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6 actualités Actualités pharmaceutiques n° 493 Février 2010 L’état dépressif majeur est une pathologie extrêmement fréquente disposant d’une gamme thérapeutique abondante. Devant les résultats, divergents, des études publiées évaluant la tolérance et l’efficacité des différents antidépresseurs, il convient de garder des réserves sur les conduites à pratiquer en clinique. S i les antidépresseurs tri cycliques, dits de première génération, restent la référence dans le trai- tement des états mélancoliques, ils ne sont plus prescrits en pre- mière intention en raison notam- ment de leur toxicité cardiaque. Nombre de molécules, dites de seconde génération, au profil bénéfice/risque plus sûr, ont été développées : inhibiteur de la recapture de la sérotonine ou de la noradrénaline et de la séroto- nine, antidépresseurs noradré- nergiques et sérotoninergiques spécifiques… De nombreu- ses études cliniques ont permis de les comparer entre elles et versus les molécules de première génération. Efficacité et tolérance Une étude publiée dans The Lancet a fait le point sur l’efficacité et la tolérance des antidépresseurs de seconde génération dans le traitement de la dépression majeure. Il s’agit d’une méta-analyse réalisée à partir de 117 essais cliniques randomisés et contrôlés de 1991 jusqu’au 30 novembre 2007, réalisée en intention de traiter (les patients ayant arrêté le traitement restant inclus). Les antidépresseurs testés étaient les suivants : bupro- pion, citalopram, duloxétine, escitalopram, fluoxétine, fluvo- xamine, milnacipran, mirta- zipine, paroxétine, reboxetine, sertaline et venlafaxine. La mirtazipine, l’escitalopram, la venlafaxine et la sertaline appa- raissent les plus efficaces par rapport à la duloxétine, la fluoxé- tine, la fluvoxamine, la paroxétine et la reboxétine. L’escitalopram et la sertaline ont le meilleur profil d’acceptabilité, conduisant à des arrêts de traitement nettement moins nombreux. Le meilleur choix La sertaline pourrait représen- ter le meilleur choix au moment de commencer le traitement pour la dépression majeure modérée à sévère chez les adultes parce qu’elle possède le solde le plus favorable entre les prestations, l’acceptabilité et le coût d’acceptation. François Pillon Docteur en pharmacie, Dijon (21) [email protected] Thérapeutique Quels antidépresseurs ont le profil bénéfice/risque le plus favorable ? © Fotolia.com/Kwest A lors que le dossier pharmaceu- tique (DP) semble, peu à peu, rentrer dans les mœurs puis- que, selon une enquête menée en juin dernier 1 , 91 % des Français disent y être tout à fait favorables ou plutôt favora- bles alors que 84 % des pharmaciens se sentent à l’aise pour le proposer aux patients, il s’enrichit de nouvelles fonctionnalités. En cas d’alerte sani- taire grave et urgente, la présidente de l’Ordre national des pharma- ciens peut dorénavant décider d’adresser, par le biais du DP, un message à l’ensemble des officines qui y sont raccordées (une région peut également être ciblée). La codification des médicaments, qui alimente le DP, évolue pour permettre d’inclure des médicaments antiviraux et des dispositifs médicaux délivrés dans la lutte contre la grippe A/H1N1. Le déploiement du DP est plutôt au beau fixe. Au 30 novembre 2009, plus d’une officine sur deux était équipée dans la moitié des départe- ments et plus de 8 % des Français en possédaient un. Du côté des pharmaciens, qui sont 9 sur 10 à plébisci- ter son usage, 92 % pensent qu’il renforce le rôle du phar- macien. Son utilisation quoti- dienne se passe bien pour 88 % des pharmaciens utilisateurs. Du côté des clients des officines, le concept reçoit un accueil plutôt encou- rageant puisque 66 % des personnes à qui le DP a été proposé ont accepté son ouverture immédiatement et 98 % des utilisateurs déclarent que son utilisa- tion se passe très bien (51 %) ou plutôt bien (47 %). Élisa Derrien Profession Un DP de mieux en mieux implanté qui souffle sa première bougie Source www.ordre.pharmacien.fr Note 1. Enquête réalisée par Vision Critical entre le 2 et 18 juin 2009 auprès d’un échantillon représentatif de 1 007 Français âgés de 18 à 65 ans et d’un échantillon de 200 pharmaciens équipés du DP. © DR Source Cipriani A, Furukawa T, Salanti G and al. L’efficacité comparative et l’acceptabilité de 12 antidépresseurs de nouvelle génération. The Lancet 2009 ; 373 : 746-58.

Quels antidépresseurs ont le profil bénéfice/risque le plus favorable ?

