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1 INSA DE STRASBOURG Réalisation d'une Interface informa- tique pour un logiciel de calcul des ponts en maçonnerie Rapport final Yassine EL ASSAMI 01/10/2010 Ce Projet de Fin d'Études consiste à faire une recherche bibliographique sur les ponts en maçonnerie et les outils qui servent à leur qualification et d'exploiter ces informations dans le but de concevoir une interface informatique pour un nouvel outil de calcul de ces ponts fonctionnant sous le logiciel de calcul aux éléments finis AnSys

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INSA DE STRASBOURG

Réalisation d'une Interface informa-tique pour un logiciel de calcul des

ponts en maçonnerie Rapport final

Yassine EL ASSAMI

01/10/2010

Ce Projet de Fin d'Études consiste à faire une recherche bibliographique sur les ponts en maçonnerie et les outils qui servent à leur qualification et d'exploiter ces informations dans le but de concevoir une interface informatique pour un nouvel outil de calcul de ces ponts fonctionnant sous le logiciel

de calcul aux éléments finis AnSys

2

Remerciements

Après le remerciement de DIEU,

Je dédie ma reconnaissance à toute personne qui m’a donné son soutien pour

la réussite de mon projet de fin d'études et à l’élaboration de ce rapport, à

commencer par mes parents.

Mes remerciements les plus sincères à tous mes responsables et mes tuteurs

et particulièrement à Monsieur Chazallon, Professeur Chercheur et mon tuteur

direct à l'INSA de Strasbourg, à Monsieur Dieleman, Ingénieur d'études à la sec-

tion de recherche des Ouvrages d'Art IGOA-R à la direction de l'ingénierie de la

SNCF et tuteur direct à l'entreprise, à Monsieur Plu, chef de division des ou-

vrages d'art et superviseur général du projet de recherche sur les ponts en ma-

çonnerie, à Monsieur Stablon, Thésard dans le domaine des ponts en maçonne-

rie en collaboration avec la SNCF et le LMDC de Toulouse et encadrant direct de

mon travail.

Je témoigne ma reconnaissance à L’ensemble de mes professeurs à l'INSA de

Strasbourg qui m'ont aidé et soutenu depuis mon arrivée à l'école en classes

préparatoires et leur soutien n'a jamais cessé, ainsi qu'à tous mes anciens pro-

fesseurs grâce à qui je suis arrivé à ce stade et dont jamais je n'oublierai la f a-

veur.

Mon respect à tout le personnel de la division des ouvrages d'art de la direc-

tion d'ingénierie de la SNCF ainsi à ceux du LMDC de Toulouse, et particulièr e-

ment à mes collègues de bureau et à ceux que mon chemin a croisé et qui

m'ont soutenu dans mon travail.

Merci à tous ceux que je n’ai pas cité et qui m’ont aidé de proche ou de loin

dans mon projet de fin d'études!

3

Résumé

Le sujet de ce Projet de Fin d'Études s'intègre dans le cadre d'une recherche que réalise la SNCF de-

puis une douzaine d'années pour mieux connaitre les ponts en maçonnerie. En effet, le réseau ferro-

viaire national dispose d'un héritage important de ces ponts avec une proportion qui dépasse les

quarante pourcent. Comme ces ponts ont cessé d'être construits à partir du siècle dernier, Les infor-

mations et les connaissances dont on dispose sont anciennes et pas assez développées, surtout que

les méthodes de dimensionnement utilisées dans le temps étaient locales et les constructeurs ne

cherchaient pas à les améliorer.

Plusieurs logiciels ont été développés pour la requalification des ponts en maçonnerie qui est deve-

nue une nécessité pour les propriétaires et les exploitants du réseau. Ils sont plus ou moins simples à

paramétrer et renvoient des résultats plus ou moins précis. Ces logiciels arrivent généralement à

définir la capacité portante du pont modélisé ainsi que les lignes de pression. Certains d'entre eux

permettent également de trouver les mécanismes de ruine d'un empilement de blocs d'une voûte et

de trouver la position la plus défavorable d'une charge.

Une partie de la thèse actuelle sur les ponts en maçonnerie vise à exploiter les résultats trouvés

pour créer un logiciel de calcul capable de les requalifier et rendre des résultats plus spécifiques. Le

nouveau logiciel de calcul est programmé sous le langage APDL. Il est sous forme d'un fichier de

commandes compilé par le logiciel de calcul aux éléments finis AnSys. Le logiciel dispose d'un modèle

paramétrable de pont.

Comme le paramétrage nécessite une simple modification textuelle des valeurs des variables dans

le fichier de commande, il fut intuitif de penser à créer une interface capable de faire cela d'une ma-

nière plus propre et plus présentable. La création de cette interface constitue une grande partie du

sujet de ce Projet de Fin d'Études.

L'interface réalisée doit à priori pouvoir recueillir les paramètres saisis par les utilisateurs et d'en

générer un fichier de commandes. Elle doit aussi pouvoir lire un fichier du même type. À posteriori,

l'interface doit permettre la communication avec AnSys; lui envoyer le fichier de commandes généré,

attendre la fin des calculs et chercher les résultats. L'interface a été développée sous le langage Vi-

sual Basic et sa présentation est pareille que les applications standards de création des projets.

Enfin, pour valider la fiabilité de la méthode, il faut qu'elle fasse objet d'une étude comparative et

de plusieurs tests. Mais à ce niveau, le projet n'est pas encore à bout. Tout dépend maintenant de la

convenance du paramétrage et la pertinence du modèle du logiciel de calcul.

Mots clés : requalification – pont – voûte – maçonnerie – Interface – Logiciel – pierre – brique – mor-

tier – chaux – éléments finis – modélisation.

4

Abstract

The subject of this Study Final Project forms part of a research carried out by the SNCF during the

last dozen years to better know the masonry bridges. Indeed, the national railway network has a

significant legacy of these bridges with a ratio that exceeds forty percent. As these bridges have

ceased to be constructed from the last century, information and knowledge available are old and not

well developed, especially since the design methods used over time were local and builders wasn't

looking after their improvement.

Several software have been developed for the assessment of masonry bridges that became a ne-

cessity for owners and operators of the railway network. They are more or less simple to set up and

return results more or less accurate. These programs are generally able to determine the bearing

capacity and pressure lines of a modeled bridge. Some of them also allow finding the failure mecha-

nisms of a stack of blocks in a vault and finding the most unfavorable position of a load.

A part of the current doctoral thesis on masonry bridges is to exploit the results found to create

software capable of assessing and calculating them more specifically. The new calculation software is

programmed in the language APDL. It is in the form of a batch file compiled by the software ANSYS , a

finite element computation program. The software features a parametric model of the bridge.

As the setup requires a simple textual change of variable values in the command file, it was intuitive

to think of creating an interface that can do this in a cleaner and more presentable way. The creation

of this interface is a big part of the subject of this Study Final Project.

The interface is made ex ante to gather the parameters entered by users and to generate a batch

file. It must also be able to read a file of the same type. In retrospect, the interface must allow com-

munication with ANSYS, send the command file generated until the end of the calculations and

search results. The interface was developed under the Visual Basic language and its presentation is

such the standard applications.

Finally, to validate the reliability of the method, comparative studies and more tests must be done.

But at this level, the project is not ready yet. Everything now depends on the suitability of the setting

and relevance of the calculation software model.

Key words: assessment – bridge – arch – masonry – interface – software – stone – brick – mortar –

limestone – finite element – modeling.

5

Sommaire

Remerciements..................................................................................................................... 2

Résumé................................................................................................................................. 3

Abstract ................................................................................................................................ 4

Sommaire ............................................................................................................................. 5

Table des figures .................................................................................................................. 8

Tableaux............................................................................................................................. 11

1. Introduction................................................................................................................ 12

2. Généralités sur les ponts en maçonnerie .................................................................... 14

2.1. Historique ........................................................................................................... 15

2.2. Données statistiques ........................................................................................... 16

2.2.1. Importance du parc de ponts en maçonnerie ............................................ 16

2.2.2. Patrimoine de la SNCF en ponts maçonnés ............................................. 18

2.3. Structure des ponts en maçonnerie ..................................................................... 18

2.3.1. Index des termes ....................................................................................... 18

2.3.2. Termes et définitions ................................................................................ 20

2.3.3. Fonctions des éléments d’un pont en maçonnerie .................................... 24

2.3.4. Familles de voûtes .................................................................................... 25

2.4. Les matériaux ..................................................................................................... 29

2.4.1. Les pierres ................................................................................................ 29

2.4.2. Les briques ............................................................................................... 31

2.4.3. Les joints .................................................................................................. 33

2.4.4. La maçonnerie .......................................................................................... 35

2.5. Classification des voûtes selon P. Séjourné ....................................................... 37

2.5.1. Intérêt de la classification ......................................................................... 37

2.5.2. Voûtes articulées – voûtes inarticulées .................................................... 37

2.5.3. Classification de ponts à voûtes inarticulées ............................................ 38

2.5.4. Classification de ponts à voûtes articulées ............................................... 40

2.5.5. Classification par rapport à la structure, la fonction et la taille ................ 42

2.5.6. Exemples .................................................................................................. 44

3. Comparaison des méthodes et logiciels de calcul des ponts en maçonnerie ............. 50

3.1. Rappel des caractéristiques du viaduc St-Ouen ................................................. 51

3.1.1. Généralités ................................................................................................ 51

3.1.2. Géométrie ................................................................................................. 52

6

3.1.3. Matériaux.................................................................................................. 56

3.1.4. Charges ..................................................................................................... 58

3.2. Modélisation avec la méthode MEXE................................................................ 59

3.3. Modélisation avec la méthode REAM ............................................................... 62

3.4. Modélisation avec le logiciel VOUTE (calcul à la rupture) ............................... 64

3.5. Modélisation avec le logiciel RING (analyse limite) ......................................... 71

3.5.1. Principe..................................................................................................... 71

3.5.2. Détail du projet ......................................................................................... 72

3.5.3. Géométrie ................................................................................................. 72

3.5.4. Facteurs partiels........................................................................................ 74

3.5.5. Matériaux.................................................................................................. 74

3.5.6. Chargement .............................................................................................. 77

3.5.7. Résultats et conclusion ............................................................................. 78

3.6. Synthèse.............................................................................................................. 82

3.6.1. Récapitulatif ............................................................................................. 82

3.6.2. Remarques ................................................................................................ 82

3.6.3. Force ou de faiblesse des méthodes ......................................................... 83

3.7. Conclusion .......................................................................................................... 85

4. Interface pour un nouveau logiciel de calcul des ponts en maçonnerie..................... 86

4.1. Logiciel de calcul ............................................................................................... 86

4.1.1. Paramètres géométriques.......................................................................... 87

4.1.2. Paramètres des matériaux ......................................................................... 91

4.1.3. Homogénéisation des matériaux .............................................................. 93

4.1.4. Conditions aux limites .............................................................................. 98

4.1.5. Chargement .............................................................................................. 99

4.1.6. Calcul...................................................................................................... 101

4.1.7. Informations générales ........................................................................... 102

4.2. Conception de l'interface .................................................................................. 103

4.2.1. Paramètres courants................................................................................ 103

4.2.2. Paramètres de l’interface ........................................................................ 104

4.3. Fonctionnement de l'interface .......................................................................... 118

4.3.1. Fenêtre d'accueil ..................................................................................... 119

4.3.2. Fenêtre principale ................................................................................... 119

4.3.3. Architecture interne de l'interface .......................................................... 122

4.3.4. Écriture d'un fichier de commandes ....................................................... 125

7

4.3.5. Lecture d'un fichier de commandes ........................................................ 126

4.3.6. Gestion des nombres .............................................................................. 127

4.3.7. Gestion des erreurs ................................................................................. 130

4.4. Synthèse et perspectives ................................................................................... 134

Conclusion ....................................................................................................................... 136

Bibliographie ................................................................................................................... 138

Sommaire des Annexes

1 – Classification des ponts en maçonnerie selon séjourné

2 – Méthode MEXE

3 – Méthode REAM

4 – VOÛTE – Calcul à la rupture

5 – RING – Analyse limite

6 – Entête du code de calcul APDL

7 – Méthodes d'homogénéisation

8 – Modèle du Procès Verbal d'Inspection

8

Table des figures

Fig. ‎1.1-1 – Chronologie de la construction des ponts en maçonnerie sur le XIXème et le XXème

siècle ................................................................................................................................. 16

Fig. ‎1.2-1 – Répartition des ponts selon leur nature (2007) .................................................... 16

Fig. ‎1.2-2 – Condition des ponts en maçonnerie en Europe .................................................... 17

Fig. ‎1.2-3 – Répartition des ponts selon la nature de leurs voûtes ........................................... 18

Fig. ‎1.3-1 – Détail de la voûte .................................................................................................. 21

Fig. ‎1.3-2 – Pont à murs en aile................................................................................................ 22

Fig. ‎1.3-3 – Pont à mur en retour ............................................................................................. 23

Fig. ‎1.3-4 – Détail des parapets et garde-corps ........................................................................ 23

Fig. ‎1.3-5 – Disposition des pierres au queutage ..................................................................... 24

Fig. ‎1.3-6 – Elégissements transversaux sur le viaduc de Scarassoui (1928) .......................... 25

Fig. ‎1.3-7 – Voûtes en plein cintre ........................................................................................... 26

Fig. ‎1.3-8 – Voûtes en arc de cercle ......................................................................................... 26

Fig. ‎1.3-9 – Voûte en ogive - Viaduc d'Arnaville .................................................................... 27

Fig. ‎1.3-10 – Voûte en anse de panier ...................................................................................... 27

Fig. ‎1.3-11 – Exemple de structure voûtée biaise .................................................................... 28

Fig. ‎1.4-1 – Quelques types d’appareillages en pierres ............................................................ 30

Fig. ‎1.4-2 – Quelques types d’appareillage des briques ........................................................... 32

Fig. ‎1.4-3 – Cycle de préparation de la chaux hydraulique ...................................................... 33

Fig. ‎1.4-4 – Composition des ciments ...................................................................................... 34

Fig. ‎1.4-5 – Effet de la compression sur un sandwich ............................................................. 36

Fig. ‎1.4-6 – Essai de compression sur sandwich - DOMEDE ................................................. 36

Fig. ‎1.5-1 – Intrados en plein cintre composé de deux arcs de cercle ...................................... 40

Fig. ‎1.5-2 – Comportement d'une bande de plomb .................................................................. 41

Fig. ‎1.5-3 – Comportement d'une articulation roulante............................................................ 42

Fig. ‎1.5-4 – Principe d'une articulation tournante .................................................................... 42

Fig. ‎1.5-5 – Articulation à genoux ........................................................................................... 42

Fig. ‎1.5-6 – Exemple de viaduc à une seule grande arche ....................................................... 43

Fig. ‎1.5-7 – Pont sur le Tarn..................................................................................................... 45

Fig. ‎1.5-8 – Pont sur la calanque des Eaux-Sallées .................................................................. 45

Fig. ‎1.5-9 – Pont à Villeneuve.................................................................................................. 45

Fig. ‎1.5-10 – Pont Élise sur Danube (1906-1907) .................................................................... 46

Fig. ‎1.5-11 – Détail d'une arche du viaduc St-Ouen ................................................................ 47

9

Fig. ‎1.5-12 – Pont de la Milette, plans d'origine, d'après archives SNCF ................................ 48

Fig. ‎2.1-1 - Une arche du viaduc St-Ouen supportée par une contre-voûte en béton armé et un

cintre métallique ............................................................................................................... 51

Fig. ‎2.1-2 – Coupe d'une pile suivant l'axe du chemin de fer................................................... 52

Fig. ‎2.1-3 - Micro-pieux en bois............................................................................................... 53

Fig. ‎2.1-4 - Elévation intérieure d'une voûte ............................................................................ 54

Fig. ‎2.1-5 - Détail de la culée côté Paris .................................................................................. 55

Fig. ‎2.1-6 - Elévation de la pile-culée côté Seine ..................................................................... 55

Fig. ‎2.1-7 – Carotte extraite de la voûte 3 en 2010 avec visualisation endoscopique à droite . 56

Fig. ‎2.2-1 – Pont de référence de la méthode MEXE............................................................... 59

Fig. ‎2.3-1 - Abaque de la méthode REAM pour le viaduc St-Ouen ........................................ 62

Fig. ‎2.4-1 – Schéma décrivant le paramétrage de l'intrados en ellipse sur VOÛTE ................ 65

Fig. ‎2.4-2 - Changement d'épaisseur pour le modèle de la voûte............................................. 66

Fig. ‎2.4-3 - Vue résumée du modèle paramètré avec VOÛTE ................................................ 68

Fig. ‎2.4-4 - Relation entre le facteur de sécurité et la charge ponctuelle pour le modèle sous

VOÛTE. ........................................................................................................................... 69

Fig. ‎2.5-1 - Plage de chargement du modèle du viaduc St Ouen sur Ring............................... 77

Fig. ‎2.5-2 - Position de la charge axiale dans le cas de chargement critique ........................... 78

Fig. ‎2.5-3 - Diagramme présentant le facteur de chargement en fonction de la position de la

charge ............................................................................................................................... 79

Fig. ‎2.5-4 - Facteur de charge en fonction de l'épaisseur de la culée gauche ........................... 79

Fig. ‎2.5-5 - Relation entre le facteur de chargement et le coefficient de frottement entre

voussoirs ........................................................................................................................... 80

Fig. ‎3.1-1 - Vue longitudinale du schéma du modèle sous Ansys ........................................... 87

Fig. ‎3.1-2 - Vue transversale du schéma du modèle sous Ansys ............................................. 90

Fig. ‎3.1-3 - Loi de comportement de la maçonnerie ................................................................ 92

Fig. ‎3.1-4 - Exemple du modèle après le calcul de la géométrie.............................................. 92

Fig. ‎3.1-5 - Type courants de la maçonnerie ............................................................................ 94

Fig. ‎3.1-6 – Données géométriques d'un volume élémentaire d'un appareillage en files......... 94

Fig. ‎3.1-7 – Volume élémentaire d'un appareillage en quinconce ........................................... 95

Fig. ‎3.1-8 – Résumé des paramètres des matériaux ................................................................. 97

Fig. ‎3.1-9 – Schéma de la raideur selon la direction OZ .......................................................... 98

Fig. ‎3.1-10 – Types de calcul ................................................................................................. 101

Fig. ‎3.1-11 – Schéma des pas de calcul .................................................................................. 102

Fig. ‎3.2-1 - Paramètres globaux du pont ................................................................................ 105

Fig. ‎3.2-2 - Paramètres du bandeau et de la voûte ................................................................. 105

10

Fig. ‎3.2-3 - Paramètres du parapet et du mur tympan ............................................................ 106

Fig. ‎3.2-4 - Paramètres des appuis ......................................................................................... 107

Fig. ‎3.2-5 - Position des rails.................................................................................................. 108

Fig. ‎3.2-6 - Quelques éléments de la page des matériaux ...................................................... 109

Fig. ‎3.2-7 – Fenêtre des matériaux individuels ...................................................................... 110

Fig. ‎3.2-8 – Fenêtre des conditions aux limites ...................................................................... 112

Fig. ‎3.2-9 – Variation temporelle du poids propre ................................................................. 113

Fig. ‎3.2-10 – Charge ponctuelle ............................................................................................. 114

Fig. ‎3.2-11 – Position de l'origine de l'axe des positions des charges .................................... 114

Fig. ‎3.2-12 – Variations du coefficient de la charge du train ................................................. 115

Fig. ‎3.2-13 – Choix des trains ................................................................................................ 116

Fig. ‎3.2-14 – Ajout d'un nouveau train................................................................................... 116

Fig. ‎3.2-15 – Dénivellation d'appuis ...................................................................................... 117

Fig. ‎3.2-16 – Fenêtre des choix du calcul ............................................................................... 118

Fig. ‎3.2-17 – Définition des pas de calcul .............................................................................. 118

Fig. ‎3.3-1 – Fenêtre principale ............................................................................................... 120

Fig. ‎3.3-2 – Schéma de l'architecture interne de l'interface.................................................... 124

Fig. ‎3.3-3 – Processus d'écriture d'un fichier de commande .................................................. 125

Fig. ‎3.3-4 – Schéma de processus de lecture d'un fichier de commandes.............................. 126

Fig. ‎3.3-5 – Affichage des nombres ....................................................................................... 128

Fig. ‎3.3-6 – Exemples de formatage des nombres et gestion des unités ................................ 129

Fig. ‎3.3-7 – Guide de création de projet ................................................................................. 131

Fig. ‎3.3-8 – Utilisation des commentaires .............................................................................. 131

Fig. ‎3.3-9 – Apparition de surfaces triangulaires quand la voûte a la même épaisseur que le

bandeau........................................................................................................................... 132

11

Tableaux

Tab. ‎1.3-1 – Liste des vocabulaires .......................................................................................... 19

Tab. ‎1.4-1 – Résistance à la compression simple de quelques matériaux ................................ 29

Tab. ‎1.4-2 – Résultats d'essais sur divers matériaux ................................................................ 31

Tab. ‎1.5-1 – Classification des voûtes en arcs surbaissés ........................................................ 39

Tab. ‎1.5-2 – Désignations des voûtes articulées ...................................................................... 40

Tab. ‎1.5-3 – Désignations des voûtes semi-articulées.............................................................. 41

Tab. ‎1.5-4 – Désignations des voies portées ............................................................................ 44

Tab. ‎2.2-1 – Résultats du calcul du viaduc St-Ouen par la méthode MEXE ........................... 61

Tab. ‎2.4-1 - Résultats du calcul avec Voûte ............................................................................. 68

Tab. ‎2.4-2 - Résultats d'autres évaluations en variant la charge ponctuelle ............................. 69

Tab. ‎2.6-1 - Récapitulatif des résultats des différentes méthodes ............................................ 82

Tab. ‎2.6-2 – Tableau de forces et faiblesses des méthodes ...................................................... 84

Tab. ‎3.1-1 - Liste des paramètres des matériaux ...................................................................... 91

Tab. ‎3.3-1 – Principales entrées de la barre des menus .......................................................... 121

12

1. Introduction

Les ponts en maçonnerie sont parmi les premiers ouvrages d'art connus par m'humanité; avant de

savoir exploiter la résistance en traction des aciers et la capacité du béton à épouser la forme du

coffrage, la technique de la voûte à aidé à l'évolution des nations et fut une des clés des grands pro-

jets d'urbanisme. Depuis le temps, les ingénieurs et architectes construisaient les voûtes maçonnées

en s'appuyant sur le savoir faire hérité et l'expérience des gens du métier. Quelques théoriciens ont

essayé de trouver des modèles mathématiques pour la voûte, mais ce domaine n'a pas été assez

développé par la suite.

Le développement des moyens de transport au XIXème siècle a été accompagné par la construction

de plusieurs ponts en maçonnerie. Ils étaient les ouvrages d'art principaux des chemins de fer et des

routes par la suite et jusqu'aux années trente. Leur construction a continué jusqu'à des années ré-

centes dans d'autres pays. Mais en France, le développement accéléré, la main d'œuvre qualifiée

devenue hors de prix et l'apparition d'autres techniques de construction ont imposé le passage à

d'autres types d'ouvrages.

