26
Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ? Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 1 Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ? Ces dernières années, de nombreuses critiques ont été formulées à l’encontre des IUT quant au désintérêt qu’ils semblaient manifester à l’égard des bacheliers technologiques. Certaines de ces critiques ont même évoqué « des IUT qui trahiraient leur mission initiale ». Plusieurs voix se sont élevées pour suggérer la mise en place de systèmes de quotas, seules mesures efficaces, d’après celles-ci pour obliger les IUT à accueillir davantage de bacheliers technologiques. L’enjeu constitué par l’accueil des bacheliers technologiques dans l’enseignement supérieur, mais également la complexité d’un tel sujet méritent que l’on tente de dresser un état le plus objectif possible de la situation. A partir de cet état des lieux, un premier constat sera réalisé, lequel visera à identifier les spécificités des bacheliers technologiques et les éventuels freins à leur accès en IUT. Des préconisations pourront découler de cet examen détaillé. 1. Eléments de cadrage 1.1. Le baccalauréat : un diplôme qui s’est progressivement démocratisé Le baccalauréat a été créé par le décret organique du 17 mars 1808. Ce diplôme, présente la double particularité de sanctionner la fin des études secondaires et d'ouvrir l'accès à l'enseignement supérieur. Une première diversification a été opérée en 1965 par le Décret n°65-438 qui évoque dans son article 34, reproduit ci-dessous, l’émergence d’un baccalauréat de technicien. Création du baccalauréat de technicien Source : Journal Officiel de la République française du 12 juin 1965, 4882

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ESR/5... · 110 % Baccalauréat technologique Baccalauréat professionnel. Quelle place pour les bacheliers technologiques en

Embed Size (px)

Citation preview

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 1

Quelle place pour

les bacheliers technologiques en IUT ?

Ces dernières années, de nombreuses critiques ont été formulées à l’encontre des IUT quant au

désintérêt qu’ils semblaient manifester à l’égard des bacheliers technologiques. Certaines de ces

critiques ont même évoqué « des IUT qui trahiraient leur mission initiale ». Plusieurs voix se sont élevées

pour suggérer la mise en place de systèmes de quotas, seules mesures efficaces, d’après celles-ci pour

obliger les IUT à accueillir davantage de bacheliers technologiques. L’enjeu constitué par l’accueil des

bacheliers technologiques dans l’enseignement supérieur, mais également la complexité d’un tel sujet

méritent que l’on tente de dresser un état le plus objectif possible de la situation. A partir de cet état des

lieux, un premier constat sera réalisé, lequel visera à identifier les spécificités des bacheliers

technologiques et les éventuels freins à leur accès en IUT. Des préconisations pourront découler de cet

examen détaillé.

1. Eléments de cadrage

1.1. Le baccalauréat : un diplôme qui s’est progressivement démocratisé

Le baccalauréat a été créé par le décret organique du 17 mars 1808. Ce diplôme, présente la double

particularité de sanctionner la fin des études secondaires et d'ouvrir l'accès à l'enseignement supérieur.

Une première diversification a été opérée en 1965 par le Décret n°65-438 qui évoque dans son article 34,

reproduit ci-dessous, l’émergence d’un baccalauréat de technicien.

Création du baccalauréat de technicien

Source : Journal Officiel de la République française du 12 juin 1965, 4882

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 2

Cette diversification a été renforcée par la loi n°85-1371 du 23 décembre 1985 de programme sur

l'enseignement technologique et professionnel. L’article 7 de cette loi précise que « les enseignements

professionnels du second degré sont sanctionnés par la délivrance d'un certificat d'aptitude

professionnelle, d'un brevet d'études professionnelles ou d'un baccalauréat professionnel », tandis que

l’article 8 indique que « les brevets de technicien seront transformés progressivement en baccalauréats

technologiques ou en baccalauréats professionnels ». Ce changement d’appellation marque « l’abandon

de la référence à une fonction professionnelle en insistant sur la finalité dominante du baccalauréat de

technicien, à savoir l’accès au BTS et DUT »1. Ces évolutions sont dictées par l’objectif consistant à

conduire 80% d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat d’ici l'an 2000.

Le baccalauréat va ainsi progressivement se démocratiser. Quelques dates permettent de mesurer cette

évolution. En 1880, à peine 1% d’une classe d’âge obtient le baccalauréat. De 1930 à 1948, le nombre de

candidats reçus à l'examen double, passant de 15 000 à 30 0002. En 1969, plus de 137 000 élèves

décrochent le baccalauréat. En 1987, date de délivrance des premiers baccalauréats professionnels, plus

de 278 000 élèves sont reçus. La barre des 500 000 lauréats est franchie en 2006.

Evolution du nombre de bacheliers entre 1960 et 2010

Source : Ministère de l’Education Nationale

Cette progression significative a été notamment favorisée par une diversification du diplôme. Le

diagramme qui suit souligne l’évolution de la part des différentes familles de baccalauréats.

1 Bouyx Benoît, « L’enseignement technologique et professionnel, Paris, La Documentation Française, 1997.

2 Ministère de l’Education Nationale, « Le baccalauréat : repères historiques », 2007

0

100 000

200 000

300 000

400 000

500 000

600 000

700 000

No

mb

re a

nn

ue

l de

dip

lôm

és

Baccalauréat général Baccalauréat technologique Baccalauréat professionnel

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 3

En 1987, date de sortie des premiers bacheliers professionnels, la proportion de bacheliers

technologiques représente un tiers de l’ensemble des bacheliers. Cette proportion diminuera par la suite

en se situant sous la barre des 30%. En 2011, pour la première fois depuis sa création, le baccalauréat

professionnel représente plus du quart des lauréats (toutes séries confondues), dépassant le

baccalauréat technologique (22%). La répartition des bacheliers s’est modifiée en faveur des séries

professionnelles au détriment des séries générales (-1,4%) et surtout des séries technologiques (-6,8%).

Poids des différents baccalauréats entre 1960 et 2009

Source : Ministère de l’Education Nationale

La réussite des différentes voies présente néanmoins des différences comme le souligne les derniers

résultats relatifs au baccalauréat 2012. En attente des résultats définitifs qui seront fournis à l’issue des

épreuves exceptionnelles de rattrapage prévues en septembre, le baccalauréat 2012 enregistre un taux

de réussite global de 84,5 %. Si les voies générale et technologique ont enregistré une légère progression

par rapport à 2011, en revanche, la voie professionnelle, récemment réformée enregistre une baisse

supérieure à cinq points.

