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1 EDITORIAL Chers lecteurs, Ce numéro d’ Amitiés Dominicaines vous parvient à une date inhabituelle : fin mai au lieu de fin juin. Nous tenons à rendre compte dans chaque numéro des événements importants de la vie des fraternités, et ils se sont bousculés en cette période : retraite vicariale annuelle, Neuvaine de Huy, visite du Maître de l’Ordre Fr. Carlos Azpiroz Costa. Nous voulions notamment donner un compte rendu approfondi de la matinée en Famille dominicaine que nous avons vécue à l’occasion de la visite du frère Carlos. Il n’est pas fréquent, en particulier, de pouvoir faire le point de façon aussi complète sur la vie de nos sœurs dominicaines apostoliques et nous nous réjouissons de pouvoir le partager avec vous. D’autre part, le Congrès européen du laïcat dominicain auquel plusieurs d’entre nous vont participer en Slovaquie du 29 mai au 3 juin nécessitera qu’on lui consacre une place importante. Vous aurez remarqué la barque dominicaine de la page de couverture. Elle fait partie du logo du Congrès. Le frère Carlos a d’ailleurs bien souligné lors de sa visite l’importance des liens européens et internationaux entre laïcs dominicains et s’est montré surpris de l’absence de la Belgique en mars 2007 au Congrès international du laïcat dominicain à Buenos Aires. sont primordiaux et c’est en échangeant nos expériences humaines et apostoliques que nous pourrons avancer efficacement dans l’annonce du Christ et de la présence vivante de Dieu à nos contemporains. Merci de votre prière pour un Congrès fructueux et n’hésitez pas à intervenir par e-mail au cours du Congrès (voir p.26) pour faire part de vos réactions, suggestions et questions. Que saint Dominique nous inspire et veille sur notre barque ! Bénédicte Jerebzoff-Van Damme o.p. Rédacteur en chef d’Amitiés Dominicaines La journée de formation sur l’Europe organisée en octobre 2007 avec la province flamande a mis en évidence le déplacement des centres de décision à l’échelon européen et l’importance de disposer de structures permettant à tous les Européens de réagir sur les problèmes qui les concernent tous. Au niveau des fraternités, les structures se mettent lentement en place, mais nous sommes encore loin d’avoir une voix européenne ou internationale commune dans la société. C’est pourquoi les liens entre nous et d’un pays à l’autre

R 260 FINAL - Laics dominicains · 2007 au Congrès international du laïcat dominicain à Buenos Aires. sont primordiaux et c’est en échangeant nos expériences humaines et apostoliques

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    EDITORIAL

    Chers lecteurs,

    Ce numéro d’Amitiés Dominicaines vous parvient à une date inhabituelle : fin mai au lieu de fin juin. Nous tenons à rendre compte dans chaque numéro des événements importants de la vie des fraternités, et ils se sont bousculés en cette période : retraite vicariale annuelle, Neuvaine de Huy, visite du Maître de l’Ordre Fr. Carlos Azpiroz Costa. Nous voulions notamment donner un compte rendu approfondi de la matinée en Famille dominicaine que nous avons vécue à l’occasion de la visite du frère Carlos. Il n’est pas fréquent, en particulier, de pouvoir faire le point de façon aussi complète sur la vie de nos sœurs dominicaines apostoliques et nous nous réjouissons de pouvoir le partager avec vous.

    D’autre part, le Congrès européen du laïcat dominicain auquel

    plusieurs d’entre nous vont participer en Slovaquie du 29 mai au 3 juin nécessitera qu’on lui consacre une place importante. Vous aurez remarqué la barque dominicaine de la page de couverture. Elle fait partie du logo du Congrès. Le frère Carlos a d’ailleurs bien souligné lors de sa visite l’importance des liens européens et internationaux entre laïcs dominicains et s’est montré surpris de l’absence de la Belgique en mars 2007 au Congrès international du laïcat dominicain à Buenos Aires.

    sont primordiaux et c’est en échangeant nos expériences humaines et apostoliques que nous pourrons avancer efficacement dans l’annonce du Christ et de la présence vivante de Dieu à nos contemporains.

    Merci de votre prière pour un Congrès fructueux et n’hésitez pas à intervenir par e-mail au cours du Congrès (voir p.26) pour faire part de vos réactions, suggestions et questions. Que saint Dominique nous inspire et veille sur notre barque !

    Bénédicte Jerebzoff-Van Damme o.p. Rédacteur en chef d’Amitiés Dominicaines

    La journée de formation sur l’Europe organisée en octobre 2007 avec la province flamande a mis en évidence le déplacement des centres de décision à l’échelon européen et l’importance de disposer de structures permettant à tous les Européens de réagir sur les problèmes qui les concernent tous. Au niveau des fraternités, les structures se mettent lentement en place, mais nous sommes encore loin d’avoir une voix européenne ou internationale commune dans la société. C’est pourquoi les liens entre nous et d’un pays à l’autre

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    O Dieu, envoie-nous des fous, qui s’engagent à fond,

    qui oublient, qui aiment autrement qu'en paroles,

    qui se donnent pour de vrai et jusqu'au bout. Il nous faut des fous, des déraisonnables,

    des passionnés, capables de sauter dans l'insécurité :

    l'inconnu toujours plus béant de la pauvreté.

    Il nous faut des fous du présent, épris de vie simple, amants de la paix,

    purs de compromission, décidés à ne jamais trahir, méprisant leur propre vie,

    capables d'accepter n'importe quelle tâche, de partir n'importe où

    libre et obéissants, spontanés et tenaces,

    doux et forts.

    O Dieu, envoie-nous des fous.

    Père Lebret o.p.

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    RETRAITE VICARIALE DES FRATERNITÉS Foyer de Charité de Spa-Nivezé, 11-13 avril 2008

    S’APPROPRIER L’ÉVANGILE

    POUR MIEUX L’OFFRIR AUX AUTRES

    CEUX que l’on peut qualifier de participants fidèles à nos heures de ressourcement que sont les retraites vicariales vous le diront avec une pointe de satisfaction : « Une retraite ne ressemble jamais à une autre : chacune a sa richesse particulière ». La retraite 2008 de Nivezé aura été paisible, studieuse, riche en enseignements, bénéfique pour tous, et finalement assez intimiste. Jamais une évaluation finale n’aura engendré tant de motifs de satisfaction. Intimiste ? Le cadre champêtre du Foyer de Charité, dont la qualité de l’accueil fut soulignée par tous, s’y prête assurément. Par ailleurs, la taille du groupe a favorisé incontestablement son aspect feutré. Ce n’était (hélas pour les absents) pas la grande foule, et le statisticien de service vous révélera que seul un membre sur trois de nos fraternités et que seul un responsable de fraternité sur deux étaient présents. En revanche, on a pu constater que 50% des participants étaient des membres nouvellement engagés ou des membres de nos deux groupements fraternels en formation. Colette aurait parlé du « blé en herbe ». Le tout sous le regard rassurant des plus anciens de nos frères et sœurs : Jeanne Berck et Jacques Noé. Le sujet abordé par le frère Emmanuel Dollé n’était pas facile : comment s’approprier nos beaux textes bibliques, comment les faire nôtres pour les restituer ensuite et être de bons « porteurs de la Bonne Nouvelle » comme il sied à des laïcs de l’Ordre des prêcheurs ? Là aussi, pari tenu, en une série d’exposés dont les mots ont gardé leur sonorité, leur fraîcheur, des mots gorgés de vie. Le vrai charisme non démagogique a encore de belles heures devant lui. Egrainons les heures de ce week-end de ressourcement. Vous avez dit « Jeanne d’Arc » ?

    Vendredi soir : c’est l’heure d’arrivée, l’heure d’installation, le premier contact avec le frère Emmanuel. Pour l’heure d’arrivée, chacun fut à bon port avant la fin du jour. C’est bien connu : plus on est loin, plus on prend les dispositions horaires voulues, plus tôt on se trouve au poste. Pour l’installation, une bonne dizaine feront ce soir-là un apprentissage des

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    chambres de retraite. Il ne faudrait pas qu’ils croient que le même confort les attend partout. Nivezé est un « trois étoiles » dans le genre.

    Premier exposé du frère Emmanuel Dollé. D’emblée, c’est le départ au cœur d’un vaste sujet : « Evangile et messagers de Bonne Nouvelle», un parcours spirituel qui s’articulera autour de quatre verbes : lire, écouter, s’approprier, et donner l’Evangile. Et bien entendu, avant de se référer au texte lui-même, on prend une juste respiration : « Notre vocation dominicaine, c’est de dire le Christ. Et faire une retraite, c’est se retirer pour faire silence – un silence qui n’est pas le vide, mais qui est une opportunité d’entendre « autre chose ». Une voix qui vit en nous, mais que nous n’avons pas l’habitude d’écouter. C’est la conversation entre Samuel et le Seigneur : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute… »

    Le bon prêcheur est celui qui sait surprendre, qui sort des sentiers battus pour nous rappeler à tout moment que l’aventure du Christ est passionnante. Surprendre et intriguer. Mais que vient faire la Pucelle d’Orléans dans ce mot d’introduction ? Jeanne d’Arc est le nom en religion de celle qui a traduit en français fidèle mais sans apprêt les textes de la Bonne nouvelle qui se trouvent sur notre métier. C’est donc à Sr Jeanne d’Arc o.p.1 (notre photo) que nous devons la traduction des textes qui nous occuperont pendant le week-end. Le récit de l’Aveugle de Jéricho (Mc 10, 46-52) nous sera donné à méditer jusqu’au lendemain. Première approche du texte, et la surprise est totale. Le témoignage de Marc retrouve, sous les mots français épurés de la traductrice, toute sa beauté initiale.

