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Quand j'avais cinq ans, je m'ai tuéekladata.com/4XX5rExfmkiBaGVVTIyEtODTHIg/Quand-j_avais...1. Quand j’avais cinq ans, je m’ai tué. J’attendais Popeye qui passe après le Journal

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HOWARDBUTEN

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Quandj’avaiscinqansjem’aitué

TRADUITDEL’ANGLAISPARJEAN-PIERRECARASSO(TitreoriginalBurt)

ÉditionsduSeuil

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CelivreestdédiéàFrank.

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1.Quandj’avaiscinqans,jem’aitué.J’attendaisPopeyequipasseaprèsleJournal.Ilalespoignetsplusgrosqueles

genset ilest tellement fortqu’ilgagnetoujoursaufinish.Mais le Journalvoulaitpass’arrêter.Monpapailleregardait.Moijem’avaismislesmainssurlesoreillespasquele

Journalçamefaitpeur.Çameplaîtpascommetélévision.YalesRussesquivontnous enterrer. Y a le président des États-Unis qui est chauve. Y a les grandsmomentsdufabuleuxsalondel’autodecetteannée,quej’ysuismêmealléunefoisetça,çam’aplucommechoseàfaire.Un monsieur du Journal est venu. Il avait quelque chose dans sa main, une

poupée,etill’alevéeenl’air.(Çasevoyaitbienquec’étaitpasunevraiepersonneàcausedescoutures.)J’aienlevémesmains.—Ceque je vousmontre là, il adit lemonsieur, c’était le jouetpréféréd’une

petitefille.Etcesoir,àcaused’unaccidentstupide,cettepetitefilleestmorte.Jesuismontédansmachambreencourant.J’aisautésurmonlit.Jem’aienfoncélafiguredansmonoreilleretjel’aiappuyéefort,fort,trèsfort

jusqu’àcequej’entendeplusriendutout.J’aiarrêtéderespirer.Etpuismonpapaestvenuetilaenlevél’oreilleretilamissamainsurmoietila

ditmonnom.Jepleurais.Ils’estpenchéetilapassésesmainssousmoietilm’asoulevé.Ilafaitcommeça,commeilfaitàmescheveux,etj’aiposématêtesurlui.Ilesttrèsfort.Ilm’adittoutdoucement:—Là,là,fiston,toutvabien,pleurepas.—Jepleurepas,j’aidit,jesuisungrandgarçon.Mais jepleurais.Alorsmonpapam’aditque tous les jours il yadesgensqui

deviennentmortsetquepersonnesaitpourquoi.C’estcommeça,c’estlesrègles.Etpuisilestredescendu.Je suis resté assis sur mon lit très longtemps. Assis, comme ça, longtemps,

longtemps. J’avais quelque chose de cassé à l’intérieur, je sentais ça dans monventreetjesavaispasquoifaire.Alorsjem’aicouchéparterre.J’aitenduledoigtaveclequelfautpasmontreretjel’aiappuyécontrematête.Etpuisj’aifaitpoumavecmonpouceetjem’aitué.

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2.JesuisàlaRésidenceHomed’EnfantslesPâquerettes.Jesuisiciàcausedecequej’aifaitàJessica.Jesaigneencoredunezmaisçafait

pasmal,maisj’ailafigurenoireetbleuesurlajoue.Çafaitmal.J’aihonte.Quand je suis arrivé ici, la première personne que j’ai rencontrée c’était

MmeCochrane.Elleestvenuemevoiraucomptoiroùj’étaisavecmonpapaetmamaman. Tout lemonde s’est serré lamain saufmoi.Moi elles étaient dansmespochesmesmains.Etellesétaient fermées,c’étaientdespoings.MmeCochranem’aemmené.Elleestmoche.Elleestàdégobillerdelaregarderetelleporteunpantalon malgré qu’elle est vieille. Elle me parle tout doucement comme si jedormais.Maisjedorspas.Ellem’aemmenédansmonaile.Yasixlits.Pasderideau,pasdetapis.Pasde

commode.Pasde télévision. Les fenêtres ont desbarreaux commeenprison. Jesuisenprisonàcausedecequej’aifaitàJessica.EtpuisjesuisallévoirleDrNevele.Sonbureauestparlà:traverserlevestibule,passerlesgrandesportes,etpuis

parici,etalorsc’estlà.Iladespoilsdanssonnez,unvraipaillasson.Ilm’aditdem’asseoir. Jem’ai assis. Je regardais par la fenêtre qui a pas de barreaux et leDrNevelem’ademandécequejeregardais.J’aiditdesoiseaux.Maisjeregardaissiyavaitmonpapapourm’emmenercheznous.Il y avait unephoto sur le bureauduDrNevele, des enfants, et il y avait une

photodeJésus-Christquidoitêtreunefaussepasqueyavaitpasd’appareilsphotoàl’époque. Ilétait sur lacroixeton luiavaitaccrochéunécriteau.Yavaitd’écritONRI.Maisjevoispascequeçaadedrôle.LeDrNeveles’estassisderrièresonbureau.Iladit:—EtsilepetitGilmeparlaitunpeudelui,s’ilmedisait,parexemple,cequ’il

préfèrefairepar-dessustout,hein?J’aibiencroisémesmainssurmesgenoux.Commeunpetitgarçonbienélevé.Je

n’airiendit.—Ehbien,Gil.Qu’est-cequetupréfèresfaire,pardessustout,disonsquandtues

avectespetitscamarades,hein?Moij’étaisassis,là,sansdireunseulmotderéponse.Ilmeregardaitcommeça

avecsesyeuxetmoijeregardaisparlafenêtresidesfoisjeverraispasmonpapaseulement je levoyaispas.LeDrNevelem’aencoredemandéetpuisencoreetencoreetpuisils’estarrêtédemedemander.Ilattendaitquejeparle.Ilattendait,ilattendait.Maismoijevoulaispasparler.Ils’estlevé,ilafaitletourdelapièce,etpuisils’estmisàregarderparlafenêtreaussi,alorsj’aiarrêtéderegarder,moi.J’aidit:—Ilfaitnuit.LeDrNevelem’aregardé.—Maisnon,Gilbert.Ilfaitgrandjour.C’estlemilieudel’après-midi.—Ilfaitnuit,j’aidit.«QuandBlackyvient.»LeDrNevelem’aregardé.—C’estlanuitquis’appelleBlacky?

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(Dehors,unevoitures’estgaréeetuneautreestpartie.Monfrangin,Jeffrey,mongrandfrère,yconnaîttouteslesbagnoles,tupeuxyaller,toutes.Unevoiturequipasse, ilpeuttedirelamarquetoutdesuite.Maisquandonestàl’arrièredelanôtre,onarrêtepasdesefairegronderpasqu’ongigote.)—Lanuit,Blackyvientchezmoi,j’aiditça,maisjel’aipasditauDrNevele.Je

l’ai dit à Jessica.Aprèsqu’onm’abordé sous les couvertures. Il vient semettresousma fenêtre,àattendre. Il saitquandc’est l’heure. Il restecoi. Ilditpasunbruit.Pasunbruitdechevalcommefont lesautres.Maismoi jesaisqu’ilest là,pasquemoijepeuxl’entendre.Ilfaitlebruitduvent.Maisc’estpasduvent.Ilal’odeurdesoranges.Alorsjenouemesdrapsensembleetjemelaissedescendreparlafenêtre.C’esthaut–cinquantemètres!J’habitedansunetour.Laseuleduquartier.«Quandjegalopesursondos,sessabotsfontlebruitdescartesàjouerqu’on

metdanslesrayonsd’unerouedevéloetlesgenscroientquec’estça,justement.Maisnon.C’estmoi.EtjegalopesurledosàBlacky,jusqu’àlafindesmaisons,lafindesgens.Yapluspersonne.Yaplusd’école.Yalaprisonoùonmetdesgensquin’ontrienfaitdemal.Etons’arrêtecontrelemur.Toutrestecoi.JememetsdeboutsurledosàBlacky;ilesttrèsglissantmaisjamaisjeglisse.Etjegrimpepar-dessuslemur.« Dedans y a des soldats, y z’ont des ceintures blanches croisées en travers,

commelespatrouilleursdesûretésaufqu’ilsontdesbarbes.Ilssuent.Ilsdorment.Yenaunquironfle,legrosquiestméchantaveclesenfants.«Jemefaufilejusqu’àlapartieprison,làoùlesfenêtresontdesbarreauxetje

disdoucementauxgensquisontdedans:«Vousêtesinnocents?«Ilsdisentqueoui.Alorsjedéfaislesbarreauxdudoigtaveclequelfautpasmontreretjelesfaissortir.«Jesuisjusteentrainderepasserlemurpourm’enallerquandlegrosquiest

méchantaveclesenfantsseréveilleetmevoit,seulementc’estdéjàtroptard.Jeluifaisunsigneetjesaute.C’esthaut–cinquantemètres!Toutlemondecroitquejesuismort.Maisnon.J’aimacapeetjelatienscommeçaetlevents’amèneetgonflemacapeetc’estcommesijevolais.J’atterrissurBlackyetons’envaetpuisonmangedessablésetdulait.Moijetrempe.LeDrNevelemeregardaitavecdesgrosyeux,—C’esttrèsintéressantqu’ilm’adit.—Jeteparlaispasàtoi.—Àquidoncparlais-tu?—Tusaisbien.—Qui?(Dehorsunpetitgarçoncommemoijouaitàlaballe,illafaisaitrebondirdansle

parking en riant. Son papa est venu le chercher et l’a emmené de la RésidenceHome d’Enfants les Pâquerettes – dans leurmaison, où il jouait avec des petitstrainsquiroulentpourdevrai.)—Gil, soyons copains, veux-tu ?Deux copains qui se racontent des choses. Je

croisquejepeuxt’aideràtrouvercequitetracasse,etensuitet’aideràarrangerça.Tuesunpetitgarçonmalade.Leplusvitetumelaisserastevenirenaide,le

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plusvitetuirasmieuxetleplusvitenouspourronsterenvoyercheztoi.Tuveuxbien?J’ai recroisé lesmainssurmesgenoux.C’est l’attitudecorrectepours’asseoir.

Commeunboncitoyen.Pasunmot,pasdechouinegomme.LeDrNeveleestrestédeboutdevantmoi;ilattendaitmaismoij’airiendit.J’écoutaisdesbruitsdanslegrand vestibule de la Résidence Home d’Enfants les Pâquerettes, des bruitsd’enfantsquipleuraient.—Ilfautquejemesauve,jeluiaidit.—Pourquoi?—Monpapaestlà.—Gil,tesparentssontpartis.—Non,là,c’estpaspareil,ilssontrevenuspourmedirequelquechose,ilssont

revenusmechercher,docteurNevele.—Assieds-toi,s’ilteplaît.J’étaisdéjàdeboutprèsdelaporte.J’aiposémamainsurlapoignée.—Gil,veux-tut’asseoir,s’ilteplaît.Je l’ai bien regardé et j’ai ouvert la porte un tout petit peu et il est venu. J’ai

courudel’autrecôtédesonbureau.Ilafermélaporteetilestrestédevant.—Gil,c’étaitàJessicaquetuparlais?Jen’airienditdutout.—Jessican’estpasici,qu’iladit.Alors là, j’aipris laphotode Jésus-Christet je l’ai jetéepar terre. J’aiposé la

corbeilleàpapierpardessuset je l’aiécraséeetpuis j’aidonnéuncoupdepieddedansetj’aicourumemettredanslecoinprèsdelafenêtre.—Elleestàl’hôpital.Samèreesttrèsinquiète.Très.Peut-êtrevoudrais-tume

racontertaversiondel’affaire?Magorges’estmiseàmefairemal.C’étaittuant.Jeluiaicrié«merdesalecon»

etçam’afaitencoreplusmal,alorsj’aicrié,deplusenplus.Jecriais,jecriais.LeDrNeveleest retournéderrière sonbureau. Il a rienditdu toutet il s’est

assisets’estmisàlireunmorceaudepapiercommesiyavaitpersonne.Seulementyavaitquelqu’un.Yavaitunpetitgarçondeboutdansuncoin.C’étaitmoi.—Ilfautquejetéléphoneàmonpapa,j’aidit,jeviensdemerappelerquej’avais

quelquechoseàluidire.LeDrNeveleasecouélatêtesansmeregarder.Jesuisallém’appuyercontresonrayonnageà livres.Lesétagèresontplié.En

regardantleDrNevele,j’aidit:—Jeteparlaispasàtoi(maisilapaslevélesyeux),jeparlaisàJessica.—Jessican’estpasici.Leslivressesontécrasésparterreetrépandusàtraverstoutelapiècepasque

j’avaispoussélerayonnage.Lebruitm’afaitpeur.J’aicourujusqu’àlaporteetjel’aiouverte.LeDrNeveles’estlevé.Jel’airefermée.Maintenantilvam’apprendre, j’aipensé.Ilvamedonneruneleçondont jeme

souviendrai.Ilvamefairevoirquicommandeici.Ilvalefairepourmonbienetunjourjeleremercierai.Etçavaluifaireplusmalqu’àmoi.Maisnon,ilm’aseulementregardé.Etpuisiladittrès,trèsdoucement:

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—Tuveuxlaceinturedecontention?Jeleregardais.Ilmeregardait.Ons’estregardé.—Oui.Jenesavaispascequec’était.Jel’airegardé.Ilaouvertuntiroirdesonbureau

etilaprisuneceinture.Ilm’aassisdanslefauteuil,ilamislaceintureautourdemoiet lesbouclesdansmamain. J’aidéjàvuça, commedans lesavions,pasdetrous.J’aitirésurlaceinture.Elleétaitserréedéjà,elles’estserréeencoreplus.LeDrNeveleregardait.Elleétaitautourdemonventre.Etjel’aiserrée,etpuisjel’aitiréeverslebas,surmonzizi,etjel’aiencoreserrée,serrée,serréesurmonzizitellementserréequeças’estmisàmefairesimalquejem’aimisàpleurer,etj’aiencoreserré.Surmonzizi.—Çasuffit,aditleDrNevele.Il s’est amené il a enlevé la ceinture et il l’a rangée quelque part. Il a pris le

téléphoneetilafaitdesnumérosmaispasassez.Iladit:—DitesàMmeCochranededescendreàmonbureau.Etpuisilestrevenusemettreaccroupidevantmoietilm’aregardésouslenez.—Dis-moiunechose,uneseule,surcettepetitefille,Gil,ettupourrasretourner

danstonaile.Quandl’as-tuvuepourlapremièrefois?Jel’airegardépendantlongtemps.Etpuisj’aiditquelquechose:—Devant chez nous il y a une pelouse et j’ai pas le droit demarcher dessus

pasque pourquoi vous croyez que papa paye un jardinier ? Mais des fois, je laregarde depuis l’allée. Alors les nuages viennent, moi je reste sur l’allée etj’attends.Alorsleventsemetàsoufflercommequandilvapleuvoir.Maisilpleutpas.Leventsouffle.Ilsouffletellementtellementquebientôtj’arriveplusàtenirdebout.«Alorsjem’ymets.Jefaisdixpasàreculonsetjedescendsl’alléeencourantet

je saute.Etpuis je remonte l’alléeencourantet je saute.Etpuis je redescendsl’allée en courant et je saute et alors le ventme vient par en dessous et il mesoulèveau-dessusde lapelouseet ilm’emporte tout le longdupâtédemaisons,par-dessus toutes les pelouses où j’ai pas le droit demarcher. Je vole jusqu’à lamaisondeShrubs,aucoin.Leventesttoujourschaud.Enhiverilestfroidmaislàj’ailedroitdemarchersurlapelousepasqu’yalaneige.LeDrNeveleétaitappuyécontrelaporte.Ilafaitlagrimace.—Gilbert,plusvitetudéciderasdem’aider,plusviteturentrerascheztoi.Voilà

tout.Autrement,turisquesderestericitrèslongtemps.—Laferme,jeluiaidit.—Plaît-il?—Jeteparlaispasàtoi.—Àqui…—Jessica.—Jet’aiditqueJessican’était…Je lui ai lancé la chaise à la figure. En la repoussant avec son bras, ça lui a

déchirésamancheetils’estjetésurmoiencourantetilm’aattrapéetilm’aserrémaisalorslàvraimentfortseulementj’aicrié:—Tumechatouilles-yeu,tumechatouilles-yeu!

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Laportes’estouverte.C’étaitMmeCochrane.Elleétaitcalme.—MenezM.RembrandtenSalledeRepos,aditleDrNevele.Ilyresteratant

qu’iln’aurapasreprislecontrôledelui-même.Vousvoulezdel’aide?Mme Cochrane est sortie et elle est revenue avec un bonhomme en chemise

bleue,c’étaitunemployédelaRésidenceHomed’EnfantslesPâquerettes.AlorsleDrNevelem’alâché.Jem’aifrotté lenezsurmamancheetMmeCochranem’aprislamain.Jeluiaidit:—Voussavez,madameCochrane,jepeuxmarchertoutseul.Elleariunpeucouci-couçaetellem’adit:—Bon,bendonne-moilamainentoutcas,va…Alorsj’aiditO.K.EtmaintenantjesuisenSalledeRepos.Yapasdemeublesicirienqu’unechaise.

C’esttoutcarrélà-dedans.Quatrecôtésdelamêmetaille.C’estdelagéométrie.Jel’aiapprisàl’école.(Àl’expositionSciencesetTechniquesj’aivuunepièceavecunmurseulement,rienqu’un.C’étaituncercle.)Jedéduisqu’ilpleutdehors.Ilpleutdescornescommevachequipissecommey

dit Jeffrey. (C’estmon grand frère, tu peux y aller, il peut te dire lamarque detouteslesbagnoles.Maisalorstoutes,hein.)Jevoisbienqu’ilpleutpasqu’ilyadel’eauquicoulesurmesmotslàoùj’écrissurlemur.LesSallesdeReposc’estdessalessalles.Celuiquilesafaites,jedéduisqu’ilétaitbête.Ilpleut.P-L-E-U-T.Ilpleut.Envenanticij’aitrouvéuncrayondanslevestibule.MmeCochranem’apasvule

ramasser.Etaprèsqu’ellem’alaissélà,j’aifaitquelquechose.Jesuisgrimpésurlachaisecontrelemur.Etj’aiécritquelquechoseavecmoncrayon.Quandj’avaiscinqansjem’aitué.J’aiécritçasurlemurdelaSalledeRepos.C’estlàquejesuis,entraind’écrire.

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3.La première fois que j’ai vu Jessica Renton, c’était pendant l’exercice d’alerte

aérienne.C’étaitvers la findudeuxièmesemestre,auprintemps. Il faisaitchauddehorsquandonestallédubâtimentprincipalaupréfa.Lepréfac’estcommeunesortedepetitemaison,derrièrel’école,oùyalesdeuxièmes.J’étaisendeuxièmeàcemoment-là.(Lepréfasentcommeuneodeur,çameplaîtpascommearôme.Lepréfaesttout

petitpourunbâtiment.Iln’yaquedeuxclassesdedans.J’étaisdansune.Jessicaétait dans l’autre. Je ne l’avais jamais remarquée avant l’exercice d’alerteaérienne.)L’exercice d’alerte aérienne, c’est dix coups de cloche très courts. C’est très

effrayantpourlesenfants.Ilyadesrègles.Ondoitsemettreenrangpardeux.OndoittirerlesstorespourquelesRussesysaventpasqu’onestlàpournoustuer.Ensuiteondoitalleraubâtimentprincipaldanslecalme.Làondoits’alignerlelongdes casiers dans le hall et s’asseoir par terre et éteindre toutes les lumières etchanterGodBlessAmerica(Dieubénissel’Amérique).Çafaittrès,trèspeur.Les deux classes de deuxième étaient en rang devant le préfa, en attendant

d’aller dans le bâtiment principal. Y avait pas de bavardage. (C’est une autrerègle.) Tout lemonde avait les trouilles pasque peut-être qu’il allait y avoir desbombes.J’avaislestrouillesseulementpersonnenelesavait.Jesuisunbonacteur,moipersonnellementjetrouve.Etpuisquelqu’unaparlé.—Jerentrechezmoi,hein,mademoiselleYoung.C’étaitune fille.Elleétaitbrune,sansnattes (maisavecdesbarrettes, toutde

même).Elleétaitlà,unpeupenchée,commeça,lesmainsdansledos,commesiellefaisaitdupatinàglace.—Jeviensdemedirequ’ilfallaitvousprévenir,pasquemoi,jevaisrentrer.MlleYoungadit:—Jessica,veux-tumefaireleplaisirderentrerdanslesrangs!Onneparlepas

pendantunexerciced’alerteaérienne.—Non,aditJessica.Jerentrechezmoi–etelleacommencéàmarcher.MlleYoungétaittrèsfâchée.Elleacrié:—Jessica,reviensicitoutdesuite!Jessica s’est arrêtée et elle s’est retournée. Elle est revenue et elle est allée

devantMlleYoungetelleluiaparlétrèsdoucement:—Mademoiselle, si y va y avoir des bombes, je veux être chezmoi avecmes

parents.C’estlàquejevais.MlleYoungelledisaitplusunmot.EllerestaitlàcommeçadevantJessicaquila

regardaitlenezenl’air.LarobedeJessicaétaitrougeettrèsdouce,çasevoyaitqu’elle était douce rien qu’à la regarder. (Je suis fort pour regarder. J’ai lesentimentquelarobedeJessicaétaitvraimentdouce.)MlleYoungregardaitJessica.— Ce n’est pas une alerte aérienne, Jessica. C’est seulement un exercice, un

entraînement.Iln’yaurapasdebombe.Ceserafinidansquelquesminutes,aucun

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besoinderentrerchezsoi.Remets-toienrangs’ilteplaît.Jessican’apasbougé,mêmepas,riendutout.Moij’aicruqu’elleallaitsemettre

àpleurerouà–maisrien.Elleaparlésansbouger.— Vous savez, mademoiselle, j’avais très peur pasque je croyais que c’était

dangereux.Monpapavaconstruireunabridanslacave.Ill’avudansunjournal,J’ai cruquec’étaitunevraiealerteaérienne. Je trouvequecen’estpasbiendefairepeurcommeçaàdesenfants.Mademoiselle a pas dit de réponse mais Jessica est restée devant elle très

longtemps,etquandlesclochesontsonnélafindel’exerciced’alerteaérienne,elleétaittoujoursdeboutaumêmeendroit.Jel’airegardée.Elleestrestéejusqu’àcequetoutlemondesoitparti.Elleétaittouteseule.Alors,vraimentlentement,elleaprisleborddesarobedanssesmainsetelleafaitungrandtouretunerévérence.C’étaitçalapremièrefoisquej’aivuJessicaRenton.

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4.Cejour-là,j’aiprisparMarlowepourrentrerdel’école.D’habitude,jedescends

Lauder,laruedanslaquellej’habite,maiscejour-là,j’aipasséparMarlowe.J’attendaistoutseulaucarrefour.(D’habitudejerentreavecShrubsmaisilétait

enretenuepasqu’ilavaitditmerdeàMlleFilmer.Shrubssonvrainomc’estKenny.C’estunmauvaisélève,touteslesmaîtressesledétestent.Maisc’estmonmeilleurami. Je leconnaisdepuismanaissance. Ilaexactementunesemainedeplusquemoi.Exactement.Onestdesfrèresdesang.Quandonavaitcinqansons’estpiquéledoigtavecuneépingleetonacollénosdeuxdoigtsl’uncontrel’autre.Saufquemoijel’aipasfaitpasquej’aipeurdesépingles.Alorsjem’aireferméuntiroird’ungrand coup sur le pouce pour avoir du sang. J’ai gardé un plâtre pendant sixsemaines.)J’avaiscommencépardescendreLauder,commed’habitude,seulementyavaitles

patrouilleursdesûreté[1]aucarrefourqui sontméchants.Y sontaffreux.Y s’enprennentauxpetitsenfants.Quej’ensuisjustementun.J’avaismondessindanslamain(pasqu’onavaitfaitdelapeintureenclassequandonavaitpluseuriend’autreàfaire)etj’attendaisaucoinquelepatrouilleurdise«Allons-y».Lespatrouilleursdesûretéécartentlesbrascommeçaetydisent«Nebougeonspas»quandyadesvoituresquiviennentetpuisydisent«Allons-y»quandonpeuttraversersansdanger.C’estpourçaqu’onlesappellepatrouilleursdesûreté.Pendantquej’attendais,lepatrouilleuravumondessin.—Qu’est-cequec’est,unegrenouille?—Non.C’estuncheval,c’estmoiquil’aidessiné.Ym’aregardé,ilétaittrèsgrand.—Nonmaist’esdingueouquoi?qu’ilm’adit.J’aidit:—Oui.Ilallaitmetaper.Maismondessinétaittoutàfaitbon,moipersonnellementje

trouve,commecheval.Ilétaitvert.Jel’avaisappeléVerdi.Lepatrouilleurmel’aarrachédelamain,cequiadéchirélaboucheàVerdi.Il

s’est marré et puis y l’a montré à l’autre patrouilleur qui lui a dit d’arrêter dedéconner. (Ilsmettentdeuxpatrouilleursdesûretéàchaquecarrefourpourqu’ypuissentsemettreàdeuxsurlespetitsenfants.)Etpuisilm’arenduVerdiendisant«Allons-y».Maisj’ysuispasallé.J’aidit:—Est-cequevousavezdupapiercollantpourarrangerlaboucheàVerdi?—Turigoles?iladitlepatrouilleur.—Vousl’avezdéchirée.—Casse-toipetitcon,ilm’aditlepatrouilleurenmemontrantlepoingetj’aivu

qu’ilavaitlesonglestoutnoirs.C’estpourçaquejesuisrentréparMarlowecejour-là,ettoutseul.J’aitraversé

lapremière rue tout seul.D’abord il faut s’arrêter.Ensuiteon regardebiendesdeuxcôtéspourvoirqu’yapasdevoiturequivient.Etalorsontraverselarueen

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marchantpasencourant.Moi je suis fortpour les règlesdesécurité. Jeme suisjamaisfaitécraser…DanslarueMarloweyavaitdeshélicoptèresdanslesarbresquisontdespetits

machinsvertsquitournicotententombant.C’estintéressantcommeobjetnaturelmoipersonnellementjetrouve.Et puis il s’est passé quelque chose. J’ai vu Jessica qui marchait sur l’autre

trottoir avec Marilyn Kane que je peux pas sacquer, pour ne rien vous cacher,pasque c’est une grosse conne, franchement. C’est aussi la meilleure amie deJessicacommej’aiapprisplustard.Ellesmevoyaientpas.J’étaisinvisible.Maisj’airalenti et je m’ai baissé pour rattacher mon soulier. (Sauf que je l’ai pas faitvraiment pasque j’ai des mocassins qui sont super, mon vieux. Je me les ai faitacheterparmamanmanD’habitudeellem’achètedesgrollesdeboy-scoutquejedétestemaislàjeluiaifaitlagrandescèneduIIdanslemagasindechaussuresetellem’aachetélesmocassinsquejevoulais.Yapasuneseulecouturedessus,rien.Etysontpointusenplus.Mamanmanpoussedescrisàchaquefoisqu’ellelesvoit.Elledit:«Pournerientecacher,tumefaishonte.»C’estcommeçaquej’aiapprisPournerienvouscacher.)JessicaetMarilynKanedescendaientlarueMarlowe.Jelesairegardées.Elles

parlaient.Jessicabalançaitunsacàmainavecdesfrangesaprès.Jesavaispascequ’ilyavaitdedans.Ilallaitetvenait,allaitetvenaitlelongdesarobeetquandillatouchaitçafaisaitcommedessortesdevaguesdanssarobe.J’aipensé:Danslesacyaunebaguettemagiquequisetransformeenfleurs.Etaveconvousdonneunchapeau,gratuit,j’enaivuunechezMaxwell,legrandmagasin.LamaisondeJessicaétaitcelleaveclesvoletsbleus.Etenbrique,pasenbois.

Maispasdesbriquesrouges,desmauves.Elleestrentréededansc’estcommeçaquejelesais.Elleestrentréeparlaportedecôtéquidonnedansl’allée.Danssonalléeyadel’herbeaumilieucequej’aimepasautantquenotrealléeànousquiestsansrien.Etaussionauneportedederrière,pasdecôté.(MarilynKaneadescendularueMargarita.EllehabitedansStrathmoor.Dans

descabinets.)JemesuisarrêtédanslarueenfacedelamaisondeJessicapourlaregarder.Je

mesuismisderrièreunpetitarbre.(Nousavonsunpetitarbredevantcheznous,ilaencoredupapierdumagasind’arbresautourdu tronc.C’estcommeçaque jereconnaisnotremaison.Quandilseragrand,moiaussi.Maisjepourraireconnaîtrema maison à cause du château sur la pelouse. Que je vais construire quand jesortiraid’ici.J’enaidéjàconstruitununefois,maisavecShrubs,avecdelaboue.Mon père nous a fait la grande scène du II pasqu’il a dû louer un camion pourenlever toute laboue sur lapelouse.C’étaitungrandchâteau.Onallait le fairemauve.)IlyavaitduventdanslarueMarlowe,çam’acomplètementdécoiffé.Jemesuis

peignéaveclesdoigts.J’ailaraiesurlecôté.Jevoudraisbienavoirunebanane,commeunrocker,maismamanmanelleveutlaraiesurlecôté.J’aihorreurdeça.Çametue,laraiesurlecôté.Enfin,quandilssontassezlongs,jepeuxaumoinsmettreduBrylcreemdessus.Jetrempetoutlepeignededansetça,monvieux,c’estsuper.

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(LagrandescèneduII,c’estencoreavecmamanmanquejel’aiappris.Elleditquejelaluiaijouée.)Il y avait des rideaux aux fenêtres de Jessica. Je les ai regardés pendant une

demi-heure. Jepouvaissavoir l’heurepasque j’avaismamontreque j’aieuepourHanoukahavantdelaperdre.PendantquejeregardaislesrideauxdeJessicaletrottoirs’estouvertsousmes

pieds.Heureusementjesuispastombépasquemesmocassinsontdestrucspourpasquejetombe.C’étaithaut–cinquantemètresetyavaitdesdinosauresetdufeu.J’aisautépar-dessusetj’aiatterridansl’herbe.Etpuisj’airegardédel’autrecôtéde la rueet j’aivuque Jessicam’avaitvuetqu’elledisait :«Oh la la,quelbravejeunehomme!»Quand je suis rentré chez nous,mamanmanm’a demandé pourquoi j’étais en

retard.J’aiditquej’avaiseuunaccidentdevoiture.Elleacrié.Maisjeluiaiditquetoutallaitbienpasquej’avaispasététué,c’étaitquelqu’und’autre.Elles’estmise à hurlermais j’ai dit que j’avais oublié qui. Et puis je suismonté dansmachambrepourjoueravecmeshommes.—Papa,combiençacoûtedesvoletsbleus?quej’aidemandépendantledîner.—Pourquoi?—J’vaisenmettreàmonchâteau.—Moivivanttuneconstruiraspasunautrechâteau.—D’accord,quej’aidit.Maispourquandtuserasmort?Ensuiteiladitqu’ilpourraitlesavoirengrosmaisjesaispascequeçaveutdire.

Peut-êtrequequandleboisestgrosc’estmoinscherquefinfintrèsjoli,jesaispas.Mauve.M-A-U-V-E.Mauve.Etpuisquelquesjoursaprèsl’écoleaétéfiniepourlesgrandesvacances.Toutle

mondeacrié«Youpie!».Pendantl’été,j’ai jouéavecShrubsbeaucoupsouvent.OnjouaitàZorro,luic’étaitlecheval.Jeluiaiapprisàhennir.C’estcommetoussermaisbienpluslong.NotrebonneSophieaditquej’allaisenfaireunestropié,deShrubs.C’estunenégressedecouleur.J’aiuncostumedeZorro.J’aiaussilecostumedeRobindesBoisetlecostumede

PeterPan(quiontlemêmepantalon)etlapanoplieduCadetdel’EspaceetlePèreNoël etSupermanet leDocteur.Quand je joue àZorro tout seul, je prendsdestraversinscommecheval.Jelesprendssurlelitàmamanmanetjem’ensersaussipourfairelesméchantsetleurdonnerdescoupsdepoing.DansZorro,leméchantc’estElCommandante. Ilestà la télé.Lemoisdernier, ilachangé. Jeffreyaditqu’il avait vu l’ancienEl Commandante dans une pub pourBrylcreemmais c’estqu’unmenteur,monvieux.Shrubsetmoionafaitunplan.C’étaitunsignal.Fallaitsifflercommelesoiseaux.

Leplanc’étaitqueShrubs,quandil iraitsecoucher, ilnoueraitsesdrapset ilselaisseraitdescendreparlafenêtre,etpuisilviendraitchezmoietilferaitlesignaletalorsj’attacheraismesdrapsetjemelaisseraisdescendreparlafenêtreetonjoueraitàZorrolanuit,commeenvrai.L’heurequejemecouchec’estneufheuresmaisjepeuxresterpluslongtempsà

conditionde faire touteunehistoire.Mais ce soir-là je suismonté sanshistoire.D’habitude manman vient nous border. Des fois elle nous chante. Elle est très

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excellentecommechanteuse.LachansonpréféréedeJeffreyc’estlaBerceusedelapleinelune,etlamiennec’estleChiendechasse,seulementmanmanlasaitpas.Desfoisellevientpasnousborderetjedoiséteindremalumièretoutseul.Deboutprèsdel’interrupteur,jepointemondoigtversmonlitpuisj’éteinsetjecourslàoùmontremondoigt.C’estcommeçaquejepeuxretrouvermonlitdanslenoir.J’aipeur d’aller me coucher pasqu’y a desmonstres dansmon placard. Je ferme laporte.Plusdefoisonlapousse,pluselleestfermée.Avantdemecoucherjepousselaportedemonplacardcinquantefois.Lesoirdenotreplan ila falluque jeprenneunbainavantd’allermecoucher.

J’aimeraisêtreassezgrandpourprendredesdouches,maisjesuistroppetitpourlafairemarcher.Desfoisjeprendsunedoucheavecmonpapa.Ilesttoutnuavecdes poils sur lui et sur son zizi. J’en ai pas sur lemien. J’aime pas prendre desdouchesavecmonpapa.Manmanellenouslitaussiavantqu’ons’endorme.Monlivrepluspréféréc’estLe

petit chienqui voulait unpetit garçon. Lepluspréféréde Jeffrey c’est Le petitautocarqui tombaitenmorceaux.Des foismanman invented’autreshistoiresetdesfoiselleinvented’autreschansons.Elleenainventéunequis’appelleTouslesenfantsduquartier.C’estsurl’heured’alleraulitdanslarueLauder.Yatouslesnomsdesenfantsdelarueetpuisensuiteçafait

Euxilsfontdodoettoi?Chut,chut,chut,chut.Euxilsfontdodoettoi?

Lapeurqueçamefait,monvieux!Cesoir-làons’estassissurmonlitetmanmanaprisun livre.Maisc’étaitpas

pareil.—Cesoir,nousallonsraconterunehistoireunpeuparticulière.Votrepèreetmoi

nousavons le sentimentqu’il est tempsquevousappreniezcertaineschoses, lesgarçons. Ce livre a pour titre la Petite Graine. Bientôt vous serez de grandsgarçons,presquedeshommes,etilyadeschosesquevousdevezsavoir.—Commentçasefaitquejesuisungrandgarçonalorsqu’hierj’étaisunbébé

pasquejemetraînaisdanslasaleté?quej’aidemandé.Elleacommencéàtournerlespagesdulivrequiétaitmêmepasencouleurs.—Est-cequ’yadespetitschiens,manman?quej’aiencoredemandé.(Jepensais

quepeut-êtreyauraitdeshistoiresdepetitschiens.)—Non,chéri,ellearépondu.C’estunehistoiresurdesgensquiexistentcomme

toi,commeJeffrey,papaetmoi.—Labarbe,iladit,Jeffreyenfaisantcommeçaavecsesyeuxpourfairelesyeux

blancs.Etmamanluiadit:—Continuecommeça,unjourtuserasaveugle,tuserascontent.LaPetiteGrainec’étaitl’histoired’enfantsqueleurmèreattendaitunbébéalors

ilsvontàlafermeavecleurgrand-pèrequi leurmontredespoulets,desœufsettout. C’était barbant, mais alors barbant à mort. Moi j’étais énervé pasque je

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savaisqueShrubsallaitvenir,pournotreplan.Elles’estenfinarrêtéedelireetelleestpartieetj’aimismoncostumedeZorro

sous les couvertures.Etpuis j’ai attendu. J’attendais, j’attendais. Il faisait chauddansmon litavecmoncostumedeZorro.Etpuis j’aientenduShrubsdehorsquicriait:«Gil!».Jesuissortidemonlit.J’aicommencéànouermesdraps.Etpuislalumières’estallumée.C’étaitmamère.—Gil, Kenneth est là, dehors, il t’a appelé, il prétend que vous vous êtesmis

d’accord pour jouer dehors ce soir. Il n’en est absolument pas question, tum’entends?Etpuisellem’avuavecmoncostumedeZorro,ellem’aregardé.—Bon,ben,çairapourunefois,j’imagine.Jeffreyvavousaccompagner.Regarde

unpeucequetuasfaitdemesdrapstoutpropres.Elle m’a emmené en bas. Toutes les lumières étaient allumées. Mon papa

regardaitlatélé.J’avaismonmasqueetmonchapeaudeZorroetmanmanm’aprislemasqueendisant:—Attendsunpeuquejet’arrangeça,voilà,ilestdroitmaintenant,etpuisellea

ajouté:Bonjetedonnequinzeminutes.Onyestallé.Toutdesuitej’aicourumecacherderrièreunarbre,bienbaissé.Je

guettaisElCommandante.C’estunmalin,señor.Ilétaitsurlapistedesseptmilles,à lastationWellsFargo,avecdesprisonniersque j’allais libérer,alors jem’étaiscachéderrièreunarbreenattendantmonchevalpourpouvoirgaloperdanslanuitquandla luned’argent luit.J’allaisvolerausecoursdeJessicaquiétaitenprisonpour avoir des volets bleus ce qui est strictement interdit. J’ai entendu ElCommandante.J’aitirémonépée.—Qu’est-cequetufabriquesaveccecrayon,Gil?qu’iladit,Jeffrey.Ilestàmoi,

tul’asprissurmonbureau.Il était en train de parler à Shrubs de son dernier modèle réduit, c’était une

Thunderbird.Shrubs luiademandécombienyavaitdepièceset Jeffrey luiaditmille que c’était seulement pour les grands. Et Shrubs a demandé s’il pourraitregarderJeffreylamonteretJeffreyaditnonpasqueShrubsill’auraitcassée.YavaitquemoiquijouaitàZorro.J’aicrié:—Venezamigos!Onyva!Jeffreym’adit:—Qu’est-cequeturacontes?Dépêche-toidefinirqu’onpuisserentrer.Alors on a fait une fois le tour du pâté de maisons, en marchant simplement

commeça.Etpuisonestrentrécheznous.Mamanmanademandésions’étaitamusémaisjesuisseulementmontédansmachambreetj’aipointémondoigtversmonlit.Pasquecesoir-làj’aiéteintmalumièretoutseul.

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5.La nuit dernière c’était ma deuxième nuit à la Résidence Home d’Enfants les

Pâquerettes.J’airenduàcôtédemonlit.Çaacommencéquandj’aieumonrendez-vousavecleDrNevelehier.Ilsavait

quej’écrissurlemurdelaSalledeReposmaisilm’aditquec’étaitpermis.Iladit:—Peut-êtrequeGilberts’exprimemieuxparécritcoralement.Jesaispascequec’estcoralement,jecroisquec’estunesortedemusique.Cheznousj’aipasledroitd’écriresurlesmurs,sijelefais,j’yaidroit.Maisune

foisj’aidessinéunchevalsurlemurdemachambreetj’aieulafessée.J’enétaisàlacrinièrequandmanmanestentrée.Toutdesuiteelleacrié:—Pourquoicrois-tuqu’estfaitlepapier,pourleschiens?—Maisnon,j’aidit,pourfairedesavions!Alorsellem’adonnéunebaffe.Etelleadit:— Non mais dis donc, à qui parles-tu, hein ? Tu me prends pour une de tes

copines.Etmoij’aidit:—Jecroyaisqu’onétaitcopains.—Tuvasmenettoyerçatoutdesuitemonbonhomme.—Non.—Nettoie-moiçajetedis.—Non,c’estmachambreetjedessinesijeveux.—Cen’estpastachambre,quicrois-tuquilapaie?—Qui?—Tonpère.—Jelaluipaieraialors.—Comment?—Jetravaillerai.—Queltravail?—Jevendraidestrucs.—Quelgenredetrucs?—Delalimonade.Maisj’aidûnettoyer.Çam’aprittouteunejournée.AvecduVim.Àmonrendez-vous,leDrNevelem’afaitasseoirdanslefauteuiloùj’avaiseula

ceinturedecontention.Ilm’asourimaisc’étaitdelafrime,ilm’alaissélongtempsassissansmedireunmot.Puisilacommencé:—Parle-moidetonécole,Gil.J’ai regardé le tapis de son bureau. Il estmarron avec comme plein de petits

morceaux.Etj’aipensé,c’estdesmaisonsdelavilletoutenbasoùdesassassinsgrouillentàchaquecoinderuepourvolerleschosesdespersonnesinnocentes.Icienhautdans leciel jepeuxmeservirdemesyeuxauxrayonsXpour lesvoiretplongerjusqu’enbaslesobligeràlesrendre.LeDrNevelem’aregardé.—Quellessontlesmaîtressesquetuaimeslemieux,Gilbert?Ilyenabienune

quetupréfères.

