2
LA TÉNACITÉ D’UN NOM, LA TÉNACITÉ D’UNE COMÉDIENNE Myriam LeBlanc Peu importe la façon d’écrire ce patronyme, les nombreux pionniers sont tous de souche française. Et tous les porteurs du nom de famille avec le B majuscule sont de souche acadienne; leur ancêtre, Daniel, est le premier LeBlanc à s’installer à Port-Royal. La tradition de l’orthographe a fait son chemin jusqu’à nos jours, et c’est peut-être pourquoi la comédienne Myriam LeBlanc y tient tant. Tenace, elle a réussi à entrer dans une école professionnelle de théâtre après trois tentatives et a joué des seconds rôles pendant plus de 10 ans. Sa ténacité a porté ses fruits, puisqu’au cours des deux dernières années elle a enchaîné les premiers rôles à la télévision. Récompensée pour son interprétation de Manon dans Apparences l’an dernier, au 27 e Gala des prix Gémeaux, Myriam, LeBlanc de par son père, et Blanchette, de par sa mère, nous parle de son histoire de famille… PAR Marie-Anne Alepin Myriam LeBlanc exerce le métier de comédienne depuis déjà 13 ans, mais ce n’est que tout récemment que le grand public a pu la découvrir grâce à des rôles plus importants à la télévision, dans Apparences et Mauvais karma. PHOTO: STÉFANE CÔTÉ Myriam, pouvez-vous nous parler de votre histoire de famille? Mon arrière-grand-père, Ernest LeBlanc, habitait à Carleton, où il a épousé Lucie Bernier. Ils ont déménagé à Montréal au début de leur mariage, dans l’espoir de trouver du boulot et d’avoir une meilleure vie. Ils ont eu huit enfants, dont mon grand-père Lucien. Ernest était ferblan- tier, comme le sera plus tard Lucien. En 1919, tout de suite après la naissance de leur dernier enfant, ce dernier, le plus vieux et mon arrière-grand-mère sont morts de la grippe espagnole. Ernest s’est remarié avec une femme qui a élevé ses enfants. Mon grand-père est mort subi- tement à l’âge de 43 ans: il était assis sur un banc de parc, avec sa plus vieille, et a probablement eu une crise cardiaque. Qu’est devenu votre père à ce moment-là? Même si, à l’époque, il n’avait que 12 ans, étant le seul garçon parmi les enfants, mon père est devenu un peu l’homme de la famille. Dès la mort de son mari, ma grand-mère a commencé à travailler dans des usines de textile. Le plus jeune des enfants n’avait que six ans. Mon père s’est rapidement trouvé un emploi dans les clubs de golf comme caddie. Vers l’âge de 17 ans, il travaillait dans les boutiques de golf et il est devenu par la suite un pro- fessionnel de golf. Chaque club emploie un professionnel, une personne-ressource pour les golfeurs. Il a fait ça jusqu’à sa mort, à l’âge de 63 ans. Il est décédé de la même façon que son père. Êtes-vous née à Montréal? Non. À ma naissance, mon père était un pro de golf au Manoir Richelieu, dans Charlevoix. Je suis née à Québec, mais mes parents habitaient à La Malbaie. Par contre, j’ai vécu à Rimouski jusqu’à l’âge de 15 ans, car mon père travaillait au Bic à ce moment-là. Après, je suis allée au cégep à Québec, lorsque ma mère et mon père y ont été mutés. C’était clair que je voulais être comédienne, et j’ai fait rapi- dement des auditions pour être admise dans une école; je suis même venue à Montréal un an… Après avoir tenté ma chance pendant trois ans, j’ai finalement été acceptée dans une école à Montréal et au Conservatoire de Québec. J’ai choisi d’aller à Québec. Avez-vous grandi près de votre famille LeBlanc? J’ai commencé à côtoyer ma famille LeBlanc assez tard, car j’habitais dans le Bas-du-Fleuve, et ma famille au grand complet était installée à Montréal. J’avais huit ans quand j’ai vécu mon premier Noël avec les LeBlanc. Je voyais tout de «J’ai découvert, en parlant avec une de mes tantes Blanchette, que mon grand- père maternel, Edmond Blanchette, est issu de la même souche que mon grand-père LeBlanc.»

