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Octobre 2012 1 Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ? Octobre 2012 Présidente : Mme Nicole GOOSSENS Rapporteur : M. Gérard DUTHIL Chargée d’étude : Mme Laurence MONNET-LEPAGE Actualisation du rapport du CESER d’octobre 2004

Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 · pas de lien direct avec « l’aisance économique ». Dans ce contexte favorable, la région a préalablement anticipé l’embellie

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Octobre 2012 1

Quel destin pour la Haute-Normandie

en 2025 ?

Octobre 2012

Présidente : Mme Nicole GOOSSENS Rapporteur : M. Gérard DUTHIL Chargée d’étude : Mme Laurence MONNET-LEPAGE

Actualisation du rapport du CESER d’octobre 2004

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Sommaire

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Sommaire

Composition de la Section Prospective.............................................. 5 Avis ............................................................................................7 Rapport ....................................................................................39 Avant propos .............................................................................. 41 Introduction................................................................................ 43 Cadrage de l’étude....................................................................... 44

I - Le temps d’un nouvel exercice prospectif .......................... 45 II - Le cahier des charges ..................................................... 46

Les choix méthodologiques ........................................................... 46 I - La redéfinition du système étudié..................................... 46 II - Phase I: prospective exploratoire ..................................... 47 III - Phase II : prospective stratégique .................................... 49

Partie I - Définition et présentation des variables ....................51 Introduction................................................................................ 53

I - Définition et typologie des variables retenues .................... 53 II - La redéfinition du système étudié..................................... 53

Les fiches variables...................................................................... 59 1. Fiche variable « Politique générale régionale » ............................... 61 2. Fiche variable « Transports et Accessibilité régionale ».................... 69 3. Fiche variable « Accessibilité immatérielle et organisationnelle » ...... 75 4. Fiche variable « Démographie » ................................................... 79 5. Fiche variable « Mondialisation de l’économie ».............................. 83 6. Fiche variable « Croissance, emploi, chômage » ............................. 89 7. Fiche variable « Filières économiques »......................................... 95 8. Fiche variable « Formation Insertion » .......................................... 99 9. Fiche variable « Recherche et Innovation »...................................107 10. Fiche variable « Offre de soins et Politique de Santé » ...............111 11. Fiche variable « Environnement, Climat et Risques naturels et industriels » ...................................................................................117 12. Fiche variable « Rayonnement culturel » ..................................123

Synthèse des hypothèses retenues par variable ............................ 131 Partie II – Les différents scenarii possibles............................139 Introduction.............................................................................. 141

I - Définition d’un scenario : les futurs possibles en 2025 ...... 141 II - Choix des critères discriminants pour bâtir les scenarii...... 141 III - Synthèse des « chemins »............................................. 143

Présentation synthetique des scenarii........................................... 151 Présentation détaillée des scenarii ............................................... 153

I - Scenario S1 : « La spirale du déclin dans un contexte européen dégradé » ............................................................... 153

II - Scenario 2 : « Affaiblissement de la Haute-Normandie » ... 163 III - Scenario 3 : « Vers une Normandie audacieuse et plus

forte ! » ................................................................................. 171 IV - Scenario S4 : « L'euphorie normande » .......................... 177

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Partie III - Les préconisations à 2025 ....................................185 L’architecture des propostions :................................................... 187 Les préconisations ..................................................................... 188

1 - Les grands projets incontournables pour la région et au-delà........188 • Accessibilité numérique..........................................................188 • Energies ..............................................................................190 • Autres grands projets d’infrastructures d’accessibilité – la thématique portuaire .................................................................192 • Infrastructures routières et ferroviaires....................................193

2 – L’humain, pilier du progrès et de la croissance ...........................194 • Formation ............................................................................194 • Recherche ............................................................................196

3 – Un développement économique soutenu....................................197 4 – L’Environnement, amélioration des bonnes pratiques ..................199 5 - L’amélioration de l’accès aux soins, un passage indispensable pour rompre avec la pénurie .................................................................200 6 – Des flux migratoires inversés ...................................................202 7 – Rayonnement culturel et tourisme comme vecteurs d’identité ......203 8 - La gouvernance du développement durable ................................205

Conclusion..............................................................................207 Annexes..................................................................................211 Cahier des charges .................................................................... 213 Liste des personnes auditionnées et remerciements ....................... 214 Liste des variables de 2004......................................................... 216 Sources documentaires .............................................................. 217 Liste des sigles utilisés ............................................................... 219 Bref glossaire de la méthode des scenarii ..................................... 222

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Composition de la Section prospective

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Composition de la Section Prospective

Mme Nicole GOOSSENS, Présidente

M. Dominique PIEROTTI, Vice Président

M. Gérard DUTHIL, Rapporteur

1. Membres du Conseil Economique Social et Environnemental (CESER) Mme Arlet ADAM

au titre de l'Union régionale des organismes de formation de Normandie et de la Fédération de la formation professionnelle de Haute-Normandie

M. Yves BLOCH au titre de la délégation régionale de la Fédération hospitalière de France

M. Jean-Pierre CORLAY au titre de la fédération des offices de tourisme et des syndicats d'initiative de Normandie

M. Patrick DEVIS au titre des unions départementales des syndicats de Force Ouvrière de la Seine-Maritime et de l'Eure

M. Jean DUFROY au titre de l'Union Régionale de Haute-Normandie de la confédération française de l'encadrement CGC

Mme Catherine GARNIER-AMOUROUX au titre de l'accord entre les entreprises : EDF, GDF SUEZ, SNCF, RFF, La Poste

M. Alain GERBEAUD au titre du comité Régional CGT de Normandie

Mme Nicole GOOSSENS au titre de l'Union Régionale des syndicats CFDT de Haute-Normandie

M. Alain GOUSSAULT au titre de l'Union régionale des entreprises d'insertion de Haute-Normandie

M. Gérard GRANIER au titre du centre d'action régional pour le développement de l'éducation relative à l'environnement

M. Michel JACOB au titre de la fédération régionale des coopératives agricoles de Haute-Normandie

M. Jean-Pierre LEGALLAND au titre du MEDEF et des branches professionnelles du secteur industriel, (UIMM, UIC/ARNIP, UFIP), représentant l’UFIP

M. Jean-Luc LEGER au titre du comité régional des associations de jeunesse et d'éducation populaire de Haute-Normandie (CRAJEP)

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Mme Régine LOISEL au titre de l'union régionale des syndicats CFTC de Haute-Normandie

M. Jean-Luc MASURIER au titre de la chambre régionale de l’économie sociale

M. Eric NEYME au titre de l'accord entre les entreprises : EDF, GDF SUEZ, SNCF, RFF, La Poste

M. Dominique PIEROTTI au titre du MEDEF et des branches professionnelles du secteur industriel (UIMM, UIC/ARNIP, UFIP), représentant l’UIC/ARNIP

M. Jean-Dominique WAGRET au titre de RENAULT et du pôle de compétitivité MOV'EO

2. Personnalités extérieures au CESER Mme Madeleine BROCARD, géographe à l’Université du Havre

M. Daniel CORNET, Président du groupe ELAN (entrepreneurs leaders pour l'avenir de la Normandie)

M. Gérard DUTHIL, économiste à l’Université de Rouen

M. Alain MALMARTEL, directeur régional de l’INSEE

M. Bernard PROUST, praticien hospitalier

M. Bertrand TIERCE, journaliste

M. Richard TURCO, DGA ville de Rouen, ancien membre du CESR au titre des structures culturelles

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Avis

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Avis

Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Adopté à la majorité par :

67 Pour

5 Contre

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Avis

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Le CESER de Haute-Normandie a réalisé en 2004 une étude prospective du positionnement géostratégique de la Haute-Normandie intitulée « Quel destin pour la Haute Normandie en 2025 ? », dans le cadre d’une auto saisine sur l’attractivité de la Haute-Normandie. L’année 2011 est apparue propice à une actualisation de l’exercice prospectif de 2004. Il s’agit de réexaminer les hypothèses d’évolution des variables d’influence du « dynamisme territorial régional » par rapport à de récentes évolutions (gouvernance renouvelée et facteurs d’incertitude) et de balayer de nouveau les enjeux et défis à relever dans ce contexte. L’annonce d’une décentralisation renforcée en faveur des Régions ouvre la perspective dès 2012 d’une plus grande maîtrise des orientations stratégiques, de leur coordination, de leur adaptation au territoire et des choix d’intervention. Ce contexte aussi mouvant et incertain a conduit à un exercice prospectif emprunt de réalisme, évitant les originalités provocatrices, mais ne s’interdisant pas quelques « paris » sur l’avenir. A l’horizon 2025, l’essentiel est de repérer et d’afficher quelles ambitions les acteurs, au premier rang desquels la Région, peuvent porter pour être à la hauteur des enjeux du dynamisme territorial défini comme le développement du territoire équilibré et respectueux de la qualité de vie. Le rapport présente 4 scenarii décrivant une situation donnée en 2025 et identifie les conditions et propositions nécessaires pour aboutir à cette situation observée ou pour éviter les problèmes que génèrerait une situation en 2025 jugée moins favorable. Cette approche conduit à identifier les champs d’intervention possibles, à les hiérarchiser et à faire apparaître des priorités pour les acteurs de la région en tenant compte de l’état et de l’évolution des contraintes financières ainsi que des situations réglementaires sur la période. La « méthode des scenarii » a été utilisée et comporte 3 phases : la redéfinition du système étudié en 2004, l’analyse dynamique de chaque variable et la construction des 4 scenarii. 1 La structure du plan des scenarii part des éléments de contexte général pour aboutir à la situation régionale. Les programmes d’infrastructures dits « incontournables » autour du projet « Paris Seine Normandie », ainsi que le thème des énergies, sont placés en tête du cheminement de chacun des scenarii. La « Normandie » évoquée dans les scenarii S3 et S4 traduit la capacité des acteurs en région à s’inscrire dans une échelle de référence territoriale dépassant celle des frontières administratives, en dehors de tout débat sur la pertinence d’une frontière entre Haute et Basse-Normandie.

1 Annexe 1 – tableau croisant les hypothèses par variable

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PRESENTATION DES SCENARII

…Nous sommes en 2025…

Scenario S1 : « La spirale du déclin dans un contexte européen dégradé »

Dans un contexte de récession structurelle sans précédent, l’Europe a subi une récession continue jusqu’en 2025. Les caractéristiques socio-économiques régionales sont telles que la région subit de plein fouet la crise comme les régions voisines. Bien que la collectivité régionale disposait encore d’une marge de manœuvre en matière d’investissement, celle-ci est rapidement consommée. Il n’est pas possible de miser sur le ressort raisonné des acteurs économiques pour entrevoir des voies de résistance régionale à la récession. En l’absence de ressort citoyen, c’est le règne du « chacun pour soi » et de la concurrence entre territoires. Les grands projets d’infrastructures régionaux ont été abandonnés ; l’accessibilité dégradée de la région et les faibles flux d’échanges l’isolent. Les retards se creusent dans les domaines de la formation et de la santé. Le rayonnement culturel se dégrade, la perte d’image et le peu d’attractivité de la région pèsent sur le déficit migratoire.

C’est le scenario catastrophe…

Scenario S2 : « Affaiblissement de la Haute-Normandie » Dans une situation de croissance retrouvée, l’amélioration du contexte

économique est avérée au niveau national et mondial ; le souci de développement durable guide l’action. Dans ce contexte pourtant favorable, la région, par excès de prudence, a insuffisamment anticipé cette embellie pour se mettre en situation de bénéficier de ses retombées. Elle ne tire pas les bénéfices de la croissance retrouvée. Quelques grands équipements structurants ont vu le jour, mais la situation et les indicateurs, bien qu’évoluant en valeur absolue, ne se maintiennent pas en valeur relative car les autres régions ont continué à progresser : la situation en Haute-Normandie se dégrade.

C’est le scenario qu’il faut éviter…

Scenario S3 : « Vers une Normandie audacieuse et plus forte ! » Dans une situation de croissance retrouvée, l’amélioration du contexte

économique est avérée au niveau national et mondial ; le souci de développement durable guide l’action, l’effort environnemental est intégré et n’a pas de lien direct avec « l’aisance économique ». Dans ce contexte favorable, la région a préalablement anticipé l’embellie générale. Les choix en matière de grands projets structurants pour le territoire ont permis, grâce à la priorité donnée à l’accessibilité numérique, de créer les conditions d’un équilibre territorial et d’une capillarité réussie du projet de développement Paris Seine Normandie. S’inscrivant d’entrée dans un grand projet national, la Haute Normandie prend le devant sur les autres régions.

C’est le scenario audacieux mais néanmoins atteignable…

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Avis

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Scenario S4 : « La Normandie dans un contexte euphorique » Dans un contexte de redistribution des cartes au niveau mondial, la rationalité

des acteurs économiques est retrouvée et leur confiance restaurée, le retour à la croissance économique mondiale durant une décennie « glorieuse » a permis un assainissement du mouvement de mondialisation des économies et la progression des échanges. Les flux irriguent tout le territoire régional grâce à la réalisation de grands projets d’infrastructures, au maillage territorial et à la multimodalité réussie. Le potentiel de la Haute-Normandie est mis en valeur et relayé par une stratégie offensive à l’international, une présence institutionnelle forte aux côtés des agents économiques dans les champs des grands projets, de la formation, de l’innovation, de la santé, du développement durable. L’attractivité retrouvée permet d’inverser les flux migratoires. Le dynamisme territorial est porteur du développement équilibré du territoire et respectueux de la qualité de vie. La région réinvente pour poser des bases et anticiper sur l’avenir.

C’est le scenario euphorique et idéal… mais dont il faut craindre les pièges

PRECONISATIONS

Les 2 scenarii S2 et S3 ont été jugés « réalistes » pour la Haute-Normandie et amènent à des propositions de plusieurs ordres sur nos possibilités de développement en réponse aux questions suivantes : quelles actions, quels leviers, quels acteurs. Il s’agit de tendre vers la situation en 2025 décrite dans le scenario S3, ou d’éviter de subir, ou du moins de limiter, les problèmes rencontrés en 2025 et suggérés dans le scenario S2. 1 - Les grands projets incontournables pour la région et au-delà La tendance lourde en matière d’accessibilité numérique est « la connexion » comme mode économique et social. Les collectivités au travers du contrat « 276 » passé entre la Région et les Départements ont déjà affiché leur volontarisme. Ils ont pris des engagements à l’horizon de 15 ans pour faire progresser l’accessibilité au THD -Très Haut Débit- par paliers via le raccordement par la fibre optique, qui reste « LA » technologie du THD. Pour autant, il convient de rappeler que la fibre optique ne permettra pas de couvrir l’intégralité du territoire. Des technologies dites « palliatives » devront alors être mises en place. A cet égard, le satellite demeure le recours en cas d’impossibilité d’installer la fibre, même si le satellite induit des pertes en termes de flux et de qualité de réception.

La priorité en région doit être accordée au déploiement du THD et à ses usages sur tout le territoire. Dans une dynamique de territoire proposée par le scenario S3, il faut contourner la phase de rattrapage de couverture en haut-

débit pour privilégier le « bond direct » vers le Très Haut Débit.

L’enjeu stratégique est de créer les conditions de l’aménagement numérique du territoire totalement abouti en 2025, garantissant son accessibilité immatérielle et organisationnelle. Il accompagne la croissance sur l’ensemble de la région dans le respect de l’équilibre territorial entre espaces urbains et ruraux.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Prioriser ce choix d’investissement sur les autres types d’infrastructures comparativement plus couteuses, plus longues à mettre en œuvre et dont la réalisation est soumise à des financements coordonnés avec des choix d’aménagement nationaux, est une décision à la portée des acteurs locaux qui établissent leur stratégie dès 2012.

Nombre d’acteurs, publics et privés, sont directement concernés. Il revient à la Région de porter cette stratégie pour leur faire partager la même ambition, ce qui renforcera leur poids collectif face aux opérateurs privés de télécommunication. Partager est aussi une nécessité pour démystifier le coût d’un tel investissement qui reposera sur chaque intervenant public sur le territoire. La rentabilité peut être au rendez vous des déploiements en direction des zones peu ou pas couvertes susceptibles de générer des taux de raccordement bien meilleurs que sur les zones densifiées en population et en activités disposant déjà du haut débit. Le THD est déterminant, d’une part, en raison des ressources que génèreront les acteurs économiques présents sur le territoire et d’autre part, par l’effet de levier qu’il peut avoir sur les intentions d’implantation d’activités. La Région doit placer l’accessibilité numérique au cœur de sa communication pour valoriser la capacité de l’ensemble du territoire auprès des investisseurs. Cette communication récurrente portera sur les choix d’une stratégie régionale ambitieuse auprès des agents économiques et au-delà des territoires, dans toutes les initiatives économiques à l’export et devra relayer régulièrement toutes les avancées locales. La recherche de coopérations entre opérateurs privés et collectivités pour le déploiement élargi doit privilégier les financements mixtes pour ne pas recourir à des taxes supplémentaires. Le recours éventuel à des partenariats publics privés (PPP) doit être examiné avec la plus grande vigilance quant au respect des intérêts des collectivités et des opérateurs. Dans l’hypothèse où en 2025 la situation connue est celle du scenario S2, où les choix de couverture auront été réalisés par les seuls opérateurs, l’enjeu a minima est alors d’éviter que ces choix de couverture sélective ne pénalisent trop fortement l’équilibre territorial. L’offre en THD, relayée par les collectivités, doit alors être ciblée sur des territoires de projets où il y a lieu de retenir ou d’attirer de l’activité. La collectivité devra alors définir des priorités géographiques et temporelles de zones où flécher l’investissement public. Le second secteur sur lequel le CESER souhaite afficher des priorités est celui des énergies, dans lequel la hausse des coûts apparaît comme une tendance lourde irréversible quel que soit leur mode de production. Le Plan Climat Energies « PCE » adopté par la Région dès 2007 et ses déclinaisons opérationnelles successives constituent une démarche de progrès visant à adapter l’ensemble des politiques régionales aux priorités que constituent la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la maîtrise des consommations d’énergies et le développement des énergies renouvelables. Avec la création de la filière énergie en Haute-Normandie en 2009, la Région a su asseoir ses priorités contractuellement avec les opérateurs de la filière.

Au sein d’un mix énergétique, la Région doit accorder en priorité ses moyens à la structuration d’une filière éolienne. Elle doit être en capacité d’accompagner le

développement de l’éolien off-shore dans le cadre de l’appel à projet national.

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Avis

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L’enjeu stratégique est de poursuivre en région le développement d’une offre d’énergies renouvelables fondée sur un mix énergétique pour répondre aux demandes régionale et nationale. Cet enjeu vise également à améliorer l’environnement de la région. La réalisation des parcs éoliens et de l’EPR de Penly doit générer des retombées économiques en termes d’emplois directs et indirects en région, durant la phase de chantier et au-delà. La Région doit donc flécher prioritairement des moyens sur cette filière au travers de ses dispositifs d’intervention en direction des acteurs économiques et valoriser ce choix pour peser dans l’interface avec les décideurs au plan national. Quel que soit le grand projet d’infrastructure énergétique dont il s’agit, il est indispensable d’accompagner en amont la montée en qualification des salariés et demandeurs d’emploi du territoire, ainsi que des jeunes en formation initiale autour des besoins en qualification repérés. Les innovations techniques liées à la nouvelle forme de production et de stockage d’énergies nouvelles sont loin d’être abouties, que ce soit pour l’éolien off-shore ou le photovoltaïque. Ce dernier représente une opportunité dans la région, particulièrement bien pourvue en surfaces exploitables, notamment dans toutes les zones industrielles et logistiques. La Région doit investir dans ce domaine une partie des moyens qu’elle dédie à la recherche publique dans le cadre par exemple d’un appel à projet ciblé en invitant à coupler moyens de recherche des laboratoires privés et moyens universitaires et régionaux dédiés. Dans l’hypothèse où en 2025 la situation connue est celle du scenario S2, l’enjeu a minima est de gagner en retombées locales en terme d’emplois en qualifiant la main-d’œuvre disponible au moins sur la phase chantier afin d’éviter le mécontentement social latent lié à l’installation de nouveaux sites éoliens ou nucléaires sans bénéfice en retour. Les autres grands projets d’infrastructures en matière d’accessibilité régionale sont dominés par la particularité de la « thématique portuaire » en raison de son lien avec le grand projet « Paris Seine Normandie ».

Améliorer les positions respectives des ports du Havre et de Rouen suppose l’implication forte des milieux économiques avec, en relais, des interventions

publiques.

L’enjeu stratégique est d’importer et d’exporter des flux de marchandises en phase avec la croissance de l’activité, notamment celle générée par les besoins de l’Ile de France, dans le cadre d’un projet global « gagnant-gagnant » pour les franciliens et les normands. C’est l’existence d’un tel projet qui doit justifier le remodelage des infrastructures. La tâche de la Région consiste dans un premier temps à capitaliser sur les relations ou coopérations qu’elle a développées avec la Basse-Normandie et l’Ile de France. La finalité est de valoriser le débouché maritime du port du Havre et de rechercher des alliances hors des trois régions (Arc Manche). Elle doit inciter les acteurs portuaires à spécifier clairement les qualifications des ports : « conteneurisation » au Havre et « groupage-dégroupage-logistique » à Rouen. En matière agricole, la notoriété de la « cotation Rouen » sur le fret céréales garantit la valeur ajoutée des « services » apportés au produit brut.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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La Région doit communiquer les atouts et les complémentarités des deux ports aux investisseurs. Elle doit également renforcer ses aides à l’export et valoriser avec l’ensemble des acteurs économiques sur le territoire la « porte maritime du Havre » auprès des exportateurs de produits fabriqués en France. Cette valorisation permettra de réduire le déséquilibre entre l’import et l’export de nos ports tout en limitant les problèmes de sécurité maritime dans le corridor Manche. Les investisseurs doivent être incités à créer de la valeur ajoutée autour du transit dans les ports grâce à l’implantation d’unités de transformation et d’assemblage en proximité. Ainsi la Région, en partenariat avec les autres collectivités, doit aider à créer des réserves foncières pour implanter ces unités dans des zones d’activités, en offrant un accès « multimodal », le cas échéant sur des friches industrielles reconverties. Enfin, elle doit guider ses choix d’investissement en tenant compte des gains de compétitivité source de valeur ajoutée qu’ils sont susceptibles d’apporter dans la chaîne logistique des transports de fret portuaire et fluvial. Dans l’hypothèse où, en 2025, la situation connue est celle du scenario S2, où l’amélioration de la position du Havre et de Rouen n’est pas atteinte, l’enjeu a minima est d’éviter sa dégradation. Il s’agit de pouvoir faire entrer et sortir des flux justifiant des infrastructures qui devront être alors priorisées : la chatière au Havre assurant un lien entre port 2000 et le port de l’estuaire, la réalisation des infrastructures manquantes autour de l’axe fluvial Paris - Rouen - Le Havre pour être prêt quand le Canal Seine Nord Europe « CSNE » sera opérationnel. Quant aux infrastructures routières et ferroviaires, l’enjeu stratégique est de mettre l’accessibilité au service du développement harmonieux du territoire en facilitant l’organisation des flux économiques et humains. Plusieurs projets d’investissement réalisés en 2025 en constituent l’ossature et facilitent la mise en place de la multimodalité : la nouvelle gare de Rouen comprenant une offre de services tertiaires, la LNPN2 en construction, le contournement Est de Rouen, le développement de l’aéroport de Deauville et la facilité d’accès accrue à Roissy. Il faut faire converger les moyens financiers avec un échéancier concordant pour peser sur les choix imminents qui conditionnent notre état en 2025. Si dans l’hypothèse du scenario S2, les grands projets d’infrastructure ne sont pas réalisés, l’enjeu a minima est de lutter contre les effets néfastes de l’engorgement de la région qui a accumulé des retards dans la réalisation de ses infrastructures. La Région doit alors cibler les efforts financiers sur le confort des lignes voyageurs infrarégionales, pour lesquelles elle a déjà fortement amélioré les liaisons. Les autres collectivités doivent aussi participer à l’effort sur l’ensemble des transports collectifs. Les partenaires peuvent s’organiser pour accompagner les initiatives associatives autour des modes « covoiturage », proposer des solutions organisées de stationnement autour des nœuds (covoiturage ou transports en commun), selon l’échelon de territoire concerné, avec une dynamique que la Région impulse. Enfin, la réalisation partielle du projet « gare de Rouen » doit intégrer une offre nouvelle de surfaces de bureaux. Le projet doit quant à lui comporter dès sa conception le plan de développement et de raccordement de la Gare. Les partenaires doivent s’engager à constituer les réserves pour les raccordements

2 LNPN : Ligne Nouvelle Paris Normandie

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Avis

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futurs dans le cadre des plans d’aménagements. Les documents d’urbanismes sont à construire. Dans le cadre des projets menés hors région, le barreau mantois constitue un point sensible sur la réalisation duquel l’ensemble des partenaires régionaux doivent porter toute leur attention et peser fermement. 2 - L’humain, pilier du progrès et de la croissance Si la relation de cause à effet existe bien entre la croissance, d’une part, la hausse de l’emploi et la baisse du chômage d’autre part, les effets de la croissance sur la baisse du chômage dans la région sont moins efficaces qu’en moyenne, ce qui est révélateur de la moindre capacité de notre région à profiter d’embellies sur l’emploi. Une des caractéristiques de la région est le retard récurrent affiché par les indicateurs en matière de formation et d’élévation des niveaux de qualification des jeunes en formation initiale et des actifs et ce malgré les points gagnés au fil des ans.

La région doit gagner du terrain en consentant les efforts nécessaires non seulement pour maintenir sa situation mais pour rattraper ses retards en 2025.

C’est un « coup d’accélérateur » nécessaire pour l’ensemble de sa ressource humaine pour afficher des compétences d’égal à égal avec les autres régions.

L’enjeu stratégique est une réelle montée en gamme dans l’économie de la connaissance pour accompagner les mutations de l’économie régionale, pour offrir aux haut-normands de meilleures conditions d’insertion dans l’emploi, notamment pour les jeunes et les femmes, ainsi que davantage de sécurité dans leur parcours professionnel, enfin pour favoriser l’attractivité du territoire vis-à-vis des jeunes ou des actifs. En matière de formation, la Région doit donner la priorité, dans le cadre de ses compétences actuelles, à l’adaptation des formations et des qualifications aux besoins ainsi qu’au renforcement des outils de coordination entre les acteurs de la formation. Après l’adoption concomitante du CRDE3 et du CPRDFP4 en 2011, une envergure plus forte est à donner au CPRDFP, elle est requise pour assurer la « montée en gamme » recherchée. A ce titre, le renforcement du CCREFP « comité de coordination régionale emploi formation professionnelle» apparaît nécessaire dans son rôle pour piloter, coordonner et mettre en synergie les acteurs de la formation dans les trois missions que sont l’anticipation des besoins, l’adaptation de l’offre et l’orientation de tous les publics. La Région, reconnue comme chef de file aux côtés de ses partenaires, doit y contribuer. Ce comité peut être doté du rôle de « Chancelier de la formation » en région. Tous les commanditaires de formation continue, en particulier la Région, doivent se soucier du maintien de la qualité des prestations des offreurs de formation continue en leur permettant d’anticiper et de faire évoluer parallèlement la professionnalisation de leurs formateurs. Il faut leur garantir davantage de lisibilité sur les stratégies d’évolution de la commande publique à moyen terme en région Haute-Normandie et instaurer des temps de dialogue et de communication autour de ces stratégies.

3 CRDE : Contrat Régional de Développement Economique 4 CPRDEFP : Contrat de Plan Régional de Développement de la Formation Professionnelle

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Enfin, le développement des formations supérieures en apprentissage, le soutien logistique des publics en formation, la lutte contre l’illettrisme sont des champs dans lesquels la Région et ses partenaires doivent s’impliquer davantage pour faciliter l’accès aux formations pour tous sur l’ensemble du territoire et accroître les niveaux de qualification des haut-normands. En matière de recherche, une nécessité urgente est d’attirer des talents et de stabiliser les chercheurs sur le territoire pour redynamiser la recherche régionale publique, de faire perdurer la notoriété de certains laboratoires en anticipant les renouvellements des chercheurs qui ont fait leur renommée, ainsi que de mettre les énergies au service du développement des activités nouvelles ou porteuses pour l’économie régionale. La Région doit être en capacité et s’autoriser à cibler des projets particulièrement prometteurs pour l’avenir régional. A ce titre, la Région doit flécher une partie de ses enveloppes sur ces cibles qui pourraient donner lieu à des appels d’offres lancés en complément des fonds alloués aux projets portés par les GRR. Quant aux acteurs du PRES, ils doivent sans tarder mettre en place une stratégie commune de renforcement de la lisibilité de la recherche régionale avec une culture renouvelée d’ouverture, que ce soit en termes de partenariat ou d’échelle territoriale, pour avoir gagné en lisibilité nationale et internationale d’ici 2025. Le créneau particulier de la formation aux « métiers exercés en mer » doit être investi pour préparer la main-d’œuvre de demain, jeunes ou adultes, et accompagner les projets de nouvelles filières économiques : travail de repérage des compétences requises en matière de transport maritime, de maintenance des matériels ou des ouvrages réalisés en milieu marin, de logistique à quai, identification des qualifications liées à la technicité de ces métiers, reconversion possible de main-d’œuvre des secteurs de la pêche… La Région peut concevoir un chantier grandeur réelle de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriales GPECT autour de ce thème. Dans l’hypothèse où en 2025, la situation connue est celle du scenario S2, où les retards en termes de formation et de recherche ne sont pas comblés, l’enjeu a minima est d’éviter qu’ils se creusent ainsi que de retenir les jeunes diplômés. Il faut dès lors miser davantage auprès des jeunes sur la valorisation des filières nouvelles de spécialisation industrielle (énergies nouvelles ou maîtrise des risques) davantage connotées « industries en pointe ». Il faut maintenir à un haut niveau les financements publics locaux en matière de recherche et œuvrer pour attirer des financements européens dans le cadre du programme opérationnel en cours de définition en poussant les acteurs du PRES à définir une stratégie de développement lisible basée sur l’ouverture au monde économique. Enfin, il faut envisager immédiatement une politique de lutte contre l’illettrisme, ciblée notamment sur l’illettrisme au travail pour limiter la précarisation des actifs et créer les conditions de leur retour en formation dès lors qu’ils sont touchés par une rupture dans l’emploi. 3 - Un développement économique soutenu La région revendique une forte identité industrielle et agricole qu’elle assume et sur laquelle elle doit appuyer son développement économique.

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La région doit être en capacité de créer des produits ou services avec des débouchés correspondant au contexte des flux d’échanges de 2025, c’est-à-dire

qui se vendent en raison d’un choix pertinent de l’aire géographique de destination des produits et de leur caractère innovant.

L’enjeu stratégique est de renouer avec la croissance de l’industrie en région. Avec tous les partenaires économiques du territoire, l’Etat, les experts du développement, la Région peut participer au renforcement des aides à l’innovation, à la diffusion technologique et à l’exportation. Ces dimensions sont intégrées dans ses interventions en direction des entreprises et la priorité doit être donnée à la coordination, voire parfois la convergence, des moyens de tous les acteurs sur les mêmes cibles et dans le même temps pour des résultats amplifiés. En matière d’innovation, les acteurs doivent se rapprocher pour définir quel soutien complémentaire peut être accordé aux laboratoires publics de recherche et pour développer une culture de « brevets » là où l’évaluation académique accorde toute la place à la culture de la publication. La Région peut envisager le fléchage d’une partie de ses financements « recherche » au profit de projets menés en partenariat avec des entreprises et leurs laboratoires privés de recherche, ou avec des laboratoires étrangers, en lien avec une politique volontaire d’ouverture du PRES qui engagera des actions structurantes et visibles par les partenaires. En ce qui concerne les thématiques de recherche, la Région doit valoriser l’intérêt qu’elle a déjà signifié pour le développement de la recherche dans le domaine de l’environnement. L’occasion doit être saisie de monter en puissance une filière d’excellence fondée sur une expérience acquise pendant plusieurs décennies en matière de gestion des risques, en fléchant une partie des crédits en matière de recherche sur ce domaine particulier du réseau dédié à l’environnement. La région, dans son ensemble, est prête à assumer cette spécificité liée à la présence d’industries à risque sur son territoire, que ce soient les collectivités, les partenaires sociaux, les universitaires. Elle peut en faire un atout avec l’aide des industriels pour lesquels les savoirs et les innovations en matière de gestion des risques majeurs sont de l’ordre du « non concurrentiel » et où la capitalisation bénéficie à toute la société. Les propositions concernant le renforcement de la position et de l’attractivité de ses deux grands ports de Rouen et du Havre (image, qualité des infrastructures, accessibilité et rapidité,…) doivent permettre d’affirmer la présence de la Haute-Normandie à l’international en favorisant l’exportation des produits (biens ou services) des entreprises haut-normandes et de développer des emplois industriels, logistiques et tertiaires. Elles doivent s’accompagner d’un renforcement des stratégies, notamment de communication, vers les entreprises nationales et internationales. Le rapport du CESR en 2008 sur les mutations économiques mettait déjà

l’accent sur le poids des activités industrielles dans l’économie, évoquait les principales mutations prévisibles dans les 10 ans à venir et mettait en exergue 3 points essentiels : � quel que soit le secteur industriel, ce sont les secteurs d’excellence, de haute

technicité et créateurs de forte valeur ajoutée qui se maintiendront, � l’interdépendance des différents secteurs industriels haut-normands doit être

prise en compte dans la stratégie industrielle régionale,

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� l’attractivité du territoire régional reste un facteur déterminant pour la pérennisation des activités industrielles en Haute-Normandie.

Si la région souhaite conserver des activités industrielles fortes et performantes sur son territoire, l’implication des pouvoirs publics et leur soutien aux entreprises sont nécessaires et seront déterminants. Le Conseil Régional peut jouer un rôle moteur dans le renforcement de l’attractivité de notre territoire. Compte tenu de la configuration de la taille des entreprises en Haute-Normandie, la Région doit aider à structurer les relations entre les PME et les grandes entreprises, essentielles pour l’équilibre des activités, en : - soutenant les opérations d’investissement des PME répondant aux besoins

exprimés par les donneurs d’ordres, malgré les risques parfois avérés de voir le donneur d’ordre se tourner vers d’autres sous-traitants ;

- favorisant le dialogue entre sous-traitants locaux et grands groupes notamment lorsque ceux-ci cessent leur activité en région. La Région doit afficher clairement ses objectifs dans le cadre des contrats

qu’elle passe avec les filières économiques et les branches professionnelles. Elle peut, par ce biais, aider à la consolidation des métiers de l’artisanat et de la maintenance, largement représentés dans le tissu dense de PME locales.

Enfin dans le cadre de sa politique économique, elle doit établir des contacts réguliers avec les responsables et décideurs des grands groupes présents en Haute Normandie dont les sièges sont basés à l’extérieur de notre région.

Elle doit accompagner les mutations économiques et technologiques, plutôt qu’agir de manière curative avec des politiques de revitalisation. A cet effet, elle doit s’interroger sur la mise en place, à l’échelle des bassins d’emploi de la région, de réseaux d’anticipation, d’une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) et de plans de formation concertés. Une structure permanente pourra être mise en place à cet effet, regroupant par bassin d’emploi les grands acteurs économiques, les partenaires sociaux, les élus locaux… Cette démarche renforcera par ailleurs l’identification des entreprises au territoire et la négociation, en amont des crises, entre partenaires. Quant au financement des reprises d’entreprises, son inscription doit figurer au nombre des missions d’un pôle public financier qui reste à constituer, regroupant les institutions publiques et semi-publiques du crédit (la Banque de France, la Caisse des dépôts et consignation, le Crédit foncier, Oséo pour le financement des PME…), chargé de promouvoir les financements d’une croissance de qualité économique, sociale et écologique. L’enjeu de renouer avec la croissance de l’industrie ne doit pas occulter celui du développement des activités tertiaires notamment le tertiaire supérieur thématique sur laquelle le CESER a entamé une réflexion et dont il faudra retenir les enjeux au terme de 2025. La croissance de ces activités a un effet indirect sur l’économie résidentielle et présentielle. Enfin, le caractère agricole de la Haute-Normandie, où les 2/3 du territoire sont couverts par les activités agricoles qui emploient 3% des actifs, en fait un secteur économique d’importance qui connait de fortes mutations avec des enjeux qui lui sont propres. La tendance constante à la concentration des activités pose l’enjeu de la productivité des services logistiques (dépôt, transport…) liés à l’agriculture, de la pérennité sur le territoire d’industries de transformation agro-alimentaires « historiques » qui sauront muter vers des

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activités innovantes et qui pèsent depuis toujours favorablement dans la balance du commerce extérieur. C’est aussi celui de déterminer la part des surfaces à consacrer au déploiement d’autres modes de cultures, dans le but de limiter l’impact de l’agriculture intensive sur l’environnement, d’une part, et de permettre une orientation plus importante vers des cultures « bio », d’autre part, notamment pour le maraîchage. Compte tenu de l’importance de ce secteur, la Région doit veiller à apporter un soutien à l’aune de celui qu’elle apporte à l’ensemble des activités économiques présentes sur le territoire comme elle l’a d’ailleurs évoqué dans le CRDE, en valorisant l’ensemble des ressources locales dans les activités agro industrielles (ressource bois, ressource halieutique…). Dans ce cadre, elle doit s’interroger sur la pertinence et la faisabilité à 2025 d’un modèle économique qui reconcentre sur le territoire l’ensemble des activités de la filière lin, notamment la transformation de la production actuellement délocalisée à l’étranger. Dans l’hypothèse où, en 2025, la situation connue est celle du scenario S2 où le manque d’efficacité économique est avéré, l’enjeu a minima est de lutter contre la désindustrialisation de la région. Les acteurs doivent renforcer et communiquer autour des dispositifs de portage d’entreprise et d’aide au développement (couveuses, incubateurs, pépinières, usines relais, …), progresser sur la spécialisation du territoire en matière de prévention et de gestion des risques industriels (industriels, chercheurs publics et privés, pouvoirs publics…). Enfin, il faut optimiser les retombées du fléchage des investissements publics en matière de THD en en faisant un facteur de dynamisme repérable et repéré par les entreprises, grâce à une politique de communication soutenue autour de cette priorité régionale. Elle sera bénéfique à la fois au développement des activités de services mais également à la reprise et à la transmission des PME PMI régionales qui sont parfois menacées faute de repreneur. 4 - L’Environnement, appropriation des bonnes pratiques La Région est au premier plan dans l’élaboration des 2 schémas régionaux SRCAE (climat air énergie) -pour définir les orientations stratégiques de la transition énergétique à l’échelle du territoire -et SRCE (cohérence écologique)- pour définir les stratégies de la conservation et de la gestion durable de la biodiversité. Elle doit s’assurer que ces schémas sont bien dotés d’outils d’évaluation pour que les objectifs fixés soient effectivement mesurés et atteints.

L’animation régulière des acteurs doit être impulsée par la Région avec, en ligne de mire, la priorité à la relation entre l’homme et son environnement

L’enjeu stratégique est d’ancrer le développement durable dans les pratiques de consommation et de production, de conservation des ressources naturelles et de la biodiversité, ainsi que d’« engranger » autour des progrès énergétiques. Outre les actions de sensibilisation et d’éducation à l’environnement qu’elle mène dans son champ de compétence « éducation et formation », elle doit s’engager avec les collectivités compétentes pour couvrir le domaine de l’habitat et de la construction et atteindre les ménages et les bailleurs (privés ou sociaux). Les progrès à faire pour atteindre les normes d’efficacité énergétique sur les bâtiments anciens (99% du parc) sont encore très importants.

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La Région doit favoriser et amplifier le dialogue entre tous les intervenants sur les espaces naturels dans les instances ad hoc de pilotage des schémas pour faire converger les visions complémentaires qu’ont les uns et les autres d’une seule et même logique qui les anime, à savoir la gestion des ressources naturelles respectueuse de la biodiversité. La Région doit veiller à la défense de nouveaux enjeux : déploiement de son expertise, ses études et conseils auprès des communautés de communes ou des communes pour accompagner les politiques locales de développement durable, de protection de l’environnement, d’aménagement des espaces, de gestion de la distribution d’eau (syndicats) et de la qualité de l’eau potable. Elle doit aussi s’assurer que le développement industriel ou l’implantation de nouvelles activités n’empiètent plus sur les terres agricoles et ne déséquilibrent pas l’espace et la biodiversité. Un chantier à part entière autour de la réutilisation de friches industrielles doit s’ouvrir. Il s’agit de déterminer dans quelles conditions et pour quel type d’activité ces friches peuvent être réutilisées avant l’exploitation de nouveaux espaces naturels. Cette réflexion doit impliquer l’ensemble des partenaires et notamment la Région au titre de sa compétence économique et environnementale. Elle doit également identifier des moyens de recherche pour améliorer la connaissance scientifique en matière de mesure de la biodiversité (observatoire régional de la biodiversité étoffé dans ses missions). A minima, le SRCE doit prévoir la création d’un lieu répertoriant et rassemblant les données en matière de biodiversité en lien avec les schémas d’urbanisme. Enfin, en termes de déplacements, tous les partenaires en charges des infrastructures doivent renforcer les moyens pour accroître l’éco mobilité, notamment la réalisation de pistes cyclables. 5 - L’amélioration de l’accès aux soins, un passage indispensable pour

rompre avec la pénurie La raréfaction des ressources dans le domaine des politiques de santé laisse à penser que la redéfinition des politiques sociales est une nécessité.

En réponse aux besoins cruciaux liés au déficit de professionnels de santé en région et à la situation socio-sanitaire préoccupante, la région ne peut « se

laisser vivre » en matière de santé et doit reprendre un pas d’avance et gagner en attractivité.

L’enjeu stratégique est de permettre un accès aux soins équilibré et de rompre avec la situation de pénurie régionale dans l’offre de soins. Dans les champs d’intervention qui sont les siens ou dans lesquels elle a souhaité s’investir en matière de santé et d’offre de soins, la Région doit prioriser le déploiement des nouvelles pratiques de la télémédecine et de la télésanté, en s’appuyant sur l’avance acquise grâce aux efforts consentis en matière de développement du numérique sur son territoire. Elle doit inciter à mettre en place ces technologies lors de la définition des conventions de partenariat pour installer des maisons médicales, mobiliser une partie de ses aides à la recherche sur ce secteur, pousser à la professionnalisation de tous les acteurs de la chaîne de prise en charge médicale et paramédicale sur ces nouvelles techniques. Par la présence des acteurs politiques locaux, représentants à l’Assemblée Nationale, la Haute-Normandie doit être en mesure de peser pour influer et faire évoluer favorablement la démographie médicale et paramédicale en région.

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Dans tous les cas de figure, le meilleur accès aux soins pour tous sera aussi facilité par une meilleure prévention qui diminue les risques de pathologies lourdes. Dans ce domaine, la Région doit utiliser les liens qu’elle a instaurés avec les entreprises au sein des contrats d’objectif de branches, publiques et privées, pour inciter à faire de la prévention et de la santé au travail une priorité. Sur les territoires, dans le cadre des représentations qu’elle occupe au sein des instances réunissant les acteurs de la formation ou dans le champ de l’éducation populaire, dans le cadre de ses relations avec les différentes collectivités, elle doit relayer ce message sur l’importance à agir sur les risques épidémiologiques avérés en Haute-Normandie et accompagner, au titre de ses différentes interventions, la prévention et l’éducation à la santé, notamment en direction des jeunes et des familles. 6 - Des flux migratoires inversés La caractéristique des flux migratoires en région jusqu’aux années 70-80 est la forte corrélation de sa croissance démographique avec les opportunités économiques impulsées de l’extérieur et non pas par la volonté des haut-normands eux-mêmes.

La prise en main de cette composante est donc difficile, mais un développement soutenu d’activités dans la région peut attirer des populations

d’autres régions avoisinantes, tout comme c’est déjà le cas pour les actifs de l’Ile de France.

L’enjeu stratégique est d’attirer des populations tout en gardant un équilibre sur le territoire entre jeunes, actifs, seniors et 3ème âge pour minimiser les conséquences négatives d’une trop forte spécificité de classes d’âge sur un territoire donné. L’attractivité des populations est, dans bien des cas, une résultante des actions qui seront entreprises dans les domaines précédemment cités : la couverture numérique en THD, les facilités d’accessibilité, les parcours de formation et l’insertion dans l’emploi, l’accès aux qualifications supérieures en région, le renforcement des activités nouvelles et innovantes porteuses d’emplois, la dynamique régionale au sein du projet Paris Seine Normandie, l’accès aux soins de qualité, le respect des espaces naturels et les pratiques partagées de développement durable… Des priorités sont toutefois identifiées pour la Haute-Normandie qui doit veiller plus particulièrement au renouvellement de main-d’œuvre dans certains secteurs, dans la mesure où les actifs de plus de 55 ans seront proportionnellement plus nombreux dès 2020. La cible est donc les jeunes et les politiques d’accompagnement social, notamment celles tournées plus spécifiquement vers les étudiants. Il ne s’agit pas de limiter la mobilité des jeunes, y compris ceux qui partent étudier ailleurs, cette démarche étant éminemment formatrice, mais bien d’inciter des jeunes à venir ou à revenir en région grâce aux actions entreprises pour faciliter les conditions de leur entrée dans la vie active. Il ne revient pas à la Région seule de les mettre en œuvre mais à tous les partenaires concernés selon les niveaux de formation ou selon le type d’aide envisagée (aide à caractère social, logement, culture, …). Elle doit néanmoins convaincre que l’attrait des jeunes est un facteur-clé pour l’avenir, indispensable pour conduire au dynamisme régional.

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Enfin, des offres de services aux populations susceptibles de s’implanter dans la région avec l’arrivée de nouvelles activités économiques ou le développement d’entreprises régionales doivent pouvoir être proposées dans le cadre de programmes concertés entre collectivités à l’échelle infra territoriale. 7 - Rayonnement culturel et tourisme comme vecteurs d’identité La culture et le tourisme sont les atouts d’un territoire. La Normandie fait partie des 3 ou 4 régions françaises identifiées dans le monde entier. Mais, les récentes études du CESER ont mis en lumière un constat paradoxal, celui d’une offre culturelle abondante et riche, d’acteurs impliqués, mais d’un manque de lisibilité de cette offre et des politiques. Elles ont pointé une absence de culture de réseau et d’un évènement d’envergure qui donnent un véritable sentiment d’appartenance construit dans la durée. Dans un cadre financier de plus en plus contraint, les choix opérés par les décideurs dans ce domaine sont d’autant plus cruciaux.

Il convient d’aller vers la conquête d’une identité territoriale porteuse de dynamisme et d’attractivité à la fois en matière culturelle et touristique.

L’enjeu stratégique est de faire évoluer rapidement la vision du dynamisme culturel et touristique comme un véritable outil d’aménagement du territoire. Le CESER renvoie à ses récents rapports sur la culture où, parmi les propositions déjà émises, on peut citer la création d’un observatoire des pratiques culturelles et d’un Comité Régional de la Culture, l’établissement d’un schéma régional de développement culturel avec un chef de file identifié et une stratégie commune d’intervention autour d’un axe stratégique clair. L’idée défendue est celle d’une vision « intégrée » de la culture comme une composante naturelle de chaque acte de la société qui imprègne les politiques de cohésion sociale, l’économie, l’aménagement du territoire, l’éducation, l’international, le handicap et l’accessibilité, le développement durable…, et comme élément d’attractivité au même titre qu’un service public. Cette vision présuppose de nouveaux modes de gouvernance, plus participatifs et un partenariat renouvelé entre Etat, collectivités et acteurs culturels, dans le cadre d’un fonctionnement décloisonné. Les acteurs doivent s’approprier une identité de territoire élargi en 2025 à l’échelle de l’axe Paris Seine Normandie, qui s’appuie sur les cohérences d’identités historiques, économiques, sociales et environnementales de Paris, Rouen, le Havre, Caen et Cherbourg, et qui tient compte de la proximité de la région parisienne très prégnante pour la fréquentation touristique de la région. C’est l’échelle à laquelle il faut consolider deux événements d’envergure nationale et internationale qui fonctionnent, en leur donnant un rythme lisible en alternance au moins tous les deux ans : d’une part l’Armada et l’identité de la mer, du fleuve, du voyage, et d’autre part Normandie Impressionniste et le lien entre les paysages, le développement industriel de la Seine, le chemin de fer. C’est aussi l’échelle à laquelle il faut valoriser la place des établissements culturels et d’éducation artistique régionaux (les musées, les conservatoires, les écoles d’arts…). Une offre complémentaire, notamment dans le domaine des enseignements artistiques supérieurs, attractive pour les franciliens doit être proposée à partir de l’évaluation préalable des points de saturation de ces structures en Ile de France. C’est enfin l’échelle à laquelle la Région doit consolider les réseaux des professionnels dans les différents secteurs (Réseau

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des Musiques Actuelles de Haute-Normandie, Pôles régionaux, musique, arts visuels). Les acteurs doivent aussi dépasser l’échelle territoriale de la Haute-Normandie afin de créer une ouverture internationale dans les créations, les diffusions, la communication : la Grande-Bretagne, voire les Etats-Unis, font partie intégrante de l’identité historique de la Normandie et permettraient de « vendre l’identité culturelle normande à l’étranger ». La recherche de lisibilité internationale doit enfin s’appuyer sur la poursuite des politiques de classement au patrimoine mondial de l’Unesco et des labels internationaux ainsi que sur la réflexion autour d’une « capitale européenne » de la culture en région. Enfin, pour accompagner une vision « intégrée » de la culture comme une composante naturelle de chaque acte de la société, il faut inciter les acteurs à s’ouvrir et à repenser la place du privé dans le financement de la culture en favorisant des stratégies de mécénat cohérentes (création de fondations territoriales), articulées sur les intérêts communs des entreprises (recherche d’image en interne ou de notoriété à l’externe) et de la région. Dans l’hypothèse où en 2025 la situation connue est celle du scenario S2, où seuls les territoires parviennent à se mobiliser pour développer une offre culturelle de proximité, l’enjeu a minima est de conjuguer les initiatives infrarégionales pour maintenir les positions actuelles en matière de pratique, de création, de fréquentation culturelle et touristique et de valorisation du patrimoine, sachant qu’il n’y a pas forcément de « réconciliation » à opérer entre le public et les arts. La Région doit alors mettre en œuvre les moyens pour conjuguer le développement culturel des territoires avec un projet culturel régional, inciter les professionnels à combiner l’offre culturelle et l’offre touristique (ce qui est facilité par le développement du THD), maintenir un évènement annuel fédérateur autour de la richesse aquatique et a minima consolider l’identité de l’Armada et de Normandie Impressionniste, développer des résidences d’écritures pour scénaristes ou des résidences d’artistes, notamment dans l’Eure, des villages animés le long de l’axe « Paris Seine Normandie » autour des jardins, des écrivains, de la culture industrielle de la vallée, en exploitant la thématique du développement durable. Les soutiens des différents financeurs doivent être maintenus pour conserver le niveau de nos établissements culturels et d’éducation artistique d’exception, mais ils devront être augmentés pour développer les pratiques amateurs qui contribuent à l’appétence pour la culture et sont un gage du dynamisme des initiatives locales sur les territoires. La Région doit enfin inciter au développement d’initiatives autour du couple « patrimoine historique» / « modernité ». Le patrimoine est un véhicule de modernité et la richesse de la région doit être un support lui permettant de prendre un temps d’avance. 8 - La gouvernance du développement durable Les différentes propositions ci-dessus évoquent largement le partenariat entre acteurs du développement du territoire, qu’ils soient publics ou privés, ainsi que le partenariat avec les acteurs en dehors du territoire.

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Cette question d’échelle territoriale et de gouvernance est au cœur de la réussite des initiatives qui seront prises pour aller « vers une Normandie

audacieuse et plus forte »

L’enjeu stratégique est de changer la culture de territoire pour positionner la Haute-Normandie dans un ensemble plus large (Paris Seine Normandie … et moi, … et lui, le francilien), et de faire converger et concorder dans le temps les moyens financiers de tous les acteurs, de convaincre que la région ne doit plus « attendre » ce qui ne viendra plus de l’extérieur… Si la Région n’a pas des moyens d’action dans tous les domaines, elle reste l’échelon territorial pertinent pour impulser les choix prioritaires, décider les acteurs à adopter un plan stratégique de développement, à adhérer et à se mettre en mouvement. Elle le sera probablement encore davantage par la place qui lui sera dévolue à l’issue du nouvel acte de décentralisation en chantier. Aussi la prospective 2025 proposée doit reposer sur les moyens d’actions spécifiques qui sont ceux des schémas de développement dans tous les domaines concernés auxquels la Région participe, qu’ils en soient au stade de la définition ou de la mise en œuvre. Leur infléchissement peut intervenir en cours de réalisation, dès lors qu’ils peuvent être évalués. Elle doit ainsi développer et valoriser sa participation à des réflexions sur la mise en place et la redéfinition à venir de schémas (voire de nouvelles compétences issues du nouvel acte de la décentralisation) - SCORAN5, SRIT6, aménagement du territoire, SRCAE, SRCE, éolien…, - saisir les opportunités des « révisions» de politiques contractuelles à venir – programmes européens, C8, CPER, contrats de territoires, Contrat 276… De même que chaque acteur doit être en capacité d’évaluer ses propres politiques d’intervention, avec des moyens dédiés et précisés dès la définition d’une intervention ou d’un engagement contractuel, la question de l’élargissement de l’évaluation des politiques publiques aux différents schémas régionaux est incontournable. Elle requiert une animation régulière par le chef de file ou par la Région qui peut s’emparer de cette prérogative. Le croisement d’analyse de tous les intervenants à un schéma redouble son efficacité puisqu’elle donne lieu à des constats partagés par les acteurs. L’anticipation, les ambitions et les choix à opérer en sont d’autant plus facilement partagés eux aussi. Les différents acteurs doivent saisir toutes les opportunités et préconisations qui sortiront des études du CESER à l’horizon de fin 2013 : le numérique en région, le projet Paris Seine Normandie, les flux portuaires, le PRES, le tertiaire supérieur, l’éducation populaire, l’illettrisme. La Région doit par ailleurs pousser à faire partager des nouveaux indicateurs de mesure de la richesse régionale, complémentaires à celui du PIB en incluant les deux autres piliers du développement durable que sont le social et l’environnemental pour faire prendre toute son importance à la mesure de la qualité de vie sur le territoire lorsqu’il est question de qualifier la croissance régionale. Il s’agit notamment de l’indicateur de développement humain IDH, utilisé depuis les années 1990 par le Programme des Nations Unies pour le Développement, qui établit une moyenne de trois indicateurs reflétant le niveau de vie, l’éducation et la santé. Une adaptation des données sources permet aussi

5 SCORAN : Stratégie de Cohérence Régionale d’Aménagement Numérique en Haute-Normandie 6 SRIT : Schéma Régional des Infrastructures et des Transports

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de comparer les territoires infrarégionaux entre eux avec cette vision élargie de la « richesse », et montre que la région arrive au 18ème rang sur les 22 régions alors qu’elle se situe au 6ème rang pour le PIB par habitant en 20087. Enfin, l’ensemble des acteurs locaux doit assurer l’association en amont des populations au déploiement de projets de territoires régionaux qui est souvent gage de réussite. Dans l’hypothèse où en 2025 la situation connue est celle du scenario S2, où la gouvernance se situe plutôt au niveau des territoires métropolitains, des agglomérations, des bassins de vie, l’enjeu a minima est de réussir à agir de « concert entre acteurs » du territoire pour limiter son appauvrissement et « maintenir sa position relative ». Dans ce contexte, il convient de miser sur un « leadership régional » pour conduire quelques projets de grande ampleur qui nécessiteraient de mutualiser les ambitions. La collectivité régionale doit montrer une volonté accrue. Par ailleurs, « le chef de filât » unique est souvent posé comme un postulat. Mais il doit tenir compte pour la réussite des projets des différents acteurs concernés et de leurs échéances, qui ne sont pas forcément les mêmes. Le recul pour assurer une vision globale est néanmoins nécessaire à l’échelle régionale et c’est ce rôle a minima qui doit être investi par la collectivité.

7 Réf : ARF Janvier 2012 - Conseil Régional Nord–Pas de Calais « Développement durable : la révolution des nouveaux indicateurs »

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 26

ANNEXE : TABLEAU CROISANT LES HYPOTHESES PAR VARIABLE

Variables Sous-variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Politique

générale

régionale

Concurrence des

territoires et règle

du chacun pour

soi

Gouvernance des

villes et

coopérations de

proximité

Pouvoirs publics forts et coopérations

régionales à l’échelle européenne

Accessibilité

matérielle

Accessibilité

dégradée et

mobilité réduite

Accessibilité

difficile faute de

réalisation des

grands projets

Accessibilité

améliorée et

multimodalité.

Flux innervant le

territoire

Mobilité optimale,

multimodalité

réussie.

Flux irrigant tout

le territoire Transports et

accessibilité

régionale

Accessibilité

immatérielle

Territoire non

couvert par le

haut débit HD

Inégalités

territoriales des

couvertures en HD

et THD

Equipement et

usage du THD

répandus sur tour

le territoire

Avantage du THD

et spécialisation

régionale dans les

e-services

ECONOMIQUE

Réduction des

échanges.

Poursuite désin-

dustrialisations

/délocalisations

Désindustrialisation

et économie

régionale

traditionnelle en

souffrance

Mutation des

secteurs

traditionnels vers

des activités en

émergence

Réidustrialisation.

Développement

des secteurs clés

porteurs.

Attractivité

internationale

SOCIAL

Insertion Flux

Insertion difficile.

Précarisation et

fuite de la main

d’œuvre qualifiée

Insertion difficile et

fuite des jeunes

diplômés

Attractivité du

territoire pour les

actifs des régions

voisines

Flux entrant de

main-d’oeuvre

SOCIAL

Formation

Recherche

Innovation

Retards creusés

et recul

attractivité du

supérieur

Rattrapage des

retards en

formation et

recherche

Attractivité renforcée de l’offre de

formation /recherche. Elévation des

niveaux

SOCIAL

Offre de soins

Situation sanitaire

dégradée.

Aggravation des

inégalités d’accès

aux soins

retards régionaux

importants se

creusent

Retards en cours de

rattrapage, baisse

des inégalités

d’accès aux soins.

E-médecine

Prévention

généralisée. Recul

des pathologies

lourdes régionales

Développement

durable

ENVIRONNE-

MENTAL

Energies

Environnent

Climat Risques

Repli sur habitudes

de consommation

énergétique,

cloisonnement

milieux naturels

Emergence d’une

croissance verte,

pas de restauration

des équilibres des

écosystèmes

Innovation favorise

la croissance verte.

Biodiversité

améliorée.

Le durable est

ancré dans les

modes de consom-

mation et les

process industriels

Rayonnement

culturel

Rayonnement

culturel en déclin

Initiatives portées

par les territoires

pour les publics de

proximité

Identité du territoire et attractivité

culturelle renforcée

La spirale

du déclin

Affaiblissement

de la Haute-

Normandie

Vers une Normandie

audacieuse et plus forte !

