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QUAND LES FEMMES PARLENT DE LEUR SANTÉ JS Louise Guyo ?^^

QUAND LES FEMMES PARLENT DE LEUR SANTÉ JS€¦ · Quand les femmes parlent de leur santé/Louise Guyon, — Québec Publications du Québec, 1990. ... soit parce qu'elles sont

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QUAND LES FEMMES

PARLENT

DE LEUR SANTÉ J S

Louise Guyo

? ^ ^

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tnstltil national de santé publique du Québec 4835, avenue Christophe-Colomb, bureau 200

Mofitréil (Québec) H2J3G8

Tél.: (514) 597-0606

QUAND UES FEMMES

PARLENT DE LEUR SANTÉ

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Bibliothèque Administrat ive Ministère des Communica t ions

ÉLÉMENTS DE CATALOGAGE AVANT PUBLICATION

Giiyon, Louise.

Quand les femmes parlent de leur santé /Louise Guyon , — Québec Publications du Québec , 1990.

(Réalités féminines) «Réalisé par ic Ministère de la santé et des services sociaux» — Verso de la p . de t. Bibliogr.

ISBN 2-551-1 *054-4

l Eemmes — Santé et hygiène — Québec (Province) — Statistiques. I. Québec (Province). Ministère de la santé et des services sociaux,

IL Titre n i . Collection.

S2 Al G88

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LJCS PUBLICATIONS

DU QUÉBEC

QUAND LES FEMMES

PARLENT DE LEUR SANTÉ

Louise Quyon

Québec EMta

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Le contenu de cette publication a été réalisé par le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Cette édition a été produite par:

Les Publications du Québec 1279, boul. Charest Ouest Québec (Québec) GIN 4K7

Conception de la couverture: R-Desing

Dépôt légal — 1" trimestre 1990 Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada ISBN; 2-551-14054-4

® Gouvernement du Québec

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Remerciements de l'auteure Les personnes suivantes ont été associées à l'élaboration de cette monographie et m'ont aidée à différents moments de sa réalisation; je les en remercie toutes très chaleureusement:

Lise Dunnigan et Marie Leclerc, du Service à la condition féminine du ministère de la Santé et des Services sociaux, qui m'ont encouragée à entreprendre cet ouvrage et qui l'ont suivi dans toutes ses étapes.

Les membres du comité de lecture, Renée Bnen-Dandurand, Donna Cherniak, Françoise David et Pierre Montambault, auxquels se sont jointes May Clarkson, Maria DeKoninck, Sylvie Dillard et MicheHne Boivin.

J'ai également profité des commentaires de Chantai Brouillette, Christine Collin, Suzanne Fontayne et Jeanne-D'Arc Vaillant.

Je tiens aussi à souligner l'excellent travail de Nathalie Bergeron, qui m'a assistée dans les opérations d'analyse.

Je remercie Aline Émond, qui m'a permis d'utiliser les données de l'enquête Santé Québec, ainsi que Louise Légaré et Michel Lévesque, pour les ressources informatiques.

Je suis redevable aux nombreux auteurs et auteures du rapport Et la santé, ça va ? et des six monographies tirées de l'enquête Santé Québec 1987, que j'ai très largement pillés et cités.

Je remercie enfin Madeleine Gagnon, qui a dactylographié les tableaux en annexe.

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Préface En 1987, le ministère de la Santé et des Services sociaux a réalisé, conjointement avec les 32 départements de santé communau­taire du Québec, la première grande enquête de santé auprès de la population. Les principaux résultats de l'enquête Santé-Québec ont été publiés dans un rapport intitulé «Et la santé ça va?» ainsi que dans six monographies consacrées à des groupes de population particuliers, soit les personnes âgées, les personnes défavorisées, les personnes vivant seules, les jeunes, les familles monoparentales et les communautés culturelles.

Le présent ouvrage est une initiative du Service à la condition féminine du ministère de la Santé et des Services sociaux. Il correspond à une volonté de rendre les données de cette enquête accessibles à un plus grand nombre de personnes intéressées à la santé des femmes, au-delà des milieux spécialisés en recherche socio-sanitaire.

La première analyse des données de l'enquête a bien fait voir que dans l'ensemble, les femmes et les hommes n'ont pas les mêmes profiles de santé et qu'ils présentent souvent des différences particulièrement marquées à l'intérieur de certains groupes d'âges ou groupes socio-économiques.

Il est essentiel de connaître ces profils particuliers pour tous ceux et celles qui travaillent ou étudient dans le domaine de la santé et des services sociaux. Ainsi le Ministère élabore présentement une politique de santé dont plusieurs éléments touchent les femmes au premier plan, soit parce qu'elles sont affectées par certains problèmes en plus grand nombre (comme dans le cas des maladies ostéo-articulaires) ou selon des conditions différentes des hommes (comme dans le cas de la consommation de tabac ou d'alcool).

Mais les données de l'enquête Santé-Québec peuvent également intéresser quiconque cherche à mieux comprendre les comportements liés à la santé chez les femmes en fonction de leur environnement social et économique; mieux comprendre permet ensuite de mieux agir autant en termes de prévention,

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VIII I Quand les femmes parlent de leur santé

de promotion ou d éducation, que de développement de services, d ' intervention profcssionneUe ou d 'action communautaire.

Le présent ouvrage a donc été écrit dans un langage accessible et conçu comme un outil facile à manier. II présente sous forme visuelle les données les plus pertinentes de l 'enquête, relativement à l'état de santé des femmes; ces données sont assorties d'une analyse succincte qui les met en lien avec d'autres études, développe une perspective d'ensemble et suggère à l'occasion des pistes de recherche ou d'action.

Je souhaite que cette publication soit utile à un public très large et qu'elle contribue à soutenir le travail de tous ceux et celles qui veulent jouer un rcMe dans la réduction des inégalités sociales face à la santé.

^k(U-^4'Â-Marc-Yvan Côté Ministre de la Santé et des Services sociaux

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Table des matières

Liste des tableaux XIII Liste des graphiques XV Lexique XIX Introduction 1 Références 137

Première partie Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie 9 Les années de vie 11 L'espérance de vie à la naissance et à différents âges . . 11 L'espérance de vie sans incapacité 13 Faits saillants 15

La santé physique 15 Une mortalité de plus en plus tardive 16 Les problèmes de santé 18 Faits saillants 18 Les «maladies de femmes» 22 Des facteurs associés à la santé 25 Les femmes croient-elles à la prévention? Z6 Faits saillants 28

La santé psychologique 28 Souffrir de dépression sévère 31 La détresse psychologique 31 Les pensées et les gestes suicidaires 34 Des événements générateurs de stress 36 L'environnement social 38 Maladie ou souffrance... un diagnostic complexe 38 Faits saillants 41

Des habitudes qui agissent sur la santé 41 La consommation d'alcool 43 L'usage du tabac 47 Une question de poids 51 Faits saillants 55

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Quand les femmes parlent de leur santé

Les hauts et les bas de la ménopause 56 Faits saillants 62

La consommation de médicaments 62 Faits saillants 66

La consommation danovulants et d'hormones 66 Faits saillants 68

Quand les femmes parlent de leur santé 68

Deuxième partie Y a-t-il des femmes différentes ? 73 Les jeunes femmes 77 L'usage du tabac 78 La consommation d'alcool 80 Une image de soi hypocalorique 83 La santé psychologique 85 Faits saillants 88

Les femmes âgées 88 Être plus pauvre, plus longtemps . 89 Quand on n'a plus la santé 9I Quand le moral nous lâche 92 Les petites pilules de bonheur 93 Faits saillants 95

Les femmes de milieux défavorisés 95 Un groupe particulier 95 Être pauvre, malade et... femme 97 Pauvreté et détresse j00 Le recours aux services et la consommation de médicaments 101 Le luxe de la prévention 103 La pauvreté, un monde à part 108 Faits saillants IO9

Les femmes en situation de monoparentalité 110 Un portrait de famille 111 La santé physique 113 L'univers affectif de la monoparentalité U4 La recherche de solutions 116 Des citoyennes de seconde classe , . 117 Faits saillants 118

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l'able des matières I XI

Les femmes des communautés culturelles I l 9 Qui sont-elles? 120 La santé est-elle fonction de la culture? 121 Une vision différente du corps 142 Des comportements préventifs qui évoluent 124 Faits saillants 127

Les femmes et la santé: morcellement ou homogénéité 128

Conclusion 131

Annexes 145 Annexe 1 Description de l'enquête Santé Québec . . . 147 Annexe 2 Tableaux de fréquences 153

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Liste des tableaux

lablcau 1 espérance de vie à la naissance dans différents pays, 1982-1985 . . 11

Tableau 2 Espérance de vie au Québec en 1980-1982 et 1987 12

Tableau 3 Espérance de vie sans incapacité au Québec en 1987 H

Tableau -i Prévalence des dix principaux problèmes de santé selon le sexe, Québec, 1987 20

Tableau S Incidence des principaux sièges de cancers en 198S (taux pour 100 000 personnes) 22

Tableau 6 Prcvalence de certains problèmes de santé chez les femmes âgées de 1 5 ans et plus, Québec, 1987 23

Tableau " Proportion des femmes âgées de 15 ans et plus ayant déjà subi certains examens préventifs, Québec, 1987 27

Tableau 8 Prévalencc de la dépression sévère chez les personnes âgées de 15 ans et plus vivant à domicile, selon l'âge et le sexe, Québec, 1987 . . . 31

lableau 9 Événements stressants de la vie selon le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 37

Tableau 10 Détresse psychologique élevée et intégration sociale, selon le sexe et l'âge, Q>uébec, 198"^ 39

Tableau 1 î Types de buveurs selon le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1978-1979 et 198:? 44

Tableau 12 C:atégories de poids selon l'âge et le sexe, population âgce de 15 ans et plus. Québec, Î987 51

Tableau 13 Type de fumeurs selon l'âge et le sexe, population àgee de 15 ans et plus, Québec, 1987 78

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XIV I Quand les femmes parlent de leur santé

Tableau H Quantité hebdomadaire d'alcool consommé, selon l'âge et le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 80

Tableau 15 Désir de maigrir chez les personnes dont le poids actuel est normal ou insuffisant, selon Tàge et le sexe, Québec, 1987 84

Tableau 16 Indice élevé de détresse psychologique selon certaines situations, chez les femmes âgées de 15 à 24 ans, Québec, 1987 86

lableau 17 Prévalence des principaux problèmes de santé selon l'âge, femmes âgées de 65 ans et plus. Québec, 198^ 9

Q >

Tableau 18 Détresse psvchologique élevée selon le grcuipe d'âge et le sexe, Québec, 1987 93

Tableau 19 Répartition de la population selon le sexe et le niveau économique, population âgée de 18 ans et plus, Québec, 198" 97

Tableau 20 Utilisation des services de santé et .services sociaux selon le type de famille et selon deux enquêtes, Québec, 1987 116

Tableau 2 ! Poids réel et poids désiré selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 123

Tableau 11 Fxamen des seins par un professionnel, selon r(^rigine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 198" 126

Tableau 23 Auto-examen des seins .selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 126

Tableau 2^ Mammographie selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 198" 127

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Liste des graphiques Graphique 1 Espérance de vie sans incapacité et ses comptisantes 13

Graphique 2 Espérance de vie et ses composantes, .selon le .sexe, Québec, 1987 15

Graphique 3 Lieux de consultation selon le sexe, Québec, 1987 26

Graphique 4 Personnes ayant un score élevé de détresse psychologique selon le sexe et le groupe d'âge, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 32

Graphique 5 Perst)nnes ayant un score élevé de détresse psychologique selon certaines caractéristiques socio-sanitaires et le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec. 1987 33

Graphique 6 Prévalence des idées suicidaires et des tentatives de suicide au cours des douze derniers mois, selon le sexe et l'âge, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 35

Graphique 7 Prévalence des idées suicidaires et des tentatives de suicide au cours des 12 derniers mois, selon le sexe et le statut matrimonial, Québec, 1987 36

Graphique 8 Problèmes liés à l'alcool, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 45

Graphique 9 Facteurs associés à la dépendance alcoolique selon le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 46

Graphique 10 Proportion des gros fumeurs selon le sexe, Québec, 1965 à 1987 ^8

Graphique 11 Habitude de fumer selon le sexe et le groupe d'âge, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 49

Graphique 12 Fumeurs réguliers selon certaines caractéristiques socio-économiques, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 50

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XVI I Quand les femmes parlent de leur santé

(Graphique 13 Désir de maigrir et poids réel selon le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec. 1987 52

Graphique 14 Prévalence d'obésité .selon certains facteurs socio-écon<")miques. population âgée de 1 5 ans et plus, Québec, 1987 53

Graphique 15 Régime .selon la catégorie de poids et le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec. 198"" 54

Graphique 16 Problèmes de santé reliés â la ménopause selon l'âge, femmes âgées de 15 ans et plus. Québec, 198"" 58

Graphique 1 " Proportion des femmes ayant un indice de détresse psychologique élevé et ménopause selon Tàge. Québec, 198"" 59

Graphique 18 (x)nsultation de professionnels et ménopau.se. femmes âgées entre 1 5 et 54 ans, Québec, 198" 59

(iraphique 19 (Consommation d'hormones pour la ménopau.se chez les femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 198^ 60

Graphique 20 Con.sommation de certains médicaments et ménopause, femmes âgées de 15 à 5-1 ans, Québec, 198" 61

Graphique 21 Taux de consommation selon la classe de médicaments et le sexe, Québec, 1987 (taux/100) 64

(iraphique 11 Proportion des femmes qui prennent des contraceptifs oraux entre 1 5 et 6-4 ans, C *-ï 'hec, 198" 66

(iraphitjue 23 Consommation de contraceptifs oraux selon l'âge et le tabagisme femmes âgées de 15 â w ans, Québec, 198^ ' 57

Ciraphiquc l•^ Risques élevés face à la consommation d'alcool, selon l'âge et le sexe population de 15 ans et plus, Québec, 1987 ' ^1

(Graphique 25 Niveau élevé de détresse psychologique chez les buveurs â risque selon l'âge et le sexe, population de 15 ans et plus, Québec, 1987 82

Ciraphique 26 (Catégories de [loids chez les adolescentes et les jeunes femmes (,)uébec, 1987 " ^^

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Liste des graphiques 1 XVII

Graphique 27 Niveau de détresse psvchologique élevé selon l'âge et le sexe, Québec, 1987 ' 86

Graphique 28 Niveau de revenu chez les personnes âgées de 65 ans et plus selon le sexe et le fait de vivre .seul ou non, Québec, 1987 90

Graphique 29 Principaux types de médicaments utilisés par la population âgée de 65 ans et plus, selon le sexe, Québec, 1987 94

Graphique 30 hidicc de santé globale* selon le niveau socio-économique, femmes âgées de 18 ans et plus, Québec, 1987 98

Graphique 31 Indice de santé globale chez les personnes très défavorisées et favorisées âgées de 18 ans et plus, .selon le sexe et l'âge, Québec, 1987 98

Graphique 32 Principaux problèmes de .santé chez les femmes âgées de 18 ans et plus, selon deux groupes socio-économiques, (Québec, 1987 . . . 99

Graphique 33 Niveau élevé de détresse psychologique selon le niveau socio-économique et le sexe, personnes âgées cle 18 ans et plus, Québec, 1987 100

Graphique 3-+ iNiveau élevé de détresse psychologique selon l'âge chez les femmes âgées de 18 ans et plus de milieux très défavorisés, Québec, 1987 100

Graphique 35 Médicaments prescrits selon l'indice de défavorfsation. femmes âgées de 18 ans et plus, Québec, 1987 102

Graphique 36 Taux de consommation de médicaments prescrits chez les personnes très défavorisées âgées de 18 ans et plus selon l'âge et le sexe . . . . 102

(ïtaphique 37 Femmes âgées de 18 ans et plus qui n'ont jamais eu de test de Pap, .selon le niveau socio-économique et l'âge, Québec, 1987 104

Graphique 38 Pourcentage de femmes qui prennent des anovulants selon le niveau socio-économique et l'âge, Québec, 1987 105

Graphique 39 Répartition des femmes âgées de 18 ans et plus qui n'ont jamais eu d'examen des seins par un professionnel selon le niveau socio-économique et l'âge, Québec, 1987 106

Graphique 40 Répartition des femmes âgées de 18 ans et plus qui n'ont jamais pratiqué l'auto-examen des seins, selon le niveau socio-économique et l'âge, Québec, 1987 107

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XVIII I Quand les femmes parlent de leur santé

Graphique 41 [description des familles québécoises .selon le type et certaines caractéristiques socio-économiques, Québec. 1987 . , , 112

Graphique 42 Perception de l'état de santé selon le genre de famille chez les femmes âgées de 1 5 ans et plus, Québec, 1987 113

Graphique 43 Satisfaction envers la vie sociale et niveau de bonheur .selon le type de famille, chez les femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 114

Graphique 44 Détresse psychologique élevée et pensées suicidaires selon le type de famille, chez les femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, Î987 . . î 15

Graphique 45 Répartition des femmes selon l'origine et l'âge, Québec, 1987 , , . , 120

(graphique 46 État matrimonial selon l'origine, Québec, 198" 120

Graphique 47 Perception de la .santé selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 122

Graphique 48 indice pondéral selon l'origine et le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 198" 122

Graphique 49 Test de Pap selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus Québec, 1987 124

Graphique 50 Prévalence du test de Pap', selon l'origine et l'âge, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 198" 125

Graphique 51 Pri.se d'hormones .selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus Québec, 1987 '_ i25

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Lexique Buveurs habituels Personnes qui consomment régulièrement de l'alcool, au moins une fois par mois, indépendamment de la quantité consommée.

CAGE Indice permettant de définir les buveurs à risque à partir de quatre questions (Cahier technique 87-03 de Santé Québec). Voir «problêmes reliés à l'alcool».

Céphalées Maux de tête.

Dépendance à F alcool Indice déterminé à partir du mode de consommation patho­logique et du handicap de fonctionnement professionnel ou social associé à la consommation excessive d'alcool. Il s'inspire de la définition diagnc^stique de la dépendance à l'alcool (DSM ni) utilisée en psychiatrie.

Détresse psychologique Voir «score de détresse psychologique».

DSM III Diagnostic and Statistic Manuaî of Psychiatrie Disorders, 3 ' édition.

Échelle de stress Voir «indice d'événements stressants».

Espérance de vie à la naissance Nombre moyen d'années que les personnes d'une même génération peuvent espérer vivre à compter de la naissance.

Espérance de vie en bonne santé Voir «espérance de vie sans incapacité».

Espérance de vie sans incapacité Nombre moyen d'années qu'une persoiine peut espérer vivre

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XX I Quand les fe^nmes parlent de leur santé

sans aucune limitation de son activité, c'est-à-dire sans inca­pacité, transitoire ou permanente, et hors de toute institution.

État de santé global Voir «indice de santé globale».

Etat de santé minimal Score le plus bas de l'indice de santé globale, caractérisé par la présence de problèmes de santé physiques ou psychologiques avec des difficultés fonctionnelles.

État de santé optimal Score le plus élevé de l'indice de santé globale, caractérisé par l'absence de problêmes de santé physiques ou psychologiques.

Fichier des tumeurs du Québec Banque de données qui contient les statistiques sur les cas de tumeurs répertoriés par les professionnels de la santé.

Indicateur de santé Descripteur quantitatif d'un phénomène donné (fréquence d'un facteur de risque ou d'une maladie, par exemple). Il permet de mesurer le niveau ou les variations de Fétat de santé des individus ou des collectivités. Il peut s'appliquer aussi bien à des personnes bien portantes qu'à des malades.

Indice global Mesure composite regroupant les données partielles de plusieurs indicateurs (exemple: l'indice de .santé globale, qui regroupe des indicateurs d'incapacité, de problèmes chroniques, de sympt()mes, etc.).

Indice de saines habitudes de vie Score obtenu à partir de cinq habitudes de vie : consommation de cigarette, d'alcool, exercice physique, habitudes de sommeil et poids corporel.

Indice d'événements stressants Score obtenu à partir du nombre d'événements stressants survenus au cours des douze derniers mois et du niveau de stress ressenti par les individus. Cet indice, inspiré de l'échelle de Holmes et Rahe, a été créé à partir du questionnaire de Santé Québec.

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Lexique I XXI

Indice de santé globale Score de santé obtenu à partir de réponses à différentes questions sur l'incapacité, la présence ou l'absence de problèmes de santé ou de symptê>mes. Cet indice a été adapté de la méthode dite des « ridits » mise au point par le Département de santé publique de l'État de Californie. La santé y est vue de façon globale et elle varie sur un continuum allant d'un état minimal à un état optimal. L'indice correspond à la probabilité pour chaque individu d'avoir un état de santé pire ou meilleur que celui des personnes de son groupe de référence (ex. : groupe (j'âge, niveau socio-économique).

Mammographie Examen radiologique (rayons X) des seins, habituellement dans le but de dépister des tumeurs.

Niveau de revenu Indice socio-économique obtenu à partir du revenu familial et du nombre de personnes par ménage.

Niveau élevé de détresse psychologique Niveau le plus élevé du score de détresse psychc^logique caractérisé par un plus grand nombre de symptômes psychologiques ou physiques que l'on pense être reliés à des désordres psychiatriques (voir le Cahier technique 87-06 de Santé Québec).

Prévalence Nombre de cas d'une maladie donnée ou de personnes atteiiites de cette maladie ou de tout autre événement morbide (accident ou suicide, par exemple) dans une population déterminée, à un moment donné ou au cours d'une période donnée, sans distinction entre les nouveaux cas et les cas anciens.

Problèmes psychologiques sévères Affections mentales chroniques qui génèrent des coiJts sociaux importants : déficience mentale, troubles psychotiques sévères, dépression, confusion et pertes de mémoire.

Problèmes reliés à l'alcool Indice définissant les risques reliés à la consommation d'alcool. Il s'obtient à partir de renseignements sur les comportements,

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XXII I Quand les femmes parlent de leur santé

les sentiments et les problèmes liés à une consommation excessive. Il a été créé dans le cadre de recherches cliniques en Angleterre et aux États-Unis et repris dans l'enquête Santé Québec. Cet indice est aussi appelé CAGE.

Psychotropes Médicaments agissant sur le système nerveux central, tels les tranquillisants.

Quételet Indice pondéral basé sur le rapport entre le poids et le carré de la taille d'une pers(jnne; c'est une mesure largement utilisée dans les enquêtes (Body Mass Index). Elle permet de définir quatre catégories: l'insuffisance de poids, le poids normal, l'excès de poids et l'obésité.

Score de détresse psychologique Score obtenu à partir de réponses à une grille de 28 questions développées par F.'VC . llfeld et adaptée au questionnaire de Santé Québec, La détresse psychologique est associée aux états dépressifs, aux états anxieux et à certains symptômes d'agressivité et de troubles cognitifs. Elle ne mesure pas de diagnostics précis mais tente d'estiiner la fréquence de gens ayant des symptômes assez nombreux ou intenses pour se classer dans un groupe très probablement à risque d'être à un niveau de détresse psychologique qui nécessite une intervention.

Taux Nombre des événements (maladie, décès, etc.) survenus dans une population donnée durant une période déterminée, rapportés à l'effectif de cette population pour la même période.

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Introduction

Cette publication s'adresse en premier lieu à l'ensemble des femmes du Québec. Elle présente les principaux résultats de l'enquête Santé Québec de 1987 dans la perspective de la situation particulière des femmes. Il nous est apparu conséquent de réaliser cette étude, d'une part comme un juste retour à la participation de ces dernières à cette enquête puisque 70 % des répondants étaient des femmes est que la quasi-totalité des interviewers et des coordonnateurs de terrain étaient aussi des femmes. D'autre part, elles sont les principales utilisatrices des services de soins et se sont toujours préoccupées de l'amélioration de leur état de santé et de celui de leurs proches.

Les femmes sont aussi très présentes dans les activités de dispensation de soins et de services, autant à l'intérieur du réseau public de santé qu'au niveau des organismes communautaires. C'est pourquoi cette monographie s'adresse également aux intervenantes et aux travailleuses de la santé et des services sociaux et aux étudiantes qui se préparent à suivre leurs traces.

Enfin, en interprétant les données de l'enquête Santé Québec à l'aide de la réflexion actuelle sur la santé des femmes, cette étude tente de joindre ceux et celles qui ont le désir de poursuivre cette réflexion et d'y apporter leur propre contribution.

Quand les femmes parlent de leur santé est donc d'abord une présentation des données de l'enquête Santé Québec de 1987 sur les femmes. Elle vise à faire connaître la banque de données constituée à la suite de cette enquête et à faire ressortir des possibilités pour la planification des services et des programmes destinés aux femmes ainsi que pour la recherche.

Cet ouvrage présente également des données nouvelles sur l'état de santé des femmes, leurs habitudes de vie, leur environnement socio-sanitaire, leur mode d'utilisation des services de santé, et dépeint la situation de certains groupes de femmes considérées plus vulnérables face à certains problèmes. Les données retenues ne constituent pas l'ensemble des possibilités d'analyse de l'enquête Santé Québec, qui pourraient à elles

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Quand les femmes parlent de leur santé

seules faire l'objet de plusieurs publications, mais elles apportent des informations sur certaines problématiques qui ont été au coeur des préoccupations relatives à la santé des femmes depuis quelques années,

La source première des données présentées est donc l'enquête Santé Québec, mais les résultats sont mis en relation avec des données antérieures, particulièrement celles qui proviennent d'autres enquêtes ou des banques de données habituellement utilisées, telles les données sur la consommation des services, lis sont aussi analysés à la lumière de la réflexion sur la santé des femmes développée au cours des dernières décennies. Cette approche permet de bien préciser l'apport d'une enquête auprès de la population à l'analyse des conditions de vie particulières aux femmes. Elle permet en même temps de dégager des pistes de recherche et des hypothèses pour expliquer les phénomènes observés. Bref, elle ajoute de la chair autour de la structure de base que représente une étude quantitative telle qu'une enquête de santé.

Le fait de donner la parole aux femmes pour exprimer leur état de santé est la grai^de particularité de cette étude, jusqu'à présent, très peu d'enquêtes générales de santé ont été menées auprès de la population et, au Québec môme. Santé Québec constitue une première en ce domaine. Les enquêtes partielles et surtout les statistiques de consommation de soins et de services ont servi de toile de fond aux analyses qui ont été menées au cours des années précédentes. Les études qui en ont découlé ont été fort précieuses car elles ont mis en évidence un ensemble de situations qui ont à leur tour questionné profondément la place faite aux femmes dans notre société, l'environnement socio-économique et les modes de consom­mation et de praticjue en matière de santé.

C'est ainsi que l'on a pu documenter et interpréter certaines constantes qui se dégageaient de l'analyse des grandes banques de données:

— Les femmes ont une espérance de vie plus élevée que celle des hoinmes.

— Elles ont des taux de mortalité plus faibles que ceux des hommes,

— Elles déclarent plus de problèmes de santé qu'eux.

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Introducrîon I 3

— Elles semblent avoir plus de problèmes de santé mentale, — Elles utilisent plus souvent les services socio-sanitaires

ambulatoires. — Elles ont des taux plus élevés d'hospitalisation. — Elles consomment plus de médicaînents,

Depuis les années soixante-dix, les analystes de la santé des femmes ont mis de l'avant un certain nombre d'hypothèses pour tenter d'expliquer ces différences, (x\s hypothèses se basent sur:

— des analyses culturelles (C^ooperstock, 19""!): la culture féminine permettrait plus facilement l'expression de l 'émotion, des sentiments et de la vulnérabilité. Par conséquent, la maladie ne serait pas chez elles, contrairement à leurs compagnons, vue comme une manifestation de faiblesse, ce qui expliciuerait. en partie, la plus grande facilité des femmes à déclarer leurs maladies et leurs souffrances.

— des analyses sociologiques (Bellotti, 1974): la socialisation des femmes au cours de leur enfance les porterait à prendre les autres en charge. Le fait de rechercher de l'aide pour leurs proches et pour elles-mêmes les amènerait à utiliser plus souvent les services sociaux et de santé.

^ des analyses nonnatives: rexpressi(in de la spécificité féminine est souvent perçue comme déviante par la profession médicale, tout comme d'ailleurs par une bonne partie de la société, ce qui expliquerait la tendance de la première à «pathologiser» des comportements jugés non conformes à la ncjrme s(4ciale (Broverman et al., 1970).

— des analyses axées sur le concept de professionnalisation: au cours du XX' " siècle, de nombreux aspects de la vie biologique des femmes, particulièrement ceux qui étaient liés à la reproduction, ont été progressivement pris en charge par les experts médicaux. II en est résulté une tendance à donner un caractère pathologique, ou du moins susceptible de l'être, à des phénomènes Cjui tenaient plutôt de la vie physiologique normale. C'est ainsi que la contraception, la naissance, la ménopause et de plus en plus la fécondation entrent dans le champ de l'expertise médicale (DeKoninck, 1988). Cette tendance a débordé le domaine de la reproduction pour s'étendre à d'autres aspects telles l'image corporelle et surtout la santé psychologique (Guyon et al., 1981).

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4 i Quand les femmes parlent de leur santé

L'enquête de santé apporte un élément essentiel à la compréhension de cette dynamique en proposant la perception même du sujet d'étude, c'est-à-dire la description que les répondantes font elles-mêmes de leur état de santé, de leur mode de vie, de leur accès aux soins. Un des acquis les plus importants d'une telle démarche est la possibilité de j(4indre l'ensemble des femmes et non plus seulement celles qui figurent sur les registres de services.

Il nous faut en même temps accepter les limites de cette approche. La définition que les femmes donnent de leur état de santé ne peut être totalement neutre, elle est aussi influencée par l'environnement socio-culturel, par l'expérience de vie et par le contact avec le discours médical. Quel que soit l'aspect sous lequel on tente de Laborder, la définition sera toujours teintée. Mais on peut penser que ces différents aspects «subjectifs» (y compris le diagnostic médical qui contient lui aussi sa propre version) recouvrent une réalité bien concrète et surtout bien ressentie par la personne qui s'exprime. En définitive, la perception que les feinmes ont de leur santé, et les mots qu'elles utilisent pour le dire, sont des éléments essentiels à la compréhension de leur réalité et, à ce titre, font partie des outils nécessaires à l'élaboration de politiques et de programmes de santé.

Pourquoi une enquête de santé? Avant de présenter les résultats de l'enquête Santé Québec 1987, il peut être utile de rappeler brièvement les aspects généraux des grandes enquêtes (le santé auprès de la population et de voir la contribution originale qu'elles apportent à la ct^ïnnaissance sur l'état de santé des personnes.

Les caractéristiques d'une enquête de santé: limites et possibilités

Une enquête de santé apporte des données sur l'ensemble de la population, â un moment donné, à partir de renseignements factuels rapportés par les individus eux-mêmes ou par une tierce personne en vue d'établir le profil des problèmes de santé prévalents dans la population, Elle se base donc sur la perception que les individus ont de leurs propres problèmes plutôt que

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Introduction

sur des mesures dites «objectives» obtenues à partir des diagnostics établis par des professionnels.

Les enquêtes de santé offrent de grandes possibilités :

D'abord, elles permettent d'obtenir des données inaccessibles par tout autre système d'information: par exemple, elles rejoijïnent les personnes qui n'ont fait appel à aucun des services de l'Etat.

Ensuite, par la collecte de renseignements différents pour une même personne, elles permettent des croisements entre divers éléments, notamment entre les données de santé, les variables socio-économiques et la consommation de services, ce qui ne peut être fait à l'intérieur des fichiers plus spécialisés.

Enfin, lorsqu'elles sont répétées à intervalles réguliers, elles offrent la possibilité de suivre des indicateurs de santé* dans le temps et d'inférer des liens de causalité entre les divers phénomènes étudiés.

Elles ont cependant certaines limites:

Premièrement, si l'on recherche des prévalences* exactes de problèmes de santé, les enquêtes ne sont pas considérées comme une source vraiment objective de données puisqu'elles sont basées uniquement sur la perception qu'ont les gens de leur santé.

Deuxièmement, les enquêtes de santé générale ne peuvent toucher que superficiellement certains sujets qui ne pourraient être cernés que par un grand nombre de questions, ce qui nécessiterait des entrevues d'une durée trop longue.

Troisièmement, elles ne peuvent vraiment évaluer certaines dimensions qui se prêtent mal à l'investigation par questionnaire, par exemple les questions sur la vi(3lence domestique auxquelles les gens répugnent encore à répondre.

Quatrièmement, malgré l'intérêt des croisements multiples qu'elles permettent, on ne peut les traiter en analyse longi­tudinale. Autrement dit, on ne peut inférer directement de lien de cause à effet entre les diverses variables, on pourra tout au plus dire qu'elles sont probablement associées.

Les résultats de l'enquête nous apprendront, par exemple, combien de femmes ont déclaré souffrir d'un cancer du poumon

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6 I Quafid les femmes parlent de leur santé

et si elles sont plus ou moins que les hommes atteintes par cette maladie. On pourra également comparer les atteintes de ce type de cancer chez les fumeuses et les non-fumeuses, et constater un plus grand nombre de cancers chez les habituées du tabac, mais on ne pourra en déduire que cette habitude est directement responsable de ces cancers. Pour cela, il faudra se référer à d'autres types d'analyses qui observent, sur un certain nombre d'années, les comportements et les atteintes à la santé qui en résultent. Par contre, en comparant les résultats d'une enquête particulière à ceux d'autres enquêtes antérieures, ( n peut vérifier l'évolution du cancer du poumon et du tabagisme et poser des hypothèses explicatives ou suggérer des pistes de recherche.

L'enquête Santé Québec 1987 est la première enquête générale de santé d'envergure au Québec. Sans avoir développé une approche particulière sur la santé des femmes, elle offre des possibilités d'analyse multiples et fort intéressantes pour ceux et celles qui sont intéressés à accroître leurs connaissances et leur compréhension sur le sujet. Santé Québec, c'est 32 000 femmes et hommes, choisis dans 11 000 ménages privés répartis sur l'ensemble du territoire québécois, et qui sont représentatifs de l'ensemble de la population. Ils ont été questionnés sur leur état de santé physique et mental, sur leurs habitudes de vie, sur leur environnement et sur leurs différents recours aux soins. On trouvera à l'annexe 1 une présentation détaillée de l'enquête et des instruments utilisés lors de la cueillette.

Quand les femmes parlent de leur santé

-..mode d'emploi

Cette publication comporte deux parties principales. La première analyse certains aspects de la santé des femmes qui présentent des caractéristiciues particulières et sur lesquels renquête Santé Québec apporte des éléments nouveaux: ce sont l'espérance de vie, les principaux problèmes de santé, la santé psychologique, la consommation d'alcool et de tabac, le poids corporel, la ménopause, la consommation de médicaments et de contraceptifs oraux. La seconde s'attache à des groupes particuliers de femmes qui présentent une plus grande vulnérabilité à certains égards; ce sont les adolescentes, les femmes âgées, les femmes de milieux défavorisés, les femmes

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Introduction I 7

en situation de monoparentalité et les femmes des communautés culturelles.

Ces sous-groupes et ces thèmes ne présentent qu'une partie des possibilités d'analyse du matériel de l'enquête. Ils ont été choisis en fonction de critères précis: l'importance des problèmes qu'ils représentent dans la société québécoise, le lien avec les priorités reconnues par le ministère de la Santé et des Services sociaux, les connaissances nouvelles apportées par les données de l'enquête et les possibilités d'intervention actuelles et futures.

Les résultats présentés dans les pages qui suivent viennent principalement des publications de Santé Québec 1987: le rapport-synthèse et les mon(jgraphies publiés en 1988 et en 1989. Certaines données inédites ont été produites afin de compléter l'information sur les thèmes choisis. Les résultats concernant les femmes ont été regroupés et analysés en vue de faire ress(3rtir les configurations actuelles apportées par l'enquête. Mis en relation avec les données d'autres sources (l'Enquête Santé Canada de 1978-1979, les fichiers de mortalité et de maladies, les données des recensements, la commission Rochon, etc.), les résultats de Santé Québec peuvent alors révéler des tendances ou des associations intéressantes.

Le modèle d'analyse est d'abord descriptif, il est basé sur la présentation des principaux résultats à partir de croisements simples de variables. Il reprend à la fois le modèle de Santé Québec qui situe la santé dans une perspective globale (incluant les aspects physiques et psychologiques àc la santé, les déterminants qui agissent sur elle et ses conséquences) et la réflexion sur la santé des femmes qui relie leur situation sanitaire au c(3ntexte historique et social.

Toutes les données présentées ici ont été validées ; les différences observées entre les différents sous-groupes ont fait l'objet de tests statistiques (standardisation, chi carré). Les résultats sont illustrés sous forme de graphiques ou de tableaux insérés dans le texte.

Ce document tente également de signaler aux utilisateurs et aux utilisatrices les différentes pistes de recherche ou d'intervention suggérées par l'analyse des données. À la fin de chaque section, on trouvera les faits saillants qui ressortent de l'analyse des principales données. Enfin, les références et les

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8 I Quand les femmes parlent de leur santé

données originales de l'enquête Santé Québec 1987 ayant servi à l'analyse sont présentées en annexe, sous forme de tableaux.

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Première partie

Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 11

Les thèmes abordés dans cette partie sont l'espérance de vie, la santé physique, la santé mentale, certaines habitudes de vie, la ménopause et la consommation de médicaments et de coiitraceptifs oraux. Ce sont des thèmes majeurs dans l'étude de la santé des femmes; ils touchent autant les aspects qui agissent sur la santé que ceux qui résultent d'un comportement (3u d'une situation particulière.

On remarquera une absence importante: la vie reproductive et sexuelle y est à peine effleurée. Pour son enquête générale de 1987, Santé Québec avait choisi de ne pas inclure ce thème qui commandait une section particulière. Dans l'attente de nouvelles données sur cet aspect, on pourra se référer aux ouvrages cités en Référence à la fin du document.

Les années de vie

L'espérance de vie à la naissance et à différents âges

L'espérance de vie est un indicateur global* qui permet d'évaluer, pour une génération donnée, le nombre moyen d'années que les individus peuvent «espérer vivre». Il peut être calculé à partir de la naissance — «espérance de vie à la naissance » — ou à compter de différents âges. C'est un indicateur qui évolue lentement et donc qui apporte peu d'information lorsqu'on suit sa progression d'année en année. Par contre, il permet de vérifier les progrès réalisés, ou les reculs, sur des périodes plus longues (périodes de 10 ans, par exemple), de comparer des pays différents, les hommes et les femmes, etc.

