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Journal des Maladies Vasculaires (2008) 33S, S73—S80 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Communications orales — jeudi 2 octobre 2008 Session communications orales « veines » (16 h 30—18 h 00) La maladie veineuse thromboembolique chez l’homme et chez la femme : thrombose veineuse profonde avec ou sans embolie pulmonaire (registre RIETE) J. Ben Cheikh, J-P. Cambou, H. Boccalon, A. Bura-Rivière Inserm 558, service de médecine vasculaire, pôle cardio-vasculaire et métabolique, CHU Rangueil, Toulouse, France Mots clés : Maladie veineuse thromboembolique ; Thrombose veineuse profonde ; Embolie pulmonaire ; Comparaison homme/femme ; Registre RIETE Introduction.— Le risque plus important de survenue de maladie vei- neuse thromboembolique (MVTE) en période de procréation chez la femme, les facteurs de risque propres à la femme, la fréquence des récidives plus élevée chez l’homme et la présence du sexe masculin comme item dans plusieurs scores de probabilité clinique suggèrent la présence d’une influence du sexe dans la MVTE. Cette influence n’a pas été bien étudiée. Objectif.— Comparer les caractéristiques, la prise en charge et le pronostic de la MVTE chez l’homme et chez la femme à partir des données du registre RIETE. Matériel et méthode.— Les patients inclus entre janvier 2006 et mars 2007 dans le registre informatisé RIETE, qui est une cohorte internationale prospective de patients ayant un événement thromboembolique veineux aigu, confirmé par un examen complé- mentaire. Les patients ayant une embolie pulmonaire isolée ont été exclus pour cette analyse. Résultats.— L’analyse porte sur 1747 patients, dont 896 hommes et 851 femmes. L’âge moyen était de 64 ans avec une distribution de l’âge différente selon le sexe, puisque la fréquence de femmes était plus importante dans les tranches d’âge de moins de 48 ans et de plus de 65 ans. Une embolie pulmonaire a été associée dans 26,2 % des cas de manière identique dans les deux sexes, malgré la fréquence plus importante de thrombose veineuse profonde distale chez la femme avec un OR à 1,38 (IC 95 % : 1,04—1,84). Il n’existe pas de différence entre les hommes et les femmes dans la présenta- tion symptomatique de la maladie veineuse thromboembolique. En ce qui concerne les facteurs de risque, l’immobilité et les varices sont des facteurs de risque indépendants liés positivement au sexe féminin (OR respectifs à 1,42 et 2,16), et ceci malgré une pro- phylaxie identique en cas d’immobilisation dans les deux sexes. La fréquence des cancers n’était pas différente selon le sexe, contrai- rement à ce qui était attendu. La prise en charge de la maladie veineuse thromboembolique était comparable dans les deux sexes, avec un traitement initial à base d’HBPM relayé rapidement par des AVK. Notre étude n’a pas révélé de différence dans la fréquence des récidives et des hémorragies entre l’homme et la femme, mais les hémorragies étaient plus sévères chez les femmes et les sites de saignements étaient différents. Après analyse multivariée, le décès ressortait comme étant un facteur indépendamment lié au sexe féminin par rapport à l’homme avec un OR à 1,5 (IC 95 % : 1,07—2,11). Conclusion.— Dans notre étude, la thrombose veineuse profonde associée ou non à une embolie pulmonaire n’est pas différente selon le sexe dans sa présentation, dans sa fréquence, son expression, son diagnostic et sa prise en charge. Une différence significative inattendue dans le pronostic vital entre les femmes et les hommes est mise en évidence, au désavantage de la femme. Cette différence mérite d’être ultérieurement explorée. doi:10.1016/j.jmv.2008.07.040 Quand évoquer une agénésie de la veine cave inférieure devant une thrombose veineuse profonde des membres inférieurs ? À propos de dix observations M. Lambert a , F. Materne a , P. Marboeuf b , J.-P. Beregi c , C. Mounier-Vehier b , P.-Y. Hatron a a Service de médecine interne, CHRU de Lille, France b Service de médecine vasculaire et d’hypertension artérielle, CHRU de Lille, France c Service de radiologie vasculaire, CHRU de Lille, France Mots clés : Agénésie ; Veine cave inférieure Objectifs.— Analyser les caractéristiques cliniques, l’apport des examens biologiques et morphologiques de patients porteurs d’une thrombose veineuse profonde (TVP) des membres inférieurs révé- lant une agénésie de veine cave inférieure (AVCI) et réaliser une revue de la littérature. Méthode.— Exploitation des données des patients présentant une AVCI révélée par une TVP vues consécutivement dans le cadre de la Fédération de Médecine Vasculaire du CHRU de Lille. Recueil des données cliniques, du bilan de thrombophilie, des explorations mor- phologiques ayant permis le diagnostic d’AVCI et analyse du devenir des patients. Résultats.— Nous rapportons 10 patients porteurs d’une AVCI : 8 hommes et 2 femmes d’âge moyen 25 ± 4,5 ans. Dans tous les cas la TVP est ambulatoire sans facteur de risque thrombotique iden- 0398-0499/$ – see front matter