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Unepetitefilleétaitmontéesurletoitd’unedesmaisonsenbaspoursuivieparunvoleur.J’aicrié:«Nevousenfaitespas,jevaisvoussauver!»etjemesuislevédemachaiseetjemesuislaissétomberdanslesnuages,jelesaitraversésetjeluiaidonnéuneracléeetjel’aisauvée.Elleportaituneroberougeaveccommedessortesdevaguesdansletissu.—S’ilteplaît,Gilbert,assieds-toi.Lesfauteuilssontfaitspours’asseoir,paspour

grimperdessus.Tuneferaispasçacheztoi,toutdemême?aditleDrNevele.—Jeteparlaispasàtoi,quej’aidit,moi.—Ellen’estpas ici,qu’ilm’aréponduensecouant latête,et j’aidonnéunbon

coupdepieddanslefauteuilquiesttombécontresonbureauetquiarenversélalampededessusquel’ampouleaexplosé.LeDrNevelen’arienditsauf:—Quelleesttamatièrepréféréeàl’école?Alors dehors dans le vestibule j’ai entendu des roues et j’ai pensé : C’est un

chariotdefoinetcachédedansilyaShrubsseulementpersonnepeutlevoiretilvasauterdehorsetmelancermonépéeetjelapointeraicontreleDrNeveleetjerenverserailatêteenarrièreetjepartiraid’ungrandrireavantdem’éloigneraugalop. Alors j’ai couru dans le vestibulemais je n’ai pas vu Shrubs. C’était unechaise roulante avec une fille dedans qui n’avait presque pas de cheveux et sesmainsétaientcommedesgriffes.JesuisrentrédanslebureauduDrNeveleetjemesuisrassis.Ilnem’arienditdutout.—Est-cequejepeuxavoirlaceinturedecontention?j’aidit.—Plaît-il?—Jepeuxavoirlaceinture?LeDrNeveleasecouélatête, lentement,commemonpapaavaitfait,unefois,

quandiladûendormirnotrechien.—S’ilvousplaît,m’endormezpas,quej’aimurmurétoutbas.J’airegardéparterremaisyavaitplusdemaisons,rienqu’untapis.LeDrNevele

secouaitlatête.—Est-cequetumeparles,maintenant,Gilbert?qu’ilm’ademandé.Etj’airépondu:—Jesaispas.Etjemesuismisàpleurer.Ilaécritquelquechosedanssoncahierpendantlongtempsetmoijerestaisassis

sans rien faire. Puis il a refermé son cahier et il a dit que si j’en avais envie jepouvaisallerdans laSalledeReposetécriredeschoses,si jenevoulaispasenparler.Maisjen’ysuispasallé.Non,jesuisallédanslaSalledeJeu.C’estunesalle,ilyadesjouetsdedanspour

jouer avec etmêmeune jungle pour rire en plastique qui est bien pour grimperdedansetjoueràTarzan.JesaistrèsbienfaireTarzan,jesaisfairelecri.IlyaunpetitcarrédécoupédanslaportedelaSalle,deJeupourqu’onpuisse

regarderdedansdepuislevestibule.C’estcequej’aifait.Yavaitdesenfantsquitombaientdelajungleenplastiqueetquisecognaientlatête,etd’autresenfantsquicavalaientpartoutcommedesdingues.J’enaidéduitqu’ilsétaientdérangés.Etilyavaitunhommeaveceuxquiavaitlescheveuxrouxetdeschaussuresblanches

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commelesmédecins.Jel’airegardéparlecarré.C’était commeune sorte de docteur des enfants dingues.D’un seul coup il est

venuversmoi,ilaouvertlaporteilm’aregardéetiladit:—Tulesaàl’œilunmoment,jerevienstoutdesuite,d’accord?Un petit garçon était assis tout seul dans un coin de la Salle de Jeu pasque

personnevoulaitjoueraveclui.C’étaitunnègredecouleur.Illevaitlamaindevantses yeux et il gigotait les doigts commepour se dire au-revoir à lui-même. Il sebalançait sur le plancher, d’avant en arrière, d’avant en arrière. Bateau-ciseau,bateau-ciseau,bateau-ciseau,commeça,sansjamaiss’arrêter.—Çamarche?C’étaitleroux,ilétaitrevenu.D’abord j’ai rien voulu dire et puis ilm’a regardé avec ses yeux et ils étaient

marronavecdespetitsmorceauxvertsdedanscommeceuxdeJessica.—Yaunpetitgarçonlà-dedans,quejeluiaidit,quisefaitau-revoirau-revoirà

lui-même.Lerouxm’aregardé.Ilm’atendulamainendisant:—Jem’appelleRudyard.Maisjeluiaipasserrélamain.J’avaispasenvie.J’avaistroppeur.Maisym’a

souriquandmême.Etiladit:—Enfait,c’estbonjourbonjourqu’ilfait.EtilestretournédanslaSalledeJeu.Moi j’ai regagnémon aile. J’avais sommeil. Jem’ai assis surmon lit. Il a des

draps.Àlamaison,j’aipougnougnou,macouverture.Elleestbleue.Jel’aidepuisquejesuistoutbébé.Mamanmanveutlajetermaismoijel’enempêche.Unefoisj’aifaitquelquechose.J’aifaitpipisurpougnougnou.Çasentaittrèsâcre.Mon lit est aumilieude la rangée. Y a six lits dansmon aile et quatre autres

enfants.Jeconnaispasleursnomsencore,saufun.Ils’appelleHowie,ildortdanslelitd’àcôté,iladescicatricespartoutdequandilajetéunbidond’essencedanslefeu.Ilestméchant.Jeluiaidemandésiyavaitdeshot-dogsàlaRésidenceHomed’EnfantslesPâquerettesetym’aditcauseàmonculmatêteestmalade.(C’estdesgrosmots.)Le lit d’à côtédumien,de l’autre côtéest vide.Peut-êtrequ’unpetitgarçonvavenirydormirquiseramonami.Jem’aiassissurmonlitet jem’aimisàpleurerpasquejevoulaisrentrerchez

nous.Alorsjem’aienfoncélafiguredansl’oreilleretjel’aiappuyéejusqu’àcequejedorme.Etj’aifaitunrêve.C’était chez nous et c’était pas chez nous. On était dans le salon à regarder

Popeyeà latélé,mamanman,monpapaetJeffrey.Alorsyaunmonsieurquiestvenu faire un communiqué qu’il allait y avoir une tornade. J’ai sauté et j’aicommencéàcrier:—Venezvitetoutlemonde,fautdescendresemettreàl’abriàlacave!Maispersonneabougé.Manmans’estmoquéedemoi,elleariendisant:—Neteconduisdoncpascommeuntoutpetitbébé,Gil,voyons!Jeffreyétaitparterre.Ilregardaitdesvoituresdansunmagazine.Ilavaitditque

jepouvaispasregarderaveclui.Jeregardaisparlafenêtreetjevoyaisquelecielétaittoutnoiralorsjecriais:

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—Vite,dépêchez-vous!Mais personne bougeait. Ils faisaient comme si j’étais même pas là. Ils se

parlaient. Ma manman a dit : « Attention pas de chahut. » Et mon papa m’ademandésij’avaisprismonbain.«Pasdebain,pasdeZorroàlatélé.»Derrièrelui,parlafenêtre,jevoyaislatornadequis’amenait,elleétaitnoireetlongueetsetortillaittellementquejevoyaispasdansquelsenselleallait.J’aicourujusquedansla cave. Je m’asseyais sous l’escalier et j’écoutais pour voir quand les autresarrivaient.Maisj’entendaisrienquelebruitdelatornade.Çafaisaitlebruitd’untrainmaissifortqueçafaisaitmalauxoreilles.Etçadevenaitdeplusenplusfort,deplusenplusfort.Çavenaitsurnotremaison.Etjecriais:—S’ilvousplaîtlesgars!S’ilvousplaîtvenez!Dépêchez-vous!Jecriaissifortquej’enétaismaladeetjepouvaismêmeplusm’entendre.Toutse

mettaità trembler.Unverresecassait.Alors je regardaisvers laporte.YavaitJessica, ses lèvres remuaient mais j’entendais rien. Je disais « Quoi ? » maisj’entendaistoujoursrien.Latornaderugissaitcommedeslionsàl’intérieurdemoiet puis Jessica faisait un grand tour et une révérence et elle s’en allait. Je luicourais après mais j’avais peur de sortir de la cave avec la tornade. J’avais lafrousse. T’es qu’un trouillard mon vieux. Alors j’hurlais j’hurlais. Et Jessica seretournaitetmeregardaitetelledisait:«Pourquoitum’asfaitça,Gil,cequetum’asfait?»Etjememettaisàpleurer.«Pourquoitul’asfait?»elledisaitencoreet latornadeétaità l’intérieurdemoiet jememettaisàgenouxet jeposaismatêteparterreetjedisais:«Oh,s’ilteplaîtJessica,devienspasmorte,s’ilteplaîtdevienspasmorte.»Quandjem’airéveilléjesavaispasoùj’étais.J’airendupasquej’avaistellement

peur.Yz’ontdûfairevenirunportierpournettoyercematin.Howieaditquej’étaisun

bébépuisquejerendaisetj’aipastrouvérienàluirépondre.Etaujourd’huij’avaisdenouveauleDrNevele.Jeluiaidemandésimalettreque

Jessicam’avaitécriteétaitarrivée.Jeluiaiditquelesoiroùonavaitfaitçaelleavaitditqu’ellem’écriraitunelettresijamaisonétaitséparés.—N’ycomptepas,m’aditleDrNevele.Je luiaiplusparléaprèsça. J’aicroisé lesbraset jem’aiassis.Et j’aiparléà

Jessica.Etquandilm’aencoreditqueJessicaétaitpaslà,j’aipiquélespapierssursonbureauetj’aicommencéàlesdéchirer.Maisilm’asimplementregardéetjelesaipasdéchirés.—Vas-y,ilm’adit,déchire-les,oualors,s’iltefonttellementenvie,garde-les,tu

peuxlesemporter.C’estcequej’aifait.JesuisallédanslaSalledeRepos.C’estlàquejesuisencemoment.J’aiécrit

quelquechosesurlemur.Z.CommeZorro.(Âcre,c’estunmotdemonpapa,illeditpourlesradisnoirs.)Rembrandt,Gilbert(suite)12/3Encequiconcernel’interactionverbaliséeaveclethérapeute, larésistancedu

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patientresteextrême.Lepatientrefuseeneffetdes’adresserdirectementàmoi,préférantpourleséchangesverbauxuneformedetransfertprolongé.C’est-à-direqu’il communique avec moi par l’intermédiaire de la présence imaginaire de lapetiteJessicaRenton(voirdossiers7,rubriqueI). J’estimequecetteattitudeestfonctiondedeuxaffectsquiserecoupentetserenforcentmutuellement:a)l’enfantrefuse d’affronter la réalité du mal qu’il a effectivement fait à Jessica qui, aumomentoùj’écrisceslignes,estencoreenobservationauNewMercyHospital(latransmissiondesrapportsmédicauxaétésollicitéeparlettre12/1),ilcréedoncsaprésence ici, intacte, afin de prouver le contraire et b) l’enfant se sert de cettetierce personne pour s’adresser indirectement au thérapeute. Au moyen de cetingénieux transfert depersonnalité, il s’adresse à elle et c’estmoi qui l’entends.Cesdeuxsymptômesmesemblentpathogènessinonpathologiquesetinterviennentl’unetl’autredanslaconditiondujeunepatient.Car il n’en demeure pas moins que tout traitement efficace de ce cas passe

obligatoirementparunerestaurationdelacommunicationverbaledirecte.Lefaitqu’il écrive sur lemur (cf. 12/2) tend à prouver que l’enfant présente une forteinclination langagière, il est d’ailleurs très doué (championd’orthographede sonécole) et j’y vois une preuve supplémentaire du fait que là est bien le nœud duproblèmeetlaprincipalevoieàexplorer.Diverssymptômesmanifestéspar lepatientdonnentàpenserqu’ilsouffred’un

complexe du justicier. Dont la fonction, ici encore, est double : a) Transfert deculpabilité. En se hissant au statut de héros, on crée du faitmême unméchantextérieurquel’onpeutchargerdetouslespéchésdumonde,soulageantdumêmecoup sa propre culpabilité pour toutes les mauvaises actions qu’on peut avoircommises ; b) Une conduite de fuite. D’ailleurs sociopathologique. Les allusionsconstantesauvol,àl’essor,ausaut.Ils’agitdeseplacersoi-mêmeendehors–etau-dessus–delasociété.C’estunemanièresymboliqued’accomplirsestrèsfortestendancesantisociales.Pourlemomenttoutefois,lethérapeuteauteurduprésentrapportestimequeles

accèsderageincontrôlableconstituentleproblèmeleplusgraveetleplusurgentdu patient. Il s’agit d’une véritable anomalie de comportement, socialementinadéquate et frisant la psychopathie. Le patient constitue unemenace pour sonentourage et doit, pour cette raison, faire l’objet d’une surveillance constante(c’est-à-direqu’ilconvientcommemesureconservatoireminimalede lemaintenirconfinémomentanémententrelesmursdenotreinstitution),bénéficierdetrèspeude faveurs et ne jamais se voir offrir l’occasion d’exercer sa violence. Cecomportementneseraenaucuncastoléréici.J’ai recopié ça sur le mur dans les papiers que j’ai pris dans le bureau du

DrNevelepasque jem’ennuyais,mais j’y comprends rien.C’est des tropgrandsmots.

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6.Après les grandes vacances, il a fallu que je retourne à l’école. J’avais oublié

l’écoleàcausedesvacancesqui sont longuesquandonestunenfant. Jedétestel’école.Yfautselevertôt.Mamanmanmeréveilleenvenantdansmachambreeten me caressant la tête et puis en me tapotant les fesses (qui sont souspougnougnou ma couverture) et puis elle s’approche tout près tout près de mafigureetellechuchote:«Gil,monchéri,c’estl’heuredeselever.»Ellechuchotesidoucement, si gentiment, je voudrais la tuer. Si seulement je pouvais avoir unréveille-matin!Jeme lève. Jevaisauxcabinets.Puis jeme lave lesdentset la figure. (J’aime

mieuxlasalledebainsdupremierquiestbleue.Celledurez-de-chausséeestrosecommepourune fille.)Etpuis jem’habille. Je saism’habiller tout seul.Manmanarrangemesaffaireslaveillesurl’autrelitquiyadansmachambreoùsqueJeffreydormait sauf que maintenant il a sa chambre pour lui tout seul oùsque Sophiedormaitavantsaufquemaintenantelleydortplus.JesaispasoùSophiedort.Jecroisqu’elledortpas.Jedétestemeshabits, y sontmoches.LarryPalmer, lui, seshabits sont super-

chouettes.Ilestrudementàlamode,monvieux,avecdesvraiesfringuesdetravail.EtunebananecommesurlapubpourBrylcreem.Quandjesuishabilléjedescendspourlepetitdéjeunerquemanmanfaitetqueje

peuxpasencaisser,pournerienvouscacher,pasqu’ymedonneenviededégobillertripes et boyaux. J’ai jamais faim pour le petit déjeunermais elle m’oblige à lemanger.C’est desœufs brouillés avec commede l’eau tout autour.Mamanmans’assiedsursachaiseoùsqu’elles’assiedtoujours,auboutdelatable,tournéesurlecôtépourêtreenfacedemoi.Jem’assiedssurlachaiseàJeffreypourlepetitdéjeunerpasqu’ils’envaavantmoi.Manmanasarobedechambrerose.Elleaunfiletsurlescheveux.Elleadespantouflesquiluipendentdespiedscommeçaalorsonestobligédelesregarder.Elleaduvernisrougesurlesonglesdesesdoigtsdepiedsquiesttoutécailléetqu’onpeutpass’empêcherderegardernonplus,commesesjambesquiontdesveinesdedansquisontbleues.Elleacommeuneodeurdelotionqu’ellesentdel’autrecôtédelatable.Yfautquejemangedesœufsbrouilléspleinsd’eauensentantl’odeurdesalotion.Au petit déjeuner, tout reste très coi pasque c’est très tôt le matin. Je peux

entendre lapenduledusalon.Elle fait tic-tac.Mamanmanelleboit toujoursunetassedecafé.Elle regarde lemuravecdesgrandsyeux.Elle l’aspireen faisantchlllpp!Etpuisellelegardedanssabouchependantuneheure.J’attends.Toutestsilencieux.Tic-tac.J’attends.Etpuisalorsellel’avale.Çafaitlebruitd’unegrossevaguedéferlante.Alorsellemedonnemondéjeuneràemporter.Ilestdansunsacenpapierd’emballage.Unsacneuf. J’aiunsacneuf tous les jours.Elle le replietroisfoisetluimetdesagrafes.Yad’autresenfantsquiviennentavecunsactoutfroissé, comme ceux de l’orphelinat. D’autres enfants ont des boîtes à déjeuneravecdesdessinsdessuscequejetrouvecucullapralinemoipersonnellement.Jemangepasmondéjeuner.Jelemetsdansmoncasieretjelelaisselàpourrir.

La raison c’est que j’ai de la pleurodynie.Cest unemaladie,mon docteur le dit,

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quand j’ai des crampeset puis ladiarrhée.Et ça s’appellepleurodynie.C’est unpointdecôté,ensomme,maisjedéduisque,sijemangepas,j’enauraipas,malgréque je soye un gros mangeur et qu’à la maison je soye toujours le chef ducommandodesnettoyeursd’assiette.Àl’école,yaaussiunecantineoùsqu’onpeutacheteràdéjeunerpourtrente-cinq

cents.Onsemetenrangpourfairelaqueueetlescuisinièressonttoutesgrossesavecdesdoigts rouges et un filet sur les cheveux.On a du lait dansdespetitesbouteilles.Ilesttiédassepasqu’ilslegardenttoutprèsdelàoùsqu’yaleschiffonspour nettoyer les tables quand on a fini de manger. L’eau est grise avec desmorceauxde choses àmanger qui flottent dedans.Ça sent le vomi.On frotte latableaveclechiffonetylaisseuneespècedetraceblanche.J’achètepasdelaitàl’écolevraimentsouvent.Desfoisc’estmoiquisuischefdetableetjedoisnettoyeraprèsledéjeuner.On

risqued’êtreenretardpourrentrerenclasse.Unefoisj’aiprisungrandbalaietjem’ensuisservipourbalayerlatableetMlleSmithaditqu’elleallaitmetordrelecou.(MlleSmithestprofdegym;ellesurveilleledéjeunerpasqueleréfectoireestinstallé dans le gymnase, avec des sortes de tables qui rentrent dans les murscommeça.MlleSmithpensequ’elleestunhomme.Elleportedesblousonsetelleapasdelèvresdutout.)Le jour de la rentrée, Shrubs est passé me chercher et ensuite on est allé

chercherMortyNemsickquihabitelaporteàcôtéetquiestdingue,pournerienvous cacher. Et puis on est allé à l’école. Qui est exactement à trois pâtés demaisonsetdemi,exactement.Pourcommencer,onaeuassembléegénérale.Lesassembléesgénéralesc’estdans l’auditorium.Quiestaussiuneclasse. J’ai

déjàeuauditoriumdesfois.Onyfaitduthéâtre.Despièces.Lederniersemestre,uneautreclasseavaitmontéleMerveilleuxMagiciend’Oz.Ilsontgagnéunprix.L’auditoriumestuneclassespéciale.Lamoitiédelajournée,onaclassedansnotresalle, dans le préfa, et l’autremoitié on a desmatières spéciales dans d’autressalles.(C’estdansl’auditoriumquej’aivudesvaguesdéferlantesunefoisdansunfilm

sur lamer, en assemblée générale. C’est des vagues très très grosses, elles sedéfontlentement.)Ce jour de la rentrée, on est allé en assemblée juste après l’appel dans nos

anciennes salles de classe. Pour aller à l’auditorium il faut de l’ordre. Pas debavardage, les fillesd’uncôté, lesgarçonsde l’autre.Onattenddeboutavantdes’asseoir.Chaqueclasseasaplace.Jem’aiassisprèsdeShrubspourqu’onpuissechahuter.Quandons’estassisilasortiunstyloqu’ilavaitoùsqu’onvoyaitunefillededans que sa robe elle tombait quand on la retournait à l’envers. Il l’a achetésoixante-quinzecentsaupatrouilleurducarrefourdeSevenMileRoadquiestunvoyou.Lestylom’adonnécommeunesortededrôledechatouillisdansleventre,sousleventre.Toutlemondel’aregardé,onétaitaumilieud’unerangée.EtpuisMlleFilmers’estamenéealorsShrubsl’acachésoussachemise.Pourl’assembléegénérale,oneulebrigadierWilliams.Onl’avaitdéjàeuavant,

c’estun flic. Il aunpétardet tout.On luidit toujours«DescendezMlleFilmer,

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feu!»maisyladescendjamais.C’estunpeintre.Ilaunchevaletetildessineleshistoires en même temps qu’il les raconte. C’est barbant, mon vieux, c’est paspossible.Iladessinéunfeu,c’étaittroisronds,unrouge,unorangeetunvert,etpuisilnousaditdefaireencoreplusattentionenhiverquandontraverseàcauseque lesruessontglissanteset ila transforméle feuenbonhommedeneige. Iladessinéunvieuxhibousagaceet il l’achangéenbicycletteseulement jesaispascommentpasquejeregardaisShrubsretournersonstylo.Maisalors ilestarrivéquelquechose.MlleFilmeravu.Shrubsaessayédele

planquermaistroptard.Elles’estpenchéepar-dessusquatreélèvesetelleavouluprendre le stylo, seulement Shrubs a tiré dessus et elle m’est tombée sur lesépaules.Elleétaitrudementlourdepourunemaîtresse.Elleaprislestylo.—Oùavez-voustrouvéça,mongarçon?—Chaipas.(Shrubsdittoujours«chaipas»quandonl’engueule.)—Qu’est-cequeçaveutdire«jenesaispas»?—Chaipas.MlleFilmers’estmiseenrogne.—Vousallezmerépondreoui!EtShrubsadit:—Chaipascequeçaveutdire«chaipas».—Maisvousnesavezjamaisrien,vous,c’estça?—Chaipas,qu’ilaencoreditShrubs.MlleFilmeraessayédeluidonnerunegiflemaisilabaissélatêteetc’estmoi

quiaipris.Çam’amêmepaschatouillé.J’aiessayédemelevermaiscommeelleétaitencoreàmoitiéappuyéesurmoielleabasculéetelleestunpeutombéeparterre et le stylo est tombé et il a roulé sous les chaises jusqu’au bout del’auditoriumettoutlemondeessayaitdeleramasser.LebrigadierWilliamsadessinéunsignaldepassageàniveauetill’atransformé

enpatrouilleurdesûreté.(Lacroixestdevenuelesdeuxceinturesdetravers.)C’estSylviaGrosbeckqu’aramassélestyloetl’adonnéàMlleFilmer.LaFilmer

l’amisdanssapocheetelleafaitcommeçaavecsondoigtàShrubs,cequivoulaitdireviensunpeuici.—Viensmechercher!qu’iladitShrubs(ilétaitfoufurieux).Etellel’afait.LebrigadierWilliamsaregardécequisepassaitetçaluiafaitlouperlafigure

dupatrouilleurdesûretéetMartyPolaskiagueulé :«Houou!Défigurépour lavie!»AlorsMlleFilmerl’aattrapéluiaussietellelesatiréstouslesdeuxjusqu’aufond de l’auditorium et son bureau. On l’entendait crier et un petit, au premierrang,s’estmisàpleurertoutfortetlebrigadierWilliamsaditunpoème:Lespolicierssonttesamisquandtuteperds.Lespatrouilleursdesûretésontlà

pourtefairetraverser.Jem’arrêteaurougeetjepasseauvert.Cesontlesrèglesdesécurité.Etpuislaclocheasonnéettoutlemondes’estmisàfairedubruit.MlleKolshar

adit:«Cen’étaitpaslesignaldudébutdesbavardages.»Maispersonnenesavaitquoi fairepasquec’était la rentrée, ledébutd’unnouveausemestreetpersonnesavait dans quelle salle aller. Les maîtresses se sont réunies sur l’estrade de

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l’auditoriumet tous lesélèvesontcommencéàdirebonjouràdesvoisins. JemesuisdemandéoùétaitShrubs.J’aipenséqueMlleFilmerl’avaittué.EtpuisMlleMurdockestarrivée.C’étaitmamaîtressequandj’étaisenpremière

année.Elle adit que tout lemonde retourneà sa sallede classeoù il était l’andernieretdepasserparicietparlà,saufceuxqu’elleallaitlirelesnomsetellealudesnomsetyavait lemiendenom.Touslesautressontpartis.J’aicommencéàsuer pasque je voyais pas Shrubs. Je pensais queMlle Filmer l’avait tué. Et jepleuraispresque.Elleestsortiedesonbureauaveclesbrascroisésetalorsd’unseul coup jem’ai levé. Et je suis allé la trouver sur l’estrade de l’auditorium etpendant que jemarchais jem’ai dit que j’étais au sommet d’unemontagne trèshauteetquetouslesautresétaientenbasetqu’ilyavaitduventquimesoufflait.Jem’aiarrêtéjustedevantMlleFilmeretj’aicrié:—Qu’est-cequevousavezfaitàShrubs!quej’aicrié.Sivousluiavezfaitdumal,

jevoustue,jelejuredevantDieu!Etpuisj’aifaitpipidansmonpantalonetjemesuismisàpleurertoutfortpasque

jepensaisque tout lemondey z’avaientvuetpuis laportede l’auditoriums’estouverteetc’étaitJessicaetelleavu.Jepleuraisetjesuisallém’asseoir.J’avaisjustementclassed’auditorium,c’était

pourçaqueMurdockelleavaitlumonnom.M. Stolmatsky est entré. C’est unmaîtremais c’est aussi un acteur dans une

université. C’était lui qui s’était occupé duMerveilleuxMagicien d’Oz quand onl’avaitmontépour leconcoursausemestreprécédent.EtpuisMlleFilmera faituneannonce:—Puisque la quasi-totalité de la distribution duMagicien d’Oz se trouve dans

cetteclasse,M.StolmatskyademandésinouspouvionsutilisercetteheurepourrépéterenvueduconcoursquidoitavoirlieuàLansing.Jesuisrestéassistoutseul.M.Stolmatsky a alors demandéà la troupedemonter sur scène. Jessica s’est

levée. Elle était Dorothy. Elle portait la robe rouge qui avait comme de petitesvagues dedans quand elle marchait. Il y avait aussi trois garçons. Ils restaientdebout sans rien faire.Et il y en avait unquatrième sur le côtéde la scènequisoufflaitsursonpoing.Plustard,j’aiapprisquec’étaitcenséêtreunmicroetqueluifaisaitlebruitdelatornade.M.Stolmatskyestallétoutaufonddel’auditoriumetilacrié:—Allez,surlesplanches,lesamantsdeThespis!(Jen’aipasl’ombred’uneidée

decequeçapeutbienvouloirdire.)Etpuis Jessicas’estretrouvéeaumilieude lascène.Elles’estmiseàdiredes

mots.Elledisait:—TataM,TataM.C’étaittrèsdoux,trèsbas.M.Stolmatskyaditqu’ilentendaitrienmaisJessica

l’écoutaitpaspasqu’elleregardaitquelquepartdanslevide.Jevoyaistrèsbiensesyeuxdelàoùj’étais,loinpourtant.Ilsétaientvertsavecdeséclatsbrunsdedans.Elleestrestée longtempsàregardercommeçasansrien faired’autreet tout lemonde attendait. Et puis, très lentement, elle s’est mise à genoux. Elle était à

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genouxetellemurmurait:—TataM,TataM.Legarçonqui était sur le côtéde la scènea arrêtéde souffler sur sonpoing.

Personnenebougeait.C’étaitunvrai silence. Jessicaamurmuré«TataM,TataM»,etpuiselles’esttue.Seslèvresbougeaientmaisiln’ensortaitaucunmot.Elles’estallongéeparterreetelleaposésatêtesursonbras.—Qu’est-ce qui se passe ? a criéM. Stolmatsky. Tu as oublié le reste de ton

texte?Jessicaalevélatêtetrèslentementetj’aivuqu’ellepleurait.M.Stolmatskyétait

trèsétonné,iln’arienditd’autre,etj’aicomprisqu’ellen’avaitrienoublié.Auboutdequelquessecondes,M.Stolmatskyadit:—C’étaitexcellentmonchou,tunousasvraimentfaitaimerDorothy.Jessical’aregardépendantlongtemps.—Fermez-la,monsieurStolmatsky,qu’elleluiadit.(C’estmamanmanquim’aapprisJen’aipasl’ombred’uneidée.Elledittoujours

çaquandjeluiposedesdevinettesdemonhebdomadairepréféré.Cellequej’aimeleplusc’est:«Pourquoilecrétinjette-t-ilunependuleparlafenêtre?»)

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7.Ilvoulaitvoirs’envolerlesminutes.

Jen’aipasécritça.Ça faitune semainemaintenantque je suisà laRésidenceHomed’Enfants les

Pâquerettes.Jedétestecetendroit.Jevoudraisletuer.Cequejedétestepirequetoutc’estlepetitdéjeuner.C’estdansunegrandesallebruyanteavecdeslonguestablesoùnousmangeonsavecd’autresjeunesquisontdégoûtantsàregarder.MmeCochraneet lesenfantsdemonailes’asseyentàune table. IlyaPhilet

RobertetMannyetHowie.Robertn’aqueseptans.Howieneufetlesautreshuitanscommemoi.Robertpleuretoutletempscequimetapesurlesnerfs,pournerienvouscacher,et il faitpipiau lit lanuitetçasent toutà faitâcre. Ildortdel’autrecôtédelapièce,enfacedemoi.Àcôtédemoi,c’estHowie,legarçonaveclescicatrices.Philneparlejamais,ilrestecoietsourittoutletempsetjesaispaspourquoi,peut-êtrequ’ilestcontentcontentoualorspeut-êtrequesafigures’estbloquéecommeça.(Mamanmanquandjefaisdesgrimaceselledit,attention,siyauncourantd’airmafiguresebloqueraetjeresteraicommeçapourtoujoursetmoijedischouettecommeçaj’auraiplusàmefatigueràfairedesgrimaces,mafigurelesferatouteseulepourmoi.)Mannyamonâgeetaussiilestjuifcommemoi,ilalescheveuxnoirsettoutbouclésetdedrôlesd’expressions.Au petit déjeuner d’aujourd’hui j’ai fait un hippopotame avec ma bouillie de

céréalesquiétaittoutedesséchée.Jeluiaifaitunlitavecunetranchedepaingrilléet avecma serviette je lui ai fait une couverture.Ensuite avecma cuiller je l’aibattuàmort.Jeluiaifendulatêted’ungrandcoupetpuisjel’aicoupéendeuxetje l’ai écrabouillé surmonassiette.MmeCochrane s’est fâchéeetm’ademandépourquoij’avaisfaitça.J’aiditpasquec’étaitunméchanthippopotamequ’avaittuéJessica.Ill’avaittraînéedanslarivièreetl’avaittuée.Robertadit:—Quellerivière?Jeluiaiversémonjusd’orangesurlatêteendisant:—Cetterivière-là.Etonm’aemmenédanslecabinetduDrNevelesur-le-champ.Ilavaitencoresonmanteaucequim’asurprispasquejecroyaisqu’ilhabitaitàla

RésidenceHomed’EnfantslesPâquerettesmaisnon.Jepensequ’ildoithabiteruncentrecommercial.— Bonjourmon petitmonsieur, ilm’a dit avec un sourire, si vous voulez vous

donnerlapeinedepénétrerdansmonantre,jesuisàvoustoutdesuite.Maisalors là,non.Pasaveccequ’il avaitdit. Jamaisde lavie ! J’aiessayéde

partirencourantmaisMmeCochranem’arattrapé.—Qu’est-cequec’estencorequecettehistoire?qu’ilafaitleDrNevele.MmeCochraneluiaditpourlepetitdéjeuner.—Non,j’aiditmoi,c’estpasça.—Maisqu’est-cequec’estalors?—Vouslesavezbien!—Dudiablesijelesais!aditleDrNevele.Jen’enaipaslamoindreidée.Allez,

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entre!—Non,non,jeveuxpasallerdansvotreantre!quej’aicrié.—Gilbert!—Ohnon!Jeseraisage,c’estjuré,jeseraisagetoujours,jepromets.Metuez

pas!Metuezpas,docteurNevele!Et je hurlais et je donnais des coups de pieds et jemordais. Fallait que jeme

sauve,absolument.—MadameCochrane,emmenez-leenSalledeReposetqu’ilyrestetantqu’ilne

serapascalmé.J’yaicouru.Toutseul.PasqueleDrNeveleavaitditmonantre.Pasquequequand

j’avaiscinqans j’aivuun filmquim’adonnédescauchemarsquemême je lesaiencore.C’étaitunfilmavecuneespècedecaveoùonvoustorture,yaunegrossechose qui vous descend sur le ventre et qui vous écrase jusqu’à ce que vosintérieurssortentpardestrouscommedesspaghettis,etvoussaignezàmortetyaunhommeaffreuxavecuncapuchonetunmasque toutnoirsetc’estundocteurcommeleDrNevele.Ças’appelaitl’Antredudocteurnoir.Ilyavaitquelqu’undans laSalledeRepos.Mincedesurprise.C’était l’homme

auxcheveuxrouxdelaSalledeJeux.C’estunesortededocteurluiaussi.J’aivoulurepartir.—Non,ilm’adit,non,non,neparspas,jem’enallaisjustement.Situveuxbien

prendrelerelais,grandgarçon.Ilavaitunecravatecettefois,commes’ilétaithabillépoursortir. Jesuisresté

danslaSalledeReposmaisluin’estpasparti.Ilestrestéassislàsansriendire.—Jem’envais,ildisait,d’uninstantàl’autrejem’envais.Etpuisilafaitquelquechosedebizarre.Ilalevélesmainsdevantsesyeuxetila

bougésesdoigtsetpuisilfaisaitMmmmavecsabouchecommes’ilfredonnaitmaisc’étaitseulementunbruitpasdelamusique.—Tudevraispast’asseoirparterreavecteshabitsdudimanche,jeluiaidit.Tu

vasêtrepuni.Ilalevéleregardversmoi.Ilavaitlesyeuxvertsavecdeséclatsmarrondedans,

commeJessica.—Commec’estvrai,ilm’adit.Etpourtant,commec’estloin.Etpuisils’estlevéetilestparti.AlorsmoijesuisallépourécrireçasurlemurdelaSalledeReposetj’aivuque

quelqu’unavaitécrit

Ilvoulaitvoirs’envolerlesminutes.Etcen’étaitpasmoi.Alorsjel’aisuivipasqu’ilauraitpasdûécriresurmonmur.IlestalléàlaSallede

Jeux.Laporteétaitouverte.Jel’airegardéparlapetitefenêtre,ilétaitlàaveclepetit nègre de couleur que j’avais déjà vu, celui qui est dingue. Le roux était àquatre pattes par terre avec lui et le petit garçon pleurait sans arrêt, pleurait,pleurait.Etpuislerouxm’avu.Ils’estlevéetilm’aditd’entrer.Jesuisentré.

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—JeteprésenteCari,ilm’adit.Ilmord.Etpuisilestsortienrefermantlaportederrièreluietjemesuisretrouvétout

seulavecCari.Quimord.Il s’est levé et d’un seul coup il s’estmis à courir aussi vite qu’il pouvait tout

autourde laSallede Jeuxetpuis il s’est flanquécontre laporte, ila rebondienarrièreetilestrepartisanspleurerniriendutout.Etpuisils’estassis.Etpuisils’est levé.Etpuis ila faituncercleet ilamarchésurquelques jouetset ils’estrassis.Jeluidisaisrien.Jecroisqu’ilsavaitmêmepasquej’étaislà.Ilaramasséuncoussin et s’est mis à le bouffer. Ses yeux sont devenus tout drôles. Un quiregardaitpar ici l’autrepar là. Ilclignaitdesyeuxetremuaittrèsfort latête. Ils’estmisàécraserlesjouetsdanslecoffreàjouets.—Tudevraispas,jeluiaidit.Maistoutcequ’ilafaitc’étaitdesiffler.Etpuisils’estrelevéetilestentrédroit

danslemuretpuisils’estassiscontrelemuretilalevélesmainsdevantlesyeuxetils’estmisàgigoterlesdoigts.C’étaitlamêmechosecommefaisaitlerouxdanslaSalledeRepos.EtpuisCariesttombéetilarouléparterreetils’estcognétrèsfortcontrela

jungleenplastiquequia failli luidégringolerdessusmais finalementnon,alors ils’estrassisavecledoscontrelemuretils’estmisàsebalanceretàcognersatêtecontre lemur. Je voyais unpetit endroit chauvederrière sa tête d’à forcede lacogner.D’unseulcoupils’estassistoutdroitetilaposélesmainssursesgenouxetils’esttenucommeunpetitgarçonbienélevé.Jeluiaidit:—T’esassisbiencommeilfaut,Cari,commeunbonpetitcitoyen.IlfaisaitMmmmmavecsabouche,rienquedubruitpasdemusique,commeavait

faitleroux,etpuisils’estlevéetilestalléprèsd’unpetitchariotrougequ’yadanslaSalledeJeuxetilestmontédedansets’estrassiscommeunbonpetitcitoyen.—C’estpasfaitpourça,jeluiaidit.C’estpourtransporterdeschosesdedans.Maisilestresté.Ilétaittoutraidecommeunestatuedanslepetitchariotrouge.