Tableau 1 — Espérance de vie à la naissance dans différents pays, 1982-1985

Femmes Hommes

Pays Ans

Islande (1984) S0,2 74,0 Suède (1984) 79,9 73,8 japon (1984) 79,9 74,3 Canada (1983-1985) 79,8 72,9 Que-bec (1985) 79,7 72,0 France (1984) 79,4 71,3 U.S.A. (1982) 7M 70^

.Source l,a situation démographique au Québec Édition l')H~, Les Pubîications do Québec, 19HK

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12 I Quand les femmes parlent de leur santé

Ainsi, nous savons que le Québec présente l'une des meilleures espérances de vie à la naissance parmi les pays occidentaux et que, tout comme eux, il continue de voir augmenter la longévité de ses citoyens, bien que le rythme de cette augmentation ait commencé à ralentir.

Depuis plusieurs décennies, les femmes des pays occidentaux ont une espérance de vie à la naissance, et à différents âges, supérieure à celle des hommes. Le Québec n'échappe pas à cette règle puisque les femmes nées en 1987 vivront en moyenne 79,5 ans alors que leurs compagnons en vivront 72,1 {Et la santé, ça ?'«,^ 1988).

Tableau 2 — Espérance de vie au Québec en 1980-1982 et 1987

Espérance de vie en années

À la naiss- à 25 ans à 45 ans à 6> ans

1980-1982 1987

Gain

F

78,^

^9,5

0,8

H

^0,9 ^2,1 1,2

F

54, ) S5.5

0,6

H

4",8 48,7

0,9

F

35.7 36,2

0,5

H

2Q,3 30,0

0.7

F

18,6

18.9

0,3

H

13,9 14,2

0,3

S(îurres 19H(i-l'')H2 BSQ/T;ib!e,s de iiinrialifé, Québec, régions adminiscrjrl\c.s cr soLls-rêgion^, Moniréal, I98I).[9S2 IVS" /•:/ la Santé. (,a ru'', [unie 1, les FuhhcaUi ns du Quéix'c, i9H8

En 1987, les Québécoises vivaient en moyenne 7,4 années de plus que les Québécois, alors qu'en 1980-1982 elles en vivaient 7,8 années de plus. Peut-on en conclure que l'écart entre les hommes et les femmes est en train de s'amenuiser et, si oui, comment l'interpréter? Avant 65 ans, les gains en années de vie sont supérieurs chez les hommes, après quoi les femmes et les hommes se retrouvent dans la même situation. On peut penser que la baisse des décès par traumatismes, qui surviennent assez t(4t dans la vie des hommes, explique en partie les gains récents. Le recul apparent de l'espérance de vie à la naissance chez les femmes depuis 1985 (0,2 ans) est trop récent pour être interprété correctement; il faudra attendre quelques années encore pour vérifier si cette tendance se maintient. Ce qui semble s'amorcer avec plus de force est le rattrapage des hommes par rapport aux femmes.

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Les Ouébécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 13

L'avantage pour les femmes de vivre plus k^ngtemps a été sérieusement nuancé depuis quelques années par la constatation que ces années «en surplus» n'étaient pas toujours les belles années de la retraite et de la jouissance de la vie. En fait, si l'on en croit l'analyse des faits et de la documentation, une partie importante des femmes âgées se retrouvent à la fois seules, sous le seuil de pauvreté et en mauvaise santé. On trouvera au chapitre traitant des femmes âgées une analyse de cette situation.

L'espérance de vie sans incapacité

L'espérance de vie sans incapacité permet de calculer l'espérance de vie d'une personne sans aucune limitation de son activité, c'est-à-dire le nombre d'années qu'elle peut espérer vivre sans incapacité, transitoire ou permanente, et hors de toute institution. Son calcul est relativement simple:

Graphique 1 — Espérance de vie sans incapacité et ses composantes

Espérance de vie sans incapacité (années)

Espérance de vie totale (années)

Espérance de vie en institution

4-

Espérance de vie avec incapacité à long terme (années)

4-

Espérance de vie avec incapacité à court terme (années)

L'indicateur d'espérance de vie sans incapacité*, ou en bonne santé, provient d'une réflexion portant sur les conséquences

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de la baisse des taux de mortalité, combinée à l'augmentation de l'espérance de vie; on s'est demandé «si les gains récents en espérance de vie n'étaient pas obtenus au prix d'une diminution de la qualité de vie» (Dillard, S., 1983 Durée ou qualité de vie?, p. 1).

Ce calcul permet d'aller au-delà de la simple compilation des années ciui restent à vivre et de les qualifier, ce qui en fait un indicateur fort utile en planification. Cependant, comme tous les indicateurs synthétiques (c'est-à-dire constitué par la somme de plusieurs indicateurs), il ne révèle pas l'importance réelle de chacun et ne rend pas compte de tous les aspects de la santé des individus.

L'espérance de vie sans incapacité dépend plus particulièrement des maladies de l'appareil circulatoire, des maladies du système ostéo-articulaire et des tumeurs qui, on le verra, concernent particulièrement les femmes. En comparaison, l'espérance de vie à la naissance est influencée par les causes de décès les plus importantes: maladies de l'appareil circulatoire, cancer du poumon et accidents de véhicules moteurs.

Les résultats de l'enquête Santé Québec permettent d'évaluer les années qui restent à vivre selon différents groupes d'âge.

Tableau 3 — Espérance de vie sans incapacité au Québec en 1987

Ratio Femmes Hommes F/H

À la nai,ssance 68,"^ 64,0 1,1 A 25 ans ^5,8 41,6 1,1 "k 45 ans 28,0 24,1 1,2 A 65 ans 13,2 10,6 1,2

S u u K c C-ilctils boises sur les t lonnecs de l't la sanlc, i,a l'a '•' l o m e 1. l e s Publication.s du Q u é b e c , 19HH

(•omment seront vécues ces années supplémentaires? En 1987, les Québécoises peuvent envisager passer 14 % de leur vie avec une forme quelconc|ue d ' incapacité, alors que leurs compagnons, qui mourront plus jeunes, passeront 11 % de leur vie dans la même situation. Pour bien des femmes, ces dernières années seront aussi celles du veuvage, de la pauvreté et de l'isolement ((x)nseii national du bien-être social, 1979).

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 15

Graphique 2 — Espérance de vie^ et ses composantes, selon le sexe, Québec, 1987

64,0 ^ En bonne ?ianlt

M Avec incapacité à court terme

J Avec incapacité à long terme

I En institution

6,0 1,3 r- 1 0,9

Femmes Hommes

I. En années S(.»Lircc El la Satilé, <.a va'-', tome 1, Les Fuhlic:jnon,s du Quc-bcc. l'>H8

Faits saillants

• Les Québécoises vivent de plus en plus longtemps; leur espérance de vie à la naissance est l'une des plus élevées au monde, sc:)it 79,5 ans.

• Elles vivent en moyenne 7,4 années de plus que les hommes. • Une part importante des années supplémentaires gagnées sur

la mort est assombrie par une situation d'incapacité puisqu'un grand nombre de femmes passeront près de 11 années de leur vie dans la maladie et la perte d'autonomie.

La santé physique

Les Québécoises jouissent d'une bonne santé et le déclarent volontiers : 57 % d'entre elles se disent en excellente ou en très bonne santé ; c'est le cas également de 62 % de leurs homologues masculins. Pourtant, quatre femmes sur cinq déclarent souffrir d'au moins un problème de santé, quel que soit leur âge, et, à partir de l'adolescence, elles semblent plus atteintes que les hommes par la maladie et la souffrance.

Ces résultats tirés de l'enquête Santé Québec ne sont que la façade d'une situation plus complexe qui mérite d'être regardée sous plusieurs angles, à travers le continuum santé-maladie-décès mais aussi en considérant l'impact de certains facteurs associés

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16 I Quand les femmes parlent de leur santé

à l'état de santé. C'est dans cette optique qu'on abordera dans cette section les principales causes de mortalité et de maladie, les facteurs socio-économiques reliés à la santé et les actes posés par les femmes pour améliorer ou recouvrer leur santé.

Une mortalité de plus en plus tardive

Dans une société où la mort est sans cesse repoussée, les gens risquent de souffrir pendant de longues années de problèmes de santé qui ne sont pas, ou peu, reliés à ceux qui les feront mourir. Cela semble particulièrement vrai pour les femmes qui, on l'a vu précédemment, vivent plus longtemps que les hommes mais dans des conditions souvent pénibles.

Le taux de mortalité générale est plus élevé chez les hommes: «La surmortalité masculine est très importante à tous les âges, nous apprend le Bureau de la statistique du Québec ( 1987), mais surtout chez les jeunes adultes: à 20 ans, la probabilité de décéder avant le 25 ^ anniversaire est près de quatre fois plus élevée chez les hommes que chez les femmes » (Duchesne, 1987, p. 34).

De quoi les gens meurent-ils à la fin du XX* ' siècle? D'abord de maladies liées au vieillissement: maladies de l'appareil circulatoire et tumeurs. Pour les femmes et pour les hommes, sept décès sur dix sont causés par l'une de ces grandes maladies.

Les maladies de l'appareil circulatoire, que l'on a considérées comme une véritable épidémie au cours de la seconde moitié du siècle (Bresîow. 1985), sont en régression depuis 1970-1972. Les maladies du c(x:ur, qui en constituent la part la plus importante, sont en perte de vitesse comme cause de décès, quoique cette baisse se manifeste différemment selon les personnes ou les groupes. Des études américaines récentes (Christopher Sempos et al., 1988) ont fait la démonstration que la baisse de la mortalité par maladie coronarienne était moins forte chez les femmes ; il en serait de même chez les personnes défavorisées. Les auteurs en concluent que les différences dans les tendances de la mortalité nous rappellent douloureusement que les épidémies révèlent un facteur social dont il faut tenir compte dans les programmes d'intervention. Il serait intéressant de reprendre ces analyses à partir des données québécoises, d'autant plus que les tendances de la mortalité, ici comme ailleurs

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 17

au Canada, suivent habituellement celles des États-Unis avec un décalage de cinq ans en moyenne au Québec.

Actuellement ces maladies connaissent une baisse importante et l'on suppose que l'amélioration de certaines habitudes de vie — par exemple la diminution du tabagisme, de la consommation d'alcool et de viandes grasses — y est pour quelque chose (Duchesne, 1987).

La fréquence du cancer du sein, toujours le plus répandu chez les femmes, a légèrement baissé depuis 1970-1972. Par contre, celle du cancer du poumon a connu une nette ascension pendant la même période, et surtout chez les femmes. Parallèlement à l'augmentation du nombre de fumeuses régulières au cours des dernières décennies, c'est le type de cancer qui a le plus augmenté depuis 1950. Bien que le nombre de décès soit plus élevé chez les hommes, on évalue qu'entre 1971 et 1980 les décès par cancer du poumon ont augmenté de 33% chez les hommes et de 75% chez les femmes {CASF, 1985). Comme la mortalité dans ce cas suit, à 25 années près, la courbe de l'évolution de la consommation per capita du tabac, les auteurs d'une étude québécoise (CASF) prévoient que le cancer du poumon sera à la hausse jusque vers 1990 chez les hommes, alors que chez les femmes il devrait augmenter pour au moins 25 autres années. Bien plus, le cancer du poumon devrait surpasser le cancer du sein comme cause de décès un peu après 1990.

La troisième grande catégorie de causes de mortalité, les accidents (traumatismes et empoisonnements), différencie nettement les femmes des hommes. Ces derniers ont des taux de mortalité par accidents de véhicules moteurs et par suicide beaucoup plus élevés que leurs compagnes. Les accidents et les suicides constituent les premières causes de mortalité chez les jeunes Québécois et Québécoises.

Dans une étude sur la mortalité et le niveau socio-économique au Canada (Wilkins, 1990), on note des taux de décès plus élevés chez les plus défavorisés; les maladies qui ont contribué le plus à creuser ces écarts depuis 1971 sont le cancer du poumon, le suicide, les troubles mentaux, les maladies du métabolisme autres que le diabète et les états de santé mal définis,

À la fin du XX ^ siècle, les Québécoises voient accroître leur longévité mais elles sont de plus en plus atteintes par des causes

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18 I Quand les femmes parlent de leur santé

de mortalité liées à la dégénérescence et à leurs habitudes de vie. Qu'en est-il de leur état de santé durant toutes ces années? On verra dans la section suivante si les problèmes de santé dont elles souffrent sont aussi ceux qui les font mourir.

Faits saillants

• La mortalité par cancer du poumon a considérablement augmenté chez les femmes depuis 1970.

• La mortalité par cancer du sein et des organes génitaux est en diminuti6)n.

• La mortalité par suicide est en augmentation autant chez les femmes que chez les hommes, plus particulièrement chez les jeunes et les plus pauvres.

Les problèmes de santé

Avec les problèmes de santé nous entrons dans un domaine plus complexe puisque la définition de la santé et de la maladie est culturellement déterminée. Il est bon de rappeler que les sources de données comportent toutes leurs avantages et leurs aléas, et que l'analyse qui en est faite doit nécessairement en tenir compte.

Ainsi, les données tirées des fichiers de dispensation de soins et services (assurance-maladie, assurance-hospitalisation), comme d'un fichier tel celui des tumeurs, sont basées sur des diagnostics médicaux ne concernant que les personnes qui ont fait appel au réseau de santé. De plus, ce sont avant tout des fichiers administratifs, donc très avares de renseignements sur les clientèles. Les données issues d'enquêtes de santé rejoignent pour leur part l'ensemble de la population et permettent d'établir des liens avec des facteurs agissant sur la santé ou déterminés par son état. Dans ces enquêtes toutefois, la définition de la santé et de la maladie est basée sur la perception des individus plutôt que sur un diagnostic professionnel.

jusqu'à maintenant, ce qu'on a pu dire sur la santé des femmes au Québec provient presque exclusivement d'études faites à partir de fichiers de dispensation de soins et services. On a beaucoup insisté sur le fait que les femmes semblaient surreprèsentées en ce qui regarde la participation aux régimes de l'État (actes médicaux, hospitalisation, chirurgie, médicaments, etc.). De là à déclarer que les femmes étaient plus

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Les Québécoises, leur safité et leurs habitudes de vie I 19

malades ou plus fragiles que les hommes, il n'y avait qu'un pas... qui a été franchi parfois. Toutefois, si l'on tient compte des effets de l'âge et si l'on retranche de ces statistiques les activités reliées à la reproduction, les différences s'amenuisent considéra­blement. Dans le cas de l'hospitalisation, ce redres.sement aboutit même à une surreprésentation masculine... Enfin, rappelons que ces statistiques ne distinguent pas les problèmes plus lourds des plus légers et ne font pas toujours la part de la demande émanant de la clientèle et de celle générée par les dispensateurs de soins et services.

Ces constatations, mises en parallèle avec un taux de survie supérieur à celui des hommes, ont donné lieu à tout un débat qui reste très actuel aujourd'hui. Comment concilier cette apparente contradiction? Il a été relativement facile de rejeter l'hypothèse d'une plus grande fragilité de la constitution féminine, l'augmentation obstinée de l'espérance de vie des femmes enlevant tout espoir aux tenants de cette théorie'. Les écrits des analystes américaines et européennes ont proposé un faisceau d'explications semblant toutes concourir à réduire l'ambiguïté de départ. La plus grande sensibilisation des femmes à leur corps (attribuable à leur fonction de reproductrices), les liens qu'elles établissent avec les professionnels de la santé (pour elles et leurs proches) de même qu'une plus grande propension à se mettre dans la situation de «patientes» (propension encouragée, sinon générée, par la socialisation dès la petite enfance) semblent contribuer à accroître leur présence dans les cabinets de médecins, et de là sur les tables d'opération. Si la demande venant des femmes explique une bonne partie des différences observées, la réponse obtenue du personnel soignant vient achever le casse-tête. On a pu démontrer que la perception qu'ont les professionnels de leurs patientes était différente de celle qu'ils avaient de leurs patients (Broverman et Broverman, 1970; Renaud et ai, 1979)- On peut donc raisonnablement supposer que les statistiques de consommation reflètent aussi ces perceptions et que la surreprésentation des femmes dans certains types d'actes médicaux est également le reflet de cette discrimination (Guyon, Simard et Nadeau, 1981 ).

Les résultats de l'Enquête Santé Canada de 1978-1979 ont révélé que les femmes semblaient avoir de meilleures habitudes de

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vie que les hommes, mais qu'elles déclaraient plus de problèmes de santé, visitaient le médecin plus souvent et consommaient plus de médicaments (Lapierre, 1984). La même recherche proposait qu'«on pourrait s'attarder à scruter de plus près le lien qui existe entre la .santé et le processus de socialisation [...] Y a-t-il vraiment des différences entre l'état de santé des hommes et celui des femmes et entre leur recours respectif aux services de santé? [...] On pourrait également s'attarder davantage à l'étude des facteurs psychologiques qui semblent être à la base de certaines des différences observées» (Lapierre p, 10).

Sans apporter des réponses à toutes ces questions, l'enquête Santé Québec apporte des éléments nouveaux qui permettent de comparer la situation actuelle avec celle de 1978 et nous indique les tendances qui se confirment et celles qui s'amplifient. Et, plus intéressant encore, elle permet de vérifier si les Québécoises ont des comportements particuliers. De plus, l'ajout d'outils propres à la santé psychologique et à l'environnement social des personnes aide à mieux préciser les différences observées en ce qui a trait aux problèmes de santé et au recours aux professionnels.

En 1987, 60 % des Québécoises interrogées par Santé Québec ont déclaré souffrir d'au moins un problème de santé, comparativement à 50% des hommes; cette différence entre les sexes apparaît vers 15 ans et se poursuit tout au cours de

Tableau 4 — Prévalence des dix principaux / ^ / i iy> // problèmes de santé selon le sexe,

Québec, 1987 (en pourcentage)

Problèmes de santé

.Arîtirite e! rhiimaU.soie Maux de ièSe

Troubles mentaux

Allergies eulaiîees

el autres affectitiiis de la peau Maux de dos

Allergies

llyperteiesion

Rhtnne des foins Lésions (aceident.s eE blessures)

Maladies cardiaques

Femmes

15,S 11,S

11,2

8,9 7,S

7,4 7,8 6,2 4,.S

4,3

Hommes

7,S

\ 0 5,2

6,4 7,0 4,6 4,7 6,0 6,3 4,0

F/H

1,8 2,3 1,H

1,4 1,1 1,6 1,7 1,0 0,7 1,1

Sotj i i f i:rïiun(,l, A . (Mivuii. I, . l'uils sailLinis IO,S"~/rc-in)uOie Santé (,)yehce, MSSS,

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 21

la vie. Elle peut s'expliquer, en partie, par la plus grande proportion de femmes âgées, mais il importe de noter que le même écart se retrouve à tous les âges. Tout comme les hommes, les femmes souffrent d'abord d'arthrite et de rhumatisme, affections dont la fréquence augmente avec l'âge. Partni les dix principaux problèmes de santé dans la population québécoise en 1987, neuf touchent davantage les femmes que les hommes.

Il est intéressant de constater que cette liste est très différente de celle qui rapporte les principales causes de décès. Les maladies cardiaques et les accidents occupent ici les dernières places, et les tumeurs n'y figurent même pas. Seule l'hypertension occupe une place importante dans les deux listes, et dans ce cas les femmes semblent ici beaucoup plus atteintes que les hommes. Les affections qui touchent plus souvent les femmes sont les maux de tête, les troubles mentaux, l'arthrite et le rhumatisme, l'hypertension et les allergies.

Y a-t-il des problèmes de santé qui vont en s'accroissant chez les femmes? Depuis 1978-1979, les troubles mentaux, les maladies cardiaques et les affections respiratoires aiguës semblent à la hausse, alors que l'asthme, la bronchite et l'emphysème accusent une diminution. Par contre, l'anémie et les troubles de la thyroïde, qui figuraient parmi les principaux problèmes chez les femmes il y a dix ans, semblent avoir été déclassés.

On aura remarqué l'absence des cancers parmi les problèmes de santé prépondérants dans la population, alors qu'ils viennent au second rang des causes de décès. Le taux de survie encore relativement faible au cancer et le taux d'hospitalisation assez élevé chez les personnes atteintes expl!C|uent en bonne partie cette absence. Cela a pour conséc|uence que les femmes atteintes de cancer sont moins visibles dans une enquête auprès des ménages. On se rappellera que Santé Québec a recueilli ses informations auprès des personnes vivant dans des ménages privés et que ses données reflètent bien la situation qui y avait cours au moment de la cueillette.

Le Fichier des tumeurs du Québec* indique de son côté qu'en 1985 plus de 25 000 nouveaux cas de cancer ont été déclarés; un peu plus de femmes (52%) que d'hommes (48%) étaient touchées, Dans la population féminine, le cancer du sein domine toujours, alors que les hommes sont principalement atteints

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par le cancer du poumon. Par ailleurs, entre 1984 et 1986. l'incidence du cancer du poumon est restée à peu près stable chez les hommes alors qu'elle a augmenté de 10% chez les femmes, accroissement important pour une si courte période. On se rappellera que la mortalité associée à ce type de cancer avait augmenté de ""5 % entre 19^ I et 1980 dans la population féminine.

Tableau 5 — Incidence des principaux sièges de cancers en 1985 (taux pour 100 000 personnes)

Femmes Hommes

Sein 86.x — Colon 34.3 ^ )7 Poumon 36,0 62.0 Peau 19." 2S.~ Corps de l'utérus 18.9 — Rectum P.O 21,9 Ovaires 13,S —

SourL'c Hiijijii»-! aiiinii'! itt'.\ luiureaux ins de iamcr da/ares au l'uhii'r des HiiiH'itrs du (Jiielh'i, Aiiuvi' t'>S^. MSSS, l'>,SO

Le cancer du sein est de loin le plus important, autant en ce qui a trait aux problèmes de santé qu'aux causes de mortalité.

Les «maladies de femmes»

Les problèmes de santé particuliers aux femmes ont peu souvent fait l'objet de recherches. On connaît surtout le nombre de consultations gravitant autour de la contraception et de la maternité. On commence à parler de certaines affections qui font leur apparition avec la ménopause ou du syndrome prémenstruel, mais en général les données sur la prévalence de ces problèmes manquent encore. Même si l'enquête Santé Québec 1987 n'avait pas de section consacrée spécifiquement à ces questi(.)ns, un certain nombre de femmes ont rapporté des affections entrant dans cette catégorie.

Les résultats doivent être examines en tenant compte des instruments de cueillette. Rappelons que les problèmes ont été mesurés à partir de plusieurs variables: incapacité et recours aux services au cours des deux dernières semaines, consommation de médicaments au cours des deux derniers

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— Prévalence de certains problèmes de santé chez les femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987

Problèmes ^ Nombre T ^ / î 00 000

Problèmes de menstruations IS à 24 ans 14 3S8 2 858,2 25 à 44 ans 16 118 1 4S4,S 45 à 64 ans 1 36I 203,3

Osiéoporose 65 ans et plus 3 770 1 073 0

Endomêtriose 45 à 64 ans 300 44,9

Infertilité 25 à 44 ans 93 8,4

SDUILC Calculs bases sur les données du lichier Suniè Québec ISîS''

jours, limitation des activités et problèmes de santé chroniques. Il se peut que certains problèmes soient sous-évaiués parce qu'ils n'auraient fait l'objet d'aucune de ces démarches et ne seraient pas considérés comme des affections chroniques par les répondantes : ce pourrait être le cas, par exemple, de la stérilité ou même de l'endométriose. Quant aux maladies transmissibles sexuellement, le fait que le nombre de cas déclarés à l'enquête soit largement en deçà des chiffres connus (par les fichiers de déclaration médicale) ne nous a pas permis de les inclure dans cette analyse.

L'ostéoporose est une affection qui touche particulièrement les femmes. Sa fréquence augmente avec l'âge et atteint son sommet dans le groupe des 65 ans et plus avec une prévalence de 1073,0 pour 100 000 femmes. Cette maladie qui se caractérise par une diminution graduelle de la masse osseuse se traduit par un risque accru de fractures. Les études cliniques ont montré que le tiers des femmes âgées de 60 ans et plus sont en effet victimes de fractures. On prévoit que, si l'espérance de vie continue d'augmenter, ce sera le cas de plus de la moitié des femmes âgées.

L'endométriose touche plus particulièrement les femmes entre 45 et 64 ans, avec une prévalence de 44,9 pour 100 000 femmes de ce groupe d'âge. On connaît encore très peu les mécanismes de cette maladie qui consiste en une prolifération de l'endomètre

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(tissu qui recouvre l'intérieur de l'utérus) en dehors de son milieu naturel. Des douleurs et des saignements plus ou moins sévères lui sont associés ainsi qu'un accroissement des risques d'infertilité. Il est difficile d'évaluer le nombre exact de femmes qui en sont atteintes étant donné l'aspect de «normalité» donné trop fréquemment aux problèmes accompagnant les menstruations. La prévalence donnée par Santé Québec est probablement sous-estimée puisqu'elle est établie à partir des déclarations des femmes qui ont eu un diagnostic d'endomé-triose et «qui le savent». On peut penser que plusieurs femmes affectées par cette maladie ont décrit leurs symptômes comme des «problèmes de menstruations».

Les problèmes d'infertilité n'ont été mentionnés que par des femmes entre 25 et 44 ans. Le taux de 8,4 pour 100 000 femmes semble sensiblement sous-évalué, quoique l'on ignore ce qu'il recouvre à travers les déclarations des répondantes de l'enquête. Depuis quelques années, parallèlement à la progression des nouvelles technologies de la reproduction, les médias ont souvent fait état de prévaîences de l'ordre de 10 % à 15 %. Nous nous heurtons ici au problème de la déhnition de la stérilité (incapacité de donner le jour à des enfants nés vivants) et de l'infécondité (le fait de ne pas procréer). Dans les médias et même au sein de la profession médicale en Amérique du Nord, l'infécondité est souvent confondue avec la stérilité et correspondrait à une absence de grossesse après un an de vie sexuelle sans contraception. Les enquêtes sur la fécondité des Québécoises et des Françaises (Madeleine Rochon, 1986) parlent d'un pourcentage de 3 % à 4% de femmes stériles dans la population (en excluant les stérilisations volontaires). Il serait intéressant de savoir quelle définition les répondantes ont adoptée et surtout quelle est la provenance de ce diagnostic. Une analyse plus poussée des données de l'enquête Santé Québec permettrait de mieux cerner les raisons évoquées et de connaître les gestes posés par les femmes face à ce type de problème.

Enfin, les problèmes de menstruations sont évidemment plus fréquents chez les jeunes femmes. À mesure qu'elles avancent en âge, on voit augmenter la proport ion de femmes ménopausées ou hystérectomisées, ce qui influence le calcul du taux, particulièrement chez les femmes de plus de 45 ans. Depuis 1976, le nombre d'hystérectomies reste à peu près

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 25

constant, en moyenne 18 000 par année, et l'on estime que 30 % des femmes se font hystérectomiser avant l'âge de 50 ans au Québec (Duchesne, 1987).

Des facteurs associés à la santé

Les études sur la mortalité et sur la dispensation de services ou de soins nous ont appris que certains groupes dans la population sont plus atteints ou plus à risque. C'est le cas par exemple des plus défavorisés sur le plan économique, ou des habitants de certaines régions géographiques (Bernard et ai, 1975; Loslier, 1976; Wilkins, 1988; Pampalon c/a/. , 1986). D'ailleurs, le problème des inégalités devant la mort et la maladie a fortement retenu l'attention de la Commission d'enquête sur les services de santé et les services sociaux (commission Rochon). «[...] la persistance des inégalités et parfois même l'accroissement des disparités, quinze ans après l'avènement de l'assurance-maladie et la mise en oeuvre de toute une série de réformes, ont de quoi étonner et soulever bien des interrogations» (rapport de la commission Rochon, p. 81). Les recherches de plus en plus nombreuses sur ces questions ont fait la démonstration que la société québécoise, loin d'être homogène, présente une mosaïque de situations dans lesquelles l'appartenance à un sexe, à un groupe d'âge, à un état matrimonial, à une classe sociale, à une catégorie socio-professicjnnelle, à un groupe ethnique, à un quartier ou à une région est souvent déterminante de la situation sanitaire.

L'enquête Santé Québec a mis en lumière le lien évident entre l'état de santé et la situation socio-économique : « Ce qui frappe le plus dans l'analyse c'est la constance dans les disparités: disparités entre les groupes socio-économiques, entre les plus jeunes et les aînés, entre les hommes et les femmes, mais aussi entre les régions socio-sanitaires» (Emond et Guyon, 1987). À ces catégories se sont ajoutées celles des personnes séparées ou divorcées, des chefs de famille monoparentale, des adolescentes et des personnes vivant seules.

Comment départager la situation des femmes dans une telle multiplicité de situations? Une coupe plus en profondeur dans les résultats de l'enquête nous apprend que les femmes sont plus nombreuses parmi les personnes âgées, les groupes défavorisés, les personnes sans conjoint (veuves, séparées, divorcées) et qu'elles constituent la très grande majorité des

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chefs de famille monoparentale. Cela pourrait nous amener à penser que si les femmes manifestent plus de problèmes de santé, et consultent d'autant plus, c'est parce qu'elles se retrouvent plus souvent dans des situations à risque face à la maladie. Cependant, les données nous indiquent aussi que, à situation socio-économique égale, les femmes manifestent souvent plus de problèmes de santé et recourent davantage aux services professionnels. Autrement dit, les femmes pauvres semblent plus malades que les hommes pauvres, les femmes âgées déclarent plus de problèmes que leurs homologues masculins, etc.

Les femmes croient-elles à la prévention?

Une femme sur quatre avait consulté un professionnel de la santé au cours des deux semaines précédant l'enquête de 1987, quels que soient son âge ou son état de santé ; chez les hommes on trouve un pourcentage de 19 %. Le recours général aux soins de santé en 198^ offre sensiblement le même profil que dix ans auparavant. Les femmes consultent les professionnels de la santé plus souvent que les hommes tout au cours de leur vie, à partir de 15 ans. Dans la majorité des cas, elles consultent en bureau privé; par contre, à mesure que le niveau de revenu s'abaisse, la fréquentation des services d'urgence et des cliniques hospitalières de même que les consultations à la maison augmentent.

Graphique 3 — Lieux de consultation selon le sexe, Québec, 1987

^ 1 Bureau privé

U eUniquc de l'hôpital

^^ CLSC/centre de santé

g Urgence de l'hôpital

^ DomicUe

^ a Autres

n,6 5,8 7,^ y,»

• 2 ,8

Femmes Hommes

Source Saille (,)uebe<. h H"* l'j la saule. t,a ra ^^ roine I, l,cs Publications du Québec 1988

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 27

Interrogées sur les motifs de leurs consultations, les Québécoises ont d'abord invoqué la prévention (examens de dépistage, contrôle de la pression artérielle, par exemple), des problèmes respiratoires, ostéo-articulaires ou digestifs; le portrait est à peu près semblable chez les hommes. En cinquième place, cependant , on t rouve les consultat ions obstétr ico-gynécologiques chez les femmes et les lésions et accidents chez les hommes.

Les Québécoises sont de plus en plus nombreuses à avoir recours au test de dépistage du cancer du col de l'utérus (test de Pap): en 1978-1979, 26% d'entre elles n'avaient jamais subi ce test, en 1987 il n'en restait que 15%. Ce sont surtout les très jeunes femmes (36 %) et les plus âgées (33 %) qui y recourent le moins. Les auteures de la section sur les comportements préventifs chez les femmes dans le rapport Et la safité. ça va? expliquent ainsi cette situation : « Dans le premier cas, ceci reflète sans doute qu'une fraction importante de ces femmes n'ont pas encore débuté leur vie sexuelle active ou n'ont pas consulté pour la prescription d'une méthode contraceptive. Dans le second cas, cela pourrait témoigner du manque de sensibilisation à cette mesure préventive au moment où les femmes de ce groupe étaient plus actives sexuellement,» {Et la saïité, ça va? tome 1, p. 57,) Le recours au test de Pap est également plus répandu chez les femmes les plus scolarisées et les plus riches.

Quant à l'auto-examen des seins en vue du dépistage du cancer, une Québécoise sur quatre déclare le pratiquer sur une base mensuelle, alors qu'une sur trois avoue ne l'avoir jamais effectué. Par contre, la moitié des femmes ont eu un examen des seins

Tableau 7 — Proportion des femmes âgées de 15 ans et plus ayant déjà subi certains examens préventifs, Québec, 1987 (en pourcentage)

Type d'examen

Test de Pap

Examen des seins auto-examen professionnel

15-24

64,1

54,6 6S,0

Groupe

25-44

05,1

71,6 92,4

d'âge

45-64

41,7

74,4 88.6

65 et +

67,0

56,3 70,6

Total

85,2

67,2 8. ,6

.Source: Calculs ha.sés sur les dcmnées de S;uiié Ouébec IV8'

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28 I Quand les femmes J)arlent de leur santé

par un professionnel de la santé au cours de l'année précédant l'enquête et 26% auraient eu une mammographie au moins une fois clans leur vie. Tout comme pour le test de Pap, le recours à ces examens préventifs augmente avec le revenu.

On constate une augmentation de ces examens préventifs depuis Santé Canada. Cependant des différences subsistent encore puisque les femmes plus jeunes, ou plus âgées, les moins scolarisées et les moins nanties s'en prévalent moins que les autres. Ces inégalités sont reprises à la deuxième partie de ce document, aux sections traitant des femmes provenant des communautés culturelles et des femmes défavorisées.

Peut-on dès maintenant évaluer les effets de l'augmentation de ces examens préventifs sur la mortalité due à ces cancers? Il est difficile de se prononcer sur ces seules données, mais une analyse plus en profondeur, utilisant les résultats de l'enquête Santé Québec, pourrait apporter des éléments de réponse.

Faits saillants

• Les principaux problèmes de santé qui touchent la vie des Québécoises en 1987 sont de plus en plus reliés au vieillissement et au mode de vie.

• Les troubles mentaux, les maladies cardiaques, les problèmes respiratoires aigus et les cancers du poumon sont en augmentation chez les femmes depuis les 10 dernières années,

• Les femmes déclarent plus de problèmes de santé que les hommes à tous les âges, à partir de 15 ans.

• Les femmes de milieux défavorisés ont plus de pn,)blèmes de santé cjue les autres,

La santé psychologique

Au cours des dernières années, la santé mentale des femmes a fait l'objet de plusieurs recherches et publications. Elle a été au ctx'ur du débat sur les relations entre les femmes et les professionnels de la santé. Ce qui avait été dit pour la santé physique se trouvait ici amplifié et permettait de passer à des niveaux explicatifs plus intégrateurs. Les données utilisées — à partir des fichiers de Lassurance-maladie par exemple — ont rellété la situation particulière des femmes comme patientes, comme consommatrices de soins et de médicaments.

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 29

Les données d'enquête ont présenté à peu près le même profil : les femmes déclaraient toujours plus que les hommes des malaises psychologiques et de la dépression. Pourtant, si l'on tient compte des problèmes aigus de santé mentale, par exemple ceux qui nécessitent une hospitalisation ou pour lesquels des traitements sont reconnus, la différence entre les sexes disparaît, et même s'inverse dans certains cas. Dans les statistiques sur l'hospitalisation pour des problèmes de santé mentale, on retrouve un peu plus d'hommes que de femmes.

D'un autre côté, les données sur les suicides ont toujours montré la même configuration : on retrouve plus de tentatives de suicide chez les femmes mais plus de décès par suicide chez les hommes. On a tenté d'expliquer ces faits en invoquant les méthodes de suicide : les hommes utilisent plus souvent les armes à feu alors que les femmes choisissent les médicaments (pour lesquels le taux de « réussite » est moins élevé). On a posé l'hypothèse qu'un grand nombre de tentatives chez les femmes seraient plutôt un appel à l'aide qu'une réelle volonté de s'enlever la vie. Le problème est que l'on ne possédait pas de véritables données de prévalence dans la population sur les tentatives de suicide, ce qui obligeait les chercheures et les chercheurs à se rabattre sur les statistiques de décès et d'hospitalisation ou au mieux sur celles des centres de prévention du suicide. Et ces données ne révèlent qu'une partie de la situation: les personnes à tendances suicidaires qui n'ont pas encore posé de geste ou qui n'ont pas eu recours à une ressource quelconque en sont absentes.

C'est une situation fort complexe qui soulève plusieurs questions. Les hommes seraient-ils finalement plus fragiles psychologiquement? Les enquêtes qui désignent les femmes comme les plus atteintes par les problèmes de santé mentale n'abordent-elles que certains aspects de la question? Ou bien la façon d'interpréter et d'intervenir face à la pathologie serait-elle différente selon le sexe du patient? Les manifestations de la pathologie chez les hommes seraient possiblement plus menaçantes pour la société de sorte qu'il serait justifié de les institutionnaliser plus souvent que leurs consoeurs ; à l'opposé, les femmes atteintes seraient plus «douces» ou moins «dérangeantes» dans leurs comportements et pourraient plus facilement être traitées à l'externe à l'aide d'une médication. Cette explication justifierait-elle le grand nombre de femmes

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30 I Quand les femmes parlent de leur santé

abonnées aux tranquillisants pendant une grande partie de leur vie?

D'autres questions peuvent encore s'ajouter à celles-ci et, sans chercher à y répondre, on peut, à partir des résultats de l'enquête Santé Québec, apporter des informations novatrices sur la santé mentale des femmes québécoises.

L'enquête Santé Québec 1987 s'est attachée particulièrement à recueillir des renseignements sur la santé mentale des Québécoises et des Québécois, Cet objectif tentait de combler la pénurie de données sur le sujet dans un contexte où l'intérêt devant cet aspect de la santé des individus est croissant (projet de politique en santé mentale et préparation des orientations au MSSS, demandes de la part des groupes de feniiiies, programmes spécialisés dans les établissements de santé et de services sociaux). Le défi de l'enquête était d'aller chercher des données suffisamment explicites pour situer l'état psychologique de l'ensemble des citoyens et déhnir des sous-groupes à risque dans le but évident de fournir aux gestionnaires et aux intervenants et intervenantes des outils directenient utilisables. L'enquête de santé n'allait pas f(jurnir des diagnostics précis, basés sur une expertise médicale, mais une série de données qui, mises en relation les unes avec les autres, atteindraient le but cherché.