Résultats du baccalauréat 2012

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

110

%

Baccalauréat général Baccalauréat technologique Baccalauréat professionnel

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 4

L’examen de la croissance du nombre de bacheliers technologiques fait apparaître une période de

croissance continue, seulement interrompue au cours de l’année 1985. Entre 1990 et 1995, cette

croissance va toutefois progressivement se ralentir avant de connaître une rupture traduite par une

baisse au cours des années 1996 et 1997.

Evolution du nombre de bacheliers technologiques depuis 1969

Source : Ministère de l’Education Nationale

Une nouvelle progression sera enregistrée à partir de 1998, mais l’année 2001 enregistrera une nouvelle

rupture. Malgré de très légères progressions en 2003, 2004 et 2009 le nombre de bacheliers

technologiques se réduit passant sous la barre des 160 000 diplômés annuels. La forte croissance des

années 1985 à 1995 a été marquée par la progression des bacheliers de la série STG. A l’inverse, la série

STI a connu une baisse de 25% de ses effectifs au cours de la dernière décennie, conduisant à une

nouvelle réforme du baccalauréat.

1.2. Un accès croissant à l’enseignement supérieur pour les bacheliers technologiques

A l’origine, le baccalauréat de technicien débouchait majoritairement sur la recherche d’une insertion

professionnelle. Progressivement la propension à poursuivre leurs études des lauréats de baccalauréats

technologiques s’est accentuée. Le début des années 80 a été marqué par une entrée massive des

bacheliers technologiques dans l'enseignement supérieur3. Moins de six diplômés sur dix poursuivaient

3 Lemaire Sylvie, « Les bacheliers technologiques dans l’enseignement supérieur », Bureau des études statistiques

sur l’enseignement supérieur Direction de l’évaluation et de la prospective, Education et Formation, n°67, 17 p.,

2004

0

20 000

40 000

60 000

80 000

100 000

120 000

140 000

160 000

No

mb

re a

nn

ue

l d

e b

ach

eli

ers

te

chn

olo

giq

ue

s

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 5

des études après le baccalauréat au début des années 80. Au milieu des années 2000, ils étaient

quasiment huit sur dix à le faire. En 2010, le taux d’inscription des bacheliers technologiques dans

l’enseignement supérieur s’élevait à 77,8%4.

Les bacheliers technologiques qui ont poursuivi leurs études en 2010-2011 étaient 55% à s’inscrire en

STS, 19% à s’inscrire en licence et 12% en IUT. A titre de comparaison, les bacheliers généraux étaient 9%

à poursuivre en STS, 10% en IUT, 56% en licence et 13% en CPGE. C’est en STS production que les

évolutions sont les plus fortes : la part des bacheliers professionnels augmente de 8,2 points, celle des

bacheliers technologiques diminue de 25,3 points entre 2005 et 2011.

1.3. Les éléments apportés à partir de la procédure d’Admission Post Bac

Une étude réalisée par Christian CUESTA5 (ADIUT) en mai 2010 et portant sur la procédure admission

post-bac (APB) 2009 apporte quelques éclairages utiles au sujet des bacheliers technologiques. L’année

2009 est d’autant plus intéressante qu’elle correspond à une généralisation de la procédure APB à

l’ensemble des IUT.

Il ressort de ce bilan que les bacheliers technologiques sont à l’origine de 22% des candidatures. Les IUT

ont classé 48,5% de ces candidatures. Cependant une différence très nette apparaît entre les spécialités

secondaires qui ont classé 64% des candidatures et les spécialités tertiaires qui n’ont classé que 42% de

ces candidatures. 24% des propositions acceptées sont celles de bacheliers technologiques. Cette valeur

est supérieure aux candidatures, mais inférieure aux nouveaux entrants de 2008-2009.

Le poids des bacheliers technologiques dans les candidatures est à la fois lié à la série de baccalauréat,

STI et STL pour les spécialités secondaires et STG pour les spécialités tertiaires, mais aussi aux difficultés

de recrutement auxquelles sont confrontées certaines spécialités comme Génie Industrielle et

Maintenance ou Génie Electrique et Informatique Industrielle pour les spécialités secondaires et Gestion

Logistique et Transport pour les spécialités tertiaires. Il reste que le pourcentage des candidatures de

bacheliers technologiques est très différent d’une spécialité à l’autre. En outre les spécialités qui

recrutent des bacheliers STL ont peu de candidatures du fait du faible nombre de bacheliers dans cette

série. C’est notamment le cas de la spécialité Mesures Physiques confrontée au fait que le baccalauréat

STL, option physique, ne comptait en 2009 que 918 lauréats.

1.4. Les bacheliers technologiques entrant en IUT

En ce qui concerne les IUT, quatre filières de baccalauréats concentrent plus de 90% des entrants : les

bacheliers généraux scientifiques (S), les bacheliers généraux issus des sections économiques (ES), les

bacheliers technologiques issus de la filière des sciences et technologies de la Gestion (STG) et de la

filière des sciences et techniques industrielles (STI). Il est à noter que les bacheliers technologiques STI et

STG ont en majorité obtenu leur baccalauréat avec retard.

4 Repères et références Statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche, DEPP, Edition 2011, 424 p.

5 Cuesta C., « Analyse du recrutement 2009-2010 en première année de DUT », Note interne, Mai 2010

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 6

Nouveaux entrants en IUT selon les séries de baccalauréats technologiques

Source : MESR – SIES C1/SP Juillet 2010

Parmi les nouveaux entrants titulaires d’un baccalauréat technologique, 50% sont titulaires d’un

baccalauréat STG et 40% d’un baccalauréat STI. La troisième population la plus représentée concerne les

bacheliers STL, dont le poids reste cependant limité : 8%.

La série de baccalauréat technologique d’origine conditionne le type de spécialités dans laquelle seront

accueillis les nouveaux bacheliers. 78% des nouveaux entrants dans une spécialité secondaire sont

titulaires d’un baccalauréat technologique de la série STI et 17% de la série STL.

Nouveaux entrants en IUT selon la séries de baccalauréats technologiques

et le type de spécialité de DUT

Source : MESR – SIES C1/SP Juillet 2010

85% des entrants dans une spécialité tertiaire sont titulaires d’un baccalauréat STG.

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 7

Si les différences sont très nettes entre les deux grandes familles de spécialités de DUT, il existe

également des écarts notoires au sein de chacune de ces familles.

Si l’on raisonne sur l’ensemble des bacheliers nouvellement accueillis dans les spécialités secondaires, on

observe que les spécialités Génie Electrique et Informatique Industrielle (48,5%) et Génie Industriel et

Maintenance (42,9%) enregistrent en 2009 les taux de bacheliers technologiques les plus importants

parmi les nouveaux entrants. Deux autres spécialités se situent également au-dessus de 33% (Réseaux et

Télécommunications et Qualité Logistique industrielle et Organisation). A l’opposé, pour quatre

spécialités secondaires, le taux de bacheliers technologiques est inférieur à 20% : Génie Biologique

(19,4%), Sciences et Génie des Matériaux (19,3%), Chimie (17,4%) et surtout Mesures Physiques (10,1%).

