’attend à un effet consécutif sur l’auto-efficacité.

En analysant les effets de l’auto-affirmation sur l’auto-efficacité, on peut relever qu’en

condition d’auto-affirmation (M=5,51, σ= 1,60) les participants font preuve de plus d’auto-

efficacité que le groupe contrôle (M=5,34, σ = 1,74). Cette différence est significative

(F(1,144) =7,34, p=.007). Cela signifie qu’il y a un effet de l’auto-affirmation sur le sentiment

d’auto-efficacité et donc, quelle que soit la pratique sportive actuelle, les participants se

sentent davantage capable de pratiquer 30 minutes d’activité physique par jour.

Si on s’intéresse à l’effet du respect des consignes sur l’auto-efficacité, on s’attend à ce que

les personnes qui pratiquent déjà (M=6,35, σ =1,47) se sentent également plus capables de

pratiquer 30 minutes par jour que ceux qui ne respectent pas les consignes de l’OMS

(M=3,78, σ = 1,47) indépendamment de l’auto-affirmation. Ce résultat, à priori évident, est

très significatif (F(1,144)=196,53, p<0,001). De même, la différence entre les moyennes

d’auto-efficacité est plus grande pour le groupe contrôle entre ceux qui respectent et ceux qui

ne respectent pas les consignes (ΔAutoefficacité (Respect-Non respect) =3,22) que pour le groupe auto-

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affirmation (ΔAutoefficacité (Respect – Non repsect) =2,35). L’effet d’interaction entre l’auto-affirmation et le

respect des consignes sur l’auto-efficacité est significatif F(1,144)=4,73, p=.0031).

Table 1. Moyenne et écart type de l’Acceptation du message et de l’Auto-efficacité selon chacune des conditions (auto-affirmation et contrôle)

Auto-affirmés Pas d’affirmation (contrôle)Respect des consignes (N=56)

Non respect des consignes (N=37)

Respect des consignes (N=40)

Non respect des consignes(N=15)

Acceptation du message

M =7,24σ = 1,16

M =7,14σ = 1,18

M =7,38σ = 1,12

M =6,31σ = 1,85

Auto-efficacité M = 6,45σ = 0,78

M=4,10σ =1,49

M = 6,22σ =0,98

M = 3,00σ =1,11

Les figures 1 et 2 illustrent les interactions l’auto-affirmation et le respect des consignes.

Comme attendu, la différence entre les groupes qui respectent et ne respectent pas les

consignes se résorbent grâce à l’auto-affirmation.

Figure 1. Effet de l’auto-affirmation sur l’acceptation du message pour les participants en fonction du respect des consignes de l’OMS

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Figure 2. Effet de l’auto-affirmation sur l’auto-efficacité du message pour les participants en fonction du respect des consignes de l’OMS

Enfin, l’auto-affirmation et le respect des consignes ont un effet presque significatif sur

l’intention de pratiquer lors des 7 prochains jours (F(1,144)=3,74, p=.055). Si on s’intéresse

aux personnes qui ne respectent pas les consignes, ceux qui sont auto-affirmés (M=3,24,

σ=1,66) envisagent en moyenne de pratiquer 30 minutes de sport 1,11 jour de plus lors des 7

prochains jours que le groupe contrôle (M=2,13, σ=1,60).

Sur ce groupe déclarant ne pas respecter les consignes, à la question « pensez-vous de

pratiquer plus souvent  après la lecture du message ?». Aucune personne du groupe contrôle

n’envisage de pratiquer davantage alors que presque un tiers du groupe (29,7%) auto-affirmé

pense pratiquer plus souvent suite à la lecture du message.

Ces deux résultats mettent en évidence un effet positif sur l’intention de l’auto-affirmation

pour le groupe ne respectant pas les consignes.

4.3. Effet de l’ancienneté :

Enfin les effets de l’ancienneté sur l’auto-efficacité ont également été étudiés grâce à une

ANOVA. On note un effet très significatif de l’ancienneté sur l’auto-efficacité (F(5,120)

=5,28, p <.001). Plus on pratique depuis longtemps et plus on se sent capable de pratiquer 30

minutes par jour.

5. Discussion :

L’expérience réalisée illustre que la théorie de l’auto-affirmation de Seele (1988) s’applique

également au champ de l’activité physique. En effet, le fait de disserter sur une valeur

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importante pour soi permet donc, pour les personnes les plus sédentaires, de se sentir plus

capables de pratiquer 30 minutes de sports par jour et d’avoir plus l’intention de pratiquer

dans les prochains jours. Ce résultat, illustré dans la Figure 2, confirme de manière

significative, l’effet de l’auto-affirmation sur l’auto-efficacité ce qui est soutenu, entre autre,

par les travaux de Sherman (2002).

La plupart des études antérieures sur l’auto-affirmation ayant été principalement menées sur

des groupes d’étudiants ou adolescents, il est donc intéressant d’observer ici les mêmes effets

de l’auto-affirmation sur une population plus représentative de la population adulte (Mage =

36,23 ans).

5.1. Résultats sur l’acceptation du message :

Les participants qui pensent ne pas respecter les consignes de l’OMS sont effectivement plus

menacés par le message et acceptent moins le message et produisent davantage de

mécanismes défensifs. On retrouve ses effets dans les travaux de Lazarus et Folkman (1984).

Sur ces personnes, l’auto-affirmation du soi a induit un accroissement de l’estime de soi,

augmentent les ressources et par conséquent l’acceptation du message (Epton et Harris, 2016).