Trois types d'informations ont été utilisés: en premier lieu, l'échelle de détresse psychologique*, qui permet de situer sur une échelle les personnes quant aux états dépressifs, aux états anxieux et à certains symptômes d'agressivité et de troubles cognitifs; elle « tente d'estimer la fréquence des gens ayant des symptômes assez nombreux pour se classer dans un groupe... qui nécessite une intervention » (Perreault, 1987) ; en cleuxième lieu, les problèmes psychologiques sévères et chroniques*, qui renseignent sur la prévalence, au sein des ménages privés, de certaines affections dont la dépression chronicjue; enfin, les données relatives aux suicides permettent d'évaluer la prévalence des idées suicidaires et des tentatives de suicide. De plus, certains renseignements associés à l'état de santé mentale t)nt été recherchés: les événements stressants* au cours de la dernière année, la satisfaction à l'égard de la vie sociale, la présence d'un ou d'ime confidente, le stress ressenti et le support social*.

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 31

Souffrir de dépression sévère

Les personnes souffrant de dépression sévère risquent plus souvent de se retrcniver en institution ; on peut donc supposer que la prévalence trouvée dans l'enquête puisse être sous-estimée. Par contre, dans une enquête auprès de la population, «le mot «dépression» est susceptible de recouvrir une variété d'états psychologiques allant, par exemple, d'une réaction de deuil à la dépression majeu'-e» [Et la santé, ça va?, tome I, p. 125), ce qui risque de causer une surévaluation des cas rapportés. Quoi qu'il en soit, les résultats semblent assez près des chiffres attendus pour qu'on puisse s'y attarder. La prévalence de la dépression sévère serait de 2,0% chez les femmes et de 1,2% chez les hommes âgés de 15 ans et plus. On estime que plus de 54 000 femmes vivant dans des ménages souffriraient de dépression sévère, et cela plus fortement à partir de l'âge de 25 ans.

Tableau 8 — Prévalence de la dépression sévère chez les personnes vivant à domi< Québec, 1987

;// /y '^* personnes âgées de 15 ans et plus vivant à domicile, selon l'âge et le sexe,

Groupe dàge

Femmes Hommes

N

3 826 21 926 i ^ 9^^ 9 ^73

53 502

%

0,8 2,0 2 " 2,8 2,0

N

1 8^^ 12 598 10 2S8 4 52^

29 260

%

0.4 L2 1,6 1,8 1,2

15-24 25-44 45-64 65 et 15 et

Source Ht la saule. t.a va'-', tome i, Les Publ ica i îuns LIU i,)ucbc<L, 1988

La détresse psychologique

Pour évaluer la détresse psychologique, on a tenu compte des résultats obtenus par les répondants et les répondantes sur une échelle de santé mentale composée de 29 questions, Les points cumulés varient de 0 à 100 et le score le plus élevé correspond à la détresse la plus forte. Le problème d'interprétation était d'évaluer à partir de quel seuil (score) on pouvait décréter qu'une personne était véritablement atteinte. La procédure adoptée consistait à regrouper les scores en quintiles (cinq groupes égaux : 0 à 19, 20 à 39, etc.) et de les rediviser en trois catégories

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32 I Quand les femmes parlent de leur santé

(faible: 0 à 59, moyen: 60 à 79 et élevé: 80 à 100), Ainsi, nous retrouvons 20% de la population âgée de 15 ans et plus dans la catégorie élevée. Cela ne veut pas dire que 20% de la population est en grande détresse psychologique, mais plutôt que les personnes se retrouvant dans ce quintile sont les plus à risque par rapport à l'ensemble de la population. D'autres études menées auprès de différentes populations évaluent de 8% à 25% la proportion des personnes en forte détresse psychologique (Perrault, 1987), ce qui valide la procédure adoptée.

Une fois le seuil établi, il devient intéressant de regarder la composition de « notre 20 % ». Si la détresse psychologique est également répartie dans la population, on devrait s'attendre à y retrouver autant d'hommes que de femmes, de personnes âgées que de jeunes, de pauvres que de riches, etc. Or tel n'est pas le cas, les femmes y sont plus nombreuses que les hommes, et cela pour tous les groupes d'âge.

Graphique 4 Personnes ayant un score élevé de détresse psychologique selon le sexe et le groupe d'âge, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

I Femmes Q Hommes

J * " 29.0 i t t u

I 11 11 11 11 11 %

40-. 36-32 28 24 20 16-1 12 8 A

1524 25^44 45-64 65 et 15e t +

^uu^cc l-l la saule. i,a ui\ unue 1, U'> i'uhhaitJons du Québec, l'>K8

La détresse psychologique touche également plus souvent les personnes séparées et divorcées, les moins scolarisées, les plus pauvres, celles qui sont inactives pour des raisons de santé, les administrateurs et les administratrices, et les cols bleus du secteur tertiaire.

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 33

Graphique 5 Personnes ayant un score élevé de détresse psychologique selon certaines caractéristiques socio-sanitaires et le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

Activité

Travaille

Tient maison

Étudie

Ne travaille pas (santé)

Niveau de revenu

Très pauvre

Pauvre

À revenu moyen

Riche

Statut tnatrimonial IVIarié(c)

Séparé(e)/di vorcé( e)

Veuiîfve)

Seul(e)

Niveau de scolarité Inférieur

Supérieur

État de santé Incapacité sévère

Incapacité restreinte

Plusieurs cond, chroniques

Une condition chronique

Symptomatique

Aucune maladie

D Hommes

• Femmes

• ."19. S

|44,0

i .M,.^

16 24 32 40 56 64 "/o

1 II s'iigit iCi d'un irés pedi nDuibrc d iodividu.s Source: Odlcuih ba,sés sur les données de Saiiîé Qucbcc 198"

Les personnes qui sont en situation d ' incapacité , et particulièrement d'incapacité sévère, sont celles qui souffrent le plus de détresse psychologique. Chez les hommes, la détresse est à son niveau le plus élevé entre 45 et 64 ans (48% des hommes souffrant d'incapacité sévère à cet âge ont un indice

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34 I Quand les femmes parlent de leur santé

élevé de détresse psychologique), alors que chez les femmes elle reste au même niveau, soit S8% à partir de 25 ans.

Comme lindice de détresse psychologique a été utilisé pour la première fois au Quéhec lors de Lenquète de 1987, il n'est pas possible de vérifier si les résultats obtenus suivent une tendance quelconque. Cependant, l'Enquête Santé Canada de 19"'8-19"^9 avait observé des résultats assez semblables, notamment par rapport au sexe, en utilisant l'éhelle de l'opinion sanitaire {Health Opinion Survey),

Les pensées et les gestes suicidaires

L'enquête Santé Québec apporte des données nouvelles sur le phénomène du suicide. On se rappelle que les statistiques usuelles sur le suicide (décès, fichiers des coroners, de médecine légale, hospitalisations, urgences) présentaient une situation contradictoire : la mortalité par suicide était le fait des hommes tandis que les tentatives de suicide étaient deux fois plus nombreuses chez les femmes. En se basant sur ces seules données, on a souvent conclu trop hâtivement que les tentatives chez les femmes n'étaient pas de même nature que celles des hommes. On a avancé qu'il s'agissait d'appels à l'aide plutôt que d'une véritable volonté de mettre fin â leurs jours, et qu'on ne devait pas leur accorder la même valeur de risque en santé publique.

Les données de Santé Québec montrent que les tentatives au cours de la vie sont presque aussi nombreuses chez les hommes (3,7 %) que chez les femmes (4.1 %) et que la différence entre les deux sexes ii'est pas significative. La plus grande visibilité chez les femmes pourrait-elle alors s'expliquer par un recours plus fréquent aux sources d'aide et de soutien, là précisément où l'on peut recueillir des données? La surmortalité masculine s'expliquerait toujours par le recours à des moyens plus radicaux, principalement les armes à feu.

Au cours des dernières décennies, le suicide a considérablement augmenté au Québec, particulièrement chez les jeunes adultes âgés de 20 à 34 ans pour qui le suicide constitue maintenant la deuxième cause de décès. Plusieurs raisons peuvent être invoquées pour expliquer cette inquiétante augmentation : effet de génération, amélioration des statistiques, plus grande disponibilité des moyens, dégradation du soutien social.

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 35

Graphique 6 — Prévalence des idées suicidaires et des tentatives de suicide au cours des 12 derniers mois, selon le sexe et l'âge, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Femmes Hommes Femmes Hommes

Idées suicidaires Tentatives de suicide

Note • I.J prévalence esc donne'e en % de ta popubtion torale de méoie sexe et du niêrnc groupe d'ige

source' Ho\'er et al . Les teulatuvs de suicide. Sanié Sdciété, vol 1 1, n" S, février !'>H8-1'iH*-)

L'enquête a montré que les personnes séparées ou divorcées ont nettement plus de pensées suicidaires que les autres : chez ces personnes, la prévalence au cours des douze derniers mois est de 8,3 % comparativement à 2,7% chez les personnes mariées ou vivant en couple. L'existence d'un confident ou d'une confidente semble également un élément clé puisque les pensées suicidaires sont deux fois plus nombreuses lorsque cette personne est absente.

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36 I Quaiid les femmes parlent de leur santé

Graphique 7 — Prévalence des idées suicidaires et des tentatives de suicide au cours des 12 derniers mois selon le sexe et le statut matrimonial, Québec, 1987 (en pourcentage)

Femmes Hommes Femmes Hommes

Idées suicidaires Tentatives de suicide

Source /','/ la sauté, ça va-', tunsc i, lx> Fub l i c i i iuns du t^>ucbcc, l')(SH

Des événements générateurs de stress

L'effet de certains événements difficiles de la vie sur la santé psychologique est maintenant connu. Les périodes de dépression à la suite d'un deuil ou de la perte d'un emploi peuvent être longues et difficiles et se traduire par des risques accrus de maladie ou de changements dans les habitudes de vie. Santé Québec a recueilli de l'information sur huit événements stressants considérés comme les plus déterminants pour la santé mentale dans les études scientifiques (Perreault, 1987), On a conçu un indice qui ct)mbine la frécjuence (nombre) de ces événements au cours des douze derniers mois et l'importance du stress (extrêmement, beaucoup, peu, pas stressant) ressenti par les personnes. Cet indice de niveau de stress attribué à chacun des événements varie de un à dix.

L'indice d'événements stressants* augmente avec Làge, la possibilité de connaître l'un de ces événements croissant évidemment avec le temps. Les femmes ont un indice plus élevé que les hommes (13% contre 10%), la différence la plus importante se situant chez les plus âgés (femmes: 26% et hommes: 20%). Ces données indiquent que les femmes sont

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 37

Tableau 9 — Événements stressants de la vie selon le sexe , population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Événements

Décès du conjoiiiE

Malade grave au foyer

Maladie grave du répondant

Décès d'un proche

Séparation ou divorce

Perte d'emploi

Déménagement

Retraite

Sexe

F H

F H

F H

F H

F H

F H

F H

F H

Pourcentage

6.5 2,!

13,2 10,6

6,7 5,8

19,5 15,5

5,7 4.8

6,3 8.1

9,5 9,5

7,7 9.7

Niveau de stress'

7,7 7,4

7,4 6,2

7,0 6,6

6,9 5,7

6.4 6.2

4,5 S,!

3,8 3.2

2.4 2.7

I II s'agit de la fréquence- du seore moyen .sur une cehelie variani de 1 2 H). Source Id la xatilé. ça va>, tome 1, Les Piihlication.s du Québec, I98H.

à la fois plus susceptibles de connaître plus d'événements (parce qu'elles vivent plus longtemps), mais également que ceux-ci sont vécus de manière plus stressante (Et la santé, ça va?, tome 1, p. 80).

Le décès ou la maladie d'un proche semblent toucher particulièrement les femmes, plus encore que la maladie personnelle; chez les hommes, on trouve exactement l'inverse. Par contre, chez eux la perte d'emploi sera ressentie avec plus d'acuité, ce qui ne devrait pas nous surprendre étant donné leur plus forte participation au marché du travail. Les femmes au foyer semblent plus touchées que la moyenne par l'ensemble de ces événements.

Les femmes et les hommes qui présentent un indice élevé d'événements stressants sont aussi nettement plus à risque quant aux problèmes reliés à l'alcool. Cette relation est beaucoup plus forte chez les femmes, qui voient ce risque (lié à l'alcool) passer d e 5 % à 8 % selon que l'indice d'événements stressants est nul ou élevé.

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38 I Quand les femmes parlent de leur santé

La détresse psychologique augmente également lorsque des événements stressants viennent perturber la vie. Encore une fois, « l'avènement de la maladie ou de la mort chez les proches influe davantage sur les scores de stress que la perte d'emploi ou la mise à la retraite [,..] il a été établi, entre autres, que l'état de santé, l'effet des événements stressants et la qualité des rapports avec autrui pèsent dans la balance et expliquent davantage les scores de détresse que l'ensemble des variables socio-économiques» (Perrault, 1989).

L'environnement social

Dans le questionnaire auto-administré, une section (XI — Votre vie en général) est consacrée à la présence, ou l'absence, de personnes significatives dans l'entourage et à la satisfaction qui y est rattachée. Plus de 90% des femmes et des hommes se déclarent satisfaits de leur vie sociale. Par ailleurs, chez les personnes insatisfaites, plus de la moitié ont un niveau élevé de détresse psychologique. Quant aux relations avec les proches, en général beaucoup plus de femmes que d'hommes se déclarent insatisfaites de leurs relations avec leur conjoint, alors que les hommes se déclarent plus facilement insatisfaits de leurs relations avec leurs enfants. Chez les hommes, l'absence de confident semble particulièrement fréquente.

Un indice d'intégration sociale* a été composé à partir de différentes questions sur les liens avec les amjs, les enfants, le conjoint, le temps libre passé scul(e) ou avec d'autres et la pratique religieuse. Dn tel indicateur doit être analysé avec précaution puisqu'il repose en partie sur l'existence de relations particulières, par exemple le conjoint ou les enfants, et que l'âge des personnes peut jouer à cet égard. Ainsi, une personne très jeune peut être très intégrée socialement même si elle n'a ni conjoint ni enfant; c'est pourquoi on évitera de comparer des groupes d'âge différents. En général, les femmes ont une intégration sociale un peu plus élevée que les hommes, sauf à partir de 6S ans où l'on constate l'inverse. Le lien entre cet indice et la détresse psychologique est très éloc]uent.

Maladie ou souffrance... un diagnostic complexe

Les résultats de l 'enquête Santé Québec sur la santé psychologique des femmes s'inscrivent dans la lignée de ce qui

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 39

Tableau 10 -

Groupe

d'âge

!5-24

Femmes

Hommes

25-44

Femmes

Hommes

45-64

Femmes

Hommes

65 et +

Femmes

Hommes

15 et +

Femmes

Hommes

Total

- Détresse psychologique intégration sociale, l'âge,

Aucune

34,3

21.9

35,2

27,9

37,8

28,3

40,9 24,4

35,8

24,9 29,4

Québec, Intégration

Faible

29,2

!4,5

29,8 15.2

33,9 26,7

29,3 17,4

30,0

!6,6

23,8

élevée et selon le sexe et

1987 (en

socialt

Mo\ en ne

19,9 12.9

22.8

14.3

26,8

16.7

30.8 20.0

24,7

i5.4

20,4

pourcentage)

Élevée

25,3

7,3

18,0

11,4

25,7

13,3

22,2

12,0

21,2

12,i 16,8

Total

29,0

17.3

23,3 15,2

28,0

17,2

29,1 16,2

26,2

16,7

21,4

Note: Il .s'agit de la proportion des personnes ayant un niv'eau éie\e de détre.sse psychologique, par âge et par sexe, parmi l'ensemble des personnes avant iiiî même nneaii tlintégration sociale, de même âge et de même sexe

Source: Calculs basc.s sur les données de Santé Qucliec 198".

était connu ou suggéré par les analyses antérieures. On savait que les femmes recevaient plus de soins et de services, qu'elles demandaient plus d'aide et consommaient plus de médicaments. On avait également pu démontrer que les perceptions des dispensateurs de soins avaient un certain impact sur les approches en fonction du sexe du patient. Que nous apprend Santé Québec sur toutes ces questions? Dans un premier temps, les données de l'enquête confirment de façon évidente que les femmes déclarent un taux nettement plus élevé de problèmes d'ordre psychologique. Ces problèmes ne sont pas des diagnostics au sens habituel du terme, ils se traduisent par de la souffrance, de la difficulté à vivre et à fonctionner, parfois par une incapacité plus ou moins lourde, par des symptômes physiques qui peuvent durer de longues années et qui sont plus ou moins amplifiés par certaines conditions socio-économiques. On doit leur accorder beaucoup d'attention car, selon la définition même de l'échelle de détresse psychologique, ils

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40 I Quand les fonmes parlent de leur santé

permettent d'estimer la fréquence des gens qui ont suffisamment de symptômes pour être considérés à risque et avoir besoin d'une intervention.

L'hypothèse que les femmes manifestent plus facilement que les hommes leurs problèmes d'ordre psychologique et ressortent par conséquent plus fortement aux échelles de santé mentale reste valable. Les instruments utilisés vont habituellement chercher, dans la population vivant à domicile, des problèmes qui peuvent varier en intensité et en gravité. Les personnes institutionnalisées pour problèmes mentaux en sont exclues, et l'on sait, par les statistiques d'hébergement, que les hommes y sont un peu plus nombreux que les femmes.

On peut se demander, et c'est la question posée dans les milieux d'intervention, si certains problèmes à plus forte incidence masculine, comme l'alcoolisme ou les comportements violents, ne devraient pas être inclus dans les échelles de santé psychologique, ce qui aurait pour résultat de faire pencher la balance vers une plus grande prévalence masculine de détresse psychologique. Toutefois, une telle pratique aboutirait à privilégier certains éléments particuliers de la question et pourrait entraîner la situation inverse, c'est-à-dire que l'on reprocherait alors à ces instruments d'être plus sensibles aux problématiques masculines. Dans un sens, on peut se réjouir que les échelles actuelles mettent plus en évidence les problèmes des femmes, si c'est le cas. Cela nous permet d'y puiser des éléments de connaissance et surtout de dépistage et d'intervention. Auparavant, on savait que les femmes cherchaient de Laide, les intervenants et les intervenantes faisaient état de la souffrance et de la détresse manifestées en consultation; maintenant, on connaît un peu mieux les raisons et les circonstances de cette demande. L'analyse plus poussée des données de l'enquête permettra sans doute de définir des champs d'intervention plus précis,

11 ressort de cette analyse, plus nettement que jamais, que la santé psychologique est «sexuée» en ce qu'elle se manifeste différemment selon que l'on est une femme ou un homme. Les moyens pour la définir doivent donc tenir compte de la culture de l'une comme de l'autre. Ce qui nous paraît maintenant établi en intervention doit aussi l'être en recherche: il faudra perfectionner les instruments de cueillette de données dans cette perspective.

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 41

Enfin, et c'est ce qui continuera à troubler notre quiétude, ces résultats d'enquête confirment, dix ans plus tard, ce qui avait été dit à propos de la santé mentale des femmes québécoises. {Santé mentale au Québec, numéro thématique sur les femmes, 1980). On retrouve toujours plus de femmes dans les niveaux élevés de souffrance et de détresse. Malgré tout ce qui a été écrit et fait, la situation ressemble étrangement à celle qui avait été dépeinte à cette époque. Et cela pose un défi autant aux chercheurs et chercheures qu'aux intervenants et aux intervenantes: les problématiques ont-elles été bien définies? Doit-on requestionner les modes d'intervention? Les ressources communautaires ont-elles joué (ou pu jouer) le rôle qu'elles s'étaient proposé ? La volonté d'intervenir est-elle bien arrêtée?

Faits saillants

• Les femmes déclarent plus de problèmes généraux liés à la santé psychologique que les hommes, particulièrement la dépression sévère et la détresse psychologique. Par contre, les hommes sont plus souvent hospitalisés pour des problèmes aigus de santé mentale.

• Les jeunes femmes, particulièrement les adolescentes, et les femmes âgées semblent les plus vulnérables à la détresse psychologique.

• Les pensées suicidaires et les tentatives de suicide touchent autant les hommes que les femmes et semblent plus prévalentes chez les plus jeunes,

• La détresse psychologique touche particulièrement les personnes de milieux défavorisés, les personnes séparées ou divorcées, les personnes qui n'ont pas de confident ainsi que celles qui sont peu intégrées socialement.

• La détresse psychologique semble particulièrement associée, chez les femmes, à des problèmes touchant les liens affectifs avec d'autres personnes (absence d'intégration sociale, maladie d'un proche, séparation ou divorce).

Des habitudes qui agissent sur la santé

Le lien entre les habitudes de vie et la santé n'est plus à démontrer. La documentation, tant scientifique que populaire, regorge de données sur les effets bénéfiques, ou délétères selon le cas, de certaines pratiques individuelles, tels l'exercice physique ou le tabagisme, sur l'état de santé et même sur

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42 I Quand les femmes [parlent de leur santé

l'espérance de vie des personnes qui s'y adonnent. La notion de responsabilité à l'égard de sa propre santé est devenue un impératif, remplaçant l'ancienne association «maladie = punition divine» qui avait marqué les générations antérieures. Depuis quelques années, ce discours s'est élargi aux risques collectifs auxquels sont exposées les populations à cause des diverses sources de pollution (industrielle, urbaine, agricole, etc.). Dès lors, le partage entre la responsabilité individuelle et la responsabilité collective, cette dernière étant souvent considérée comme une prérogative de l'État, devenait difficile à effectuer.

Voilà pour le débat général. Chez les femmes, la question des habitudes de vie a toujours été, de plus, étroitement liée aux restrictions et aux obligations associées à leur sexe. Pendant longtemps l'exercice physique, la consommation de tabac et d'alcool n'ont pas été considérés «d'essence féminine»; par contre, les canons de la mode ont toujours imposé au corps des femmes des contraintes lourdes de conséquences pour leur santé, tant physique que psychologique. Si l'ère des corsets et des vêtements encombrants semble révolue, la seconde moitié du XX*-' siècle, qualifiée d'ère de libération des femmes, prélève un lourd tribut sur leur santé en les obligeant à garder une apparence jeune, à rester minces et sexuellement attrayantes bien longtemps après la cinquantaine. Pour les femmes de cette fin de siècle, la beauté passe souvent par les régimes amaigrissants, les hormones et la chirurgie esthétique.

Sans reprendre ce débat, il importe toutefois, avant d'aborder certaines habitudes de vie, de rappeler le contexte social dans lequel elles se concrétisent. La publicité que l'on accorde au fait que les femmes boivent, fument et connaissent maintenant le stress relié au marché du travail, à peu près comme les hommes, n'est-elle pas un peu teintée de jugement de valeur? Le quasi-silence fait autour du port des talons aiguilles et des régimes amaigrissants excessifs n'est-il pas une forme d'acceptation tacite? Les publications sur cette question insistent particulièrement sur le fait que le travail à l'extérieur du foyer de même que l'usage du tabac et de l'alcool interviennent directement sur les fonctions biologiques et sociales de la reproduction. Par contre, les pratiques destinées à «améliorer » l'apparence physique seraient moins dangereuses puisque les femmes seules en subissent les conséquences. . . Cette perspective paraît importante pour la poursuite d'une réflexion

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 4^

en vue d'actions pour informer les femmes sur la prévention et l'amélioration de leur santé.

On possède peu de données sur ces questions, et l'enquête Santé Québec s'est attachée à celles qui ont été traitées le plus souvent en santé publique. Elle permet de tracer un portrait assez complet de la consommation de tabac et d'alcool des Québécoises et des Québécois et contient un certain nombre de renseignements sur leur répartition selon le poids et la raille. Les données recueillies permettent de définir certains groupes à risque: gros fumeurs, personnes présentant une dépendance à l'alcool, personnes souffrant d'obésité ou d'insuffisance de poids.

La consommation d'alcool

À l'échelle mondiale, le Québec est considéré comme un pays de consommation moyenne (CASF, 198S), Si, depuis la dernière grande guerre, notre consommation d'alcool a connu une augmentation constante, on observe une tendance à la baisse depuis une décennie. Les fortes augmentations, particulièrement entre 1961 et 1976, ont été imputées aux habitudes de consommation chez les jeunes et surtout chez les femmes. On a parlé d'une période de « normalisation et de libéralisation de la consommation de l'alcool », en même temps que les habitudes de boire connaissaient des changements dans plusieurs domaines : popularité croissante du vin aux dépens de la bière, ouverture aux femmes des lieux publics de consommati(.)n, nouvelles formes de promotion.

L'entrée des femmes sur le marché du travail serait un facteur important d'explication de leur plus grande consommation d'alcool pendant cette période (Nadeau et al., 1983), la consommation des femmes au foyer étant moindre. Les statistiques de 1978-1979 nous apprennent que 55% des femmes et 78% des hommes prenaient de l'alcool de façon régulière ; on comptait alors trois fois plus de femmes abstinentes que d'hommes abstinents. L'analyse démontrait un phénomène cle génération dans le comportement des femmes face à l'alcool : les femmes de 50 ans et plus étaient en majorité non buveuses ou buveuses occasionnelles, et leurs cadettes commençaient à boire plus jeunes et de façon plus régulière.

Santé Québec montre qu'en 1987 la grande majorité des adultes consommaient de l'alcool au moins occasionnellement; c'était

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44 I Quand les femmes parlent de leur santé

le cas de 90% des hommes et de 80% des femmes. Toutefois, la tendance à la baisse amorcée vers 1976 continue sa progression: les ventes per capita ont chuté de 16,3% (Roy, 1989) en même temps que la proportion des buveurs habituels décline au profit des non-buveurs.

Tableau 11 — Types de buveurs selon le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1978-1979 et 1987 (en pourcentage)

Année

19~8-I979 Femmes Hommes Femmes/hommes

1987 Femmes liommes Femmes/hommes

1987/1978-79 Femmes ( % ) Hommes ( % )

lamais bu

16.5 5,5 3.0

20,3 8,9 2.3

+ 23 + 62

Ancien buveur

2,8 3,9 0,:'

4.9 b.l 0,8

+ 75 -f 59

Buveur occasionnel

26,1 12,3 2,1

25,1 13.8 1,8

- 4 + 12

Buveur régulier

54,6 78,3 0,7

49,7 71,1 0,7

_ 9 - 10

-SDurccs h)~H.19- ' ) Enquê te Santé (..in.ida l'JK~ ( 'ak'uls b.iscs sur Ic^ dt)nriccs de l ' cnquc tc S.inic Quétx'L'

Les Québécois de 198" semblent donc enclins à restreindre leur consommation d'alcool. Dans l'ensemble, plus de 50% d'entre eux se classent maintenant dans la catégorie des buveurs réguliers*, les hommes y étant un peu plus nombreux que les femmes. On peut constater que si les femmes ont rejoint les hommes dans cette classe, c'est surtout à cause d'une baisse importante chez ces derniers (30% depuis Santé Canada).

Les femmes boivent cependant en moins grande quantité que leurs compagnons. Les «gros buveurs» (14 consommations et plus par semaine) comptent 13% des hotnmes et 3 % des femmes. Là aussi la tendance est à la baisse: il y a moins de gros buveurs qu'en 1978-1979. Par contre, chez les jeunes femmes de moins de vingt ans, une nouvelle tendance semble s'amorcer: «On y trouverait plus de buveuses de quatroze consommations et plus par semaine en 1987 [...] Mais les nombres sont petits et appellent à la prudence» (Roy, 1989). D'autres données viennent renforcer cette tendance: en général,

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 45

la populat ion québécoise déclare avoir diminué sa consommation d'alcool depuis dix ans, sauf les jeunes femmes de moins de vingt ans. Ces données seront rcfuises dans la section sur les jeunes femmes.

Santé Québec a également recueilli des informations permettant de repérer les buveurs à risque* ou qui ont des problèmes liés à la consommation d'alcool. Ces problèmes sont d'ordre comportemental ou physique et apportent des éléments de connaissance qui vont au-delà de la seule const)mmation.

Graphique 8 — Problèmes liés à Talcool, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

1 0 ^ 9 ^ 8 ^ 7 ^ 6 ^ 5 4 H

3 -2 -1

• 1 i

Femmes

Honumes

3,3

0,3

Exce ssifs

10,0 14,8

À risques Dépendants

Buveurs

Source Calciiis biistl"- sur lc> d o i i n c c s de rL'tUjucie Sani r l ,)ucbcc \'->H'

La dépendance à l'alcool*, indicateur qui équivaut à la définition de l'alcoolisme, atteindrait sa plus forte prévalence entre 25 et 44 ans chez les hommes (12 %) et entre 15 et 24 ans chez les femmes (5 %). Ce taux représenterait plus de 26 000 jeunes femmes aux prises avec de sérieux problèmes d'intoxication à l'alcool.

Le mode d'initiation à l'alcool joue peut-être un rcMe dans les différences observées entre les sexes. II semblerait que les jeunes garçons commenceraient à boire en compagnie de leurs pairs, alors que les jeunes filles seraient plutôt initiées par leur «ami de coeur» habituellement un peu plus âgé qu'elles (Ahistrom, 1983).

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46 I Quand les femmes parlent de leur santé

Le lien entre la dépendance à l'alcool et la détresse psycho­logique est frappant chez les femmes. Les personnes dépendantes de l'alcool sont deux fois plus nombreuses que les autres à présenter un indice élevé de détresse, et les femmes encore deux fois plus que les hommes (61 % chez les femmes et 37 % chez les hommes). Cette relation est la plus forte entre 15 et 19 ans chez les femmes et dans le groupe des 20 à 24 ans chez les hommes.

Les personnes dépendantes de l'alcool présentent un indice d'événements stressants plus élevé que la moyenne. Elles se déclarent plus insatisfaites de leur vie sociale et peuvent moins compter sur la présence d'un confident ou d'une personne-ressource.

Graphique 9 — Facteurs associés à la dépendance alcoolique selon le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

Evén. stress, élevé '

Insalisfac./vie soc.

Temps libres (seul)

@ Hoinmes (dépendance)

n Femmes (dépendance)

Hommes (non-dépendance)

Femmes ( non-dépendimce)

16 24

Source (;;ik'uls b.iscs sur k-s tlniinccs de Sanic (.•)ui.in'( IMS'

32%

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 47

L'usage combiné d'alcool et de tranquillisants est le fait de 35 % de la population; 4% boivent plus de 14 consommations par semaine. La prévalence des consommateurs de tranquillisants qui sont également des gros buveurs est deux fois plus élevée chez les femmes, et cette pratique se remarque surtout à partir de 55 ans.

Le fait de consommer de l'alcool n'est pas néfaste en soi. Les recherches ont même reconnu certains effets bénéfiques associés à une consommation légère : relaxation, baisse du risque de mortalité coronarienne. Toutefois, les problèmes reliés à la consommation excessive, même ponctuelle, sont énormes, et la hausse enregistrée chez les femmes, particulièrement chez les plus jeunes, constitue un signal d'alarme. Ce qui retient encore plus l 'attention, c'est le lien évident entre la consommat ion excessive et les problèmes d 'ordre psychologique chez elles. Il semble qu'une forte consommation d'alcool chez les femmes soit souvent associée à d'autres problèmes.

L'usage du tabac

Les problèmes de santé et les accidents reliés à l'usage du tabac (incendies et accidents de véhicules moteurs) font partie des écrits scientifiques et populaires depuis suffisamment longtemps pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en rappeler ici les grandes lignes. Ce qui nous intéresse est plutôt le comportement des femmes vis-à-vis du tabagisme.

Même si le Québec est l'un des pays où l'on fume le plus (en 1985, il venait au quatrième rang à l'échelle mondiale), l'usage du tabac y est aujourd'hui en perte de vitesse. De 4 3 % qu4l était il y a dix ans, le pourcentage de fumeurs réguliers* est maintenant de 33 % • Toutes les données d'enquête ont jusqu'ici mis en lumière le fait que cette baisse a touché tous les sous-groupes de la population, à l'exception d'un seul: les jeunes femmes, qui fument de plus en plus.

L'histoire du tabagisme chez les Québécoises est relativement récente. Elles ont commencé à fumer autour des années vingt, mais ce n'est que lors de la dernière guerre mondiale que cette consommation est devenue importante (Todd, 1979), L'usage de la cigarette a été d'abord le fait des femmes des classes supérieures et moyennes, puis s'est répandu à l'ensemble des

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48 I Quajid les femmes parleftt de leur santé

femmes de tous les groupes socio-économiques. Aujourd'hui, on constate que ce sont les moins nanties qui fument le plus.

La consommation de tabac diminue régulièrement chez les hommes depuis 1965, alors que les femmes continueraient à accroître la leur (CASF, 1985). Il semblerait, selon la même étude, que le comportement des femmes à cet égard suivrait celui des hommes avec 30 ans de retard. Par exemple, les femmes de 1981 fumaient comme les hommes de 1950. L'usage croissant du tabac dans la population féminine serait attribuable aux jeunes femmes, particulièrement celles de 20 à 24 ans, qui fumeraient de plus en plus. Même dans le groupe des 15 à 19 ans, on retrouve autant de garçons que de filles parmi les fumeurs réguliers, soit 32 % ( 19*^8-1979)- Par contre, les gros fumeurs, ceux qui consomment plus de 26 cigarettes par jour, ont toujours été plus souvent des hommes. Il est intéressant de noter que, si le nombre de fumeurs réguliers diminue de façon générale, la proportion des gros fumeurs parmi eux augmente régulièrement, autant chez les femmes que chez les hommes.

Graphique 10 — Proportion' des gros fumeurs selon le sexe, Québec, 1965 à 1987 (en pourcentage)

"/o

20

16

12

19,9

16,3

11.9 11,9

.5,7

1965

Ll J 1975 1981 1987

I II s agii (Je^ gros lunn'uts ra[i|>ntîcs a ren.scuihk- ûe^ fumeurs

\'>H~ ( .ih uls h.ise.s xur k;s iluiuiees de Saïue (.tueliet i ' W

l-n 1987, le tiers de la population québécoise fumait régulièrement la cigarette; 35% des hommes et 32% des femmes. Cette consommation varie sensiblement selon l'âge.

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 49

Graphique 11 — Habitude de fumer selon le sexe et le groupe d'âge, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

15-24

25-44

45-64

65 et +

Total

40,4

Hommes (gros himeurs) Femmes (gros fumeurs) Hommes (fumeurs réguliers)

Femmes (fumeurs réguliers)

16 24 32 40 4 8 %

Source Caleuis bases sur les données de Santé i.Hiéhee I"-'»"

Chez les 15 à 19 ans, une fille sur quatre déclare fumer régulièrement; les garçons suivent avec un fumeur sur cinq individus. Les jeunes filles sont donc plus nombreuses à fimier que les garçons, et cette situation s'est accentuée depuis l'Enquête Santé Canada de 1978-1979- Par contre, ce qui est nouveau en 1987, c'est que la baisse générale de la consommation de tabac a rejoint les jeunes femmes. Contrairement aux années précédentes, elles accusent maintenant elles aussi une diminution dans leur consommation.

Qui sont les habitués de la cigarette? Les personnes moins nanties, moins scolarisées, séparées ou divorcées, les personnes seules de même que celles qui ont vécu des événements

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50 I Quaiul les femmes parlent de leur santé

Graphique 12 Fumeurs r é g u l i e r s s e l o n c e r t a i n e s carac tér i s t iques s o c i o - é c o n o m i q u e s , p o p u l a t i o n â g é e d e 15 ans et p l u s , Q u é b e c , 1 9 8 7 (en p o u r c e n t a g e )

État matrimonial

Marié! e )

Séparî^e)/ r>iv«)reê(e)

\éuf(ve)

SeiiKc)

Niveau de revenu

Très pauvre L _ |

Pauvre

A revenu moyen

Riche

Scolarité relative Scolarité

minimum

59,^

. .5,1

48,1 42,+

I I Hommes

m Femmes

50,3 40,8

16 24 32 40 48 56 64%

'..U: ^,lnte i>uerie

strcssanis fument plus souvent que les autres et de plus grandes quantités de cigarettes.

L'usage de la cigarette est plus répandu chez les ch(Mneurs et chez les cols bleus (hommes et femmes). Par contre , les ct>ls blancs qui fument sont parmi les plus gros fumeurs et particulièrement les femmes qui occupent des postes de direct ion, «tx 'ux qui exercent peu de maîtrise sur leiu-environnemenr, ceux qui ont des conditions de vie et de travail plus difficiles ont en généra! plus de difficulté à cesser de fumer», déclare le Conseil des affaires sociales (1985).

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e

Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 51

Une question de poids

La relation des femmes avec leur poids corporel a presque toujours été une douloureuse recherche de la perfection. Une perfection dont les standards sont sans cesse repoussés vers des limites fuyantes, la plupart du temps inaccessibles au grand nombre. Toujours trop maigres ou trop grasses, en totalité ou en partie, les femmes continuent de rechercher le poids idéal. Poids idéal basé non pas sur des critères de santé et de bien-être, mais plutôt sur ceux de la mode en cours. Pour atteindre cet idéal, elles posent des gestes coûteux en temps, en argent et en soulfrance. À cela s'ajoutent les conséquences physiques et psychologiques des échecs, mais aussi des réussites: problêmes circulatoires, dépression, fatigue, intoxication aux médicaments, etc.

L'enquête Santé Québec permet, à partir du poids et de la taille déclarés par les individus, de calculer un indice pondéral, appelé indice de Quételet *. Ce dernier permet à son tour d'établir des catégories de personnes, selon qu'elles .sont en excès ou en déficit de poids. En combinant cet indice avec le poids que les mêmes personnes souhaitent atteindre, on obtient des renseignements plus complets sur les attitudes et éventuellement sur les comportements.

Plus de la m(.)itié des Québécoises ont un poids normal, compte tenu de leur taille et de leur âge. Neuf pour cent auraient un

Tableau 12 — Catégories de poids selon Tâge et le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

Âge

15-24

25-44

45-M

65 (_'{ +

Tous

âges

Sexe

p

H

F 1!