Si l’on se limite aux nouveaux bacheliers technologiques accueillis en IUT dans les DUT secondaires en

2009, on note que neuf spécialités accueillent plus de 60% de bacheliers STI : Génie Civil, Génie du

Conditionnement et de l’Emballage, Génie Electrique et Informatique Industrielle, Génie Industriel et

Maintenance, Génie Mécanique et Productique, Génie Thermique et Energie, Qualité Logistique

industrielle et Organisation, Réseaux et Télécommunications, Science et Génie des Matériaux.

Répartition des nouveaux entrants en première année de DUT secondaire

selon la spécialité et la série de baccalauréat

Source : SIES, juillet 2010

Deux spécialités enregistrent un taux de bacheliers STL supérieur à 95% (Chimie et Génie Chimique -

Génie des Procédés) et une spécialité enregistre un taux supérieur à 75% (Génie Biologique). Enfin, deux

spécialités se distinguent par un accueil de bacheliers technologiques issus des deux séries STI et STL

(Hygiène Sécurité Environnement et Mesures Physiques).

Pour les spécialités tertiaires, la spécialité Techniques de Commercialisation enregistre le taux le plus

élevé de bacheliers technologiques parmi ses nouveaux entrants (36,3%).

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 8

Répartition des nouveaux entrants en première année de DUT tertiaire

selon la spécialité et la série de baccalauréat

Source : SIES, juillet 2010

Trois autres spécialités enregistrent un taux supérieur à 30% : Carrières Juridiques (35,4%), Gestion

Administrative et COmmerciale (34,3%) et Gestion Logistique et Transport (33,2%). Cette dernière

présente en outre la particularité d’enregistrer un taux de bacheliers professionnels parmi ces nouveaux

entrants proche de 13%. A l’opposé, deux spécialités enregistrent des taux inférieurs à 20% :

Information-Communication (15,3%) et STatistique et Informatique Décisionnelle (7%).

Si l’on se limite aux bacheliers technologiques accueillis en 2009 dans les spécialités tertiaires, on

constate que cinq spécialités enregistrent un taux de bacheliers STG supérieur à 90% : Carrières

Juridiques, Gestion Administrative et COmmerciale, Gestion des Entreprises et des Administrations,

Gestion Logistique et Transport, Information-Communication et Techniques de Commercialisation. Pour

les autres spécialités on ne retrouve pas l’hégémonie de la série STG : Carrières Sociales (51,1%), Services

et Réseaux de Communication (43,6%) et Informatique (20,1%). Le nombre de bacheliers technologiques

inscrits dans la spécialité STatistique et Informatique Décisionnelle est quant à lui extrêmement faible.

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 9

1.5. La réussite des bacheliers technologiques en IUT

A partir des données fournies par la DEPP dans son ouvrage annuel « Repères et références

statistiques », il est possible de reconstituer les taux de réussite en deux et trois ans des étudiants d’IUT

en distinguant leur baccalauréat d’origine.

Réussite en IUT en deux ou trois ans par secteur de formation professionnelle

et par filière de baccalauréat (%)

Source : Repères et références statistiques, DEPP, 2007, 2008, 2009, 2010 et 2011

On observe que sur cinq années d’observation, le taux de réussite cumulé sur trois ans des étudiants

d’IUT, titulaires d’un baccalauréat général, se situe entre 81,5% et 82%, quand celui des titulaires d’un

baccalauréat technologique se situe entre 66,4% et 67,8%.

Si ce taux progresse sur les quatre dernières années d’observation pour les titulaires d’un baccalauréat

technologique, le différentiel reste important avec les titulaires d’un baccalauréat général.

Enfin, si bon an mal an, 10% des étudiants, titulaires d’un baccalauréat général, obtiennent leur DUT en

trois ans, ils sont presque 20% parmi les titulaires d’un baccalauréat technologique.

Etudiants inscrits pour la

première fois en

Baccalauréat

général

Baccalauréat

technologique

2002 Réussite en deux ans 73,3 55,2

Réussite en deux ans 8,6 11,4

Réussite cumulée en trois ans 81,8 66,6

2003 Réussite en deux ans 72,8 54,5

Réussite en deux ans 8,8 11,8

Réussite cumulée en trois ans 81,5 66,4

2004 Réussite en deux ans 74,1 55,4

Réussite en deux ans 7,9 11,5

Réussite cumulée en trois ans 82,0 66,9

2005 Réussite en deux ans 72,7 54,5

Réussite en deux ans 8,8 12,7

Réussite cumulée en trois ans 81,5 67,1

2006 Réussite en deux ans 72,4 54,8

Réussite en deux ans 9,6 12,9

Réussite cumulée en trois ans 82,0 67,8

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 10

1.6. Entrer en DUT… et après ?

Depuis 2003, le réseau des IUT a mis en place, dans le cadre d’une collaboration étroite avec la DGESIP,

une enquête portant sur le devenir des diplômés de DUT. Tous les ans, les diplômés ayant terminé leurs

études de DUT, 30 mois plus tôt, sont enquêtés sur la base d’un questionnaire proposé via internet. Le

taux de retour de ces enquêtes est de l’ordre de 50%. Les réponses fournies par les IUT permettent

d’identifier les principaux parcours privilégiés par les diplômés.

L’Assemblée Générale de l’ADIUT qui s’est déroulée le 25 mai dernier a été l’occasion de présenter les

résultats de la neuvième enquête nationale et de mettre ses résultats en perspective avec les huit

précédentes éditions de l’enquête. Le premier graphique proposé ci-dessous propose une comparaison

des parcours privilégiés par les diplômés de DUT selon leur baccalauréat d’origine.

Trajectoires privilégiées par les diplômés de DUT 2009 selon le baccalauréat d’origine

Source : Neuvième enquête sur le devenir des diplômés de DUT, DGESIP – ADIUT 2012

Les titulaires d’un baccalauréat technologique ont une propension plus importante à s’insérer

immédiatement et durablement, c’est-à-dire sans reprise d’études au cours des trois ans qui suivent

l’obtention de leur DUT (19,1% contre 9,9% pour les titulaires d’un baccalauréat général). Ceux qui

poursuivent leurs études, poursuivent moins longtemps. 26% des diplômés limitent leur poursuite

d’études à une année contre 18,9% des titulaires d’un baccalauréat général. Plus de la moitié de ces

derniers poursuivent leurs études au cours des trois années qui suivent l’obtention de leur DUT contre

un peu plus d’un tiers des titulaires de baccalauréats technologiques.