(Y a « Petit Chariot Rouge » d’écrit dessus, sur le côté.) J’ai ramassé un petitcoussinetjeluiailancémaisilapasbougéetill’aprisenpleinefigure.—C’estfaitpourquetulerattrapesetquetumelelances,jeluiaidit.Tuferais

mieuxdesortirdelàavantquelerouxreviennesinonyvatepunir.Etpuislaportes’estouverteetunemployéestentré.IlaprislamaindeCariet

aessayédelefairesortirdupetitchariotrougemaisyvoulaitriensavoir.—Allez,faispasleméchant,aditl’employéquiétaitgrandettoutpoilu.Cariluiamordulamain.J’aivuqueçasemettaitàsaigneretl’employéahurlé:

«Espècedepetitsalopard!»etpuisilaprisCariparlesépaulespourquipuisseplusbougeretilluiatordulesbras.Cariygueulait,ybalançaitdescoupsdepiedsetmêmedescoupsdedentsdanslevide,etl’employéavaitbiendumalàletenir.Ill’alâché.—Jerevienstoutdesuite,iladit.Caris’estarrêté.Ils’estarrêténet,commedansundessinanimé.Etpuisilafait

unbruit.—Pouche.Jesuisalléprèsdelui.Ilm’afaituneespècederegardcommeça,etj’aitenduma

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mainetym’amêmepasmordu.Jel’aitouché.Iladitencore«pouche».Etpuisilaprismesmains et il a tirémais jem’ai écarté. Alors il a hurlé vraiment pointucommeunesirèneetmoijem’aimisvraimentenrogneetj’aicrié:—Ferme-la,Cari,tusaisbienqu’yvontreveniravecdesceinturesdecontention

etqu’yvont tepuniret te flanquerdesbaffesenpleinepoireet te fairevoirquicommandeicietpourtonbien!OhbonsangdebonDieu,jetecomprendsvraimentpas!Etjem’aimisàpleureraussietjesaismêmepaspourquoi,pasquec’étaitCari.Y

m’aprislamainetyl’aposéesurlepetitchariotrouge.—Pouche.L’employéestrevenuauboutdequelquesminutesavecunautre,seulementCari

étaitplusdanslepetitchariotrouge.IlétaitassistoutàfaitcommeunbonpetitcitoyensurunepetitechaiseprèsdelafenêtredelaSalledeJeux.Ilsm’ontregardé.J’aidit:—Toutcequ’yvoulaitc’étaitqu’onlepousse.Ils ont emmené Cari et je suis retourné dans la Salle de Repos. Je pensais à

l’homme aux cheveux roux qui faisait bouger ses doigts devant ses yeux etfredonnait dubruit commeCari.C’était undocteurmais il faisait pas commeundocteur.Ilfaisaitcommeunpetitgarçon.Commemoi.Rembrandt,Gilbert(suite)12/10RudyardWalton,thérapeutedansnotreinstitutiondepuisunan,manifestebeaucoupd’intérêtpource

patient,bienqu’ilsoitenfaitaffectéaupavillonSud-Ouest,danslequeliltravailleprincipalementavecdesenfantsautistiquesoumentalementretardés.Walton,dontlesrésultatssonttrèsappréciésdanssonservice,travaillesemble-t-ilselonunprincipe

dutype«guérisseur-malade»,sij’osedire.Ilentreavecchaquemaladedansunerelationbilatéraleet« prend sur lui » en assimilant les symptômes de ses patients, créant ainsi, j’imagine, une relationd’empathieaveceux.Iln’enapasmoinsprislaresponsabilitéd’intervenirunilatéralementdansletravailquej’aientrepris

avecGilbert,et j’aidûluienparler.Ilaniéavoiravecl’enfant lamoindrerelationthérapeutique, ilditqu’iléprouvebeaucoupde«sympahie»pourcepetitetappréciesacompagnie.Jeneluiaipasmoinsdemandédebienvouloirs’occuperexclusivementdesesproprespatientsdupavillonSud-Ouest.LesrelationsqueWaltonétabliraitaveccepatientseraientforcémentnuisiblesà labonneévolution

demon traitement.À l’évidence, la techniquedeWalton, si technique il y a, a pour effet de renforcerdansunpremiertempslescomportementsdel’enfant,laissantleurmodificationpourplustard,dansunsecondtemps,aprèsl’établissementdefortsliensrelationnels.Or,ilm’apparaîtquelescomportementsdeGilbertRembrandtnedoiventnullementêtrerenforcés.Ils’agiteneffetd’uneattitudesociopatheetdestructrice. Elle doit être strictement réprimée dans lamoindre de sesmanifestations, toute idée detolérancedoit êtreexclue, et laprésenced’unautre thérapeute,quece soitdans le rôle«d’ami»ouquelqueautre,nepeutêtretolérée.Je crois d’ailleursdemondevoir de signalerqueM.Waltona crupouvoir abandonner sans aucune

surveillanceundesesproprespatients,unenfantautisteaudernierdegré,lepetitCari,encompagnieduseulGilbertRembrandt.Unaide-soignantaétégravementblesséparmorsuredupetitCariàlasuitede cemanquement caractérisé au règlementdenotre institution. (Walton aurait prétendupar la suiteavoiragideproposdélibéréetaffirméquelesdeuxenfantsenavaientretiréuncertainprofit.Quoiqu’ilensoit,cetteaffaireseraexaminéeparleconseildedisciplinelasemaineprochaine.)Walton a également laissé entendre qu’il jugeait que le cas Rembrandt ne relevait pas des soins

prodiguésdansnotre institution.L’enfantn’a,selon lui, rienà faire ici. J’affirmetoutefoisquantàmoique l’enfant présente de véritables troubles du comportement et a même récemment manifesté dessymptômes schizoïdes à tendance nettement paranoïaque, avec complexe de persécution et présencehallucinatoired’assassinsdansmoncabinet,unetrèsévidentetentativedefuitedevantlaculpabilitéàl’égarddelapetiteJessicaaumoyend’untransfertnégatif

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Jemedoisdoncderéaffirmermondiagnosticetmonpronostic:ils’agitd’unenfanttrèsgravementaffectédanssoncomportementetdontleséjouriciseraprobablementlong.C’étaitsurunpapier.Jel’aivoléauDrNevele,sursonbureau,pendantquej’y

étais.

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8.Pendantquej’étaisassisdanslaSalledeRepos,MmeCochraneestvenueetelle

m’aditquejedevaisallezchezledentistele lendemain,quec’est lesrèglesà laRésidence Home d’Enfants les Pâquerettes. Je lui ai attrapé le bras et je l’aimorduecommeCarimaisellem’aflanquéunebaffeenpleinepoirealorsjemesuismisàhurlerdetoutesmesforcesaussifortquej’aipu:«Jevaistuerquelqu’un!Jevaistuerquelqu’un!»Ellem’alaissétoutseuldanslaSalledeRepos.Maisquandj’iraichezledentiste

jevais le tuer. Jedéteste ledentiste.Cheznous jesuisobligéd’yaller.Manmanm’emmène.La première chose déjà en entrant c’est l’odeur. J’ai tout de suite des haut-le-

cœuretçame faitpeur.Quandonouvre ladeuxièmeporteà l’intérieuryaunesonnerie.Yaunefenêtredanslemurqu’onpeutpasvoiràtraversetderrièreyauneinfirmièrequilafaitglisserpourl’ouvriretquidemandemonnom.Etpuisjem’assieds.Toutestcoi sauf l’aquariumqui faitdesbulles.De lamusiquesortduplafond.Surlesmursyadesphotosd’enfantsquimeplissentlesyeuxtoutcontentscontents.Laportes’ouvreet l’infirmièreditmonnomavecunsouriredevingtmètres.Y

fautquej’entre.Jevaisdanslecabinet,yadel’eauquiglouglouteetellemefaitasseoirdanslefauteuilpours’allongeretellelerenverseenarrièreetmecolleunbavoiretpuisuntrucderrièrelanuque.Lafraise–cenom-làc’estcommelesouriredel’infirmière–pendau-dessusde

moiavectoutessesroulettes,sesfilsetsestuyaux.Ças’abaisse.Yadifférentespointesqu’iladapteaubout.Chacuneestspécialementfaitepourmefairedumal.Etalorsjeresteassislàetriennesepassemaisj’entendsunenfantjusteàcôté

qui hurle. Puis l’infirmière rentre et elle me dit : « Ouvre. » Elle parle toutdoucement.Toutlemondechezledentisteparletoutdoucementetçamefiledestrouillesterribles.Etellemeplantedescouteauxdanslesgencivesetellemeraclelesdents.Etpuis leDrStahl rentre très très vite, il est toujours très trèspresséet fait

semblantd’êtrecontentcontentmaisjesaisbienquec’estpasvraipasquejeluiaienvoyéuncoupdepieddans les couillesune fois.C’étaitquand j’avais cinqans.Maismaintenantjesaisqu’ilfautseconduirecommeunpetitgarçonbienélevéetcommeunboncitoyenchezledentiste.Ilalarouletteetmoij’airien.LeDrStahlregardemespapierspuis il regardedansmabouchepuis il regardemespapierspuis ilregardedansmabouche.Ilaunmiroirauboutd’unmancheet ilregardedansmabouche(desfoisjefaissemblantd’êtreluiavecunecuillermaisdedansonse voit à l’envers) et je lui demande si j’ai des cariesmais tout cequ’il dit c’est«Ouvre».Alors il sort tousses instrumentset il faitdesbruits surmesdentsendisant :

«Toc,toc,toc,quiestlà?»Ilessaied’êtredrôlemaisyavraimentpasdequoi.Ildit:«Sijetefaismal,dis-

le-moi»,etpuisjepeuxplusriendiredutoutpasqu’ym’enfoncesonpoingdanslabouche.Puisilprendunmachinpointuetilmeleplantedansladentetilletortille

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et je sensde l’électricitéquime traversepartoutet jeme tournesur le fauteuiltellementçafaitmal.Alorsildit:«Etmaintenantvoyonsl’étageendessous.»Ilregardemespapiersetilécritdeschosesdessus.Jeluidemande:«S’ilvous

plaît,j’aidescaries?Vafalloirmepasserlafraise?»EtleDrStahl:«Ouvre».Ilvisseunechosedemétalsurmaboucheavecducotondedansetilmetl’espèce

desuceursousmalangueetçaaspiretoutemaboucheetmalangueetilprendlafraise et il la met dans ma bouche et le bruit commence comme des avions àréactionquidécollentàl’intérieurdematêteetilsemetàfairetrèschaudetlatêtemetourneetçafaittellementmalquej’ail’impressiondem’enfoncerdanslaterreet ilestcomplètementpenchéau-dessusdemoiet jevoissafiguredetrèsprèset il souritplusdu tout. J’aimal, j’aimal. J’essayede luidired’arrêterrienqu’unesecondemais jepeuxpaspasqu’ilest toujoursen traindemepasserà lafraiseetsijebougeilvamecouperlalangueendeux.Tellementquej’aimaljememets presque debout et lui il me retient avec son coude. Et puis j’entends unesirène dans ma tête, celle d’une ambulance qui vient me chercher. La fraisetraversemaboucheets’enfonçadansmatêteetmonsangàl’intérieurdemoimefaitmal.Personneneviendraàmonsecours.Personneneviendraàmonsecours.Personne.Quand je sors du cabinetmamanmanme dit : « Eh bien, tu vois bien que ça

n’étaitpassiterrible,hein?»Et, hier soir, à la Résidence Home d’Enfants les Pâquerettes, j’ai pensé au

dentisteetjem’aiendormienpleurant,pasquej’aipeuretmanmanestmêmepaslà.Jeveuxrentrercheznous.Et cematin à la place du petit déjeuner je suis allé à la Salle de Jeux et j’ai

regardéparlafenêtrepasqu’yavaitpersonne.Jeregardaispasserlesvoituresetjemedemandaissiyavaitpasquelqu’unquiallaitchezmoi.Etpuis j’aientendu laportede laSallede Jeuxquis’ouvrait.Mais jem’aipasretourné. Jevoulaisvoirpersonne.Yapaseuunseulbruitpendantunmomentetpuisj’aientenduchanter.C’était

un homme. Il chantait : « Je suis seul, ce soir, avecmes peines, je suis seul cesoir…»C’étaittrèsdoux.Jeregardaisparlafenêtre.Jemeretournaispas.Ilaencore

chanté.Ilchantaitbien.(Jesuisbonenmusiqueàl’école.Leprochainsemestrejeseraidanslachorale.

Mlle Allen a promis. Une fois on a eu une chanson, Trois Petits Agneaux, etMlle Allen a choisi trois élèves pour la chanter en assemblée générale. Y avaitKenny Aptekar, Gary Faigin et moi. J’ai pu manquer deux classes de sciencesnaturellesgrâceàça.Etpuisyauneautrechanson,lesTailleursdepierre,yaunrefrainqu’onfaitexploserlesrochersàladynamiteetyfautcrier«feu!»commeçatoutfort,crier,paschanter.D’ailleursc’estécritenmajusculesFEU!çaveutdirequifautcrier.Maistoutlemondeapeurpasquesionestleseulàcrier,onal’airidiot.MaisMlleAllenelleestsympa.Unjour,enmusique,quelquesjoursaprèsl’assembléegénéraleaveclebrigadierWilliams,onchantaitApporte-moilapaix,ôgrand fleuve, et y avait que moi qu’arrivais à chanter la deuxième voix. AlorsMlleAllenellem’afaitleveretchantertoutseul.HaroldLunds’estmoquédemoi

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etm’aditquej’étaisunechochotteetj’aieuhonte.Etpuisquelqu’unestentrédanslaclasse.Etc’étaitJessica.ElleapportaitunmotdeMlleVerdon,laprofdedessin.MlleAllenm’aditdecontinueràchanterpendantqu’ellelisaitlemot.Alorsj’aifaitquelque chose. Jem’aimis à chanter HeartbreakHôtel, c’est super,mon vieux.C’estElvis,jepeuxl’imiteràlaper-fec-tion.J’aichantédeplusenplusfort,deplusenplus fortet j’ai fermé lesyeux.Quand je lesairouverts, Jessicameregardaitmêmepasetjem’aiarrêté.Maisquandelleestpartieellem’aregardéetellem’afaitunesortedesourire.)JemerappelaistoutçaenregardantparlafenêtredelaSalledeJeuxetpuisla

personnequichantaitaditquelquechose:—Puis-jevousoffrirunGlobo?C’étaitleroux.Jeluiaipasditderéponse.Ilarechanté:«Jesuisseulcesoir…»Lesvoiturespassaientdevant la fenêtreet soudain j’ai cruvoir lanôtreet j’ai

cognéaucarreaumaisjem’étaistrompé.«Jesuisseulcesoir…»Jel’airegardés’éloigneretj’aipensé:Peut-êtrequec’estnotrevoituremaisque

mesparentsveulentplusdemoiàcausedecequej’aifaitàJessica.—J’aidit:puis-jevousoffrirunGlobo?répétal’hommeauxcheveuxroux.—Non,j’aidit.Et alors je l’ai plus entendu chanter. Mais j’ai pas regardé. Seulement je l’ai

entendufairepéteruneballedeGloboetdiremerde.—Fautpasdiredesgrosmots,j’aidit.C’estpasbienélevé.—Bah,fautpasmâcherdeGlobononplus,iladit.Seulementj’auraisjamaisde

cariessij’enmâchepas,hein?—Çadonnedescaries.—C’estbiencequejedis.Jem’airetourné.Ilétaitassisdansunechaisedepetitgosse.—Maisfautpasavoirdecaries,j’aidit.—Ahoui,pourquoiça?—Fautpas,c’esttout.Jem’aimisvraimentenrogneetjem’airetournéverslafenêtre.Etl’hommea

dit:—Jesais,jesais.Jem’aiassisdanslapetitechaiseorangeprèsdelafenêtre,etj’aibalancédes

sortes de coups de pied dans le tapis qui donne des fois comme des secoussesélectriques.—J’aimeavoirdescaries,aditl’hommeroux.Jeveuxdesplombagesdanstoutes

mesdentsavantqu’ilsoittroptard.Mondentisteenapluspourtrèslongtemps.Ilvapastarderàsesuicider.—Pourquoi?—Pourquoiquoi?—Pourquoiyvasesuicider?— Bah, a fait l’homme roux en faisant éclater une nouvelle bulle de

chouimegomme,pasqu’ilestdentiste.T’enferaispasautant,toi?

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—Commentça?—Bah,toutlemondedétestelesdentistes,non?Mêmelesfilsdedentistes.Le

filsdecetype-làledétestemaisc’estpouruneautreraison.Tuvois,quandilétaitpetit,ledentisteadécidédefairesemblantqu’iln’étaitpasdentiste,pourquesonfilsledétestepas.Iladitàsonfilsqu’ilétaitjoueurprofessionneldebaseball.Ils’estfaitfaireunetenuedel’équipedesTigresettouslesjoursillamettaitpourpartiretpourrentrerchezlui,seulementavantderentrerils’arrêtaitpoursalirsatenue. Il faisaitécriredes fauxarticlesde journalsur lui,avecsonnom,et il lesmettaitdans lespages sportivesdes journaux.Maisquand legossea commencél’école,personneavait jamaisentenduparlerdesonpapa,alors ledentisteafaitimprimerpleinde fausses imagesdebaseballavecsaphotoet sonnompour lesfairemettredanslesGlobodanslesboutiquesautourdel’écoledesonfils.« Pour finir, il est devenu l’ami de Ozzie Virgil, qui joue troisième base dans

l’équipedesTigres,ill’invitaitàdîneraurestaurantavecsafemme,ilsoignaitlesdentsdesonfilsgratuitement.EtOzzieacceptaderentrerdanssonjeu.Etquandlegamineuthuitans,ledentistesedécidaàl’emmenervoirunmatch.Lepetitétaittout excité.Malheureusement pour eux, ils arrivèrent trop tôt aux vestiaires etOzzieVirgiln’étaitpasencorearrivé.Ilssesontdoncfaitrefouler.Enrepartant,ilstombentsurOzziequiarrivaitetquiditaussitôt:«SalutStan!Contentdetevoir,figure-toi que Joey vient de perdre un plombage, est-ce que Gladys pourrait tel’amenercetaprès-midi?»«Ilyacinqansdeça.Lefilsdudentisteluiaplusadressélaparoledepuis.Ilne

vapastarderàsetuer,c’estunequestiondejours,peut-être.J’aitraversélaSalledeJeuxjusqu’aucoffreàjouets.Yavaitunepoupéededans,

unefillequiavaitdescheveuxbrunsavecdesrubansdedanscommeJessica.Elleavaitpasd’habitsdutoutetj’aieumalauventre.Etaussij’avaispeurd’allerchezledentiste.—Yfautquej’yailleaujourd’hui,quej’aiditàl’hommeroux.Ilafaitouiaveclatête,lesyeuxfermés,commes’illesavaitdéjà.—Aufait,Gil,qu’ilm’afait,jem’appelleRudyard.Ilavaituneautrepoupéedanslecoffre,uneblondesansrubansdanslescheveux.

Jel’ailancéecontrelemuretsesbrassonttombés.J’avaistellementmalauventrequejepouvaisàpeinetenirdebout.C’étaitcommesij’avaisdelaglaceàl’intérieurdemonderrière,trèshautdansmesintérieurs.Yfallaitabsolumentquej’ailleaucabinet.Jem’aimisàavoirdeslarmesdanslesyeux.Jem’aimordulalèvre.J’airegardé

l’hommeaux cheveux roux, j’ai regardéRudyard et lui ym’a regardé comme çaavecsesyeux.Ys’estlevé,ilestvenuversmoientirantunmouchoirdesapocheetilaessuyémesyeuxtoutdoucement.—Qu’est-cequ’ilyacommepoussière,ici,qu’iladit.Çadonnedesallergies,ça

irritelesyeux.Alorsjem’aimisàpleureretilamissamainsurmatête.—Rudyard,yfautquej’ailleaucabinet,yaquelquechosequivapasdansmon

ventre.J’aipeur.J’aipeurdudentiste.Alorsilafaitcommeça,là,avecsamainderrièrematêteetsurmoncou,ym’a

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unpetitpeuserrésurmatêteetym’apriscontreluietysentaitcommemonpapa.—Rudyard,yfautquej’ailleaucabinetseulementj’ysuisjamaisalléicietjesais

pasoùyenaun.—Moisi,etc’estuncabinettrèsbienenplus.Moijepleurais.—Rudyard,j’aiquelquechosequivapas.Jesuisdifférentquetouslesautres.Rudyardaunpeupressématête,ilafaitcommeçaencoreàmescheveuxetje

m’aiserrécontrelui.—Moiaussi,Gil,allons-y.Aujourd’huij’aieuunelettre.J’aicruquec’étaitJessicamaisnon.Le7décembreCherGil,Jeviensd’avoirleDrNeveleautéléphoneetilm’aditqu’ilfaudraitencoreattendreunpeuavantde

venir te voir aux Pâquerettes, alors j’ai décidé dem’asseoir pour t’écrire ce petitmot pendant que jepenseàtoi.Comment vas-tumon chéri ? Tunousmanquesbeaucoupà tonpère et àmoi (et à Jeffrey) et nous

sommestous impatientsdetevoirderetourà lamaison.Noussavonsquetoiaussi tues impatientetc’estpourcelaquejet’écriscettepetitelettre.LeDrNeveleal’aird’untypevraimentformidable.Papaetmoinousletrouvonstrèssympathique,Gil,

et nous pensons que ce serait vraiment dommage, avec tout le travail qu’il fait pour t’aider, il nedemandequ’àterendreservice,ilfautquetuenfassesautant,cen’estquejustice,tunetrouvespas?Ilsaituntasdechosessurlespetitsgarçonsetsurcequilesfaitfaireciouça,ceneseraitpasbiendeluifaireperdresontemps.C’estcequenouspensonsetnoussommespersuadésquetuserasd’accordavecnous. Nous savons tous que tu regrettes sincèrement ce que tu as fait et que tu ne demandes qu’àréparertestortsleplusvitepossibleetdoncquetuvasdéciderd’aiderleDrNeveleadécouvrircequinevapasentoipourpouvoirteguérirviteviteetterenvoyeràlamaison.Commeceseramerveilleuxmonpetitchéri,tunetrouvespas?Maissibiensûr,etjesaisquetuvas

fairetoutcequiestentonpouvoirpourqueçaarrivetrèsvite.Maistusais,fiston,tun’espasleseulàavoirbesoindel’aided’unmédecinpourdécouvrircequia

bien pu te pousser à faire cette chose terrible à Jessica. Ton père et moi nous allons aussi voir undocteur.Quelqu’unque leDrNevelenousarecommandépourquenous luidemandionss’ilpensequenousavonspeut-êtrecommisuneerreur,maljouénotrerôledeparents.Nousavonsdécouvertquepapaconnaissaitdéjàcemédecinquiestmembredesonclubetdoncnousallonstousdéjeunerensemblelasemaineprochainepourenparler.Jemeréjouisàl’avance,jesuissûrequeceseraformidable!Lamèrede Jessicaest revenuenousvoir l’autresoir.Ellevaencore trèsmal.Nous l’avons invitéeà

resterdînermaisellen’apasvoulu.Jecroisqu’elleestencoretrèsencolèredetoutcequis’estpassé.Jessicaestsortiedel’hôpitalmaintenant.Elleaparlédet’écrireunelettremaissamèreluiaditqu’ellene pouvait pas ; alors, surtout, ne sois pas déçu si tu ne reçois rien. Nous sommes sûrs que tucomprendras,tuesunjeunehommetellementintelligent.Pourtoutdire,tonpèreetmoinouspensonsmêmequecene seraitpasune trèsbonne idéeque tu la revoies.Samère l’a inscritedansuneécoleprivéepourledébutduprochaintrimestreetcelavautsansdoutemieuxainsi.Noussavonsqu’unpetitgarçonaussiintelligentquetoin’auraaucunmalàcomprendretoutça.Ah,aufait!Kennethestvenucematinetilaapportépourtoiquelquesphotosdejoueursdebaseball

qu’iltedevaita-t-ildit.Àpropos,tuasvulesTigres?NousnesavonspassivousregardezlesmatchesàlatéléauxPâquerettes,maisilscommencentvraimentleursaisontrèsfort!Lasemainedernière,papaaemmenéJeffaumatchet ilssesontamuséscommedesfous! Ilssesonttellementamusésqu’ilssesontpromisd’yretournerlasemaineprochaine,et,cettefois,onclePaulleurprêterasaloge,tuterendscompte!Dommagequetunepuissesyalleraveceux.Maiscen’estquepartieremise!Le Dr Nevele dit que ce ne serait pas une très bonne idée de t’envoyer les photos que Kenneth a

apportées, alors je te les mets de côté pour quand tu rentreras. De toutemanière tu n’aurais pu leséchanger avec personne, aux Pâquerettes. Tu les trouveras donc ici en rentrant. Et peut-être d’autrespetites choses. Tu te souviens de ce dinosaure dont tu avais envie, chezMaxwell ? Papa etmoi noussommesd’accordpourtel’offrir!Alors,situesgentiletquetudécidesd’aiderleDrNevele, luiaussit’attendraàlamaisonpourfêtertonretour!

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Voilà,c’estàpeuprèstoutcequejevoiscommenouvellesàtedonner.S’ilteplaîtpensebienàaiderleDrNevelepourpouvoirvenirretrouvertoustesjouetsàlamaison.Commenousseronstousheureuxcejour-là!tuterendscompte?Baisersaffectueux

deMamanetPapa.

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9.Pour la rentrée, ma nouvelle maîtresse principale c’était Mlle Iris. Elle est

gentillecommemaîtresse,elleestjeuneetelleportepleindemaquillage.Elleestblonde.Elleaduvernisàonglesetdestasdejolishabitscommeàlatélé.Elleseparfumecequiestdivin.Etpuisaussielleestsympa,monvieux,pasvacheetellegueule jamais.Une fois ellenousadit : « Je vous laisse vraimentmemanger lasoupesurlatête»,maisj’aijamaismangésurMlleIris.(L’année d’avant, j’avais Kolshar qui est vache. Une fois Andy Debbs avait ses

doigtsdanssonnezaprèslasonnerieetKolsharl’avu.Qu’est-cequ’elleluiamis!«Espècedepetitdégoûtant!Tuneterendsdoncpascomptequec’estl’habitudelaplusrépugnante?»MaisAndyarienrépondupasqu’ilesttimideetelleaencoregueulé : « Va aux lavabos et lave-toi les mains ! » Andy s’était appuyé sur sonpupitreetelleluiaditqu’il faudraitqu’il le laveaussi.«Quit’aapprisàteteniraussimal,hein?»qu’elleagueulé,etAndyDebbsilluiarépondu:«Personne,j’aiappristoutseul!»AndyDebbs, ilestdel’orphelinat.LamèreKolsharestvacheavecceuxdel’orphelinatpasqu’ysontpauvres,maismoijetrouvequec’estellelaplusrépugnantehabitude.)MaisMlleIris,elle,elleestgentilleavectoutlemonde.Seulementunefois,ilest

arrivéquelquechose.J’arriveàlamaisonetMlleIrisétaitdansnotrecuisineentraindedéjeuneravecmanman.Manmanm’adit:«Aprèslaréuniondesparentsd’élèves, j’ai invité Dolores, tu veux manger avec nous ? » J’ai couru dans machambreetj’aiclaquélaporte.J’aimepasvoirlesmaîtressesendehorsdel’école,c’estpasbien.MlleIrisétaitenpantalon.Maisletroisièmejouraprèslarentrée,MlleIrisnousaannoncéquelelendemain

yauraitsortieauzoo.Elleadistribuédespetitspapiersronéotypésàfairesignerdesparents.J’aireniflélemienpendantuneheure.Elleaditqu’onferaitunpique-niquemaisquechacundevaitapportersondéjeuner.Lelendemainjemesuisréveillétôt,toutseul.Jem’aipréparétoutseulmonpetit

déjeuner,duketchupetunebarredeMars.Shrubsestpassémeprendre,ilasonnéàlaporteetréveillétoutlemonde.Touteslesclassesdetroisièmeannéeallaientensembleauzoo.LaclassedeMlleHellman,celledeMlleCraigetlamienne.Onavaitunautocarpournous.MlleIrisacomptétoutlemondeetpuiselleestvenueprèsdemoietellem’adit:—Jepeuxm’asseoiràcôtédetoi,Gil?J’aiditnonmaisellel’afaitquandmême,alors.Etpuis,ons’estmisenroute.

Ronéotypé.R-O-N-É-O-T-Y-P-É.Ronéotypé.

Auzoo,chacundevaitavoirunp’titcopainquiétaitceluioucelleàcôtédesquelsonétaitassisdanslecar.Alorsmoic’étaitMlleIrismonp’titcopain.J’aidit:—JepeuxpasavoirShrubs?Etellearépondu:—Maisdisdonc,Gil,tuvasfinirparmevexer.Lezooc’estdesarbresetdesbarrièresetdeshaiesetdestrucsencimentqui

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ont les animaux dedans et des buvettes. Y a une piste à suivre qu’est faite degrossestracesd’éléphant jaunes. J’aidemandéàMlle Irissic’étaitdesvraiesetellem’aréponduqueouibiensûr.Onlesasuivies.EllesconduisaientauTrainduZoo.J’aidit :«Est-cequeletrainestsipetitpasquel’éléphant l’aécrasé?»etMlleIrisadit:«Oh,Gil,commetuesmignon!»Etpuiselleamislacléenformed’éléphantdanslelivresonorequivousditdeschosessurlesanimauxetShrubsadit:«JevaispousserleboutonChiendeChasse»maisletrainestarrivé.IlestcommeceluiduJardind’acclimatationmaisyfaitplusvraitoutdemême.

MlleIrism’ademandésijelaprotégeraisdetouslesanimauxsauvagesetj’aiditnon.Letrainfaisaittoutletourduzoo.MlleCraignousdisaitdefairebonjourbonjour

aveclamainauxanimauxetMartyPolaskiaditqu’illeurenverraitplutôtunecartepostale.DesfoisletrainprenaituntournantetMlleIrisglissaitcontremoietjemesentaisdrôle.Elleavaitsonparfum.Etpuistoutd’uncoupMartyPolaskis’estmisàgueuler : « Y a un gorille qui me met en pièces, y a un gorille qui me met enpièces !»Tout lemondes’est retournéet il amontrédudoigtMarilynKaneencriant:«Levoilà,legorille,levoilà!»ElleétaitassiseàcôtédeJessica.Aprèsletrainonestallévoirleschimpanzés.Ymettaientledoigtdansleurnez,

commeAndyDebbs,etShrubss’estmisàchanterToutlemondesecurelenezCurelenez,curelenez,ToutlemondesesucelesdoigtsSucelesdoigts,sucelesdoigtsmaisMlleHellmanl’afaitarrêter.Elleaimepaslamusique.Onestalléauxserpentsquisortentlalangueetj’aieulestrouilles,etonestallé

auxpingouinsquisontenhabitetonestalléauxantilopes.Etpuisc’étaitl’heuredudéjeuner.J’avaisunsandwichauthonetàlasalade,quiétaitdevenuchaudettoutmoucommejelesaimeetunepommeetunebarredeTwinkie.Mamanmanavaitlaissétoutçadanslefrigopourmoi.(Lesacenpapierétaitferméparuntrombone,elledevaitêtreàcourtd’agrafes.)Ons’estremisparclassedanslazonedespique-niques. Mlle Iris avait un truc de limonade qu’elle avait faite elle-même.MlleHellmanavaituneboîtedepopcornqu’elleavaitfaitporterparleconducteurducar.J’aimemangertoutseulpourpouvoirfairesemblant.Auzooj’aifaitsemblantque

j’étaisenhautd’unarbreentraindemangermondéjeunerquej’avaistuéavecunpoignardetqu’enbasyavaitleshommesquiétaientl’ennemipasqu’ilsnesontpasdebonspetitscitoyensdelajungle.Etpuisquelquechosearrivait:undeshommesmevoyaitets’avançaitjusqu’àmonarbre.C’étaitunchasseurblanc.—Tuveuxça?qu’iladitlechasseur.IlmetendaitunebouteilledesodaorangeNesbittetjelaluiaifaittomberdela

mainetils’enestmispleinsajolierobevertepasquec’étaitJessica.Ellearegardéparterre.Lesodacoulaitdesesdoigts,elleavaitencorelebras

tendu.—Jem’étaisditquetupréféreraispeut-êtreçaàlalimonade.

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Etmoij’airépondu:—Oumga-oua!AlorsMartyPolaskis’estmisàhurler:—Gilbertaunefiancée,Gilbertaunefiancée-heu!—Tuferaismieuxdetetaire,quejeluiaidit.—Essayeunpeudemefairetaire,qu’iladit.—J’auraispeurdemesalirlesmains.—Lesmains,lesmains,tuveuxdirelespattes.Alors je luienaibalancéun. Jevisaissonventremais j’ai touchésafigurepar

accidentetilesttombéparterre.Etpuisilm’adonnéuncoupdepieddanslezizietjepouvaisplustenirdebout.Touttournaitsansarrêtautourdemoi.Alorsjeluiairoulédessousetquandilétaitsurmoijeluiaibalancéencoreuncoupdepoingetils’estrelevémaisjeluiaicouruaprès,jel’airattrapéetjel’aijetéencoreparterre.Mais ilm’adonnéunautrecoupdepieddansleziziet j’aiplusvuclair.Ilétaitdenouveausurmoi.Etpuissansquejecomprennecomment,iladisparuetjem’airetrouvéallongé

dansl’herbeetMlleIrisétaitpenchéesurmoi.Jesentaissonparfum.Ellearrêtaitpasdemedemandersijemesentaisbien.Jem’airelevé.Ilfallaitquejem’appuiesurquelqu’un.Ilétaitlàoùilfallait,quandilfallait,Shrubs.Etpuisj’aivupleind’élèvesrassemblésprèsdelafontaine.IlsregardaientMarty

Polaskiquiétaitdansl’herbeavecunecoupureàlatête.Shrubsm’aditqueJessicaRentonl’avaitfrappéaveclabouteilledeNesbittquandilétaitsurmoi.J’aivuqueMlleHellmantenaitJessicatrèsserréeetl’engueulait.L’eaudelafontainecoulaitparlatêted’unlion.Ildégobillait.Je suis retourné m’asseoir à la table du pique-nique et Mlle Iris est venue

s’asseoirprèsdemoi.Elleafaitcommeça,commeunecaresseàmescheveuxetellem’adit:—Çavamonpetitchou?Jepeuxfairequelquechosepourtoi?—Ohoui,j’aidit,m’appelezpaspetitchou,d’ac?Très vite ça a été lemoment de retourner voir les animaux. Tout lemonde a

changédep’titcopain.J’aieuShrubs.Ilboitait.Jeluiaidemandé:—Pourquoituboites?Etilarépondu:—Unlionm’amangélegenou.Onadûallervoirlesoiseaux.Jelesdétestepasquec’estpasdesvraisanimaux

sauvagesetqu’ysentent.Quandonestarrivélà,Shrubsetmoionn’estpasentré,onaattendudehorsenfaisantunplanpourtendreuneembuscadeàMartyPolaskique quand il sortirait on lui jetterait ma chemise dessus et on lui casserait lagueule.EtpuisShrubsaditqu’yvoulaitpaspasqu’yvoulaitallervoirlesélans.Iladitquec’étaitpasqu’ilyenavaitunqu’ilconnaissait.YadesfoisoùShrubsestcrétin,moipersonnellementjetrouve.Unefoisjeluiai

apprislemotidiotetilestrestésursonperronetildisaitidiotàtouslesgensquipassaientdevantchezlui.Toutlemondeestsortidel’oisellerie.LapremièreàsortirétaitMlleIris.Ellea

dit:

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—Aunomdu ciel,Gil, pourquoi as-tu retiré ta chemise. Tu veux attraper unebonnepneumonieenplusdetoutlereste?J’aiditoui.EtpuisJessicaestsortieetellem’avuetelleestvenueversmoietalorsj’aieu

hontepasqu’onvoyaittrèsbienlasécatricesurmonventre.—Cen’estpasgravequetuneportespastachemise,ellem’aditJessica.C’est

lesgermesetlesbactériesquidonnentdesmaladies,paslescourantsd’air.Jeteledis.—Commenttulesais,j’airépondu.—Jel’ailudansunmagazine.—Menteuse,t’estropjeune!—Maissi.Onlesreçoitaucourrier,chezmoi.Monpapaestprofesseurdelycée

etilmelaisseliretoutcequejeveux.—Mavonnavœil, j’aidit. (C’estdu javanais.Çaveutdiremonœil.Monœilça

veutdirequejelacroyaistoujourspas.)Etpuisj’aivuShrubsquidemandaitaumonsieurduzoooùétaientlesélans.Et

ensuite on est tous allé voir les porcs-épics. Ils dormaient tous dans un trou, onvoyaitpresquerien.Jem’airappeléunPopeyeoùsqu’ilétaitpiquéparunporc-épicet puis après y buvait et l’eau lui giclait de partout comme par les trous d’unepassoire – la crise ! Jessica s’est appuyée contre la chaîne des porcs-épics. Elleétaitencolère.—Tun’avaispasbesoindefairetombercettebouteille,ellem’adit.Tuauraispu

dire:«Nonmerci,jen’enaipasenvie.»Çaatachémarobe.—Jedisaisquej’étaisTarzan,quejeluiairépondu.—T’esfou,ellem’adit,etpuiselleestpartievoirleslamas.Dans lemêmemachin que les lamas y avait un gros oiseau. C’était un oiseau

d’Australie,unkoukaberra.Jessicaleregardait,alorsj’aichantéunechansonquej’avaisappriseenmusique:

KoukaberraperchéDanslevieuxcaoutchoucRoidelaRoidelaRisKoukaberraRisgrandroiChantetajoie.

Jessicam’aregardéuneminute,elleécoutaitmachanson,etpuiselleasecouélatête.—Çanecoûteriend’êtregentil,elleadit.C’estmonpapaquil’adit.—Etalors?—Etalorsquoi?—Etalors?—Etalorsquoi?Tousleslamasdormaientmaiscommeyz’étaientpasdansdestrous,onpouvait

lesvoir.— Parfois je ne lis pas les magazines, elle a dit, Jessica. Parfois je regarde

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seulementlesimages.J’aimeregarderlesvêtements.Ilssonttrèsélégants.—Jeneregardejamaislesvêtements,j’aidit,moi.Jamais.—TuregardeslesvêtementsdeMlleIris.—Pasdutout.—Bien sûrque si.Elle s’assiedà côtéde toi tout le tempset tu regardes ses

vêtementsetquandelle croise les jambes tu regardes ses chaussures. Je t’ai vudanslecar.Alors on a regardé les lamas tous les deux. C’est des drôles de bêtes moi

personnellementjetrouve.—Regarde, envoilàun joli, adit Jessica. Il est toutnoir avecdes chaussettes

blanchescommemoncheval.—T’aspasdecheval.—Sij’enai.—Ahoui,oùça?—Sionteledemande…J’airegardélelama.Ilcrachaitparterre.—Tusais,Jessica,unefoisj’aieuunchevaletjeluiaiditdemarchersurlatêteà

MlleFilmeretalorslesangluiestsortiparlesyeuxetonl’aemmenéeaufouretonl’abrûléeetpendantcetemps-làmoijesuispartisurmoncheval.—J’pariequ’elledevaitsentirlamerde,elleaditJessica.Etalorsjem’aimisenrogne.—Fautpasdiremerde,jeluiaitdit,c’estdesgrosmots.MaisJessicaestpartieendisant:—Merde,merde,merde,merde…Aprèsonestallévoirlesbisons.Ydormaienttous.Pasdansdestrous.—Jedisdesgrosmotssijeveux,onvitenrépublique,Gilbert,m’aditJessica.—Jem’appellepasGilbert,j’aidit,jem’appelleGulp!(Jesaispaspourquoij’aidit

ça.)Etpuisonestalléauxalligatorsquisontmesbêtesfavoritesdepuisquej’aifailli

enavoirunàMiamienFloridequandonyétaitpasquelàylesvendentdansdesboîtesencarton.Desbébés.Auzooyz’étaientsuruneîleentouréed’unefosseetpuisyavaitunpeud’herbeetunechaîne.Pasdecage.Jelesairegardés.(J’aiunalligatorà lamaison, ils’appelleAllie. Ilestmort, je l’aieuà l’aréodrome.Ilestempaillé.)Ysouriaienttous.Alorsj’aisautépar-dessuslachaîneetj’aimarchésurl’herbepourallermepencherpardessuslafosseetj’aidit:—Salut,lesalligators!Y en avait cinq. Y dormaient tous et y en avait un qui avait la bouche grande

ouvertesansbouger.Etpuisj’aientendutouteslesclasseshurler.Jem’airetournéetj’aivuMlleIrisquicouraitdanstouslessens.EtShrubsluiadit:—Toutvabien,mademoiselle,jecroisqu’ylesconnaît.MaisMlleIriss’estmiseàgueuler:—Reviens ici tout de suite, Gilbert, tum’entends, sinon tu vas avoir affaire à

moi!—Ilnes’appellepasGilbert,ils’appelleGulp!J’aientenduquelqu’undireçadansmondosetjem’aitournédenouveau;c’était

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Jessicaquiétaitprèsdemoi.—Tuferaismieuxdesortirtoutdesuite,jeluiaidit.Yvonttetuerettebouffer,

Jessica,c’estpastesamis.—Jevaismeprésenter,qu’elleadit.Le vent soulevait un tout petit peu sa robe et on voyait ses chaussettes qui

montaientauxgenoux.Etundesalligatorsafaitcommeuncoupdefouetavecsaqueue.—Jem’appelleJessicaRenton,elleluiadit.—Ycomprennentpas,j’aiditmoi.— Ça doit être des alligators espagnols. Une fois j’ai vu un dessin animé où

Popeyedonnaituncoupdepoingàunalligatoret il l’envoyaitenl’airetquandilretombaitc’étaitdessacsetdesvalises.—Etalors?—Alorsrien,elleadit.Etelles’estmiseàmarcherverslesalligators.Jel’aiattrapéeparlebras.—Viens,ons’enva.Lesélèvescriaientencoreplusfort.MlleIrissemordaitlamainetellefaisaitdes

signesàunmonsieurduzoo.—Jessica,j’aidit.—Jem’appellepasJessica.—Commenttut’appelles?—Contessa.C’estmonpapaquim’appellecommeça.Maistoitunepeuxpas.Elle s’est encore approchée des alligators et y en a un qui a commencé à se

retourner.—Buenasdias,cocodrillo,aditJessica.Etpuistoutd’uncoupquelqu’unnousaattrapés.C’étaitlemonsieurduzoo.Mais

Jessicaatirésursonbrasets’estmiseàcouriràtoutevitesseet,pendantqu’illaregardait,jem’aiéchappéaussietjem’aimisàcourir.Onaressautélachaîneetons’estenfui.Onestpasséencourantdevantlesléopards.(Unefoisj’aivuPopeyepasser un léopard au détachant.) On est passé en courant devant les ours quifaisaientlebeaucommedeschiens.Onestpasséencourantdevantlesphoques.(Yjouentàlaballeàlatéléenfaisantoumf,oumf!c’estlabarbe.)Onestpasséencourantdevant lesgirafeset onaencorecouru jusqu’auxéléphants. Jessicam’abattu.Ellecourtvachementvite,monvieux!Elleétaitmêmepasessoufflée.Etpuistoutd’uncouptouslesélèvesdetroisièmeannéesontvenusversnousen

courant,c’étaitunevraiecavalcadedebisons,etilscriaienttous.MlleIrisvenaitaussi,encourant,jen’aijamaisvuMlleIriscouriravantcettefois-làetçan’étaitpasnormalàvoir.MlleHellmanetMlleCraigvenaientaussi.Hellmanm’aattrapéparlebrasetacommencéàmesecouer.AlorsJessicas’est

retournée:—Mademoiselle, mademoiselle, vous aviez dit qu’on aurait tous une glace en

arrivantàlabuvette!C’estlà,labuvette!Onpeutavoiruneglace?Touslesélèvessesontmisàchanter«Onveutuneglace-heu,onveutuneglace-

heu ! » et à tirer sur la manche de Mlle Hellman qu’a fini par me lâcher.«D’accord»,qu’elleafait.