Ainsi les bénéfices de la pratique sportive sont davantage compris et les risques de la

sédentarité davantage pris en compte. Le message est plus persuasif.

Sur le groupe qui respecte déjà les consignes, l’auto-affirmation n’a pas d’effet. Ceux-ci

acceptent le message de la même manière quelques soit les conditions.

5.2. Résultats sur l’auto-efficacité :

Ainsi quand elles sont amenées à rédiger un essai sur une valeur importante pour eux, les

personnes ne respectant pas les consignes de l’OMS dans la pratique, acceptent mieux le

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message. Par conséquent, elles font également preuve d’une plus grande auto-efficacité car

elles déclarent se sentir plus capables de faire 30 minutes de sport par jour car leurs ressources

sont augmentées et les perspectives sont donc plus ouvertes, résultats soutenus par Sherman

(2013) et elles sont plus motivées pour changer de comportement ce qui se traduit par une

plus grande intention de pratiquer dans le futur. Ces résultats confirment les hypothèses de

départ et sont en lien avec les résultats de Sherman et Cohen, (2006). Le message de

prévention ne menace plus l’image de soi (qui a été revalorisée lors de l’auto-affirmation)

mais seulement le comportement inadéquat. Cela offre la possibilité à l’individu de modifier

son comportement et par conséquent de réduire la dissonance entre son propre comportement

et la réalité.

Les sujets les plus sédentaires déclarent, après avoir été auto-affirmés, qu’ils ont l’intention de

pratiquer un jour de plus que le groupe contrôle lors de la prochaine semaine (3,24 jours

contre 2,13). Ces résultats, bien que restant en-deça des préconisations de l’OMS, sont

particulièrement encourageants pour la remise en activité des personnes les plus sédentaires.

En tant que garante de l’engagement et de maintien de l’investissement dans la pratique

sportive (McAuley et all, 2001), l’auto-efficacité permet également de prédire des effets

bénéfiques sur le long terme.

On peut conclure que, dans cette expérience, l’auto-affirmation a augmenté l’influence

positive du message préventif et a eu pour conséquences positives, non seulement sur le

sentiment de se sentir plus capable de pratiquer 30 minutes d’activité par jour mais également

sur l’intention de pratiquer plus souvent dans le futur. Ainsi, il est particulièrement intéressant

d’observer qu’une procédure de quelques secondes peut avoir de forts et durables effets

positifs sur la santé. Au regard de cette étude et des précédentes, l’affirmation du Soi parait

être un moyen efficace pour inciter les personnes à adopter un comportement préventif qui

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pourrait être utilisé sur de nombreux domaines par les organismes promouvant des

recommandations.

En plus de cette conclusion majeure, on observe que, conformément à l’hypothèse de départ,

plus un individu pratique depuis longtemps une activité physique, plus il se sent capable de

pratiquer selon les consignes de l’OMS. Ce résultat est confirmé par McAuley et all, (2001).

Cette perspective est intéressante car elle permet de révéler l’importance de persévérer dans

une activité physique qui apparait comme un cercle vertueux amenant à se sentir davantage

capable de pratiquer.

5.3. Limites méthologiques  et perspectives :

Les échelles de Likert ont été conservées telles qu’elles sont présentées dans leurs articles

d’origine, ce qui fait que sur l’acception du message certains items ont été ramenés

proportionnellement d’une note sur 7 à une note sur 9, ce qui n’est qu’une équivalence assez

approximative. Il conviendra de poursuivre en adaptant les échelles.

Le deuxième biais de l’étude est la dysymétrie de nombre de participants entre les groupes.

En effet, suite à une erreur d’affichage, seulement 55 participants ont eu la version contrôle du

questionnaire (contre 93 pour la version auto-affirmation). Ce biais méthodologique a une

incidence sur les résultats présentés et devra être étudié, soit en augmentant le nombre de

participants, soit en réduisant les groupes en sur-effectifs via une table de hasard par exemple.

Enfin, il a été observé un effet inattendu de l’âge sur l’auto-efficacité. Cet effet est significatif

(F(1,143) p =.005147). On peut émettre l’hypothèse que l’ancienneté augmente avec l’âge et

donc augmente l’auto-efficacité, cette hypothèse est étayée par les travaux de McAuley et all

(2001) qui soulignent que l’ancienneté influence l’auto-efficacité. On peut également

supposer que cet effet est spécifique à la pratique sportive ou que, plus probablement, il est

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possible que l’âge de la population étudiée, moins estudiantine que les études ultérieures, peut

également être à l’origine de ce résultat.

Enfin, on pourra se poser la question de l’impact sur le comportement réel et long terme. Il

serait intéressant de mesurer ultérieurement (J+7 jours) la pratique réelle effectuée par les

participants comme dans l’étude de Good et all (2015).

6. Conclusion :

Cette étude montre les intérêts de l’auto-affirmation dans le domaine de l’activité physique.

Elle conclue, qu’après un court travail d’introspection sur leurs valeurs personnelles, les

personnes les plus sédentaires comprennent davantage les bénéfices de la pratique sportive

ainsi que les risques de la sédentarité illustrés dans le message de l’OMS. Elles se montrent

plus motivées pour changer leur comportement et se sentent davantage capables de se mettre

en mouvement. Ces résultats, soulignant les effets efficaces et concrets de l’affirmation du soi

sur le sentiment d’efficacité personnelle, sont très encourageants et font écho à une

problématique actuelle qu’est la sédentarisation de nos modes de vie.

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