F il

F H

F H

Poids

rnsuffisanl

u^^ 20,4

0,0 0,6

4,3 5,1

^,0 ').^

9,1 9,.^

Poids normal

b^d 52,5

60,4

55,9

43,4

44,4

42,3 49»

55,3 55,7

Excès de poids

12,6

13,0

22,3 30,:*

34,4

40,4

35,9

33.8

25,1 29,8

Obésité

3,3 4,0

8.4 6r

18,1)

9,^

13,S

~,o 10,5

7,0

S o u r c e i -mond, .'\ , ( . i ) \ ( tn , !, , l'ails stidlauls t')d~ /.'eu</uèle Saule Québet. ,\ISSS, l'>HH

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52 I Quand les femmes parlent de leur santé

poids nettement insuffisant alors que plus de 10 % souffriraient crobésité. Disons tout de suite que l'excès de poids, même s'il peut être considéré comme un signa! d'alarme, ne pose pas de problème de santé, 11 en est tout autrement de Lobésité, que l'on sait associée à de graves affections, tels les maladies coronariennes et le diabète. Les femmes âgées de 45 à 64 ans en sont particu­lièrement atteintes (18% ), deux fois plus que leurs compagnons. Et si Ton ajoute à cela que ces données sont probablement sous-estimées-. le problème semble particulièrement prévalent. Lntre ( 0 et 64 ans, près d'une femme sur quatre serait obèse, selon Santé Québec.

L'insuffisance de poids constitue l'autre pôle de la question; c'est un problème que l'on a tendance à sous-estimer et pourtant ime absence consistante de tissus graisseux peut entraîner d ' importants problèmes, tels l 'anorexie mentale, le débalancement hormonal, la stérilité, le rachitisme et l'ostéoporose.

On remarque que ce sont surtout les jeunes qui présentent ce type de problème ; entre 1 5 et 19 ans, plus de 1 ^ % des jeunes filles et 1^ % des jeunes garçons auraient un poids insuffisant.

Grapbique 13 — Désir de maigrir et poids réel selon le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

% 100

80

60

40

20

Diminution légère

Forte diminution

t «

S K I I d InsiiDs.'Ént Niitiiiai Nomi;>l

Femmes Hommes

Poids réel

Siniree /••/ la ••aule. <^a ra •'. tunic 1, Les Pyblie;HH,iis dti QiiCbee, 19H8

D.iiis les eiiLniOîes, les f cns oiu h;il)iiu<.'!lcnicni icndancc ii st)us-c.stimcr leur poids el J Mircstmier lem sailke

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 53

Eltet de la croi,ssance ou résultante d'un taux d'activité particulièrement élevé? Il est difficile de se prononcer en l 'absence de données supplémentaires. Cependant, la surreprésentation des femmes entre 20 et 44 ans permet de supposer qu'elles auraient des habitudes alimentaires particulières.

Une minorité de femmes se déclarent satisfaites de leur poids, soit l 4 % d'entre elles. Au moins trois femmes sur quatre souhaitent perdre du poids; près de la moitié de celles-ci souhaitent même une diminutiojT importante. Ce désir est particulièrement répandu chez les jeunes femmes de 15 a 24 ans.

Graphique 14 — Prévalence d'obésité selon certains facteurs socio-économiques, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Niveau de revenu

Riche

À revenu moyen

Pauvre

Très pauvre

État matr imonial

Veufi ve )

Séparé< e)/dîvorcé(e) I

Marîé(e)

Célibataire

• Femmes

D Hommes

r %

Source F! la saule, i'a ra'', rome 1, Les Pubheiiiiuns du Québec. iVHH

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54 I Quand les fonmes parlent de leur santé

Le désir de perdre du poids, qu'il soit ou non justifié, est toujours plus féminin que masculin. En ce sens, il comporte une signification culturelle importante; cette question est reprise dans la section sur les jeunes femmes. Ce qui retient particulièrement l'attention ici est la proportion de 13% de femmes qui ont un poids insuffi.sant et qui désirent tout de même maigrir. En sect)nd lieu, on note que près des trois quarts des femmes de poids normal désirent également maigrir,

L'obésité peut aussi être considérée comme une «maladie sociale» en ce sens qu'elle est reliée à certains facteurs socio-économicfues.

On observe deux fois plus d'obésité dans les milieux défavorisés que dans les milieux riches; la proportion la plus élevée 23 % se retrouve chez les femmes pauvres et très pauvres âgées entre 45 et 64 ans.

Les femmes qui souffrent d'obésité se déclarent plus souvent en mauvaise santé que les autres {20 %} ; viennent ensuite celles qui ont un poids insuffisant (15%) ou un excès de poids ( 14 %). Celles qui ont un p(Mds normal se définissent en ^<excellente ou très bonne santé» plus souvent que la moyenne.

Graphique 15 Régime selon la catégorie de poids et le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

Poids insuffisant

Poids normal

^ g Excès de poids

^ Obésité

Femmes Hommes

Siiurte Ciikuls h;ises sur les (.luiiiiee.s de S;tTile OLieliee l')K

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 55

Quels gestes posent les femmes pour corriger leur poids? Onze pour cent des femmes âgées de 15 ans et plus étaient au régime au moment de l'enquête, soit deux fois plus que les hommes (6%).

Les causes du régime ne sont pas présentées dans ce tableau; de façon générale, les raisons les plus souvent invoquées sont les problèmes de poids, le diabète et les maladies coronariennes. Quel que soit leur poids, les femmes s'engagent plus souvent que les hommes dans des régimes. C'est évidemment dans la situation d'obésité que l'on trouve la plus grande proportion de personnes qui s'adonnent à cette pratique. Deux fi)is plus de femmes que d'hommes dont le poids est supérieur à la normale disent suivre un régime en 1987; par contre, à partir de 65 ans, les hommes sont presque aussi nombreux que les femmes à suivre des régimes. On peut penser cjue l'état de santé devient alors un incitatif important.

L'obsession de la minceur n'est qu'un des aspects de l'image corporelle; c'est aussi l'un des plus importants. Avec le vieillissement de la population féminine, elle risque de prendre une connotation plus tragique, car Lâge moyen des femmes étant de plus en plus élevé, ces dernières s'éloignent d'autant plus des images présentées par la publicité. Les résultats de l'enquête montrent bien la nécessité de poursuivre la recherche sur les effets de la course vers l'idéal corporel sur la santé des femmes.

Faits saillants

• De façon générale, les femmes boivent moins d'alcool depuis l'Enquête Santé Canada de 1978-1979- En 1987, une femme sur deux en consomme de façon régulière.

• Par contre, les jeunes femmes semblent consommer plus d'alcool que leurs aînées, et leurs modes de consonmiation se rapprochent de ceux des hommes.

• Les femmes sont moins nombreuses que les hommes à présenter des problèmes ou de la dépendance face à l'alcool. Cependant chez elles, cette habitude est plus souvent associée à de la détresse psychologique.

• Près d'une femme sur trois fume régulièrement la cigarette; un faible pourcentage (13%>) fume en grande quantité.

. La baisse du tabagisme se poursuit; elle a même rejoint les

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56 I Quand les femmes parlent de leur santé

jeunes femmes, qui continuent cependant à surpasser les jeunes hommes dans leur consommation.

• L'habitude de la cigarette est plus répandue en milieu défavorisé, chez les femmes moins scolarisées, les femmes séparées ou divorcées, celles qui vivent seules et celles qui sont plus stressées.

• Plus de la moitié des femmes québécoises ont un poids normal; pourtant, les trois quarts d'entre elles désirent maigrir.

• L'obésité est le fait de 11 %> des femmes de tous âges; mais entre 45 et 64 ans, près d'une femme sur cinq en souffrirait. Les femmes des milieux défavorisés ont un taux d'obésité plus du double de celui des femmes mieux nanties.

• Près d'une femme sur dix est en insuffisance de poids ; cette proportion monte à 17%) chez celles qui sont âgées de 15 à 24 ans.

Les hauts et les bas de la ménopause

Depuis quelques années, on a sorti la ménopause de l'enfer. On avait d'abord considéré les femmes ménopausées {en « retour d'âge») comme définitivement inaptes et inintéressantes; puis on les a déclarées malades ou du moins en déséquilibre certain. Après les avoir ignorées, on les avait reclassées dans de nouvelles catégories pathologiques (des maladies) tout aussi enfermantes mais bien commodes, car qui dit maladie dit aussi remède. Et s'il y a remède, il n'y a qu'à Lutiliser...

On affirme maintenant que la ménopause est un passage, et qu'en tant que tel elle mène vers un autre rivage, Comme tout passage elle suppose un changement par rapport à la situation antérieure et une restructuration en vue de la continuation de la vie. Pour certaines femmes, cette transition serait plus difficile et comporterait un lof de souffrances et d'inconfort qui nécessiteraient diverses interventions. Pour le plus grand nombre elle serait effectuée avec un minimum de problèmes et avec surtout le sentiment de la continuité. C'est du moins ce qui ressort de la documentation actuelle basée surtout sur les témoignages d'intervenantes et d'intervenants ou de groupes de femmes intéressées par la question.

On possède peu de données relatives à la prévalence des malaises liés à la ménopause. Une étude récente (1988) menée pour le

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 57

compte de la Corporation professionnelle des médecins du Québec auprès des Québécoises âgées de 45 à 54 ans montre des résultats intéressants. Un peu plus de la moitié des répondantes, soit 55%), considéraient la ménopause comme un événement important ; une femme sur deux déclarait ressentir certains malaises tels le manque d'énergie, la tension, l'irotabilité et le mal de dos. Cependant, quatre femmes sur cinq s'estimaient en bonne ou très bonne santé. Près de 80%) des femmes interrogées dans cette situation auraient au moins un malaise relié à la ménopause: variations menstruelles, ostéoporose, infection de la vessie ou bouffées de chaleur. La majorité d'entre elles ont consulté leur médecin à cet effet, et dans la moitié des cas ce dernier aurait prescrit des médicaments pour traiter leurs symptômes.

Dans l'enquête Santé Québec, une question précise permet de regrouper les femmes qui sont dans cette situation : « Traversez-vous présentement votre ménopause? » Ainsi libellée, la question met l'accent sur le fait qu'il s'agit d'une période et non pas seulement d'un événement (l'arrêt des menstruations, par exemple).

En 1987, 17% des femmes âgées de 15 ans et plus ont déclaré être en période de ménopause. Déjà entre 15 et 44 ans, 4%» sont dans cette situation, on en retrouve plus de 71 %> entre 45 et 54 ans et 23 %> chez les femmes âgées de 55 ans et plus. On suppose que les autres femmes de ce dernier groupe d'âge considèrent que le cap de la ménopause est maintenant franchi.

Un bon nombre d'entre elles déclarent certains problèmes reliés à la ménopause, tels les hémorragies et les ménorragies pré ou postménopausiques, les troubles de la ménopause (bouffées de chaleurs, insomnies, céphalées*, problèmes de concen­tration), les vaginites atrophiques postménopausiques et les troubles associés à la ménopause chirurgicale (tous ces symptômes se retrouvent à la classification internationale des maladies CIM aux codes 627.0 à 627,9). Ces problèmes se retrouvent neuf fois sur dix chez les femmes qui vivent la ménopause, soit sept fois plus souvent que chez les autres femmes.

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58 I Quand les fe?nmes parlent de leur santé

Graphique 16 Problèmes de santé reliés à la ménopause selon Tâge, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

^ 100

^ 1 70 •§1 60 5ï) a 50 * 'f. 40 y -0

3 rt

30 20

& S' 10

Femmes ménopausées

Femmes non ménopausées

15-44 45-54 55 et Total

I D.fil'i iX' t;rnu[ic d .ige. •.enlenn'iif t ".. des temnu' i i n u i ' J !.j ["muten; e (.l.ms l snrerpieidiiun

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C'est entre 45 et 54 ans que ces problèmes sont les plus présents; une minorité de femmes semblent échapper à l'un ou l'autre de ces symptômes, quelle que soit sa gravité. La plus faible prévalence chez les plus jeunes est difficile à expliquer, d'autant plus qu'elles sont plus susceptibles d'avoir eu une ménopause chirurgicale et par conséquent d'être traitées davantage pour les symptômes' de santé. Quel que soit Lâge, les femmes qui vivent la ménopause se déclarent trois fi)îs plus souvent en mauvaise santé que les autres femmes, et cette relation est un peu plus élevé à partir de -45 ans.

On a mentionné la dépression ou la souffrance psychologique comme des états souvent associés à la ménopause. Santé Québec reuKirque que les femmes en ménopause sont plus nombreuses que les autres â présenter un indice élevé de détresse psychologique. La précocité de ta ménopause seniblerait augmenter cette relation puisque chez les plus jeunes femmes, particLilièrement entre l 5 et 3^ ans, une sur deux se trouverait dans cette situation. On peut supposer que le fait de vivre la ménopause de façon prématurée soit un facteur favorisant une plus grande détresse. Les différences selon l'âge ne sont pas

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 59

Graphique 17 — Proportion des femmes ayant un indice de détresse psychologique élevé et ménopause selon l'âge, Québec, 1987 (en pourcentage)

En ménopause

Non ménopausée

15-34 35-44 45-54

innées sle >. e)nebet \'M

significatives; elles indiquent toutefois des tendances intéressantes. On s'est intéressé au soutien dont les femmes bénéficient durant cette période. À prime abord, il ne semble pas y avoir de différence entre les femmes, quelles soient ou non en période de ménopause. Neuf femmes sur dix déclarent compter sin- la

Graphique 18

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% 30 27 24 21 I S ­IS 12 9 6 3

Consultation de professionnels et ménopause, femmes âgées entre 15 et 54 ans, Québec, 1987 (en pourcentage)

Femmes ménopausées Femmes non ménopausées

19,4

15,7

24,1

13,5

15 44 45-54

Souree- CAU:U\S basés sur les données de Santé Queix*e !'>«:

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60 I Quand les femmes parlent de leur santé

présence d'im confident ou d'une confidente. Les femmes mariées sont celles qui déclarent le moins de soutien.

Puisqu'elles ressentent plus de problèmes physiques et psychologiques, les femmes en période de ménopause consultent plus souvent les professionnels de la santé et consomment plus de médicaments.

Parmi les femmes en période de ménopause, ce sont celles qui sont âgées entre 45 et 54 ans qui consultent le plus, ce qui correspond bien à leur situation de santé. Chez les femmes non ménopausées, on note une légère surreprésentation des plus jeunes; cela peut s'expliquer par le fait qu'elles sont à l'âge de la reproduction, ce qui induit un certain nombre de consultations. En général, les femmes en période de ménopause consultent plus de spécialistes cjuc leurs cons(xurs (42 % de l'ensemble des consultations, contre 33 %), particulièrement entre 45 et 54 ans.

Santé Québec a demandé aux femmes si elles prenaient des «hormones pour les femmes {pour le traitement de troubles liés à la ménopause «retour d'âge» ou pour une autre raison)». Un peu plus d'une femme sur trois (36%) dit en consommer, pendant cette période.

Graphique 19 — Consommation d'hormones pour la ménopause chez les femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

% 40

Femmes ménopausées Femmes non ménopausées 38.9

15 34 35 44 45 54 55 et + Total h,ises sur les elonnée.s de Santé t . ' i iébce \'->H'

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Les Québécoises, leur santé el leurs habitudes de vie I 61

La consommation d'hormones augmente avec l'âge, ce qui peut correspondre à la probabilité cumulée d'avoir des symptômes reliés à la ménopause. On peut s'interroger sur le pourcentage de femtnes plus âgées engagées dans la consommation de ces médicaments: ont-elles moins de problèmes parce qu'elles prennent des hormones ou parce que la période de la ménopause est passée? La proportion des femmes âgées de ' 5 à 54 ans qui ne sont pas en période de ménopause et qui prennent des hormones est relativement élevée. S'agif41 de femmes ayant déjà franchi le cap de la ménopause, de fenitiies qui consomment des hormones de façon « préventive » ou pour soulager des symptômes particuliers?

Mais il n'y a pas que les hormones qui sont consommées par les femmes durant cette période: elles prennent plus d'analgésiques, de vitamines.et de tranquillisants que les autres femmes.

Graphique 20 Consommation de certains médicaments et ménopause, femmes âgées de 15 à 54 ans. Québec, 1987

Analgésiques Tranquillisants Vitamines

Suuree Catt ul s nases st r les données de Santé (Juebei. IvH

La consomination de tranquillisants est trois fois plus élevée pendant la période de ménopause; il est intéressant de constater qu'elle reflète la situation des femmes âgées de 35 â 54 ans. Avant 35 ans, aucune des femmes interrogées en situation de ménopause n'a déclaré faire usage de tranquillisants, À partir de 55 ans, la consoinmation de ces drogues est la même, qu'on soit ou non en ménopause, soit 18% des femmes.

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62 I Quand les femmes parlent de leur santé

Il ressort de ces quelques données que la ménopause reste toujours une période difficile, quel que soit le niveau socio-économique des femmes concernées. Cette difficulté se manifeste par la présence de problèmes et de symptômes physiques, tnais c'est surtout l'augmentation de la détresse psychologique et la perception négative de sa propre santé qui attirent l'attention. Durant cette période, les femmes consultent plus souvent les professionnels de la santé et consomment plus de médicaments, dont des tranquillisants obtenus sur prescription, il est difficile de dire si la situation actuelle est pire ou meilleure qu'il y a 10 ou 20 ans, faute de données comparatives, mais on possède maintenant une base de renseignements valables qui incite à raffiner les analyses en vue de faire ressortir d'autres caractéristiques reliées à la ménopause, particulièrement en ce qui concerne les habitudes de vie et l'évaluation des différents modes d'intervention. Ensuite il sera important de suivre dans le temps les indicateurs socio-sanitaires mis au point avec Santé Québec et de prévoir des études particulières sur la question de la ménopause.

En ce qui a trait aux modes d'intervention, les résultats sont suffisamment explicites pour considérer la ménopause comme une période à risque face à certains problèmes de santé et pour que l'on se préoccupe de façon particulière des femmes qui la vivent. En ce domaine tout particulièrement, il y a place au développement de la prévention.

Faits saillants

• 17 % des Québécoises âgées de 15 ans et plus sont en période de ménopause; la grande majorité d'entre elles ont entre 45 et 54 ans.

• 90% d'entre elles déclarent souffrir de problèmes de santé reliés â la ménopause.

• Les femmes en période de ménopause ont un niveau de détresse psychologique plus élevé que les autres femmes, particulièrement si la ménopause est précoce.

• 36% d'entre elles consomment des hormones liées à la ménopause ou â d'autres problèmes. Elles se voient prescrire trois fois plus de tranquillisants que les autres femmes.

La consommation de médicaments Il est bien connu que les femines font beaucoup plus usage de médicaments que les hommes. Si cela va de pair avec un plus

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 63

grand nombre de problèmes de santé et une plus grande propension à chercher de l'aide professionnelle, les différences entre les sexes demeurent suffisamment importantes pour qu'on s'y intéresse de plus près. C'est d'ailleurs ce qu'ont fait plusieurs groupes de recherche, notamment aux États-Unis. Une étude de Cooperstock et Parnell (1982) à partir d'un grand nombre d 'enquêtes à travers le monde qui utilisaient diverses méthodologies montre, entre autres, que l'usage des psychotropes est beaucoup .^lus élevé chez les femmes et les personnes âgées.

On a suggéré que le fait de recourir plus facileinent à l'assistance médicale était l'un des facteurs explicatifs de cette sur­consommation féminine. Par ailleurs, Parry (1974) considère que les réponses à l'anxiété et à la dépression varient énormément selon les sexes et que les hommes seraient portés à boire alors que les femmes iraient plus facilement vers les psychotropes.

D'autres études (Linn et Davis, 1971; Cooperstock, 1971; Renaud, 1980) suggèrent que les médecins prescrivent plus volontiers des psychotropes aux femtnes qu'aux hotnmes. Certains(es) auteurs(es) avaient alors émis l'hypothèse que la situation socio-économique des femmes expliquait une grande partie des différences. Or il est vrai que la consommation de médicaments chez les hommes augmente lorsqu'ils se retrouvent dans des conditions se rapprochant des rôles traditionnels féminins, par exemple chez les hommes au foyer. Toutefois, même en tenant compte des conditions socio-économiques et des circonstances familiales, les femmes ont une plus grande probabilité de recevoir une prescription de psychotropes que les hommes. Autrement dit, dans les mêmes conditions de vie, les femmes consomment toujours plus de médicaments que les hommes (Cafferata et al., 1983)- Une seule exception à cette règle: chez les hommes et les femmes qui n'ont jamais travaillé à l'extérieur du foyer, les différences ne sont pas significatives. Les mêmes auteurs ont tracé le portrait-robot d'une femme qui a toutes les chances de se faire prescrire un psychotrope: il s'agirait soit d'une femme sans conjoint et sans enfants de moins de six ans si elle travaille à l'extérieur, soit d'une femme avec de jeunes enfants mais qui ne serait pas sur le marché du travail.

Santé Québec consacre une section de son questionnaire rempli par l'interviewer à la consommation de tous les médicaments

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pris au cours des deux derniers jours avant l'enquête. A cette question, 55% des Québécoises et 34% des Québécois ont répondu avoir pris au moins un médicament, quel qu'il soit. Neuf pour cent des femmes, soit trois fois plus que les hommes, en avaient consommé au m(Mns trois catégories différentes. Par rapport â l'Enquête Santé Canada de 1978-1979, cela signifie une augmentation de près de 5 % chez les femmes pour l'ensemble de leur consommation.

Plus on avance en âge, plus on prend de médicaments; c'est ainsi que près de quatre personnes sur cinq, âgées de 75 ans et plus, ont déclaré en faire usage. La plus grande partie de ces

Graphique 21 — Taux de consommation selon la classe de médicaments et le sexe, Québec, 1987 (taux/100)

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 65

médicaments, soit 60 %>, sont pris sous ordonnance médicale, les autres étant obtenus en vente libre.

Les veufs et les veuves, les personnes séparées ou divorcées de même que les plus défavorisées sont de plus grands utilisateurs de médicaments. On se rappellera qu'il y a également plus de femmes dans ces groupes. La gratuité d'un grand nombre de médicaments pour les personnes âgées et les personnes défavorisées a-t-elle un effet sur leur consommation?

Plusieurs questions viennent à l'esprit devant ces quelques données. La consommation de médicaments correspond-elle à l'état de santé? Prend-on des médicaments pour guérir ou pour prévenir la maladie? Et quels sont les substances les plus utilisées?

Les Québécois et particulièrement les Québécoises prennent d'abord des vitamines et des analgésiques. Ce sont deux classes de médicaments pour lesquels il n'est pas nécessaire d'obtenir une ordonnance médicale. De fait, à peine 23 % des vitamines et 35% des analgésiques déclarés avaient fait l'objet d'une prescription.

Les femmes se distinguent particulièrement par une plus forte consommation d'arialgésiques, de tranquillisants, de vitamines et de laxatifs. De ceux-ci, seuls les tranquillisants sont obtenus exclusivement à partir d'une ordonnance médicale. À partir de 65 ans, 23 % des femmes en font usage; chez les hommes la proportion chute à 17%.

Comme on pouvait s'y attendre, la consommation des tranquillisants, des sédatifs et des somnifères est beaucoup plus importante chez les personnes qui ont un niveau élevé de détresse psychologique et chez celles qui ont été perturbées par un événement stressant au cours de l'année précédente. Mais ce sont surtout les personnes âgées qui en font le plus grand usage, particulièrement dans la situafion de veuvage. Quant à celles qui vivent dans un centre d'accueil, une étude faite dans la région de Saint-Jérome (citée dans Poirier, 1989) révèle que 73 %> des bénéficiaires de ces établissements consomment des psychotropes.

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66 î Quand les femmes parlent de leur santé

Faits saillants

• Plus de la moitié des femmes font usage de médicaments; leur consommation est nettement plus élevée que celle des hommes.

• Les femmes se voient prescrire deux fois plus de tranquillisants que les hommes; la consommation de ces drogues est particulièrement élevée chez les femmes âgées, surtout celles qui vivent en institution,

La consommation d'anovulants et d hormones

La pilule anovulante a fait une entrée très remarquée au Québec au milieu des années soixante. En IM'ô, trois femmes sur cinq en avaient déjà fait usage, et au moment de l'enquête sur la fécondité des Québécoises. 40 % des femmes en âge de procréer la prenaient régulièrement (Henripin. 19^4 et 1981), En 1981, cette proportion était tombée à 25%. Mais entre-temps deux phénomènes s'étaient combinés pour amener cette chute. lUie meilleure connaissance, et aussi une plus longue expérience des effets à court et à long termes sur la santé des utilisatrices, avaient refroidi l'enthousiasme des débuts, en même temps que l'augmentation des stérilisations \-olontaires restreignait la clientèle possible.

Graphique 22 — Proportion des femmes qui prennent des contraceptifs oraux entre 15 et 64 ans, Québec, 1987 (en pourcentage)

41.0

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Les Québécoises, leur sa?né et leurs habitudes de vie I 6"

La consommation de contraceptifs oraux chez les Québécoises se maintient autour de 20% depuis a.ssez longtemps: 16%, en 19"'8-19^9, 21 %>en 1982 et 18% en 198"', Santé Québec, dans son questionnaire auto-administré, demande aux fcinmes si elles prennent des «pilules contraceptives pour régulariser le cycle menstruel, pour éviter une grossesse ou pour une autre raison ».

II semble cjue chez les jeunes femmes cette méthode soit la plus répandue puisque plus de 40%> de celles qui ont entre 20 et 24 ans en font usage. A partir de 25 ans. lu proportion baisse considérablement alors que moins d'une femme sur cinq déclare Lutiliser. En l'absence d'autres données, on peut supposer que plusieurs facteurs concourent à cette situation: stérilisations, utilisation d'autres moyens contraceptifs, épisodes de maternité, etc.

On connaît les riscjues reliés à l'utilisation de ces médicaments, notamment les problèmes cardio-v^asculaires. Ces risques augmentent avec Lâge et sont accentués avec le tabagisme. Les jeunes femmes prennent plus d'anovulants et sont aussi de plus grandes fumeuses.

Graphique 23 — Consommation de contraceptifs oraux selon l'âge et le tabagisme, femmes âgées de 15 à 44 ans, Québec, 1987 (en pourcentage)

Jamais Ex-himeuse Fumeuse Fumeuse Total funié occasionnelle régulière

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68 I Quand les femmes [yarlent de leur santé

Ces chiffres sont troublants. Les deux tiers des fumeuses régulières âgées de 15 à 24 ans prennent également des contraceptifs oraux, soit une population de 112 000 jeunes femmes. À partir de 25 ans la proportion passe à une fumeuse sur cinq, mais si l'on tient compte de l'effet cumulatif de l'âge, on peut considérer cette population (près de 81 000 femmes) comme exposée à un risque accru de complications cardio-vasculaires.

Faits saillants

• Près d'une femme sur cinq fait usage d'anovulants; les plus grandes consommatrices se situent entre 20 et 24 ans alors que 41 %) d'entre elles en consomment.

• Les deux tiers des jeunes fumeuses régulières de 15 à 24 ans prennent des anovulants, présentant ainsi un risque accru de complications cardio-vasculaires.

Quand les femmes parlent de leur santé

Les femmes et les hommes diffèrent quant aux problèmes de santé qu'ils vivent; ils diffèrent également sur les attitudes et les comportements sanitaires et psychosociaux. La spécificité biologique et la socialisation sont les deux grands axes explicatifs que l'on a souvent invoqués pour tenter de comprendre ces différences. Mais il semble bien qu'il faille rajouter, et avec autant de poids, toute la configuration culturelle et politique^ dans laquelle se posent les gestes de santé et où se vivent les souffrances.

Au Québec, on avait pu espérer que ces différences s'amoindriraient substantiellement à la faveur de deux acquis importants: l'existence d'un système de santé gratuit et accessible â tous et à toutes et le redressement projeté du statut socio-éconotnique des femmes. 11 est vrai que ces deux phénomènes ont curieusement cheminé parallèlement depuis â peu près 20 ans. Aujourd'hui on doit faire, pour l'un comme pour l'autre, le douloureux constat que les inégalités sont toujours présentes et qu'elles sont peut-être en voie de s'étendre plus loin encore.

1 Le- nu)t "polifiquc» csi ici utilise ;iu sens le plu.s large, c'est-à-dire rensemble des valeurs <|i,ti consiiiuent ie pouvoir dans une société.

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 69

Force nous est cependant d'admettre que les enjeux dépassent largement le domaine socio-sanitaire. Le système de santé est un sous-système dans un ensemble et l'on est souvent tenté de lui faire porter un poids trop lourd. Si le lien entre l'environnement et la santé est tel qu'on le décrit, si la gravité des maladies et des maux dont nous sommes affligés est largement tributaire de nos habitudes, de notre milieu socio-économique ou familial, c'est également vers des solutions globales que nous devons nous tourner. Cela implique qu'il faudra encourager la recherche sur les aspects sociaux et environnementaux de la santé, comme le suggère d'ailleurs le document sur les orientations ministérielles (MSSS, 1989). Qu'il faudra aussi favoriser les modes d'intervention et les organismes qui ont développé des approches qui tiennent compte de tous les aspects de la santé.

Les résultats de l'enquête Santé Québec sont riches en enseignements. U existe au Québec, à la fin des années quatre-vingt, des différences importantes face à la maladie, â la mort, à l'incapacité, à la souffrance, à l'isolement et à la richesse. Selon l'appartenance à un groupe socio-démographique, on aura plus ou moins de connaissances sur différents aspects de la santé et l'on posera des gestes particuliers ou l'on développera des attitudes différentes. Les femmes constituent l'un de ces groupes, qui se caractérise par une plus grande longévité mais aussi par un plus lourd tribut de maladies et d'incapacité. Elles sont, dans l'ensemble, plus préoccupées par le maintien de saines habitudes de vie, pour elles et leurs proches, mais souffrent plus souvent d'obésité, et les plus jeunes d'entre elles fument et boivent davantage d'alcool que leurs aînées. Et surtout un grand nombre d'entre elles font face à des conditions de vie difficiles qui viennent contrebalancer les progrès récents.

Ces constats ne sont pas nouveaux, d'autres études avaient souligné ces paradoxes et tenté d'y trouver une signification. L'enquête Santé Québec vient en réaffirmer la persistance en s'appuyant cette fois-ci sur des données recueillies sur le terrain. Chose importante, elle apporte des éléments nouveaux en précisant le lien qui existe entre les différents aspects de la santé psychologique, les autres indicateurs de l'état de santé et les facteurs environnementaux.

Si l'on se tourne vers les prochaines années, il est probable que les femmes ne connaîtront plus de gains importants, ou même

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70 I Quand les femmes parlent de leur santé

de gains tout court, dans leurs années de vie. Les problèmes de santé dont elles souffrent, maladies ostéo-articulaires et hypertensives, sont des conditions chroniques pour lesquelles on n'a pas encore trouvé de véritables solutions. Les conditions et les styles de vie qui sont les leurs depuis quelques années, caractérisés par une participation accrue au marché du travail combinée avec les responsabilités familiales, la consommation de tabac, d'alcool et de médicaments (hormones et psychotropes), jouent un rtMe non négligeable dans la montée de certaines maladies: cancer du poumon et problèmes de santé mentale.

Les résultats de l'enquête Santé Québec suggèrent que certains éléments contribuent à façonner plus particulièrement la santé des femmes:

— la plus grande probabilité d'être atteintes par les maladies de dégénérescence (du vieillissement);

— l 'exposition à certaines substances (alcool, tabac, médicaments) auxquelles on peut joindre ce phénomène sur lequel on ne possède pas suffisamment de données et qui est constitué par la poursuite de l'idéal corporel; et

— ce qu'on pourrait appeler l'univers affectif dans lequel elles évoluent, qui se caractérise par une plus grande préoccupation des relations affectives, un plus grand stress, une plus grande détresse psychologic|ue et qui occupe une part importante dans leur vie.

Un quatrième axe doit être ajouté, qui est celui de la vie reproductive, lié à des états et à des actions qui ont une importance capitale sur la santé physicjue, psychologique et les conditions de vie des femmes.

Les personnes, organismes ou groupes préoccupés de la santé des femmes ont avantage à s'attacher â ces grands axes; pour chacun d'eux il y a possibilité de soulager et de prévenir. C'est également en fonction d'eux qu'on pourra définir des objectifs prioritaires en ce t|Lii a trait aux femmes dans l'organisation des services et dans l'orientation des activités de recherche.

L'enquête nous apprend en même temps que les femmes sont très préoccupées de leur santé: elles ont de tneilleures habitudes de vie et posent plus d'actes en vue d'améliorer leiu" santé. On

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Les Québécoises, leur santé et leurs habitudes de vie I 71

sait par ailleurs que, dans l'ensemble, elles sont plus sensibles à la prévention et collaborent volontiers à des actions ou programmes de santé. On peut se demander si elles ont à leur disposition suffisamment de connaissances et de moyens pour mieux gérer le devenir de leur santé. On peut se demander aussi si les conditions de vie qui sont les leurs, et qui le seront encore dans les prochaines années, leur permettront de faire les bons choix de santé et comment pourront se faire ces choix.

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Deuxième partie

Y a-t-il des femmes « différentes » ?

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 75

Chaque fois que l'on parle des « femmes et de la santé », on doit garder à l'esprit qu'elles viennent de milieux différents sur les plans économique et social, qu'elles partagent .souvent des valeurs différentes et surtout qu'elles présentent un éventail de situations et d'expériences très diverses. Certaines d'entre elles sont en contact quotidien avec les réalités de la maladie et de la souffrance; quelques-unes sont engagées depuis de longues années dans une réflexion sur les liens entre la santé et les structures sociales; d'autres, enfin, s'engagent dans des attitudes et des comportements qui, â long terme, risquent de compromettre leur santé.

À des degrés divers, elles partagent une destinée caractérisée par les conditions qui ont été abordées â la section précédente. Mais ce partage est inégal, la part cie chacune étant aussi fonction de sa situation actuelle, de son passé et de l'univers dans lequel tout cela s'est inséré. C'est pourquoi on abordera maintenant la situation de certaines catégories de femmes qui vivent des coriditions particulières quant â la santé et à la maladie ; les jeunes femmes, les femmes âgées, les femmes de milieux défavorisés, les femmes en situation de monoparentalité et les fenitiies des communautés culturelles.

Le choix de ces groupes a été arrêté en tenant compte des connaissances déjà accjuises sur certaines situations, du besoin de les approfondir par des données empiriques et des possibilités offertes par l'enquête Santé Québec. De plus, comme il a déjà été mentionné, les femmes de ces groupes paraissent plus susceptibles de recevoir une attention particulière en santé publique à cause d'un plus grand nombre de problèmes de santé physique (c'est le cas particulièrement des femmes âgées et défavorisées), psychologique (les adolescentes), de situations plus difficiles (monoparentalité et défavorisation) ou encore d'accès aux services (communautés culturelles, adolescentes). Pour les mêmes raisons, ces femmes correspondent également à des groupes considérés comme prioritaires par ie ministère de la Santé et des Services sociaux parmi la clientèle féminine.

Deux sous-groupes devaient faire partie de cette étude: les femmes des régions éloignées et les femmes vivant dans des ménages où l'on compte une personne en perte d'autonomie. Des contraintes techniques et méthodologiques nous ont empêchée de compléter l'analyse de ces deux dernières catégories. Cependant l'intérêt à leur égard demeure toujours

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76 I Quand les femmes parlent de leur santé

présent et les chercheurs et les chercheures devraient reprendre l'analyse des données de l'enquête à leur sujet.

Une première analyse des femmes des régions éloignées a été entreprise à l'aide des différents rapports préparés par les départements de santé communautaire concernés ainsi que des données disponibles sur les régions socio-sanitaires. Quoique présentés selon un modèle à peu près identique, ces rapports permettent difficilement la comparaison à cause de biais introduits par le modèle d'échantillonnage de Santé Québec^ Le protocole d'analyse des données permettant une comparaison directe entre les différents niveaux régionaux du Québec nécessite des opérations qui débordent le cadre de la présente publication.

Le fichier de Santé Québec n'a pas été, au départ, constitué selon les unités familiales ou les ménages. Seul existait au moment de l'écriture de cette publication un fichier particulier sur les familles monoparentales. Aussi, un nouveau fichier doit être constitué pour permettre l'analyse de la situation des femmes vivant daris des ménages ayant une ou des personnes en perte d'autonomie. Une fois ce hchier monté, il sera très intéressant d'étudier les divers types de familles ou de ménages. Une telle vision élargira considérablement l'univers des connaissances sur l'impact des problèmes de santé sur les proches et sur les caractéristiques particulières â certains groupes familiaux. Parmi celles-ci, la problématique des femmes vivant avec des personnes malades ou en perte d'autonomie serait l'une des plus intéressantes. On peut se permettre d'insister sur cette question à cause de l'importance de la participation des femmes aux soins et au bien-être de leurs proches (Anita Fochs Heller, 1986; Rita Therrien, 198"^; Belisle D, et Pinard, Y., 1985) et des liens que cela suppose avec le système de soins de l'État.

D'autres sous-groupes sur lesquels on possède très peu d'informations et qui pourraient bénéficier d'attentions particulières, telles les femmes autochtones, les femmes itinérantes ou les femmes vivant avec un grave handicap, ne figurent pas dans cette étude. L'enquête Santé Québec ayant été faite auprès des ménages privés des régions situées au sud de la baie James, elle excluait donc les réserves indiennes, les

1 On consuliaterj ;i ee sujet le Cahier technique 87-02 de l'enquête Santé Québec

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 77

régions du Nouveau-Québec et de la baie James, les personnes sans domicile et les personnes vivant en institution. Rejoindre ces groupes impliquait des techniques et des instruments différents; c'est pourquoi ils ont été exclus de l'enquête générale de 1987^

Dans les analyses qui suivent, les thèmes retenus varient selon les différents groupes. Par exemple, dans le cas des femmes âgées on s'attachera à leur situation économiciue et à leur état de santé, alors que chez les femmes des communautés culturelles on privilégiera les comportements face à la santé. On ne retrouvera donc pas, pour chaque groupe, l'ensemble des données de l'enquête, ce qui risquerait d'être répétitif et parfois sans intérêt tnanifeste, mais plutôt les résultats qui correspondent aux caractéristiques particulières de chacun.

Toutefois, il restera encore des zones grises, c'est-à-dire que bien des aspects dignes d'intérêt ne seront pas inclus. Le volume du fichier de Santé Québec et surtout les immenses possibilités de croisements permettraient autant de monographies qu'il y a de sujets. Les analyses qui restent à faire seront cependant indiquées ou suggérées en cours de route, selon les possibilités offertes par la banque de données. À d'autres moments, on parlera de l'intérêt de certains croisements, impossibles à effectuer en raison de la taille de l'échantillon. C'est le cas de certaines situations plus rares pour lesquelles les nombres nsquent d'être trop faibles, par exemple si l'on cherche à trouver des différences significatives dans le recours aux médecines douces entre les femmes des communautés culturelles et les Québécoises d'origine, selon les groupes d'âge. Ces limites seront mentionnées au passage, en même temps que les tableaux en annexe permettront d'évaluer le nombre de personnes dans chacune des grandes catégories.