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Ilsysonttousallés.Yz’onttousmangéuneglacesaufJessicaetmoi.Elles’étaitappuyéeàunécriteaupourregarderleséléphants.L’écriteaudisait:

NEMANQUEZPASDEVENIRVOUSTENIRLESCÔTESDEVANTNOTRESPECTACLED’ÉLÉPHANTS

16Het17H30Il faisait chaud. Je regardais les éléphants, ils faisaient de la poussière en

marchant, ils étaient trois. Ils étaient tout gris, tout secs et tout craquelés. Ilsremuaientdoucement,d’avantenarrière,d’arrièreenavant,d’avantenarrière.Puisyenadeuxquisesontmisàreculeretceluidumilieuatournéencercle.Etpuis y z’ont tous avancé et ensuite y z’ont tous reculé. C’était tellement lent onauraitditqueçaduraitdessemaines.(J’allaislancerlecrietilsseseraientréveillésetilsm’auraientemportédansla

jungle,maisjel’aipasfait.)Derrièrenoustouslesélèvesdetroisièmeannéeétaiententraindebavarderen

mangeantdesglacesetensefaisantengueuler.Jessicaétaitprèsdemoi.—Regardeleséléphants,Gulp!,ellem’adit.—Jem’appellepasvraimentGulp!,j’airépondu.—Jesais,elleadit.Et on restait l’un près de l’autre. Les éléphants allaient d’avant en arrière,

d’arrièreenavant,d’avantenarrière.EtJessicaadit:—Regarde,Gil,ilsfontleurspectacled’éléphantsmêmeendormant.Ilsdorment

maisilsnepeuventpass’arrêter.Mlle Iris ne s’est pas assise à côtédemoi dans le carpour rentrer.Elle s’est

assiseàcôtédeMartyPolaski.

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10.Enrentrantdel’écoleaprèslezoojemesuisbagarréavecHaroldLund.C’estun

grandaffreuxquiestcopainavecMartyPolaski.Ym’aprisparsurprise,cequiestpasunemanièrerégulièredesebattre,monvieux,ym’asautédessusetym’ajetéparterreetym’acoincéavecsesgenouxsurmesépaulesjusqu’àcequeShrubsluibalanceunepoubellesurlatêteetlàonacourutouslesdeuxjusquecheznous.Dès que je suis arrivé à la maison, ma manman m’a dit : « Pas un mot ! »

pasqu’elle a vu quemon pantalon était tout vert aux genoux d’avoir traîné dansl’herbe.(Unpantalonneuf,j’l’avaiseuàWestClothing,oùsqu’iln’yapasdeporteauxsalonsd’essayageetqu’unepetitefilleavumonslip.)—Nonmaisregarde-moiça,aditmamère.Dansquelétattues!Avecquit’es-tu

battucettefois-ci,hein?—LesJuifs,j’aidit.—Quoi?Jesuisparti.Ellem’acouruaprèsetm’aattrapéparlebras.—Dis-moilavérités’ilteplaît.Alorsjelaluiaidite.Jem’avaisfaitécraserparunevoitureconduiteparunrabin

etilenétaitsortietilavaitditquej’étaispasjuifmaisj’aiditquesiseulementyvoulaitpasmecroireetonavaitdûfaireunbrasdeferetjel’avaisbattupasqu’ilétaitfaibleetpuisunnègreétaitvenuquiavaitditquejepouvaisêtrenègresijepréféraisetj’avaisditd’acetlerabins’étaitmisenrogneetym’avaitpoussédansl’herbeetpuisj’étaisrentréàlamaison.Jesuismontédansmachambre.Mamanmanacrié:—Reviensiciimmédiatementetdis-moilavérité!Maisjel’aipasfait.Jem’aiassissurmonlitetj’aiprisquelqu’un.Câlinou-Singe,ilm’attendait.Ilm’a

ditqu’ilavaitregardéparlafenêtreetquec’étaitmoiqu’avaisbattuHaroldLund,pasShrubs. J’ai jetémonpantalondans le tobogganà linge sale,qui estdans lachambreàJeffreyderrièrelaporte.C’estunepetiteporteetpuisçaglissejusquedanslacavepourlelingesale.J’aimeraispouvoiryglisser,maisjesuistropgrand.Etmêmemon pantalon il est pas descendu. Il est resté coincé àmi-chemin, ças’entend très bien. Alors j’ai dû y jeter un livre ce qui est la méthode pourdébloquerletobogganàlingesale.JesuisallédansmontiroirprendreJ’apprendsl’orthographe : Livre I que je garde dans ma commode pour étudier pour leconcoursd’orthographe.Seulementilyétaitpas.Jel’avaisperdu.(Jesuisdésordre.Jeramassepasmes

affairesderrièremoi.Mamanmanelledittoujours:«J’enaipar-dessuslatêtedepasserramassertesaffairesderrièretoi.Undecesjoursjevaisarrêterettoutvas’entasseretquandiln’yauraplusmoyend’entrerdanstachambre,qu’est-cequetu feras, hein ? » Et moi je réponds : « J’irai en Floride. ») Mais au lieu deJ’apprendsl’orthographe:LivreI, ilyavait laPetiteGraine.Mamanmanl’avaitlaissédansmachambreaprèsnousl’avoirlu.J’airegardédedans.Yavaitbeaucoupd’images.Yavaitgrand-mèreetgrand-pèreetunpetitgarçonetunepetitefilleetdescochonsetdesbébéscochonsetdesvachesetdesbébésvaches,etdespoules

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etdesœufs.Etunzizi.J’airefermélelivre,jemesentaisbizarreàl’intérieur.Jem’aiassissurmonlit.

Etpuislaportes’estouverteetunpouletestentrédansmachambre,ilavaitunecrête qui était rouge. C’était comme de la peau et ça ballottait d’un côté et del’autre.Ilagrimpésurmonlitetaessayédes’approcherdemoietmoij’essayaisdelerepousser.Etpuisilyeutunautrepouletetencoreunautre.Machambreenétait pleine et y en avait qui pondaient desœufs et celui qui était surmon lit acommencéàdonnerdescoupsdebecàmonzizialors j’aieu trèspeuret je l’aifrappéetsacrêtes’estmiseàgonfleretàdevenirgrosseetquandjel’aitouchéeavecmes doigts et il en est sorti une espèce de jus blanc surmamain. Et puisc’étaitplusunpouletouunepoule.C’étaitJessica.Elleétaitassisesurmonlitavecunemainsoussarobeetellemeregardait.—Gilbert,qu’est-cequetufabriques,acriémamanmandepuisl’escalier,çava?J’aiouvertlaporteenmefrottantlesyeux.—Tut’étaisendormi,ellem’adit.Ilestpresquel’heuredesemettreàtable.Va

vite te laver les mains et descends. Et ne réplique pas à ton père, il est d’unehumeurmassacrante.Je suis allé me laver dans la salle de bains. (J’ai utilisé une savonnette

Sweetheart,c’estcellesquejepréfère,ellesontdesdessinsgravésdessus.)QuandjesuisretournédansmachambremechangeryavaitplusnipouletniJessica.J’airemislaPetiteGrainedansmacommodeetjesuisdescendudîner.— Je croyais que tu devais réviser pour ton concours d’orthographe, m’a dit

Jeffrey.Ilétaiten trainderegarder les fillesdansunmagazine, lespublicitéspour les

sous-vêtements.—Onestenrépublique,non?—Tiens,fume,ilm’aditenfaisantungestecommeçaau-dessusdesonzizique

c’estpirequ’ungrosmot.Monpapal’atapé.Ilétaitd’unehumeurmassacrante.Pourdînermanmanavaitfaitdelapoitrine.C’étaitdélicieuxetnutritif.Saufque

Jeffreyarrêtaitpasdechahuter.Ilmedonnaitdescoupsdepiedsouslatable.Maisaprèsdînerym’aaidéàréviserpourleconcoursd’orthographe.Le concours d’orthographe a eu lieu deux semaines après le zoo. C’était

l’automne,octobre.(Jem’ensouvienspasquemonpapam’adonnésonblousondeplastiquejaune.Ilestsuper-chouettemonvieux.Lesmanchesgonflentunpeusurmoipasqu’ellessonttroplonguesmaisj’aimequeçasoyeenplastique,pasentissu.Maislafermetureàglissièreestcassée,c’estpourçaquejel’aieu.)PendantdeuxsemainesJeffreym’avaitaidéàréviser.Jem’aiservideJ’apprends

l’orthographe:LivresI,IIetIII.Jeffreyenavaitdeuxqu’ilavaitgardésd’avantetMlleIrism’avaitprêtéletroisième.Etaussijemeservaisd’undictionnaire.Jeffreymedemandaitdesmotsetmoijelesépelais.D’abord il y a le concours d’orthographe de la classe, puis celui de toutes les

classesdemêmeannée,puisceluidel’école,celuidetoutelavilleetjesaisplusquoiencoreaprès.Celuidemaclassejel’airemportéenépelantliquoreux.J’aieu

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droitàunepetiteimagecollantesurmonfront.C’étaitunedinde.(MlleIrisavaitfini ses étoiles.) Ma manman m’a dit qu’elle était très fière de moi et elle m’aemmenéchezMaxwellaprèsl’écoleetellem’aditquejepouvaischoisirunjouetpastropcher.J’aidemandéZorro.C’estunmodèledéjàmonté.Ilestsuper.Yadestas de modèles et de maquettes chez Maxwell mais c’est Zorro le plus grand.Jeffreyditquec’estpasqu’ilestd’uneautremarque.Maismoi jecroisquec’estpasqu’ilestespagnol.Detoutemanièreilétaittropcher,alorsj’aieuunenouvelleboîtedesoldats.Maismanmanaditquesi jegagnais leconcoursd’orthographedestroistroisièmesréunies,jepourraisavoirZorro.Laveilleduconcours,j’étaisnerveux.J’aieumapleurodynie.Alorsj’aiemporté

J’apprendsl’orthographe:LivreIavecmoiaucabinetpourm’entraînerencore.—Gilbert,qu’est-cequetufabriqueslà-dedans?elleademandémamanman.—Rien,quej’airépondu.—C’estbizarre,j’auraisjuréquetuchantaisHeartbreakHôtel!qu’elleadit.(Et

pourtant,c’étaitexactementcommeledisque.Maisalorsexactement.)Lelendemainj’étaismêmepasnerveuxcequim’asurprismaisc’étaitcommeça.

Jem’ai levé j’aimangémonpetit déjeuner et puis Shrubs est passémeprendrecommetoujoursetpuisilestalléausalonetilachipédesbonbonsdansletrucenverre demanman comme toujours, et puis on est parti. J’y ai dit que peut-êtrej’allaisavoirleZorrodechezMaxwelletiladit:«Ehbendisdonc.»Àlaclochej’avaisdesfourmisdanslesjambes.(Pasdesvraiesfourmis.)Onavait

d’abordcoursavecAckleslaprofdesciencesnat.ElleestduSud,ellenousappelle«lesamis».Etpuisaussielleauncalepindanslequelelletecolleunzérosituteconduismal.Elleappelleça«unbongroszéro».Cematin-là,MartyPolaskialevéledoigtquandelleademandéquiavaitquelquechosed’intéressantàraconter.— Ce matin, j’étais chez moi occupé à fabriquer une petite chaise électrique

quandjemesuistranchéledoigtparaccident.Maisjel’airamasséparterreetjel’aimisdansunepetiteboîtepourpasleperdre.Etlevoilà!Ilasortiunepetiteboîteblancheetdedansyavaitducotonetsurlecotonyavait

sondoigtdisdonc!LamèreAcklesestdevenuetouteblanchecommesielleallaitdégobiller.MarilynKaneesttombéedanslespommes.EtalorsMartynousafaitvoirqu’yavaituntroudanslefonddelaboîteetqu’ilavaitpassésondoigtparletrou.(IlaeudroitàunbongroszérodanslecalepindelamèreAckles,lesamis.)Etpuisunefilleestvenuedanslaclasseetelleadit:—Est-cequelesfinalistespourleconcoursd’orthographedestroisièmesveulent

bienmesuivreensalle215?Etj’ysuisallé.Danslasalle215touslesélèvesétaientdeboutcontrelemurcommeunpeloton

d’exécution.MlleIrisetMlleKolsharétaientassisesaumilieudelasallesurleurfauteuildeprofesseur.MlleKolsharétaitdansunmauvaisjour,çasevoyaittoutdesuite. Jemesuismisdebouten faced’une fenêtreet j’ai regardédehors.C’étaitl’automne et les feuilles tombaient des arbres. Ils étaient en train de devenirchauves.Lasalle215c’est lasalledeMlle Iris.Elleavaitencored’accroché le tableau

d’affichage que j’avais fait pour la Journée Portes Ouvertes. (La Journée Portes

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Ouvertesc’estquandvousvenezàl’écoleavecvosparentsetpuistoutlemondefaitlaqueuepourfaireconnaissancedesmaîtressesquipeuventleurraconterdestasdemensongessurvous.Montableaud’affichageétaitunchevalaugalopavecd’écrit«Touspremiers!».Onpeutaccrocherdesnotesetdesfeuillesdepapieraprès. C’est moi qui l’avais fait. Je suis un artiste. Je suis bon en dessin.MlleVerdon,laprofdedessin,elleditquej’aidutalent.J’aimefairedesbulletinsd’affichage.Onaledroitdeseservirdesciseauxdemaîtressequisontpointusetrisquentdevouscreverunœil.)Quand tout lemondeaété installé,Mlle Irisnousadit les règlesduconcours

d’orthographe.—Nousdemanderonsàchaqueélèveunmotàlafois.Vousavezledroitdenous

lefairerépéter.Denousdemanderdel’utiliserdansunephrase.Maisunefoisquevousavezcommencéàépelernousnepouvonsplusriendireetvousn’avezpasledroitdechangerd’avisencoursderoute.Etalorslaportes’estouverteetMlleKleganestentrée.C’estunemaîtresse.Y

avaitquelqu’unavecelle.Qu’elletiraitparlebras.C’étaitJessica.—Allez,mademoiselle,faites-moileplaisird’allerprendrevotreplaceparmivos

camarades.Etplusvitequeça.JessicaajetéàKleganunregardnoir.Elleportaitunlivre.Ilétaitrecouvertde

papiernoir,ilvenaitdelabibliothèquedel’école.—Veuillezdéposercelivre,mademoiselle,aditKolshar.Leslivressontinterdits

pendantlesconcoursd’orthographe.—Ilafalluquejelatraînejusqu’ici,aditMlleKlegan.—Pourquoi?ademandéMlleIris.Klegans’esttournéeversJessicaetellearépété:—Pourquoi?—Maiscommentvoulez-vousquejelesache,bonsang!afaitJessica.(C’était

pasunefaçondeparlerdevantdesmaîtresses.Toutlemondeaattendu.)—Jenevaiscertainementpasvousencourageràcontinuersurceton,espècede

péronnelle, taisez- vous ! aditKlegan.Et faites-moi leplaisirde rangerce livredansvotrepupitreetfinissons-en!Jessicaaattenduuneminutemaiselleaquandmêmerangélelivre.MlleKolshar

adit«Merci,Fran»,àMlleKleganquiestrepartie.Etleconcoursd’orthographeacommencé.MlleKolsharademandégaminàMikeFunt.—Vouspouvezl’utiliserdansunephrases’ilvousplaît?ademandéMike.—Oui.C’estunpetitgamin.—Gamin.G-A-M-I-N.Gamin.MlleIrisademandépromenadeàMarionParker.—Promenade.P-R-O-M-E-N-A-D-E.Promenade.MlleKolsharademandéàTommyHalseybicyclette.—Byciclette.B-Y-…Maisils’estrenducomptequ’ilsetrompaitetils’estrassisenpleurantpresque.MlleKolsharademandébicycletteàRuthArnold.—Vouspouvezl’utiliserdansunephrases’ilvousplaît?

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—Oui.Jeviensàl’écoleàbicyclette.—Bicyclette.B-I-C-Y-C-L-E-T-T-E.Bicyclette.Elleaépeléensouriant.JedétesteRuthArnold.C’est toujours le chouchou pasqu’elle est tellement maligne et qu’elle joue du

violon.Unefoisjeluiaiposéunedevinette:L’aéroplanerugitetvrombitdanslesairsPeux-tum’épelerçasans«r»?Elleapaspu,RuthArnold.Alorsjeluiaidit:«Ça,Ç-A,ça;ah,ah,ah»!Pourne

rien vous cacher, je voudrais la tuer, moi, Ruth Arnold. Une fois, en instructioncivique,ellem’acaftépasquejemontraisàShrubscommentqu’onfaitpourfairecroirequ’ons’arrachelepouce.J’aidûallervoirdanslecouloirsilamèreCrowley(quinousfaitinstructioncivique)yétaitetj’aimanquéuncontrôleetellem’acolléunzéroalorsquejeparlaismêmepasd’abord.(Jefaisaisplutôtdelapantomime,commeonaapprisenclasse.)MlleIrism’ademandéautomne.J’aiépeléfacilej’aimêmepaseuàluidemander

unephrase.MaisRuthArnoldalevéledoigtetelleadit:—Mademoiselle,mademoiselle!C’estpasjuste!Yalemot«automne»surle

tableaud’affichage.Là,danslespapiers.Unpoèmed’automne.C’estGilquiafaitletableau,ilavu.—C’estpasvrai,menteuse!j’aiditmoi.—Onnevousapasdonnélesignaldeparler,aditKolshar.Mais elle a dit que Ruth Arnold avait raison et qu’il fallait que Mlle Iris me

demandeunautremot.—Attendsunpeu,Helen,aréponduMlleIris,jenetrouvepasjustequeGilbert

doiveépelerundeuxièmemot.D’ailleurs,cen’estpasluiquiaaffichécespapiers.C’estmoi.Ilaseulementfabriquéletableaud’affichage.—Bon,ehbien,c’estmoiquivaisluidemanderunmot,alors,aditMlleKolshar.—Iln’enestpasquestion,aditMlleIris.Elle devenait toute rouge et tous les élèves commençaient à ouvrir de grands

yeux.—Maisenfinregarde,tuvoisbienquec’estsurletableau,aditMlleKolshar.—Maisçanevapas,non?Ilnepeutpasvoirletableaudelàoùilest.Lesdeuxmaîtressessesontmisesvraimentencolèreetellesseregardaienten

chiensdefusil.EtpuisMlleIrisaditquesiquelqu’undevaitvraimentmedemanderunmotdeplus,ceseraitelle.Etellem’ademandéalternativement.—Vouspourriezl’utiliserdansunephrases’ilvousplaît?— Oui. La règle d’un concours d’orthographe c’est que les maîtresses posent

alternativementlesquestions.—Alternativement.A-L-T-E-R-N-A-T-I-V-E-M-E-N-T. Alternativement.AlorsMlleKolsharademandédétruireàJoanOverbecketMlleIrisademandé

négligenceàIrvingKlein.EtMlleKolsharademandéexagérationàWilliamGagequi s’est trompémaisn’apas voulu s’asseoir.MlleKolshar lui a dit de s’asseoir,maisrienà faire, il restaitàregarderpar terresansbouger.Yvoulaitpasavoir

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perdu.Alorsc’estMlleIrisquiluiaparlé:—Ecoute,William,monbonhomme,cesontlesrèglesetilfautquetoutlemonde

les respecte, tu comprends, mon grand ? Tu auras de nouveau tes chances ausemestre prochain. Je parie que tes parents seront déjà très fiers de toi enapprenantquetuesalléaussiloindansleconcours.AlorsWilliams’estassisetMlleKolsharadenouveauregardéMlleIrisenchien

defusil.EtpuisçaaétéletourdeJessica.MlleIrisluiademandécommentmaisJessicaa

eul’airdenepasentendre.—Jessica.—Oui?—Comment.—Commentquoi?Toutlemondeari.Kolsharétaitfollederage.—Commentc’estvotremot,petiteécervelée.Épelez-moiçaplusvitequeça!—Ç-A.— Dites donc, Jessica, vous préféreriez peut-être renoncer à votre droit de

concourirpourvousrendredirectementaubureaudeladirectrice?aditKolshar.C’estçaquevousvoulez?Çapeuts’arrangertrèsfacilementmaiscroyez-vousquevosparentstrouverontçaamusant?Ensuite,c’estMlleIrisquiaparlé:—Jessica,oubientuépellesunmot,oubienjetecolleunzéroenorthographe

pourlesemestreentier,noussommesbiend’accord?Elle était furieuse aussi.Mais j’ai pensé quelque chose. J’ai pensé que Jessica

étaittrèsforteenclasseetqu’elleallaitgagnerleconcoursd’orthographe.Et jesuisdevenutrèsinquiet.—Comment,aditMlleKolshar.—Pourriez-vousl’utiliserdansunephrases’ilvousplaît?—Oui.Commentallez-vous?—Comment,aditJessica.M-O-X-P-L-Y-T.Comment.Personnen’ariendit,toutlemondeouvraitdegrandsyeux.Jessicarestaitdebout

sansbouger.Etpuis,très,trèsdoucement,MlleKolsharadit:—Filezaubureaudeladirectrice,mademoiselle.Jessicaareprissonlivredanslepupitreetelleaprislaporte.DaveSuttonafait:

«Po-pom,po-pom,po-pom-po-pom-po-pom…»(C’estlamusiquedelapanthèreroseàlatélé.)—Quivousadonnélesignaldeparler?ademandéKolshar.Etpuis lesmotsontcommencéàdevenirdifficiles.Lesélèves savaientpas les

épeleretilsabandonnaientleconcours.HelenTresslerestsortiesurcellophane.AudreyBurnstein aussi, celle qui porte un appareil dentaire.Et cinq élèves sonttombés suryacht, jusqu’àcequeRuthArnold l’épelle correctement.Ellen’apasmanqué non plus décorum et nausée. Moi, j’ai eu hospitalier et incriminer. Onn’étaitplusquequatreenjeu.NancyKeltonesttombéesurengraisetSidneyWeissaprèselle.MaisRuthArnoldaencoreréussi.Yrestaitplusqu’elleetmoi.MlleIrism’ademandéattraper.

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—Vouspouvezl’utiliserdansunephrase,s’ilvousplaît?—Oui.Situnecourspasplusvitejevaist’attraper.—Attrapper.A-T-T-R-A-P-P-E-R.Attrapper.—RuthArnold,elleafaitMlleIris.Attraper.Et j’ai suque jem’étais trompé.Toutd’uncoup j’ai eu l’impressionque j’allais

tomber.J’avaisperduleconcoursd’orthographe.RuthArnoldadit:—Atraper.A-T-R-A-P-E-R.Atraper.Elles’étaittrompéeaussi.J’aifailliéclaterderire.MlleKolsharm’ademandéfinance.—Finance.F-I-N-A-N-C-E.Finance.Jel’aiditunpeuauhasardmaissansmetromper.EtalorsMlleIrisademandé

scèneàRuthArnold.—Sène.S-È-N-E.Sène,aditRuthArnold.Etmoijelesavais,jelesavais!Jelesavaisàcausede«lagrandescèneduII»

quej’avaischerchéeaudictionnaire!Alorsjel’aibienépelé.EtMlleKolsharm’ademandénécessaire.—Nécessaire.N-É-C-E-S-S-A-I-R-E.Nécessaire!MlleIriss’estmiseàapplaudir.Kolsharluialancéunregardmaisj’avaisgagnéle

concoursd’orthographe!Leconcoursdetoutes lestroisièmesannées!Et jemesuismisàapplaudiraussi.Jem’applaudissais.MlleKolsharafaitremarquerquecen’était pas très intéressant.Mais j’applaudissais encore et encore. J’ai applaudijusqu’àceque tous lesautres soient sortis.Mlle Irism’adonnéunbaiser sur lefrontetellem’adit:—Vadoncaubureaucherchertonprix,voilàunbillet.C’estcequej’aifait.Devant le bureau il y avait quelqu’un d’assis sur le banc où s’asseyent les

méchantset attendantde se faireengueulerpar ladirectrice.C’était Jessica. Jesuispassédevantelle,etjesuisentrédanslebureau,sansrienluidirepasqu’ellenem’avaitpasvu,elleétaitentraindeliresonlivre.J’aidemandéàlasecrétaireroussepourmonprix.Ellem’aditquec’étaitundictionnaire.Quej’aillel’attendredehors,assissur lebanc.Alors j’ysuisretourné.Jessica lisait toujours. J’aivu lelivre,c’étaitl’Etalonnoir.Laclocheasonné.Touslesélèvessontallésàleurscasiers.Ilsm’ontvuassissur

lebanc.J’aidit:—J’aipasétépuni.Jeviensdegagnerleconcoursd’orthographe.Commeçapersonnen’apenséquej’étaispuni.MaisJessica,elle,elleariendit,

ellecontinuaitdelire.Auboutd’unmoment,elleaposélelivreetellearegardédanslehall,maispersonneenparticulier.Personne.Etelleadit:—Pourlemoment,ildoitêtredansleWyoming.IlacommencédansleMontana,

avec tout le troupeau, c’est lui le chef parce qu’il est le plus grand et le plussauvage,personnenepeutlemonterquemoi.Maismaintenantilvienttoutseul.—Quiça?j’aidemandé.Elles’est tournéeetellem’aregardédroitdans la figureet j’aivusesyeux.Y

sontgéants,monvieux,vertsavecdeséclatsmarrondedans.—Blacky,ellearépondu.Moncheval.

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—Ah,bon.Et puis on a plus rien dit pendant longtemps. Les élèves ont arrêté de passer

devantnous, les portesdes casiers ont cesséde claquer et tout est resté coi ettranquilledanslehalldel’école.EtpuisJessicaaditquelquechose:—Tusais,Gil, je t’ai laisségagner leconcoursd’orthographe,elleadit.Parce

quetuenavaistrèsenvie.

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11.Unefoisj’avaiscinqans.J’allaissouventenvoiture.Jememettaisàcôtédepapa

sur la bosse. La bosse c’était aumilieu du siège avant, là où il n’y avait pas decouture.Çamesoulevaitcommeçajepouvaisvoir.C’étaitmaplacespécialeàmoitoutseul.Unefoisonestalléjusqu’àFrankfortdansleMichiganetj’aipassétoutlevoyagesurlabosse.Toutlevoyage.EtpuisunjourmonpapanousaemmenésJeffreyetmoidanslaboutiqueHanley-

Dawson Chevrolet pour acheter une nouvelle voiture. On y est allé dans notrevieille voiture. J’étais assis sur la bosse. Et puis on est monté dans la nouvellevoiture.Elleavaitunedrôled’odeur.Papaestmontéetiladémarré.Onestparti.J’airegardéparlavitrearrièrenotrevieillevoitureetjeluiaifaitaurevoiraveclamain.—Etnotrevieillevoiture,papa?j’aidemandé.—Quoi,cetasdeferraille?Ons’enfiche.J’airegardélesiègeavant.Yavaitpasdebosse.Monpapaaexpliqué:—C’estparcequecettepetitemerveille a lemoteurà l’arrière.Vousavezvu

toutelaplacesupplémentairequeçanousdonne?J’aiposémonmentonsurledossierdusiègearrièreetj’airegardénotrevieille

voitureparlafenêtrearrière.J’aimêmepleuré,peut-être.EtJeffreym’adit:—Qu’est-cequet’asàpleurer,bébé?Etj’aidit:—J’aipasdeplacepourm’asseoir.

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12.JesuisàlaRésidenceHomed’EnfantslesPâquerettesdepuisdeuxsemaineset

demiemaintenant.TouslesjourslefacteurvientmaisjenereçoisaucunelettredeJessica.EttouslesjoursjedemandeauDrNevelesiyaunelettrepourmoietilmerépondnon.Cematinj’étaisassisdevantlatableoùnousjouonsdesfoisàdesjeuxdansmon

aile. J’étais en train de fabriquer monsieur Tête de Patate. Il était en pâte àmodeler,pasenvraiepommedeterrecommeà lamaison. J’étaisentrainde luimettreunnezquandMmeCochraneestentréeendisantqu’elleavaitunegrandenouvelle.—J’aidetrèsbonnesnouvellescematin,qu’elleaditensouriantvraimenttrès

faux-jeton. La nouvelle piscine est terminée. À partir d’aujourd’hui, tous lespensionnairesdesPâquerettespourrontyaller,quandceseraleurtour.Onafaitunemploidu tempset figurez-vousquenous sommesdans le toutpremiergroupe !Pourdelaveine,c’estdelaveine,non?Dèsquenousauronsfinilepetitdéjeuner,nousironsnager!Touslesenfantsontcrié:«Ouah,super!»Saufun.Moi.JesuisrestéàfairemonmonsieurTêtedePatate.Jeluiaimisun

autre nez, un grand comme celui du Dr Nevele, sauf qu’il avait pas de poils àl’intérieurcommelesien,cequimerendmaladetellementc’estdégoûtant,pournerienvouscacher.LepremierjouràlaRésidenceHomed’EnfantslesPâquerettes,onm’avaitparlé

decettenouvellepiscineenconstructionetdesfois,j’entendaisdesbruits,c’étaittrèsloindanslessous-sols.Avant,onmettaittouslesenfantsdansuncarpourles

emmenernageràl’YMCA[2].Jedétestel’YMCA,jevoudraispouvoirlatuer.(Unefoisl’oncledeShrubsapayél’inscriptionàl’YMCApourShrubsetmoipendantunan.C’estungoy.CommelamamandeShrubs.Jenesuisalléàl’YMCAqu’unefoisparce qu’elleme file les trouilles. Y a des croix partout et des images de Jésus-Christsurtouslesmursetj’aivudanslesdouchesquetousleshommesavaientunziziàmanchelongue.)— Bien sûr, nous devons tous nous conduire comme des anges, disait encore

MmeCochrane.Sinousvoulonsavoirledroitd’alleràlapiscine.Nousnepouvonspasenvoyer lesgarnementsà lapiscine,n’est-cepas?Ceserait injustepour lesautresenfants,ceuxquifontuneffortpoursetenirbien.J’aiajoutéencoreunnezàmonsieurTêtedePatate.Manny a dit qu’il voulait pas aller se baigner pasqu’il avait pas de maillot et

MmeCochraneaditquedescostumesdebainseraientmisànotredisposition.Çavoulaitdirequ’onnousprêteraitdesmaillots.Touslesenfantsontcrié«hourra!»saufHowiequisecuraitlenez.Jel’aivu.(J’aimebienmecurerlenezdetempsentempspasquej’aimebienlesloups.Jelesrouleetjelesjette.Àl’école,desfois,jesuisassisàcôtédeMartyPolaskietysecurelenezetymemontreetysemetàchanterQuiest-cequiapeurdugrandméchantloup?Ilestfortpourlesblagues,ilestrigolo,maisc’estungarnement.)

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Touslesenfantsdenotreaileétaiententraindesauteretdedanserenchantant:«Onvaàlapisci-neuh!Onvaàlapisci-neuh!»Saufmoi.AlorsMmeCochranes’enestaperçueetelleestvenueversmoietelle

aregardémonsieurTêtedePatate.Ilavaitplusquedesnez.Quandtoutlemondeaétéhabilléonestalléaupetitdéjeuner.Yavaitdesœufs

auplataveclesjaunesquifaisaientcommedesyeux.J’étaisassisàcôtédeRobert.Ilpleuretoutletemps.Alorsjeluiaidit:—Eh!Robert!Regardeunpeuça.Ondiraitquecetœufc’esttonœil,d’ac?Il a dit d’ac et j’ai planté mon couteau dans le jaune qui a coulé sur toute

l’assiette.Et ils’estmisàpleurer.Alors je luiaidonnéuncoupdepoingdans laboucheetilaaspergéMmeCochranedecéréales.Elleenavaitpartout.Elles’estfichuevraimentenrogneetellem’aattrapélamainàtraverslatable,c’étaitunpoing. Et j’ai tiré et mon poing s’est écrasé sur mon assiette et l’a cassée enmorceaux.UnmorceauafrappélafiguredeRobertquis’estmisàhurler.Toutlemondes’estretournéversnouspourvoircequisepassait.Alorsjemesuislevésurmachaiseet j’ai commencéàmarcher sur la table,dans lesassiettesde tout lemondeetj’airenversélescarafesd’eau.J’aibalancéunboncoupdepieddansmonverredejusd’orangeetilavaldinguéàtraverstoutelasalleetilestalléfrapperRudyarddansledos.Ils’estretourné,ilm’avu,maisilariendit.MmeCochranes’estlevéeetm’aattrapéparlaceintureencriantàunemployé

de laRésidenceHomed’Enfants les Pâquerettes qui était à la table d’à côté devenirl’aider.Etlemonsieurs’estlevéetilestvenumeprendrealorsjeluiaidonnéuncoupdepieddansleventreetilm’aprislesbrasetmelesatordusetjepouvaisplus bouger et ilme serrait vraiment fort. Ilm’a emporté de la salle àmanger.MmeCochraneestvenueaussi.QuandonestarrivéaubureauduDrNeveleilyavaitdéjàquelqu’undedans,la

porte était fermée alors l’employém’a fait asseoir sur le banc etm’a tenu trèsserré.MmeCochranea frappéà laporteet elle est entréedans lebureau. J’aiessayédemordrelemonsieurmaisilatirésifortsurmesbrasquej’aicruqu’ilallaitlescasser.Jepouvaisplusbouger.EtpuisMmeCochraneestsortiedubureauet elle avait la figure rouge. Juste derrière elle venait une dame. J’ai arrêtéd’essayer demordre l’employé. J’ai regardé la dame et ellem’a regardé. Je nesavaispasquoifaire.C’étaitlamèredeJessica.Ellemeregardaitcommesielleétaitparalysée,geléesurplace,commesij’étais

unmonstre.Etpuisellearegardéailleurssansdireunseulmotetj’aivuqu’elletremblait.LeDrNeveleestsorti,ilaposélamainsursondosetellel’aregardéluietpuis

moietluiafaitouiaveclatêteetelleestpartie.J’airienfaitdutout.L’employém’alâchéetleDrNevelem’aditd’entrerdanssonbureau.Ilétaitencolère.—Bon,quesepasse-t-il,cettefois?qu’ilademandé.—Rien.Ila sortiun tasdepapiersd’un tiroirdesonbureaumais ils luiontglissédes

mainsetsonttombésparterre.—Merde,iladit.—Fautpasdiredesgrosmots,docteurNevele,j’aidit,moi.

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Ilaramassélespapiersunparun,maisilyenavaitdeuxattachésensembleparuntrombonequirestaientparterresouslebureau.Luinelesvoyaitpasmaismoisi.Jelesaitouchésavecmachaussure.—Bon,iladit,quiacommencécettefois-ci.—Moi,j’aidit.—Ques’est-ilpassé?—Rien.Est-cequejepeuxallerenSalledeRepos?—Non,qu’iladit.Pasquestion.Chaquefoisquetuaslamoindrecontrariététu

filesdanscettefichueSalledeReposécriresurlemuraulieudeteconfieràmoi.Peut-êtrequesijet’empêched’allerlà-bastumeparleras.—DocteurNevele,quejeluiaidit,jamaisjevousparlerai,jamais.Et jem’ai levé et j’ai été jusqu’à sa bibliothèque et j’ai posémamain dessus

commesij’allaisencorelaficheparterre.Maisilm’arepoussésurlefauteuiletilasortilaceinture.Ill’amiseautourdemoilui-mêmecettefois,etill’aserréetrèsfort.J’aiessayédeladesserrer,ellemepinçait.—Laisse-la!qu’ilahurlé.J’aieupeur.Jel’avaisencorejamaisentenducrier.—Tuvasrestericimongarçon!Etréfléchirunpeuàtoutça.Etpuisilestsortidubureau.Etj’étaisseul.J’aipenséàunefoisoùonétaitalléàFrankfort,dansleMichigan,avecmonpapa

etmamanmanetmongrandfrèreetpuisonétaitalléauCrystalLakepournagersaufquemoi jevoulaispaspasque jesavaispasmaisonyestalléquandmême.Monpapam’avaitmisuneceinturedesauvetagequiétaitfroideettoutemouilléepasque quelqu’un s’en était servi avantmoi, c’était orange avec des boucles quim’ontpincélenombrilquandillesafermées.Jepleurais,j’arrêtaispasdepleurer.Ym’aramasséetiladit:«Çasuffitfiston,tuveuxdoncquetoutlemondesachequetunesaispasnager?»Etilm’afaithonte.Monpèrem’aemportédansl’eau.Ilm’aemportétoutauboutlàoùc’estprofond,làoùj’aipaspiedoùyadel’eauau-dessusdematête.J’aicrié:«Melâchepas,s’ilteplaît,melâchepas!»etiladit:«Jenetelâcheraipas,voyons.»«Jeveuxsortir!Jeveuxsortir!»jehurlais.«S’ilteplaît!»Maisnon,ynevoulaitpas.Ilm’emmenaitencoreplusloin.Etpuisilacommencé à me mettre dans l’eau. « Non ! » que j’ai encore hurlé mais il acommencéàmelâcher.IIadit :«Tun’aspasàt’enfaire,tuasunebouée,uneceinture de sauvetage ! » Et il m’a lâché. J’ai essayé de m’accrocher à lui, dem’agrippermaisilm’adit:«Eh,attentionavectesongles!»«Non,papa!Non!»jehurlais.«Jevaismenoyer!Jevaismenoyer!»Maisçanel’apasempêché.Ilm’alâchéetd’unseulcoupjevoyaisplusrien.C’étaitmontéau-dessusdematêteet j’avaiscommencéàcouleret il faisaitun froid terribledansmesoreilleset jevoyaisplusrienetj’entendaisplusqu’ungrosbruitcommeuntrainquipasse.J’aivoulurespirermaisilm’estentréquedel’eauetjem’aimisàétouffer.Etpuisilm’arepris.Jetoussais,jetoussais,j’arrivaispasàm’arrêterdetousser.Jel’aitapéà coups de poing en criant, criant. En criait si fort que j’entendais rien d’autre.«Toutvabien,fiston»,ilmerépétaitdansl’oreille.«Toutvabien,toutvabien.»Maisc’étaitpasvrai.Alorsilm’aramenéaubord,maisjem’aiditquelquechoseàmoi-même.Dansmatête.J’iraiplusjamaisnager,plusjamais.

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LeDrNeveleestrevenu.J’avaisenlevélaceinture.Jel’avaisenlevéetoutseul.Ys’enestmêmepasaperçu.—Tusais,Gilbert,ilm’adit,onvientdeterminerlanouvellepiscine.Maissitu

continuesàtecomporteraussimaljet’interdiraiprovisoirementd’allertebaigneraveclesautres.C’estçaquetuveux?Quejet’interdiselapiscine?Alorsjesuisalléjusqu’àsonbureau,j’aipristouslespapiersqu’étaientdessuset

jelesluiaijetésàlafigureetj’aicourujusqu’àlafenêtreetj’aicasséuncarreaud’ungrandcoupdepoingetj’aihurlé:—Jeveuxrentrerchezmoi,jeveuxrentrerchezmoi,jeveuxrentrerchezmoi!LeDrNevelem’aattrapé.—Bon, c’est complet ! J’enaipar-dessus la tête.Vas-ydans ta fichueSallede

Repos!Vas-y!Maistuserasprivédepiscine,tum’entends!Toutlemondeiraàlapiscinesauftoi!Allez,disparais,sorsd’ici!J’aitendulamainpourramassersoussonbureaulespapiersquiétaienttombés.