Quand évoquer une agénésie de la veine cave inférieure devant une thrombose veineuse profonde des membres inférieurs ? À propos de dix observations

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Page 1: Quand évoquer une agénésie de la veine cave inférieure devant une thrombose veineuse profonde des membres inférieurs ? À propos de dix observations

Journal des Maladies Vasculaires (2008) 33S, S73—S80

Disponib le en l igne sur www.sc iencedi rec t .com

Communications orales — jeudi 2 octobre 2008

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Session communications orales « veines »(16 h 30—18 h 00)

La maladie veineuse thromboembolique chezl’homme et chez la femme : thrombose veineuseprofonde avec ou sans embolie pulmonaire(registre RIETE)J. Ben Cheikh, J-P. Cambou, H. Boccalon, A. Bura-RivièreInserm 558, service de médecine vasculaire, pôlecardio-vasculaire et métabolique, CHU Rangueil, Toulouse,France

Mots clés : Maladie veineuse thromboembolique ;Thrombose veineuse profonde ; Embolie pulmonaire ;Comparaison homme/femme ; Registre RIETEIntroduction.— Le risque plus important de survenue de maladie vei-neuse thromboembolique (MVTE) en période de procréation chez lafemme, les facteurs de risque propres à la femme, la fréquence desrécidives plus élevée chez l’homme et la présence du sexe masculincomme item dans plusieurs scores de probabilité clinique suggèrentla présence d’une influence du sexe dans la MVTE. Cette influencen’a pas été bien étudiée.Objectif.— Comparer les caractéristiques, la prise en charge et lepronostic de la MVTE chez l’homme et chez la femme à partir desdonnées du registre RIETE.Matériel et méthode.— Les patients inclus entre janvier 2006et mars 2007 dans le registre informatisé RIETE, qui est unecohorte internationale prospective de patients ayant un événementthromboembolique veineux aigu, confirmé par un examen complé-mentaire. Les patients ayant une embolie pulmonaire isolée ont étéexclus pour cette analyse.Résultats.— L’analyse porte sur 1747 patients, dont 896 hommeset 851 femmes. L’âge moyen était de 64 ans avec une distributionde l’âge différente selon le sexe, puisque la fréquence de femmesétait plus importante dans les tranches d’âge de moins de 48 anset de plus de 65 ans. Une embolie pulmonaire a été associée dans26,2 % des cas de manière identique dans les deux sexes, malgré lafréquence plus importante de thrombose veineuse profonde distalechez la femme avec un OR à 1,38 (IC 95 % : 1,04—1,84). Il n’existepas de différence entre les hommes et les femmes dans la présenta-

tion symptomatique de la maladie veineuse thromboembolique. Ence qui concerne les facteurs de risque, l’immobilité et les varicessont des facteurs de risque indépendants liés positivement au sexeféminin (OR respectifs à 1,42 et 2,16), et ceci malgré une pro-phylaxie identique en cas d’immobilisation dans les deux sexes. La

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0398-0499/$ – see front matter

réquence des cancers n’était pas différente selon le sexe, contrai-ement à ce qui était attendu. La prise en charge de la maladieeineuse thromboembolique était comparable dans les deux sexes,vec un traitement initial à base d’HBPM relayé rapidement par desVK. Notre étude n’a pas révélé de différence dans la fréquencees récidives et des hémorragies entre l’homme et la femme, maises hémorragies étaient plus sévères chez les femmes et les sitese saignements étaient différents. Après analyse multivariée, leécès ressortait comme étant un facteur indépendamment lié auexe féminin par rapport à l’homme avec un OR à 1,5 (IC 95 % :,07—2,11).onclusion.— Dans notre étude, la thrombose veineuse profondessociée ou non à une embolie pulmonaire n’est pas différente selone sexe dans sa présentation, dans sa fréquence, son expression,on diagnostic et sa prise en charge. Une différence significativenattendue dans le pronostic vital entre les femmes et les hommesst mise en évidence, au désavantage de la femme. Cette différenceérite d’être ultérieurement explorée.