Les jeunes femmes

Il sera ici question des femmes âgées de 15 à 24 ans et, comme ce groupe comporte à la fois des adolescentes et des jeunes adultes, les données seront présentées en séparant les 15-19 ans et les 20-24 ans. Afin de bien démarquer les particularités

1, t:ne enquête de santé auprès des populations crie et inuit est actuellement en préparation à Santé Québec,

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78 I Quafid les femmes patient de leur santé

des jeunes, des comparaisons seront établies avec les femmes de 25 ans et plus.

Les adolescentes et les jeunes femmes sont généralement en bonne santé physique; par contre, elles manifestent plus de problèmes d'ordre ps\ chologique. Elles sont également à une période de leur vie où elles adoptent des attitudes et des comportements qui aun)nt des effets à long terme sur leur santé. C'est pourquoi deux problématiques sont abordées: 1) les habitudes de vie à partir de l'usage du tabac, de la consommation d'alcool et du poids corporel et 2) la santé psychologique.

L'usage du tabac

Si, de tout temps, les hommes ont fumé plus que les femmes, depuis quelques années les jeunes femmes ont renversé la tendance et se sont avérées de plus grandes fumeuses que les jeunes hommes. Les études sur le tabagisme, au Québec et au Canada, ont largement fait état de cette situation et surtout du fait qu'elles étaient le seul groupe resté imperméable aux campagnes antitabagisme. Les jeunes Québécoises étaient les plus nombreuses à fumer régulièrement la cigarette et contribuaient pour la plus large part à l'augmentation du tabagisme chez les jeunes au Canada.

Les données de l'enquête Santé Québec démontrent que maintenant les jeunes Québécoises ont, elles aussi, commencé

Tableau 13 — Types de fumeurs selon l'âge et le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

Groupe dàge

Feiiune.s Hommes

18-19 Femmes Hommes

20-24 Femmes Hommes

Non-fumeurs

jamais fumé

46,8 (>0.'t

42,0 S4,(>

.M ,4

418

Aneiens

fumeurs

M^P UJ

16,^

14.9

21,2 16,2

Occasi

Fumeurs

onnels

IO,{i

i^^

MA 5.s

6 j 6.0

Réguliers

2S,9 20,4

2S,9

25,0

40,7

yy,')

^oul'^•c l'i la MOU,'. i,a ra'-". lo inc Z. l.cs PubiiL'^iiuins du (^)ucl">ce

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 79

à diminuer leur consommation de tabac, bien qu'elles demeurent encore plus nombreuses que leurs homologues masculins.

En 1987, on estime à près de 171 000 le nombre de jeunes femmes qui fument régulièrement la cigarette, 62 % d'entre elles fumant entre 11 et 25 cigarettes quotidiennement, et 5 % plus de 26 par jour. Celles qui viennent de milieux moins favorisés rapportent une consommation supérieure à celle des autres.

On a vu à la section précédente que les deux tiers des jeunes fumeuses âgées de 15 à 24 ans prennent également des contraceptifs oraux. En plus des problèmes associés au tabagisme, cela augmente le risque de développer des problèmes cardio-vasculaires. Même si le risque associé au tandem « anovulants-tabac » est plus accentué après 35 ans, le fait qu'un nombre aussi important de jeunes femmes s'engagent dans des habitudes de vie qui peuvent compromettre leur santé et leur vie de façon précoce devrait nous alerter. Cette constatation est importante car elle suscite d'autres questions: cette consommation va-t-elle continuer toute leur vie ou s'agit-il d'un effet de génération? On peut se questionner aussi sur l'accord tacite des milieux professionnels et de la société pour qui le risque des grossesses à l'adolescence prime sur tous les autres. A-t-on véri tablement cherché d 'autres solutions à la contraception chez les adolescentes? Doit-on chercher d'abord à agir sur l'habitude de fumer?

Pour élaborer des pratiques d'interventicjn, il sera intéressant de mieux connaître les caractéristiques des jeunes filles et des jeunes femmes qui fument de façon régulière et surtout leurs motivations quant à la décision de s'engager dans le tabagisme et d'y persister. Quels sont les liens que l'on peut établir entre le fait de fumer et l'image de soi ? La montée du tabagisme chez les femmes a souvent été associée à une modification de l'image et du rôle des femmes ; le fait de fumer a déjà été considéré comme un symbole de libération. Est-ce encore le cas aujourd'hui? La publicité présente souvent les fumeurs (et surtout les fumeuses) dans des contextes de séduction et d'action. Les fumeuses y sont toujours jeunes, sûres d'elles et attirantes sexuellement. Quand on connaît l'importance accordée à l'image de soi chez les adolescentes, on ne devrait pas se surprendre de la persistance du tabagisme malgré les campagnes de promotion de la santé. Si l'on ajoute à cela la

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80 I Quand les femmes parlent de leur santé

crainte de prendre du poids, associée à l'arrêt de la cigarette (de nombreuses jeunes femmes décident même de commencer à fumer en espérant que cela les aidera à maigrir ou à rester minces), on comprendra que la tendance au tabagisme reste très forte chez les femmes de cet âge. Toute activité sanitaire destinée à réduire l'usage de la cigarette chez elles devra nécessairement tenir compte de ces réalités.

La consommation d'alcool

Les jeunes femmes consomment plus d'alcool que leurs aînées et leur mode de consommation diffère également en ce sens qu'il se rapproche sensiblement de celui des jeunes hommes, ce qui n'était pas le cas des générations antérieures. Actuellement, 45% des jeunes hommes et 3 1 % des jeunes femmes de 15 à 24 ans boivent de l'alcool de façon régulière^ Si l'on tient compte de la quantité hebdomadaire, on s'aperçoit que les différences s'amenuisent à mesure que l'âge baisse, et qu'il semble y avoir autant de gros buveurs chez les deux sexes avant l'âge de 24 ans.

Tableau 14 — Quantité hebdomadaire d'alcool consommé, selon l'âge et le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

Groupe d'âge

!5-î7 Femme.s Hommes

tH-19 Femmes Nommes

20-24 [•emmes Honunes

Nombre de consommations par

0-6 " -13

85,^ 9.8 9, ) 15,2

AS,8 8,0 05,4 2i,0

82,4 12,2 59,(-) 21,2

semaine

14 et -t-

4,5 4,9

12,5 f ib

5,4 19,2

Total

100,0 100,0

100,0 100,0

100,0 100,0

Suuut,' l't la saule, i^a va-', tome 1. l.cs Publicaiions du <^Licbcc. l')H8,

La proportion des gros buveurs ( 14 consommations et plus par semaine) augmente régulièrement chez les hotnmes pour atteindre un maximum entre 35 et 44 ans, alors que chez les

Voir hi dcscii[)ii(>n de «bovcur.s habiiucls" U;tns le lexique

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 81

femmes, c'est vers 18-19 ans que l'on boit le plus. 8'agit41 d'une période de la vie particulière, ou bien doit-on v voir un phénomène de génération? Il est intéressant de n()ter que la proportion s'abaisse considérablement à partir de 20 ans chez les femmes, ce qui est peut-être lié, entre autres, à l'expérience de la maternité.

Quelle que soit la quantité consommée, les jeunes femmes sont, par ailleurs, les moins nombreuses â boire tous les jours : à peine 0,1 % prennent de l'alcool quotidiennement comparativement à 3,3% chez leurs aînées de 65 ans et plus.

On estime que 16% des hommes et 5 % des femmes âgées de 15 ans et plus présentent un risque élevé* par rapport à l'alcool. Dans l'ensemble, les hommes ont des scores beaucoup plus élevés que les femmes, sauf chez les adolescents où l'écart entre les sexes est passablement moins prononcé. Il faut tenir compte du fait que le même volume d'alcool aura des effets différents chez les femmes et chez les hommes, ces derniers pouvant, en général, en consommer de plus grandes quantités pour un même effet physiologique. La proportion des jeunes femmes considérées à risque élevé peut apparaître minime actuellement. Toutefois, il s'agit d'une tendance nouvelle qui risque de prendre des proportions plus importantes dans les années à venir, À

• Fenumes I I Hommes

93

16,3

Graphique 24 — Risques élevés face à la consommation d'alcool, selon l'âge et le sexe, population de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourentage)

% 18

16 J " ^ ^ ' ' 15,0

14

12

10 8

6

4

2

8 A Z ^ J I 6,7 6,5

I ii 15-19 20-24 25-29 30e t +

.Source- A\'()tte, \ ' , Ferlund ,\i , Les leuuesaiJulles l'i la -.aule. {a ra '. i.v-. l'iihheauuns tin i,)ucbc(

i.cs pnipur t iuus encre |Xireiiihèses u in un euethcicnl tic siiuaunn [iki.s pci i l un ég.il fi Z^ "-.

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82 I Quand les femmes parlent de leur santé

ce titre, elle mérite d'être prise en compte en intervention et en prévention. Ce que Santé Québec nous apprend, c'est que les jeunes femmes adoptent de plus en plus des modes de consommation à plus grand risque, comportements qui ont été associés, chez les hommes, â une mortalité précoce.

Le lien entre le risque élevé face à l'alcool et la détresse psychologitjue est particulièrement fort chez les adolescentes. Près des deux tiers des buveuses à risque* ont également un niveau élevé de détresse ps\'chologique, soit deux fois plus que les gardons du même âge.

Graphique 2 5 — Niveau élevé de détresse psychologique chez les buveurs à risque, selon l'âge et le sexe, population de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

"/o 80

70,5

(50,3)

• Femjmes

I 1 Hommes

41,0

15 19 20-24 25-29 30e t +

Noir Les p tni H x m Mis enU e |Xiïenîliesfs onî un i neî iu leiU tle wiruilum pttis \wi\\ ou éii.ll n 2S ".-„ \in.\ue \\r,ue\ . l'eil.iml \ ! . t e: jeuu.>'\ adultes Fl la ••aule <,a ra '. Les Puiîlie.inons du i . 'ucbet

II semble donc t]ue les adolescentes constitticnf une population u suivre ciuani à la consommation d'alcool: elles boivent plus souvent tiuauparavant et de plus grandes quantités d'alcool, (xmiparativement aux garçons du même groupe d'âge, l'excès d'alcool est significativement associé chez elles â des problèmes d'ordre ps\'clu)logiciue. On peut penser C[ue la consommation élevée d'alcool chez les adolescentes peut être vue comme un marcfueur, ou un facteur déclenchant de problèmes d'ordre psyciiologiciue. Pour les travailleurs et les travailleuses de la santé, ces questions posent un défi pour les années à venir:

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 83

s'informe-tK)n, en intervention, de la consommation d'alcool chez les adolescentes? quelle importance devrait-on accorder à cette situation? les campagnes d'information et de prévention sur les questions d'alcool devraient-elles développer des approches particulières ?

Une image de soi hypocalorique

Selon les résultats de Santé Québec, 65 % des jeimes femmes ont un poids normal en fonction de leur taille. C'est chez elles que l'on trouve le moins d'obésité (2% chez les 15 à 19 ans et 4% entre 20 et 24 ans). Par contre, plus de 17% des adolescentes et 14% des jeunes femmes de 20 â 2^ ans ont un poids insuffisant pour leur taille. Pourtant, bon nombre d'entre elles s<.)uhaitent perdre du poids.

Graphique 26 Catégories de poids chez les adolescentes et les jeunes femmes. Québec, 1987 (en pourcentage)

68,7 67,1 15-19 20-24

4,3

Poids insuffisant

Poids normal

Excès de poids

Obésité

Sources Calculs ba,sc.s sur les données de Santé (^néliee i9S""

En combinant les catégories de poids réel avec les poids désirés, on obtient de nouvelles catégories qui illustrent bien l'attitude face à l'image corporelle. La différence entre ces deux poids donne lieu à quatre attitudes différentes chez les femmes: augmentation souhaitée (9 %), concordance ( 14 %), diminution légère souhaitée (39%) et forte diminution souhaitée (38%), Beaucoup plus de femmes que d'hommes de poids normal ou insuffisant désirent maigrir davantage.

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84 I Quand les femmes parlent de leur santé

Tableau 15 — Désir de maigrir chez les personnes dont le poids actuel est normal ou insuffisant, selon l'âge et le sexe, Québec, 1987 (en pourcentage)

Poids actuel

Poids

désiré

Diminution

légère

15-14 20-24

25-29 50 et -¥

Forte diminution

15-19 20-24

25-29 50 et +

Insuffisant

F

20.6

19.8

9,9 6.0

3,"4

2 7

0.4 Od

H

1,1 5,2 0,8 2,6

0,0 3,2 0,6 0,6

Normal

F

58.2

54,4 60,8

55,6

25,4

25d 17,-'

13,4

H

23.6

25,7 29.0

37,2

7.5 5,4 4,5 6,3

Source .Xyciite, \ ' , Gerland, .M , les jeuues adultes.-i't la saule. i,a ra'. Les Pub l i canons du g i i c b c e . I ' 'S9

Ces données sont frappantes. À radolescence, plus de garçons que de biles ont un poids insuffisant; cependant, leur attitude faee à leur image corporelle diverge totalement. Près de trois adolescents sur quatre, dans cette situation, désirent voir augmenter leur poids, alors que 60% des adolescentes s'y sentent bien (3b%) et pkisieurs souhaitent même maigrir davantage (24 %).

Entre 20 et 24 ans, les femmes sont un peu plus nombreuses que les hommes à souffrir d'insuffisance de poids, et une bonne partie d'entre elles eontinuent à vouloir restreindre leur masse eorporelle (23% eontre 8% des hommes).

À partir de quel seuil peut-on parler d'anorexie? Selon certains, la eombinaison « insuffisanee de poids + désir de maigrir » serait une indieation suffisante. On retrouverait alors 24 % d'adolescentes, soit près de 10 000, dans cette situation et 23 % des jeunes femmes de 20 à 24 ans, soit environ 9 000. Une recherche sur l'anorexie à partir des données de Santé Québec ((iagnon. 1990, communication de l'auteur) délimite trois groupes vulnérables: les personnes de poids insuffisant qui désirent maigrir, celles qui ont un poids normal et qui désirent atteindre un poids insuffisant et enfin celles qui ont un poids

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 85

insuffisant et qui souhaitent conserver ce poids. Dans chacune des catégories, les chercheurs notent une forte représentation de femmes et de jeunes.

La projection de l'image de soi semble jouer un rôle capital à cette période de la vie, même au détriment de la santé. Le besoin de se conformer à des comportements partagés par les pairs (habitude de la cigarette, consommation d'aleool, comportements sexuels, image corporelle) vient interférer avec les messages sur le lien entre la santé et les habitudes de vie auxquels cette génération de femmes a pourtant été soumise plus que toute autre. Chez les jeunes femmes anorexiques, le sentiment d'être inadéquates, la recherche de la perfection et du contrôle sur leur corps ont été reconnus comme des faeteurs jouant sur les comportements alimentaires (Swartz, 1985).

Une illustration intéressante de cette situation est la proportion élevée de satisfaction à l'égard de la vie sociale chez les femmes considérées anorexiques dans l'enquête Santé Québee. Dans la population de plus de 15 ans, 31 % des femmes interrogées se déclarent très satisfaites de leur vie sociale; eette proportion monte à 36% chez les anorexiques. Chez les adolescentes, le taux de satisfaction est de 45 % chez les anorexiques et de 39 % chez les autres; cette différence est significative. Bien plus, entre 15 et 19 ans, une proportion très faible (1 %) d'anorexiques se déclarent insatisfaites, ce qui n'est pas le cas des autres jeunes filles (9% d'insatisfaites). À cet âge plus qu'à tout autre, la satisfaction quant aux liens avec les autres semble reliée à l'idée socialement valorisée que l'on se fait de l'image corporelle.

La recherche clinique a permis de mieux connaître le phénomène de l'anorexie. L'enquête de santé apporte des données sur la prévalence du phénomène dans la population et permet de lier ces comportements à des facteurs socio-économiques et environnementaux. L'analyse plus poussée des données permettra d'aller plus loin sur ces questions, de mieux isoler les éléments qui influencent ou qui accompagnent l'anorexie.

La santé psychologique

Si les femmes ont des niveaux de détresse psychologique significativement plus élevés que ceux des hommes, c'est à l'adolescence que ce contraste se manifeste le plus fortement. D'après Santé Québec, le tiers des adolescentes seraient dans cette situation.

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86 I Quand les femmes parlefit de leur santé

Graphique 27 — Niveau de détresse psychologique élevé selon Tâge et le sexe, Québec, 1987 (en pourcentage)

%

^ * ' : 35,6 35

30

25

20

15

10

5 -

• H • ^ ^ 1 6 , 0

^^•~ • • 15-19

.Suiirtf A)'otîs-, \ ' , l-'crki \'>W->

Tableau 16 —

Situations

Niveau de revenu

Tre.s pauvre

Pauvre A revenu moyen

Riche

Activiié

Travail i-:iudf.s

Tîent maison

Anorexie Oui Non

(Consommation de drogue

Derniers d mois

(> moi.s a 1 an

Plus d'un an

Jamais

Note \.es propuri ton.s ci "lours ; Avoîti.', \ ' , i''rrl

B F e m m e s

1 1 Hom^mes

23,0 22,8

• H 18,5 • • • m m m m

15,3

20-24 25-29

^'..S.W . les leuriesailulSe-. l't la saute t. a ra -. \

Indice élevé de détresse

25,9

^^m ^ H l 6 , l ^ ^ H • •

30 et -I-

,-s (nil")hi.Mn(in-, i,1ii Qiii-'lK't'.

psychologique selon certaines situations, chez les femmes âgées de 15 à 24 1987 (en pourcentage)

ox' jiarciuhi.'M.';> oni un LOCIIK icni de

l v l 9

4S,2

55.^ 5 S,4

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l(^~

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intl, W , les jeunes adidles/ft ta saule. i;a

ans, Québec,

iroupe d à g e

20-2-1

(29,3) 2S,9

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iiy) 25,0

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37,0 21,0

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plus^riiiKl ou égal ;i 2S\'<, ra , l.cs i'Liblk'Liiiuns i.îU

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Y a-l-il des femmes «différe)ites^>? I 87

Il semble bien qu'en soi le passage de renfance à Tâge adulte ne soit pas franchi avec facilité mais qu'il eomporte un fardeau de déséquilibres et certainement de souffrances pour les femmes. Par ailleurs, la détresse psychologique atteint les jeunes femmes avec des intensités différentes, car certaines situations contribuent plus que d^autres à aggraver la situation. C'est le cas particulièrement de la pauvreté, puisque près de la moitié des adolescentes classées comme venant de milieux «très pauvres» se retrouvent au plus haut niveau de détresse psychologique.

Ainsi, plus de la moitié des adoleseentes (52%) qui ont consommé de la drogue au cours des six derniers mois précédant l'enquête se retrouvent au plus haut niveau de détresse psychologique. La pauvreté semble avoir un impact tout aussi important puisque 48% des adoleseentes «très pauvres» s \ ' retrouvent également.

L'enquête Santé Québec apporte un grand nombre de données, mais l'analyse en demeure complexe. Comment faire la part de ce qui appartient typiquement à l'adolescence et celle de l'influence du contexte social et environnemental actuel? La situation des adoleseentes de 1987 est-elle différente de celle des générations antérieures? s'agit-il eneore une fois d'un phénomène de génération? L'Enquête Santé Canada de 1978-1979 démontrait que les femmes qui avaient les scores de santé mentale les plus négatifs étaient les adolescentes et les femmes âgées. Santé Québec, avec des instruments différents, retrouve à peu près la même configuration avec une accentuation de problèmes ehez les adolescentes.

On sait, parles statistiques de recours aux soins (RAMQ, 1987; Lapierre, 1985), que les jeunes garçons, particulièrement avant 14 ans, sont plus souvent vus et envoyés en consultation pour des problèmes d'ordre psychologique. Les troubles de conduite et l'usage des drogues chez eux semblent particulièrement inquiéter les intervenants(es) et les parents. Lorsque les jeunes filles ont des problèmes, les manifestations semblent plus longues à se faire connaître et sont de nature différente (dépression, repli sur soi, somatisation), ce qui aurait pour conséquences une moins grande visibilité et un recours plus tardif aux ressources. Cela pourrait expliquer, du moins en partie, les taux plus élevés de détresse psychologique à l'adolescence et même à l'âge adulte,

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88 I Quand les femmes parlent de leur santé

Pour la recherche, les résultats de l'enquête offrent des pistes intéressantes : les liens entre la santé psychologique, les nouvelles tendances dans les habitudes de vie, l'environnement social, les struetures familiales, le niveau socio-économique restent à explorer.

En intervention, beaucoup reste à dire et à faire. Les intervenants et les intervenantes en santé ont beaucoup de contact avec les jeunes femmes en rapport avec la contraception; ces contacts permettraient-ils de faire place à l'expression de problèmes qu'elles vivent? La consultation pour la contraception peut-elle constituer un lieu privilégié pour le dépistage et la prévention des problèmes d'ordre psychologique?

Faits saillants

• Les jeunes femmes sont plus nombreuses à fumer que les jeunes hommes, mais elles fument moins qu'auparavant.

• Les deux tiers des fumeuses de 15 à 24 ans consomment également des anovulants, ce qui constitue un risque accru de complications cardio-vasculaires.

• Leur mode de consommation d'alcool se rapproche de plus en plus de eelui des jeunes hommes,

• Si l'on considère l'âge et le sexe, les adoleseentes présentent le plus haut score de détresse psychologique. Cette réalité est particulièrement aggravée en milieu défavorisé ou en présenee de pr<.)blèmes reliés à l'alcool ou à la coUvSommation de drogue.

• Près d'une adolescente sur quatre peut être considérée vulnérable quant à l'anorexie.

Les femmes âgées

Il y a au Québee 453 415 femmes âgées de 65 ans et plus (Santé Québee. 1987), elles représentent 11 %> de la population féminine. On prévoit qu'en 2031 elles seront plus de 900 000 et formeront alors la grande majorité des personnes du troisième âge puisque l'on comptera seulement éi5 hommes pour 100 femmes chez les 65 ans et plus (BSQ, 1986). Les femmes âgées de 75 ans et plus (près de 120 000 en 1987) représenteront alors près de 50% des femmes âgées. Cette croissance importante en proportion et en nombre justifierait à elle seule le choix d'inclure la population des femmes âgées dans cette étude. Mais c'est surtout l'importance des problèmes de santé physiques

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 89

et psychologiques et la précarité des conditions socio-économiques chez un grand nombre d'entre elles qui ont présidé à ce choix.

Être plus pauvre, plus longtemps...

On a vu à la section précédente sur l'espérance de vie que le fait de vivre plus longtemps que les hommes s'aecompagnait, chez les femmes, d'un plus grand nombre d'années à vivre dans l'incapacité et la maladie. En fait, toutes les études qui ont été menées sur les femmes âgées, dans les sociétés occidentales, font ressortir deux grands axes: la présence de maladies chroniques et l'appauvrissement. Ainsi, une étude du Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme {Vieillir au féminin, 1985) apportait des données saisissantes : en 1981, trois Canadiennes sur cinq de plus de 65 ans et quatre sur cinq de plus de 75 ans étaient veuves, divorcées ou célibataires. Il y avait alors trois fois plus de femmes que d'hommes âgés vivant seules. Trois femmes sur cinq de plus de 65 ans, célibataires, veuves ou divorcées, vivaient au-dessous du seuil de pauvreté et, en 1984, une bonne partie de ces femmes dépendaient uniquement de la pension de vieillesse et du supplément de revenu garanti.

Une étude du Bureau de la statistique du Québec (Van Oyen, 1984) montre qu'entre 1971 et I98I le pourcentage des unités familiales âgées et pauvres et composées d'une seule personne est passé de 72 %, à 83%>. Au début de cette période, on y retrouvait 50% de femmes; à la hn, c'est-à-dire en 1981, elles en formaient 75%. Le document constate que les unités familiales âgées et pauvres sont de plus en plus constituées de femmes de 70 ans et plus, vivant hors famille dans des centres urbains. Selon les analystes de cette étude, l'avenir serait moins sombre pour les prochaines générations, étant donné que de plus en plus de femmes auront participé au marché du travail et ainsi contribué à des régimes de rentes. Toutefois, on ne doit pas oublier que d'autres éléments semblent concourir à ralentir ce progrès: le fait que plusieurs femmes n'auront participé au marché du travail que sur de courtes périodes et à des salaires moindres que ceux des hommes, et le fait que les femmes font face à des responsabilités familiales plus grandes^

1, Ainsi qu'en témoigne raugmentation du nombre de familles monoparentales sous la respon.sabiHté féminine.

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90 I Ouand les femmes parlent de leur santé

Santé Québec nous apprend qu'en 1987 plus de 15 000 femmes âgées de 65 ans et plus vivaient seules avec un niveau de revenu qualifié de «très pauvre». Elles représentent 17%> des femmes seules de ee groupe d'âge; en comparaison, 7%. des hommes seuls seraient dans la même situation.

Graphique 28 —

Personnes seules

m^

Niveau de revenu chez les personnes âgées de 65 ans et plus selon le sexe et le fait de vivre seul ou non, Québec, 1987 (en pourcentage)

ï6,9

21 Riche?* C Pauvres @ À revenu moyen | Très pauvres

31.9

50,1

54,0

Personnes non seules

^ ^ ^ ^ »

2i\^

55,8

5.5.6

28,6

5,8

0 6 12 18 24 30 36 42 48 54 60 %

Source Ik'rriirr. L , 1 )uloiir, I) , Pcrun, V , I e^ personnes riranl seules -'fl ta saule i^a ra ''. l.cs i'ubhcilinii.s iiii Oiicliri', i9H'J

C~es données montrent bien l'appauvrissement qui accompagne le fait de vivre seul, mais aussi que cet appauvrissement touche beaucoup plus les femmes que les hommes, Parmi les femmes seules et âgées, 67 % se retrouvent dans les catégories « pauvres » et «très pauvres». Si l'on reprend la comparaison avec l'étude du Bureau de la statistique du Québec, les données de Santé Québec permettent de penser que la proportion des femmes.

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 91

parmi les foyers très pauvres et constitués d'une seule personne, a encore augmenté (82 % en 1987 selon les résultats de Santé Québec). Il n'est cependant pas possible de comparer directement les deux études, les catégories de pauvreté n'étant pas calculées exactement de la même façon. Les indications laissent croire toutefois que la situation économique des femmes âgées, et qui vivent seules, continue de se dégrader.

Toutes les femmes âgées ne sont pas dans une situation aussi critique, et l'on peut espérer que les prochaines générations seront effectivement moins démunies. Aetuellement, on peut cependant considérer que la situation des femmes âgées qui vivent seules est plus à risque face à la pauvreté et à l'isolement.

Quand on n'a plus la santé...

11 a été largement fait mention des problèmes de santé chroniques et de l'espérance de vie sans incapacité dans la section sur la santé. Sans reprendre cette description, on se rappellera que les femmes présentent un plus grand nombre de problèmes de santé que les hommes, qu'elles consultent plus souvent et qu'elles consomment plus de médicaments qu'eux.

L'association entre la mauvaise santé et la pauvreté, décrite tout au long du rapport d'analyse de l'enquête Santé Québec, est particulièrement valable pour les femmes âgées. À elles seules elles cumulent les deux principales conditions préalables à un mauvais état de santé : le vieillissement et la pauvreté. Elles sont plus nombreuses à être plus vieilles, elles sont plus nombreuses à être plus pauvres. On ne sera pas surpris de constater qu'une femme sur quatre, âgée de 65 à 74 ans, s'estime en «moyenne ou mauvaise santé» et que cette proportion s'élève à une femme sur trois à partir de 75 ans. Chose plus surprenante, les hommes des mêmes groupes d'âge obtiennent des résultats assez semblables (26 %i et 28%>) malgré des bilans de santé (évalués à partir des indices de l'enquête) plus positifs. Sont-elles plus optimistes que leurs compagnons ou bien considèrent-elles la maladie et la perte d'autonomie comme faisant partie de la vie «à un certain âge»?

Quatre-vingt-trois pour cent des femmes âgées de 65 ans et plus ont déclaré avoir au moins un problème de santé compara­tivement à 59% pour l'ensemble des femmes et à 77 %> des hommes de 65 ans et plus. À partir de cet âge, ces problèmes sont plus nombreux et plus incapacitants.

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92 I Quand les femmes parloit de leur santé

ïableau 17 — Prévalence des principaux problèmes

./ _ . de santé selon l'âge, femmes âgées de //'/£//:" /// 65 ans et plus, Québec, 1987

(en pourcentage) Groupe d'âge

Problème 65-74 75 et -K

Arthrite et rhumati.sme 40,5 48,2 Hypertension 3f 1 39.6 Troubles mentaux 23,5 34.3 Maladies cardiaques 18,3 25.6 Troubles digestifs 11,2 18.1

Source lapierre, i, , AiLim, () , les persttunes â^ées/lt la saule, ça ra''', Les Publications du (,)ut.-bee, I9«V

Depuis l'Enquête Santé Canada (1978-19'^9), les maladies cardiaques ont doublé et les troubles mentaux ont passablement augmenté; les autres problèmes sont restés relativement stables. Si une partie de l'augmentation peut être attribuée au vieillissement de la population, on peut s'interroger sur les tendances réelles à la hausse de certaines maladies. Si la mortalité continue à décroître, la morbidité ne semble pas encore engagée dans le même voie.

Les femmes âgées de 75 ans et plus sont particulièrement touehées par l'incapacité ; en 1987, elles ont signalé en moyenne 45 jours d'alitement, soit deux fois plus que les hommes du même groupe d'âge. L'arthrite et le rhumatisme sont les causes les plus invoquées pour expliquer cette forme d'incapacité.

Santé Québee estime qu'à partir de 65 ans les femmes devront passer 35 % des années qui leur restent à vivre avec une forme quelconque d'incapacité.

Quand le moral nous lâche...

Après les adoleseentes, les femmes âgées sont celles qui ont les plus hauts scores de détresse psychologique*. Cet indice est particulièrement élevé chez les 75 ans et plus.

Malgré cet indicateur, près du tiers des feinmes âgées se disent «très heureuses» et plus de 55 % s'estiment «plutôt heureuses». On ne doit pas se surprendre de l'apparente contradiction de ees affirmations. Les gens hésitent habituellement à se déclarer malheureux, car cela peut être perçu comme constat d'échec personnel; c'est une étiquette lourde de conséquences.

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26,2 20,0 23,2 2 9 28,8

16,3 10,3 15,2

n,2 16,5

21,3

654 803 144 685 254 !47 174 625 81 346

39î 22 î 88 22! 163 630 102 994 36 418

I 046 023

24,33-28,01^ 24,71-33.19 20,57-25,91

24,13-31,63 23,18-34,44

14,69-17,83' 1379-20,^'O 12.924^50 13,96-20,40 11,25-21,69

20,09-22,53

dil'férenis.

Y a-t-il des femmes «différentes»? I 93

Tableau 18 — Détresse psychologique é levée selon le groupe d'âge et le sexe, Québec, 1987

Intervalle de Sexe et Population confiance groupe d'âge Pourcentage estimée (a = 0,01)

Femmes Total 15-24 25-44 45-64 65 et -f-

Hommes Total 15-24 25-44 45-64 65 et +

Total 21,3 1046 023 2(1

Ni i ie . Les intcrvjjle.s de c o n f u n t c indexés du même cxposarii sont ^!gniricati\emen Source Et la sauié. ça ra'-'. loine 2, Les Hublu atiuns du (^)uéliee, \'-)HH. p 1 AS

C'est aussi chez les femmes de 65 ans et plus que l'on trouve l'indice le plus élevé d'événements stressants (25,9. soif le double de celui de la moyenne des femmes). Les hommes âgés, pour leur part, ont un indice de 19,8. Enfin, les données de l'enquête nous apprennent qu'une femme âgée sur quatre, vivant à domicile, passe la majorité de ses temps libres seule.

Les petites pilules de bonheur

Cinquante-quatre pour cent des Québécoises de tous âges ont déclaré consommer au moins un médicament au moment de l'enquête. Cette proportion augmente à 73 % chez les femmes de 65 à 74 ans et à 83 % chez les plus âgées. Chez ces dernières, près d'une femme sur dix consomme au moins quatre médicaments différents; la plupart de ces médicaments sont prescrits.

Près d'une femme âgée sur quatre a reçu une prescription de tranquillisant. Si cette donnée peut sembler en accord avec le niveau élevé de détresse psychologique, on peut s'interroger sur les ressources et les modes d'intervention mis à la disposition de cette population. La perspective du vieillissement inéluctable, l'accroissement de l'incapacité et des problèmes de santé, la

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94 I Quand les femmes parlent de leur santé

Graphique 29 Principaux types de médicaments utilisés par la population âgée de 65 ans et plus, selon le sexe, Québec, 1987 (en pourcentage)

% 45 40 35 H 30 25 20 15 10 5

Femmes I I Hommes

Médicaments Tranquil ptt\xt II- cœur t( UsanLs l'hypertension

Remèdes contre les troubles gastriques

Médita- Onguents mentA pour ie rhume

Source Lapierre, 1. , .Adam, O , t es personnes diiee^ Id la santé, ça ra-'. Les Publ ica t ions du Ouebee, !'>H9

baisse du revenu, tout eela fait partie de la réalité du grand âge et contribue certainement à l'augmentation de la détresse.

Le médicament est-il perçu, par le professionnel et par la cliente, comme la solution définitive, plutôt qu'une aide passagère? Quelles sont les solutions de rechange aux problèmes de solitude et d'angoisse des femmes âgées? Pour les intervenants et les administrateurs des organismes du réseau public, la c]uestion n'est pas nouvelle. Mise en parallèle avec l'augmentation prévue du nombre de fetnmes âgées, et aussi d'hommes âgés, au cours des prochaines années, elle devra être posée â l'ensemble de la société.

Les données de Santé Québec viennent confirmer, pour l'ensemble des femmes âgées vivant à domicile, les hypothèses qui avaient été émises à partir des fichiers de consommation de services. Ce qu'elles signalent avec plus de force, c'est l'aspect social (pauvreté et solitude) et psychologique des problèmes de santé. Ces données constituent des balises intéressantes en prévention et en amélioration de la qualité de vie pour les femmes âgées d'aujourd'hui et celles des prochaines années.

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 95

Faits saillants

• Le nombre et la proportion de femmes âgées continuera d'augmenter au cours des prochaines années.

• Les femmes âgées vivant seules sont beaucoup plus à risque d'être pauvres.

• Le tiers des femmes âgées ont un score élevé de détresse psychologique,

• Une femme âgée sur quatre- a reçu au moins une prescription de tranquillisant.

Les femmes de milieux défavorisés

L'appartenance à un milieu socio-économique particulier est un déterminant majeur dans le devenir des individus quant à leur santé. On le sait depuis longtemps : les plus pauvres meurent plus tôt, sont plus malades, ils ont de moins bonnes habitudes de santé et vivent dans des conditions sanitaires précaires. Les inégalités en ce qui concerne la santé et la maladie constituent l'un des plus grands problèmes de notre système de soins et de services, et leur persistance, malgré l'accès universel aux soins, sera l'un des principaux défis des prochaines années dans notre système de santé.

Lorsqu'on parle de la pauvreté, on la présente souvent en termes de lieux géographiques, de régions ou de secteurs de pauvreté. On parlera aussi de groupes socio-professionnels ou culturels. On est moins porté à lui attribuer un sexe, et pourtant, si l'on considère chacun de ces sous-groupes, on se rend compte que parmi les défavorisés il y a des «plus défavorisés» et que ce sont habituellement des femmes. Dans chaque catégorie socio-économique étudiée, les femmes sont généralement plus pauvres (ou moins riches) que les hommes, elles ont des salaires plus bas, elles ont moins accès à l'emploi et à la syndicalisation, elles ont moins de sources de revenu.

Dans les enquêtes, on attribue habituellement aux femmes mariées qui restent à la maison le niveau de revenu du conjoint, et pourtant bon nombre d'entre elles n'ont pas accès directement à l'argent du ménage, elles ne sont pas propriétaires de la maison familiale, n'ont pas de régime de retraite et, souvent, pas de compte bancaire. Dans l'analyse de l'enquête Santé Québec, les niveaux socio-économiques ont été jusqu'ici calculés à partir des revenus des ménages, et malgré cette

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96 I Quand les femmes parlent de leur santé

méthode de calcul, les femmes restent significativement plus pauvres que les hommes. On peut penser que c'est surtout à cause des niveaux de revenu des femmes seules, particulièrement des plus âgées, et des chefs de famille monoparentale. On peut aussi supposer que si l'on tenait compte des revenus personnels des individus, les niveaux de revenu des femmes seraient encore plus faibles.

Une monographie sur les personnes défavorisées dans la foulée de Lenquète Santé Québec (Colin et al., 1989) définissait des catégories de personnes selon une évaluation du niveau socio-économique. Les critères utilisés pour l'établissement de ces catégories étaient le revenu familial pondéré par la taille du ménage ainsi que par la scolarité (elle-même pondérée par l'âge). C'est ainsi que quatre catégories de personnes ont été établies: très défavorisées (qui représentent 7% de la population), défavorisées (7 %), moyennes (65 %) et favorisées (21 %); elles ont été établies pour la populati(jn âgée de 18 ans et plus. Ce sont ces catégories que nous reprenons ici.

Bien que. selon les auteurs, ces catégories demanderaient à être validées par d'autres études, les résultats obtenus dans l'ensemble sont conformes à ce qui est connu dans les études sur la relation santé-pauxreté, ce qui nous incite à continuer l'analyse pour nos propres besoins. Il convient toutefois de souligner deux limites particulières: 1) l'utilisation du revenu du ménage a pour effet de sous-évaluer la pauvreté des femmes qui vivent avec un conjoint et 2) le fait de tenir compte de la scolarité diminue, chez les femmes, l'importance de la défavorisation particulièrement chez les personnes âgées; par exemple, si l'on tient compte uniquement des revenus, 44% des femmes et 35 % des hommes âgés de 65 ans et plus seraient dans les catégories de pauvreté alors que l'introduction de la variable scolarité les placent à égalité, I! en est probablement ainsi â cause de la plus grande scolarisation des femmes dans cette génération.