Vitevitejelesaimisdansmapocheetj’aiétédanslaSalledeRepos.Jem’aiassisdansuncoinetj’aitaillémoncrayonavecmesdentspourécrire.Ça

m’afaitlalanguetoutenoire.J’aipenséauxaffichesoùsqu’onmetducrayonsurlesdentsdesdamespourfairecroirequ’ellesenontplus…Laportes’estouverte.C’étaitRudyard,ilm’aregardédanslecoinetilamisun

doigtcontresabouchepourfairechut!Ilestvenus’asseoirenfacedemoi,dansl’autrecoin,tournéverslemur.—LeGrandSalut!qu’ilachuchoté.Etpuisilamissamainsoussonmenton,commeça,etilagigotésesdoigtspour

fairelabarbichette.Jeleregardais.—LeGrandSalut,ilarépétédenouveau,etill’afait.Etpuisilasoupiréunpeucommeçaetilm’adit:—C’estleGrandSalut,Gil(etill’arefait),c’estjustepourquetuleconnaisses.Ils’estappuyéenarrièrecontrelemur,ilafermélesyeuxetil lesarouverts.

Par-dessusmatête,ilregardaitmonmur.—Quellejolieécriture,iladit.Etpuisleslignessonttrèsdroites,aussi.Jemesuislevéd’unbondetjemesuismisdevantlemurenhurlant:—Non!Yfautpasqueturegardes,Rudyard,c’estàmoi,c’estprivé!—Mêmeuntoutpetitpeu?—Non!Ilatournéledosaumurendisant:—D’acGil.Cochonquis’endédit.—Etn’écrisplusdessusnonplus,leDrNeveleaditqu’yavaitquemoiquipeux

écriredessus.Ils’esttournédenouveau.—Qu’est-cequec’estquecettehistoirequejen’écriveplusdessus?Jeluiaimontrél’endroitoùc’étaitpasmonécriture,oùilavaitécritIlvoulaitvoir

s’envolerlesminutes.—C’estpasmoiquiaiécritça,iladit.Ilmentaitpourtant,pasquejesavaisquec’étaitluiquil’avaitécrit,jelesavais.Et

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puisj’aivuqu’ilavaitquelquechosedepassédanssaceintureetjeluiaidemandécequec’était.Ilm’aditquec’étaitdelasaucepiquantepourmettredanslabouchedesenfantsfousquimordentpourleurapprendreàneplusmordre.J’aidéjàvuçaàlaRésidenceHomed’EnfantslesPâquerettes.C’estcommesurunepetiteépongeetçabrûlelabouchedesenfantsetalorsilsnemordentplus.Ilspoussentdescris.Maisjamaisj’avaisvuRudyards’enservir.Jeluiaidemandépourquoiys’ensertpas.—J’aimepaslesplatsépicés,iladit.Etpuisilaplusrienditetmoinonplus.Onestsimplementrestésassis,comme

ça,surleplancher,sansriendire.Etpuisils’estlevépourpartir.—Oùtuvas?j’aidemandé.—Nullepart,ilarépondu.Etilatraversélevestibulepourallerdansunepiècespécialequiestlàetqu’on

appelleSalledeThérapieLudiqueoùonemmènelesenfantspourquelesdocteurslesregardentjoueravectouslestrucsquisontlàetécriventdeschosessurleurcarnet.Moij’étaisjamaisallédedans.J’aisuiviRudyard.Ilavaitlaissélaporteouvertealorsjesuisentré.Ilétaitassissurunechaiseau

milieudelapièceettoutautourdeluiilyavaitdeschosespourjouersaufqu’ellesavaientpasl’airtoutàfaitnormal.Ilyavaitunegrossemaisondepoupéeavecdesgensenboisàl’intérieur,ilyavaitunemanman,unpapaetmêmeunpetitchien.Ilyavaituneboîteavecd’autrespersonnesdeboisdedans,ilyavaitundocteuretuneinfirmière,etunpolicieretunfacteur.Rudyardétaitassis,lesmainsrepliéessurlesgenoux,ilnedisaitrien.Ilétaitseulementassissansriendire.J’aiprislepetitfacteurdeboisdanslaboîteetjel’aiassissurmesgenouxetil

m’aditqueJessicaallaittrèsbientôtm’écriredeslettresetqu’ilmelesapporteraitalorsquej’avaispasàm’enfaire.—D’ac,j’aidit,jem’enfaispas.—Moisi,aditRudyard.—Jeteparlaispasàtoi.—Tantmieux,iladit,pasquemoijeteparlaispasàtoinonplus.—Àquituparlais?—Àmoi-même,aditRudyard.Etilalevésamaindevantsesyeuxetils’estmisàgigoterlesdoigts.—Faispasça,jeluiaiditpasqueçam’énervait.Ilfaitcommeundinguedesfoisetçanemeplaîtpas.Maisys’estpasarrêté.Il

l’afaitencoreplus.J’aireposélefacteuretjesuisalléjusqu’àluietjeluiaiattrapélamainpourqu’ilarrêtedegigoterlesdoigts.—Faispasça!—Oh,ilafait,c’étaitdoncàmoiquetuparlais?Je suis allé à la maison de poupée et j’ai ramassé la manman. Et puis je l’ai

reposéeetj’airamassélepetitgarçon.C’étaitmoi.Ilallaitaucabinet.Ilavaitdelapleurodyniepasqu’ynevoulaitpasalleràlapiscine,yvoulaitpasnager.EtpuisRudyardm’adit:—Jecroisquej’aibesoinquetumerendesunservice,Gil.—Quoidonc?j’aidemandé.

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Lepetitgarçondeboissortitducabinetetalladanslesalon,seulementypouvaitpasregarderlatélépasqu’ilavaitpasprissonbainavantPopeye.—Jemedemandaissituvoudraisbienm’aider.Yfautquej’aillenageraujourd’hui

maisj’aiunpeupeur,c’esttout.—T’esqu’unemauviette,jeluiaidit.—Merci,aditRudyard.T’asraison,d’ailleursj’aipeurdeplusieurschoses.La

mortetnager.C’estpourçaquejesuisici.Normalement,encemoment,jedevraisêtreentraindemouriràlapiscine.—C’estpasvrai,jeluiaidit.Ymentait,monvieux.C’estungrand,ilavaitpaspeur.Ymentait.—Si,iladit.Jeluiaijetélepetitgarçondeboisencriant:—C’estpasvrai,c’estpasvrai!T’esqu’unmenteur!Tumens,salaud!Yaque

lesmauviettesqu’ontpeurdenager,quelesmauviettes!MaisRudyardilariendit.Ys’estseulementlevépourramasserlepetitgarçon

deboissurleplancheretill’atenudanssamain.Ill’atenudanssesdeuxmains.Pour commencer on passe par le vestiaire avec des casiers métalliques. Les

casiers sont plus petits que ceux de l’écolemais ils font beaucoup plus de bruitquandonlesclaque,commedescanonsdansmatête.Touslesenfantscourentdanstous lessensencriantetensebattantetçamefait trèspeur.Ontedonneuneserviettemais elle est pas douce comme à lamaison, elleme gratte. Y faut sedéshabillerdevanttoutlemonde.Onterefileunmaillotmaisc’estpasletienetont’envoie aux douches qui sont une grande salle très chaude et pleine d’autresenfantsquetuneconnaispasetlejetd’eauestsifortqu’iltepiqueetlasallesentl’odeurdesgenstoutnus.Ensuitetudoistraverserl’entréepouralleràlapiscine.Ilfaittrèsfroidetlesol

est glissant. Je suis tombé. Tout lemonde s’estmoquédemoimaisRudyard estvenuetm’aramasséetillesaregardésetilsonttousarrêté.Etpuisilm’atenulamainetonestentrédanslapiscine.Ilm’amisuntruccommeunebouéerecouvertedetissu.Ils’enestd’abordmisà

lui,commeuneseuleétaittroppetite,ilenaattachédeuxensembleetilselesestmises.C’étaitmarrant.Sij’avaispaseutellementpeur,j’auraisri.Maisavantdem’enmettreune, ilapris laboucleet ilasoufflédessuset il l’afrottéedanssesmains.—Jedétestequandçafaitfroid,iladit.Etpuisilmel’amiseetafermélaboucle.Etc’étaitpasfroid.Yavaitpleind’autresenfantsdanslapiscine.Ilssautaientdansl’eauenfaisant

deséclaboussurespartoutetencrianttrèsfortsansarrêt.Rudyardm’aregardéetilm’atendulamain.Ilm’aprislamainetonamarchétouslesdeuxjusqu’aupetitbain.C’étaittrèsfroid.J’aifaillihurler.MaisRudyardahurléavantmoi.Ilhurlait:—C’esttropfroid!Etyvoulaitpasentrer.—Rudyard,jeluiaidit,lesautresvontpenserquet’esqu’unbébé.Etilm’aregardéetilm’aditqu’ils’enfichaitdecequelesautrespensaient.Sauf

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moi.Moiçal’intéressait.Alorsjeluiaidit:—Onpourraitquandmêmeyallerlàoùonapied.Etonyestallé.Onétaitdeboutdanslepetitbain,yavaitpleind’enfantsquiéclaboussaienttout

autourdenous.Rudyard les a engueulés et y z’ont arrêtéd’éclabousser. Il a criéque l’eau lui

faisaittrèspeur.Il leuraditd’alleréclabousserailleurs,et ilssontallésdansunautreendroitdelapiscine.Ys’enfichaitmêmesilesautrespensaientqu’ilétaitunbébé.Etmoij’étaiscontentqu’illesayefaitpartir.—Qu’est-ceque t’enpenses?ym’ademandéenmontrantvers lemilieude la

piscine,tucroisqu’onessayed’yaller?J’avaispeur,seulementilavaitpeuraussi.—Jesuistroppetit,j’aidit.C’esttropprofondpourmoi.—Bon, ben, si je te prenais dansmes bras tu ne serais pas trop petit etmoi

j’auraismoinspeurpasquetuseraisavecmoi.Je l’ai regardé. Il amis trèsdoucement sesmainsautourdemoietpuis ilm’a

soulevéetilm’atenubienserré.—Serre-moifort,iladit,pourquej’ayepaspeur.Etjel’aiserrétrès,trèsfort.Etonestallédanslegrandbain.Tous les enfants criaient si fort qu’on entendait rien. Et puis d’un seul coup

Rudyards’estmisàcrieraussi.Ilcriait:—J’aipeur!J’aipeur!Maispersonnenepouvait lecomprendrequemoi,avectoutcebruit.Alors j’ai

faitquelquechose.J’aidit:—N’ayepaspeur,Rudyard.Jesuislà.Etilm’aserrécommeça,commeuncâlin.L’eaum’arrivaitauventre.— Des fois ça m’aide de crier, il a dit. Quand j’ai peur. Je m’en fiche qu’on

m’entendeoupas.Çam’aidequandj’aipeur.Etilm’aencoreserré.—Serre-moiunpeuplusfort,Gil.Çam’aideçaaussi.Etjel’aifait.L’eaum’arrivaitàlapoitrine.Quelqu’unalancéuneballeetRudyardl’areçueenpleinefigure.Ils’estmisdans

unevraierogneetahurléaugarçonquil’avaitlancéedelaprendreetdefichelecamp. Le gosse a eu très peur de Rudyard. Je l’avais jamais vu dans une tellecolère.— Jeme fiche vraiment en rogne quand j’ai peur, il a dit. C’est tout lemonde

pareil. Des fois, les gens le savent même pas. La prochaine fois que tu serasterriblement en rogne, penses-y. Peut-être que tu découvriras que tu as peur dequelquechose,tucomprends?Etalorsplusbesoindetemettreencolère.Ils’estmisàsauter.Ilsautaitenavançantetl’eaumemontaitunpeuplushautà

chaquefoismaisçaallaitpuisquejesavaisbienqu’iloseraitpasmelâcher.Etl’eaum’arrivaitaumenton.AlorsRudyardm’aserréencoreplusfort.—Eh,tumeserrestrop,j’aidit.Tumefaismal.Alorsilm’aunpeulâché.Ilcontinuaitdesautersurlefonddelapiscine.L’espèce

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debouéeétaitdansl’eauetjesentaisqu’ellemeretenait.—Lâche-moiunpeuplus,j’aidit.—Tucrois?Jenesaispas,m’aditRudyard.—Maissi,çava.Lâche,j’aidit.Il se tenait encore àmesbras et àmesmains et il avait gardéunbras passé

autourdemoi.—Donnedescoupsavectespieds,ilm’adit.Jel’aifaitetjem’airapprochédelui.Puisj’aiarrêtéetj’aireculé,ilmetenaitle

bras.Alorsj’airedonnédescoupsdepiedetjesuisalléversluidenouveau.Toutseul.Rudyards’estmisàrire.—Tunages,ilm’adit.Tuveuxquej’ayel’airidiot?Maismoijedonnaisdescoupsavecmespiedsetluim’alâchéencoreunpeuplus.

Ymetenaitplusquelepoignet.—Tapeavectesmains,commeça,qu’ilm’adit,commeça!Etjel’aifaitetjem’aiapprochédeluiencoreplusvite.—Repousse-moiencore!jeluiaidemandé.Ill’afait,etj’aidonnédescoupsdepiedettapécommeçaavecmesmainsetje

suisalléjusqu’àlui,vraimentvite.Et puis un ballonm’est tombé sur la tête etma tête est allée sous l’eau et je

pouvaisplusrespirerettoutétaitdevenunoir. J’aiessayéderespireret j’aipu!PasqueRudyardtoutdesuitetoutdesuiteym’avaitcomplètementsortidel’eauetperchésursonépaule,etilmetenaitlà,toutenhaut,pourquejepuisserespirer.Ilétaithorsdelui.Ildisaitdesgrosmotsaupetitquim’avaitlancéleballon.Et

puisilm’aserrécontresapoitrineetym’adit:—Allez,onsort,maintenant.—Non,j’aidit.—Non?—J’yarrive,Rudyard.Jenageais,monvieux!Jesaisnager,tuterendscompte,

monvieux?Jesaisnager!Etalors ym’a regardédroitdans la figure,ma figureétait justeen facede la

sienne,etilm’asouricommeçaavectoutesafigure.—C’estvrai,monvieux,ilm’adit.Etilm’aremisdansl’eau.Etilamarchéàcôtédemoitoutletemps,toutlelong

de la piscine, avec une main sous moi presque à me toucher, et il a pas laissépersonnes’approcherdemoioumefairedumaloumefairepeurtoutlelongdelapiscine.J’aiagrippélerebordetjem’airetourné.Rudyardétaitloinderrièremoi.Ilm’afaitleGrandSalut.Alorsjeluiaicrié«C’estleGrandSalut!»etjel’aifaitaussi.Pasquejel’avaisbieneumonvieux.J’avaisnagétoutseul.Jesavaisnager,bonsang.Quand je suis revenu de la piscine, j’ai trouvé quelque chose dans ma poche.

C’étaitlespapiersquej’avaisramassésparterredanslebureauduDrNevele.12/17

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Le patient continue de refuser toute communication et toute coopération. Je suis bien contraintd’estimerquelesinterventionsconstantesetintempestivesdeRudyardWaltonsontpourquelquechosedanslepeudeprogrèsdecetraitement.Bienqueleconseildedisciplineluiaitenjoint,cettesemaine,de«déférerauxdésirsdupsychiatreofficiellementresponsabledupatient,quelquesoitsonjugementpersonnel»,ilatrouvédebonnesraisonsdevoirlepatientplusencorequeparlepassé.Aujourd’hui,j’aireçudeluiunenotequejecroisdevoirjoindreaudossierpourinformation.DrNevele,Je vous adresse ce petit mot dans un but sincèrement « diplomatique » qui, vous avez pu le

constater,n’entrepasvraimentdans lecadredemonmodusoperandihabituel.Mais c’estuneffort,parmid’autresquevousn’avezpasétésansremarquer,quejesuisprêtàconsentirtant lasituationmetientàcœur.Voicicequej’aiàdire:Sheriff,vousvousfourrezledoigtdansl’œil.Le jeune Gilbert Rembrandt, encore que probablement coupable de quelque crime (terme que je

continueraid’utiliserparamourde lapoésie)auquelaétémêléeune jeune fille,n’estcertainementpasuncriminel.Jedemandeunautrejury.Etplusprécisément:moi-même.Cet enfant nemenace guère plus la société que la petitemarchande d’allumettes. Les psychoses

quevoussembleztrèsenclinàdénicherdanssa jeunepsychénesontriend’autresquedespoteauxindicateursquimontrenttrèsclairementunedirectionetuneseule,celled’unevilleoùvousnevousêtesapparemmentjamaisrendu:Egocité,lavilleduMoi.Gilberts’estfaitavoiretilesthorsdelui.Vousleseriezàsaplace,non?Ilnelesaitpasparl’esprit

(lesarbres luicachent la forêt)mais il lesaitdansses tripes (très littéralementparfois),etc’estenpartie parce qu’il sait qu’il s’est fait avoir qu’il s’est laissé pousser jusqu’à l’incident concernant lapetite Jessica Renton. C’est aussi pour cela qu’il pique des crises ou observe un silence qui vousdéplaîtici,oùiln’arienàfaire,illesaitfortbien.Figurez-vousquec’estunêtrehumainhabilléenenfantIlpossèdelesorganesetlessentimentsde

sonespècemaisn’enaaucundesdroits.Etiln’estpasleseul.Notrepaysbaigneencoredansl’idéemalsaine qu’on n’est pas une personne à part entière avant d’être en âge de voter et de boire del’alcool.C’estentièrementfaux.Avectout lerespectque jevousdois,docteur,vousn’yavezriencompris,etcommevousn’yavez

rien compris, vous n’êtes pas en mesure de l’aider à comprendre. Vous ne pouvez rien pour lui.Laissez-lerentrerchezlui.Iln’estpasfou,iln’estmêmepasbizarre.Nousavonstrouvél’ennemi,c’estnous.Bienàvous,

RudyardWalton.

J’estime quant à moi que M. Walton souffre malheureusement du même genre de trouble de lapersonnalitéqueGilbertRembrandtàcettedifférenceprèsqueleplusâgédesdeuxdisposedulangageet de sa maîtrise comme moyen de défense. Et d’ailleurs, il n’est pas jusqu’à ses méthodesthérapeutiques qui ne relèvent plus de l’astuce que d’une connaissance réelle (ce me semble). Sesimitations remarquables de ses patients autistiques, qui sont censées lui permettre d’établir desrelationsempathiquesavec lespatients,mesemblenten réalitéplusvaudevillesqueset théâtralesquevraiment thérapeutiques. Et je demeure convaincu que les succès qu’il obtient en apparence avec lespatientsdupavillonSud-Ouestserévélerontéminemmentprovisoires.N’en déplaise à M. Walton, le cas de Gilbert Rembrandt sera traité par moi et par moi seul.

J’examinerai seul saconduiteetdéterminerai seul lesmesuresàprendrepour luttercontredesécartsqu’il n’est pas question un instant de tolérer. J’ai cette fois-ci décidé de porter officiellement plaintecontre Walton auprès des autorités administratives compétentes de notre établissement. Walton seraentendu la semaineprochaineparnotreconseild’administration.Enbonne justice, jepensequ’il seraécartéunefoispourtoutesdupersonneldelaRésidenceHomed’EnfantslesPâquerettes.Depuisunesemaine,deslettresdelafilletteenquestion,JessicaRenton,sontarrivéesàlaRésidence

pour le petit Gilbert. J’ai appelé samère au téléphone et verrai bientôt cette dame pour examiner laquestion avec elle. Je lui ai déjà dit par téléphone que j’estimais cet enfant (Gilbert) sérieusementperturbéetque,dansl’attentedesrésultatsd’examenspurementmédicauxdestinésàdéterminers’ilestneuro-pathologiquementsusceptibledequelque traitementchimique, j’estimaisque lacorrespondancenedevaitpasêtreremiseaujeuneGilberttantquejenelejugeraispascapabledebénéficierdecegenrede stimulation. J’estime même qu’il ne faut pas l’informer de l’existence de ces lettres. J’ai jugéparticulièrement intéressant ce qu’écrit la petite à propos des cauchemars que lui aurait donnésl’incident vécu avec le patient. Il n’est pas possible, vu son état actuel, d’exposer ce dernier à desrévélationsaussipéniblespoursasensibilité.

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J’airecopiétoutçasurlemur.Oh,pourcopier,jesaiscopier,monvieux.Maisj’y

comprendsrien.C’estdestropgrandsmots.

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13.Aprèsleconcoursd’orthographeils’estmisàfairefroidetj’aiétéétonné.Jesuis

toujoursétonnépar lessaisons.C’estparceque jesuisunenfantetquetoutmeparaîtplus long,àmoi. Jepensequecesera toujours l’été.Maiscen’est jamaiscommeça.(OnaeulessaisonsensciencesnataveclamèreAckles,ellenousaditquelesoleiltapesurlaterredetraversouquelquechosecommeça,seulementj’aimalcomprisetquandonaeuuncontrôleellem’amisunXsurmacopieenfacedelaréponseàcettequestion-là.UnXçaveutdirequ’onafaux.UnB,çaveutdirequ’on a bon. La mère Ackles utilise un crayon de correction pour corriger noscopies. Les crayons de correction, c’est ce que je préfère comme fourniturescolaireavec lesétiquettesgomméesautocollantes renforcées, ils sontbleud’uncôté et rouge de l’autre. Comme les blousons réversibles. Et sans fermeture àglissière.)Bientôtletempsestdevenuglacial,dehors,ettouteslesfeuillessonttombéeset

j’aidûlesratisser,cequejedétestepournerienvouscacher.C’estcommepelleteravecunepellequi seraitpleinede trous.Heureusementpourmoinousavonsunarbre qui n’est qu’un bébé alors nous n’avons pas beaucoup de feuilles. (Notrevieux,onl’acoupé.Ilétaitmort.)Une semaine à peu près après le concours d’orthographe,Mlle Iris nous a dit

qu’on allait faire une petite fête costumée pourHalloween. Seuls les enfants del’orphelinat pourraient venir sans costume, pasqu’y z’étaient pauvres. SeulementMartyPolaskiaditquiz’avaientqu’àvenirhabillésenpauvresetMlleIrisarietadit quelque chose que j’ai pas bien compris sur un gamin gavé de brioche, ougavroche,jesaisplusbien.Toutlemondedevaitaussiapporterquelquechosepourlebuffet.Moij’aiditque

j’apporterais des petits sablés pasque ma manman les faits et qu’y sont trèsépatants.Descostumes,moi, j’arrêtepasd’enporter,passeulementpourHalloween. Ils

sont parfaitementmerveilleux comme vêtements,moi personnellement je trouve.Mamanmanlesfaitpourmoi.(Sauflecostumed’astronautequivientd’unmagasin,ellel’avaitachetépourJeffreyyadeuxansetpuisilmel’adonnépasquel’annéedernièrequ’est-cequ’ilagrandi,houla!)Maismonplusbeaucostumec’estSuperman.Y a longtemps j’avais demandé pour un costume de Supermanmaismon papa

avaitditnonquej’avaisassezdecostumescommeça.Etpuisunjourilétaitarrivéàlamaisonavecuneboîted’unmagasinetilavaitditquec’étaitunesurprisepourson fiston numéro 2 (ça c’estmoi). J’ai ouvert la boîte et c’était un costume deSuperman seulement quand je l’ai mis il me pendait de partout et puis il étaitbrillant,pascommeunvrai.Alorsjel’aipasaimépasquelevraiestserréserréetonvoitsesmuscles.(Ymetlesmainssurleshanchesetlesballesluirebondissentdessus.)Maismonpapaaditquej’avaisqu’àleporterentoutcasmaintenantqu’ill’avait acheté, alors j’ai fait la grande scène du II et j’ai jeté des livres dansl’escalier et j’ai étépuni et envoyédansma chambre.Plus tardmamanmanestvenueetelleaditqu’elledonneraitlecostumedeSupermanàdesenfantspauvres

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etqu’ellem’enferaitunvraipourlafêtedeHalloween.J’aidit:—Tuleferasbienserré,hein?Lemêmesoir,Jeffreym’afaituncadeau,c’étaitsagourmettepasqu’ilenavaiteu

uneneuvepoursonanniversaire.Elleestchouette,monvieux.Le lendemainmatin, Shrubs est venume chercher pour aller à l’école, comme

touslesmatins.Pendantquejemangemonpetitdéjeuner,ilseglissedanslesalonetilvoledesbonbonsdansletrucenverredemamanman.(Onenadetouteslessortes.Yenamêmequ’éclatentquandonlessucequejelesappelledesgrenades.)Enallantàl’écolecematin-là,j’aiditàShrubspourlecostumedeSupermanety

m’adit:«Super,vieux.»Etpuisj’yaifaitvoirlagourmetteetiladit:«Super,vieux.»Iladitqu’ilallaitfairesoncostumedeHalloweenaveclesboîtesencartondumagasindemeublesquiestenfacedanslarue.Jeluiaidemandéenquoituvastedéguiseretym’aréponduenboîteencarton.—Faut pasmanger des bonbons avant l’école, j’y ai dit. (Il enmangeait.)Ma

manmanelleditqueçadonnedesvers.—C’estpasvrai!qu’iladitShrubs.J’aijamaisarrêtéd’enboufferdesbonbecset

j’aijamaiseudevers.Lesversybectentdelaterrepasdesbonbons.À l’école tout le monde parlait du costume qu’il allait porter pour Halloween.

Marilyn Kane a dit qu’elle viendrait en petite souris des dents (celle qui passeramasser lesdentsde laitqu’onaperdues,sous l’oreiller).Elle ressembleàunedent,moi personnellement je trouve. Plus tard, commemétier, elle devrait fairecarie,MarilynKane.Pendant toute la récré j’ai pas arrêté de dessiner des Supermen. Je dessine

toujoursleschosesquejeveux.Jelesdessinesansarrêtjusqu’àcequejelesaye.L’annéedernièrej’aidessinéBengali.C’estuntigre.Jel’avaisvuàlatélé.Ondiraitunvrai.Ilrugit.Jel’aidemandépourHanoukahmaismonpapaaditqu’ilcoûtaittropcheretquedetoutefaçon j’enauraisassezauboutdedeux jours. J’aidit :«Mêmesijeledemandetrès,trèsgentiment,s’ilteplaîtmonpetitpapa?»etiladit:«Onverra.»Cequiveutdirenon.Alorsjem’aimisàdessinerBengali.Jeledessinaistout letemps.Je ledessinaiset je leredessinais. Je ledessinaissur lesjournauxetdanslesmargesdemesillustrés.Etpuisjel’aieu,lepremiersoirdeHanoukah.C’étaitBengali,monvieux.IIétaitgros.Maisilavaitdesfilsélectriquesquiluisortaient.Etdeuxboutons,unpouravanceretl’autrepourrugir.Seulementlerugissementonauraitditqu’yrotait,pasdutoutunvrairugissementcommeàlatélé,etaussij’avaispasvulesfilsàlatélé,etaussisatêteétaitdifférentedureste,elleétaitcommeduplastiquealorsqueleresteétaitenfourrure.J’enaieuassezauboutdedeuxjours.JedessinaisdesSupermen.Enfindescostumes,paslatête,maisjemettaisquand

mêmedesmuscles.J’endessinaisdanslasalledeMlleIrisoùmaplaceestprèsdelafenêtreetquejeregardedehorsetjefaissemblantqueTarzanestdansl’arbrequejevoisetquejelerejoinsetqu’onsebalanceetpuisqu’onjettelecrietqu’onsauvel’écolequandelleestattaquéepardesnègresdecouleurenjuped’herbes.Jeregardaispaslafenêtrequandj’aientenduMlleIrisgueuler.Elleétaitentrain

d’engueulerPatFoderquibavardaitavecFrancineRenaldoqu’estassisederrièreelleenclasse.PatFoderadanslesquatreansdeplusquetoutlemondepasqu’elle

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arrête pas de redoubler. C’est une affreuse. Elle a des cheveux on dirait uneexplosion seulement elle portedes jupes courtes avecdesbas et çame fait unesensation bizarre dans le bas du ventre. Elle bavarde toujours avec FrancineRenaldoquin’aredoubléquedeuxfoismaisqu’estmoche.Elleaungrosnezetdesmoustaches. (Mais une fois je suis allé au bureau porter unmot à la secrétaireroussedelapartdeMlleVerdonetFrancineétaitsurlebancdespunisetellem’aparléetelleétaitgentille.)MlleIrisaappelémonnom.—Gil, fais-moi leplaisirdeprendre toutes tesaffairesetde changerdeplace

avec Mlle Renaldo. Peut-être qu’avec toi entre elles deux ces demoisellespapoterontunpeumoinsetn’empêcherontpaslesautresdetravailler.MartyPolaskiadit:—Yenaquitravaillentici?EtMlleIrisl’aregardéenchiendefusil.J’aichangédeplace.Pat Foder elle semet du parfum. Je l’ai senti quand jem’ai assis et elle s’est

retournéeetellem’aregardéetellem’afaitunclind’œil.Jem’aisentitoutdrôle.Etpuisyaeulecture.C’étaitunehistoirequis’appelaitleChienrouge.C’esttout

à fait intéressant comme histoire moi personnellement je trouve. Ça racontel’histoired’unchienrouge,quoi.FrancineRenaldom’atouchél’épaule.—Faispasser,d’ac?ellem’adit.C’étaitunmotpourPatFoder.Jel’aifaitpasser.Normalementonapasledroitmaisjevoulaispasavoird’ennui

encommençantàbavarder.Etpuisc’estPatFoderquim’adit:—Faispasser.Maisj’aiditnon.Alorsjemesuisfaitengueulerpourbavarder.Etpuisplustard

ellemel’adenouveaufaitpasseretellem’aappelé«monmignon»,etellem’adenouveaufaitunclind’œil.Toutelajournéej’aipassédesmotsentrePatFoderetFrancineRenaldo.Yenavaitunquidisait:

JetrouvequeBillBastaliniestjentil.Alors j’ai corrigé l’orthographeavecmoncrayonà correction.AlorsPatFoder

s’estmiseàmedemandercomments’écrivaientdestrucsetdenouveaujem’aifaitengueulerpasquejebavardais.Etpuisyaeulaclochedudéjeuner.Lesélèvesontcommencéàsemettreenrang.PatFoders’estretournéeetelle

m’ademandédeluimontrermagourmette.J’aiditnon.—S’ilteplaît,monmignon?elleadit.—Non,j’aidit.Etarrêtedemefaireavoirdesennuis.—Jetelarendstoutdesuite.—Non.Alorselles’estmiseàbavarderetellem’aditqu’elles’arrêteraitpasavantqueje

laluifassevoir.Alorsjelaluiaifaitvoir.Ellel’amiseàsonpoignet.

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—Pourquoiqu’yaJeffreyd’écritdessus?elleademandé.—Rends-la-moi.Etpuisç’aétéletourdenotrerangéedesemettreenrang.Elles’estlevéeet

elle est allée à laporte. J’ai essayéde reprendremagourmettemais elle a tirédessusetellel’agardée.Danslesrangsellel’afaitvoiràtoutlemondeetelleaditqu’onétaitensembleetqueBillBastalinilesavaitpasencoremaisquequandillesauraitymecauseraitdupays.Jeme suis fichu en rogne pour de vrai et je l’ai attrapée par le bras. Et puis

MlleIrisnousavus.—Qu’est-cequisepasselà-bas?—Rien.—Si,ym’adonnésagourmettepourqu’onsemetteensemble,mademoiselle,a

ditPatFoder.—Menteuse!j’aicrié.—Tiens,jecroyaisquet’étaisavecJessicaRenton,aditMartyPolaski.J’t’aivu

l’embrasserauzoo.AlorsévidemmentjeluiaidonnéuncoupdepoingetMlleIrisacrié«çasuffit!»

etj’aiétégênéetpuistoutlemondeestallédéjeunersaufnous,onadûattendreetMlleIrism’aenvoyéaubureaudeladirectrice.J’ai été puni. J’ai dû rester après l’école sur le banc des punis. Shrubs y était

aussi.Ildoittoujoursresteraprèsl’écolepasqu’ils’arrangetoujourspouravoirdesennuis. (Une fois il a même eu des ennuis pour avoir écrit lui-même son motd’excusepouruneabsence: ilavaitécritqu’ilavait lecancerdupoumon.)Cettefoisc’étaitpouravoirmangédesbonbonspendantlecoursdeMlleCrowley.Elleluiavaitditquec’étaitmalélevédemangersionn’enavaitpasassezpourenoffriràtoutlemonde.AlorsShrubsavaitouvertsonpupitreetilavaitjetétrentebonbonsenl’airenhurlant:«Bonneannéetoutlemonde!»—Tusorspourlanuitdudiable,cesoir?ilm’ademandé.(La nuit du diable c’est la veille de Halloween quand on sort pour passer les

fenêtreausavonettirer lessonnettes.Onestcenséêtrecommedesespècesdepetitslutins.C’estdesdélinquantsjuvéniles.)—Jesaispas,j’aidit.Shrubsadit:—Tamatouseadonnéàlamienneunbouquinqu’elledoitmelire.Ças’appellela

PetiteGraine.—C’estsurcommentnaissentlesbébés,jeluiaidit.Shrubsm’aditqu’ilsavaitdéjà.Iladit:—D’abordlepapavaaucentrecommercialetpuisilachèteunballon.Unpetit

ballonblanc. Il l’apporte à lamaison et il l’enveloppedansune feuille depapierd’argent pour pouvoir lemettre dans le congélateur. Pour plus tard. Un jour lamamansemetenpyjamaetellesecouche.Alorsavantdesecoucherlepapavachercherleballonauréfrigérateuretilleluimontreetlamamanestsicontentequ’elleaunbébé.Après l’école on a décidé de ratisser les feuilles. On serait une compagnie, la

compagnie Shru-Gil, ratissage de feuilles. Et aussi on fabrique des choses. On

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construitdesmaisonsquisontdescartonsdanslesquelsondécoupedesportes,etunefoisaussi,onenafaituneenboisavecdessacsenplastiquepourfaireletoit.Onamangédedans,despommesdeterrechips.Etaussionpublieunjournal, leShru-Gil Soir. Je l’écris moi-même avec du papier carbone. J’en fais cinqexemplaires.MmeMoss,quihabiteàdeuxmaisonsdechezShrubs,nouslesachètetouslescinqEtpuisunjourJeffreys’enestmêlé.Iladécidéqu’ilseraitledirecteuretmoilereporteretilm’aenvoyéchercherdesnouvelles.AlorsjesuisallédanslarueLauderet j’ai ramassé lesNouvelles devant toutes lesportes.Vingt-six y enavait.Mamanmanadûtouslesrapporter.Elleétaitfurax.Shrubsaunbonrâteau.Ilestenbois,pascommelenôtrequiestenmétalvertet

faitbong!Onad’abordratisséchezShrubs,etonafaitdestaspourymettrelefeu,etpuisonaratisséchezmoi.Mamanmannousapayévingt-cinqcentsetonestalléacheterdesMalabarschezNick.(Seulementcen’estplusNick,ilestmort.C’estSteve,maintenant.Ilestméchant.IlapasvouluqueShrubsetmoionmangenostartinesdebeurredecacahuètesdanssaboutiqueladernièrefoisqu’onétaitenfuitedecheznous.)Aprèsavoirratissé,jesuisrentréchezmoipourledîner.Mamanmanm’aditde

pasfairedestracesdepiedpartoutdanslasalledeséjour.Puiselleaditquec’étaitvraimentbienratisséetquej’étaisungrandgarçonetpuisellem’aditquepourmerécompenserd’avoirétéaussigentilmonpapam’emmèneraitfaireunfeudejoieaprèsdîneretqu’onyferaitrôtirdesmâchemœlleuxdeguimauve.—Oh,non,manman,quej’aidit,cesoirc’estlanuitdudiable,pourtouslespetits

lutins!Elleadit:—Oh,monDieu,maisc’estvrai,j’avaisoublié!Maiselleavaitl’airdejouerlacomédie.AlorsaprèsledînerShrubsestpassémeprendreetonestsorti.Yfaisaitnoir.

Leslumièresdelarueétaientallumées.(Jelesaijamaisvuess’allumer.D’unseulcoup,ellessontalluméesetc’esttout.)Onatirédessonnettes.T’arrivesdoucementdoucementdevantuneporteettu

sonnes et tu t’en vas à toute vitesse et quand la personne dans lamaison vientouvrirlaporte,yapersonne.Haha.J’aisonnéàuneportependantqueShrubsregardait.Ons’estenfuitouslesdeux.

Puisonasonnéàuneautretouslesdeuxensemble.Etpuisj’aiditàShrubsd’enfaireunetoutseul.Iladitnon,maisjel’aiobligé.Ill’afait.Ilestalléjusqu’àuneporte.Ilasonné.Maisils’estpasenfui.Ilestrestédevantlaporte.Jeluiaiditdecourir,maisilestrestélàlesmainsdanslespoches,figésurplace.Laportes’estouverteetunmonsieurestsorti.Ilavaitunecravate.Iladit:—Oui?Qu’est-cequec’est?Shrubsdisaitrien.Yrestaitlà.—Qu’est-cequejepeuxfairepourtoi?aditlemonsieur.Mais Shrubs le regardait sans rien dire. Le monsieur est resté une minute à

regarderShrubs.—Quies-tu?illuiademandé.Shrubsafaitcommeçaavecsesépaules.

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—Tueslepetitlivreurdejournaux?Shrubsadit:—Chaipas.Lemonsieurestrentré.Ilarefermélaporte.Shrubsrestaitlà.Alorslemonsieur

arouvertlaporteetilaregardéShrubs.Puisilarefermélaporte.EtpuisShrubsestparti.J’aidemandéàShrubspourquoiilétaitpaspartiencourant.Ilm’aditqu’ilsavait

pas…ManmanafaitdessabléspourlafêtedeHalloweenetlesamisdansuneboîteà

chaussuresattachéeavecuneficelleetellealaisséletoutsurlecomptoirjaune,danslacuisine,pourquejel’yprenneenpartantpourl’école.Cesoir-là,quandjemesuiscouché,lecostumedeSupermanétaitsurl’autrelit:dansmachambre.MamanmanavaitteintuncaleçonlongetyavaitunecapeetleSettoutcequifaut.OnauraitvraimentditSuperman.J’aieudumalàm’endormir.Le lendemain matin je m’ai réveillé tout seul, ma manman est pas venue me

réveiller. Je m’ai levé, lavé, et j’ai mis mon costume de Superman. Je m’ai misdevant le miroir les mains sur les hanches et j’ai fait comme si les ballesrebondissaient.Jem’aipréparéunpetitdéjeuner,jusd’orangeetpain.J’aiprislaboîteàchaussuresavec les sablés. Je suisparti. J’aimêmepasmisdemanteau,j’étaiscommeSuperman.Quandjesuisarrivéàl’écoleyavaitencorepersonne.Alorsj’aiattendulacloche

en tenant ma boîte de sablés bien serrée pour pas la perdre. J’attendais,j’attendais. Y venait personne. J’attendais. Y faisait froid. Je tenais mes sablés.Toujourspersonne,jesavaisplusquoifaire.Etpuislaportedel’écoles’estouverteetunmonsieurestsorti.Ym’aregardé

mais j’aivudanssondosqu’yavaitdesenfantsdans lacourde l’écoleet jesuisentré.Je suis allé dans la salle deMlle Iris mais c’était que des enfants que j’avais

jamaisvus,pasdemaclasse.Ilsmeregardaient.MlleIrisétaitpaslà.JesuisrestéprèsdesonbureauavecmoncostumedeSupermanettoutlemonderiaitenmeregardant.EtpuisMlleIrisestentrée.Elleadit:—MaisGil,qu’est-cequetufabriquesici?LafêtedeHalloweenc’étaitcematin.

Taclasseestàlabibliothèqueàcetteheure-ci.Jesuisalléà labibliothèqueet tout lemondemeregardaitpasque j’avaismon

costumedeSuperman.J’avaisrienapportéd’autrepourmechanger.Quandjesuisrentrécheznous,aprèsl’école,mamanmanm’adit:— Désolée mon chéri, excuse-moi. J’avais rendez-vous très tôt chez

l’esthéticiennecematin.J’avaismisunpetitmotàJeffreypourqu’ilteréveilleenpartant mais j’ai oublié de lui laisser. Je l’ai trouvé dans mon sac, au salon debeauté.