Bien qu'ils soient massifs et durs, bien que leur vie valle des siècles, leur portance n'est pas garan-

tie. Juger de la fiabilité d'un pont nécessite des inspections intenses et des gens d'expérience. La

maintenance de ces ponts pour RFF1, et leur adaptation aux grandes vitesses pour la SNCF2 sont des

questions qui ne peuvent pas rester sans réponse. L'importance de ce sujet va au-delà de besoins

d'entreprises; comme toutes les infrastructures de transport, un disfonctionnement se traduit rapi-

dement par des conséquences économiques.

Dans le but de connaitre les ponts en maçonnerie, un grand projet de recherche sur plusieurs an-

nées a été commencé. Il approche la problématique par étapes. D'abord il y eu lancement de re-

cherches bibliographiques pour connaitre l'historique, les généralités et les informations de base.

Ensuite, il a été question de s'intéresser à la structure pour comprendre le comportement et aux

matériaux pour soigner les avaries. Des recherches sur les logiciels et méthodes de calcul ont été

faites pour qu'à la fin on essaye d'établir un modèle des ponts en maçonnerie. Ce dernier point est le

sujet de la thèse en parallèle avec ce stage.

Après avoir établi des modèles pour les ponts en maçonnerie, les travaux effectués lors de la thèse3

actuelle ont permis de concevoir un logiciel de calcul des ponts en maçonnerie se basant sur la mé-

thode des éléments finis, considérant des matériaux homogénéisés et utilisant le logiciel AnSys

1 Réseau Ferré de France : propriétaire du réseau

2 Société Nationale des Chemin de fer Français : exploitant du réseau ferré

3 Thèse de monsieur Stablon [B22]

13

comme support de calcul. Ce nouvel outil est prévu à être utilisé au sein des bureaux d'étude de la

SNCF et sensé rendre des résultats plus adaptés aux besoins de ses ingénieurs.

Maintenant que le nouveau logiciel est dans une phase bien avancée, il a fallu lui donner un corps,

un aspect pour être manipulé par les utilisateurs comme un programme à part entière. Cette ques-

tion constitue le sujet du présent Projet de Fin d'Études. Le travail consiste, après avoir pris connais-

sance de l'avancement des recherches sur ce sujet, à créer une interface informatique qui rendrait

simple l'utilisation du nouveau logiciel de calcul et accompagnerait l'utilisateur.

Le travail s'effectue selon plusieurs étapes. Il faut d'abord s'introduire dans le domaine par le billet

de recherches bibliographiques et documentation. Ensuite commence la phase de découverte et

comparaison des logiciels en cours et méthodes de calcul des ponts en maçonnerie. Le recensement

des besoins des utilisateurs potentiels est nécessaire pour que la conception aille dans le sens requis.

Enfin, et après avoir amassé assez d'informations, la conception et réalisation du logiciel peut déb u-

ter. Des échanges sont prévus au fur et à mesure pour bien orienter la conception.

14

2. Généralités sur les ponts en maçonnerie

Les ponts en maçonnerie sont les premiers ouvrages construits pour supporter les voies ferrées. Ils

sont utilisés depuis des dizaines d’années par les gestionnaires des réseaux ferrés et sont jugés, pour

la plupart d'entre eux, en bon état. Avec l'augmentation du besoin en transport et le développement

du parc des trains en France, il a fallu évaluer jusqu'à quel point les ponts en maçonnerie peuvent

encore être opérationnels.

Contrairement aux ponts métalliques et en béton, les ponts en maçonnerie ne sont plus, ou que

très rarement, construits. Les méthodes utilisées pour le dimensionnement des voûtes datent de

plusieurs années. Il fallait souvent revenir à des œuvres assez anciens pour comprendre la façon des

ingénieurs de l'époque à concevoir leurs ouvrages.

Des travaux de recherche sont menés par la SNCF afin d'établir une passerelle entre le présent et le

passé. Pour évaluer la capacité portante d'un pont, il existe quelques méthodes basées sur diffé-

rentes théories. Chacun des modèles utilisés présente des avantages et des limites. En s'appuyant sur

l'expérience de plusieurs années, les experts de la SNCF ont commencé à mieux identifier les zones

de faiblesse des ponts en maçonnerie. Cela aide à établir une méthode qui répond d'une manière de

plus en plus pertinente aux questions de la capacité des ponts.

Dans un premier temps, nous allons présenter différentes informations relatives aux ponts en ma-

çonnerie. C'est l'objet de cette partie qui est basée sur les documents bibliographiques utilisés pour

la construction des ponts anciens mais aussi sur les rapports de recherches plus récentes.

15

2.1. Historique

Les ponts en maçonnerie sont connus depuis les civilisations antiques. Ils ont été le plus développé

chez les romains qui les ont bien intégrés dans leur architecture. La construction des ponts en bois a

pris la relève à la chute de l’empire romain au Xème siècle pendant une période d'environ un demi-

siècle. La construction des ponts en maçonnerie a repris à la renaissance des courants économiques

au XIème siècle. La période médiévale a ainsi témoigné un grand développement artistique où d’autres

aspects architecturaux et structuraux sont apparus, donnant naissance à de nouveaux types de

voûtes. [B24]

À la fin du moyen âge et jusqu’à la fin du siècle des lumières, les ponts sont devenus des éléments

essentiels dans les grands projets d’urbanisme. De nombreux noms d’architectes, d’ingénieurs et de

théoriciens sont apparus et de multiples sciences se sont développées à cette époque. L’école des

Ponts et Chaussées ainsi que d’autres corps furent créés et ont constitués un fort appui aux projets

de construction de l’époque. [B24]

Le XIXème siècle a été marqué par l’apparition des chemins de fer. Ce nouveau mode de transport,

nécessitant des tracés à grands rayons de courbure et des pentes faibles, créa une nouvelle utilisa-

tion des voûtes. Le développement du réseau ferroviaire donna naissance à la famille des ponts rails.

Une famille de ponts et viaducs devant répondre à des contraintes de charge et de structure plus

importantes. On note ici la participation de Séjourné, ingénieur français, qui a apporté d’importantes

innovations sur les ponts en maçonnerie et a fait construire des viaducs parmi les plus remarquables.

Le pont Frédéric-Auguste1 fut parmi les derniers grands ponts en maçonnerie construits en Europe.

La technique de la voûte a cédé la place aux nouvelles techniques du XXème siècle telles que l’acier et

le béton armé [B24] qui sont plus rapides à concevoir et à construire et moins gourmands en maté-

riaux et main d’œuvre.

1 Construit entre 1903 et 1905 à Plauen (Allemagne). Il est connu aussi sous le nom de "pont de la paix", "Frie-denbrücke", pont de Syratal et pont de Plauen [C19].

16

Fig. ‎2.1-1 – Chronologie de la construction des ponts en maçonnerie sur le XIXème

et le XXème

siècle [B13]

2.2. Données statistiques

2.2.1. Importance du parc de ponts en maçonnerie

Fig. ‎2.2-1 – Répartition des ponts selon leur nature (2007) [B13]

Chronologie de construction

11 162

5714

677

7456

600 383

1265

45

728

27436 463

<184

0

1840

à 4

9

1850

à 5

9

1860

à 6

9

1870

à 7

9

1880

à 8

9

1890

à 9

9

1900

à 0

9

1910

à 1

9

1920

à 2

9

1930

à 3

9

1940

à 4

9

>195

0

Ponts > 2m

Maçonnerie

18050

44%

Métal

7531

18%

BA ou BP

7951

19%

Poutrelles

enrobées

7950

19%

17

Nous avons hérité des siècles précédents une quantité importante de ponts. Ces derniers, bien

qu’ils soient marqués par l’âge, sont estimés opérationnels. Ils sont toujours utilisés dans les do-

maines routier et ferroviaire.

Le réseau ferroviaire couvre actuellement toute la surface de la France. Rares sont les ponts no u-

vellement construits. Comme la proportion des ponts en maçonnerie est assez importante et que

leur état général est jugé correct, il ne semble pas nécessaire de les remplacer (voir ci-dessous).

Fig. ‎2.2-2 – Condition des ponts en maçonnerie en Europe [B25]

Ces ponts présentent une longueur cumulée de 250km et couvrent une surface d’environ 2 km².

L’importance de ce parc a imposé la recherche de méthodes pour les entretenir, les adapter et mieux

les exploiter.

Condition des ponts

Bonne

19%

Moyenne

62%

Mauvaise

16%

A risque

3%

18

2.2.2. Patrimoine de la SNCF en ponts maçonnés

Fig. ‎2.2-3 – Répartition des ponts selon la nature de leurs voûtes [B13]

Les ponts maçonnés sont au nombre de 18050 selon les statistiques nationales. Ils sont en majorité

d’usage ferroviaire ou routier. Presque la moitié de ces ponts ont une longueur ne dépassant pas 5m.

Mais certains viaducs peuvent atteindre une portée de 500m.

L’apparition du parc automobile étant ultérieure à celle des trains, les ponts routes maçonnés sont

beaucoup moins nombreux que les ponts rails. Ces ponts peuvent faire l'objet d’inspection et

d’occultation pour les organismes d'expertise de la SNCF.

Quant aux voûtes, c’est le type plein cintre qui est le plus présent. On te retrouve dans les trois

quarts des ponts maçonnés. Ce type de voûte est le premier à être utilisé par les anciennes civilisa-

tions. Il est plus facile à dimensionner et à mettre en œuvre. D’autres types de voûtes existent et

présentés dans la partie "Familles de voûtes (‎2.3.4)".

2.3. Structure des ponts en maçonnerie

2.3.1. Index des termes

Ponts en maçonnerie

12046

66%

3191

18%

1574

9%1239

7%

Ponts rails à voûtes

plein cintre

Ponts rails à voûtes

surbaissées

Ponts routes à voûtes

plein contre

Ponts routes à voûtes

surbaissées

19

Terme Figure Page

Anse de panier Fig. ‎2.3-10 27

Arc de cercle Fig. ‎2.3-8 26

Arc-doubleau 24

Arche 20

Bahut Fig. ‎2.3-4 24

Bandeau Fig. ‎2.3-1 21

Boutisse 22

Chaine d'angle Fig. ‎2.3-1 21

Clé Fig. ‎2.3-1 21

Culée Fig. ‎2.3-1 20 - 25

Douelle 21

Ellipse Fig. ‎2.3-10 27

Extrados Fig. ‎2.3-1 21

Flèche 21

Fût Fig. ‎2.3-4 24

Intrados Fig. ‎2.3-1 21

Mur en aile Fig. ‎2.3-2 23

Mur en retour Fig. ‎2.3-3 23 - 25

Mur de tête Fig. ‎2.3-2 22 - 24

Naissance Fig. ‎2.3-1 21

Ogive Fig. ‎2.3-9 27

Ouverture Fig. ‎2.3-1 21

Parapet Fig. ‎2.3-4 24

Pérée Fig. ‎2.3-3

Pile 20 - 25

Plein cintre Fig. ‎2.3-7 26

Plinthe Fig. ‎2.3-4 24

Pont 20

Pont biais 20

Pont droit 20

Rein de voûte Fig. ‎2.3-2 22

Remplissage 25

Socle 22

Sommier Fig. ‎2.3-1 21

Tympan Fig. ‎2.3-1 21

Viaduc 20

Viaduc d'accès 20

Viaduc de décharge 20

Voûte Fig. ‎2.3-1 20 - 24

Voûte biaise Fig. ‎2.3-11 28

Tab. ‎2.3-1 – Liste des vocabulaires

20

2.3.2. Termes et définitions

Pont en maçonnerie : Ouvrage supportant une voie de communication ou de transport, traversant

un cours d’eau ou une autre voie de communication, construit par une technique d’empilement de

pierres.

On distingue entre les différents ponts en maçonnerie selon leur :

- Dimensions : ouverture, flèche - Matériaux : briques/moellons, granit/calcaire - Fonction : ponts rails, ponts route, ponts canal

Les ouvrages assurant d’une façon stricte l’écoulement d’une rivière ou le passage d’une voie de

circulation s’appellent des ponts et ceux qui franchissent des vallées d’un flanc à l’autre sont des

viaducs. Les viaducs à une seule grande arche sont parfois appelés des ponts. De plus, on parle de

viaduc d’accès s’il remplace un remblai aux abords d’un ouvrage et de viaduc de décharge (ou ou-

vrage de décharge s’il s’agit d’un ouvrage à travée unique) pour ménager un débouché suppléme n-

taire vis à vis des inondations [B10].

Ponts droit / ponts biais : caractérisent l’angle entre l’axe du pont et la voie portante. Le pont est

droit si l’angle est proche de 90°.

Culées : sont les supports extrêmes d’un pont. Elles participent dans le cas des ponts en maçonne-

rie à sa stabilité longitudinale.

Piles : sont les supports intermédiaires d’un viaduc. Une pile placée entre deux arches d’ouverture

inégale ou entre une arche en maçonnerie et une travée métallique est une pile-culée. L’appellation

est la même pour certains viaducs à arches multiples dont une pile sur quatre ou cinq ont été épaissis

afin de limiter la destruction de l’ouvrage en cas de rupture d’une arche. En rivière, les piles sont

terminées par des avants et arrière-becs, couronnés par des chaperons le plus souvent en pierre de

taille. [B10]

Arche : partie concave comprise entre deux appuis consécutifs. [B10]

Voûte (cf. Fig. ‎2.3-1) : c’est la partie principale d’une arche. Elle est responsable de la stabilité du ta-

blier et supporte toute la surcharge du pont. Selon la nature du pont, la voûte peut être droite ou

biaise. Une voûte peut être constituée d’un anneau simple ou d’une succession de plusieurs an-

neaux.

21

Fig. ‎2.3-1 – Détail de la voûte

Ouverture (ou portée) : c’est la distance entre deux appuis consécutifs. On distingue l’ouverture

droite et l’ouverture biaise [B25] (cf. Fig. ‎2.3-1).

Flèche (ou montée) : distance entre la ligne des naissances et la clé.

Intrados : la partie visible concave de la voûte (cf. Fig. ‎2.3-1).

Extrados : le contour supérieur de la maçonnerie de la voûte (cf. Fig. ‎2.3-1).

Douelle : la face concave de la voûte.

Bandeau : intersection entre la douelle et la voûte [B10] (cf. Fig. ‎2.3-1).

Naissances : sont les points les plus bas d’une voûte. La ligne qui passe par les intersections entre la

voûte et les piédroits est la ligne des naissances [B24] (cf. Fig. ‎2.3-1).

Clé : le point le plus haut d’une voûte. Ce terme peut désigner aussi la pierre centrale de la voûte et

qui est la dernière à mettre en œuvre afin de fermer l’anneau (cf. Fig. ‎2.3-1).

Mur tympan : partie verticale entre le parapet ou garde-corps et la voûte (cf. Fig. ‎2.3-1).

Chaîne d’angle ou chaîne d’encoignure : dispositif de renforcement de maçonnerie disposée à

l’angle de deux pans de murs. [B24].

Sommier : pierre qui reçoit un arc ou une réunion d'arcs, qui sert de naissance, de point de départ

aux voûtes. [B23] (cf. Fig. ‎2.3-1)

22

Socle : Assise inférieure d'un pilier, d'une colonne (sous la base) ou d'un mur. Le socle se dessine

toujours par une saillie, i.e. un empattement plus ou moins prononcé. [B24]

Boutisse : ensemble de pierres de taille qui, de distance en distance, prennent toute l'épaisseur

d'un mur, et relient ses deux parements extérieur et intérieur [B23]. Les boutisses sont équivalentes

aux chaines d'angles pour les murs en retour.

Fig. ‎2.3-2 – Pont à murs en aile

Murs de têtes (mur tympan + parapet + couronnement): surfaces qui limitent parallèlement un

pont par rapport à son axe [B10] (cf. Fig. ‎2.3-2).

Rein de la voûte : ligne intermédiaire entre les naissances et la clé [B10] (cf. Fig. ‎2.3-2).

23

Fig. ‎2.3-3 – Pont à mur en retour

Mur en aile / Mur en retour : murs aux extrémités du pont, délimitant les remblais (cf. Fig. ‎2.3-2

Fig. ‎2.3-3)

Fig. ‎2.3-4 – Détail des parapets et garde-corps

24

Parapet : se décompose en trois parties [B24] (cf. Fig. ‎2.3-4) :

- Le bahut : appui du parapet - Le fût : corps du parapet

- La plinthe : dalle en assise

2.3.3. Fonctions des éléments d’un pont en maçonnerie [B10]

La voûte : c’est la partie active de l’ouvrage. Elle est généralement définit par la forme de son intra-

dos (plein cintre, en ellipse, en anse de panier, en arc de cercle …). Elle peut être décomposée en

plusieurs parties aux fonctions bien définies et se différenciant par la nature et la qualité des maté-

riaux mis en œuvre.

Dans l’ordre de la qualité décroissante de ces matériaux on a :

Les bandeaux d’épaisseur uniforme faisant conjointement parti des

murs de tête et de la douelle.

La douelle, partie inférieure située entre les bandeaux et le queu-

tage, ce dernier est la partie de voûte surmontant la douelle.

Le queutage dont la constitution peut différer en fonction de la pres-

sion à l’intérieur de la voûte. Si la pression et les tassements sont

faibles, on peut se contenter de moellons bruts. S’il s’agit de fortes

pressions, il faut utiliser des moellons correctement équarris plus ho-

mogènes avec les bandeaux et la douelle, avec des joints plus minces

et un mortier de meilleure qualité.

Il arrive que l’on observe dans une douelle la présence d’arcs doubleaux : ce sont des parties paral-

lèles aux bandeaux, constituées de matériaux de meilleure qualité que ceux de la douelle. Ils peuvent

être soit en saillie, avec un hourdis intermédiaire ou au même niveau que le reste de la douelle.

D’origine, ils sont destinés à renforcer la voûte.

Les murs de tête (cf. Fig. ‎2.3-2) : constitués par les murs tympans, la plinthe, le parapet et le cou-

ronnement. Le rôle premier des tympans est d’être un mur de soutènement vis à vis des remblais qui

transmettent les charges à la voûte. La plinthe, le parapet et le couronne ment sont des éléments

architecturaux qui ont aussi un rôle de retenue.

Fig. ‎2.3-5 – Disposition des

pierres au queutage [B13]

Queue

Arête

Joint

Retour d'équerre

Queue

Arête

Joint

Retour d'équerre

25

Le Remplissage est contenu entre les murs de tête et la voûte, son rôle est de répartir les charges

sur la voûte. La qualité du matériau de remblai est primordiale pour la transmission des efforts sur

les tympans et la voûte. Il participe à la portance de l’ouvrage par

ces effets répartiteurs (tant dans le sens transversal que longitudi-

nal). Il joue le rôle d’amortisseur des effets dynamiques. Il peut aussi

stabiliser les ouvrages, par sa charge verticale et horizontale activée

par le déplacement de la voûte.

Les constructeurs ont cherché à réduire le poids du remblai qui

surcharge les voûtes soit par l’utilisation de matériaux plus légers,

soit en réalisant des élégissements longitudinaux dont les poussées

aux naissances sont répercutées sur les tympans ou des élégisse-

ments transversaux qui apportent des charges ponctuelles sur les

voûtes principales.

Les piles, les culées et les murs en retour : Comme pour les voûtes, les appuis sont le plus souvent

constitués de matériaux de qualités différentes : le parement, le corps des ouvrages et les chaînes

d’angle ne sont pas à négliger. Le parement constitue la partie résistante c’est le lieu de passage

principal des contraintes. Le remplissage est constitué de moellons bruts liés avec une forte propo r-

tion de mortier n’offrant pas de caractéristiques mécaniques particu lières. Néanmoins afin de

transmettre au sol de fondation une contrainte la plus homogène possible les bases d’appuis sont en

matériaux réguliers et homogènes.

2.3.4. Familles de voûtes

Les voûtes en plein cintre furent les premières à être utilisées dans les constructions voûtées, no-

tamment pour les ponts à l’époque de l’empire romain. Le type plein cintre demeure dominant

jusqu’au moyen âge où les architectes gothiques introduisirent les voûtes à cercle brisé, mettant en

valeur le goût architecturale de l’époque qui favorisait les structures légères et ouvertes, permettant

l’insertion des vitrages et l’intégration des effets de la lumière à l’ambiance intérieure des bâtiments.

En conséquence du perfectionnement des moyens de construction, les voûtes furent surbaissées et

construite par composition de plusieurs arcs de cercles à rayons différents.

Généralement, les voûtes sont définies par :

Leur ouverture 2a

Leur flèche f ou surbaissement σ

La relation entre les valeurs précédentes est la suivante

[B19 ; B20] : a

f

2

Fig. ‎2.3-6 – Elégissements

transversaux sur le viaduc de

Scarassoui (1928)

26

Pour les très grandes voûtes, les constructeurs ont mis de coté les courbes usuelles (arcs de cercles,

anses de panier, ellipses) pour adopter des formes encadrant mieux les courbes de pressions, afin de

réduire au minimum le poids des voûtes.

On distingue, selon le caractère géométrique, les types de voûtes suivants : [B11]

La voûte en plein cintre est constituée d’un demi-cercle complet, le surbaissement étant de

.

Fig. ‎2.3-7 – Voûtes en plein cintre [B13]

La voûte en arc de cercle (voûtes surbaissées) est constituée d’un demi-cercle incomplet dont le

surbaissement est inférieur à 0.5.

Fig. ‎2.3-8 – Voûtes en arc de cercle [B13]

2

1

27

L’ogive est formée de deux arcs de cercle se coupant à la clef. La construction de ce type de voûtes

est motivée par la stabilité de la structure et l’adaptation au profil du terrain. Le coût de construction

est en conséquence élevé, ce qui a poussé à leur disparition à la fin du moyen âge [B25].

Fig. ‎2.3-9 – Voûte en ogive - Viaduc d'Arnaville [B13]

L’anse de panier est formée d’un certain nombre d’arcs de cercle, avec des centres et des rayons

différents et se raccordant aux points de passage de l’un à l’autre (ils sont tangents les uns aux autres

à leurs points de raccordement).

Fig. ‎2.3-10 – Voûte en anse de panier [B13]

L’ellipse est une courbe mathématique spécifique d’équation .

²

)²2(

²

f

y

a

x

28

Longitudinalement, les voûtes peuvent être biaises ou droites. Pour être stable, une voûte biaise

doit se comporter comme si elle était formée d’un grand nombre de rouleaux droits parallèles aux

têtes et sondés entre eux suivant leurs plans de tête communs [B25].

Fig. ‎2.3-11 – Exemple de structure voûtée biaise1

1 L'image de droite est tirée du document des prescriptions techniques pour la surveillance et la maintenance des ouvrages en maçonnerie [Z07]

29

2.4. Les matériaux

Les ponts en maçonnerie sont construits de matériaux composites obtenus par mélange de pierres

ou briques, jointes entre elles par des liants. La nature des matériaux utilisée est très variée. Elle dé-

pend de la technique de production, du choix des propriétés mécaniques et chimique, du type

d’ouvrage à construire, de sa géométrie et de la disponibilité des matériaux au voisinage du site.

2.4.1. Les pierres

Toutes les pierres naturelles (sauf les plus tendres) ont été utilisées dans la construction des ponts.