Un groupe particulier

Environ 1 i% de la population compose les deux catégories défavorisées' ; on y trouve une plus grande représentation de

1 " Pour être cl;isse-c dans une (.tes deux catégories défax'ori.sccs, il Caii! t|ue îc revenu du TiK-nage de la jXTsonnc st)ti .sous le scuii de faible revenu de SEan.stiejue (.;aiiada et que la personne ait Line S'aihle seolariic çn fonction de son groupe d'âge. » ((xilin e/ al. I9«'>.)

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 97

femmes et de personnes âgées. Quand aux deux autres catégories mieux nanties mises ensemble, on y trouve proportionnellement plus d'hommes et de personnes plus jeunes.

Tabieau 19 — Répartition de la population selon le sexe et le niveau économique, population âgée de 18 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

Groupe d'âge

!8-29 Femmes Hommes

30-44 Femmes iiommes

45-64 Femmes fiommes

65 et -1-Femmes fiommes

Total Femmes Hommes

Très défavorisé

S,0 S i

8,(t 5,8

10,9 9,9

7 2 8,2

7,8 6,9

Défavorisé

6,3 4,7

5,8 5,1

6,1 3,5

17,4 16,4

7,4 5,7

Moyen

67,4 66,8

62,4 60,5

67.7 64.9

65,8 ^7,6

65,5 65,2

Favorisé

21.3 23,2

23,8 28,6

15,4 21,7

11,6 17,8

19,5 24,5

Total

100,0 100,0

100,0 100,0

100,0 100,0

100,0 iOO,0

100,0 100,0

Sources Calculs bjsês sur les données de Santé Québec l'JW"

Être pauvre, malade et... femme

Une des constatations les plus frappantes de l'analyse des résultats de Santé Québec est rasst)ciation constante entre la pauvreté et la détérioration de la santé. L'indice de santé globale* est probablement l'une des meilleures façons d'illustrer les différences entre les groupes socio-économiques car il tient compte à la fois de l'incapacité, des conditions chroniques, des problèmes de santé et des différents symptômes de toutes sortes. On se rappellera que plus cet indice est élevé, moins bonne est la santé.

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98 I Quand les femmes f)arlent de leur santé

Graphique 30 — Indice de santé globale* selon le niveau socio-économique, femmes âgées de 18 ans et plus, Québec, 1987

0,75

0,70

0,65

0,60

0,55

0,50 0,45

0,40

0,35

18-29

Très déf.

y^ i>éf.

30-44 45-64

,_..*-

65e t +

.

\ Zone \ de ) moins

/ bonne / santé

A \ Zone \ de / meilleure

/ santé

Soiii'i e ( ,ileuK hâ- ulR•t•^ de SjcHe (,>ue]iri I"-);-*

Quel que soit l'âge, les deux catégories de femmes défavorisées ont un indiee de santé globale* moins bon que l'ensemble des femmes, les très défavorisées ayant un indice nettement au-dessus de la moyenne (ee qui eorrespond à une moins bonne santé). Les plus grands écarts entre les niveaux de richesse se trouvent entre 4^ et 6 t ans, tandis que vers 6S ans les scores

Graphique 31 — Indice de santé globale* chez les personnes très défavorisées et favorisées âgées de 18 ans et plus, selon le sexe et l'âge, Québec, 1987

0,75

0,70

0,65

0,60

0,55

0 so

0,45

Très défavorisées Feiiuue!!* / ""~ ~ ~ Hommes y ^ ,^

, - ^ ^ ^ ^ - ^ ' ^ \ -^

\ \ Zone \ de \ moins / bt>nne

/ santé

N. Zone \ de / meilleure

/ santé

18 29 30 44 45 64 65 et +

S o u n e (,.ih,u!s ll,l^es sur les d o n n é e s de Sariie O u e b e e 19H

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Y a-t-il des femmes «différentes»:'' I 99

tendent à se rapprocher. Les auteurs de la monographie sur les personnes défavorisées (Colin et ai, 1989) parlent d'un vieillissement prématuré des personnes des milieux défavorisés : «Ces personnes seraient soumises a des conditions de vie et à des stress cjui touehcnt à leur santé en la détériorant précoeement. Souvent elles présentent des indiees de santé comparables à ceux des personnes âgées de 65 ans et plus des groupes moyens et favorisés» (p. 5 1-S2). Les données de Santé Québec montrent que ces écarts entre groupes soeio-éeonomiques sont accentués ehe/ les femmes, partieulièrement entre tS et 64 ans.

Avec la seule exceptit)n des hommes âgés de 65 ans et plus du groupe «défavorisé», les femmes ont des indices moins bons que leurs compagnons, quel que soit le niveau socio-économique. On remarque que les écarts entre les sexes sont plus grands chez les plus défavorisés.

Quels sont les problèmes de santé qui touehent particulièrement les femmes de milieux défavorisés? On trouve ehez elles une prévalence plus élevée de troubles mentaux, d'arthrite et de rhumatisme, de maladies cardiaques, d'hypertension et d'accidents.

Graphique 32 — Principaux problèmes de santé chez les femmes âgées de 18 ans et plus, selon deux groupes socio-économiques, Québec, 1987 (en pourcentage)

1 2 ••

1 0 -

8 -

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S o u r e e {JdeuLs basés sur les Llousu-es (Je S.inie ',)i

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100 I Ouand les femmes parlent de leur santé

Pauvreté et détresse

La détresse psychologique est étroitement liée au niveau socio-économique. En effet, on retrouve près de deux fois plus de personnes qui ont un niveau de détresse psychologique élevé dans les milieux très défavorisés.

Graphique 33 — Niveau élevé de détresse psycholo­gique selon le niveau socio-éco­nomique et le sexe, personnes âgées de 18 ans et plus, Québec, 1987

% 70

60

50

40

30

20

10

34,6

^^ H j j j j j j j l ^ l 24,9 20.. I 24,9 P ! " : WÊÊM. 10 ^ • • • 15,7

Très déf. Déf. Moven

Femmes

Hommes

18,6

14,1

Fav.

Graphique 34

18-29

Niveau élevé de détresse psycholo­gique selon l'âge, chez les femmes âgées de plus de 18 ans et plus de milieux très défavorisés, Québec, 1987

30-44 45-64 65 et

h.iscs sut '\e\ données (.is; S.mié iJuéhn

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 101

La détresse psychologique diminue à mesure que le niveau économique s'élève. Dans les milieux très défavorisés, plus d'une femme sur trois présente un score élevé, et, à partir de 65 ans, 4 3 % des femmes sont dans cette situation.

On ne sera pas surpris de retrouver, chez les plus défavorisées, la plus forte proportion de comportements suicidaires. Selon les déclarations faites à l'enquête Santé Québec, 7 % des jeunes femmes très défavorisées, âgées de 18 à 29 ans, ont fait une tentative de suicide au cours de l'année précédant l'enquête. Ce pourcentage est neuf fois plus élevé que celui de la moyenne des Québécoises du même groupe d'âge.

Le recours aux services et la consommation de médicaments

Conséquence d'un état de santé plus détérioré, les plus défavorisés consultent plus souvent et consomment plus de médicaments. Cependant, leur mode de consultation est un peu différent des autres groupes socio-économiques: selon Colin et al., le recours au médecin généraliste diminuerait au fur et à mesure que le niveau socio-économique s'améliorerait. Les personnes très défavorisées consultent moins que les autres les spécialistes, les dentistes et les différents intervenants autres que les médecins généralistes. Le recours aux travailleurs sociaux n'a pas été isolé dans cette analyse; dans une prochaine étude, c'est une distinction qui devra être faite.

Ces données suggèrent un questionnement sur les modes de pratique en santé et l'organisation du système de soins et de services. Comment expliquer le moindre rec(.)urs aux spécialistes chez les femmes défavorisées, surtout lorsque l'on sait qu'elles ont une santé plus détéric^rée et consultent plus de façon générale? ce choix est-il vraiment le leur?

Une autre explication réside dans les difficultés d'accès vers les ressources spécialisées que connaissent les populations plus défavorisées (C.A.S., 1989). Ces difficultés d'aceès seraient autant d'ordre géographique (éloignement des grandes agglomérations où se concentrent les ressources) que culturelles (difficultés de communication entre les patientes et les intervenants venant de milieux sociaux différents). Il y a là des pistes d'analyse qui mériteraient d'être reprises.

Les femmes des milieux très défavorisés sont hospitalisées plus souvent (13 %) que les femmes des autres groupes ( 8 % à 9 %).

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102 I Ouand les femmes parlent de leur santé

Elles consomment également plus de médicaments partieulièrement les plus jeunes.

Graphique 35 — Médicaments prescrits selon l'indice de défavorisation, femmes âgées de 18 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

18-29 30-44 45-64 65 et +

KiTi e < ,uhn. y.,\ .teoîc, I l'uhhv .iiioif. ilu i )ui.

'UUIMI, t , le-, jiey-.iiime': deiari.>yisees l't la saule iji ta', l e

f)e façon générale, la consommation de médicamenis prescrits tend à dimiïnier à mesure <:]ue s'élève le ni\'eau de richesse.

Graphique 36 — Taux de consommation de médicaments prescrits chez les personnes très défavorisées âgées de 18 ans et plus selon l'âge et le sexe, Québec, 1987

100

18-29 30-44

80,2

45-64 65 et +

Sour> e l .tk uK h.isfs sUi HK.rs iie S.iiiH. (JueiK'e 1'),

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 103

À partir de 65 ans, par contre, les écarts s'estompent, en raison probablement de l'accès pour toutes au programme de gratuité des médicaments mais aussi des moindres écarts entre les niveaux de santé,

On remarque que, contrairement aux autres catégt)ries socio-économiques, les hommes très défavorisés consomment presque autant, sinon plus de médicaments que les femmes.

Les données de Santé Québec montrent bien qu'à l'exception des personnes âgées de 18 à 29 ans (période pendant laquelle un grand nombre de femmes prennent des anovulants), les hommes de milieux très défavorisés se voient prescrire autant, sinon plus, de médicaments que les femmes de même milieu. Certaines études américaines (Cooperstock, 1982; Cafferata, 1983) avaient émis l'hypothèse que les hommes qui se retrouvaient dans une situation sociale semblable à celle d'un grand nombre de femmes, c'est-à-dire sans travail rémunéré et sans revenu, avaient plus de risque de se voir prescrire des médicaments, particulièrement des psychotropes*. Les données de Santé Québec ne permettent cependant pas de vériher cette hypothèse à cause du petit nombre d'hommes qui sont à la fois dans la catégorie « très défavorisés » et qui consomment des médicaments.

Le luxe de la prévention

La très grande majorité des Québécoises (90%) a adopté l'habitude du test de dépistage du cancer du col de l'utérus (test de Pap) et la moitié d'entre elles en ont passé un au cours de l'année précédant l'enquête. Les femmes les plus défavorisées ont des comportements différents puisque 16% d'entre elles n'ont jamais passé ce test, et cette proportion itionte à plus d'une femme sur deux à partir de 65 ans.

Les résultats diffèrent passablement selon l'âge. Chez les plus jeunes (18-24 ans), ce sont les plus riches qui sont le moins engagées dans le dépistage, alors que l'inverse se produit après 25 ans. Est-ce un effet de génération ou est-ce plutôt relié au fait que les femmes des milieux défavorisés commencent plus tôt leur vie sexuelle? Quoi qu'il en soit, les données chez les femmes âgées de 25 ans et plus suggèrent à la fois que la participation au test de dépistage est plus importante dans les générations plus récentes mais que les différences persistent entre les groupes socio-économiques.

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104 I Quand les femmes parlent de leur santé

Graphique 37

% 60

50 i

40

30

10 ^

Femmes âgées de 18 ans et p lus qui n ' on t jamais eu de test de Pap, selon le niveau socio-économique et r a g e , Québec , 1987 (en pourcentage)

H Très défavorisée If] Défavorisée H À revenu moyen 3 Favorisée

25,6

20 H 16.8 | | | ^ H L 2 ^

21,0

1 12,2 ^ ^

B

' " Ï3,2

4,8 5.2

18-24 25-64

52,4

65 et +

Souree (, . ikuN rt.fses sur les tlonru-i.--. Ov s.nitc- (,)i.iern-e !'>.S

Dans l 'ensemble, il y a très peu de différences entre les divers groupes quant à la consomination de pilules anovulantes: bt % chez les femmes très défavorisées et 19 % chez les plus riches. Par contre, les jeunes femmes des milieux défavorisés en font une consommation significativement plus élevée que les jeunes femmes des autres groupes, ce qui est probablement une conséquence d'une activité sexuelle plus précoce (voir la sectit>n sur le dépistage du cancer du col de l'utérus). Mais on peut également s 'interroger sur les ressources et les services en contraception en milieux défa\'orisés. L'()uverture à d'autres méthodes contraceptives serait-elle moins grande que dans les autres milieux, et pourquoi ? C\:s[ une question à examiner dans de procliaines études.

(^es dt)nnées soulèvent beaucoup de cjuestions. De tels écarts entre les jeunes femmes de différents niveaux de richesse correspondent , on l'a déjà ment ionné, à des compor tements différents en ce tiui concerne l'activité sexuelle, mais on pourrait égaletnent y \-oir une sensibilisation différente quant aux diverses praticjues contraceptives. Chez les femmes âgées de 25 a 6 i ans, la consommation d 'anovulants augmente avec r a m é l i o r a t i o n de la c o n d i t i o n é c o n o m i q u e . C o m m e n t interpréter ces résultats? En l'absence de données plus poussées,

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 105

Graphique 38 Pourcentage de femmes qui prennent des anovulants selon le niveau socio-économique et l'âge, Québec, 1987

18-24

Très défavorisée Défavorisée À revenu moyen Favorisée

1 i '"* ,i^:^„ ^ -

25-64

luree Cj leuK bases sur k's données de >,iîi!e yuebcL i'JH"

on peut suggérer différentes pistes explicatives : peut-on penser que l'état de santé des femmes de milieux défavorisés est plus souvent incompatible avec la consommation d'anovulants? ont-elles subi plus de ligatures ou d'hystérectomies? les pratiques contraceptives sont-elles différentes selon l'appartenance socio-économique? Le fait que les femmes des milieux défavorisés ont plus d'enfants que les autres (Colin et Desrosiers, 1989) apporte également une partie de la réponse. Il y aurait beaucoup de recherche à faire sur ces questions et les données de Santé Québec permettent de dégager des pistes qu'il faudra poursuivre avec d'autres instruments.

Dans la population féminine âgée de 18 ans et plus, une femme sur deux a eu un examen des seins par un ou une professionnelle au cours de l'année précédant l'enquête, alors que 13% n'en ont jamais passé. Les femmes de milieux très défavorisés se démarquent puisqu'elles sont près de trois fois plus nombreuses (20%) que celles qui sont issues de milieux favorisés (8%) à n'avoir jamais passé cet examen.

Les résultats sont frappants : encore une fois on assiste au double phénomène de l'effet de génération et des inégalités sociales. De façon générale, les femmes les plus défavorisées ont beaucoup moins recours à cet examen, mais il semble que ces

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106 I Quand les femmes parlent de leur santé

Graphique 39 — Répartition des femmes âgées de 18 ans et plus qui n'ont jamais eu d'examen des seins par un professionnel selon le niveau socio-économique et l'âge, Québec, 1987 (en pourcentage)

I Très défavorisée 1 ] Défavorisée ^ À revenu moyen y Favorisée

18-24 25-64

45.7

65 et

Siiuri.t.' e . ikul^ iî .ces sur les i,lnrinees de s.irue *.>ueht.

différences s'amenuisent à mesure que les générations rajeunissent. L'écart entre les deux groupes extrêmes (très défavorisées et favorisées) est de 30% chez les 65 ans et plus, il baisse à 12 % chez les 25-6-4 ans et n'est plus que de 8 % chez les jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans. I! semble que les connaissances sur le cancer du sein et l'intérêt accordé aux mesures préventives soient de plus en plus répandus.

Il est toutefois étonnant de constater que, malgré l'importance de la frétiuentation des services de santé par les femmes plus âgées, donc justement celles pour c|ui le risque est le plus grand, une aussi forte proportion n'ait jamais bénéficié de telles mesures de prévention, particulièrement dans les milieux défavorisés.

L'habitude de l'auto-examen des seins donne égaletnent lieu à des disparités entre les divers niveaux de richesse, quoique les données soient moins évidentes que pour les autres types de comportements préventifs.

Trente pour cent des femmes âgées de 18 ans et plus ne l'ont jamais pratiqué; chez les femmes très défavorisées, on en retrouve 38%. et cette différence est significative. En même temps, on remarque qu'il n'y a pas de différences entre les

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Y a-t-il des femmes «différentes».^ I 107

niveaux de richesse chez celles qui ont pris l'habitude mensuelle de cet examen : plus d'une femme sur quatre, quel cjue soit son statut socio-économique, déclare examiner ses seins une fois par mois, Va-t-on retrouver ici le même phénomène de génération déjà constaté avec le dépistage du cancer du col de l'utérus?

Graphique 40 Répartition des femmes âgées de 18 ans et plus qui n'ont jamais pratiqué l'auto-examen des seins, selon le niveau socio-économique et l'âge, Québec, 1987

% 80 Très défavorisée

Défavorisée À revenu moyen Favorisée

48 ,0 '»9,2

18-24 25-64 65 et + 2

I Les résyj î j ts ei î i re p j r e i u h e s e s soni basés sur des pe in s n o m b r e s et ne suiu pas signiîieji i ts J 18-2 4 :JI!S el 2T-( 'M lius F - - n.lHiS

(>S j n s eî * P e n i r e O.onS ei 0 ,0] Suuree Cj ieu ls basés sur les d o n n é e s de >jrUL- <,>uel>ee i'>H~

Ces données apportent plusieurs renseignements qu'il n'est pas facile de départager; il faudra pousser l'analyse et obtenir de nouveaux éléments d'information pour bien en expliquer les tendances. Toutefois, certains éléments se dégagent: ce sont encore les femmes plus âgées qui participent le moins à cette mesure préventive. Chez elles, les fetnmes de milieux favorisés se distinguent nettement par une plus grande participation puisque plus des trois quarts d'entre elles ont déjà pratiqué l'auto-examen des seins et que le tiers le ferait même à chaque mois. Dans les autres groupes socio-économiques, c'est seulement la irioitié des femines qui l'auraient praticiué au moins une fois. Par contre, toujours chez les femmes plus âgées, le tiers des plus défavorisées déclare pratiquer l'auto-examen tous les mois.

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108 I Quand les femmes parlent de leur santé

Les femmes de 25 à 64 ans sont les plus engagées dans l'autodépistage : trois femmes sur quatre le pratiquent de façon plus ou moins régulière et plus du quart sur une base mensuelle. Il est vrai que ce sont les femmes qui ont le plus d'accès aux connaissances sur le cancer du sein, notamment par l'entremise de la consultation en maternité et en contraception. Dans ce groupe d'âge, les femmes très défavorisées sont passablement moins engagées que les autres, tout comme dans le cas de l'examen par un ou une professionnelle de la santé.

Quant aux plus jeunes, les 18 à 24 ans, les plus défavorisées d'entre elles semblent les plus nombreuses proportionnellement à pratiquer l'auto-examen des seins, les plus favorisées étant alors les moins engagées. Les jeunes femmes de milieux favorisés sont même deux fois moins nombreuses (12%) que les très défavorisées (27 %) à pratiquer l'auto-examen à tous les mois. On se rappellera qu'elles passent moins de tests de dépistage du cancer du col de l'utérus et qu'elles prennent moins de contraceptifs oraux, ce qui pourrait signifier que l'information sur les pratiques d'autodépistage leur est moins accessible. Par contre, elles passent plus d'examens des seins chez les professionnels, ce qui peut être considéré chez elles comme la seule pratique nécessaire.

La pauvreté, un monde à part

La situation des femmes des milieux défavorisés présente une double conhguration : un état de santé nettement détérioré, tant dans son aspect physique que psychologique, doublé de relations particulières avec la santé, cest-à-dire envers la prévention, les recours professionnels ou l'organisation du système de soins. On peut se questionner longuement sur le sens de la relation entre la maladie et la pauvreté, l'une entraînant l'autre et vice versa. Cela reste encore un défi posé â la recherche. Cependant sa persistance, en dépit de l'instauration d'un système imi\'ersel de soins et de services, reste au coeur des préoccupations en santé publit|ue.

Les femmes pauvres xivent moins longtemps CV^ Ikins. 1990); Santé Québec montre qii'elles st)nt atteintes plus tôt par la maladie et l'incapacité, qu'elles présentent des scores de détresse psyehologic|ue particulièrement élevés et posent significa­tivement plus de gestes suicidaires. On a aussi constaté, dans la première partie, qu'elles consomment plus de cigarettes et

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I t09

qu'elles présentent une prévalence d'obésité très élevée^ On a vu également, dans la section sur les jeunes femmes, que près de 50% des adolescentes de milieux très défavorisés ont un score élevé de détresse psychologique.

C'est un bilan très lourd. Peut-être nous permettra-t-il de mieux comprendre pourquoi les femmes de ces milieux semblent moins préoccupées par les mesures préventives? Les problèmes qu'elles ont à résoudre et les conditions difficiles qu'elles vivent leur dictent des priorités différentes. Quand le quotidien comporte autant d'éléments négatifs, il reste finalement moins de place pour la prévention, pour ce qui «risque d'arriver».

Cela peut-il aussi expliquer les modes d'intervention des professionnels de la santé? À une cliente qui présente de multiples problèmes on sera moins tenté (ou on aura moins de temps) de proposer un examen préventif ou un atelier antitabagisme.

Ces considérations sont majeures. Notre système de santé, par la force des choses , semble réagir selon des modes d'intervention différents aux besoins des mieux nanties et à ceux des pauvres. Les plus démunies dans notre société demanderaient, et recevraient, des services axés sur l'immédiat, sur l'urgence, alors que la prévention et la promotion de la santé n'atteindraient que les groupes plus favorisés. On peut craindre alors que les écarts entre les deux groupes ne s'élargissent davantage au cours des prochaines années.

Faits saillants

• On retrouve plus de femmes et de personnes âgées dans les groupes défavorisés,

• Les femmes de milieux défavorisés ont plus de problèmes de santé physiques et psychologiques que les autres femmes et plus que les hommes de même niveau socio-économique.

• Les jeunes femmes de milieux très défavorisés font nettement plus de tentatives de suicide que les autres femîTies du même

• Les femmes des milieux défavorises connaîtraient un vieillissement précoce, particulièrement entre 45 et 64 ans.

i, Dans les milieux très défavorisés, trois fois plus de femmes souttrent d (ihésite ejuc dans les milieux riches.

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110 I Quand les femmes parlent de leur santé

• Elles ont plus souvent recours aux services de santé, mais voient moins de spécialistes que les autres femmes.

• Elles consomment plus de médicaments. Les jeunes femmes défavorisées utilisent davantage la pilule anovulante et se prévalent davantage également du test de dépistage du cancer du col de l'utérus.

• Les femmes des milieux défavorisés passent sensiblement moins d'examens de dépistage du cancer du sein chez les professionnels.

Les femmes en situation de monoparentalité

Entre les recensements de 19^1 et de 1986, le nombre de familles monoparentales au Québec a augmenté de 67 % comparativement à 10% chez les familles biparentales. Des changements importants avaient marqué les modes de vie familiaux québécois au cours des années soixante-dix, le plus marquant étant l'augmentation des ruptures d'union suivi de loin par les naissances hors mariage (Dandurand, 1987; Le Bourdais et al., 1984). Autrefois résultante de la situation de veuvage, les familles monoparentales sont aujourd'hui plus jeunes, tant par l'âge du parent responsable que par l'âge des enfants, et elles sont plus souvent sous responsabilité féminine (Dandurand, 1982).

(x's modifications aux structures familiales ont été lourdes de consét]uences, particulièrement pour les femmes et leurs enfants cjui se sont retrouvés, dans la plupart des cas. dans des situations économiques précaires. Par exemple, selon une étude faite auprès des familles monoparentales, en 1987, les femmes chefs de familles monop;irentales sont nioins scolarisées, touchent des revenus deux fois moins élevés et se retrouvent, plus souvent qtic les autres mères, dépendantes de Laide sociale : quatre fois sur cinc] dans le cas des mères célibataires et deux fois sur cinq chez les séparées et les divorcées (cintras et al., 1989).

Les données de l'enquête Santé Québec permettent de reconstituer les familles selon leurs différentes catégories, dont les familles monoparentales. Ces dernières ont fait l'objet d'une monographie (Bellerose et al., 1989) dans laquelle elles sont comparées aux familles biparentales. La famille y est définie en fonction de deux critères: d'abord un ou des parents ayant des enfants â charge, vivant dans le même logement: s'il s'agit

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Y a-t-il des femmes «différentes»? 1111

de deux conjoints mariés ou vivant en union libre la famille est dite biparentale, s'il s'agit d'un parent seul, sans substitut du parent absent, elle est monoparentale; ensuite, la présence d'au moins un enfant âgé de moins de 18 ans. relié biologiquement ou par adoption ou provenant d'unions précédentes. L'étude déhnit quatre sous-catégories de parents: monoparenta le /parent féminin, monoparentale /parent masculin, biparentale/parent féminin et biparentale/parent masculin. Nous reprenons ici ces mêmes catégories, mais nous concentrerons notre analyse sur les femmes chefs de familles monoparentales. Afin d'établir des comparaisons et de compléter cette analyse, nous utiliserons en parallèle les résultats d'une enquête, faite également en 1987, auprès de 300 familles monoparentales, pour le compte de la Commission d'enquête sur les services de santé et les services sociaux (Renaud et al., 1987).

Un portrait de famille

Les familles monoparentales représentent, en 1987, 15% de l'ensemble des familles québécoises ayant au moins un enfant de moins de 18 ans. Santé Québec estime leur nombre à 140 500 (Bellerose et al., 1989). La très grande majorité, soit 87%, est sous la responsabilité de la mère. Conformément à ceux des études antérieures, les résultats décrivent une population plus défavorisée.

Les femmes parents seuls sont plus jeunes: 44 % ont moins de 34 ans, ce qui n'est le cas que de 14 % des mères biparentales; elles sont divorcées (71 %), elles ont en moyenne 1,6 enfant dont la moyenne d'âge est de 11 ans et elles vivent la situation de monoparentalité depuis neuf ans en moyenne. Les hommes qui se retrouvent dans la même situation sont plus âgés et vivent depuis moins longtemps le statut de chef de famille monoparentale, soit quatre ans et demi.

Les femmes monoparentales sont moins scolarisées que toutes les autres catégories de parents et, bien que la moitié d'entre elles occupent un emploi, près des deux tiers se classent parmi les niveaux socio-économiquement faibles. En comparaison, les hommes monoparentaux sont plus scolarisés, plus actifs sur le marché du travail (72 %) et ont un niveau de revenu nettement plus élevé (les deux tiers ont des revenus tnoyens ou riches).

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112 1 Quand les femmes parlent de leur santé

Graphique 4 l — Description des familles québécoises selon leur type et certaines caractéristiques socio-économiques, Québec, 1987

Ensemble des familles

42 % de l'ensemble des ménages de l'enquête

Monoparentales

140 488 (15%)

Parent féminin (87%)

1

r^ipare ntales

8 5 %

25-44 ans

séparées/divorcées

mères célibataires

pauvres

basse scolarité

travaillent

inactives

enfants

7 8 %

"'l %

10%

62 %

2 9 % .t~l Cl/

-t ; A)

1 1 %

1,6

8 2 % —

2 2 %

2 1 %

4 8 A)

6% 1,9

s . ) u n e ' ' (,,iluils bases sur le-, d o n n é e s de S j iue C"-ieÎH:e i<>H~ et BellernsL-, l : . CKIIL-UX. i-' . J o h n s o n . V . l.ei fa nu Iles nionopHireulaleS' Id la saule, ça ra • ihiét>e( l,es i-'iihlu j u o n s du O n e b e e , i MS''

Même si ce sont les hommes monoparentaux qui se déclarent le plus souvent inactifs (particulièrement pour des raisons de santé), les femmes sont les principales clientes des programmes d'assistance gouvernementale. Une étude à partir du hchier de l'aide sociale de 1985 (Beliware et al., 1986) rapporte que, parmi

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Y a-t-il des femmes «différentes»? 1113

les bénéficiaires de l'aide S(x4ale, deux familles avec enfants sur trois sont monoparentales; dans 9 5 % des cas, les responsables de ces familles sont des femines. Dans la tnajorité des cas, cette pauvreté accompagne le statut de famille monoparentale.

La santé physique

Selon l'étude de Renaud, les familles monoparentales ne rapporteraient pas plus de problèmes ou de handicaps que les autres, mais se considèrent en m(^ins bonne santé. Santé Québec, de son côté, trouve des différences significatives entre les femmes selon le type de famille: les femmes monoparentales sont plus nombreuses à déclarer des problèmes de santé (68 %) que les femmes des familles biparentales (59%) et elles en ont davantage (62 % des monoparentales ont plus d'un problème alors que c'est le cas de 51 % des biparentales). De plus, on note que l'état de santé, mesuré par l'indice de .santé globale*, se détériore à mesure que la durée de la monoparentalité augmente, et ce quel que soit l'âge (Bellerose et ai, 1989), ce qui est un signe que l'on ne s'adapte pas à la monoparentalité.

On ne sera pas surpris que la perception qu'elles ont de leur santé soit moins bonne.

Graphique 42 — Perception de l'état de santé selon le genre de famille chez les femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

50^ 4 5 ^ 40 3 5 -3 0 ^ 25 -^0 -1 5 -10 5 -

19,7

• 18,8

1 1 Excell.

48,4

m • ^1 ^H • Très bonne Bonne

Monoparentale Biparentale

Moyenne/ mauvaise

Souree Calculs hj.^es sur les tlunnees lie Sjiiié (.inébei. I')iS~

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114 I Quand les femmes parlent de leur santé

On remarque que plus la durée de la monoparentalité est longue, plus la perception de l'état de santé tend à être mauvaise. Les hommes en situation de monoparentalité sont encore plus nombreux à se déclarer en moins bonne santé ( 18 %) bien que leur état de santé global* soit nettement meilleur que celui des femmes. Par contre, ils sont en moins bonne santé que les hommes des familles biparciitales.

L'univers affectif de la monoparentalité

La plupart des études sur les familles monoparentales, et Santé Québec vient le conhrrner. font état des nombreuses difhcultés auxquelles elles font face. Intimement liée au changement de statut, à léchée de la vie familiale, à la baisse du niveau socio-éconotnique, la vie affective trouve aussi son compte de bouleversements et de revers. Les femmes monoparentales se déclarent plus souvent insatisfaites de leur vie sociale et moins heureuses que les femmes des familles biparentales.

Graphique 43 Satisfaction envers la vie sociale et niveau de bonheur selon le type de famille, chez les femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

% 70

60

50

40

30

20

10

29,9

20 ^ M H |

Très Plutôt sallsf. ï atisf.

Monop.

Bip.

Satisfaction

Très Plutôt Pas heureuses lieurcusef» heureuses

Bonheur

Sonne ( .ili uK h,)s<-s lui les Junncs ilc Saiîlé e,)uebe(.' l 'W

Ce sont pourtant, encore une fois, les hommes monoparentaux cjui semblent le plus touchés puisque 35% d'entre eux sont

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 115

insatisfaits de leur vie sociale et que 22% se déclarent «pas heureux du tout ». II .semble très évident à l'analyse des données que, si la présence d'un conjoint semble une meilleure garantie de bonheur ou de satisfaction autant pour les hommes c|ue pour les femmes, son absence .semble toucher beaucoup plus les hommes, du moins en situation de monoparentalité. On peut penser que la situation de marginalité, beaucoup plus que les conditions matérielles ou de santé, a un impact majeur sur les attitudes et la perception de leur vie chez eux.

Quant à la détresse psychologique*, près d'une femme monoparentale sur trois se retrouverait au plus haut niveau.

Graphique 44 — Détresse psychologique élevée et pensées suicidaires selon le type de famille, chez les femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

• Monoparentale [ I Biparentale

40 3 6 -32 28 -2 4 ^ 2 0 -16 12 ^ 8 -4 -

^ ^ ^ ^ ^ 1 21,1

Détresse Pensées suicidaires au cours de la vie

>uuree Caieuls hj^es snr tes (.timnees (.ie Suiue (.)uehet 19.s~

Pour un bon nombre de femmes, la situation de monoparentalité est vécue dans un contexte persistant de conflits avec l'ex-conjoint (Dandurand, St-Jean, 1988), pour les plus âgées la fin de la vie familiale est souvent perçue comme un échec important et cela vient renforcer la détresse associée à des conditions de vie difficiles. Les hommes monoparentaux ont également des niveaux élevés de détresse psychologique et ont plus de pensées suicidaires; toutefois ces résultats sont basés sur de très petits nombres, ce qui rend leur interprétation difficile.

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116 1 Quatid les femmes parlent de leur santé

LA recherche de solutions

L'enquête de Renaud eî ai arrivait à la conclusion que pour rensemble, les chefs de familles monoparentales utilisaient les services de santé de la même façon et dans les mêmes proportions que les autres familles. Santé Québec trouve des résultats identiques et remarque que les femmes monoparentales consultent un peu moins les professionnels de la santé pour des soins préventifs (ce qui est une caractéristique des femmes défavorisées), quoique les différences entre les deux types de familles ne soient pas signihcatives.

Les deux enquêtes cependant constatent que les familles monoparentales utilisent nettement plus les services sociaux.

Tableau 20 Utilisation des services de santé et services sociaux selon le type de famille et selon deux enquêtes, Québec, 1987 (en pourcentage)

Services

Santé Sociaux Recours aux

services Consult. plus

d'une fois

Enquête Renaud Moîiupareniale PopukiiiDn gtiuTale

Santé Québec Moniipareiitale (femmes) Biparentale i femmes)

8,8'

(',3- M S)

1 i \ \ i ht tlo_i>iir on n'.iv .nlteui Ijuehi'ttir^ a leurs />ri>hlenie\ \

„' Tet\ .isHnir SOI i.il Souru; Uelln'i /•/ lii \auh' i.ii ni '. Les i'uV'hi

)i Ltl Soufi-e Ken.iutl et al , les solulu)u\ Lju'appiirlenl le sitiUiiLxel -.anilaires. i,es Puhhe. i l ions tlu {^)iiébei,. i'-)H~ l'osi', ( , ( .Kiieiix, i- , [otnison, !• , Ies jainilles uiouiiparenlales

'IH'I

Les données de Sarité Québec indiquent de plus que les mères de familles monoparentales consultent signihcativement plus les professionnels de la santé et des services sociaux que les biparentales pour leurs enfants âgés de moins de 18 ans. L'étude de Renaud et al. ajoute que plus des deux tiers des femnies monoparentales reçoivent de l'aide de personnes de leur entourage: membres de la famille, amis, autres familles moîioparentalcs, etc.

Santé Qiiébec constate des différences légères mais signihcatives en ce t|ui concerne la concommation de médicaments: 58% des fennnes monoparentales et 50% des biparentales

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consomment au moins un médicament. Non seulement les mères monoparentales sont-elles plus nombreuses â en consommer, mais celles qui en prennent en prennent plus (11 % contre 4 % consomment plus de trois médicaments).

On ne sera peut-être pas surpris outre mesure de constater que 16% des hommes chefs de familles monoparentales font usage de tranquillisants, ce qui concorde avec les résultats qu'ils obtiennent quant â la détresse psychologique et à la satisfaction envers la vie sociale et le bonheur. On se rappellera que les hommes des milieux défavorisés ont également des niveaux de consommation de médicaments très élevés. Les résultats obtenus ici viennent une fois de plus renforcer l'hypothèse que les hommes placés dans des conditions de vie qui s'apparentent â celles des femmes sont plus à risque de se voir prescrire des médicaments, et particulièrement des tranquillisants (voir la section sur les femmes défavorisées).

Paradoxalement, c'est la situation des hommes chefs de familles monoparentales qui risque d'inquiéter plus d'une personne à la lecture de cette analyse. Il convient cependant de rappeler qu'ils ne représentent qu'une faible proportion de l'ensemble des familles monoparentales et que ce pourcentage semble en décroissance. En effet, en 1951 (recensement de Statistique Canada), 26 % des chefs de familles monoparentales étaient des hommes; en 1971 (recensement de Statistique Canada), ils étaient 22%. Santé Québec, en 1987, en compte 13%. Us semblent beaucoup plus atteints psychologiquement par la situation de monoparentalité en dépit d'une situation socio-économique nettement plus favorable. En effet, ils sont plus scolarisés, plus riches, ont un meilleur accès à l'emploi, la durée de la monoparentalité est nettement plus faible chez eux ; malgré cela, ils sont moins heureux, ont plus d'idées suicidaires et prennent plus de tranquillisants. C'est un rôle qui semble relativement difficile à jouer pour les hommes, un rôle traditionnellement féminin. Si les femmes semblent s'en accommoder tant bien que mal, cela n'est visiblement pas le cas des hommes.

Des citoyennes de seconde classe

Les familles monoparentales sont les parents pauvres de notre société. À elles seules elles regroupent les caractéristiques de plusieurs groupes plus vulnérables (ou à risque, selon les termes

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118 I Quand les femmes parlent de leur santé

de la santé publique): plus de femmes, plus de pauvres et un plus grand isolement. Leurs enfants semblent en moins bonne santé et consomment plus de médicaments (f^ellerosc eî ai, 1989), À cela ajoutons qu'elles assument seules les responsabilités familiales. Les données de Santé Québec apportent ainsi de nouvelles précisions sur la santé psychologique des femmes chefs de familles monoparentales. On pourra, lors d'études ultérieures, pousser plus loin l'analyse de l'état de santé de leurs enfants ainsi que des relations entre les mères et ces derniers.

Le nombre et la précarité de la situation socio-économique des femmes en situation de monoparentalité justifient la nécessité de les désigner cotnine clientèle de premier plan, particulièrement en ce qui concerne les services sociaux. On peut penser qu'il y aura de plus en plus de femmes assumant seules de grandes responsabilités familiales, avec des moyens hnanciers et des possibilités d'avenir limités. Si elles semblent continuer à accepter cet état plus facilement que les hommes, doit-on aussi continuer, comme société, â juger cette situation normale sans chercher à l'améliorer?

Faits saillants

• Le Québec compte î 5 % de familles monoparentales ayant au moins un enfant âgé de moins de 18 ans; 87% d'entre elles sont sous responsabilité féminine.