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 11

Le diagramme suivant permet de mesurer la manière dont les poids des différents parcours ont évolué

depuis la première enquête.

Evolution des trajectoires privilégiées par les diplômés de DUT 2009 selon le baccalauréat d’origine

Source : Enquêtes sur le devenir des diplômés de DUT, DGESIP – ADIUT 2012

Ce diagramme souligne d’abord que la tendance à l’allongement des études touche aussi bien les

bacheliers généraux que les bacheliers technologiques. En neuf ans, la propension à s’insérer

immédiatement et durablement a perdu 16 points pour les bacheliers généraux et 18 points pour les

bacheliers technologiques. Cette évolution a davantage bénéficié aux études courtes, notamment

licences professionnelles pour les bacheliers technologiques (+ 11 points sur neuf ans, contre + 8 points

pour les bacheliers généraux). Elle a en revanche bénéficié davantage aux études longues pour les

bacheliers généraux (+ 8 points en neuf ans contre + 5 points pour les bacheliers technologiques).

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 12

Un autre élément, fourni à partir des résultats de la dernière enquête nationale sur le devenir des

diplômés de DUT, concerne le retard accumulé au moment de l’obtention du baccalauréat par les

différents profils d’étudiants.

Retard au baccalauréat des diplômés de DUT 2009

Source : Neuvième enquête sur le devenir des diplômés de DUT, DGESIP – ADIUT 2012

Le poids des diplômés en retard au baccalauréat apparaît très différent selon le type de baccalauréat

préparé. Ainsi, 27% des titulaires d’un baccalauréat général, parmi les diplômés 2009 enregistraient au

moins une année de retard. Cette proportion dépassait 50% pour les titulaires d’un baccalauréat

technologique et atteignait 99% pour les titulaires d’un baccalauréat professionnel.

Le résultat du retard au baccalauréat professionnel s’explique en raison de la durée de la formation, plus

longue d’un an. Ces diplômés qui n’avaient pas été impactés par la récente réforme des baccalauréats

professionnels, préparaient leur baccalauréat en quatre ans intégrant au passage les examens de CAP et

de BEP. Si l’on prend comme âge de référence pour les bacheliers professionnels « 19 ans » au lieu de

« 18 ans » on constate néanmoins que 60% d’entre eux peuvent être considérés comme « en retard ».

On comprend que le cumul du retard au baccalauréat qui peut également s’accompagner d’une durée de

trois ans pour obtenir le DUT ne favorise pas la poursuite d’études des titulaires de baccalauréats

technologiques.

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 13

Lorsque l’on compare les trajectoires d’études privilégiées par les diplômés de DUT, on note que les

titulaires d’un baccalauréat technologique privilégient largement la licence professionnelle (42%), tandis

que les titulaires d’un baccalauréat général tendent à se répartir équitablement entre licence générale et

licence professionnelle.

Type de poursuite d’études engagées à l’issue du DUT selon le baccalauréat d’origine

Source : Neuvième enquête sur le devenir des diplômés de DUT, DGESIP – ADIUT 2012

Les deux populations ne se distinguent pas véritablement en ce qui concerne la place des études

correspondant souvent à un niveau d’habilitation équivalent ou inférieur au DUT, mais également pour

les autres formations. L’écart est plus net en ce qui concerne la place des écoles d’ingénieur dans les

trajectoires privilégiées et dans une moindre mesure les écoles de commerce ou de gestion.

L’examen du bilan de ces parcours ne présente pas de différences très importantes entre les deux

populations. Les abandons ou échecs sont plus nombreux chez les titulaires de baccalauréats

technologiques, mais l’écart avec les titulaires de baccalauréats généraux reste mesuré.

Bilan des poursuites d’études engagées à l’issue du DUT selon le baccalauréat d’origine

Source : Neuvième enquête sur le devenir des diplômés de DUT, DGESIP – ADIUT 2012

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 14

3. Les principaux constats relatifs aux bacheliers technologiques

Les nombreux éclairages apportés par les informations compilées dans les pages précédentes et les

compléments extraits d’une série d’articles de recherche émanant de différentes disciplines (économie,

sociologie…) permettent, à ce stade de lister une série de constats :

- Deux injonctions ont été particulièrement marquantes au cours des dernières décennies : la

volonté d’amener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat qui a accompagné la loi de programme

sur l'enseignement technologique et professionnel du 23 décembre 1985 et le traité de Lisbonne

affichant l’ambition que 50% d’une classe d’âge puisse sortir diplômée de l’enseignement

supérieur.

- L’évolution des bacheliers technologiques a été marquée par une forte croissance de la série

tertiaire STG, entre 1985 et 1995, et une baisse de la série STI au cours des dix dernières années.

- Comme le rappelle le site du Ministère de l’Education Nationale, le baccalauréat technologique

prépare davantage, aujourd'hui, à la poursuite d'études qu'à l'emploi immédiat, signifiant que ce

n’était pas la vocation initiale de ce diplôme. En 2010, le taux d’inscription des bacheliers

technologiques dans l’enseignement supérieur s’élevait à 77,8%.

- La croissance des effectifs de bacheliers technologiques a été davantage absorbée par les

Sections de Techniciens Supérieurs et les premiers cycles universitaires.

- Les refontes régulières des programmes pédagogiques nationaux, bien qu’engagées avec le

soutien des acteurs du monde économique, ont le plus souvent privilégié une entrée académique.

La nouvelle réforme des PPN a été présentée comme devant répondre à la réforme des

baccalauréats (construction par l’amont) et non par de nouveaux besoins exprimés par les

entreprises (construction par l’aval). L’effort entrepris par la CCN et les CPN à l’occasion de cette

réforme, notamment avec l’important travail réalisé sur les activités et compétences souligne

l’importance du chemin qu’il reste à accomplir sur cette question.

- L’édition 2009 de la procédure Admission Post Bac indique que les bacheliers technologiques

sont à l’origine de 22% des candidatures en IUT. Si ces derniers ont classé 48,5% de ces

candidatures, cette proportion est plus forte pour les spécialités secondaires (64%) que pour les

spécialités tertiaires (42%).

- L’analyse menée à partir du dispositif Admission Post Bac indique que certains titulaires de

baccalauréats technologiques placent certaines spécialités de Licence en vœux 1.

- Si les bacheliers technologiques tendent à privilégier une orientation vers des formations courtes

professionnalisantes, la très grande majorité d’entre eux, bons et moins bons élèves, s’inscrivent

en STS, et pour beaucoup, dans le lycée même où ils ont préparé leur baccalauréat. Seuls les

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 15

moins bons de l’enseignement technologique écartés des écoles d’infirmières ou des STS

« tertiaires » se retrouveront un temps sur les bancs de la fac6.