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14.Je suis à la Résidence Home d’Enfants les Pâquerettes depuis trois semaines

maintenant.Jen’aipasreçulavisitedemamanmanetdemonpapapasqu’ilsn’enontpasencoreledroit.C’estlerèglementici.LeDrNeveleditquejenesuispasencoreadapté.Jen’arrivepasàmemaîtriser.Jefaisdegrossescolères.Ilditqueje suis un bon petit garçon qui fait malheureusement des choses méchantes detempsentemps.Commecequej’aifaitàJessica.Je suis ici tout seul. Je n’ai pas d’amis. Je connais pratiquement personne sauf

RudyardetMmeCochrane.Pasunseulenfant.Uneseulefoisdéjàj’aiétéloindecheznous(jecomptepaslesfoisoùjesuisallédormirchezShrubs).Quandj’avaiscinqans,jesuisalléencolo.Lacoloniedevacancess’appelait lePetitCampArinakapour lespetits.C’était

loin,loindecheznous,onyestalléenvoiture,çaaprisuneheure.Pendanttoutlecheminmamanmanavaitpasarrêtédemedirecommeceseraitamusant,commedansSpirietMartyduClubMickeyMouse.Ilsontdeschapeauxdecow-boyetilsfontducheval. (J’adoreSpinetMarty,monvieux,ysontchouettes, seulement jedétesteMickeypasqu’ilparlecommeunefille.)LePetitCampAtinakaaduréunesemaine.Yavaitdescabanes.Lanôtrec’était

lacabanenuméroun.OnmangeaitdanslePavillonduCarquoisquiétaitcommeunréfectoired’écolesaufqu’onsemettaitpasenrang.Ettouslesjours,audéjeuner,onchantaitunechanson:

C’estnouslanuméroun,Numéroun,numéroun,C’estnouslanuméroun,C’estnouslesmeilleursdulot.

Saufquec’étaitvraimentpasvrai.Onétaitminablesentout.Touslesmatins,yen

avaitqu’avaientfaitpipiaulit.Saufmoi.Jefaisaisjamaisaulit.Lacabanenumérounavaitdeuxmonitrices.LaurieetSherry.Ellesavaient les

cheveux très courtsmais c’était des filles. Elles dormaient dans la cabane avecnousetellesnousvoyaientquandons’habillaitetquandonsemettaitenpyjama.Moijem’habillaistoujourssouslescouverturespasquej’étaisgêné.Unjourc’étaitlaRuéeversl’Or,unejournéespécialeàlacolo.Toutelajournée

toutlemondefaisaitsemblantdechercherdel’orquiétaitdescaillouxpeintsenjaune.Undesmoniteurss’étaitdéguiséenPeteleSerpentetilsecachaitdanslesbuissonsetnous tiraitdessusavecunrevolverà farine.S’ilvous touchait, fallaitfairesemblantd’êtremort.J’avaislafroussedelui,malgréquejesavaisquec’étaitpaspourdevrai.Ilmefaisaitpeur.Etcettenuit-làjem’airéveillédansmonlit.Ilfaisaittrèsfroidetj’avaisvraimentenvied’alleraucabinet.Maisj’avaistroppeur.J’avais peur que Pete le Serpent soye dehors et y avait pas de cabinet dans lacabanenuméroun.Fallaitsortiretdescendrelacolline.Alorsjem’étaisretenu.Jem’étaisretenuetretenuetpuisj’avaispluspumereteniretj’avaisfaitdansmonlit.J’avaisrecouvertaveclesdrapsetlacouverture,seulementc’étaittoutfroidettouttrempéetçaavaittraversé.J’avaisdûpasserlanuitlà-dessus.Etlelendemain

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matin,quandtoutlemondes’étaitréveillé,j’étaisleseulàavoirfaitdansmonlit.Laurie avait dit que la couverture était fichue et qu’elle devait la jeter. J’auraisvouluêtremort.Maintenant je suis à la Résidence Home d’Enfants les Pâquerettes et je suis

encoretoutseul.Jen’aipasd’ami.SiseulementShrubspouvaitêtreici,oumêmeMarty Polaski. Des fois je reçois des lettres de mon papa et de ma manman.Aujourd’huij’enaimêmereçuunedeJeffrey.CherGil,Salutpetitetête.Commentvas-tu?Moijevaistrèsbien.Mamanm’aditqu’ilfallaitquejet’écriveune

lettrealorsjelefais.(Maisj’enaipasenvie.)(Jeplaisante,haha.)Hieràl’école,onaeudroitautestIowa.Çaapristoutelajournée.Tudoispasencoresavoirceque

c’estpuisquet’esqu’unbébé.C’estdestestspourdéterminertacapacitépourlesétudesuniversitaires.C’est pas des questions avec des réponses normales, il faut cocher des cases au crayon à mine deplomb.A,B,C,ouDenfacedelameilleureréponse.LepèreLloydnousaexpliquécommenttricher.T’asqu’àremplirtouteslescasespasquec’estcorrigéparunemachine.Seulementilaajoutéqu’onseferaitprendre. C’est vraiment un enfoiré. Toute façon j’ai pas besoin de tricher parceque je suis un élèveexceptionnellementdoué,figure-toi.Mamanm’aditquejenedoisdireàpersonneoùtues.Toutlemondemeledemandesansarrêt.Elle

m’aditdedirequetuesenvisitechezdesparents.BruceBinderdisaitquetuétaisentaule.Maintenantilvapenserquenousavonsdesparentsenprison!Etd’ailleursoùes-tuaufait?Lejouroùmamanetpapat’ontemmené,lamèredeJessicaRentona

appeléiciunebonnecentainedefois.Maisjesavaispasquoidire.J’aiditquetuétaisenvisitechezdesparents.En tout cas, depuis que t’es parti, j’ai pas mis une seule fois les pieds dans ta chambre, alors

t’inquiètepas.Sophieditquetul’aslaisséeenbordeld’ailleurs,maisjel’aivuehieràlacave,elletenaitlaguitareaveclaquelletufaisaistesimitationsd’Elvisetellepleurait.Detempsentempsmamanmedemandesij’ailamoindreidéedesraisonspourlesquellest’asfaitça

à JessicaRenton.Elledevient toute triste et je saisplusquoi lui dire.Elledit : «C’est ton frère, tu leconnais.»Etmoijeluidis:«Maisc’esttonfils,paslemien.»Etaussijemerappellequequandonétaitpetit,tumebattaistouslesjoursmalgréquej’étaisl’aîné.Pourquoifaisais-tuça?Hiersoir,papam’adonnéunebaffeenpleinepoireàtable,parcequej’avaisditquelescôtesdeveau

avaientgoûtdevomi.Mamanaditqu’ilétaitd’unehumeurmassacrante.Ilaquittélatableetilestpasrevenuavant la findudîner.Tutesouviens, l’hiverdernier,quand ilavaitpasvoulumangeravecnouspendanttouteunesemaineetquepersonneajamaisréussiàsavoirpourquoi?Malgréquejepeuvepast’encaisserj’aimeraisquetutedépêchesderentreràlamaison,pourm’aider

àsortirlapoubelleetaussiparcequejen’aipersonneavecquichahuterledimanchematinquandtoutlemondedort.Tonfrère.

MonsieurJeffreyRembrandt.Maisjen’aitoujourspasreçudelettredeJessica.Touslesjoursjedemandeau

DrNevelesiellessontarrivéesetilnerépondrien.Hier, le DrNevelem’a dit qu’il voulait que je voye des autres docteurs de la

RésidenceHomed’EnfantslesPâquerettesetquepeut-êtrequesij’allaisaveclesautresenfantsjemeferaisdespetitsamis.—Nousavonsdestasdesallesspéciales,ici,qu’iladit.Dessallesoùonapprend

àparlercorrectement,dessallesoùl’onpeutexprimersessentimentsàl’aidedejouetsetde jeux,etdessallespourchanter,dessallespour jouer lacomédieoumêmepourfairedelagymnastiqueoudelalutte.Jeluiaiditquejevoulaisfairedelaluttepasquejepourraisfairesemblantd’être

DickleCogneur.Ilestmauvais,monvieux,maisquellebanane!Etalorsj’ysuisallé.

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D’abord on a pris le petit déjeuner. C’était desœufsmais y avait comme desmorceauxdemachindedans.C’étaituneomelette.Jedétesteça.Etpuisyavaitdujusdetomatequejecroistoujoursquec’estdusangquandjelebois.Maisj’aipaseudetranse.J’aipasfaitdescène.J’aimangéetbubiensagement.Etpuisonyestallé.D’abord en salle demusique. Tout lemonde s’assied par terre et on semet à

chanterElledescenddelamontagneàcheval.Etpuisilstefontfairecommecietcommeçaavectesmainsetcrier«Youkaïdi,Youkaïda!»aprèsavoirchanté.Jemesentaiscomplètementidiot.EnsuiteonestallédanslaSalledeThérapieLudique,oùjesuisdéjàalléunefois

avecRudyard.Cettefois j’ai jouédanslacuisinepourjouerquiest là.Elleadesréfrigérateurs en bois et un réchaud pour faire semblant. J’ai fait un bœufStroganoff.Mamanmanenavaitfaitunefois.J’avaiseuhorreurdeça.EnsuiteonestalléenSalled’Orthophonie.C’estpourlesenfantsquiparlentpas

bien.CommeMannyquipeutpasdire«L».Maispendanttoutletempsqu’onaétéen orthophonie, quelqu’un dans le fond de la salle n’a pas arrêté de parler sansqu’ilsarriventàtrouverquic’était.C’étaitmoi.Jeparlaisenfaisantleventriloque,commej’aiapprisdansunlivredelabibliothèquedemonécole.Danslelivrej’avaisaussiapprisàmefaireunepoupéeavecunsimplesacenpapier.C’étaitchouette.Etpuisj’avaiseumonpantin,onmel’avaitoffertpourHanoukah.Jel’avaisbaptiséBixby,cequiétaitidiotpasquec’estunnomqu’unventriloquepeutpasprononcer.Alorsjel’avaistué.Jel’avaisopérédansleventrepasqu’ilsavaitdelapleurodynieettoutsonrembourrageétaitsortietmamanmanl’avaitdonnéauxpauvres.Onestsortid’Orthophonie.Etpuisj’aivuquelqu’undanslevestibuleetc’étaitle

facteur,ilportaitunsacetapportaitdeslettresaubureau.J’aicourujusqu’àluietjeluiaidemandés’ilyavaitdeslettresdeJessicapourmoi.Ilsavaitpasdequoijevoulaisparler.—JessicaRenton,j’aidit,elleaditqu’elleallaitm’écrire.Maisilm’aseulementregardéendisant:—Ecoute,monbonhomme,moijem’enficheunpeudequiécritàqui.Jefaismon

boulotalorsfiche-moilapaix.Etalorsj’aipluspumereteniretj’aihurlé:—Donnez-moideslettres,donnez-moideslettres!Etjeluiaidonnédescoupsdepieddanslesjambesetj’aiessayédeletaper.J’ai

attrapésonsacet je le luiaiarrachéetys’estrépandupartoutparterreet j’aisautésurleslettresetj’aicommencéàlesjeteraufuretàmesureenencherchantunedeJessica.Etpuisilaessayédem’attraperetjel’aimordu.ToutlemondeestsortidubureauetleDrNevelem’aattrapéetm’atordulesbrasdansledosetm’aentraînéverslaSalledeRepospendantquejecontinuaisàcrierqu’onmedonnemeslettres,meslettres,meslettres.Ilm’atraînédanslaSalledeRepos,ilyatiréunechaiseduvestibule,ym’amis

surlachaise,ilaenlevésaceintureill’apasséeautourdemoi,ill’aserréeserréeetilafermélaboucle.Ilamêmepasditquelquechose,rien.Jesuisrestéassistoutseul.J’aipasenlevélaceinture.Jesavaisquej’étaispas

capabledememaîtriser,macrise.Jesuisrestéassislongtemps,longtemps.Etpuis

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j’ai enlevé la ceinture et je suis revenu vraiment comme un bon petit citoyenjusqu’aubureauduDrNevele.—Pardon,jeluiaidit.Et j’yairendusaceinture.Ym’aregardéd’unairdrôle,commes’ilétaitgêné

pourquelquechose,etpuisilaprissaceintureetym’aditd’accordqueçaallait.Jeluiaidit:—C’estseulementquejevoulaismeslettres,ellem’avaitditqu’ellem’écrirait.LeDrNeveleestdevenutoutrougequandj’aiditça.Jesaispaspourquoi.Maisil

aseulementfaitouidelatêteetjesuisparti.Jesuisretournédansmonaile.Jem’aiallongésurmonlit.J’ysuisrestéjusqu’àce

quifassenoir.Jeregardaisleplafondquiestpleindepetitstrous,commeceluidel’école.J’aisautéledîner.Etpuisj’aifaituntruc.J’aiétéjusqu’àlafenêtre,j’aimismesmainsl’unecontrel’autreenregardantdehorsetj’aidit:

PetiteétoileaufirmamentPremièreétoiledusoirPetiteétoileaucielbrillantExauceunvœupourmoicesoir.

Etalorsj’aisouhaitéqueJessicam’écrive,ohs’ilteplaît,pourquejesachesielleallaitbienetsiellesesouvenaitdemoi.Etjesuisretournéàmonlitetjem’aiallongé.J’aimismatêtedansl’oreiller.Y

avaitpasd’étoilesdehors,yavaitdesnuages.Et il faisaitnoirdansmonaile.Etj’étaistoutseul.J’aientenduletonnerre,ilacommencéàpleuvoir.Quandj’aiouvertmesyeuxyavaitquelqu’und’assisprèsdemoientraindefumer

unecigarette.J’aivuleboutdefeudanslenoir.J’avaispeur.—Yaquelqu’un?j’aidemandé.—Pardon,jet’airéveillé?C’étaitRudyard,ilasoufflédelafumée.—Non,j’aidit.—Oùesttoutlemonde?—AuxActivitésSpéciales,j’aidit,yaunfilm.—Ah,ouais…Rudyardétaitassissurlelitàcôtédumien.Mesyeuxsesonthabituésaunoiret

j’aipulevoir.Ilétaitpenchécommes’ilétaittristeouquelquechosecommeça.Jel’aibienregardé.Ilnedisaitrien.Ils’estlevéetilafaitletourdelapièce.Il

regardaitleschosesdanslenoir.Etpuisilestalléàlafenêtreregarderdehors,etlalumièreduparcàvoituresluivenaitdederrièreetjel’aivutoutnoir.Commeundessindécoupédansdupapiernoir.— Tu pourrais faire un vœu sur une étoile, Rudyard, je lui ai dit. Tu peux

commanderdestrucs.—Yapaslamoindreétoile.Ilpleuvait.—Jesais.Maisilestrestéàregarderquandmême.Etpuisils’estmisàparler.Ilparlait

toutseul,ilseparlaitàlui-même.

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— Il y a seize ans, je rentrais chez moi, depuis la petite épicerie de la rue,derrièremamaison.J’avais l’habituded’allerà l’épicerierienquepourregarder.J’avaisseulement,jesaispas,quinzecents,peut-être,maisjefaisaismescoursestoutelajournée,jecherchaisàmedéciderpourcequ’onpeutvraimentacheterdemieuxpourquinzecents.Quandjefinissaisparmedécideretparl’acheter,j’étaisvraimentcontent,aprèstoutlemalquejem’étaisdonné.«Ce jour-là j’ai remarquéà l’épicerieunnouveauprésentoirpublicitaire,pour

desbiscuits,c’était.Ceuxquisontauchocolatd’uncôtéetausablédel’autre.Jeles détestais, à vrai dire,mais ils étaient bien pour tremper. Y se ramollissaientjustecomme il faut sans tomberenmillemorceaux.Leprésentoiravait laphotod’unpetitgarçonquisautait.Sasilhouetteétaitdécoupéedansducarton.«Cejour-làj’aidécidéd’acheterunblocdesavondeMarseillequimedurerait

pluslongtempsquedesbonbons.Jecomptaislesculpteraucouteauenarrivantàlamaison.Maissurlecheminduretour,latempêteacommencé,unventterribleetuneforteaverse.J’aieubeaucourir,l’oragem’arejoint.J’avaisrudementpeur.Jemesuisréfugiésousunarbre,aumilieudesbuissons,derrièrel’épicerie,pourmeprotéger de l’averse. Et puis j’ai remarqué que quelqu’un avait jeté un de cesprésentoirs, l’avait jetédans la rue.Lepetitgarçondecartons’étaitdétachédureste. Et le vent l’avait emporté contre les buissons. Ses bras et ses jambes setordaientets’agitaientfrénétiquement,commes’ilavaitunecrisedenerfs.«J’aifiniparrentreràlamaison.J’aicouruenfermantlesyeux.Enchemin,j’ai

laissétomberlesavon.Maisaujourd’huiencore,quandjemepromèneparfois,etque je regarde derrièremoi, j’ai l’impression de voir encore ce petit garçon decartonpiquer sa crise de nerfs dans les buissons.C’est à ça que la nuitme faitpenser…Ils’estrassissurlelitprèsdumien.Jeregardaisleboutdesacigarette.Iln’a

rienditpendantlongtemps.Etpuis:—Jecroisqu’onvameflanquerà laporte,Gil.Leconseild’administrationm’a

demandédem’enaller.

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15.Après l’exercice d’alerte aérienne, il ne restait plus qu’une semaine avant les

vacances de Thanksgiving. J’étais impatient. J’adore Thanksgiving. C’est desvacances mais y a pas de prière et on peut manger comme un fou. Je mangebeaucoup pour mon âge. Je mange, je mange sans arrêt. Je mange plus quen’importe qui sauf Shrubs. Mon papa dit : « Il faut savoir s’arrêter, Gil. Lesmeilleureschosesontunefin.»Lelendemaindel’exerciced’alerteaérienneonaeulesélectionspourlechefdu

distributeurd’eaufraîche.BoddyCohen,quejeconnaistoutjuste,m’aproposéetj’aiétéétonné.Onbaisselatêteetilfautvoteràmainlevéesansregarderpourpasêtreinfluencé.Fautpastricher.J’aivotépourRuthArnoldpasquec’estégoïstedevoterpoursoi-mêmemaisMlleIrisaditqu’ondevrait,quec’estunepreuvedeconfianceensoi,maisjetrouvequec’estmalélevé.J’aiétéélu.J’étaislechefdudistributeurd’eaufraîchedenotreclasse.Àchaque

récré,c’estmoiquidevaismemettredevantledistributeurd’eaufraîcheettenirlapoignéebaisséeencomptantjusqu’àtrentepourchaqueélève,avantdeluitapersur l’épaule pour qu’y laisse la place au suivant. (Je triche un peu pour Shrubs,quandmême.EtMartyPolaskiaditquesi Jessicaseraitdansnotreclasse je luilaisseraisboiretoutelaflotteettoutlemondemourraitdesoif.Alorsjeluiaidonnéuncoupdepoing,évidemment.)LesvacancesdeThanksgivingsontenfinarrivées.Cejour-là,aprèsl’école,j’aivu

JessicasortirparlaportedelarueMarlowemaisellenem’ariendit,alorsjeluiairienditnonplus.Jel’airegardéedescendrelarueMarlowe.Etpuistoutd’uncoupelles’estretournéeetellem’afaitunsigne.Alorsjeluiaifaitunsigneaussi.Ons’estfaitdessignes.J’aisouri.Etelleestvenueversmoi.Etjefaisaisdessignes,etje souriais, et puis je refaisais des signes et je ressouriais, mais elle c’était àMarilynKanequiétaitderrièremoiqu’ellefaisaitdessignesetqu’ellesouriait.Jemesuisretrouvéidiotetgêné.J’aifaitcommeçacommepourpartirmaisalorsellem’adit:—Fautsurtoutpastecroireobligédediresalutnirien,Gil!Jem’airetournéetj’aidit:—D’accord,jedisrien.Etjesuisparti.Cettenuit-là, j’ai fabriquéunpantin. Je l’ai faitavecdesmorceauxdeboisque

monpapaavaitdanslacave.Sesbrasc’étaitdespetitsmorceauxetlerestedesmorceauxplusgros. Ilavaitdesbobinespourcoudes,ellestournaient,etsatêteétait une boule en plastique pour fabriquer des décors d’arbre de Noël. C’estShrubsquime l’avaitdonnée l’annéedernière. Je l’aipeintcouleurdepeauavecdesrondsrougespourlesjoues.J’aiprisdufoinpoursescheveuxetjeluiaicousuunpetitcostumeavecuneculotterougeetunechemiseblanche fabriquéesavecdeschiffons.Jeluiaipeintdeschaussuresauxpieds.Çam’apristoutelanuitpresque.Mon

papaestredescenduvoirmaisym’alaissépasquelelendemainj’avaispasécole.Jel’aiappeléJerrylePantin.Quandilaétésec,jel’aiemmenéavecmoiàl’étage

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au-dessus,danslacuisine.Ilfaisaitnoir,mamanmanetmonpapaétaientcouchés.J’aipliéuntorchonetl’aiposésurlecomptoirjaunepourluifaireunlitetpuisj’aipliéune lavettepour faireunoreillerà Jerry lePantin.Etpuis jesuismontémecouchermaisj’aipenséàuntrucetjesuisredescendu.J’aiprisunautretorchonetjeluiaifaitunpougnougnoupourqu’ilayepasfroid.Etpuisjel’aiembrassé.—Bonnenuit,JerrylePantin,j’aidit.Jesuisheureuxdet’avoirfabriqué.Maislelendemainmatinjem’airéveillétrèstrèstôtpasquec’étaitThanksgiving

et que je voulais regarder le défilé à la télé. Je suis descendu et j’ai mis OralRoberts.(J’aimebienleregarder,ilgueule.)J’avaismespantouflesàtêtedechien.Jeffreyestdescendu. Je luiaidemandés’ilvoulait jouerauxtroisStoogesavec

moi.J’yjouesouventavecShrubs.Luic’estCurly.Moic’estMoe.Jeluiflanquedesvolées.Curly(lefrisé)c’estmonpréféré,ilestchauve.Yfaitcommeçaavecsesdoigts,jesaislefaire.Desfoisilestabsentetalorsc’estShempquileremplace.Shemp ressemble àMoemais il est encore plusmoche. Parfois je suis lui.MaispersonnefaitjamaisLarry.Larry,yajamaispersonnequiveutlefaire.Jeffreyvoulaitpasjouer.Etpuisyaeuledéfiléàlatélé.C’étaitsuper.Yavaitdes

charsdécorés.Celuiquej’aipréféréc’étaitceluioùyavaitBullwinklel’Elan.C’estunélan,unhérosdedessinanimé.Quandjel’aivu,j’aifait:«Salut,Bullwinkle!»Etym’afaitunsigne.Etpuismanmanetpapa se sont levés, ils étaient en robede chambreet ona

mangélepetitdéjeunerausalonpourpouvoirregarderledéfilé.Onamangédescrêpesetbuducafédepetitgarçon,quiestducaféavecsurtoutdulaitetdusucrepourlesenfants.(J’aidonnédescrêpesàJerrylePantinmaisilavaitpasfaim.)EtpuismanmanacommencéàfairelacuisinepourlerepasdeThanksgiving.OnadesinvitéspourThanksgiving,c’estdesoncles,destantesetdescousinsdu

côtédemamanman.Monpapaauncôtéaussi,maisc’estpaspourThanksgiving,c’estpourPâques.OnvachezBubbie.C’estmagrand-mère.Elles’appelleBubbie.Elleesttrèsvieilleetparlejuif,alorsjecomprendspas,saufquedesfoiselleparleanglais et je comprends pas non plus. Elle devrait avoir des sous-titres, moipersonnellement je trouve.Ellem’appelleBébéCockerpasqu’un jour je suisalléchez elle avecmon costumedeDavyCrockett. J’ai pasdePépédu côtédemonpapa.Ilestdécédéqueje l’aimêmejamaisvusaufenphoto.Yressembleàmonpapaseulementmarronàcausedelaphoto.Ducôtédemamanman,j’aiungrand-père.Onl’appelleGrand-Papa.C’estGrand-PapaducôtédemamanmanetPépéducôtédemonpapa,saufqueGrand-Papaestpasmort.Seulementj’aipasdeBubbieducôtédemamanman.Elleestmorte.Elle s’appelaitBonne-Maman.C’est trèscompliqué,jem’yperds.JetrouvequeGrand-PapadevraitsemarieravecBubbie.Ilspourraientalleraurestaurant,ilsseparleraientjuiftouslesdeux.PourThanksgivingmamanmanavaitfaitdeladinde.Elleaaussifaitdelafarce

quejel’aiaidéeàfaire,j’aiémiettédupaingrillé.Etelleaaussifaitdesgâteauxdepatate douce, qui sont des patates douces seulement engâteau, avecune cerisedessusque je n’aimepas alors je les donneà Jeffreyqui les donneàCleonotrechiennequilesmangeetquivomit.C’estcommeçaquenousfêtonsThanksgiving.Aprèslepetitdéjeuner,monpapailadit:—Ditesdonclesgars,çavousdiraitd’allervoirlePèreNoëlaujourd’hui?

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J’aidit:—Non,merci.—Pourquoi?afaitmonpapa.—Pasqu’onestjuif,j’aidit.C’estpasbien.—Allez,habille-toiGil,iladitmonpapa,t’enfaispaspourça.Maisj’aicroisélesbrasetj’aiboudé,jevoulaispas.Alorspapaestvenuetym’a

dit:—Gil, lePèreNoëlestdetoutes lesreligions, ilestpourtout lemonde.Allez,

dépêche-toi,onseraenretard.J’aidit:—Alorsilestjuif?—Ouais,iladitpapa,ilestjuif,çava?Alorsenroute!Etonyestallé.LePèreNoëlétaitàlaRotondeFord.C’estungrandbâtimentquiesttoutrond.

Et très loin.Yadesvoituresdedans. J’aidemandéàmonpapacomment lePèreNoëlfaisaitpours’yretrouversivitealorsquejevenaisdelevoiràlatélé,dansledéfilé,àl’autreboutdelaville.Etym’aditqu’ilprenaitunhélicoptère.ÀlaRotondeFordyavaitlaForêtMagiqueduPèreNoël.C’étaitdeslumièreset

desarbresavecpleindecouleurs,onsepromèneentrelesarbresetyadeselfesqui sont des statues qui bougent comme de vrais elfes. Et puis aussi y avait unendroitoùonpouvaitvoirlesrennesetmêmelescaresser.J’aipasréussiàvoirlapartiequ’yz’ontpourvoler.Jepensequeçadoitleurrentrerplusoumoins.Yenavaitunjeluiaidonnéunecacahuète.Ilétaitmarron.Et puis on est allé voir lePèreNoël. Il était tout aubout. Y avait unegrande

queue.Ellefaisaitdestoursetdestours,onpouvaitmêmepasl’apercevoir,lePèreNoël.On a attendu, attendu, attendu. Et puis on est arrivé. Jeffrey y est allé lepremieretluiadit:—Jevoudraisquetum’achètesunmodèleréduitdeThunderbirdcommeyena

chezMaxwell,d’ac?EtlePèreNoëlafait:—Hoho.(LePèreNoëlilestfaux-jeton,moipersonnellementjetrouve,pasqu’ilarrêtepas

desemarreralorsquejevoispascequ’ilyadesidrôlepournerienvouscacher.)EtpuisJeffreyadit:—Jevoudraisaussiunpantalonetunechemisedecow-boyavecdesbottesetdes

vraiséperons.EtlePèreNoëlafait«Hoho»,etJeffreyestredescendu.J’aivoulum’enaller,maispapam’atiréparlamainetm’afaitrevenir.J’aidit:—Non,j’aiquelquechoseàfaire.Maisiladitd’yaller.Alorsjem’aiassissurlePèreNoël.Ilétaitchaud.—TuconnaisKipour?jeluiaidemandé.—Quiça?—Kipour,YomKipour.Ilaencorefait«Ho,ho!»—T’esjuif?jeluiaidemandé?

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LePèreNoëlariendit.—Ehben,alors?J’aiinsisté.Etalorsiladit:—Bah,heu,jenesaispas,oui,j’imagine.LePèreNoëlc’esttouteslesreligions.

Oui,probablement,jesuisjuif.Tous les parents se sontmis à reprendre leurs enfants qui attendaient dans la

queue.Ilsavaienttousentendu.LePèreNoëladit:«Maisnon,c’estpascequejevoulaisdire.»Maisbientôtilestplusrestépersonne.Monpapam’aattrapéparlebrasetonestparti.YfaisaitchaudpourThanksgiving,yneigeaitmêmepas,etquandonestarrivéà

lamaison il pleuvait.Mamanman était encore en train de préparer le dîner, çasentaitunarômeetmonpapaalulejournaletJeffreyaregardéunmagazine.J’aidit:—Manman,commentçasefaitqu’yapasJessicadansl’annuaire?—Quiça,monchéri?—Jessica,unecopine.—Iln’yaquelenomdespapasàl’annuaire,monchéri,lenomdefamille.Alorsj’aicherchéRenton,c’étaitcommeundictionnaire,jesavaism’enservirety

avaitqu’unseulRentondanslarueMarlowe.J’ailafroussedestéléphonespasqu’unjourl’opératrices’étaitbranchéetoutd’un

coupetm’avaitengueulépasquejemettaistroplongtempsàcomposerunnuméro,maislàj’aifaitquandmêmelenuméro.PasquejevoulaisdireàJessicaquelePèreNoëlétaitjuif.Çaasonné.Etpuisças’estarrêté.Etpuisçaasonnéetças’estarrêté.Unefillearépondu,elleadit:—Allô?—Allô,Jessica?j’aidit.J’étaisrudementnerveux,monvieux.—C’estGil,del’école.Mais sa voix avait quelque chose, elle était pas normale, on n’aurait pas dit

Jessica,etj’aidéduitqu’ellepleurait.—Oh,Gil,qu’ellem’adit.Monpapaestmort.

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16.La pluie dit commeun bruit : chchhh. On peut l’entendre quand elle descend.

C’estDieuquinousditdepasfairedebruit.Après-midideThanksgivingjem’aiagenouillésurlecanapédelasalledeséjour

denotremaisonetj’airegardéparlafenêtrelesGoldbergdelamaisond’enfacequi sortaient de chez eux avec des journaux sur la tête et montaient dans leurvoiture.Ilsétaienttousenhabitdudimanche.Ilsriaient.Mais lemoteurde leurvoiture pleurait, lui, et il en est sorti de la fumée, et j’ai pensé : ils vont à desfunérailles,quisontunefêtemaissanscadeaux.Depuis la salle de séjour je pouvais sentir l’odeur de la cuisine où manman

préparaitledîner.Latabledelasalleàmangeravaitlabellenappeetlesbellesassiettesdubuffetàvaissellequej’aipasledroitdetoucher.Yavaitaussilesbeauxverresetl’argenterieavecdesfleursauboutdumancheetdesserviettesentissupasenpapier,quiavaientl’airdepetitsbébésnappes.Je regardais par la fenêtre dans la rue. La pluie tombait comme des petites

torpilles sur les voitures et faisait des éclaboussures comme un brouillard toutautourdescarrosseries.Elletraçaitdeslignessurlescarreauxcommeunpeintreàlapeinturetransparente.Duboutdudoigtj’aisuivideuxgouttesquidégoulinaientàtoutevitesse.J’aiposémonnezcontrelavitreetj’aifaitdeslunettesdevapeurenrespirant.Etpuisj’aifaitdesempreintesdeMartiens.C’estavecledoigt,onfaitcomme si plein de petits pieds de Martiens avaient laissé des traces sur lescarreaux,enessayantdesortir.Jesuisallédansleplacarddel’entrée.J’aiprismonciréetmesbottesdepluieet

jelesaienfilés.Monciréestjaune,ilestcommeenpeaudebananeàl’extérieur.Iladutissuà

l’intérieuravecdesvoiliersdessus.Ilyaunchapeauaussi,avecjusteuntroupourmafigure.Lesmanchesdemoncirésonttroplongues.Maismamanmanditquejegrandiraidedans.Ellesmependentau-dessusdesmains.Mesbottessontencaoutchoucavecdesdessinscommedespneusdessouspour

quejetombepas.Ellesontunefermetureàboucleàressortquifaitbeaucoupdebruitetquejesaispasbienfermerpasquejesuispetit.Àl’intérieurdemonciréj’avaisquelqu’unavecmoi,ilavaituneculotterougeet

dufoinàlaplacedescheveux.JerrylePantin.Jel’avaisavecmoi.Àl’intérieurduplacarddel’entréeyavaitaussileblousonàmonpapa.Jel’avais

mispourallervoirlepèreNoëletyavaitaussiquelqu’undedans.Dansunepoche.C’étaitCâlinotleSingequej’avaisemmenévoirlePèreNoël.Ilm’aditqueJessicaétaittrèstristemaisqu’ypouvaitpasyallerpasqu’ilétaitdanslapocheàmonpapaentraindepréparerledîner.J’aiouvertlaported’entréeetjesuisparti.La pluie donnait des coups sur mon chapeau de pluie qu’on aurait dit des

tamboursmaismamanmanelleditquelapluiec’estdesféesquidansentsurletoit,etdesfoisjefaisuntrucquandpersonnemeregarde,j’ouvrelafenêtreetjeposeuneserviettesurlereborddelafenêtreetjedis:«Vouspouvezvenir,lesfées,jevaiséteindrelalumière,commeçapersonnevousverra.»

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Le trottoir de la rue Lauder est fait de carrés de ciment avec comme duremplissageentre.Letrottoirfaittoutelaruecommeçaetpuisiltourneàgauche.Jel’aisuivi.J’allaisquelquepart.J’aitournédanslarueClaritaetj’airegardélesmaisons.Àl’intérieurjevoyaisdesgensquiregardaientlatélévisionetyenavaitquiavaientmisdesdécorationsà leur fenêtreavecdesguirlandesdemétal toutautouretpuisyavaitunefenêtred’unemaisonoùsqu’ilyavaitunescèneconstruitedansuneboîteàchaussures,commej’enfabriqueàl’écoledesfois.Celle-làavaitdu foin et des chameaux et des moutons et un bébé dedans avec une espèced’éventailenorautourdelatête.(Unefoisj’avaisfaitunescènecommeçadansuneboîte à chaussurespourgagnerdespoints enhistoire. Je voulais avoir8 ou9/10pourquemamanmanellesoyepasdéçue.C’étaitBenjaminFranklin.Jel’avaisdécoupédansuneEncyclopédiehebdomadaireetj’avaisrepliésespiedspourqu’ytiennedebout. J’avaisappelé lascène:«BenjaminFranklinse lève.»J’aiquandmêmeeu5/10seulement.)J’aitournédanslarueMarlowe.Lesarbresyfontd’habitudecommeuntunnel,

ilssetouchentpresque,maislàilsétaientchauves.Onauraitditqu’ilsseserraientlamainpar-dessuslaruemaisqu’yz’arrivaientpasàs’atteindrepasquelepèredeJessicaétaitmort.EtpuisjesuisarrivéàlamaisondeJessica,avecsesvoletsbleus.Jem’aiarrêté

devant.Jesuisrestéàregarder.Laported’entréeétaitouverte.Yavaitunealléequiyconduisait,commecellequenousavonscheznous,etyavaitunRau-dessusdelaportecommeceluiquenousavons.Exactementpareil.Jesuisrestédevantlamaison,surletrottoir,dansmonciré,etj’aiobservé.L’alléeétaitpleinedevoituresquiavaientdesplaquesd’immatriculationoùsqu’y

avaitd’écrit«Michigan,MerveilledesEaux.»Lamaisonde Jessicaavait un lampadaire sur lapelouse, onaurait dit unpetit

réverbère.Onlesvoitjamaiss’allumerlesréverbères.Àunmomentysontallumésetc’esttout.LepetitréverbèredelapelousedelamaisondeJessicaétaitallumé.Jesuisrestéàleregarder.Unchienestvenuprèsdemoi. Ilétaitmouillé. Ilétaitbeige. Ilétait sortides

buissonsdelamaisond’àcôtéetilétaitallésurlapelousedeJessicareniflersesbuissonsetpuisentrerdedanset fairesacrotte.Etpuis ilétaitvenumevoir.Ys’estassisjusteàcôtédemoietilaregardélamaisondeJessica.Onl’aregardéeensemble.Etpuisilestparti.La maison de Jessica a des stores, on aurait dit des paupières et la pluie

dégoulinait dessus et j’ai pensé : sa maison pleure aussi. Mais je suis resté oùj’étais,sansbouger,desfoisqu’elleauraiteubesoindemoi.Laported’entrées’estouverte.Unmonsieuretunedamesontsortis.Ilsavaient

un gros parapluie. Ils avaient des chapeaux. Ils avaient des habits noirs pasquec’était des funérailles. Jeffrey m’a dit qu’on s’habille en noir pour que ce soyesombreetquelapersonnemorteseréveillepas.Lemonsieuretladameontprisl’alléecentrale. Ilsm’ontpresquebousculé. Ils sontmontésdans ladernièredesvoituresgaréesdansl’alléeetilsontdémarré.Etpuisilsontbaissélafenêtreetilsontdit:—Tuasbesoindequelquechose,petit?Onpeutt’aider?

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—Non,jenefaisqueregarderunpeu,j’aidit.Jelesairegardéss’éloignerendirectiondeSevenMileRoadoùyavaitbeaucoup

decirculation,onvoyait lavapeurqueprojetaient lesvoituresdans lapluieet lebruit. Je n’ai pas la permission de traverser SevenMile tout seul. Y a trop decirculation.Elleades lignesdepeintesdessusetpasdemaisonsmaisseulementdesmagasins.J’attendaisdevantlamaisondeJessica.Jeregardaisparletroudemonchapeau

depluie.Laported’entréedelamaisond’àcôtés’estouverteetdeuxenfantsensontsortis.C’étaitRogeretJoeyLester, jelesconnaissaisdel’école,cesontdesjumeauxquiseressemblentpas.Ym’ontregardémaisilssavaientpasquec’étaitmoiàcauseduchapeaudepluie.J’airiendit.IlsontdescendularueMarlowe.Jesavaispasqu’ilshabitaient là,maisdes foisShrubs jouaitaveceux. Ildisaitqu’ysontpauvres.Yz’ontpasdejouetsalorsyjouentavecleurschaussettes.LamaisondeJessicaelleaunarbredevant.Unsingeenasautéetilaatterrisur

monépauleetym’aditensingequ’ilyavaitdesindigènesdansSevenMileRoadqui allaient venir tuer Jessica, alors j’ai mis ma main comme ça autour de maboucheetj’ailancélecriettousleséléphantssontvenusetleurontfaitpeuretilssontpartis.Lesingem’aditmercietpuiss’enestallé.Manmanditqu’ypleutquandleBonDieuarrangesonrobinet.Elleditqu’yvoit

toutalorsquej’aiintérêtàêtresage.JeluiaidemandésiDieusaitcommentMilkyleClownfaitsestoursdemagiedanssonémissionàlatélé.(Desfoisjeluifaisunsigne, à Dieu. Ilme voit. C’estmon copain pasqu’une fois j’ai prié pour que lesTigresgagnentunmatchetyz’ontgagné.)J’étaisdevantchezJessica.J’aireniflémonciré,ilsentaituneodeurcommeune

tentequand il pleut. (Je suis allé dansune tenteune fois, àNorthland, auVieuxCampeur, y en avait d’exposées et je suis entré. C’était comme si j’avais dormidehors.Çasentaituneodeur.)Etpuisunecamionnettes’estarrêtéedevantchezJessica.Elleétaitbleue.Elle

disait«Paul—Traiteur»surlecôté,onluiavaitpeintça.Unmonsieurenestsortiil a fait le tour et il a ouvertuneporteà l’arrièreet il ena sorti un trèsgrandplateauavecdeschosesàmangerdessus.Ilamontélesmarchesduperronetilestentré chez Jessica. Je regardais la camionnette. Je pensais : Je peux voler lacamionnette et arracher Jessica aux griffes de ses ennemis et la conduire enFloride,maislemonsieurestrevenu.Ym’avu.—Disdonc,petit,tut’esperdu?Jeluiaipasditderéponse.—Oùesttamanman?Yfautpasrestersouslaflottecommeça.Tuvasattraper

lacrève,petit.—Fautpasdirelacrève,jeluiaidit.Maisym’apasentendu,ilétaitdéjàreparti.J’airegardétouteslesfenêtresdelamaisondeJessica.Jem’aiditquepeut-être

ellemevoyait,peut-êtreelleétaitentraindemeregarder,maisjelavoyaispas,maiselleyétaitpeut-êtrequandmêmepasqu’ellesétaienttoutespleinesdebuée.Etpuisdetoutemanièrejesuisresté.Rogeret JoeyLester sont revenus, ilsportaientunsac, jedéduisqu’ilsétaient

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allés fairedescourses. Ilsm’ontdenouveauregardéet je leurai faitcommeçaavec lamain seulement ym’ontpas répondu.Y sont rentrés chez euxet y z’ontrefermélaporte.Leventfaisaitfairecommedescerclesàlapluiedanslarue,surlachaussée,etil

soufflaitdansmonchapeaupendantquejeregardaisparletrou.Unebrancheesttombéed’unarbrederrièremoi.Unécureuilacourudansunarbre.Unevoitureestpassée.Uneporteaclaquéquelquepart,plus loin.Leventa faitpasserunefeuilledejournalprèsdemoi.Unevoixacriéquelquechose.Unavionatraverséleciel.DansSevenMileRoadyabienfailliyavoirunaccident.Ysemettaitàfairenoir.Presquelanuit.JerestaisdevantlamaisondeJessica.Jerestaisàobserver.Unmonsieurestentréchezelleavecdesfleurs.Unevieilledameenestsortie

avec du plastique sur sa tête pour garder ses cheveux secs. Une autre dame aouvertlaported’entréeetm’aregardémaiselleaseulementsecouélatêtecommeçaetelleestrentrée.Etpuisilafaitnoir.J’aivuquelesréverbèresétaientallumésmaisjelesavais

pasvuss’allumer.J’aiprisJerrylePantinet j’aimarchésurlapelousedeJessicajusqu’aupetitréverbèredansl’herbe.Jel’aiposéaupiedduréverbère,etpuisj’aienlevémonchapeaudepluieetjel’aimisau-dessusdeluicommeunepetitetentepourJerrylePantin.J’airegardéencoreunefoissamaisonetpuis jesuispartichezmoi, ilpleuvait

encoreetj’avaisplusmonchapeaudepluiemaisjem’enfichais.Jepensaisàautrechosepeut-êtrebien.J’avaismonciré.Lesmanchesmependaientsurlesmains.Quandjesuisarrivécheznous,mamanmanétaittrèsencolère.—Qui t’apermisdesortird’ici,hein?Tuparssansdemander lapermissionà

personne,maintenant!Tunousafaitfaireunsangd’encre.Etledînerestfroid,ont’aattendu,tuasvul’heure?Etd’ailleursoùétais-tu?J’aienlevémonciréetjel’aipendubienproprementdansleplacarddel’entrée.