• Les deux tiers des fenmies en situation de monoparentalité sont défavorisées économiquement.

• Elles ont plus de problètnes de santé que les femmes de famille biparentale et leur état se détériore à mesure que la durée de la monoparentalité augmente.

• Elles présentent un niveau de détresse psychologique plus élevé que les autres mères et manifestent plus d'idées siiicidaires.

• Elles ont plus souvent recours aux services sociaux. • La proportion des hommes en situation de monoparentalité

diminue depuis les dernières décennies, Les pères seuls sont en meilleure situation économique que les mères seules; cependant, leur niveau de détresse psychologique est particulièrement élevé, ils ont plus d'idées suicidaires et se déclarent plus insatisfaits vis-à-vis de leur vie sociale.

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Y a-t-il des femmes «différoUes»? 1119

Les femmes des communautés culturelles

La dernière catégorie analysée dans cette publication, les femmes des communautés culturelles, se distingue par un trait précis: on ne savait jusqu'ici à peu près rien sur elles, particulièrement sur leur état de santé et leurs habitudes de vie. Et pour rendre la situation plus déconcertante, dans la monographie de Santé Québec traitant des communautés culturelles (Cousineau, 1989), les données n'ont révélé à peu près aucune différence entre elles et les Québécoises d'origine sur les aspects qui y sont traités. Une telle situation constitue un déh pour la recherche, mais également pour les intervenants qui reçoivent des femmes d'origines diverses.

La monographie de Santé Québec évalue à 1 1 % la repré­sentation des communautés culturelles dans la populaticMi québécoise. Cette proportion est comparable à la population du même groupe dans la population québécoise. Les personnes qui font partie de ce groupe doivent avoir immigré au Canada ou bien être nées au Canada et être de langue maternelle autre que française ou anglaise. Nous reprenons cette même déhnition afin de poursuivre l'analyse qui était faite de la santé des personnes de ce groupe en regardant de plus près ce qui touche la situation des femmes.

L'appellation «communautés culturelles» regroupe des populations d'origines très différentes et «qui présentent des caractéristiques distinctes pouvant influencer leur état de santé ; ancienneté d'établissement au pays, catégories soci<^-professionnelles, structures par âge (variant selon la durée d'établissement)» {Les commu}iautés culturelles/Et la santé, ça va?, p. 28). Le nombre de répondants à l'enquête ne permettant pas des analyses en profondeur pour chacune des origines ethniques, on a dit les comparer en bloc au groupe des Québécois d'origine. Un tel regroupement reste superhcieL et des différences qui seraient possiblement très marquées entre certaines ethnies se trouveraient annulées par des résultats inverses entre d'autres ethnies. Cette façon de procéder peut avoir joué sur le manque de spécificité des résultats. C'est pourquoi, dans l'analyse qui suit, on accordera moins d'importance au fait que la plupart des différences observées ne sont pas significatives au seuil de probabilité fixée à P < 0,05. On attirera plutôt l'attention sur les principales tendances qu'il serait intéressant d'étudier.

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120 I Quand les femmes parlent de leur santé

Qui sont-elles?

Il y a au Québec près de 350 000 femmes âgées de 15 ans et plus issues de diverses communautés culturelles; elles représentent 1 I % de l'ensemble des fetnmes québécoises,

Graphique 45 Répartition des femmes selon l'origine et l'âge, Québec, 1987 (en pourcentage)

% 50 45 40 35 j 30 25 70

15 10 5 -

19,.^

•BEI ^HII^B ^^H 15-24

42,5

i

^^^H ^ ^ ^ ^ B H ^^^^1 ^^1 25-44

\ Québécoises d'origine

H Communautés culturelles

26,7

25.3 1

I 1 12,9 •

45-64 65 et +

Souri !-• (..ileiîK h,i->es sm les d o n n é e s de s,jnii_* (Ju(:bi.\' l'->H~

Dans l'ensemble, les femmes des ctMnmunautés culturelles sont plus âgées que les Québécoises d'origine; la proportion des

Graphique 46 — État matrimonial selon le sexe et l'origine, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

% 70

60

50

40

30

20

10

j l

Marié(e)s H

Sép./div.

[f\ Québécoises d'origine H Communautés culturelles

\0 "^

H Veufs(ves)

F H Célibataires

Source (,.i!n,iîs Yr.isés ,suf les J o n n é c s de SjiUr (,_)ui.'bt's' \'-}H'

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Y a-t-il des femmes «différeiites»''' I 121

65 ans et plus est particulièrement élevée. Il en est autrement des hommes.

Plus âgées que les Québécoises, les femmes des communautés culturelles se retrouvent plus s(^uvent dans la situation de veuvage. On peut se demander si elles vivront aussi longtetnps que les Québécoises d'origine et ce que représentent pour elles leurs dernières années de vie.

Trente-huit pour cent d'entre elles sont sur le marché du travail. On en retrouve autant que les Québécoises dans les postes de direction, un peu moins dans les postes d'administration et deux fois plus chez les cols bleus du secteur secondaire (17 % contre 7%).

Elles parlent le plus souvent l'anglais f'\2 %), suivi du français (34%) ou d'une autre langue (19%). Un petit nombre utilise indifféremment l'anglais ou le français (5 %.). En comparaison, les homtnes des communautés culturelles parlent le français ou l'anglais en proportioixs égales (42 %). Peut-on en conclure que les femmes sont plus isolées que leurs compagnons ou qu'elles ont un moindre accès aux cours de langue? Il est difficile de statuer à partir de ces seules données, les fetnmes de ces communautés qui ne parlent ni le français ni l'anglais sont nécessairement absentes de l'enquête. Cependant, on se rappellera que la langue n'a été invoquée cotnme obstacle à la participation à l'enquête que dans très peu de cas.

Elles semblent, autant que les Québécoises d'origine, satisfaites à l'égard de leur vie sociale. Une seule exception: les feiiimes âgées de 55 ans et plus chez qui on trouve un peu plus d'insatisfaction (15 % chez les communautés culturelles et 10 % chez les Québécoises d'origine).

La santé est-elle fonction de la culture?

Comment les femmes des communautés culturelles perçoivent-elles leur santé? Elles sont un peu plus nombreuses que les Québécoises d'origine à la déclarer mauvaise.

Le fait d'être plus âgées que les Québécoises peut influencer leur perception. Toutefois, en ce qui a trait aux problèmes de santé, leur situation est très semblable à l'ensemble des femmes du Québec.

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122 I Quand les fem/nes parlent de leur sa)ité

G r a p h i q u e 4 7 — P e r c e p t i o n « ^ .« ^«..^^ ^ l ' o r i g i n e , f e m m e s â g é e s d e 15 a n s e t p l u s , Q u é b e c , 1987 (en p o u r c e n t a g e )

d e la s a n t é s e l o n ' d e 15 a n s

«/« 60 54 48 42 36 30 24 18 12 6

57,0

^^^^^H ^ I ^^H ^^^^^H ^ ^ ^ ^ B ^^^^^^^^H ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ H ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ ^ H ^^^H Excellente/ très bonne

; ~

31,1 "^^^^^^^^^^^ ^^^Es^^Ê

Bonne

Québécoises d'origine Communautés culturelles

1 15,4 H . ^ ^ ^ ^ ^ • H H • •

Moyenne/ mauvaise

lUCi c i , u . u l s.mîf 1 hiclu'i

Une vision différente du corps

En général, on reticontre UÎI peu plus d 'obésité dans les communautés culturelles (i0'A>) que chez les Québécois d'origine (8%). Dans la population féminine, la propor t ion est s ign i f ica t ! \ ' emcnt p lus é îe \ ' èe : 13 % des f e m m e s des communautés culturelles se retroux'cnt dans cette catégorie.

Graphique 4 8

60

50

40

30

20

10

Poids insuffisant

Indice p o n d é r a l s e l o n l ' or ig ine et l e s e x e , p o p u l a t i o n â g é e d e 15 ans et p lus , Q u é b e c , 1 9 8 7 (en p o u r c e n t a g e )

Québécois d'origine (hommes)

t,ommunaulé>i cullureilts (hommes)

Québécoises d'origine (femmes)

^ Communautés cultureUes (femmes)

S' -

Poids normal

Excès de poids

Obésité

s .sîU'-t'iKMu, It . /("> i.iinniuauiuli'S { ulturelles r.! la ••anie, ça ra ' Les Cultliv .Hiuns ilit

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Y a-t-il des femmes «différentes»? 123

Plus de 41 % d'entre elles excédent le poids normal (ce qui est le cas de 35 % des Québécoises d'origine). Kntre iS et 64 ans, ce pourcentage atteint S6%. C)n peut penser que deux phénomènes contribuent à cette situation: des habitudes alimentaires différentes et des critères culturels égaletnent différents quant à Timage corporelle.

Comment réagissent les femmes des communautés culturelles vis-à-vis de leur poids? Elles semblent se comporter comme les Québécoises quant à leur désir de maigrir (près de 67% d'entre elles ont souhaité un poids inférieur). Par contre, dans la situation d'excès de poids ou d'obésité, les Québécoises désirent perdre davantage de poids.

Tableau 21 — Poids réel et poids désiré selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

Poids réel

Insuffisant QuéixTOises d'origine Commiinauîés cultureile.s

Normal Québécoises d'origine Communautés cuilurelîes

Excès Québécoises d'origine Communautés culturelles

Obésité Québécoises d'origine Communautés culturelles

Augmentation

S3.) SCS

7,6 9.0

o,s —

0.1 —

Poids

Accord

33.7 38,7

18,9 21,2

2,9 3.7

t.l i.s

désiré

Diminution légère

11,9 10,0

56,7 Sl,9

20,1 33,1

6,3 18,1

Forte diminution

1,3

o.s

1{).8 17.8

70,5 63.2

92,5 80,4

Soyri.!_\-> (Calculs b;ise^ sur kvs doiiiu'c.s df Sanlc Qiiéhci' I^H"

Ces données suggèrent un effet de génération. Les femmes qui ont un poids insuffisant ou normal se comportent de la même façon, quelle que soit leur origine. Par contre, l'excès de poids ou l 'obésité semblent préoccuper beaucoup plus les Québécoises d'origine: elles veulent plus souvent perdre du poids et surtout elles veulent en perdre davantage. Comme l'obésité et l'excès de poids se rencontrent plus souvent après 45 ans, on peut penser que, dans les communautés culturelles, les plus jeunes se rapprocheraient des valeurs partagées par

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124 i Quand les femmes parlent de leur santé

l'ensemble des femmes quant à l'image corporelle, alors que les plus âgées s'en éloigneraient. Une analyse par groupes d'âge permettrait de vérifier cette hypothèse; cependant, la taille de l'échantillon n'est pas suffisante pour permettre de tels calculs.

Des comportements préventifs qui évoluent

On a vu que les Québécoises adoptent de plus en plus des cotiiportements préventifs quant à leur santé; cependant, ces comportements diffèrent selon la génération ou le milieu socio-économique. Les femmes des communautés culturelles partagent-elles ces préoccupations? .sont-elles .sensibilisées à la notion de prévention? l'information transmise sur ces questions leur est-elle accessible?

Graphique 49 — Test de Pap selon Torigine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

Q] Québécoises d'origine • Communautés culturelles

Total

Déjà eu le test

l ,iK iiK b.iscs sur les LliMirircs de S.nUe s,)i.icbci

Dans rensemble, les femmes des communautés culturelles ont eu recours au test de Pap dans des proportions nettement moindres que les Québécoises d 'origine. Est-ce un comportement généralisé à l'ensemble de ces femmes?

L'écart se retrouve à tous les âges, mais il est particulièrement accusé chez les plus jeunes. Peut-on supposer des attitudes différentes quant à la contraception ou à la vie sexuelle? L'information sur la prévention du cancer du col de l'utérus serait-elle moins accessible aux femmes des communautés culturelles? Il serait intéressant de pousser l'analyse et surtout

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Y a-t-il des femmes «différentes 125

Graphique 50 Prévalence du test de Pap, selon l'origine et l'âge, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

15-34

96,0

35-54

j Québécoises d'origine

I (Communautés culturelles

55 et + Sunc ic ( , jk r:i.fscs -,ui" k's 1.1 de >LiiUe (,)(Ki'H.H l ' tH

de poursuivre la recherche avec des questions plus précises sur ces aspects,

La fréquence des tests de dépistage peut être influencée par la prise d'hormones. La fréquentation des professionnels de la santé pour ce type de contraception favorise vraisem­blablement cette pratique. Qu'en est-il chez les femmes d'origine différente?

Graphique 51 — Prise d'hormones selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

% 25,0-

2 2 , 5 -20 ,0 -1 7 , 5 -15 ,0 -12,5 10 ,0 -

7 , 5 -5,0^ 2 , 5 -

18,7

Anovulants

1 1 Québécoises d'origine | [ | Communautés culturelles

^•i Hormones

Source - (.iite\ils hases sur les d o n n é e s de Sunie (,)i,iébe<. IVK'

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126 I Quand les femmes parlent de leur santé

On s'aperçoit que les femmes des communautés culturelles prennent moins d'anovulants et moins d'hormones que les Québécoises d'origine, ce qui peut expliquer, en partie, leur plus faible prévalence de test de dépistage du cancer du col de l'utérus. Toutefois, il faudra pousser plus loin l'analyse de cette situatit)n.

Les examens préventifs pour le cancer du sein présentent41s les mêmes différences?

Tableau 22 — Examen des seins par un professionnel, selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

Québécoises Communautés Fréquence d'origine culturelles

Mdjas de 12 mois 49,0 44,S 1 :ins ei + 3^2 32,8 jamais H,"' 22,7

Parmi celles qui ne l'onl jamais passé IS-34 19,6 35,0 5S-S4 \ 9 12.8 SS e! + 20.0 21,9

Soiirt e (•..il( nls h;ises sur les t lonnées de S.inté Q u é b e e I ' i8~

Ibut comme pour le test de Pap. les femmes des communautés culturelles sont moins nombreuses à passer cet examen, et les différences les plus marquées se retrouvent chez les plus jeuties. Par contre, chez les SS ans et plus, les deux groupes ont un comportement très semblable.

Tableau 23 — Auto-examen des seins selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

Québécoises Communautés d'origine culturelles

Ik'ia pratiqué ()7,6 (>3,2 janiais 32,4 36,8

Parmi celles qui ne i'onl jamais pratiqué IS 34 .36,6 43,7 3vS4 25,9 28 3 SS cl + 34,! 39,8

Souree C.ileuls hases sur les d o n n é e s de S;iiiie- Q u é b e e l '>8' ' .

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Y a-t-il des fennnes «différentes»? I 127

En est-il de mètne pour l'auto-examen des seins?

Les femmes des communautés culturelles sont un peu tnoins engagées dans la pratique de l'auto-examen des seins, quoique les différences soient moins grandes que pour Texatnen professionnel. C'est encore chez les jeunes femmes que les écarts sont les plus marqués.

Quant à la mammographie*, les résultats sont inversés.

Tableau 24 — Mammographie selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 (en pourcentage)

Déjà passé Jamais

Parmi celles qui n'en ont jamais passé 15-34 35-S4 5S et +

Source C;ileuis b;tses sur les données de S.tiilé (,)uébee h'8'"

Avant 55 ans, les deux groupes présentent des résultats assez semblables. Par contre, chez les femmes plus âgées, celles qui sont issues des communautés culturelles ont passé sensiblement moins de mammographies que les Québécoises.

Faits saillants

• Les femmes des communautés culturelles sont plus âgées que la moyenne des Québécoises d'origine et on y trouve une plus grande proportion de veuves.

• Leur état de santé est sensiblement le même que celui des Québécoises d'origine.

• Elles ont un taux d'obésité et d'excès de poids supérieur à celui des Québécoises, particulièrement entre 45 et 64 ans, et semblent moins préoccupées par l'obsession de maigrir.

• Les femmes des communautés culturelles bénéficient moins du test de dépistage du cancer du col de l'utérus, prennent moins d'anovulants et moins d'hormones. Elles passent moins d'examens préventifs des seins, particulièrement les plus

Que'bécoi.ses d'origine

2".0 ^3.0

9." 41,^ 3^,3

Communautés culturelles

28,^

I •

9,9 44,8 29,h

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128 I Quand les femmes fyarlent de leur santé

jeunes, par contre elles passent autant, sinon plus de matnmographies.

• Les données suggèrent un effet de génération chez les femmes des cotnmunautés culturelles: les plus jeunes semblent adopter des cotnportements préventifs plus semblables à ceux des Québécoises d'origine.

Les femmes et la santé : morcellement ou homogénéité

Les catégories qui viennent d'être présentées partagent plusieurs traits communs: il s'agit de fetnmes qui vivent au Québec, qui participent au mètiie système de soins et services, aux mêmes régimes d'allocations et qui sont soumises aux mêtnes lois et aux tnémes contraintes socio-culturelles, du tnoins en principe. Pourtant leur état de santé varie considérablement d'un groupe à l'autre, leurs attitudes et leurs comportements ne sont pas les mêmes. Et plus encore, leur rapport avec le système de dispensation de soins se présente différemment selon la place qu'elles occupent dans la société. Lâge, le niveau socio-économique, la structure familiale, l'origine ethnique sont autant de balises c|ui vont soit restreindre, soit faciliter l'accès aux meilleurs indices de santé. Il sufht d'être du bon côté de la catégorie,

Pour les personnes et les organismes engagés dans l'étude des données ou de l'amélioration de l'état de santé des Québécoises, les résultats présentés dans cette partie présentent un double visage. D'un côté, ils apportent de nouvelles informations ou viennent conhrrner des hypothèses déjà formulées: il y a alors amélioration des connaissances et les possibilités d'action ne pourront tjuêtre mieux déhnies. Mais, en même temps, ils soulignent encore une fois l'importance de l'envirt^nnement sur la santé, particulièrement de l'environnement social, et cela nous ramène une fois de plus devant la nécessité d'agir sur plusieurs facteurs, de façon simultanée. Cxia constitue finalement l'un des plus grand défis posés au système québécois, autant en recouvrement de la santé qu'en prévention, voire au-delà du secteur socio-sanitaire d'intervention.

Si le fait d'être une femme peut signifier plus de problèmes de santé ou de détresse psychologique, le fait d'être âgée, défavorisée ou chef de famille monoparentale multiplie les

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Y a-t-il des femmes «différentes»? I 129

risques. L'enquête permet-elle de faire la part entre ces deux niveaux de réalités, c'est-à-dire entre la spécificité féminine et Lappartenance à une catégorie qui comporte plus de risques? On a pu voir, dans certaines situations, que la variable sexe venait amplifier le risque face à la maladie (c'est le cas de la pauvreté ou du grand âge), ou à la souffrance psychologique (c'est le cas, par exemple, des attitudes des adolescentes vis-à-vis de la consommation d'alcool).

On a aussi constaté, dans les diverses sections de l'enquête, que là ou certains facteurs sociaux ou environnementaux n'arrivaient pas, avec suffisamment de certitude, à expliquer des différences apparentes, l'appartenance à un sexe restait souvent le facteur le plus significatif^ On peut dt)nc affirmer qu'il existe un «destin commun» à l'ensemble des femmes, mais on se doit d'ajouter que l'expression concrète de cette destinée reste encore conjuguée à l'influence du milieu.

Il est important de bien comprendre ces mécanismes, car si l'on tire des conclusions trop hâtives on risque de mal orienter les acticms futures. Considérer l'ensemble des fernmes comme un groupe à risque ne peut que diluer la problématique. Par ailleurs, penser qu'en améliorant les conditions de vie on aura réglé l'essentiel est également une utopie. L'état de santé des femmes est relié à leur particularité biologique en même temps qu'il est influencé par les conditions de vie qui sont les leurs. Il est aussi fonction des relations qu'elles entretiennent avec les autres: les proches, les dépendants, les professionnels et intervenants à différents niveaux, et il s'insère dans un système de valeurs qui définit ce qui est normal et ce qui ne l'est pas. Pour améliorer la santé des femmes, il faudra jouer sur tous ces aspects,

À mesure que nos connaissances s'accumulent, il nous est plus facile d'orienter nos actions, La section que nous venons de parcourir nous a démontré que certains groupes de femmes connaissent des conditions de vie et de santé nettement plus détériorées que d'autres, soit dans leur ensemble, soit dans certains aspects qui leur sont plus particuliers, L'analyse permet de supposer que certaines situations risquent de perdurer ou

1. Par exemple, une analyse multivariée .sur les divers fae~teurs reliés à la détresse psychologique montre que le sexe est probablement le facteur le plus intimement corrélé {Et la santé, ça va.^, tome 1, 1988).

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130 I Quand les femmes parlent de leur santé

de s'amplifier au cours des prochaines années. On devra porter une attention particulière aux adolescentes, à leurs habitudes de vie, surtout celles qui ont un lien avec le corps, et à leur santé psychologique, Les femmes défavorisées sont vulnérables à presque tous les niveaux (état de santé général, conditions de vie. comportements sanitaires) et rien ne laisse présager une amélioration de cette situation pour l'avenir. Le nombre et la proportion de femmes en situation de monoparentalité continuent d'augmenter, ce qui entraine une augmentation de la pauvreté chez les femmes adultes et leurs enfants.

Enfin, la situation des femmes âgées apporte une série de questions assez complexes. Si, aujourd'hui, le vieillissement s'accompagne très souvent de pauvreté, de solitude et d'incapacité, qu'en sera-î-il de la prochaine génération? Les données actuelles indiquent qu'elles seront plus nombreuses, particulièrement dans le groupe des 75 ans et plus, mais on est moins certains quant à une amélioration de leurs indices de santé et même de leurs conditions socio-économiques. Elles auront connu un style de vie très différent de celui de leurs aînées, caractérisé par une fécondité réduite, une plus grande participation au marché du travail, une plus forte consommation de tabac, d'alcool et d'h(umones et probablement une vie plus stressante.

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Conclusion

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Conclusion I 133

Qu'avons-nous appris sur la santé des femmes à partir de l'enquête Santé Québec? Au-delà d'une confirmation de ce qui était déjà estimé ou supposé à la lecture des statistiques officielles, les données de l'enquête permettent de mieux connaître les mécanismes qui jouent sur la santé des femmes et de dégager des pistes intéressantes au niveau de la recherche et de l'action.

Comme groupe distinct, les femmes partagent des caractéristiques qui teintent leur état de santé de façon particulière: d'abord, une plus grande longévité, mais une probabilité accrue d'incapacité; ensuite, de meilleures habitudes de vie, mais l'adoption de pratiques en rapport avec l'image du corps comportant des risques sérieux pour leur santé; troisièmement, l 'exercice de la prévention, mais aussi l'accommodement vis-à-vis de la médicalisation et, surtout, une vulnérabilité plus grande à la souffrance psychologique.

Mais ce que Santé Québec nous démontre le plus clairement, c'est l'impact de la situation sociale ou économique sur la santé. Les femmes pauvres, celles qui sont en situation de monoparentalité, celles qui vieillissent seules sont lourdement hypothéquées, et ce dans tous les aspects de leur santé. Certains passages de la vie, l'adolescence et le plus grand âge, semblent également plus difficiles et plus chargés de souffrance chez les femmes.

Le portrait présenté dans cette publication devrait nous inciter à agir sans être alarmant, il correspond à des situations réelles, qui ont été rapportées par les femmes interrogées sur ce qu'elles vivent ou ressentent. Mais c'est aussi un portrait incomplet, car les données présentées ne décrivent pas l'ensemble de la vie des femmes. Toutes les étapes liées à la fonction reproductive et à la sexualité, par exemple, n'ont pas été traitées.

C'est un portrait partiel car il s'attache à des aspects choisis de la santé des femmes: ceux qui se prêtent à l'amélioration et pour lesquels des actions peuvent être menées à court ou à long terme. On se gardera, à partir de ces éléments, de tirer des conclusions globales sur la situation sanitaire des femmes québécoises. Mais on pourra, avec pkis de certitude et surtout de meilleures perspectives, déchiffrer l'apparente complexité des divers indicateurs de santé qui les caractérisent et trouver des solutions aux problèmes qui les touchent.

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D'autres analyses restent à faire qui viendront compléter les données présentes. Le matériel de Santé Québec n'a pas tout révélé, il offre une multitude de possibilités, particulièrement en ce qui concerne l'impact de l'état de santé sur la vie affective et l'isolement social, sur les liens entre l 'éloignement géographique et le recours aux services. Il y aurait lieu d'approfondir l'analyse sur la médicalisation et la consommation de médicaments en relation avec le milieu socio-économique. L'étude de la situation des adolescentes et celle des fetnmes de milieux défavorisés mériterait d'être poursuivie, La reconstitution du fichier selon les ménages permettra aussi d'aborder une série de pn)blématiques : les femmes qui prennent en charge une personne en perte d'autonomie, les familles reconstituées, etc.

Les prochaines enquêtes permettront de vérifier si les tendances de 1987 se maintiennent et se poursuivent. Cependant, pour donner de la santé des femmes une image plus globale, d'autres questions devront y être ab(^rdées: c'est le cas des problématiques entourant ie reproduction et la sexualité, du soutien familial et social, de la violence, des nouvelles structures familiales et des problèmes liés à la santé en milieu de travail. En même temps, il sera pertinent d 'approfondir nos connaissances sur les femmes des diverses communautés culturelles et des femmes auté)chtones.

C^est un portrait qui nous ramène à des questions fondamentales, D'abord sur les actes que nous posons par rapport à notre santé et aux valeurs qui les sous-tendent. Ensuite sur l'attention que nous accordons, collectivement, à certains aspects de la santé, à certaines clientèles, à certaines attitudes. Et enfin sur les modes de pratique, le choix des ressources, les politiques publiques dans les domaines touchant la santé. Si nous reconnaiss<.)ns l'impt)rîance du lien entre l'environnement et la santé, nous devrons modeler le systètne de soins et de services en conséquence. La santé des femmes est largement tributaire des liens avec le milieu familial et socio-éc(^nomique, c'est aussi dans l'amélioration de ces milieux que l'on devra chercher les solutions.

L'égalité face à la santé est,-elle une utopie? L'étude du présent nous laisse peu d'illusions sur l'égalité des personnes ou des groupes face à la santé et aux bonnes conditions de vie. Nous avons vu aussi que la santé du corps et de l'âme connaissent

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des variations selon les périodes de la vie, selon aussi les choix individuels posés au cours du temps, 11 devient alors difficile de viser des seuils de «normalité» qui seraient les mêmes pour toutes. La définition de la santé fait aussi partie de la vision que l'on a de soi et de ses propres limites, c'est aussi ce que l'on apprend lorsque la parole est donnée aux personnes plutôt qu'aux institutions.

En quelque sorte, il nous faudra toujours accepter une certaine déviance à la «n<.)rme» du moment tout en travaillant constamment à la diminution des disparités dans les conditions de vie et de santé des personnes,

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Annexes

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ANNEXE 1

L'enquête Santé Québec 1987 L'enquête Santé Québec a été menée en 198"" dans le but de recueillir des données sur la santé de la population québécoise. C'était un projet conjoint du ministère de la Santé et des Services sociaux et des départements de santé communautaire qui voulaient, par ce moyen, se doter d'une banque de données qui servirait à la fois des objectifs de planification, de prise de décision et de recherche. L'enquête a été «pensée» de telle façon que ses résultats, combinés avec les autres banques de données, pertiiettraient d'établir des priorités en santé et services sociaux, de surveiller l'état de santé de la population, d'élaborer et de mettre en application des programmes de services et d'évaluer un certain nombre de mesures de prévention et d'intervention.

Comme il s'agit d'une enquête générale de santé, elle contient des informations sur un très grand nombre d'aspects décrivant l'état de santé des individus. La santé y est abordée non pas de façon linéaire, par exemple par le biais de la maladie ou de la recherche de soins, tnais par une approche globale, suivant en cela la définition du rapport Lalonde (1974) qui la décrivait comme « un état de bien-être suffisant pour accomplir de façon adéquate un certain niveau d'activités physiques, mentales et sociales, en prenant l'âge en considération».

Les thèmes retenus pour l'enquête se regn)upent en trois grandes catégories:

1. les déterminants , qui sont des éléments, de types comportementaux ou environnementaux, qui infiuent sur l'état de santé des personnes;

2. l'état de santé proprement dit, dans ses aspects physiques et psychologiques, ainsi que certains problèmes sociaux;

3. les conséquences, c'est-à-dire les effets de la bonne ou de la mauvaise santé sur les personnes elles-mêmes ou sur leurs comportements.

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148 I Quand les femmes parlent de leur santé

Thèmes retenus pour Tenquête Santé Québec* 1987

Déterminants

Habitodfs de vie

Antécédents Knvironnenient

État de santé

physique perçu/observé

psychologique positif/négatif social

Conséquences

consommation

conséquences sur ia fonctionnalité

Sujets spécifiques

Habitudes de vie

• consommation d'alcool • usage du tabac • activités physiques • usage de véhicules-moteurs • sommeil • prévention féminine • usage de drogues

Antécédents

• antécédents personnels • antécédents familiaux

Environnement

• travail • revenu •âge • sexe • scolarité • soutien social • événements stressants

Santé physique

• limitation d'activité • problèmes de courte durée • problèmes chroniques • audition/vision • accidents/blessures • incapacités • perception générale

Santé psychologique

• suicide • troubles psychologiques • santé mentale positive

Santé sociale

• problèmes sociaux

Consommation

• professionnels rencontrés • lieu de consultation

• usage de médicaments

Conséquences sur la fonctionnalité • journée d'incapacité • mobilité • besoin d'aide • impact sur les rôles

' CciSc lisic s ' inspire au rnodclc de l 'Enquèlc Santé (":m:id;i Souri.!.' Fl la sanlé. t,a ra ^ lunn.- I, !,(.- PnbHcations du Qu t ' bcc ,

Ce modèle reprend dans son ensemble celui de l'Enquête Santé Canada de I9"'8-1979, offrant ainsi la possibilité de faire des comparaisons entre les deux enquêtes et de suivre les tendances générales de plusieurs indicateurs sur près d'une dizaine d'années.

Santé Québec a été menée de janvier à décembre 1987, en huit périodes de cueillette équivalentes, permettant ainsi de recueillir des données au coiirs d'une année complète tout en tenant compte du biais potentiel de l'effet des saisons sur la santé. Hlle a rejoint 32 003 personnes, dans 11 323 ménages privés répartis sur l'ensemble du territoire québécois. Le Nouveau-

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a)inexes I 149

Québec et les réserves indiennes ont toutefois été exclus de l'échantillon pour des raisons techniques et méthodologicjues.

La méthode d'échantillonnage est de type aréolaire {aires géographiques). Le territoire québécois a été découpé en 1 I régions socio-sanitaires, puis en 32 départements de santé communautaire. Pour chacune de ces imités, un nombre minitnal de ménages à échantillonner a été hxé {960 pour une région et 320 pour un DSC), Les 32 régions-DSC ont ensuite été découpées en aires géographiques. L'échantillonnage s'est alors fait en deux temps pour chacune des huit périodes de cueillette: en premier lieu, un certain notnbre d'aires géographiques (appelées ici unités primaires d'échantillonnage ou l]PE) étaient tirées au sort, puis, dans ces aires, un nombre de logements privés étaient à leur tour choisis au hasard. Le taux de réponse a été de 87 % {Santé Québec, Cahier technique n'' 87-02).

Les données ont été recueillies selon deux tnodes:

1. Les questions sur l'état de santé, les problèmes sociaux et le recours aux services ont fait l'objet d'une entrevue au domicile sélectionné. Un interviewer recueillait, auprès d'un informateur clé, les renseignetnents sur tous les tnembres du foyer. Cette personne devait être âgée d'au moins 18 ans et être en mesure de répondre pour les autres membres. Dans 70% des cas, l'informateur clé fut une femme. Le questionnaire servant à recueillir les données est appelé le QRl ou questionnaire rempli par l'interviewer.

2. Les questions sur les habitudes de vie et la santé psychologique étaient regroupées dans un questionnaire auto-administré (QAA) qui était dépt)sé par l'interviewer lors de l'entrevue. Chaque membre du foyer, âgé de 15 ans et plus, était invité à remplir ce questionnaire et à le retourner dans la semaine qui suivait. Le taux de réponse de ce questionnaire a été de 81 %, soit 19 724 personnes {Santé Québec, Cahier technique n° 87-04).

L'ensemble des réponses à ces questionnaires constitue le fichier de Santé Québec. Ce fichier a été pondéré afin de corriger le biais introduit par le tnode d'échantillonnage et c'est à partir de cette pondération que les analyses ont été produites.

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150 I Quand les femmes jmrlent de leur santé

L'échantillon de Santé Québec comprend 16 354 femmes (51,1 %) et IS 6^9 homtnes {48,9%) dont la répartition par groupe d'âge est la suivante:

Tableau 1 — Répartition de Féchantillon de l'enquête selon i*âge et le sexe, Québec, 1987

Femmes Hommes Groupe dàge N

0- ^ 91! 4b i 091 54 S- 9 1 140 51 i 153 49

10-H 1 124 ^^ l P5 51 I5'19 I i58 49 1 211 51 20-24 1 W 50 1 539 50 2529 ! 515 52 1 42- 48 50-54 1 408 49 1 481 51 55-59 î 590 5! I 558 49 40-44 1 190 51 ! 152 49 45-49 1 000 55 902 47 50-54 "94 51 "76 49 55-59 852 55 :'59 4^ 60-{i4 m^ 5(! 69! 50 05-09 ''1)0 58 50" 42 "0.74 451 50 558 44 "5 et -f 594 00 592 40 Total 16 291 51 15 7|2 49

Noie i.e puur i en î . t gc esi e j k i i l é sus: Li popu la t i on îoialc dis n iènic g r o u p e d'ijj^e Souree Fl Ui sanlé. <.a ra'-'. t ome I. \.cs l ' uh l ie j i ions du (.)uebee. l'-'Hrt

Cet échantillon est représentatif de la distribution de la population selon l'âge cl le sexe. Dans Lanalyse des données, on utilisera la plupart du temps cinq grands groupes d'âges qui correspondcîit à des périodes particulières de la vie en ce qui concerne le développement biologique et la santé.

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Annexes I 151

Graphique 1 — Distribution de l'échantillon selon le sexe et le groupe d'âge, Québec, 1987

Femmes Hommes

0-14 15-24 2544 45-64 65 et

Source Fl la saule. i,a ra'•' Les Fublieaiions du Québee, I98H

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ANNEXE 2

Tableaux de fréquences

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Liste des tableaux Tableau I Principaux problèmes de santé selon le .sexe, en nombre. Québec. 19S^ i 61

Tableau 2 Nombre de temmcs àgtx-s de 15 uns et plus ayanî déjà subi certains examens préventifs, Québec, 198" ' K,!