- L’engouement massif pour les filières courtes a été interprété comme le résultat d’une incapacité

de l’université à accueillir et à diplômer les bacheliers technologiques, or des chercheurs en

sciences sociales7 ont mis en évidence, en s’intéressant aux modes d’entrées dans l’enseignement

supérieur des bacheliers les moins assurés scolairement et socialement, que le choix d’une STS

après le baccalauréat se faisait moins contre l’université que sans elle. L’enseignement supérieur

se présente à eux comme un marché segmenté au sein duquel le sous-espace des STS constitue un

espace de projection privilégié, voire exclusif.

- Des travaux de recherche ont montré que, contre toute attente, les étudiants justifient le choix

d’une STS par la volonté de ne pas s’engager dans une voie trop spécialisée. Le BTS est ainsi vu

comme un diplôme conservant une certaine généralité et n’enfermant pas dans un cadre trop

fermé. En outre les candidatures en STS sont très homogènes. Les bacheliers formulent des vœux

panachés, mais au sein d’un seul type de structure : les STS.

- L’intérêt massif des bacheliers populaires pour les STS apparaît moins comme un attrait positif

pour un métier que comme le résultat d’un choix à modalité unique. La filière d’origine détermine

pour beaucoup la filière de poursuite d’études8. Les filières de STS en viennent à s’imposer comme

des suites quasiment naturelles de leur parcours scolaire. L’accès à l’enseignement scolaire ne

marque pas une rupture scolaire. Dans leur poursuite d’études, les bacheliers issus de milieux

populaires ont tendance à chercher une cohérence moins avec un projet professionnel à venir

qu’avec leur scolarité passée. Les élèves inscrits en STS, pour moitié d’origine populaire, n’ont pas

une connaissance suffisante de l’enseignement supérieur pour programmer leur scolarité à long

terme.

- Il existe également un véritable travail de l’institution scolaire qui contribue à imposer le BTS

comme nouvel horizon scolaire à un public déjà disposé à la proximité scolaire et géographique.

Pour les futurs élèves de seconde, ce ne sont pas seulement trois années de formation qui leur

sont proposées, et les menant jusqu’au baccalauréat, mais bien plutôt cinq, les conduisant

jusqu’au BTS. Les enseignants des lycées logiquement mettent en point de mire les possibilités de

poursuite à l’issue du baccalauréat « ici, dans la maison ». Les publics, principalement d’origine

populaire, et par conséquent moins familiarisés et préparés à l’enseignement supérieur par leurs

parents, sont plus enclins que d’autres, car plus dépendants, à recevoir et accepter une forme

d’injonction scolaire à la poursuite d’études en STS. Ce prosélytisme est d’autant plus efficace qu’il

s’adresse à des étudiants dont le projet professionnel est peu ou pas défini.

6 Bernard Convert, « Espace de l’enseignement supérieur et stratégies étudiantes », Actes de la Rechercher en

Sciences Sociales, n°183, pp. 14-31, 2010. 7 Orange Sophie, « Le choix du BTS : entre construction et encadrement des aspirations des bacheliers d’origine

populaire », Actes de la Rechercher en Sciences Sociales, n°183, pp. 32-47, 2010. 8 Orange Sophie, « Un « petit supérieur » : pratique d’orientation en section de technicien supérieur, Revue

française de pédagogie, n°167, avril-mai-juin 2009.

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 16

- Si l’institution scolaire participe en amont, à l’intériorisation d’un probable par les élèves les

moins armés socialement et scolairement, les commissions de sélection tendent à privilégier, en

aval leur recrutement9.

- Il peut arriver que cette injonction, plutôt que de jouer sur les atouts des STS, se contentent de

mettre en avant des obstacles se révélant difficilement franchissables pour les titulaires de

bacheliers technologiques : « Si tu n’as pas au moins 13 ou 14 de moyenne, ce n’est pas la peine,

tu ne seras pas pris en IUT », « si tu vas en IUT, c’est pour faire des études longues »... Il est à noter

que ces affirmations peuvent aussi bien venir des enseignants de lycées que d’autres prescripteurs

comme certains responsables de CIO.

- L’avancée par proximité des étudiants de STS se traduit également géographiquement. Les

étudiants trouvent dans les opportunités locales que sont ces formations une manière de vivre le

supérieur « à la maison »10

. Si les étudiants cherchent à aller au plus près scolairement, ils

cherchent également à aller au plus près spatialement.

- Les dispositifs de recrutement proposés par les IUT présentent une faible hétérogénéité et

s’appuient pour la plupart sur des critères scolaires : type de baccalauréat, résultats scolaires,

appréciations portées sur les bulletins…

- 98% des bacheliers entrant en IUT sont issus de trois séries de baccalauréats technologiques. Les

spécialités secondaires d’IUT accueillent principalement des bacheliers technologiques issus des

séries STI et, dans une moindre mesure STL, tandis que les spécialités tertiaires attirent en grande

majorité des bacheliers issus de la série STG.

- Certaines spécialités de DUT ne disposent d’aucun vivier de bacheliers technologiques affichant

des prérequis attendus au regard de leur programme national. D’autres ne peuvent s’appuyer que

sur un vivier très limité, à l’image de la spécialité Mesures Physiques qui peut intéresser des élèves

de la série STL, option physique, mais dont moins de 1000 lauréats sont diplômés chaque année.

- Certains départements d’IUT rencontrent des difficultés de recrutements liées à l’absence de

vivier suffisant, pouvant résulter dans certains cas d’une forte concurrence des sections de

techniciens supérieurs (STS).

- Le taux de réussite au DUT, cumulé sur trois années, fait apparaître un différentiel de près de 15

points entre les titulaires d’un baccalauréat général et les titulaires d’un baccalauréat

technologique. La proportion d’étudiants obtenant le DUT en trois ans est de 10% pour les

titulaires d’un baccalauréat général et de 20% pour les titulaires d’un baccalauréat technologique.

- Les parcours post-DUT des étudiants titulaires d’un baccalauréat technologique sont marqués par

une insertion professionnelle immédiate et des études courtes, notamment en licence

9 Orange Sophie, « Le choix du BTS : entre construction et encadrement des aspirations des bacheliers d’origine

populaire », Actes de la Rechercher en Sciences Sociales, n°183, pp. 32-47, 2010. 10

Beaud Stéphane, « 80% au bac… et après ? Les enfants de la démocratisation scolaire, Paris, La Découverte,

2002.