Il convient de caractériser les pierres à l’aide des éléments suivants :

- la structure : compacte, caverneuse, schisteuse. - la forme et l’aspect de la surface de cassure : plane, arrondie, granuleuse, feuilletée.

- le lit : les pierres sédimentaires présentent des stratifications. - L'hétérogénéité : variation des propriétés - la dureté.

- la masse volumique. - la porosité.

- la capillarité. - la perméabilité. - la gélivité.

- la dilatation.

Certaines des valeurs caractéristiques sont proposées dans des bases de données de matériaux.

Cependant, il convient de considérer avec méfiance ces données parce que les pierres sont nommées

en fonction de leurs structures chimiques mais les caractéristiques peuvent être très différentes

d’une pierre à une autre de même type. Les valeurs caractéristiques des pierres sont données géné-

ralement avec des fourchettes. Des tests semblent importants pour identifier les caractéristiques

nécessaires à une étude.

Types de pierres

Résistance à la compression

Min (MPa) Max (MPa)

Calcaire 10 170

Schistes argileux 60 170

Granit 75 274

Quartzite 87 360

Tab. ‎2.4-1 – Résistance à la compression simple de quelques matériaux [B22]

30

Familles des pierres [B3] – On peut classer les pierres de construction en cinq grandes familles :

Les pierres de taille sont des blocs dont toutes les faces sont dressées, taillés pour obtenir des plans

plus ou moins parfaits [B24]. Les dimensions de ces pierres sont comprises entre 25 et 60 cm. Elles

ont des formes bien établies selon les nécessités de l’appareillage. Elles sont utilisées dans les parties

nobles (plinthes, bandeaux, couronnements) pour leur résistance et leur élégance architecturale. [B3]

Les pierres appareillées sont des pierres de taille qui nécessitent une taille particulière pour compo-

ser un appareillage spécial tel qu’un bandeau ou une voûte biaise.

Les moellons d’appareil sont des pierres parallélépipédiques de petites dimensions dont la tête est

taillée plus ou moins finement de manière à obtenir, en pare ment, des assises régulières. Ils sont

utilisés dans les angles des piles et des culées des grands ouvrages, dans le couronnement des para-

pets, et également dans les bandeaux des voûtes.

Les moellons bruts sont posés sans retouches, tels qu’ils sont extraits de la carrière. Ils étaient sur-

tout utilisés dans les maçonneries de blocage et pour le gros œuvre, dans le remplissage, les massifs

de fondation, les corps des culées et les noyaux des piles.

Les libages sont des pierres de bonne qualité et de grandes dimensions. Elles sont utilisées dans les

zones les plus sollicitées ou soumises à des sollicitations dynamiques.

Libages [© pangea]

Pierres sèches [B13]

Pierres de taille [B3]

Moellons bruts [B3]

Fig. ‎2.4-1 – Quelques types d’appareillages en pierres

31

Appareillage – L’agencement des maçonneries a été différent selon les époques et les lieux de

construction :

Pour les constructions du début du XIXème, on trouve la maçonnerie brouillée (en opus incertum)

qui ne tenait compte ni de l’alignement ni de l’apparence.

Vers la seconde moitié du 19ème la maçonnerie fut assisée et tirée au cordeau pour obtenir un bon

alignement.

À la fin de la grande période de construction. De nouveaux outils ont permis de mieux tailler la

géométrie des éléments taillés ainsi que le niveau de détail des pierres et épaisseurs des joints.

2.4.2. Les briques

Les briques sont créées à partir de certaines argiles séchées et durcies naturellement ou artificie l-

lement [B13].

Types de briques : On en distingue plusieurs types [B24] :

- la brique de terre crue, qui peut aussi contenir des fibres (pailles, lin, crin..),

- la brique de terre compressée, - la brique cuite pleine, matériau traditionnel très ancien (7000 ans avant J.C), - la brique cuite creuse, inventée au XIXème siècle, la plus utilisée,

- la brique de chanvre, - la brique non gélive,

Les caractéristiques physiques des briques sont en général les mêmes que celles des pierres. La bi-

bliographie ne fournit pas assez de documents sur le comportement mécanique des briques. Globa-

lement, leur résistance à la compression simple est aux alentours de 15 MPa. Quant au poids volu-

mique, il varie entre 17 et 20 kN/m3, mais reste souvent inférieur à celui des pierres.

Types de briques Poids volumique (kN/m3) Résistance (MPa)

Briques bien cuites 20 15

Briques ordinaires 17.5 10 à 11

Brique rouge foncé de Bourgogne 18.4 20 à 21

Brique de Toulouse 16 à 19 16 à 26

Tab. ‎2.4-2 – Résultats d'essais sur divers matériaux [extrait de [B10]-Tab.1-1]

32

Avantages – L’utilisation de briques dans la construction des ouvrages au lieu des pierres naturelles

résulte, soit du fait que ces dernières deviennent plus coûteuses au niveau du transport, soit d’un

choix délibéré du maitre d’œuvre de leur mise en concurrence ou par défaut de pierre de qualité

dans les sites de construction des ouvrages. La brique est le matériau de substitution de la pierre par

excellence. [B10]

Dimensions – Souvent les briques sont de forme parallélépipédique (quoique de nombreuses

briques romaines fussent de forme triangulaire [B10]). Il y a une large gamme de modules (tailles) de

briques. Les plus utilisées sont les briques de bourgogne (5.5 x 11 x 22) ou d’autres s’y rapprochant.

Mais on peut remarquer que pour la majorité des briques en terre cuite, la longueur fait deux fois

l’épaisseur plus un joint (e x 2e x 4e) [B1].

Appareillage – La régularité de la forme des briques permet leur disposition selon l’une des façons

suivantes :

Appareil en panneresse

Appareil à la française

Appareil en boutisse

Appareil sur champ

Fig. ‎2.4-2 – Quelques types d’appareillage des briques [B24]

33

2.4.3. Les joints

Les joints sont composés de sable et de liant additionnés d’eau. Deux éléments peuvent jouer le

rôle de liants la chaux et le ciment. On distingue les liants hydrauliques et des liants aériens.

2.4.3.1. Les chaux [B10]

Les chaux aériennes proviennent de la calcination d’un calcaire pur et de l’extinction de la chaux

vive ainsi obtenue. La réaction est très exothermique et produit un foisonnement qui réduit la chaux

en poudre. En fonction de la pureté on obtient des chaux grasses (calcaire pur) à maigres (calcaire

avec impuretés).

Le durcissement se fait au contact de l’air par carbonatation. Cela se passe selon l’équation chi-

mique suivante [B13] : Ca(OH) 2 + CO2 CaCO3 + H2O

Cette réaction est lente et accompagnée d’une augmentation de volume. Il en résulte des risques

de dislocation des maçonneries si la chaux employée est pure. D’a utre part, pour les maçonneries

épaisses, l’air ne pouvant pas pénétrer à l’intérieur, ce type de mortier risque de ne pas durcir co m-

plètement. En plus, les chaux aériennes sont vulnérables à l'eau. Leur dissolution donne une subs-

tance qu'on appelle "l’eau de chaux".

Les chaux hydrauliques proviennent de pierres calcaires contenant des argiles en proportions va-

riables qui, en se combinant avec la chaux, donnent des sels ayant des propriétés hydrauliques. Le

phénomène de prise est une hydratation des sels hydrauliques de cuisson et ne nécessite pas de

concours à l’air. Le temps de prise varie avec l’indice d’hydraulicité.

Fig. ‎2.4-3 – Cycle de préparation de la chaux hydraulique [B13]

Calcaire

CaCO3

Chaux éteinte

Ca(OH)2

Chaux vive

CaO

Mortier frais

Extraction des

carrières de blocs

de pierres cal-

caire

La chaux vive est

trempée pendant un

mois dans un bain

d’eau pour obtenir

de la chaux éteinte

La chaux éteinte est

utilisée pour fabri-

quer le mortier par

adjonction du sable

et de l’eau

L’eau s’évapore et le

CO2 de l’air redonne à

l’enduit les qualités

naturelles d’une pierre

calcaire

34

Les essais de compression sur la chaux indiquent que sa résistance mécanique est de l’ordre de

3MPa.

2.4.3.2. Le ciment

Le ciment est le produit de la calcination, à 1450°C,

d’argile et de calcaire dans des proportions spécifiques.

Les ciments sont broyés finement et contiennent peu de

chaux libre. La prise se développe au contact de l’eau.

Les étapes majeures de la fabrication du ciment sont

les suivantes :

- L’extraction (teneur argile > 20%) - La pré-homogénéisation - Le séchage

- La cuisson (1450 à 2000°C) - Le broyage

La résistance mécanique à la compression du ciment

utilisé pour la fabrication du mortier de ce type de ponts

est de l’ordre de 7 MPa

2.4.3.3. Le mortier

La composition des mortiers est extrêmement variable [B10] :

Pour les mortiers de chaux hydraulique on compte 300, 333, 350 jusqu’à 400 kg de chaux pour 1 m3

de sable

Pour les mortiers de ciment on compte 333, 350, 400, 500, 600, 650 ou 700 kg de ciment par 1

m3 de sable

En général, un mortier bâtard est utilisé. Il s’agit d’un mélange de chaux et de ciment combinant les

propriétés de la chaux aérienne et celle de la chaux hydraulique. Il est réalisé selon les proportions

suivantes : 1 volume de chaux pour 2 volumes de ciment. Le mélange a l’avantage de prendre rapi-

dement et de présenter une bonne onctuosité. [B9 & B17]

Fig. ‎2.4-4 – Composition des ciments [B13]

35

La dégradation des mortiers peut être due [B13] :

- à l’action chimique de l’eau de mer et des eaux sulfatées sur les liants, - à l’action des eaux très pures qui dissolvent la chaux libre,

- à l’action des eaux agressives en particulier chargées d’acide carbonique, - à l’action des intempéries.

2.4.4. La maçonnerie

2.4.4.1. Définition

La maçonnerie est un matériau composite, dont les caractéristiques et le comportement dépendent

des propriétés de chacun des matériaux le composant, ainsi que des propriétés de contact et du type

d’assemblage entre eux [B10]. Le mot "maçonnerie" peu désigner aussi toutes les pierres taillées ou

non taillées, briques, moellons, meunières, agglomérés, etc., employés à sec ou réunis par un liant1.

Le comportement de la maçonnerie est différent de celui de ses composants pris individuellement.

Sa résistance mécanique globale peut être déduite de manière empirique en appliquant l’Eurocode

62 [B5] qui relie la résistance caractéristique de la maçonnerie à celles des éléments constitutifs de la

manière suivante :

Extrait de l’Eurocode 6 – 3.6.1.2 Résistance caractéristique à la compression de la maçonnerie lorsqu'elle

n'est pas montée à joints interrompus

La valeur de résistance réelle est généralement comprise entre la résistance des pierres et celle des

joints, moyennant un coefficient qui tient compte de la nature des pierres ou briques et du type et

1 Office de la langue française, 1982

2 cf. EC6 – 3.6.1.2 Résistance caractéristique à la compression de la maçonnerie lorsqu'elle n'est pas montée à joints interrompus – Eurocode 6. "Calcul des ouvrages en maçonnerie".

36

nature du mortier. C’est une manière de simplifier le matériau et de l’homogénéiser pour pouvoir

réaliser les calculs. Il est à noter que l’homogénéisation est une procédure très complexe et encore

assez mal connue.

2.4.4.2. Comportement de la maçonnerie

À la compression, le module d’élasticité du mortier étant généralement inférieur à celui de la

pierre, le mortier a tendance à s’étaler latéralement. En raison de frottement entre la pierre et le

mortier, cet étalement provoque une tension latérale entre la pierre et le joint. Il peut en résulter

une rupture par fendage de la pierre. [B10]

Fig. ‎2.4-5 – Effet de la compression sur un

sandwich

Fig. ‎2.4-6 – Essai de compression sur sandwich -

DOMEDE [B4]

En général, les tests effectués sur la maçonnerie révèlent un comportement complexe. L'hétérogé-

néité du matériau et la nature de la matière qui le constitue laissent à définir de multiples modèles

dont chacun peut être intéressant pour un domaine spécifique.

37

2.5. Classification des voûtes selon P. Séjourné

2.5.1. Intérêt de la classification

Hormis les matériaux de construction et la forme de la voûte, plusieurs caractéristiques influent le

dimensionnement de Ponts. Séjourné (1851-1939) a classé les ponts en plusieurs familles pour que

les ceux ayant les mêmes caractéristiques soient traités de la même façon. Cette classification prend

en considération la géométrie et la fonction de l’ouvrage.

L'ordre chronologique de la construction est très intéressant pour les ponts en maçonnerie. L'expé-

rience des constructeurs et l'héritage de la technique associés au calcul pour dimensionner les ponts

en maçonnerie, il est fréquent de trouver des similitudes d’un ouvrage à l’autre.

Voyons désormais la méthode de classification proposée par Séjourné.

2.5.2. Voûtes articulées – voûtes inarticulées

Il y a deux sortes de voûtes : les voûtes articulées et les voûtes inarticulées. Bien qu’elles soient les

plus anciennes, ces dernières ont été construites jusqu’au début du XXème siècle.

L'articulation des voûtes fut évoquée par Paul Séjourné dans son livre « Grandes Voûtes » - tome IV

où sont traitées les voûtes articulées : «En 1870, DEPUIS proposa, le premier, d'articuler les

voûtes. De cette idée française, on a en France peu ou mal parlé : on ne l’y applique point. Mais en

Allemagne, on l’a fort bien accueillie : depuis quelque 30 ans, on y articule des voûtes ».

Séjourné distingue quatre types d’articulations (voir page 41) :

- les articulations sur plomb - les articulations roulantes - les articulations tournantes

- les articulations à genou

Il est à noter qu'en France, la plupart des ponts ne sont pas articulés. Les seuls ponts articulés cités

par Séjourné sont le pont de Branla sur le Rhône et le pont de Burzweiler (Burtzwiller) en Alsace.

38

2.5.3. Classification de ponts à voûtes inarticulées

Les voûtes inarticulées sont classées par la forme de leur intrados et les voûtes articulées sont clas-

sées par le type de leur articulation.

Dans tout ce qui suit on pose :

2a la portée de la voûte

f la montée de la voûte

le surbaissement de la voûte

2.5.3.1. Série C – le plein cintre

Les voûtes plein cintre ( ) sont désignées par la lettre ‘C’. La série C fait partie des "demi-

courbes complètes".

Plein cintre en ogive

Si la voûte plein cintre est en ogive, on fait précéder le C par la lettre "O". On obtient ainsi "OC".

Une voûte plein-cintre brisée est considérée comme une courbe surhaussée. On se permet donc

d'ajouter à la désignation le caractère "h" comme indice pour la lettre O. La désignation correcte des

pleins-cintres brisées est donc "OhC".

2.5.3.2. Série E – les ellipses

Les voûtes en ellipse sont désignées par la lettre "E". La série E fait partie des "demi-courbes com-

plètes". Les ellipses sont en fait des courbes plein cintre surbaissées ou surhaussées. Elles sont carac-

térisées par le coefficient pour les courbes surhaussées et pour les courbes surbais-

sées. Les tangentes aux naissances sont verticales pour les courbes en ellipse, ce qui les diffère des

courbes en arc.

Ellipses en ogive

Pour les ellipses brisées, on fait précéder la lettre E par la lettre O. La désignation est donc "OE".

a

f

2

2

1

2

1

2

1

39

Ellipses surhaussées

L'indice "h" est utilisé pour indiquer que l'ellipse est allongée selon son axe vertical ( ). On la

note dans ce cas "Eh".

2.5.3.3. Série A – les arcs

Les voûtes en arc sont désignées par la lettre "A". La série A fait partie de la famille des "segments

de courbes".

Les arcs surbaissés

Les arcs sont des segments dont la tangente aux naissances est inclinée. Les arcs surbaissés sont les

plus fréquents à trouver. Ils sont classés entre eux par leur valeur de surbaissement. Pour indiquer le

surbaissement d'un arc, on met un chapeau à la lettre "A" :

Surbaissement Valeur de α Symbole Désignation

peu surbaissé

assez surbaissé

très surbaissé

Tab. ‎2.5-1 – Classification des voûtes en arcs surbaissés

Les arcs surhaussés

Si la montée est supérieure à la mi-ouverture et que les tangentes aux naissances ne sont pas verti-

cales, on a affaire à des arcs surhaussés. Dans ce cas, la lettre "A" est indicée par la lettre "h" pour

indiquer le surhaussement. On écrit "Ah".

Les arcs brisés surhaussés

On désigne ce type de voûtes de la même manière que les voûtes en plein cintre br isées en chan-

geant la lettre "C" par la lettre "A". On écrit "OhA".

af

32

1

7

1

32

1

7

1

40

2.5.4. Classification de ponts à voûtes articulées

2.5.4.1. Voûtes articulées

Quel que soit l'intrados, les voûtes articulées sont tou-

jours en arc surbaissé entre leurs articulations de retom-

bée. Une voûte en plein cintre, en ellipse ou en arc peu

surbaissé, est, en réalité, une voûte en arc surbaissé avec

culées sur surplomb, [B17]. La figure ci-contre représente

une voûte articulée à la clé et dont l'intrados est en plein

cintre. Chaque moitié de cette voûte peut être considérée

comme une voûte à part entière dont la forme de l'intra-

dos est en arc surbaissé

Les symboles utilisés pour désigner l'intrados, le nombre d'arches et la voie portée pour les voûtes

inarticulées sont conservés dans le cas des voûtes articulées. Cependant, le caractère dominant n'est

plus la courbure de l'intrados mais le type d'articulation. Elles sont classées en priorité d'après le type

d'articulation [B17] :

Type d'articulation Symbole Désignation ( AECX ,, )

Bande de plomb

Articulations roulantes

Articulations tournantes

Articulations à genoux

Tab. ‎2.5-2 – Désignations des voûtes articulées

21.02

1

2

1

Fig. ‎2.5-1 – Intrados en plein cintre

composé de deux arcs de cercle

41

2.5.4.2. Voûtes semi-articulées

Dans nombre d'ouvrages, on a, après achèvement et avant ouverture à la circulation, condamné les

articulations. La voûte est articulée alors seulement pour le poids mort. La courbe de pression du

poids mort passe par les articulations, contrairement aux surcharges et aux variations de tempéra-

ture. [B17]

Les symboles utilisés pour les voûtes semi-articulées sont les mêmes que pour les voûtes articulées,

mais avec une barre sur le signe de l'articulation :

Type d'articulation Symbole Désignation ( AECX ,, )

Bande de plomb

Articulations à genoux

Tab. ‎2.5-3 – Désignations des voûtes semi-articulées

2.5.4.3. Principe de fonctionnement des éléments de l'articulation

Bande de plomb

Le plomb coule et s'étale sous charge croissante à partir d'un cer-

tain seuil. La déformation n'est par contre pas accompagnée par

une perte de cohésion. L'étalement se traduit donc par une aug-

mentation de la section et une diminution de l'épaisseur. Ce qui

mène à diminuer la contrainte normale sur les faces de contact.

Une bande de plomb constitue une articulation par le fait que le

plomb coule sous la compression qui s'exerce, tantôt sur a, tantôt

sur b, et prend la forme a'b' (cf. Fig. ‎2.5-2). [B17]

Fig. ‎2.5-2 – Comportement

d'une bande de plomb

Articulations roulantes

Elle est réalisée par un contact entre deux surfaces, la première

concave de rayon R1 et la seconde convexe de rayon R2. Avec,

R2>R1 et R2 qui peut tendre vers l'infini.

42

Ce genre d'articulations nécessite l'utilisation de pierres dures et

peu déformables. La charge au niveau du contact fait aplatir les

surfaces et crée une zone qui transmet la contrainte. Plus cette

zone est petite, plus grande est la contrainte et mieux est fixé le

centre de pression.

On dispose de plusieurs formules qui donnent la taille de la sur-

face aplatie ainsi que la contrainte maximale au centre de pression

en fonction des rayons de courbure des surfaces de contact et des

données géométriques (cf. Séjourné – "Grandes Voûtes").

Fig. ‎2.5-3 – Comportement

d'une articulation roulante

Articulations tournantes

Il s'agit d'un contact entre deux blocs de la voûte (les balanciers)

réalisé à l'aide d'un élément extérieur (tourillon), généralement en

fonte ou en acier, cylindrique, épousant la forme des balanciers.

Des formules s'appuyant sur la résistance du tourillon et celle des

balanciers sont données pour déterminer le diamètre minimal de

la surface de contact.

Fig. ‎2.5-4 – Principe d'une

articulation tournante

Articulations à genoux

Cette articulation est formée de deux blocs, l'un concave et

l'autre convexe. Les deux sont de même rayon. Elle a le même

principe que l'articulation tournante mais sans la présence d'un

élément extérieur.

Le calcul de cette articulation se base sur le même principe que

celui de l'articulation tournante.

Fig. ‎2.5-5 – Articulation à

genoux

2.5.5. Classification par rapport à la structure, la fonction et la

taille

2.5.5.1. Ponts à une seule grande arche ou à plusieurs arches inarticulées

Les ponts à une seule grande arche et les ponts à plusieurs arches ne sont pas traités de la même

façon. De plus, la charge d'exploitation ne déforme pas une voûte unique retombant sur deux culées

43

de la même façon que la même arche butant contre deux piles ou une pile et une culée. [B10, B11,

B12]

Les ponts à une seule grande arche

On désigne les ponts à une seule grande arche en ajoutant "1" en exposant à la lettre caractérisant

le type de l'intrados de l'arche. On écrit donc "X1" avec AECX ,,

Fig. ‎2.5-6 – Exemple de viaduc à une seule grande arche1

Les ponts à plusieurs arches

On passe de la désignation des ponts à une seule grande arche à celle des ponts à plusieurs arches

en remplaçant en exposant de la lettre caractérisant l'extrados le chiffre "1" par la lettre "n". On écrit

ainsi "Xn" avec AECX ,,

2.5.5.2. Désignation de la voie portée

La voie portée dimensionne le travail de la voûte et par conséquence son épaisseur.

L'indice de la voie portée se met juste après l'indice géométrique. On écrit "X V" avec X qui désigne

la forme de la voûte et le nombre d'arche et V qui désigne le type de voie portée. Le tableau suivant

résume les types de voies possibles et leurs désignations :

1 Le Pont Adolphe (Luxembourg) [C8]

44

Type de pont par rapport à la voie portée Désignation

Ponts-routes rte

Pont sous chemin de fer à voie normale Fr

Pont sous chemin de fer à voie étroite fr

Pont aqueduc aq

Tab. ‎2.5-4 – Désignations des voies portées

2.5.5.3. Le nombre d'anneaux

Les ponts à deux anneaux sont désignés de la même manière mais en doublant d'indice de la géo-

métrie de l'intrados. Par exemple "C1C1 rte".

2.5.5.4. Ponts ayant une ou des voûte de 40m et plus

Séjourné traite séparément les ponts aux voûtes supérieurs à 40 m et ceux aux voûtes inférieures à

cette portée. Si une voûte dépasse 40 m on ajoute (≥ 40m) à la fin de la désignation.

