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1 Question L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud chapitre 1 - Le continent américain entre tensions et intégrations régionales L’Amérique est un continent de l'hémisphère ouest de la Terre. Elle s'étend depuis l'océan Arctique au nord jusqu'au cap Horn dans le passage de Drake au sud, à la confluence des océans Atlantique et Pacifique qui la délimitent à l'est et à l'ouest, respectivement. Avec une superficie de plus de 42 millions de km2, c'est le deuxième continent de la planète, couvrant 8,3 % de la superficie totale et 28,2 % des terres émergées. De plus, l'Amérique concentre environ 13,6 % de la population humaine avec plus de 970 millions de personnes et 35 pays. =Amérique: on distingue l'Amérique du Nord (Canada, États-Unis, Mexique) de l'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud (au sud de l'isthme de Panama). L'Amérique latine va du Mexique au Chili et correspond aux pays de langue espagnole, portugaise ou française. = Intégration régionale: processus de renforcement des relations entre différents territoires d'un même ensemble géographique. Cette intensification des échanges (commerce intrazone, flux de capitaux) et des mobilités (tourisme, migrations) peut être liée à un processus volontariste d'harmonisation économique et politique entre différents Etats (UE, ALENA) ou collectivités territoriales). Problématique: - Quelles sont les tensions sur le continent américain ? A quoi sont-elles dues ? Quels contrastes économiques et culturels traduisent-elles ? - En quoi la mondialisation redéfinit-elle les rapports Nord/Sud sur le continent américain? - Les initiatives d’intégrations régionales reflètent-elles ou résorbent-elles les tensions qui affectent le continent américain ? I. QUELS CONTRASTES FRAGMENTENT LE CONTINENT AMERICAIN ? A. Des contrastes culturels On distingue schématiquement en Amérique deux espaces culturels liés à l'histoire du peuplement: une Amérique anglo-saxonne (États-Unis et Canada), de langue anglaise et protestante; une Amérique latine, plus métissée, de langue espagnole ou portugaise (Brésil), parfois française (Guyane), et catholique. Mais cette vision binaire est à nuancer tant les échanges culturels et les flux migratoires en partie liés aux différences de développement sont importants. Une partie de la population d'Amérique du Nord est d'origine latino-américaine (communautés mexicaine de la Mexamérique, cubaine et portoricaine de Floride...). Cette immigration a des conséquences en matière électorale, religieuse ou linguistique. = Mexamérique: Région transfrontalière «à cheval» sur les États-Unis et le Mexique, caractérisée par une forte influence hispanique (histoire, population, langue...). À l'inverse, en Amérique latine, certains petits États sont de langue anglaise (Guyana, Jamaïque, Belize), et l'American way of life progresse partout grâce aux vecteurs de la télévision, du cinéma ou même des groupes évangéliques. Enfin, l'urbanisation croissante du continent, surtout au Sud (Argentine 92 %, Brésil 86 %), contribue au brassage culturel. B. Des contrastes économiques Population (2014) PIB (2014 Etats-Unis et Canada 363 M° 19 207 millions de $ Am. latine et Caraïbes 609 M° 4764 millions de $ La limite Nord/Sud est encore perceptible sur le continent: le PIB par habitant du Canada et des États- Unis est quatre à six fois plus élevé que celui du Mexique ou du Brésil. De ce fait, avec leur économie diversifiée et puissante, les États-Unis apparaissent autant comme un modèle attractif que comme un géant inquiétant. Le Canada s'appuie sur une vaste région transfrontalière (Main Street) et sur un arrière- pays riche en ressources naturelles (ex: sables bitumineux de l'Alberta). =Main Street: ou « Grande Rue» canadienne. Axe majeur qui s'étend le long du Saint-Laurent jusqu'à la région des Grands Lacs. Il concentre 65 % de la population canadienne. Mais le Brésil s'affirme depuis les années 2000 comme une puissance émergente: il se situe au 8e rang mondial pour le PIB (2017), le Canada au 10e rang et le Mexique au 15e. Les « jaguars » se sont industrialisés et sont en pleine émergence. Le Mexique a bâti son industrie sur les délocalisations états-

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Question – L’Amérique : puissance du Nord, affirmation du Sud chapitre 1 - Le continent américain entre tensions et intégrations régionales