Qu’est devenu votre père à ce Myriam Leblanclequebecunehistoiredefamille.com/sites/default/files/hdf_leblanc.pdf · du Félix Leclerc et du Gilbert Bécaud. C’était plus qu’un

  • Upload
    ngodang

  • View
    217

  • Download
    3

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Qu’est devenu votre père à ce Myriam Leblanclequebecunehistoiredefamille.com/sites/default/files/hdf_leblanc.pdf · du Félix Leclerc et du Gilbert Bécaud. C’était plus qu’un

01 - TiTre

02 - Préambule

La ténacité d’un nom, La

ténacité d’une comédienne

Myriam Leblanc

Peu importe la façon d’écrire ce patronyme, les nombreux pionniers sont tous de souche française. et tous les porteurs

du nom de famille avec le B majuscule sont de souche acadienne; leur ancêtre, Daniel, est le premier LeBlanc à

s’installer à Port-royal. La tradition de l’orthographe a fait son chemin jusqu’à nos jours, et c’est peut-être pourquoi la

comédienne Myriam LeBlanc y tient tant. Tenace, elle a réussi à entrer dans une école professionnelle de théâtre après trois tentatives et a joué des seconds rôles pendant

plus de 10 ans. Sa ténacité a porté ses fruits, puisqu’au cours des deux dernières années elle a enchaîné les premiers rôles

à la télévision. récompensée pour son interprétation de Manon dans Apparences l’an dernier, au 27e Gala des prix

Gémeaux, Myriam, LeBlanc de par son père, et Blanchette, de par sa mère, nous parle de son histoire de famille…

PAR Marie-Anne Alepin

Myriam LeBlanc exerce le métier de comédienne depuis déjà 13 ans, mais ce n’est que tout récemment que le grand public a pu la découvrir grâce à des rôles plus importants à la télévision, dans Apparences et Mauvais karma.

PHOT

O: ST

ÉFAN

E CÔT

É

Myriam, pouvez-vous nous parler de votre histoire de famille?Mon arrière-grand-père, Ernest LeBlanc, habitait à Carleton, où il a épousé Lucie Bernier. Ils ont déménagé à Montréal au début de leur mariage, dans l’espoir de trouver du boulot et d’avoir une meilleure vie. Ils ont eu huit enfants, dont mon grand-père Lucien. Ernest était ferblan-tier, comme le sera plus tard Lucien. En 1919, tout de suite après la naissance de leur dernier enfant, ce dernier, le plus vieux et mon arrière-grand-mère sont morts de la grippe espagnole. Ernest s’est remarié avec une femme qui a élevé ses enfants. Mon grand-père est mort subi-tement à l’âge de 43 ans: il était assis sur un banc de parc, avec sa plus vieille, et a probablement eu une crise cardiaque. Qu’est devenu votre père à ce moment-là?Même si, à l’époque, il n’avait que 12 ans, étant le seul garçon parmi les enfants, mon père est devenu un peu l’homme de la famille. Dès la mort de son mari, ma grand-mère a commencé à travailler dans des usines de textile. Le plus jeune des enfants n’avait que six ans. Mon père s’est rapidement trouvé un emploi dans les clubs de golf comme caddie. Vers l’âge de 17 ans, il travaillait dans les boutiques de golf et il est devenu par la suite un pro-fessionnel de golf. Chaque club emploie un professionnel, une personne-ressource pour les golfeurs. Il a fait ça jusqu’à sa mort, à l’âge de 63 ans. Il est décédé de la même façon que son père.Êtes-vous née à Montréal?Non. À ma naissance, mon père était un pro de golf au Manoir Richelieu, dans Charlevoix. Je suis née à Québec, mais mes parents habitaient à La Malbaie. Par contre, j’ai vécu à Rimouski jusqu’à l’âge de 15 ans, car mon père travaillait au Bic à ce moment-là. Après, je suis allée au cégep à Québec, lorsque ma mère et mon père y ont été mutés. C’était clair que je voulais être comédienne, et j’ai fait rapi-dement des auditions pour être admise dans une école; je suis même venue à Montréal un an… Après avoir tenté ma chance pendant trois ans, j’ai finalement été acceptée dans une école à Montréal et au Conservatoire de Québec. J’ai choisi d’aller à Québec. Avez-vous grandi près de votre famille LeBlanc?J’ai commencé à côtoyer ma famille LeBlanc assez tard, car j’habitais dans le Bas-du-Fleuve, et ma famille au grand complet était installée à Montréal. J’avais huit ans quand j’ai vécu mon premier Noël avec les LeBlanc. Je voyais tout de

«J’ai découvert, en parlant avec une de mes tantes Blanchette, que mon grand-père maternel, Edmond Blanchette, est issu de la même souche que mon grand-père LeBlanc.»