    Et le texte continue ainsi : « Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le ». Ils appellent l’aveugle et lui disent : « Confiance ! Dresse-toi, il t’appelle ! » Il se débarrasse de son

    1 Sœur Jeanne d’Arc o.p.- L’Evangile selon Marc (édition bilingue grec-français) – Ed. Desclée De Brouwer 1988 (Epuisé mais quelques exemplaires encore disponibles sur le Net – voir Abebooks.fr). Les autres Evangiles sont également disponibles. L’abbé René Laurentin saluera l’ouvrage en disant : « Cette traduction est une bonne nouvelle ».

    Cela ressemble au décapage d’un mur chaulé qui restitue sa fresque initiale. Sous des dehors bruts et rocailleux, voici toute la force des mots grecs qui s’impose : « Le fils de Timée, Bartimée, aveugle, mendiant, était assis au bord du chemin. Il entend que c’est Jésus, le Nazarène ! Il commence à crier et à dire : « Fils de David, aie pitié de moi ! ».

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    manteau, bondit et vient à Jésus. Jésus lui répond et dit : « Pour toi, que veux-tu que je fasse ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni ! Que je revoie ! »

    C’est déjà l’heure de la prière du soir et du « Salve Regina ». On se retire en silence. L’esprit déjà égaré dans les faubourgs de Jéricho. Lectio divina

    Samedi matin. Laudes. Et petit déjeuner. Dans le calme, mais pas en silence : tant de questions au bord des lèvres de ceux qui nous rejoignent dans la grande aventure dominicaine. Puis on se retrouve pour une première approche du texte de l’aveugle-né, le savoir « lire » selon la bonne méthode classique de la « lectio divina ».

    Qui est cet aveugle-né dont parle saint Marc ? Important, puisqu’il s’agit du bénéficiaire du miracle. On dit que c’est un « aveugle-né ». C’est « l’autre », dans la conception rigoureuse de l’Ancien Testament. Un « handicapé » dirait-on aujourd’hui, avec une pointe de solidarité. Mais à l’époque de saint Marc ? Si le ciel l’a privé de la vue, c’est donc qu’il est pécheur. Aveugle-né ? C’est que ses parents aussi étaient pécheurs, des « gens à exclure ». Donc, à ne pas situer avec les autres sur la route de Jéricho, « en bordure » de la route seulement. C’est un « mendiant », quelqu’un qui a besoin des autres pour survivre. Mais il est intelligent : il appelle Jésus « Fils de David », il a donc enregistré la lignée de celui qui passe, il sait qu’il s’agit du « Messie ». Et que dit-il ? « Fils de David, aie pitié de moi !» Une demande indéterminée encore. Une sorte de demande de miséricorde.

    Quelle est la réaction de Jésus ? A noter ici que le Christ, aussi proche soit-il de la vie des humains, n’est que rarement intervenant. En tout cas, pas un intervenant systématique. Sans doute a-t-il vu ou entendu les cris de l’aveugle, mais il lui fait préciser la demande : « Pour toi, que veux-tu que je fasse ? » Bien entendu, le Christ connaît l’objet de sa demande, mais il faut la formuler : c’est la prière de demande au Père, telle qu’Il nous l’a enseignée. L’aveugle dit : « Rabbouni ! Que je re-voie ! ».

    Arrêt sur image. Ah, cette expression de « Rabbouni », ce diminutif chargé de tant de tendresse qu’il rend l’adresse familière…La traduction française la plus voisine serait « papounet, papichet… ». Sœur Jeanne d’Arc laisse le mot originel, pour amener le lecteur à n’en pas perdre le suc, la sève. Le mot de « rabbouni » est affectueux. C’est le cœur qui parle. Cela signifie « mon maître que j’aime ». On ne retrouve l’expression que deux fois dans le Nouveau Testament : dans le texte de

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    Marc qu’on vient de lire, et dans l’Evangile selon Saint Jean, au moment de la rencontre avec Marie Madeleine.

    Autre mot-clé : celui que prononcent les disciples qui guident l’aveugle : « Courage ! » Le mot grec couvre en réalité deux concepts français : celui de « courage » et celui de « confiance ». C’est qu’il faut se dresser, être debout, pour rencontrer le Christ. Etre debout, dans le sens de se débarrasser de ses oripeaux de clochard. Il montre son vrai visage, le vrai Bartimée, différent de l’étiquette sociale qu’il portait l’instant d’avant.

    Et que dit le Christ à Bartimée ? « Ta Foi t’a sauvé ». C’est l’intelligence du cœur qui lui a fait reconnaître le Messie. Bartimée a mis une tonne de confiance en Jésus, il a bien répondu aux questions, il ne peut être que guéri. Ce n’est pas une auto-guérison, ni un effet psychosomatique. Le récit va beaucoup plus loin qu’une histoire de vue humaine retrouvée, il concerne le rapport de l’Homme avec Dieu et avec les Autres. Et dès lors, ce texte devient vivant pour nous tous, aujourd’hui : il devient la « bonne nouvelle ». Plus on s’approprie le texte, plus on trouve le moyen de le remettre en circulation dans nos vies quotidiennes. On n’a pas le droit d’être « tiède »…

    Un pas de plus, au cours de la rencontre de samedi après-midi avec le frère Emmanuel. Après le ton « moderato cantabile » du matin, ce sont les registres puissants de la prédication qui entrent en jeu. « Nous n’avons pas le droit d’être tièdes. Le Christ a dit qu’il vomissait les tièdes. Pour nous approprier vraiment les textes de la Bonne Nouvelle, il nous faut lire et relire les différentes traductions, avec une certaine distance par rapport à la traduction liturgique classique qui n’est pas nécessairement la meilleure, et que d’aucuns considèrent d’ailleurs comme mauvaise. Lire et relire plusieurs fois les mêmes passages, puis ensuite lire un évangéliste de façon continue. On a le droit de comprendre, de ne pas comprendre, il peut même y avoir des passages avec lesquels on n’est pas d’accord, l’important c’est de lire. Notre lecture est d’abord individuelle. Mais ce que je reçois, il faut aussi que d’autres l’aient. Nous sommes co-responsables de l’avancement du Royaume de Dieu. Nous devons nous enrichir de ces textes et les partager avec d’autres pour qu’eux aussi puissent avancer.

    Le discours s’élargit ensuite, et le frère Emmanuel évite soigneusement les pièges d’un éventuel ghetto spirituel. D’autres, parmi ceux que certains taxent d’être des « crypto-chrétiens », peuvent nous

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    accompagner dans cette lecture de la Bonne Nouvelle. Et de citer par exemple Erri De Luca2, cet alpiniste écrivain qui, interpellé par la lecture des Evangiles, apprendra le hébreu et deviendra l’un de ces auteurs au travers desquels Dieu parle et « trace ses lignes droites avec des courbes ». Les tièdes diront en se méfiant : « Oui, mais De Luca n’arrive pas à croire à l’Incarnation, il ne croit pas au pardon et s’autoproclame non chrétien ». Qu’importe, dans son livre Noyau d’Olive, on trouve des pages très belles qui sont le témoignage d’un homme en recherche, en chemin…et rien n’interdit de penser qu’au travers de ses recherches, Dieu puisse, à certains moments, parler par sa bouche ou guider sa plume. « C’est le noyau qui donne son goût dans votre bouche », dit frère Emmanuel en pastichant le titre du livre. Puis, pour faire bonne mesure, il cite aussi Marie Balmary, la psychanalyste française auteur de l’ouvrage Le Moine et la Psychanalyste3, qui faisait remarquer que « si les textes religieux sont un lieu de travail, les Ecritures sont un lieu de repos ».

    Toujours au cours de ce samedi après-midi, le frère Emmanuel invite son auditoire à découvrir deux nouveaux textes se rapportant au même sujet : la fameuse parabole des « talents » dans les versions de Matthieu (25, 14-30) et de Luc (19, 11-27). Et les commentaires de Marie Balmary viendront à point nommé. Quelques précisions historiques aux fins de déblayer le terrain : le « talent » est une grosse somme d’argent, ce n’est point la valeur d’un euro contemporain. Le talent correspond à la valeur d’un lingot d’argent pesant 20 kg, ce qui représente 5.000 à 6.000 deniers, le denier étant le salaire d’une journée de travail aux champs. Relecture des textes, toujours dans la traduction de sœur Jeanne d’Arc. Important. Car en serrant le texte grec à son ordinaire, il est dit que le Seigneur « vient », et non pas « revient » selon la traduction liturgique (comme le ferait un propriétaire venant percevoir le fruit d’une location). Et le troisième serviteur, dans la version de Luc, a emballé son « talent » dans un tissu puis dans une caisse, comme pour un enterrement. En fait, le Seigneur leur a fait don de ces talents et ne les a pas « placés en banque », mais ce don impliquait le devoir de les faire fructifier. Quelqu’un, à l’heure des questions et réponses, rappellera à ce sujet le mot de saint Dominique :

    2 Erri De Luca, Nocciolo d'Oliva. A paru en traduction française sous le titre de Noyau d'olive chez Gallimard (Paris, 2004). Ce sont vingt-six réflexions sur l’Ancien et le Nouveau Testament. Cet écrivain italien est né à Naples en 1950. Il a notamment remporté en 2002 le Prix Femina pour son livre Montedidio. Il a participé au mouvement d'extrême-gauche Lotta Continua en Italie et exercé divers métiers, d'ouvrier spécialisé chez Fiat à manutentionnaire à Catane, ou maçon en France et en Afrique. Ce lecteur quotidien de la Bible est également un alpiniste passionné. 3 Ce livre est le fruit d’une rencontre entre la psychanalyste et le moine bénédictin François Lacan, frère de Jacques.