L’Amérique est un continent de l'hémisphère ouest de la Terre. Elle s'étend depuis l'océan Arctique au nord jusqu'au cap Horn dans le passage de Drake au sud, à la confluence des océans Atlantique et Pacifique qui la délimitent à l'est et à l'ouest, respectivement. Avec une superficie de plus de 42 millions de km2, c'est le deuxième continent de la planète, couvrant 8,3 % de la superficie totale et 28,2 % des terres émergées. De plus, l'Amérique concentre environ 13,6 % de la population humaine avec plus de 970 millions de personnes et 35 pays. =Amérique: on distingue l'Amérique du Nord (Canada, États-Unis, Mexique) de l'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud (au sud de l'isthme de Panama). L'Amérique latine va du Mexique au Chili et correspond aux pays de langue espagnole, portugaise ou française. = Intégration régionale: processus de renforcement des relations entre différents territoires d'un même ensemble géographique. Cette intensification des échanges (commerce intrazone, flux de capitaux) et des mobilités (tourisme, migrations) peut être liée à un processus volontariste d'harmonisation économique et politique entre différents Etats (UE, ALENA) ou collectivités territoriales).

Problématique: - Quelles sont les tensions sur le continent américain ? A quoi sont-elles dues ? Quels contrastes économiques et culturels traduisent-elles ? - En quoi la mondialisation redéfinit-elle les rapports Nord/Sud sur le continent américain? - Les initiatives d’intégrations régionales reflètent-elles ou résorbent-elles les tensions qui affectent le continent américain ? I. QUELS CONTRASTES FRAGMENTENT LE CONTINENT AMERICAIN ? A. Des contrastes culturels On distingue schématiquement en Amérique deux espaces culturels liés à l'histoire du peuplement: une Amérique anglo-saxonne (États-Unis et Canada), de langue anglaise et protestante; une Amérique latine, plus métissée, de langue espagnole ou portugaise (Brésil), parfois française (Guyane), et catholique. Mais cette vision binaire est à nuancer tant les échanges culturels et les flux migratoires en partie liés aux différences de développement sont importants. Une partie de la population d'Amérique du Nord est d'origine latino-américaine (communautés mexicaine de la Mexamérique, cubaine et portoricaine de Floride...). Cette immigration a des conséquences en matière électorale, religieuse ou linguistique. = Mexamérique: Région transfrontalière «à cheval» sur les États-Unis et le Mexique, caractérisée par une forte influence hispanique (histoire, population, langue...).

À l'inverse, en Amérique latine, certains petits États sont de langue anglaise (Guyana, Jamaïque, Belize), et l'American way of life progresse partout grâce aux vecteurs de la télévision, du cinéma ou même des groupes évangéliques. Enfin, l'urbanisation croissante du continent, surtout au Sud (Argentine 92 %, Brésil 86 %), contribue au brassage culturel. B. Des contrastes économiques

Population (2014) PIB (2014

Etats-Unis et Canada 363 M° 19 207 millions de $

Am. latine et Caraïbes 609 M° 4764 millions de $

La limite Nord/Sud est encore perceptible sur le continent: le PIB par habitant du Canada et des États-Unis est quatre à six fois plus élevé que celui du Mexique ou du Brésil. De ce fait, avec leur économie diversifiée et puissante, les États-Unis apparaissent autant comme un modèle attractif que comme un géant inquiétant. Le Canada s'appuie sur une vaste région transfrontalière (Main Street) et sur un arrière-pays riche en ressources naturelles (ex: sables bitumineux de l'Alberta). =Main Street: ou « Grande Rue» canadienne. Axe majeur qui s'étend le long du Saint-Laurent jusqu'à la région des Grands Lacs. Il concentre 65 % de la population canadienne.

Mais le Brésil s'affirme depuis les années 2000 comme une puissance émergente: il se situe au 8e rang mondial pour le PIB (2017), le Canada au 10e rang et le Mexique au 15e. Les « jaguars » se sont industrialisés et sont en pleine émergence. Le Mexique a bâti son industrie sur les délocalisations états-

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uniennes (maquiladoras) et compte sur le tourisme et le pétrole. Le Chili est un exemple de réussite économique (produits miniers, pêche, services informatiques...). L'Argentine et le Brésil s'appuient sur une économie diversifiée (agriculture, sidérurgie, électronique...). Les autres pays d'Amérique latine souffrent de leur enclavement (Bolivie, Paraguay) et d'une économie à faible valeur ajoutée ou très dépendante des matières premières (le pétrole pour le Venezuela, qui disposerait des premières réserves de la planète, le café pour la Colombie...). Cependant le secteur informel et parfois les activités illicites (drogue...) - non pris en compte par les indicateurs - peuvent y tenir une place importante. = Jaguars: Pays émergents d'Amérique latine (Argentine, Brésil, Chili, Mexique...). Ce terme imagé est le pendant des «dragons asiatiques» (Taiwan...) et des «lions africains» (Afrique du Sud...). = Maquiladoras: Usines de montage (installées ici au Mexique) qui assemblent des pièces venues de l'étranger (sans droits de douane) puis exportées sous forme de produits finis. Ces usines sont détenues par des sociétés asiatiques, états-uniennes ou mexicaines. = Secteur informel: Activités économiques très variées (petit commerce ou artisanat...) qui échappent à la réglementation et à l'impôt.