2.5.6. Exemples

2.5.6.1. Exemples d'application

45

Pont sur le Tarn

Extrados de la voute elliptique

Trois arches

Pont ferroviaire

Ouverture = 40m

Désignation : En Fr (≥40m)

Fig. ‎2.5-7 – Pont sur le Tarn

Pont sur la calanque des Eaux-Salées (Bouches du Rhône)

Voûte en plein cintre

Une seule grande arche

Pont ferroviaire

Ouverture = 50m

Désignation : C1 Fr (≥40m)

Fig. ‎2.5-8 – Pont sur la calanque des

Eaux-Sallées [par Fr. Latreille]

Pont à Villeneuve (Lot-et-Garonne)

Voûte en arc de cercle

Une seule grande arche surbaissée

Arc assez surbaissé

289.032

1161.0

96250

15455143.0

7

1

Arche de 2 anneaux

Pont route

Ouverture = 96m

Désignation : 40m)( F AA r11

avec

Fig. ‎2.5-9 – Pont à Villeneuve

46

Pont Élise sur Danube (Neubourg)

Voûte en arc de cercle

Une seule grande arche surbaissée

Arc très surbaissé 143.07

1092.0

47500

4400

Pont route

Ouverture = 47m

Articulations roulantes

Désignation :

Fig. ‎2.5-10 – Pont Élise sur Danube

(1906-1907) [B17]

2.5.6.2. Classification du pont de St-Ouen

Le viaduc St-Ouen se trouve sur la ligne à double voie de la Plaine St-Denis à Ermont-Eaubonne. Il

sert d'accès au viaduc métallique enjambant la Seine. Il est constitué de moellons appareillés et

composé de 9 arches à voûtes en anse de panier de 12m50 avec bandeaux de même nature.

Cela dit, ce n'est pas pour une particularité que ce pont a été présenté séparément, mais on a voulu

le présenter avec plus de détail parce qu'il s'agit du pont-test pour les expériences réalisées dans le

cadre de la thèse de T. STABLON sur les ponts en maçonnerie.

Dimensions globales :

- Longueur totale 138m53

- Largeur 8m26 - Hauteur 6m00

- Épaisseur des piles 2m50

Dimensions d'une arche :

- Ouverture 12m50 - Montée 2m80

- Épaisseur à la clé 0m90

47

Fig. ‎2.5-11 – Détail d'une arche du viaduc St-Ouen

Pont ferroviaire Fr

Voûte en anse de panier (ellipse) E

Pont en 9 arches n

Surbaissement 32

1224.0

1250

280

7

1 arc assez surbaissé (inutile de le savoir pour les

ellipses)

Désignation : En Fr

2.5.6.3. Classification du pont de La Millette

48

Le pont de la Millette a fait parti d'une autre thèse sur les ponts en maçonnerie menée par N.

DOMEDE1 [B4]. Ce pont a été utilisé comme exemple pour le modèle établi au cours de la thèse.

Caractéristiques du pont de la Millette

- Date de construction : 1868 - Pont ferroviaire - Type d'intrados : Arc surbaissé

- Une seule arche

Fig. ‎2.5-12 – Pont de la Milette, plans d'origine, d'après archives SNCF [B4]

- Ouverture 14m37 - Flèche 2m975

1 Thèse de Nathalie DOMEDE, "Méthode de requalification des ponts en maçonnerie", en collaboration avec le "Laboratoire Matériaux et Durabilité des Constructions" de Toulouse et la SNCF.

49

- Épaisseur en Clé 0m79

- Surbaissement 32

1207.0

1437

297,5

7

1 arc assez surbaissé

Désignation :

50

3. Comparaison des méthodes et logiciels de calcul des ponts en maçonnerie

La construction des ponts en maçonnerie s'appuyait prioritairement sur les connaissances et les ex-

périences héritées depuis les siècles où ce type de ponts n'avait pas de concurrents de taille. Les

théories utilisées pour le dimensionnement n'étaient pas très poussées. Depuis les premières tenta-

tives de modélisation mathématique des voûtes1, les théoriciens en cessé de s'interroger sur la meil-

leur façon de les modéliser. Avec l'augmentation de la puissance du calcul numérique et les no u-

veaux besoins de transport qu'a témoigné le siècle dernier, de nouvelles méthodes de qualification

des ponts en maçonnerie naquirent et trouvèrent les bons moyens pour rendre facile leur utilisation.

De nombreux logiciels utilisant les différentes méthodes sont apparus. Ces logiciels donnent diffé-

rentes possibilités pour introduire les modèles et effectuent des calculs distincts. Par conséquence,

plusieurs qualifications sont possibles pour un même pont. L'expérience du modélisateur est alors

incontournable même si les outils paraissent faciles à manipuler.

Pour vérifier les résultats de chaque méthode de calcul ainsi que la fiabilité des logiciels, une étude

comparative entre certains d'entre eux a été effectuée. Pour cette étude, le viaduc de St-Ouen, va

être modélisé une fois avec des méthodes empiriques, des méthodes d'analyse limite et du calcul à la

rupture.

Parmi les logiciels existants, ceux qui ont été choisis pour la modélisation sont les suivants :

- MEXE et REAM comme méthodes empiriques - Voûte pour le calcul à la rupture

- Ring pour l'analyse limite

1 Messieurs Parent et de la Hire, de l'académie royales des sciences furent les premiers mathématiciens qui se soient occupés de la théorie des voûtes. [Jean RONDELET. 1802]

51

3.1. Rappel des caractéristiques du viaduc St-Ouen

Les rappels suivants vont être pris en compte lors de la modélisation pour que la comparaison soit

faite sur des éléments identiques.

3.1.1. Généralités1

Le viaduc St-Ouen est un pont rails en maçonnerie à voûtes surbaissées sans élégissements. Il est

situé sur la ligne 962000 liant la ville d'Argenteuil aux Champs de Mars sur la commune de St-Ouen.

Son rôle est de permettre l'accès à un viaduc métallique franchissant la Seine. Il fut construit en

1900. Cette époque représentait le début de l'utilisation du ciment en tant que liant des mortiers de

joint à la place de la chaux.

St-Ouen connaît un trafic très intense. Il est emprunté par une centaine de passages quotidienne-

ment comprenant entre autre la circulation répétée du RER C et les transports de fret.

Cet ouvrage est constitué de 9 travées d'environ 16m de protée chacune en pierre de taille. Ses

arches ont une hauteur libre de 3.9 m et sa largeur est de 8 m. Les 8 piles intermédiaires sont en

maçonnerie de moellon et ont une hauteur hors sol de 1.1 m. Aux extrémités de l'ouvrage, les deux

culées sont elles aussi en maçonnerie de moellons et font 17 m de longueur.

Fig. ‎3.1-1 - Une arche du viaduc St-Ouen supportée par une contre-voûte en béton armé et un cintre

métallique

1 Tirés du rapport d'avancement de la thèse de T. Stablon [Z09]

52

Bénéficiant de visites d'inspection régulières, cet ouvrage est toujours opérationnel malgré le trafic

intense. Cependant, certaines avaries y sont présentes, notamment des fissures importantes sur

l'ensemble de sa structure et une faiblesse due à la fatigue de ses fondations en bois. Ce qui a néces-

sité des travaux de renforcement consistant à la reprise des fondations et à l'installation des contre-

voûtes en acier et en béton pour soutenir quatre arches.

3.1.2. Géométrie

La description générale du pont, comme le décrit le paragraphe précédent, informe sur sa lon-

gueur, le nombre de ses arches et les hauteurs de certains de ses éléments. Dans ce qui suit vont être

décrites les grandeurs intéressantes pour les modèles proposés pour les différents logiciels employés

pour le calcul des ponts en maçonnerie.

Les différentes dimensions sont tirées des archives de la SNCF et des plans réalisés ultérieurement

pour le renforcement de la structure et des fondations. Les plans de l'ouvrage ont été établis par

"Chemin de Fer du Nord" en 1904 et les plans d'exécution par l'entreprise "Bouquet et C ie".

La création des modèles s'appuie souvent sur la géométrie de la voute, donc sur l'ouverture, la

flèche et parfois l'équation de la courbe d'intrados. Les mouvements d'appuis, étant très préjudi-

ciables quant à la stabilité de l'ouvrage, les données des piles et des culées sont prises en compte par

quelques logiciels pour calculer la stabilité de l'ensemble de la structure. La hauteur du remplissage

renseigne sur la dispersion des charges ponctuelles. Son poids volumique cependant est souvent

considéré favorable à la stabilité de l'arche.

Fig. ‎3.1-2 – Coupe d'une pile suivant l'axe du chemin de fer1

1 Extrait du plan de détail des ouvrages d'art réalisé par le bureau d'étude "Chemin de Fer du Nord" de 1904

53

Les piles

- Type de fondations : semelles filantes sur micro-pieux en bois1

- Largeur de la pile : 2.50 m - Hauteur sur fondations : 1.50 m - Hauteur hors sol : 1.1 m

- Profondeur : 8.26 m

Fig. ‎3.1-3 - Micro-pieux en bois2

1 Les mouvements de nappe ont affaibli les micro-pieux en bois. La mise en place de micro-pieux en béton était nécessaire pour rattraper l'affaiblissement des fondations originales.

2 Extrait du plan de confortement des fondations de Septembre 2006

54

Fig. ‎3.1-4 - Elévation intérieure d'une voûte

Les arches

- Ouverture : 12.50 m - Flèche : 2.80 m

- Intrados : ellipse satisfaisant à l'ouverture et la flèche : 180.225.6 2

2

2

2

yx

- Extrados : approché par une courbe définie par deux rayons : R= 16,057m au milieu de la travée sur une bande de 10.50 m et R=6,782m au niveau des appuis. La modélisation de l'extrados va

dépendre du jugement de l’allure de la structure résistante. À priori , l'épaisseur de la voûte va être maintenue constante.

- Épaisseur en clé : 0.90 m

- Nombre de voussoirs : 80

Les culées

Les culées ont différentes longueurs et un détail complexe.

La culée côté Paris est biaise. La petite épaisseur fait 4.44 m et la plus gra nde mesure 8.16 m. Elle

est complétée après un passage d'environ 3 m par un autre tronçon comme indiqué dans le plan de

détail [§ FIG. ‎3.1-5].

55

Fig. ‎3.1-5 - Détail de la culée côté Paris1

La pile-culée entre le pont en maçonnerie et le viaduc métallique franchissant la seine est compo-

sée de deux parties de hauteurs différentes, chacune correspondant à l'un des deux tabliers. L'épais-

seur de la partie supportant le pont en maçonnerie mesure 3.46 m et l'épaisseur totale est d'environ

6.50 m.

Fig. ‎3.1-6 - Elévation de la pile-culée côté Seine1

1 Extrait du plan de détail des ouvrages d'art réalisé par le bureau d'étude "Chemin de Fer du Nord" de 1904

56

Pour nos modèles, on va considérer une épaisseur moyenne de 6.10 m pour la culée côté Paris et

de 3.40 m pour la pile-culée du côté de la Seine.

Le remplissage

La figure FIG. ‎3.1-2 donne en plus du détail de la pile, des informations sur les profondeurs du re m-

plissage. Le niveau du rail est à 1.00 m au dessus de l'extrados en clé. 30 cm de profondeur sont ré-

servés pour le blochet et l'âme du rail, ce qui laisse 0.70 m au dessus de l'extrados en clé pour le bal-

last.

3.1.3. Matériaux

Des carottes2 ont été extraites dans la voûte 3 dans le sens Paris-Argenteuil dans le but de caracté-

riser les matériaux présents dans le pont. L'analyse 3 des carottes a révélé des moellons de parement

et un béton cyclopéen avec mortier 0/5.

Fig. ‎3.1-7 – Carotte extraite de la voûte 3 en 2010 avec visualisation endoscopique à droite

1 Archives de la SNCF

2 Dans le cadre de la thèse de T. Stablon [Z09] dont l'intitulé est "mise en place d'un outil de calcul pour la requa-lification des ponts en maçonnerie".

3 Analyse faite au Laboratoire Matériaux et Durabilité des Construction [LMDC] de Toulouse.

57

Dans les modèles, les grandeurs suivantes vont être prises en compte :

Corps de voûte

- Matériau : pierre calcaire

- Masse volumique : 2600 kg/m3 - Résistance à la compression : 100 MPa

Joint

- Matériau : mortier de ciment 0/5

- Résistance à la compression : 19 MPa - Épaisseur : 10 mm - Coefficient de friction1 : 0.5

Sandwich2

- Résistance à la compression3 : 27 MPa - Épaisseur de joint : 10 mm

Les examens4 n'ont pas montré de désordres importants. Quoique des traces de calcite ont été dé-

tectées, ce qui a révélé la présence d'une circulation d'eau dans la structure.

Un jugement de l'état global du pont est nécessaire pour les méthodes empiriques. Les valeurs se-

ront données lors de l'établissement des modèles.

1 Coefficient de frottement = tan (angle de frottement). Il y a deux frottements à distinguer, le frottement entre les voussoirs et le frottement entre les anneaux.

2 Terme utilisé pour désigner une éprouvette constituée d'une succession de pierres et de joints [§ ch. Matériaux]

3 Déduite à partir de l'Eurocode 6 "3.6.1.2 Résistance caractéristique à la compression de la maçonnerie lors-qu'elle n'est pas montée à joints interrompus". Attention, la formule utilisée est valable pour des pierres d'une

résistance inférieure à 75 MPa.

4 Examens visuels et endoscopiques, en plus des essais pour la mesure de la porosité et de la masse volumique, la diffraction du rayon X sur le matériau réduit en poudre, l'étude de lames mince [Z09]

58

3.1.4. Charges

Le mode de chargement est propre à chaque logiciel. Les méthodes empiriques considèrent géné-

ralement un chargement axial. Le logiciel VOÛTE applique des charges ponctuelles directement sur

l'extrados pendant que RING travaille avec une charge d'essieux automatiquement répartie dans le

matériau du remplissage. Les autres logiciels qui feront le calcul aux éléments finis vont être paramé-

trés de telle sorte que le chargement ait le même effet sur le pont que pour les autres modèles.

Pour une comparaison significative, on va essayer plusieurs variantes pour chacun des logiciels. Une

synthèse sera faite par la suite afin de voir l'influence de chaque paramètre et le fonctionnement

global de la méthode.

Au commencement, une même charge ponctuelle axiale de valeur 1 kN va être appliquée sur les

différents modèles.

59

3.2. Modélisation avec la méthode MEXE

§ annexe [A02] pour la présentation de la méthode MEXE

La procédure de calcul est tabulée sur une feuille de calcul [§ annexe A2-bis]

Fig. ‎3.2-1 – Pont de référence de la méthode MEXE

Données géométriques

- h = 0.70 m

- d = 0.90 m - L = 12.50 m - rc = 2.80 m

- rq = 2.43 m

Charge idéale1 :

mkNL

hdQP /816

7403

2

750.0866.0

c

q

r

r

Facteur géométrique : 46.0Sf

1 La charge idéale est donnée en intensité de force par mètre de largeur

60

Données de matériaux

Les moellons des parements sont en calcaire :

Facteur de matériau : 00.1Mf

Données du joint

Épaisseur du joint = 10 mm Facteur d'épaisseur du joint : 90.0Wf

État du mortier jugé bon Facteur de mortier : 00.1mof

Facteur de joint : 90.0Jf

Condition du viaduc

À priori, le pont est fonctionnel et ne présente pas d'avaries. Globalement il est jugé en bon état.

Un facteur de condition de l'ordre de 70% semblerait correct.

Facteur de condition : 70.0Cf

Viaduc multi-voûtes

Pour une voûte d'extrémité, l'arche est butée contre une culée et une pile. On n'a pas assez d'outils

pour juger la rigidité des piles. On va les considérer plutôt normales, même si leur résistance aux

efforts latéraux ne serait pas négligeable.

Facteur des multi-voûtes : 90.0extrémité

Nf

Les arches intermédiaires sont appuyées sur des piles prises non massives à priori.

Facteur des multi-voûtes : 80.0int

ermédiaire

Nf

Facteur dynamique

La méthode fixe la valeur de ce facteur à 1.25

Facteur dynamique : 25.1f

61

Résultats

On a le coefficient global d'adaptation f

ffffff NCJMS

Et la charge admissible fQQ Padm

Arches extrême (pile/culée) Arches intermédiaires (pile/pile)

f 0.207 0.184

Qadm/m 169 kN/m 150 kN/m

Qadm 1351 kN 1201 kN

Tab. ‎3.2-1 – Résultats du calcul du viaduc St-Ouen par la méthode MEXE

62

3.3. Modélisation avec la méthode REAM

§ annexe [A03] pour la présentation de la méthode REAM

On a pour le viaduc St-Ouen :

- Largeur = 8 m - Ouverture = 12.5 m

- Flèche = 2.80 m - Ouverture / Flèche = 4.46

- Épaisseur en clé = 0.90 m - Épaisseur du remblai = 0.70 m

Les données ci-dessus permettent de compléter l'abaque associé à la méthode REAM

Fig. ‎3.3-1 - Abaque de la méthode REAM pour le viaduc St-Ouen

63

La ligne qui passe par les deux points [ouverture / flèche = 4.46] et [ouverture = 12.5 m] coupe l'axe

"A" dans le point [épaisseur en clé = 58 cm]. Ainsi, une largeur d'un mètre de not re pont peut sup-

porter une charge axiale de 250 kN.

La prise en compte de l'épaisseur du remplissage réduit l'épaisseur de l'anneau à [épaisseur en clé =

55 cm] lue sur l'axe "B". Une largeur d'un mètre peut alors supporter une charge axiale de 250 kN

avec prise en compte du remplissage.

L'utilisation de la troisième partie de l'abaque est inutile. On sait qu'une largeur unitaire du pont

peut résister à une charge axiale de 250 kN.

Résultats et conclusion :

La charge axiale que le pont peut supporter selon ce modèle est de l'ordre de 2000 kN. Sauf que

pour cette méthode, la position de la charge critique n’est pas connue. Dans la documentation, on

parle d’une charge axiale qui serait appliquée à l’axe de symétrie du pont. Les travaux de DIOURI

[B4], cependant, montrent que le chargement est en général plus critique au tiers de la portée. Donc

la valeur trouvée pour la capacité portante du pont St-Ouen ne le placerait pas du côté de la sécurité.

64

3.4. Modélisation avec le logiciel VOUTE (calcul à la rup-ture)

Principe :

On rappel que le logiciel se base sur la méthode du calcul à la rupture. Le principe de cette mé-

thode est de subdiviser une forme géométrique (voûte) en plusieurs blocs (voussoirs). Ensuite, des

équations relevant de la RDM classique

S

NhNM

0

1

sont appliquées sur chacun des

joints (surface entre deux voussoirs) afin d'étudier leur stabilité et d'évaluer un facteur de sécurité

réel

extrême

Q

QF s'interprétant de la manière suivante :

Si F < 1 alors la voûte est certainement instable

Si F > 1 alors la voûte est potentiellement stable

Pour plus d'informations sur le logiciel VOÛTE, § l’annexe *A04+ : Voûte – Calcul à la rupture

Paramétrer VOÛTE consiste à définir la géométrie de la voûte, définir certaines caractéristiques des

matériaux, situer les charges potentiellement agissantes et en faire des combinaisons sur lesquels les

calculs sont faits.

En résultat, VOÛTE donne le coefficient de sécurité F équivalent à chaque combinaison d'actions

ainsi que les différentes lignes de pression traversant le corps de la voûte. Il permet aussi d'avoir le

détail complet du calcul pour chaque joint.

Géométrie

Les étapes de définition de la géométrie comme le propose le logiciel sont les suivantes :

Géométrie de la voûte

- Géométrie symétrique : oui - Coefficient de réduction de la voûte = 1

65

- Nombre de courbes définissant l'intrados = 1 - Nombre de courbes définissant l'extrados = 1

Courbe d'intrados définissant la demi-courbe de droite

- Nature de la courbe : arc elliptique - Nombre de voussoirs = 40 - Abscisse de centre XC = 0.00 m

- Ordonnée de centre YC = 0.00 m - Coefficient A1 = 6.25 m = ouverture / 2

- Coefficient B2 = 2.80 m = flèche - Ouverture angulaire θo = 0.0° - Ouverture angulaire θf = 90.0°

Fig. ‎3.4-1 – Schéma décrivant le paramétrage de l'intrados en ellipse sur VOÛTE

Courbe d'extrados définissant la demi-courbe de droite

- Nature de la courbe : arc elliptique - Abscisse de centre XC = 0.00 m

- Ordonnée de centre YC = 0.00 m - Coefficient A = 7.15 m = ouverture / 2

- Coefficient B = 3.70 m = flèche - Ouverture angulaire θo = 0.0° - Ouverture angulaire θf = 90.0°

1 X = A sin α + XC avec α l'angle polaire mesuré par rapport à la verticale

2 Y = B cos α + YC avec α l'angle polaire mesuré par rapport à la verticale

66

L'intérêt était que la voûte ait une épaisseur constante. Cependant, la figure suivante montre que

l'épaisseur d'une voûte définie par deux ellipses n'est pas constante :

Fig. ‎3.4-2 - Changement d'épaisseur pour le modèle de la voûte

Cette même configuration va être conservée pour la modélisation du pont sous d'autres logiciels

qui permettent la personnalisation de la géométrie.

Matériaux - Résistance

Résistance de la maçonnerie

- Résistance symétrique

- Nombre de zones de résistance différentes = 1

Voûte interne – paramètres de résistance

- Valeur de la résistance de la maçonnerie = 27 MPa

Actions unitaires

Définition des chargements unitaires

- Masse volumique = 20 kN/m3

- Nombre de charges de type remblais = 1 - Nombre de charges concentrées = 1

67

Charges unitaires de remblais

- Charge symétrique

- Abscisse initial X0 = 0.0 m - Abscisse final Xf = 7.5 m

- Côte de remblai Zr = 7.5 m - Pois volumique de remblai = 18 kN/m3 - Coefficient de poussée des terres1 = 3

Charges unitaires concentrées

- Module de la force F = 1 kN - Abscisse du point d'application = 0.0 m - Ordonnée du point d'application = 4.7 m

- Inclinaison = 0.0°

Combinaisons d'actions

Charges unitaires de remblais

- Poids propre = 0 x Charge unitaire + 0 x Charge du remblai - Remblai = 0 x Charge unitaire + 1 x Charge du remblai

- Totale = 1 x Charge unitaire + 1 x Charge du remblai

Vue globale du paramétrage

1 Le coefficient de poussée des terres est utilisé pour évaluer les forces horizontales appliquées sur les voussoirs.

Il est égal à

24tan

sin1

sin1

et correspond ici à Φ = 30°

68

Fig. ‎3.4-3 - Vue résumée du modèle paramètré avec VOÛTE

Résultats et conclusion

Cas de charge Facteur de sécurité

Poids propre 36.62

Charge permanente 45.97

Charge totale 45.68

Tab. ‎3.4-1 - Résultats du calcul avec Voûte

Le coefficient de sécurité est calculé ici sur la combinaison des charges et pas uniquement sur la

charge axiale. Pour connaître le vrai facteur de sécurité, on va augmente r la valeur de la charge ponc-

tuelle en lui affectant des coefficients d'amplification.