La Normandie dans un

contexte euphorique

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Déclarations des groupes

Octobre 2012 27

Déclarations des groupes

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 28

DÉCLARATION DE MESSIEURS PATRICK BARBOSA ET FRÉDÉRIC

MALVAUD

AU TITRE DES ASSOCIATIONS AGRÉÉS POUR LA PROTECTION DE LA

NATURE ET DE L’ENVIRONNEMENT AYANT UN CHAMP D’ACTION

DÉPARTEMENTAL OU RÉGIONAL SUR LE PROJET D’AVIS

« QUEL DESTIN POUR LA HAUTE-NORMANDIE EN 2025 ? »

Si le projet d’avis compte seize pages, nous nous contenterons de réagir au contenu des pages 5 et 6, qui symbolisent la philosophie du document. On commence par nous dire que l’EPR de Penly doit « générer des retombées économiques ». Effectivement, les sites nucléaires génèrent des retombées. On le sait bien à Fukushima et à Tchernobyl ; l’ennui est que ces retombées ne sont pas vraiment économiques. Mais le plus problématique dans ce texte, on le trouve à la ligne 31 de la page 5 où on lit : « L’enjeu stratégique est d’importer et d’exporter des flux de marchandises». Ainsi, on accompagne une politique de fuite en avant dans la circulation folle des marchandises, politique qui a pour conséquence une surexploitation de la planète, avec surtout l’enrichissement des plus riches, qui est en fait le vrai objectif, l’enjeu caché au moment où le véritable enjeu serait de relocaliser l’économie pour la mettre au service de tous. Et on continue dans la logique en écrivant quelques paragraphes plus loin : « Il s’agit de pouvoir faire entrer et sortir des flux justifiant des infrastructures qui devront alors être priorisées ». La boucle est bouclée, on passe d’une politique soit disant d’aménagement du territoire pour faire en réalité une politique de « déménagement » du territoire, avec des infrastructures destructrices de l’environnement. La suite est effectivement cohérente lorsque l’on met en valeur « une offre de services tertiaires, la LNPN en construction, le contournement Est de Rouen, le développement de l’aéroport de Deauville et la facilité d’accès accrue à Roissy ». Ainsi, ce serait cela le destin de la Haute-Normandie en 2025, rouler droit dans le mur en appuyant le plus fort possible sur l’accélérateur ? On peut ainsi garder le D et le D, mais ce ne sera pas pour Développement Durable, mais bien pour Destruction Durable. La Haute-Normandie mérite mieux que ce destin, qui du reste n’est pas un destin, mais bien un choix délibéré que nous désapprouvons. En conséquence, nous voterons contre ce projet d’avis.

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Déclarations des groupes

Octobre 2012 29

DÉCLARATION DE MADAME KATIA PLANQUOIS AU TITRE DE L’UNION

RÉGIONALE DES SYNDICATS CFDT DE HAUTE-NORMANDIE SUR LE

PROJET D’AVIS

« QUEL DESTIN POUR LA HAUTE-NORMANDIE EN 2025 ? »

A LA CFDT Haute-Normandie, nous avons fait le choix de créer une commission prospective car nous trouvons essentiel de savoir anticiper pour ne pas subir, nous faisons les mêmes préconisations que ce projet d’avis et nous avons défini des priorités et des axes de travail, et notre première priorité reste la réindustrialisation de notre région en intégrant la qualité environnementale et nous pensons que le développement économique autour de l’Axe Seine sera au service de cette priorité. Nous devons veiller à ne pas laisser la recherche et le développement se délocaliser. A la CFDT nous pensons également que la relance économique de notre région, ne se fera pas sans dialogue social, les salariés des entreprises ont des propositions à faire dans ce sens et la CFDT renouvelle sa demande d’avoir une place dans les pôles de compétitivité et de participer et pas seulement d’être consulter dans les différents endroits où l’on définit les stratégies industrielles.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 30

DÉCLARATION DE MONSIEUR ALAIN GERBEAUD AU TITRE DU COMITE

RÉGIONAL

CGT DE NORMANDIE SUR LE PROJET D’AVIS

« QUEL DESTIN POUR LA HAUTE-NORMANDIE EN 2025 ? »

L’avenir ne se prévoit pas, il se prépare. Fondée sur des valeurs humanistes, la prospective territoriale a pour ambition d’explorer et d’interroger collectivement le futur des territoires. Elle ne cherche pas à prédire l’avenir mais à le préparer, en offrant une place, des marques et des responsabilités à ceux qui habitent en territoire. Cette actualisation de l’étude prospective de 2004 « quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ? » a été réalisée dans un contexte de crise de nos modèles (financiers, économiques et de gouvernances) avec des répercutions en région et en particulier sur la dégradation de l’emploi. Préparer l’avenir c’est corriger ce qui a conduit à cette situation et d’apporter collectivement des propositions afin d’y remédier. Le scénario S3 retient plus particulièrement notre attention et apparaît réalisable, à la condition que tous les acteurs de notre région s’en saisissent. Si nous voulons « une Normandie audacieuse et plus forte » il faudra aller la chercher en y associant sans discrimination les acteurs politiques, économiques, sociaux et environnementaux. Le rapport repris dans l’avis développe des préconisations pour notre région en ayant conscience qu’il ne faut pas attendre une reprise mais agir dés maintenant. La Région se doit d’anticiper et d’accélérer son action dans les secteurs qui sont de ses compétences et même au delà. Les hésitations sur certains grands projets et l’acte 3 de la décentralisation ne favorisent pas la visibilité et ralentissent les prises de décision. La réindustrialisassions de la région doit être au cœur d’une « Normandie audacieuse et plus forte ». Cela ne doit pas être un slogan mais se concrétiser par des investissements, des emplois et du progrès social. Comment faire adhérer les Hauts Normands à cette ambition si comme cela a été le cas ces dernières années les suppressions d’emplois et les fermetures de site de production se poursuivent ?

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Déclarations des groupes

Octobre 2012 31

Nous ne commenterons pas l’avis ligne par ligne, il reflète dans son ensemble les débats que nous avons eus dans la section. Si nous avions une tête de chapitre de l’avis à reprendre ce serait « L’humain, pilier du progrès et de la croissance » (page 7) Ce rapport a le mérite de porter au débat l’avenir de notre territoire, nous adhérons à cette démarche. Le Groupe CGT émettra un avis favorable. Nous remercions tous ceux qui on contribué à ce rapport et en particulier la présidente, le rapporteur et la chargée de mission.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 32

DÉCLARATION DE MONSIEUR ALAIN GOUSSAULT AU TTRE DE L’UNION

RÉGIONALE DES ENTREPRISES D’INSERTION DE HAUTE-NORMANDIE

SUR LE PROJET D’AVIS

« QUEL DESTIN POUR LA HAUTE-NORMANDIE EN 2025 ? »

Je tiens ,tout d’abord, à souligner la qualité du raport et de l’Avis qui viennent de nous être présentés. Le 2éme chapitre des préconisations de cet Avis a pour titre : « L’Humain, pilier du progrés et de la croissance ».Il propose à la Région d’engager des actions fortes en terme d’insertion, de formation et de recherche. Au-delà de ces préconisations que je partage, je voudrais attirer votre attention sur le fait que l’Humain est une ressource éssentielle pour l’ensemble des chapitres suivants concernant le développement économique,l’environnement, la santé et la culture,car Pilier du progrés et de la croissance dans tous ces domaines Le rapport sur l’éducation populaires apportera sa contribution pour rappeler la nécessité d’activer, dans tous ces domaines des dynamiques d’éducation populaire pour permettre aux hauts-normands d’apporter, eux aussi, leur contribution à la question : Quel destin pour la Haute Normandie en 2015 ? Dans le champs de l’économie sociale et solidaire, je suis témoin de la capacité « d’innovation sociale » des citoyens quand on mobilise leur capital humain et social pour œuvrer à l’accés de tous aux droits de tous par la mobilisation de tous. De ce fait, je ne peux que partager la demande formulée dans le dernier chapître de cet Avis invitant la Région à mesurer l’évolution de la richesse de la Haute Normandie par les indicateurs du Développement Humain(IDH),complémentairement à celui du Produit Intérieur Brut(PIB). Le CESER doit non seulement inviter la Région, mais il doit être actif pour que l’IDH devienne une mesure de la croissance régionale. Pour ce faire, d’une part je réitére ma proposition que le CESER organise une conférence sur les nouveaux indicateurs de richesse pour sensibiliser et informer les menbres du CESER, les élus régionaux et les responsables administratifs de la Région. D’autre part, le CESER doit faires des propositions concrétes à la Région pour qu’elle engage, à l’exemple de la Région Nord Pas de Calais et Pays de Loire, la démarche de construction d’indicateurs de Développement Humain pour mesurer la croissance régionale Nous ne devons pas seulement être force de propositions, mais être pro-actif sur cette question.

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Déclarations des groupes

Octobre 2012 33

DÉCLARATION DE MONSIEUR DIDIER PATTE AU TITRE DES

PERSONNALITÉS QUALIFIÉES SUR LE PROJET D’AVIS

« QUEL DESTIN POUR LA HAUTE-NORMANDIE EN 2025 ? »

Monsieur le Président, Je ne voterai pas ce projet d’avis. Pour deux raisons : L’une, fondamentale, et que j’ai déjà exprimée dans cette enceinte…. L’autre en raison de son inopportunité. 1. Je ne voterai jamais un avis partant du présupposé du maintien de la division

normande. Soit que l’exercice en soit vain si les décennies à venir voit se réaliser la réunification de la Normandie. Soit que la division normande perdure et, dans ce cas, le destin de la Normandie est compromis et on ne fait que tirer des plans sur la comète.

2. Cette étude est inopportune –et ce n’est pas la faute des membres de la 6ème

commission et de la section. En effet, depuis quelques mois, la stratégie développée par la Région est obscure, inaudible, incohérente.

La remise en cause, plus ou moins masquée, du développement de l’Axe Seine et de son projet structurant de la Ligne Nouvelle Paris Normandie, n’aboutit en réalité, qu’à une perspective de développement anémiée au fil de l’eau. Je ne crois pas que le destin des rats crevés soit une perspective structurante. Je regrette que le travail –remarquable en demeurant- de nos collègues, avec les différents scénarii évoqués soit ainsi annihilé. Il méritait mieux. Je voterai contre ce texte, dont les prémisses sont ainsi faussés et frelatés.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 34

DÉCLARATION DE MONSIEUR JACQUES BRIFAULT AU TITRE DES

PERSONNALITÉS QUALIFÉES SUR LE PROJET D’AVIS

« QUEL DESTIN POUR LA HAUTE-NORMANDIE EN 2025 ? »

Mr le Président, Je tiens à saluer le formidable travail qui a été réalisé et je voudrais insister sur deux des conditions de la réussite des 2 scenarii présentés. La première est la puissance de l'innovation et de la recherche dans les filières pour permettre le développement des projets porteurs et différenciant, d'où la nécessité d'un PRES Normand qui serait en quelque sorte la vitrine de cette puissance innovante. Je parle bien d'un PRES vitrine. La deuxième est le développement de la mobilité. Tant de projet sont inscrit dans cette thématique ! La Région doit se doter des moyens lui permettant de ne pas risquer le déclin en la matière. Le gros risque est une Région prudente qui aurait insuffisamment anticipé le retour de la stabilité et de la croissance même si cela se produit d'ici à 10 ans. En l'occurrence, le bon choix dont a parlé la Présidente de la Section ne serait sûrement pas la prudence...

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Déclarations des groupes

Octobre 2012 35

DÉCLARATION DE MONSIEUR DANIEL MARIE AU TITRE DE L’UNION

SYNDICALE SOLIDAIRE DE HAUTE-NORMANDIE SUR LE PROJET D’AVIS

« QUEL DESTIN POUR LA HAUTE-NORMANDIE EN 2025 ? »

Nous respectons le bon travail qui a été effectué, on y voit une grande difficulté à s'extraire du matraquage à pousser certains projets et mettre en avant certaines choses sur la région. Je rejoins l'analyse en partie de mes amis environnementalistes et je ne voterai pas cet avis.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 36

DÉCLARATION DE MONSIEUR PATRICK DEVIS AU TITRE DES UNIONS

DÉPARTEMENTALES DES SYNDICATS FORCE OUVRIERE DE LA SEINE-

MARITIME ET DE L’EURE SUR LE PROJET D’AVIS

« QUEL DESTIN POUR LA HAUTE-NORMANDIE EN 2025 ? »

Dans un contexte de crise financière, il faut plus que jamais regarder le présent, sans concession et savoir utiliser ces observations. Chercher les chemins du possible ? C’est faire de la prospective. Certes, mais ce peut être insuffisant…. Il faut oser les solutions de l’impossible, oser le dépassement, en un mot, il faut oser l’avenir ! Ne jamais perdre de vue que l’économie doit être au service de l’homme et non l’inverse. Il est grand temps de remettre l’humain au cœur de l’avenir de la Haute-Normandie, d’affirmer ses valeurs, notre attachement au progrès et à la justice sociale. Cet avis reflète nos longs débats en section prospective. En conclusion, Force Ouvrière, votera ce projet d’avis.

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Déclarations des groupes

Octobre 2012 37

DÉCLARATION DE MONSIEUR DOMINIQUE PIEROTTI AU TITRE DU

MEDEF ET DES BRANCHES PROFESSIONNELLES DU SECTEUR

INDUSTRIEL (UIMM, UIC/ARNIP, UFIP) SUR LE PROJET D’AVIS

« QUEL DESTIN POUR LA HAUTE-NORMANDIE EN 2025 ? »

Je reviens sur ce qui a été dit tout à l'heure par certains de nos collègues, à propos d'un retour à une économie qui serait ce que j'appellerais une « économie de voisinage ». Pour moi, c'est un repli complet sur une forme d'autarcie à une époque où on a une crise majeure de l'emploi en France et en Europe, ce sont des pans entiers d'activité qui disparaîtraient si on arrivait à ce genre de société rivée par certains de nos collègues. Je suis très inquiet qu'il y ait des gens encore qui pensent qu'on puisse vivre de cette façon-là avec un circuit court d'une manière généralisée. Bien sûr, que pour certains circuits courts de produits, produits de la terre notamment, il y a des tas de démarches très intéressantes, mais ramener une économie générale et mondiale à ce type de société, attendez, on marche sur la tête ! Je ne peux pas m'empêcher d'intervenir là-dessus, parce que je suis très inquiet qu'il y ait des gens qui pensent encore comme cela.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 38

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Rapport

Octobre 2012 39

Rapport

Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 40

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Avant propos

Octobre 2012 41

Avant propos

C’est une véritable gageure de persister dans une entreprise de réflexion prospective. C’est avant tout un exercice intellectuel qui ne doit pas tenir compte de tout ce qui est organisé, convenu, radical ou modélisé. Avec le temps, l’entrainement acquis lors les précédents travaux, la section s’y est livré avec enthousiasme.

Comment sentir ce qui s’est passé, ce qui se passe et ce qui pourrait se passer ? Comment séparer notre histoire régionale de celle des autres ? Comment prendre de la hauteur, du recul, de la distance ? Comment changer notre regard ? Comment ne pas se laisser emporter par l’immédiat ou le quotidien ?

Dans un monde où tout va de plus en plus vite, nos interprétations, nos conclusions, notre jugement ont tendance à aller vers une simplification alors qu’il peut y avoir plusieurs interprétations possibles, même celles qui sont complexes et celles que l’on n’apprécie pas. Nous avons tenté de prendre du recul pour ouvrir des possibilités et notre horizon afin de ne pas être surpris pour moins subir.

Ces travaux ont été menés dans le contexte particulièrement instable d’une crise systémique à plusieurs épisodes, d’une campagne électorale nationale et d’une réforme territoriale annoncée.

Cette crise a clairement mis en évidence un problème essentiel qui se pose pour la survie du projet européen lui-même: "qui dicte les lois et qui a le dernier mot?" La société civile européenne a clairement compris le risque que ce ne soit plus les gouvernements élus qui aient le contrôle de la situation, mais des entités non élues qui se substituent à eux. Ainsi, il existe une menace non seulement pour la légitimité des gouvernements, mais aussi pour la survie du processus démocratique.

Avec cette conjoncture en toile de fond, la section prospective s’est astreinte à repérer et à afficher quelles ambitions peuvent porter les acteurs, au premier rang desquels la Région, pour être, à l’horizon 2025, à la hauteur des enjeux du dynamisme territorial défini comme le développement du territoire équilibré et respectueux de la qualité de vie.

C’est au travers de documents stratégiques dont dispose déjà la collectivité régionale, de l’élaboration de différents schémas auxquels elle participe sur nombre de ses compétences propres et dans des domaines de compétences partagées qu’elle peut dégager les moyens d’action qui nécessiteront d’infléchir, le cas échéant, le déroulement de certains schémas ou de peser sur les orientations en cours d’élaboration.

Les différents travaux menés dans le cadre des avis rendus précédemment, notamment sur « les infrastructures », sur « la cohérence de l’aménagement des territoires », sur « la mobilité généralisée en 2050 », sur « les enjeux de la LNPN », ont été d’un apport précieux. Mais c’est surtout l’expertise interne, la pertinence des réflexions des membres de la section et les apports des personnalités extérieures qui se sont avérés essentiels.

Plus qu’un exercice d’actualisation des rapports de 2004 et 2006, la section prospective propose dans ce rapport une refonte dans l’approche de la question « quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ? ».

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 42

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Introduction

Octobre 2012 43

Introduction

CADRAGE DE L’ETUDE I - Le temps d’un nouvel exercice prospectif II - Le cahier des charges LES CHOIX METHODOLOGIQUES I - La redéfinition du système étudié II - Phase I : prospective exploratoire III - Phase II : prospective stratégique SCHEMA METHODOLOGIQUE RESUME

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 44

CADRAGE DE L’ETUDE La commission du CESER en charge de la prospective a réalisé en 2004 une étude prospective du positionnement géostratégique de la Haute-Normandie intitulée « Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ? », dans le cadre d’une auto saisine sur l’attractivité de la Haute-Normandie. Le scenario dit du « dynamisme conquérant »8 avait été retenu comme le plus souhaitable, proposant des objectifs ambitieux à long terme mais néanmoins accessibles par une volonté forte et permanente de tous les acteurs de la vie régionale. Les propositions du CESER consistaient à identifier les conditions de réalisation de ce scenario, ainsi que les écueils à éviter pour limiter les conséquences négatives des autres scenarii. Ces propositions ont été actualisées une première fois en 2006 pour 2 raisons :

• il était pressenti des signes d’évolution suffisamment significatifs et favorables sur la majorité des variables étudiées en 2004, ce qui s’est avéré à l’examen malgré le faible recul. Toutefois, des points de nécessaire vigilance sont apparus en matière d’accessibilité régionale dégradée et de démographie critique en raison de flux migratoires défavorables.

• les coopérations s’étaient intensifiées à une large échelle, européenne (Manche-Mer du Nord –Baltique et au sein de l’espace Arc Manche), entre les deux Conseils régionaux ; la gouvernance avait progressé avec les différents schémas élaborés par la Région, les coopérations dans le cadre du « 276 », l’essor des Pays et des intercommunalités.

Avec le SRADT qui allait voir le jour fin 2006, les conditions étaient réunies pour aller vers un projet régional qui serait partagé du fait de la large consultation lancée. La région était en mesure de s’acheminer d’un scenario tendanciel «Au fil de l’eau », vers des scenarios plus ambitieux pour le territoire haut-normand : scenario de «l’Audace raisonnée», en étape intermédiaire, la cible à l’horizon 2025 étant plus que jamais celle du «Dynamisme conquérant».

8 Résumé du scenario « dynamisme conquérant » de 2004 : Le présent 2025 haut-normand le plus favorable s’élaborera à partir d’une vision à long terme, par la volonté, la gouvernance, l’innovation et l’esprit de réseau Les facteurs déterminants du « dynamisme conquérant » sont l’ouverture stratégique et le développement durable, avec deux étapes-clés: d’une part, la mise en place d’une réflexion stratégique globale sur le long terme; d’autre part, la transformation de l’outil Port 2000 en un projet d’aménagement et de développement régional. Ce scenario recoupe des éléments de la situation régionale en 2004 : début d’ouverture stratégique sur l’Arc Manche, examen des opportunités de rapprochement entre Haute et Basse-Normandie et ouverture sur les deux départements 76 et 27 ; mise en œuvre de Port 2000 et réflexion sur la logistique ; amorce d’un projet régional articulé sur les pays et les agglomérations ; souci du rayonnement régional et du développement durable avec la mise en œuvre de l’Agenda 21 au niveau régional ; aspiration des acteurs économiques et sociaux à la définition d’un projet régional global et partagé.

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Introduction

Octobre 2012 45

I - Le temps d’un nouvel exercice prospectif La courte période 2004-2011 a été jalonnée de faits marquants qui impactent l’avenir de la région. Ils nécessitent de se pencher à nouveau sur les hypothèses d’une prise en main de son « destin en 2025 » et sur les capacités à la disposition des acteurs régionaux, compte tenu des variables influençant la position géostratégique de la Haute-Normandie actuellement. Le temps d’un nouvel exercice prospectif est venu. La période 2004-2011 s’est caractérisée par une gouvernance renouvelée :

• la mise en œuvre de la stratégie d’aménagement et de développement pour la Haute-Normandie à l’horizon 2015, décidée en 2006 dans le cadre du SRADT ;

• le poids des orientations définissant les négociations des différents contrats passés par la collectivité régionale en son nom, ou en tant que chef de file, avec ses partenaires (l’État, Union Européenne) ou avec l’ensemble des territoires (Départements 276, pays, agglomérations, régions voisines, Basse-Normandie ou régions du bassin parisien…) et dont certains viennent bientôt à échéance ;

• des schémas opérationnels déclinés à partir des objectifs stratégiques du SRADT et renouvelés pour certains dans un cadre partenarial rénové très récemment (SRDE puis CRDE, PRDF puis CPRDF, éolien, déplacements, infrastructures et transports) ;

• l’émergence du projet Paris Seine Normandie d’envergure nationale et internationale,

mais aussi par des éléments de contexte impactant les politiques publiques et la situation des agents économiques :

• un contexte de crise économique majeure qui, s’il n’est pas propre à la Haute-Normandie, affecte différemment chaque territoire selon les spécificités propres de ses caractéristiques économiques, sociales, démographiques, culturelles…

• enfin un contexte institutionnel caractérisé par des incertitudes liées aux réformes de l’organisation institutionnelle territoriale et à une nouvelle répartition possible des compétences.

L’année 2011 est donc apparue propice à une actualisation de l’exercice prospectif de 2004. Il s’agit de réexaminer les hypothèses d’évolutions des variables d’influence du « dynamisme territorial régional » par rapport à ces récentes évolutions et de balayer de nouveau les enjeux et défis à relever. Cet exercice intervient également au moment où les grandes orientations et les axes de la stratégie de développement du territoire vont devoir être réinterrogés, à l’aube d’une nouvelle période de contractualisation européenne, nationale et infrarégionale empreinte elle-même des effets de la nouvelle donne économique internationale. Cet exercice porte les grandes interrogations qui sont celles de la société civile même si le consensus sur la vision d’avenir du territoire n’est pas chose acquise. Il contribue à apporter des éclairages et à attirer l’attention sur la vigilance à avoir sur certains sujets dont les points de rupture peuvent entraîner des « avenirs » différents.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 46

II - Le cahier des charges9 Avec un horizon temporel inchangé, 2025, l’exercice consiste à actualiser les propositions de 2004 :

o en se livrant à un nouvel exercice de prospective exploratoire, autour d’un système dont les variables sont repositionnées, quant à leur degré d’influence et enrichies par de nouvelles occurrences ;

o en identifiant les principaux traits d’un scenario réaliste, atteignable en 2025, qui affirme au mieux dans le contexte qui l’entoure les potentialités de développement du territoire équilibré et respectueux de la qualité de vie ;

o en l’accompagnant d’une prospective stratégique visant à asseoir les préconisations sur les axes opérationnels ou contractuels d’intervention de la Région.

LES CHOIX METHODOLOGIQUES

I - La redéfinition du système étudié Le système étudié- la position géostratégique de la région à l’horizon 2025 - est sous l’influence de variables qui en constituent la base prospective. La construction de la base prospective, consistant à déterminer le système étudié et à repérer les variables clés, a été réalisée en 2004. Mais, il est apparu essentiel de redéfinir cette base dans le contexte de 2012 pour l’enrichir et pour en identifier les « variables clés ». I.1. – Le positionnement des variables de 2004 Les variables identifiées en 2004 sont réinterrogées quant à leur niveau d’impact et leur degré d’incertitude à l’horizon 2025 sur la position géostratégique de la Haute-Normandie. Lorsque l’impact est moyen à fort et l’incertitude sur leur évolution moyenne à élevée (en orange sur le schéma) ou lorsque l’impact et l’incertitude sont élevés (en rouge), les hypothèses d’évolutions seront contrastées et pourront donner lieu à des scenarii différenciés.

Impact sur la position géostratégique de la Haute-Normandie

fort Rupture critique

moyen

Tendance lourde

Incertitude majeure

faible Toile de fond secondaire Germe de changement

faible moyenne élevée Incertitude sur leur évolution

9 Le cahier des charges de l’étude validé par le Bureau du CESER le 24 mai 2011 est annexé au présent document.

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Introduction

Octobre 2012 47

II.2. – Le « système à étudier » en 2012 des sous variables

ou sont identifiées le cas échéant, reclassées. de nouvelles variables

Le système à étudier tel qu’il apparaît en 2012 est redéfini

(Modèle de schéma : travaux de N. Bassaler, consultante experte en prospective, conseillère scientifique à Futuribles et F. Bourse, directeur d’études au GERPA-groupe d’études ressources

prospective aménagement- et enseignant chercheur au Lipsor(CNAM) Les « variables clés de 2012 » sont identifiées. Après positionnement des nouvelles variables selon le même principe d’incertitude et d’impact, celles qui portent en elles des incertitudes majeures ou qui jouent le plus grand rôle sont mises en évidence.

II - Phase I: prospective exploratoire ���� Il s’agit de répondre aux deux questions suivantes : Où en est-on ? Que peut-il advenir ? II.1. – Analyse dynamique de chaque variable10 Une « fiche variable » permet de définir la variable, d’en donner les indicateurs de mesure pertinents. Elle caractérise ensuite la situation actuelle de la variable à partir d’une analyse rétrospective. Cette phase permet de dresser le constat sur l’évolution de la variable, notamment entre 2004 et 2012.

10 Ce corpus d’hypothèses a été bâti à la suite de l’audition par la section d’un ensemble d’experts choisis en fonction de leur domaine d’exercice et de compétences et de l’éclairage dont la section avait le plus besoin sur telle ou telle variable. Le recueil des avis des experts auditionnés a porté sur leur appréhension de l’évolution des variables et leur projection à 2025. La liste des personnes auditionnées est jointe en annexe.

Environnement global

Eco système – Système intermédiaire

La position géostratégique de la

région en 2025

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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La grille de questionnement pour fabriquer les hypothèses, ou « filtre à hypothèses » :

� Ces évolutions ont-elles été subies ou voulues ? La réponse à cette question indique ou valide s’il y a des leviers d’action sur les variables. La référence aux propositions émises en 2004 et en 2006 et leur comparaison a servi, dans ce questionnement, pour évaluer en quoi les évolutions étaient le résultat d’une action.

� Que peut-il advenir en 2025 ? Comment peut évoluer la variable ? La réponse à cette question permet d’identifier les principaux éléments de rupture propres à la variable en fonction de l’analyse rétrospective et des tendances fortes qui s’en dégagent.

� Quelles hypothèses « probables » doit-on formuler en 2012 pour 2025 ? La réponse à cette question permet de dresser une grille d’hypothèses d’évolutions pour chaque variable. La section a « interrogé » chacune des variables à l’aide d’un questionnement autour de 2 axes discriminants : o l’intensité de la « qualité de vie », dont le bien-être est une des

composantes, o l’intensité du dynamisme du territoire. Dans chacun des quadrants, le croisement de ces 2 critères s’apprécie : o du point de vue de l’individu o du point de vue collectif

Décroissance éco croissance éco Cocooning – entre soi Attractivité

Immobilisme Le collectif Dynamisme

L’individu Récession tyrannie des marchés

Fuite – répulsion consumérisme

Qual

ité

de

vie

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Introduction

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Ce questionnement aboutit à des hypothèses qui collent autant que faire se peut à la réalité régionale pour garder comme objectif de corriger les retards ou les manques de la Haute-Normandie, a minima de réduire les déséquilibres actuels et de proposer des options ambitieuses pour un dynamisme et une qualité de vie pour tous sur tout le territoire. II.2. – Les futurs possibles en 2025 Les hypothèses d’évolutions de chacune des variables ont été croisées et ont alimenté la construction de quatre scenarii. Deux d’entre eux ont été retenus en raison de leur caractère probable ou souhaitable en 2025. Les principaux enjeux ou les points de rupture qu’ils comportent sont identifiés de même que le degré de marge de manœuvre, pour servir d’appui à la phase de prospective stratégique qui suit.

III - Phase II : prospective stratégique ���� Il s’agit de répondre à la question : Que puis-je faire ? …pour suivre le chemin « possible » pour 2025 du destin souhaitable pour la Haute-Normandie. La prolongation de l’étude en 2012 vise à formuler des propositions ou préconisations ou pistes d’action pour la Région, pour atteindre le scenario choisi, avec une approche opérationnelle des actions à mettre en œuvre.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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La position géostratégique de la région en 2025

4.3 - Construction d’un (ou de) chemin(s) de développement possible pour 2025

SCHEMA METHODOLOGIQUE RESUME

« Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ? »

Phase I 2004

2012 Etape 1 Positionnement des variables 2004

V1 à V6 sur un axe d’incertitude et d’impact Etape 2 Les nouvelles variables à explorer

« les variables clés en 2012» et le système étudié :

V1 V6 Vn Etape 3 Analyse dynamique de chaque variable 3.1 - Bilan 2004 – 2011 : V1 V6 Vn

Où en est-on aujourd’hui ? Evolution subie ou voulue ?

3.2 – Prospection Que peut-il advenir en 2025 ? Comment peut évoluer la variable ? Sur quoi a-t-on prise ?

Etape 4 Stratégie des futurs possibles en 2025

4.1 – hypothèses probables à formuler en 2012 pour 2025

4.2 – stabilisation des hypothèses à la fin des auditions

Phase II Etape 1 Où sont positionnés les enjeux ?

Marges de manœuvre Etape 2 Stratégie

2025

Où en est-on ? Que peut-il advenir ?

Prolongation du rapport: Que puis-je faire ?

« Actions »

AUDITIO

NS

AUDITIO

NS

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Définition et présentation des variables

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Part ie I

Définit ion et présentation des variables

INTRODUCTION Description du système, le choix des variables, la définition ou typologie des variables, leur classement… LES FICHES VARIABLES 1. Politique générale régionale 2. Transport et accessibilité régionale 3. Accessibilité immatérielle et organisationnelle 4. Démographie 5. Mondialisation et Europe 6. Croissance emploi chômage 7. Filières économiques 8. Formation insertion 9. Recherche et innovation 10. Offre de soins et politique de santé 11. Environnement climat et risques 12. Rayonnement culturel

SYNTHESE DES HYPOTHESES RETENUES PAR VARIABLE

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Définition et présentation des variables

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INTRODUCTION

I - Définition et typologie des variables retenues On distingue habituellement trois types de variables :

• les Variables exogènes sont des données pour le système considéré, c'est-à-dire qui ne sont pas susceptibles de changer sous l'effet de l'action publique.

• les Variables instrumentales sont des variables dont la valeur peut être modifiée par les décideurs publics.

On peut alors retrouver la décomposition en variables clés (les variables, aux mains des pouvoirs publics, les plus influentes sur le système considéré) ou variables internes (facteurs sur lesquels les agents publics ont un pouvoir de décision ou de maîtrise). • les Variables endogènes sont des valeurs pouvant être atteintes résultant

des niveaux et des interactions pouvant exister entre les variables exogènes et instrumentales.

II - La redéfinition du système étudié II.1. – L’évaluation des variables de 2004 Les variables identifiées en 2004 11 étaient au nombre de six :

- stratégie d’alliance - démographie - accessibilité - développement durable - rayonnement culturel - dynamisme territorial Parmi ces variables de 2004, les quatre premières sont considérées aujourd’hui comme des variables instrumentales, elles sont conservées et rebaptisées le cas échéant. Elles comportent des sous-variables qui ont été enrichies ou diversifiées. Nous n’avons pas isolé de variables totalement exogènes. Quant aux variables « rayonnement culturel » et « dynamisme territorial » retenues en 2004, elles ne sont pas considérées comme variables instrumentales dans le présent rapport mais comme variables endogènes ou « objectifs » : elles se caractérisent ici comme étant la résultante de l’action conjuguée des autres variables. Le « dynamisme territorial » en particulier est assimilé à l’objectif final à atteindre si on le définit comme le développement du territoire équilibré et respectueux de la qualité de vie. C’est la finalité sous-tendue par la question « Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ? »

11 La liste des variables de 2004 est jointe en annexe

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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faib

le

moye

n

fort

A1 A2 A3

B1 B2 B3

C1 C2 C3

Les variables de 2004 ont été réinterrogées en 2012 quant à leur niveau d’impact et leur degré d’incertitude à l’horizon 2025 sur la position géostratégique de la Haute-Normandie. La section prospective a abouti au classement présenté dans le schéma ci-dessous dans lequel les cinq variables instrumentales sont matérialisées de la façon suivante : - stratégie d’alliance - démographie - accessibilité - développement durable - rayonnement culturel Le chiffre à l’intérieur indique le nombre de participants partageant le même positionnement. Impact sur la position géostratégique de la Haute-Normandie faible moyen élevé Degré d’incertitude

sur leur évolution

(d’après le diagramme établi en Section le 26 mai 2011)

5 6 4 9

1

5 6 1

2

3

5

3

5 6

1

2

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Définition et présentation des variables

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• Les variables « stratégie d’alliance » et « accessibilité » présentent toutes deux des points de rupture critique ou d’incertitude majeure qui leur donnent une place particulièrement importante dans le système à étudier.

• La variable « démographie » a toute son importance mais présente des tendances lourdes. L’action est possible avec des marges de manœuvre limitées.

• L’appréciation sur le classement de l’importance et de l’incertitude de la variable « développement durable » est particulièrement diffuse et nous invite à reconsidérer son contour.

• Quant au « rayonnement culturel », malgré l’importance qu’il a sur le dynamisme du territoire, une sorte de résignation semble être installée autour de l’absence de volonté à imprimer des changements dans ce domaine, ce qui a conduit à son classement en dominante dans la catégorie des variables présentant « peu » d’incertitude de changement.

II.2. – La redéfinition des variables : la base prospective de 2012 Elle est guidée par l’analyse de leurs principales interférences. Quatre variables sont dites « instrumentales » : Politique générale régionale : Il s’agit d’une reformulation de l’ancienne variable « stratégies d’alliance » renommée « politique générale régionale » pour aller au-delà de la notion de coopération avec les partenaires.

Elle inclut deux nouvelles sous variables :

• le « contexte global » des politiques générales régionales permet d’intégrer des éléments exogènes liés à la situation internationale, européenne et nationale,

• la « gouvernance régionale » qui caractérise les relations et le poids déterminant des acteurs de la vie régionale les uns par rapport aux autres ; elle se différencie du concept de « Gouvernance » employé parfois pour caractériser un des quatre piliers du développement durable.

La réflexion autour du projet Paris Seine Normandie a élargi les échelles de référence au-delà du territoire normand et impacte la gouvernance régionale. Le rapprochement entre la Haute et la Basse-Normandie n’est plus identifié comme une sous variable mais inséré dans les coopérations interrégionales.

Les hypothèses faites sur cette variable donnent le cadre global du déroulement des différents scenarii. Transports et accessibilité régionale : Elle remplace l’ancienne variable « accessibilité ».

Une nouvelle sous variable est introduite : les transports en commun

L’examen de cette variable a été considérablement enrichi par les réflexions et les hypothèses datant de 2010 émises à l’occasion du rapport du CESER sur la « mobilité généralisée en 2050 ».

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Par ailleurs, les sous variables portant sur l’accessibilité matérielle (routière, ferroviaire, fluviale, maritime, aérienne) ont un lien très étroit avec nombre de grands projets structurants d’aménagement du territoire qui ont été identifiés comme des points centraux des scenarii de développement de la Haute-Normandie :

• la LNPN, Ligne Nouvelle Paris Normandie

• le contournement- Est de Rouen

• le développement des infrastructures portuaires, fluviales, logistiques

Enfin, la sous variable « accessibilité immatérielle » est en lien étroit avec le grand projet structurant d’aménagement numérique du territoire et d’accès au THD Très Haut Débit et, à cet égard, considérée comme primordiale.

La variable « transport et accessibilité régionale » est donc une variable d’influence identifiée comme un point central du déroulement des scenarii dans la mesure où il est considéré que le chemin emprunté ici aura une influence notoire sur le comportement des autres variables du système. Développement durable : Le contour de cette variable a été reconsidéré et a conduit à un reclassement des thématiques abordées en 2004. Il a été opéré autour des 3 piliers du développement durable avec toutefois la volonté de ne pas introduire de hiérarchie entre eux et de privilégier l’interdépendance entre les variables :

• l’économique

• le social

• l’environnemental

Le caractère « moteur » de l’économique sur le comportement des autres variables du développement durable est plus ou moins fortement marqué selon les scenarii. Par exemple, la construction cohérente d’un scenario de récession économique limitera fortement le degré de latitude du comportement de certaines autres variables, ce qui peut être moins prégnant dans un scenario de croissance. Le classement des sous variables du développement durable est le suivant :

Pour l’économique : • mondialisation et Europe • croissance, emploi, chômage • filières économiques

Pour le social : • l’insertion, les flux migratoires • la société de la connaissance (formation, recherche et innovation) • l’offre de soins

Pour l’environnemental : • les énergies et, à ce titre, les grands projets régionaux énergétiques (EPR,

éolien, élargissement du bouquet énergétique) • l’environnement (changements climatiques et risques, ressources et

biodiversité)

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Définition et présentation des variables

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Démographie : Les sous variables du système de 2004 sont conservées, sachant que le solde naturel, appuyé sur le taux de mortalité et le taux de natalité, apparaissant à l’horizon 2025 peut être considéré comme une variable exogène aux tendances lourdes sur laquelle il y a peu de prise, alors que le solde migratoire est considéré comme une variable instrumentale.

LE SYSTEME ET SES VARIABLES

Deux variables sont dites endogènes Le rayonnement culturel : Le choix a été fait de ne pas intégrer le rayonnement culturel comme une sous variable du développement durable. Cette variable entre dans la catégorie des variables présentant peu d’incertitudes. Elle est à la fois l’essence et le résultat de la notoriété de la région. Le dynamisme territorial : Il n’est pas assimilé à une variable comme en 2004 mais, à l’objectif ultime à atteindre si on le définit comme le développement du territoire équilibré et respectueux de la qualité de vie. C’est le but sous-tendu par la question « Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ? ». Il ne fait donc pas l’objet d’une fiche variable à proprement parler. En filigrane, le thème de l’acceptation sociale des changements est interrogé dans chacune des sous variables considérées. Le degré d’acceptation des changements peut influer en effet sur la pertinence des hypothèses formulées.

LA POSITION GEOSTRATEGIQUE

DE LA HAUTE-NORMANDIE EN 2025

Organisationnelle et immatérielle

Ferroviaire Aérienne

Routière Fluviale

Maritime

Patrimoine

Animation et évènements

Communication extérieure

Mondialisation Climat et risques

Croissance, chômage, emploi

Filières économiques

Formation insertion Offre de soin

Acceptation sociale des changements

Gouvernance

Coopérations interrégionales

Relations internationales

intracommunautaires

Extracommunautaires

Solde migratoire Taux de natalité et de fécondité

Taux de mortalité

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Tableau résumé

Liste des variables et sous variables 2012

Variables Sous-variables

Contexte global

Gouvernance régionale

Coopérations interrégionales

Relations internationales intracommunautaires

Politique générale régionale

Relations internationales extracommunautaires

Accessibilité routière

Transports en commun

Accessibilité ferroviaire

Accessibilité fluviale

Accessibilité maritime

Accessibilité aérienne

Transport et accessibilité régionale

Accessibilité immatérielle

Taux de natalité

Taux de mortalité Démographie

Soldes migratoires

Économique o Mondialisation et Europe o Croissance, emploi, chômage o Filières économiques

Social o L’insertion, les flux migratoires o La société de la connaissance (formation,

recherche et innovation) o L’offre de soin

Développement durable

Environnemental o Les énergies o L’environnement (changements climatiques et

risques, ressources et biodiversité)

Rayonnement culturel

Dynamisme territorial

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Définition et présentation des variables

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LES FICHES VARIABLES

1. Politique générale régionale

2. Transport et accessibilité régionale

3. Accessibilité immatérielle et organisationnelle

4. Démographie

5. Mondialisation et Europe

6. Croissance emploi chômage

7. Filières économiques

8. Formation insertion

9. Recherche et innovation

10. Offre de soins et politique de santé

11. Environnement climat et risques

12. Rayonnement culturel

La fiche variable « type » Intitulé de la variable Définition de la variable Indicateurs pertinents pour décrire la variable Eléments de mesure - sources Caractérisation de la situation actuelle à partir d’une analyse rétrospective Retrace l’évolution passée des indicateurs de la variable (recherche de données quantitatives) ou de son comportement (données qualitatives) Propose un état des lieux en 2012 Prospective : tendances d’évolution sur les 15 prochaines années Retrace les tendances perceptibles Les ruptures possibles Liste les éléments susceptibles d’affecter le comportement de la variable Les hypothèses Liste les hypothèses d’évolution pressenties (de 1 à 4 selon les variables

• Hypothèse résumée • Description fine

Principaux acteurs concernés, notamment par les hypothèses de changements internes, externes, institutionnels influençant la variable

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Variable Politique générale régionale

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1. Fiche variable « Politique générale régionale »

Définitions

Ensemble complexe décrivant les relations de la région avec son environnement : - la région dans son contexte global : cette approche permet d’intégrer des éléments exogènes liés à la situation internationale, européenne et nationale, et au rapport de force entre les Etats et entre les régions ; - la gouvernance régionale : elle caractérise les relations et le poids déterminant des acteurs de la vie régionale, politiques et institutionnels, société civile, citoyens, les uns par rapport aux autres ; elle se différencie du concept de « Gouvernance » employé parfois pour caractériser un des quatre piliers du développement durable ; - l’organisation et la répartition des compétences entre institutions ; - les coopérations avec les partenaires à tous les niveaux : infrarégional, régional, interrégional, national, intra-communautaire, extra-communautaire ; Caractérisation de la situation actuelle à partir d’une analyse rétrospective A l’échelle du territoire régional Le Schéma Régional d'Aménagement et de Développement du Territoire, a été institué en 1995 et repris dans la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire du 25 juin 1999 (LOADDT). Fixant les orientations fondamentales à horizon 2015 en termes d’environnement, d’infrastructures de transport, de grands équipements et de services, ce document stratégique pour le développement de la Région constitue tout à la fois : - un document de mise en cohérence de nombreux schémas sectoriels comme le Schéma régional de développement économique (SRDE), le Plan régional de développement de la Formation (PRDF) ou le Plan de Déplacement Régional (PDR) ; - le cadre des politiques et interventions propres de la Région et de dialogue avec l’Etat ; - une référence pour les autres collectivités et les acteurs haut-normands impliqués dans l’aménagement et le développement de la Région ; - la mise en place d'une logique de développement durable. Pour le financement des projets inscrits dans les contrats, des fonds sont expressément prévus : le Fonds régional d’aménagement et de développement du territoire (FRADT) et le Fonds national d’aménagement et de développement du territoire (FNADT) pour le Département de Seine-Maritime et la FAT pour le Département de l'Eure). Ces crédits peuvent être complétés par des financements des politiques habituelles de la Région, des départements, des programmes européens (FEDER, FEADER) etc. Le Contrat de Projet Etat-Région (CPER) 2007 - 2013 ne prévoit pas de volet territorial. La contractualisation avec les agglomérations et les pays de Haute-Normandie est en cours dans le cadre du contrat « 276 » réunissant la Région et les deux Départements.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Engagé depuis septembre 2004, le contrat 276 permet aux 3 collectivités de mutualiser leurs moyens afin de renforcer l'action publique au service des citoyens. Elle comporte de nombreux avantages car les politiques engagées au niveau de l'emploi, de l'action sociale, de l'éducation, de la formation, du développement économique, de l'environnement…sont plus efficaces et plus cohérentes. De plus, le « 276 » permet de garantir une équité de traitement entre les habitants. L’intérêt du contrat est de rassembler, dans une même négociation, les financements des acteurs locaux (communes, communautés de communes, communautés d’agglomération, associations), de la Région et des Départements dans le cadre du contrat 276, mais aussi d’autres partenaires Etat (Ademe, Agence de l’eau, EPF) en faveur d’un programme d’actions partagé et destiné à atteindre les objectifs du projet de développement.

Les engagements financiers (en millions d’euros) :

CPER 2007-2013 CPER et contrat 276

part Etat 431,4 Etat : 431,4 part Région 441,7 Région : 1032,7 part CG76 293,3 CG76 : 746,14 part CG27 45,7 CG27: 234,04 TOTAL CPER 1212,1 Total : 2444,28 CONTRAT 276 dont volet territorial Région 591 250 CG76 452,84 250 CG27 188,34 50 TOTAL 276 1232,18 550

Programmes et fonds européens en Haute-Normandie 2007-2013 Objectif compétitivité régionale et emploi

FEDER 219,3 (innovation, recherche, TIC, environnement, transports, …)

FSE 156,6 (emploi et formation) Interreg IV / FEDER 173,5 objectif coopération territoriale européenne

Total - politique de cohésion 549,4 PAC - second volet FEADER 36,2 (agriculture et développement rural)

Politique commune de la pêche 2,45 TOTAL des programmes et fonds européens en Haute-Normandie 588,05 En matière d’implication dans la vie publique, la parité femmes-hommes dans la vie publique est encore loin d’être atteinte en Haute-Normandie. Parmi les personnes en mandat politique ou syndical en 2007, 27 % sont des femmes contre 35 % en moyenne nationale. De même, la région n’a que 11 % de sénatrices en 2008 contre 22 % au plan national. La Haute-Normandie se distingue assez peu pour le taux d’abstention aux différentes élections.

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Variable Politique générale régionale

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La part de sa population couverte par un Agenda 21 de proximité (reconnu par le Ministère en charge du développement durable) est de 16 % en 2010 pour la Haute-Normandie contre 15 % en Métropole. A l’échelle interrégionale La Région travaille également en partenariat avec d'autres Régions. Ainsi, la Basse-Normandie, la Picardie, l'Ile-de-France, le Centre se sont engagés ensemble sur de nombreuses actions, comme la modernisation de la liaison ferroviaire Rouen-Caen, la création de réseaux de recherche en neurosciences (Lille, Amiens, Caen, Rouen), les différents pôles de compétitivité ou bien encore la liaison des régions au réseau à grande vitesse et le contournement fret de la région parisienne. L'aéroport interrégional de Deauville Saint Gatien, en coopération avec la Basse-Normandie, constitue enfin un autre exemple de cette coopération fructueuse. La réflexion autour du projet Paris Seine Normandie a élargi les échelles de référence au-delà du territoire normand et impacte la gouvernance régionale, au-delà du simple rapprochement entre la Haute et la Basse-Normandie. Comme beaucoup d’autres projets structurants pour l’aménagement du territoire, ce projet d’intérêt national mobilise à l’heure actuelle l’ensemble des partenaires régionaux. A l’échelle nationale Depuis les premières lois de décentralisation de 1981-1982, les compétences dévolues aux Régions et aux autres collectivités territoriales n’ont cessé d’évoluer. Les Régions ont pris une part croissante dans l’intervention publique. Les compétences propres sont accompagnées de compétences partagées avec les autres partenaires publics. Une nouvelle étape de décentralisation se dessine à l’heure actuelle qui devrait conférer à la Région un rôle primordial en matières d’économie, d’emploi et de formation. A l’échelle européenne et internationale La Région est une entité identifiée dans les programmes d’intervention communautaires (cf. programmes et fonds européens consacrés à la Haute-Normandie). Si le dialogue Europe-Région est installé, les Régions sont de plus en plus soumises aux effets des turbulences ressenties à l’échelon européen. Les mesures prises pour mettre un terme à la crise, après 2007-2008, ont eu un coût sévère pour les citoyens européens et ont provoqué une hausse de la dette publique. Après une augmentation sur le court terme en raison du sauvetage des banques, la dette publique est incriminée. L'attaque portée aux pays jugés les plus vulnérables a montré toute la fragilité de la zone euro, alors que sa dette nationale cumulée, même si elle doit être réduite et maîtrisée, est inférieure à la dette américaine. Les mesures adoptées, bien qu'elles aient été mises en place tardivement, représentent un grand pas en avant. C’est toutefois insuffisant, étant donné qu'il s'agit d'une crise systémique, qui ne dépend donc pas de la dette de tel ou tel pays.

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Jusqu'en 2008, l'euro n'avait pas ressenti de turbulences monétaires, et s'était apprécié par rapport au dollar, en devenant la deuxième monnaie de réserve mondiale. Une des raisons expliquant ce revirement de situation et les attaques spéculatives qui ont touché l’euro est que, jusqu'à la crise grecque, les agences de notation partaient du principe que l'Union ne laisserait jamais un État membre faire faillite. Or, comme aucune solution rapide n'est apparue face à la crise grecque, les spreads des nouvelles obligations ont monté en flèche. C'est le manque de volonté politique et l'incapacité, pendant deux ans, à s'accorder sur une solution pour résoudre la crise de la dette souveraine en Europe qui a encouragé les agences de notation à dégrader la note de la dette de toute une série d'États membres de la zone euro, cette dégradation touchant désormais une grande partie des Etats membres. Enfin, en ce qui concerne la vision du développement et de la coopération, durant ces dix dernières années, l'Union européenne s'est montrée de plus en plus attentive au dialogue avec les Organisations de la Société Civile (OSC). Avec le consensus européen pour le développement, l'instrument de coopération au développement, le rapport de la Cour des comptes européenne et, enfin, le dialogue structuré, la teneur et la portée de cette concertation se sont enrichies au point qu'à présent, elle compte notamment parmi ses participants : - la Commission européenne, - le Parlement européen, - le Comité des régions d’Europe - le CESE Conseil Economique et Social Européen, - les États membres - les groupements de la société civile (les organisations syndicales, les coopératives et les organisations de l'économie sociale, d'agriculteurs, de consommateurs ou d'employeurs), - les plates-formes d'ONG, - les instances sociales des pays partenaires. Indicateurs pertinents pour décrire la variable

• volume des fonds de la politique de cohésion communautaire attribués en région

• impact de ces financements européens sur les projets • participation des femmes aux instances de gouvernance • taux de participation aux élections (comparaison avec élections antérieures) • participation à la vie associative ; nombre d’associations rapporté à la

population ; part de la population régionale participant à des activités de volontariat dans des associations

Prospective : hypothèses d’évolution à court et moyen termes

Dans le contexte économique incertain, nombre de projets d’envergure nationale ne peuvent être considérés comme définitivement acquis et nécessitent le maintien de la mobilisation des acteurs socio économiques du territoire. Les institutions publiques vont devoir mettre en œuvre de nouvelles compétences au terme du projet de nouvel acte de décentralisation annoncé comme imminent. Elles seront amenées à repositionner leurs coopérations ou partenariats, dans un souci d’optimisation des ressources publiques et d’efficience des politiques.

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Variable Politique générale régionale

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Les Organisations de la Société Civile sont de plus en plus une composante à part entière de la gouvernance au niveau européen, des intervenantes majeures du développement. A ce titre, elles pourraient être davantage associées au niveau stratégique aux politiques et programmes de coopération et à la répartition de leurs ressources, au stade de leur définition, de leur mise en œuvre et de leur suivi. A la lueur de la crise traversée par les Etats membres, les réflexions au sein de l’Union s’articulent autour d’un plan de relance économique, sociale et culturelle, afin de leur permettre « de profiter d'un développement solide et durable, fondé sur la compétitivité, la productivité, l'emploi, le bien-être, la prospérité et, surtout, le consensus démocratique. »12 Les ruptures possibles

• Recentralisation des pouvoirs, les régions perdent la main, par la même, leur rôle de régulateur. Dans un tel cas de figure, la société civile perdrait elle-aussi un vecteur d’expression.

• La poursuite du processus de métropolisation peut gommer les frontières des régions. Les métropoles tissent un réseau entre elles, évinçant ainsi les Régions d’un leadership possible. Dans chaque région, le poids démographique et économique des métropoles domine les politiques d’aménagement du territoire.

• A contrario, un nouvel acte de décentralisation pourrait offrir aux régions de nouvelles compétences et conforter leur rôle de chef de file de locomotive régionale. La Région pourrait alors fédérer les acteurs politiques, économiques, culturels et touristiques haut-normands.

Les hypothèses → H1 : Concurrence des territoires et règle du chacun pour soi.

Dans un contexte économique extrêmement défavorable, la règle du chacun pour soi est de mise. Les coupes sombres budgétaires au niveau de l’Etat ont eu pour conséquence directe une diminution des dotations de l’Etat aux collectivités territoriales. Alors que le mot d’ordre est « pour dépenser moins, mutualisons », les collectivités territoriales n’ont plus rien à mutualiser. Les projets territoriaux s’annulant, il n’y a plus de gouvernance des territoires. Les grands projets sont rangés au rayon des souvenirs. C’est le règne de la concurrence à outrance entre les territoires. Les inégalités s’accentuent. La région « capitale » est prédominante. Il n’y a plus matière à coopération.

La règle du chacun pour soi s’applique également au niveau européen. Les Etats membres, après avoir revendiqué un retour au principe de l’Etat souverain, ont diminué leurs contributions communautaires. La zone euro est réduite aux Etats les plus riches. Chacun entend recevoir autant que ce qu’il a versé.

Le libre échange économique est universel. La puissance publique n’a aucun moyen de réguler les conséquences négatives des marchés. La gouvernance mondiale se réduit à des déclarations sans effets.

12 Extrait avis CESE - 474/2012

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→ H2 : Gouvernance des villes et coopérations de proximité.

Dans un contexte économique de décroissance, le « Small is beautiful » devient un dogme. En contrepartie, les circuits courts se développent. Les coupes sombres budgétaires au niveau de l’Etat ont eu pour conséquence directe une diminution des dotations de l’état aux collectivités territoriales.

La décision publique est au local et notamment à partir des villes. La Région a un rôle d’animation des initiatives y compris d’initiatives non monétaires, son « leadership » est contrôlé par les villes et tout particulièrement les plus grandes : Rouen, Le Havre, Evreux.

Les projets d’économie solidaire sont en développement. L’initiative privée change de nature. Face à l’inconnu, l’innovation est encouragée. Sous l’impulsion des applications des doctrines de l’économie solidaire, les acteurs privés recherchent les spécificités, les niches locales. Ainsi, des spécialités régionales se développent et sont l’objet de débuts de coopérations. La Haute-Normandie tire sa notoriété de son potentiel agricole. Sur cette base, des alliances de logistiques avec la Basse-Normandie permettent un transport régulier vers l’Ile de France. La décroissance, l’utilisation toujours plus restreinte des carburants, renforcent les relations transnationales de proximité. Les échanges entre la Haute-Normandie, le Benelux et l’Allemagne se renforcent. La Haute-Normandie y exporte son agriculture. C’est l’Europe de villes.

Un processus similaire s’est engagé dans les principaux Etats de la planète et tout particulièrement en Chine, aux Etats-Unis et au Brésil. Les relations internationales se font de port à port, de ville à ville. La masse des villes est similaire à leur puissance. → H3 : Pouvoirs publics forts et coopérations régionales à l’échelle

européenne.

Les pays occidentaux ont retrouvé la croissance. Croissance et développement durable sont compatibles. Pour maintenir une politique de développement durable, les pouvoirs publics sont très présents. Ils tirent leurs ressources de la croissance. Le potentiel industriel de la Haute-Normandie est mis en valeur. La Région est l’interlocutrice de l’Etat au nom des autres collectivités territoriales Haut Normandes. Le projet Paris Seine Normandie a fini par s’imposer. Adossée aux infrastructures éoliennes et à la LNPN, la Normandie connaît une nouvelle notoriété qu’elle a su accompagner d’évènements culturels de portée internationale. Ces nouvelles infrastructures sont aussi bénéfiques pour la Haute que pour la Basse-Normandie. De fait, la coopération devient une évidence. La recherche Normande s’organise est devient ainsi une des 6 premières en France. L’Europe des Etats est aussi l’Europe des Régions. Grâce à une forme appropriée de l’utilisation des crédits, les projets à long terme ont relancé une économie plus interventionniste. Les projets stimulant à la fois la concurrence et la coopération entre les régions à l’échelle de l’Europe sont encouragés par l’Union Européenne. Le potentiel de la Haute-Normandie est mis en valeur. La massification des transports internationaux et singulièrement les transports maritimes, font du Havre, la porte maritime de l’Europe occidentale. L’Etat avec l’adhésion de la Région Ile de France fait du Havre, le principal port de l’Ile de France.

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Variable Politique générale régionale

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Principaux acteurs concernés, notamment par les hypothèses de changements internes, externes, institutionnels influençant la variable - Citoyens – Associations - Entreprises - Collectivités territoriales - Etat - Union Européenne

Sources : - INSEE, L’année économique et sociale en Haute-Normandie, Cahier d’aval 2001 n°93, juin 2012. - Avis du CESE - ECO/307 – CESE 474/2012 – croissance et dette souveraine dans l’Union Européenne - Avis du CESE - REX/349 – CESE 839/2012

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Variable Transports et Accessibilité régionale

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2. Fiche variable « Transports et Accessibilité régionale »

Définitions → Définition 1 : «L’accessibilité peut être définie comme étant la quantité de biens, d’emplois ou encore le volume de population qu’un individu peut joindre à partir d’un point donné, compte tenu du niveau d’offre d’infrastructures, de son comportement de déplacement et de l’attractivité des destinations possibles. » → Définition 2 : «Mesurer l’accessibilité d’un lieu revient à quantifier la plus ou moins grande facilité avec laquelle ce lieu peut être atteint à partir d’un ou de plusieurs autres lieux».13 Un exemple d’utilisation: la mesure est donnée par la moyenne du rapport entre temps de parcours et distance à vol d’oiseau pour l’ensemble des liaisons entre la préfecture du département concerné et le panel de villes considéré14. Intérêt : différentes échelles sont considérées: Intra régionale, Inter régionale, Nationale, Européenne Critiques : • Critère unique : la vitesse des liaisons • Non prise en compte de la temporalité dans la journée et aussi dans l’année • Analyse unimodale • Choix des lieux de référence sans prise en compte des services et

équipements: « L’objectif à rechercher n’est pas d’avoir un bon niveau d’accès aux villes quelles qu’elles soient, mais plutôt d’avoir accès à des zones qui offrent les équipements et services dont on a effectivement besoin. »15

Remarque : Dans la notion d’accessibilité au service, il faut intégrer le problème de la file d’attente : en Haute-Normandie, il n’y a pas de zone enclavée et la population est vite sur le « lieu » du service, mais y accéder ne veut pas dire qu’on peut en bénéficier16. Les opportunités qu’offre le territoire ne prennent de sens qu’à travers les conditions de transport qui permettent d’y accéder et, inversement, les conditions de transport offertes par le réseau n’ont d’intérêt qu’en fonction des destinations desservies»17.