C. Des contrastes sociaux Les contrastes se retrouvent au sein des sociétés américaines. À l'échelle du continent, l'IDH affiche une nette différence entre le Canada (9e rang mondial: 0,913 / 2014) et les premiers États latino-américains comme le Chili, qui n'arrive que 42e (0,832), alors qu'Haïti, le seul PMA d'Amérique, est classé 163e (0,483). À plus grande échelle, de telles inégalités opposent des espaces intégrés à la mondialisation (centres des affaires, littoraux, métropoles, espaces d'agriculture intensive...) et des périphéries moins intégrées ou marginales (espaces ruraux, fronts pionniers, territoires amérindiens...). Mais c'est en ville que les contrastes sont les plus violents: en Amérique latine, la pauvreté massive (favelas des métropoles brésiliennes) côtoie les classes moyennes, voire la plus grande richesse. En Amérique du Nord, les inégalités intra-urbaines existent aussi, bien que plus atténuées. Les classes aisées tendent à chercher la sécurité au sein de gated communities. = front pionnier: espace en cours de peuplement et de mise en valeur (défrichement, mines, routes...) pour mieux l'intégrer au territoire national. = Gated community (résidence fermée ou quartier fermé): copropriété sécurisée qui se présente sous la forme d'un regroupement de demeures, entouré par un mur ou un grillage et disposant d'équipements de protection — vidéosurveillance, gardiennage — qui l'isolent du tissu urbain ou rural environnant. Son accès est réservé aux seules personnes autorisées. Le fonctionnement des installations de sécurisation est financé par les redevances réglées par les copropriétaires.

>>> L'Amérique est un continent de contrastes, tant culturels que socio-économiques. à toutes les échelles: la fracture Nord/Sud est donc à nuancer. II. QUELLES SONT LES TENSIONS QUI FREINENT L'INTEGRATION DU CONTINENT AMERICAIN ? A. Des tensions interétatiques en voie d'apaisement La fin de la guerre froide a contribué à pacifier les relations entre les États-Unis et l'Amérique latine, comme le montre le récent dégel avec Cuba. Depuis la formulation de la doctrine Monroe en 1823, les États-Unis sont intervenus de nombreuses fois dans les affaires intérieures des pays d'Amérique pour y protéger leurs intérêts: opérations militaires contre des régimes jugés hostiles, contre le trafic de drogue... Cet impérialisme ancien a rendu les sociétés d'Amérique latine méfiantes. ll a aussi entraîné la création d'associations, comme l'ALBA, dont les dirigeants (au Venezuela, Hugo Chavez puis Nicolas Maduro) ne cessent de dénoncer l'hégémonie états-unienne. A l'exception de l'OEA, les propositions d'alliances panaméricaines faites par les États-Unis ont donc souvent été rejetées (ZLEA proposée par G. Bush en 2005), et l'Amérique du Sud construit ses propres outils d'intégration (MERCOSUR, UNASUR...). = Doctrine Monroe En 1823, James Monroe, président des États-Unis, demande la non- intervention de l'Europe dans les affaires américaines (et inversement). C'est le début d'une prise de conscience panaméricaine mais sous domination des États-Unis. = Impérialisme Volonté de bâtir un empire ou de dominer un territoire. Accusation souvent portée en Amérique latine contre les Etats-Unis. = Panaméricanisme Mouvement qui cherche à créer des liens entre tous les Etats américains. = L'Organisation des États américains (OEA), créée en 1948, réunit l'ensemble des États du continent américain. Son siège est à Washington. Durant la Guerre froide l'OEA fut dès le début dirigée contre la pénétration communiste en Amérique latine, aboutissant à la décision d'en exclure Cuba de en 1962. L'OEA est revenue sur cette décision en 2009. Aujourd'hui, sa vocation

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n'est pas économique mais plutôt politique et sécuritaire (promotion de la démocratie, défense des droits de l'homme, lutte contre les trafics et la corruption).