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 17

professionnelle, plus importantes que pour les étudiants d’un baccalauréat général. Cependant sur

le long terme, le phénomène d’allongement des études impacte autant les titulaires des deux

types de baccalauréats.

- Les échecs constatés lors des poursuites d’études engagées à l’issue du DUT par les titulaires de

baccalauréats technologiques ne présentent pas d’écarts très importants avec les échecs

enregistrés par les titulaires de baccalauréats généraux.

- De nombreux raisonnements évoquent « les IUT… », « les départements tertiaires… », « les

baccalauréats technologiques… », « les baccalauréats technologiques tertiaires… » comme si à

chaque fois il s’agissait de groupes parfaitement homogènes. De nombreuses situations

constatées à partir d’éléments statistiques ou d’études menées par des chercheurs soulignent une

forte hétérogénéité des publics et des situations.

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 18

4. Les propositions d’actions

A partir des constats dressés précédemment, il est possible d’identifier une série de mesures préalables

à un accueil croissant des bacheliers technologiques en IUT.

Proposition n°1 : Approfondir certaines investigations

Certains thèmes évoqués précédemment mériteraient de pouvoir être approfondis et pourraient

nécessiter des analyses complémentaires : les bacheliers plaçant les licences classiques en premier

vœux, le profil des bacheliers technologiques se retrouvant par défaut à l’université, une analyse

plus fine des bacheliers STG distinguant les options suivies (certaines options sont-elles plus

prisées que d’autres par les équipes pédagogiques des IUT ?).

Proposition n°2 : Imaginer une année de remise à niveau pour certains bacheliers

On ne peut exclure que certains candidats, bien que titulaires d’un baccalauréat, quelle qu’en soit

la nature, aient un niveau académique ne leur permettant pas de prétendre à un accès direct dans

une formation courte de l’enseignement supérieur. Il serait nécessaire de penser une remise à

niveau de ces étudiants. Celle-ci devra impérativement s’accompagner d’une réflexion sur le projet

personnel et professionnel. En effet, plusieurs travaux de recherche mettent l’accent sur l’absence

de projet de beaucoup de bacheliers.

Proposition n°3 : Augmenter le nombre de candidatures portées par des bacheliers

technologiques

La captivité des étudiants vis-à-vis de leur établissement d’origine, le travail de l’institution scolaire

contribuant à imposer le BTS comme nouvel horizon scolaire à un public déjà disposé à la

proximité scolaire et géographique, et les messages passés par certains prescripteurs conduisent à

une autocensure de certains candidats. Une campagne nationale de communication et un

positionnement clair des rectorats, notamment dans le cadre des réflexions devant être menées

en région sur l’offre de formation permettraient de réduire cette tendance à l’autocensure.

Proposition n°4 : Diffuser les pratiques de projet personnel et professionnel

L’importance du rôle joué par la filière d’origine, contrairement à l’attrait positif d’un métier, dans

la détermination des bacheliers populaires pour les STS justifierait un renforcement des activités

destinées à aider un jeune à se construire progressivement un projet personnel et professionnel.

Proposition n°5 : Communiquer sur le rôle de la licence professionnelle comme élément

déterminant de l’ascenseur social

Le nombre d’étudiants de BTS accueillis en licence professionnelle est supérieur au nombre

d’étudiants d’IUT. Parmi ceux-ci figurent de nombreux bacheliers technologiques qui s’ils n’ont pas

été intégrés en IUT dès le DUT, l’ont été à l’occasion de la licence professionnelle. Il pourrait être

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 19

utile d’en connaître le nombre afin de valoriser cet accueil auprès des acteurs institutionnels mais,

également, de renforcer la communication auprès des candidats potentiels.

Proposition n°6 : Poursuivre le décloisonnement entre enseignement supérieur et enseignement

du second degré

La réforme des baccalauréats technologiques, l’abandon des plateaux technologiques, les besoins

de renforcer le projet personnel et professionnel et la nécessité de permettre aux lycéens de

connaître davantage l’environnement de l’enseignement supérieur, et notamment celui des IUT,

nécessite de poursuivre le décloisonnement engagé il y a quelques années entre enseignement

supérieur et enseignement du second degré.

Proposition n°7 : Recruter autrement

Le caractère quasi exclusif des prérequis pédagogiques comme élément de sélection des entrants

à l’IUT ne correspond pas à la réalité du marché du travail. Une entreprise ne sélectionne pas

uniquement un diplôme. Une évolution des modalités de recrutement évitant de limiter les

critères de sélection aux seuls éléments de cursus antérieurs permettrait d’offrir une chance à

certains bacheliers technologiques et sans doute de réduire certains défauts d’orientation.

Proposition n°8 : Renforcer l’accompagnement des étudiants en difficulté

Les taux de réussite des bacheliers technologiques présentent un différentiel important avec ceux

des bacheliers généraux. Les IUT ont reçus des moyens afin de favoriser l’accueil, mais également

l’accompagnement des bacheliers technologiques. Les difficultés académiques rencontrées par

certains de ces étudiants mais aussi d’étudiants titulaires d’autres baccalauréats nécessitent une

mobilisation importante sur la recherche de solution didactique permettant d’améliorer les taux

de réussite des étudiants. Les projets développés par de nombreux IUT ces dernières années

doivent faire l’objet d’un recensement.

Proposition n°9 : Mobiliser l’ensemble des acteurs des IUT

Il n’est pas possible de changer les pratiques établies sans une politique d’établissement forte. La

question de l’accueil des bacheliers technologiques n’échappe pas à cette difficulté. Il est

nécessaire qu’au sein des différentes instances de l’IUT, mais également qu’à l’occasion des

collaborations nouées entre l’IUT et son université de rattachement, notamment lors de

l’élaboration du COM et du contrat quadriennal, des débats soient conduits sur cette question afin

de sensibiliser l’ensemble des acteurs. Les échanges menés au sein des ARIUT doivent également

contribuer à faire évoluer les pratiques.

Proposition n°10 : Valoriser les parcours de réussite des bacheliers technologiques

Il s’agirait de mener à partir des enquêtes nationales sur le devenir des diplômés de DUT une

étude approfondie sur les parcours privilégiés par les titulaires de baccalauréats technologiques,

aussi bien sur leurs orientations professionnelles que sur les poursuites d’études engagées, afin de

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 20

mesurer la performance de ces parcours et de vérifier d’éventuels écarts avec les titulaires de

baccalauréats généraux.

Proposition n°11 : Requestionner certains programmes pédagogiques nationaux

Le travail effectué sur les référentiels de formation n’a-t-il pas fait la part belle aux contenus

pédagogiques au détriment des attendus professionnels ? Si la réponse est positive ce déséquilibre

n’a-t-il pas contribué à sa manière à un allongement mécanique des études ? Les enquêtes sur le

devenir des diplômés de DUT permettent d’identifier, pour chaque spécialité, les métiers

constituant les principaux débouchés. Une analyse de terrain sur les métiers identifiés permettrait

de repérer plus précisément les savoirs nécessaires et les compétences attendues.