69

Intensité de la

charge ponctuelle1

Facteur de sécurité

1 kN 45.68

10 kN 41.72

50 kN 28.99

100 kN 18.70

150 kN 12.01

200 kN 7.55

250 kN 4.47

280 kN 3.08

310 kN 1.95

340 kN 1.01

Tab. ‎3.4-2 - Résultats d'autres évaluations en variant la charge ponctuelle

Fig. ‎3.4-4 - Relation entre le facteur de sécurité et la charge ponctuelle pour le modèle sous VOÛTE.

On constate que le logiciel ne calcul pas le facteur de sécurité relativement à une charge ponc-

tuelle. Le calcul est fait plutôt sur les combinaisons définies lors du paramétrage. Ce qui explique la

forme de la courbe précédente [§ FIG. ‎3.4-4].

1 Combinaison charge ponctuelle avec prise en compte du poids propre et du remblai

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

0 100 200 300 400

Facteur de sécurité = f(charge ponctuelle [kN])

70

Après plusieurs évaluations de proche en proche on trouve que 340 kN correspondent à un facteur

de sécurité voisin de 1. Donc 340 kN est la valeur limite à laquelle résiste 1 m de largeur du pont. Le

pont résiste alors à une charge axiale égale à 340 x 8 = 2720 kN.

Remarque : Il s'agit ici d'une comparaison de principe. Pour une étude de stabilité il faut revenir au

détail du calcul et vérifier pour chaque voussoir que la résultante des forces passe par son tiers cen-

tral.

71

3.5. Modélisation avec le logiciel RING (analyse limite)

3.5.1. Principe

Le logiciel Ring fonctionne selon une théorie qui n’est pas loin de celle de VOÛTE. L’analyse limite,

duale du calcul à la rupture, permet de trouver un encadrement de la solution. Cet encadrement est

d’autant plus précis que les conditions et les hypothèses sont bien posées. Lorsqu’on ar rive à réduire

cet encadrement à un singleton, le problème est résolu.

La théorie de l’analyse limite peut être appliquée quand les trois conditions suivantes sont réunies :

- Les actions internes doivent représenter un état d’équilibre entre les chargements internes et

externes. - Pour se transformer en mécanisme, un nombre suffisant de relâchement doit être atteint.

- Les contraintes de résistance ne doivent nulle part être dépassées.

Généralement, on cherche à ce que les ponts en maçonnerie satisfassent ces conditions. La mé-

thode de l’analyse limite peut alors être utilisée. Cette dernière permet d’appliquer trois théorèmes :

Le premier théorème s’appelle le théorème statique. Utilisé avec la première condition et la tro i-

sième condition, il permet de proposer une limite inférieure à la solution.

Le théorème dynamique, s’appuyant sur la seconde condition, permet de donner une limite supé-

rieure à l’intervalle des solutions.

Le troisième théorème est celui de l’unicité. Il dit que si les trois conditions sont satisfaites, il existe

une solution unique au problème. Cette dernière permet de déduire la charge de rupture du pont.

Comme le calcul à la rupture. L’analyse limite permet de trouver les centres de pression. Pour que

la voûte soit stable, il faut que la ligne qui passe par les centres de pression soit entièrement incluse

dans la maçonnerie. La forme de cette ligne peut informer sur le mécanisme potentiel de rupture.

Pour plus d’informations sur le calcul avec le logiciel Ring, § l’annexe *A05+

La modélisation du pont St-Ouen permet d’inclure plus de paramètres que ce que permettent les

logiciels précédents. L’étude de la stabilité peut s’effectuer sur l’ensemble des neuf voûtes, et les

piles ne sont plus considérées rigides. Elles peuvent être modélisées comme empilement de blocs

soumis au même calcul que ceux qui constituent l’arc.

72

3.5.2. Détail du projet

Cette rubrique permet de saisir des informations générales sur l’intitulé de l’étude, le nom du pont,

sa localisation. Mais ce qui influe sur le calcul, ce sont sa largeur et son type (pont-route ou pont

rails)

Un modèle de pont rail a été choisit avec une largeur de 8 m. Cette largeur est proche de la réalité,

c’est la même utilisée pour l’évaluation de la capacité portante dans les logiciels précédents.

3.5.3. Géométrie

Remarque : Les images représentant les différents éléments du pont sont tirées du logiciel.

Culée gauche

Remplissage au dessus de la culée : Hb = 3.75 m

Hauteur de la culée : Hz = 1.50 m

Épaisseur au sommet : tt = 6.50 m

Épaisseur à la base : tb = 6.50 m

Nombre de blocs : n = 8

Culée droite

Remplissage au dessus de la culée : Hb = 3.75 m

Hauteur de la culée : Hz = 1.50 m

Épaisseur au sommet : tt = 3.46 m

Épaisseur à la base : tb = 3.46 m

Nombre de blocs : n = 8

73

Travées 1 à 9

Pour dessiner une arche en ellipse, la courbe de l’intrados a été dessi-

née point par point après un calcul intermédiaire de ses coordonnées

(x,y).

Les coordonnées de 31 points d’intrados ont été informées, satisfaisant

à l’équation 180.225.6 2

2

2

2

yx

, avec une densité plus élevée au voisi-

nage des appuis.

La voûte va par la suite être sectionnée en 80 voussoirs.

Il est possible de faire déduire la courbe de l’extrados à partir de celle de l’intrados en demandant

au logiciel de donner la même épaisseur de 900 mm à tous les voussoirs.

Piles 1 à 8

Hauteur : Ha = 1500 mm

Épaisseur au sommet : tt = 2500 mm

Épaisseur à la base : tb = 2500 mm

Nombre de blocs : n = 8

Remplissage au dessus de la pile : Hb = 3750 mm

Profil du remplissage

Profondeur de ballast : d = 500 mm

Côte de remplissage par rapport à la naissance de la

voûte : y = 4200 mm commençant à partir de x = 0

74

3.5.4. Facteurs partiels

Le logiciel permet d’introduire des facteurs sur plusieurs grandeurs pour prendre en compte les

normes en vigueur. Les différents facteurs sont par défaut égaux à 1 et sont comme suit :

Poids unitaire de la maçonnerie : mf .

Poids unitaire de remplissage : ff .

Poids unitaire du ballast : sff .

Charge de la piste : tf .

Charge axiale : lf .

Facteur dynamique : dynf .

Résistance de la maçonnerie : msm.

Facteur de frottement : mfm.

Comme pour les autres méthodes les coefficients sont gardés égaux à 1 pour Ring et VOÛTE.

3.5.5. Matériaux

Maçonnerie

Il y a trois modes utilisables pour informer les propriétés de la maçonnerie :

- La maçonnerie est la même dans toutes les parties du pont - La maçonnerie des appuis est différente de celle des travées - Chaque partie du pont peut avoir un matériau différent

75

Les forages effectués n’ont pas montrés des différences significatives entre les matériaux des piles

et ceux des travées. Cela nous permettra alors de considérer le même matériau pour tous les élé-

ments du pont.

Les grandeurs suivantes ont été définies :

- Poids unitaire de la maçonnerie = 20 kN/m3 - Résistance à la compression = 27 N/mm2

- La résistance à la compression n’est pas infinie1.

Possibilité de frottement entre voussoirs

Facteur de frottement entre voussoirs 5.0

Possibilité de frottement entre anneaux2

Facteur de frottement entre anneaux2 5.0ir

Remplissage

- Propriété du sol o Poids volumique de la maçonnerie de remplissage = 18 kN/m3

o Angle de frottement : 30

o Cohésion = 0

- Effet du sol

o Modèle de dispersion de la charge d’exploitation3 o Modèle des pressions passives horizontales4

1 On peut choisir de prendre en compte la résistance à la compression ou non. Si on en tient compte, le problème devient non linéaire. Plusieurs itérations doivent être effectuées avant d’avoir un résultat qui converge. Dans ce cas, même si la structure est géométriquement fermée (pas de possibilité de mécanisme), il y aura toujours une solution au problème. § annexe [A05]

2 Comme on a un anneau unique, le fait de décocher cette option ou de changer la valeur du facteur de frottement

ne changerait rien dans les calculs.

3 Pour tenir compte de la capacité du matériau de remplissage à disperser les efforts ponctuels ou quasi-ponctuels

4 Pour tenir compte de la poussée horizontale du matériau de remplissage sous l’effet de la charge axiale.

76

Des options avancées peuvent être intéressantes pour certaines modélisations. Le logiciel donne

notamment la possibilité de choisir le modèle de la dispersion des charges (dispersion uniforme ou

de Boussinesq), de définir les propriétés de la surface de contact entre le remplissage et la voûte et

d’introduire des facteurs sur le coefficient de la butée du sol.

Pour notre modèle, nous n’avons pas eu recours à ces propriétés avancées. Le logiciel prend alors

les données par défaut, soient :

- une dispersion de charges uniforme,

- coefficient multiplicateur sur l’angle de frottement pour la surface de contact sol / voûte =

0.66

- Facteur multiplicateur du coefficient de butée 33.0pm

- Les facteurs multiplicateurs de la cohésion ne sont pas importants vue que 0C

Voie ferrée / Ballast

Cette rubrique permet de définir les différentes grandeurs concernant le chemin de fer et la hau-

teur ballastée.

Les données concernant le chemin de fer ont été gardées par défaut. Leur modification ne change-

rait pas significativement les résultats.

Les valeurs concernant le ballast sont comme suit :

- Poids volumique du ballast = 18 kN/m3

- Angle de frottement du matériau ballast1 : 15

1 La valeur par défaut est très faible. Le coefficient de frottement du ballast est de l'ordre de 45°. Mais à ce ni-veau, cette différence n'aurait pas une influence significative sur la capacité portante. son augmentation permet de mieux répartir la charge des essieux.

77

3.5.6. Chargement

On applique sur le pont une charge axiale d’une intensité de 1 kN. Pour trouver la position la plus

défavorable, il faut faire le calcul pour autant de positions que possible.

Tenant compte de la symétrie1 du problème, le pont sera chargé jusqu’à sa moitié.

Soit un repère dont l’origine correspond au point de naissance gauche de la première voûte à partir

de la gauche. La position initiale correspond à x = -2.50 m. La position finale correspond à x =

66.200m. 230 cas de chargement ont été étudiés, correspondant à des positions d’axe espacées de

0.30 m.

Fig. ‎3.5-1 - Plage de chargement du modèle du viaduc St Ouen sur Ring

1 Le modèle est en réalité quasi-symétrique. L’épaisseur de la culée gauche est supérieure à celle de la culée droite. Mais comme le pont est prolongé à droite par un autre système d’appuis, les hypothèses ne sont pas fac i-lement vérifiables.

78

3.5.7. Résultats et conclusion

Capacité portante et position critique

La position critique se trouve.au milieu de la première travée. La rupture est générée après un glis-

sement de bloc de la culée sous un chargement de 1568 kN.

Fig. ‎3.5-2 - Position de la charge axiale dans le cas de chargement critique

Profil de résistance

Les résultats des différents cas de chargement sont présentés au diagramme ci-dessous. Les pics

coïncident avec les appuis et les fonds avec les voisinages des mi-travées.

À noter que l’échelle est logarithmique, on remarque une différence énorme entre les facteu rs de

charges tantôt pour le chargement sur appuis, tantôt pour le chargement en travées. On remarque

également que plus loin de la culée est la charge, plus stable est le pont.

79

Fig. ‎3.5-3 - Diagramme présentant le facteur de chargement en fonction de la position de la charge

Effet de la culée

Une autre comparaison a été effectuée en modifiant l’épaisseur de la culée gauche sous l’effet de

charge critique précédente. Les résultats sont présentés ci-dessous

Fig. ‎3.5-4 - Facteur de charge en fonction de l'épaisseur de la culée gauche

1.00E+03

1.00E+04

1.00E+05

1.00E+06

1.00E+07

0 50 100 150 200 250

Facte

ur

de c

harg

em

en

t

Cas de chargement

Facteur de chargement en fonction de la position de la charge

0

500

1000

1500

2000

2500

3000

3500

0 2000 4000 6000 8000 10000 12000

Ca

pa

cit

é p

ort

an

te (

kN

)

Epaisseur de la culée (mm)

Capacité portante en fonction de l'épaisseur de la culée pour le cas de chargement critique

80

On remarque une relation quasi-linéaire entre l’épaisseur de la culée et la capacité portante du

pont. Notons que le changement de l’épaisseur influe sur la quantité du remplissage et la surface de

frottement des blocs. On remarque aussi qu’en dessous d’une certaine épaisseur, le viaduc n’est plus

stable par lui-même.

Bien que le changement de l’épaisseur de la culée donne des résultats prévisibles, l’épaisseur co r-

respondante n’est pas très significative par le fait que la constitution de la culée est différente de ce

que présente le modèle. En réalité elle est beaucoup plus rigide et le glissement de blocs est plus

difficile à atteindre.

Effet du coefficient de frottement

Des simulations ont été faites pour la première voûte, où la position de la charge est la plus défavo-

rable, en faisant varier le coefficient de frottement entre voussoirs. Le diagramme ci-dessous repré-

sente les résultats de ces simulations.

Fig. ‎3.5-5 - Relation entre le facteur de chargement et le coefficient de frottement entre voussoirs

À partir du diagramme ci-dessus on remarque :

- En dessous d’un certain seuil, le coefficient de frottement n’est plus capable de stabiliser la

voûte. - Il y a une relation quasi-linéaire entre la capacité portante du pont et le coefficient du frotte-

ment.

0

1000

2000

3000

4000

5000

6000

7000

0 0.2 0.4 0.6 0.8 1Facte

ur

de c

harg

em

en

t

Coefficient de frottement

Facteur de chargement / Coef de frottement

81

- La variation du coefficient du frottement a un grand impact sur la résistance du pont :

kNd

dF8996

- La définition du coefficient de frottement entre blocs qui correspond à la qualité du joint a une grande influence sur les résultats. Les données des matériaux doivent alors être le plus justes

possible pour une évaluation significative.

Remarque : évaluer le coefficient de frottement entre bloc n’est pas aisé et souvent pas très précis.

Pourtant, son influence est très grande sur la stabilité de la voûte.

82

3.6. Synthèse

3.6.1. Récapitulatif

Le pont St Ouen a été modélisé selon plusieurs méthodes :

- MEXE et REAM, deux méthodes empiriques

- VOÛTE, logiciel de calcul à la rupture - Ring, logiciel utilisant la théorie de l’analyse limite

Les différents résultats sont tabulés ci-dessous :

Logiciel de calcul Capacité portante (kN)

MEXE 1201

REAM 2000

VOÛTE 2720

RING 1568

Tab. ‎3.6-1 - Récapitulatif des résultats des différentes méthodes

3.6.2. Remarques

Les résultats obtenus, bien qu’étant dans le même ordre de grandeur, sont remarquablement dis-

tincts.

Comme la conception des logiciels et les possibilités d’introduction des données qu’ils permettent

limitent significativement les hypothèses considérées. Il a été impossible de d’intégrer dans les mo-

dèles toutes les données décrites au premier paragraphe 1. Les différences entre les hypothèses peu-

vent justifier les écarts trouvés.

1 ‎3.1 – Rappel des caractéristiques du viaduc St-Ouen – page 6

83

Les outils de calcul actuellement disponibles sont à utiliser avec méfiance. Devant ces écarts de ré-

sultats, un coefficient de sécurité est nécessaire pour compenser la faible maitrise des méthodes de

calcul.

Pour toutes les méthodes précédemment présentées, les résultats semblent très sensibles aux ca-

ractéristiques des modèles. La forme de l’intrados, les caractéristiques des matériaux et les condi-

tions d’appuis sont à mettre en avant. L’imprécision sur l’une ou l’autre des caractéristiques pourrait

éloigner des valeurs réelles. Il faudrait en effet mettre en valeur les « paramètres » importants qui

ont le plus d’effets.

Les méthodes ne gèrent pas les avaries locales. Si le pont présente une faiblesse, elle peut être mo-

délisée par une diminution locale de résistance1 ou par un coefficient d’état global de pont2.

La pondération des charges diffère selon le règlement de calcul. Or, les méthodes empiriques,

manquant de transparence, ne permettent pas de prendre en compte les surcharges réglementaires.

Enfin, aucune de ces méthodes ne prend en compte l’effet tridimensionnel du chargement. Cet ef-

fet est tantôt aggravant, tantôt soulageant. Bien que la résistance est donnée par unité de largeur, il

faut vérifier que la distribution des contraintes sur les autres éléments du pont tels que les murs

tympans soit admissible.

3.6.3. Force ou de faiblesse des méthodes

1 Comme dans le cas de VOÛTE et RING

2 Comme pour la méthode MEXE et REAM

84

Praticité Rendu Fiabilité

Rap

idit

é de

par

amét

rage

Rap

idit

é de

déf

init

ion

des

char

ges

Sim

plic

ité

de c

alcu

l

Pré

cisi

on

du m

odè

le d

e ch

arge

men

t

Dét

ail d

e ca

lcul

Qua

ntit

é d’

info

rmat

ions

Pré

sen

tabi

lité

des

résu

ltat

s

Tran

spar

ence

Mai

tris

e de

s hy

poth

èses

Adé

qua

tio

n du

mo

dèle

à la

réa

lité

Sign

ific

ativ

ité

des

résu

ltat

MEXE +

+

+

+

+

REAM +

+

+

+

VOÛTE –

+

+

+

+

+

+

+

+

+

RING +

+

+

+

+

+

+

+

+

+

+

+

+

+

Tab. ‎3.6-2 – Tableau de forces et faiblesses des méthodes

85

3.7. Conclusion

À priori, RING parait le logiciel de plus adapté au calcul des ponts en maçonnerie. Certes il ne per-

met pas de connaître les efforts sur chaque joint individuellement comme VOÛTE et il n’est pas aussi

rapide à paramétrer que les méthodes empiriques, mais il donne plus de choix quant à la définition

de la géométrie et des matériaux et permet de faire une série de calculs pour trouver le pire des

coefficients de chargement pour un grand nombre de cas de charge et de montrer le mécanisme de

ruine. Les résultats qu’il propose sont suffisants pour une évaluation globale et assez significative

d’un pont.

Comparé aux logiciels de calcul aux éléments finis, il n'est pas gourmand en ressources informa-

tiques et les algorithmes de calcul sont résolus beaucoup plus rapidement. Face à tous ces avantages ,

des questions se posent sur la valeur ajoutée des logiciels de calcul aux éléments finis reconnus

moins rapides et difficiles à paramétrer.

Le recours aux logiciels de calcul aux éléments finis aurait pour but de prendre l'effet tridimensio n-

nel des chargements. Car jusqu'à maintenant, les capacités portantes calculées par les logiciels qui

ont fait l'objet de cette étude comparative sont proportionnels à la largeur du pont. La prise en

compte de l'effet du passage d'un train sur un mur tympan par exemple est laissée à l'estimation de

l'opérateur. Il est clair aussi que le calcul aux éléments finis donne plus de choix et intègre mieux les

lois d'endommagement.

86

4. Interface pour un nouveau logiciel de calcul des ponts en maçonnerie

La thèse1 qui incube le sujet du présent stage a abouti à l'élaboration d'un nouvel outil de calcul des

ponts en maçonnerie. Cet outil se base sur le calcul aux éléments finis et fonctionne sous le logiciel

AnSys2. Ce dernier peut compiler des fichiers de commande rédigés sous le langage APDL 3, le langage

sous lequel est programmé le nouvel outil de calcul.

Le fichier de commande contenant le processus du calcul doit être personnalisé via une interface

informatique. Cette dernière génère un fichier texte écrit en la ngage APDL correspondant aux diffé-

rentes grandeurs définies par l’utilisateur afin qu’il soit exploité par AnSys.

L’interface informatique doit permettre aux utilisateurs de faire entrer les données d’une manière

pratique et qui convient le mieux à leurs besoins. Une étude du besoin a été réalisée auprès des utili-

sateurs potentiels dans la phase de conception afin que leurs attentes soient prises en compte.

4.1. Logiciel de calcul

La modélisation d’un pont sous le nouvel outil de calcul est faite à l’aide de données géométriques,

de matériaux, de conditions aux limites, de chargements et de paramètres de calcul. Tous les élé-

ments du pont _ soient : le corps de voute, les bandeaux, les appuis, le mur tympan et le remplissage

_ sont intégrés dans le processus du calcul. Il faut donc modéliser chacun de ces éléments et affecter

à chacun son propre matériau.

§ L’annexe *A06+ résume les différentes grandeurs nécessaires au paramétrage du nouveau calcula-

teur.

1 STABLON Thomas. Thèse : "Mise en place d'un outil numérique pour la requalification des ponts en maçonne-rie". INSA de Toulouse, SNCF, LMDC

2 AnSys, Logiciel développé par la famille AnSys, Inc. C'est un paquet général de modélisation en éléments finis, servant à la résolution numérique d'une large variété de problèmes mécaniques. Il prend en compte les analyses statiques et dynamiques, linéaires et non linéaires, transfert de chaleur et problèmes d'écoulement,

d'acoustique et d'électromagnétique. [Selon le tutoriel AnSys proposé par l'université d'Alberta]

3 APDL, "AnSys Parametric Design Language" : Langage qui ressemble à FORTRAN servant à paramétrer un projet de calcul sous AnSys.

87

4.1.1. Paramètres géométriques

Comme cela est précédemment cité, le logiciel permet de modéliser plusieurs éléments du pont. Il

faut donc faire rentrer les paramètres de chacun de ces éléments. Les schémas qui suivent matériali-

sent les différentes grandeurs :

§ L’annexe *A06-bis+ contient l’entête du code de calcul en APDL et qui définit toutes les variables à

informer par les utilisateurs.