Les autres tensions entre États concernent des différends frontaliers. La Bolivie réclame toujours un accès à la mer, refusé par le Chili. La Colombie et le Venezuela s'opposent sur le tracé de leur frontière commune. Mais la plupart de ces tensions sont en voie de règlement (Pérou-Équateur, Argentine-Chili...). Bien que d'une autre nature, des tensions jalonnent la frontière entre États-Unis et Mexique, du fait de la forte attraction exercée par la première puissance mondiale sur les populations latino-américaines. B. Des tensions intra-étatiques qui subsistent Au sein des États, les principales tensions sont en zone urbaine, au Nord comme au Sud. Elles viennent des inégalités sociales criantes et du manque de volonté politique pour les réduire. Dans certaines villes se développe une économie parallèle (trafic de drogue, d'armes, assassinats...) contrôlée par les mafias ou les guérillas. Certains territoires à Détroit, Caracas, Ciudad Juarez, Rio de Janeiro ou Port-au-Prince sont ainsi devenus des zones grises qui échappent au contrôle des États. Des gangs armés, les maras, diffusent leur violence de l'Amérique centrale aux EU. = Zone grise Territoire non contrôlé par les États et où se déroulent des activités illicites. = Maras: gangs ultraviolents nés de l'exil de Centraméricains aux États-Unis dans les années 1980.

Ces zones grises peuvent concerner des régions plus vastes. La situation en Colombie illustre cependant la fin des guérillas d'inspiration marxiste: les FARC (Forces armées révolutionnaires colombiennes / mouvement de guérilla communiste fondé dans les années 1960) et le gouvernement colombien travaillent depuis 2015 a un règlement définitif du conflit qui les oppose. La place des populations amérindiennes au sein des États est souvent un facteur de tensions. Ces populations dominées et mal intégrées économiquement et politiquement ont du mal à se faire entendre. En Bolivie, Evo Morales, premier président amérindien (en fonction depuis 2006), a mis en place une politique de nationalisations et de réformes économiques et sociales. Il a suscité l'opposition violente d'une partie des descendants des Européens installés dans l'Est du pays, où ils exploitent les hydrocarbures à leur profit. Nombre d'entre eux réclament l'autonomie de ces régions orientales. La question amérindienne rejoint souvent celle des conflits environnementaux: au Brésil, la construction du barrage de Belo Monte a suscité de fortes oppositions très médiatisées, dont celle de l'emblématique chef Raoni. Au Nicaragua, le projet de canal interocéanique aura un impact important sur les populations amérindiennes de la région. Au Canada, les populations indiennes dénoncent l'impact environnemental de l'exploitation des sables bitumineux. À l'inverse, les Inuits du Nunavut (Canada) ont l'entière responsabilité du choix d'exploitation ou de préservation de leurs territoires. >>> L'intégration du continent est donc gênée par de multiples tensions, même si elles sont globalement en voie d'apaisement. III. QUELLES SONT LES LOGIQUES D'INTEGRATION EN AMERIQUE? A. Une intégration par les flux et les aménagements L'augmentation des flux à l'intérieur du continent américain montre que l'intégration se renforce. Les migrations sont surtout orientées vers le Nord en raison du contraste de développement. Leurs enjeux sont multiples: économiques (brain drain en faveur du Nord, transferts d'argent - remesas - vers le Sud, etc.) et politiques (intégration des migrants, fermeture des frontières aux clandestins mais aussi régularisation massive prévue aux États-Unis, etc.). = Brain drain (« fuite des cerveaux ››) Flux migratoires de diplômés.

Les flux de marchandises et de capitaux intracontinentaux sont en partie polarisés par les États-Unis. Mais, alors que l'Amérique du Nord réalise la moitié de ses échanges dans le cadre de I'ALENA, les pays d'Amérique du Sud ont de nombreux autres partenaires (UE, Chine...) et commercent peu entre eux (le MERCOSUR compte 20 % environ de flux internes). De nombreux aménagements sont en voie de construction pour dynamiser l'intégration. Il s'agit en particulier d'axes de communication visant à mieux relier l'Atlantique au Pacifique (corridors interocéaniques) et, plus loin, vers l'Asie: élargissement du canal de Panama, projet de canal au Nicaragua, projets d'axes de transport à travers l'Amazonie et à travers les Andes, entre Argentine et Chili.

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B. Des associations régionales aux logiques différentes L'ALENA suit une logique exclusive de libre-échange: l'accès facilité au marché des États-Unis est un moteur pour l'économie canadienne et surtout pour l'industrie mexicaine (exportations vers les États-Unis multipliées par 6 en vingt ans). C'est aussi une alliance déséquilibrée avec une forte dépendance vis-à-vis des États-Unis et un bilan social lourd. Ainsi, l'agriculture mexicaine, celle des petits paysans du Chiapas notamment, a été fragilisée par les exportations issues de l'agriculture productiviste des États-Unis. De même, la question migratoire est un enjeu omniprésent dans les débats entre les trois pays, surtout depuis les politiques de fermeture appliquées après le 11 septembre 2001. = ALENA (Alliance de libre-échange nord-américaine) Zone de libre-échange fondée en 1994 et comprenant le Canada, les États-Unis et le Mexique. Elle repose sur la suppression des barrières douanières et la libre circulation des capitaux, sans la libre circulation des personnes.