Le recrutement de certaines spécialités a évolué avec le temps. Des profils de bacheliers jugés

inadaptés à certaines époques ont progressivement été jugés « compatibles » avec la formation

proposée, souvent pour répondre à une baisse significative des candidats. La transformation du

DUT OGP en DUT QLiO s’est accompagnée d’une volonté d’ouverture vis-à-vis des baccalauréats

généraux de la série ES. Ces mêmes bacheliers intéressent aujourd’hui les départements HSE qui

jusqu’à présent privilégiaient des recrutements de baccalauréats S.

Proposition n°12 : Renforcer le rôle des CPN et de la CCN

Le rôle d’évaluation des instances nationales CPN et CCN doit être renforcé afin que les moyens

affectés aux IUT tiennent compte d’un véritable bilan mettant en avant les efforts entrepris et les

résultats obtenus par les équipes au plan local sur la question de l’accueil des bacheliers

technologiques.

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 21

Compléments

Evolution du recrutement des nouveaux bacheliers selon la spécialité

Partant de l’hypothèse que les pratiques en matière de recrutement pouvaient fortement varier

d’une spécialité à l’autre, nous avons souhaité établir une comparaison. Nous disposions des

données fournies par le SIES sur plusieurs années. Nous avons choisi de comparer les informations

les plus anciennes (2003-2004) avec les informations les plus récentes (2010-2011).

Entre 2003 et 2010, le nombre de nouveaux bacheliers entrant en IUT et titulaires de l’un des trois

baccalauréats a progressé de 1,3%. Cette progression a toutefois bénéficié aux bacheliers

généraux, +5,4% (1661 inscrits) et aux bacheliers professionnels, +38,5% (610 inscrits). Dans le

même temps les bacheliers technologiques ont baissé de 8% (1354 inscrits).

Evolution des bacheliers et des nouveaux entrants en première année de DUT en 2003 et 2010

Cette évolution ne s’explique que partiellement par la baisse des lauréats du baccalauréat

technologique, comme le souligne le tableau ci-dessus.

En outre les spécialités secondaires et tertiaires ont connu des évolutions différentes entre 2003

et 2010.

Le secteur secondaire a enregistré une baisse de ses entrants en DUT de 2,5% entre 2003 et 2010

tandis que le secteur tertiaire a vu son nombre d'entrants augmenter de 4,2%. La baisse de 8,8%

des effectifs des baccalauréats technologiques vient pour 72,4% (981/1 354) de la perte d'effectifs

connu dans le secteur secondaire. Un effort de recrutement chez les baccalauréats professionnels

dans le secteur secondaire est visible mais il ne représente que 111 nouveaux entrants sur 981

issus de baccalauréats technologiques perdus, soit une compensation de 11,3%.

Le secteur tertiaire enregistre une perte d'entrants issus de baccalauréats technologiques

moindre. Le recrutement de baccalauréats professionnels est également plus satisfaisant en

nombre, il représente 51% des baccalauréats technologiques perdus (192/373). Cependant, le

secteur tertiaire enregistre également une nette augmentation de ses entrants qui sont titulaires

Effectif des bacheliers diplômés

Général Evol Technologique Evol Professionnel Evol Total

2003 260 119 137 891 88 040 486 050

2010 279 751 133 431 118 586 531 768

Effectif des nouveaux entrants en première année de DUT

2003 30 616 15 381 786 46 783

2010 32 277 14 027 1 089 47 393

7,55% -3,23% 34,7%

5,43% -8,80% 38,5%

Eff. 2003 Eff. 2010 Ecart Evol Eff. 2003 Eff. 2010 Ecart Evol Eff. 2003 Eff. 2010 Ecart Evol Eff. 2003 Eff. 2010 Ecart Evol

Secondaire 13 120 13 482 362 2,8% 6 863 5 882 -981 -14,3% 235 346 111 47,2% 20 218 19 710 -508 -2,5%

Tertiaire 17 496 18 795 1 299 7,4% 8 518 8 145 -373 -4,4% 551 743 192 34,8% 26 565 27 683 1 118 4,2%

Total 30616 32277 1661 5,4% 15381 14027 -1354 -8,8% 786 1089 303 38,5% 46783 47393 610 1,3%

Evolution 2010 VS 2003Général Technologique Professionnel TOTAL

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 22

d'un baccalauréat général (+ 1 299 entrants). Ce fort recrutement de bacheliers généraux a

contribué à gonfler l'effectif global dans le secteur tertiaire.

Mais au sein de chacune de ces deux familles (spécialités secondaires et spécialités tertiaires des

différences apparaissent. En premier lieu on observera que 11 spécialités ont enregistré une

hausse de leurs effectifs de titulaires d’un baccalauréat technologique entre 2003 et 2010 (+ 781

inscrits). A l’inverse 15 spécialités ont enregistré un déficit de ces titulaires sur la période (- 2135

inscrits). Les écarts constatés en plus ou en moins présentent toutefois une grande hétérogénéité

selon les spécialités.

Parmi les spécialités qui ont enregistré une progression, deux spécialités ont contribué à plus de 60% de

cette évolution : Informatique (+ 363 inscrits) et Génie Biologique (+ 115 inscrits). En ce qui concerne les

spécialités qui ont enregistré une baisse entre 2003 et 2010, 86% du total est à mettre à l’actif de six

spécialités : Génie Electrique et Informatique Industrielle (- 675 inscrits), Gestion des Entreprises et des

Administrations (- 365 inscrits), Techniques de Commercialisation (- 276 inscrits), Qualité Logistique

industrielle et Organisation (- 151 inscrits), Réseaux et Télécommunications (- 146 inscrits) et Génie

Mécanique et Productique (- 124 inscrits).