4.1.1.1. Vue longitudinale

Fig. ‎4.1-1 - Vue longitudinale du schéma du modèle sous Ansys

1 – La voûte

La géométrie de la voûte est définie par :

- Le niveau bas par rapport au bon sol (nivbvou1)

- Le niveau bas de la clé par rapport au bon sol (nivbcle1) - Le niveau haut de la clé par rapport au bon sol (nivhcle1)

- L’ouverture (portee1) - La longueur totale du pont (longtot1) - La position du point de la courbe de l’extrados sur appuis (xb1, yb1)

- Le point de jointure de l’arc concave et de l’arc convexe de l’extrados A(xa2, ya2) - Le nombre de voussoirs (nbvou1)

Le maillage :

88

- Le maillage le long de la voûte sur le plan (X, Y) est donné par n3 - Le maillage sur la largeur d’un voussoir est donné par n8

2 – Le bandeau

La géométrie du bandeau est définie par :

- Le niveau du point bas de la voûte (nivbvou1)

- Le niveau bas de la clé (nivbcle1) - La hauteur du bandeau (hbandeau)

- Nombre de voussoirs (nbvou1)

Le maillage :

- Le maillage du bandeau sur le plan (X, Y) est donné par n2 et n8

3 – Le remplissage

La géométrie est définie par :

- Les données de l’extrados de la voûte

- Le niveau haut du pont par rapport au bon sol (nivhpt1) - La longueur totale (longtot1)

Le maillage :

- n4 définit le maillage horizontal du remplissage sur le plan (X, Y) - Le maillage vertical est celui des voussoirs, n8

4 – Mur tympan

La géométrie est définie par :

- Le niveau bas de la voûte (nivbpt1)

- Le niveau haut de pont (nivhpt1) - La géométrie du bandeau

Le maillage :

- Le maillage dans le plan (X, Y) est donné par n4 - Le maillage dans le plan (Y, Z) est donné par n9 et n10

89

5 – Le parapet

La géométrie est définie par :

- Le haut du parapet est le haut du pont (nivhpt1) - La hauteur du parapet (hautacro1)

- L’épaisseur du parapet (epaiacro1)

Le maillage :

- Le maillage dans le plan (X, Y) est donné par n5

- Le maillage dans le plan (Y, Z) est donné par n9

6 – La pile

La géométrie est définie par :

- La profondeur par rapport au bon sol (profpile1) - Portée de la voûte (portee1) et longueur totale (longtot1)

Le maillage :

- n1 définit le découpage horizontal de la pile

7 – La culée

La géométrie est définie par :

- La profondeur par rapport au bon sol (profpile1) - Portée de la voûte (portee1) et longueur totale (longtot1)

- La largeur de la culée droite (largculdroi1) - La largeur de la culée gauche (largculgau1)

Le maillage :

- n1 définit le découpage horizontal de la culée

4.1.1.2. Vue transversale

90

Fig. ‎4.1-2 - Vue transversale du schéma du modèle sous Ansys

Définition des distances latérales

- dist1 = largeur de la première partie du mur tympan - dist2 = dist1 + largeur de la seconde partie du mur tympan

- dist3 = dist4 – position du rail droit par rapport à l’axe du pont - dist4 = milieu de la largeur (largpt1/2) - dist5 = dist4 + position du rail gauche par rapport à l’axe du pont

- dist6 = dist7 – largeur de la seconde partie du mur tympan - dist7 = dist8 – largeur de la première partie du mur tympan - dist8 = largeur du pont (largpt1)

- zrail11 = distance entre le bord droit du pont et le rail le plus proche

- zrail21 = distance entre le bord gauche du pont et le rail le plus proche - zrail12 = entraxe des rails du côté droit - zrail22 = entraxe des rails du côté gauche

91

4.1.2. Paramètres des matériaux

(§ annexe [A06] – « paramètres des matériaux » pour plus d’informations sur la définition des ma-

tériaux)

Le logiciel de calcul permet de définir quatre matériaux différents chacun correspondant à un élé-

ment du pont. Le tableau ci-joint définit les différents matériaux à paramétrer en plus des variables

affectées à chacun d’entre eux.

Matériaux

Voûte Bandeau M. Tympan Remplissage Piles Culées

Module d’Young eYoungV eYoungB eYoungT eYoungR eYoung

P

eYoung

C

Coefficient de Poisson nuV nuB nuT nuR nuP nuC

Paramètre de confinement deltaV deltaB deltaT deltaR deltaP deltaC

Densité densV densB densT densR densP densC

Résistance en traction rtV rtB rtT rtR rtP rtC

Déformation au pic de

traction eptV eptB eptT eptR eptP eptC

Énergie de fissuration en

traction gftV gftB gftT gftR gftP gftC

Résistance en compression rcV rcB rcT rcR rcP rcC

Déformation au pic de

compression epcV epcB epcT epcR epcP epcC

Énergie de fissuration en

compression gfcV gfcB gfcT gfcR gfcP gfcC

Tab. ‎4.1-1 - Liste des paramètres des matériaux

92

Fig. ‎4.1-3 - Loi de comportement de la maçonnerie

Rendu graphique

Les données détaillées ci-dessus permettent, après des cycles de calculs réalisés par le logiciel, de

générer un modèle complet qui ressemble à celui de la figure ci-dessous

Fig. ‎4.1-4 - Exemple du modèle après le calcul de la géométrie

93

4.1.3. Homogénéisation des matériaux

Jusqu’à maintenant, le paramétrage définit les caractéristiques d’un des six matériaux de maçonne-

rie qui composent les différents éléments d’un pont. Pour trouver les caractéristiques d’un matériau

de maçonnerie, on effectue des tests au laboratoire sur des éprouvettes sandwiches. Ces tests sont

assez coûteux et difficiles à réaliser du fait que beaucoup d’éprouvettes se cassent lors de leur prépa-

ration, surtout à l'endroit du joint. En plus, les données concernant les différentes combinaisons

pierres / mortier ne sont pas facilement disponibles dans la documentation. Par contre, les para-

mètres qui définissent d’un côté les pierres et de l’autre le mortier sont plus présents dans les bases

de données.

Il fut très intéressant dans ce cas de donner la possibilité à l’utilisateur de composer son propre ma-

tériau en introduisant les paramètres des pierres, celles des mortiers et la manière dont les pierres

sont disposées.

4.1.3.1. Paramètres des matériaux individuels (Blocs et Mortier)

Les paramètres que l’utilisateur doit fournir sont les paramètres précités dans le paragraphe précé-

dent (TAB. ‎4.1-1). Les mêmes variables ANSYS sont utilisées en ajoutant à la fin la lettre ‘B’ pour les

blocs et la lettre ‘M’ pour le mortier. Après homogénéisation, les variables des paramètres du maté-

riau homogénéisé sont suivies par la lettre ‘H’.

"mathomogX1" une variable booléenne évaluant s’il s’agit d'un matériau homogénéisé ou de maté-

riaux individuels a été ajoutée aux lignes de commandes après avoir pris la décision d'intégrer la pos-

sibilité d'homogénéiser les matériaux au logiciel.

4.1.3.2. Type d'appareillage

Il y a trois types courants d'appareillage pour les constructions en maçonnerie :

- maçonnerie à blocs en files - maçonnerie à blocs en quinconce ou en panneresse

- l'Opus Incertum

1 X correspond à une partie du pont. Nous en avons cité six au préalable. X est remplacée par l'un des caractères suivants : v, b, t, r, p, c

94

Blocs en files

Blocs en quinconce

Opus Incertum

Fig. ‎4.1-5 - Type courants de la maçonnerie

Blocs en files

Cet appareillage est caractérisé par quatre paramètres:

- a, hauteur de la pierre1 - b, largeur de la pierre1 - eh, épaisseur de la couche horizontale du mortier

- ev, épaisseur de la couche verticale du mortier

Fig. ‎4.1-6 – Données géométriques d'un volume élémentaire d'un appareillage en files2

Avec :

1 Les pierres d'un appareillage sont considérées à caractéristiques mécaniques et géométriques semblables

2 Image extraite de l'article de CECCHI et SAB [Z28]

95

Blocs en quinconce1

Les paramètres géométriques caractérisant l'appareillage des blocs en quinconce sont les mêmes

que pour les blocs en files. Seul le volume élémentaire de l'appareillage change.

Fig. ‎4.1-7 – Volume élémentaire d'un appareillage en quinconce2

Les symboles sont les mêmes utilisés dans la figure [FIG. ‎4.1-6]

Opus Incertum

Cet appareillage est caractérisé par le ratio volume du mortier volume total:

1 En panneresse, sur le champ ou en boutisse

2 Extraite de l'article de CECCHI et SAB [Z28]

96

4.1.3.3. Type d'homogénéisation

Plusieurs théories d'homogénéisation sont établies afin de déduire le comportement de la maçon-

nerie à partir des comportements des pierres et mortiers constitutifs. Les équations peuvent mener

dans certains cas à des calculs non linéaires réalisés par des algorithmes programmés dans les f i-

chiers de commande ANSYS.

Les calculs linéaires peuvent être réalisés à l'aide de tableurs et intégrés directement à l'interface

du programme. Souvent, la densité, le facteur d'Young et le facteur de Poisson peuvent être calculés

linéairement.

Les méthodes d'homogénéisation utilisées sont les suivantes :

- Karam SAB pour les blocs en quinconce et les blocs en files

- Mori TANAKA pour l'opus incertum

Les formules de chacune de ces méthodes font objet de l'annexe [A07]

97

4.1.3.4. Variables dans le fichier de commandes AnSys

Fig. ‎4.1-8 – Résumé des paramètres des matériaux

Matériau X

Matériau homogénéisé

Paramètres des matériaux

Module d'Young

Coefficient de Poisson

Paramètre de confinement

Densité

Résistance en traction

Déformation au pic de traction

Enérgie de fissuration en

traction

Résistance en compression

Déformation au pic de compression

Enérgie de fissuration en compression

Matériaux individuels

Paramètres des matériaux

Blocs

Module d'Young

Coefficient de Poisson

Paramètre de confinement

Densité

Résistance en traction

Déformation au pic de traction

Enérgie de fissuration en

traction

Résistance en compression

Déformation au pic de compression

Enérgie de fissuration en compression

Mortier

Module d'Young

Coefficient de Poisson

Paramètre de confinement

Densité

Résistance en traction

Déformation au pic de traction

Enérgie de fissuration en

traction

Résistance en compression

Déformation au pic de compression

Enérgie de fissuration en compression

Matériau homogénéisé

Module d'Young

Coefficient de Poisson

Densité

Type d'appareillage / Méthode

d'homogénéisation

Blocs en files

Karam SAB (Stack blocs)

a

b

eh

ev

Blocs en quinconce

Karam SAB (Running Blocs)

a

b

eh

ev

Opus Incertum

Mori Tanaka

f

98

4.1.4. Conditions aux limites

Les conditions aux limites sont les différentes raideurs surfaciques au droit des faces inférieures des

appuis. Ces raideurs sont à déduire des données mécaniques du sol environnant.

Fig. ‎4.1-9 – Schéma de la raideur selon la direction OZ

Pour chaque appui, trois raideurs relatives aux trois axes du repère lié au pont sont définies. Les va-

riables correspondantes dans le fichier de commande sont sous la forme suivante:

Avec:

# est le numéro de l'appui1 * est l'indice de la direction : { }

L'unité1 choisie pour les raideurs est :

1 '0' est le numéro de la culée gauche

99

4.1.5. Chargement

4.1.5.1. Types de chargements

Sur un pont étudié, trois types de chargements sont envisageables :

- Le poids propre du pont - La surcharge d'exploitation2 - La dénivellation d'appuis

Poids propre

La densité des matériaux définis pour chaque élément du pont est utilisée pour calculer le poids

propre. Celui-ci est contrôlé par un coefficient définissant sa participation au chargement lors du

calcul effectué par AnSys.

Charge d'exploitation

On définit deux charges :

- La position d'une charge ponctuelle. - Les charges d'essieux d'un train que le logiciel déplace à chaque pas de calcul3.

Dénivellation d'appuis

Il est bien connu que les ponts en maçonnerie sont très sensibles aux dénivellations d'appuis. C'est

ce qui explique la prise en compte de cette cause éventuelle de ruine dans le calcul.

1 Il a été choisi pour le fichier de commande ANSYS d'écrire toutes les valeurs en unités S.I.

2 Elle-même séparée en deux: Charge ponctuelle et charge du train

3 Pour trouver la position la plus défavorable par exemple

100

4.1.5.2. Application des charges

AnSys permet de faire les calculs selon une échelle de temps interne. Il s'agit d'exécuter un calcul

statique ou dynamique par pas de temps. Pour rester dans ce même esprit, l'interface doit permettre

d'affecter des coefficients aux différentes charges tous les pas de temps.

Pour chaque chargement, il faut informer une liste à deux entrées :

- Instant de calcul - Coefficient de la charge

Les variables-listes relatives à ces charges s'écrivent sous la forme suivante:

" " et " "

Avec :

- * est l'indice de la charge : { }1 - # est l'indice de la variable dans le tableau ou la liste

4.1.5.3. Coefficients des charges

Un coefficient est affecté à chaque type de chargement pour tenir compte des pondérations pré-

vues par les règlements de calcul par exemple.

Les variables du fichier de commande suivent le même principe qu'avant. Elles sont sous la forme

suivante : "coef*"

Avec :

* est l'indice de la charge : { }

1 Indices correspondant successivement à : "Poids propre", "Charge ponctuelle", "Train", "Dénivellation d'ap-puis"

101

4.1.6. Calcul

Dans cette phase de saisie des données on précise quel type de calcul le logiciel doit effectuer.

4.1.6.1. Types de calcul

L'un des calculs suivants peut être choisi :

Fig. ‎4.1-10 – Types de calcul

L'utilisateur peut choisir de faire une analyse statique ou temporelle. Chaque analyse peut utiliser

un calcul linéaire ou non linéaire. Le calcul linéaire est beaucoup plus rapide que le calcul non li-

néaire, mais il est moins précis.

Il y a une possibilité de trouver la position la plus défavorable d'une charge en passant par une ana-

lyse statique.

4.1.6.2. Pas de calcul

Les variations des coefficients des charges par rapport au temps sont définies lors de la saisie des

informations sur le chargement. Dans la partie "calcul", on définit le nombre de calculs à effectuer

pour chaque pas de temps.

Calcul

Analyse statique

Position la plus défavorable

Linéaire

Non linéaire

Analyse temporelle

Linéaire

Non linéaire

102

Fig. ‎4.1-11 – Schéma des pas de calcul

Les pas de calcul s'enregistrent de la même manière que les pas de temps dans la partie des "char-

gements". Il faut enregistrer une liste de temps qui est la concaténation des listes définies des quatre

chargements1, ainsi que le nombre de calculs à effectuer à chaque pas de temps.

Les temps doivent correspondre aux variables sous la forme suivante : " "

Les pas de calcul correspondent aux variables sous la forme suivante : " "

Avec est l'indice de la variable dans la liste

4.1.7. Informations générales

Il est à prévoir d'enregistrer des informations concernant le projet en cours telles que le nom du

pont, l'auteur, l'entreprise et la date. Comme ces informations n'intéressent pas le processus du cal-

cul, il suffit de les faire correspondre à des variables précédées par le symbole de commentaire2.

1 Poids propre, Charge ponctuelle, Train, Dénivellation d'appuis

2 Le caractère "!" est le symbole de commentaire dans les fichiers de commande que traite AnSys

103

4.2. Conception de l'interface

La partie précédente décrit les différentes variables nécessaires pour paramétrer le nouvel outil de

calcul. Les grandeurs géométriques sont tantôt données en distances, tantôt en côtes. Les unités

sont toutes en système international et les paramètres des matériaux risquent de ne pas êtres tous

disponibles. En plus, il y a certaines variables nécessaires pour construire le modèle géométrique

mais leur changement n’influe pas sur les résultats1.

Pour adapter le logiciel au besoin de ses futurs utilisateurs, leurs perceptions de l’interface a été

prise en compte et a été confrontée à ce que l’algorithme du programme permet de faire.

La suite de ce chapitre introduit et explique les choix effectués quant à la saisie des paramètres. Ce-

la va constituer les informations de base que l’interface aura à prendre en compte.

4.2.1. Paramètres courants

Pour des raisons de pratique, il faut que l’interface du nouveau logiciel utilise les données cou-

rantes obtenues à partir des rapports d’inspection sans que l’utilisateur ait besoin de faire des calculs

intermédiaires.

Les informations les plus courantes sur un procès verbal d’inspection sont comme ce que comporte

l’annexe *A06+*bis bis+. On trouve entre autre :

4.2.1.1. Géométrie

Les éléments les plus présents concernant la géométrie dans les procès verbaux d’inspection sont

comme suit :

- Type de pont2 - Type de voûte3 - Nombre d’arches

- Longueur et type4 d’ouverture - Épaisseur en clé

- Épaisseur de ballast ou de remblai - Type de parapet ou de garde-corps

1 Comme la position de l'origine absolue du repère

2 Pont-rail, pont-route

3 Plein cintre, anse de panier, arc de cercle, …

4 Ouverture droite, ouverture biaise

104

4.2.1.2. Matériaux

Il n’y a pas d’informations détaillées sur les matériaux. On donne globalement la nature des pierres

des différents éléments, avec des précisions particulières sur certaines parties du pont inspecté.

On donne parfois la nature du matériau et l’état de la chape. Cela intéresserait ceux qui suivent la

santé du pont et les infiltrations de l’eau à l’intérieur du corps de la voûte.

Selon la portée de l’inspection, on peut avoir des informations sur les désordres et les avaries qu’un

élément du pont avait subits.

4.2.1.3. Capacité du pont

Le procès verbal d’inspection donne la vitesse maximale autorisée sur le pont en question. Connais-

sant cette vitesse, on peut estimer la surcharge due à l’effet dynamique, donc, la capacité portante

nominale.

4.2.2. Paramètres de l’interface

La partie précédente montre le peu d’informations dont disposerait un utilisateur du logiciel de ca l-

cul. D’où l’intérêt de concevoir une interface capable de générer des modèles avec le minimum de

données et de proposer des choix et des paramètres courants afin de faciliter la saisie. Les informa-

tions demandées doivent convenir à celles contenues dans les documents de description des ponts

tels que les procès verbaux d’inspection.

4.2.2.1. Géométrie

Le chapitre ‎2.5 présente la manière avec laquelle les ponts en maçonnerie sont caractérisés selon

Séjourné1. Pour désigner un pont, il faut donner un certain nombre de caractéristiques géomé-

triques. Il y a entre-autres : l’ouverture, la flèche, le type de pont et la forme de l’intrados. Ces infor-

mations peuvent facilement être obtenues à partir d’un plan ou, à défaut, suite à une inspection.

(Pour voir le résumé des paramètres géométriques convenus § l’annexe [A06] bis bis)

Paramètres globaux du pont

1 SÉJOURNÉ, Paul. (1851-1939). Ingénieur Français et constructeur de grands ponts en maçonnerie. [Z14]

105

L’interface permettra d’informer trois grandeurs géométriques :

- Longueur totale : distance entre deux axes de pile ou l’axe d’une pile et le joint entre la culée et le tablier,

- Largeur : distance entre les extrémités extérieures des murs tympans, - Nombre d’arches : nombre totales de voûtes à modéliser. Les voûtes multiples sont à priori

considérées semblables.

Fig. ‎4.2-1 - Paramètres globaux du pont

Paramètres de la voûte et du bandeau

Fig. ‎4.2-2 - Paramètres du bandeau et de la voûte

106

Intrados

- Ouverture : la mi-ouverture coïncide avec la mi-travée (chaque arche est symétrique par rap-

port à son axe), - Flèche : distance verticale entre le point bas de la voûte et le point bas de la clé (§ annexe [A6]

pour les variables utilisées), - Forme de la voûte : plusieurs géométries d’intrados sont proposées (ellipse, arc de cercle, plein

cintre).

Extrados

- Épaisseur en clé : hauteur de la pierre centrale du corps de la voûte. Cette hauteur est considé-rée uniforme. Si elle ne l'est pas, on considère par précaution la plus petite hauteur.

- Hauteur du corps de voûte sur appuis

- Le corps de la voûte se compose d’un arc de cercle central concave tangent des deux côtés à deux arcs convexes dont les centres se trouvent sur les axes des appuis. La position de ces cercles est calculée à l’aide du logiciel. Tout ce que l’utilisateur a à faire c’est d’informer

l’épaisseur en clé et éventuellement la position verticale de l’intersection entre le cercle ex-trême et l’axe de l’appui équivalent.

Bandeau

- Épaisseur du bandeau : le bandeau est considéré d’épaisseur constante.

- Nombre de voussoirs : nombre paire strictement supérieur à 5.

Mur tympan et parapet

Le mur tympan et le parapet sont considérés composés du même matériau.

Fig. ‎4.2-3 - Paramètres du parapet et du mur tympan

Mur tympan

107

- Hauteur du mur tympan : distance verticale entre son point le plus haut et le sommet de la voûte.

- Largeur du mur tympan : (§ annexe [A06] - 3 - données géométriques)

Parapet

- Hauteur du parapet : distance verticale entre le point le plus haut du pont et le point haut du mur tympan.

- Largeur du parapet : limitée par la largeur du mur tympan.

Les appuis – piles et culées

Culées

- Longueurs des culées : dépassant les deux côtés extrêmes du pont définit dans le premier titre de ce paragraphe.

- Hauteur des culées : Distance verticale entre le point le plus bas et le bas de la voûte.

Fig. ‎4.2-4 - Paramètres des appuis

Piles

- Hauteur des piles : distance verticale entre le point le plus bas et le bas de la voûte. Égale à la hauteur de la culée.

- Largeur de la pile : est déduite à partir de la longueur totale du pont et l’ouverture de la voûte.

Les rails

108

Fig. ‎4.2-5 - Position des rails

La position des rails va être prise comme repère pour l’application des chargements. Le détail des

rails est défini à l’intérieur du programme et ne fait pas partie des paramètres modifiables.

Deux voies sont considérées à priori. Elles sont positionnées par rapport à l’axe du pont par la dis-

tance entre l’axe et le flanc interne du rail le plus proche.

109

4.2.2.2. Matériaux

Comme annoncé dans le paragraphe ‎4.1.2, il y a six éléments à matériaux distincts : la voûte, le

bandeau, le mur tympan, le remplissage les piles et les culées.

Fig. ‎4.2-6 - Quelques éléments de la page des matériaux

Après avoir sélectionné l'élément du pont (1), l'utilisateur choisit, selon la disponibilité des données

s'il faut entrer les paramètres des pierres et celles du mortier ou bien les paramètres du matériau

homogénéisé équivalent (2).

- Si "Matériau homogénéisé" est le choix effectué, il y a dix données 1 à informer (4). Ces données peuvent être enregistrées dans une base de données afin de faciliter l'accès (3).

1 E – Module d'Young / nu – coefficient de Poisson / delta – paramètre de confinement / Densité / rt – Résistance en traction / ept – Déformation au pic de traction / gft – Énergie de fissuration en traction / rc – Résistance en compression / epc – Déformation au pic de compression / gfc – Énergie de fissuration en compression

110

- Si "Matériaux individuels" est le choix effectué, une fenêtre récapitulative des données d'appa-reillage s'affiche (5). Le fait de cliquer sur le bouton "Homogénéiser" (6) permet d'ouvrir une

nouvelle fenêtre pour la saisie des paramètres des blocs, du mortier et de l'appareillage

[§ ‎4.2.2.3].

4.2.2.3. Matériaux individuels

Fig. ‎4.2-7 – Fenêtre des matériaux individuels

Pour saisir les paramètres des matériaux constitutifs de la maçonnerie individuellement, il faut ac-

céder à la page des matériaux individuels [FIG. ‎4.2-6 (6)] qui ouvre la fenêtre [§ FIG. ‎4.2-7].

111

Après avoir entré les paramètres des matériaux des blocs et du mortier, l'appareillage peut être

choisi parmi trois familles [§ ‎4.1.3] :

- Blocs en files

- Blocs en quinconce - Opus Incertum

Qui sont successivement homogénéisés à l'aide des méthodes suivantes :

- Karam SAB pour les blocs en files - Karam SAB pour les blocs en quinconce

- Mori Tanaka

Le fait de cliquer sur le bouton "Homogénéiser" de cette fenêtre copie les données saisies dans un

tableur joint au programme afin d'effectuer les calculs linéaires 1. Les résultats sont ensuite recopiés

sous la colonne "Maçonnerie".

À l'aide des méthodes précitées, on peut calculer le module d'Young et le coefficient de Poisson. La

densité peut être déduite à partir des données géométriques de l'appareillage.

4.2.2.4. Conditions aux limites2

La définition des conditions aux limites consiste à définir les raideurs aux appuis des ponts (§ ‎4.1.4).

L'unité utilisée est le .