Face à I'ALENA, le MERCOSUR est une alternative plus complète, impulsée par le Brésil, puissance régionale souhaitant contrecarrer l'influence des É-U. Ce marché commun vise à faciliter le libre-échange mais aussi la libre-circula° des personnes et la défense de valeurs démocratiques et sociales. Le MERCOSUR a donné une impulsion au commerce régional mais il reste une union fragile dont les membres ont des intérêts divergents : l'adhésion du Venezuela en 2012 (suspendu depuis 2016) a apporté les revenus du pétrole mais aussi une vision antilibérale qui pose pb à certains États membres. Une possibilité d'extension du MERCOSUR est cependant envisagée à travers l'UNASUR, qui rassemble tous les pays d'Am. du Sud. = MERCOSUR (Marché commun du Sud) ou MERCOSUL (en portugais) Marché commun fondé en 1991 et comprenant le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay, le Paraguay, le Venezuela et la Bolivie (en cours d'adhésion). La majorité des pays d'Am. du Sud sont membres associés. Il s'agit d'instituer la libre circula° des biens, des services et des moyens de prod° entre les pays membres. = UNASUR (Union des nations sud-américaines) Organisation fondée en 2008 et comprenant tous les pays d'Amérique du Sud pour rapprocher le MERCOSUR et la Communauté andine.

Les autres associations sont pour l'instant moins abouties. - L'ALBA est un front du refus à la domination états-unienne et au libéralisme, mais elle a perdu de sa cohérence avec le dégel entre les États-Unis et Cuba sous la présidence Obama et les difficultés politiques et économiques du Venezuela depuis la mort d'Hugo Chavez (2013). = ALBA (Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique) Organisation antilibérale de coopération fondée en 2004, comprenant 11 membres, dont la Bolivie, l'Équateur, le Venezuela et Cuba. Son nom fait référence à Simon Bolivar et à sa tentative de fédération d'une Amérique latine unie dans le premier quart du XIXe siècle. Cette alliance se veut une alternative économique et politique à la domination des États-Unis sur le continent; mais elle ne fonctionne réellement qu'entre le Venezuela et Cuba, par des échanges de services et de biens (assistance médicale cubaine contre pétrole vénézuélien).

- La CELAC (Communauté d'États latino-américains et caraïbes) a été créée en 2011 à l'initiative du Venezuela et du Mexique pour contrer à la fois l'influence des États-Unis et du Brésil Elle comprend tous les pays d'Amérique latine (33). C'est un forum culturel et politique pour le développement de l'ensemble du bloc régional Amérique latine-Caraïbe. Les défis sont nombreux: écarts économiques entre les pays, logiques nationales contraires, rapports de force, divisions idéologiques constituent des freins à l'approfondissement des intégrations. - L’Alliance du Pacifique (Mexique, Colombie, Chili et Pérou) est née en 2012 et représente 8 % du PIB du continent américain. Sa création fait écho à l’échec du projet étatsunien de la ZLEA. En offrant une alternative à l’Alba, définie par son opposition au leadership américain, et au Mercosur, de plus en plus protectionniste, l’Alliance du Pacifique, de tendance néolibérale, a deux objectifs : l’intégration commerciale en Amérique latine et l’intensification des relations avec l’Asie Pacifique. Pour ce faire, l’Alliance du Pacifique et l’Asean, se sont réunis en mai 2015 en Indonésie pour discuter des mesures destinées à renforcer leur coopération bilatérale. >>> L'intégration du continent américain tend à se renforcer mais le poids des États-Unis et les ambitions du Brésil rendent les associations difficiles à construire. La possibilité d'une Amérique intégrée du Nord au Sud semble en tout cas s'éloigner. Conclusion: Le continent américain présente d'importantes inégalités de développement à différentes

échelles. Cependant, à l'image de la Caraïbe, cette aire continentale est une zone de contacts traversée par

d'importants flux de population, de marchandises et de capitaux. Bien que ces échanges soient dominés

par les États-Unis, le Brésil remet peu à peu en cause cette hégémonie et s'affirme comme une nouvelle

puissance régionale.

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Les étapes de l'intégration économique

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Les étapes de l'intégration économique