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    « Si le grain s’entasse, il pourrit ». Le troisième serviteur, celui qui n’a reçu qu’un talent, se comporte en fait comme s’il n’avait rien reçu du tout et le Seigneur entre dans son raisonnement, dans son jeu. Le don de Dieu est difficile à accepter. Au terme d’une subtile analyse des trois cas de figure du texte, une conclusion plus riche qu’au départ : « Oui, ce qui nous est donné doit fructifier, avec un rendement de deux pour un. Ce n’est certainement pas un jeu de dupes d’être aimé de Dieu… mais sait-on jamais combien on a reçu ? » Fr. Emmanuel reconnaît la difficulté de comprendre un texte comme celui-ci et l’importance d’interroger aussi le Seigneur dans la prière, sans jamais cesser de lire. Mission d’annoncer, mission de partager…

    Dimanche matin. On a peu dormi. La soirée « conviviale » du samedi soir bénéficia de l’absence d’un ordre du jour trop précis. Et le hasard fit constater que trois groupes au moins ont fait, cette année, l’expérience de la découverte du désert et de la Terre sainte. Avec la révélation d’une souffrance du peuple palestinien qui appelle une réponse. Ce sera pour le retour… En attendant, on se raccroche aux dernières heures de réflexion en commun sur notre mission. Laquelle ? Après la réception et tout le travail d’appropriation des textes…nous avons, par le baptême, mission d’annoncer la Bonne Nouvelle et de la partager. Nous voilà en compagnie de Saint Marc, qui garde la paternité du terme « Bonne Nouvelle ».

    Concrètement, pour un laïc dominicain engagé, cela implique d’avoir des yeux exercés à regarder, des oreilles exercées à entendre et de devenir des serviteurs de la Parole. « L’entendeur de la Parole », souligne le frère Emmanuel, « c’est celui qui est semé dans la bonne terre et qui porte du fruit. Il ne faut pas juger l’importance de la récolte, c’est Dieu qui s’en occupe à sa propre échelle. Mais il faut impérativement être attentifs à porter du fruit. Comment être des annonceurs de la Parole ? D’abord en en vivant et en montrant que l’Evangile rend heureux. Notre travail, c’est d’être des relais de la Parole du Christ ».

    Voilà, esquissé à larges traits de fusain, la parole reçue, et les pistes de nos réflexions. Mais l’important se faufila aussi dans les conversations de couloir. Tant de choses à échanger et à partager !

    Guido Van Damme o.p.

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    VISITE DU MAÎTRE DE L’ORDRE EN BELGIQUE-SUD

    RENCONTRE AVEC LA FAMILLE DOMINICAINE Froidmont, 22 avril 2008

    Fr. Carlos Alfonso Azpiroz Costa o.p.

    Le frère Carlos était accompagné par son socius (assistant du Maître de l’Ordre) pour l’Italie et Malte, le frère Bernardino Prella o.p.

    On célébra d’abord ensemble l’Office des Ténèbres du Samedi

    Saint, puis le Maître de l’Ordre dit son bonheur de se retrouver en famille dominicaine, en soulignant que le monde a besoin de notre parole prophétique qui admoneste, qui console et qui affermit.

    Après les frères, que le Maître de l’Ordre avait eu l’occasion de rencontrer personnellement et séparément la veille au couvent de la Communauté internationale de l’Avenue de la Renaissance à Bruxelles, ce fut, à Froidmont, l’occasion pour les sœurs et les laïcs de nos fraternités de présenter leur action et aussi de communiquer leurs projets et leurs préoccupations. Nous nous faisons écho de ces interventions dans leur totalité, car loin d’être académiques, elles ont cerné la réalité de près.

    MOMENT important dans la vie d’une communauté qui couvre l’ensemble de la planète, que celui qui permet non seulement de voir de près celui qui en a la charge première, mais qui rend possible ce face à face de chacun pendant quelques instants. Moment d’autant plus rare que, dans l’organisation démocratique de l’Ordre des frères prêcheurs, la durée du mandat d’un Maître de l’Ordre ne peut dépasser les neuf ans. La Famille dominicaine du Vicariat de Belgique-sud a connu la joie de cette rencontre le 22 avril 2008 dans les locaux de la Communauté de Froidmont.

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    Petites Sœurs Dominicaines Les Petites Sœurs Dominicaines sont une centaine, principalement en France mais aussi en Espagne, à Brazzaville, en Haïti et au Salvador. Elles ont été fondées à Beaune (en Bourgogne) par l’Abbé Chocarne, curé du Faubourg St Nicolas préoccupé des familles des ouvriers de la vigne lorsque celles-ci étaient touchées par la maladie. L’Abbé Chocarne (frère du Père Chocarne o.p.) et sa collaboratrice étaient tertiaires dominicains et ont tout naturellement orienté leurs collaboratrices dans la spiritualité dominicaine. De Beaune, les sœurs ont essaimé à Dijon, à Paris, à Orléans, à Roubaix, à Toulouse, à Marseille, à Montluçon, à Montauban, à Caucriauville, à Verviers, à Bruxelles, à Charleroi, à Bilbao, à Valence, etc...toujours dans les banlieues ouvrières. Lors de l’aggiornamento de la vie religieuse, plusieurs sœurs se sont orientées vers le partage de la vie des travailleurs soit en entreprises, soit en hôpital, soit dans des services sociaux. Arrivées à l’âge de la retraite, elles gardent le souci de rejoindre les mouvements qui luttent pour plus de justice et de fraternité dans le monde. Dans cette perspective, elles ont maintenu leur implantation à Charleroi dans le quartier populaire de la Broucheterre. (Celui-ci a connu l’apostolat des Pères Dominicains au moment de la guerre). De ce quartier, 3 d’entre elles accompagnent des malades du SIDA ou du Cancer, pratiquent l’écoute téléphonique, se joignent aux activités du quartier, animent un mouvement de coopération au développement. Une quatrième assure un service auprès d’enfants abandonnés ou en situation très difficile en Haïti. Une autre partage la vie d’une Maison de Retraite. Répondant à l’appel Fidei Donum, quelques sœurs sont parties pour l’Afrique Centrale et l’Amérique Latine. C’est ainsi que nous avons des petites Communautés à Brazzaville avec 3 soeurs françaises et 10 sœurs congolaises. Une sœur de Charleroi y séjourne un mois tous les ans. C’est l’une des manières dont les Sœurs de Belgique assument des responsabilités dans la congrégation et vis-à-vis des sœurs. Nous participons activement à la réflexion qui se fait dans toutes les communautés en préparation à une assemblée générale de congrégation qui a lieu tous les quatre ans, entre deux chapitres généraux. Cette année, le thème en est « la Liberté ».

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    Après avoir entendu les autres Congrégations, nous nous demandons si nous ne devions pas signaler quelques-uns des événements auxquels ont participé les sœurs : présence et assistance lors de la catastrophe de Marcinelle et des grèves de 1960-1961, collaboration lors de la Mission de Charleroi 1963-64 qui a eu une grande importance pour le travail pastoral de la région : les frères dominicains Bruno Delavie et Xavier Deltour étaient membres de l'équipe missionnaire. Suite à cela, les Petites Soeurs Dominicaines ont été appelées à faire partie du secteur missionnaire de Jumet. − Soeur Anne Gauthier a pris son bâton de pèlerin pour sensibiliser le

    monde des religieuses de Wallonie et de Bruxelles mettant en route la Commission Apostolique Ouvrière des Religieuses (CAOR) y impliquant aussi des aumôniers du Mouvement Ouvrier Chrétien.

    − Catherine Pitsi a assuré pendant de longues années le Secrétariat de la Commission d'Etudes de Pastorale Ouvrière (CEPO).

    Les Petites Soeurs Dominicaines sont aussi partie prenante des Communautés d'Eglise en Monde Ouvrier (CEMO). Enfin, nous rencontrons deux fois par an "Les Soeurs Dominicaines en Monde Populaire" avec les Dominicaines du Nord de la France et de Michel Perret.

    Sr Catherine de Crombrugghe o.p.