oi:10.1016/j.jmv.2008.07.040

uand évoquer une agénésie de la veine cavenférieure devant une thrombose veineuserofonde des membres inférieurs ? À propos de dixbservations. Lambert a, F. Materne a, P. Marboeuf b, J.-P. Beregi c, C.ounier-Vehier b, P.-Y. Hatron a

Service de médecine interne, CHRU de Lille, FranceService de médecine vasculaire et d’hypertension artérielle,HRU de Lille, FranceService de radiologie vasculaire, CHRU de Lille, France

ots clés : Agénésie ; Veine cave inférieurebjectifs.— Analyser les caractéristiques cliniques, l’apport desxamens biologiques et morphologiques de patients porteurs d’unehrombose veineuse profonde (TVP) des membres inférieurs révé-ant une agénésie de veine cave inférieure (AVCI) et réaliser uneevue de la littérature.éthode.— Exploitation des données des patients présentant uneVCI révélée par une TVP vues consécutivement dans le cadre dea Fédération de Médecine Vasculaire du CHRU de Lille. Recueil desonnées cliniques, du bilan de thrombophilie, des explorations mor-

hologiques ayant permis le diagnostic d’AVCI et analyse du devenires patients.ésultats.— Nous rapportons 10 patients porteurs d’une AVCI : 8ommes et 2 femmes d’âge moyen 25 ± 4,5 ans. Dans tous les casa TVP est ambulatoire sans facteur de risque thrombotique iden-
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ifié. Dans 6 cas, la TVP est bilatérale et iliofémorale, dans 4 cas,nilatérale et iliofémorale à l’exception d’un patient où elle estxclusivement fémorale. Le bilan de thrombophilie est négatif danscas, positif dans 2 cas (une mutation hétérozygote pour le fac-

eur V, pour le facteur II dans un autre cas). Le diagnostic d’AVCI n’aamais été fait par l’écho-Doppler veineux qui a dépisté des ano-alies intra-abdominales (aspect pseudotumoral de la circulatione suppléance par exemple), complété par un scanner apportante diagnostic d’AVCI dans 7 cas et une IRM confirmant le diagnosticans 3 autres cas.iscussion.— L’analyse de la littérature confirme que l’AVCI n’estas si rare et touche 1 % de la population générale. Elle seraitetrouvée dans 5 % des cas de TVP avant 30 ans. La TVP associée

une AVCI touche le réseau proximal, le plus souvent de faconilatérale et chez un homme (10/18 cas de la littérature), avant0 ans, sans facteur de risque acquis ou thrombophilie constitu-ionnelle significative objectivée. Les cas d’embolie pulmonaireont rares. L’anticoagulation au long cours et la contention sonte mise, même s’il n’existe aucun consensus ; le pronostic à longerme n’étant pas connu.onclusion.— Il nous semblait important de rapporter notre popu-

ation d’AVCI révélées par une TVP, afin de souligner qu’une TVProximale, survenant chez un sujet jeune sans thrombophilie bio-ogique identifiée, justifie certainement de réaliser un scannerbdominal à visée étiologique, l’écho-Doppler veineux étant sou-ent pris en défaut pour le diagnostic d’AVCI.

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st-il nécessaire d’employer des critères explicitesWells) en conjonction avec la détermination du-dimère, pour rejeter un épisode dehromboembolisme veineux (ETV) ? Résultats d’unetude pragmatique de surveillance hospitalière

.-J. Casals a, D. Bernaudo a,b, N. Lozano a

Unité de thromboembolisme veineux (UFMATE), hôpital Clinic,arcelona, EspagneUniversité Fréderic-II, Naples, Italie

ots clés : Maladie thromboembolique veineuse ; D-dimèrentécédents.— Une valeur normale du taux de D-dimère, obtenuear une méthode, pas nécessairement de haute sensibilité, permet’exclure un épisode d’ETV, pourvu que le patient ait une baisse derobabilité de la maladie, évaluée par critères explicites (ex : ceuxroposés par Wells).bjectif de l’étude.— Démontrer l’efficacité d’une preuve de hauteensibilité par la détermination du D-dimère, afin d’exclure un épi-ode de ETV, jugée peu probable par critères implicites (appliquanta propre expérience clinique de chaque médecin).éthode.— Étude de surveillance épidémiologique, effectuée sur

outes les suspicions d’ETV retrouvées dans un hôpital universitairee 800 lits, y compris les patients arrivant aux urgences. Pour laesure du taux de D-dimère, la technique du VIDAS Exclusion®