Pour chaque appui, trois raideurs sont à informer, correspondant aux trois directions 3

dans le repère local situé à la base de chaque appui. (§ FIG. ‎4.2-8)

1 § annexe [A09]

2 Nommée "Appuis" sur l'interface

3 Dans le repère global où X est l'axe du pont et Z est l'échelle verticale

112

Fig. ‎4.2-8 – Fenêtre des conditions aux limites

La densité des raideurs se traduit par des raideurs ponctuelles appliquées à chaque point de mail-

lage de la base de l'appui. Ce calcul est automatique pour AnSys.

4.2.2.5. Chargement

Comme cité dans la partie qui décrit les variables des fichiers de commande 1, L'interface permet

d'informer quatre chargements:

- Poids propre

- Charge ponctuelle - Train - Dénivellation d'appuis

1 ‎4.1.5

113

Poids propre

Le poids propre est calculé automatiquement à partir des densités définies dans la partie des maté-

riaux. Dans cette partie, on définit les variations temporelles du coefficient affecté à ce chargement.

Fig. ‎4.2-9 – Variation temporelle du poids propre

Pour saisir la liste des variations temporelles du coefficient de charge, on commence par préciser le

nombre de points où ces variations sont définies. La feuille contient également un diagramme qui

illustre ce qui est saisi dans le tableau.

114

Charge ponctuelle

La définition du chargement temporel suit le même principe que pour le poids propre. On définit

également la position de la charge ponctuelle.

Fig. ‎4.2-10 – Charge ponctuelle

L'origine de l'axe des positions de la charge ponctuelle coïncide avec le point de la ligne de nais-

sance gauche de l'intrados de la première travée.

Fig. ‎4.2-11 – Position de l'origine de l'axe des positions des charges

115

Train

La charge d'un train est modélisée par une famille de charges ponctuelles liées à des positions co r-

respondant aux essieux de ce train. Souvent, l'origine des positions correspond à un essieu d'extrémi-

té.

Fig. ‎4.2-12 – Variations du coefficient de la charge du train

Les données des trains courants sont enregistrées dans une base de données. Le bouton dans le

champ "Choix du train" permet d'accéder à une fenêtre connectée à la base de données des trains.

116

Fig. ‎4.2-13 – Choix des trains

Dans la figure précédente, les positions sont en mètres et les charges en tonnes.

Fig. ‎4.2-14 – Ajout d'un nouveau train

Il est également possible d'ajouter un train comme montré dans la figure FIG. ‎4.2-14.

Dénivellation d'appuis

Le chargement du à la dénivellation des appuis est déduit à partir des raideurs aux appuis définies

dans l'étape précédente1.

1 § ‎4.2.2.4

117

Fig. ‎4.2-15 – Dénivellation d'appuis

Dans la fenêtre ci-dessus on définit le coefficient du chargement du à la dénivellation des appuis.

On procède de la même manière que pour le poids propre.

4.2.2.6. Calcul

Dans cette étape, l'utilisateur précise le type de calcul à effectuer. La figure FIG. ‎4.1-10 récapitule les

différents choix possibles.

118

Fig. ‎4.2-16 – Fenêtre des choix du calcul

Dans le cas de la "Position la plus défavorable", seule une analyse statique est possible. Les calculs

linéaires et non linéaires peuvent être faits pour les deux types d'analyses et donnent la possibilité de

définir les pas de calcul :

Fig. ‎4.2-17 – Définition des pas de calcul

Le schéma de la figure FIG. ‎4.1-11 illustre le rôle de cette fenêtre dans le programme.

4.3. Fonctionnement de l'interface

119

L'interface a pour but de faciliter le paramétrage et la génération des fichiers de commandes d'An-

Sys contenant les algorithmes de calcul de certains ponts en maçonnerie. Elle permet également de

guider l'utilisateur dans le paramétrage et d'introduire quelques hypothèses de calcul.

Afin qu'elle soit claire et intuitive, le programme de l'interface fonctionne de la même manière que

les applications standards. Il commence par un écran d'accueil et donne accès à une fenêtre princi-

pale à partir de laquelle les projets des ponts en maçonnerie sont générés. La fenêtre principale

donne accès à des fenêtres filles qui permettent d'initier ou de modifier les données du projet.

La fenêtre est développée sous le langage VB61 et communique avec le logiciel AnSys, un éditeur de

texte et des bases de données sous Excel.

4.3.1. Fenêtre d'accueil

La fenêtre d'accueil est la première feuille qui apparait à l'exécution de l'application de l'interface.

Durant son chargement, elle vérifie la présence de tous les fichiers externes dont l'interface a besoin,

ainsi que les paramètres d'environnement2.

Cette fenêtre contient aussi des informations sur le logiciel telles que le titre, le contact de son dé-

veloppeur et le nom de l'entreprise.

4.3.2. Fenêtre principale

La fenêtre principale permet le chargement et la visualisation des données d'un projet et donne

l'accès aux fenêtres qui permettent leur initialisation ou leur modification.

1 Visual Basic 6.0, langage de développement informatique créé par Microsoft.

2 Surtout le caractère décimal. Il est impératif, afin qu'ils soient compris par le langage APDL, que les nombres décimaux soient séparés par un "." point.

120

Fig. ‎4.3-1 – Fenêtre principale1

1- Barre des menus

Barre contenant toutes les entrées pour accéder et gérer un fichier de commandes.

Les principales entrées des menus sont présentées dans le tableau ci-dessous:

Menu / Sous-menu Fonction

Fichier

Nouveau Allocation de la mémoire pour un nouveau projet

Ouvrir Ouvrir un fichier de commande existant

Fermer Fermer un fichier ouvert

Enregistrer Enregistrer le travail dans le fichier original

Enregistrer sous Enregistrer le travail dans un autre fichier

Ouvrir en éditeur de texte Ouvrir le fichier de commandes dans un éditeur de texte2

Quitter Sortir de l'application

Edition

1 La fenêtre présentée n'est en réalité par encore complète. Elle montre ce que l'interface doit être capable d'affi-cher une fois la programmation achevée.

2 Tel que Bloc-notes

121

Annuler Annuler la dernière modification

Répéter Revenir à la dernière modification annulée

Affichage

Barre d'outils Afficher / cacher quelques zones de la fenêtre principale

Arbre de paramètres

Zone de commentaires

Assistant de création Afficher la fenêtre de l'assistant de création

Projet

Informations générales Ouvrir les différentes fenêtres de modification des para-

mètres.

Ces entrées ouvrent les fenêtres vues dans le chapitre

: ‎4.2.2 - Paramètres de l’interface

Géométrie

Matériaux

Conditions aux limites

Chargement

Calculs

Résultats

Outils

Préférences / Options Ouvre les fenêtres de modification des préférences de

l'interface

Fenêtre

Mosaïque horizontal Changement de la disposition des fenêtres des projets o u-

verts : FIG. ‎4.3-1(5) Mosaïque vertical

En cascade

Réorganiser les icones

Tout agrandir Changement de la taille des fenêtres de projet

Tout minimiser

Taille normale

Références aux projets ou-

verts

Tout projet ouvert crée un nouveau sous-menu dans le

menu "Fenêtre". Le sous menu permet de sélectionner la

fenêtre du projet correspondant

?

Aide Ouverture du fichier d'aide

À propos de … Ouverture de la fenêtre "à propos de …"

Tab. ‎4.3-1 – Principales entrées de la barre des menus

2- Barre d'outils

Facilite l'accès aux entrées les plus utilisées

3- Arbre de paramètres

122

Récapitule tous les paramètres saisis via le menu projet.

Dans le cas d'ouverture de plusieurs projets1, l'arbre des paramètres crée des nœuds pour les pro-

jets ouverts et affiche prioritairement les paramètres de celui dont la fenêtre est active.

4- Zone de commentaires

C'est une zone de texte dans laquelle sont notés les commentaires. Ces derniers peuvent être :

- Des évènements : ouverture, fermeture, sauvegarde

- Des erreurs : valeur inappropriée, défaut de sauvegarde ou d'ouverture - Notifications : début ou fin d'une opération, début d'un calcul

5- Fenêtre de projet

C'est une fenêtre qui s'ouvre dans la fenêtre principale et qui gère les données des projets. Il y a au-

tant de ces fenêtres que de projets ouverts.

Au niveau de l'apparence, la fenêtre de projet contient une zone de dessin dans laquelle est affiché

un croquis du pont. À gauche de la zone de dessin il y a une barre d'outils de navigation dans cette

zone2.

6- Barre d'état

Zone dans laquelle s'affichent certaines informations instantanées telles que les coordonnées du

curseur de la souris sur la zone du dessin ou l'explication du rôle d'un contrôle3.

4.3.3. Architecture interne de l'interface

1 La possibilité d'ouvrir plusieurs projets simultanément est une des options de l'interface

2 Les éléments de dessin ne sont pas encore fonctionnels. Il y a deux possibilités :

- créer un dessin en s'appuyant sur les différents paramètres géométriques

- créer une copie du dessin fait par AnSys

3 Bouton ou menu. Zone active sur la fenêtre

123

Les paramètres d'un pont forment une entité qui peut être mise dans un seul classeur à plusieurs

entrées. La modification des données d'un pont consiste à modifier certains attributs de ce classeur.

La génération d'un fichier de commande est l'opération qui consiste à convertir les données du clas-

seur en texte.

Dans le programme, deux classes ont été créées : "clsAnSys" et "clsBridge"

4.3.3.1. Classe des paramètres bruts

"clsAnSys" est le nom de la classe dont les attributs correspondent aux variables d'un fichier de

commandes. Comme on peut le remarquer si on revient aux chapitres précédents 1, les données utili-

sées pour le calcul dans AnSys ne sont pas les mêmes que celles affichées à l'interface. On remarque

cette différence notamment pour les paramètres géométriques 2. C'est la raison de la création de

deux classes différentes.

Les attributs de la classe "clsAnSys" gardent souvent dans le code du développement les mêmes

noms que ceux des variables dans les fichiers de commande.

4.3.3.2. Classe des paramètres du pont

"clsBridge" est une classe dont les attributs ressemblent aux entrées de l'interface du logiciel. Tous

les paramètres initiés ou modifiés par l'utilisateur le sont d'abord dans cette classe.

Il y a des modules internes qui font la conversion d'une classe à une autre. Concrètement, ces der-

niers font la transformation des paramètres de la forme nécessaire pour le bon fonctionnement du

fichier de commande à la forme jugée la plus adaptée pour un utilisateur.

4.3.3.3. Instance du projet

Le paragraphe ‎4.3.2 – (5) introduit la fenêtre de projet. Cette dernière représente le support princi-

pal des données d'un projet. Ouvrir un projet consiste à charger cette fenêtre et le fermer consiste à

la faire décharger de la mémoire morte.

Toute fenêtre de projet contient les deux classes dont on a parlé dans les deux paragraphes précé-

dents3. Le projet en cours correspond à la fenêtre active qui est instanciée par la variable "curForm".

Toute modification concerne l'instance de cette dernière. Si aucun projet n'est ouvert, cette instance

a une valeur "rien". Et dans ce cas, les entrées de modification des paramètres sont désactivées.

1 "‎4.3.3 - Architecture interne de l'interface" et "‎4.2.2 - Paramètres de l’interface"

2 Le fichier de commandes fonctionne avec les niveaux, pendant que l'interface demande les dimensions des éléments du pont.

3 ‎4.3.3.1 - Classe des paramètres bruts" et "‎4.3.3.2 - Classe des paramètres du pont"

124

4.3.3.4. Schéma de l'architecture interne

Les commandes d'ouverture et de création d'un nouveau projet créent une nouvelle fenêtre de

projet. Quand une fenêtre de projet est activée1, elle devient instanciée par la variable globale "cur-

Form" citée dans le paragraphe précédent.

L'instance "curForm" permet de connecter les deux classes "clsAnsys" et "clsBridge" aux différentes

feuilles de modification de données. Elle permet aussi de cibler le projet dont on veut générer le f i-

chier de commande ou quand on veut le fermer.

Le schéma suivant illustre quelques modules qui interfèrent dans la fenêtre principale.

Fig. ‎4.3-2 – Schéma de l'architecture interne de l'interface

Remarque : les "informations de contrôle2" sont les variables complémentaires utilisées par le code

de développement pour de multiples raisons; par exemple, la variable booléenne qui indique si le

projet est déjà enregistré ou pas et la variable contenant le chemin du fichier de commande dans le

volume.

1 En cliquant dessus ou en appuyant sur le sous-menu correspondant

2 Voir le schéma de la figure Fig. ‎4.3-2

Fenêtre principale

Fenêtres de projet

Classe "clsAnSys"

Classe "clsBridge"

Informations de contrôle

Fenêtres de modification

Infos. générales

Géométrie

Matériaux

...

Modules de communication

externe

Module de génération des

fichier

Module de lecture des fichiers

Modules de communication avec les bases de données

Modules de gestion des erreurs

...

125

4.3.4. Écriture d'un fichier de commandes

4.3.4.1. Principe de l'écriture

L'application contient un fichier contenant l'entête d'un fichier de commande et qui joue le rôle de

"gabarit" pour les projets créés. Lors d'une opération de génération de fichier de commandes, le

programme copie le fichier "gabarit" dans l'emplacement souhaité, exécute des méthodes qui affec-

tent les valeurs aux variables ou créent des variables-listes, et renomme ce fichier avec le nom choisi.

La transformation des paramètres introduits par l'utilisateur à des lignes de commande pour AnSys

suit le processus suivant:

Fig. ‎4.3-3 – Processus d'écriture d'un fichier de commande

4.3.4.2. Contenu du fichier gabarit

Le fichier gabarit est un fichier texte qui contient l'entête du code APDL lu par AnSys dans l'état

brut: les variables fixes ont des valeurs aléatoires et les lignes du début des variables-listes1 portent

des marques d'identification.

4.3.4.3. Méthodes d'écriture

Une méthode dans le contexte du développement est un algorithme effectuant un travail défini et

ne retournant aucune valeur.

Dans une opération de génération de fichier de commande, le code exécute une méthode-mère.

Cette dernière lance à son tour plusieurs méthodes, chaque méthode correspond à une famille 2 de

paramètres.

1 Les variables-liste sont des variables de même racine portant des indexes.

2 Infos générales – Géométrie- Matériaux – Conditions aux limites – …

Inclusions des paramètres saisis dans

la classe "clsBridge"

Convertion de la classe "clsBridge" à "clsAnSys"

Inclusion des données de "clsAnSys" dans une copie du fichier gabarit

126

Des sous-méthodes sont utilisées par les méthodes d'écriture. Celles-là effectuent grosso modo les

opérations suivantes :

- Ouvrir un fichier texte et le parcourir ligne par ligne

- Rechercher le nom d'une variable dans la ligne parcourue, vérifier la syntaxe de l'écriture et remplacer la valeur précédente par la valeur souhaitée

- Générer l'ensemble des lignes correspondant à une variable-liste

- Chercher dans le fichier-gabarit l'indicateur d'une variable-liste et le remplacer par la liste des variables correspondantes.

4.3.5. Lecture d'un fichier de commandes

La lecture d'un fichier de commande est déclenchée lorsqu'un nouveau fichier est ouvert. Elle est

l'opération miroir de l'écriture du fichier. Elle est cependant plus difficile à gérer parce que les f i-

chiers de commande ouverts peuvent ne pas être écrits convenablement ou contenir des erreurs.

4.3.5.1. Principe de la lecture d'un fichier de commande

Quand l'utilisateur demande d'ouvrir un fichier, une méthode est exécutée pour vérifier que ce f i-

chier n'est pas déjà ouvert. Après, des méthodes de lecture s'exécutent successivement et mettent

les paramètres recueillis dans des variables tampons. Ces variables sont ensuite introduites dans la

classe "clsAnSys" qui est à son tour transformée à la classe "clsBridge" de la fenêtre de projet. Les

paramètres de "clsBridge" sont directement lus par les feuilles de modification et les méthodes qui

construisent l'arbre de récapitulation1.

Le schéma suivant résume les différentes étapes de lecture d'un fichier :

Fig. ‎4.3-4 – Schéma de processus de lecture d'un fichier de commandes

4.3.5.2. Méthodes2 de lecture

1 La zone droite de la fenêtre principale.

2 "Une méthode" dans ce contexte est définie dans un paragraphe précédent : § ‎4.3.4.3

Ouverture du fichier et

recherche des paramètres

Stockage des paramètres

trouvés dans des variables

tampon

Transformation des variables

tampon à "clsAnSys"

Convertion de "clsAnSys" à "clsBridge"

Exploitation de "clsBridge" par les fenêtres de

modification

127

Au cours d'une opération de lecture, une méthode principale est appelée. Celle-là est nécessaire à

l'organisation des interventions de ses sous-méthodes.

Il y a une méthode de lecture par famille de paramètres 1. Elles ont en commun des méthodes de

recherche dans une chaine de caractères qui ont les fonctions suivantes :

- Extraire la valeur d'une variable à partir d'une ligne

- Ouvrir le fichier de commande, le parcourir ligne par ligne et exécuter la méthode citée ci-dessus.2

- Ouvrir le fichier de commande, mettre la globalité du texte dans une variable et extraire la ligne contenant la variable indiquée.3

- Ouvrir le fichier de commande, mettre la globalité du code dans une variable et exécuter la mé-

thode précédente pour chercher les valeurs d'une variable liste. - Il y a des méthodes spécifiques qui n'utilisent aucune de celles citées précédemment. La mé-

thode qui cherche les paramètres des matériaux en est un exemple car les variables recher-

chées ne sont pas fixes : selon si le matériau est homogénéisé ou pas les listes des variables ne sont pas pareilles.

4.3.6. Gestion des nombres

Sur l'interface, la majorité des paramètres traités sont des valeurs numériques. Certes le code de

calcul AnSys utilise la plupart des unités en système international4, mais l'interface donne plus de

liberté à l'utilisateur de choisir les unités habituelles. La précision des nombres est aussi un facteur à

prendre en compte.

4.3.6.1. Affichage des nombres

Dans les champs de saisie, les nombres sont écrits de deux manières :

1 Infos générales – Géométrie- Matériaux – Conditions aux limites – …

2 Méthode précise mais qui risque d'être lente pour certains ordinateurs

3 Méthode rapide, mais consomme en mémoire morte

4 C'est le choix du développeur du logiciel de calcul

128

Fig. ‎4.3-5 – Affichage des nombres

- Si le champ est actif, on voit uniquement un nombre modifiable.

- Quand le champ devient passif, le nombre est formaté pour avoir la précision souhaitée et l'unité équivalente s'écrit à la fin du nombre.

4.3.6.2. La précision

Les précisions des nombres sont des variables globales internes à l'interface. Il y a une précision dé-

finie pour chaque famille d'unités. Dans la plupart des champs, le nombre est formaté avec un

nombre de chiffres après la virgule compatible avec la précision.

Il y a des champs qui ne sont pas formatés pour la précision. C'est le cas des champs dont la valeur

est très petite tels que la déformation ou l'énergie de fissuration où on peut aller à huit chiffres après

la virgule.

4.3.6.3. Les unités

Les familles des unités

Plusieurs familles d'unités sont définies dans l'interface :

- les unités métriques : mm – cm – dm – m – dam – hm - les unités de pression : Pa – kPa – MPa – Gpa

- les unités de déformation : mm/m – cm/m – dm/m – m/m - les unités d'énergie : N/mm – N/m – kg/mm

- les unités de densité volumique : kg/m3 – N/m3 - les unités de raideur surfacique : Pa/m – kPa/m – MPa/m

Formatage et conversion des unités

129

Chaque unité est définie par un nom et une valeur dans le code de calcul et par un texte qui s'a f-

fiche dans les champs de saisie. Le programme de l'interface fait les conversions entre les unités

d'une même famille.

Quand un champ de saisie est validé1, le nombre écrit est lu textuellement : sous réserve que la

syntaxe soit correcte, la saisie doit être composée d'un nombre suivi d'une unité. Le programme sé-

pare le nombre et le texte, convertit le texte du nombre en valeur numérique et évalue l'unité. Si

l'unité saisie est différente de l'unité en cours, les conversions nécessaires sont effectuées et le

nombre est affiché dans l'unité en cours.

Fig. ‎4.3-6 – Exemples de formatage des nombres et gestion des unités

Enregistrement des unités

Quelle que soit l'unité courante, son effet se limite aux champs de saisie. Dès qu'un nombre est

transmis à une classe de projet2, la valeur du nombre est convertie en unité du système international

(ou à celle que le fichier de commande est sensé comporter.)

Méthodes et fonctions3 des unités

Chaque famille d'unités est munie de trois fonctions principales :

- Fonction de conversion des nombres : converti le nombre d'une unité à une autre

- Fonction de formatage : écrit le nombre sous forme de texte dans le format souhaité - Fonction de conversion en texte : donne le texte de l'unité comme : "mm", "Pa"

Il y a une quatrième fonction valable pour toutes les familles d'unités. Elle lit un nombre formaté et

retourne sa valeur en effectuant la conversion souhaitée. Des exemples sont présentés dans la figure

FIG. ‎4.3-6.

1 Quitté pour un autre champ ou validé avec la touche "retour"

2 Dans ce contexte il s'agit de la classe "clsBridge"

3 Les fonctions dans ce contexte sont des algorithmes effectuant une tâche et retournant une valeur

130

4.3.7. Gestion des erreurs

La gestion des erreurs est la partie la plus lourde à traiter dans le programme. On distingue deux

types d'erreurs : les erreurs de la logique du programme et les erreurs de la logique de la program-

mation.

4.3.7.1. Les erreurs de programmation

Elles sont connues dans le contexte de la programmation sous le nom "d'exceptions". Une excep-

tion est déclenchée lorsqu'il y a une incompatibilité dans le code du programme. Elles surviennent

souvent à cause de certaines manipulations imprévisibles.

Pour relever les exceptions, le programmeur a à tester le programme et à dissocier toutes les ma-

nipulations possibles. Des sous programmes de gestion des erreurs sont intégrés dans le code de

l'interface. Si jamais une erreur n'est pas gérée, elle déclenche un arrêt de l'exécution ou des co m-

portements anormaux. La gestion des exceptions se traduit par la stabilité du programme.

Nous ne parlerons pas plus des exceptions parce qu'elles relèvent de l'intelligence propre des algo-

rithmes programmés.

4.3.7.2. Les erreurs du programme

Ce sont toutes les incompatibilités que cause l'utilisateur par une mauvaise utilisation du pro-

gramme ou une mauvaise interprétation du fonctionnement d'un contrôle. Ces erreurs doivent être

listées et prises en compte dès la conception de l'interface de manière à ne pas laisser place à des

confusions de la part de l'utilisateur.

Intérêt du déclenchement des erreurs

Contrairement aux exceptions, les erreurs de manipulation ne sont déclenchées que si cela a été

prévu dans le programme. Faire déclencher ces erreurs a pour but d'avertir l'utilisateur de la pré-

sence d'incompatibilités et de le guider vers la correction requise.

Évitement des erreurs

Avant les algorithmes de l'évitement des erreurs, la conception joue un rôle très important. L'utili-

sation d'une présentation intuitive et l'explication du rôle de chaque contrôle sont les premières

131

étapes à faire pour bien guider l'utilisateur. Pour cela, quelques mesures ont été prévues. En voici

quelques exemples :

Fig. ‎4.3-7 – Guide de création de projet

La création d'un nouveau projet ouvre une fenêtre (voir figure ci-dessus) qui résume les étapes qu'il

faut suivre pour initier les paramètres. Elle donne une première idée sur le plan du programme.