    Les Dominicaines Missionnaires de Notre-Dame de Fichermont Notre Congrégation est née d’un appel missionnaire. A la demande des Frères Prêcheurs travaillant au Congo belge (actuellement RDC), Soeur Marie-Aimée (Clémentine Van Honsebrouck), moniale de Dinant, accepte de fonder une congrégation de Dominicaines Missionnaires pour participer à l’évangélisation par des oeuvres éducatives, médicales et sociales. La Congrégation débute le 21 juillet 1920 au vieux château de Fichermont, dans la plaine de Waterloo, et se mettant sous la protection de la Vierge du Rosaire, prend le nom de "Dominicaines Missionnaires de Notre-Dame de Fichermont". Dès 1924, les premières sœurs missionnaires sont envoyées en Afrique : d’abord dans le Haut-Uélé, plus au Kasaï et au Katanga. A partir de 1966, des communautés sont fondées au Chili. Le style monastique est progressivement remplacé par des structures mieux adaptées à une vie religieuse apostolique engagée dans le monde contemporain.

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    Le chapitre général de 1967, marque un tournant décisif. S’appuyant sur l’intuition de saint Dominique, la congrégation reformule son objectif apostolique : Congrégation dominicaine au service de la vérité évangélique, avant tout pour l’annoncer là où elle n’est pas annoncée, pour la revitaliser là où elle est contaminée, et encore pour l’enraciner davantage là où elle existe, tout en accordant la préférence aux pays en développement. (Actes du Chapitre de 1967) Elargissant ainsi notre champ d’action missionnaire, ce même Chapitre ouvre la porte à des implantations en Belgique : de petites fraternités sont créées successivement à Anderlecht, Wenduine, Feluy, Woluwe, Sart. Malheureusement, ces petites fraternités ont été fermées successivement, par manque de sœurs. Actuellement, deux sœurs sont dans une maison de repos, à leur demande, continuant à être missionnaires tant qu’elles le peuvent. Ce qui fut notre « monastère » est maintenant aux mains du Verbe de Vie (Communauté nouvelle), mais nos aînées restent dans les anciennes dépendances de la ferme aménagées en résidence. C’est une communauté qui accueille encore beaucoup de personnes et une sœur est présente dans le monde de l’édition. En 1999, les sœurs ont dû quitter le Congo, pour raisons de santé, et l’école de Kabinda fut remise aux Sœurs Dominicaines du Rosaire congolaises. Au Chili, notre présence en milieu populaire s’est terminée en 1998, tandis que deux soeurs continuaient leur apostolat au service d’une maison d’accueil de l’évêché à Santiago. L’une d’entre elle est décédée au Chili en décembre 2005 et la dernière est rentrée définitivement en Belgique en avril 2007, après 40 années de service dans cette maison. La congrégation, soucieuse de l’avenir de la vie apostolique dominicaine féminine, a participé à un projet de fédération qui voulait réunir les plus jeunes, mais cela n’a pas abouti. A l’heure actuelle, nous ne sommes plus qu’une vingtaine de sœurs :

    • A St Josse (quartier multiculturel de Bruxelles qui ne compte pas moins de 150 nationalités différentes), nous avons une communauté bien vivante et engagée : la communauté de Béthel. L’une des sœurs est animatrice paroissiale : sa tâche est multiple, et elle consacre beaucoup de temps à la visite des malades. Une autre participe activement au restaurant social, intègre un service de documentation scolaire, a de nombreux contacts avec les Africains. Une sœur

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    vietnamienne accompagne spirituellement ses compatriotes et les aide aussi pour différentes démarches dans les hôpitaux et les bureaux de l’administration. Une soeur chilienne est assistante paroissiale pour la pastorale hispanophone. Enfin, une autre sœur est responsable d’un centre pour le dialogue islamo-chrétien (El Kalima) et du Comité interdiocésain pour les relations avec l’Islam. Elle est aussi très engagée dans le dialogue interconvictionnel et accompagne comme assistante religieuse une fraternité laïque dominicaine. La maison, assez spacieuse, nous permet d’accueillir de jeunes étudiantes au troisième étage. Nous donnons la priorité à des religieuses du Tiers Monde venant se former en Belgique.

    • A Anderlecht, une sœur poursuit son insertion dans ce milieu populaire, présence d’abord, avec tout ce que cela suppose d’écoute, d’accompagnement, d’engagement social et aussi d’animation pastorale néerlandophone.

    • A Woluwe, deux sœurs sont engagées dans des sphères bien différentes : l’une donne des cours d’hébreux, accompagne des cercles bibliques, des séminaires, etc. L’autre assure de multiples présences au Carrefour Spirituel des Cliniques St Luc (travail d’écoute), visite des malades du sida, fait de l’écoute téléphonique à domicile « télé écoute prière », etc.

    • Notre maison Acqua Viva, située près du site universitaire de Louvain en Woluwe, accueille une quinzaine d’étudiantes. La maison est rattachée à la Jeunese Dominicaine Internationale. C’est un milieu de vie très stimulant : deux soeurs y vivent, dont une jeune de trente ans qui anime ces jeunes et organise des activités, des célébrations liturgiques et des temps de prière. Elle collabore activement – entre autres choses – à l’université des Dominicains sur le web : DOMUNI.

    • Enfin une sœur – aumônière dans un grand hôpital de Bruxelles – est actuellement en année sabbatique à Boscodon.

    Nous sommes heureuses de pouvoir encore être missionnaires en Belgique et nous en remercions le Seigneur.

    Sr. Marie-Jeanne Leroy o.p.

    Dominicaines Missionnaires de Namur 1. Tout d’abord, un peu d’histoire

    En effet, dans les moments importants de la vie de la congrégation, c’est en faisant mémoire du passé que nos orientations ont été prises.

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    Voici comment nos constitutions nous situent dans l’Ordre des Prêcheurs :

    Les Dominicaines Missionnaires sont animées de l’esprit de saint Dominique qui, jusqu’à la fin de sa vie, désirait aller porter l’Evangile chez les Cumans, considérés à cette époque comme le peuple le plus pauvre et le plus éloigné de la foi. Elles incarnent ce désir en étant prêtes à quitter leur propre pays et à se disperser à travers le monde en de petites communautés présentes parmi les pauvres et les petits pour leur proposer humblement l’Evangile et le vivre avec eux. C’est la part modeste et spécifique qu’elles prennent à la grande mission de l’Ordre des Prêcheurs envoyé à tous les hommes, à tous les milieux et à tous les peuples en vue d’annoncer, dans un intense élan de miséricorde, la Vérité qui libère.

    La congrégation fut fondée à la demande de Monseigneur Lagae, évêque dominicain du Vicariat de Niangara au Congo (actuellement RDC), en vue d’avoir dans son diocèse une Congrégation dont l’option pour la mission à l’extérieur du pays serait radicale et le style de vie adapté. Elle a pu voir le jour en 1937 à Namur, grâce aux moniales de Dinant actuellement à Longchamps et que vous avez visitées mercredi. Nous leur restons très proches et gardons un lien très spécial avec elles. Dès le début la dimension missionnaire « ad extra » fait partie du charisme de la congrégation, à l’intérieur de l’Ordre qui l’affilie dès 1938. En 1942, le désir de se consacrer au Seigneur dans la vie dominicaine, naît dans le cœur des jeunes filles congolaises. La congrégation accepte de détacher des sœurs pour fonder les Filles de sainte Catherine de Sienne communément appelées les Catharinettes. Rattachées à l’Ordre en 1951, c’est en 1968 que cette nouvelle congrégation a tenu son premier chapitre général et élu sa première prieure générale : Mère Paula. Vous avez eu l’opportunité de les rencontrer lors de votre visite à Isiro, au couvent de Mater Dei en avril 2006. Dans les années 60 les sœurs au Congo (RDC) restèrent sur place à travers les soubresauts de l’indépendance et en 1964, lors de la rébellion, neuf d’entre elles furent massacrées avec nos frères dominicains au camp militaire de Watsa. Il nous fallait féconder de notre sang le sol africain où nous avions choisi de servir jusqu’au bout. Les autres aussi eurent beaucoup à souffrir et certaines furent sauvées de justesse grâce aux interventions de nos sœurs africaines qui entre-temps s’étaient développées.

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    Pour nous, ce fut le retour en Belgique. Mais la vocation missionnaire créa vite la dispersion. Dès que cela fut possible quelques-unes retournèrent au Congo. L’insécurité grandissante les obligea à fuir de nouveau vers la Centrafrique et ainsi les circonstances invitaient la Congrégation à ouvrir de nouveaux champs de mission en Centrafrique, au Rwanda, au Chili.

    Dans la ligne de nos Constitutions, la pastorale auprès des plus démunis dans les lieux humainement et spirituellement défavorisés guide le choix des nouvelles insertions : soit dans les banlieues de grandes villes, soit auprès des populations éloignées de centres urbains, soit avec les drogués. Bangui, quartier St. Michel, Mongumba auprès des pygmées, Valparaiso, Arica, Kivumu… Jamais nombreuses, mais le plus souvent « aux frontières » nous avons connu les systèmes dictatoriaux, les guerres, les mutineries, le génocide. 2. Dominicaines

    Tout en gardant une présence dans les milieux scolaire et hospitalier selon les besoins, nous nous engageons davantage dans la formation des communautés chrétiennes, des catéchistes et agents pastoraux, oeuvrant pour Justice et Paix. Nous avons toujours le souci de ne pas nous installer, mais de préparer la relève sur place et de repartir plus loin, laissant la place aux communautés chrétiennes ou aux congrégations autochtones. En 1984, le Maître de l’Ordre, le frère Vincent de Couesnongle, nous confia la Fondation de la Fraternité des Dominicaines Missionnaires d’Afrique, projet de la famille dominicaine du Rwanda. Née en 1983 pour l’Afrique, en octobre de cette année, les sœurs fêteront le 25° anniversaire de leur fondation. Cette jeune fraternité compte 34 professes de 3 nationalités différentes. Lors de leur premier chapitre général en 2006, les capitulantes ont élu leur première prieure générale Soeur Emerita, qui a participé aux DSI à Rome en mai 2007. L’érection canonique est espérée pour cette année. « Le grain entassé pourrit, dispersé, il fructifie ». Ce conseil de notre Père Dominique a été vécu dès le départ par les sœurs qui ont déjà des communautés dans 3 pays d’Afrique. 3. Et aujourd’hui ! Notre congrégation s’amenuise. Nous restons 19 seulement.