13 CHAPELON L., Évaluation des chaînes intermodales de transport: l’agrégation des mesures dans l’espace et le temps, Actes du colloque « Technological Innovation for Land Transportation » (TILT) tenu à Lille du 2 au 4 décembre 2003 14 Ministère de l’Equipement, Service Economie, Statistiques et Prospective, 2008, Rapport d'études. 15 J.ALQUIER et C. BIWER, Rapport d’information fait au nom de la délégation à l’aménagement et au développement durable du territoire sur le niveau d’équipement de la France en infrastructures de transports et ses conséquences sur le désenclavement des régions françaises, Sénat - juin 2008 16 Alain MALMARTEL, directeur de l’Insee de Haute-Normandie. 17 SETRA, Accessibilité des territoires et des services – Notions et représentation, juin 2008, rapport d’études.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Remarque : Les notions de desserte, d’enclavement, d’attractivité et de mobilité sont souvent évoquées en parallèle à l’accessibilité. Commentaires : cette définition a le mérite d’introduire un plus grand nombre de critères. Mais il manque toujours les contraintes propres des individus (ex de l’éloignement des cabinets de gérontologie, qui pose problème pour la population âgée mais par pour les jeunes…) La question de l’accessibilité numérique via les nouvelles technologies n’est volontairement pas traitée ici et fait l’objet d’une fiche variable spécifique « accessibilité immatérielle et organisationnelle » Indicateurs pertinents pour décrire la variable

On peut considérer « deux classes d'indicateurs 18:

• les indicateurs relatifs aux comportements individuels permettent d'analyser la formation de la demande de mobilité en mettant en évidence le jeu des systèmes de contraintes individuelles, spatiales ou monétaires ;

• les indicateurs relatifs au marché des déplacements qui « qualifient la résultante des comportements individuels sur un territoire donné, caractérisé notamment par un mode d'occupation de l'espace et une offre de transport : il s'agit alors d'analyser le fonctionnement des différents segments du marché, définis en fonction des catégories de déplacements (modes, motifs, types de liaison) ou des catégories d'usagers (catégories sociales et localisations résidentielles).»

• Exemples d’indicateurs simples : Distance = degré de connexion d’un nœud au reste du réseau / caractéristiques fonctionnelles du réseau Temps de parcours = en cas de multimodalité, il faut intégrer le temps d’accès, d’attente, de trajet et de rabattement.

18 Caroline GALLEZ, Indicateurs d'évaluation de scenarii d'évolution de la mobilité urbaine, INRETS-DEST- PREDIT, 1996-2000, Recherches stratégiques - Séminaire du groupe "Prospective".

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Variable Transports et Accessibilité régionale

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Coût généralisé = intègre le coût du temps passé, le coût du trajet et éventuellement les notions d’inconfort, de « malus » dues aux conditions rencontrées.

• Indicateurs composés combinant plusieurs données : Accessibilité à un panel de biens = croise le coût généralisé et la quantité de biens et de services accessibles Accessibilité gravitaire = donne une mesure de la distribution spatiale des activités autour d’un point, en fonction de l’attractivité de la destination et du coût engendré par le déplacement Qualitatif = « qualité du service » qui prend en compte vitesse moyenne, nombre de dessertes et amplitude de la plage horaire ; fiabilité, ponctualité et sécurité; confort Economique = coût / utilité … Environnemental = exigences énergétiques et climatiques ; diminution des congestions … Social = disparité sociale de l'accessibilité à un type d'équipement ou à une zone donnée …

Qu’ils soient simples ou composés, c’est la mesure « relative » qui est plus intéressante que la mesure absolue de l’accessibilité. De nombreux modèles sont développés : les outils de calculs s’appuient sur les Bases de Données et les SIG, avec les limites de disponibilités des données et de leur actualisation. Les représentations utilisables sont les tableaux, les cartes, les courbes isochrones (accessible en moins de x minutes), iso distance (en moins de x km), isocoût (en moins de x euros) et les anamorphoses.

Quels que soient les indicateurs à retenir, il parait souhaitable de les organiser sur un schéma qui prenne en compte le développement durable en transposant l’exemple suivant d’organisation des indicateurs de mobilité.

19

19 Jean‐Philippe Antoni - Gilles Vuidel - Pierre Frankhauser Avec la participation de Yann Fléty et Caroline Molherat, « Appropriation et développement », ThéMA - Vers une modélisation multi scalaire (fractale) du développement urbain par système multi-agents, Avril 2009.

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Caractérisation de la situation actuelle à partir d’une analyse rétrospective • Retard dans la réalisation d’infrastructures (exemple : Contournement Est) • Prédominance des déplacements par la route • Amélioration des liaisons infra régionale (en particulier TER) • Difficultés persistantes des liaisons infrarégionales dans l’Eure • Difficultés de liaisons interrégionale, nationale et mondiale qui impacte

directement la possibilité d’attirer des décideurs (cf. débat sur la LNPN). Prospective : hypothèses d’évolution à court et moyen termes20 6 grands domaines • Evolution technologiques : TIC, bio et nano technologies ; • Modes de vie : croissance de la mobilité ralentie ; prédominance de la route

maintenue ; • Habitat et services de proximité : impact de la vitesse sur la densité ;

périurbanisation ; • Loisir, tourisme • Evolution des organisations : rôle des AOT ; opérateurs de flux ; • Sureté-sécurité : gestion des risques Remarque : • Il parait certain que les schémas d’urbanisation vont se modifier dans les

années qui viennent car on doit protéger les espaces naturels pour faire face avec la montée de la population et l’habitat va se penser davantage en verticalité.

• Le modèle haut normand est un modèle déjà assez polarisé où on voit que 95% de la population est sous l’emprise d’une aire urbaine. La ville centre (Rouen) regroupe dans sa périphérie 50% de la population de la Haute-Normandie. Sur ce plan là, on peut considérer que la région est certainement « en avance » sur les schémas d’urbanisation qui vont muter ailleurs.

Les ruptures possibles

Croissance de la mobilité ralentie envisagée dans de nombreux documents.

21

20 DÉMARCHE PROSPECTIVE TRANSPORTS 2050- ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION Ministère des Transports, de l’Équipement, du Tourisme et de la Mer- Conseil Général des Ponts et Chaussées- Mars 2006 21 Ministère des Transports, de l’Équipement, du Tourisme et de la Mer- Conseil Général des Ponts et Chaussées, Démarche prospective transports 2050- éléments de réflexion, mars 2006.

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Variable Transports et Accessibilité régionale

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Quatre champs de rupture : 1 - Energie-effet de serre : défaillance des approvisionnements ; panne des progrès technologiques ; 2 - Démographie-économie : migrations ; déséquilibre monétaire ; effondrement du PIB ; 3 - Changement des comportements : retour au local ; 4 - Modes de transports. Les hypothèses → H1 : Accessibilité dégradée et mobilité réduite

La tendance générale est à la dégradation des infrastructures, les flux contournent le territoire. Les contournements et les raccordements autoroutiers ne sont pas réalisés. Engorgements et bouchons s’intensifient malgré une diminution du trafic dû au manque d’activité. On assiste à une dégradation des transports collectifs faute d'entretien. Le mix transport individuel / collectif est inversé et le service aux usagers dégradé. Les accidents ferroviaires se multiplient sur des lignes saturées et obsolètes et les dessertes fret sont abandonnées. La nouvelle gare de Rouen n'est pas faite. Les travaux de mise à niveau des ouvrages de la Seine ne sont pas réalisés, le Canal Seine Nord est opérationnel. Les parts de marché sont prises par les ports du Nord. Port 2000 ne se développe pas. Les ports secondaires ne développent pas le cabotage. Les liaisons transmanche se font désormais par Calais et Saint Malo. On n’a pas trouvé d’accord pour développer un aéroport unique. Les liaisons nécessaires à la survie de Deauville ne sont pas réalisées et l’accessibilité à Roissy est de plus en plus difficile. → H2 : Accessibilité difficile faute de réalisation des grands projets

Les grands projets ne sont pas réalisés en totalité. La mobilité imposée souffre des congestions aggravées par la non réalisation des infrastructures nécessaires. Les flux se raréfient et ne bénéficient pas au territoire sauf sur quelques segments très étroits. Faute de mise en service des contournements et des raccordements autoroutiers, le réseau secondaire peine à absorber les trafics. Il y a une généralisation des nouvelles formes de déplacements collectifs (covoiturage) et les transports en commun sont maintenus en l'état. Des lignes ferroviaires voyageurs infrarégionales « rentables » sont rouvertes et leur sécurité mise à niveau mais le fret reste à l’état embryonnaire. Les travaux de mise à niveau des ouvrages de la Seine ne sont pas réalisés. Seul reste le transport de matériaux. Le Havre n’arrive pas à « décoller ». Les ports secondaires se développent autour du nautisme, de la pêche et de quelques trafics de niches. Aucun aéroport international ne se développe sur le territoire normand et aucune liaison rapide vers Roissy ou Orly n’est mise en œuvre. → H3 : Accessibilité améliorée et multimodalité. Flux innervant le

territoire

Les grands projets sont réalisés ainsi que le maillage territorial et la multimodalité se met en place. La mobilité s’organise dans la complémentarité des modes.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Les flux augmentent et commencent à innerver et à bénéficier à l’ensemble du territoire. Les contournements et raccordements sont réalisés. La part de l'automobile est réduite en ville au profit du développement des réseaux urbains de transport et cyclables. Les plateformes multimodales sont des lieux de gestion des flux et de services aux usagers. Les raccordements ferroviaires aux réseaux à grande vitesse européen profitent à tous grâce au développement des lignes infrarégionales. Le fret au départ du Havre vers la région parisienne se développe.

Les travaux de mise à niveau des ouvrages de la Seine sont réalisés. Gros développement du transport de déchets. Port 2000 réussit à capter des tonnages jusqu’alors destinés aux ports du Nord grâce au développement des liaisons vers son hinterland et aux ports secondaires. L’accès à Roissy est amélioré. Parallèlement Deauville prend son essor. → H4 : Mobilité optimale, multimodalité réussie. Flux irrigant tout le

territoire

Les grands projets sont réalisés ainsi que le maillage territorial et la multimodalité est réussie. La mobilité est optimale. Les flux irriguent tout le territoire. Les contournements et raccordements sont réalisés. La sécurité est augmentée. Les connexions aux modes doux font l’objet de toutes les attentions. La part de l'automobile est réduite en ville au profit du développement des réseaux urbains de transport et cyclables. Les raccordements ferroviaires aux réseaux à grande vitesse européen profitent à tous grâce au développement des lignes infrarégionales et le trafic fret est optimisé grâce à l’implantation d’un terminal de transport combiné en région et la mise en service de la LNPN. Un véritable « hub » régional se développe autour de la gare de Rouen. Les travaux de mise à niveau des ouvrages de la Seine sont réalisés, le Canal Seine Nord ne se fait pas aussi vite que prévu. Les parts de marché augmentent. Port 2000 réussit à capter des tonnages jusqu’alors destinés aux ports du Nord grâce au développement des liaisons vers son hinterland et aux ports secondaires qui jouent leur rôle dans le cabotage le long d’une autoroute de la Mer vers l’Espagne. Le trafic passager s’intensifie pour le transmanche et le Transatlantique se développe. Les accès ferroviaires et routiers à l’aéroport de Deauville sont réalisés. Il devient l’aéroport international utilisé par les décideurs de l’Axe Paris Seine Normandie qui louent son accès fluide. Boos garde et développe sa plateforme médicale pour les greffes pratiquées au CHU. Principaux acteurs concernés, notamment par les hypothèses de changements internes, externes, institutionnels influençant la variable22

• Citoyens – Associations • Entreprises • Collectivités locales • Etat • Recherche 22 Pascal BAIN, Sébastien MAUJEAN, Jacques THEYS, AGORA 2020 - Vivre, habiter, se déplacer en 2020 : quelles priorités de recherche?, Ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables - Direction de la recherche et de l'animation scientifique et technique - Centre de prospective et de veille scientifique et technologique.

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Variable Accessibilité immatérielle et organisationnelle

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3. Fiche variable « Accessibilité immatérielle et organisationnelle »

Définitions

Le haut débit (HD) consiste en un transfert de données à hauteur de 512 Kbit/s – le bit étant l’unité de mesure du débit d’information transmis sur un réseau (soit le nombre de caractères reçus ou émis par seconde). Le très haut débit (THD) consiste en une vitesse de transmission allant de 20 Mbit/s à 100 Mbit/s. Il permet d’accéder à Internet avec plus de débit numérique tout en diversifiant les usages que l’on peut en faire. Le très haut débit fixe : les technologies de type FTTB, utilisées dans les réseaux câblés avec un câble optique arrivant en pied d’immeuble (sur certains réseaux câblés un peu moins performants, la fibre optique s’arrête au dernier amplificateur, avec la technologie FTTLA) ; les technologies FTTH, avec un réseau optique de bout en bout, déployé jusqu’au logement des abonnés. La quatrième génération de téléphonie mobile : 4G est la 4e génération des standards pour la téléphonie mobile Elle est le successeur de la 3G et de la 2G. Elle permet le « très haut débit mobile », soit des transmissions de données à des débits théoriques supérieurs à 100 Mb/s. Ces débits seraient en pratique de l'ordre de quelques dizaines de Mb/s, suivant le nombre d'utilisateurs puisque la bande passante est partagée entre les terminaux actifs des utilisateurs présents dans une même cellule radio. Le futur standard LTE (Long Term Evolution) encore appelé 4G permettra l’accès au très haut débit sur mobile et s’appuiera pour partie sur les fréquences libérées par le dividende numérique suite à l’extinction de la diffusion de la télévision analogique. Indicateurs pertinents pour décrire la variable

• Nombre de zones blanches23 • Pourcentage du territoire couvert par la fibre optique • Débit et tarif moyen des connexions haut et très haut débit, avec et sans fil,

selon les zones (urbaine dense, périurbain, zones rurales) • Nombre d'entreprises / de foyers connectés à la fibre optique • Nombre d'utilisateurs d'accès internet sans fil : 3G et au-delà ; Wi-Fi, Wi MAX • Nombre de foyers raccordés en FTTH (Fiber To The Home) • Nombre et ampleur des initiatives publiques : mise en œuvre d’une politique

en faveur du déploiement des nouvelles infrastructures numériques (réseaux d’initiatives publics, boucles locales, …), initiatives de promotion, politique d’accueil, mutualisation du génie civil ou des infrastructures passives ou actives, mise à disposition facilitée de points hauts…

Caractérisation de la situation actuelle à partir d’une analyse rétrospective

En 2010 en Haute-Normandie (SCORAN, source IDATE/France télécom - octobre 2010), - 8,2 % des lignes téléphoniques n’étaient pas éligibles à l’ADSL supérieure à

2Mbps et 1% des lignes téléphoniques étaient totalement inéligibles. - en revanche, 64,2% des lignes étaient éligibles à l’offre triple play (TV +

internet + téléphonie), ce qui est supérieur à la moyenne nationale.

23 Une zone blanche est définie comme telle en cas d’absence totale du haut débit sur le territoire.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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- les répartiteurs téléphoniques (NRA) non-dégroupés étaient essentiellement présents sur des zones rurales et étaient de petite capacité.

- 49 zones d’activités étaient raccordées à la fibre optique via le réseau SFR. De plus, il existait : - plusieurs réseaux d’initiative publique (RIP) dans le département de l’Eure

(Net 27) et dans quelques agglomérations (CREA, Euraseine) - des projets de RIP à différents stades d’avancement sur d’autres territoires

(CC du Pays de Conches, la CODAH, la CC Caux Vallée de Seine…) - la présence en Seine-Maritime d’un réseau privé opéré par Infosat. Prospective : tendances d’évolution à court et moyen termes L’objectif fixé par l’Etat est que 100% de la population soit couverte en THD en 2025. Les investissements devront être planifiés en complémentarité par les opérateurs privés et les collectivités locales. Ainsi, ces dernières ne devront investir que dans les endroits non-rentables pour les opérateurs privés et ce, en fonction de l’appel à manifestations d’intentions d’investissement clôturé le 31 janvier dernier. Reste donc en suspend la question de l’organisation des collectivités territoriales pour apporter le très haut débit dans les zones dites blanches. Chaque région a donc élaboré une Stratégie de Cohérence Régionale d’Aménagement Numérique (SCORAN).

La SCORAN Haute-Normandie poursuit un triple objectif :

• le premier objectif, lié à un horizon à 5 ans, vise à assurer une couverture haut débit pour tous ;

• le deuxième objectif, lié à un horizon à 5 ans, vise à assurer un accès à des services très haut débit pour les entreprises régionales localisées dans les zones d’activités d’intérêt départemental et régional ;

• le troisième objectif, lié à un horizon à 15 ans, répond à l’ambition nationale de proposer un accès très haut débit à l’ensemble des foyers, selon les technologies les plus adaptées aux territoires.

Sur la base de l’interprétation des intentions de déploiement des opérateurs privés et en prenant l’hypothèse d’une couverture THD de 90 % des communes concernées à 2020 (soit 5 ans après le démarrage des travaux), la part des foyers potentiellement raccordés au THD par les opérateurs serait de : 47,0% en Haute-Normandie ; 20,6% dans l’Eure et 58,4% en Seine-Maritime. Ainsi, la traduction des intentions de déploiement des opérateurs fait apparaître que 47% des foyers sont potentiellement concernés, soit un peu moins d’un foyer sur deux.

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Variable Accessibilité immatérielle et organisationnelle

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Des sites prioritaires ont été identifiés :

Les principales orientations retenues (SCORAN – 2012) concernent : • l’équité et la cohérence du déploiement très haut débit :

- en veillant à la cohérence dans la conduite et la réalisation des schémas d’ingénierie

- en s’assurant de la prise en compte des sites prioritaires dans le cadre des SDAN : Les communes disposant d’un site prioritaire d’intérêt départemental ou régional tel que validé dans les SDAN seront traitées de manière prioritaire dans le déploiement du THD

- en réservant aux collectivités la possibilité d’intervenir sur les communes visées par les intentions de déploiement des opérateurs privés

- en envisageant la montée en débit pour les territoires ne disposant pas de sites prioritaires par des technologies alternatives à la fibre

- en constituant une plateforme régionale SIG permettant d’effectuer un suivi du déploiement très haut débit filaire et hertzien.

• la valorisation des atouts, des compétences et des savoir-faire régionaux : - en accompagnant les initiatives en matière de déploiement des

infrastructures très haut débit par un soutien et un accompagnement des projets d’usages et services numériques relevant notamment des atouts régionaux

- en élaborant un plan de formation ciblé sur la filière régionale des installateurs réseaux afin de s’assurer de la montée en compétence des professionnels et de les préparer aux marchés de travaux qui vont être lancés dans les 15 prochaines années

• la gouvernance partenariale et mise en œuvre : - en veillant à la cohérence des SDAN en Haute-Normandie - en établissant un dispositif de gouvernance régional d’ici fin 2012 - en affectant des ressources à la sensibilisation des collectivités, des

maîtres d’ouvrage, des bailleurs sociaux aux enjeux du très haut débit - en assurant un suivi précis des modalités d’accès aux financements publics

mobilisables, notamment ceux du niveau Etat et Europe - en veillant à ce que l’ensemble des collectivités s’implique en cohérence

dans les futurs déploiements du THD en Haute-Normandie et participe selon leurs capacités au plan de financement.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Les ruptures possibles • La rupture sociale : l'extension de la connectivité se heurte soit aux normes

sociales en matière de vie privée, soit à l’insécurité (multiplication des arnaques, erreurs, …), soit à l’inflation des coûts (reprise en mains par un petit nombre de grands opérateurs multiservices qui appliquent de nouveaux péages sur le réseau). De plus en plus de personnes revendiquent un « droit à la déconnexion ».

• La rupture technique : face à l’extension des usages, les technologies actuelles ne satisfont plus les exigences toujours croissantes des usagers. Faute de moyens la recherche peine à trouver d’autres solutions.

• Autre rupture technique : une nouvelle technologie apparait, elle devient la norme et rend obsolètes celles en place.

• L’appropriation citoyenne : « les réseaux sans opérateurs », pour échapper au pouvoir des grands opérateurs et assurer le renouveau de la vie locale du territoire, des réseaux locaux se multiplient.

Les hypothèses → H1 - Le développement du Haut débit ne se fait pas par manque de

moyens financiers et faute de rentabilité pour les opérateurs. Les zones blanches ne sont pas résorbées.

→ H2 - Le Haut Débit ne couvre pas l’ensemble du territoire et le THD ne se développe que sur les zones économiquement ciblées par les opérateurs.

→ H3 - Le Très Haut Débit est opérationnel et son usage se développe sur l’ensemble du territoire.

→ H4 - Développement du Très Haut Débit et des dernières recherches sur tout le territoire grâce à l’innovation portée entre autres par le CRIHAN. La Haute-Normandie devient région pilote et tire un avantage du développement du THD en se spécialisant dans les e-services

Principaux acteurs concernés, notamment par les hypothèses de changements internes, externes, institutionnels influençant la variable

- les collectivités locales via le 276 – acteurs politiques – acteurs consulaires - les opérateurs privés positionnés AMII - Acteurs économiques : la SAPN, ERDF, SNCF (tous trois au titre de leur accès privilégié à la fibre optique dans le cadre de leurs activités respectives)

Sources : - « ProspecTIC 2010 - Tendances et enjeux technologiques », publication Fing - Irepp, (rapport au format PDF) : www.fing.org/prospectic - « Technologies clés 2010 », Ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, Rapport au format PDF : www.industrie.gouv.fr/techno_cles_2010/html/sommaire.html - « Plan d’action en faveur du très haut débit » (novembre 2006) : www.industrie.gouv.fr/portail/secteurs/planTHD.pdf - « Article L. 1425-1 du Code général des collectivités territoriales » (CGCT) : http://www.art-telecom.fr/fileadmin/reprise/dossiers/d07-tabcgct-1204.pdf - « SCORAN – Stratégie de cohérence régionale d’aménagement numérique en Haute-Normandie » – Préfecture et Région de Haute-Normandie - Cabinets Idate /Setics /Pixelius

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Variable Démographie

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4. Fiche variable « Démographie » Définitions

Deux définitions (du grec "demos" signifiant peuple) :

• une Science : ensemble des méthodes propres à l'étude et à l'analyse quantitative et qualitative des populations et de leurs dynamiques à partir de données repérables.

• un ensemble de données numériques caractérisant les évolutions de la population dans un espace pendant une période

Indicateurs pertinents pour décrire la variable

• L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) mesure le nombre d'enfants qu'aurait une femme tout au long de sa vie si les taux de fécondité observés l’année considérée à chaque âge demeuraient inchangés.

• Le taux de natalité d’une année est le nombre des naissances vivantes au cours d'une année divisé par la population totale moyenne de l’année.

• L'espérance de vie est le nombre moyen d'années qu'une personne peut s'attendre à vivre si elle est soumise aux conditions de mortalité de l’année.

• Le taux de mortalité d’une année est le nombre de décès au cours d'une année divisé par la population totale moyenne de l’année.

Deux soldes sont intéressants en démographie :

• Le solde naturel est la différence entre le nombre de naissances et le nombre de décès domiciliés dans un espace pendant la période considérée.

• Le solde migratoire est la différence entre le nombre de personnes qui sont entrées sur le territoire et le nombre de personnes qui en sont sorties d'un territoire pendant la période considérée.

Caractérisation de la situation actuelle à partir d’une analyse rétrospective Sur un siècle d’évolution de la population, la courbe de la démographie haut-normande « constatée » suit des évolutions contrastées, divergentes parfois de celles observables en France métropolitaine (FM) à certaines périodes du XXème siècle, mais on aboutit à un accroissement de population régionale depuis 1900 équivalent à la moyenne nationale. La population atteint au 1er janvier 2010 (donnée provisoire) 1 837 000 hab. En 2009 :

• l'âge moyen de la population normande est de 38,5 ans, ce qui la classe parmi les régions les plus jeunes (après l'Ile de France, la Picardie et le Nord Pas de Calais)

• la fécondité est plus élevée qu’en FM : ICF= 205 enfants pour 100 femmes contre 198 enfants pour 100 femmes

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 80

• l'espérance de vie y est plus faible qu’en FM : Femmes : 83,7 ans contre 84,3 ans / Hommes : 76,0 ans contre 77,8 ans.

Le solde migratoire est négatif. Même si l'Ile de France procure à la Haute-Normandie un solde fortement positif (+13000 entre 2007 et 2012); des flux migratoires de sorties sont importants vers la Basse-Normandie, Bretagne, Pays de Loire). Ainsi, entre 1990 et 2010, la croissance annuelle moyenne de la population haut-normande de 0,28% est le résultat d'une contribution du solde naturel de 0,45 % et d'une contribution du déficit migratoire de -0,17%. Répartition géographique : Une population assez bien répartie sur le territoire, avec une densité de 149,2 hab. /km² contre 115,4 hab. /km² en 2010. Prospective : tendances d’évolution à court et moyen termes L’INSEE a procédé à une projection de population qui fournit une image de ce que pourrait être la population à venir, à partir de la connaissance du passé et en prenant pour le futur des hypothèses sur certains paramètres. La projection est donc une simulation et non pas une prévision et s’établit ainsi :

∆ population = naissances – décès + arrivées – départs

Ainsi autour d’un scenario central qui poursuit les tendances observées sur la première moitié du XXIe siècle, dans l'hypothèse du maintien des comportements démographiques récents, les perspectives font apparaître : Une croissance de plus en plus ralentie et une population totale de 2 millions d'habitants en 2040.

Une cassure en 2020 de la courbe démographique :

• entre 2007 et 2020, maintien de la croissance de la population normande (0,29 %/an)

• entre 2020 et 2040, fléchissement de la croissance démographique à 0,16 % / an.

Vers un solde naturel nul :

• l'excédent du nombre de naissances sur les décès contribuerait à l'augmentation de la population entre 2007 et 2040

• le nombre annuel de naissances qui était de 24000 sur la période 1990 –1994 fléchirait pour atteindre 22000 sur la période 2035 - 2040

• le nombre annuel de décès augmenterait notablement pour passer de 15 000

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Variable Démographie

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à 20 000 sur les mêmes périodes. De ce fait, le solde naturel diminuerait de manière tendancielle.

Une déformation de la pyramide des âges, avec un poids de plus en plus important du nombre de personnes de plus de 60 ans (issus du « baby boom »).Cette tendance apparaît irréversible et ce vieillissement de la population a un double effet : - la baisse de la natalité par diminution relative du nombre de femmes en âge de procréer - une hausse de la mortalité par une croissance du nombre de personnes âgées issues du « baby boom » des années1950 – 1970. Ainsi, en 2040, les ratios :

• « nombre de personnes de plus de 80 ans/ nombre des moins de 20 ans » passerait de 0,17 en 2007 à 0,42.

• « nombre des plus de 60 ans / nombre des moins de 20 ans » serait légèrement supérieur à l'unité.

Le solde migratoire : Négatif aujourd'hui, il pourrait s'améliorer, voire devenir légèrement positif vers 2040. Même si nos jeunes continuent à migrer vers des régions plus prometteuses (Ile de France, Bretagne), d'autres régions pourraient permettre à la Haute-Normandie une croissance de sa population (Picardie, Nord-Pas-de-Calais, Champagne-Ardenne, Centre...). Les ruptures possibles Les ruptures possibles influençant le solde naturel : • une forte augmentation du taux de natalité : peu probable, même s’il peut

s'élever légèrement compte tenu de la jeunesse relative de la population normande (âge moyen 38,2 ans contre 39,3 ans en France métropolitaine en 2010).

• une forte hausse du taux de mortalité : possible, due à divers éléments comme la détérioration des conditions climatiques (canicule), des conditions de vie (épidémies, stress au travail), des conditions environnementales (pollution, incident nucléaire,...)

Les ruptures possibles influençant le solde migratoire : • un fort accroissement du solde dû à une croissance économique soutenue

dans la région, par le développement des échanges avec l'extérieur via les ports, à une croissance de l'emploi, notamment qualifié et stable, à des conditions de vie et de logement favorables.

• Une forte détérioration du solde migratoire en raison des éléments inverses. Le départ des jeunes, notamment 20 / 30 ans, aurait alors un impact négatif sur la natalité au sein de la région.

Les hypothèses Il ne sera pas établi d’hypothèses contrastées sur cette variable à l’horizon 2025 (15 ans) car elle est soumise à des tendances « lourdes » difficiles à infléchir sur une si courte période.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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A l’horizon 2040, la population haut-normande est estimée dans le scenario central à 1 950 000 habitants. Les hypothèses les plus optimistes (fécondité, espérance de vie et migrations haute) conduiraient à 2 060 000 habitants et 24,6 % de moins de 20 ans tandis que, par dualité, les plus pessimistes conduiraient à 1 830 000 habitants et 22,3 % de moins de 20 ans. La proportion de 65 ans ou plus est relativement indépendante des ces hypothèses. Au-delà de ces hypothèses, on peut relever quelques enjeux mis en exergue par la combinaison des tendances et des ruptures possibles pour les décennies à venir dont il faut tenir compte dans les hypothèses posées sur les autres variables:

- l’attractivité du territoire Sans migration, la population haut-normande augmenterait beaucoup plus vite. À l'horizon 2040, on compterait 60 000 habitants supplémentaires par rapport au scenario précédent. Le «coût» des migrations s'élèverait à environ 2 000 personnes par an et près de la moitié d'entre elles seraient des jeunes âgés de moins de 30 ans. Cela soulève toute la problématique de l’accueil et de l’apport des immigrants.

- le vieillissement de la population L’exemple le plus emblématique est celui du nombre de centenaires qui passerait de 600 à 2 700. Cela soulève un certain nombre de problèmes dans le domaine de la dépendance notamment mais ouvre aussi des opportunités en en termes de gisements d’emplois. Enfin, les structures de consommation et de revenu s’en trouveront modifiées.

- l’équilibre des populations sur le territoire Les évolutions ne seront pas uniformes et pourraient conduire à des recompositions spatiales, de plus en plus étroitement liées aux axes de circulation et de communication (en lien avec la problématique de l’accès aux soins).

- l’impact sur les évolutions de la population active Au vu des tendances démographiques et, en particulier, du phénomène de vieillissement de la population, les actifs de plus de 55 ans seraient davantage représentés au sein de la population régionale à l'horizon 2020. Le phénomène du vieillissement de la population ayant déjà pris son essor, certains secteurs sont d'ores et déjà concernés. Tout cela soulève, entre autres, les défis du renouvellement de main-d’œuvre, du transfert des compétences aux plus jeunes et de la productivité. Principaux acteurs concernés, notamment par les hypothèses de changements internes, externes, institutionnels influençant la variable La démographie concerne par définition l’ensemble des acteurs dans la mesure où elle porte sur l’aspect quantitatif et qualitatif des êtres humains. Plus spécifiquement, quelques activités économiques sont plus en prise que d’autres avec le niveau et la nature de la population : le commerce, la construction, les services aux particuliers (notamment de soins ou de proximité). Sources : - Prévisions de l'INSEE suivant un scenario central supposant l'ensemble des variables démographiques constantes par rapport à 2007. - Revue Aval, n° 100, décembre 2010 - Revue Insee, n° 1326, décembre 2010 - Recensement de la population INSEE 2006

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Variable Mondialisation de l’économie

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5. Fiche variable « Mondialisation de l’économie » Définitions Parler de mondialisation, c'est évoquer l'emprise d'un système économique, les marchés, sur l'espace mondial. Ainsi, il est possible de définir la mondialisation comme « un processus de contournement, voire de démantèlement des frontières physiques et règlementaires faisant obstacle à l'accumulation du capital à l'échelle mondiale » (J. Adda, 1996). Deux phénomènes caractérisent la mondialisation : la prééminence des marchés et les investissements directs à l'étranger. Indicateurs pertinents pour décrire la variable Volume d’importations et d’exportations des différents pays Investissements directs à l’étranger (IDE) Caractérisation de la situation actuelle à partir d’une analyse rétrospective 1. La prééminence des marchés L'effondrement du bloc soviétique et son difficile passage à l'économie de marché ont déverrouillé les principaux obstacles à la mondialisation de l'économie qui avait réellement commencé dans les années 1960/70. Même là où des régimes communistes subsistent (Chine), l'ouverture à l'économie de marché s'est progressivement imposée à la fois par l'intérieur sous l'influence d'une élite et des gouvernants et, par l'étranger du fait d'un afflux de capitaux et de technologies. Le reste de l'Asie, l'Amérique latine et, dans une moindre mesure, l'Afrique ont subi cette ouverture des marchés par les préconisations des institutions internationales (Fonds monétaire international et Banque mondiale). Celles-ci ont forcé ces différentes régions, prises dans la crise de la dette, à réformer en profondeur leurs structures économiques et leurs politiques économiques pour introduire plus de « libéralisme ». Ces réformes ont conduit notamment à la privatisation des grands secteurs économiques et à la fin des situations de monopole sur les marchés internes (mouvement de dérégulation des marchés nationaux). La finalité de ces impulsions était de faire rentrer ces économies dans une logique concurrentielle entre les productions locales et les productions des pays les plus développés. Mais, cette concurrence a été et reste encore déloyale, compte tenu des écarts de productivité entre les pays et de qualité entre les produits et également des diverses protections (brevets, licences, normes,...) mises en œuvre par les pays à haut niveau de revenu. La mondialisation a également transformé l'organisation de la production qui passe d'un niveau national à une dimension transnationale, tout en lissant les normes de consommation. Aux complémentarités de production qui existaient jusque dans les années 60/70 et justifiaient les échanges internationaux de biens et de capitaux, ont succédé des substituabilités dans l'origine des échanges, créant de nouvelles sources de trafics commerciaux (à l’instar des développements des échanges entre l’Est et l’Ouest), mais aussi des détournements de trafics de marchandises, de facteurs de production et de services (au profit des échanges Europe/Asie et au détriment des échanges Europe/Afrique).

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Ainsi, chaque économie est rentrée en concurrence avec le reste du monde aussi bien sur les marchés en amont (matières premières, main-d' œuvre notamment qualifiée, techniques de production, épargne,...) que sur les marchés en aval (biens et services, savoir-faire, informations,...). Cependant, l'intégration croissante d'économies à niveau de développement différent donne à l'économie mondiale une dynamique propre échappant de plus en plus au contrôle des États, même les plus puissants. Dans ce cadre de fonctionnement de l'économie mondiale, la position de l'État national semble reculer. Les logiques intégratrices privées dépassent les logiques protectrices des États nationaux, dont le rôle et la puissance sont dilués. La mondialisation les prive, partiellement ou totalement, des instruments traditionnels de politique économique que sont les politiques monétaire et budgétaire24. La mondialisation remet également en cause les fondements de certaines politiques comme les politiques sociales (santé, retraite,..), les politiques de revenus et de l'emploi, les politiques de développement durable industriel, agricole, ou encore de transport, ... Ainsi, il apparaît de plus en plus difficile pour les États : - de mettre en œuvre des politiques économiques cohérentes avec la mondialisation et ayant des effets spécifiques sur l'économie nationale ; - de maintenir les systèmes sociaux établis et coûteux ; - de maintenir les structures productives et de faire face à une concurrence exacerbée de pays à bas coût salariaux et à leur modification de plus en plus rapide due au progrès technologique ; - de faire face à une plus grande « volatilité » des marchés. Ainsi, la mondialisation a accru l'incertitude dans les trajectoires économiques de chaque pays et les tensions internes pouvant entraîner la chute de pouvoirs nationaux, à l’exemple du « printemps arabe ». Il reste qu'un moyen d'atténuer les externalités négatives de la mondialisation est de renforcer le pouvoir des États par une intégration économique et politique dans une zone plus large. Le commerce mondial s'est fortement développé sous l'effet, dans un premier temps, d'une croissance soutenue des échanges de matières premières et de biens industriels et, dans un deuxième temps, des services. Ce développement des échanges de services donne aux pays à haut revenu une part non négligeable du commerce international. Tableau 1 : Exportations et importations Mondiales des pays à bas revenu, à revenu intermédiaire ou à haut revenu en 2008 Ainsi, c’est quasiment 70% du commerce international qui s’effectue entre les pays à haut revenu dont la population globale dépasse à peine un milliard d’individus (15% de la population mondiale) et le revenu global représente 42050 milliards de $ sur les 57 000 milliards de $ pour le monde (soit environ 75%). 2. Les investissements directs à l'étranger (IDE) La période de croissance de 1945 à 1973 a permis la formation dans les économies les plus avancées de grands groupes industriels, issus de vagues successives de concentration et de restructuration. Poursuivant leur expansion à

24 Cf. fiche variable sur la politique générale régionale - la crise de la dette en Europe due à sa mondialisation.

Exports % Imports %

Bas revenu 167.3 1.1 239.4 1.5

Revenu moyen 4905.1 30.4 4547.2 27.9

Haut revenu 11060.2 68.5 11522.7 70.6

16132.6 100 16309.5 100

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Variable Mondialisation de l’économie

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l'étranger, ces groupes acquièrent une dimension internationale (FMN firme multi nationale). Leur activité se déploie ainsi dans tous les pays industrialisés et les flux d'investissement sont symétriques (investissements croisés). Les IDE visent la création ou le développement ou la prise de contrôle d'entreprises exerçant leur activité dans un autre pays. La croissance des IDE faible, dans les années 60, à l'exception des États-Unis qui investissaient en Europe et Amérique latine, s'intensifie dans les années 70 avec un rythme de croissance qui suit celui du commerce mondial (5%/an). Alors que face à la crise, les États tentent de multiplier les obstacles aux importations (normes, quotas,..), l’IDE suit le processus d’internationalisation de la production. L’essor des marchés internationaux de capitaux offre de nouvelles possibilités de financement aux très grandes firmes à la fin des années 80. En 1992, 37000 FMN possédaient des actifs estimés à 5000 milliards de $ et faisaient travailler 73 millions de personnes dans le monde. Les 100 firmes les plus importantes détenaient 3400 milliards de $ d’actifs, soit un sixième des actifs mondiaux. Un tiers du commerce mondial de biens et de services correspondait à des échanges intra-firmes. Dans les années 80, les IDE restent fixés sur la triade (États-Unis, Japon, Europe de l’ouest). Les firmes européennes voient leur IDE quadrupler et l’Europe devient le premier espace d’investissement international dans le monde avec un stock d’IDE deux fois plus important que les États-Unis (52% - dont 27% en Europe de l’ouest - du stock mondial d’IDE contre 25% pour les États-Unis et 12% pour le Japon). Cette prépondérance des investissements croisés au sein de la triade reflète l’homogénéisation et l’intégration croissante de l’espace économique des pays industrialisés. Les années 80 sont marquées par une réduction massive des coûts de communication et de transport, par une libéralisation généralisée des marchés financiers et par une vague importante de déréglementations et de privatisations,... permettant aux grands groupes internationaux de pénétrer de nombreux marchés par simple acquisition d’actifs. Les politiques de déréglementation des marchés ont permis l’essor des IDE dans les services des pays industrialisés. Les services sont en effet exploitables sur place et donc incitent à l’IDE pour une firme qui a un avantage dans le domaine. Ainsi la part des services dans le stock mondial d’IDE a dépassé les 50% au début des années 90 (1/3 dans l’industrie, 1/6 dans les activités primaires). La conséquence de la polarisation des investissements au sein de la Triade est que la part de ces IDE vers les économies en développement devient de plus en plus faible. 20% des IDE en 1990 avaient pour destination les pays en développement, dont la moitié vers l’Amérique latine et un tiers vers l’Asie ; alors que 2/3 du stock des IDE en 1913 étaient dirigés vers ces mêmes zones en développement (conséquence du colonialisme). Cependant, la croissance des IDE dans les années 80/90 a été forte avec une nette concentration des IDE en Extrême Orient et en Amérique latine. La Chine devient le deuxième pays d’accueil des IDE dans le monde après les États-Unis – dont une grande partie des IDE vient des pays émergents asiatiques (Hong-Kong, Taïwan, Corée du sud, Singapour). Cette dynamique d’intégration régionale s’appuie sur ces flux intra-régionaux d’investissements. Durant les deux dernières décennies, il est apparu une forte progression des IDE en direction des pays du sud. Les deux tiers de ces flux sont concentrés en Asie de l’est (Chine, Inde, Malaisie, Thaïlande,.. où les coûts de main-d’œuvre sont faibles), et en Amérique latine (Brésil, Argentine, Mexique, Colombie,.. où les États ont procédé à un processus d’assainissement des économies dans les années 80).

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Ainsi, le volume des IDE a considérablement chuté entre 2007 et 2009, passant de 1617 à 1114 milliards de $. Les trois pays qui ont bénéficié le plus des IDE mondiaux sont respectivement les États-Unis (129.9 milliards de $), la Chine (95) et la France (59.6). En contrepartie, les États-Unis (248.1 milliards de $), la France (147.2) et le Japon (74.7) sont les premiers investisseurs au monde. Toutefois, les pays émergents deviennent progressivement d’importants investisseurs, ce qui a stimulé la croissance mondiale, certes faible par rapport au milieu de la décennie précédente. De plus, la baisse relative du volume des IDE vers les pays en développement, par rapport aux pays à haut revenu, est beaucoup plus sensible au manque de confiance en l’avenir et à une augmentation de la prime de risque. Par exemple, l’Amérique latine (notamment l’Argentine) a pâti, au début des années 2000, de son instabilité politique et sociale. L’assainissement de certaines économies a conduit à un retour massif des IDE au milieu de la décennie. Enfin, il faut noter que ces investissements sont extrêmement volatiles passant d’une région à une autre du monde en fonction d’éléments économiques, politiques et sociaux. Il reste que les pays en développement ne bénéficient que d’une part minoritaire des flux d’IDE, même si ces flux se sont accrus en volume. Les IDE qui concourent à la croissance, aux gains de productivité et à l’augmentation des exportations, concernent avant tout les régions ayant un tissu industriel existant et, comme en Asie, une culture d’exportation assez marquée. Tableau 2 : Afflux d’IDE Tableau 3 : Les IDE par niveau par zone géographique en 2007 de revenu national

Zone géographique Volume d’IDE entrants

Part des IDE (%)

Europe et CEI 1 042 340 53.7%

Amérique du nord 349 313 18.0%

Amérique latine et Caraïbes

105 630 5.5%

Océanie 42 445 2.2%

Asie 305 482 15.7%

dont Chine 192 778 9.9%

Proche et Moyen Orient

57 064 2.9%

Afrique 37 923 2.0%

(Tableaux établis à partir des statistiques CNUCED, World Development report, 2010)

Malgré la reprise de 2004, les IDE ne doivent plus être considérés comme une panacée pour les pays en développement car les investisseurs internationaux (pays à haut revenu) prennent en compte les problèmes de taille de marché, l’instabilité économique et politique, la gouvernance plus ou moins défaillante, la faible capacité d’absorption, la corruption, la faible compétitivité globale du système.

Pays Volume d’IDE entrants en millions de $

Part des IDE (%)

à bas revenu 19 975 0.9%

à revenu moyen

inférieur 232 806 10.9%

à revenu moyen

supérieur 268 916 12.6%

à haut revenu 1 617 642 75.6%

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Variable Mondialisation de l’économie

Octobre 2012 87

Cette exigence globale des investisseurs exacerbe davantage la concurrence que se font les pays du sud pour attirer les IDE. Ces flux concernent pour l’essentiel les pays ayant une activité industrielle d’envergure mondiale. De ce fait, les pays développés sont à la fois les premiers investisseurs et les premiers pays d’accueil. Les pays en développement destineraient leurs investissements à l’étranger à la fois vers les pays développés mais aussi vers les autres pays en développement, pour l’essentiel les plus proches géographiquement. La grande entreprise s’est donc progressivement mondialisée en organisant ses opérations tout au long de la chaine allant de la recherche et développement et de l’innovation au financement de son activité, de la production à la distribution de façon à pérenniser son activité ou à maximiser sa rentabilité à l’échelle mondiale. Ainsi, le phénomène de mondialisation porte les germes de la disparition de la nationalité des firmes (R. Reich, 1991) qui deviennent des structures mondiales organisées en formes de réseau, capables de mobiliser et de combiner les compétences de toutes nationalités en vue de réaliser des projets complexes. La multiplication des alliances stratégiques entre FMN montre ce phénomène. Prospective : tendances d’évolution à court et moyen termes La mondialisation des marchés devrait continuer sur la décennie à venir impliquant une interdépendance croissante des pays et des zones d’échanges. Les IDE sont à la base de ce processus et renforcent le pouvoir des pays riches dans le monde. Seule la Chine semble pouvoir rattraper, dans ce domaine, les pays riches à condition qu’elle puisse maintenir les conditions économiques et sociales à l’intérieur de son économie. Les ruptures possibles • Un affrontement militaire entre les continents ruinant les processus économiques. • Un cloisonnement des continents qui n'échangent plus ou moins entre eux. • Une faillite généralisée du système économique. Les hypothèses → H1 : Une récession mondiale entraine une réduction significative des échanges internationaux. Un repli vers les partenaires les plus proches permet de consolider la situation.

→ H2 : Le modèle économique s'est assaini et l'économie financière est au service de l'économie réelle. La Haute Normandie n'a pas su profiter de cette situation et reste à la traîne. Les infrastructures nécessaires n'ont pas été réalisées et les échanges internationaux stagnent, voire régressent.

→ H3 : On assiste à un développement harmonieux des échanges internationaux et la Haute Normandie s'impose en tant que porte maritime vers le Monde.

→ H4 : On assiste à un développement harmonieux des échanges internationaux et des interdépendances entre les continents. La Haute Normandie profite pleinement de cette croissance.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Principaux acteurs concernés, notamment par les hypothèses de changements internes, externes, institutionnels influençant la variable Sources : - J. Adda (1996), La mondialisation de l'économie, La découverte, Paris - R. Reich (1991), L'économie mondialisée, Dunod, 1993 - G. Duthil, à paraître

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Variable Croissance, Emploi, Chômage

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6. Fiche variable « Croissance, emploi, chômage »

Définitions et indicateurs

La relation croissance emploi chômage

A.Okun a mis en évidence à la fin des années 1950 une loi sur longue période, qui reste relativement stable entre la croissance d’une part et, le chômage et l’emploi d’autre part : la « loi d’Okun »

La loi définit une relation inverse (négative) entre la production et le chômage :

Tcho = - 1/k *dPIB

En testant cette relation, Okun démontre l’existence d’une relation négative entre la croissance et le chômage. Il note que la croissance du produit national était en général plus rapide que la baisse du chômage. Ainsi, le coefficient k est égal à 3, pour un taux de chômage compris entre 3% et 7.5%. Le taux de croissance devait donc être égal à 3% pour entraîner une diminution d’un point du taux de chômage. Le corollaire de cette relation est une relation positive entre la croissance et la variation de l’emploi. La relation testée est alors :

dE = e. dPIB

La relation est alors positive : plus la croissance est forte et plus la variation de l’emploi sera ample. Toutefois, même si cette relation est pertinente et stable à long terme, elle s’amenuise du fait de l’impact d’autres variables que celle du PIB: • dP : la variation de la productivité apparente du travail, • dDhT : la durée hebdomadaire de travail, • dW : la variation du salaire moyen Si nous raisonnons sur une seule variable en supposant les n-1 autres variables constantes (toute chose égale par ailleurs) :

dE = f (dPIB) � La causalité que privilégie la relation d’Okun est conforme au principe de la demande effective de Keynes. Le niveau de production va déterminer le niveau d’emploi.

dE = f (dP) � L’évolution de l’emploi est fortement soumise à la

variation de la productivité du travail. Ainsi, si les investissements des entreprises sont plus tournés vers la productivité que vers l’augmentation de la capacité de production, l’impact sur l’emploi sera d’autant plus faible, notamment à court terme. Cependant, à long terme, l’accroissement de la productivité du travail renforce la compétitivité des entreprises sur les marchés. La baisse des coûts et des prix leurs permet de conquérir des marchés. Les entreprises peuvent alors accroître leur production et, donc finalement l’emploi. Mais, cet emploi nécessite une qualification supérieure et est accompagné d’une croissance des salaires versés

dE = f (dDhT) � L’impact de la DhT est négatif sur l’emploi puisque la baisse de la durée accroît automatiquement l’emploi nécessaire. A l’inverse, la

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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hausse de la durée entraîne une diminution de l’emploi nécessaire à la production.

La RTT (1982) et l’ARTT (2000) ont eu des impacts discutables sur l’emploi. Les relations entre ces différentes variables sont également importantes puisque la baisse du temps de travail se traduit systématiquement par une hausse de la productivité du travail. L’impact quasi nul de la RTT en 1982 s’explique en partie. De même, la baisse du temps de travail se traduit par une augmentation du coût du travail. Caractérisation de la situation actuelle à partir d’une analyse rétrospective La vérification de cette loi a été testée sur la période 1990-2010, à partir de données annuelles régionales établies par l’INSEE. Les données concernent diverses variables expliquées prises en variation (taux de chômage- noté dTCHO- et niveau d’emploi-noté dE- et variables explicatives prises également en variation (taux de croissance économique- noté dPIB- taux de croissance du salaire minimal- noté dSmic- et taux de variation de la productivité apparente du travail- noté dP). En ce qui concerne le PIB, la région haut-normande est classée en 13ème place en 2009 (48555 millions d’euros), mais ne représente que 8% du PIB de l’Ile de France et 2.5% du PIB de la France métropolitaine. Le taux de croissance moyen annuel du PIB a été soutenu (2.66%) sur la période 1990-2009 ; ce qui place la région à un niveau intermédiaire des régions qui avaient à peu près le même PIB en 1990 (Picardie, 2.37% ; Bourgogne, 2.53% ; Alsace, 2.68% ; Poitou Charente, 3.14% ; Languedoc Roussillon, 3.64%). Le PIB par habitant place la région haut-normande en 10ème position (26555 euros) et le PIB par emploi la classe en 8ème place (69364 euros). Le secteur industriel reste important (20% de l’emploi total, soit 4ème rang régional). Le secteur est pour l’essentiel composé de grands établissements dont les sièges sociaux sont situés hors de la région (Paris et étrangers). Ainsi, un peu moins de la moitié de l’emploi industriel régional dépend d’un siège hors région (1er rang en France). Ce qui est en fait un élément de fragilité de la région ! Les services ont une importance plus faible (contrepartie directe de la position industrielle), mais restent pourvoyeurs et créateurs d’emplois. L’agriculture, qui représente une forte activité de production, est peu pourvue d’emplois. Cependant, la région souffre d’une part d’un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale (structurellement supérieur d'un point à la moyenne nationale) et le taux de destruction d’emplois est supérieur de 50% à la moyenne nationale. Le taux qui est le rapport entre le nombre d’emplois détruits et le nombre total d’emplois, est de 3.3% en 2009 contre 2.1% en France. Ce taux s’explique par de multiples facteurs : - l’importance de l’industrie, très sensible aux retournements de conjoncture, - l’intensification des gains de productivité dans l’industrie ces 2 dernières décennies, - le poids de la sous-traitance d’activités des grandes entreprises vers les PME, - le poids des CDD et de l’intérim dans l’emploi global, - la faiblesse du niveau moyen de qualification, celle-ci étant une protection contre le chômage.

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Variable Croissance, Emploi, Chômage

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D’ailleurs, les jeunes sont plus au chômage en Haute-Normandie (25% des jeunes actifs contre 20% à l’échelle nationale). Tous ces éléments font que le taux de création d’entreprises rapporté au nombre d’habitants, est faible (3%), plaçant la région au 19ème rang national. La région Haute-Normandie représente 3% de l’emploi national. Elle est peu créatrice d’emplois sur la décennie 2000 par rapport au niveau national (+0.7% en emplois salariés de 2002 à 2008 contre + 4.2% en France. Les liens chômage, emploi et croissance en Haute-Normandie

Il apparaît, au vu des régressions linéaires simples, que la variable « croissance économique » explique significativement les évolutions négatives du taux de chômage et positive du niveau d’emploi. Les variations du salaire minimal ont un effet plus faible sur les deux variables expliquées et les variations de la productivité du travail n’ont aucun impact significatif.

En résumé :

• Une croissance de 3% n'a qu'une influence très faible sur le taux de chômage alors qu'elle a une forte influence sur l'emploi. • Une croissance de 2% du Smic a une influence forte sur la diminution d’emplois alors qu'elle a une faible influence sur le chômage. En ce qui concerne le taux de chômage et en raisonnant toutes choses égales par ailleurs (en posant constantes deux des trois variables explicatives), il convient de noter que : ���� si le taux de croissance est de 2.8%, le taux de chômage ne varie pas (dTCHO = 0). Ainsi, en faisant des hypothèses basse et haute sur le taux de croissance du PIB, il en ressort que : � pour 2% de croissance économique, le taux de chômage (hypothèses pour un taux de chômage initial de 10%) s’accroît de 0.18 point (soit 1614 chômeurs de plus dans la région). � à l’opposé, si le taux de croissance est de 3.5%, alors le taux de chômage baisse de 0.16 point, c’est-à-dire une diminution du nombre de chômeurs de 1291. Pourquoi cet écart d'ajustement entre les deux variations ? - L'existence de chômeurs « désespérés » qui font à nouveau des démarches administratives lors d'une reprise économique. - L'augmentation des taux d'activité, notamment féminin, qui entraîne le passage de l'inactivité à l'activité. - Une amélioration économique entraîne un assouplissement des règles de radiation - La création immédiate d'emplois à temps partiel qui pousse les offreurs de travail à en rechercher un autre. De même, une croissance du smic faible (2%) entraînerait une baisse du taux de chômage de 0.27 point, soit 2177 chômeurs en moins, alors que une hausse plus forte du salaire minimal (5%) impliquerait une variation forte du taux de chômage (+0.82 point), ce qui conduirait à un accroissement du nombre de chômeurs de 6614. Les variations de la productivité apparente du travail ou la réduction du temps de travail hebdomadaire (variable dummy [0,1]) n’ont aucune influence sur l’évolution du taux de chômage.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Tableau 1 : La relation croissance / chômage

dTCHO a b R2

dPIB -0.225

(1.98)

0.629

(1.58) 0.26

dSmic 0.164

(1.66)

-0.60

(1.54) 0.09

dP -0.053

(0.34)

0.081

(0.17) 0.01

dTCHO Valeur min* Impact/hyp

dPIB 2.80% Si 2%

+0.18 point

Si 3.5%

-0.16 point

dSmic 3.65% Si 2%

-0.27 point

Si 5%

+0.82 point

* La valeur d’inversion de tendance est la valeur de la variable explicative qui annule la variable expliquée. En raisonnant de la même façon pour les variations de l’emploi, la croissance économique reste bien une variable pertinente dans l’explication du niveau d’emploi salarié régional. Avec une valeur relativement basse du taux de croissance économique (1.6%), le niveau d’emploi serait maintenu. Si le taux de croissance s’affaiblit (1%), le niveau d’emploi diminue de -0.18 point, soit une perte de 1307 emplois. A l’opposé, si le taux de croissance se maintient 2.6%, l’emploi progresse de +0.27 point, soit 1960 emplois nouveaux créés. Dans le cas d’une croissance soutenue (3.5%), l’emploi progresserait fortement (+0.6 point, soit +4355 emplois). La croissance reste un enjeu stratégique pour la région en termes d’emploi. Dans le cas d'une croissance nulle, l'emploi diminue d'environ 3630 postes Les variations du smic restent également une variable explicative intéressante, mais moins contraignante que sur l’évolution du taux de chômage. Ainsi, si le smic augmente de 3%, l’emploi continue de croître ; il ne baisse de manière notable (- 0.38 point) que pour un taux de croissance du salaire minimal de 6%. Les variations de la productivité du travail restent non significatives de l’évolution de l’emploi. Tableau 2 : La relation croissance / emploi

dE a b R2

dPIB 0.311

(1.98)

-0.495

(1.36)

0.25

dSmic -0.308

(2.50)

1.472

(2.85)

0.15

dP -0.053

(0.34)

0.081

(0.17)

0.01

dE Valeur min* Impact/hyp

dPIB 1.60% Si 1%

-0.18 point

Si 2.5%

+0.28 point

dSmic 4.78% Si 3%

0.55 point

Si 6%

-0.38 point

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Variable Croissance, Emploi, Chômage

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Pour conclure, il apparaît qu'après sélection des variables, seules deux variables sont explicatives des variations de l'emploi et du taux de chômage, à savoir la croissance et la variation de la productivité du travail, les variations du Smic n'expliquent plus les variations des deux variables expliquées. Les entreprises compensent l'augmentation des salaires par des gains de productivité, ce qui a un effet indirect négatif sur l'emploi. L'évolution de la durée hebdomadaire du temps de travail, intégrée au modèle sous forme d'une variable dummy, n'est pas significative et détériore son rendement.

Source statistiques régionales de l'INSEE - Période 1990 – 2009 Prospective : tendances d’évolution à court et moyen termes Les prospectives d’évolution peuvent être calculées sur la base du modèle établi à partir des résultats de la vérification de la loi sur la période 1990-2009. Tableau 3 : Résultats sur la période 1990-2009 dTCHO = - 0,493.dPIB + 0,427.dP +0,315 R2 = 0,484 (3,72) (2,59) (1,01) dE = 0,646. dPIB – 0,534 dP – 0,102 R2 = 0,417 (3,21) (2,13) (0,22) Pour exemple, si la croissance est faible (0,5%) et que la croissance de la productivité reste stable (+2%), le taux de chômage progresse nettement de 0,16 point (soit 1500 chômeurs de plus) et le niveau d'emploi progresse peu de 0,10 point (soit 800 emplois de plus). Quelle stratégie de développement pour la région ?

• La région doit favoriser la mutation des secteurs économiques, en crise ou les plus exposés, vers des activités en émergence. Il faut promouvoir les secteurs porteurs à la fois de croissance et d’emplois (logistique, santé pharmacie, biotechnologies, énergies nouvelles,…) et renforcer la structuration des filières autour des produits innovants (recherches appliquées, innovation de produits / technologies, formation).

• La région doit diversifier les activités de production à la fois industrielles et tertiaires. Il faut encourager l’implantation ou la reprises des petites et moyennes entreprises, concourir à leur développement, aider à structurer les relations entre les PME et les grandes entreprises. Les métiers de l’artisanat et de la maintenance doivent se consolider.

• Il serait important de reconsidérer le problème de la taille optimale d’influence de la région, afin de mettre en valeur les complémentarités au sein de l’espace Paris Seine Normandie, de renforcer le pouvoir économique et politique face à l’île de France. La région pourra ainsi attirer des entreprises nationales performantes (sièges sociaux ou seulement implantation) de façon à réduire sa dépendance vis-à-vis de l’étranger (ex : pétro+). Il faut donc valoriser notre région par une communication sur les atouts régionaux.

• La région doit également monter en gamme, notamment dans l’économie de la connaissance. Il faut donc adapter l’offre de formation aux besoins des entreprises en ayant des filières de formation plus professionnalisées tant dans les hautes qualifications que dans les formations plus basiques (apprentissages à tous les niveaux). Cela nécessite une volonté régionale d’accroître les relations entre les entreprises, les offreurs de travail et les organismes de formation.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Il faut améliorer l’attractivité des métiers issus des secteurs clés tout en renforçant l’innovation technique, organisationnelle, commerciale,…

• La région doit renforcer sa présence à l’international en favorisant l’implantation des entreprises haut normandes à l’étranger, l’exportation de ses produits (biens ou services), en renforçant la position de ses deux grands ports (image, qualité des infrastructures, accessibilité et rapidité,…). Les ruptures possibles • Une défaillance généralisée de toutes les économies qui sombrent dans un chaos économique sans précédent.

• Des tensions sociales, voire une révolution, remettant en cause le système établi. Les hypothèses → H1 : La crise se poursuit, voire s'accentue. Elle provoque une montée du chômage dans tous les secteurs et une très forte précarisation du travail. Les effets sociaux négatifs sont importants dans les domaines de vie, de formation, de santé,...