J’aienlevémesbottesdepluie.(Meschaussuressontrestéescoincéesàl’intérieurcommetoujoursetj’aidûlesenretirerséparément.)J’airangémesbottes.Yavaitpleindemondedansmamaison.Yavaitdubruitetdelafuméedecigare

demesoncles.J’ai monté l’escalier pour aller dans ma chambre. J’ai fermé la porte. Je m’ai

allongésurmonlit.J’airegardéparlafenêtre.Jem’ailevé.Jem’aiassissurl’autrelit.Jem’aiencorelevé.J’aiétém’asseoirà

monbureau.Jem’aiencorelevé.J’aiétéjusqu’àmonplacard.J’aiouvertlaporte.Jesuisentrédansmonplacardetj’airefermélaporte.

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17.LelundimatinaprèslesvacancesdeThanksgiving, jem’airéveilléettoutétait

différent. Dehors il pleuvait des cornes, j’ai regardé l’averse et j’ai pensé :Maintenant plus rien n’est pareil. J’ai regardéma lampe avec des cow-boys surl’abat-jour.Undescow-boysjouaitdel’harmonica.Mamanmanestvenuedansmachambrependantquejemettaismonpantalonet

elleavumonzizietj’aihurlé.Elleadit:—MonDieu,jesuistamère,toutdemême!Etj’aiditnon(pasquejecroisquejesuisadopté).Maiselleafaitlepetitdéjeunercommetoujoursetelleafaitbeaucoupdebruit

enavalantcommetoujoursetpuisShrubsestpassémeprendreetpendantquejemettaismonmanteauilestalléausalonet ilavolédesbonbonsdans letrucenverre.C’étaitcommesij’étaispasalléàl’écoledepuistrèslongtemps.Enroutejem’ai

dit que Jessica ne serait pas là mais que je serais dans sa classe pasqu’ellecommenceavecMlleIrisetqueMlleIrism’avaitjustementdemandédeluifaireunnouveau tableau d’affichage de Noël. Mais Jessica serait absente pasqu’on a ledroit quand quelqu’unmeurt. (Une fois j’ai été absent. La sœur de Sophie étaitmorteet jesuisalléàl’enterrement,c’étaitunepetiteégliseàl’autreboutdelavilleavecrienquedesnègresdecouleurdedanssaufnous.ManmanadûcourirdevantpourprendreSophiedanssesbras,tellementellepleurait.)—T’enveuxàl’orangeouauraisin?ademandéShrubs.Ym’amontrédesbonbonsmaisilarrivaitpasàretirerlepapieràcausedeses

gantsdehockey.Illesportetoujours.C’estdesgéants.Ilsontdesplaquesduhautjusqu’enbaset lesdoigtssontvraimentgros, tupeuxenmettredeuxdansunetfairecommesit’avaisperduundoigt.J’enaiprisunauraisin,c’étaitunegrenade.(Moimesgantsjelesaiperdus.Jelesperdstoujours.Jesaispasoùilspassent.

Manmandit:«Ilsnes’envonttoutdemêmepastoutseuls»,etmoijedis:«Si,ilsprennent la voiture et ils partent enFloridepasser l’hiver commeOncleLess etTataFran.»Ellerépond:«Arrêtedediren’importequoi.»Ellem’amêmeachetédestrucsquisepincentsurtavestepourqu’onperdepassesgants.J’aiperdumaveste.Mamanmanditquejeperdraismatêtesielleétaitpasbienattachéeàmesépaulesmais je dis que je la retrouverais facilement pasque je la connais bien.Remarque,danslesglacesonsevoitàl’envers,enfinlagaucheàdroiteetladroiteàgauche.)Je suis allé tout droit dans la salle de Mlle Iris pour lui faire son tableau

d’affichage.Jem’aiassisdanslefond.Jedevaismêmepasécouter.J’avaisundesnouveauxpupitres,yz’ontduplastiquedurdessuscommeunecuisine. J’aime lesnouveauxpupitres, ils sont bien lisses et on a pas besoin de sous-main pour pasfairedemarquesursonpapier.Pourletableaud’affichagej’avaisledroitdemeservirdevraiecolleliquide,pas

decolleblanche,etdeciseauxpointusquipourraientcreverunœil.J’aicommencéparlabarbe.Jelafaisaisavecducotondel’infirmerie.Maisj’aifaitcoulerdelacolle partout sur le pupitre et surmoi et le coton a collé partout. Jem’aimis à

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éternuerettoutlemondem’aregardé.Ladeuxièmeclocheàsonné,celledesretardataires.Etalorsilestarrivéquelque

chose.Jessicaestentrée.Elleétaithabilléeendimancheavecunerobe,desbasdelainequimontaientau

genouetdeschaussuresbrillantesavecdes fenêtres sur ledessus.Elleétait enretardmaisMlleIrisafaitcommeçad’allers’asseoiravecsatêteetçaveutdirequec’estpardonné.Enallants’asseoir, Jessicam’aregardé. J’avaisducotonsurmoipartout.—Mes enfants, aujourd’hui nous allons faire un exercice de narration un peu

spécial,aditMlleIris.OnvaraconteràtourderôlelesvacancesdeThanksgiving.Çavaêtrefabuleux!(Jem’aisentidrôlepasquej’étaispasdansmaclasseetpasqueJessicaétaitlàet

pasquej’étaiscouvertdecotonetpasqueMlleIrisavaitditfabuleuxquejel’avaisjamaisentendudireavant.)—AndyDebbs,tuveuxbiencommencer?(J’aiattaquélenez.Jevoulaisqu’ilsoyetoutrondcommeuneboule.J’aifaitun

cerclemaisilétaitpasrond,alorsjel’aicorrigémaisill’étaittoujourspas,alorsjel’ai de nouveau corrigé et il est devenu si petit que je l’ai jeté, c’est dur dedécouper.J’aiessayéd’entracerunautresurdupapierd’emballage,maisilétaitpasrond.Etpuisj’arrivaispasàenfaireuneboule.Jel’aichiffonné.Etj’aicassémon crayon d’un coup de karaté. Andy Debbs était en train de parler de sonThanksgiving.)— D’abord on est allé à la chapelle pour dire nos prières avec les sœurs et

remercierleBonDieudenousavoirfaitvivreenbonnesantéd’unThanksgivingàl’autre.Mais PeterWoods a pas voulu venir pasqu’y s’était cassé la patte deuxsemainesavantsurunebalançoireetqu’ilavaitpasenviederemercier.«Ilpleuvait,alorsaprèslesprièresonestallédanslagrandesalleoùyavaitdes

arbresdeNoëlqu’ondevaitdécorer.Seulementlesgrandsdevaientsurveillerlespetitsetc’étaitpastrèsdrôlepasqu’yz’enontprofitépourfairequ’ànousembêter.Deuxmagasinsnousavaientdonnéunarbrecetteannée.LaquincaillerieBrickmanetlegarageTorch.Ons’estservidesmêmesdécorationsquel’anderniermaisyenavait de cassées. Les sœurs nous ontmême aidés. Le pèreBirney lui-même estdescendu,c’étaitunhonneur.«EtpuisonaeuledînerdeThanksgiving.C’étaitunefêtepasqu’yz’avaientmis

desnappessur les tablesduréfectoire.Onaeude ladindeetde la farceetdudessert.Onpouvaitseresservirenplus.«Etpuisonestretournédanslagrandesalleetonajouéàdesjeux.Etpuisona

ditquelquesprièresetlepèreBirneynousaparlédelachancequ’onavaitd’avoirla grâce de Dieu sur nous qui nous donnait des sœurs aussimerveilleuses pours’occuperdenousetaussiqu’ilavaittellementpleuréd’avoirpasdesoulierstantqu’ilavaitpasrencontrécepetitgarçonquin’avaitpasdepiedsetpuisonestalléau lit et j’ai réussi à pasme brosser les dents pasque c’estmoi qu’ai rangé lesjouets.(J’avais enfin réussi. J’avais tracé trois petits cercles sur du carton avec des

piècesdemonnaieetpuisjelesavaiscollésl’unsurl’autreçaavaitl’aird’unnez.

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Alorsjel’avaiscolléenplace.Ilavaitglissémaisj’avaisdécidédelelaisserquandmême.)MlleIrisaappeléRuthArnold.Ellesouriaitcontentcontentcommeune idiote.

Elle s’estmise àparlermaispersonne l’entendait.C’est la plusmochepersonned’Amérique,jetejure.Quandelleestnée,sesparentsontdit«queltrésor!»etalorsilsl’ontenterrée.Elleesttellementmochequ’ellefaittomberlesfeuillesdesarbresetquandelleestdefaceelleal’airdedos(toutçac’estdesblaguespourdirequ’elleestmoche).EugèneLarsonacrié:«Eh,fautmonterleson,leboutondedroite!»EtMlleIrisaditàRuthd’attendrequelaclassesoitcalmée.—PourlesvacancesdeThanksgiving,aditRuthArnold,onestalléàPhiladelphie,

enPennsylvanie,chezmatanteGreta.ÀPhiladelphieontrouveplusd’unmonumentetplusd’unsitehistoriques.Elleamislamaindanssapocheetelleaprisunmorceaudepapieretelles’est

miseàlire.—IlyalemajestueuxIndependenceHalloùnosaïeuxontsignélaDéclaration

d’Indépendanceen1776.EugèneLarsons’estmisàtousser.Ilesttombédesonpupitreets’estmisàse

rouler par terre comme s’il allait mourir, et tout le monde s’est mis à rire etMlleIrisestvenuel’attraperaucolbacketellel’aflanquéàlaporte.RuthArnoldavaitmêmepasarrêtédeparler.Detoutemanièreonl’entendaitpas.Jessicas’estretournéeetm’aregardé.Jel’aivue.J’aibaissélesyeuxetj’aifait

semblantdefairelenez.Mlle Iris est revenue et elle a claqué la porte et dit de croiser les bras et de

baisserlatêtejusqu’àcequ’onsoyetouscalmés.RuthArnoldlisaittoujourssursonmorceaudepapier.—ÇasuffitRuth,assieds-toi,qu’elleaditMlleIris.Allez!Lesbrascroiséstoutle

monde,ettoutdesuite!Moijesavaispasquoifaire.Jesavaispassijedevaisaussi.J’ailevélamainpour

demandermaislamaîtressem’apasvu.Alorsjem’ailevépouralleràsonbureaumaisjem’aiarrêtéàmi-cheminetretournéetj’aivuqueJessicameregardaitavecdesgrandsyeuxetjesuisrestélà.—Gil,qu’est-cequetufabriques?Peux-tujetepriemedirecequetupeuxbien

fabriquer?aditMlleIris.J’aiétéjusqu’àsonbureau.—Est-cequejedoiscroiserlesbrasmoiaussi,mademoiselle?—Non,pastoi.J’airetournéàmonpupitreetjem’aiattaquéàlabouche.—Trèsbien,aditMlleIris.Sivousvoussentezcapablesdevoustenirtranquilles

etdevoustaire,nousallonspouvoirrecommencer.Sinonceseratoutel’heurelesbrascroisésensilence.C’estcompris?Toi,Ruth,assieds-toi,tuasassezparlé.Alors Jessicaa levé lamain.Mlle Iris l’a vuemais elle a riendit. Jessica s’est

quandmême levée et elle est allée semettre à côté du bureau de lamaîtressedevantlaclasse.Elle souriait. J’ai cru qu’elle allait se mettre à chanter. Elle a lissé sa robe,

arrangé ses cheveux en arrière et elle s’est tenuebiendroite.Et puis elle s’est

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miseàparlernitropfortnitropdoucement.Justecommeilfallait.—LematindeThanksgiving,jemesuisréveilléetrèstôtetj’aieuunesurpriseen

regardantparlafenêtre.J’aidécouvertquejevoyaisjusqu’auMontana.Etj’aivumonchevalBlacky,quicourait,lacrinièreauventavecdelapoussièreautourdesessabots.Ilcouraitversmoi.« Jeme suishabilléeet je suis sortie.Personnen’était encore levéet le soleil

brillaitcommeenété.Jen’avaispasbesoindemecouvrir.Jesuissortiesurnotreperron,oùnousavonsdesfleursmêmeenhiveretyavaitungarçonsurletrottoirenciré.J’aidit:«Pourquoituastonciré,petit?Ilnepleutpas.»Etilm’adonnéunpantin.Etalorsonestallésepromener.«Onestalléjusqu’àuntrèsgrandtrottoiretonaglissésuruntobogganjusqu’à

unendroitoùyavaitbeaucoupdejouets.Ilyavaitdespoupées,desmaquettesetaussidespantinsdechiffon.Puisonestallédansunendroitoùyavaitdesmanègesetonafaitdestours.Onétaitlesseuls.Puisonestalléenbateau.«Onatrouvéunevoiture,ilyavaitlesclésdessusetonestpartipourlaFloride

pendant trois heures.Quand on est revenudeFloride, on amonté unepièce dethéâtresurlespoliciers.Etpuisonaététrèsfatiguéalorsonestrentréchezmoidansmamaisonet làona faitdes toursdemagie jusqu’àcequ’ons’endormeetquandons’estréveillé,onétaitdesgrands.Personnedisaitrien.Jelaregardaisavecmesyeux.Detousmesyeuxjelaregardais.Jepouvaispas

pasregarder.Ellefixaitlefonddelaclasseoùyavaituntableaud’affichageavecdesdindesdessusque j’avais fait.Etsousmonventre j’aisentiquelqu’unquimetordaitcommeunavionavecunmoteuràélastique,deplusenplusserré.Serré.Personneamêmebougé.MlleIrisbougeaitpas.Maismoitoutseuljem’ailevéet

jesuisalléprèsdubureaudevantlaclasse.J’airegardéJessica.Ellem’aregardéetelles’esttournéeverslaporte.Ellel’aouverte.Elleestsortieetjel’aisuivie.

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18.Jessicaest sortiepar laportede la rueMarlowe, sous lenezdes surveillants.

J’avais du mal à la suivre. Elle a traversé Curtis en courant et a commencé àdescendrelarueMarlowe,marchanttrèsviteverssamaison.Ilfaisaittrèsfroiddehorsmaisj’aimislongtempsàm’apercevoirqu’onn’étaitpascouvertdutout.Ilpleuvaittoujourstrèsfort.Devantmoi,jel’aivusurlatêtedeJessicaoùlesgouttesexplosaientetfaisaientcommedesdiamants.La rue était vide. Y n’y avait pas de patrouilleurs de sûreté pasqu’ils étaient

encoretousàl’école.(Quandilsenlèventleursceinturescroiséesilsredeviennentdes vrais enfantsd’un seul coup.Une fois j’ai rencontré l’affreuxpatrouilleurducarrefourLauder-North-landavecsamèreetellel’engueulaitpasqu’ilmettait lesdoigtsdanssonnez.C’étaitcommesiçaavaitmêmepasétélui.)JessicaatournéaucoindelarueMargarita.Tiens,elleallaitdoncpaschezelle,

finalement.Jel’aidéduit.—Ondevrait retourner, j’aicriédanssondos.Onn’estpascouvertetc’est la

saisondelagrippealorsonferaitmieux…Maiselleacontinuédemarcherdeplusenplusvite,deplusenplusvite,comme

sielleétaitpresséed’arriverquelquepart.Jesavaispasoù.Puisj’aipenséquelquechose. Qu’elle essayait de s’éloigner de moi, pasqu’elle m’avait jamais demandéd’alleravecelle.Alorsjem’aiarrêtésurletrottoiretj’aimismesbrasautourdemoipasqu’yfaisaittellementfroidetjel’aivuedevenirdeplusenpluspetitedanslarue.Maiselles’estarrêtée.Elles’estretournéeetelleacrié:—Viensvite!Ongèle!J’ai couru.Mais j’ai trébuché et jem’ai égratigné lementon et c’était vexant,

j’avaishontepasqu’ellem’avaitvu.—Ilnousfautdesmanteaux,elleadit.—Tul’asdit,j’aidit.Etpuis je l’aivu.L’officierderépressiondel’écolebuissonnière.Ils’appuyaità

uneauto, lechapeaurabattusur lesyeux,occupéàécriresuruncalepin,àcentmètresdechezmoi.C’étaitlenomdetouslesenfantsquisèchentl’école.Etyavaitlenôtre.Ilnousattendaitprèsdechezmoipournousattraper.J’aiprislebrasdeJessica.—C’estlarépressiondel’écolebuissonnière,Jessica.Yvanousattraperetnous

envoyerenmaisondecorrection.Qu’est-cequ’onvafaire?Jessical’aregardé.—Gil,ilrelèvelescompteursd’eau.—Oh.Onestrepartiversmamaison.ElCommandanteétaitvenuàl’écoleetilavaitficeléMlleMessengellerdansle

bureau jusqu’à ce qu’elle lui dise où on rangeait l’argent de la cantine. Et puisj’étais arrivé dans le bureau pasque j’avais fait la grande scène du II pendantl’instructionciviqueetjel’avaisvuetjeluiavaisfiléunboncoupdepoingmaislesautres soldats qu’étaient avec Commandante m’avaient capturé mais je m’étais

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échappéenfaisantleventriloqueetj’avaistuéElCommandanteavecmonépéeetalors on m’avait mis à la porte pour mauvaise conduite, indigne d’un bon petitcitoyen.Jessicam’aidait.Voilà ce que j’allais dire à ma mère quand elle me demanderait ce que je

fabriquaisàlamaison.—Nedisrienàmamère,j’aiditàJessica.Elleestsourdealorsellet’entendpas.

Yfautluiparlerparsignes.Maisyavaitpersonneàlamaison.J’aidûmelaisserglisserdanslacaveparle

tobogganàcharbonetrevenirouvrirlaporte.Jelefaissouvent.Ilfauts’aplatir.Jesuisfortpourm’aplatir.Unjourmonpapaym’ademandépourquoijemeglissaispasdansuneenveloppeetquejem’envoyaispasenAlaska.Maisj’aiditquej’avaispasassezdetimbres(c’étaitvrai).J’ai traversé la cuisine et je suis allédans l’entréedederrière et j’ai ouvert à

Jessica.Elletremblait.Elledisaitrien,deboutaumilieudel’entréedederrière,etelle tremblait des pieds à la tête. Alors tout d’un coup je m’ai dit qu’elle allaitmourir et j’ai couru dans ma chambre chercher Pougnougnou. Je l’ai mis surJessica,ilétaittoutcontent.Alors jesuisalléauplacardde l’entréededevant.Toutrestait trèscoidans la

maison,onentendaitlapenduletiquerdanslasalledeséjouretjem’aimisàavoirunpeupeurpasquej’auraispasdûêtrelààcemoment-là.J’aiouvertleplacarddel’entréeet j’aipris leblousonquem’avaitdonnémonpapa, celuique j’avaismispouralleràlaRotondeFord,etj’aivuqu’unepocheétaitgonflée.C’étaitCâlinotleSinge quimangeait son déjeuner. J’ai aussi pris lemanteau àmamanman, celuiqu’ellemetpourfairesescommissions.Jelesaiemportésdansl’entréedederrièreet j’aimis lemanteau demamanman sur Jessica par-dessus Pougnougnou et leblouson à mon papa sur moi. Les manches me pendaient par-dessus les mains.CâlinotleSingechantait.Vite Jessica a arrêté de trembler. Elle tenait Pougnougnou sous lemanteau. Il

aimaitça.Je lui ai dit qu’il fallait qu’on s’en aille sinon on n’allait pas tarder à avoir des

ennuisquandmamanmanrentrerait.Onestparti.Ons’estmisenrouteversSevenMileRoad,dansladirectionopposéeàl’école.

(Jepensaisquejeretourneraisjamaisàl’école.J’avaisraison.)OnestpassédevantlemaisondeShrubs,aucoin,prèsdulave-voitures.Yavait

pas de voiture dedans, pasque c’était un temps peu clément, mais y avait deuxmonsieursdecouleurdevant,assissurunbanc,àmangerdeschips.Ilsavaientdestabliersnoirsencaoutchouc.Undesdeuxjel’avaisdéjàvu,ilesttoujourslà,ilal’airméchantpasquesonnezdescendunpeucommeça,maisunefoisShrubsm’aditqu’ilétaitenfermédehorsdechezluiilétaitalléaulave-voituresetlemonsieurl’avaitlaisséattendreàl’intérieuretluiavaitdonnédespommesdeterrechipsetluiavaitmêmepasdemandédel’aideràlaverlesvoitures.OnatournéparlàdansSevenMile.Àgauche.Parlàc’estàgauche,paricic’est

àdroite,parlàc’estenhaut,paricic’estenbas.Situteperds,tudoisdemanderàunagentdepoliceetsitunepeuxpastebrosserlesdentsaprèschaquerepas,tu

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peux au moins te rincer soigneusement la bouche. Je suis une mine derenseignements.C’estmonpapaquiledit.Desfoisyditaussiquejesuismonsieur-je-sais-tout.EtpuisonestarrivéchezMaxwell.ChezMaxwell,yadeuxdamesquitravaillent

là.Uneestpetiteetjeuneetbruneetgentilleaveclesenfants.L’autreestvieille,ellealescheveuxgrisetelleesttrèsméchanteetJeffreyl’appellelavieilletaupe.Elleamêmeseslunettesauboutd’unechaîneautourducoupourqu’ellespuissentpass’enaller.ElleétaitseulechezMaxwellcejour-là.ChezMaxwellçasentunarômecommeleschaussuresneuves.C’estlesjouets(y

z’onttousdeschaussuresneuves).Jessicaestalléeaurayonpoupéespasquec’estune fille et moi au rayon cow-boys. Ils sont sur une étagère, tout seuls, tousensemble, très haut pour que les enfants puissent pas les toucher… Ils sont encouleur, tous. Y en a que j’ai, même Zorro, mais je les regarde quand mêmetoujourschezMaxwellpasqu’yz’ontdesrevolversetdeschapeauxquis’enlèventetquej’aiperduceuxdesmiens.Y en avait un nouveau sur l’étagère, je l’ai reconnu tout de suite, Hopalong

Cassidy.Jenel’aimepaspasqu’ilesttropvieuxpourêtrecow-boy,ilalescheveuxblancs commeGrand-Papa. Je trouve qu’il devrait prendre sa retraite à BormanHall,oùvitGrand-Papa.C’estcommeuneespèced’hôpitaloùonresteenattendantdemourirmaistoutestkascher.Maisj’aimebienlecostumedeHopalongCassidy,il est noir avec comme des clous dedans. Jeffrey a eu une bicyclette HopalongCassidypoursonanniversaire.Elleétaitnoireaveccommedesclousdedans.Lavieilletaupes’estamenéedoucementdoucementderrièremoietelleadit:—Jepeuxfairequelquechosepourtoimonpetit?J’aifaitunbonddemillemètres.Etpuisj’aidit:—Jecherchedesjouetspourmesenfants.J’aideuxfils,GiletDonDiego.Cesont

de merveilleux petits garçons. Si vous saviez ! Ils ont gagné le concoursd’orthographe.La vieille taupeportait lemêmeparfumqueMmeMarston, lamaîtressede la

maternellequ’onpouvaitrenifleràunkilomètre,çasentcommeunetarte.Je suis allé jusqu’au rayon baseball. «Mmm, jolis gants », j’ai dit. Et puis un

monsieurestentréchezMaxwelletlavieilletaupeestalléeletrouver.C’étaitlefonctionnairedelarépressiondel’écolebuissonnièreetj’aiplongésous

leprésentoirdesbattes.—Vousallezdevoirfaireletour,ilnefautpasmesalirleplancher,lafemmede

ménagevientdecirer,disaitlavieilletaupeaufonctionnairedelarépression.Ilestressortipar laportededevantpourrevenirpar-derrière. Ilapportait les

cagesdanslesquellesilallaitnouscapturer.J’aisaisiunebatte.Lavieilletaupeestrevenueaurayonbaseball.Ellemecherchaitmaisjen’yétais

plus. J’étais derrière le comptoir desmaquettes de balsa. J’étais assis par terreavecmabatte. Jenepouvaispas les laissernousprendre. Jenepouvaispas leslaisserprendreJessica.J’aisentilavieilletaupe.J’aiserrémabatte.Elleestvenuetoutprèsdemoiet

elles’estarrêtée.Toutrestaitcoi.

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Alorsj’aibondisurmespiedsencriant:—C’estunpiège,c’estunpiège!Etjefaisaistournoyerlabatteau-dessusdematête.—Vousnousaurezpasvivants,j’aiencorehurlé.Lefonctionnairedelarépressionestentréparlaportedederrièreetjemesuis

précipitécontreluienvociférant«You,you,you!»etjesuissortiencourantparlaporte de derrière. Je l’avais dépassé sansm’arrêter. Jeme suis retrouvé sur letrottoirderrièrechezMaxwell,jesautaissurplaceenagitantmabatte.Etpuislefonctionnairedelarépressiondel’écolebuissonnièreaposéquelques

boîtesdanslemagasin,ilestremontédanssacamionnetteetilestparti.J’ai arrêté de sauter d’un air féroce. J’étais tout seul sur le trottoir et il était

parti.Jesuisrentrédanslemagasin.—Celle-ciesttroplégère,j’aidit.Jevaisenchoisiruneautre.Je suis allé au rayon des animaux empaillés. Jessica regardait toujours les

poupées. Chez Maxwell, y z’ont beaucoup d’animaux empaillés qui servent demodèlepourenchoisirun.Moij’avaisungrandpanda,c’étaitmonpréféréaprèsCâlinot leSinge,mais il s’estnoyéquandnotrecaveaété inondée.MonpréféréchezMaxwell, c’est le kangourou, pasqu’il a unpetit dans sapoche, qui peut ensortir et qu’on a les deux pour le prix d’un. Ils avaient aussi unmorse avec sesdents.— Jepenseque je vais peut-être acheterunde ces kangourous-là, j’ai dit à la

vieille taupe, mais je veux continuer à regarder parce qu’entre nous c’est unscandale,non?Ellem’asuivipasàpasàtraverstoutMaxwell.Lesmanchesdublousondemon

papaarrêtaientpasd’accrocherdestrucsdanslesrayonsetdelesrenverser.— Jeune homme, a fini par dire la vieille taupe, à moins que vous n’ayez de

l’argent pour acheter quelque chose, je vais être obligée de vous demander desortir.C’estinterditauxenfantsnonaccompagnés,ici.Maisj’étaisaccompagnépuisqueJessicaétaitlà.Jem’aimisencolèrecontrela

vieilletaupe,et j’allaispresquecrieretpleurerquandJessicas’estmiseàparlerdepuislerayondespoupées.—Mais cen’estpas la vraieBécassine, ça !Lavraiea les yeuxenboutonde

bottine, pas en matière plastique ! Vous n’auriez pas une vraie Bécassine,madame?—Jeregrette,mademoiselle,c’estunevraieBécassine,aditlavieilletaupe.Et

maintenantvotrepetitfrèreetvous,ilfautquevouspartiez.—Non,jesuisdésolée,aditJessica.Cen’estpaslavraie.Lavraie,c’estmoiqui

l’avais,etelleestmorte.Elleestmorteenmêmetempsquemonpapa,àl’hôpital,laveilledeThanksgiving.Pendantuneminute,lavieilletaupen’aplussuquoifaire,elleregardaitJessica

avecdegrandsyeuxentripotantses lunettes.Etpuiselleadit :«Aurevoir lesenfants»,etellenousaprischacunparunemainetellenousatirésverslaporte.Jessicas’estdégagée.—Voussavez,madame,ilsetrouvequ’aujourd’hui,dansnotrereligion,c’estun

jour de fête etmon frère etmoi nous étions venus ici pour acheter des jouets,

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commeonlefaitlejourdecettefête.Ilestplussaintdedonnerquederecevoir,voussavez.Etmaintenant,nousnesommespasenmesuredenousacquitterparcequevousnevoulezpasquenous restions ici. Jepensequec’estbien tristepourvous,madame.Bientriste.Adieu,madame.EtelleestsortiedechezMaxwelltouteseule,latêtehaute.—Vousferiezbiendeprier,j’aiditavantdesuivreJessica.Ona remontéSevenMileensembleet Jessican’aplus riendit.Maiselleétait

fortepourlesfarces,çasevoyait.— Les rues ont des couleurs différentes, Jessica, j’ai dit. SevenMile Road est

noire avec des raies blanches, la rue Lauder est grise et la rueMarlowe a despavés.Jetrouveçatrèsintéressant.Etpuisj’aivuunmonsieurquimarchaitdevantnousdansSevenMileRoad.Plusil

s’éloignait, plus il avait l’air de rapetisser.Ona appris ça en sciencesnat.C’estpasquelaterreestronde.Jel’aiditàJessica.—Oui,elleadit.Maissic’étaitpasvrai?Ceseraitcommepourlessirènesde

l’alerteaériennedesamedi.Uneépreuve.Peut-êtrequecemonsieurestvraimententraindedevenirpluspetit.(Parfoisjefaisunrêvelanuit.Jerêvequejemarcheavecdesgrandespersonnes

dansune rueoù jenesuisencore jamaisalléavant.Toutd’uncoup, lesgrandespersonnessemettentàallerplusvite.J’aidumalàmarcheraussivitepasquejesuispetitmaislesgrandsvontdeplusenplusvite.Jenecourspaspasqueçamegênerait de courir quand tous les autresmarchent.Mais alors ils s’éloignent demoi,deplusenplus,deviennentdeplusenpluspetitsetjeresteenarrière.Jecrie:«Attendez-moi!»Maisym’attendentpas.Ilsdeviennentdeplusenpluspetits,deplusenpluspetits,etpuisilsdisparaissent.Etjeresteseul.)Juste à ce moment-là, Jessica s’est mise à courir mais elle a trébuché sur le

rebord du trottoir et elle est tombée sur la chaussée. Je m’ai mis vraiment encolèrepasqu’ilfautjamaiscourirpourtraverserlarue.C’estpasçalesrèglesdesécurité.Jel’aiattrapéeparlebras,jel’aiemmenéejusqu’autrottoird’enfaceetje l’ai secouée. Des fois ma manman dit qu’elle se met en colère après moipasqu’ellem’aimeetjel’avaisjamaiscomprisavant.—Yfautrespecterlesrèglesdesécurité,Jessica,jeluiaidit,commenousaditle

brigadierWilliamsàl’assembléegénérale.(Lesrèglesdesécuritéçameconnaît.Rougepourstop.Vertpourallez-y.Orange

pourattention.Etjaune?Jenesaispas.)Jessica amis un doigt dans sa bouche et un pied sur l’autre commeune toute

petite fille.Ellem’aregardéavecsesyeuxquisontdesgéants.Ellesebalançaitd’avantenarrièreetelle faisaitbougerses lèvrescommeça,ensemble.Ellemefixait.—Tuveuxmaphoto?j’aidit.Ellem’atirélalangueetseslèvressontdevenuesbrillantes.—Siyauncoupdeventturesterascommeçatoutetavie!j’aidit.Elleafaitunegrimace.Elleavaitl’airqu’elleallaitsemettreàpleurer.Etpuis

elle a retiré son doigt de sa bouche, elle a tendu la main vers moi et elle m’atouché.

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—Chat!ah,ah,jet’aieu,qu’elleacriéetelleestpartieencourant.Jel’airattrapéeetjel’aisecouéeunboncoup.—Temoquepasdemoi,Jessica,j’aidit.J’aihorreurdeça.Alors elle a remis son doigt dans sa bouche et elle a eu l’air qu’elle allait se

mettreàpleurer.Jepouvaispasdiresiellejouaitlacomédieoupas.AvecJessica,jepouvaispasdire.Jelaregardaissimplement,commeça,sanssavoir,dansSevenMileRoad,aveclesvoituresquipassaientettoutlebruitdelacirculationautourdenous.J’aientenduunautrebruitquivenaitdansmondos.Jem’airetournéetj’aivuun

petit garçon sur son vélo, il avait mis des cartes dans les rayons et ça faisaitbeaucoupdebruit.Yconduisaitimprudemment,monvieux.Ilallaitsivitequ’ilestdescendudutrottoirsurlachausséeetafaillisefairerenverserpardesvoituresavantderemontersurletrottoir.Ilavaitdessandalesrouges.Ilestpassédevantnous et je l’ai regardé s’éloigner, avec ses sandales rouges qui tournaient, quitournaientautourdupédalier.LoindansSevenMile,ilacabrésonvélosurlarouearrière,faitunquartdetouràgauche,etpuisiladisparu.Jessicaetmoionaétéjusqu’augrandcarrefouroùGreenfieldRoadcroiseSeven

Mile,c’étaitvraimenttrèsbruyantetyavaitdestasdevoituresquiallaienttrèsvite.—Ontraverse,aditJessica.Ellesouriait,maintenant.J’airépondu:—Non. On a pas le droit sans une grande personne.Mamanmanm’a dit de

jamaistraverserSevenMileRoadsinonjemeferaiécraser.—Onn’aqu’àtraverserquandmême,aditJessica.Elleacommencéàtraverser.Lesvoituresarrivaient,jeluiaicouruaprèsetje

l’aitiréeenarrièredenouveausurletrottoir.Jetremblais.Jel’ailâchéeetj’aimisles mains dans mes poches. Elle m’a simplement regardé. Et puis elle s’estéloignée.—Jessica!j’aidit.Mais elle s’éloignait, alors jem’ai dit, elle s’en va, elle est fâchée contremoi

pasquej’aipastraverséSevenMileRoadetquejesuisundégonflé.Alors j’ai fait quelque chose. Je suis descendu du trottoir et je m’ai mis à

traverser.Lesvoituresontécraséleursfreinsetquelqu’unaouvertsavitrepourm’engueuler mais j’ai continué d’avancer, et puis j’ai fermé les yeux tellementj’avaispeurmaisj’aicontinuédetraverserjusqu’àcequejesoyedel’autrecôtédeSevenMile Road. Seulement quand j’ai regardé, Jessica ne s’en étaitmême pasaperçue.Elleparlaitavecunmonsieurdevantlecoiffeur.Etpuiselleluiadonnélamainet il l’a fait traverserSevenMileRoadetpuis lui ilest retournéde l’autrecôté.Jessicaestvenueprèsdemoi.—Ynefautpastraversertoutseul,Gil,ellem’adit.J’aieutrèspeurpourtoi.Moijesuisparti.Jepleuraispresqueetpuisellem’acouruaprèsmaisjem’aipas

retournépasquejepleuraispresque.—Pardon,Gil,ellem’adit.Jefaisaispasçapourtefairetraverser.J’aipasparlépendantquelquesminutesetpuisjeluiaiditd’accord,queçaallait

etonacontinuéàsepromenerdansSevenMileRoadmais je la regardaiset je

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savaispascequ’ellevoulaitquandelledisaitleschoses.OnestarrivéauPaysdesPetits.C’estunendroitprèsdumagasinoùonvenddes

culottesdedame(onlesmontreenvitrineetçamefaithonte),unendroitoùyadesmanègesetdesattractions.Maisc’étaitfermépourl’hiver.Seulementyavaitun monsieur qu’était en train de défaire des fils électriques. Il démontait lesmanèges. Il était sale, avec une chemise à carreaux et une barbe de pas s’êtrerasé.Jessica s’est arrêtée et s’est appuyée à la clôture du Pays des Petits pour

regardercequefaisaitlemonsieur.Ilnousavus.Ilacommencéàmarcherversnousetmoijem’aimisàcourirmais

Jessicaestrestéeappuyéecontrelaclôture.—Ehbenlesmômes,vousdevriezpasêtreàl’école?aditlemonsieur.J’aivuqu’ilavaitdunoirsoussesongles.—C’estdesvacancesspéciales,elleaditJessica.Pournous.Rienquepourdeux

élèves.Nousdeux.Lemonsieurasouri.—Ahoui,iladit.C’estdesvacancesquejeconnaisbien,ça,jem’ensuispayépas

mal,moi,decesvacancesspéciales.Jessica luiasouriaussimaismoi jevoulaism’enaller, ilnefautpasparleraux

inconnus.—Ça vous dirait les gamins un petit tour de bateau, avant que je démonte la

rivièreenchantée,hein?—Non,j’aidit.—Oui,aditJessica.J’aifaitnonaveclatêtemaiselleaposésamainsurmoietellem’aregardé.J’ai

dit:—Jessica,c’estpasbien.LePaysdesPetitsestfermé.Maiselleasouri,ellem’atirécommeça,etonyestallé.Lemonsieurdéfaisaitd’autresfilsélectriques.Ym’aprisdanssesbrasetym’a

déposédansunbateau,puisilasoulevéJessicaetill’amisedansunautrebateau.—Ouais,profitez-en,demain,yauraplusrien.FinilePaysdesPetits.N-Inic’est

fini.PlusdePaysdesPetitspourvousdeux,àpartirdedemain.—Plusjamais?elleademandéJessica.Lemonsieuraseulementsouri.Ilatiréunbâtonetlesbateauxontcommencéà

tourner.Nousons’estassisetonatournéaveclesbateaux.Jefaisaissemblantquej’étaisdansunvrai.Onpouvaitlaissertraînersamaindansl’eau,entournant,etçafaisait des vagues. C’était très froid. J’ai aussi fait sonner la sonnette de monbateauetj’aibougélevolant.Etpuisilestarrivéquelquechose.Jem’airetournépourvoirJessicadanssonbateaumaiselleyétaitpas, ilétait

vide.Alorsjem’aitournédel’autrecôtéetjel’aivue.Elleétaitdeboutdansl’eau,aumilieu des bateaux. L’eau lui montait aux cuisses, elle avait un doigt dans laboucheetellepleurait.Jem’aimis debout dansmon bateau et je l’ai attrapée par le bras et elle est

montéedansmonbateau.Elleétait toutemouillée.Elleavait terriblement froid.Ellepleurait.Elles’estassiseprèsdemoi.Jevoyaispaslemonsieur.Onn’arrêtait

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pasdetourner,detourner.Lemonsieurestenfinrevenu,seulementilétaitdevenuplutôtméchant.Ilnousa

sortisdubateauetpuisilnousapoussésdehors.—C’estfinipourvouslePaysdesPetits,ilarrêtaitpasderépéter,c’estfinipour

vouslePaysdesPetits…Çamefaisaitpeur.JessicatremblaitdenouveauetonaremontéSevenMileRoad.Ilpleuvaitencore

un peu et il y avait du vent. Je savais qu’il fallait que je sauve Jessica. Et puisjustementj’aivuquelquechose.C’étaitHanley-DawsonChevrolet,c’estunmagasindevoituresdeSevenMileRoadtoutprèsduPaysdesPetits.C’estuntrèsgrandsalonavecdesvitrinesoùonmontrelesvoituresàvendre.Etsurunevitrineyavaitungrandécriteau:VENEZ FAIRE CONNAISSANCE AVEC LES MODÈLES DE NOTRE NOUVELLE GAMME - CAFÉ ET

BEIGNETSGRACIEUSEMENTOFFERTSPARHANLEY-DAWSON!