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    En Afrique

    Centrafrique : Nous gardons une communauté à Mbata, une région forestière aux mœurs encore très païennes. La sorcellerie pose encore de nombreuses difficultés pour l’évangélisation. L’éducation des enfants et la promotion de la femme sont au centre de l’apostolat des sœurs. Nous ne pourrions répondre seules aux appels de cette mission. C’est en très étroite collaboration avec les Filles de Sainte Catherine de Sienne et les Dominicaines Missionnaires d’Afrique que nous y oeuvrons, la communauté comptant des sœurs des 3 congrégations. Cette collaboration permet d’harmoniser les cultures, les richesses de chacune avec celle du peuple à évangéliser : paysans, pygmées, réfugiés. La communauté de par sa vie fraternelle toute simple et proche de la population est une parole vivante pour cette population où les pygmées sont encore considérés comme des êtres inférieurs et la propriété des villageois. Rwanda : Nous répondons à la demande des Dominicaines Missionnaires d’Afrique de leur laisser deux sœurs pour les aider dans leur croissance, l’une à temps plein, Sr. M. Pascale qui fut leur prieure générale jusqu’en 2006, et l’autre à temps partiel Sr Marie-Christine. Leur demande était précédée d’un proverbe africain significatif : « Le vieillard qui est assis voit plus loin que le jeune qui est debout ». Nous avons accepté la charge du noviciat et l’initiation à différentes fonctions nécessaires à la Fraternité : secrétariat et économat général, soutien à la prieure générale etc. Nous sommes à la disposition des Eglises locales du Rwanda, et de Centrafrique pour l’apostolat auprès des prisonniers, pour des sessions bibliques, des récollections, des retraites, pour la promotion de la femme, pour la formation des enseignants sur le terrain… Après avoir sagement réservé une partie de notre capital pour assurer nos « vieux « jours, nous voulons que le reste serve à la mission. Nous répondons aux petits projets dont nos sœurs africaines ont l’initiative. En Belgique : où la plupart d’entre nous sont rentrées, nous avons 2 communautés : Namur où se trouve la maison généralice et d’accueil des missionnaires en congé et à Ciney où sont les aînées. Venant d’Amérique latine ou d’Afrique, nous nous efforçons de garder un regard lucide sur le monde : lecture, conférences, engagements et surtout la prière, sont axés sur l’universel. Par la contemplation et

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    l’intercession, les aînées, missionnaires jusqu’au bout, contribuent profondément à la mission universelle. Quelques-unes, suivant les santés et les tempéraments, continuent un apostolat en Belgique, mais toujours dans la ligne de l’évangélisation : aide dans une paroisse comptant de nombreux immigrés, visite aux malades, aux isolés, retraite sur Internet, organisation du pèlerinage du Rosaire, école des devoirs, Amnesty, ACAT… Nous accueillons avec joie des sœurs étrangères désirant apprendre le français pour partir en mission ou des dominicaines africaines aux études en Europe. La maison généralice garde le cœur ouvert sur les problèmes de la mission. Le contact et les services aux sœurs encore à l’extérieur permettent à celles-ci de trouver le soutien, l’encouragement et la fraternité dont elles ont besoin. Cet intérêt s’étend aussi d’une manière très concrète aux congrégations fondées par nous. Namur est un peu une plaque tournante … très dominicaine. Nous rendons grâce à Dieu qui permet à nos aînées d’être libres pour son service : adoration toute gratuite dans la joie d’avoir du temps pour Lui, intercession pour le monde et les pécheurs, soutien à la mission de l’Ordre et plus particulièrement celle de nos sœurs, apostolat pour celles qui en sont encore capables. Après avoir rejoint le groupement fraternel des Dominicaines de France et de Belgique-sud dès ses débuts, en 1994, nous sommes entrées dans la Fédération Saint Dominique qui regroupe les 2 congrégations belges et 8 congrégations françaises. Auparavant nous avions déjà eu beaucoup d’expériences d’entraide entre diverses congrégations dominicaines tant en Afrique, qu’en Amérique Latine où en Europe. La congrégation, et plus particulièrement les soeurs qui ont travaillé dans l’Uélé (RDC), gardent des contacts avec les frères de la province flamande Ste Rose avec lesquels elles ont collaboré et souffert aussi pendant la rébellion. En Centrafrique, alors que les frères n’y avaient plus de communautés, certaines d’entre-nous ont accompagné des candidats aspirants dominicains qui sont prêtres aujourd’hui. L’accompagnement se poursuit avec les Dominicaines Missionnaires d’Afrique aujourd’hui.

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    Au Rwanda, nos sœurs ont établi des relations très fraternelles, d’échange de services et de collaboration apostolique avec les frères de Kigali. Que ce soit en Afrique ou en Amérique Latine, nous avons toujours cherché à collaborer avec les frères. 4. Et puis l’avenir ? Il nous reste cette belle parole de Jésus :

    « Si le grain de blé ne tombe en terre et s’il ne meure, il reste seul mais s’il meurt, enfoui en terre, il porte beaucoup de fruit et c’est un fruit qui demeure ».

    Nous espérons que cette Parole pourra s’appliquer non seulement à chacune de nous mais à la congrégation comme telle.

    Sr. Yvonne Wolfs o.p.

    Fraternités Laïques Dominicaines C’est en tant que nouvelle responsable vicariale des Fraternités laïques dominicaines Belgique-sud que je prends la parole. Si je suis laïque dominicaine depuis plus de dix ans, je suis aussi une épouse, une mère de trois grands fils et une grand-mère de trois petites filles. Mes activités professionnelles me donnent un regard particulier sur l’Eglise. Je suis engagée professionnellement dans le diocèse de Liège où je m’occupe principalement de formation du clergé et des laïques. Mon intervention comportera deux parties, d’abord un état des lieux des fraternités, ensuite le développement des orientations du Conseil vicarial. Etat des lieux Nous comptons 6 fraternités qui regroupent 54 personnes engagées et une vingtaine de « regardants ». L’évolution des fraternités ces dernières années est évidement marquée par le vieillissement de ses membres, qui amène certaines fraternités à se regrouper ou à disparaître. Cependant l’évolution récente montre un autre mouvement. Dans le même temps, nous comptons deux nouvelles fraternités et deux nouveaux groupes fraternels, un à Liège né en octobre 2005 et un à Bruxelles né en janvier 2008. Mais un fait plus étonnant encore : nous assistons à l’arrivée de nouveaux membres et donc à un certain renouvellement même dans les anciennes fraternités, alors même que l’engagement est une démarche à contre courant à notre époque.

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    Les fraternités sont localisées autour de Bruxelles (2 et 1 groupe fraternel), de Huy (2), de Liège (1 et 1 groupe fraternel) et de Rixensart (1). Permettez-moi d’attirer votre attention sur une réalité : la proximité d’un couvent de frères ou de sœurs permet une approche plus concrète de la spiritualité dominicaine et constitue un pôle d’attraction naturelle. Je rends donc hommage aux fraternités de Liège et de Huy qui ont su garder et développer l’engagement laïc dominicain sans cette proximité. Historiquement, la fraternité de Huy est la plus ancienne. Elle a fêté ses 100 ans en 1999. Celle de Liège fêtera son centenaire cette année. La plus jeune, celle de Rixensart a été érigée en fraternité début 2006. Orientations Notre Conseil vicarial est aussi sous le signe du renouveau. Il est composé de plusieurs nouveaux membres, actifs dans différents milieux professionnels. Ensemble nous avons déterminé quatre orientations de travail pour notre mandat de quatre ans. En premier, nous souhaitons développer notre identité chrétienne dominicaine. En tant que laïque, notre première fidélité s’enracine dans notre baptême. Mais notre deuxième fidélité s’enracine dans notre engagement dominicain. Celui-ci implique une certaine façon de vivre personnellement, à travers la prière, l’étude et un rapport particulier au monde à travers la vie fraternelle et l’apostolat. Je pourrais ajouter le goût pour les questions actuelles et pour les défis contemporains, ainsi qu’une certaine idée de l’itinérance appliquée à nos situations de vie. C’est ainsi que notre dernière journée de formation portait sur l’Europe, ses racines et son devenir chrétien. La richesse de notre engagement dominicain se trouve dans notre participation à part entière à la mission de l’Ordre avec notre vocation propre comme le précise la règle des fraternités dans son article 4. Nous voici donc partie prenante de la propagation et de la défense de la foi par l’annonce explicite de l’Evangile. Si je m’investis beaucoup dans la mission qui m’a été confiée, c’est parce que j’y crois. Je crois que le laïcat dans sa participation avec les frères et les sœurs a une portée prophétique dans l’Eglise et pour l’Eglise où les laïcs commencent à peine à prendre une place qui ne soit pas un strapontin. Bien sûr, l’Eglise leur confie des missions, mais le plus souvent peu fondamentales. L’annonce explicite de l’Evangile reste une affaire de spécialistes. Je pense que les laïques sont une richesse pour leurs frères et sœurs dans l’Ordre et dans l’Eglise. Ce que les premiers chrétiens ont vécu et expérimenté dans les mots et les représentations mentales de leur