→ H2 : Malgré la reprise économique en France, la Haute Normandie stagne, voire régresse. Le chômage ne diminue pas et l'emploi est soumis à une forte précarité. L'intérim s'accroit et on note une forte vulnérabilité des jeunes et des femmes.

→ H3 : La Haute Normandie a su anticiper la reprise économique et a connu une longue décennie de croissance, avec une forte baisse du chômage, une diminution de la précarité du travail et une amélioration du pouvoir d'achat des ménages. Les effets sociaux positifs sont importants dans les domaines de vie, de formation, de santé,...

→ H4 : La France et l'Europe se retrouvent dans un cycle long de croissance. La situation sociale est améliorée sur tous ses territoires, des pénuries de main-d’œuvre apparaissent dans certains secteurs économiques

Principaux acteurs concernés, notamment par les hypothèses de changements internes, externes, institutionnels influençant la variable Sources : - G. Duthil, à paraître

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Variable Filières économiques

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7. Fiche variable « Filières économiques »

Définitions

« Ensemble des activités économiques qui conduisent à la mise sur le marché d’un bien ou d’un service déterminé, c'est-à-dire en allant de l’amont vers l’aval, jusqu’au consommateur final, ménage ou entreprise »25

Distinguer entre filière verticale (supra) et filière horizontale (qui ne regroupe que les acteurs situés dans la même phase du process (ex. filière automobile réunit les acteurs industriels, à l’exclusion des fournisseurs de matières premières ou des distributeurs).

Principales filières en Haute-Normandie : Automobile, Aéronautique/spatial, Energie, CBS, Verre, Agroalimentaire, Agriculture, Pêche, Logistique, Tourisme (certaines bi régionales), Risques (pôle Valmaris) Indicateurs pertinents26 pour décrire la variable

• Croissance de la valeur ajoutée (dynamisme économique) • Part dans la valeur ajoutée régionale (contribution à la richesse régionale) • Capacité d’investissement • Valeur ajoutée par salarié • Coûts de production (rémunération par salarié) • Capacité exportatrice • Evolution de l’emploi salarié • Spécialisation sectorielle (poids du secteur dans l’emploi régional) • Taux de création d’entreprises • Besoin de renouvellement (taux de salariés de plus de 50ans) • Rotation de la main d’œuvre • Tension du marché du travail (taux de recours à l’intérim)

Caractérisation de la situation actuelle à partir d’une analyse rétrospective27

- Forte identité industrielle dominante orientée vers la production autour des grandes filières traditionnelles

• Mutation en cours pour ces filières, condition essentielle de leur pérennité favorisée par l’apparition de nouvelles technologies : combustion propre, moteur électrique, nouveaux process, sensibilité à l’environnement…

• Part très importante du territoire (les 2/3) occupé par l’agriculture en dépit du caractère fortement urbanisé de la région : la Haute-Normandie est une région de grandes cultures et d’élevage.

• Les moyennes et grandes exploitations (de taille supérieure à la moyenne nationale) exploitent 96% de la surface agricole et sont spécialisées dans les grandes cultures (blé, colza, orge, lin, betteraves industrielles, pomme de terre), puis dans la polyculture-polyélevage, l’élevage laitier spécialisé et les élevages

25 Selon l’Insee. 26 D’après ORECO, Observatoire REgional de la COmpétitivité, piloté par la Chambre de Commerce et d'Industrie de Région Haute-Normandie (CCIR HN) qui suit 22 indicateurs stratégiques. 27 Région Haute-Normandie, Diagnostic de l’Economie régionale, préalable au CRDE, novembre 2010 et CREFOR, cahiers sectoriels

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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mixtes (lait viande). Ces grandes exploitations sont concentrées sur les terres riches, les mieux pourvues en industrie de transformation agroalimentaire et en infrastructures de stockage et d’exportation.

• Les petites exploitations sont orientées vers l’élevage. Le maraîchage est très peu représenté.

• Les principaux débouchés sont l’exportation pour les céréales (place portuaire de Rouen) et l’industrie agroalimentaire pour les autres productions. • A contrario, faiblesse du secteur tertiaire (71% de l’emploi contre 76% en France) , y compris tertiaire supérieur (« à haute valeur ajoutée »). • Cloisonnement encore fort des acteurs et esprit réseau peu développé

• Prédominance de PME fragiles: manque de capacité novatrice (culture R&D, esprit d’anticipation) et de réflexion stratégique long terme, orientation vers la production (sous-traitants) et l’action à court terme, capitalisation insuffisante, présence à l’international peu développée, peu de liens avec la recherche amont

• Présence d’une main d’œuvre qualifiée mais peu évolutive et vieillissante

• Présence de fortes expertises sur des créneaux pointus mais peu valorisées

• Opportunités à saisir lors de la transmission à venir d’un grand nombre d’entreprises compte tenu de l’âge des dirigeants : nouvelle culture d’entreprise (compétences, ouverture), regroupements d’entreprises (taille critique),

Prospective : tendances d’évolution à court et moyen termes

Tendance lourde

• Rôle déterminant de l’énergie : coût, disponibilité, nature des sources énergétiques

Autres tendances

• Besoin confirmé de mobilité des individus

• Accélération technologique (TIC…)

• Impact économique lié au vieillissement de la population (services à la personne en tant que filière, risques assuranciels, formation tout au long de la vie, transformation des emplois…)

• Croissance structurelle de la demande mondiale alimentaire

• Mutation/Evolution de filières traditionnelles : automobile, pétrochimie,

• Progression continue de la filière aéronautique et spatiale

• Emergence de nouvelles filières : éolien off shore, déconstruction (non seulement automobile…), déchets

• Poursuite de la mutation du monde agricole : concentration des moyens de production au rythme des restructurations, multiplication des « sociétés », ce qui accroît le contraste entre petites exploitations, héritage d’une culture traditionnelle et grandes exploitations, véritables sociétés de production à grande échelle. La baisse du travail familial est continue au profit de l’emploi de salariés, de plus en plus qualifié. 80% des agriculteurs de moins de 40 ans ont le baccalauréat (multiplication par 2 des bacheliers en 10 ans).

• Adaptation nécessaire des moyennes exploitations à de nouveaux marchés au risque de disparaître (variétés plus productives, traitements plus efficaces)

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Variable Filières économiques

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• Regroupement de PME leur permettant d’atteindre la taille critique européenne (de la PME à l’ETI – entreprise de taille intermédiaire entre 250 et 5000).

Les ruptures possibles28 Préliminaire : existence de facteurs exogènes sur lesquels le territoire n’a aucune prise mais qui peuvent être extrêmement impactants : économie financière mondiale, montée en puissance des pays émergents et incidence sur les économies européennes, apparition de nouvelles technologies et acceptabilité sociétale du changement,… Ruptures « négatives » :

• coût de l’énergie dissuasif freinant l’activité économique ; • incapacité des acteurs politiques et économiques à juguler la/les crise(s) actuelle(s), absence d’alternative efficace, persistance d’un enchainement crise/reprise ; • poursuite de la désindustrialisation de l’Europe sous l’effet de la performance globale de l’industrie des pays émergents (qualité, coût, technologie, réactivité…) ; • disparition d’entreprises par l’absence de repreneurs : perte de savoir faire et disparitions de compétences ; • répétition du caractère exceptionnel des évènements climatiques et répercussions sur le cours des productions agricoles. Ruptures « positives » :

• production de l’énergie à un coût supérieur générant des produits pour la région et obligeant à innover pour trouver des alternatives • les acteurs ayant tiré la leçon des crises 2008-2011 ; un modèle économique performant s’impose mettant l’économie financière au service de l’économie réelle. • relocalisation en Europe suite au manque de performance des pays émergents Les hypothèses : → H1 - Réduction des échanges. Poursuite du mouvement désindustrialisation / délocalisations

Les délocalisations massives touchent le secteur industriel. Parmi les services, les activités tertiaires de proximité sont les seules à pouvoir se développer.

→ H2 – Désindustrialisation et économie régionale traditionnelle en souffrance

Les délocalisations diminuent mais les secteurs traditionnels vieillissants et les PME souffrent et la désindustrialisation du territoire se poursuit. Certaines activités de service se réimplantent tout de même en région.

→ H3 – Mutation des secteurs traditionnels vers des activités en émergence

Des relocalisations profitent à la région. Certains secteurs traditionnels mutent vers des activités émergentes ; les PME bénéficient de nouvelles opportunités.

28 CESER Rhône-Alpes, 2025 : Visions pour Rhône-Alpes, novembre 2008.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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→ H4 – Réindustrialisation du territoire. Développement des secteurs clés porteurs. Attractivité internationale.

On assiste à une ré industrialisation de la région autour de secteurs clé pour l’économie régionale (Energie, logistique, portuaire), qui entrainent la croissance et bénéficient en retour du regain général de l’activité.

Les services de logistique liée à l’agriculture se renforcent et améliorent leur productivité via l’optimisation des voies d’eau et la massification des transports. De nouvelles filières porteuses se structurent et le territoire devient attractif pour les entreprises étrangères.

Principaux acteurs concernés, notamment par les hypothèses de changements internes, externes, institutionnels influençant la variable - Institutions bancaires (y compris sociétés de capital risque) - Collectivités territoriales (soutien favorisant l’ancrage en région) - Organismes professionnels et consulaires - Structures filières - Organismes de formation De nombreux acteurs sont en dehors du territoire…

Sources : - Région Haute-Normandie, Diagnostic de l’Economie régionale, préalable au CRDE, novembre 2010 - CREFOR, cahiers sectoriels - CESER Rhône-Alpes, 2025 : Visions pour Rhône-Alpes, novembre 2008.

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Variable Formation Insertion

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8. Fiche variable « Formation Insertion »

Définitions

Formation : « Ensemble des activités visant à assurer l’acquisition de connaissances, de savoirs de base ou disciplinaires et de compétences pour exercer un métier ». On distingue d’une part, la formation initiale avec ses différents niveaux primaire (dont la maternelle), secondaire, supérieur, dispensée auprès des jeunes, sanctionnée le plus souvent par un diplôme correspondant à un niveau de formation (de V à I)29 et d’autre part, la formation continue dispensée auprès des individus ayant quitté leur parcours de formation initiale ; celle-ci est dite qualifiante lorsqu’elle est sanctionnée par un diplôme, un titre professionnel… La formation initiale peut se dérouler « sous statut scolaire », avec éventuellement alternance de périodes de formation en école et en entreprise, ou « en apprentissage » lorsqu’un contrat de travail est passé entre un jeune et un employeur. Le droit à la formation continue sur le temps de travail est reconnu aux salariés et l’obligation de formation est faite aux employeurs. Les financeurs publics et pôle emploi dédient principalement leurs moyens à la formation des demandeurs d’emploi, mais peuvent aussi accompagner les actifs en emploi. Les objectifs de la formation sont multiples, mêlant l’apprentissage de la citoyenneté, la transmission des savoirs et des connaissances, l’acquisition de compétences pratiques pour exercer une activité professionnelle, enfin l’insertion professionnelle et l’évolution dans un parcours professionnel. La notion de formation tout au long de la vie (FTLV) recouvre l’ensemble de ces objectifs qui se rencontrent à différents moments du parcours de vie d’un individu, de sa formation initiale à son insertion et son évolution professionnelle, avec les temps d’orientation intermédiaires, de reconversion, avec la possibilité de valider ses acquis et ses compétences professionnelles et faire valoir ses qualifications. Elle est de nature à favoriser un certain équilibre dans la relation emploi-formation au cœur des enjeux du dynamisme socioéconomique d’un territoire. Indicateurs pertinents pour décrire la variable Certains concernent la formation en elle-même et les niveaux de diplômes, d’autres le niveau de qualification en emploi et éclairent une partie de la relation « emploi-formation » en région. (N .b. La majorité des indicateurs est sexuée) • Effectifs scolarisés par niveau (y compris supérieur) • Taux de scolarisation des 16-25 ans • Taux de réussite aux principaux examens, notamment bac

29 Organisation des niveaux de formation :

o niveau VI : sans diplôme o niveau V bis : sans diplôme mais niveau d’étude CAP BEP o niveau V : diplômé d’un CAP ou BEP o niveau IV : diplômé baccalauréat o niveau III : diplômé bac + 2 o niveau II : diplômé bac + 3 o niveau I : diplômé bac + 5 et plus.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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• Taux de bacheliers dans une génération • Poids des bacs généraux, technologiques, professionnels • Taux de poursuite d’étude dans l’enseignement supérieur • Poids des 3 voies de formation (initial statut scolaire, apprentissage, formation continue) – en volume et par niveau de diplôme • Nombre et niveaux de formés en apprentissage • Nombre de diplômés de l’enseignement supérieur • Nombre de doctorants et poids de la région • Population totale par niveau de diplôme • Population sans diplôme (niveau VI et V bis) chez les 15-24 ans non scolarisés • Niveau de qualification des actifs (en emploi et demandeurs d’emploi) • Nombre et nature des bénéficiaires d’une action de formation continue • Nombre de VAE délivrées par un certificateur • Insertion à 7mois (suivi de cohortes par enquête – SEINE - IVA) • Taux d’activité des 16-25 ans • Taux de chômage par âge • Pourcentage de la population en situation d’illettrisme (données nationales jusqu’à la sortie de l’extension d’enquête IVQ INSEE en 2013) La mise en cohérence territoriale de l’offre de formation pourra être évaluée dans le cadre de l’évaluation du CPRDFP30 prévue au sein du CCREFP31. Les modalités et les indicateurs de suivi n’en sont pas précisés à ce jour. Caractérisation de la situation actuelle à partir d’une analyse rétrospective La Haute-Normandie se place (en 2008) au 3ème rang des régions françaises les plus jeunes (France Métropolitaine (FM)). Le revenu moyen des Haut-Normands est dans le premier tiers des régions de France.

Son histoire industrielle a imprimé des spécificités marquantes pour la structure des qualifications régionales au fil des générations. Au dernier recensement 20% des actifs occupent un emploi industriel (contre 15,2% en FM).

Dans ces secteurs industriels, la population ouvrière représente 57% des actifs (contre 53% en FM) et le déficit de cadres est important (11% contre 15%). Les emplois de services sont peu qualifiés et les emplois temporaires plus nombreux avec un fort recours à l’intérim. → Les qualifications en Haute-Normandie

La population ouvrière est plus qualifiée32 qu’ailleurs (63,5% d’ouvriers qualifiés contre 62% en FM), avec toutefois de fortes variations d’un secteur à l’autre : de 54% dans les industries agricoles et alimentaires à 84% dans le secteur de l’énergie.

Toutefois, dans l’ensemble de la population régionale, le niveau de formation initiale est le plus faible des régions (FM). On recense (en 2007):

- 21% de sans diplômes (contre 17% en FM) - 9,6% de titulaires d’un diplôme de niveau bac + 2 (contre 11,1%) - 8,2% de titulaires d’un diplôme de niveau supérieur à bac + 2 (contre 12%)

Parmi les actifs, le taux de sans diplôme au recensement de 2006 atteignait 26% et 57% possédaient seulement un 1er diplôme de niveau V (CAP/BEP).

30 CPRDFP - Contrat de plan régional de développement des formations professionnelles 31 CCREFP – Comité de coordination régional emploi formation professionnelle 32 Qualification mesurée à partir du type d’emploi occupé

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Variable Formation Insertion

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La qualification ouvrière s’est donc acquise principalement à travers l’entreprise et pas à l’école.

→ Les progrès sur les niveaux de diplôme

En Haute-Normandie, en 2007, le taux de scolarisation des 15-17 ans et 18-24 ans est légèrement inférieur au taux national (95,8% contre 96,3% et 47,3% contre 51,7%). Par cycle d’étude en 2008, il est plus élevé pour le secondaire (30,4% contre 28,9%) et moins pour le supérieur (19,06% contre 24,8%). Il diminue fortement sur longue période depuis 1999 (-5,08% contre -3,34% dans le secondaire et - 0,93% contre - 0,46% dans le supérieur) sous le double effet de la plus grande rapidité des parcours scolaires (moins de redoublements) et de la baisse de la durée des études ; en effet, les haut-normands s’orientent davantage dans des parcours d’enseignement professionnel ou technologiques moins longs et poursuivent moins dans l’enseignement supérieur.

Globalement, la région se caractérise par un taux d’accès d’une génération au bac conforme à la moyenne nationale (65,6%). Les taux de réussite sont en augmentation significative sur la région depuis 2008 : session 2011 : taux moyen de 84,3%, (86,1% contre 88,2% en FM en bac général - 79,8% contre 82,3% en FM en bac technologique - 84,2% contre 83,6% en FM en bac professionnel), mais la proportion d’une génération obtenant le bac reste en deçà de la moyenne.

Le taux de bacheliers poursuivant des études supérieures reste loin derrière la moyenne nationale (71,2% contre 74,9% en FM rentrée 2011) en raison de la plus forte proportion de bacheliers professionnels.

Malgré un déficit de formation des actifs, leur niveau de diplôme n’a cessé d’augmenter : dès les années 2000, le rapport entre actifs non diplômés et diplômés de niveau V s’est inversé pour la première fois et ce, quelle que soit la zone d’emploi considérée sur le territoire haut-normand.

Par ailleurs, les jeunes entrent sur le marché du travail de plus en plus diplômés et les écarts intergénérationnels se creusent :

actifs de + de 50 ans 40% Sans diplôme en 2006

actifs de – de 30 ans 17%

La majorité, soit 57%, des diplômés de – de 30 ans possède un diplôme de niveau IV ou plus contre seulement 48% en 1999 et 40% des jeunes femmes ont un diplôme de niveau III ou supérieur, contre 24% des hommes.

Même quand elles sont diplômées de niveau V, les femmes sont employées proportionnellement plus que les hommes à des postes d’ouvriers non qualifiés.

Malgré ces progrès, le déficit de formation initiale constaté perdure même si les écarts se réduisent : les indicateurs des autres régions progressent également et le « rang » de la Haute-Normandie ne s’améliore pas significativement malgré les efforts.

→ Les besoins spécifiques à la Haute-Normandie

La question des niveaux de formation constitue un enjeu de premier ordre puisque il est estimé que 73 % des recrutements de jeunes de la période 2002-2015 ont été ou seront de niveau bac minimum, contre 65% au cours de la période 1990-2002

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Les activités économiques présentes sur le territoire régional appellent à une élévation des niveaux de formation et à des évolutions des « capacités professionnelles » et non exclusivement des savoirs techniques.

Les mutations des activités et les besoins d’innovation accélèrent les changements dans les emplois : technicité, élargissement des compétences, pré-requis de plus en plus complets,…

Le diplôme de niveau V de plus en plus nécessaire pour accéder à l’emploi dans des activités industrielles traditionnellement peu demandeuses de collaborateurs diplômés devient insuffisant avec l’automatisation des process industriels, la nécessité de travailler en autonomie sur une ligne de production ou d’exercer des contrôles et une maintenance de premier niveau

Le niveau IV devient le niveau minimum de formation requis pour l’entrée dans l’emploi à des postes de production sur profil de techniciens, même s’il reste des besoins localisés en savoir-faire traditionnels.

Le niveau III (bac+2) tend même à se substituer au niveau IV comme premier niveau d’accès à l’emploi dans certains secteurs : exemple de la Chimie, où la maîtrise de la sécurité est un élément du quotidien. Ailleurs c’est l’usage des langues, de l’informatique, le bon niveau de culture générale, la capacité à travailler avec d’autres corps de métiers… qui seront recherchés pour répondre aux exigences d’adaptabilité dans l’emploi, d’intégration des évolutions technologiques ou les normes qualité…

La région Haute-Normandie cumule donc 2 handicaps : elle a moins de bagage « formation » alors qu’il lui en faudrait plus. La population active et, tout particulièrement, les jeunes qui cherchent à s’insérer n’ont pas les qualifications nécessaires. Or, compte tenu des mutations nécessaires de son économie, la région a besoin d’une population davantage formée. → La synergie entre acteurs pour répondre aux défis :

L’offre d’éducation dépend très largement de l’Etat mais le rôle des collectivités territoriales s’est étendu au fil du temps en matière de formation initiale mais surtout de formation continue, champ dans lequel les partenaires sociaux jouent également un rôle important. La stratégie de Lisbonne au niveau européen a fixé des objectifs à 2010 et à 2020 pour entrer dans « la société de la connaissance ». Les niveaux d’intervention et les acteurs sont multiples, nécessitant davantage de coordination.

Parmi les récents éléments de contexte structurants en matière de formation, on peut citer la réforme de la voie professionnelle, introduisant un diplôme de niveau IV (bac professionnel) en complément du niveau V (CAP), la réforme du lycée, la loi sur l’autonomie des universités, la loi de 2009 relative à l’orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie…

En Haute-Normandie, l’adoption conjointe du CPRDFP et du CRDE33 par la Région et ses partenaires met l’accent sur les objectifs communs, partagés par les signataires34 du CPRDFP en matière : - d’observation des besoins des entreprises, - d’orientation des publics vers les formations et les métiers porteurs, d’élévation générale des qualifications,

33 CRDE – Contrat régional de développement économique 34 Préfet, Autorités académiques, Président de Région

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Variable Formation Insertion

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- d’atteinte du niveau V minimum pour tous et de lutte contre le décrochage scolaire, - d’offre de solution formation adaptées à toutes les situations.

Les diagnostics réalisés tant pour le CRDE que pour le CPRDF ont permis une lecture partagée de la relation emploi formation sur l’ensemble des territoires et des grands secteurs d’activité.

Ils constituent donc une base commune pour une approche concrète et méthodologique de concertation et d’animation des acteurs de la formation, de l’orientation, de l’emploi. Le CCREFP doit être l’instance d’évaluation du CPRDFP s’il est vrai que l’on manque de recul en raison de son adoption récente (mai 2011), les dispositions existent pour faire en sorte d’organiser l’action des partenaires régionaux autour des ambitions.

Enfin en matière d’orientation, la refonte en cours du service public de l’orientation est encore trop récente pour identifier les réels changements opérés, mais elle place l’orientation au cœur des problématiques de réussite des parcours de formation et d’insertion dans l’emploi à terme. Prospective : tendances d’évolution à court et moyen termes D'ici 2040, la démographie des classes d’âge devrait connaître, à tendance constante, une évolution structurelle avec davantage de personnes âgées de 60 ans ou plus, un doublement des 80 ans ou plus et inversement, une diminution des tranches d'âge plus jeunes, en particulier les 30 - 60 ans. Ces modifications s’accompagnent d’un allongement de la durée d’activité liée aux récentes réformes des retraites dont les effets seront à absorber d’ici 2025.

Les entreprises confrontées au phénomène de vieillissement de leurs actifs doivent anticiper leur remplacement, voire innover dans l’organisation du travail pour conserver et transmettre les compétences et savoirs faire aux plus jeunes.

Cette question est d’autant plus cruciale en Haute-Normandie que la région compte deux fois plus de secteurs d’activité qu’au niveau national où la proportion d’actifs âgés de 45 à 54 ans est supérieure à 30%.

Néanmoins, les renouvellements d’actifs ne se feront pas à l’identique sur les secteurs concernés, en termes ni de qualification, ni de typologie de métier et les mutations affecteront aussi le poids des secteurs entre eux.

La tendance à 2025 met donc en exergue deux notions qui s’imposent de plus en plus comme une nécessité face à des parcours professionnels de moins en moins linéaires : - d’une part, l’acquisition d’un « socle » de compétences de base et de compétences transversales pour garantir une certaine adaptabilité dans l’emploi - d’autre part, la « formation tout au long de la vie » pour accompagner la fluidité et la sécurisation des parcours. La FTLV répond aussi tout simplement aux aspirations des individus à changer de voie ou à évoluer professionnellement.

Les articulations entre formation initiale et permanente vont se complexifier.

Parallèlement, la diversité des publics en formation initiale va perdurer et avec elle la difficulté d’assurer la réussite pour tous dans un cadre qui n’ouvrirait pas davantage de possibilités d’individualiser des parcours

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Les apprentissages « informels »35 vont se développer avec les technologies de l’information et continuer à réinterroger les fondements mêmes des modalités des apprentissages et de l’évaluation des acquis Les ruptures possibles Nouvel acte de décentralisation avec nouveaux transferts de compétences, dans des domaines de la formation initiale (secondaire et enseignement supérieur), de la formation continue et notamment des demandeurs d’emploi, la régionalisation du SPO… Les hypothèses : → H1 - Retards creusés et recul attractivité du supérieur

L’élévation des niveaux de formation initiale et de qualification des actifs n’a pas été à la mesure des retards à rattraper pour la région. Ces retards se sont creusés. Le retard en nombre de sortants non diplômés de la formation initiale, ou dans l’accès à l’enseignement supérieur n’est pas rattrapé. Les acteurs de la formation et de l’économie régionale ne sont pas en capacité de mettre en place les adaptations nécessaires des formations et des qualifications aux besoins des secteurs en forte mutation et se trouvent davantage fragilisés. La synergie entre les acteurs de la formation initiale et continue, de l’information et de l’orientation, les partenaires sociaux et les entreprises, n’est pas au niveau des enjeux pour rattraper les retards régionaux. → H2 – Rattrapage des retards en formation et recherche

L’élévation des niveaux de formation initiale et de qualification des actifs a permis de rattraper les retards de la région. Les adaptations nécessaires des qualifications aux besoins de quelques secteurs en forte mutation sont mises en place. Les acteurs de la formation initiale et continue ont renforcé les liens entre eux et les habitudes de travail en commun. → H3 – Attractivité renforcée de l’offre formation/recherche. Elévation des niveaux

L’élévation des niveaux de formation initiale et de qualification des actifs a été significative et les opportunités structurelles qu’offrait l’économie régionale ont permis, grâce à la coordination de tous les acteurs de l’orientation, de la formation, de l’emploi, de prendre de l’avance sur la moyenne des régions qui ne disposaient pas des mêmes ressources. La formation est un des piliers qui permettra à la région de relever le défi de la société de la connaissance. L’élévation des qualifications est significative tant en niveaux de sortie de formation initiale qu’en volume de formés par niveau. Les qualifications sont adaptées aux besoins des secteurs en forte mutation et prennent en compte les nouvelles exigences du développement durable. Une évaluation des politiques publiques de formation est systématique pour répondre aux objectifs de moyen long terme partagés par les différents acteurs dans les lieux de concertation instaurés grâce aux différents contrats régionaux. Le CPRDFP est l’outil de la démarche stratégique suivie et évaluée par le CCREFP. 35 À l’initiative des individus, hors des temps organisés par les systèmes classiques de formation initiale et continue

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Variable Formation Insertion

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Principaux acteurs concernés, notamment par les hypothèses de changements internes, externes, institutionnels influençant la variable

Etat, Région, partenaires sociaux, établissements de formation, organismes de formation, entreprises, acteurs de l’AIO, CREFOR, pôle emploi Sources : - Diagnostic CPRDFP - janvier 2011– CREFOR - Diagnostic CRDE - novembre 2011 – Ernst & Young - Géographie de l’école – DEPP Ministère – mai 2011 - Géographie emploi-formation – CREFOR – 2011 - Dossier de rentrée 2011 – académie de Rouen – septembre 2011 - Diagnostic STRATER – ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche – avril 2011 - Atlas régional des effectif d’étudiants 2010-2011 – DGESIP – Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche – janvier 2012 - Prospective emploi-formation en 2015 : une nouvelle approche- Les dossiers n°175, Ministère de l’Éducation Nationale

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Variable Recherche Innovation

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9. Fiche variable « Recherche et Innovation »

Définitions

Recherche : « Ensemble des activités intellectuelles ayant pour objet la production ou la progression des connaissances ». Activités menées au sein de structures dédiées, publiques ou privées. Distinction entre recherche fondamentale et recherche appliquée, mais évolution vers un continuum qui tend à lisser le passage de l’une à l’autre ; Innovation : «Processus par lequel on cherche à apporter une réponse nouvelle à un besoin formulé de façon plus ou moins explicite ». Distinction entre innovation de produit et innovation de process. L’innovation se traduit en applications sur le plan économique (notion d’avantage concurrentiel). Indicateurs pertinents pour décrire la variable36

• Dépenses de R&D publiques / privées • Intensité de R&D (ratio dépenses R&D/PIB régional) • Part du PIB régional consacré à la recherche • Somme investie par habitant dans une région • Nombre de chercheurs et d’enseignants chercheurs • Effectifs étudiants dans filières dont les filières scientifiques • Nombre de thèses de doctorat soutenues • Nombre de brevets déposés • Nombre de publications diffusées • Nombre de bourses CIFRE en Haute-Normandie (conventions industrielles de formation par la recherche) • Nombre de laboratoires labellisés (CNRS, INSERM, INRA, IFREMER, Education nationale) • Nombre de contrats compétitifs (ERC – European Research Council) • Résultats aux appels à projets d’investissements d’avenirs Caractérisation de la situation actuelle à partir d’une analyse rétrospective • Forte présence de la recherche privée émanant de grands groupes: automobile, aéronautique, CBS

• A contrario peu de culture R&D dans les PME

• Recherche publique peu développée (ratio 20/80% - l’écart en Haute-Normandie est aux extrémités)

• Absence de structures de pilotage administratif de la recherche publique en région (CNRS à Caen, INSERM à Lille)

• Nombre limité de laboratoires INSERM et CNRS

• Absence de laboratoires labellisés INRA ou IFREMER

36 Observatoire des sciences et des techniques, publication annuelle.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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• Emergence récente d’une dynamique de réseau, en rupture avec l’individualisme culturel, aussi bien entre organisations de même nature, qu’entre secteur privé et secteur public, grandes et petites entreprises, y compris au niveau interrégional, favorisant le montage de projets collaboratifs plus performants

• Soutien financier insuffisant aux jeunes entreprises innovantes handicapant leur performance et leur pérennité

• Peu d’allocations CIFRE

• Faiblesse du nombre de projets retenus dans le cadre des Investissements d’Avenir et concentration dans le domaine des Sciences de l’ingénieur

• Lourdeur de la réglementation des dépôts de brevets La situation a beaucoup évolué depuis 2004 : favorablement sur le territoire avec la création de pôles de compétitivité et le volontarisme de la Région qui se traduit dans les GRR (structurant et donnant de la cohérence), néanmoins moins favorablement au niveau national avec l’économie affectée par la crise. Les indicateurs observés dans le temps (observatoire des sciences et techniques depuis 12 ans) montrent qu’en situation relative par rapport aux autres régions, les 2 Normandie sont toujours dans le peloton de queue. Le handicap n’est pas levé et il faut des facteurs d’accélération pour faire décoller la région. Prospective : tendances d’évolution à court et moyen termes • La moitié des technologies utilisées à grande échelle dans 10 ans sont encore inconnues aujourd’hui, en particulier celles concernant l’accessibilité numérique.

• Impact incontournable de la globalisation : l’accroissement de la mobilité des chercheurs et leur concentration autour de grandes équipes internationales rend plus que jamais nécessaire l’excellence comme critère de lisibilité et de pérennité pour nos structures en région.

• La tendance lourde est une politique nationale de concentration et donc au regroupement des centres de recherche qui ne joue pas en faveur des régions où la recherche est récente comme en Haute-Normandie.

• La politique initiée par le Traité de Lisbonne (l’Europe de la connaissance) produit ses effets sur le long terme et capitalise ses premiers acquis dans des réseaux européens (clusters européens, pôles de compétitivité français).

• Les contraintes pesant sur les financements publics vont conduire à une plus grande sélectivité en matière de soutien aux programmes de recherche.

• Le salut est dans l’excellence.

• Les financements publics, notamment européens dans le cadre de la vague 2014-2020, vont s’inscrire dans la nouvelle logique de la « smart specialisation » : chaque territoire ne peut être excellent partout, il faut effectivement viser l'excellence là où on en a les compétences et jouer la complémentarité avec les territoires voisins.

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Variable Recherche Innovation

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Les ruptures possibles Ruptures « négatives » :

• délocalisation de la recherche vers les pays émergents ou à coût plus faible ; • obsolescence ou échec des technologies sur lesquels le territoire a concentré ses efforts ; • la concurrence entre territoires voisins pénalise la région normande au profit de l’Ile de France, qui attire de plus en plus les chercheurs ; • manque d’acceptabilité sociétale des technologies nouvelles ; • concentration de la recherche sur quelques hyper campus, PRES ou quelques grands pôles au niveau national, au détriment de notre territoire où la recherche est récente. Ruptures « positives » :

• le projet Paris Seine Normandie fédère les énergies ; • la proximité de l’Ile de France voisine permet l’expansion des activités de recherche, favorisée par la présence de grands équipements structurants et des infrastructures de transports performantes ; • la région réussit sa spécialisation sur différents secteurs de pointe et devient la référence incontournable sur ces secteurs de R&D : ex. peptides, CBS, éolien, matériaux, énergie ; • grâce à l’influence d’acteurs locaux, leaders d’envergure nationale, la région bénéficie d’une implantation d’un laboratoire d’excellence. Les hypothèses → H1 - Dilution et recul de la recherche régionale.

Concurrence exacerbée entre les « campus » (au sens d’un grand site scientifique à visibilité international), générant une dilution et un recul de la recherche régionale dans un contexte de mondialisation de la recherche. Déficience des financements publics et déréglementation de la recherche. L’action du PRES est limitée. Le défaut d'attractivité de l'enseignement supérieur s'est accentué. → H2 : La ré industrialisation et la relocalisation favorisent le maintien des activités de recherche.

Le PRES jouit d’une visibilité nationale et internationale lui permettant ainsi d’engager des actions structurantes. Mise en réseau efficace des acteurs de la recherche dans un contexte européen dynamique, à l’échelle du projet Paris Seine Normandie. → H3 – Structuration et attractivité renforcée de l'offre de formation supérieure et de la recherche régionale

Le PRES est piloté à l’échelle interrégionale dans le cadre du projet fédérateur Paris Seine Normandie. Les bourses doctorales régionales sont renforcées, certaines sont fléchées sur des thèmes en lien avec les problématiques du territoire haut-normand. Les chercheurs bénéficient de la part des partenaires locaux de mesures d’accompagnement social à la formation doctorale. La structuration et l’attractivité sont renforcées par l’offre de formation supérieure et la recherche régionale.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 110

Principaux acteurs concernés, notamment par les hypothèses de changements internes, externes, institutionnels influençant la variable

- Monde universitaire, à titre individuel ou collectif - PRES - Organismes de recherche - Filières et autres structures partenariales (pôles, grappes, clusters…) - Acteurs économiques - Acteurs politiques - Collectivités territoriales et consulaires

Sources: - Diagnostic CRDE 2011 - Ernst & Young - Novembre 2011 - Géographie emploi-formation 2011– CREFOR - 2011 - Diagnostic STRATER – ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche – avril 2011 - Atlas régional des effectif d’étudiants 2010-2011 – DGESIP – Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche – janvier 2012 - Publication annuelle, Observatoire des sciences et des techniques.

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Variable Offre de soins et Politique de Santé

Octobre 2012 111

10. Fiche variable « Offre de soins et Politique de Santé37 »

Définitions

« L’offre de soins dans une région contribue à garantir un état sanitaire satisfaisant à la population. Elle s’articule autour du secteur public (hôpitaux), du secteur privé (cliniques) et de la santé libérale (médecins, infirmiers, kinés, etc.). Au niveau d’un territoire, les différents éléments constitutifs de l’offre de soins devraient donc former un maillage complémentaire pour répondre au mieux aux besoins de la population. 38. Plusieurs principes importants conditionnent néanmoins cette offre : la liberté d’installation des médecins libéraux, la liberté du choix du médecin par le patient ainsi que le conventionnement. Ils sont néanmoins à la source d’une inégalité face à l’accès aux soins. Les politiques nationales de santé publique sont également déterminantes sur l’offre et l’accès aux soins. Si l’offre de soins est une condition nécessaire au bon état sanitaire d’une population, elle n’est pas suffisante en tant que telle. Les pratiques d’une population en matière d’alimentation, de consommation d’alcool, de tabagie ou de sport, les conditions de travail, les facteurs environnementaux, etc., mais aussi le mode de recours au système de soins ou à la prévention sont autant de facteurs indépendants de l’offre de soins qui peuvent affecter l’état de santé de la population » Organisation régionale de l’offre de soins : Au niveau régional, les agences régionales de santé (ARS) assurent la coordination des soins prodigués, veillent à une gestion cohérente des ressources et garantissent un accès égal à une prise en charge de qualité. Elles adaptent les politiques nationales à leurs contextes régionaux, par le biais de programmes régionaux de santé (PRS), composés de schémas régionaux de prévention, de schémas régionaux d’organisation des soins (SROS) de ville et hospitaliers, ainsi que de schémas médico-sociaux pour les personnes âgées ou dépendantes. Au niveau local, les structures et les professionnels de santé s’organisent, sous la supervision des ARS, pour permettre une prise en charge graduée des patients selon leur état : des soins de 1er recours centrés autour du médecin généraliste, qui assure l’orientation du patient, des soins de 2nd recours dispensés par les médecins spécialistes et les établissements de santé, voire des structures adaptées comme les centres hospitaliers universitaires (CHU). Cette organisation est conditionnée par une coordination des soins entre les établissements de santé et la médecine de ville d’une part, un renforcement de la permanence des soins, ambulatoire et hospitalière, d’autre part. Indicateurs pertinents pour décrire la variable

• densité de professionnels médicaux et paramédicaux par spécialité et par zone géographique ; pyramide des âges des professionnels de santé ; offre de formation médicale et paramédicale et répartition des quotas nationaux et régionaux dans les formations ;

37 Sources : Stratégie nationale de développement durable 2010-2013, juillet 2010. Insee, Les territoires de santé en Haute-Normandie situation socio-sanitaire actuelle et perspectives démographiques, AVAL Haute-Normandie, mars 2012, n°114., 38 Définition INSEE

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 112

• données relatives à la mortalité et à la morbidité par cause, par tranche d’âge, prématurée (0-64 ans), admission en ALD (affections longue durée) • vieillissement de la population • dépendance / vieillissement • données générales de démographie (naissance, décès, structure par âge …) • nombre d’établissements de santé publics / privés ; répartition sur le territoire ; • recours à l’hospitalisation à domicile ; • taux d’équipement en lits et places ; • activités de court séjour (alternative à l’hospitalisation) ; • caractéristiques des séjours en soins de suite et de réadaptation, en psychiatrie ; • espérance de vie et espérance de vie en bonne santé, à la naissance en France • accidents de travail ; maladies professionnelles ; • besoins de santé non satisfaits39 ; • taux de suicide. Caractérisation de la situation actuelle à partir d’une analyse rétrospective La Haute-Normandie présente une situation socio-sanitaire actuelle préoccupante et très contrastée selon les territoires de santé que ce soit en termes d'indicateurs démographiques, sociaux, d'offre de soins ou bien encore d'état de santé. Ces informations, reflet des années précédentes notamment en termes d'indicateurs de santé, doivent être mises en regard des perspectives démographiques. À l'horizon 2040, près de 10 % de la population haut-normande aura plus de 80 ans contre moins de 5 % en 2010. Ce vieillissement de la population concernera l'ensemble des territoires et pose d'ores et déjà la question de la prise en charge de cette nouvelle composante de la population en termes de mise en place de politiques de santé adaptées.

Le taux de mortalité prématurée (c’est à dire pour les personnes âgées de moins de 65 ans) de la région est élevé : 2,3 décès pour 1 000 personnes de moins de 65 ans en 2007 contre 2,0 en France. Cela place la Haute-Normandie au 8ème rang des régions les plus touchées. Cette «surmortalité» est deux fois plus élevée pour les hommes (3,2 pour 1 000 dans la région contre 2,8 en France) que pour les femmes (1,4 pour 1 000 dans la région contre 1,3 en France).

La région dispose d’un accès correct aux équipements de santé de proximité (pharmaciens, médecins généralistes, kinésithérapeutes, dentistes et infirmiers) par rapport au temps de trajet en voiture. En 2007, seules 4,2 % des personnes en Haute-Normandie (contre 2,9 %) sont situées à plus de 20 minutes en voiture d’un de ces services de soin de proximité, cela place la région au 13ème rang pour cet indicateur.

Mais le nombre de professionnels de santé rapporté à la population est faible, ce qui pose la question de l’accessibilité réelle aux soins. En particulier pour les médecins généralistes, la région est 20ème avec une densité de 141 médecins pour 100 000 habitants en 2008 (163 en moyenne). Ceci est aussi vrai pour les psychiatres, les ophtalmologues, les chirurgiens dentistes…

Les urgences du CHU détiennent le 3ème rang en France et la région ne peut s’en vanter, cette affluence est un signe de mauvaise santé de notre système d’accès au soin primaire.

39 Tableau de bord des indicateurs de la SNDD 2010-2013, cet indicateur biennal mesure le renoncement aux soins pour raisons financières selon le type de couverture médicale.

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Variable Offre de soins et Politique de Santé

Octobre 2012 113

Les lobbies ont su faire pression pour supprimer la réglementation sur les installations, avec le risque en région de voir perdurer les déserts médicaux d‘étudiants, de professionnels.

La portée pratique de la réforme de la 1ère année est un échec : il y a toujours autant de sélection au concours et très peu s’inscrivent dans plusieurs filières. L’augmentation régulière du numérus clausus en 1ère année de médecine ne permet pas encore de réensemencer la région en professionnels de santé. Après la reconnaissance du grade licence accordé par l’Université aux infirmières, des masters sont mis en place pour créer des nouveaux métiers et dynamiser les réseaux de soins. Les étrangers ne peuvent pratiquer que dans le public, on les retrouve dans les hôpitaux publics (où ils sont 4000 au total). Les modalités de validation de leur diplôme sont difficiles et le retour dans leur pays d’origine a été reporté en 2016…le système public ne peut guère se passer d’eux et les modalités de validation devront être aménagées. Une « prime à la qualité » vient d’être réintroduite pour moduler les effets déshumanisants de la seule TAA (Tarification à l’acte) sur la prise en charge des patients. Le contexte est celui d’un profond renouvellement de l’organisation régionale de santé, suite à la loi HPST (Hôpital, Patients, Santé, Territoires) et à la création de l’agence régionale de santé (ARS). Le taux d’évolution de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie a été fixé à 3% en 2010, 2,9% en 2011 et 2,8% pour 2012. Cet objectif suppose une vigilance particulière dans tous les secteurs de dépenses. La gestion optimale des ressources collectives en matière de santé (l’efficience) doit être recherchée. Et ce d’autant plus qu’une croissance des dépenses totales de santé supérieure au taux de l’ONDAM (Objectif national des dépenses d’assurance maladie), se traduirait inéluctablement par un accroissement des inégalités dans l’accès aux soins. Prospective : hypothèses d’évolution à court et moyen termes Les ressources financières sont de plus en plus limitées. La redéfinition des politiques sociales est une nécessité mais aucun levier local / régional n’est possible pour influer ces choix. Inéluctable adaptation de l’offre de soins à l’évolution de la morbidité et des demandes de prise en charge : développements de l’ambulatoire, des alternatives à l’hospitalisation, des réseaux ville – hôpital. Néanmoins, cette évolution demeure limitée parce que le cadre de planification des soins est rigide. C’est un enjeu stratégique, car il faut désormais conjuguer l’hyperspécialisation des acteurs et des structures (qui va de pair avec l’explosion des connaissances et des techniques) avec la nécessaire coordination des soins et ce, afin d’assurer une prise en charge globale des patients. Il s’agit donc de faire travailler ensemble des acteurs qui ont une culture de l’indépendance, de l’autonomie et/ou de la concurrence. Toutes les tendances en matière d’offre de soins impactent l’aménagement du territoire, la cohésion sociale et l’organisation du système de santé.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 114

Les ruptures possibles La poursuite du progrès technique est un élément porteur de l’avenir : pour certaines maladies (schizophrénie, Alzheimer…), on est passé de la théorie freudienne, à la génétique, demain à la microbiologie ou aux virus… Les variables influençant ce progrès sont parallèlement très nombreuses (démographie, épidémiologie, transformations sociales, financements, notions d’usagers / clients / consommateurs / cotisants…)

L’offre de soin en 2025 est un système de variables à lui tout seul, mais sera très éloigné du système actuel, un véritable nouveau « système solaire »…

La création de l’ANS agence nationale de santé est souhaitée pour qu’il n’y ait plus cloisonnement entre ceux qui organisent les soins et ceux qui les financent.

Les coopérations entre les professionnels de santé et, notamment, la création d’un diplôme d’infirmer clinicien en 1ère ligne pour donner les soins courants et assurer la prise en charge des pathologies chroniques. Une intervention du législateur est nécessaire pour arrêter une liste définie où les diagnostics, prescriptions, actes techniques pourraient être pratiqués par ces infirmiers cliniciens, de même qu’une acceptation sociale… Ruptures possibles liées aux biotechnologies et à la bio-ingénierie :

Les biotechnologies et la bio-ingénierie peuvent également générer des ruptures. En effet, l’innovation scientifique et son exploitation industrielle se sont structurées autour du vivant, de sa compréhension et de sa manipulation en vue de nouvelles découvertes dans les domaines du diagnostic, de la prévention et du traitement des maladies humaines. Si l'innovation scientifique est bien le moteur du secteur des biotechnologies et de la bio-ingénierie, celles-ci sont néanmoins très sensibles à des facteurs financiers, réglementaires, politiques, éthiques et culturels. Les hypothèses → H1 – Situation sanitaire dégradée. Aggravation des inégalités d’accès aux soins.

La situation est irrémédiablement dégradée : les déserts médicaux se développent et renforcent l’iniquité dans l’accès aux soins. La prévention et l’éducation à la santé n’existent plus. Les pathologies régionales sont de plus en plus lourdes. La morbidité augmente avec l’âge. Les aides attribuées à la recherche dans les secteurs de pointe du CHUR sont réduites. Les recherches abouties ne sont plus valorisées. Les déserts médicaux se développent. L’encombrement des services d’urgences est un signe de « mauvaise santé » et d’accès aux soins déséquilibrés. → H2 –Les retards régionaux importants se creusent.

La solvabilité du système de santé s’est maintenue mais les retards sont tels que les écarts se creusent. Aucun changement en matière de prévention n’est à noter, ce qui accentue les déséquilibres déjà prégnants entre actifs des différents secteurs professionnels. Les aides attribuées à la recherche dans les secteurs de pointe du CHUR sont réduites. Les recherches abouties ne sont plus valorisées. La morbidité augmente avec l’âge. La densité médicale des généralistes a régressé d’un point. En revanche, la densité des spécialistes est toujours aussi faible. L’encombrement des services d’urgences est un signe de « mauvaise santé » et d’accès aux soins déséquilibrés.

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Variable Offre de soins et Politique de Santé

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→ H3 – Retards en cours de rattrapage, baisse des inégalités d’accès aux soins. E-médecine.

Une prise en charge du vieillissement au niveau national permet de flécher les moyens sur les priorités régionales (prévention, démographie médicale …). Les retards s’estompent. On assiste à la régénération du système de médecine préventive. On identifie et on priorise des secteurs professionnels ou des zones scolaires prioritaires : les écarts de réduisent. Les aides locales sont attribuées à la recherche de pointe du CHUR : on en constate les bénéfices sur les découvertes médicales. L’âge et la morbidité reculent au même rythme. L’amélioration de la démographie médicale est réelle. La région est attractive pour les professionnels de santé dans le cadre de réseaux de soins interactifs. Les inégalités territoriales dans l’offre de soins sont limitées. Les maisons de santé, qui ont été généralisées à l’échelle régionale, sont maintenant les lieux d’accès au soin primaire. La télémédecine et la télésanté se sont développées permettant une meilleure coopération entre les professionnels de santé. → H4 – Prévention généralisée. Recul des pathologies lourdes régionales.

Une prise en charge du vieillissement au niveau national permet de flécher les moyens sur les priorités régionales (prévention, démographie médicale …). Les retards s’estompent. La médecine préventive est généralisée. On assiste à un recul significatif de certaines pathologies régionales lourdes. La télémédecine et la télésanté (mais aussi e-examens et télé prescription), bénéficiant de l’adhésion des populations, se généralisent. L’accès aux soins est plus fluide. L’âge d’apparition de certaines pathologies recule. La morbidité recule également avec l’âge. L’amélioration de la démographie médicale est réelle. La région est attractive pour les professionnels de santé. Les inégalités territoriales dans l’offre de soins sont limitées. Principaux acteurs concernés, notamment par les hypothèses de changements internes, externes, institutionnels influençant la variable • Région (formations / professions paramédicales + incitation attractivité / démographie médicale) ; • Collectivités territoriales ; • Agence Régionale de Santé (ARS) ; • Université (enseignement et recherche) • INSERM ; • Laboratoires de recherche publique / privée ; • Acteurs économiques ; • Acteurs politiques; • Ordres professionnels ; • CNAM –Caisse Nationale d’Assurance Maladie

Sources : - « Les nouveaux patients… en 2025 » - Office de prospective en Santé - Rapport 2011.-. Sciences Po. Les Presses - « Les agences régionales de santé en 2025 » - Office de prospective en Santé - Rapport 2011 - Claude Evin - Sciences Po. Les Presses - « Histoire de la Médecine. Quel avenir ? » Philippe Hecketsweiler - Ellipses 2010 - « Médecines – objectifs 203 »5 – éd. l’Archipel – sous la direction de Paul Benkimoun - « Le consentement au financement de la santé » - Centre d’analyse stratégique – Séminaire du 7 avril 2010 - Centre d’analyse stratégique - Note d'analyse n° 254 et 255 - décembre 2011

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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- « Données statistiques générales sur la Haute-Normandie » - CESER Haute-Normandie – octobre 2010 (démographie) - Fichier du Conseil national de l'Ordre des médecins pour l'année 2006 - Traitement DREES - projections de population INSEE, projections DREES - Atlas de la démographie médicale – Situation au 1er janvier 2011 - Conseil National de l’Ordre des Médecins - Bulletin d’information - Ordre national des médecins n°21 janv.-fév. 2012 http://www.senat.fr/seances : séance du 12 juillet 2011 http://www.ars.haute-normandie.sante.fr/Contexte-regional

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Variable Environnement, Climat et Risques naturels et industriels

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11. Fiche variable « Environnement, Climat et Risques naturels et

industriels40 » Définitions

Définition 1 : L’environnement peut être défini comme « l’ensemble, à un moment donné, des aspects physiques, chimiques, biologiques et des facteurs sociaux et économiques susceptibles d’avoir un effet direct ou indirect, immédiat ou à terme, sur les êtres vivants et les activités humaines » (circulaire n° 77-300 du 29 août 1977 du Ministère de l’Education Nationale). D’une façon plus générale, l’environnement est constitué de « l’ensemble des éléments qui, dans la complexité de leurs relations, constitue le cadre, le milieu, les conditions de vie pour l’homme » (Pierre George, géographe).

Définition 2 : Les risques naturels : Le phénomène de changement climatique, apparu depuis une trentaine d'années et identifié lors du sommet de la terre de Stockholm (1972), a montré qu'il existe un risque d'origine anthropique sur l'environnement, qui peut avoir des impacts sur la société. Lors du sommet de la terre de Rio de Janeiro (1992), puis de Johannesburg (2002), des démarches dites de développement durable ont été formalisées, dont l'application dans les entreprises relève de la responsabilité sociétale des entreprises. Beaucoup de phénomènes naturels (séismes, tsunamis) n'ont pas d'origine anthropique41. C'est la superposition spatiale entre l'extension d'un aléa et un territoire habité qui crée le risque. Un séisme dans le désert ne présente presque pas de conséquence, alors qu'il peut être très grave dans un territoire densément peuplé. Dans les dernières décennies, l'émergence de nouveaux acteurs comme les ONG, a montré qu'il était nécessaire d'intégrer des agents de la société civile dans les méthodes de management. On a ainsi vu apparaître le concept de partie prenante (stakeholder en anglais ) dans certains modèles économiques, afin de satisfaire à certaines exigences de développement durable et de responsabilité sociétale (pour les entreprises). Le risque dans l’industrie : Les méthodes normées de gestion du risque sont en grande partie apparues dans le secteur industriel (En 2010, la loi sur les ICPE était bicentenaire) : transport maritime et ferroviaire, exploitations minières, industrie automobile, industrie nucléaire, aérospatiale, militaire, pétrolière et chimique. Ces méthodes ont été adaptées au secteur de la santé, médecine, pharmacie... C'est sans doute dans l'industrie nucléaire et de l'armement que les conséquences visibles et possibles des accidents sont les plus importantes, mais aussi les mesures pour les prévenir sont les plus sophistiquées. Dans ce secteur, on parle donc de sûreté, plus que de sécurité.

D'autre part, l'industrie nucléaire comporte une spécificité par rapport aux autres types d'industrie, qui est la durée du cycle.

40 Sources : Insee, Les indicateurs de développement durable en Haute-Normandie, Cahier d’aval n°9, juin 2011 41 www.wikipedia.fr

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Les applications les plus évidentes de la gestion des risques industriels concernent la zonation (ex : études de zones pour Fos-sur-Mer, Calais-Dunkerque,...), la cartographie du risque et les régimes d’enregistrement (ex : installations classées pour la protection de l'environnement, sites SEVESO ou ICPE, soumises à une règlementation plus stricte), la planification (PPRT, études de risques, études de dangers) et les exercices et formations pour la sécurité et la prévention.

Indicateurs pertinents pour décrire la variable Il existe une multiplicité d’indicateurs, distincts selon les sources. En France, la stratégie nationale de développement durable a été adoptée par le Gouvernement pour la période 2010-2013 dans le cadre de la loi de programmation du Grenelle de l’Environnement. Des indicateurs ont été définis et répartis dans 9 défis sur les thèmes environnementaux, économiques et sociaux propres au développement durable : - défi 1 – consommation et production durables - défi 2 – société de la connaissance - défi 3 – gouvernance - défi 4 – changements climatiques et énergies - défi 5 – transport et mobilité durables - défi 6 – conservation et gestion durable de la biodiversité et des ressources naturelles - défi 7 – santé publique, prévention et gestion des risques - défi 8 – démographie, immigration, inclusion sociale - défi 9 – défis internationaux et développement durable Ils permettent des comparaisons au niveau européen sur le développement durable. Cette classification en 9 défis a été reprise par l’Insee et permet ainsi de comparer la Haute-Normandie avec les autres régions françaises. Parmi ces indicateurs, on peut retenir notamment les suivants qui relèvent de la variable « Environnement, Climat, Risques » - Changement climatique et maîtrise de l’énergie - Evolution des températures hivernales - Emissions de gaz à effet de serre, hors puits de carbone - Evolution des consommations finales d’énergie - Production d’électricité renouvelable rapportée à la consommation finale d’électricité - Conservation et gestion durable de la biodiversité et des ressources naturelles - Logements non raccordés à un système d’assainissement des eaux usées - Nitrates dans les cours d’eau - Etat des peuplements piscicoles - Abondance des populations d’oiseaux communs - Fragmentation des milieux naturels - Evolution des surfaces en espaces artificialisés - Part de superficie en sites Natura 2000 - Consommation et production durables - Evolution de la quantité de déchets ménagers collectés par habitant - Prélèvement en eau par usage - Surfaces en agriculture biologique

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Variable Environnement, Climat et Risques naturels et industriels

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- Valorisation des déchets ménagers et assimilés - Production de granulats - Prévention et gestion des risques - Densité d’établissements industriels à risque - Population exposée à des risques d’inondation - Indice Atmo de la qualité de l’air dans les grandes agglomérations Caractérisation de la situation actuelle à partir d’une analyse rétrospective

Le Schéma régional d’aménagement et de développement du territoire (SRADT), le Contrat de Projets État-Région 2007-2013, le Programme opérationnel régional FEDER, le Fonds social européen (FSE) sont les principaux outils au service du développement durable du territoire haut-normand. Les collectivités haut-normandes ont également un rôle important à jouer en s’engageant dans des démarches territoriales de développement durable. C’est dans cet objectif qu’une vingtaine de collectivités a choisi, ces dernières années, d’élaborer un «Agenda 21 local». Cette nouvelle approche stratégique, à la fois participative, volontariste et pragmatique, connait en effet un développement positif dans notre région, prouvant ainsi qu’il est possible de mettre en cohérence les politiques publiques locales avec les orientations internationales et nationales en faveur d’un développement durable de nos sociétés. Le poids important de l’industrie dans l’économie de la Haute-Normandie exerce un fort impact en matière d’environnement : impact sur le climat, consommation énergétique, risques industriels, production de déchets. La Haute-Normandie est ainsi la 1ere région qui émet le plus de gaz à effet de serre par habitant et la 2ème par rapport à son PIB : presque deux fois plus que la moyenne de la Métropole. La région est également une grosse productrice de déchets par habitant. Les entreprises haut-normandes produisent le plus de déchets dangereux par habitant : 3 fois plus que la moyenne de la Métropole en 2008. Conscients de cette situation, les entreprises haut-normandes ont fait un gros effort en consacrant la part plus importante de l’investissement industriel haut-normand à la protection de l’environnement : 8 %, soit la 4ème région de Métropole. Le secteur des éco-entreprises est dynamique, la Haute-Normandie compte la plus forte part d’emplois dans ce domaine. L’agriculture biologique est peu développée : 0,5 % de la surface agricole en 2008 contre 2,1 % en Métropole. D’une façon générale, le territoire haut-normand se caractérise par une faible part de sa surface couverte par des sols naturels : 23 % contre 39 % du territoire métropolitain en 2008. Cela s’explique par la géographie de la région : il y a moins de zones non habitables ou non cultivables que dans d’autres régions. Les zones artificialisées couvrent 12 % du territoire. La Haute-Normandie est une région ou l’urbanisation et la périurbanisation sont plus fortes qu’ailleurs. Avec 6 établissements Seveso pour 1 000 km2 en Haute-Normandie en 2008 contre 2 en moyenne, la Haute-Normandie est la 2ème région ayant la plus forte concentration de sites Seveso après l’Ile-de-France. Il y a 31 sites Seveso «seuil bas» et 44 sites Seveso «seuil haut» dans la région. Ces sites se concentrent en vallée de Seine dans les zones industrielles du Havre, de Port-Jérôme et de Rouen-Elbeuf dans le secteur chimique essentiellement.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Les communes haut-normandes sont beaucoup moins soumises à un risque de mouvement de terrain dû à la sécheresse et autant à une inondation intérieure que l’ensemble de la métropole. En revanche, elles risquent plus d’être confrontées à un mouvement de terrain hors sécheresse que la moyenne. Les communes du littoral haut-normand ont le plus faible risque, après la Picardie, de subir une inondation marine. Au 17ème rang pour la part de sa surface couverte par des sols naturels (23 % contre 39 %) en 2008, la Haute-Normandie dispose ainsi, toutes proportions gardées, davantage de surfaces agricoles ou artificialisées (respectivement 65 % et 12 % contre 51 % et 9 %). En 2010, la Haute-Normandie se situe au 18ème rang pour la part de son territoire en parc naturel régional : 6,5 % contre 13,2 % Elle est 21ème pour la part de la surface terrestre en Natura 2000 (3,4 % pour Haute-Normandie contre 13 %). Entre 2000 et 2006, les espaces artificialisés gagnent du terrain sur les espaces naturels et surtout sur les espaces agricoles : solde de + 1 800 hectares (0,14 % du territoire contre 0,15 %). La part de la surface toujours en herbe (zone de biodiversité) par rapport à la surface agricole utile totale en 2008 est plus faible avec 28 % en Haute-Normandie contre 34 %. Cette part est en baisse pour presque toutes les régions. La part de la surface toujours en herbe par rapport à la surface totale du territoire en Haute-Normandie, supérieure à celle de la Métropole en 1990 (24,6 % contre 20,9 %), tend à la rejoindre (en 2008 : 18,6 % contre 18,1 %). La Haute-Normandie est au 16ème rang sur les 21 régions de France continentale pour la variation de l’indice d’abondance des oiseaux communs, toutes espèces confondues entre 2001 et 2009. Cet indice a diminué de 7,6 % entre 2001 et 2009. Prospective : hypothèses d’évolution à court et moyen termes Le cadre général de l’évolution dépendra d’abord des conditions concrètes de mise en œuvre des schémas et plans régionaux déjà élaborés ou en cours d’élaboration en 2012 : - PCET (Plans Climat-Energie territoriaux) - Plans de prévention des risques - SRCAE (Schéma régional Climat-Air-Energie) - SRCE (Schéma régional de cohérence écologique) Les ruptures possibles

• Accélération du changement climatique au-delà des prévisions du GIEC42 (dont un nouveau rapport est attendu pour 2014)

• Catastrophe naturelle ou technologique majeure provoquant un changement radical de l’opinion publique (du type Fukushima)

• Progrès inattendus dans une gouvernance mondiale et/ou européenne permettant la mis en place d’une politique beaucoup plus volontariste en matière de changement climatique et de préservation de l’environnement

42 Groupe d’experts internationaux sur l’évolution du climat

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Variable Environnement, Climat et Risques naturels et industriels

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Les hypothèses → H1 – Repli sur habitudes de consommation énergétique, cloisonnement des milieux naturels.