Page 2: Qu’est devenu votre père à ce Myriam Leblanclequebecunehistoiredefamille.com/sites/default/files/hdf_leblanc.pdf · du Félix Leclerc et du Gilbert Bécaud. C’était plus qu’un

«Notre fille porte le nom de mon amoureux, Allard. Mais si on a un autre enfant, il est possible qu’il ait le nom de famille LeBlanc.»

Les LeBLAnc en Bref• SelonlerecensementdugouvernementduQuébecde2005,ilyauraitprèsde27800Leblancdansnotreprovince,cequilesplaceen16epositiondupalmarèsdesnomsdefamilleduQuébec.

• C’estunnomdefamillequiesttoujourstrèsrépandudansplusieursrégionsdelaFrance,surtoutdansleNord-Pas-de-Calais.

• Surleplanétymologique,ildésigneunepersonnequialeteintblancouquialescheveuxblancs..

• Généralement,cepatronymes’écritLeBlanc

pourlasoucheacadienneetLeblancpourlessouchesoriginairesdirectementdelaFrance.

• LeBlancestundesplusvieuxnomsdefamilledel’Acadie.

• PlusieurspionniersfrançaisontfoulélesoldelaNouvelle-France,maisunseulestàl’originedesLeBlanc(Bmajuscule):DanielLeBlanc,originairedeMartaizé,enFrance.

• En1755,lorsdeladéportationacadienne,lafamilleLeBlancfaitpartiedesfamillesacadienneslesplusdispersées.

109926-FEDERATION-F5.indd 1 12-05-11 10:17 AM

«L’écrivaine Michèle Plomer est ma cousine, la fille de la plus jeune sœur de mon père, Monique LeBlanc. Dans son premier livre, Le jardin sablier, hybride d’un journal personnel et d’un roman, on peut trouver quelques faits et anecdotes propres à la petite histoire des LeBlanc.»

en 2012, Myriam LeBlanc a

remporté le prix Gémeaux du

meilleur premier rôle féminin

dramatique pour sa performance

dans Apparences.

PHOT

O: ÉR

IC CA

RRIÈR

E

même ma grand-mère à Rimouski chaque été. Aujourd’hui, je rattrape le temps perdu en voyant souvent ma tante, la sœur aînée de mon père, car c’est elle, ma famille LeBlanc maintenant. Avez-vous une tradition familiale artistique?Dans la famille de ma mère, Andrée, les 10 enfants chantaient beaucoup, surtout du Félix Leclerc et du Gilbert Bécaud. C’était plus qu’un loisir pour elle, c’était une fascination. Les anecdotes sur les chanteurs dans les boîtes à chanson la faisaient rêver. Chez elle, il n’y avait pas de télévision, mais un recueil de La bonne chanson et, dès l’âge de six ans, ma mère passait des soirées entières au salon à entonner ces chansons. Au début de l’ado-lescence, elle s’est intéressée à la guitare, car son père avait lui-même gratouillé de cet instrument dans son jeune temps, et il y en avait une à la maison. À l’école de ma mère, l’aumônier animait une émission religieuse à la télé locale de Radio-Canada

et il lui a demandé d’y participer. Son talent a vite été remarqué, et on l’a invi-tée à se produire à la soirée d’ouverture de la toute première boîte à chanson de Chicoutimi. Ç’a été un moment magique pour elle, où l’impossible devenait réalité. A-t-elle fait carrière dans la musique?De fait, les offres se sont enchaînées, autant pour les boîtes à chanson de la Vieille Capitale et des Laurentides que pour différentes émissions de télé régio-nales. Puis, lorsqu’elle a rencontré mon père, elle a choisi de se consacrer à sa famille. Le soir, ma mère m’endormait en chantant du Barbara, du Ferré, du Anne Sylvestre et du Moustaki, me trans-mettant ainsi un peu de sa magnifique âme d’artiste. Plus tard, quand nous, les enfants, sommes devenus grands, elle a travaillé dans des bureaux d’assurance en tant qu’administratrice de succursales.est-ce que vous chantez?J’ai longtemps pensé que je serais chanteuse, jusqu’à ce que je découvre