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    époque, nous avons à le vivre et à le dire dans nos mots et nos représentations pour que la Bonne Nouvelle de Jésus Christ puisse être encore proposée de façon crédible à nos contemporains. Et là, nous avons un rôle à jouer parce que nous sommes davantage dans la pâte du monde, par notre famille, notre profession, nos loisirs. Nous sommes un pont naturel entre ceux dont la propagation de la foi est le métier et le monde. Les prêtres dont le nombre diminue ploient sous les demandes de sacrements. Ils peuvent facilement fonctionner en vase clos, entre chrétiens du sérail. Je crois que le risque est le même pour les religieux. Le travail en partenariat, ensemble dans la famille dominicaine peut montrer que c’est possible dans l’Eglise. Nous pouvons nous enrichir les uns les autres dans une approche de l’Evangile, éclairée par nos vies différentes. La journée commune de formation organisée en octobre 2005 à Liège en est un bel exemple. Mes propos m’amènent tout naturellement à la deuxième orientation qui concrétise la première. Nous voulons développer la prédication comme notre participation à la mission de l’Ordre, notre apostolat spécifique. Beaucoup d’entre nous ont des apostolats forts, aumôniers de prison, assistants paroissiaux, catéchistes, politiciens, soutien à différentes activités des frères ou des sœurs comme Domuni, le pub de Louvain-La-Neuve. Mais trop souvent nos apostolats sont isolés, individuels, à l’exception de l’organisation de la neuvaine de la Sarte. Concernant la prédication, nous sommes souvent frileux et quand nous ne le sommes pas, il faut bien reconnaître que nous avons peu de possibilités. Mais c’est à nous d’être inventifs et propositionnels. La troisième orientation découle de la précédente. Pour développer la prédication, nous devons résolument renforcer la formation des laïques pour garantir la qualité et la crédibilité du message. Ce point me permet de souligner l’importance de la collaboration avec les assistants religieux. Il me semble qu’il faudrait réfléchir aussi à la délicate question de leur renouvellement, à leur propre information et formation sur le laïcat. La quatrième orientation concerne les liens et la communication, liens internes entre fraternités toutes différentes, liens avec le réseau flamand qui se concrétise progressivement à travers certaines activités de formation, liens avec le réseau européen par notre participation au prochain congrès à Bratislava.

    Pour terminer, je voudrais vous remercier pour cette rencontre. En choisissant ce moment particulier du Samedi Saint, vous nous avez permis de vivre ensemble un petit bout de la semaine sainte. Merci.

    Mme Dominique Olivier o.p.

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    Les relations avec les laïcs dominicains flamands A la demande de Dominique Olivier, Guido Van Damme o.p. précise les efforts réalisés par les fraternités de Belgique-sud pour jeter de nouveaux ponts entre le laïcat dominicain francophone belge et le laïcat dominicain de Flandre. Il rappelle qu’une journée de formation sur les problèmes européens a été organisée à Bruxelles conjointement par Dominicaanse Familie Vlaanderen et les Fraternités dominicaines laïques de Belgique-sud en octobre 2007. D’autre part, les deux organisations avaient créé un bureau de presse commun au Congrès européen des fraternités laïques dominicaines de Walberberg (Cologne) en 2004, avec la participation active de Chris Van Croonenborch. Une nouvelle collaboration sous forme d’échange d’informations est envisagée pendant le Congrès européen des fraternités qui se tient en Slovaquie à la fin du mois de mai.

    La parole des familles Dear Brother Carlos, I am very happy and impressed indeed to meet you here in Belgium at the heart of Europe where the project of a European Union is in the making. My intervention deals with families and I am speaking on behalf of them. As you grew up in a family of fourteen children, nobody knows better than you the challenges families are confronted with. Vous écrivez dans votre lettre sur le rosaire que “jeune homme vous portiez déjà dans votre poche un dizainier… ». Les adolescents aujourd’hui ont tous dans leur poche un GSM et les écouteurs d’un MP3 ou d’un Ipod dans les oreilles. En deux mots, le contexte a profondément changé. Les familles forment une communauté de vie plongée dans une société multiculturelle et pluriconfessionnelle. Elles vivent ce monde au quotidien à travers la vie professionnelle des parents, l’école, les mouvements de jeunesse, les activités sportives, les engagements politiques, caritatifs ou paroissiaux et les relations intergénérationnelles. Les parents sont constamment mis en question par leurs enfants en croissance. A travers les multiples expériences réalisées par chacun de ses membres et en tant que communauté de vie, chaque famille acquiert des savoir-faire et des savoir-être multiformes. Vous connaissez certainement, cher frère Carlos, des familles qui sont en chemin à la suite de Saint Dominique. Ces familles sont animées par les questions suivantes :

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    • Comment faire grandir nos enfants en chrétiens ? • Comment leur donner le goût de Dieu ? • Comment leur donner l’appétit de la prière ? • Comment nourrir la recherche spirituelle de chacun ? • Comment s’inscrire comme famille dans l’Eglise ? • Quels liens créer avec l’Ordre dominicain ? • Comment en tant que famille vivre les valeurs dominicaines ? • Comment cultiver notre différence de chrétien ? A toutes ces questions, la grande famille dominicaine est appelée à développer des réponses créatives, audacieuses, et porteuses d’avenir. Je plaide donc pour que nous apportions ensemble une attention renouvelée à nos communautés familiales. L’Ordre peut être un lieu d’échange par excellence entre, d’une part les frères et les sœurs qui apportent leur expérience des quatre piliers de la vie dominicaine, et d’autre part les familles qui viennent avec leurs aspirations spécifiques et la connaissance de leurs milieux de vie. De cet échange naîtra un enrichissement mutuel qui pose les jalons de l’Eglise de demain. Car nous savons tous que ce n’est qu’avec les jeunes d’aujourd’hui que nous construisons une Eglise vivante. I am looking forward to continue the discussion with you and I thank you for your attention.

    Mme Anne de Kemmeter o.p.

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    DIRE ET FAIRE Une réflexion du Fr. Raphaël Devillers o.p.

    J'apprécie beaucoup mon quotidien La Croix : marqué du signe du christianisme, il excelle à scruter les signes des temps à travers l'actualité. Il ne sacrifie pas au sensationnel, il pondère ses informations avec justesse, il aide son lecteur à communier aux grands drames de son époque en lui faisant sentir ses responsabilités tout en l'informant sur la vie de l'Eglise. C'est ainsi que, ému par tous les reportages concernant nos frères chrétiens d'Irak obligés de fuir leur pays, interpellé par les appels de fonds qui se succédaient, je compris que je devais, selon mes moyens, venir en aide à mes frères autrement que par de vagues intentions de prière et je consentis un versement financier assez important (pour ma mesure). Une goutte d'eau certes mais on me répétait qu'elle avait son importance. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, quelques jours plus tard, mon quotidien, dans une grande publicité pleine page, m'annonça qu'il organisait, le mois prochain, une magnifique croisière "Sur les pas de Saint Paul" en compagnie de grands noms, l'évêque X, le professeur Y, etc. Comme j'avais vidé ma tirelire, je ne pouvais envisager de rejoindre ce groupe de chrétiens qui allaient se donner le plaisir – rare parce que mêlant exotisme et piété – d'évoquer le grand Apôtre sur les lieux de ses supposés passages. De l'actualité dramatique et sanglante, on me faisait passer à une rêverie biblique et distrayante. Quelque temps plus tard, mon quotidien m'alerta par une série de reportages angoissés sur le danger que court notre planète: réchauffement climatique, fonte des glaces, extinction d'espèces végétales et animales…Ebranlé par certaines prédictions alarmistes, je décidai d'appliquer les mesures que l'on nous conseillait d'urgence: isolation de l'habitat, économie sur les sources d'énergie, priorité aux transports en commun, refus, sauf nécessité, de prendre l'avion, etc. Quelle ne fut pas ma (seconde) surprise lorsque, peu après, mon cher quotidien se mit à présenter, avec un grand luxe de détails, mille destinations de vacances offertes à des conditions avantageuses. J'aurais bien aimé découvrir ces villes lointaines, me délasser sur ces plages de rêve. Mais j'étais écartelé entre ce qu'avaient écrit certains journalistes et ce que vantaient les autres. La planète était-elle vraiment en danger ? Son sort dépendait-il en effet de chacun de nous, comme on nous l'avait seriné ?...Mon journal m'avait appris que 25% des enfants français ne pouvaient jamais partir en vacances mais que des

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    bénévoles s'acharnaient bravement pour leur offrir quelques promenades. Et voici que des chrétiens s'amusaient à multiplier leurs vacances ! Que conclure ? Que nous, chrétiens, sommes mieux en garde contre la violence que contre la séduction. Qu'un régime déclenche la persécution ouverte contre les Eglises, beaucoup de croyants décideront sans nul doute de résister, parfois même au péril de leur vie. Qu'un autre système tolère toutes les opinions philosophiques et religieuses et propose aux citoyens l'augmentation du niveau de vie et la jouissance des biens terrestres, là les chrétiens sont aveugles. Ils se sentent acceptés par l'entourage, au fond ils n'ont plus d'ennemis…et ne remarquent pas combien leur foi est gangrenée par l'amour de l'argent – seul moyen de mener le train de vie que l'on propose comme idéal. Dans l'Evangile, Jésus avait mis en garde ses disciples contre ce double danger. D'un côté : "Soyez sur vos gardes : on vous livrera aux tribunaux…le frère livrera son frère à la mort" (Mc 13, 9). De l'autre : "Aucun domestique ne peut servir deux maîtres…Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent" (Lc 16, 13). De la violence extérieure et de la séduction interne, c'est sans doute celle-ci qui constitue le péril le plus grave pour la foi. Elle ne l'attaque pas de front : elle la corrode. Le régime de consommation à tout prix cause autant de ravages à l'Eglise qu'un système ouvertement athée. On le voit clairement dans nos pays occidentaux où, sans attaque frontale, l'idéologie régnante vide inexorablement églises, couvents et séminaires.