On assiste au repli sur les habitudes : le stock de ressources naturelles s’épuise. Les émissions nocives stagnent car l’activité est fortement réduite. Parallèlement, le coût des énergies ne cesse d’augmenter. Cela a un effet dissuasif induisant une baisse de la consommation. L’innovation n’est plus une priorité et est en recul. L’EPR de Penly n’est pas réalisé faute de financement. Les champs d’éoliennes offshore ne tournent pas à la puissance escomptée. L’artificialisation des sols est croissante et contribue au cloisonnement des milieux naturels. La poursuite du réchauffement climatique intensifie les risques naturels et la morbidité. → H2 – Emergence d’une croissance verte, pas de restauration des équilibres des écosystèmes

Le déploiement des énergies propres n’est pas assez rentable. Les émissions nocives s’accentuent. La hausse de du coût de l’énergie est toujours une réalité. Les parcs éoliens offshore sont réalisés mais génèrent très peu de retombées pour l’emploi régional. De plus, ces parcs ne sont pas en capacité de relayer les énergies fossiles dans les usages. Pour autant, une croissance verte émerge progressivement mais le tissu industriel haut-normand n’est pas en capacité de saisir cette opportunité. La poursuite du réchauffement climatique intensifie les risques naturels et la morbidité. En raison de la forte présence en nombre de sites classés Seveso (75), une filière de prévention et de gestion des risques industriels se développe. L’artificialisation des sols se poursuit favorisant ainsi le cloisonnement des sols. → H3 – l’innovation favorise la croissance verte. La biodiversité est améliorée.

Le coût des énergies est toujours en hausse. Les émissions nocives, toujours importantes, sont pondérées par le développement des énergies renouvelables grâce aux innovations. L’EPR de Penly et les fermes éoliennes en mer sont réalisés générant de réelles retombées en termes d’emploi et de qualification. L’innovation favorise le développement d’une « croissance verte ». La région saisit cette opportunité. L’érosion de la biodiversité est stoppée. Un SRCE est appliqué mais ne permet pas la restauration des écosystèmes. Le réchauffement climatique est freiné. Les PPRT sont généralisés. → H4 – Le durable est ancré dans les modes de consommation et les process industriels.

Le long terme est privilégié ; le durable est ancré dans les modes de consommation et intégré au process industriels. L’objectif du Grenelle de l’environnement est atteint (23% des énergies sont issues de sources renouvelables) ; les émissions de GEF sont réduites par 2 (le facteur 4 prévoyant une réduction par 4 à échéance 2050 semble atteignable). Le réchauffement climatique est freiné. La hausse des énergies conduit les pouvoirs publics à faire des choix : L'EPR est réalisé, les innovations rapides ont permis de développer des sources d'énergies à la fois propres et durables. Les énergies sont produites en quantité suffisante pour répondre aux besoins économiques régionaux, nationaux et internationaux. L’amélioration de la qualité paysagère et de la biodiversité est une réalité s’appuyant sur un SRCE ambitieux. Les PPRT sont généralisés. Un volet littoral est introduit dans les SCOT.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Principaux acteurs concernés, notamment par les hypothèses de changements internes, externes, institutionnels influençant la variable • Services de l’Etat en Région • Collectivités territoriales (élaboration de schémas régionaux ou locaux) • Entreprises (concernées par les potentialités d’une « croissance verte) • Ménages (changement de modes de consommation)

Sources : - Les indicateurs du développement durable en Haute-Normandie - Cahier d’Aval n°91, juin 2010, INSEE-AREHN - http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/ - Données statistiques du ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie - http://www.orddhn.fr/ Observatoire régional du développement durable en Haute-Normandie. AREHN - circulaire n° 77-300 du 29 août 1977 du Ministère de l’Education Nationale

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Variable Rayonnement culturel

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12. Fiche variable « Rayonnement culturel »

Définitions

Le rayonnement culturel d’une société ou d’un territoire témoigne de l'influence qu’elle/il a sur d’autres sociétés ou à l’extérieur de ses frontières. Pour une région, le rayonnement culturel est un élément important de développement comme vecteur d’une image positive, de notoriété et d'attractivité culturelle, avec des impacts économiques visibles notamment au travers des retombées touristiques sur le territoire. Il passe par la mise en valeur des atouts culturels de la région ; cela va au-delà de la simple valorisation du patrimoine ou de l’existant et englobe la valorisation de la nouveauté. Il se mesure par la capacité à donner une « signature de vie permanente » qui soit : - porteuse d’image, d’envie, de curiosité au niveau national ou international ET - génératrice de fierté au niveau régional, d’appartenance à un territoire, d’identité. La célébration du 11ème centenaire de la création de la Normandie a donné lieu à plusieurs centaines de manifestations homologuées par le Comité Régional de Tourisme (CRT). Si ces évènements n'ont pas eu le retentissement de Normandie Impressionnisme (porté par des élus "majeurs") ils ont permis, selon le bilan effectué par le CRT, de renforcer le sentiment d'appartenance des normands à leur territoire. Cette évolution n'est en général visible que sur de longues périodes. Ces sentiments partagés constituent un « capital social », véritable levier pour l’action chez les individus et garant d’un dynamisme collectif au travers de l’adhésion à une communauté d’intérêt. Indicateurs pertinents pour décrire la variable On peut distinguer plusieurs types d’indicateurs : Ceux qui mesurent l’offre culturelle :

1 - de par sa localisation : La richesse du patrimoine, les équipements culturels… au travers du nombre de structures en valeur absolue ou rapportées au nombre d’habitant (chiffres du DEPS les plus anciens datent de 2005, les plus récents de 2009): Musées, « musées de France », structures de diffusion de spectacles vivant, scènes nationales, théâtres, conservatoires, écoles d’art, bibliothèques, salles de cinéma…

2 - de par son poids économique mesuré par les emplois culturels : La part des établissements dans l’activité selon l’INSEE, ou la moyenne de 3 indices (le sectoriel (code NAF) – la densité d’établissements pour 1000hab – les professions (PCS) qui mesure l’importance du secteur culturel en région. (réf. INSEE nov. 2011 lettre analyses n°155 – Valérie Venelle étude Rhône Alpes)

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Ceux qui mesurent l’offre touristique (accueil, hébergement)

Offre d'hébergement :

1- hôtellerie: les grands groupes et chaînes hôtelières ne s'implantent que dans des zones "rentables" le climat et la saisonnalité a fortement restreint ce type d'hôtellerie, à part les spots sensibles (Deauville, Mont Saint Michel et zones urbaines). L'hôtellerie indépendante est dans une situation précaire (cf. rapport du Conseil National du Tourisme " Quel avenir pour l’hôtellerie indépendante»), établissements anciens, nouvelles règles de classement exigeantes et nouvelles normes d'accès handicap ne permettent pas aux propriétaires de rénover leurs établissement à la rentabilité déjà délicate.

2 - gîtes et chambre d'hôtes se portent bien en Haute-Normandie et sont en progression constante, cependant la demande est plus forte que l'offre et il y a peu de nouvelles offres (les fermetures équilibrant les nouvelles créations)

3 - hébergement de plein air, la région Haute-Normandie est sous équipée, la demande est forte et la crise aidant de nombreux touristes se reportent sur ce type d'hébergement. Il faut noter que la Haute-Normandie est particulièrement dépourvue d'établissement de qualité (offrant piscine et animations). Ceux qui mesurent le dynamisme culturel :

Les évènements, les festivals, la programmation artistique, les créations, la diffusion, les pratiques du public, l’attractivité de l’offre régionale à l’échelle de la région et au-delà du territoire au travers de l’accueil de visiteurs extérieurs nationaux ou étrangers et leur fréquentation des structures culturelles et touristiques (chiffres du DEPS). A ce titre, les chiffres de la fréquentation des évènements phares de la région (Armada, Normandie Impressionniste, etc.) sont particulièrement révélateurs, ainsi que le dynamisme de l’Opéra de Rouen – Haute-Normandie qui se place en 2ème position nationale en termes de richesse des programmations. En termes d’attractivité, on retiendra particulièrement le nombre de festivals et d’évènements selon leur envergure régionale ou nationale. Cette série d’indicateurs caractérise le développement culturel en contribuant à cerner les éléments de la dynamique culturelle, mais ne mesure pas directement le rayonnement culturel, soit : - la portée de l’image de la région, l’envie ou la curiosité véhiculée à l’extérieur, qui ne peut être réduite à l’accueil de visiteurs - ni même le sentiment de fierté, d’identité, d’appartenance des habitants. On mesure ici toutes les limites de l’analyse quantitative. Caractérisation de la situation actuelle à partir d’une analyse rétrospective Le rapport du CESER de 2009 Rayonnement national et international de la culture en Haute-Normandie fait un état des lieux de la richesse culturelle et de son attractivité Le rapport du CESER 2010 Vers un schéma régional de développement culturel présente une comparaison des statistiques régionales avec celles des régions proches géographiquement ou ayant le même poids « démographico/économique ». Il pointe : - des « forces et opportunités » autour de la diffusion du spectacle vivant, des enseignements artistiques et de la lecture, - des « faiblesses et des menaces » autour de la diffusion des œuvres d’art et de la création artistique.

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Variable Rayonnement culturel

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Il est complété d’une enquête sur l’emploi culturel en région.

Selon l’état des lieux en 2009, la Région se caractérise par un nombre de structures de diffusion du spectacle vivant et de scènes nationales supérieur à la moyenne nationale.

En termes d’activités économiques, selon le RP 2006, le poids du secteur culturel dans l’activité reste très moyen ; il représente 2,7% et place la région au 15ème rang des régions, avec une spécificité pour le secteur de la fabrication des instruments de musique (1er rang). L’importance du secteur culturel mesuré en 2008 par la moyenne de 3 indices « sectoriel », de « densité » et des « professions », la place au 17ème rang des régions hors Ile de France (indice 87,2). Concernant les évolutions des indicateurs quantitatifs de l’offre depuis 2004, le nombre de structures qui composent l’offre culturelle n’a pas connu d’évolutions significatives. Des points positifs concernent le dynamisme du FRAC, le 1er rang pour le nombre de conservatoires par habitants, la région qui rattrape son retard et s’ouvre davantage à la création contemporaine avec l’ouverture d’une nouvelle scène de musiques actuelles à Rouen en 2010 et la programmation de danse contemporaine à l’Opéra de Rouen-Haute-Normandie. On note l’abandon en 2008 du projet de médiathèque par la ville de Rouen, considéré en 2006 comme indispensable à son rayonnement culture, au profit d’une bibliothèque de proximité et d’un nouveau site d’accès aux archives départementales, la reconnaissance de la ville du Havre au patrimoine mondial de l’humanité et, début 2012, le regroupement des associations et des pôles régionaux de ressources culturelles au sein du Pôle Régional des Savoirs, de nature à créer davantage de synergie et de visibilité. A noter également la création du « Portail des musées haut-normands » et la création de l’Agence du Livre. Les fréquentations des lieux culturels stagnent dans un contexte national de baisse de fréquentation et de resserrement sur les « lieux phares » ou les « manifestations d’envergure » (enquête ODIT France sur la fréquentation des 3000 sites et manifestations culturelles et touristiques sur 10 ans) Parmi ces festivals et animations d’envergure, plusieurs ont une certaine ancienneté et ont acquis une notoriété et une dimension nationale voire internationale : le festival « Octobre en Normandie » a été refondu en 2006 désormais « Automne en Normandie » avec une diffusion plus élargie sur le territoire ; le festival du Cinéma nordique, Normandie Bulles (BD Darnétal), Archéo Jazz, Viva Cité, le Rock dans tous ses états, attirent au-delà des frontières régionales. En matière d’évènements phares, on doit noter : - la pérennisation de l’Armada qui est de loin le plus connu et rassemble au-delà des frontières. - Normandie Impressionniste qui a créé en 2010 l’évènement et les retombées sont encore perceptibles selon les professionnels sur les intentions de découvertes de la Région. Associée à ce thème de l’impressionnisme, qui avait connu à un échelon plus modeste un succès populaire avec les premières illuminations de la Cathédrale de Rouen, une reconduite de l’exposition est envisagée autour du thème de l’eau pour 2013. La situation est donc celle d’une région Haute-Normandie disposant d’une offre culturelle riche, d’un ratio équipements-nombre d’habitants plus que satisfaisant, d’acteurs culturels nombreux et créatifs, que la Région a contribué à promouvoir.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Les pouvoirs publics, à travers des organismes ressources divers, disposent d’informations multiples et d’une bonne connaissance de la vie culturelle dans les territoires, mais ces données sont sectorisées et partielles. Le constat paradoxal dressé en 2010 est celui d’une abondance et d’un manque de lisibilité à la fois de l’offre, des acteurs et des politiques culturelles qui nécessiteraient une meilleure structuration à la fois des lieux, des acteurs et des politiques elles-mêmes. Il y a peu de manques pointés, mais des faiblesses dans certains domaines qui peuvent être germes de changement OU source d’inertie : parmi celles-ci, l’absence d’un grand évènement national, faiblesse ou absence de culture de « réseaux » d’acteurs, absence de volonté de les aider à se mettre en place, difficulté à faire connaître l’existant et les richesses, pratiques amateurs très peu accompagnées. Le contexte a par ailleurs largement évolué depuis 2004 : On relève un contexte financier et institutionnel difficile et incertain aujourd’hui: les effets des dernières lois de décentralisation (2004), la crise financière (2008), les conséquences de la RGPP, l’annonce de la réforme territoriale et l’incertitude sur l’avenir des Régions (voir si on garde la réforme comme une hypothèse ou bien comme acquise), le gel des dotations de l’Etat…sont autant de facteurs qui ont paupérisé le secteur culturel, qui ont poussé les collectivités à se recentrer sur leurs compétences obligatoires. La culture ne fait pas partie de « l’essentiel » La répartition est mal aboutie entre Etat et Collectivités : on a assisté au niveau de l’Etat à un phénomène de concentration (les grands circuits dans le secteur cinématographique, de grands Centre Dramatiques Nationaux dans le spectacle vivant qui coproduisent entre eux les mêmes spectacles…) et la montée en puissance des collectivités qui auraient pu garantir l’émergence et le maintien d’une certaine diversité culturelle sur leur territoire n’est pas possible avec la crise des financements. Quant à la décentralisation, toujours pas de clarification sur le transfert des moyens et des charges aux régions dans le cadre des enseignements artistiques et notamment du supérieur, qui a empêché en Haute-Normandie toute initiative forte et collective malgré la carte à jouer face à la saturation des structures d’enseignement supérieur de l’le De France. La Région a pris la décision de faire une évaluation de sa politique culturelle, à l’intérieur de son périmètre territorial et sur des thèmes transversaux en privilégiant un état des lieux. Le budget a triplé depuis 1998, le périmètre de l’intervention régionale a été élargi, se posait alors la question de savoir si les choix sont les bons et vers quoi il faut aller. Cette évaluation est lancée dans un contexte de crise majeure des ressources publiques, qui pose la question des priorités dans les dépenses publiques, d’autant plus aigüe sur les compétences comme la culture qui ne sont pas des compétences institutionnelles pour les collectivités, mais qu’elles ne peuvent pas laisser tomber pour autant. Prospective : hypothèses d’évolution à court et moyen termes

Contexte de détermination des hypothèses : - la réforme territoriale sera un facteur de changement avec la possibilité d’optimisation des ressources et de l’efficacité de la puissance publique ; - le risque de diminution des subventions publiques, raréfaction des ressources, est un invariant ;

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Variable Rayonnement culturel

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- les nouveaux moyens de communication, les nouvelles technologies, sont une tendance lourde avec incertitude forte: la rapidité des flux et les techniques numériques vont changer le rapport à la culture. Il s’agira probablement d’accompagner les évolutions des techniques pour répondre « présent » par les moyens de diffusion et assurer qu’elle touche tout le territoire. Le tout numérique ne doit pas l’emporter sur la diffusion et les rencontres, mais doit être utilisé pour les produits difficiles à déplacer. La culture se vit, il faut « une intention qui rencontre une attention ». Le tourisme constitue une activité économique majeure pour le pays et la région, tous les élus et décideurs le disent mais tous ne font pas les investissements nécessaires à toute activité économique. Certains élus considèrent encore le tourisme comme une activité annexe, or elle créera, dans les années à venir, plus d'emplois que les activités économiques traditionnelles. Les ruptures possibles Les ruptures possibles seraient :

1 - la création du « comité régional de la culture » CRC : appel à un changement de gouvernance La culture a toujours été un enjeu de pouvoir, un enjeu politique : le grand élément de rupture serait de sortir les choix culturels et la détermination des moyens alloués du champ de la seule décision politique en l’élargissant à la société civile, à l’ensemble des acteurs culturels (c’est le sens de la proposition du rapport du CESER sur la mise en place du CRC) = Une nouvelle politique d’animation des acteurs

2 – la remise en cause de la clause de compétence générale des collectivités : En 2010, jugée fondamentale pour le développement de projets régionaux structurants, elle brouille la lisibilité des interventions de chacune et rend nécessaire une concertation et une mise en cohérence des politiques culturelles aux différents échelons

3 - la dimension du territoire : Haute-Normandie ou Normandie ? Ou…axe Paris Seine Normandie ? Les hypothèses → H1 – rayonnement culturel en déclin

Les décideurs politiques et acteurs culturels ne parviennent pas à dépasser leurs intérêts locaux ou disciplinaires. La raréfaction des moyens entraine bien la fin de « l’exception culturelle à la Française » La paupérisation l’emporte par manque d’ambition des pouvoirs publics qui n’ont pas déployé une « vision d’avenir » pour le territoire suffisamment tôt, au moment où les tournants majeurs s‘esquissaient : besoin de rationalisation, besoin d’adaptation à l’évolution des pratiques et des attentes des publics liées au développement du numérique. La créativité s’essouffle Il est illusoire de croire que les choses changent un jour, la culture n’est pas reconnue comme outil d’aménagement du territoire. Le rayonnement culturel se dégrade.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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→ H2 - Hypothèse tendancielle - Les territoires développent des initiatives pour les publics de proximité

Une coordination entre décideurs politiques et acteurs culturels se met en place sous l’effet de la réforme territoriale, mais l’ambition des décideurs politiques et acteurs culturels est trop contrainte par la faiblesse des moyens qui se raréfient. On assiste à une « cantonalisation » des politiques, source d’inertie pour le rayonnement culturel de la région. Le développement des pratiques de recours au numérique s’opèrent mais pas au profit de la région, les produits proposés sont le reflet d’une offre qui reste segmentée et qui n’attire pas par la nouveauté, ni par l’ouverture vers les territoires voisins qui sont porteurs de visibilité et d’identité au-delà des frontières. Faute d’investir sur les atouts de la perception de la « Normandie », de la proximité de l’Ile de France, le rayonnement « vivote » porté par un ou deux évènements éphémères et insuffisants pour porter une identité des territoires et du Territoire. → H3 - Identité du territoire et attractivité culturelle renforcée - Concertation et mise en cohérence à tous les échelons

Une coordination entre décideurs politiques et acteurs culturels se met en place sous l’effet de la réforme territoriale, une capacité politique de changement est avérée chez les acteurs qui se concertent, mettent en cohérence des politiques culturelles aux différents échelons. Ils optimisent les ressources rares et les financements, rationalisent leurs interventions et opèrent des choix forts. Les coopérations dépassent le territoire régional, à l’image du tourisme la culture est portée à l’échelle interrégionale, voire à l’échelle de l’Axe Paris Seine Normandie. La raréfaction des moyens entraine bien la fin de « l’exception culturelle à la Française » et l’ouverture du secteur sur la sphère économique entraine un cercle vertueux dans lequel les intérêts sont partagés et compris par tous les acteurs quant aux retombées en terme d’attractivité pour le territoire. La culture ne reste pas isolée, elle est considérée comme une exception plutôt bien soutenue par les élus et intégrée comme une composante naturelle de chaque acte de la société, comme élément d’attractivité au même titre qu’un service public comme une crèche ou une école. Le développement des pratiques de recours au numérique véhiculent l’image d’une région dynamique, accompagnent les efforts des professionnels et répondent aux attentes des publics friands de découverte et d’une offre de services coordonnée. Evènements régionaux et nationaux s’enrichissent l’un l’autre, les retombées extérieures renforcent le sentiment d’identité des (hauts) normands. Avec 1.6 milliard d'arrivées internationales, la France occupe la deuxième place en nombre de visiteurs, derrière la Chine, la Haute-Normandie dont le bassin émetteur essentiel est l'Ile de France, profite de cette proximité. La Haute-Normandie est la 2ème région de France pour les courts séjours (4ème en 2011). L'augmentation moyenne de 2 degrés de la température fait de la Haute-Normandie une destination recherchée fac aux températures excessives du sud de l'Europe.

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Variable Rayonnement culturel

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La voie verte Paris Londres est achevée et génère une activité touristique importante. Paris Le Havre est également en voie d'achèvement. Grâce à l'effort financier des Collectivités locales et au travail des animateurs numériques de territoires, tous les prestataires disposent du très haut débit et sont présents et accessibles sur tous les réseaux sociaux. Le tourisme durable est une donnée incontournable, la plupart des prestataires offrent des hébergements intégrant les économies d'énergie. Ils proposent des actions de sensibilisation à la préservation des milieux naturels sensibles de leurs territoires. Les fermes "bio" Accueil Paysan et les Gîtes Panda se multiplient. Les croisières fluviales entre Paris et Le Havre attirent toujours plus de participants. Rouen et Le Havre sont en pointe pour le tourisme urbain qui constitue pour les franciliens une rupture appréciable à moins de 2 heures de train rapide. Le deuxième Centre International de Congrès vient d'ouvrir à Rouen sur les quais de Seine, les réservations sont complètes pour les 3 années à venir. Principaux acteurs concernés, notamment par les hypothèses de changements internes, externes, institutionnels influençant la variable

- Les professionnels de la culture et du tourisme - Les élus - Les grands acteurs économiques régionaux Sources : - « Rayonnement national et international de la culture en Haute-Normandie » - rapport du CESER - 2009 - « Vers un schéma régional de développement culturel » - rapport du CESER - 2010 - Lettre analyses - INSEE nov. 2011 n°155 – Valérie Venelle - étude Rhône Alpes - Chiffres du DEPS

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Synthèse des hypothèses retenues par variable

Octobre 2012 131

Synthèse des hypothèses retenues par

variable

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Variables Sous-variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Contexte global Règle du chacun pour soi dans

un contexte économique défavorable

Développement des circuits courts dans un contexte

économique de décroissance

Extension du développement durable dans un contexte de

croissance

Gouvernance Il n'y a plus de gouvernance des territoires

La gouvernance se situe au niveau des villes et tout

particulièrement des grandes villes (Rouen et Le Havre

Evreux)

Omniprésence des pouvoirs publics

Coopérations interrégionales

Concurrence à outrance entre les territoires

Emergence de coopérations, basées sur des spécialités

régionales (agriculture, logistique)

Coopération poussée (notamment au niveau de la

recherche)

Relations internationales

intracommunautaires

Concurrence à outrance entre les territoires. Une zone euro réduite aux pays « les plus

riches »

Renforcement des relations transnationales de proximité. Concurrence et coopération

entre les régions à l'échelle de l'Europe

L’Europe des Etats est aussi l’Europe des Régions. Les

grands projets se développent grâce à une forme de crédit

gérée à l’échelle européenne

Politique générale régionale

Relations internationales

extracommunautaires

Les marchés ne sont plus régulés

Rouen et Le Havre, à l’échelle internationale, ne sont qu’une seule et même ville. Elles sont

en relation directe avec les ports et les villes du monde

Le Havre, porte maritime de l’Europe occidentale et principal

port de l'Ile de France

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Synthèse des hypothèses retenues par variable

Octobre 2012 133

Variables Sous-variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Tendance générale Dégradation des infrastructures et mobilité réduite

Les grands projets ne sont pas tous réalisés et cette situation

génère des congestions

Les grands projets sont réalisés et la multimodalité se met en

place. Les flux innervent peu à peu le territoire

Les grands projets sont réalisés, la multimodalité est réussie et la mobilité est optimale. Les flux

irriguent le territoire

Accessibilité routière

Les conditions de circulation routière se dégradent fortement en raison de la non-réalisation

des contournements et raccordements

Les contournements et raccordements ne sont pas

réalisés

Les contournements et raccordements sont réalisés

Les contournements et raccordements sont réalisés. Les connexions aux modes doux sont

à l'étude

Transports en commun

Dégradation des transports collectifs faute d'entretien

Mix transport individuel / collectif inversé

Service aux usagers dégradé

Généralisation des nouvelles formes de déplacement: covoiturage et transports

collectifs maintenus en l'état

Part de l'auto réduite en ville Développement des réseaux

urbains de transport et cyclables Plateformes multimodales = lieux

de flux et de services aux usagers"

Accessibilité ferroviaire

Les lignes sont saturées et obsolètes.

Des dessertes fret sont abandonnées.

La nouvelle gare de Rouen n'est pas faite

Lignes voyageurs infrarégionales mises à niveau.

Fret est à l'état embryonnaire; Il est desserré à Rouen où la

nouvelle gare vient d'être mise en service mais pas encore

raccordée au réseau

Raccordement aux réseaux à grande vitesse européen, développement des lignes

infrarégionales et du fret grâce aux lignes de contournement de

l'ancienne gare de Rouen. La nouvelle Gare de Rouen offre des services tertiaires à l'échelle

de l'agglomération"

Raccordement aux réseaux à grande vitesse européen, développement des lignes

infrarégionales et optimisation du fret grâce à la mise en service de

la LNPN Véritable hub régional autour de

la gare de Rouen

Accessibilité fluviale

Le Canal Seine Nord est opérationnel et la région perd des parts de marché en raison de la non-réalisation des travaux de

mise à niveau des ouvrages de la Seine

Non-réalisation des travaux de mise à niveau des ouvrages de la

Seine

Le transport de déchets se développe fortement grâce à la

réalisation des travaux de mise à niveau des ouvrages de la Seine

Les parts de marché augmentent grâce à la réalisation des travaux de mise à niveau des ouvrages de la Seine et au retard pris par

le Canal Seine Nord

Transports et accessibilité

régionale

Accessibilité maritime

La faible accessibilité pénalise la région

Les ports secondaires se diversifient

Amélioration de l'accessibilité grâce au développement de Port

2000 Renforcement de la sécurité

maritime en Manche

Amélioration de l'accessibilité grâce au développement de Port

2000 et du cabotage dans les ports secondaires. Intensification du trafic passager transmanche

et transat

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 134

Variables Sous-variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Accessibilité aérienne

L'accessibilité aérienne est de plus en plus difficile. La survie de

Deauville est menacée

L'accessibilité aérienne est de plus en plus difficile

Le trafic s'améliore grâce à un accès facilité à Roissy et au développement de Deauville

Le trafic au départ de la Normandie est en croissance

grâce à l'aéroport international de Deauville

Accessibilité immatérielle

Le développement du HD ne se fait pas par manque de moyens financiers et de rentabilité pour

les opérateurs

Le HD ne couvre pas l'ensemble du territoire et le THD ne se

développe que sur des zones économiques ciblées par les

opérateurs

Le THD et son usage se développent sur tout le territoire

La Haute-Normandie tire un avantage du développement du

THD en se spécialisant dans le e-services

Mondialisation et Europe

Récession mondiale entrainant une réduction des échanges

commerciaux

Modification du modèle économique, l'économie

financière est au service de l'économie réelle

Développement harmonieux des échanges mondiaux

Croissance-emploi-chômage

Poursuite de la crise, forte croissance du chômage dans tous les secteurs et très forte

précarisation du travail. Cette situation engendre des

désordres sociaux

Absence de croissance en Haute-Normandie malgré une

reprise nationale faute d'investissements.

Chômage structurel installé et forte précarisation du travail.

Intérim inexistant et vulnérabilité des femmes et des jeunes

Processus long de croissance, forte baisse du chômage,

diminution de la précarisation du travail et amélioration du pouvoir

d'achat

Pénurie de main d'œuvre dans certains secteurs Développement

durable ECONOMIQUE

Filières économiques

Poursuite de la désindustrialisation.

Délocalisation dans le secteur industriel et développement du

tertiaire résidentiel

Poursuite de la désindustrialisation mais

ralentissement des délocalisations. Les secteurs

traditionnels vieillissants et les PME souffrent

Des relocalisations bénéficient à la région. Mutation de certains secteurs traditionnels vers des

activités en émergence et opportunité pour les PME

Réindustrialisation de la HN. Développement des secteurs

clés (énergie, logistique, portuaire, etc.) tirant les autres

secteurs. Structuration de nouvelles filières porteuses.

Attractivité pour les entreprises étrangères

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Synthèse des hypothèses retenues par variable

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Variables Sous-variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Développement durable SOCIAL

Insertion - Flux migratoires

Pas d'accès à l'emploi des femmes et des jeunes.

La main d'œuvre très qualifiée mobile s'expatrie

Intérim inexistant et vulnérabilité des femmes et des jeunes. Accès à l'emploi des jeunes

même diplômés reste difficile, ils quittent le territoire et

contribuent au déficit migratoire régional

L'intérim et l'emploi des jeunes restent des variables d'ajustement, le territoire

devient "attractif" pour les actifs des régions voisines

Les femmes font valoir leurs compétences d'entrée de jeu dans les secteurs porteurs.

Certains secteurs attirent des flux entrants de main d'œuvre

pour pallier la pénurie

Elévation du niveau de

qualification (initiale - continue tout au long de la

vie)

Les retards se creusent Elévation des niveaux et rattrapage des retards

Elévation des niveaux de qualification et avance sur les autres régions grâce aux

opportunités structurelles qu'offrait l'économie régionale

Adaptation des qualifications aux

mutations économiques

Pas d'adaptations nécessaires pour accompagner les secteurs en mutation

Adaptations des compétences professionnelles dictées par

exigences d'employabilité des secteurs en développement.

Les secteurs/branches/filières se décloisonnent favorisant la GPEC et la GPEC Territoriale

Adaptation des qualifications aux besoins des secteurs reconvertis et nouveaux

(autour de l'Axe Paris Seine Normandie/mer/fleuve/logistique/énergie). Individu acteur de ses choix et intégration des exigences du développement durable

Développement durable SOCIAL

Formation Recherche Innovation

Synergie entre les acteurs et pilotage

de la formation professionnelle

Pilotage cloisonné de la formation professionnelle. Absence de synergie entre

acteurs. Pas de prise en compte de

l'accompagnement social des formations

Emergence d'une dynamique d'échanges et de concertation

Pilotage régionalisé de la formation professionnelle via les contrats régionaux et au sein du PRES, adaptation de l'offre

de formation aux nouveaux usages - Structuration et attractivité renforcée de

l'offre de formation régionale

Recherche et innovation

Dilution et recul de la recherche régionale.

Déficience des financements publics et déréglementation de la recherche. Action limitée du PRES et défaut d'attractivité de l'enseignement supérieur s'est

accentué

La ré industrialisation et la relocalisation favorisent le maintien des activités de

recherche. Visibilité nationale et internationale du PRES qui a

engagé des actions structurantes

Pilotage du PRES à l'échelle interrégionale du projet Paris Seine

Normandie, Structuration et attractivité renforcée de l'offre de formation

supérieure et de la recherche régionale

Page 136: Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 · pas de lien direct avec « l’aisance économique ». Dans ce contexte favorable, la région a préalablement anticipé l’embellie

CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 136

Variables Sous-variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Les ressources sont limitées: la redéfinition des politiques sociales est une nécessité mais on n’a pas prise localement sur ces choix

Solvabilité des politiques de

santé et Financement des risques dépendance

La situation s'est irrémédiablement dégradée: développement des déserts

médicaux et renforcement de l'iniquité dans l'accès aux soins

La solvabilité du système de santé s'est maintenue mais les retards régionaux sont tels que

les écarts se creusent

Une prise en charge du vieillissement au niveau national permet de flécher les moyens sur

les priorités régionales (prévention, démographie médicale…) et les retards

commencent à être rattrapés

Prévention et Education à la

santé

La prévention et l'éducation à la santé n'existent plus. Les

pathologies régionales sont de plus en plus lourdes

Aucun changement en matière de prévention ce qui creuse les déséquilibres déjà existant entre

actifs des différents secteurs professionnels

Régénération des systèmes de médecine préventive.

Identification de secteurs professionnels ou zones

scolaires prioritaires: les écarts se réduisent

Généralisation de la médecine préventive. Recul significatif de certaines pathologies régionales

lourdes

Poursuite du progrès

technique

Réduction des aides à la recherche des secteurs en pointe

du CHUR. Absence de valorisation des recherches

abouties

Fléchages des aides locales sur la recherche en pointe du CHUR:

retombées positives des découvertes

Généralisation de la télémédecine et de la télésanté, recul de l'âge d'apparition des

pathologies

Démographie et morbidité

Augmentation de la morbidité avec l’âge

Age et morbidité reculent au même rythme

Recul de la morbidité avec l'âge

Démographie médicale

Les déserts médicaux se développent

La densité médicale des généralistes a régressé d'un

point. Aucune évolution favorable de la densité des spécialistes

Amélioration de la démographie médicale et contexte d'attractivité

retrouvée. Les inégalités territoriales dans l'offre de soin

sont limitées

Développement durable SOCIAL

Offre de soins

Accès au soin primaire

L'encombrement des services d'urgence est un signe de

"mauvaise santé" d'accès au soin primaire

Les maisons de santé développées sont le lieu habituel

d'accès au soin primaire

Adhésion de la population acquise en matière de télésanté, télémédecine, télé examen, e-prescription: l'accès au soin est

fluide

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Synthèse des hypothèses retenues par variable

Octobre 2012 137

Variables Sous-variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Changements climatiques

Repli sur les habitudes : on puise dans le stock des ressources naturelles

épuisables. Les émissions nocives stagnent car l'activité

est fortement réduite

Le déploiement des énergies propres n'est pas assez

rentable. Les émissions nocives

s'accentuent

Les émissions nocives toujours importantes sont pondérées par le développement des énergies

renouvelables grâce aux innovations

L'objectif du Grenelle de l’environnement (23% d'énergies de sources

renouvelables) est atteint grâce aux modifications de

consommation bien intégrées et à l'accès facile aux énergies

propres.

Hausse du coût de l'énergie

Energies L'EPR de Penly n'est pas

réalisé faute de financement. Les parcs éoliens sont en dessous des prévisions

La décision de faire l’EPR n’est pas prise. Les parcs éoliens

sont réalisés avec très peu de retombées en termes d'emploi

régional. Ils ne sont pas en proportion suffisante pour

relayer l'usage des énergies fossiles

La décision de faire l’'EPR de Penly a été tardive et il est en

chantier. Les parcs éoliens sont réalisés et les retombées en

termes d'emploi régional et de qualification sont fortes

L'EPR est réalisé, les innovations rapides ont permis

de développer des sources d'énergies à la fois propres et durables. Les énergies sont

produites en quantité suffisante pour répondre aux besoins économiques régionaux,

nationaux et internationaux

Consommation et production

durable

Les coûts dissuasifs de l'énergie font baisser la

consommation. L'innovation n'est plus une priorité et recule

"Une croissance verte" commence à émerger mais le

tissu industriel en Haute-Normandie ne sait pas saisir

cette opportunité

Le long terme est privilégié. Le durable est ancré dans les

modes de consommation et intégré aux process industriels

Conservation et gestion

durable de la biodiversité et

des ressources naturelles

Artificialisation croissante des sols.

Cloisonnement des milieux naturels

Arrêt de l'érosion de la biodiversité mais le SRCE bien qu'appliqué ne permet pas une restauration des écosystèmes

Amélioration de la qualité paysagère et de la biodiversité

en s'appuyant sur un SRCE ambitieux

Développement durable

ENVIRONNEMENTAL Environnent / Climat

/ Risques

Climat et risques

naturels et/ou industriels

Poursuite du réchauffement climatique qui intensifie les

risques naturels et la morbidité

Poursuite du réchauffement climatique qui intensifie les

risques naturels et la morbidité. Développement d'une filière de

gestion et prévention des risques industriels

Frein au réchauffement climatique.

Généralisation des PPRT

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 138

Variables Sous-variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Rayonnement culturel

La culture n'est pas une priorité. Elle n'est pas perçue comme un

outil de développement du territoire. Le rayonnement

culturel est en déclin

Les territoires développent des initiatives pour les publics de

proximité. Le rayonnement est trop faible pour porter l'identité

du territoire

Concertation et mise en cohérence de tous les échelons.

Les retombées renforcent le sentiment d'appartenance des

(hauts) normands

Page 139: Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 · pas de lien direct avec « l’aisance économique ». Dans ce contexte favorable, la région a préalablement anticipé l’embellie

Les différents scenarii possibles

Octobre 2012 139

Part ie II

Les différents scenarii possibles

INTRODUCTION I - Définition d’un scenario : les futurs possibles II - Choix des critères discriminants pour bâtir les scenarii III - Synthèse des « chemins » : croisement des hypothèses/scenarii PRESENTATION SYNTHETIQUE DES SCENARII PRESENTATION DETAILLEE DES SCENARII I - Scenario S1 « La spirale du déclin dans un contexte européen dégradé » II - Scenario S2 « Affaiblissement de la Haute-Normandie » III - Scenario S3 « Vers une Normandie audacieuse et plus forte ! » IV - Scenario S4 « La Normandie dans un contexte euphorique »

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 140

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Les différents scenarii possibles

Octobre 2012 141

INTRODUCTION

I - Définition d’un scenario : les futurs possibles en 2025 Scenario : Jeu cohérent d’hypothèses conduisant d’une situation d’origine à une situation future. Un scenario est une description du système à un horizon donné et du cheminement conduisant à son état final. On se place dans le futur en 2025 : le temps de la narration employé pour la rédaction des scenarios est donc le présent, avec emploi du passé composé pour la lecture du passé.

II - Choix des critères discriminants pour bâtir les scenarii II.1. - L’importance du contexte économique mondial, facteur exogène : La situation de crise économique internationale durable et l’apparition de dettes souveraines au niveau de nombreuses nations développées sont des facteurs clés du contexte dans lequel les variables du système vont se comporter. Le choix a été fait de retenir trois situations de départ contrastées, face auxquelles les marges de manœuvre de la Région pourront permettre d’activer les leviers pertinents grâce aux bons indicateurs de santé financière qu’elle a su préserver par sa gestion rigoureuse. Ces trois situations conduisent à quatre scenarii.

• Pendant plus d'une décennie, les pays ont connu une baisse quasi-continue du PIB. Cette récession, sans précédent du fait de son caractère de longue période, a été non pas accidentelle, mais structurelle. La Haute-Normandie a subi cette récession continue d’aujourd’hui à 2025. → Scenario S1 : « La spirale du déclin dans un contexte européen

dégradé» C’est le scenario catastrophe…

• Amélioration du contexte économique national et mondial, le souci de

développement durable guide l’action. Dans cette hypothèse, la région peut prendre 2 voies différentes :

- Elle n’anticipe pas suffisamment pour se mettre en situation de bénéficier des retombées de cette embellie → Scenario S2 : « Affaiblissement de la Haute-Normandie » C’est le scenario qu’il faut éviter…

- Elle anticipe l'amélioration de la conjoncture économique nationale et mondiale. → Scenario S3 : « Vers une Normandie audacieuse et plus forte ! » C’est le scenario audacieux… mais néanmoins atteignable

• Prise de conscience de la nécessité d’une solidarité entre nations et

redistribution des cartes au niveau mondial, épuration des dettes et redémarrage sur une économie vertueuse. C’est le scenario dans lequel La région réinvente avec les ressources financières dont elle dispose pour poser des bases et anticiper sur l’avenir.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 142

→ Scenario S4 : « La Normandie dans un contexte euphorique » C’est le scenario qui peut paraître idéal mais dont il faut craindre les pièges…

Le choix est fait de retenir :

• un seul scenario dans le contexte de récession (et non pas deux avec une alternative optimiste pour la région et un rebond de croissance régionale),

• deux scenarii dans un contexte de croissance retrouvée : ils disposent d’un chapeau commun, mais décrivent deux situations divergentes pour la région (elle s’enfonce ou elle progresse),

• un scenario de croissance accélérée.

A l’horizon 2025, toute forme de « révolution » économique ou sociale, produisant une vraie rupture a été exclue. La « Normandie » invoquée dans les scenarii S3 et S4 traduit la capacité des acteurs en région à s’inscrire dans une échelle de référence territoriale dépassant celle des frontières administratives, en dehors de tout débat sur la pertinence de cette frontière entre Haute et Basse-Normandie. II.2. - L’importance de la réalisation des grands projets régionaux d’infrastructure et en matière d’énergies L’objectif recherché est d’ancrer localement les scenarii et de donner toute leur place aux hypothèses émises pour l’ensemble des variables étudiées.

La réorganisation des variables et des sous variables telle que présentée dans la partie précédente répond en partie à cet objectif.

Il en est de même de la structure du plan des scenarii qui part des éléments de contexte général pour aboutir à la situation régionale.

Enfin et surtout, il a été décidé de placer en tête du cheminement, dans l’enchaînement des hypothèses sur la situation régionale, les 4 axes forts dits « incontournables » liés aux infrastructures autour du projet Axe Seine dénommé « Paris Seine Normandie », ainsi que le thème des énergies, pour lesquels les choix opérés conditionnent en partie la combinaison des hypothèses des autres variables. Pour mémoire, • le rapport du Commissaire général du gouvernement au développement de la

vallée de la Seine, dans son rapport remis au 1er ministre en février 2012, estime à un coût de 18 milliards d’€, à l’horizon 10 à 15 ans, les seuls équipements lourds d’infrastructures routière, ferroviaire, fluviomaritime incontournables ;

• un volant de l’ordre de 400 Millions d’€ représenterait le coût probable de déploiement du THD sur le territoire, estimé selon les conclusions du rapport parlementaire remis au Premier Ministre également en février 2012 émanant de la commission du Sénat présidée par M. Le Sénateur Hervé Maurey, auditionné par la section ;

• le maître d’ouvrage EDF estime la coût de réalisation de l’EPR de Penly à 4 milliards d’euros (avant appel d’offres) dans son dossier de synthèse du débat public (2010) repris par la Commission Nationale du Débat Public dans son compte rendu du débat de septembre 2010 ;

• le coût du projet d’implantation du parc éolien des 2 côtes avait été estimé par la Compagnie du Vent-GDF Suez à environ 1,8 milliards d’euros lors du débat public.

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Les différents scenarii possibles

Octobre 2012 143

III - Synthèse des « chemins »

Tableau synthétique de croisement des hypothèses/scenarii Variables Sous-variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Politique

générale

régionale

Concurrence des

territoires et règle

du chacun pour

soi

Gouvernance des

villes et

coopérations de

proximité

Pouvoirs publics forts et coopérations

régionales à l’échelle européenne

Accessibilité

matérielle

Accessibilité

dégradée et

mobilité réduite

Accessibilité

difficile faute de

réalisation des

grands projets

Accessibilité

améliorée et

multimodalité.

Flux innervant le

territoire

Mobilité optimale,

multimodalité

réussie.

Flux irrigant tout

le territoire Transports et

accessibilité

régionale

Accessibilité

immatérielle

Territoire non

couvert par le

haut débit HD

Inégalités

territoriales des

couvertures en HD

et THD

Equipement et

usage du THD

répandus sur tour

le territoire

Avantage du THD

et spécialisation

régionale dans les

e-services

ECONOMIQUE

Réduction des

échanges.

Poursuite désin-

dustrialisations

/délocalisations

Désindustrialisation

et économie

régionale

traditionnelle en

souffrance

Mutation des

secteurs

traditionnels vers

des activités en

émergence

Réidustrialisation.

Développement

des secteurs clés

porteurs.

Attractivité

internationale

SOCIAL

Insertion Flux

Insertion difficile.

Précarisation et

fuite de la main

d’œuvre qualifiée

Insertion difficile et

fuite des jeunes

diplômés

Attractivité du

territoire pour les

actifs des régions

voisines

Flux entrant de

main-d’oeuvre

SOCIAL

Formation

Recherche

Innovation

Retards creusés

et recul

attractivité du

supérieur

Rattrapage des

retards en

formation et

recherche

Attractivité renforcée de l’offre de

formation /recherche. Elévation des

niveaux

SOCIAL

Offre de soins

Situation sanitaire

dégradée.

Aggravation des

inégalités d’accès

aux soins

retards régionaux

importants se

creusent

Retards en cours de

rattrapage, baisse

des inégalités

d’accès aux soins.

E-médecine

Prévention

généralisée. Recul

des pathologies

lourdes régionales

Développement

durable

ENVIRONNE-

MENTAL

Energies

Environnent

Climat Risques

Repli sur habitudes

de consommation

énergétique,

cloisonnement

milieux naturels

Emergence d’une

croissance verte,

pas de restauration

des équilibres des

écosystèmes

Innovation favorise

la croissance verte.

Biodiversité

améliorée.

Le durable est

ancré dans les

modes de consom-

mation et les

process industriels

Rayonnement

culturel

Rayonnement

culturel en déclin

Initiatives portées

par les territoires

pour les publics de

proximité

Identité du territoire et attractivité

culturelle renforcée

La spirale

du déclin

Affaiblissement

de la Haute-

Normandie

Vers une Normandie

audacieuse et plus forte !

La Normandie dans un

contexte euphorique

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 144

Variables Sous-variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Contexte global

Règle du chacun pour soi dans un contexte économique

défavorable

Développement des circuits courts dans un contexte

économique de décroissance

Extension du développement durable dans un contexte de

croissance

Gouvernance Il n'y a plus de gouvernance des territoires

La gouvernance se situe au niveau des villes et tout

particulièrement des grandes villes (Rouen et Le Havre

Evreux)

Omniprésence des pouvoirs publics

Coopérations interrégionales

Concurrence à outrance entre les territoires

Emergence de coopérations, basées sur des spécialités

régionales (agriculture, logistique)

Coopération poussée (notamment au niveau de la

recherche)

Relations internationales

intracommunautaires

Concurrence à outrance entre les territoires. Une zone euro réduite aux pays « les plus

riches

Renforcement des relations transnationales de proximité Concurrence et coopération

entre les régions à l'échelle de l'Europe

L’Europe des Etats est aussi l’Europe des Régions. Les

grands projets se développent grâce à une forme de crédit

gérée à l’échelle européenne

Politique générale régionale

Relations internationales

extracommunautaires

Les marchés ne sont plus régulés

Rouen et Le Havre, à l’échelle internationale, ne sont qu’une seule et même ville. Elles sont

en relation directe avec les ports et les villes du monde

Le Havre, porte maritime de

l’Europe occidentale et principal port de l'Ile de France

S1 S3 S2 S4

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Les différents scenarii possibles

Octobre 2012 145

Variables Sous-variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Tendance générale

Dégradation des infrastructures et mobilité réduite

Les grands projets ne sont pas tous réalisés et cette situation

génère des congestions

Les grands projets sont réalisés et la multimodalité se met en

place. Les flux innervent peu à peu le territoire

Les grands projets sont réalisés, la multimodalité est réussie et la mobilité est optimale. Les flux

irriguent le territoire

Accessibilité routière

Les conditions de circulation routière se dégradent fortement en raison de la non-réalisation

des contournements et raccordements

Les contournements et raccordements ne sont pas

réalisés

Les contournements et raccordements sont réalisés

Les contournements et raccordements sont réalisés. Les connexions aux modes doux sont

à l'étude

Transports en commun

Dégradation des transports collectifs faute d'entretien

Mix transport individuel / collectif inversé

Service aux usagers dégradé

Généralisation des nouvelles formes de déplacement: covoiturage et transports

collectifs maintenus en l'état

Part de l'auto réduite en ville Développement des réseaux

urbains de transport et cyclables Plateformes multimodales = lieux

de flux et de services aux usagers"

Accessibilité ferroviaire

Les lignes sont saturées et obsolètes.

Des dessertes fret sont abandonnées.

La nouvelle gare de Rouen n'est pas faite

Lignes voyageurs infrarégionales mises à niveau.

Fret est à l'état embryonnaire; Il est desserré à Rouen où la

nouvelle gare vient d'être mise en service mais pas encore

raccordée au réseau

Raccordement aux réseaux à grande vitesse européen, développement des lignes

infrarégionales et du fret grâce aux lignes de contournement de

l'ancienne gare de Rouen. La nouvelle Gare de Rouen offre des services tertiaires à l'échelle

de l'agglomération"

Raccordement aux réseaux à grande vitesse européen, développement des lignes

infrarégionales et optimisation du fret grâce à la mise en service de

la LNPN Véritable hub régional autour de

la gare de Rouen

Accessibilité fluviale

Le Canal Seine Nord est opérationnel et la région perd des parts de marché en raison de la non-réalisation des travaux de

mise à niveau des ouvrages de la Seine

Non-réalisation des travaux de mise à niveau des ouvrages de la

Seine

Le transport de déchets se développe fortement grâce à la

réalisation des travaux de mise à niveau des ouvrages de la Seine

Les parts de marché augmentent grâce à la réalisation des travaux de mise à niveau des ouvrages de la Seine et au retard pris par

le Canal Seine Nord

Transports et accessibilité

régionale

Accessibilité maritime

La faible accessibilité pénalise la région

Les ports secondaires se diversifient

Amélioration de l'accessibilité grâce au développement de Port

2000 Renforcement de la sécurité

maritime en Manche

Amélioration de l'accessibilité grâce au développement de Port

2000 et du cabotage dans les ports secondaires. Intensification du trafic passager transmanche

et transat

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 146

Variables Sous-variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Accessibilité aérienne

L'accessibilité aérienne est de

plus en plus difficile. La survie de Deauville est menacée

L'accessibilité aérienne est de

plus en plus difficile

Le trafic s'améliore grâce à un accès facilité à Roissy et au développement de Deauville

Le trafic au départ de la Normandie est en croissance

grâce à l'aéroport international de Deauville

Accessibilité immatérielle

Le développement du HD ne se fait pas par manque de moyens financiers et de rentabilité pour

les opérateurs

Le HD ne couvre pas l'ensemble du territoire et le THD ne se

développe que sur des zones économiques ciblées par les

opérateurs

Le THD et son usage se développent sur tout le territoire

La Haute-Normandie tire un avantage du développement du

THD en se spécialisant dans le e-services

Mondialisation et Europe

Récession mondiale entrainant une réduction des échanges

commerciaux

Modification du modèle économique, l'économie

financière est au service de l'économie réelle

Développement harmonieux des échanges mondiaux

Croissance-emploi-chômage

Poursuite de la crise, forte croissance du chômage dans tous les secteurs et très forte

précarisation du travail. Cette situation engendre des

désordres sociaux

Absence de croissance en Haute-Normandie malgré une

reprise nationale faute d'investissements.

Chômage structurel installé et forte précarisation du travail.

Intérim inexistant et vulnérabilité des femmes et des jeunes

Processus long de croissance,

forte baisse du chômage, diminution de la précarisation du travail et amélioration du pouvoir

d'achat

Pénurie de main d'œuvre dans certains secteurs Développement

durable ECONOMIQUE

Filières économiques

Poursuite de la désindustrialisation.

Délocalisation dans le secteur industriel et développement du

tertiaire résidentiel

Poursuite de la désindustrialisation mais

ralentissement des délocalisations. Les secteurs

traditionnels vieillissants et les PME souffrent

Des relocalisations bénéficient à la région. Mutation de certains secteurs traditionnels vers des

activités en émergence et opportunité pour les PME

Réindustrialisation de la HN. Développement des secteurs

clés (énergie, logistique, portuaire, etc.) tirant les autres

secteurs. Structuration de nouvelles filières porteuses.

Attractivité pour les entreprises étrangères

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Les différents scenarii possibles

Octobre 2012 147

Variables Sous-variables

Hypothèse 1

Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Développement durable SOCIAL

Insertion - Flux migratoires

Pas d'accès à l'emploi des

femmes et des jeunes. La main d'œuvre très qualifiée

mobile s'expatrie

Intérim inexistant et vulnérabilité des femmes et des jeunes. Accès à l'emploi des jeunes

même diplômés reste difficile, ils quittent le territoire et contribuent

au déficit migratoire régional

L’intérim et l'emploi des jeunes

restent des variables d'ajustement, le territoire devient

"attractif" pour les actifs des régions voisines

Les femmes font valoir leurs compétences d'entrée de jeu dans les secteurs porteurs.

Certains secteurs attirent des flux entrants de main d'œuvre pour

pallier la pénurie Elévation du

niveau de qualification

(initiale - continue tout au long de la

vie)

Les retards se creusent

Elévation des niveaux et rattrapage des retards

Elévation des niveaux de

qualification et avance sur les autres régions grâce aux opportunités structurelles

qu'offrait l'économie régionale

Adaptation des qualifications aux

mutations économiques

Pas d'adaptations nécessaires pour accompagner les secteurs

en mutation

Adaptations des compétences professionnelles dictées par

exigences d'employabilité des secteurs en développement. Les

secteurs/branches/filières se décloisonnent favorisant la GPEC

et la GPEC Territoriale

Adaptation des qualifications aux besoins des secteurs reconvertis

et nouveaux (autour de l'Axe Paris Seine Normandie

/mer/fleuve/logistique/énergie). Individu acteur de ses choix et intégration des exigences du

développement durable

Développement durable SOCIAL

Formation Recherche Innovation

Synergie entre les acteurs et pilotage

de la formation professionnelle

Pilotage cloisonné de la formation professionnelle. Absence de synergie entre

acteurs. Pas de prise en compte de

l'accompagnement social des formations

Emergence d'une dynamique d'échanges et de concertation

Pilotage régionalisé de la formation professionnelle via les contrats régionaux et au sein du PRES, adaptation de l'offre de

formation aux nouveaux usages - Structuration et attractivité

renforcée de l'offre de formation régionale

Recherche et innovation

Dilution et recul de la recherche régionale. Déficience des financements publics et déréglementation de la

recherche. Action limitée du PRES et défaut d'attractivité de l'enseignement supérieur s'est

accentué

La ré industrialisation et la relocalisation favorisent le maintien des activités de

recherche. Visibilité nationale et internationale du PRES qui a

engagé des actions structurantes

Pilotage du PRES à l'échelle interrégionale du projet Paris

Seine Normandie, Structuration et attractivité renforcée de l'offre de formation supérieure et de la

recherche régionale

Page 148: Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 · pas de lien direct avec « l’aisance économique ». Dans ce contexte favorable, la région a préalablement anticipé l’embellie

CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 148

Variables Sous-

variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Les ressources sont limitées: la redéfinition des politiques sociales est une nécessité mais on n’a pas prise localement sur ces choix

Solvabilité des politiques de

santé et Financement des risques dépendance

La situation s'est

irrémédiablement dégradée: développement des déserts

médicaux et renforcement de l'iniquité dans l'accès aux soins

La solvabilité du système de santé s'est maintenue mais les retards régionaux sont tels que

les écarts se creusent

Une prise en charge du vieillissement au niveau national permet de flécher les moyens sur

les priorités régionales (prévention, démographie médicale…) et les retards

commencent à être rattrapés

Prévention et Education à la

santé

La prévention et l'éducation à la santé n'existent plus. Les

pathologies régionales sont de plus en plus lourdes

Aucun changement en matière de prévention ce qui creuse les déséquilibres déjà existant entre

actifs des différents secteurs professionnels

Régénération des systèmes de médecine préventive.

Identification de secteurs professionnels ou zones

scolaires prioritaires: les écarts se réduisent

Généralisation de la médecine préventive. Recul significatif de certaines pathologies régionales

lourdes

Poursuite du progrès

technique

Réduction des aides à la recherche des secteurs en pointe

du CHUR. Absence de valorisation des recherches

abouties

Fléchages des aides locales sur la recherche en pointe du CHUR:

retombées positives des découvertes

Généralisation de la

télémédecine et de la télésanté, recul de l'âge d'apparition des

pathologies

Démographie et morbidité

Augmentation de la morbidité avec l’âge

Age et morbidité reculent au même rythme Recul de la morbidité avec l'âge

Démographie médicale

Les déserts médicaux se

développent

La densité médicale des

généralistes a régressé d'un point. Aucune évolution favorable

de la densité des spécialistes

Amélioration de la démographie médicale et contexte d'attractivité

retrouvée. Les inégalités territoriales dans l'offre de soin

sont limitées

Développement durable SOCIAL

Offre de soins

Accès au soin primaire

L'encombrement des services d'urgence est un signe de

"mauvaise santé" d'accès au soin primaire

Les maisons de santé

développées sont le lieu habituel d'accès au soin primaire

Adhésion de la population acquise en matière de télésanté, télémédecine, télé examen, e-prescription: l'accès au soin est

fluide

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Les différents scenarii possibles

Octobre 2012 149

Variables Sous-variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Changements climatiques

Repli sur les habitudes : on puise dans le stock des ressources naturelles

épuisables. Les émissions nocives stagnent car l'activité

est fortement réduite

Le déploiement des énergies

propres n'est pas assez rentable.

Les émissions nocives s'accentuent

Les émissions nocives toujours importantes sont pondérées par le développement des énergies

renouvelables grâce aux innovations

L'objectif du Grenelle de l’environnement (23% d'énergies de sources

renouvelables) est atteint grâce aux modifications de

consommation bien intégrées et à l'accès facile aux énergies

propres Hausse du coût de l'énergie

Energies L'EPR de Penly n'est pas

réalisé faute de financement. Les parcs éoliens sont en dessous des prévisions

La décision de faire l’EPR n’est pas prise. Les parcs éoliens

sont réalisés avec très peu de retombées en termes d'emploi

régional. Ils ne sont pas en proportion suffisante pour

relayer l'usage des énergies fossiles

La décision de faire l’'EPR de Penly a été tardive et il est en

chantier. Les parcs éoliens sont réalisés et les retombées en

termes d'emploi régional et de qualification sont fortes

L'EPR est réalisé, les innovations rapides ont permis

de développer des sources d'énergies à la fois propres et durables. Les énergies sont

produites en quantité suffisante pour répondre aux besoins économiques régionaux,

nationaux et internationaux

Consommation et production

durable

Les coûts dissuasifs de l'énergie font baisser la

consommation. L'innovation n'est plus une priorité et recule

"Une croissance verte" commence à émerger mais le

tissu industriel en Haute-Normandie ne sait pas saisir

cette opportunité

L’innovation favorise le développement d’une

« croissance verte ». La Haute-Normandie commence à se positionner sur e créneau

Le long terme est privilégié. Le durable est ancré dans les modes de consommation et

intégré aux process industriels

Conservation et gestion

durable de la biodiversité et

des ressources naturelles

Artificialisation croissante des sols.