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6actualités

Actualités pharmaceutiques n° 493 Février 2010

L’état dépressif majeur

est une pathologie

extrêmement fréquente

disposant d’une gamme

thérapeutique abondante.

Devant les résultats,

divergents, des études

publiées évaluant

la tolérance et l’efficacité

des différents

antidépresseurs,

il convient de garder des

réserves sur les conduites

à pratiquer en clinique.

Si les antidépresseurs tri cycliques, dits de premiè re génération,

restent la référence dans le trai-tement des états mélancoliques, ils ne sont plus prescrits en pre-mière intention en raison notam-ment de leur toxicité cardiaque.Nombre de molécules, dites de seconde génération, au profil bénéfice/risque plus sûr, ont été développées : inhibiteur de la recapture de la sérotonine ou de la noradrénaline et de la séroto-nine, antidépresseurs noradré-nergiques et séro toninergiques spécifiques… De nombreu-ses études cliniques ont

permis de les comparer entre elles et versus les molécules de première génération.

Efficacité et toléranceUne étude publiée dans The Lancet a fait le point sur l’efficacité et la tolérance des antidépresseurs de seconde génération dans le traitement de la dépression majeure. Il s’agit d’une méta-analyse réalisée à partir de 117 essais cliniques randomisés et contrôlés de 1991 jusqu’au 30 novembre 2007, réalisée en intention de traiter (les patients ayant arrêté le traitement restant inclus).Les antidépresseurs testés étaient les suivants : bupro-pion, citalopram, duloxétine, escitalopram, fluoxétine, fluvo-xamine, milnacipran, mirta-zipine, paroxétine, reboxetine, sertaline et venlafaxine.La mirtazipine, l’escitalopram, la venlafaxine et la sertaline appa-

raissent les plus efficaces par rapport à la duloxétine, la fluoxé-tine, la fluvoxamine, la paroxétine et la reboxétine. L’escitalopram et la sertaline ont le meilleur profil d’acceptabilité, conduisant à des arrêts de traitement nette ment moins nombreux.

Le meilleur choix La sertaline pourrait représen-ter le meilleur choix au moment de commencer le traitement pour la dépression majeure modérée à sévère chez les adultes parce qu’elle possède le solde le plus favorable entre les prestations, l’acceptabilité et le coût d’acceptation. �

François Pillon

Docteur en pharmacie, Dijon (21)

[email protected]

Thérapeutique

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Alors que le dossier pharmaceu-tique (DP) semble, peu à peu, rentrer dans les mœurs puis-

que, selon une enquête menée en juin dernier1 , 91 % des Français disent y être tout à fait favorables ou plutôt favora-bles alors que 84 % des pharmaciens se sentent à l’aise pour le proposer aux patients, il s’enrichit de nouvelles fonctionnalités.

En cas d’alerte sani-taire grave et urgente, la présidente de l’Ordre national des pharma-ciens peut dorénavant décider d’adresser, par le biais du DP, un message à l’ensemble des officines

qui y sont raccordées (une région peut également être ciblée).

La codification des médicaments, qui alimente le DP, évolue pour permettre d’inclure des médicaments antiviraux et des dispositifs médicaux délivrés dans la lutte contre la grippe A/H1N1. Le déploiement du DP est plutôt au

beau fixe. Au 30 novembre 2009, plus d’une officine sur deux était équipée

dans la moitié des départe-ments et plus de 8 % des Français en possédaient un.

Du côté des pharmaciens, qui sont 9 sur 10 à plébisci-ter son usage, 92 % pensent qu’il renforce le rôle du phar-macien. Son utilisation quoti-

dien ne se passe bien pour 88 % des pharmaciens utilisateurs. Du côté des clients des officines, le concept reçoit un accueil plutôt encou-rageant puisque 66 % des personnes à qui le DP a été proposé ont accepté son ouverture immédiatement et 98 % des utilisateurs déclarent que son utilisa-tion se passe très bien (51 %) ou plutôt bien (47 %). �

Élisa Derrien

Profession

Un DP de mieux en mieux implanté qui souffle sa première bougie

Source www.ordre.pharmacien.fr

Note1. Enquête réalisée par Vision Critical entre le 2 et

18 juin 2009 auprès d’un échantillon représentatif

de 1 007 Français âgés de 18 à 65 ans et

d’un échantillon de 200 pharmaciens équipés du DP.

© D

R

SourceCipriani A, Furukawa T, Salanti G

and al. L’efficacité comparative et

l’acceptabilité de 12 antidépresseurs

de nouvelle génération. The Lancet

2009 ; 373 : 746-58.