    Liège, le 5 avril 2008 Fr. R. Devillers o.p.

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    DANS LE MONDE – DANS LE MONDE – DANS LE MONDE 49ème Congrès eucharistique international au Québec Du 15 au 22 juin, la ville de Québec accueillera le 49ème Congrès eucharistique international. Il se tiendra alors que la ville fait en cette année 2008 son 400ème anniversaire. Cette rencontre rassemblera plusieurs milliers de chrétiens venus du monde entier autour du thème : « L’eucharistie, don de Dieu pour la vie du monde ». Rappelons que le premier congrès a eu lieu en 1881, à Lille, à l’initiative du père mariste Joseph-Médard Emard. BRUXELLES : Exposition: Symboles bibliques. Images d'aujourd'hui

    Juifs et chrétiens se penchent ensemble sur la Bible pour y découvrir ce qu’elle nous dit de l’image, analyser certains des symboles bibliques, puis pour chercher, dans nos images actuelles, comment certaines d’entre elles entrent en dialogue avec le Texte. VATICAN : BENOÎT XVI PLAIDE POUR LE REGROUPEMENT FAMILIAL S'adressant aux participants de l'assemblée plénière du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants, Benoît XVI a évoqué une nouvelle fois "le grave problème du regroupement familial" des migrants souhaitant rappeler l'engagement de l'Eglise en faveur non seulement de la personne migrante mais aussi de sa famille, "communauté d'amour et facteur d'intégration". MOYEN-ORIENT : UNE SEMAINE MONDIALE POUR LA PAIX Une prière et un message communs pour la paix en Palestine et en Israël vont soutenir l'action menée dans une centaine de pays. Les Eglises de 17 pays, plus deux organisations oecuméniques internationales, prévoient de nombreuses activités de formation et de sensibilisation, dans le cadre de la semaine mondiale d'action organisée sous les auspices du Conseil oecuménique des Eglises du 4 au 10 juin 2008, en cette année qui marque le soixantième anniversaire de la partition de la Palestine et 41 ans d'occupation.

    Du jeudi 15 mai au jeudi 26 juin, une exposition biblique de l'Alliance Biblique française se tiendra à la Chapelle de la Résurrection, 22-24 rue Van Maerlant, 1040 Bruxelles (Métro Maelbeek).

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    VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE

    Congrès européen des fraternités dominicaines Slovaquie, 29 mai-3 juin 2008

    La responsable vicariale des fraternités laïques dominicaines, Dominique Olivier, se rendra à ce Congrès avec la déléguée nommée par le Conseil vicarial, Bénédicte Jerebzoff-Van Damme. Il est en effet demandé à chaque province ou vicariat d’envoyer deux délégués ayant droit de vote, dont le responsable provincial/vicarial. Guido Van Damme sera également présent pour assurer un service de presse et transmettre tous les jours par e-mail aux membres des fraternités et aux lecteurs de ce bulletin qui en auront fait la demande un communiqué sur le déroulement du Congrès ([email protected]). Le frère Eugenio Boleo, promoteur vicarial des fraternités, se joindra à la délégation. Malheureusement, à la différence des congrès précédents, les laïcs dominicains de Flandres ne pourront pas être présents cette année, mais ils recevront eux aussi les communiqués. Un compte rendu complet sera donné dans le prochain numéro d’Amitiés Dominicaines, qui sortira exceptionnellement fin août.

    Fête de Saint Dominique le 8 août La fraternité Sainte Catherine de Sienne de Bruxelles souhaite vous accueillir très nombreux avec votre famille et amis pour fêter ensemble saint Dominique ! Cette année, nous nous retrouverons au monastère de Herne. L’accueil se fera à 10h mais nous sommes invités à participer aux laudes dès 9h30 selon nos possibilités. La messe, à 10h30, sera suivie des retrouvailles autour d’un buffet. La visite de l’Hôpital Notre-Dame à La Rose à Lessines est proposée l’après-midi. Elle dure environ 2 heures avec guide, une heure sans guide. Notre journée se terminera après la visite. Seule la visite de l’après-midi est payante (environ 5 €). Pour une meilleure organisation, merci de prévenir Geneviève Linder (Tél. : 0485/474.794 ou E-mail : [email protected])

    Journée de formation du 12 mai à l’abbaye de Leffe

    Cette journée était essentiellement réservée aux membres des fraternités dont l’engagement est prévu pour l’année en cours. Elle a été conçue et animée par le frère Dominique Collin o.p., assistant de la fraternité Saint

    DANS NOS FRATERNITÉS

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    VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE Albert le Grand, sur la base d’une série de fiches de réflexion à travailler en binôme. Elle se solde par un franc succès et ouvre des pistes pour une reprise en fraternité au sujet de l’engagement dans le laïcat dominicain, même chez ceux qui y sont de longue date.

    Fraternité Fra Angelico (Bruxelles)

    Après un travail très fructueux et très riche sur Pierre Claverie, l’évêque dominicain d’Oran assassiné en 1996 en Algérie, sous la forme d’exposés de chacun des membres à partir de la lecture d’une biographie ou de textes de Pierre Claverie, la fraternité partage ce mois-ci autour du voyage en Palestine effectuée par Anne et Pierre Dubruille. La réunion de juin est traditionnellement consacrée à l’évaluation de l’année.

    Fraternité Sainte Catherine de Sienne (Bruxelles) Ne pas être prisonnier d’un agenda ! Comme des ouvriers mineurs qui sont tout heureux lorsqu’ils découvrent une nouvelle galerie de minerais précieux, l’étude sur le « péché » et la « réconciliation » menée d’une manière approfondie avec l’aide du frère Bob Eccles o.p. s’est prolongée par deux soirées qui ont permis de voir comment les premières communautés chrétiennes concevaient le « pardon ».

    Groupement fraternel Benoît XI (Bruxelles)

    Outre ses travaux et ses études relatifs à sa mission permanente au sein de l’Université dominicaine sur Internet (DOMUNI), le groupement fraternel Benoît XI boucle son premier semestre avec l’étude des « grands formats » de l’Ordre. Il est assuré d’une aide extérieure pour y parvenir. Après un exposé du frère Ignace Berten o.p. sur Bartolomeo de Las Casas, il entendra immédiatement après les vacances un exposé sur Mgr Pierre Claverie o.p. par des représentants de la Fraternité Fra Angelico qui ont consacré une série de réunions à l’évêque d’Oran. Un premier engagement se profile à l’horizon de la Noël.

    Fraternité Dominique Pire (La Sarte-Huy)

    La Neuvaine de Notre-Dame de la Sarte vient de s’achever et les échos qui nous en reviennent sont favorables. Notre fraternité avait donc fait le bon choix en prenant comme thème « Les 10 commandements, Paroles de vie ». Au cours de ces neuf soirées, les intervenants ont redonné du sens

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    VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE à ce qui, de prime abord, ressemble plus à un ordre à respecter qu’à une parole qui fait vivre. Merci aux membres des autres fraternités de leur présence à l’une ou l’autre soirée. Ce soutien fraternel a été très apprécié ! Merci aussi aux frères (ainsi qu’à Jacques Noé) qui ont accepté d’y participer. Il y avait le fond et la forme dans leur intervention. L’assemblée ne s’y est pas trompée et les a chaleureusement remerciés. Les prochaines réunions seront consacrées à améliorer le déroulement de celles-ci ainsi qu’à poursuivre l’étude des Actes des apôtres.

    Fraternité Sainte Catherine de Sienne (Huy)

    Enthousiasme, du côté de la Fraternité de Huy, dont la majorité a assisté à toutes les conférences de la « Neuvaine » et a pu apprécier le talent de « prêcheurs » de la nouvelle génération de frères ainsi que de Jacques Noé. Comme le veut la tradition, les « anciennes » ont assuré la récitation du chapelet avant les conférences. On s’active aussi à préparer soigneusement la petite fête en l’honneur d’Eulalie Dehotte qui célèbrera cet été son 99ème anniversaire. Eulalie est la doyenne de nos fraternités : soixante années de présence. Un décès : celui de Julia Lecoq, mère de huit enfants dont un est devenu prêtre, veuve d’Alexis Lecoq qui la précéda au sein de la Fraternité.