Cloisonnement des milieux naturels

Arrêt de l'érosion de la

biodiversité mais le SRCE bien qu'appliqué ne permet pas une restauration des écosystèmes

Amélioration de la qualité paysagère et de la biodiversité

en s'appuyant sur un SRCE ambitieux

Développement durable

ENVIRONNEMENTAL Environnent / Climat

/ Risques

Climat et risques

naturels et/ou industriels

Poursuite du réchauffement climatique qui intensifie les

risques naturels et la morbidité

Poursuite du réchauffement climatique qui intensifie les

risques naturels et la morbidité. Développement d'une filière de

gestion et prévention des risques industriels

Frein au réchauffement climatique.

Généralisation des PPRT

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 150

Variables Sous-variables Hypothèse 1 Hypothèse 2 Hypothèse 3 Hypothèse 4

Rayonnement culturel

La culture n'est pas une priorité. Elle n'est pas perçue comme un

outil de développement du territoire. Le rayonnement

culturel est en déclin

Les territoires développent des initiatives pour les publics de

proximité. Le rayonnement est trop faible pour porter l'identité

du territoire

Concertation et mise en cohérence de tous les échelons.

Les retombées renforcent le sentiment d'appartenance des

(hauts) normands

S1 S2 S3 S4

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Les différents scenarii possibles

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PRESENTATION SYNTHETIQUE DES SCENARII

…Nous sommes en 2025…

Résumé du Scenario S1 : « La spirale du déclin dans un contexte européen dégradé » Dans un contexte de récession mondiale et de longue durée, l’Europe a subi une récession continue jusqu’en 2025. Les caractéristiques socio-économiques régionales sont telles que la région subit de plein fouet la crise comme les régions voisines. Bien que la collectivité régionale dispose encore d’une marge de manœuvre en matière d’investissement, celle-ci est rapidement consommée. Il n’est pas possible de miser sur le ressort raisonné des acteurs économiques pour entrevoir des voies de résistance régionale à la récession. En l’absence de ressort citoyen, c’est le règne du « chacun pour soi » et de la concurrence entre territoires. Les grands projets d’infrastructures régionaux ont été abandonnés ; l’accessibilité dégradée de la région et les faibles flux d’échanges l’isolent. Les retards se creusent dans les domaines de la formation et de la santé. Le rayonnement culturel se dégrade, la perte d’image et le peu d’attractivité de la région pèsent sur le déficit migratoire. C’est le scenario catastrophe… Résumé du Scenario S2 : « Affaiblissement de la Haute-Normandie » Dans une situation de croissance retrouvée, l’amélioration du contexte économique est avérée au niveau national et mondial. Le souci de développement durable guide l’action. Dans ce contexte pourtant favorable, la région, par excès de prudence, a insuffisamment anticipé cette embellie pour se mettre en situation de bénéficier de ses retombées. Elle ne tire pas les bénéfices de la croissance retrouvée. Quelques grands équipements structurants ont vu le jour, mais la situation et les indicateurs, bien qu’évoluant en valeur absolue, ne se maintiennent pas en valeur relative car les autres régions ont continué à progresser : la situation en Haute-Normandie se dégrade. C’est le scenario qu’il faut éviter… Résumé du Scenario S3 : « Vers une Normandie audacieuse et plus forte ! » Dans une situation de croissance retrouvée, l’amélioration du contexte économique est avérée au niveau national et mondial. Le souci de développement durable guide l’action, l’effort environnemental est intégré et n’a pas de lien direct avec « l’aisance économique ». Dans ce contexte favorable, la région a préalablement anticipé l’embellie générale. Les choix en matière de grands projets structurants pour le territoire ont permis, grâce à la priorité donnée à l’accessibilité numérique, de créer les conditions d’un équilibre territorial et d’une capillarité réussie du projet de développement Paris Seine Normandie. S’inscrivant d’entrée dans un grand projet national, la Haute-Normandie prend le devant sur les autres régions. C’est le scenario audacieux mais néanmoins atteignable…

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 152

Résumé du Scenario S4 : « La Normandie dans un contexte euphorique » Dans un contexte de redistribution des cartes au niveau mondial, la rationalité des acteurs économiques est retrouvée et leur confiance restaurée. Le retour à la croissance économique mondiale durant une décennie « glorieuse » a permis un assainissement du mouvement de mondialisation des économies et la progression des échanges. Les flux irriguent tout le territoire régional grâce à la réalisation de grands projets d’infrastructures, au maillage territorial et à la multimodalité réussie. Le potentiel de la Haute-Normandie est mis en valeur et relayé par une stratégie offensive à l’international, une présence institutionnelle forte aux côtés des agents économiques dans les champs des grands projets, de la formation, de l’innovation, de la santé, du développement durable. L’attractivité retrouvée permet d’inverser les flux migratoires. Le dynamisme territorial est porteur du développement équilibré du territoire et respectueux de la qualité de vie. La région réinvente pour poser des bases et anticiper sur l’avenir. C’est le scenario euphorique et idéal … mais dont il faut craindre les pièges

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Scenario 1

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PRESENTATION DETAILLEE DES SCENARII

I - Scenario S1 : « La spirale du déclin dans un contexte européen dégradé » Pendant plus d'une décennie, les pays ont connu une baisse quasi-continue du PIB. Cette récession, sans précédent du fait de son caractère de longue période, a été structurelle suite aux crises financières mondiales et de la dette européenne.

Dans l'analyse qui suit, la récession s'est installée après la mise en place d'une politique budgétaire et économique très restrictive dans le seul but de diminuer la dette de l'État et des différentes collectivités territoriales, entraînant des coupes sombres dans les secteurs d'actions des pouvoirs publics et, notamment, dans les politiques sociales. Ce but est affirmé également pour les autres agents économiques privés (entreprises non financières et ménages).

Cette récession aurait pu avoir pour origine d'autres facteurs ou une accumulation d'éléments défavorables ou d'aléas : L'implosion de l'Europe, avec une très forte baisse des relations économiques internes et un retour aux monnaies nationales fortement soumises aux marchés.

Ce changement radical aurait pu se produire via les échanges commerciaux et auraient eu les mêmes effets :

• soit une mondialisation sans contrôle conduisant à une concurrence sauvage entre les zones et les pays reposant sur la minimisation des coûts, notamment sociaux ;

• soit une rupture brutale dans le mouvement de mondialisation des économies avec un retour rapide au protectionnisme (droits de douanes, quotas, normes,...) ;

• une guerre, plus ou moins localisée, nécessitant des interventions des pays les plus riches ou des tensions politiques mondiales réduisant le commerce entre les pays.

Dans cette analyse, les échanges commerciaux internationaux se réduisent sous l’effet de la récession mondiale touchant davantage les pays les moins développés que les plus avancés. L'Europe, la France et la Haute-Normandie subissent, sans pouvoir les atténuer, les effets socioéconomiques de la crise.

Dans un contexte économique extrêmement défavorable, la règle du chacun pour soi est de mise. Les coupes sombres budgétaires au niveau le plus centralisé ont eu pour conséquence directe une diminution des dotations de l’Etat aux collectivités territoriales.

Alors que le mot d’ordre est « pour dépenser moins, mutualisons », les collectivités territoriales n’ont plus rien à mutualiser. Les projets territoriaux s’annulant, il n’y a plus de gouvernance des territoires. Les grands projets sont rangés au rayon des souvenirs.

C’est le règne de la concurrence à outrance entre les territoires. Les inégalités entre régions s’accentuent. Il n’y a plus de solidarités territoriales.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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1/ Les grands projets d'infrastructure Les grands projets d'infrastructure haut-normands – modernisation des ports, couverture numérique, contournement Rouen-est, LNPN - n'ont pas été réalisés. Globalement, la région haut-normande subit une dégradation de ses infrastructures, provoquant une réduction de la mobilité et des flux, notamment de marchandises, qui contournent le territoire. Les contournements et les raccordements autoroutiers n'ont pas été réalisés, provoquant des engorgements et des bouchons malgré une diminution du trafic dû au manque d’activités. Les accidents se multiplient sur des lignes saturées et obsolètes. Les dessertes fret sont quasi inexistantes. Les travaux de mise à niveau des ouvrages de la Seine ne sont pas réalisés, le Canal Seine Nord est opérationnel. Les parts de marché sont prises par les ports du Nord. Port 2000 ne se développe pas et les ports secondaires ont renoncé au cabotage. Les liaisons transmanche se font désormais par Calais et Saint Malo Il n'y a pas eu d’accord pour le développement d'un aéroport unique. Ainsi, les liaisons nécessaires à la survie de Deauville n'ont pas été réalisées. L’accessibilité à Roissy est de plus en plus difficile. Le développement du Haut débit ne se fait pas. Les zones blanches ne sont pas résorbées faute de rentabilité pour les opérateurs. La construction de l’EPR à Penly ne s'est pas faite en 2025. Il n’y a eu aucune retombée positive en termes d'emplois ou de qualification de ce grand projet et un site en moins pour les capacités de la région à s'approvisionner en énergie. En contrepartie, on a gagné une "paix" environnementale! Dans une période de rareté des financements, les investissements en infrastructures sont limités et soumis à des évaluations comptables strictes. Les grands projets régionaux ont été en partie abandonnés pour des questions budgétaires. Si le projet portuaire a été en partie réalisé, de façon à maintenir notre présence dans les échanges économiques, les autres projets d’infrastructure de transport ferroviaire et d’équipement en haut débit de notre territoire n’ont pas été concrétisés. 2/ Le déclin économique Les acteurs politiques et économiques ont été dans l'incapacité de juguler la (les) crise(s), par l'absence d’alternatives efficaces et par la persistance d’un enchainement crise/légère reprise.

Les délocalisations dans le secteur industriel se poursuivent et affectent la Haute-Normandie dans tous ses secteurs traditionnels, seul se développe le tertiaire résidentiel (à l’instar des situations grecque et espagnole depuis 2008).

Il est évident qu'une récession sur longue période s'accompagne de restructurations massives dans les activités du secteur industriel traditionnel (automobile, métallurgie, pétrochimie,...) et le bâtiment, mais aussi les activités nouvelles (aéronautique, chimie fine, équipements de transport, énergies renouvelables) n'ont pas été suffisamment développées, voire se sont affaiblies par manque d'investissement public en infrastructures.

Dans ce contexte, la Haute-Normandie qui présente une situation atypique au niveau de la qualification des hommes et de ses caractéristiques industrielles et agricoles pour l’essentiel tournées vers les échanges extérieurs, décroît plus vite que d’autres régions.

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Scenario 1

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Ces restructurations conduisent donc à une forte croissance du chômage par des destructions massives d'emplois qualifiés et non qualifiés.43

La croissance d'un chômage « industriel » se propage au secteur tertiaire marchand dans les secteurs de la logistique industrielle (activités portuaires, transport de marchandises,...) mais aussi dans les activités de proximité (aide ménagère, jardinier, petits boulots,...) en passant également par le commerce.

De plus, le coût élevé de l’énergie freine l’activité économique. Les filières traditionnelles qui composent l’identité industrielle dominante de notre région : secteur automobile, pièces détachées aéronautique et spatial, verre, pétrochimie, pharmacie, n’ont pas entamé les mutations nécessaires faute d’investissement en recherches et développement, d’absence de repreneurs potentiels d'entreprises, de perte de savoirs faire et de compétences, d’absence de qualification de la main-d’œuvre vieillissante. Les PME et PMI régionales fragiles, manquant de capacité novatrice, ont progressivement disparu et les moins fragiles qui restent présentes sur le territoire, fonctionnent de façon cloisonnée, celles qui sont sur des créneaux pointus sont peu accompagnées dans la valorisation de leurs activités.

L’introduction des nouvelles technologies s’est heurtée au manque de moyens et aux difficultés d’acceptation sociale des changements. Les services sous représentés dans la région, y compris le tertiaire supérieur, ne se sont pas développés mis à part le tertiaire de proximité.

La baisse de l'emploi dans l'économie se traduit par des pressions fortes à la baisse des salaires et de la rentabilité du capital. La baisse des salaires freine fortement la consommation des ménages amplifiant le processus récessionniste. Certaines consommations de base ne peuvent plus être achetées par les plus démunis. 20% à 25% des ménages français peuvent être considérés comme vivant au seuil de pauvreté ou en dessous (13% des ménages en 2012). Ils sont confrontés aux problèmes de logement, des coûts de l'eau et de l’accès à l’énergie.

La montée du chômage se traduit par un allongement de sa durée mais aussi par une nécessaire diminution de l'indemnisation en niveau et dans le temps. La précarisation du travail se renforce pour l'ensemble de la société, tous secteurs et toutes qualifications confondus (exemple des économies grecque, espagnole et italienne).

La baisse de la rentabilité du capital productif freine l'investissement des entreprises qui prennent du retard dans de multiples domaines (R&D, innovations, compétitivité,...). Ce mouvement particulièrement fort dans les grandes entreprises se propage également aux PMI, notamment les sous-traitantes. Le tissus artisanal, bien que touché par la crise, semble mieux résister du fait d'une « relocalisation » de certaines activités. Cependant, cette baisse de rentabilité du capital fait que les firmes multinationales réorientent leurs capitaux vers des zones d'investissement plus rentables, ce qui pénalise davantage notre système manufacturier manquant de capitaux.

3/ Formation et société de la connaissance Le pilotage de la formation professionnelle reste cloisonné entre acteurs intervenants (Etat, Région Pôle emploi, Entreprises et partenaires sociaux…) et la formation souffre de moyens restreints.

43 Cf. Fiche variable sur la relation croissance / chômage en Haute-Normandie

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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L’accès à des formations spécialisées est devenu plus difficile. Le retour sur un investissement individuel de formation étant plus faible et peu probable sur longue période, les jeunes sortent plus tôt du système de formation renforçant la dichotomie de la société. Le travail « non officiel » (hors de la législation officielle) s'accroît fortement en permettant à certains actifs, d’une part, de pallier l'urgence pécuniaire ou de compléter les salaires perçus dans leur emploi et aux entreprises, d’autre part, de limiter leurs coûts de production.

On assiste à une concurrence exacerbée entre les « campus » (au sens d’un grand site scientifique à visibilité internationale), générant une dilution et un recul de la recherche régionale dans un contexte de mondialisation de la recherche. La déréglementation sauvage du marché de la recherche est la conséquence de la déficience des financements publics. Les financements viennent de l’Europe, dessaisissant les Etats de leurs compétences « recherche » (fin du secteur public de l’enseignement supérieur et de la recherche) et favorisant fortement les chercheurs et laboratoires anglo-saxons.

L’aptitude à penser qu’on doit se former en permanence Tout au Long de la Vie (TLV) n’est pas développée. La notion de contrat de travail « TLV » n’est certainement pas d’actualité. Le travail des seniors n’est pas la priorité (ils pâtissent en premier lieu des difficultés économiques).

Les citoyens subissent de plein fouet, sans solution alternative, la réduction de l’offre de services publics aux citoyens sur le territoire. Il n'y a pas de dialogue citoyen et peu de dialogue social, dans une situation de repli sur soi et d’individualisme.

On assiste à une accélération du mouvement de « ghettoïsation » dans certaines villes avec une montée des incivilités (dégradation des biens publics et privés), des violences (crimes, vols, violences conjugales,...), des externalités négatives (drogues, prostitution, alcoolisme,...) à l’instar des situations les pays de l'est dans la « perestroïka », notamment Russie 1990-1999.

L’état et les régions subissent les contrecoups de cette évolution économique. L'État a vu ses recettes fiscales diminuer (baisse des revenus des ménages, baisse de la consommation, une évolution de l’épargne dépendant à la fois d’un motif de précaution et d’un épuisement du bas de laine pour certaines catégories les plus défavorisées) et s’est retrouvé, de façon plus prégnante face à la crise de la dette (déficit budgétaire, accroissement du rapport dette/PIB). Par conséquent, il a dû alors diminuer très fortement ses dépenses, notamment sociales, ce qui a exacerbé les effets de la crise.

Les régions et les collectivités territoriales ont subi les mêmes évolutions, obligées de réduire leurs charges (personnel, consommation, investissements et transferts), ce qui a conduit à une détérioration de l'ensemble de l'offre régionale vis-à-vis des citoyens (exemple des dégradation des structures et des services publics en Angleterre et aux États-Unis)

En ce qui concerne les politiques sociales, les ressources sont limitées et leur redéfinition est devenue une nécessité. Le système social est mis à mal puisque les cotisations sont à la baisse due à une diminution des cotisants, des salaires et aussi à des non paiements de cotisations (entreprises et ménages) ou à des exonérations de charges permettant de maintenir momentanément en survie certaines entreprises ou certains secteurs. La prise en charge devient de plus en plus difficile pour les régions malgré une réduction drastique des dépenses sociales (santé, famille, handicapés et troisième âge dépendant, pauvreté, formation). Dans ce contexte économique tellement dégradé, la Région Haute-Normandie est devenue un désert médical car les évolutions nécessaires n’ont pu être mises en place.

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Scenario 1

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Il n’y a pas suffisamment de ressources, y compris pour la « prévention », elle est en baisse, amplifiée par la précarité des ménages qui rognent sur les dépenses de santé.

Les contraintes exercées sur l’offre et la demande de soins n’ont pas abouti et la réduction des dépenses s’opère par une discrimination dans l’accès aux soins entre les populations et les territoires haut normands. L’offre de soins se détériore sous l’effet d’une réduction des financements. L’accès aux soins est à deux vitesses du fait qu’une partie de la population finance d’elle-même son accès aux soins et qu’une autre partie renonce, partiellement ou totalement, aux soins.44

En matière de prévention, la médecine du travail et la médecine scolaire (fortement déficitaires en France), de même que l’éducation à la santé ont disparu totalement, ce qui a conduit à une amplification déjà perceptible en 2025 des pathologies dans la région.

Les progrès techniques dans le domaine de la santé s’opèrent au rythme des possibilités dont disposent les chercheurs, y compris ceux des secteurs en pointe au CHUR qui disposent de moyens limités et de peu d’aide à la valorisation de leurs recherches.

Les années gagnées en âge sont des années qui voient apparaître des pathologies. Ainsi, la morbidité augmente.

En matière de démographie médicale, sous l’effet conjugué :

• de la pyramide des âges peu favorable des professionnels de santé,

• des lobbies qui ont continué d’agir pour empêcher la règlementation des installations,

• d’un système dichotomique d’accès aux soins qui s’est installé avec la récession.

La Haute-Normandie, déjà pauvre en praticiens, n’a plus aucune attractivité pour les professionnels de santé. Les déserts médicaux d’étudiants et de professionnels se sont amplifiés en France et particulièrement dans la région.

Le système continue de fonctionner avec un nombre croissant de médecins étrangers dont il ne peut se passer. L’encombrement des services des urgences reste un élément significatif de la dégradation du système et un signe de mauvaise santé limitant l’accès aux soins primaires. 4/ Les évolutions environnementales et l'offre énergétique Sur le plan environnemental, les effets peuvent se contrebalancer. D'un côté, la diminution de la production et des services liés a conduit à une réduction des nuisances (pollution de l'air, de l'eau, nuisances sonores,...). Cependant, les entreprises cherchent à minimiser les coûts de production pour être plus compétitives sur les marchés, ce qui entraîne un renoncement aux bonnes pratiques de protection de l’environnement (baisse de l’investissement dans des démarches de développement durable).

La crise conduit en effet à s’affranchir des considérations environnementales et à puiser dans le plus simple : le stock de ressources naturelles épuisables plutôt que d’investir dans les énergies renouvelables. On assiste au repli sur les habitudes acquises le déclin économique favorisant les stratégies à court terme au détriment du long terme. 44 Cf. fiche variable Offre de Soins (politiques sociales et leurs problèmes de financement)

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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La crise économique fait que les coûts de consommation d’énergies sont difficiles, voire impossibles, à supporter par les ménages. Ils réduisent ainsi leur consommation d’énergies.

La baisse de la production limite les nuisances et le recours aux ressources naturelles et matières premières, mais la préoccupation environnementale n’est plus prioritaire face à l’exigence de survie de l’entreprise. Le court terme est privilégié.

Toutefois, plus la crise économique dure, plus la production industrielle décline et, par conséquent, plus la consommation d’énergies fossiles et les nuisances qui en découlent déclinent également.

Il est à noter également que l’innovation recule en Haute-Normandie puisque les ressources économiques sont concentrées sur le maintien du tissu industriel. Le décalage entre les régions qui ont misées sur l’innovation (Rhône-Alpes par exemple) et celles qui n’ont pu assumer financièrement le coût de l’innovation, s’accentue.

L’artificialisation du territoire se poursuit, les ménages habitants de plus en plus loin pour des raisons de coût du foncier. Cela engendre une perte de ressources naturelles et agricoles et une imperméabilisation des sols, généralement irréversible. Elle s’accompagne d’une fragmentation et d’un cloisonnement des milieux naturels défavorables à de nombreuses espèces. C’est la conséquence écologique de la périurbanisation.

Le réchauffement climatique se poursuit avec une augmentation supérieure à 2° des températures (schéma tendanciel). Il est dû principalement à l'accroissement des émissions de GES (croissance démographique des pays les moins développés et pas de réduction des émissions américaines). Il est constaté également l’augmentation du niveau de la mer (inondations et sécheresses).

Les constructions en zone à risques sont maintenues et toujours habitées. On attend la catastrophe climatique … Les zones côtières sont particulièrement touchées par la dégradation naturelle.

La vision à court terme ne permet pas de dépolluer ou transformer les sites de productions classés. Les coûts d’assurance des risques ne font que croître contraignant certains pans de l’économie à la fermeture. La morbidité (par maladies infectieuses) des habitants est accrue, voire amplifiée, par la pollution. 5/ Les flux migratoires Dans cette période de rareté des financements, faute de réalisation des grands projets régionaux, la Région apparait comme moins dynamique par rapport à d’autres, notamment l’Ile de France : elle subit une perte d’image et une émigration territoriale des jeunes les plus qualifiés.

Les conditions de vie se sont dégradées et la mortalité est en hausse, le solde naturel de la population décroît ; le solde migratoire négatif s’est accentué faute d’attractivité suffisante de la région, les jeunes en partant. On connaît les prémices d’une accélération de la baisse de la natalité qui s’accentuera dans les années ultérieures. La cassure de la croissance de la population normande annoncée pour 2020 s’est produite et la Haute-Normandie connaît un fléchissement de sa croissance démographique.

Au sein du territoire, la population peut soit se concentrer autour des grands bassins d’emplois et favoriser une périurbanisation massive et mal maîtrisée (détérioration du bien être individuel et global), soit un repli sur les zones rurales où des circuits courts sont recréés permettant d’éviter un niveau de pauvreté absolue.

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Scenario 1

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6/ le rayonnement culturel et la « gouvernance » régionale La culture n’est pas reconnue comme outil d’aménagement du territoire. Le rayonnement culturel se dégrade. Les décideurs politiques et acteurs culturels ne parviennent pas à dépasser leurs intérêts locaux ou disciplinaires. La raréfaction des moyens entraîne bien la fin de « l’exception culturelle à la Française ». La paupérisation l’emporte par manque d’ambition des pouvoirs publics qui n’ont pas déployé une « vision d’avenir » pour le territoire suffisamment tôt, au moment où les tournants majeurs s’esquissaient : besoin de rationalisation, besoin d’adaptation à l’évolution des pratiques et des attentes des publics liées au développement du numérique. Cependant, les habitants du territoire se réorganisent et mobilisent leur capacité de création.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Scenarii S2 et S3

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Contexte global des scenarii centraux S2 et S3

Désendettement et croissance retrouvée

1/ Situation internationale Après une période de crise financière et économique (2007 – 2014), les Etats ont pris conscience de la nécessité d'une certaine solidarité entre les grandes zones économiques et entre les nations.

Les dettes des Etats à hauts revenus (Etats-Unis, Europe) ont été « épongées » partiellement par les pays en développement qui avaient constitué des stocks de dollars et d'euros (« trésors de guerre ») avant et pendant la période de crise, mais également par l'inflation du fait d'un desserrement de la politique de création monétaire, notamment de la part de la Banque Centrale européenne. Les pays européens ont également « internalisé » une partie de leurs dettes à long terme, par un financement direct auprès des agents économiques privés (entreprises non financières et ménages) qui ont repris confiance dans l'avenir.

2/ Situation en Europe et situation nationale

Pour éviter de fortes tensions sociales, l'Union européenne a mis en œuvre un pacte de croissance, permettant de lutter efficacement contre le chômage, sur la zone économique. La croissance économique mondiale permet une croissance des revenus du travail et du capital relativement homogène et plus rapide dans les pays en développement à niveau de revenu moyen, ce qui améliore la compétitivité de l'Europe sur les marchés étrangers. De plus, les progrès techniques, enregistrés dans nos économies, permettent une croissance des échanges à forte valeur ajoutée non seulement dans l'Union européenne mais aussi dans le monde entier. Ces échanges sont de moins en moins freinés par des mesures protectionnistes.

L'Europe s'est renforcée pendant toute cette période, s'étant considérablement désendettée du moins en valeur relative (dette / PIB). Elle apparaît beaucoup moins sensible aux évolutions des marchés financiers dont l'activité a été plus encadrée et contrôlée. Des pays (Grèce, Espagne,..) sortent progressivement de la crise, même si des difficultés économiques et sociales subsistent (chômage encore élevé). De nombreux pays de la zone euro ont pu stabiliser, voire augmenter, leurs dépenses étatiques dans le domaine social et la formation.

Cette période de croissance économique mondiale, retrouvée mais modérée, a conduit à une réduction des tensions politiques aussi bien mondiales qu'internes aux différents zones et pays. Les pays les moins riches au début de la décennie 2010 ont connu également une amélioration de leur situation respective, ce qui a permis de renforcer la demande mondiale. Le progrès technique et l’exploitation de nouveaux facteurs de production et de sources d'énergies, respectueuses des problématiques environnementales, ont permis de limiter les tensions sur les prix et ainsi, favoriser le développement harmonieux de la production mondiale. L'Europe et la France tirent leur épingle du jeu de ce contexte économique favorable.

Dans cette conjoncture, la Haute-Normandie peut prendre deux chemins de croissance différents :

- le premier chemin (scenario S2) correspond à une faible anticipation de l'évolution globale. La Haute-Normandie a été très hésitante dans son

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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anticipation des évolutions des marchés tant dans les activités traditionnelles que nouvelles et porteuses de croissance. Elle a donc vu son poids économique et son positionnement s'affaiblir par rapport aux régions voisines et notamment par rapport à l'Ile de France. Sa situation relative se détériore ;

- le deuxième chemin (scenario S3) correspond à une bonne anticipation de l'évolution globale. Par exemple, la Haute-Normandie a été extrêmement réactive et a anticipé les évolutions des marchés tant dans les activités traditionnelles que nouvelles et porteuses de croissance. Elle a donc renforcé son poids économique et son positionnement par rapport aux régions voisines et à l'Ile de France. Sa situation relative s'améliore.

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Scenario S2

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II - Scenario 2 : « Affaiblissement de la Haute-Normandie » La Haute-Normandie a peu anticipé l'amélioration de la conjoncture économique nationale et mondiale et les évolutions des marchés. Le contexte de la politique régionale s'est détérioré. Même si la politique étatique dans la décennie précédente a tenté de contribuer au renforcement du poids des régions, la décision publique est prise à un niveau inférieur et notamment dans les communautés d'agglomération. La Région n'a qu'un rôle d’animation des initiatives ; son « leadership » est remis en cause et contrôlé par les communautés, tout particulièrement les plus grandes : Rouen, Le Havre et Evreux.

Des processus similaires de « métropolisation » dans les principaux Etats du monde et tout particulièrement en Chine, en Inde, aux Etats-Unis et au Brésil se sont développés.

La position de notre région s'est également détériorée par rapport aux autres régions. La faible anticipation de l'évolution et le peu de dynamisme régional ont conduit à une détérioration de notre tissu industriel, la Haute-Normandie n'a pas fait les choix importants en temps voulu, notamment le développement de ses infrastructures portuaires, ferroviaires et routières. 1/ Les grands projets d'infrastructure Les grands projets d'infrastructure – modernisation des ports, couverture numérique, contournement Rouen-est, LNPN - ne sont pas réalisés en totalité. La mobilité imposée souffre des congestions aggravées par la non réalisation des infrastructures nécessaires. Les flux, notamment de marchandises, stagnent et, en tout cas, ne bénéficient pas au territoire, sauf sur quelques segments très étroits.

Les contournements et les raccordements autoroutiers ne sont pas réalisés. Le réseau secondaire peine à absorber les trafics.

Il a été privilégié la réouverture et la mise à niveau de sécurité des lignes voyageurs infrarégionales « rentables », tandis que le fret reste à l’état embryonnaire.

Les infrastructures routières et ferroviaires n’ont pas été développées car elles auraient pu constituer un coût non amortissable pour la région et l’auraient endettée sur du long terme.

La nouvelle gare de Rouen est en service rive gauche mais les raccordements au réseau vers Le Havre ne sont pas faits. Ce nouveau terminus depuis Paris désengorge la gare actuelle qui voit ses contraintes desserrées pour le fret marchandises. Une partie des usagers ayant besoin d’utiliser des correspondances subissent cette situation.

Les travaux de mise à niveau des ouvrages de la Seine ne sont pas réalisés. Le trafic fluvial ne s'est pas assez développé et reste figé sur les conteneurs et le transport de vrac solides et liquides. Le port du Havre n’arrive pas à « décoller » et à combler une partie de son retard par rapport à ses concurrents. Les ports secondaires se développent autour du nautisme, de la pêche et de quelques trafics de niches.

Les infrastructures portuaires, ne répondant pas efficacement aux besoins des entreprises exportatrices et importatrices, n’ont pas permis le développement d’activités nouvelles et sont restées spécialisées sur des produits traditionnels et primaires, à faible valeur ajoutée. Cette faible rentabilité n’a pas permis de

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développer les activités annexes au port. Aucune activité de transformation et d’apport de valeur ajoutée n’est réalisée à l’occasion du transit des conteneurs sur la zone portuaire et le long de la Seine. Le trafic de marchandises a été dirigé vers les ports du nord de l’Europe et les marchandises sont ensuite redistribuées par le Canal Seine Nord qui est devenu une voie de transport efficace vers Paris et les autres régions françaises.

Aucun aéroport international n'a été développé sur le territoire normand. Aucune liaison rapide vers les aéroports franciliens n’a été mise en œuvre. L'ensemble des infrastructures, existantes auparavant, ont de plus été frappées d’obsolescence assez rapidement.

Le Haut Débit peine à couvrir le territoire. Le Très Haut Débit n’est opérationnel que sur des zones économiques ciblées et rentables pour les opérateurs. L’absence de très haut débit a conduit les moyennes et grandes entreprises à installer leurs activités de services en dehors de la Haute-Normandie.

La décision de réaliser l’EPR de Penly n’a pas été prise et les parcs éoliens ont été faits mais les retombées économiques locales, sur le bassin dieppois et sur la région, n'ont été ni durables ni à la hauteur des espérances. Sans l’EPR et avec le seul chantier éolien, les bassins d'emploi concernés n’ont pas connu de requalification de la main-d'œuvre au chômage et d'appel des jeunes sur les métiers dont les chantiers avaient besoin, ni de préparation des qualifications "post chantier" une fois en phase d’exploitation. Les retombées n'ont duré que le temps du projet éolien pour les activités de "services" alentours (hébergement, restauration…) dont la reconversion s'avère difficile. On constate un mécontentement social latent du fait du rapport coûts / avantages peu élevé. 2/ Le manque d'efficacité économique en Haute-Normandie La poursuite de la désindustrialisation de l’Europe sous l’effet de la performance globale de l’industrie des pays émergents (qualité, coût, technologie, réactivité…), a des effets néfastes sur la Haute-Normandie où le sort de beaucoup d’entreprises est lié à l’économie européenne.

Dans ce contexte, la position de notre région s'est détériorée. Les activités du secteur industriel traditionnel (automobile, métallurgie, pétrochimie,...) et le bâtiment, mais aussi les activités nouvelles (aéronautique, chimie fine, équipements de transport, énergies renouvelables) n'ont pas été suffisamment développées, voire se sont affaiblies par manque d'investissement public en infrastructures.

Par ailleurs, la hausse du coût de l’énergie fossile reste supportable pour les agents économiques privés (ménages et entreprises - dont les comportements de consommation se sont progressivement transformés -) et empêche la rentabilité du déploiement d’énergies non fossiles sur le territoire qui aurait pu, de par sa spécificité, diversifier son bouquet énergétique.

Même si les délocalisations se ralentissent, le manque d'infrastructures n'a pas permis des créations d'activités qui sont allées se concentrer dans d'autres régions plus dynamiques (Nord, Bretagne,..) ou en Ile de France. Le chômage en Haute-Normandie n'a pas été réduit de manière notable du fait de faibles créations d'emplois qualifiés et également non qualifiés dû essentiellement à la relocalisation de certaines activités de service. Ce chômage a pris une dimension structurelle et a conduit à une précarisation de la situation d'un nombre important de ménages normands.45

45 Cf. la fiche variable sur la relation croissance / chômage en Haute-Normandie

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Scenario S2

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Les secteurs vieillissants de l’économie régionale ont subi de plein fouet des départs massifs en retraite, faute d’avoir pu développer des activités à haute valeur ajoutée, en raison du faible investissement sur les élévations technologiques (faible culture R&D, manque d’esprit d’anticipation). La revalorisation des métiers de ces secteurs industriels (exemple de la métallurgie) n’a pas permis d’attirer des publics en formation. Les compétences et les savoirs faire se sont effrités dans la région qui ne peut envisager de relance sur ces voies.

Le tissu local reste composé d’une majorité de PME peu armées face aux stratégies de grands groupes. Celles qui détiennent de fortes expertises sur des créneaux pointus, n’ont pas la ressource pour valoriser et développer leurs activités à une échelle d’ETI (entreprise de taille intermédiaire). Le problème de la transmission et de la reprise d'entreprise est, dans ce contexte peu dynamique, exacerbé.

La faible croissance, voire un relatif déclin de l'emploi « industriel » a des externalités négatives sur le secteur tertiaire marchand et, notamment, dans les secteurs de logistique industrielle (activités portuaires, transport de marchandises,...), mais aussi dans les secteurs commerciaux et de proximité (économie présentielle et résidentielle).

La Haute-Normandie voit sa position relative se détériorer du fait qu'elle était traditionnellement plus industrialisée que la moyenne des régions françaises. Ces structures sont en déclin, moins performantes, ce qui a accentué l'effet de stagnation économique dans diverses activités industrielles.

La stagnation de la rentabilité du capital dans notre région est suffisante pour dissuader de nouvelles entreprises à s’installer sur le territoire. L’image peu dynamique, voire vieillissante de la région, apparaît comme une contrainte à son développement.

Cependant, des secteurs tertiaires importants (hôtellerie, restauration, aide à la personne liée à l’allongement de la durée de vie, sécurité des biens) se sont développés, mais la modernisation des infrastructures, notamment d’accueil, s'est effectuée lentement ce qui a freiné le tourisme d’affaires. 3/ Formation et société de la connaissance L’élévation des niveaux de formation initiale et de qualification des actifs n’a pas été à la mesure des retards à rattraper pour la région. Ces retards se sont creusés. Le retard en nombre de sortants non diplômés de la formation initiale ou dans l’accès à l’enseignement supérieur n’est pas comblé.

L’accès à l’emploi des jeunes, même diplômés, reste préoccupant en région : la part des jeunes non insérés reste forte dans une région caractérisée par sa jeunesse.

La proportion des non diplômés dans la structure de la qualification des actifs n’a pas diminué sur la dernière décennie : le volume de qualifiés (diplôme de niveau V au minimum) reste à peine supérieur en moyenne dans tous les secteurs au volume de non qualifiés.

La notion de formation tout au long de la vie (FTLV) peine à s’imposer. Les efforts déployés pour les acquisitions du socle commun des connaissances n’ont pas encore permis de sceller la capacité d’acquisition de l'apprentissage, alors que cette compétence est fondamentale dès lors que le développement d’Internet a généré l’accès à une profusion d’informations : le retour vers la formation reste souvent assimilé à un retour à l’école. Il n'y a pas eu un véritable

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investissement dans le travail des seniors qui n’a pas été considéré comme une priorité (ils pâtissent en premier des difficultés économiques).

Les dispositifs de formation individuelle des personnes en emploi qui souhaitent changer de voie, restent peu sollicités (VAE, CIF, …) ; la priorité étant de garder son emploi plutôt que de progresser ou de changer de parcours.

Les acteurs de la formation et de l’économie régionale ne sont pas en capacité de mettre en place les adaptations nécessaires des formations et des qualifications aux besoins des secteurs en forte mutation. L’économie régionale s’en trouve davantage fragilisée.

Le tissu régional important de PME est touché par les difficultés et les entreprises ont peu de moyens pour investir dans la formation, d’autant que la proportion des actifs à faible niveau de qualification est élevée. Elles ne peuvent anticiper sur des démarches de GPEC, malgré la structuration et les incitations des branches qui organisent la collecte des fonds de la formation et les accords existants. Dans ce contexte, la GPEC Territoriale reste balbutiante.

Les secteurs de l’économie régionale qui connaissent des besoins de structuration des formations, notamment ceux des activités de service, de la logistique, ou en lien avec les activités économiques liées à la façade maritime ou à l’énergie, peinent à se développer faute de structuration des spécialités professionnelles secondaires ou supérieures.

Les acteurs de l’orientation des publics, jeunes et adultes, se sont professionnalisés, mais les cloisonnements demeurent, la Cité des métiers n’a pas eu les moyens de jouer un rôle fédérateur pour impulser une dynamique de service de l’orientation à l’échelle du territoire régional. Par ailleurs, le lien de ces acteurs au monde de l’entreprise a eu du mal à se renforcer en cette période difficile et la vision à court terme l’emporte sur la prise en compte des besoins avec une vision de moyen ou de long terme.

Il n’y a pas à l’évidence de lien entre les acteurs de la formation initiale et continue, de l’information et de l’orientation, les partenaires sociaux et les entreprises ; la synergie n’est pas au niveau des enjeux pour rattraper les retards régionaux. La coordination entre les grands schémas d’intervention dans le domaine de la formation professionnelle (CPRDFP) et de l’économie (CRDE) est actionnée au cas par cas lorsque des difficultés ponctuelles et majeures surviennent dans certains secteurs. Il n’y a pas de volonté pour définir les modalités et procéder ensuite régulièrement à l’évaluation des politiques en ce domaine. L’évolution des modalités d’enseignement et de formation ainsi que les nouveaux outils d’apprentissage peinent à de développer : les pratiques d’individualisation des formations et la formation à distance ne viennent pas en appui de la formation des individus sur l’ensemble du territoire et les inégalités d’accès à la formation perdurent.

Au sein du projet Paris Seine Normandie, le PRES, après une bonne décennie d’existence, a limité son action à engager des opérations de communication sans portée et l’enseignement supérieur n’a pas gagné en attractivité. Les acteurs locaux n’ont pas investi dans l’accompagnement social des formations, notamment au niveau supérieur pour enrayer les retards de la région ; les bourses doctorales malgré leur maintien en volume ne sont pas suffisamment incitatives pour attirer en région les jeunes chercheurs, voire conserver les doctorants dans les laboratoires.

L’investissement consenti par les familles dans la formation étant peu rémunérateur à court et moyen termes localement, les jeunes ne se forment pas davantage dans les systèmes de formation initiale et continue, ce qui accroît la dichotomie du tissu social du territoire. Les jeunes les moins qualifiés étant peu mobiles, gonflent le nombre de demandeurs d’emploi ou n’assurent que des

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emplois peu qualifiés et à fort taux de rotation. Les jeunes les plus qualifiés émigrent vers d’autres régions plus dynamiques. Le travail non officiel s’est développé puisque le marché du travail n’a pas permis une insertion des demandeurs d'emploi.

La stagnation de la rentabilité du capital productif n’a pas conduit de nouvelles entreprises à s’installer ni les entreprises existantes à investir dans la région, celles-ci diminuent progressivement leurs activités (R&D, innovations, production,...). Ce mouvement particulièrement fort dans les grandes entreprises se propage également aux PMI, notamment les sous-traitantes qui voient leurs activités baisser. Le tissu artisanal n’est que légèrement plus dynamique en se développant sur des secteurs porteurs sur le plan technologique et plus traditionnels, mais ne permet pas dégager une valeur ajoutée stimulant la croissance locale. 4/ Les effets sociaux du faible dynamisme économique La stabilité de l'emploi dans l'économie se traduit par une augmentation du taux d'inactivité des haut-normands. Cependant, les pressions à la hausse des salaires ont été moins ressenties qu'ailleurs du fait d'un taux de chômage initial plus élevé que la moyenne nationale. Ce fait a renforcé la compétitivité de la région.

L’emploi étant stagnant, les salaires évoluent peu et la masse salariale est constante en terme réel. La consommation des ménages n’est pas un facteur de croissance pour le territoire normand. L’accroissement de la consommation n’est du qu’à un comportement de désépargne pour les classes moyennes. Le nombre des ménages, pouvant être considérés comme vivants au seuil de pauvreté ou en dessous, est resté constant (12% depuis plus d’une décennie). Ce taux n’a été maintenu constant que grâce à une politique sociale coûteuse. La pauvreté atteint majoritairement des jeunes, notamment des enfants et des femmes en situation précaire. Les coûts de logement, de l'eau, du gaz et de l’électricité se sont accrus sous l’effet d'une forte concurrence mondiale sur la demande énergétique et de la plus grande rareté de ces ressources énergétiques. De ce fait, les contraintes financières s’aggravent pour cette population.

La stabilité du chômage sur longue période s'est traduite par une stabilisation de sa durée, conduisant à une augmentation de la précarité du travail et une détérioration des conditions de travail, tous secteurs et toutes qualifications confondus. Cependant, les groupes les plus fragiles subissent plus fortement ce faible dynamisme du marché du travail. Les travailleurs en intérim, très présents en région, en sont les premières victimes ; les jeunes subissent à la fois un chômage récurent pour les moins qualifiés et un chômage d’insertion pour les plus qualifiés. Les seniors voient leur taux de chômage s’accroître car les entreprises arbitrent en faveur des plus jeunes46 , ce qui entraîne un déclassement rapide des seniors en augmentant les problèmes de couverture sociale et de retraite. L’allongement de la durée du travail ne s’est donc pas traduit par la présence accrue de seniors, à l’exception des entreprises qui risquaient de perdre des savoir-faire indispensables.

Un certain mouvement de ghettoïsation, subi par certaines villes au début du siècle, se poursuit sans s’intensifier. On ne note pas une baisse sensible des incivilités (dégradation des biens publics et privés), des violences (crimes, vols, violences conjugales,...), des externalités négatives (drogues, prostitution, alcoolisme,...).

46 adultes entre 25 et 50 ans au sens de l’INSEE

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La région n’a pas vu sa situation évoluer sur longue période. Ses recettes fiscales sont stables en termes réels du fait de la stabilité des revenus des ménages et des sociétés et de la stabilité de la consommation. Les collectivités locales restent soumises au problème de la dette (équilibre budgétaire sans investissement, constance du rapport dette/PRB47). De ce fait, la Haute-Normandie ne peut pas desserrer ses contraintes financières ; ses charges (personnel, consommation, investissements et transferts) doivent être strictement gérées du fait de recettes constantes, ce qui ne permet pas une amélioration de l'ensemble de l'offre régionale vis-à-vis des citoyens.

En ce qui concerne les politiques sociales, les ressources sont limitées et leur redéfinition est une nécessité même si l'action régionale est en partie soumise à la législation nationale et européenne. Toutefois, les dépenses sociales sont croissantes (obligation d’une couverture minimale de santé et de retraite, difficultés d'accès aux soins pour une partie de la population, investissements en capital humain non rentables pour la région,...). La contrainte sur le système social, notamment de santé, reste forte puisque les prélèvements locaux demeurent quasiment constants en termes réels. Cela suppose des arbitrages financiers entre le domaine social pur et l’éducation par exemple (plus de dépenses sociales et donc moins d’investissements publics en formation). La prise en charge de certaines populations devient plus difficile pour la région dans les différents domaines de l’offre de services publics (santé, famille, handicap, troisième âge dépendant, pauvreté, formation), d'autant plus qu'elle devient une région vieillissante.48

Aussi, malgré les mesures nationales qui ont été prises pour adapter les modalités de financement des dépenses de santé (quelle que soit celle des 3 visions adoptées : la vision libérale (intervention de la famille, franchises) / la vision collective mutualiste / la vision solidaire (fiscalisation, impôt d’Etat), il n’y a donc pas de possibilité de dégager au niveau régional des marges de manœuvre suffisantes pour peser efficacement sur la situation sanitaire.

En matière de prévention, la médecine du travail et la médecine scolaire (fortement déficitaires en France), de même que l’éducation à la santé se sont maintenues à l’identique, notamment avec les déséquilibres importants qui existaient entre les actifs des différents secteurs.

Les progrès techniques dans le domaine de la santé s’opèrent au rythme des possibilités dont disposent les chercheurs, y compris ceux des secteurs en pointe au CHUR qui disposent de moyens limités et du peu d’aide à la valorisation de leurs recherches. L’âge et la morbidité reculent de façon équilibrée.

La démographie médicale ne s’améliore pas pour les généralistes. Leur densité pour 100 000 habitants régresse en 2025 en perdant presque 1 point par rapport à 2010. Les autres professions sont en bas de classement malgré un besoin plus marqué qu’ailleurs (ex : santé mentale, addictions, nutrition, odontologie...) Les médecins étrangers restent dans la même proportion et la validation de leur diplôme s’organise au fil de l’eau. L’encombrement des services des urgences a continué et reste un signe de « mauvaise santé » d’accès aux soins primaires.

Les citoyens les plus éloignés des centres urbains subissent de plein fouet sans solution alternative la réduction de l’offre de services publics.

47 PRB Produit régional brut 48 Cf. fiches variable offre de soin (les politiques sociales) et démographie.

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5/ Les évolutions environnementales et l'offre énergétique Sur le plan environnemental, les effets sont mitigés. D'un côté, la faiblesse de la production et des services liés a conduit à une diminution des nuisances (pollution de l'air, de l'eau, nuisances sonores,...), associée à une rationalisation des techniques de production. Cependant, les entreprises investissent peu dans des combinaisons de production entraînant moins d'externalités négatives sur l'environnement. Faute de rentabilité suffisante, les démarches de développement durable sont relativement peu intégrées dans les stratégies des firmes qui ont une attitude passive.

Les indicateurs négatifs s’accentuent. La Haute-Normandie conserve et amplifie les mauvais critères. Il n’y a pas de prise de conscience. Les quelques avancées ou progrès énergétiques sont « rongés » par la poursuite de l’étalement périurbain, de l’artificialisation des espaces.

6/ Les flux migratoires La Haute-Normandie ne réussit pas à inverser les flux migratoires (plus de sorties et moins d'entrées de jeunes qualifiés sur le territoire normand, impliquant un vieillissement de la population active). Les jeunes les plus qualifiés émigrent vers d’autres régions plus dynamiques. 7/ Le rayonnement culturel et la « gouvernance » au sens de l’appropriation de l’identité Les territoires développent des initiatives pour les publics de proximité. Une coordination entre décideurs politiques et acteurs culturels se met en place sous l’effet de la réforme territoriale, mais l’ambition des décideurs politiques et acteurs culturels est trop contrainte par la faiblesse des moyens qui se raréfient. Une « cantonalisation » des politiques, source d’inertie pour le rayonnement culturel de la région, s'est progressivement installée.

Le développement des pratiques de recours au numérique s’opère mais pas au profit de la région. Les produits proposés sont le reflet d’une offre qui reste segmentée et qui n’attire pas par la nouveauté, ni par l’ouverture vers les territoires voisins qui sont porteurs de visibilité et d’identité au-delà des frontières. Faute d’investir sur les atouts de la perception de la «Normandie», de la proximité de l’Ile de France, le rayonnement « vivote » porté par un ou deux évènements éphémères et insuffisants pour porter une identité des territoires et du Territoire.

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III - Scenario 3 : « Vers une Normandie audacieuse et plus forte ! » Les pays occidentaux ont retrouvé la croissance et se retrouvent sur un sentier d'expansion reposant à la fois sur une croissance de la demande intérieure et un développement des échanges. Dans le même temps, ils rendent compatibles une croissance soutenue et le concept de développement durable.

L’Europe des Etats est aussi l’Europe des Régions. Grâce à une forme appropriée de l’utilisation des crédits, les projets à long terme ont relancé une politique économique plus interventionniste. Les projets stimulant à la fois la concurrence et la coopération entre les régions à l’échelle de l’Europe sont encouragés par l’Union Européenne. Le potentiel de la Haute-Normandie est mis en valeur.

La Haute-Normandie a anticipé l'amélioration de la conjoncture économique nationale et mondiale. La position de notre région s'est renforcée. 1/ Les grands projets d'infrastructure La Haute-Normandie a fait le choix et a su convaincre, dans un premier temps et dans un contexte encore difficile, de développer son réseau numérique THD très haut débit pour un développement équilibré sur tout le territoire. C’est ce développement qui a contribué à renforcer sa structure de production et qui lui a permis d’investir dans les grands projets d’infrastructures portuaires, ferroviaires (LNPN) et routières, ainsi qu’à la mise en place de services dématérialisés pour les accès aux procédures administratives, à la télémédecine et à la formation.

Les projets « Paris Seine Normandie » ont fini par s’imposer. Adossée aux infrastructures éoliennes et à la LNPN, grâce au maillage territorial et à la multimodalité qui se mettent en place, la Normandie connaît une nouvelle notoriété qu’elle a su accompagner d’évènements culturels de portée internationale. Ces nouvelles infrastructures sont aussi bénéfiques pour la Haute que pour la Basse-Normandie. La recherche privée et publique normande s’organise et devient l’une des six premières en France. De fait, la coopération devient une évidence y compris avec l’Ile de France.

La mobilité s’organise dans la complémentarité des modes. Les flux, notamment de marchandises, augmentent et commencent à innerver et à bénéficier à l’ensemble du territoire.

L'ensemble des contournements et raccordements sont réalisés. Le raccordement aux réseaux à grande vitesse européen profite à tous grâce au développement des lignes infrarégionales. Le fret au départ du Havre vers la région parisienne se développe.

Les travaux de mise à niveau des ouvrages de la Seine sont réalisés. Le transport de déchets a connu un fort développement. Port 2000 a réussi à capter des tonnages jusqu’alors destinés aux ports du Nord grâce au développement des liaisons vers son hinterland et aux ports secondaires.

La massification des transports internationaux et particulièrement des transports maritimes, font du Havre une des portes maritimes importantes de l’Europe occidentale. L’Etat et les régions périphériques font du Havre le principal port de l’Ile de France.

L’accès à Roissy est amélioré. Toutefois, parallèlement Deauville prend un réel essor dans l'activité de transport de passagers, notamment d'affaires.

L’EPR de Penly est en cours de réalisation et la Région a anticipé et accompagné ce grand projet. Les retombées régionales, en termes de travail et de qualification, sont importantes : formation des jeunes et des actifs en recherche

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d'emploi sur le bassin dieppois et au niveau régional pour la phase chantier, formation en amont de personnels qualifiés pour l'exploitation du site post chantier, anticipation des reconversions post chantier par identification des compétences acquises pour permettre à terme le report sur d'autres "grands chantiers" régionaux ou hors région... De ce fait, ce grand projet est bien accepté du fait de ses retombées à court, moyen et long termes. 2/ Un développement économique soutenu Tous les acteurs ayant tiré la leçon des crises 2008-2012, un modèle économique plus performant s’impose mettant l’économie financière au service de l’économie réelle.

L’emploi s'est développé depuis une décennie, du fait de fortes créations d'emplois dans les activités industrielles et tertiaires porteuses et de moindres pertes dans les secteurs plus traditionnels.

Les « relocalisations » en Europe, suite au manque de performance des pays émergents, bénéficient à la région. La hausse du coût de l’énergie génère des produits pour la région et permet d'innover pour trouver des alternatives énergétiques.

La position de la Haute-Normandie s’est renforcée sur le plan économique dans des activités historiques du secteur industriel et des activités nouvelles ont été progressivement développées dans plusieurs secteurs grâce aux innovations et avec une amélioration de la compétitivité de notre région.

Ainsi, les secteurs traditionnels les plus exposés ont pu entamer leur mutation vers des activités en émergence : éolien off shore, « déconstruction » (pas seulement automobile…), retraitement des déchets...

Le renforcement de la structuration des filières autour des produits innovants a permis de soutenir les PME/PMI, de les aider à passer le cap des départs massifs en retraite en rajeunissant la main-d’œuvre par des effectifs davantage qualifiés.

Ces filières soutiennent également la présence à l’international d’entreprises qui seules n’ont pas les moyens d’organiser cette visibilité et leur permet d’intégrer une culture d’anticipation et une vision à plus long terme dans un esprit « réseau ».

Ces habitudes ont permis le regroupement de PME et ouvert de nouvelles opportunités lors de la transmission ou reprise d’entreprise.

Ce tissu économique bien valorisé par une communication ciblée sur les atouts régionaux est devenu attractif pour des entreprises nationales performantes, envisageant favorablement l’implantation de leurs sièges sociaux.

Ces créations d'activité conduisent donc à une baisse du chômage du fait de créations d'emplois qualifiés et, en proportion moindre, d’emplois non qualifiés.49

La croissance de l’emploi « industriel » a des effets positifs sur le secteur tertiaire marchand et, notamment, dans les secteurs de logistique industrielle (activités portuaires, transport de marchandises...), mais aussi dans les secteurs commerciaux. Les emplois de proximité ont été professionnalisés grâce à un effort de formation et d’insertion (exemple : économie présentielle et résidentielle).

La Haute-Normandie tire profit de cette situation puisqu'elle était traditionnellement plus industrialisée que la moyenne des régions françaises. Ces 49 Cf. fiche variable sur la relation croissance / chômage en Haute-Normandie

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structures étaient performantes ce qui a accentué l'effet de reprise économique dans diverses activités industrielles.

La hausse de l'emploi dans l'économie locale se traduit par une augmentation du taux d'activité des haut-normands. Cependant, les pressions à la hausse des salaires ont été moins ressenties qu'ailleurs du fait d'un taux de chômage initial plus élevé que la moyenne nationale. Ce fait a renforcé la compétitivité de la région.

Dans ce contexte dynamique et grâce à ses atouts majeurs, à ses infrastructures développées, à sa façade maritime et sa proximité de l'Ile de France, des firmes se sont relocalisées en Haute-Normandie et d'autres sont venues s’y implanter (les firmes multinationales s'implantent dans des zones d'investissement où le travail, bien que plus cher, est qualifié et donc plus efficient). Une amélioration de la rentabilité du capital a été constatée sur l'ensemble de la période, ce qui a renforcé l'image « dynamique » de la région.

La hausse de la masse salariale accroît fortement la consommation des ménages sur le territoire normand, amplifiant le processus de croissance. Le nombre des ménages, pouvant être considérés comme vivants au seuil de pauvreté ou en dessous (12% en 2012), a nettement diminué (8%). Même si les coûts du logement, de l'eau, gaz et électricité se sont accrus du fait d'une forte concurrence mondiale sur les énergies et de la plus grande rareté de ces ressources énergétiques, les contraintes financières apparaissent moins fortes.

La baisse du chômage s'est traduite par une diminution de sa durée, conduisant à une diminution de la précarité du travail et une amélioration des conditions de travail, tous secteurs et toutes qualifications confondus.

La hausse de la rentabilité du capital productif permet d'accélérer l'investissement des entreprises qui améliorent leur compétitivité dans de multiples domaines (R&D, innovations, production,...). Ce mouvement particulièrement fort dans les grandes entreprises se propage également aux PMI, notamment les sous-traitantes qui voient leurs activités progresser à un rythme soutenu. Le tissus artisanal se développe sur des secteurs porteurs sur le plan technologique et plus traditionnels et à forte valeur ajoutée. 3/ Formation et Société de la connaissance L’élévation des niveaux de formation initiale et de qualification des actifs a permis de rattraper les retards de la région. La région est dans la moyenne nationale en termes de sortie de jeunes diplômés, le taux de scolarisation augmente au niveau supérieur mais, les poursuites d’études restent cependant en retrait dans la région.

L’insertion des jeunes diplômés s’est améliorée sur le territoire car ils répondent davantage aux besoins de qualification des secteurs économiques qui emploient. La capacité d’acquisition des apprentissages fait partie des objectifs de l’enseignement initial, mais l’acquisition des savoirs de base pour tous reste un enjeu au niveau régional.

La notion de FTLV a réellement pris corps, les entreprises ont gardé les seniors qui transmettent leurs savoir-faire professionnels aux jeunes moins expérimentés et peuvent investir dans les montées en qualification. Ainsi la structuration de la qualification des actifs progresse vers le haut, les actifs en emploi qui accèdent à un niveau de qualification supérieure, sont plus nombreux et les situations d’illettrisme au travail dé-stigmatisées sont plus facilement repérées et accompagnées par des formations. L’aptitude à penser qu’on doit se former en permanence Tout au Long de la Vie (FTLV) est installée chez les individus et en entreprise. Le travail des seniors est valorisé.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Parmi les formations des demandeurs d’emploi, celles ciblées sur les plus éloignés de la formation, sont développées en priorité en concertation entre la région et pôle emploi, ce qui concourt à l’objectif de lutte contre les exclusions en prenant en compte les spécificités des territoires.

Les adaptations nécessaires des qualifications aux besoins de quelques secteurs en forte mutation sont mises en place. Des spécialités liées à l'énergie et au transport en Haute-Normandie dans le secondaire et dans le supérieur ont été développées en s’appuyant sur la valeur ajoutée qu’elles apportent localement.

Dans les entreprises, la GPEC s’est développée grâce à davantage de lisibilité sur les secteurs porteurs et aux travaux sur la valorisation des compétences acquises en emploi. Elle est portée par les branches et les filières qui les accompagnent, qui travaillent en lien avec le conseil régional dans le cadre de contrats d’objectifs élargis à de nouveaux secteurs et avec une dimension inter branches et filières.

Le développement des compétences professionnelles est placé au cœur des exigences d’employabilité des secteurs économiques. Les acteurs de la formation initiale et continue ont renforcé les liens et les habitudes de travail entre eux. Les lieux d’échanges entre les décideurs sur la formation initiale et professionnelle se sont développés autour des objectifs fixés par le CPRDFP et le CRDE.

L'élaboration d'une carte régionale des formations professionnelles s'est appuyée sur davantage de concertations. La formation des adultes demandeurs d’emploi ou en emploi permet de pallier les besoins de plus court terme, alors que la formation initiale, qui rencontre toujours des freins pour adapter son offre, évolue plus lentement en fonction de besoins de plus long terme. Le PRES a engagé, dès sa constitution, des actions structurantes qui ont pour effet de lui donner une visibilité nationale, voire internationale pour certaines spécialités. Les bourses doctorales sont maintenues à un niveau élevé.