Evolution 2010 VS 2003

Eff. 2003 Eff. 2010 Eca rt Evol Eff. 2003 Eff. 2010 Ecart Evol Eff. 2003 Eff. 2010 Eca rt Evol Eff. 2003 Eff. 2010 Eca rt Evol

2A2M

CHIMIE 1 222 1 225 3 0,2% 249 283 34 13,7% 5 3 -2 -80,0% 1 476 1 511 35 2,4%

GB 2 057 2 107 50 2,4% 427 542 115 26,9% 4 3 -1 -25,0% 2 488 2 652 164 6,6%

GCGP 312 365 53 17,0% 100 118 18 18,0% 7 5 -2 -57,1% 419 488 69 16,5%

GC 1 345 1 659 314 23,3% 433 486 53 12,2% 14 26 12 -64,3% 1 792 2 171 379 21,1%

GCE 49 78 29 59,2% 27 30 3 11,1% 1 0 -1 -100,0% 77 108 31 40,3%

GEII 1 890 1 452 -438 -23,2% 2 347 1 672 -675 -28,8% 40 47 7 17,5% 4 277 3 171 -1 106 -25,9%

GIM 250 297 47 18,8% 467 375 -92 -19,7% 65 74 9 13,8% 782 746 -36 -4,6%

GMP 2 008 1 924 -84 -4,2% 1 094 970 -124 -11,3% 41 29 -12 -29,3% 3 143 2 923 -220 -7,0%

GTE 385 767 382 99,2% 247 278 31 12,6% 11 3 -8 -72,7% 643 1 048 405 63,0%

HSE 481 618 137 28,5% 173 189 16 9,2% 5 18 13 260,0% 659 825 166 25,2%

MP 1 736 1 739 3 0,2% 214 158 -56 -26,2% 5 1 -4 -80,0% 1 955 1 898 -57 -2,9%

QLIO (OGP+MCQ) 291 370 79 27,1% 408 257 -151 -37,0% 22 89 67 304,5% 721 716 -5 -0,7%

RT (GTR) 859 511 -348 -40,5% 571 425 -146 -25,6% 15 47 32 213,3% 1 445 983 -462 -32,0%

SGM 235 370 135 57,4% 106 99 -7 -6,6% 0 1 1 100% 341 470 129 37,8%

TOTAL 13 120 13 482 362 2,8% 6 863 5 882 -981 -14,3% 235 346 111 47,2% 20 218 19 710 -508 -2,5%

CJ 434 603 169 38,9% 485 380 -105 -21,6% 2 8 6 300% 921 991 70 7,6%

CS 454 651 197 43,4% 228 315 87 38,2% 29 85 56 193% 711 1 051 340 47,8%

GACO 324 479 155 47,8% 261 271 10 3,8% 23 34 11 48% 608 784 176 28,9%

GEA 5 808 6 038 230 4,0% 2 541 2 176 -365 -14,4% 150 161 11 7% 8 499 8 375 -124 -1,5%

GLT 646 484 -162 -25,1% 436 343 -93 -21,3% 100 131 31 31% 1 182 958 -224 -19,0%

INFO-COM 1 010 1 111 101 10,0% 235 208 -27 -11,5% 11 14 3 27% 1 256 1 333 77 6,1%

INFO 3 095 2 937 -158 -5,1% 435 798 363 83,4% 24 22 -2 -8% 3 554 3 757 203 5,7%

SRC 723 947 224 31,0% 388 439 51 13,1% 32 51 19 59% 1 143 1 437 294 25,7%

STID 440 388 -52 -11,8% 51 33 -18 -35,3% 0 0 0 0% 491 421 -70 -14,3%

TC 4 562 5 157 595 13,0% 3 458 3 182 -276 -8,0% 180 237 57 32% 8 200 8 576 376 4,6%

TOTAL 17 496 18 795 1 299 7,4% 8 518 8 145 -373 -4,4% 551 743 192 35% 26 565 27 683 1 118 4,2%

30 616 32 277 1 661 5,4% 15 381 14 027 -1 354 -8,8% 786 1 089 303 38,5% 46 783 47 393 610 1,3%

Tertia i re

Total

Général Technologique Professionnel TOTAL

Seconda ire

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 23

Démographie

Parmi les éléments exogènes qui peuvent expliquer des variations au niveau du recrutement, il est

utile de prendre en compte les éléments démographiques. La courbe des naissances permet

d’observer des évolutions qui se répercuteront dix-huit ans plus tard.

Etudiants étrangers

Sur les 2 318 700 étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur en 2010-2011, les IUT ont

accueillis 116 476 étudiants (hors LP), soit 5% du total. En comparaison, 6,4% des étudiants

étrangers ont été accueillis en IUT (hors LP) en 2010-2011.

Evolution des inscrits en IUT

Les IUT ont enregistré une baisse des inscrits en 2010-2011. Cette baisse semble être confirmée

pour 2011-2012. Il convient néanmoins d’avoir à l’esprit que les statistiques officielles n’intègrent

pas les effectifs des licences professionnelles dans les IUT alors que ceux-ci portent une majorité

de l’offre existante. Il faudrait donc pouvoir compléter les chiffres disponibles (RERS 2011) et ne

pas oublier que la création de licences professionnelles a eu tendance à reconfigurer l’offre de

formation de niveau Licence.

0

100 000

200 000

300 000

400 000

500 000

600 000

700 000

800 000

900 000

1 000 000

No

mb

re a

nn

ue

l d

e n

ais

san

ces

bacheliers 2012 =

naissance 1994

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 24

Nombre d'inscrits

en IUT

Variation

annuelle

1970-1971 24,2

1980-1981 53,7

1990-1991 74,3

2000-2001 119,2 1,6

2006-2007 113,8 1

2007-2008 116,2 2,2

2008-2009 118,1 1,6

2009-2010 118,1 0

2010-2011 116,5 -1,4

Il n’en demeure pas moins que de nombreux IUT ont constaté une baisse des DUT. Il serait

important de trouver les explications à cette baisse et, en particulier, de mesurer l’impact que

peut avoir le dispositif d’Admission Post Bac.

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 25

Effectifs des IUT

On peut distinguer quatre type de diplômes proposés par les IUT : les DUT secondaires et

tertiaires, les licences professionnelles et les diplômes post-DUT. A partir du document Repères et

Références Statistiques, on peut reconstituer le volume de ces différents effectifs entre les années

universitaires 1996-1997 et 2010-2011.

Evolution des effectifs dans les IUT selon le diplôme préparé

Source : MESR – DGESIP – DGRI SIES

Evolution des effectifs cumulés dans les IUT selon le diplôme préparé

Source : MESR – DGESIP – DGRI SIES

0

10 000

20 000

30 000

40 000

50 000

60 000

70 000

80 000

Eff

ect

if a

nn

ue

l da

ns

les

IUT

Spécialités secondaires

Spécialités tertiaires

Effectifs de LP

Effectifs post-DUT (hors LP)

0

20 000

40 000

60 000

80 000

100 000

120 000

140 000

160 000

Eff

ect

ifs

an

nu

els

cu

mu

lés

da

ns

les

IUT

Effectifs post-DUT (hors LP)

Effectifs de LP

Spécialités tertiaires

Spécialités secondaires

Quelle place pour les bacheliers technologiques en IUT ?

Michel LE NIR – ADIUT – Juillet 2012 26