Bio-Merieux) a été employée, avec la limite de normalité établie500 �g/L. La confirmation diagnostique de l’ETV a été faite par

’écho-Doppler, l’angio-scanner spiralé ou la gammagraphie pulmo-aire V/Q.es patients avec des niveaux normaux de D-dimères sont suivisendant 3 mois, recherchant un nouvel épisode qui aurait requis unraitement anticoagulant.ésultats.— Au cours des douze mois (années 2006—2007), 1807 sus-icions diagnostiques d’ETV ont été enregistrées ; 361 d’entre elles

ont considérées de haute probabilité clinique d’ETV et/ou la déter-ination du taux de D-dimères a été obviée. Dans tous les autres

as (1446), une détermination de D-dimères a été faite. Trois centinquante et un (24,3 %) d’entre eux avaient un taux normal de D-imères. Quatre de ces patients ont un épisode d’ETV, trois était

djPc—

Résumés

ous traitement anticoagulant pour plusieurs raisons et un avait uneécidive de thrombose veineuse. La sensibilité de la méthode VIDASxclusion® est donc de 99,5 % (IC du 95 % entre 98,5 et 99,8), avecn pouvoir de réjection négative de 99,7 % (IC entre 99,1 et 100).onclusions.— Un taux normal de D-dimères, mesuré par une tech-ique de haute sensibilité, chez un patient évalué par un médecinomme n’appartenant pas à un groupe de haute probabilité d’ETV,ermet de rejeter avec une haute confiance l’existence d’ETV,ourvu que le patient ne soit pas sous traitement anticoagulantu ne possède pas d’antécédents thrombotiques. L’emploi deette stratégie habituelle en clinique, évite les explorationsomplémentaires par l’image et rend inutile l’application de tablese critères explicites, telle que celle proposée par Wells.

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onséquences biologiques sur le sang circulant dea sclérothérapie à la mousse. Essai contrôléandomisé avec ou sans compressionost-procédure. Hamel-Desnos a,∗, B. Guias b, P. Quéhé b, A. Mesgard c, P.esnos d, B. Ferre e, A. Le Querrec e

Centre hospitalier privé Saint-Martin, Caen, FranceUnité d’écho-Doppler et de médecine vasculaire, CHU de Brest,ranceMorlaix, FranceCaen, FranceLaboratoire d’hémostase, CHU de Caen, France

ots clés : Biologie ; Sclérothérapiebjectif.— Étude des mécanismes biologiques susceptibles d’être

mpliqués dans le processus sclérothérapique avec évaluation de’impact possible de la compression élastique.escriptif.— Essai contrôlé, randomisé avec accord du Comité’Éthique (CPP).atients et méthodes.— Quarante patients porteurs d’une insuf-sance saphène (grande ou petite veine saphène), C2s à C6, ontté inclus. Suivi de 28 jours. Écho-sclérothérapie avec moussee polidocanol à 1 ou 2 % ; fabrication standardisée par machineurbofoam®.ompression randomisée : 1 groupe sans compression (GSC) etgroupe avec compression (GAC) — port diurne, 3 semaines,

5—20 mmHg (Veinostim®). Contrôles cliniques et écho-Doppler+ questionnaires) : j7, j14 et j28.iologie : prélèvements pour chaque patient à j0 (avant injectionclérosante), j1, j7, j14 et j28 : fibrinogène, facteur VIII (F VIII),hrombomoduline (TM), complexe thrombine—antithrombine (TAT),-dimères, facteur plaquettaire 4 (FP4) + troponine à j0, j1 et j7.ésultats.—) Cliniques et écho-Doppler de la sclérothérapie.as de différence entre les groupes GAC et GSC :sur le critère efficacité, jugé par écho-Doppler (100 % d’occlusion

es veines saphènes),sur les effets secondaires ;

) Biologiquesucun des paramètres testés n’a évolué de facon significative auours du temps de j0 à j28 et les résultats étaient identiques poures groupes GAC et GSC.es dosages de la troponine à j0, j1 et j7 ont été normaux dans lesgroupes.iscussion.— En 2006, Hinterhuber (Dermatol Surg) a démontré surne étude de 21 cas, qu’après stripping, les facteurs de l’activation

e la coagulation augmentaient significativement dès le premierour, avec retour à la normale en 3 semaines.our la sclérothérapie, dans notre étude, les marqueurs testésiblaient :la lésion endothéliale : TM ;