On assiste à une mise en réseau efficace des acteurs de la recherche, dans un contexte européen dynamique, à l’échelle de l’axe Paris Seine Normandie. La réindustrialisation et la relocalisation des activités favorisent le maintien des activités de recherche, voire le retour de la recherche en région.

La formation étant mieux rémunérée, les jeunes se forment davantage dans les systèmes de formation initiale et continue, ce qui diminue la dichotomie du tissu social du territoire. Le travail non officiel est fortement freiné puisque le marché du travail permet une insertion plus facile à tous les demandeurs d'emploi. 4/ Effets sociaux issus de la situation économique favorable L'insertion plus facile des offreurs de travail sur le marché inverse un certain mouvement de ghettoïsation subi par certaines villes au début du siècle. Il s'ensuit une baisse des incivilités (dégradation des biens publics et privés), des violences (crimes, vols, violences conjugales,...), des externalités négatives (drogues, prostitution, alcoolisme,...).

La région a retrouvé un ballon d'oxygène par cette évolution économique. Elle voit ses recettes fiscales augmenter (hausse des revenus des ménages et des sociétés, hausse de la consommation et relative stabilité de l'épargne). Les collectivités locales sont moins soumises au problème de la dette (équilibre budgétaire retrouvé, baisse du rapport dette/PRB).

Les dépenses, notamment sociales et de formation, des collectivités peuvent rester relativement stables, voire augmenter (meilleure couverture santé et retraite, amélioration de l'accès aux soins, investissements en capital humain,...).

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Scenario S3

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La Haute-Normandie peut desserrer ses contraintes financières et augmenter ses charges (personnel, consommation, investissements et transferts), ce qui conduit à une amélioration de l'ensemble de l'offre régionale vis-à-vis des citoyens.

La contrainte sur le système social, notamment de santé, est moins forte puisque les prélèvements locaux peuvent être plus importants dus à une augmentation du nombre de salariés, une augmentation des salaires, à des plus grande facilité de paiement et d'investissement des entreprises et ménages. La prise en charge de certaines populations devient plus facile pour la région (santé, famille, handicapés et troisième âge dépendant, pauvreté, formation), d'autant plus qu'elle reste une région jeune.50

Les difficultés économiques desserrées font qu’on peut mettre en place des propositions de redéfinition des politiques sociales locales, certes délimitées par les politiques nationales.

Parmi les mesures nationales prises pour adapter les modalités de financement des dépenses de santé, une priorité nationale a été mise sur la prise en charge du vieillissement. Ses effets sont positifs sur la situation de la région et les acteurs locaux ont pu flécher des financements sur d’autres priorités locales en agissant sur la prévention en matière de santé et sur la démographie médicale.

Parmi les actions engagées de concert au niveau national et local, une pression « efficace » sur les laboratoires pharmaceutiques qui sont engagés sur la réduction des coûts en préservant les activités présentes en région.

Le rationnement de l’offre (baisse du nombre de places, de médecins, de prescriptions) est largement compensé par une amélioration de la prévention et de l’organisation de l’accès aux premiers soins, sans entacher la qualité de l’offre. Les retards de la région commencent à être rattrapés.

En matière de prévention, que ce soit dans la médecine du travail ou dans la médecine scolaire (fortement déficitaires en France) ou encore de l’éducation à la santé, les systèmes de médecine préventive ont été régénérés, appuyés par une intervention des acteurs locaux qui ont fixé des priorités avec certains secteurs professionnels ou sur certaines zones scolaires où les besoins étaient flagrants.

Des moyens locaux ont été fléchés sur la recherche en pointe, notamment au CHUR, ainsi que sur la valorisation de la recherche des laboratoires. Les progrès sont facilités par la mise en synergie des compétences au sein des laboratoires de l’espace Paris Seine Normandie. La région bénéficie des retombées de ses découvertes en termes d’attractivité.

L’âge et la morbidité reculent de façon plus ou moins équilibrée. Il a été créé un diplôme « infirmier clinicien » intervenant en première ligne pour donner les soins courants et assurer la prise en charge des pathologies chroniques. Les maisons de santé se sont développées de façon équilibrée sur le territoire.

Le numerus clausus a été augmenté dans la région depuis plus de dix ans et les formés en médecine générale et spécialités commencent à s’installer sur le territoire régional grâce à des mesures incitatives d’aide à l’installation.

Le lobbying exercé par les acteurs locaux au niveau national a permis de rétablir un rééquilibre dans l’attribution des quotas des formations paramédicales en faveur de la Haute-Normandie et la Région a pu procéder à leur répartition sur les territoires de manière équilibrée selon les besoins.

Les coopérations entre les professionnels de santé s’organisent et contribuent à rendre la région plus attractive pour les nouveaux diplômés.La démographie médicale s’est améliorée compte tenu des retards que connaissait la région.

50 Cf. fiches variable offre de soin (les politiques sociales) et démographie

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Le système mis en place pour limiter le nombre de praticiens non conventionnés sur le territoire contribue dans ce contexte d’attractivité retrouvée à limiter les inégalités dans l’offre de soins. Les maisons de santé se sont développées et sont le lieu habituel d’accès au soin primaire.

5/ L'impact environnemental et les énergies Pour maintenir une politique de développement durable, les pouvoirs publics sont très présents. Ils tirent leurs ressources de la croissance. Le potentiel industriel de la Haute-Normandie est mis en valeur. La Région est l’interlocutrice de l’Etat au nom des autres collectivités territoriales Haut Normandes.

Sur le plan environnemental, les effets peuvent se contrebalancer et la situation reste contrastée : la région, du fait de sa production industrielle et malgré des efforts soutenus, reste fortement émettrice de gaz à effet de serre.

En effet, d'un côté, la hausse de la production et des services liés a conduit à une augmentation des nuisances (pollution de l'air, de l'eau, nuisances sonores,...).

Cependant, d'autre part, les entreprises peuvent, par le développement de leurs activités, investir dans des combinaisons de production entraînant moins d'externalités négatives sur l'environnement (hausse de l’investissement dans des démarches de développement durable). Notamment, le développement des énergies renouvelables est possible avec les champs d’éolien en mer qui fonctionnent à plein régime depuis au moins 5 ans.

6/ les flux migratoires La Haute-Normandie réussit à inverser les flux migratoires (moins de sorties et plus d'entrées de jeunes qualifiés sur le territoire normand).

7/ le rayonnement culturel et la « gouvernance » au sens de l’appropriation de l’identité Une coordination entre décideurs politiques et acteurs culturels se met en place sous l’effet de la réforme territoriale, une capacité politique de changement est avérée chez les acteurs qui se concertent, mettent en cohérence des politiques culturelles aux différents échelons, optimisent les ressources rares et les financements, rationalisent leurs interventions et opèrent des choix forts.

Les coopérations dépassent le territoire régional, à l’image du tourisme la culture est portée à l’échelle interrégionale, voire à l’échelle du projet Paris Seine Normandie.

Dans le domaine culturel, c’est bien la fin de « l’exception culturelle à la Française » et l’ouverture du secteur sur la sphère économique entraine un cercle vertueux dans lequel les intérêts sont partagés et compris par tous les acteurs quant aux retombées en terme d’attractivité pour le territoire.

La culture ne reste pas isolée, elle est considérée comme une exception plutôt bien soutenue par les élus et est intégrée comme une composante naturelle de chaque acte de la société, comme élément d’attractivité au même titre qu’un service public comme une crèche ou une école.

Le développement des pratiques de recours au numérique véhiculent l’image d’une région dynamique, accompagnent les efforts des professionnels et répondent aux attentes des publics friands de découverte et d’une offre de services coordonnée. Evénements régionaux et nationaux s’enrichissent l’un l’autre, les retombées extérieures renforcent le sentiment d’identité des (hauts) normands.

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Scenario S4

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IV - Scenario S4 : « L'euphorie normande »

Après une période de crise financière et économique (2007 – 2014), les Etats et les agents économiques ont repris confiance en l'avenir. La croissance s'est ensuite accélérée et les échanges internationaux (importations et exportations) se sont développés plus rapidement que le PIB mondial. Tous les pays ont bénéficié de cette décennie « glorieuse » qui a permis l'élévation des revenus moyens nationaux et le développement des classes moyennes.

Les pays à hauts revenus, en début de période, ont pu de ce fait exporter davantage et, notamment, des biens de luxe et de haute technicité, c'est-à-dire à forte valeur ajoutée. L'Europe s'est renforcée pendant toute cette période, se désendettant tout en augmentant les dépenses étatiques dans le domaine social et la formation. Cette période de croissance économique mondiale a conduit à une réduction des tensions politiques aussi bien mondiales qu'internes aux différents pays et zones.

Les pays les moins riches au début de la décennie 2010 ont connu également une amélioration de leur situation, ce qui a fortement impulsé la demande mondiale. Le progrès technique et la découverte de nouveaux gisements de facteurs de production et de sources d'énergies ont permis de limiter les tensions sur les prix et ainsi favoriser le développement harmonieux de la production mondiale.

L'Europe, la France et la Haute-Normandie tirent leurs épingles du jeu de ce contexte économique favorable. La France et ses régions a connu une longue phase continue de croissance de son PIB. Dans l'analyse qui suit, elle se produit après une forte accélération et un assainissement du mouvement de mondialisation des économies avec un plus large accès aux différents marchés (suppression totale des droits de douanes, quotas, normes,...un contrôle et une rationalité plus développés des politiques d'ouverture). 1/ Les grands projets d'infrastructure L’Europe des Etats est aussi l’Europe des Régions. Grâce à une forme appropriée de l’utilisation des crédits, les projets à long terme ont relancé une politique économique plus interventionniste. Les projets stimulant à la fois la concurrence et la coopération entre les régions à l’échelle de l’Europe sont encouragés par l’Union Européenne. Le potentiel de la Haute-Normandie est mis en valeur.

Les projets « Paris Seine Normandie » ont fini par s’imposer. Adossée aux infrastructures éoliennes et à la LNPN, la Normandie connaît une nouvelle notoriété qu’elle a su accompagner d’évènements culturels de portée internationale. Ces nouvelles infrastructures sont aussi bénéfiques pour la Haute que pour la Basse-Normandie. La recherche privée et publique normande s’organise et devient l’une des six premières en France. De fait, la coopération devient une évidence y compris avec l’Ile de France.

La massification des transports internationaux et notamment les transports maritimes font du Havre une des portes maritimes importantes de l’Europe occidentale. Cet objectif a pu être atteint par l'action de l’Etat et des Régions avoisinantes.

Les pays occidentaux ont retrouvé la croissance. Croissance et développement durable sont compatibles. Pour maintenir une politique de développement durable, les pouvoirs publics sont très présents. Ils tirent leurs ressources de la croissance.

Les grands projets d'infrastructure ont été réalisés ainsi que le maillage territorial et la multimodalité est réussie. Les flux irriguent tout le territoire. Les

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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contournements et raccordements sont réalisés. La sécurité est augmentée. Les connexions aux modes doux font l’objet de toutes les attentions. Les raccordements aux réseaux à grande vitesse européen profitent à tous grâce au développement des lignes infrarégionales.

On note une optimisation du trafic fret grâce à l’implantation d’un terminal de transport combiné en région. Les travaux de mise à niveau des ouvrages de la Seine sont réalisés, le Canal Seine Nord ne se fait pas aussi vite que prévu. Les parts de marché augmentent. Port 2000 a réussi à capter des tonnages jusqu’alors destinés aux ports du Nord grâce au développement des liaisons vers son hinterland et aux ports secondaires qui jouent leur rôle dans le cabotage le long d’une autoroute de la Mer vers l’Espagne. Le trafic passager s’intensifie pour le transmanche Le trafic transatlantique se développe.

Les accès ferroviaires et routiers à l’aéroport de Deauville sont réalisés. Il devient l’aéroport international utilisé par les décideurs du projet Paris Seine Normandie qui louent son accès fluide. L'aérodrome de Boos garde et développe sa plateforme médicale pour les greffes pratiquées au CHU.

L’EPR de Penly s'est fait et la Région a anticipé et accompagné ce grand projet : formation des jeunes et des actifs en recherche d'emploi sur le bassin dieppois et au niveau régional pour la phase chantier, anticipation des reconversions post chantier par identification des compétences acquises et report sur d'autres "grands chantiers" régionaux ou hors région, formation en amont de personnels qualifiés pour l'exploitation du site post chantier. De ce fait, le projet a été bien accepté compte tenu de ses retombées à court, moyen et long termes.

Grâce à l’innovation portée par le CRIHAN, La Haute-Normandie devient une région pilote dans le domaine des e-services qui se développent dans tous les domaines et sur tout le territoire.

Un des objectifs du SCORAN répondait à l’ambition nationale de proposer un accès très haut débit à l’ensemble des foyers, selon les technologies les plus adaptées aux territoires. Cet objectif a été réalisé dans les temps impartis par une concentration des moyens de tous les intervenants et une accélération du rythme, favorisant un aménagement équilibré du territoire ainsi qu’une équité d’accès au Très Haut Débit. Les TIC ont facilité la déconcentration de certaines activités depuis les centres urbains vers des territoires moins denses contribuant ainsi à un aménagement du territoire plus harmonieux.

Des infrastructures performantes et apportant une garantie de services optimale ont été mises en place, offrant ainsi aux communes rurales les mêmes conditions que celles offertes aux grands centres urbains.

Le THD et l’apport des TIC dans le cadre de projets territoriaux assurent une nouvelle dimension au projet en favorisant les échanges (plate-forme collaborative,…), en démultipliant les supports de communication (site Internet, site Internet mobile, application mobile embarquée,…) et en offrant de nouveaux services par l’apport de technologies nouvelles (géo localisation,…).

Des outils de travail fonctionnent depuis plusieurs années dans une logique de mutualisation (comme par exemple : les télésoins et la téléassistance à domicile) et d’interopérabilité des systèmes d’information (télé imagerie,…). Les architectures complètes sont sécurisées et assurent une continuité de service dans des conditions maximales de sécurité. Compte tenu de certaines politiques publiques dans le domaine de l’action sociale relevant directement du domaine de compétences de collectivités locales (Conseils Généraux,…), il apparaît primordial que l’action des acteurs publics soit réalisée de manière cohérente et concertée.

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Scenario S4

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Les enjeux s’appliquent aussi bien aux services à destination des citoyens qu’aux relations entre les différentes administrations. Le THD facilite les échanges et l’instruction de dossiers administratifs. Il favorise également la mise en place de nouveaux services à la population à l’image des dispositifs d’alertes et de gestion de crise.

La pose de fourreaux dans le cadre de travaux de génie civil est un plus. L’ensemble des élus locaux ont été sensibilisés à ces engagements qui sont mentionnés dans les SCOT.

Ces développements ont également permis l'amélioration des supports en matière d’éducation et d’enseignement. L’accent a été mis sur la maintenance des outils mis à disposition du primaire et du secondaire. Le THD assure une équité d’accès au service. Il facilite la consultation des ressources en simultané (ex : podcast) et la visioconférence devenue incontournable dans l’apprentissage des langues (relations avec des élèves d’autres classes à l’étranger).

La vidéosurveillance s’est généralise (CODAH, CREA, CA Seine-Eure). Elle repose généralement sur l’architecture fibre développée par les agglomérations. Les collectivités ont renforcé leur politique d’e-administration en développant les services aux citoyens (plate-forme de services web, télé procédures,…) et en modernisant les échanges avec les autres administrations (dématérialisation de procédures). Les EPCI ont accentué et facilité leurs échanges avec leurs communes membres (systèmes d’information géographique partagé, extranet, modernisation des échanges de documents, plate-forme, mutualisée de marchés publics,…).

Des projets innovants ont été développés : « l’alerte box » (prévention des risques industriels) supportée par le réseau fibre de Gonfreville l’Orcher est généralisée au territoire régional. Les services numériques à la personne se développent également.

Cet ensemble d'outils novateurs a permis d'accroître les richesses et l’activité économique du territoire. Beaucoup d’entreprises considèrent le manque de débit comme rédhibitoire lors d’un choix d’implantation.

Les acteurs observent un problème général d’acculturation sur les potentialités de services offertes par le très haut débit, expliquant en partie le peu de projets FTTH ou THD mis en œuvre par les collectivités locales au profit de projets de montée en débit et de couverture des zones d’ombre. Une politique volontariste en matière de THD a contribué à créer de la valeur ajoutée économique et à donner une image valorisante de précurseur à la Région.

Les chercheurs, répartis sur tout le territoire, mettent en place des projets à dimension interrégionale. Le stockage et les échanges de données constituent des problématiques importantes. Les besoins en calcul numérique et en traitement de données ne cessent d’augmenter (post traitement dynamique). Cette tendance nécessite donc beaucoup plus d’interactivité entre les acteurs.

L’avènement de la connexion mobile, l’augmentation constante des échanges de contenus multimédias ou encore l’apparition de la TV Haute Définition et de la TV 3D sont des exemples d’usages qui confortent la nécessité de se doter d’infrastructures plus performantes permettant des échanges de plus en plus lourds. L’apport du THD a favorisé les projets limitant les empruntes carbones (visioconférence) et les consommations énergétiques (« smart Grid »). 2/ Un développement économique soutenu Il est évident qu'une croissance forte au niveau mondial sur longue période s'accompagne de créations d'activités dans les secteurs industriels historiques qui innovent (automobile, métallurgie, raffinage et pétrochimie,...) et le

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bâtiment, mais aussi dans des activités nouvelles développées dans l’aéronautique, la chimie fine, les équipements de transport, l’économie verte... Ces créations d'activité conduisent donc à une forte baisse du chômage par de fortes créations d'emplois qualifiés et non qualifiés.51

La croissance d'un emploi « industriel » a des externalités positives sur le secteur tertiaire marchand et, notamment, dans les secteurs de logistique industrielle (activités portuaires, transport de marchandises,...), mais aussi dans les secteurs de proximité (aide ménagère, jardinier, petits boulots,...) en passant également par le commerce.

La hausse de l'emploi dans l'économie se traduit par des pressions fortes à la hausse des salaires et par une amélioration de la rentabilité du capital.

La hausse des salaires accroît fortement la consommation des ménages amplifiant le processus de croissance. Le nombre des ménages français, pouvant être considérés comme vivants au seuil de pauvreté ou en dessous (12% aujourd'hui), a nettement diminué (8%). Même si les coûts du logement, de l'eau, gaz et électricité se sont accrus du fait d'une forte concurrence mondiale sur les énergies et de la plus grande rareté de ces ressources énergétiques, les contraintes financières apparaissent moins fortes.

La baisse du chômage s'est traduite par une diminution de sa durée, permettant de mieux indemniser les demandeurs d'emploi en niveau et dans le temps. La précarisation du travail se réduit pour l'ensemble de la société, tous secteurs et toutes qualifications confondus.

La hausse de la rentabilité du capital productif permet d'accélérer l'investissement des entreprises qui améliorent leur compétitivité dans de multiples domaines (R&D, innovations, production,...). Ce mouvement particulièrement fort dans les grandes entreprises se propage également aux PMI, notamment les sous-traitantes qui voient leurs activités progresser à un rythme soutenu. Le tissus artisanal se développe sur des secteurs porteurs sur le plan technologique et plus traditionnels et à forte valeur ajoutée. De plus, une relocalisation de certaines activités n'est pas exclue, puisque la hausse de rentabilité du capital fait que les firmes multinationales s'implantent dans des zones d'investissement où le travail, bien que plus cher, est qualifié et donc plus efficient.

La hausse du coût de l’énergie est la conséquence de la forte concurrence mondiale sur les énergies et de la plus grande rareté des ressources énergétiques, n'est pas pour autant un élément récessif. Le marché intérieur européen, à lui seul, suffit pour envisager la ré industrialisation de la Haute-Normandie. La stratégie à l’international poussée par les institutionnels en lien avec les filières et les entreprises, appuyée par une stratégie offensive auprès des investisseurs étrangers, renforce l’attractivité vers les entreprises étrangères.

Les filières qui composent l’identité industrielle dominante régionale : secteur automobile, pièces détachées aéronautique et spatial, verre, pétrochimie et pharmacie, ont réussi leur mutation en intégrant de nouvelles technologies : combustion propre, moteur électrique, nouveaux process,… Ces secteurs sont à la fois porteurs de croissance et d’emplois (portuaire et logistique, chimie, biotechnologies, santé pharmacie, énergies nouvelles…). 3/ Formation et Société de la connaissance La formation étant mieux rémunérée, les jeunes se forment davantage dans les

51 Cf. Fiche variable sur la relation croissance / emploi / chômage

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systèmes de formation initiale et continue, ce qui diminue la dichotomie de la société. Le travail non officiel est fortement freiné puisque le marché du travail permet une insertion plus facile à tous les demandeurs d'emploi.

On assiste à une insertion plus facile des offreurs de travail sur le marché, ce qui inverse le mouvement de ghettoïsation subi par certaines villes au début du siècle. Il s'ensuit une baisse des incivilités (dégradation des biens publics et privés), des violences (crimes, vols, violences conjugales,...), des externalités négatives (drogues, prostitution, alcoolisme,...).

L’élévation des niveaux de formation initiale et de qualification des actifs a été significative et les opportunités structurelles qu’offrait l’économie régionale ont permis, grâce à la coordination de tous les acteurs de l’orientation, de la formation, de l’emploi, de prendre de l’avance sur la moyenne des régions qui ne disposaient pas des mêmes ressources. La formation est un des piliers qui permettra à la région de relever le défi de la société de la connaissance.

Les niveaux de sortie de formation initiale ainsi que le volume de formés par niveau se sont accrus. Les jeunes sortent davantage diplômés qu’en moyenne en France et les taux de poursuite d’étude et de scolarisation dans l’enseignement supérieur progressent significativement.

La Haute-Normandie devient attractive et les emplois offerts permettent aux jeunes de s’insérer en nombre.

La notion de FTLV est largement intégrée par les entreprises et les individus qui ont été confortés lors des apprentissages fondamentaux dans leur capacité d’apprendre à apprendre tout au long de la vie.

L'appareil de formation initiale et continue adapte son offre au volume des personnes à former et en fonction des reconversions opérées dans la région et il anticipe les besoins à moyen long terme. Les qualifications sont adaptées aux besoins des secteurs en forte mutation et prennent en compte les nouvelles exigences du développement durable.

Le développement durable est intégré dans l’offre de formation professionnelle initiale ou continue et dans les référentiels de certification en ciblant prioritairement les secteurs et filières clés nécessitant des évolutions fortes et rapides. L'appareil de formation adapte son offre en fonction des reconversions de la région sur les éco-industries et le tertiaire.

La GPEC dans les entreprises est un outil répandu de gestion des ressources humaines, mettant ainsi les individus en capacité de changer de secteur dans le respect de leurs aspirations personnelles. L’accès à la connaissance comme l’acquisition de compétences professionnelles sont valorisées.

La formation initiale, davantage en lien avec le monde économique, a renforcé l’éducation à l’orientation et l’évaluation par les acquis qui renforce les facultés d’apprentissage des savoirs.

Des spécialités se structurent autour de nouveaux besoins économiques régionaux en lien avec l’importance avec la façade maritime, du projet Paris Seine Normandie, de l’énergie, de la logistique.

En particulier, une filière complète maritime/fluvial/pêche/mer s’est structurée et développée à partir du potentiel de formation existant pour accompagner les besoins liés à la filière de l’éolien offshore.

Les acteurs coordonnés à l’échelle régionale sur les politiques d’orientation relayent et diffusent les besoins.

Une évaluation des politiques publiques de formation est systématique pour répondre aux objectifs de moyen long terme partagés par les différents acteurs dans les lieux de concertation instaurés grâce aux différents contrats régionaux ;

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le CPRDFP est l’outil de la démarche stratégique suivie et évaluée par le CCREFP.

Le e-learning s’est développé avec les accès facilités au très haut débit et le monde enseignant a totalement adopté ces usages après une phase d’accompagnement professionnel volontariste autour de la formation à distance.

Ces usages ont accompagné les intentions de subsidiarité dans l’organisation territoriale des formations sur les sites spécialisés dès le niveau secondaire qui gagnent en lisibilité tout en restant accessibles. C’est notamment le cas pour les enseignements supérieurs au sein du PRES qui a mené une politique volontariste structurante en faisant le choix de se positionner et de faire émerger des formations dans ses champs de compétence identifiés. La visibilité nationale, voire internationale pour certaines formations est acquise.

Les bourses doctorales régionales sont renforcées, certaines sont fléchées sur des thèmes en lien avec les problématiques du territoire haut-normand et les chercheurs bénéficient de la part des partenaires locaux de mesures d’accompagnement social à la formation.

On a assisté à la mise en réseau efficace des acteurs de la recherche dans un contexte européen dynamique, à l’échelle Paris Seine Normandie. La ré industrialisation et la relocalisation des activités ont favorisé le maintien des activités de recherche, voire le retour de la recherche.

Ainsi, l'Etat et les régions ont retrouvé un ballon d'oxygène par cette évolution économique. L'Etat voit ses recettes fiscales augmenter (hausse des revenus des ménages et des sociétés, hausse de la consommation et relative stabilité de l'épargne). Chaque entité est moins soumise au problème de la dette (équilibre budgétaire retrouvé, baisse du rapport dette/PIB). Leurs dépenses, notamment sociales, peuvent rester relativement stables, voire augmenter (meilleure couverture santé et retraite, amélioration de l'accès aux soins, investissements en capital humain,...

La Haute-Normandie peut desserrer les contraintes financières et augmenter ses charges (personnel, consommation, investissements et transferts), ce qui conduit à une amélioration de l'ensemble de l'offre régionale vis-à-vis des citoyens. 4/ Effets sociaux issus de la situation économique favorable La contrainte sur le système social est moins forte puisque les cotisations sont à la hausse due à une augmentation du nombre de cotisants, une augmentation des salaires, à de plus grandes facilités de paiement des cotisations (entreprises et ménages) ou à moins d'exonérations de charges sociales dans certains secteurs. La prise en charge de certaines populations devient plus facile pour les régions (santé, famille, handicapés et troisième âge dépendant, pauvreté, formation).52

Parmi les mesures nationales prises pour adapter les modalités de financement des dépenses de santé, une priorité nationale a été mise sur la prise en charge du vieillissement. Ses effets sont positifs sur la situation de la région et les acteurs locaux ont pu flécher des financements sur d’autres priorités locales en agissant sur la prévention en matière de santé et sur la démographie médicale.

Parmi les actions engagées de concert au niveau national et local, une pression « efficace » sur les laboratoires pharmaceutiques qui sont engagés sur la réduction des coûts en préservant les activités présentes en région.

Le rationnement de l’offre (baisse du nombre de places, de médecins, de prescriptions) est entamé grâce à une amélioration de la prévention et de

52 Cf. fiche variable offre de soins (les politiques sociales)

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Scenario S4

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l’organisation de l’accès aux premiers soins, sans entacher la qualité de l’offre. Les retards de la région commencent à être rattrapés.

En matière de prévention, que ce soit dans la médecine du travail, la médecine scolaire (fortement déficitaires en France), ou de l’éducation à la santé, les systèmes de médecine préventive sont généralisés, appuyés sur le dialogue social instauré au sein des entreprises ; les dépistages se sont systématisés et ce, de façon équilibrée entre secteurs professionnels et entre territoires de la région. Ils prennent une part importante dans le recul des pathologies lourdes en région.

Les progrès techniques ont fait reculer l’âge d’apparition des pathologies. La Télésanté et la télémédecine se sont développées grâce à la mise en place du THD couvrant le territoire.

En matière de démographie médicale, le législateur est intervenu pour créer un diplôme « ’infirmer clinicien » intervenant en première ligne pour donner les soins courants et assurer la prise en charge des pathologies chroniques. Les maisons de santé se sont développées de façon équilibrée sur le territoire. Le numerus clausus a été augmenté dans la région depuis plus de dix ans et les formés en médecine générale et spécialités commencent à s’installer sur le territoire régional grâce à des mesures incitatives d’aide à l’installation.

Le lobbying exercé par les acteurs locaux au niveau national a permis de rétablir un rééquilibre dans l’attribution des quotas des formations paramédicales en faveur de la Haute-Normandie et la Région a pu procéder à leur répartition sur les territoires de manière équilibrée selon les besoins.

Les coopérations entre les professionnels de santé s’organisent et contribuent à rendre la région plus attractive pour les nouveaux diplômés. La démographie médicale s’est améliorée compte tenu des retards que connaissait la région.

Le système mis en place pour limiter le nombre de praticiens non conventionnés sur le territoire contribue dans ce contexte d’attractivité retrouvée à limiter les inégalités dans l’offre de soins.

L’usager du système de soin a un niveau de connaissance qui le rend plus exigent par rapport au traitement de ses demandes. L’adhésion de la population est acquise en matière de télésanté, de télémédecine, télé examen, e-prescription… et de face-à-face avec le ou les professionnels de santé. 5/ L'impact environnemental et les énergies Sur le plan environnemental, les effets peuvent se contrebalancer. D'un côté, la hausse de la production et des services liés comporte le risque d’une augmentation des nuisances (pollution de l'air, de l'eau, nuisances sonores,...). Cependant, les entreprises peuvent, par le développement de leur activité, investir dans des combinaisons de production entraînant moins d'externalités négatives sur l'environnement (hausse de l’investissement dans des démarches de développement durable).

Du côté des ménages, une véritable amélioration de l’habitat existant a été engagée par les particuliers et par les organismes de logement social publics et privés (soutien à l’acquisition de logements à basse consommation ou énergie positive et développement de formes locatives innovantes).

Du côté des entreprises, la reprise économique tient davantage compte des considérations environnementales. Les émissions de CO2 reculent fortement. Les techniques de stockage de CO2 sont opérationnelles. 23% des énergies produites en France sont désormais issues des énergies renouvelables (cf. objectif du Grenelle de l’environnement atteint).

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Les éco-entreprises deviennent de plus en plus efficaces. Les modes de production et de consommation s’orientent vers une économie plus sobre en ressources naturelles.

L’affichage des caractéristiques environnementales sur les produits de consommation courante oriente les choix des consommateurs et soutient les démarches d’éco-conception des entreprises. C’est le modèle qui s’impose peu à peu. On fait ici le pari du long terme : plus la richesse s’accroit, plus il est facile de choisir son énergie.

Les entreprises régionales ont eu les moyens de miser sur l’innovation. Les processus de production de biens et de services incluent une dimension « durable » ; les produits finis sont eux aussi « durables.

Le Développement d’un réseau des trames vertes et bleues, à toutes les échelles de territoire, assure aux espèces une continuité territoriale leur permettant ainsi, de circuler, de s’alimenter, de se reproduire et d’assurer leur survie, dans un contexte global de changement climatique et de fragmentation des espaces.

L’amélioration de la qualité paysagère, tant visuelle que par la diversité de la flore est réelle.

Dans notre région, le réchauffement climatique est freiné, en partie en lien avec une action internationale pour en limiter l’importance. Les mesures d’urbanisme sont fermes et on ne signale plus aucune construction dans les zones à risques.

Les Plans de Préventions des Risques Technologiques (PPRT) sont appliquées. Les innovations multiples et le développement des énergies renouvelables ont eu pour conséquence la fermeture de plusieurs classés SEVESO. 6/ les flux migratoires La Haute-Normandie réussit à inverser les flux migratoires (moins de sorties et plus d'entrées de jeunes qualifiés sur le territoire normand), grâce à sa plus grande attractivité. 7/ le rayonnement culturel et la « gouvernance » au sens de l’appropriation de l’identité Une coordination entre décideurs politiques et acteurs culturels se met en place sous l’effet de la réforme territoriale. Une capacité politique de changement est avérée chez les acteurs qui se concertent, mettent en cohérence des politiques culturelles aux différents échelons, optimisent les ressources rares et les financements, rationalisent leurs interventions et opèrent des choix forts.

Les coopérations dépassent le territoire régional, à l’image du tourisme la culture est portée à l’échelle interrégionale, voire à l’échelle du projet Paris Seine Normandie.

La culture ne reste pas isolée, elle est considérée comme une exception plutôt bien soutenue par les élus et est intégrée comme une composante naturelle de chaque acte de la société, comme élément d’attractivité au même titre qu’un service public comme une crèche ou une école.

Le développement des pratiques de recours au numérique véhiculent l’image d’une région dynamique, accompagnent les efforts des professionnels et répondent aux attentes des publics friands de découverte et d’une offre de services coordonnée. Evènements régionaux et nationaux s’enrichissent l’un l’autre, les retombées extérieures renforcent le sentiment d’identité des (hauts) normands.

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Les préconisations à 2025

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Part ie III

Les préconisations à 2025

L’ARCHITECTURE DES PROPOSITIONS : Comment elle est bâtie : explication des options prises selon la nature des scenarii sur 1 ou 2 projets « réalistes » pour la Haute-Normandie LES PRECONISATIONS 1 - Les grands projets incontournables pour la région et au-delà

• Accessibilité numérique • Energies • Autres grands projets d’infrastructures d’accessibilité – la thématique portuaire • Infrastructures routières et ferroviaires

2 - L’humain, pilier du progrès et de la croissance • Formation • Recherche

3 – Un développement économique soutenu

4 – L’Environnement, amélioration des bonnes pratiques

5 - L’amélioration de l’accès aux soins, un passage indispensable pour rompre avec la pénurie

6 – Des flux migratoires inversés

7 – Rayonnement culturel et tourisme comme vecteurs d’identité

8 – La gouvernance du développement durable

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Les préconisations à 2025

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« En période de rigueur budgétaire, l’important n’est pas de ne plus dépenser mais de faire les bons choix » L’ARCHITECTURE DES PROPOSITIONS : Dans le contexte mouvant et incertain que nous avons décrit, la définition d’enjeux stratégiques et la construction de propositions avec un horizon temporel rapproché et inchangé à 2025 a conduit à un exercice prospectif emprunt de réalisme, évitant les originalités provocatrices, mais ne s’interdisant pas quelques « paris » sur l’avenir… Cet exercice sera utilement complété par les travaux à venir des différentes commissions du CESER qui ont lancé des réflexions sur des sujets majeurs pour le développement du territoire : accessibilité numérique, flux portuaires, PRES, services supérieurs, éducation populaire, illettrisme… A l’horizon 2025, l’essentiel est de repérer et d’afficher quelles ambitions les acteurs, au premier rang desquels la Région, peuvent porter pour être à la hauteur des enjeux du dynamisme territorial défini comme le développement du territoire équilibré et respectueux de la qualité de vie. Parmi les 4 situations décrites à 2025, les scenarii S1 et S4 sont peu probables mais pas impossibles et correspondent aux visions haute et basse de l’économie de demain. Dans les scenarii S2 et S3, la situation est celle d’une amélioration du contexte économique mondial et national, dans laquelle la région peut prendre deux voies différentes suivant ses capacités d’anticipation, pas suffisantes pour se mettre en situation de bénéficier des retombées de cette embellie (S2) ou suffisantes (S3). Ils ont été jugés « réalistes » pour la Haute-Normandie et amènent à des propositions de plusieurs ordres sur nos possibilités de développement. Après un bref rappel du contexte, l’enjeu principal est mis en lumière, puis les réponses sont apportées aux questions suivantes :

• quelles actions, quels leviers, quels acteurs …pour tendre vers la situation en 2025 décrite dans le scenario S3, scenario audacieux et néanmoins atteignable,

ou… • quel enjeu a minima, quel écueil éviter, quelles actions entreprendre pour

ne pas subir, ou du moins limiter, les problèmes rencontrés en 2025 et suggérés dans le scenario S2.

Les propositions et leur hiérarchisation tiennent compte de l’état et de l’évolution des contraintes financières ainsi que des situations réglementaires sur la période. Le contexte externe des deux scenarii étant le même, les propositions sont bâties autour des effets de levier que pourront générer les priorités et les choix opérés par les acteurs en région ou à l’échelon national, voire international. Elles tiennent aussi compte de l’horizon relativement court de 2025, soit un peu plus d’une décennie, durant laquelle tous les leviers existants n’auront pas le même poids effectif. En effet, le « temps de l’action », notamment de l’action publique, est souvent long. De plus, la réduction des marges de manœuvre des Régions en matière de fiscalité locale, depuis les dernières réformes, est encore récente et permet difficilement d’envisager quelle sera l’évolution des bases de la seule ressource fiscale de la CVAE (Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises).

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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C’est au travers de documents stratégiques dont dispose déjà la collectivité régionale ou de l’élaboration de différents schémas, auxquels elle participe sur nombre de ses compétences propres ou sur des domaines de compétences actuellement partagées, qu’elle pourra inclure les priorités ou moyens d’action préconisés, infléchir le cas échéant leur déroulement ou peser sur les orientations stratégiques en cours de définition. Si les incertitudes sont encore grandes, quant à la prise en main par les décideurs d’un certain nombre de compétences nouvelles dans le contexte de l’annonce d’un nouvel acte de décentralisation, les interrogations ont été posées sur la pertinence de l’échelon régional ou plus local dans un certain nombre de champs d’interventions. Nous avons considéré que la « légitimité à agir » permettait de colorer, parfois et d’ores et déjà, le trait de certaines propositions. Enfin au travers des ressources fiscales de la CVAE, la Région garde un lien avec l’économie de son territoire et indirectement sur les capacités de cette économie à lui procurer des recettes. Nous affirmons des positions pour accompagner l’ambition d’une région dont la position est confortée en 2025. LES PRECONISATIONS 1 - Les grands projets incontournables pour la région et au-delà • Accessibilité numérique

La tendance lourde en matière d’accessibilité numérique est « la connexion » comme mode économique et social. Les collectivités au travers du contrat « 276 », passé entre la Région et les Départements, ont déjà affiché leur volontarisme. Ils ont pris des engagements à l’horizon de 15 ans pour faire progresser l’accessibilité au THD -Très Haut Débit- par palier via le raccordement par la fibre optique, qui reste « LA » technologie du THD. Pour autant, il convient de rappeler que la fibre optique ne permettra pas de couvrir l’intégralité du territoire. Des technologies dites « palliatives » devront alors être mises en place. A cet égard, le satellite demeure le recours en cas d’impossibilité d’installer la fibre, même si le satellite induit des pertes en termes de flux et de qualité de réception. La priorité en région doit être accordée au déploiement du THD - et à ses usages sur tout le territoire. Dans une dynamique de territoire proposée dans le scenario S3, il faut contourner la phase de rattrapage de couverture en haut-débit pour privilégier le « bond direct » vers le Très Haut Débit. L’enjeu stratégique est de créer les conditions de l’aménagement numérique du territoire totalement abouti en 2025, garantissant son accessibilité immatérielle et organisationnelle. Il accompagne la croissance sur l’ensemble de la région dans le respect de l’équilibre territorial entre espaces urbains et ruraux. Pour ce faire il ne peut être envisagé que de combler le fossé plutôt que de tenter de le réduire. Prioriser ce choix d’investissement sur les autres types d’infrastructures comparativement plus couteuses, plus longues à mettre en œuvre et dont la réalisation est soumise à des financements coordonnés avec des choix d’aménagement nationaux, est une décision à la portée des acteurs locaux qui établissent leur stratégie dès 2012. Il faut pour cela qu’ils pèsent

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Les préconisations à 2025

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fortement et de concert pour infléchir la vision largement répandue du « pas à pas » qui porte en elle le risque de faire perdurer la « fracture numérique » en maintenant des zones qui auront toujours une technologie de retard. La question ne peut plus être « faut-il du THD partout ? » dans une région qui porte une ambition que tous doivent pouvoir partager en s’en appropriant tous les usages, y compris ceux des habitants les plus isolés pour lesquels l’accessibilité physique aux différents services est parfois difficile. Nombre d’acteurs, publics et privés, sont directement concernés. Il revient à la Région de porter cette stratégie pour leur faire partager la même ambition, ce qui renforcera leur poids collectif face aux opérateurs privés de télécommunication. Partager est aussi une nécessité pour démystifier le coût d’un tel investissement estimé à 20 milliards pour l’ensemble du territoire national, soit 1 milliard par an. Ce coût reposera pour un tiers sur les opérateurs privés (dans les zones réputées les plus rentables) et pour le reste sur chaque intervenants publics pour les zones dites « blanches ou grises ». A l’échelle de la Haute-Normandie, l’investissement global n’excèderait pas 2 milliards d’euros. Le coût du THD pour tous doit être perçu comme un coût d’investissement, c'est-à-dire sur lequel on peut envisager un retour. Comme pour l’électricité en son temps, il est encore difficile de mesurer le retour sur investissement dans le cas du déploiement du THD. A l’échelle nationale, ce sont près de 360 000 emplois qui sont attendus et près de 20 milliards d’euros de gain. La rentabilité peut être au rendez vous des déploiements en direction des zones peu ou pas couvertes susceptibles de générer des taux de raccordement bien meilleurs que sur les zones densifiées en population et en activités disposant déjà du haut débit. Le THD est déterminant d’une part, en raison des ressources que génèreront les acteurs économiques présents sur le territoire et d’autre part, par l’effet de levier qu’il peut avoir sur les intentions d’implantation d’activités. Il modifie le rapport au territoire, à la distance, à la mobilité des biens et des personnes. Enfin le déploiement du THD est un « chantier » en lui-même qui peut générer des emplois industriels et de service. Les entreprises susceptibles d’intégrer cette économie du THD au sens d’une véritable filière, pourraient être repérées et ciblées dans le cadre des aides incitatives de la Région. La Région doit placer l’accessibilité numérique au cœur de sa communication pour valoriser la capacité de l’ensemble du territoire auprès des investisseurs. Cette communication récurrente portera sur les choix d’une stratégie régionale ambitieuse auprès des agents économiques et au-delà des territoires, dans toutes les initiatives économiques à l’export et devra relayer régulièrement toutes les avancées locales. La recherche de coopérations, entre opérateurs privés et collectivités pour le déploiement élargi, doit privilégier les financements mixtes pour ne pas recourir à des taxes supplémentaires. Le recours éventuel à des partenariats publics privés (PPP) doit être examiné avec la plus grande vigilance quant au respect des intérêts des collectivités et des opérateurs. Dans le cadre de leurs travaux d’infrastructures et de voirie, les acteurs publics doivent confier à des entreprises de travaux publics ou de génie civil les opérations d’installation des réseaux dès que cela est possible, qu’ils dissocient des opérations d’exploitation par les opérateurs, dans l’objectif de faire baisser les coûts et de ne pas hypothéquer l’avenir. Enfin, pour compléter ces axes d’intervention volontaristes portant sur le déploiement des accès au THD, les acteurs locaux, chacun auprès de leur public

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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cible, doivent anticiper en préparant les populations les plus éloignées au développement des usages du numérique, via les lieux de formation ou d’accueil des publics sur les territoires des différentes collectivités. Pour sa part la Région peut décider de relayer l’ensemble des initiatives des associations et divers acteurs de l’éducation populaire déjà impliqués, capitaliser et diffuser les pratiques en s’appuyant sur les têtes de réseaux autour d’une « charte ambition et qualité » qui table sur l’exploitation du meilleur des réseaux tout en refusant les plus fortes dérives. Parallèlement, dans le cadre des orientation du CPRDFP, elle doit anticiper en portant tout projet qui favorise la formation professionnelle des jeunes et des adultes dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, des réseaux et services liés au déploiement du THD, quelle que soit la technologie support. Dans l’hypothèse où, en 2025, la situation connue est celle du scenario S2, où les choix de couverture auront été réalisés par les seuls opérateurs, l’enjeu a minima est alors d’éviter que ces choix de couverture sélective ne pénalisent trop fortement l’équilibre territorial. L’offre en THD, relayée par les collectivités, doit alors être ciblée sur des territoires de projets où il y a lieu de retenir ou d’attirer de l’activité. La collectivité devra alors définir des priorités géographiques et temporelles de zones où flécher l’investissement public. En tout état de cause, jouer d’influence auprès du législateur est primordial pour faire évoluer rapidement une réglementation, fruit d’une histoire qui a laissé le champ libre aux opérateurs, vers un modèle où l’acteur et le financeur public puissent contractualiser avec l’opérateur privé, imposer le partage des contraintes et en somme partager les coûts et les avantages. Le rôle des élus locaux est ici essentiel. En effet, la réglementation aujourd’hui ne prévoit pas de contraintes (contreparties financières par exemple) si les opérateurs privés ne réalisent pas leurs engagements. En revanche, le simple fait qu’un opérateur se positionne sur une zone interdit aux collectivités locales de bénéficier des investissements d’avenir sur ladite zone. Et ce, même si au final l’opérateur se retire de la zone. • Energies Le second secteur sur lequel le CESER souhaite afficher des priorités est celui des énergies, dans lequel la hausse des coûts apparaît comme une tendance lourde irréversible quel que soit leur mode de production. Parce que la Haute-Normandie, forte consommatrice mais surtout, grande productrice d’énergies, est particulièrement exposée aux conséquences des bouleversements en cours et à venir dans le domaine des énergies, l’élargissement du bouquet énergétique et l’augmentation de la part des énergies inépuisables ou renouvelables dans la production d’électricité est primordiale au regard des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le Plan Climat Energies « PCE » adopté par la Région dès 2007 et ses déclinaisons opérationnelles successives constituent une démarche de progrès visant à adapter l’ensemble des politiques régionales aux priorités que constituent la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la maîtrise des consommations d’énergies et le développement des énergies renouvelables. Avec la création de la « filière énergie » en Haute-Normandie en 2009, la Région a su asseoir ses priorités contractuellement avec les opérateurs de la filière.

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Les décisions sur le déploiement des grands projets énergétiques ne dépendent pas exclusivement des acteurs locaux. Ceux-ci peuvent en revanche peser sur les décisions et maximiser les retombées des projets en anticipant sur leur accompagnement. Au sein d’un mix énergétique, la Région doit accorder en priorité ses moyens à la structuration d’une filière éolienne. Elle doit être en capacité d’accompagner le développement de l’éolien off-shore dans le cadre de l’appel à projet national. L’enjeu stratégique est de poursuivre en région le développement d’une offre d’énergies renouvelables fondée sur un mix énergétique pour répondre à la demande régionale et aux exportations. Cet enjeu vise également à améliorer l’environnement de la région. La réalisation des parcs éoliens et de l’EPR de Penly doit générer des retombées économiques en termes d’emplois directs et indirects en région, durant la phase de chantier et au-delà. Les métiers les plus impactés sont ceux de la conception, de la fabrication, de l’installation, notamment pour les énergies renouvelables, ainsi que ceux de la maintenance, toutes formes d’énergies confondues, enfin ceux du diagnostic énergétique, du contrôle qualité, du conseil et de l’assistance. La Région doit donc flécher prioritairement des moyens sur cette filière au travers de ses dispositifs d’intervention en direction des acteurs économiques et valoriser ce choix pour peser dans l’interface avec les décideurs au plan national. Quel que soit le grand projet d’infrastructure énergétique dont il s’agit, il est indispensable d’accompagner en amont la montée en qualification des salariés et demandeurs d’emploi du territoire, ainsi que des jeunes en formation initiale autour des besoins en qualification repérés. Il s’agit de préparer aux métiers utiles sur les chantiers en construction, ou sur l’exploitation des futurs sites pour maximiser les retombées économiques et en emploi, ainsi que la reconversion des activités à l’issue des phases de chantier. Ces volets « compétences » des grands projets doivent être élaborés à l’échelle du territoire par la Région, en lien avec la filière « énergies ». Le CREFOR qui a constitué les bases d’information sur les compétences et qualifications mises en œuvre dans la filière « énergies » dans le cadre de ses missions d’observation de la relation emploi-formation, doit le piloter en créant une synergie entre les partenaires publics locaux des territoires concernés, les branches professionnelles et les partenaires sociaux. Enfin, les innovations techniques liées à la nouvelle forme de production et de stockage d’énergies nouvelles sont loin d’être abouties, que ce soit pour l’éolien off-shore ou le photovoltaïque. Ce dernier représente une opportunité dans la région, particulièrement bien pourvue en surfaces exploitables, notamment dans toutes les zones industrielles et logistiques. La Région doit investir une partie des moyens qu’elle dédie à la recherche publique par exemple dans le cadre d’un appel à projet ciblé en invitant à coupler moyens de recherche des laboratoires privés et moyens universitaires et régionaux dédiés. Dans l’hypothèse où en 2025 la situation connue est celle du scenario S2, l’enjeu a minima est de gagner en retombées locales en terme d’emplois en qualifiant la main-d’œuvre disponible au moins sur la phase chantier afin d’éviter le mécontentement social latent lié à l’installation de nouveaux sites éoliens ou nucléaires sans bénéfice en retour.

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• Autres grands projets d’infrastructures d’accessibilité – la thématique portuaire

Les autres grands projets d’infrastructures en matière d’accessibilité régionale sont dominés par la particularité de la « thématique portuaire » en raison de son lien avec le grand projet « Paris Seine Normandie » Pour mémoire, dans le rapport du Commissaire général pour le développement de la vallée de la Seine, la thématique portuaire est présentée comme le 2ème acte du Grand Paris. La transformation de la « Ville monde » en « Grand Paris maritime » induit que Le Havre devienne port du Grand Paris et que la Seine devienne axe nourricier. Améliorer les positions respectives des ports du Havre et de Rouen suppose l’implication forte des milieux économiques avec, en relais, des interventions publiques. L’enjeu stratégique est d’importer et d’exporter des flux de marchandises en phase avec la croissance de l’activité, notamment celle générée par les besoins de l’Ile de France, dans le cadre d’un projet global « gagnant-gagnant » pour les franciliens et les normands. C’est l’existence d’un tel projet qui doit justifier le remodelage des infrastructures. L’ensemble des commissions du CESER travaille à l’heure actuelle sur l’identification de propositions de nature à accompagner un projet de développement territorial à une telle échelle profitant à l’ensemble des territoires et les conclusions n’en sont pas rendues. La Région devra saisir toutes les opportunités qui sortiront des études du CESER, notamment celle sur les flux portuaires. Néanmoins, des pistes peuvent être identifiées, pour lesquelles il conviendra de retravailler l’aspect opérationnel. La tâche de la Région consiste dans un premier temps à capitaliser sur les relations ou coopérations qu’elle a développées avec la Basse-Normandie et l’Ile de France. La finalité est de valoriser le débouché maritime du port du Havre et de rechercher des alliances hors des trois régions (Arc Manche). Elle doit inciter les acteurs portuaires à spécifier clairement les qualifications des ports : « conteneurisation » au Havre et « groupage-dégroupage-logistique » à Rouen. En matière agricole, la notoriété de la « cotation Rouen » sur le fret céréales garantit la valeur ajoutée des « services » apportés au produit brut. La Région doit communiquer les atouts et les complémentarités des deux ports aux investisseurs. Elle doit également renforcer ses aides à l’export et valoriser avec l’ensemble des acteurs économiques sur le territoire la « porte maritime du Havre » auprès des exportateurs de produits fabriqués en France. Cette valorisation permettra de réduire le déséquilibre entre l’importation et l’exportation de nos ports tout en limitant les problèmes de sécurité maritime dans le corridor Manche. Les investisseurs doivent être incités à créer de la valeur ajoutée autour du transit dans les ports grâce à l’implantation d’unités de transformation et d’assemblage en proximité. Les flux de marchandises en conteneurs ne doivent pas que « transiter » sur notre territoire mais permettre de localiser sur leur passage des unités de production. Ils sont l’occasion de créer de la valeur ajoutée et peuvent de ce fait induire une meilleure rentabilité des ruptures de charge qui existent sur les ports. Ainsi la Région, en partenariat avec les autres collectivités, doit aider à créer des réserves foncières pour implanter ces unités

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dans des zones d’activités, en offrant un accès « multimodal », le cas échéant sur des friches industrielles reconverties. Enfin, elle doit guider ses choix d’investissement en tenant compte des gains de compétitivité source de valeur ajoutée qu’ils sont susceptibles d’apporter dans la chaîne logistique des transports de fret portuaire et fluvial. Dans l’hypothèse où, en 2025, la situation connue est celle du scenario S2, où l’amélioration de la position du Havre et de Rouen n’est pas atteinte, l’enjeu a minima est d’éviter sa dégradation. Il s’agit de pouvoir faire entrer et sortir des flux justifiant des infrastructures qui devront être alors priorisées : la chatière au Havre assurant un lien entre port 2000 et le port de l’estuaire, la réalisation des infrastructures manquantes autour de l’axe fluvial Paris - Rouen - Le Havre pour être prêt quand le Canal Seine Nord Europe « CSNE » sera opérationnel. • Infrastructures routières et ferroviaires Quant aux infrastructures routières et ferroviaires, l’enjeu stratégique est de mettre l’accessibilité au service du développement harmonieux du territoire en facilitant l’organisation des flux économiques et humains. Plusieurs projets d’investissement réalisés en 2025 en constituent l’ossature et facilitent la mise en place de la multimodalité : la nouvelle gare de Rouen comprenant une offre de services tertiaires, la LNPN en construction, le contournement Est de Rouen, le développement de l’aéroport de Deauville et la facilité d’accès accrue à Roissy. C’est à l’heure où les priorités sont ré-établies au niveau national que la Région doit résolument s’afficher comme leader et démultiplier ses efforts pour emporter l’adhésion de tout un territoire. Elle doit plus que jamais convaincre tous ses partenaires de la nécessité de faire corps tout de suite en affirmant une ambition commune autour de ces grands projets d’infrastructures. Il faut faire converger les moyens financiers avec un échéancier concordant pour peser sur les choix imminents qui conditionnent notre état en 2025. Le CESER renvoie aux différents travaux menés dans le cadre de l’avis sur « les infrastructures », sur « la cohérence de l’aménagement des territoires », sur « la mobilité généralisée en 2050 », sur « la LNPN ». Ils seront éclairés à nouveau à l’issue des travaux en cours au sein de toutes les commissions autour de l’Axe Paris Seine Normandie. Si dans l’hypothèse du scenario S2, les grands projets d’infrastructure ne sont pas réalisés, l’enjeu a minima est de lutter contre les effets néfastes de l’engorgement de la région qui a accumulé des retards dans la réalisation de ses infrastructures. La Région doit alors cibler les efforts financiers sur le confort des lignes voyageurs infrarégionales, pour lesquelles elle a déjà fortement amélioré les liaisons. Les autres collectivités doivent aussi participer à l’effort sur l’ensemble des transports collectifs. Les partenaires peuvent s’organiser pour accompagner les initiatives associatives autour des modes « covoiturage », proposer des solutions organisées de stationnement autour des nœuds (covoiturage ou transports en commun), selon l’échelon de territoire concerné, avec une dynamique que la Région impulse. Enfin, la nouvelle gare de Rouen doit intégrer une offre nouvelle de surfaces de bureaux. Le projet doit quant à lui comporter dès sa conception le plan de développement et de raccordement de la Gare. Les partenaires doivent s’engager à constituer les réserves pour les raccordements futurs dans le cadre des plans d’aménagements. Les documents d’urbanisme sont à construire.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Dans le cadre des projets menés hors région, le barreau mantois constitue un point sensible sur la réalisation duquel l’ensemble des partenaires régionaux doivent porter toute leur attention et peser fermement. 2 – L’humain, pilier du progrès et de la croissance Si la relation de cause à effet existe bien entre la croissance d’une part, la hausse de l’emploi et la baisse du chômage d’autre part, les effets de la croissance sur la baisse du chômage dans la région sont moins efficaces qu’en moyenne, ce qui est révélateur de la moindre capacité de notre région à profiter d’embellies sur l’emploi. Une des caractéristiques de la région est le retard récurrent affiché par les indicateurs en matière de formation et d’élévation des niveaux de qualification des jeunes en formation initiale et des actifs et ce malgré les points gagnés au fil des ans. Par ailleurs, la faiblesse du poids de la recherche publique, face il est vrai à une présence forte de la recherche privée, y est également constatée de longue date. S’il est une évidence que la structuration des pôles de compétitivité et le volontarisme de l’action régionale au travers du Contrat de Projet Etat-Région ont permis de progresser nettement. Le PRES naissant ne permet pas encore de recul sur sa capacité à renforcer la position de la Haute-Normandie en matière de recherche et d’innovation. La région doit gagner du terrain en consentant les efforts nécessaires non seulement pour maintenir sa situation mais pour rattraper ses retards en 2025. C’est un « coup d’accélérateur » nécessaire pour l’ensemble de sa ressource humaine pour afficher des compétences d’égal à égal avec les autres régions. L’enjeu stratégique est une réelle montée en gamme dans l’économie de la connaissance pour accompagner les mutations de l’économie régionale, pour offrir aux haut-normands de meilleures conditions d’insertion dans l’emploi, notamment pour les jeunes et les femmes, ainsi que davantage de sécurité dans leur parcours professionnel et enfin, pour favoriser l’attractivité du territoire vis-à-vis des jeunes ou des actifs. Les possibilités d’action nouvelles des acteurs locaux, notamment de la Région, sont en discussion dans le cadre de la préparation d’un nouvel acte de la décentralisation sur le thème de l’Orientation ainsi que dans le domaine de la Politique de l’Emploi, de la formation initiale jusqu’à la recherche, du soutien à l’innovation. La Région devra les mettre au service des défis à relever, notamment celui d’apporter une solution à la demande des publics de s’adresser à un guichet unique pour les aider dans leur parcours professionnel. • Formation En matière de formation, la Région doit donner la priorité, dans le cadre de ses compétences actuelles, à l’adaptation des formations et des qualifications aux besoins ainsi qu’au renforcement des outils de coordination entre les acteurs de la formation. Après l’adoption concomitante du CRDE et du CPRDFP en 2011,qui donnent des orientations stratégiques convergentes aux efforts à réaliser en matière de formation et de développement de l’emploi, la mise en œuvre des préconisations figurant au CPRDFP n’est pas rapide et n’a pu encore faire l’objet de retour d’évaluation devant le CCREFP « comité de coordination régionale emploi

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formation professionnelle». Une envergure plus forte est à donner à ce contrat, elle est requise pour assurer une « montée en gamme » recherchée. A ce titre, le renforcement du CCREFP apparaît nécessaire dans son rôle pour piloter, coordonner et mettre en synergie les acteurs de la formation dans les trois missions que sont l’anticipation des besoins, l’adaptation de l’offre et l’orientation de tous les publics. La Région aujourd’hui légitimement reconnue comme chef de file aux côtés de ses partenaires, doit y contribuer. Ce comité peut être doté du rôle de « Chancelier de la formation » en région. Dans l’exercice de ses missions au quotidien et pour l’accompagner dans ses tâches d’anticipation, la Région peut encore davantage renforcer le recours aux lieux d’expertise déjà constitués et identifiés : Cité des métiers dans ses missions fondatrices (accueil, information, orientation sur les métiers et la formation), le CREFOR (anticipation des besoins en emplois, relations avec les branches, filières, observatoires, territoires de projets), IRGOUV (formation continue)…. A titre d’exemple, la reproduction de façon récurrente d’enquêtes sur les renouvellements de main-d’œuvre ainsi que de dialogues avec les branches ou les filières sur les évolutions qualitatives des compétences dans les métiers est une nécessité pour affiner sa visibilité à moyen et long termes, surtout en cette période de grande instabilité dans l’emploi conséquence des réformes sur les retraites qui vont impacter d’ici à 2025 les sorties de l’emploi. Tous les commanditaires de formation continue, en particulier la Région, doivent se soucier du maintien de la qualité des prestations des offreurs de formation continue en leur permettant d’anticiper et de faire évoluer parallèlement la professionnalisation de leurs formateurs. Il faut leur garantir davantage de lisibilité sur les stratégies d’évolution de la commande publique à moyen terme en région Haute-Normandie et instaurer des temps de dialogue et de communication autour de ces stratégies. Dans un champ d’intervention qui lui est propre, celui de l’apprentissage, la Région doit assurer les possibilités de montée en qualification au sein de cette voie de formation en amplifiant le développement des formations supérieures en apprentissage. C’est une voie différenciée d’accès aux plus hauts niveaux de qualification pour les formations professionnelles. Elle ouvre des possibilités de poursuite d’étude à certains publics qui n’y auraient pas accédé, tout en augmentant les liens avec les entreprises et les opportunités d’insertion plus rapide des jeunes dans l’emploi. Quelle que soit la voie de formation, sur la base du volontarisme, la Région et les collectivités doivent investir dans des actions de soutien logistique des publics en formation à tous les niveaux d’étude que ce soit sous forme de bourses, d’aide à l’accès au logement, d’aide au transport, de prévention santé… Si l’offre de formation ne peut être démultipliée en tout point du territoire, il est une contrepartie que les mêmes décideurs doivent prendre en compte : celle de faciliter l’accès aux formations pour tous sur l’ensemble du territoire et de permettre la mobilité nécessaire pour suivre des cursus offrant des perspectives d’insertion mais éloignés géographiquement. Aussi pertinente que soit une carte des formations au regard des enjeux et des besoins d’une économie régionale, elle n’a de sens que si les publics s’y engagent et poursuivent leur parcours jusqu’aux qualifications requises Quant à la lutte contre l’illettrisme, elle apparaît au premier plan des sujets d’intérêt régional à prendre en compte dès à présent et qui sous-tend en partie la réussite des autres actions menées en matière de formation pour que tous les haut-normands bénéficient des efforts entrepris. Une saisine étant en cours sur

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ce sujet, les préconisations précises seront disponibles en 2013. Le CESER souhaite néanmoins souligner que c’est une « mise » régionale incontournable pour une « cause » régionale à gagner qui concerne l’ensemble des acteurs et qui ne peut attendre, quel que soit l’horizon temporel que l’on se fixe et, en l’occurrence, compte tenu des ambitions à atteindre en 2025. Enfin, le créneau très particulier de la formation aux « métiers exercés en mer » doit être investi pour préparer la main-d’œuvre de demain, jeunes ou adultes et accompagner les projets de nouvelles filières économiques : travail de repérage des compétences requises en matière de transport maritime, de maintenance des matériels ou des ouvrages réalisés en milieu marin, de logistique à quai, identification des qualifications liées à la technicité de ces métiers, reconversion possible de main-d’œuvre des secteurs de la pêche… La Région peut concevoir un chantier grandeur réelle de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriales GPECT autour de ce thème. • Recherche En matière de recherche, une nécessité urgente est d’attirer des talents et de stabiliser les chercheurs sur le territoire pour redynamiser la recherche régionale publique, de faire perdurer la notoriété de certains laboratoires en anticipant les renouvellements des chercheurs qui ont fait leur renommée, ainsi que de mettre les énergies au service du développement des activités nouvelles ou thématiques porteuses pour l’économie régionale et le développement socio-économique du territoire. Les systèmes de bourses doctorales et post-doctorales du Conseil régional, dont la pertinence est reconnue et sur lesquelles la Région mobilise d’importants moyens depuis longtemps, permettent suffisamment de recul pour évaluer si les conditions d’octroi en termes de nombre et de durée d’allocations assurent réellement d’atteindre l’objectif d’ancrer les chercheurs de talent en Haute-Normandie en les accueillant dans la durée et en favorisant par la suite leur embauche. La Région doit être en capacité et s’autoriser à cibler des projets particulièrement prometteurs pour l’avenir régional. Dès lors qu’ils sont contractualisés avec l’Etat et les laboratoires, des moyens mis en synergie permettraient également un rapprochement avec les entreprises et les laboratoires de recherche privés et des avancées plus rapides et ciblées sur des innovations dans des secteurs qui confèrent une spécificité à notre économie régionale. A ce titre, la Région doit flécher une partie de ses enveloppes (allocations doctorales et post-doctorales ou fonds alloués à la recherche en région) sur ces cibles qui pourraient donner lieu à des appels d’offres lancés en complément des fonds alloués aux projets portés par les GRR. Quant aux acteurs du PRES, ils doivent sans tarder mettre en place une stratégie commune de renforcement de la lisibilité de la recherche régionale avec une culture renouvelée d’ouverture, que ce soit en termes de partenariat ou d’échelle territoriale, pour avoir gagné en lisibilité nationale et internationale d’ici 2025. Dans l’hypothèse où en 2025, la situation connue est celle du scenario S2, où les retards en termes de formation et de recherche ne sont pas comblés, l’enjeu a minima est d’éviter qu’ils ne se creusent et de retenir les jeunes diplômés. Il faut dès lors miser davantage auprès des jeunes sur la valorisation des filières nouvelles de spécialisation industrielle comme celles portant sur les énergies nouvelles ou la maîtrise des risques…qui sont davantage connotées « industries en pointe » qu’industries traditionnelles ou vieillissantes. Par ailleurs, le maintien des financements publics locaux en matière de recherche à un haut niveau ne peut souffrir de concession. Il est essentiel d’œuvrer pour attirer des financements européens dans le cadre du programme opérationnel

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2014-2020 en cours de définition ainsi que de pousser les acteurs du PRES à définir une stratégie de développement lisible basée sur l’ouverture au monde économique. Enfin, il faut envisager immédiatement une politique de lutte contre l’illettrisme, ciblée en premier lieu sur l’illettrisme au travail, pour limiter la précarisation des actifs et créer les conditions de leur retour en formation, dès lors qu’ils sont touchés par une rupture dans l’emploi. 3 – Un développement économique soutenu 70% des échanges mondiaux se font entre pays riches. Pour renouer avec la croissance de l’industrie en région, il faut dépasser l’aire d’influence des industries traditionnelles, pour lesquelles les marchés intérieurs n’assurent plus que des débouchés de « renouvellement », en allant chercher des leviers de croissance ailleurs sur des nouveaux marchés extérieurs. Par ailleurs, le grand marché intérieur des pays développés peut absorber des produits issus des industries nouvelles ou qui ont réussi leur transition ou mutation économique. La région revendique une forte identité industrielle et agricole qu’elle assume et sur laquelle elle doit appuyer son développement économique. La région doit être en capacité de créer des produits ou services avec des débouchés correspondant au contexte des flux d’échanges de 2025, c’est-à-dire qui se vendent en raison d’un choix pertinent de l’aire géographique de destination des produits et de leur caractère innovant L’enjeu stratégique est de renouer avec la croissance de l’industrie en région. Avec tous les partenaires économiques du territoire, l’Etat et les experts du développement, la Région peut participer au renforcement des aides à l’innovation, à la diffusion technologique et à l’exportation. Ces dimensions sont intégrées dans ses interventions en direction des entreprises et la priorité doit être donnée à la coordination, voire parfois la convergence des moyens de tous les acteurs sur les mêmes cibles et, dans le même temps, pour des résultats amplifiés. En matière d’innovation, les acteurs doivent se rapprocher pour définir quel soutien complémentaire peut être accordé aux laboratoires publics de recherche et pour développer une culture de « brevets » là où l’évaluation académique accorde toute la place à la culture de la publication. La Région peut envisager le fléchage d’une partie des financements « recherche » au profit de projets menés en partenariat avec des entreprises et leurs laboratoires privés de recherche ou avec des laboratoires étrangers, en lien avec une politique volontaire d’ouverture du PRES qui engagera des actions structurantes et visibles par les partenaires. En ce qui concerne les thématiques de recherche, la Région doit valoriser l’intérêt qu’elle a déjà signifié pour le développement de la recherche dans le domaine de l’environnement. L’occasion doit être saisie de monter en puissance une filière d’excellence fondée sur une expérience acquise pendant plusieurs décennies en matière de gestion des risques, en fléchant une partie des crédits en matière de recherche sur ce domaine particulier du réseau dédié à l’environnement. La région, dans son ensemble, est prête à assumer cette spécificité liée à la présence d’industries à risque sur son territoire, que ce soient les collectivités, les partenaires sociaux, les universitaires. Elle peut en faire un atout avec l’aide des industriels pour lesquels les savoirs et les innovations en matière de gestion des risques majeurs sont de l’ordre du « non concurrentiel » et où la capitalisation bénéficie à toute la société.