    Fraternité Saint Dominique (Liège) La fraternité de Liège poursuit l’étude d’une galerie de portraits de femmes de l'Ancien Testament (Sarah, Agar...), avec en point de mire les passages qui esquissent déjà le portrait de la Vierge Marie. La prochaine série de réunions sera probablement encore axée sur l'étude en profondeur de la Bible.

    Groupement fraternel Polygonium (Liège) Le Polygonium poursuit sa lecture continue de St Luc. Chacun est invité à préparer une prédication à partir d’un verset ou d’un passage qui l’inspire. L’exercice est source d’échanges et montre la variété des sensibilités présentes dans le groupe. Le Polygonium était bien représenté à la retraite : ce fut pour plusieurs « regardants » l’occasion de s’imprégner un peu plus de l’esprit de Saint Dominique, de faire la connaissance des autres fraternités, et d’avancer sur le chemin qui mènera peut-être à l’un ou l’autre engagement…

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    VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE

    Fraternité Saint Albert le Grand (Rixensart)

    Une étude du thème de la Vérité a été entamée dans la fraternité (Veritas est une des devises de l'Ordre!). Après une première approche à l'aide de quelques "Cahiers Saint Dominique" et des partages sur ce que signifie concrètement la vérité, on a abordé celle-ci à partir d'un parcours à travers les paraboles. Ces dernières constituent en effet l’une des manières d'exprimer une profonde vérité qui ne pourrait se dire que difficilement par un autre discours. D'autre part, la Fraternité vit la joie de la préparation de professions temporaires (2) et définitives (1) qui auront lieu le 21 juin prochain. Hedwige Rezsohazy, la responsable, a invité toutes les Fraternités et les Soeurs et Frères pour célébrer ensemble cet événement. Plusieurs membres de la Fraternité ont eu la grande joie de participer à la retraite des Fraternités à Spa. Ce fut pour eux une immense joie que de pouvoir rencontrer les membres des autres Fraternités et de partager pour un temps cette expérience spirituelle et dominicaine.

    FAMILLE DOMINICAINE

    PÈLERINAGE DU ROSAIRE 2008

    Cette année n’apporte pas seulement le 150e anniversaire des apparitions de Lourdes, elle marque aussi le CENTENAIRE du pèlerinage du ROSAIRE avec la Famille dominicaine. Il se déroulera du lundi 6 au samedi 11 octobre 2008 et sera guidé par le frère Wojciech Giertych o.p., théologien de la maison pontificale. Renseignements et inscriptions : Pèlerinage du Rosaire, Dominicains de Froidmont, 1330 Rixensart. Tél. : 0479/700.811 E-mail : [email protected]

    Neuvaine de La Sarte 2008 « Les 10 commandements, paroles de vie »

    Un conte de Fabien Van Vlodorp o.p.

    On rencontre souvent dans la vie des personnes dont on peut dire qu’elles vous ont marqué. Moi, c’est ma mamy. Mamy, tout en élevant ses quatre enfants, s’est adonnée à sa passion : la peinture. Je ne sais pourquoi mais il y avait entre nous quelque chose de spécial sur lequel je ne peux mettre un nom. Un mélange de complicité, de tendresse, d’humour, d’admiration, d’exigence. Parfois aussi, on discutait ferme et on s’envoyait des mots doux du

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    VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE genre “jeune écervelée”, “momie d’Ardenne”… Mais toujours on se retrouvait, plus proche que jamais. Après son décès, le notaire réunit la famille pour nous faire part de ses dernières volontés. Il commença à distribuer à chacun les tableaux que mamy leur avait donnés. Je n’oublierai pas de sitôt la surprise quand il me dit que, à moi, sa petite fille chérie, elle laissait une lettre. J’attendais la suite, le petit tableau de sous-bois que j’aimais tant ou celui de la chapelle. Mais rien ne suivit. Tout ce que m’avait laissé mamy, c’était une lettre… Je ne vous dis pas le mélange de déception et de colère qui m’habita à ce moment-là. De retour à la maison, j’ouvris la lettre :

    Ma chérie, j’imagine bien ta tête en ce moment. Tu dois te dire que la « momie d’Ardennes » a encore frappé. Et pourtant, je dois te dire que c’est à toi que je donne ce que j’ai de plus cher. Ce n’est pas quelque chose que tu pourras pendre au mur ou à ton cou. Non, ce que je te laisse, tu l’auras toujours en toi, c’est du moins ce que j’espère.

    Tout au long de ma vie, j’ai essayé de suivre les bons conseils de mes parents. Mais, plus encore, ce sont les 10 paroles de vie qui ont fait de moi ce que je suis. J’en avais découvert la richesse insoupçonnée lors d’une neuvaine, « tu sais, le truc pour vieux ». Au fil de ces 9 jours m’est apparu ce qui allait guider ma vie entière : une vraie recette du bonheur. Je remercie encore ces hommes et ces femmes de m’avoir ouvert le cœur et l’esprit à ce cadeau de Dieu.

    Le premier jour, Jacques Vermeylen a planté le décor, à la grandeur du monde. Monde dans lequel Dieu (« tu vois de qui je veux parler ? ») le donne aux hommes et leur propose d’adhérer à son projet : le bonheur de tous et toutes. Il ne l’impose pas, il nous laisse libre de le choisir.

    Le deuxième jour, c’est à une prière vivante écrite en couleurs que m’a invité un autre jacques. Jacques Noé. Tu sais combien j’aime la peinture. Et bien, à chaque fois que je prends le pinceau, je remercie Dieu du cadeau qu’il m’a fait, de ces merveilles qui m’entourent. Il y a certainement une part de lui dans tout ce que j’ai pu peindre.

    Le lendemain, il était question du dimanche et c’est Raphaël Devillers qui l’a évoqué. Depuis lors, j’ai toujours essayé de faire du dimanche le jour privilégié afin de pouvoir vous rencontrer toi et tes frères. Tu te souviens de vos têtes quand je vous emmenais à la messe le matin, souvent avec des pieds de plomb. Après vous retrouviez vite le sourire pour le dîner et les fameuses balades en 2 CV ! Jours bénis que ceux-là.

    Herman Thomas, lui, m’a parlé de l’amour inconditionnel de mes parents pour moi, un peu comme celui de Dieu pour les hommes. Il m’a aussi dit que les honorer, c’était m’épanouir, grandir. Les voir heureux de ce que j’étais devenu, voilà ce qui m’a réconforté lorsqu’ils m’ont quittée.

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    VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE – VIE DOMINICAINE

    Je t’ai déjà parlé de Patrick Gillard. Il m’a rappelé que, dans ce monde tout n’est pas rose et qu’à côté du petit paradis dans lequel nous vivons, ma chérie, il y en a aussi qui sont en enfer. Nous devons en être conscients. Dieu nous demande d’être des lumières, des signes d’espérance pour tous ceux qui sont dans « le noir ». Grosse responsabilité que celle-là. Tu comprends maintenant pourquoi je passais tous les mercredi à la prison.

    J’ai aussi appris à transgresser les règles de la morale quand elles étouffent,

    détruisent l’homme. Je les ai remplacées par un regard d’amour car dans chacun, il y a une part de Dieu. J’ai appris à offrir un regard qui relève plutôt qu’un regard qui condamne. C’est Myriam Tonus qui a réveillé ce regard inspiré par Dieu.

    Dominique Collin, lui, m’a guéri de la sclérocardie dont je souffrais. Ah tu ne savais pas ? Oui mon cœur s’était endurci. Mais grâce à lui, j’ai commencé à l’adoucir. Je me suis ouverte aux autres tout en restant moi-même. J’ai découvert que la Vérité, ce n’était pas un écrit mais une chose personnelle à vivre au quotidien et à construire tout au long de notre vie.

    Le jour suivant, Pierre-Yves materne, copain du précédent, m’a fait penser à ta maman, qui à l’époque, avait ton âge. Il m’a fait prendre conscience de l’importance des choix que je devais faire aujourd’hui pour protéger le monde que je confierais demain à ma fille. Laisser une place aux autres et se faire acteurs d’espérance pour le monde, quelle belle façon de respecter la création divine.

    Le dernier jour, Raphaël, qui n’avait pas tout dit, revint pour réaffirmer que toutes ces paroles de vie pouvaient se résumer à une seule, celle que Jésus nous avait donnée : aimez-vous les uns les autres. Malgré les difficultés, même si nous ne nous sentons pas toujours à la hauteur, essayons de faire vivre cette parole en nous chaque jour.

    Voilà ma chérie. Tout ce qui a fait ma vie se trouve dans ces quelques lignes. J’y ai puisé la force quand j’étais découragée, l’apaisement dans les moments de doute et l’enthousiasme de partager sa richesse. Je te laisse cette recette de bonheur. A toi de l’agrémenter de ta touche personnelle (et là je te fais entière confiance). Donne et tu recevras. Aime et tu seras aimée.

    Ta mamy qui t’aime très fort

    Il y avait un petit Post-scriptum : Le petit tableau du sous-bois que tu aimes tant, t’attend chez le notaire. Excuse-moi, ma chérie, pour ce dernier petit tour de ta “momie d’Ardenne”.

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