le théâtre, à l’âge de 16 ans. Je suis donc devenue comédienne, et mon frère aîné travaille en informatique.Avez-vous une histoire de famille à nous raconter?Lors de ses visites estivales à Rimouski, ma grand-mère Délima avait l’habitude de nous apporter, à mon frère Martin et à moi, une boîte de suçons assortis Laura Secord. Elle avait à peine le temps de saluer tout le monde que je m’empres-sais de l’aider à monter sa fameuse valise blanche à l’étage. Je savais qu’elle l’ouvrirait sur-le-champ et qu’elle me remettrait le plus secrètement du monde le cadeau tant apprécié! Et jamais elle n’a failli à notre petite tradi-tion. Dernièrement, lors d’un brunch de famille, ma tante Jacqueline, fille aînée de Délima, a donné des suçons Laura Secord à ma fille de trois ans, Bénédicte. J’en ai eu le cœur ému; ça m’a rappelé les moments précieux que j’ai pu vivre avec ma grand-mère LeBlanc.

Jouez-vous au golf comme votre père?J’ai beaucoup joué jusqu’à sa mort; j’avais alors 24 ans et j’étais encore au Conservatoire. Ensuite, j’ai commencé à faire du théâtre d’été. Le golf est un sport qui demande une grande disponibilité: il faut le pratiquer souvent pour être bon. Je sais que je vais m’y adonner de nou-veau un jour, quand ma fille sera assez grande, car j’adore ce sport. C’est mon «terrain de jeu d’enfant» et ça me manque beaucoup. est-ce que votre fille porte votre patronyme?Non, elle porte le nom de mon amoureux, Allard. Mais si on a un autre enfant, il est possible qu’il ait le nom de famille LeBlanc. (rires) On s’était dit que, si le prénom n’allait pas avec Allard, on l’assso-cierait avec LeBlanc. C’est ça qu’on a fait pour Bénédicte.Quels sont vos projets?Je travaille à des projets personnels avec mon amoureux, Stéphane, qui est met-teur en scène, acteur et auteur, au sein de notre compagnie de théâtre, L’Autre Mafia. Nous en présenterons d’ailleurs un

l’an prochain. La création, ça exige beau-coup de temps. Pour terminer, avez-vous un mot à ajouter concernant la généalogie?J’ai découvert hier, en parlant avec une de mes tantes Blanchette, que mon grand-père maternel, Edmond Blanchette, est issu de la même souche que mon grand-père LeBlanc, celle de LeBlanc-Girouard, fils de Daniel, qui s’appelait Jacques. L’une de ses ancêtres est la fille de Jacques. Quand on dit qu’on vient tous de la même place, au Québec, on dirait bien que c’est vrai. (rires)

PHOT

OS: C

OLLE

CTION

PERS

ONNE

LLE

famille de mes arrière-grands-parents LeBlanc: ernest et Lucie

Bernier ( sa 1re femme). sur les genoux de Lucie, Lucien, mon grand-

père, et sur ceux d'ernest, Jr. en bas, charles et roméo. À gauche,

Bernadette Bernier ( sœur de Lucie).

La grand-mère Délima et les enfants, Jacqueline, Louise, Maurice et Monique

Deuxième mariage d’ernest, le 3 juin 1920, avec Hélène

Landry, qui a élevé les six enfants de Lucie et ernest.

DAnieL LeBLAncNévers1626enFrance,DanielLeBlancestoriginairedeMartaizé,dansleHaut-Poitou,l’actueldépartementdelaVienne.IlarriveàPort-Royalvers1645etestl’ancêtredetouslesLeBlancacadiens.Vers1650,FrançoiseGaudet,veuvedeJehanMercieretfilledeJehanGaudet,censitairedelaseigneuried’AulnayàMartaizéetdeMarieDaussy.CesdernierssontarrivésenAcadiepours’installeràPort-Royalvers1636.Lorsdurecensementde1671àPort-Royal,nouscomptonsdéjà68familles,dontcelledeDanielLeBlanc,45ans,etsafemme,FrançoiseGaudet,48ans.Ledocumentditqu’ilssontlaboureursetqu’ilsontàcemomentseptenfants.Dessixfils,cinqontfondéleurproprefamille.En1690,Danielseral’undesvolontairesdel’amiralPhippspourgouvernerlacolonielorsdesaprisedePort-Royal.Iltentedecomposeravecl’envahisseur.

Myriam, son conjoint, stéphane Allard, et leur fille, Bénédicte

PHOT

O: FR

ÉDÉR

IC AU

CLAIR

90  7 J o u r s   1e r f é v r i e r