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Les propositions concernant le renforcement de la position de ses deux grands ports de Rouen et du Havre (image, qualité des infrastructures, accessibilité et rapidité,…) doit permettre d’affirmer la présence de la Haute-Normandie à l’international en favorisant l’implantation des entreprises haut normandes à l’étranger, l’exportation de ses produits (biens ou services) et de développer des emplois industriels, logistiques et tertiaires. Elles doivent s’accompagner d’un renforcement des stratégies, notamment de communication, vers les entreprises nationales et internationales. Le rapport du CESR en 2008 sur les mutations économiques mettait déjà l’accent sur le poids des activités industrielles dans l’économie, évoquait les principales mutations prévisibles dans les 10 ans à venir et mettait en exergue 3 points essentiels : - quel que soit le secteur industriel, ce sont les secteurs d’excellence, de haute

technicité et créateurs de forte valeur ajoutée qui se maintiendront, - l’interdépendance des différents secteurs industriels haut-normands doit être

prise en compte dans la stratégie industrielle régionale, - l’attractivité du territoire régional reste un facteur déterminant pour la

pérennisation des activités industrielles en Haute-Normandie Si la région souhaite conserver des activités industrielles fortes et performantes sur son territoire, l’implication des pouvoirs publics et leur soutien aux entreprises sont nécessaires et seront déterminants. Le Conseil Régional peut jouer un rôle moteur dans le renforcement de l’attractivité de notre territoire. Compte tenu de la configuration de la taille des entreprises en Haute-Normandie, la Région doit aider à structurer les relations entre les PME et les grandes entreprises, essentielles pour l’équilibre des activités, en : - soutenant les opérations d’investissement des PME répondant aux besoins

exprimés par les donneurs d’ordres, malgré les risques parfois avérés de voir le donneur d’ordre se tourner vers d’autres sous-traitants ;

- favorisant le dialogue entre sous-traitants locaux et grands groupes notamment lorsque ceux-ci cessent leur activité en région.

La Région doit afficher clairement ses objectifs dans le cadre des contrats qu’elle passe avec les filières économiques et les branches professionnelles. Elle peut, par ce biais, aider à la consolidation des métiers de l’artisanat et de la maintenance largement représentés dans le tissu dense de PME locales. Enfin dans le cadre de sa politique économique, elle doit établir des contacts réguliers avec les responsables et décideurs des grands groupes présents en Haute-Normandie dont les sièges sont basés à l’extérieur de notre région. Elle doit accompagner l’anticipation des restructurations, plutôt qu’agir de manière curative a posteriori avec des politiques de revitalisation. A cet effet, elle doit s’interroger sur la mise en place, à l’échelle des bassins d’emploi de la région, de réseaux d’anticipation, d’une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) et de plans de formation concertés. Une structure permanente pourra être mise en place à cet effet, regroupant par bassin d’emploi les grands acteurs économiques, les partenaires sociaux, les élus locaux… Cette démarche renforcera par ailleurs l’identification des entreprises au territoire et la négociation, en amont des crises, entre partenaires. Quant au financement des reprises d’entreprises, son inscription doit figurer au nombre des missions d’un pôle public financier qui reste à constituer, regroupant les institutions publiques et semi-publiques du crédit (la Banque de France, la Caisse des dépôts et consignation, le Crédit foncier, Oséo pour le financement des PME…), chargé de promouvoir les financements d’une croissance de qualité économique, sociale et écologique.

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L’enjeu de renouer avec la croissance de l’industrie ne doit pas occulter celui du développement des activités tertiaires notamment le tertiaire supérieur thématique sur laquelle le CESER a entamé une réflexion et dont il faudra retenir les enjeux au terme de 2025. La croissance de ces activités a un effet indirect sur l’économie résidentielle et présentielle. Enfin, le caractère agricole de la Haute-Normandie, où les 2/3 du territoire sont couverts par les activités agricoles qui emploient 3% des actifs, en fait un secteur économique d’importance qui connait de fortes mutations avec des enjeux qui lui sont propres. La tendance constante à la concentration des activités pose l’enjeu de la productivité des services logistiques (dépôt, transport…) liés à l’agriculture, de la pérennité sur le territoire d’industries de transformation agro-alimentaires « historiques » qui sauront muter vers des activités innovantes et qui pèsent depuis toujours favorablement dans la balance du commerce extérieur. C’est aussi celui de déterminer la part des surfaces à consacrer au déploiement d’autres modes de cultures, dans le but d’une part, de limiter l’impact de l’agriculture intensive sur l’environnement et d’autre part, de permettre une orientation plus importante vers des cultures « bio », notamment pour le maraîchage. Compte tenu de l’importance de ce secteur, la Région doit veiller à apporter un soutien à l’aune de celui qu’elle apporte à l’ensemble des activités économiques présentes sur le territoire comme elle l’a d’ailleurs évoqué dans le CRDE, en valorisant l’ensemble des ressources locales dans les activités agro industrielles (ressource bois, ressource halieutique…). Dans ce cadre, elle doit s’interroger sur la pertinence et la faisabilité à 2025 d’un modèle économique qui re concentre sur le territoire l’ensemble des activités de la filière lin, notamment la transformation de la production actuellement délocalisée à l’étranger. Dans l’hypothèse où, en 2025, la situation connue est celle du scenario S2, où le manque d’efficacité économique est avéré, l’enjeu a minima est de lutter contre la désindustrialisation de la région. Les acteurs doivent renforcer et communiquer autour des dispositifs de portage d’entreprise et d’aide au développement (couveuses, incubateurs, pépinières, usines relais, …), progresser sur la spécialisation du territoire en matière de la prévention et de gestion des risques industriels (industriels, chercheurs publics et privés, pouvoirs publics…). Enfin, il faut optimiser les retombées du fléchage des investissements publics en matière de THD en faisant de celui-ci un facteur de dynamisme repérable et repéré par les entreprises, grâce à une politique de communication soutenue autour de cette priorité régionale. Elle sera bénéfique à la fois au développement des activités de services mais également dans tous les projets d’accompagnement à la reprise et à la transmission d’entreprises PME PMI régionales qui sont parfois menacées faute de repreneur. 4 – L’Environnement, amélioration des bonnes pratiques Les possibilités d’actions nouvelles, des acteurs locaux et surtout de la Région, sont en discussion dans le cadre de la préparation d’un nouvel acte de la décentralisation sur les thèmes de l’environnement et de la biodiversité. La Région devra les mettre au service des défis à relever et, en tout état de cause, faire valoir ses priorités dans l’élaboration et les révisions futures des 2 schémas régionaux SRCAE (climat air énergie) – pour définir les orientations stratégiques de la transition énergétique à l’échelle du territoire- et SRCE (cohérence écologique) – pour définir les stratégies de la conservation et de la gestion durable de la biodiversité. Les partenaires doivent se doter de ces deux schémas qui les engageront, avec au premier plan la collectivité régionale.

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Celle-ci devra s’assurer que ces schémas sont bien dotés d’outils d’évaluation pour que les objectifs fixés soient effectivement mesurés et atteints. L’animation régulière des acteurs doit être impulsée par la Région avec, en ligne de mire, la priorité à la relation entre l’homme et son environnement L’enjeu stratégique est d’ancrer le développement durable dans les pratiques de consommation et de production, de conservation des ressources naturelles et de la biodiversité, ainsi que d’« engranger » autour des progrès énergétiques. Dans son champ de compétence « éducation et formation », la Région peut toucher directement les jeunes et actifs au travers des programmes de formation. Elle peut aussi accompagner le changement des comportements individuels par l’éducation à l’environnement et au développement durable, par la sensibilisation et l’éducation aux économies d’énergies pour préparer les changements de consommation et les économies d’énergie de demain. Les opérations de sensibilisation doivent également couvrir le domaine de l’habitat et de la construction et la Région doit s’engager avec les collectivités compétentes pour atteindre les ménages et les bailleurs (privés ou sociaux). Les progrès à faire sont encore importants pour atteindre les normes d’efficacité énergétique sur les bâtiments anciens (99% du parc). La Région doit favoriser et amplifier le dialogue entre tous les intervenants sur les espaces naturels dans les instances ad hoc de pilotage des schémas pour faire converger les visions complémentaires qu’ont les uns et les autres d’une seule et même logique qui les anime, à savoir la gestion des ressources naturelles respectueuse de la biodiversité. La Région doit veiller à la défense de nouveaux enjeux : déploiement de son expertise, ses études et conseils auprès des communautés de communes ou des communes pour accompagner les politiques locales de développement durable, de protection de l’environnement, d’aménagement des espaces, de gestion de la distribution d’eau (syndicats) et de la qualité de l’eau potable. Elle doit aussi s’assurer que le développement industriel ou l’implantation de nouvelles activités n’empiètent plus sur les terres agricoles et ne déséquilibrent pas l’espace et la biodiversité. Un chantier à part entière autour de la réutilisation de friches industrielles doit s’ouvrir. Il s’agit de déterminer dans quelles conditions et pour quel type d’activité ces friches peuvent être réutilisées avant l’exploitation de nouveaux espaces naturels. Cette réflexion doit impliquer l’ensemble des partenaires et notamment la Région au titre de sa compétence économique et environnementale. Elle doit également identifier des moyens de recherche pour améliorer la connaissance scientifique en matière de mesure de la biodiversité (observatoire régional de la biodiversité étoffé dans ses missions). A minima, le SRCE devra prévoir la création d’un lieu répertoriant et rassemblant les données en matière de biodiversité en lien avec les schémas d’urbanisme. Enfin, en termes de déplacements, tous les partenaires en charges des infrastructures doivent renforcer les moyens pour accroître l’éco mobilité, notamment la réalisation de pistes cyclables. 5 - L’amélioration de l’accès aux soins, un passage indispensable pour rompre avec la pénurie La raréfaction des ressources dans le domaine des politiques de santé laisse à

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penser que la redéfinition des politiques sociales est une nécessité. Sachant que ces décisions ne relèveront pas du niveau régional, celui-ci peut cependant utiliser ses moyens d’action sur l’amélioration de la situation régionale, aujourd’hui dégradée en matière d’indicateurs de santé publique et d’accès aux soins. L’hypothèse d’une prise en charge au niveau national des interventions liées à la vieillesse, à la dépendance et à l’allongement de la durée de vie est énoncée dans le scenario S2, en raison des difficultés actuelles du financement local qui n’a pas les moyens d’adapter ses ressources. Sa vérification dépendra de l’aboutissement des réflexions engagées nationalement sur le financement global de la protection sociale. Ces discussions devront aboutir à une meilleure pertinence dans l’adéquation des moyens aux ressources et permettre de miser sur un maintien des marges de manœuvre locales. En réponse aux besoins cruciaux liés au déficit de professionnels de santé en région et à la situation socio-sanitaire préoccupante, la région ne peut « se laisser vivre » en matière de santé et doit reprendre un pas d’avance et gagner en attractivité. L’enjeu stratégique est de permettre un accès aux soins équilibré et de rompre avec la situation de pénurie régionale dans l’offre de soins. Dans les champs d’intervention qui sont les siens ou dans lesquels elle a souhaité s’investir en matière de santé et d’offre de soins, la Région doit prioriser le déploiement des nouvelles pratiques de la télémédecine et de la télésanté, en s’appuyant sur l’avance acquise grâce aux efforts consentis en matière de développement du numérique sur son territoire. Le développement des maisons médicales, auxquelles elle participe sur les territoires où il y a urgence à améliorer l’accès aux soins, gagnera aussi en efficacité à moyen terme grâce à ces technologies que la Région peut inciter à mettre en place lors de la définition des conventions de partenariat. Elle peut ainsi mobiliser une partie de ses aides à la recherche sur le secteur de la télémédecine et de la télésanté (programmes de recherches et équipements) ainsi que pousser à la professionnalisation de tous les acteurs de santé publique sur ces nouvelles techniques au fur et à mesure de leur déploiement. En effet, leur utilisation ne pourra être optimale que si elles sont répandues dans toute la chaîne de prise en charge médicale et paramédicale, jusqu’à l’intervention auprès des personnes à domicile. Que ce soit dans le cadre de ses compétences en matière de formation sanitaire et sociale aux côtés des écoles spécialisées, dans ses relations avec l’université dans le cadre de « l’universitarisation » des formations supérieures, ou encore aux côtés des professionnels qu’elle rencontre au sein du contrat d’objectif de la branche sanitaire et sociale, elle doit mobiliser ses partenaires sur cet objectif stratégique et définir les moyens opérationnels les plus adéquats. Mais, ces nouvelles technologies, représentant une réelle opportunité pour améliorer l’accès aux soins en Haute-Normandie, ne sont pas l’unique solution. Par la présence des acteurs politiques locaux et représentants à l’Assemblée Nationale, la Haute-Normandie doit être en mesure de peser pour influer et faire évoluer favorablement la démographie médicale et paramédicale en région (répartition des quotas nationaux, financement des grands équipements des structures hospitalières publiques et privées…). La collectivité régionale de son côté doit maintenir l’affichage de ses priorités sur l’aide à la recherche régionale dans le secteur médical et globalement dans le pôle CBS chimie-biologie-santé, ainsi que sur l’aide à la valorisation de la recherche, notamment par la régularité des congrès de spécialistes aidés par la Région.

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Dans tous les cas de figure, le meilleur accès aux soins pour tous sera aussi facilité par une meilleure prévention qui diminue les risques de pathologies lourdes. Dans ce domaine, la Région doit utiliser les liens qu’elle a instaurés avec les entreprises, publiques et privées, au sein des contrats d’objectif de branches pour inciter à faire de la prévention et de la santé au travail une priorité. Sur les territoires, dans le cadre des représentations qu’elle occupe au sein des instances réunissant les acteurs de la formation ou dans le champ de l’éducation populaire, dans le cadre de ses relations avec les différentes collectivités, elle doit relayer ce message sur l’importance à agir sur les risques épidémiologiques avérés en Haute-Normandie et accompagner, au titre de ses différentes interventions, la prévention et l’éducation à la santé, notamment en direction des jeunes et des familles. 6 – Des flux migratoires inversés La caractéristique des flux migratoires en région, jusqu’aux années 70-80, est la forte corrélation de sa croissance démographique avec les opportunités économiques, industrielles ou les opportunités d’aménagement du territoire impulsées de l’extérieur. La prise en main de cette composante est donc difficile, mais un développement soutenu d’activités dans la région peut attirer des populations d’autres régions avoisinantes, tout comme c’est déjà le cas pour les actifs de l’Ile de France. L’enjeu stratégique est d’attirer des populations tout en gardant un équilibre sur le territoire entre jeunes, actifs, seniors et 3ème âge pour minimiser les conséquences négatives d’une trop forte spécificité de classes d’âges sur un territoire donné. L’attractivité des populations est, dans bien des cas, une résultante des actions qui seront entreprises dans les domaines précédemment cités : la couverture numérique en THD, les facilités d’accessibilité, les parcours de formation et d’insertion dans l’emploi, l’accès aux qualifications supérieures en région, le renforcement des activités nouvelles et innovantes en région porteuses d’emplois, la dynamique régionale au sein du projet Paris Seine Normandie, l’accès aux soins de qualité, le respect des espaces naturels et les pratiques partagées de développement durable … Quelques priorités cependant peuvent être définies pour la Haute-Normandie, qui au regard du phénomène général de vieillissement de la population, doit veiller plus particulièrement au renouvellement de main-d’œuvre dans certains secteurs, où les actifs de plus de 55 ans seront proportionnellement plus nombreux dès 2020. La cible est donc les jeunes et les politiques d’accompagnement social qui sont décrites au chapitre « l’humain, pilier du progrès et de la croissance». Elles sont tournées particulièrement vers les jeunes en formation, plus spécifiquement vers les étudiants pour les aider à suivre leur parcours et à s’insérer en région. Il ne s’agit pas de limiter la mobilité des jeunes, y compris ceux qui partent étudier ailleurs, cette démarche étant éminemment formatrice, mais bien d’inciter des jeunes à venir ou à revenir en région grâce aux actions entreprises pour faciliter les conditions de leur entrée dans la vie active. Il ne revient pas à la Région seule de les mettre en œuvre mais à tous les partenaires concernés selon les niveaux de formation ou le type d’aide envisagée (aide à caractère social, logement, culture, …). Elle doit néanmoins convaincre que l’attrait des jeunes est un facteur-clé pour l’avenir, indispensable pour conduire au dynamisme régional.

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Sur les domaines d’intervention qu’elle a investis, la Région peut renforcer les mesures attractives pour les jeunes chercheurs et pour faciliter l’entrée et la réussite des parcours des lycéens dans l’enseignement supérieur. Enfin, des offres de services aux populations susceptibles de s’implanter dans la région avec l’arrivée de nouvelles activités économiques ou le développement d’entreprises régionales doivent pouvoir être proposées dans le cadre de programmes concertés entre collectivités à l’échelle infra territoriale. 7 – Rayonnement culturel et tourisme comme vecteurs d’identité La culture et le tourisme sont les atouts d’un territoire. La Normandie fait partie des trois ou quatre régions françaises identifiées dans le monde entier. Mais les récentes études du CESER ont mis en lumière un constat paradoxal, celui d’une offre culturelle abondante et riche, d’acteurs impliqués, mais d’un manque de lisibilité de cette offre et des politiques. Elles ont pointé une absence de culture de réseau et d’un évènement d’envergure qui donnent une image susceptible de générer un véritable sentiment d’appartenance qui se construit dans la durée. Dans un cadre financier de plus en plus contraint, les choix opérés par les décideurs dans ce domaine sont d’autant plus cruciaux. Il convient d’aller vers la conquête d’une identité territoriale porteuse de dynamisme et d’attractivité à la fois en matière culturelle et touristique. L’enjeu stratégique est de faire évoluer rapidement la vision du dynamisme culturel et touristique comme un véritable outil d’aménagement du territoire. Le CESER renvoie à ses récents rapports sur la culture où, parmi les propositions déjà émises, on peut citer la création d’un observatoire des pratiques culturelles et d’un Comité Régional de la Culture, l’établissement d’un schéma régional de développement culturel avec un chef de file identifié et une stratégie commune d’intervention autour d’un axe stratégique clair. L’idée défendue est celle d’une vision « intégrée » de la culture comme une composante naturelle de chaque acte de la société qui imprègne les politiques de cohésion sociale, l’économie, l’aménagement du territoire, l’éducation, l’international, le handicap et l’accessibilité, le développement durable… et comme élément d’attractivité au même titre qu’un service public. Cette vision présuppose de nouveaux modes de gouvernance, plus participatifs et un partenariat renouvelé entre Etat, collectivités et acteurs culturels, les grands acteurs économiques du territoire dans le cadre d’un fonctionnement décloisonné, l’intérêt d’attractivité et de rayonnement étant partagé par tous. Les acteurs doivent s’approprier une identité de territoire élargi en 2025 à l’échelle de l’Axe Paris Seine Normandie qui s’appuie sur les cohérences d’identités historiques d’une part et, sur les cohérences économiques, sociales et environnementales de Paris, Rouen, le Havre, Caen et Cherbourg, d’autre part, en tenant compte de la proximité de la région parisienne très prégnante pour la fréquentation touristique de la région. En matière d’évènementiel, les bases sont posées et doivent être utilisées pour consolider à cette échelle de territoire deux événements d’envergure nationale et internationale qui fonctionnent, autour des identités régionales et leur universalité, en leur donnant un rythme lisible en alternance au moins tous les deux ans : d’une part, l’Armada et l’identité de la mer, du fleuve, du voyage, de l’échange entre les cultures, avec des croisières sur l’axe Paris Seine Normandie et le développement de produits touristiques ad hoc symboles de la région industrielle fluviale et maritime, … et d’autre part Normandie Impressionniste

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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et le lien entre les paysages, le développement industriel de la Seine, le chemin de fer…. Le rythme est important pour dépasser le stade de « l’émerveillement » et faire durer l’évènementiel afin de le faire évoluer avec son temps et de ne pas le figer ou le « patrimonialiser ». C’est aussi l’échelle de territoire à laquelle il faut valoriser la place des établissements culturels et d’éducation artistique régionaux, que ce soient les musées, les conservatoires, les écoles d’arts. Une offre complémentaire, notamment dans le domaine des enseignements artistiques supérieurs, attractive pour les franciliens doit être proposée à partir de l’évaluation préalable des points de saturation de ces structures en Ile de France. C’est enfin l’échelle à laquelle la Région doit consolider les réseaux de professionnels dans les différents secteurs (Réseau des Musiques Actuelles de Haute-Normandie, Pôles régionaux, musique, arts visuels) et en les incitant à s’ouvrir sur la Manche et l’Atlantique. Les acteurs doivent aussi dépasser l’échelle territoriale de la Haute-Normandie afin de créer une ouverture internationale dans les créations, dans les diffusions, dans la communication : la Grande-Bretagne, voire les Etats-Unis, font partie intégrante de l’identité historique de la Normandie et permettraient de « vendre l’identité culturelle normande à l’étranger ». La recherche de lisibilité internationale doit enfin s’appuyer sur la poursuite des politiques de classement au patrimoine mondial de l’Unesco et des labels internationaux ainsi que sur la réflexion autour d’une « capitale européenne » de la culture en région. Enfin, pour accompagner une vision « intégrée » de la culture comme une composante naturelle de chaque acte de la société, il faut inciter les acteurs à s’ouvrir et à repenser la place du privé dans le financement de la culture en favorisant des stratégies de mécénats cohérentes (création de fondations territoriales), articulées sur les intérêts communs des entreprises (recherche d’image en interne ou de notoriété à l’externe) et du territoire régional. Dans l’hypothèse où en 2025 la situation connue est celle du scenario S2, où seuls les territoires parviennent à se mobiliser pour développer une offre culturelle de proximité, l’enjeu a minima est de conjuguer les initiatives infrarégionales pour maintenir les positions actuelles en matière de pratique, de création, de fréquentation culturelle et touristique et de valorisation du patrimoine, sachant qu’il n’y a pas forcément de « réconciliation » à opérer entre le public et les arts. La Région doit alors mettre en œuvre les moyens pour conjuguer le développement culturel des territoires avec un projet culturel régional et inciter les professionnels à combiner l’offre culturelle et l’offre touristique. La priorité donnée par la Région au développement du THD est une opportunité pour faciliter ce couplage, en permettant la communication groupée de tout type d’offre vers le grand public, localement ou nationalement. Il est incontournable de maintenir un évènement annuel fédérateur autour de la richesse aquatique et, a minima, de consolider l’identité de l’Armada et de Normandie Impressionniste. Les collectivités locales avec le soutien de la Région peuvent également tirer opportunité de l’image de l’axe « Paris Seine Normandie » pour développer d’une part, des résidences d’écritures pour scénaristes ou encore des résidences d’artistes, notamment dans l’Eure et, d’autre part, des villages animés le long de la Seine autour des jardins, des écrivains, de la culture industrielle de la vallée, en exploitant la thématique du développement durable.

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Les préconisations à 2025

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Les soutiens des différents financeurs doivent être maintenus pour conserver le niveau de nos établissements culturels et d’éducation artistique d’exception, mais ils devront être augmentés pour développer les pratiques amateurs qui contribuent à l’appétence pour la culture, étant un gage du dynamisme des initiatives locales sur les territoires. Le rapprochement avec la demande du public permet de faire évoluer l’offre avec la société. La Région doit enfin inciter au développement d’initiatives autour du couple « patrimoine historique» / « modernité ». Le patrimoine est un véhicule de modernité et la richesse de la région devrait être un support lui permettant de prendre un temps d’avance. 8 - La gouvernance du développement durable Les différentes propositions qui précèdent évoquent largement le partenariat entre acteurs du développement du territoire, qu’ils soient publics ou privés, ainsi que le partenariat avec les acteurs en dehors du territoire. Cette question d’échelle territoriale et de gouvernance est au cœur de la réussite des initiatives qui seront prises pour aller « vers une Normandie audacieuse et plus forte » L’enjeu stratégique est de changer la culture de territoire pour positionner la Haute-Normandie dans un ensemble plus large (Paris Seine Normandie … et moi, … et lui, le francilien) et de faire converger et concorder dans le temps les moyens financiers de tous les acteurs, de convaincre que la région ne doit plus « attendre » ce qui ne viendra plus de l’extérieur… Si la Région n’a pas des moyens d’action dans tous les domaines, elle reste l’échelon territorial pertinent pour impulser les choix prioritaires, décider les acteurs à adopter un plan stratégique de développement, à adhérer et à se mettre en mouvement. Elle le sera probablement encore davantage par la place qui lui sera dévolue à l’issu du nouvel acte de décentralisation en chantier. Aussi la prospective 2025 proposée doit reposer sur les moyens d’actions spécifiques qui sont ceux des schémas de développement dans tous les domaines concernés auxquels la Région participe, qu’ils en soient au stade de la définition ou de la mise en œuvre. Leur infléchissement peut intervenir en cours de réalisation, dès lors qu’ils peuvent être évalués. Elle doit ainsi développer et valoriser sa participation à des réflexions sur la mise en place et la redéfinition à venir de schémas (voire de nouvelles compétences issues du nouvel acte de la décentralisation) - SCORAN, SRIT, aménagement du territoire, SRCAE, SRCE, éolien…, - saisir les opportunités des « révisions» de politiques contractuelles à venir – programmes européens, C8, CPER, contrats de territoires, Contrat 276… De même que chaque acteur doit être en capacité d’évaluer ses propres politiques d’intervention, avec des moyens dédiés et précisés dès la définition d’une intervention ou d’un engagement contractuel, la question de l’élargissement de l’évaluation des politiques publiques aux différents schémas régionaux est incontournable. Elle requiert une animation régulière par le chef de file ou par la Région qui peut s’emparer de cette prérogative. Le croisement d’analyse de tous les intervenants à un schéma redouble son efficacité puisqu’elle donne lieu à des constats partagés par les acteurs. L’anticipation, les ambitions et les choix à opérer en sont d’autant plus facilement partagés eux aussi.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Les différents acteurs doivent saisir toutes les opportunités et préconisations qui sortiront des études du CESER à l’horizon de fin 2013, sachant que tous les sujets en cours non achevés complèteront directement le présent. Ces sujets sont le numérique en région, le projet Paris Seine Normandie, les flux portuaires, le PRES, le tertiaire supérieur, l’éducation populaire, l’illettrisme. La Région doit par ailleurs pousser à faire partager des nouveaux indicateurs de mesure de la richesse régionale, complémentaires à celui du PIB en incluant les deux autres piliers du développement durable que sont le social et l’environnemental pour faire prendre toute son importance à la mesure de la qualité de vie sur le territoire lorsqu’il est question de qualifier la croissance régionale. Il s’agit notamment de l’indicateur de développement humain IDH, utilisé depuis les années 1990 par le Programme des Nations Unies pour le Développement, qui établit une moyenne de trois indicateurs reflétant le niveau de vie, l’éducation et la santé. Une adaptation des données sources permet aussi de comparer les territoires infrarégionaux entre eux avec cette vision élargie de la « richesse » et montre que la région arrive au 18ème rang sur les 22 régions alors qu’elle se situe au 6ème rang pour le PIB par habitant en 200853. Enfin l’ensemble des acteurs locaux doit assurer l’association en amont des populations au déploiement de projets de territoires régionaux qui est souvent gage de réussite. Dans l’hypothèse où en 2025 la situation connue est celle du scenario S2, où la gouvernance se situe plutôt au niveau des territoires métropolitains, des agglomérations, des bassins de vie, l’enjeu a minima est de réussir à agir de « concert entre acteurs » du territoire pour limiter son appauvrissement et « maintenir sa position relative ». Dans ce contexte, il convient de miser sur un « leadership régional » pour conduire quelques projets de grande ampleur qui nécessiteraient de mutualiser les ambitions. La collectivité régionale doit montrer une volonté accrue.

Dans ce contexte, il convient de miser sur un « leadership régional » pour conduire quelques projets de grande ampleur qui nécessiteraient de mutualiser les ambitions. La collectivité régionale doit montrer une volonté accrue.

Par ailleurs, « le chef de filât » unique est souvent posé comme un postulat. Mais il doit tenir compte pour la réussite des projets des différents acteurs concernés et de leurs échéances, qui ne sont pas forcément les mêmes. Le recul pour assurer une vision globale est néanmoins nécessaire à l’échelle régionale et c’est ce rôle a minima qui doit être investi par la collectivité

53 Réf : – ARF Janvier 2012 - Conseil Régional Nord – Pas de Calais « Développement durable : la révolution des nouveaux indicateurs »

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Conclusion

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Conclusion

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Conclusion

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Dans le contexte mouvant et incertain que nous connaissons, la définition d’enjeux stratégiques et la construction de propositions avec un horizon temporel rapproché à 2025 a conduit à un exercice de prospective emprunt de réalisme, évitant les originalités provocatrices, mais ne s’interdisant pas quelques paris sur l’avenir. Aussi, dans la mesure où certains travaux thématiques des commissions ne sont pas terminés (les flux portuaires, l’accessibilité numérique, les services supérieurs…), la section a dû faire des choix, consciente que ces travaux pourraient aboutir à des avis plus ou moins éloignés des préconisations du rapport. Ces dernières doivent être appréhendées comme un « tout », résultant d’une analyse d’un système global et en cohérence avec les objectifs du scenario privilégié à un horizon de 15 ans. Le cas échéant, l’analyse prospective peut être reprise à l’issue des travaux en cours au sein de toutes les commissions autour du projet Paris Seine Normandie, pour éclairer la vision à une échéance encore plus lointaine, 2030-2040. Quoi qu’il en soit, il est fondamental de réfléchir à la manière d’appréhender le concept de développement, tant entre les organisations de la société civile, qu’entre elles et les institutions politiques. Un saut qualitatif en matière d’égalité, de coopération et de soins est l’unique voie pour réduire les dommages des crises concomitantes : une crise écologique (changement climatique, perte de biodiversité, etc.), une crise sociale (augmentation des inégalités, chômage, précarisation du travail, etc.) et une crise économique (prééminence de la finance sur l’économie, insuffisance de la croissance, perte d’emploi, etc.), qui peuvent à leur tour donner naissance à d’autres évènements générant des tensions (accès au logement, à l’eau, à l’alimentation, etc.) A une plus vaste échelle, le CESE, pour sa part, estime que la voie pour sortir de la crise systémique de la zone euro ne passe ni par un retour aux égoïsmes nationaux, ni par la réduction des droits, mais plutôt par un changement des politiques économiques, par la relance de la compétitivité, par la consolidation de l’égalité, par de la solidarité et de la cohésion. Cela permettrait de rétablir la confiance des citoyens envers le projet européen et la possibilité d’un redressement du modèle social européen, face aux risques que comporterait, pour tous, une impossibilité de résoudre la crise, qui pourrait mener à une rupture et à l’échec de l’idée même d’Europe. Une des préconisations a soulevé un vif intérêt pour notre groupe de réflexion, celle du nécessaire partage des nouveaux indicateurs de mesure de la richesse pour élaborer des indicateurs complémentaires au PIB. Cela concerne avant tout l’étude d’indices représentatifs de la qualité de vie et des conditions sociales des personnes, en rapport avec la soutenabilité d’un système économique vecteur de progrès humain. A l’instar du Conseil Economique Social Européen, « il convient que la société civile, en conjonction avec les autres acteurs sociaux et institutionnels, repère les champs d’intervention dans lesquels se marque le progrès d’une société, en déterminant les domaines spécifiques et les phénomènes saillants, aux plans économique, social et environnemental. Il convient de réfléchir comment cette démarche peut s’effectuer, par le recours à quels instruments d’information, de consultation et de participation. ». Lorsqu’il est question de qualifier la croissance régionale, la mesure de la qualité de la vie doit avoir toute sa place.

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Un modèle reste à inventer entre l’Europe, l’Etat et les territoires. Il y a une nécessaire complémentarité à trouver entre l’Etat et les collectivités territoriales, dont les Régions, qui doivent tous contribuer à l’effort national de retour à l’équilibre budgétaire. En période de rigueur budgétaire, « l’essentiel, plus que réduire voire supprimer les dépenses, est de faire les bons choix ». Pourquoi ne pas se servir de la crise pour rationaliser, prendre des décisions, renforcer les solidarités et relégitimer la participation des citoyens ? Reste également à redéfinir la place du débat public et de la société civile dans l’organisation de la démocratie afin de donner corps au dialogue civil, à la démocratie sociale et sociétale. La nature des projets se heurte à la multiplicité des acteurs qui, dans leurs compétences et prérogatives, n’ont pas tous les mêmes temporalités ni les mêmes préoccupations. L’objet de ce document est de permettre, modestement, d’entrevoir ce que la collectivité régionale peut attendre ou pourrait attendre du futur sans pour autant définir « qui paye quoi ? », mais en insistant sur la nécessaire coordination des intervenants. De tout temps, l’Homme a voulu connaître son avenir et chercher ce qui le rassure. Que ce soient les oracles, les prophètes, les voyants, les philosophes et même … les agences de notation, chacun cherche cet autre petit élément qui pourrait faire que demain soit autrement.

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Annexes

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Annexes

Cahier des charges

Liste des personnes auditionnées et remerciements

Liste des variables de 2004

Sources documentaires

Liste des sigles utilisés

Bref glossaire de la méthode des scenarii

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Annexes

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Cahier des charges (validation en Bureau : 24 mai 2011)

Intitulé provisoire Quel destin pour la Haute-Normandie à l’horizon

2025 ?

Origines du projet Actualisation du rapport réalisé en 2004

Définition des objectifs

- Actualisation d’un rapport établi selon la méthode de prospective exploratoire (que peut-il advenir ?)

- Prolongation du rapport par la méthode de la prospective stratégique (que puis-je faire ?)

Méthodes de travail

- Constat de l’évolution des variables entre 2004 2011

- Prise en compte d’éventuelles nouvelles variables au vu des évolutions constatées

- Redéfinition du scenario idéal de 2004 - Auditions - Ajustement du scenario idéal - Propositions d’actions pour y parvenir

Destinataires - Président du CESER, - Ensemble du CESER, - Président du Conseil Régional

Cadrage du sujet Le rapport traitera les différentes variables identifiées en 2004 et sera enrichi par la prise en compte de variables nouvelles

France des travaux

A définir selon les nouvelles interrogations qui apparaîtront à l’issue � de la phase de constat � de la phase des auditions

Gouvernance L’option retenue est de ne pas constituer de COPIL, l’ensemble des travaux sera mené par la section prospective.

Président, rapporteur - Présidente : Nicole GOOSSENS - Rapporteur : Gérard DUTHIL

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Liste des personnes auditionnées et remerciements La Section prospective tient à remercier tous ceux qui ont bien voulu s’associer à ses travaux, en particulier les personnes auditionnées : Monsieur Patrick CHABERT – Conseiller Economique Social Environnemental Régional – Président du Groupe de travail « acteurs, culture et territoires – Actes II et III » (octobre 2010) Thème rayonnement culturel (1er septembre 2011) Madame Emmanuèle JEANDET-MENGUAL- Conseillère Régionale Vice Présidente Culture Thème rayonnement culturel (15 septembre 2011) Monsieur André LAUDE – Directeur General SENALIA – Président du Conseil de Surveillance du GPMR Thème transports et accessibilité fluviale et maritime (29 septembre 2011) Madame Roxane SIMEON – Etudiante en Master II d’économie appliquée à l’Université de Rouen Thème diagnostic territorial / cas de Gonfreville L’Orcher (2 février 2012) Monsieur Bruno THENAIL – Chef de Projet CAMIS – Région Haute-Normandie Thème transports et accessibilité / relations internationales et communautaires (29 septembre 2011) La Section remercie ses membres pour leurs travaux et la présentation qu’ils en ont faite durant les séances de travail : Monsieur Denys DECLERCQ Thème transports et accessibilité fluviale et maritime (29 septembre 2011) Monsieur Gérard DUTHIL – Economiste à l’Université de Rouen – Personnalité extérieure de la section prospection – Rapporteur de l’étude Thème Croissance Emploi Chômage (5 janvier 2012) Thème filières économiques (19 janvier 2012) Thème politiques sociales en France (16 février 2012) Monsieur Alain GERBEAUD Thème dynamisme territorial (retours ateliers DATAR 2040) (8 décembre 2011) Madame Nicole GOOSSENS, Présidente de la Section et du rapport Thème dynamisme territorial (retours ateliers DATAR 2040) (24 novembre 2011) Monsieur Jean Pierre LEGALLAND Thème mondialisation (20 octobre 2011) Monsieur Jean Luc LEGER – Rapporteur du Groupe de travail « acteurs, culture et territoires – Actes II et III » (octobre 2010) Thème rayonnement culturel (1er septembre 2011)

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Annexes

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Madame Regine LOISEL Thème transport et accessibilité (10 Novembre 2011) Thème dynamisme territorial (retours ateliers DATAR 2040) (24 novembre 2011) Monsieur Alain MALMARTEL – Directeur Régional de L’INSEE Haute-Normandie – Personnalité extérieure de la section prospection Thème démographie (9 juin 2011) Monsieur Bernard PROUST – Professeur des Universités – Personnalité extérieure de la section prospection Thème offre de soins (2 février 2012) Monsieur Richard TURCO – Directeur General Adjoint des Services de la Ville de Rouen – Personnalité extérieure de la section prospection – Président du Groupe de travail « la culture en Région Haute-Normandie : quel rayonnement national et international ? – Acte I » (mai 2009) Thème rayonnement culturel (25 août 2011) Monsieur Jean Dominique WAGRET Thème dynamisme territorial (retours ateliers DATAR 2040) (8 décembre 2011) Thème filières économiques (19 janvier 2012) Thème innovation recherche (23 février 2012)

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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Liste des variables de 2004

Variables Sous-variables

Rapprochement entre la Haute et la Basse-Normandie

Coopérations interrégionales

Relations internationales intracommunautaires Stratégie d’alliances

Relations internationales extracommunautaires

Taux de natalité

Taux de mortalité Démographie

Soldes migratoires

accessibilité ferroviaire

Accessibilité aérienne

Accessibilité routière

Accessibilité fluviale

Accessibilité maritime

Accessibilité

Accessibilité immatérielle et organisationnelle

Risques

Qualité de vie

Filières économiques, innovation et recherche

Activités de service

Développement durable

Formation

Dynamisme territorial

Rayonnement culturel

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Annexes

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Sources documentaires Les sources documentaires sont présentées au fur et à mesure, principalement dans la partie I consacrée à la définition et à la présentation des variables, au sein de chacune des « fiches variables ». Tous les avis et rapports du CESER sont disponibles sur le site internet du CESER, dans la rubrique Travaux et publication : www.ceser.hautenormandie.fr

La Section prospective s’est particulièrement appuyée sur les travaux suivants, présentés par ordre chronologique :

• LE RAPPORT A ACTUALISER : « quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 », CESER, octobre 2004

• « Les énergies en Haute-Normandie : bilan et perspectives stratégiques économiques, sociales et environnementales », CESER, janvier 2007

• « Recherche et innovation, moteur du développement économique régional », CESER, septembre 2007

• « Acte I : Rayonnement national et international de la culture en Haute-Normandie », CESER, mai 2009

• « Les infrastructures de transport en Haute-Normandie », CESER, mai 2009

• « Avis sur le schéma régional des infrastructures de transport », CESER, novembre 2009

• « Les mutations économiques et l’évolution de l’emploi dans le secteur industriel », CESER, décembre 2009

• « L’orientation tout au long de la vie en Haute-Normandie », CESER, juin 2010

• « Culture, acteurs et territoires, actes II et III : vers un schéma régional de développement culturel », CESER, octobre 2010

• « Vers une mobilité généralisée en Haute-Normandie en 2050 », CESER, octobre 2010

• « La cohérence de l’aménagement des territoires en Haute-Normandie », CESER, octobre 2010

• « Avis sur le contrat régional de développement économique CRDE », CESER, mai 2011

• « Avis sur le contrat de plan régional de développement des formations professionnelles », CESER, mai 2011

• « Avis sur le schéma régional éolien terrestre de la Haute-Normandie », CESER, juin 2011

• « Les enjeux du projet de ligne nouvelle entre Paris et la Normandie », CESER, mai 2011

• « Recueil de statistiques générales de la région Haute-Normandie », CESER, 1ère édition chiffres 2010

Les travaux de la Section prospective seront complétés à l’horizon de fin 2013 sur divers sujets majeurs pour le développement du territoire, actuellement à l’étude dans les différentes commissions du CESER :

• les flux portuaires (2ème commission), • l’éducation populaire (3ère commission),

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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• l’accessibilité numérique, les services supérieurs (4ème commission), • le PRES, l’illettrisme (5ème commission),

L’ensemble de ces études contribuant pour partie à alimenter la réflexion de fond sur le projet Paris Seine Normandie, en identifiant des propositions pour accompagner le développement territorial à cette échelle de territoire.

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Annexes

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Liste des sigles utilisés

ADSL …………….. Asymmetric Digital Subscriber Line AIO …………….. Accueil Information Orientation ALD …………….. Affection de Longue Durée AMII …………….. Appel à Manifestation d’Intentions d’Investissement ANS …………….. Agence Nationale de Santé AOT …………….. Autorité Organisatrice des Transports ARIA …………….. Analyse, Recherche et Information sur les Accidents (base de

données) ARS …………….. Agence Régionale de Santé ARTT …………….. Aménagement et Réduction du Temps de Travail BEP …………….. Brevet d’Etudes Professionnelles C8 …………….. Conférence des 8 régions du bassin parisien CAMIS …………….. Channel Arc Manche Integrated Strategy CAP …………….. Certificat d’Aptitude Professionnelle CBS …………….. Chimie Biologie Santé CCIR …………….. Chambre de Commerce et D’industrie Régionale CCREFP …………….. Comité de Coordination Régional de l’Emploi et de la Formation

Professionnelle CDD …………….. Contrat à Durée Déterminée CESE …………….. Conseil Economique et Social Européen CESER …………….. Conseil Economique Social et Environnemental Régional CG 27 …………….. Conseil Général de l’Eure CG 76 …………….. Conseil général de Seine Maritime CHUR …………….. Centre Hospitalier Universitaire Régional CIF …………….. Congé Individuel Formation CIFRE …………….. Convention industrielle de formation pour la recherche en

entreprise CNRS …………….. Centre National de la Recherche Scientifique CODAH …………….. Communauté d’Agglomération du Havre CPER …………….. Contrat de Projet Etat Région CPRDF …………….. Contrat de Plan Régional de Développement des Formations

professionnelles CRC …………….. Comité Régional de la Culture CRDE …………….. Contrat Régional de Développement Economique CREA …………….. Communauté d’agglomération Rouen-Elbeuf-Austreberthe CREFOR …………….. Centre Ressources Emploi FORmation CRIHAN …………….. Centre de Ressources Informatiques Haute-Normandie CRT …………….. Comité Régional du Tourisme CSNE …………….. Canal Seine Nord Europe CVAE …………….. Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises DATAR …………….. Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à

l’attractivité régionale DEPP …………….. Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance DEPS …………….. Département des études de la prospective et des statistiques

(ministère de la culture) DGESIP …………….. Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance DRAAF …………….. Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la

Forêt EPCI …………….. Etablissement Public de Coopération Intercommunale EPF …………….. Etablissement Public Foncier EPR …………….. European Pressurized Reactor ERC …………….. European Research Council ERDF …………….. Electricité Réseau Distribution de France ETI …………….. Entreprise de Taille Intermédiaire FAT …………….. Fonds pour l’Aménagement du Territoire FEADER …………….. Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

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FEDER …………….. Fonds européen de développement régional FMN …………….. Firme Multi Nationale FNADT …………….. Fonds National pour l'Aménagement et le Développement du

Territoire FRAC …………….. Fonds Régional d'Art Contemporain

FRADT …………….. Fonds Régional pour l'Aménagement et le Développement du

Territoire FSE …………….. Fonds Social Européen FTLV …………….. Formation Tout au Long de la Vie FTTB …………….. « Fiber to the building » FTTH …………….. « Fiber to the home » FTTLA …………….. « Fiber To The Last Amplifier » GAEC …………….. Groupement Agricole d’Exploitation en Commun GES …………….. Gaz à Effet de Serre GIEC …………….. Groupe d’experts Internationaux sur l’Evolution du Climat GPEC …………….. Gestion Prévisionnelle de l'Emploi et des Compétences GPECT …………….. Gestion Prévisionnelle de l'Emploi et des Compétences

Territoriales GPMR …………….. Grand Port Maritime de Rouen GRR …………….. Grand Réseau de Recherche HACCP …………….. Hazard Analysis Critical Control Point HAP …………….. Hydrocarbure Aromatique Polycyclique HCSP …………….. Haut Conseil de Santé Publique HD …………….. Haut Débit HPST …………….. Hôpital, Patients, Santé, Territoires ICF ……………. Indicateur Conjoncturel de Fécondité ICPE …………….. Installation Classée pour la Protection de l'Environnement IDE …………….. Investissements Directs à l’Etranger IDH …………….. Indice de Développement Humain IFREMER …………….. Institut français de recherche pour l’exploitation de la me INRA …………….. Institut National de Recherche Agronomique INSEE …………….. Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques INSERM …………….. Institut national de santé et de la recherche médicale IRGOUV …………….. Instance Régionale de Gouvernance de la formation continue IVA …………….. Insertion Vie Active IVQ …………….. Information Vie Quotidienne LNPN …………….. Ligne Nouvelle Paris Normandie LOADDT …………….. Loi d'orientation pour l'aménagement et le développement

durable du territoire LTE …………….. Long Term Evolution NAF …………….. Nomenclature d’Activités Française NRA …………….. Nœud de Raccordement d'Abonnés ODIT …………….. Observation, Développement et Ingénierie Touristiques ONDAM …………….. Objectif National des Dépenses d'Assurance Maladie ONG …………….. Organisation Non Gouvernementale ORECO …………….. Observatoire REgional de la COmpétitivité OSC …………….. Organisations de la Société Civile PAC …………….. Politique Agricole Commune PCB …………….. Polychlorobiphényles PCE …………….. Plan Climat Energie PCS …………….. Professions et Catégories Socioprofessionnelles PDR …………….. Plan de Déplacement Régional PIB …………….. Produit Intérieur Brut PME …………….. Petites et Moyennes Entreprise PMI …………….. Petites et Moyennes Industries PPRT …………….. Plan de Prévention des Risques Technologiques PRB …………….. Produit Régional Brut

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Annexes

Octobre 2012 221

PRDF …………….. Plan Régional de Développement des Formations

professionnelles PRES …………….. Pole de recherche et d'Enseignement Supérieur PRS …………….. Pole Régional de Santé R&D …………….. Recherche et Développement RGPP …………….. Révision Générale des Politiques Publiques RIP …………….. Réseau d’Initiative Publique RP 2006 …………….. Recensement de la Population 2006 RTT …………….. Réduction du Temps de Travail SAPN …………….. Société d'Autoroute Paris Normandie SCORAN …………….. Stratégie de cohérence régionale d’aménagement numérique en

Haute- Normandie SCOT …………….. Schéma de Cohérence Territoriale SDAN …………….. Schéma Départemental d'Aménagement Numérique SEINE …………….. Système d'Enquêtes pour l'INsertion professionnelle en Emploi SIG …………….. Système d'Information Géographique SMIC …………….. Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance SNCF …………….. Société Nationale des Chemins de Fer SNDD …………….. Stratégie nationale du développement durable SPO Service Public de l’Orientation SPPPI …………….. Secrétariat permanent pour la prévention des pollutions et des

risques industriels SRADT …………….. Schéma Régional de Développement et d'Aménagement du

Territoire SRCAE …………….. Schéma Régional Climat Air Energie SRCE …………….. Schéma Régional de Cohérence Ecologique SRDE …………….. Schéma Régional de Développement Economique SRIT …………….. Schéma Régional des Infrastructures et des Transports SROS …………….. Schéma Régional d'Organisation Sanitaire STRATER …………….. Projet du service de coordination stratégique des territoires -

diagnostic chiffré enseignement supérieur recherche Haute et Basse-Normandie

TAA …………….. Tarification à l'Acte TER …………….. Trains Express Régionaux THD …………….. Très Haut Débit TIC …………….. Technologies de l'Information et de la Communication VAE …………….. Validation des Acquis de l'Expérience ZAE …………….. Zone d’Activité Economique

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CESER Haute-Normandie Quel destin pour la Haute-Normandie en 2025 ?

Octobre 2012 222

Bref glossaire de la méthode des scenarii

Base prospective : ensemble des variables qui influencent le système étudié.

Composante ou sous-système : ensemble de variables liées autour d’un même thématique ou d’un même groupe d’acteurs.

Variable (d’influence) : facteur, paramètre, ou déterminant qui influe sur le système. Elément du système qui exerce ou est susceptible d’exercer une influence sur le problème étudié. Souvent une variable dans un système prospectif est un mélange de facteur et d’acteur (un facteur évolue le plus souvent sous l’influence d’un acteur ou de plusieurs acteurs).

Variables-clés : les variables les plus influentes sur le système considéré (les plus dépendantes sont écartées).

Indicateurs : instruments de mesure ou d’observation de la tendance. Indices, ratios ou listes de faits permettant de mesurer ou d’observer l’évolution d’une variable dans le temps.

Invariant : phénomène supposé permanent jusqu’à l’horizon étudié.

Tendance : Une tendance est une transformation mesurable ou observable au sein d’un système donné et qui porte en germe les dynamiques et comportements futurs de ce système.

Tendance lourde : transformation significative et sur une période suffisamment longue pour que l’on puisse prévoir son évolution dans le temps. Une variable ou un facteur d’influence caractérisé par une tendance lourde ne donnera lieu qu’à une seule hypothèse prospective.

Signal faible ou fait porteur d’avenir : signes infimes dans leurs dimensions présentes mais potentiellement immenses par les conséquences virtuelles. La plupart des facteurs de changement politiques, économiques, technologiques ou culturels sont des variables à peine perceptibles aujourd’hui et qui peuvent constituer les tendances lourdes de demain.

Hypothèse : Évolution ou état possible d’une variable à un horizon donné.

Hypothèse tendancielle : hypothèse reposant sur la prolongation de la tendance passée.

Hypothèse en rupture : hypothèse reposant sur une discontinuité par rapport à l’évolution passée ; état lié à un changement de tendance ou une bifurcation par rapport au passé.

Incertitudes majeures : elles portent sur des sujets cruciaux pour lesquels l’avenir est très ouvert et les évolutions difficilement prévisibles. Elles peuvent se présenter sous forme de « questions clefs ».

Scenario : jeu cohérent d’hypothèses conduisant d’une situation d’origine à une situation future. Un scenario est une description du système à un horizon donné et du cheminement conduisant à son état final.

Scenario exploratoire : scenario explorant le spectre des futurs possibles.

Scenario normatif ou stratégique : scenario explorant le spectre des futurs souhaitables et réalisables.

Enjeu : Problématique identifiée qui porte en elle un potentiel de changements, positifs (opportunités) ou négatifs (menaces) et qu’il est nécessaire de prendre en compte pour construire une prospective et déterminer une stratégie. L’enjeu est ce qui, sur le terrain ou le champ de bataille, peut être perdu ou gagné. Un des rôles de la prospective consiste à identifier des enjeux futurs, imaginables et surtout de long terme.

Levier de changement : moyen d’action dont dispose un acteur pour provoquer un changement dans un système.