J’ai pris Jessica par la manche et je l’ai tirée à l’intérieur de Hanley-DawsonChevrolet.Ilfaisaitchaudlà-dedans,ilyavaituncanapépours’asseoiretJessicas’estassise

dessus. Ilétaitvert.Etpuis jesuisalléà lapetite tableoùyavait lecaféet lesbeignets.Yavaitdesgrandespersonnestoutautour.J’aidûfairelaqueue.Hanley-Dawson Chevrolet c’est des bureaux avec des monsieurs en costume et destéléphonesetunedameavecdesécouteursquibranchaitetdébranchaitdes filsquandlestéléphonessonnaient.J’aifaitlaqueuebiencommeilfautetquandmontour est arrivé j’ai fait un cafédepetit garçonpour Jessica et j’ai eudroit à unregarddechiendefusilpouravoirfinilelait.Jeluiaiportéunbeignetaussi,c’étaitdes beignets nature, sans confiture ni sucre glace. Je lui ai montré à tremper,commemonpapam’aappris.Moi je trempedes sandwichesà la saladede thondansmonlaitchocolaté,c’estdélicieuxetnutritif.—MortyNemsickappelleçaunsofa,moimesparentsdisentuncanapé.Ettoi

Jessica?Jeluiparlais.C’étaitdelaconversationpourqu’ellearrêtedetrembler.Maiselle

a rien dit. Elle a porté le café à sa bouchemais elle s’est mise à le renverserpartout pasqu’elle tremblait tellement. Alors je le lui ai pris et je le lui ai tenupendantqu’ellebuvait.Undesmonsieursencostumeestvenunousvoir.—Vousêtesavecvosparentsvousdeux?ilnousademandé.—Ouimonsieur,j’aidit.Ilaregardénosmanteaux.—Onlesgardepournosparents,j’aiexpliqué,ilssontailleurs.Il est reparti et je l’ai regardé rejoindre un autremonsieur en costume et se

retournerversnousetnousmontrerdudoigt.(Ilnefautpasmontrerdudoigt,c’estmalélevé.)Alorsjem’ailevé.Devantnousyavaitunevoiturerouge.Yavaitunedameetunmonsieurquilaregardaient,ilsétaienttrèsbienhabillés,ilsétaientplusjeunesquemesparents,ladameavaitdesbottesàtalonshautsetdumaquillage.Alorsjesuisallémemettrejustederrièreeux.

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—Jelestrouvefantastiques,moi,cesgarnitures,disaitladame.—Ellessontenoption,disaitlemonsieur.—Fabuleux,j’aidit,moi.Ym’ontregardétouslesdeux,alorsjeleuraifaitunpetitsignedelamain.Ilsont

regardémonblousondemonpapa.—Jegrandiraidedans,j’aiexpliqué,c’esttrèsraisonnablepourl’hiver.Lemonsieurencostumemeregardaitavecl’autremonsieur.Alorsjeleuraifait

unpetit signe à eux aussi. Lemonsieur et la dameont fait le tour de la voiturerougeetjelesaisuivisenfaisantouidelatêtechaquefoisqu’ilsdisaientquelquechose.Maisensuitej’airegardéJessicaetj’aivuqu’elletremblaitencoreplus.Alorsje

suisretournélatrouver.J’avaisuneidée.—Viens,jeluiaidit.Et je l’ai fait lever. Je l’ai emmenée jusqu’à une grosse voiture noire qu’ils

exposaientlà.Laportièreétaitouverte.C’étaittoutnoiràl’intérieur.Yavaitdesgrossièges.Yavaitdesfenêtres.Etilfaisaitchaud.Onestentré.Onafermélesportières.Jem’aimisducôtéduconducteur,commelepapa,etJessicas’estassiseàcôtédemoi.ElleaenlevéseschaussuresetmisPougnougnousursesjambesetelles’estviteréchauffée,jelevoyaisbien.Jeregardaisparlafenêtre.J’aifaitquelquechosequejefaissouventenvoiture.

J’airegardéparlafenêtreetpuisj’airepéréunpetitgraindepoussièresurlavitre,alorsj’aiferméunœiletpuisj’aifaitmonteretdescendrematêteetlegraindepoussières’estmisàsauterpar-dessuslesarbres.—Bon,allezlesenfants,sortezdelà.Cen’estpasunjouet!C’était lemonsieur en costume. Il était devant la portière.On a verrouillé les

portières.Lemonsieurencostumeestalléchercherl’autremonsieurencostumequiétait

plusvieux.—Çasuffit,lesenfants,iladit.Dehors.Dehorstoutdesuite.Jel’aiignoré.Jeluiaifaitlecoupdumépris.Iladonnédescoupsdepoingcontre

lafenêtreetpuisilaregardél’autremonsieurencostumeetiladit:—Bonfaites-les-moisortirdelà,vousm’entendez?Et il est parti. L’autremonsieur est resté, il nous regardait en faisant les gros

yeux.Jessica a mis sa figure contre Pougnougnou et lui a fait un câlin. Ses genoux

montaientetdescendaient,montaientetdescendaient,ilsétaientrecouvertsparlehautroulédeseschaussettesmontantesquiétaientdevenuescommetouteslisseset clairesd’êtremouillées. J’ai tendu lamain. Je les ai presque touchéesetpuisnon.J’aiposélamainsurlabanquettefinalement.Bientôt tous les gens qu’y avait àHanley-DawsonChevrolet se sont retrouvés

autour de la voiture à nous regarder Jessica et moi. Je leur faisais des signes.C’étaitcommesionavaitétédansundéfilé.SeulementJessicanelesregardaitpas.Ellegardaitlesyeuxbaissésetnedisaitrien,commeça.Lemonsieurencostumeestalléchercherladameaveclesécouteurs.—Vousavezdesenfants,illuiadit,voussaurezpeut-êtreleurparler.

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Ladameafaitungrandsourireennousregardantetelleadit:— Eh bien, les petits, vous ne croyez pas qu’il est l’heure de rentrer ? Vos

mamansetvospapasdoiventsefairedusouci.Maismoij’étaistropoccupéparlaconduite.J’étaisenroutepourMiami.Jessicaavaitdesrubansdanslescheveuxassortisàsarobe.Seulementilsétaient

touttrempésàcausedelapluie,dehors,etilspendaientdetravers.J’aiétépourentoucherunetpuisnon.Undesmonsieursencostumes’estmisàrireetunautreluiadit:—C’estça,vas-y,encourage-les!Etpuislevieuxestrevenu.Ilhurlait.—MaisoùestpasséelaclefdecettebonDieudebagnole!Personnenesaitplus

oùpassentleschosesici!Troismonsieursencostumesontpartischercherlaclef.Moi je continuais de conduire vers la Floride et Jessica avait baissé la tête et

fermélesyeux.Quandelles’étaitpenchéeenavantPougnougnouavaitglissédesesjambes.J’aitendulamainpourleramasseretmamainacognéquelquechose.Àcôtéduvolant.Çafaisaitding-dong.J’airegardé.C’étaitlesclefsdelavoiture.Alorsj’aifaituntruc.Jesavaispascommentmaisjel’aifait.J’aibientendumes

jambesetj’aiposélepiedsurlalonguepédaleetjel’aienfoncéeetpuisj’aitournélaclef. Ilestsortide la fumée, j’aisursauté,ça faisaitdubruit.Tous lesgenssesontécartésàtoutevitessedelavoitureetleplusvieuxdesmonsieursencostumeestvenuencourantdonnerdesgrandscoupsdepoingdanslesfenêtresencriant:—Jevaisappelerlesflics,moi,salesgosses!Etpuisjen’aiplusrienfaitparcequejenesavaispascequiallaitarriver.Mais

quelquechoseestarrivé.Jessicas’estmiseàparler.—Bécassineestpasmorte,Gil.Jel’aituéeàl’hôpital.Jesuisalléevoirmonpapa.

Onl’avaitemportédansuneambulance.J’étaisavecmatante,ellem’afaitentrerdanslachambre.Mamamanétaitlà,prèsdelui,ilétaitsousuntrucenplastique,unetente,etilavaitpleindetubespartout.Maissesyeuxétaientouverts.Jemesuisapprochéedelui.«Papa,c’estmoi,c’estContessa»,jeluiaidit.Maisilariendit.«C’estmoi,Contessa»,j’aidit.Ilmeregardaitdroitdanslesyeuxmaisilnedisaitrien.Ilfaisaitexactementcommes’ilmeconnaissaitpas.J’aidit:«C’estmoi,papa,c’estmoi»,maisilaregardédel’autrecôtéetj’aipenséquec’étaitàcausedu plastique, pasque ça l’empêchait de voir, alors j’ai tendu la main pour le luiarracher,maismamanm’aprislamainetjel’airepoussée.J’étaisfurieusecontremonpapa;ilnevoulaitmêmepasmeparler,jemesuismiseàcrier.Jeluiaicriéqu’ilétaitméchantdemêmepasvouloirmeparler.Matantem’atiréeenarrièreetm’afaitsortirdelachambre.Ellem’afaitasseoirdanslecouloir,surdeschaisesenplastiquequiétaientdures.J’avaisBécassineavecmoi.«Etpuismamamanestsortiedelachambreetellepleurait.Elleaditàmatante

quetoutétaitfinietqu’ellemeramèneàlamaison.Maisj’aihurléquejevoulaisvoirpapa.Matantemetenaitvraimenttrèsfort.Ellem’apaslaisséeyaller.Elledisaitqu’ilyavaitdeschosesquelesenfantsnecomprennentpas.«Alorsj’aidécidéquejen’allaisplusêtreuneenfant.J’aiprisBécassineetjel’ai

tuéedanslacorbeilleàpapiersprèsdesascenseurs.

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EtJessicas’estmiseàpleurer.Ellepleuraitdanscettevoiture,ellepleurait,ellepleuraittoutepenchéeenavantetjesavaispasquoifaire.Alorsj’aitendulesbras,commefaitmonpapaquandj’aidescauchemars,etjelesaimissurJessica.Jelesaimisautourd’elleetJessicas’estappuyéecontremoi,contreledevantdemoi.Jel’aitenuecontremoncœurdanslavoiture.Serrée,bienserréecontremoncœurdanslavoiture,pendantquedesgrandespersonnescognaientcontrelesfenêtrestoutautourdenous.

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19.L’agentdepoliceavaitunrevolvermaisynousapastués.Ilétaitgentil,comme

agent de police et il aimait les enfants, mais il a dit que c’était dangereux deconduireà l’intérieurd’unmagasin. Ila téléphonéà lamèrede Jessicamaisellen’étaitpaschezelleetpuisilaappeléchezmoimaisilaeuJeffreyquiaditquecen’étaitpaslebonnuméro.Alorsl’agentdepolicenousaditqu’onpouvaityalleràconditiondepromettrederentrertoutdroitcheznous,etquandonestparti j’aientenduleplusvieuxdesmonsieursencostumedire:«Comment,c’esttout?Vousleslaissezfilercommeça?»etl’agentdepoliceadit:«Ondiraitquevousn’avezjamaiseuleurâge.»Le ciel était complet, c’est-à-dire qu’il était tout barbouillé et qu’il pleuvait.

(Quand je rentre tout barbouillé et mouillé pasque je m’ai battu, manman dittoujours«c’estcomplet».)Lesruesétaientluisantesdepluieetonvoyaitfumersonhaleine.Onestrentré.Je suivais Jessica pour pouvoir la regarder. On est passé devant Maxwell sur

l’autretrottoir.Lagrossependuledelabanquedisait4heures.Onneparlaitplus.OnaétécoipendanttoutlecheminjusquechezJessica.Dans

l’alléedesamaison,yavaitdeuxvoitures,unbreaketunepetiteauto. Jesavaisquelapetiteétaitcelledesonpère.Jessicaaouvertlapetiteporte,surlecôtédelamaisonetelleestentréemaismoijenevoulaispas.J’aiattendudehorsqu’ellemedised’entrer.Puisjesuisentréquandellemel’adit.Toutesleslumièresétaientéteintes,iln’yavaitpersonneàlamaison,pasmême

debêtes.Jessicaaenlevélemanteaudemamanmanmaisj’aigardélemien.Ilyavait quelqu’un dans la poche, Câlinot le Singe, il dormait. Jessica a traversé levestibulepourallerdanslasalledeséjour.Ellenedisaitrien.Elles’estassisesurle sofa de côté et elle a posé ses pieds dessus, laissant des marques sombresd’humidité.(Maisonnedoitpasmettresespiedssurlesmeubles,çalesficheenl’airditmamanmanetaprèsyfaut lesdonnerauxpauvres.Unefoismongrand-pèreavendutoutesleschaisesdelamaisonsansledireàpersonne.Unmonsieurest venu et il était en train de les charger dans un camion quand manman estarrivée.Elle l’aengueulé.Elledisait :«Maisvoussavezbienquec’estunvieuxmonsieur,àplusdequatre-vingtsans,vouscroyezqu’ilconnaîtencorelavaleurdumobilier?»)Deboutdanslevestibule,jeregardaisJessica.Dansuncoindelasalledeséjour,

il y avait unegrandehorloge. LaCapitaineKangourou en a unequi danse,maiscelledeJessicanedansaitpas.Ellen’avaitmêmepasdefaçade.Rienqu’untrucdanslebasquiallaitetvenait,allaitetvenait.Près du sofa y avait une table pleine de napperons et de bibelots. Jessica

regardaitparlafenêtrequiétaitdanssondosetsautaitd’unpiedsurl’autre.Dehorslaluneétaitsortie.Enmusiqueonavaitapprisunechanson:

AuclairdelaluneMonamiPierrotPrête-moitaplumePourécrireunmot

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MachandelleestmorteJen’aiplusdefeuOuvre-moitaportePourl’amourdeDieu.AuclairdelaluneOnn’yvoitqu’unpeuOncherchalaplumeOncherchadufeuEncherchantdelasorteJenesaisc’qu’ontrouvaMaisjesaisquelaporteSureuxseferma.

—Est-ce que tu la vois, toi la tête dumonsieur qui vit dans la lune ? que j’ai

demandé.Lesnuagespassaientsurlaluneetilslafaisaientapparaîtreetdisparaître.Une

fois que j’étais sur notre perron en train de regarder la lune,mamanman étaitvenueetelleavaitessayédemefairevoirlafiguredumonsieurquivitdanslalune.Maisj’aipaspulevoir.J’aijamaispulevoir.Jessicanedisaitrien.Jem’aiassissurlesofa.Dehorslapluies’estarrêtée.Au

bordducielc’était rouge.Dans lamaisontoutétaitmarron.Enhiver il faitnoirtrèstôtetl’onretardelespendules.Lecielc’estoùDieuhabite,jeluiaiadressémesprièresàcetteadresse.Dansleciel.J’aipriépourquelepèredeJessicasoitpasmortmaisDieum’apasécouté.Quandj’étaispetit,jecroyaisquelanuitc’étaitquandlesnuagescachaientleciel.—T’asmouillélesofa,j’aiditàJessica.Ellem’aregardéetelleadit:—Quandmonpapaestmort,mamanarecouvertdedrapstouslessiègespour

quelesgensrenversentriendessus.Ellelesadécouvertshierseulement.Elleaditquec’étaitlemomentd’arrêterd’êtretristemaiselleapleurétoutelanuit.Jessicaaregardélàoùelleavaitmouilléetelleadit:—Elleauraitmieuxfaitdelaisserledrap.J’ai regardépar la fenêtre, j’ai posémonnez contre la vitre et j’ai soufflédes

lunettes.J’aidit:—T’asvu,Jessica,deslunettes.Maiselle regardaitautrechose,prèsde l’escalier,penduà la rampe,unsacà

main.Del’autrecôtédelarue,unelumières’estallumée.Ilfaisaitdeplusenplusnoir

dehors. J’ai cherché la lune mais elle avait disparu. Un chien est passé sur letrottoir, un monsieur le promenait. Un avion est passé là-haut, le bruit étaitderrièrelui.Quelquepartdanslesmaisons,plusloindanslarue,quelqu’unacrié«Fautquejedéplacelavoiture!»etJessicas’estlevéepourallerdansl’entréeetellearegardélesacendisant:—C’estlesacdemamère.Etpuisellearegardéverslehautdel’escalier.Etpuiselles’estmiseàmonter

l’escalier.Jesuisrestéassissurlesofa.Ilyavaitunebougiesurlenapperonsurlatable

maiselleétaitéteinte,pasallumée.Leréfrigérateurbourdonnaitdanslacuisine.

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L’horlogeasonnécinqfois.Etdehorslecielestdevenubleusombresansétoiles.J’aicroisélesmainssurmesgenouxetj’aiattendu,assisbiendroit,commeilfaut,maisJessicanerevenaitpas.Jem’ailevé.Jesuisallédansl’entrée.ÇasentaitcommeJessica.J’airegardéle

sacàmain.J’aiécouté.Yavaitpasdebruit.J’aiposélepiedsurlapremièremarche.Yavait

untapisdessus.Jem’airetrouvédansl’escalier.J’aicommencéàmonterlesmarches.Quandj’aiétéenhaut,j’airegardédetous

lescôtés.Jevoyaisàpeine.J’aiattenduquemesyeuxs’habituent.Yavaitunesallede bains. À côté y avait une chambre à coucher avec un grand lit pour deuxpersonnes. À côté y avait un placard. Je l’ai ouvert, y avait des draps et desserviettes.Alorsj’airegardéversleboutducouloir.J’aivuqu’ilyavaituneautrechambre,laporteétaitouverteetJessicaétaitdedans,assisedecôtésursonlit,entrainderegarderparlafenêtre,lespiedspendantauborddulit.J’aiétéjusqu’auseuildesachambreetjem’aiarrêté.Ellem’avaitpasentendu.

Jesuisrestéàlaregardersansriendire.Safigureétaitéclairéeparunelampeàl’extérieur et ses yeux avaient des diamants dedans. J’attendais, j’attendais sansbouger,etalorselles’estmiseàchanterunepetitechanson:

KoukaberraperchéDanslevieuxcaoutchoucRoidelabrousseRoidelabrousseRisKoukaberraRisgrandroiChantetajoie.

Moij’écoutais.Jeregardaisseslèvress’ouvriretsefermers’ouvriretsefermer.

Elleétaitappuyéecontretroiscoussins.Unrose,unàcarreauxetunblanccommeunoreiller.Sespiedssebalançaientauborddulit.Jeregardais.Dansuncoindelachambreyavaitunchevaldeboisquiétaitunechaise,enfait.

À sonplafondpendaitune lampeavecdesclownssur l’abat-jouret, accrochéaumurau-dessusdesonlit,yavaitJerrylePantin.Jessica a repoussé ses chaussures et elles sont tombées par terre. Elle avait

toujourssesbasdelaineroulésauxgenoux,toutlissesettoutdoux.Etpuiselleaditquelquechose.—PeterPanestunefille.Elleregardaitencoreparlafenêtre.—On l’a fait ressembler à un garçonmais c’est une fille, on lui a simplement

coupélescheveuxtrèscourtetonluiafaitporterunsoutien-gorgetrèsserré.(J’avaisvuçaaussi,àlatélévision,etçam’avaitdonnéenviedevoleralorsj’avais

demandé à mon papa de téléphoner à la chaîne pour demander comment ilsfaisaient,maisJeffreym’aditqu’ilavaitfaitsemblant,qu’yavaitpersonneauboutdufiletquemonpapam’avaitmenti.)—Jesuispasassezgrandepourporterunsoutien-gorge,aditJessica,maisj’en

aiun,mamamanmel’adonné,pourplustard.Elleestalléedanssonpacardpour leprendre.Elleme l’amontré,çam’a fait

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drôle.C’étaitpasbien.Normalementjedoispaslesregarder.Maisalorsj’aifaituntruc.Jel’aiprisetjemel’aimis,seulementdansledos.—Regarde,Jessica,j’aidit,jesuisunchameau.Jem’attendais pas à son rire. Elle a ri comme je l’avais jamais entendue rire

avant.C’étaitcommesiellechantait.Jem’aimislesoutien-gorgesurlatêteetjem’aimisàsauterdanstouslessensetelleaencorerietjel’aimissurmafigureetelleesttombéesursonlittellementqu’elleriait.—Toc,toc!j’aidit.(C’étaituneblague.)—Quiestlà?—Bouhou!—Bouhouqui?—Oh,yapasdequoipleurer,jeluiaidit.Jessicam’aregardé.—Maisjenepleurepas.—Non,tuvois.Yapasdequoipleurer.—Jepleurepas,Gil(elleavaitarrêtéderire).—Non,pasquec’estuneblague.—Quoidonc?Elle s’est remise à regarder par la fenêtre pasqu’elle avait pas compris ma

blague.—Jessica,c’estuneblague,j’aidit.Maisellevoulaitplusseretourner.J’airegardésondos,ilfaisaitdespetitssauts,

ellepleurait.—Jessica.J’aisimplementditsonnommaiselleaposésatêtesurlelitetsesépaulesont

commencéàmonteretàdescendre,monteretdescendre.Jesavaispasquoifairealorsjem’aiapprochédulit.J’ai essayéde luimontrerun tourdemagie, ondirait qu’on enlève sonpropre

pouce,maisellevoulaitpasregarder.—Onpourraitjoueràfairesemblant,Jessica.Quelquechose.Pourquetusoyes

pastriste.—Non, elle a dit. C’est des trucs pour les petits. Je veux plus être petite. Je

détesteça.Elles’estmiseàfrappersonlitenrépétant:—Jedétesteça,jedétesteça!Etellefrappaitsonlit,etellecriaitdeplusenplusfortetyavaitquelquechose

commeunebêtedanssavoix,ellefaisaitdubruitcommeunanimal.—Jeveuxplusêtrepetite,j’enaiassez,assez,assez!Etpuiselleacachésatêtedanssonbrasetelleapleuré,pleuré,pleuré,appuyée

sursonlit.Jesavaispasquoifaire.J’étaislààlaregarderetj’étaisencolère.Pasquejesuis

petitmoiaussi.Etpasquej’enavaisassezetjedétestaisçamoiaussi.Mamanmanm’avaitditqu’unjourquandjeseraisgrandj’aimeraisquelqu’unet

ça voudrait dire que j’essayerais d’empêcher tout lemonde de lui faire dumal.J’avaiscruquec’étaitShrubs.Maisnon.C’étaitJessica.

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Jem’aiassissurlelitprèsd’elleetj’aiposémamainsursescheveuxsurundesrubans,etj’aitirésurleboutd’unrubanquis’estdéfaitetpuisquiesttombésurlelit.Etpuis l’autre. Je l’ai tenudansmamain.Etpuis je l’aiposécontrema jouepasqu’ilétaitdouceur.CommeJessica.Quandellealevélesyeuxpourmeregarder,elleavaitlescheveuxdanslafigure.

Je lesairepoussésavecmamainet ilsétaienthumideseuxaussi,maispasde lapluiedudehors,delarmes.J’aicueilliunelarmeauboutdemondoigtetjel’aimisedansmesyeux.J’aimismesbrasautourdeJessicacommefaitmonpapaquandjepleureetj’ai

faitcommeça,commeilfait,unesortedecaresse,derrièresatête.Ellearoulésurle côté et s’est appuyée contre moi. C’était chaud. J’ai enlevé mon blouson etquelqu’un est tombé sur le lit. Câlinot le Singe. Je l’ai posé sur le rebord de lafenêtre,tournéversl’extérieur,pourqu’ilmontelagardesurJessicaRentonetsurmoi.Etpuisjel’airegardéequipleuraitetj’aiditquelquechosetrès,trèsdoucement:—Jelaisseraipersonnetefairedumal.Personne.Etjevaisfaireensortequ’on

soyentplusdespetits.Alorsellea levé la têtepourmeregarderavecsesyeuxquisontgéants,verts

avec des petitsmorceauxmarron dedans et elle est retombée surmoi, surmonventreavecsatête,et je l’aitiréebienserréecontremoietçafaisaitchaudsurmoi.Dehorsj’aivuqu’ilcommençaitàneigeretCâlinotleSingeregardaitçaetleventmais nous on avait bien chaud à l’intérieur. Et tout d’un coup il est arrivéquelquechose.J’aivulesréverbèress’allumer.Ilssesontallumésetontrépandusurnousleurlumière.Jessicaaposésafigurecontremonventreetelleadit:—Tuesmonami.Etilyavaitdesdiamantsdanssesyeux.J’ai posémonmenton sur ses cheveux et elle a levé la tête et posé sa figure

contrelamienne,c’étaitdouxcommePougnougnou,etelleaposésabouchesurmafigure,elleatirésurmachemise.Ellearoulésurelle-mêmeetsarobeestpasséepar-dessussesbrasquiétaientautourdemoietelles’estlaisséeallersurlelitetellem’atirésurelleetj’aisentisesmainsdansmespoches.Ellespoussaientsurmesjambes,surmoi.J’aisentil’avionetsonélastiquequ’onremontait,deplusenplusserré,deplusenplusserrésousmonventre. Jessicatenaitmonderrièreetelle le faisaitmonter et descendre,monter et descendreDevant elle, là où je lasentais,elleavaitcommeunpetitderrièrequiétaitdouxcommeunbaiser.Ettoutd’un coup j’ai entendu un bruit, qui venait de très loin, et se rapprochait de lamaisondeJessica.Çacourait lelongdeSevenMileRoad.Dessabots.Unchevalquigalopaitmontéparpersonne.Blacky.Lebruitdevenaitdeplusenplusfort.Ilpassaitdevanttouslesmagasins.Etpuisj’aientenduencoreautrechose,unvéloavecdescartesdanslesrayons,àcôtédeBlacky,montéparpersonneluinonplus,quivenaitmechercher,sonbruitdeplusenplus fort,deplusenplus.Sousmonnombrill’élastiquedel’avionétaitdeplusenplusserré,deplusenplusserréetjetenaisJessicaetsesjambesétaientautourdemoietj’aidit:—N’ayepluspeur.Etelleadit:

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—J’aipluspeurmaintenant.Plusdutout,plusdutout.Dutout.Dutout.LebruitdevenaitplusfortetBlackyetlevéloserapprochaientetjesavaisqu’ils

allaient arriver. L’élastique était de plus en plus serré, aussi, et je pensais quej’allaismourir.J’étaispresquemort.Etpuisj’aivolé.Jem’aienvoléau-dessusdelamaison,etde larueetdeMaxwell,au-dessusde larueLauderetde l’école,au-dessus de tout, pour rejoindre Jessica. J’ai vu que j’y étais presque. J’y étaispresque.Etpuisj’yétais.Quelqu’unhurlait:—Oh,monDieu,ohmonDieu!Leslumièressesontallumées.Ellem’atirédulitetellem’alancécontrelemur

etlesangestsortidemafigure.J’aiglisséparterre.Toutcequej’aivuc’étaitsonsacetelleaagrippéJessicaetj’aihurlé:—Ne la touchezpas, ne la touchezpas !Et je l’ai battue,marteléeavecmes

poingsmaisellem’aencorejetéparterreetjepouvaispasmerelever.

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20.—Tonnumérodetéléphone!gueulaitlamèredeJessica.Jepensaisquejepouvaispasbouger,mafigureavaitdusangdessus.J’avaisenvie

dedégobiller.—C’estquoitonnumérodetéléphone?Tunecomprendspasl’anglais!(Elleme

serraitlebras.)Jeteparle!J’aifermélesyeuxetjem’aiévanoui.Jessicaétaitàgenouxsurson lit, la figuredans lescoussins.Ellepleurait,elle

pleurait.Ellearrêtaitpasdepleureretquandsamèreallaitpourlatoucherellelalaissaitpasfaire.—Commentest-cepossible,unechosepareille?disaitsamère.Maisquelsorte

d’animaldégoûtantes-tu,hein?Ilfautt’enfermer,temettrehorsd’étatdenuire.Maiscommentpeuventbienêtretesparentspouravoirélevéunmonstrepareil!Mais jevaism’occuperde toi !Attendsunpeu !Tune ferasplus teshorreursàpersonne,àpersonne!Niàmapetitefilleadoréeniàpersonne!Tum’entends!Tum’entends?Ellemetiraitenarrièreparlescheveuxpourmefairereleverlatête.—Tum’entends,hein,petitsaligaud!Jerevenaisàmoi.J’aiouvertlesyeux.—Sivouslatouchez,j’aimurmuré,jevoustuerai.Jesaispascommentelleaeulenuméromaiselleaappelémesparents.Elleadit

quej’avaisditquej’allaislatuer.Mamanman est venue et m’a mis dans la voiture. J’ai essayé de rester avec

Jessica,jem’aiaccrochéaulit,j’aipiquéunecrise,maisjepouvaispastenir.Quandonestarrivéà lamaison, il yavaitunagentdepoliceetmonpapa. J’aiparléàpersonne.Mamèrem’amis unmédicament sur la figure. Elle pleurait, jem’ensouviens.Jemesouviensqu’ilsm’ontmisaulitetquelemédecinestvenumedonnerdes

médicaments pour me faire dormir. J’arrivais pas à me lever. Je me souvienspresqueplus,mais jemesouviensdutéléphone, ilsonnait, ilsonnait, iln’arrêtaitpasdesonnercommedesclochesetj’entendaisquec’étaitlamèredeJessica.Lelendemainmonpèreetmamèrem’ontmisdanslavoitureetm’ontamenéici,

àlaRésidenceHomed’EnfantslesPâquerettes.Etilsm’ontlaissé.C’estlamèredeJessicaquilesafaitfaireça,jelesaientendusdirequ’elleavaitdequoiporterdesaccusationsprécises,maisaussiqu’eux-mêmespensaientquecelavalaitmieux.Jelesaientendus.Etmaintenantçafaitdeuxmoisquejesuisici.Hanoukahestpasséedepuistrois

semaines.J’aieudeshabitsdansuneboîtedemonpapaetdemamanman,laboîteétait entourée de ficelle. J’ai pris la ficelle et je l’ai nouée autour d’une demeschaussettesetjel’aiaccrochéeàmonmurcommeunpantin.Jen’écrisplus ici trèssouvent,maintenant,pasqueleDrNeveleyditquec’est

mieuxdeluiparlerpendantlesséances.JeneviensmêmeplustrèssouventdanslaSalledeRepos.J’enaiplusbesoin,jesaismemaîtriser.Rudyard a quitté la Résidence Home d’Enfants les Pâquerettes, mais il est

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revenu.Seulementjelevoispas,ilnevientpasdansmonaileouenSalledeJeux,ilestàl’étage.Jepenseàluiquandjevaisnager.Jesaisfairelanageduchien.Jevais l’apprendre à Câlinot le Singe quand je rentrerai chez nous. Il aime nagerseulementjelereverraijamais.IlétaitchezJessica.Jepensequesamèrel’atué.J’aivuRudyard.C’étaità l’étage.MmeCochranem’avaitemmenépourvoirun

autremédecin quimemontrait des photos etme demandait le nom des choses.C’étaituntest.Quandjesuissorti,Rudyardétaitdanslehallavecunenfant.Illetenaitdanssesbras,l’enfantfaisaitdesgrimaces.Ilm’aregardé.Jel’airegardé.Ons’estregardélongtemps.Etpuisiladit:—J’aiquelquechosepourtoi.Iladéposé lepetitpar terreet il s’est redressé. Ilm’aencore regardéet ila

plongésamaindanssapochearrière.—Çafaitunesemainequejemetrimballeavecça,jenesaismêmepaspourquoi.

DisauDrNevelequetul’astrouvéequelquepart.J’ai regardé, c’était une enveloppe.Quand j’ai de nouveau regardéRudyard, il

pleurait.Ilpleuraitpourmoi.Alorsj’aifaitquelquechose.J’aicollémamainsousmonmenton,commeça,etj’airemuélesdoigtspourluifaireleGrandSalut.Lepetits’estenfuilelongducorridoretRudyardluiacouruderrière.Auboutdu

corridor,ilestdevenudeplusenpluspetit.J’aiouvertl’enveloppe.Etpuisjel’airefermée.J’avaislesmainsquitremblaient.Pasquej’avaispeur.Cettenuitlàj’aipaspudormir.Allongédansmonlit,dansmonaile,jeregardais

leplafond.Ilyavaitunefenêtrededans.Unelucarnequeleslumièresducouloirs’yvoyaient.Alorsj’aientendulesconciergespartirpourchezeux.Ilsdisaientqu’ilsallaient

segeler lescouilles.Quandilsontétépartis,yavaitpluspersonne.Ilétait tard.Toutétaitcoi.ManniesuçaitsonpouceetHowierespiraitfortdanslelitprèsdumien. Etmoi je regardais la lucarne du plafond. Je la regardais, je la regardaisencore,jelaregardaistoujours.Jesuissortidemonlit.Sousmonoreiller,j’aiprislalettre,lalettredeJessica.Je

suisalléàlaporte.J’airegardédehors.Personne.Jesuisparti.Jelongeaislemur.Yavaitquelqu’undessus:monombre.Nousrasionslemur,moietmoi.J’allaisquelquepartavecmoi-même.J’aipasséuneporteoùqu’yavaitd’écritescalier.C’étaitunescalier.J’aimontéet

encoremonté.Mespieds faisaientdeséchosmais jem’aipasarrêté.Etpuis j’aipasséencoreuneporteetj’aitournéparici.Jesuisallétoutauboutducouloiretpuis j’ai encore tourné par ici. J’ai passé des portes en verre et j’étais dans unnouveauhall.Ilyavaituneinfirmièrederrièreunbureau.Ellelisaitunlivre.Ellem’apasvu.Alorsj’aipasséencoreuneporte.Àl’intérieurdelasalleyavaitunerangéedelits.Jesuisalléjusqu’audernierlitdelarangée.Cari était attaché, ils lui mettaient des courroies comme des ceintures. Il n’a

mêmepasessayédebougeruntoutpetitpeumaisilm’avaitvuavecsesyeux.Ilsétaientouverts. Iln’arrivaitpasàdormir luinonplus.Yavaitunechaiseplianteprèsdelafenêtre.Jel’aipriseetjel’aiouverteetjem’aiassisàcôtédulitdeCari.

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Ilmesouriait.J’avaispaspeur.—C’estmoi,jeluiaidit.DelaSalledeJeux,tutesouviens?Jet’aipoussé.Carin’ariendit.Sesyeuxontunpeutournéunefois,maisilmeregardait.— Je comprends pas grand-chose, je lui ai dit au sujet de Rudyard et du

DrNevele. Rudyardm’amontré comment nager et c’étaitmon ami,mais ilm’amentipourlemur,àproposdelirecequej’écrissurmonmur.Carisouriait.Jevoyaissonventreetsapoitrinesesouleveretredescendre.Du

bruitvenaitdesautreslits.Onauraitditdesbruitdechiots.C’étaitdesenfants.—EtleDrNevele.Ilnecomprendpaslesenfantsetiladitquejen’avaispasde

lettres.Illesvolaitetenplusilmentait.C’estpasbien.Cariacessédebouger.—Etmaintenantyapluspersonne.Jevoudraisêtrechezmoi.Jevoudraisn’être

nullepart.Je suis resté assis avec Cari le reste de la nuit. J’étais près de lui et il me

regardait,ensouriant,etjerestais.C’étaittrèscalmedanslasalle,trèsdoux,sansbruit,commesitoutlemondes’étaitenvolépourleparadis.Quand le matin est venu, je suis parti. J’ai retraversé le hall. Des infirmières

arrivaient,accrochaientleurmanteauaprèsl’avoirenlevé.JesuisalléàlaSalledeRepos.J’aiouvertlaporteetj’aiallumélalumièremaisyavaitquelqu’unlà,blottisurleplanchercontrelemur.Elles’estréveilléequandjesuisrentréetelles’estassiseetm’aregardéense

frottantlesyeuxetelleavaitl’aird’unpetitbébé,presque.Elleamisseslunettespourvoirquic’étaitetc’étaitmoi.—MadameCochrane.Elleavaitdes tasdemarquesetdepetitesridesd’avoirdormisur leplancher.

Elleétaitcommeétourdie.Elleaôtéseslunettespoursemasserlesyeux.Elleavouluselevermaiselleapaspu.Elleétaittropvieille.Jel’airegardée,elleétaitcommeunpetitenfant.Jesavaisqu’elleétaitvenuelàpourm’attendreparcequejen’étaispasdansmonlitetqu’ellem’avaitcherchépartout.Jel’observais.Ellenedisaitpasunmot.Elleétaitassisesansriendire,surlesol,devantlemursurlequelelleavaitécritIlvoulaitvoirs’envolerlesminutes.Jesavaisquec’étaitelle.J’avais très sommeil. J’ai éteint la lumière dans la Salle de Repos et je m’ai

allongé par terre près d’elle et elle a gardé son bras surmoi. Elle l’a gardé làpendantquejedormais.

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21.CherGulp!Jenesaispassijepourrait’écrireencoreavantuncertaintempsparcequemamèrem’emmènedans

uneécoleprivéedemain.C’est loin,enOhio.Elleditqu’ilyadestasd’enfantssympathiques là-basetquej’oublierai.Lemédecinde l’hôpital lui a conseillé dem’y envoyer. Il dit que cequi s’est passéme tourmentera

encore longtempsetpeut-êtreque j’auraidemauvaisrêves. Iladonnéàmamèredespilulespourmefairedormir.Lesoiroù je suis rentréede l’hôpitalellem’amiseau litdans sachambreetm’adonnémapilule.

Maisjel’aicachéedansmaboucheetdèsqu’elleestrepartiejel’aicrachée.Etquandelleaétépartiepourdebon, jemesuis levéeet je suisalléedansmaproprechambre. Jemesuiscouchéemais jenepouvaispasdormir.J’avaispeur.Etj’aientenduunbruit.Çam’aeffrayéeetj’aiallumélalampe.Alorsiladisparu.Maisquandj’aiéteintlalumière,ilestrevenu.J’avaistrèspeur.J’aivraimentécouté,écouté,l’oreilletendue.Ilfaisaitnoir,yavaitseulementuntoutpetitpeudelumièrequifiltraitdepuislarue.Etj’aivuCâlinot

leSingeassissurlereborddelafenêtreetregardantdehorscommetul’avaismis.Lebruitc’étaitlui.Ilchantait.

KoukaberraperchéDanslevieuxcaoutchoucRoidelabrousseRoidelabrousseRiskoukaberraRisgrandroiChantetajoie.

Jel’aiécoutéchantersansarrêt.Ilchantait,ilchantait,ilchantait.C’étaitdoux.Etquandjemesuis

endormie,j’airêvéd’arc-en-ciel.Jessica.

ChèreJessica,Unefois,j’avaiscinqans.C’étaitl’été.J’étaisrestédebouttardpasqu’ilyavaitpasécolelelendemain.

Etj’aifaitunmauvaisrêve.Jem’ai réveillé. Il faisait toutnoirdansmachambre. Il y avaituneombre sur leplacard.Tout était

silencieux.Jenemesentaispasbien.Jetranspirais.C’étaitfroidsurmoi.Jem’aiassisdansmonlitetj’aiattendu.Puisjesuissortidulit.J’aitenduledoigtdansladirectiondelaporteetj’ysuisallé.Jesuisallédans l’entrée en pyjama. Je suis resté dans le hall devant la petite veilleuse qui est au-dessus de lachambredemesparents. J’écoutais.Mais jen’entendaisrien.À l’intérieurde leurchambrec’était toutnoir.J’étaislà,enpyjama.J’airegardédanslachambredemesparentsmaisilfaisaittoutnoir.J’aiécouté

etjen’aipasentenduunseulbruit.Alorsj’aiditquelquechose,très,trèsdoucement,dansl’entrée:Iln’yapersonne,là-dedans?

Gulp.

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4ecouvertureUn roman d’amour. Raconté par un garçon de huit ans, qui dérange et

bouleverse…Gil, victime de la bêtise des adultes qui transforment ses rêves ensymptômescliniques,etsonamourenattentat.Àcausedecequ’ilafaitàJessica,ilseretrouveàlaRésidenceHomed’Enfants«lesPâquerettes».Unehistoireàrireetàpleurer,dansunelanguemerveilleusementpréservée.HowardButen, l’auteur,abandonnasesétudesà l’UniversitéduMichiganpour

devenir… clown ! Il parcourt les États-Unis en tant que mime, chanteur,ventriloque,clownmusical,ets’occupeenmêmetempsd’enfantsautistiquespourlesquelsilainventéuneméthodethérapeutiqueoriginale.TextefrançaisdeJean-PierreCarasso.

[1]Desécoliersde12à15ansquisurveillentlasortiedesécolesdanslesbanlieuesaméricainespourfairetraverserlesgosses

(N.d.T.).[2]Associationchrétiennedejeunesgens(N.d.T.).