Tableau .5 Nombre de personnes âgées de IS ans et plus ayant un score élevé de détresse psychologique, .selon le sexe, Québec, 198"" 161

Tableau 4 Nombre de personnes âgées de 15 ans et plus ayant un score élevé de détresse psychologique, selon l'activité, Québec, 198" 162

Tableau 5 Nombre de personnes âgées de 15 ans et plus ayant un score élevé de détresse ps\'chologique. selon le sexe et le niveau de revenu, Québec. 198-- i{>2

Tableau 6 Nombre de personnes de 1 5 ans et plus ayant un score élevé de détresse psychologique, selon le sexe et le niveau de scolarité. Quéhec, 198"" 102

Tableau " Nombre de personnes de 15 ans et plus ayant un score élevé de détre.sse psychok)gique, selon le .sexe et le RlDITS. Québec, 198" 103

Tableau 8 Nombre d'idées suicidaires et de tentatives de suicide au cours des 12 derniers mois, selon le .sexe et l'âge, population âgée de 1 5 ans et plus. Québec, 198" 193

lableau 9 Nombre de personnes ayant eu des idées suicidaires et ayant tait une tentative de suicide au cours des 12 derniers mt>is, selon le statut matrimonial, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 198" , . . 104

Tableau U) Nombre de personnes ayant eu des idées suicidaires ou fait des tentatives de suicide au cours des 12 derniers mc)is, selon le .sexe et le statut matriiiionial, population âgée de 15 ans et plus. Québec, 198" , , , 164

Tableau 11 N(imbre de personnes ayant eu à subir divers événements stressants de la vie, selon le sexe, population âgée de 15 ans et plus. Québec, 198" 165

Tableau 12 Indice d'événements stressants selon le statut d'activité chez les hommes, population âgée de 15 ans et plus. Québec, 1987 I65

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156 I Quand les feinmes parlent de leur santé

Tableau 13 Indice d'événements stressants selon le statut d'activité chez les femmes de 15 ans et plus, Québec, 1987 165

Tableau 14 Nombre de personnes ayant un risque élevé face à la consommation d'alcool, .selon l'âge et le sexe, Québec, 1987 166

Tableau 15 Nombre de personnes ayant des problèmes liés à l'alcool, population âgée de I 5 ans et plus, Québec, 1987 l66

Tableau 16 Facteurs associés à la dépendance alcoolique selon le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987. l66

Tableau 17 Nombre de buveurs selon le sexe et la catégorie, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 l67

Tableau 18 Nombre de personnes présentant des risques élevés reliés à la consommation d'alcool, .selon le sexe et le statut de solitude, Québec, 1987 î67

Tableau 19 Nombre de personnes consommant des tranquillisants selon le sexe et le statut de .solitude, Québec, 198"' 167

Tableau 20 Nombre de femmes dans chaque catégorie de fumeurs consommant des contraceptifs oraux, selon l'âge, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 198" 168

Tableau 2 I Nombre de fumeurs réguliers .selon le sexe et certaines caractéristiques socio-économiques, population âgée de 1 5 ans et plus, Québec, 1987 168

Tableau 11 Nombre de fumeurs réguliers et de gros fumeurs selon le sexe et le groupe d'âge, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987. . . l69

Tableau 23 Nombre de personnes dans chacune des catégories de poids, selon l'âge el le .sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 169

lableau 24 Nombre de personnes ayant le désir de maigrir, .selon les catégories de poids et le sexe, population âgée de 1 5 ans et plus, Quéhec, 198"? 170

lableau 25 Personnes obèses selon le .sexe et le statut matrimonial, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987 170

lableau 26 Personnes obèses .selon le sexe et le niveau de revenu, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 198" , 171

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Annexes I 157

Tableau 27 Nombre de personnes suivant un régime, selon la catégorie de poids et le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 198"? 171

Tableau 28 Nombre de femmes présentant un indice de détresse psychologique élevé, selon leur statut face à la ménopause et leur âge, Québec, 1987 171

Tableau 29 Nombre de femmes présentant des problèmes de santé reliés à la ménopau.se, .selon leur âge et leur statut face à la ménopau.se, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec. 1987 172

Tableau 30 Nombre de femmes ayant consommé des hormones, selon leur statut face à la ménopause et l'âge, population âgée de 1 5 ans et plus, Québee. 1987 i"2

Tableau 31 Nombre de femmes ayant consi:)mmé certains types de médicaments, selon le statut face â la ménopause, population âgée de 15 ans et plus, Québec. 1987 l : 2

Tableau 32 Nombre de personnes sek>n le nombre de médicaments consommés et le statut matrimonial, population âgée de 15 ans et plus. Québec, 198" 1"'3

Tableau 33 Nombre de personnes selon le nombre de médicaments et l'indice de suffisance du revenu, population âgée de 1 5 ans et plus. Québec, 198"? 1 "3

Tableau 34 Nombre de personnes selon le type de médicaments consommés et le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec. 198" 1"4

Tableau 35 Types de fumeurs selon l'âge et le .sexe, Québec, 198" 1"4

Tableau 36 Quantité hebdomadaire d'alcool consommé selon l'âge et le sexe, Québec, 198" 1 ^^

Tableau 3" Catégories de poids chez les 15-24 ans selon le sexe, Québec, 198"' i"'5

Tableau 38 Désir de maigrir chez les femmes dont le poids actuel est normal tm insuffisant, selon l'âge et le .sexe, Québec, 1987 n 6

Tableau 39 Détresse psychologique élevée selon le risque lié â la con.sommati(m d'alcool, Québec, 1987 1"6

Tableau 40 Principaux problèmes de santé chez les femmes âgées de 65 ans et plus, Québec, 1987 1^7

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158 I Quand les femmes parlent de leur santé

Tableau 4l Principaux ivpes de médicaments utilisés chez les personnes âgées de 65 ans et plus, Québec, 198"' 177

Tableau 42 Détre.sse psychologique élevée selon l'âge et le sexe, Québec, 1987 178

Tableau 43 Répartition des catégories socio-économiques selon l'âge et la population âgée de 18 ans et plus. Québec, 198" 178

Tableau 44 Score élevé de détresse psychologique selon le niveau socio-économique et le sexe, personnes âgées de 18 ans et plus, Québec, 1987 179

lableau 45 Indice de santé globale selon le niveau socio-économique et l'âge, femmes âgées de 18 ans et plus, Québec, 198" 1"'9

lableau 46 Indice de santé globale .selon le niveau socio-économique et l'âge, hommes âgés de 18 ans et plus, Quéhec, 1987 180

Tableau 4" Médicaments prescrits selon le niveau socio-économique, femmes âgées de 18 ans et plus, Québec, 198" 180

Tableau 48 Hxamen des seins par un professionnel selon le niveau socio-économique chez les femmes âgées de 18 ans et plus. Québec, 198" 180

lableau 49 Prise d'anovulanis .selon le niveau socio-économique, Québec, 198"" 181

l ab leau 50 Femmes de 15 ans et plus selon l'âge, la frècjuence de l'auto-examen des seins el le niveau socio-économiciue, Québec. 198" 181

l ab leau 5 1 l'eiiimes de 15 ans et plus selon l'âge, le moment du dernier test de Pap et le ni\'eai.i socio-économique, Québec, 198" 181

l ab leau 52 Perceplion de l'état de santé selon le genre de famille et le .sexe du pareni, (^)uébec. Î9.S"' 1S2

l ab leau 53 Détresse ps\chologicjue élevée selon le type de famille, Québec. 198" 182

l ab leau S i l'tat matrimonial .selon le sexe et l'origine, population âgée de 15 ans CI plu.s, Québec, 198" 1 2

l ab leau 55 Perception de la sanîé selon l'origine chez les personnes âgées de 15 ans et plus, (,)uébec. 198" 1 :

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Annexes I 159

Tableau 56 Poids réel et poids désiré selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 183

Tableau 57 Pri.se d'anovulants et d'hormones .selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 183

Tableau 58 Test de Pap selon l'origine et l'âge, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 184

Tableau 59 Examen des seins par un professionnel selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 184

Tableau 60 Auto-examen des seins .selon l'origine et l'âge, femmes âgées de 1 5 ans et plus, Québec, 1987 184

Tableau 61 Mammographie selon l'origine et l'âge, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987 185

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Les tableaux de eette annexe viennent compléter les tableaux et les graphiques du texte en présentant des données rapportées à la population du Québec. Ces données proviennent de l'enquête Santé Québec de 1987.

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Annexes I l 6 l

Tableau 1 — Principaux problèmes de santé selon le sexe, en nombre, Québec, 1987

Problèmes de sanlé Femtnes Hommes

Arthrite et rhumatisme

Maux de tête

Trouble.s mentaux

Allergies cutanées et autres affections de b

Maux de dos

Hypertension

Rhume des foins

Allergies

Lésions (accidents et blessu

Maladies cardiat|ues

i peau

res)

442 688

375 707

368 560

291 403

244 362

258 298

204 548

241 582

139 443

139 963

238 543

159 562

195 512

201 277

219 935

147 262

190 402

144 280

200 258

126 889

Tableau 2 — Nombre de femmes âgées de 15 ans et plus ayant déjà subi certains examens préventifs, Québec, 1987

Groupe d'âge Test de Pap

15-24 304 659 25-44 1019 488 45-()4 558 724 65 et plus 171 626 ÎS eî + 2 054 497

Examen des seins

Auto-examen

267 726 m 088 483 %7 169 042

1 701 765

Professionnel

310 5()8 994 689 563 385 197 ^98

2 066 440

Tableau 3 — Nombre de personnes âgées de 15 ans et plus ayant un score é levé de détresse psychologique, selon le sexe , Québec, 1987

Groupe d'âge Femnies Hommes Total

15-24 25-44 45-64 65 et plus 15 et 4-

14^ 685

254 14" 174 625

81 345

654 802

88 179

163 63tt 102 994 36 418

391 221

232 865 • 4 1 7 • ' ^ ^

277 619

117 "63 1 046 023

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162 I Quand les femmes parlent de leur santé

Tableau 4 — Nombre de personnes âgées de 15 ans et plus ayant un score élevé de détresse psychologique, selon l'activité, Québec, 1987

Activité Femmes Hommes Total

Travaille Etudie* Tien! maison Inactif'/santé Inacîîf/iUitrfS Total

250 ^S9 82 5 2

214 180 33 90S "3 38^

654 803

208 07(> 5! 363 2 533

46 610 82 (•)39

391 221

458 835 133 935 216 7î3 80 514

156 026 1 046 024

Tableau 5 — Nombre de personnes âgées de 15 ans et plus ayant un score élevé de détresse psychologique, selon le sexe et le niveau de revenu, Québec, 1987

Niveau de revenu Femmes Hommes Total

Très pauvre Pauvre A revenu moyen Riche Total

Tableau 6 — Nombre de personnes de 15 ans et plus ayant un score élevé de détresse psychologique, selon le sexe et le niveau de scolarité, Québec, 1987

Niveau de ^^olarité Femmes Hommes Total

62 64" 102 249 310 522 ilO "26

585 944

40 i84

59 :'3'' 100 0(1 s (>6 618

356 804

103 03 î 16! 986 500 386 PT" 344 942 ^49

inft'rii'ur Supérieur Ibial

144 080

124 103 268 183

() 639 9(!051

Î66 689

220 719 214 154 434 8"3

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Tableau 7

Annexes I 163

Nombre de personnes de 15 ans et plus ayant un score élevé de détresse psychologique, selon le sexe et le RIDITS*, Québec, 1987

Incapacité sévère

Incapacité restreinte

Plusieurs conditions chroniques

Une condition chronique

Symptomatique

Aucune maladie

Femmes

6:' 839

56 S54

163 639

141 889

^8 103

160 342

Hommes

44 467

24 031

56 ()S2

83 253

41 v49

136 001

Total

112 306

61 485

220 291

225 143

119 652

297 243

Tableau 8

Groupe d'âge

Nombre d'idées suicidaires et de tentatives de suicide au cours des 12 derniers mois, selon le sexe et l'âge, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Idées suicidaires

Tentatives de suicide

Femmes 15-24 25-44 45-64 65 eî + Total

Hommes 15-24 25-44 45-64 65 et + Total

37 443 48 955 12 439 3 373

02 210

34 222 38 318 11 (>48 3 145

8" 3.33

10 210 6 314 4 300 1 954

22 ""8

8 2()(i ^283 1 632

898 18 0"'5

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164 I Quand les femmes parlent de leur santé

Tableau 9 — N o m b r e d e p e r s o n n e s ayant e u d e s i d é e s s u i c i d a i r e s et ayant fait u n e t e n t a t i v e d e s u i c i d e a u c o u r s d e s 12 d e r n i e r s m o i s , s e l o n !e s tatut m a t r i m o n i a l , p o p u l a t i o n â g é e d e 15 a n s e t p l u s , Q u é b e c , 1 9 8 7

Statut matrimonial

Idées suicidaires

Tentatives de suicide

Marié(e) Séparé(e)/divorcé(e)

\éyf(ve)

Seyl(e) Total

84 413 32 781

4 892

75 068

179 154

19 562 4 576 2 936 9 971

37 045

Tableau 10 — N o m b r e d e p e r s o n n e s a y a n t e u d e s i d é e s s u i c i d a i r e s o u fait d e s t e n t a t i v e s d e s u i c i d e au c o u r s d e s 12 d e r n i e r s m o i s , s e l o n l e s e x e e t l e statut m a t r i m o n i a l , p o p u l a t i o n â g é e d e 1 5 a n s e t p l u s , Q u é b e c , 1 9 8 7

Statut matrimonial

Idées suicidaires

Tentatives de suicide

11 200

2 S48

2 463

5 073

8 362

2 027

472 3 998

Femmes Mariée Séparei'/divorcée

Veuve Seîile

Hommes Marié

Séparé/divorce Wuf

Seul

53 8"0

13 4()6

3 389 28 304

30 543 19 3tS

I 503 28 673

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Annexes i 165

Tableau 11 — Nombre de personnes ayant eu à subir divers événements stressants de la vie, selon le sexe, population âgée de l 5 ans et plus, Québec, 1987

lÉvénement stressant Femmes Hommes

Décès du c<)n|oint 112 488 32 391 Malade grave au foyer 327 (>58 253 440 Maladie grave du répond:int 168 648 140 (feO Décès d'un proche 462 131 354 435 Séparation ou divorce 135 726 110 488 Perte d'emploi 146 941 189 1(>9 Déménagement 236 ()28 225 614 Retraite I84 339 228 058

Tableau 12 — Incide d'événements stressants selon le statut d'activité chez les hommes, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Indice d'événements stressants

Activité

Travaille Etudie Tient maison Inactif/santé Inactif/autre Total

Aucun

996 256 160 727

4 175 36 654

130 740 1 132 852

Faible Moyen

329 {>29 129 496 60 345 20 5(î4 4 440 3 754

40 566 20 893 147 749 86 512

582 729 261 219

Élevé

92 996 21 906

1 911 33 642 91 573

242 028

Tableau 13 — Indice d'événements stressants selon le statut d'activité chez les femmes de 15 ans et plus, Québec, 1987

Activité

Travaille Étudie Tient maison Inactive/santé Inactive/autre Total

Aucun

629 581 141 093 432 397

,30 234 98 549

! 331 855

Indice d'événements stressants

Faible Moyen

185 758 132 146 60 121 28 639

185 998 121 493 20991 12 025 82 398 59 094

535 267 353 .398

Élevé

86 764 23 559

121 (x37 24 403 71 346

327 709

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166 I Quand les femmes parlent de leur santé

Tableau 14 — Nombre de pe r sonnes ayant un r i sque élevé face à la consommat ion d 'a lcool , selon l 'âge et le sexe , Québec, 1987

(iroupe d'âge Femmes Hommes Total

15'I9 20-24

Tous âges

16 096

l ' '2(î9

13Î503

22 580

39 861 3(>6 4S8

39 575 12 803

244 701

Tableau 1 5 — Nombre de pe r sonnes ayant des p rob lèmes liés à l 'alcool, popula t ion âgée de 15 ans et p lus , Québec, 1987

Femmes Honunes

Fxcessifs

6 ^53 "() 314

Buveurs

À risque

13" 503 36() 4 58

Dépendants

•"2 614

24l 612

Tableau l 6 — Facteurs associés à la dépendance alcool ique selon le sexe, popula t ion âgée de 15 ans et p lus , Québec, 1987

l^vellelneliî^ sUx'ssanis (11

Insatisfaction vie

sociale (2)

Temps iihres (3)

(Confident absent (4)

Personne-reSMiurce alisenle (S)

Non-dépendanc

Femmes

2^0 l i s

253 243

280 (.85

236 82(S

^6 540

e

Hommes

180 54^

19S 7S8

262 163

.343 2 "8

!04 30?

Dépendance

Femmes

10 430

15 586

8 83^

9 (.00

4 927

Hommes

29 025

41 4 "

36 6.89

5^637

20 084

(I) Nivr.in e\eye d'cv ciU'ilH'ni-. sucssaïUs Ul Jn,s,i[isi;!s-|i(!n l.iic .t î.i \\e socLiir {S') '\em\->^ libres p.is-,cs pK-stjui; cnuèî 'emi 'nt seul ( H Abseiii e de i o i i i ide i i i (T] A h s n u e i.k- |XT-.oniK' ressource

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Annexes I 167

Tableau 17 — Nombre de buveurs selon le sexe et la catégorie, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Catégorie de buveurs

Jamais Anciens Buveurs Buveurs bu buveurs occasionnels réguliers

Femmes 523 24^ 125 203 (>4(. 820 12^9 104 liommes 218 5(>8 152 334 33('828 1 730 ^S5

Tableau 18 — Nombre de personnes présentant des risques é levés reliés à la consommation d'alcool, selon le sexe et le statut de solitude, Québec, 1987

Ihmimes Femmes

Seules

37 489 18 055

Personnes

Non seules

308 440 10(>2I9

Tableau 19 — Nombre de personnes consommant des tranquillisants selon le sexe et le statut de solitude, Québec, 1987

Perst)nnes

Seules Non seules

12 8: 9 91 531

Femmes ^^-'il '' ^ ' ' ionnnes

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l68 I Quand les femmes parlent de leur santé

Tableau 20 — Nombre de femmes dans chaque catégorie de fumeurs consommant des contraceptifs oraux, selon l'âge, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Catégorie de fumeurs

Jamais fumé E.x-fumeuse Fumeuse occasionnelle Fumeuse régulière Total

Groupe (

15-24

61 980 48 595 19 VI

î 11 386 241 139

i'àge

25-44

56 953 49 250 10 132 80 705

197 139

Tableau 21 — Nombre de fumeurs réguliers selon le sexe et certaines caractéristiques socio-économiques, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Statut matrimonial Marié(e} Séparé(e)/divorcé(e) \%uf(ve) Seul{e)

Niveau socio-économique Très pauvre Pauvre A revenu moven Riche

Niveau de scolarité Scolarité minimale Scolarité maximale

Femmes

529 359 111 564 43 495

120 2( 9

85 140 I18 2(>2 413 818 139 409

198 981 122 351

Hommes

588 807 93 920 13 977

143 296

81 717 119 022 438 189 149 944

195 851 136 357

Total

i 118 166 205 484

57 472 263 565

166 856 237 284 852 008 289 553

394 832 258 707

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Annexes I 169

Tableau 22 — Nombre de fumeurs réguliers et de gros fumeurs selon le sexe et le groupe d'âge, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Fumeurs réguliers Femmes liommes

Gros fumeurs Femmes Hommes

15-24

i 70 685 144 SOI

7 971 9 974

Groupe d'âge

25-44

413 213 4,36 819

65 118 97 336

45-64

18^540 223 529

28 184 59 542

65 et 4-

53 000 621 148

3 426 4 333

Total

824 439 866 996

104 699 171 185

Tableau 23

Groupe d'âge

Nombre de personnes dans chacune des catégories de poids, selon l'âge et le sexe , population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Catégories de poids

Poids insuffisant

76 487 102 267

92 979 71 483

26 776 31 303

20 998 22 513

217 241 227 566

Poids normal

313 951 312 420

625 418 ( 01 015

271 472 271 869

112 (H4 121 240

I 323 485 1 306 545

Excès de poids

58 415 64 90^

230 8 S , 30 m

215 598 247 545

95 558 82 008

600 445 724 682

Obésité

15-24 Femmes Hommes

2544 Femmes Hommes

45-64 Femmes Hommes

65 et 4-Femmes Hommes

Total Femmes Hommes

IS 295

20 044

86 866 72 ((37

112 544 60 577

36 766 17 221

251 472

169 880

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170 i Quand les femmes parlent de leur santé

Tableau 24 — Nombre de personnes ayant le désir de maigrir, selon les catégories de poids et le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Catégorie Diminution Forte de poids légère diminution

Poids insuffisant Feruiues Hommes

Poids normal Femmes Hommes

Fxcês de poids Femmes lloiuiue.s

Obésité Femmes Hommes

Total Femmes Hommes

11 630 4 8(>8

60^ OOf. 385 1(18

148 |S4 32^ SOS

r 18 1 s 'Jsl

881 518 "32 ~44

2 399 1 568

2((7 519 ^0 971

409 382 2 "8 (i08

223 653 I43 ?48

842 952 494 295

^uMnr sn

Tableau 25 — Personnes obèses selon le sexe et le statut matrimonial, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Statut matrimonial Femmes Hommes

.Vlahe(e! \(:0 340 130 6()0 Separe(e)/div(!rce(ej II V\ (. 2S1 Veul{ve) 33 W)ii 2(>33 Seiil(el 2i 408 25 5S3 liHai 246^20 165 097

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Annexes I 171

Tableau 26

Niveau de revenu

Personnes obèses selon le sexe et le niveau de revenu, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Femmes liommes

Très pauvre Pauvre À revenu inoyei Riche Total

n 900 4^ 185

127 574 28 0: 2

225 ^31

13 093 24 379 92 161 26 lOS

155 827

Tableau 27 — Nombre de personnes suivant un régime, selon la catégorie de poids et le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Femmes Oui Non

Hommes Oui Non

Poids insuffisant

14 766 198 946

10 151 212 4(14

Catégories

Poids normal

89 890 1 206 948

65 154 1 212 195

de poids

Excès de poids

101 666 481 546

57 378 659 121

Obésité

57 S92 18' 63^

n.335 149 18"

Tableau 28 — Nombre de femmes présentant un indice de détresse psychologique élevé, selon leur statut face à la ménopause et leur âge, Québec, 1987

Groupe d'âge Ménopausées Non ménopausées

15-34 35-44 45-54

2 106 15 484 67 SS9

257 660 85 504 19 873

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172 I Quand les femmes parlent de leur santé

Tableau 29 — Nombre de femmes présentant des problèmes de santé reliés à la ménopause, selon leur âge et leur statut face à la ménopause, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987

Groupe d'âge

15-44 Oui Non

45-54 Oui Non

55 et Oui Non

Total Oui Non

Problèmes de santé

3 532

1 133

18 103 809

7 044 1 819

28 679 3 762

Tableau 30 — Nombre de femmes ayant consommé des hormones, selon leur statut face à la ménopause et l'âge, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Ménopause

Oui Non

15-34

534

5 331

Groupe d'âge

35-44 45-54

15 437 "5 932 •

6 833 8 612

55 et +

47 574 24 730

Total

139 477 45 506

Tableau 31 — Nombre de femmes ayant consommé certains types de médicaments, selon le statut face à la ménopause, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Ménopause Analgésiques Tranquillisants Vitamines

Oiii 76 103 61 130 108 073 Non 281 581 114 650 420 376

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Annexes i 173

Tableau 32 — Nombre de personnes selon le nombre de médicaments consommés et le statut matrimonial, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Nombre de médicaments

Aucun 1 2 3 4

5 6 7

8 9 Total

Marié{e)

1 "16 S85 967 648 412 518 140 788 S 3 (>90 18 9(iO 3 993

551 78 68

3 314 888

Statut matrimonial

Séparée(e)/ divorcé(e)

P9 249 128 322 57 394 33 025 8 088 3 672

155 78 0 0

409 984

Veuf(ve)

65 180 79 714 43 059 3() 43: 20 663

S ()30 1 177

26() 389

0 252 515

Seul(e)

509 509 255 738 05 (.84 20 719 5 503 2 768

(( 0 0 0

979 920

Tableau 33 — Nombre de personnes selon le nombre de médicaments et l'indice de suffisance du revenu, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Nombre de médicaments

Aucun 1 2 3 4

5 6 7

8 9 Total

Très pauvre

324 961 151 285 56 929 24 891 8 387 3 386

810 368 170

0 571 !86

Niveau de

Pauvre

467 462 259 432 114 139 51 102 21 954 9 884

902 348

0 0

925 225

revenu

À revenu moyen

1 690 672 868 142 324 914 110 914 34 4)0 9 467 5 4,39

463 44 0

3 044 465

Riche

690 012 35? ( ()4 122 8()2 35 257 10 198 5 320

55 f( 0 0

î 221 369

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174 I Quand les femmes parlent de leur santé

Tableau 34

Type de

médicaments

Nombre de personnes selon le type de médicaments consommés et le sexe, population âgée de 15 ans et plus, Québec, 1987

Femmes Hommes

Analgésiques

Tranquillisants

Médicaments pour le ciieur

Antibiotiques

Médicaments pour l'estiimac

laxatifs

Remèdes pour la toux

Onguents pour la peau

Vitamines et suppléments

Autres stimulants

Pilule contraceptive Total

394 152

2 r 4 4 6

SS 201

83 081

O-i ! 3"

111 28"

121 12"

680 844

293 102

31S 32S

2 644 0^6

202 546

105 368

191 721

31 647

65 488

11 671

75 059

71 881

334 137

153 402

0 1 253 9î9

Tableau 35 — Types de fumeurs selon l'âge et le sexe, Québec, 1987

Groupe d'âge

15-17

Femmes

llonmies

18-19 Femmes

Hommes

20-24

Femmes

liommes

Non-fumeurs Fumeurs

lamais Anciens

fumé fumeurs Occasionnels Réguliers

(.K 0S2

03 "49

3<s ISS

40 298

82 2S4

1!(>433

24 230

10 (-.00

]S 207

13 460

55 330

43 182

15 4^1

U) liO

11 300

4 939

1 7 448

16 018

37 707

31 ( 07

26 349

11 610

Î06(y29

90 284

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Annexes I 175

Tableau 36 — Quantité hebdomadaire d'alcool consommé selon l'âge et le sexe , Québec, 1987

Groupe d'âge

Nombre de consommations par semaine

0-6 "'-13 14 et 4- l'otai

15-n Femmes Hommes

18-19 Femmes Hommes

20-24 Femnies Hommes

44 992

48 :'53

45 2(>9

43 205

36 5!(>

18 822

S |(>0

9 2"4

S (i4S

13 861

20 181

42 16"

2 36" 2 963

:' 1( 7

8 980

8 051

38 352

52 519 60 990

57 481 66 046

165 64-:' 199 34!

Tableau 37 — Catégories de poids chez les 15-24 ans selon le sexe , Québec, 1987

Groupe d'âge

15-19 Femmes

Hommes

20-24

Femmes

Hommes

Poids insuffisant

40 455

f>9 538

36 032 32 "20

Poids normal

1 53 483 l4l 514

K)0 4()8 no 906

txcès de poids

25 025 11 "8.S

33 ,390

42 119

Obésité

S 495

S 084

9 801

14 960

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176 I Quand les femmes parlent de leur santé

Tableau 38 — Désir de maigrir chez les femmes dont le poids actuel est normal ou insuffisant, selon l'âge et le sexe, Québec, 1987

Poids

désiré

Diminution

légère 15-24

2544

4 S-64 65 et -f

Forte diminution

15-24 2544

45-64

65 et -f

Insuffisant

Femmes

14 220

" 526 6i0 274

2 r3 226 ^ —

Poids

Hommes

2 294

846 1 644

84

086 232 211 1.30

actuel

Normal

Femmes

no 938 350 885

134 215

3() 968

"6 "99 06 ISS

m 203

6 361

Hommes

71 230

197 853

88 723

27 2)3

18 256

32 146

15 313 5 256

Tableau 39 — Détresse psychologique élevée selon le risque lié à la consommation d'alcool, Québec, 1987

Groupe d'âge

Risque lié à la consommation d'alcool

Nul Faible Élevé

Femmes

15-19 20-24

25-29 30-64 65 el + Total

Hommes 15-19

20-24

25-29 30-(4

65 et +

Total

61 3,36

4l 361 49 568

2 ^ 8 2 2 66 "47

496 834

n ()69 27 463 19 572

127 232

26 973 225 909

9 394 8 008

9 317

31 105

3 64(>

61 4^0

8,331

9 923 8 748

29 253 1 925

58 180

11 872

8 665 7945

30 988

2 828

62 298

7 847

9 691 12 252

62 068

S 008

96 866

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Annexes I 177

Tableau 40 — Principaux problèmes de santé chez les femmes âgées de 65 ans et plus, Québec, 1987

Problèmes

Arthrite et rhumatisme

Hypertension

Troubles mentaux

Maladies cardiaques

Troubles digestifs

65-74

93 720

72 106

54 443

42 313

25 988

Groupe d'âge

75 et 4-

57 571

47 334

40 966

30 601

21 590

Total

151 291

119 440

95 408

72 914

47 577

Tableau 41 — Principaux types de médicaments utilisés chez les personnes âgées de 65 ans et plus, Québec, 1987

Type de médicaments Femmes Hommes Total

Analgésiques

Tranquillisants

Médicaments pour le cœur

Antibiotiques

Médicaments pour l'estomac

laxatifs

Remèdes contre la toux et le rhume 16 690 16 321 33 011

Onguents pour la peau 18 507 13 092 51599

Vitamines 86 410 34 478 120 888

Suppléments alimentaires 25 244 6 470 31715

Stimtdants 4 617 3 728 8 345

65 935

81 792

43 740

8 342

29 i 53

33 261

34 509

41 991

81 725

5 397

17 947

10 954

100 444

125 785

225 465

15 759

47 100

44 215

Autres 77 535 48 515 126 050

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178 I Quand les femmes parlent cle leur santé

Tableau 42 — Détresse psychologique élevée selon l'âge et le sexe, Québec, 1987

Groupe d'âge Femmes Hommes

65-74

75 et +

Total

53 5^9

r ^hl

81 346

23 693

12 725

56 418

Tableau 43 — Répartition des catégories socio-économiques selon l'âge et la population âgée de 18 ans et plus, Québec, 1987

Groupe d'âge/ population

Niveau socio-éctmomique

Très défavorisé Défavorisé Moven Favorisé Total

18-29 Totale Femmes Hi'immes

50-44 Totale Femmes Hommes

45-64 Totale Femmes Hommes

65 et + Totale Femmes Hommes

Total Totale Femmes Hommes

5" 131

28 418

28 "!4

92 544

S3 02!

38 623

98 642

53 349 45 205

31 950 16 60 s

15 23S

280 24"

152 385

12-864

61 541

35 2S(-i

2(> 280

-2 8"5 38 0~0

33 804

45 "53 29 019

1SS34

"0 755

4(! ]S"

30 508

250 925

l44 3iO

î 06 612

"50 005 3"0 445

3'0 S^8

823 "90 4l9~2S

404 06^

628 055

332 254

20S SOO

255 246

I4^ 48"

10" "50

2 45~ 092

1 2^8 908

1 n s 184

248 985

120 20"

12s " 9

351 282

KHI MO

101 142

V-i 5"6 "5 38 i

08 995

60 145

26 812

33 331

854 8" 382 540 452 24"

1 1P661 565 525

554 536

1 540 489

672 "65

66^ 726

946 825

490 905

455 922

418 074

251 151

186 925

5 825 049

1 958 14!

1 864 907

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Annexes I 179

Tableau 4 4 —

Niveau socio-

économique

Très défavorisé

Femmes

Hommes

Défavorisé

Femmes

Hommes

Moven

Femmes

Hommes

Favorisé

Femmes

Hommes

- S c o r e é l e v é d e d é t r e s s e p s y c h o l o g i q u e s e l o n l e n i v e a u s o c i o - é c o n o m i q u e et le s e x e , p e r s o n n e s â g é e s

18-29

10 023 "^021

8 821

4 031

90 305

59 280

21 169

21 " 9 '

d e 18 a n s

Groupe

50-44

1 " 056

^ " 1 3

" 4 3 " " 209

99 501

61 088

26 121

11 "28

et p lus ,

d'âge

45-64

13 " I l

12 610

8 8^1

3 63"

8" 610

50 SOI

15 317

12 041

, Q u é b e c ,

65 et +

5 522

2 6((4

8 091 S 4()5

33 591 12 638

7 l'^l

" 505

1 9 8 7

Total

47 195

29 947

55 220 20 541

511 006

185 59"

70 564 65 871

Tableau 45 — Indice de santé globale selon le niveau socio-économique et l'âge, femmes âgées de 18 ans et plus, Québec, 1987

.Niveau

socio-économique

Très défavorisé

Défavorisé

Moven

Favorisé

Total

18-29

0.52"

0,521

0,405 0.473

0,486

Groupe

50-44

0,555

((,494

0,S06

0.470

0,498

d'âge

45-64

0,"I2

0,646 0,570

0,546

0,587

65 et 4-

0,"08

0.6^3 0,(>88

0,652

0,680

Tous

âges

0,621

0,582

0,545 0,498

0,545

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180 ( Quand les femmes parlent de leur santé

Tableau 46 — Indice de santé globale selon le niveau socio-économique et l'âge, hommes âgés de 18 ans et plus, Québec, 1987

Niveau socio-économique

Très défavorisé Défavorisé Moyen Favorisé Total

18-29

0,432 0.389 0,407 0,421 0,406

Groupe

50-44

0,485 0,456 0,428 0,444 0,451

d'âge

45-64

0,576 0,545 0,505 0.487 0,512

65 et 4-

0,612 0.725 0,648 0,602 0,651

Tous âges

0.520 0,530 0,46î 0,458 0,470

Tableau 47 — Médicaments prescrits selon le niveau socio-économique, femmes âgées de 18 ans et plus, Québec, 1987

économique

Très défavorisé Défavorisé Moyen Favorisé

18-29

n798 23 ( 41

23^ 261 68 438

Groupe

50-44

26 S"8 21 029

166 847 63 15"

d'âge

45-64

( 6 135 32 941

29" 187 48 4"S

65 et +

202 001 68 609

254 904 32 372

Total

150 712 146 220 956 198 212 482

Tableau 48 — Examen des seins pa r un profess ionnel selon le niveau socio-économique chez les femmes âgées de 18 ans et p lus , Québec , 1987

Fréquence

Niveau socio-économique

Très défavorisé

"0 683 25 404 40 442 34 5?^

Défavorisé

"5 9"0 25 186 32 ""0 32 VV^

Moyen

690 900 2(>6 590 255 210 173 S40

Favorisé

217 S7I 72 545 59 4" 1 28 871

Total

! 064 214 589 715 585 899 269 266

Moins àc 1 a 2 ans 2 ans el pi lamais Total

12 mois

17 106 166 210 1 595 520 578 458 2 109 094

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Annexes I 181

Tableau 49 — Prise d'anovulants selon le niveau socio-économique, Québec, 1987

Prise d'anovulants

Oui Non

Très défavorisé

24 792 146 360

Niveau socio-économique

Défavorisé Moyen

26 146 246 610 137 375 1 144 796

Favorisé

"1 ((21 305 065

Total

568 568 1 755 595

Tableau 50 — Femmes de 15 ans et plus selon l'âge, la fréquence de l'auto-examen des seins et le niveau socio-économique, Québec, 1987

Fréquence

1 fois par mois

1 fois aux l-i mois

Moins qu'aux 3 mois

jamais

Très défavorisé

4- 375

25 962

56 591

66 609

Niveau socio

Défavorisé

50 133

27 (i)5

38 429

55 976

-économique

Moyen

3"9 096

2"9 147

336 898

434 119

Favorisé

84 570

85 599

109 551

101 553

Total

561 174

418 315

521 469

658 256

Tableau 51 — Femmes de 15 ans et plus selon l'âge, le moment du dernier test de Pap et le niveau socio-économique, Québec, 1987

Fréquence

Moins de 12 mois 1 à 2 ans 2 ans et plus jamais

Très défavorisé

63 254 34 700 39 537 26 294

Niveau socio

Défavorisé

75 232 24 674 37 761 22 398

-économique

Moyen

( 95 S8(! 253 589 2"6 610 140 094

Favorisé

209 228 ?3 019 62 408 32 538

Total

i 045 295 585 981 416 515 221 525

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182 I Quand les femmes parlent de leur santé

Tableau 52 — Percept ion de l 'état de santé selon le gen re d e famille

et le sexe du parent , Québec , 1987

Famille

Monoparentale parent féminin parent masculin

Biparentale parent féminin parent miiscuiin

Excellente

21 615 3 841

154 2^8 P4 408

Très bonne

42 (:.44 7 69^

397 455 376 45^

Perception

Bonne

53 195 2 735

215 569 229 318

Moyenne

10 022 2 423

44 502 57443

Mauvaise

2 269 667

9 184 8 029

Tableau 53 — Détresse psychologique élevée selon le type de famille, Québec , 1987

Famille

Monoparentale pareni féminin pareni masculin

Biparentale parent féminin parent mascuhii

Niveau élevé

34 43s 4 582

r o 503 116 l(>9

Ensemble

10" 7-5 17 228

809 252 841 259

Tableau 54 — État mat r imonia l selon le sexe et l 'or igine, popula t ion âgée de 15 ans et plus, Québec , 1987

8exe/ origuie

Femmes (X)mmunanté culUirelle (,)tîéhécoise d'nrigine

li(munes (x)mmu!iau(e culturelle (.(uéhécoi.M' d'origiiif

Total Communauté culturelle (Québécoise d'origine

Marié(e)

l42 S86 1 S04 08^

l(->0 4 "6 1 494 I4O

312 062 2 999 152

Ftat matrimonial

Séparé(e)/ divorcé(e)

23 806 226 100

12412 14" 355

56 219 3"3 455

Veuffve)

31 ISS 1 "8 "92

4 83Î 3" S06

55 985 216 388

Célibataire

46 510 402 469

65 308 465 064

U l 827 867 555

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Annexes I 183

Tableau 55 — Perception de la santé selon l'origine chez les femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987

Origine

Québécoises Communautés Perception d'origine culturelles

Excellente Très bonne Bonne Moyenne Mauvaise Total

859 973 i 853 782 1 324 227

421 740 86 398

4 546 120

86 558 211 186 147 019 55 028 13 699

511 291

Tableau 56 — Poids réel et poids désiré selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987

Poids désiré

QueT)écoises d'origine Augmentation Concordance Diminution légère Forte diminution

Communautés culturelles Augmentation Concordance Diminution légère Forte diminution

Insuffisant

93 '27 58 149 20 958 2 567

7 810 5 983 1 549

126

Poids réel

Normal

85 82" 212 761 638 696 189 595

9 035 21 257 51 9.39 n 8 4 4

Excès de poids

2 S0(( 1371:'

134 421 561 802

— 2 280

20 318 38 769

Obésité

253 2 462

!3 599 200 600

_ 409

4 929 21 887

Tableau 57 — Prise d'anovulants et d'hormones selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987

Québécoises Communautés d'origine culturelles

Anovulants 421 8()8 26 085 Hormones 180 425 15 412

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184 I Quand les femmes parlent de leur santé

Tableau 58 — Test de Pap selon l'origine et l'âge, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987

Origine

Groupe Québécoises Communautés d'âge d'origine culturelles

15-34 794 32" 48 565 35-54 725 010 77 417 55 et + 38 143 43 176 Total 1 901 180 168 958

Tableau 59 — Examen des seins par un professionnel selon l'origine, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987

Québécoises Communautés Fréquence d'origine culturelles

Moins de 12 mois 1 106 3.36 106 647 1 â 2 ans 403 83" 41 295 2 ans et plus 391 653 5" 256 jamais 352 606 S4 S03 Total 2 254 451 259 681

Tableau 60 — Auto-examen des seins selon l'origine et l'âge, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987

Groupe Québécoises Communautés d'âge d'origine culturelles

15-34 (>2"(i80 4S933 35-S4 S"^ 005 {>6 283 55 et + 360 083 43 358 Total ! S64 ^67 155 574

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Annexes I 185

Tableau 61 — Mammographie selon l'origine et l'âge, femmes âgées de 15 ans et plus, Québec, 1987

Groupe d'âge

15-34 35-54 55 et 4-Total

Québécoises d'origine

95 590 323 528 197 458

6î6 576

Communautés culturelles

8 285 41 626 21 418 71 527

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Composition typographique Compo Alphuifk inc.

Achevé d'imprimer en avril 1990 sur les presses de

Les Éditions Marquis, Itée, Montmagny

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c 5937 ^' ^^^^ ex.2 Guyon, L.

Quand les femmes parlent de leur santé.

TITRE

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%

I IË.%

• v ^

££S FEMMES PARLENT

DE LEUR SANTE

...c'est l'état de santé des Québécoises à partir de l'enquête 5anté Québec de 1987. Ce sont des données nouvelles sur leurs habitudes de vie, leur environ­nement social, leurs souffrances et leurs propres perceptions de la santé. À la fois différente et sennblable au dia­gnostic professionnel, la parole des femnnes nnet l'accent sur les liens entre le milieu et la maladie, entre les rap­ports sociaux et la santé, entre la santé mentale et la sarité physique.

Face à la santé, les femmes se compor­tent différemment des hommes, mais elles se démarquent également les unes des autres selon leur statut: les adoles­centes, les femmes âgées, les femmes de milieux défavorisés, en situation de monoparentalité ou venant des communautés culturelles ont des pro­fits particuliers mis en évidence par les résultats de l'enquête de santé.

Les personnes oeuvrant dans le domaine de la santé publique, de l'enseigne­ment ou de l'Intervention auprès des femmes y trouveront des données per­tinentes et des avenues en vue de la réflexion et de l'action.

ISBN 2-55I-I40S4-4 Imprimé au^QuébeCj_pana'

. ^ < '

0Gouvernement c Ministère de la et des Service:

Gouvernement du Ouébec Ministère de la Santé