Quand certains champs de saisie sont mis en valeur, des commentaires d'explication apparaissent

sur la barre d'état ou sur des bannières flottantes (voir ci-dessous).

Fig. ‎4.3-8 – Utilisation des commentaires

132

Déclenchement des erreurs

Certaines erreurs peuvent être moins évidentes à détecter comme les fautes de frappe et le risque

de se tromper dans des calculs intermédiaires. Il y a également quelques erreurs imposées, comme

par exemple lorsqu'un pont a l'épaisseur de la voûte égale à celle du bandeau, cela mène lors du

maillage à créer des surfaces triangulaires susceptibles de nuire à l'exécution des calculs.

Fig. ‎4.3-9 – Apparition de surfaces triangulaires quand la voûte a la même épaisseur que le bandeau

Pour que les modèles soient les plus réalistes possible, certaines grandeurs et proportions doivent

être respectées. Chaque fois qu'un champ de saisie est validé, des algorithmes de vérification se lan-

cent pour évaluer si ce qui a été écrit est bien logique. Si ce n'est pas le cas, l'erreur est notifiée à

l'utilisateur par les méthodes de notification.

Exemples des erreurs notifiées

Dans chaque fenêtre de saisie, il y a des méthodes que le programme de l'interface exécute afin de

vérifier si les paramètres saisis sont compatibles entre eux. Si un champ contient une valeur inaccep-

table, il change de style de fond1.

1 Mise en gras rouge par exemple

133

La majorité des erreurs notifiées concernent les paramètres géométriques. Il faut que les para-

mètres mènent à un modèle semblable à ce qui a été vu dans le chapitre 1 ‎4.2.2.1. Pour les matériaux

par exemple, le modèle d'endommagement2 doit être respecté.

Ci-dessous une liste contenant quelques exemples d'erreurs notifiées :

- Géométrie

- Champs négatifs ou contenant des valeurs non numériques - Longueur totale inférieure à l'ouverture

- Nombre de voussoirs3 inférieur à 6, impaire ou très grand - Épaisseur du bandeau supérieure à l'épaisseur du corps de la voûte - Largeur totale inférieure à la somme des largeurs des murs tympans et du corps de la voûte.

- Largeur de parapet supérieure à la largeur du mur tympan - L'un des rails débordant du pont - Matériaux

- Champs négatifs ou contenant des valeurs non numériques - Valeur du facteur d'Young nulle

- Les ratios ou - Valeur de coefficient de Poisson "η" supérieure à 0.5 - Conditions aux limites

- Valeur aberrante d'une raideur surfacique

Dans le cas où les erreurs ne sont pas corrigées

S'il s'agit d'une erreur de logique4, le fichier de commande est quand même généré. Le lancement

des calculs dans AnSys peut cependant ne pas bien se dérouler.

S'il s'agit d'une erreur de type5, l'opération de génération du fichier de commande relève des er-

reurs lors de l'écriture. Et le fichier de commande sort défectueux.

1 ‎4.2.2.1 - Géométrie

2 Voir Fig. ‎4.1-3 - Loi de comportement de la maçonnerie

3 Le nombre de voussoirs est un paramètre de discrétisation, il ne représente pas le nombre réel de voussoirs. Il doit être supérieur à six pour approcher la voûte, il faut qu'il soit un nombre pair comme imposé par le modèle

géométrique et il ne faut pas qu'il soit très élevé afin d'éviter l'allongement inutile du temps de calcul.

4 Une inéquation ou ratio non respectés

5 Par exemple, présence d'une chaine de caractère au droit d'une valeur numérique

134

4.4. Synthèse et perspectives

4.4.1. À propos du logiciel

Le nouveau logiciel utilise un modèle prédéfini de pont et effectue les calculs à l'aide de la méthode

des éléments finis. Il utilise des matériaux homogénéisés pour tous les éléments modélisés avec une

loi de comportement tenant compte de l'usure des matériaux. Les interfaces créées pour certains

éléments ne représentent pas des joints, elles n'ont qu'un rôle de discrétisation.

Le modèle géométrique pour cette version de logiciel reste un peu limité. Bien que les appuis

soient indépendants, les travées ne le sont pas encore. Il est prévu par la suite de permettre le para-

métrage de chaque travée appart.

Les culées des ponts réels ne ressemblent pas toujours aux parallélépipèdes que le modèle peut

créer. Il faut par la suite donner une possibilité à l'utilisateur de spécifier la forme des culer ou établir

une méthode pour la faire équivalez.

4.4.2. À propos de l'interface

4.4.2.1. Première version

L'interface permet de recevoir les paramètres nécessaires pour le fonctionnement du logiciel. Elle

doit lui fournir autant d'informations qu'il faut, et veiller à ce qu'elles ne créent pas des erreurs lors-

qu'AnSys effectue ses calculs.

Pour introduire les paramètres, un processus expliqué par l'interface doit être suivi 1. Si l'utilisateur

fait autrement, comme les fenêtres de paramétrage dépendent l'une de l'autre, il y aura un risque de

trouver des incompatibilités difficiles à détecter. Un grand nombre d'erreurs potentielles a été listé

lors de la conception ou quand l'interface fut testée, mais les tests ne sont pas assez suffisants pour

connaître toutes les erreurs potentielles.

Il a été également remarqué que le temps d'exécution de l'interface est assez long sur certaines an-

ciennes machines. Cela revient aux nouveaux contrôles créés pour des raisons spécifiques et qui ne

faisaient pas partie de la bibliothèque initiale du langage de programmation. Les machines prévues

1 On commence par les "Infos. Générales", puis la "Géométrie", les "Matériaux", les "Appuis", le "Chargement" et le calcul

135

pour exécuter cette interface doivent pouvoir supporter AnSys qui est largement plus lourd. Il n'y a

donc pas de soucis sur ce point.

4.4.2.2. Difficultés

Les difficultés rencontrées sont généralement d'ordre temporel et technique. La conception d'un

programme n'est en principe pas si lourde, la réalisation non plus, mais il y a toujours des "effets

secondaires" à traiter à la fin : quand on conçoit un programme réalisant une fonction, même si la

fonction est réalisée, on trouve que d'autres aspects n'ont pas été pris en compte ou que le pro-

gramme modifie des valeurs qui n'étaient pas sensées être modifiées. Traiter un problème de tous

les côtés n'est souvent pas aussi facile qu'il le parait au début.

Les difficultés techniques reviennent à la connaissance des bons contrôles à utiliser au bon mo-

ment. En informatique, il y a une multitude de contrôles, impossible à dénombrer. C'est ce qui rend

la documentation indispensable pour la programmation. Cependant, il y a des contrôles intéressants

mais pas très communs. Il n'est pas évident de trouver leur documentation et les découvrir sans fiche

technique risque de faire perdre beaucoup de temps ou de limiter l'utilisation. Il y a un autre souci

qui se pose, c'est le fait d'ignorer l'existence d'un contrôle qui aurait facilité le travail ou chercher

pendant longtemps un contrôle qui n'existe pas en espérant le trouver.

La troisième difficulté concerne la définition des objectifs et des besoins. Des réunions fréquentes

sont faites pour orienter la conception. Mais souvent pour la programmation, il faut d'abord créer,

puis discuter de la conception et définir les besoins définitifs. Car le client ne connais pas forcément

ce dont est capable un langage de programmation et le programmeur ne peut pas forcément affir-

mer si techniquement il y a une possibilité de réaliser une tâche. On part généralement sur le pri n-

cipe de "tout est possible".

4.4.2.3. Perspectives

Il y a des objectifs de base qui ont été atteints; au début, il a fallu faire entrer des paramètres et en

générer un fichier de commandes exploitable sur AnSys. Pour une application, il y a toujours des

améliorations d'ordre technique à faire. À côte de cela, il y a d'autres objectifs qu'on peut envisager

et qui amélioreraient significativement la qualité de l'application. Les grands objectifs à prévoir sont

comme suit :

- Visualisation de l'aspect du pont au cours de la création - Lancement des calculs sous AnSys d'une manière automatique

- Recherche des résultats de calcul et leur exploitation

Il y a à priori des pistes et des idées pour atteindre ces objectifs. Il y a encore du travail à faire.

136

Conclusion

Les ponts en maçonnerie sont des ouvrages très intéressants et un héritage bénéfique. Sans ces

ouvrages, le réseau ferré actuel ne pouvait être comme il l'est actuellement. Même s'il est difficile de

le penser au début, les ouvrages d'art maçonnés sont plus présents que n'importe quel autre type

d'ouvrages. Il était d'une grande utilité de lancer la série de recherches pour approfondir la connais-

sance des ouvrages maçonnés, et on n'est sûrement pas encore au bout.

Le chapitre ‎2 met le doit sur l'importance des ponts en maçonnerie pour le réseau ferroviaire. Les

ponts de plus de deux mètres représentent 43% de l'effectif national des ponts. Ils sont générale-

ment en bon état et peuvent encore durer quelques années. On en construit plus, certes, mais on est

loin de penser à tous les substituer.

Le même chapitre décrit aussi le comportement des ponts. Il est à savoir que la forme géométrique,

la résistance de la maçonnerie et la qualité des joints ont la majeure influence sur la portance des

voûtes, même si parfois, des études ne négligent pas la légère résistance en traction de la maçonne-

rie1. Les matériaux utilisés pour la construction des ponts sont très variés. Les caractéristiques des

pierres ou des briques n'est souvent pas l'élément derrière la stabilité du pont; l'empilement des

blocs est aussi un facteur important. Nous avons vu également que la maçonnerie est un matériau

composite dont les caractéristiques dépendent de celles des matériaux qui la composent et de

l'agencement entre ces matériaux. Les calculs tiennent compte alors des caractéristiques de la ma-

çonnerie et pas de ses composants.

À la fin du chapitre ‎2, une méthode de classification des ponts est présentée. C'est la méthode

qu'utilisait Séjourné2 pour les répartir en familles. Connaitre cette méthode de classification permet

d'avoir une idée globale sur tous les types de voûtes qu'on risque de rencontrer. Des différences

entre les ponts d'une même famille peuvent cependant être remarquées au niveau des fondations

ou du contact avec le sol.

Une étude des méthodes et logiciels de calcul des ponts en maçonnerie a été présentée dans le

chapitre ‎3. Le but derrière cette étude est de pouvoir se créer une base de comparaison lors de la

conception d'un nouveau logiciel. D'un côté il faut éviter les inconvénients, de l'autre il ne faut pas

sortir de l'aspect habituel de ces logiciels de peur de dépayser les utilisateurs. Nous avons remarqué

que la façon dont les logiciels sont paramétrés et les paramètres que nécessitent les méthodes em-

ployées ont une grande influence sur les résultats.

1 Comme le cas du modèle développé lors de la thèse de T. Stablon. [B22]

2 Séjourné, Paul. Ingénieur français qui s'est occupé de l'étude des ponts en maçonnerie. Il a laissé de précieux ouvrages sur ce sujet. [B14]

137

Le ‎4ème chapitre parle de la conception proprement dite. Lors de cette étape, il a fallu confronter les

capacités et les possibilités que permet le logiciel avec les besoins des utilisateurs. Le paramétrage du

logiciel nécessite des informations sur la géométrie du pont et sur les matériaux qui le composent ,

plus ou moins comme les autres logiciels. Cependant, il a besoin que l'utilisateur ait une connais-

sance de la manière de fonctionnement du support de calcul1. Cela est touché dans la manière avec

laquelle il demande d'effectuer les calculs. On peut déduire à priori qu'il est destiné pour des utilisa-

teurs d'une certaine qualification.

L'interface a été réalisée à l'aide du langage VB6. Ce dernier sert à la programmation de tout pro-

gramme informatique. Il a permis la création d'une interface compatible avec le logiciel. Les seules

difficultés avec ce langage de programmation est qu'il est prévu pour une utilisation générique.

Quand il s'agit de créer un contrôle spécifique, cela demande un temps considérable. Avant de com-

mencer la programmation, il faut bien planifier ce qu'il y a à faire. Il faut anticiper les besoins poten-

tiels pour que les algorithmes ne demandent pas des modifications radicales lors d'une rectification.

C'est pour cette raison que l'architecture globale du programme vise à la séparation du code en mo-

dules indépendants. Enfin, même si l'interface arrive à paramétrer les fichiers de commande et crée r

une ambiance conviviale, de grands efforts de point de vue informatique doivent être faits pour bien

l'améliorer. Comme tout logiciel, il y a toujours une première version.

De grand effort doivent être mobilisé aussi pour le sujet en entier. Même si le projet de recherche

global a coûté du temps et de l'argent, il y a toujours d'autres perspectives. On a bien exploité la voie

des éléments finis, mais il y a d'autres méthodes, potentiellement aussi efficace, qu'il ne faut pas se

priver de toucher.

1 AnSys est l'outil utilisé pour effectuer les calculs du nouveau logiciel

138

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BANESSY, Sandrine. GERMAIN, Jean-Jacques. La brique, l'or rouge du Midi Toulousain , p. 51

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B14

139

Séjourné, Paul. Grandes voûtes - Tome 2. Description des ponts qui ont ou avaient des voûtes inarticulées de 40m et plus de portée - arcs peu surbaissés. Imprimerie Vve

Tardy - Pigelet et Fils. Bourges. 1913. 220p.

B15

Séjourné, Paul. Grandes voûtes - Tome 3. Description des ponts qui ont ou avaient des

voûtes inarticulées de 40m et plus de portée - arcs assez surbaissés - arcs très sur-baissés / Ce que l'expérience enseigne de spécial au voûtes inarticulées. Imprimerie Vve Tardy - Pigelet et Fils. Bourges. 1913. 420p.

B16

Séjourné, Paul. Grandes voûtes - Tome 4. Voûtes articulées. Imprimerie Vve Tardy - Pigelet et Fils. Bourges. 1913. 303p.

B17

Séjourné, Paul. Grandes voûtes - Tome 5. Ce que l'expérience enseigne. Imprimerie Vve

Tardy - Pigelet et Fils. Bourges. 1914. 234p.

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Tardy - Pigelet et Fils, 1914. 283 p.

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WIKIPÉDIA. Encyclopédie. Pierre de taille WIKIPÉDIA. Encyclopédie. Pont en maçonnerie

WIKIPÉDIA. Encyclopédie. Voûte

B24

YANG, Yonhong. MÉTHODES D’ANALYSE NUMÉRIQUE DES PONTS EN MAÇONNERIE . Rap-port de recherche. Septembre 2005. 135p

B25

140

Annexes

Sommaire

1 – Classification des ponts en maçonnerie selon séjourné

2 – Méthode MEXE

3 – Méthode REAM

4 – VOÛTE – Calcul à la rupture

5 – RING – Analyse limite

6 – Entête du code de calcul APDL

7 – Méthodes d'homogénéisation

8 – Modèle du Procès Verbal d'Inspection

141

142

143

144

145

146

147

Annexe 2 – Méthode MEXE

Introduction

Depuis le temps, le dimensionnement et la requalification des ponts en maçonnerie était

faite d’une manière qualitative, estimative et intuitive, se basant sur l’expérience des construc-

teurs et le savoir local disponible. Toutefois, les ponts étaient calculés pour résister à leur

poids propre et aux actions du trafic de l’époque qui était largement plus inférieur à celui de

nos jours.

Cette manière d’évaluation de la capacité des voûtes, utilisée depuis l’antiquité, commence à mon-

trer ses faiblesses à l’arrivée de la seconde guerre mondiale, où la capacité des ponts à supporter le

passage des engins militaires devint préoccupante. Les officiers du génie militaire britannique ont

alors adapté une méthode pour que les chefs de guerre puissent évaluer la résistance des ponts en

maçonnerie sans faire recours à des calculs compliqués et gourmands en temps. D'où son nom : " Mi-

litary Engineering Experimental Establishment", ou méthode MEXE [Z21].

La méthode MEXE a en fait était développée pour la première fois par le professeur AJS

Pippard1 aux années trente. Elle a été modifiée et réadaptée à plusieurs reprises depuis. De

nouvelles approches au calcul des voûtes ont commencé à être utilisées depuis les années

soixante, surtout avec l'apparition des processeurs aux années quatre-vingt. La méthode

MEXE a pourtant su garder sa place devant les nouvelles et a demeuré préférable pour plu-

sieurs ingénieurs.

Principe

La méthode MEXE consiste à calculer la charge admissible d’essieux fQQ Padm et la

charge linéaire 5.1

adm

adm

Qq

Où PQ est la « charge idéale à l’essieu »,

Et f

ffffff NCJMS

est le « coefficient global d’adaptation », avec :

Sf facteur de la géométrie

Mf facteur du matériau

Jf facteur du joint

Cf facteur d’état

Nf facteur des ponts à plusieurs arcs

f facteur dynamique

1 Institution of Civil Engineers (Great Britain). "The civil engineer in war". London. 1948

148

Domaine d’utilisation

La méthode MEXE est utilisée pour les ponts-voûtes satisfaisants aux caractéristiques

suivantes :

portée mL 20

surbaissement 4

1

ouverture

flèche

épaisseur de remblai en clé cmhcm 15030

culées supposées rigides et encastrées

Fig. ‎0-1 - Pont de référence1 pour le calcul de la capacité portante avec la méthode MEXE

Calculs

Charge idéale PQ

La charge idéale PQ à l’essieu est calculée relativement à un pont idéal dont les caracté-

ristiques sont les suivantes :

ouverture de 20 m

voûte d’intrados parabolique

voûte butée contre des culées parfaitement rigides

1 C’est le pont de référence utilisé au document de l’Union Internationale des Chemins de fer UIC 778-3R

149

surbaissement flèche / ouverture = ¼

matériaux de construction nobles et saints de toute avarie L’expression de PQ est la sui-

vante :

3

2740

L

hdQP

avec (§ Fig. ‎0-1) :

d : épaisseur à la clé

h : hauteur du remblai

L : ouverture de la voûte

Facteur géométrique

Les voûtes paraboliques et celles en arc de cercle ayant le même surbaissement sont considérées

plus stables que les voûtes elliptiques. On admet que la voûte idéale est une voûte parabolique véri-

fiant la relation 75.0c

q

r

ravec rq la flèche au quart de la portée (§ Fig. ‎0-1).

Sf est défini en fonction du rapport c

q

r

r comme suit :

75.0c

q

r

r 75.0

c

q

r

r

Sf 1

c

qc

r

rr6.0

3.2

Tab. ‎0-1 - Expression du facteur géométrique Sf

150

Fig. ‎0-2 - Evolution du facteur géométrique en fonction du rapport

c

q

r

r

Facteur du matériau

La valeur de Mf est estimée à partir du tableau suivant

Matériau de la voûte en arc Mf

Maçonnerie de granit et basalte, à lits irréguliers, avec des pierres de voûte de grande dimension

1.5

Maçonnerie en béton 1.2 Maçonnerie constituée d'autres matériaux 1.0

Tab. ‎0-2 - Estimation du facteur du matériau1

Facteur du joint Jf

La capacité portante d'une voûte est très influencée par l'état du joint. Le facteur de joint a donc

une grande importance. Il est composé de deux facteurs, l'un qui caractérise l'épaisseur et l'autre qui

qualifie l'état du mortier :

moWj fff

Les facteurs Wf et mof sont donnés par les tableaux suivants :

Épaisseur de joint Wf

Jusqu'à 6 mm 1.0 Entre 6 mm et 12.5 mm 0.9 Supérieur à 12.5 mm 0.8

1 d'après l'UIC 778-3 R

0

0.2

0.4

0.6

0.8

1

0.65 0.7 0.75 0.8 0.85 0.9 0.95 1

Facteur géométrique fs

151

Tab. ‎0-3 - Facteur d'épaisseur de joint1

État de mortier mof

Mortier bon 1.0 Mortier faible, meuble 0.9

Tab. ‎0-4 - Facteur d'état de mortier1

Facteur d’état

Le facteur Cf qualifie l'état général du pont. Le facteur relatif à un pont en mauvais état est égal à

0, tandis qu'un pont sain a un facteur égal à 1. L'estimation du facteur d'état revient à l'ingénieur

constructeur. Un facteur d'état de 0.4 implique une remise en état immédiate.

Pour plus d'information sur les techniques de qualification du facteur d'état, se référer au code UIC

778-3 R.

Facteur des ponts à plusieurs arches Nf

Une voûte appuyée sur deux piles ne se comporte pas comme une voûte butée contre deux culées.

Les culées sont considérées généralement plus rigides et se sont elles qui s'opposent aux efforts laté-

raux statiques et dynamiques.

La rigidité des piles dépend de leurs dimensions. Une pile massive peut être proche d'une culée au

niveau de la résistance aux efforts latéraux.

Le facteur des ponts à plusieurs arches tient compte de la rigidité des piles et prend en considéra-

tion les ruptures par déplacement d'appuis. L'estimation de ce facteur peut être visuelle. On a besoin

de l'évaluer quand il s'agit d'un pont à plusieurs arcs (viaduc).

Voûte supportée par Nf

une culée et une pile 0.9 deux piles 0.8 deux piles massives 1.0 une culée et une pile massive 1.0

Tab. ‎0-5 - Facteur de ponts à plusieurs arches1

1 d'après l'UIC 778-3 R

152

Facteur dynamique f

Le coefficient dynamique est pris égal à 1.25

153

Annexe 2 bis – Méthode MEXE – Table de calcul

Nom Viaduc de St-Ouen

Ligne Argenteuil à Champs de Mars

Localisation km 011-949

Données du pont

h 0.70 m

d 0.90 m

L 12.50 m

rc 2.80 m

rq 2.43 m

Charge idéale

Qp 816 kN

Charge-

ment

F 1 kN

1- Facteur de géométrie

rq/rc 0.866 fs 0.46

2 - Facteur de matériau

Matériau Autres matériaux fm 1.00

3 - Facteur de joint

Epaisseur entre 6 mm et 12,5 mm fw 0.90

Etat du mor-

tier Bon fmo 1.00

fj 0.90

4 - Facteur de condition fc 0.70

5 - Facteur multi-voûtes

Type d'ap-

puis Une culée et une pile fn 0.90

6 - Facteur dynamique fφ 1.25

Facteur f 0.207

Charge admissible 169 kN

Capacité portante 168.85

154

Annexe 3 – Méthode REAM

La méthode REAM – "Railway Empirical Assessment Method" a été introduite dans des documents

de l'UIC pour l'évaluation d'un arc simple par "Bill Harvey Associates Ltd" [Z24]. Ce qui suit est une

synthèse de ce document.

Introduction

La méthode MEXE, approche traditionnelle à l'évaluation des ponts, a été utilisé par beaucoup

d'ingénieurs pour évaluer les ponts-voûtes en maçonnerie. Encore qu'elle soit simple d'utilisation,

elle peut donner des résultats aberrants qui nécessitent une poursuite de l'analyse. Utilisée par les

compagnies de chemin de fer, elle a été réadaptée par "British Rail" en 1970, mais les modifications

apportées ont induit des erreurs sérieuses dans le processus du calcul.

En plus de cela, les paramètres que la méthode MEXE nécessaires ne peuvent être donnés que par

une personne qualifiée. Elle demande un certain nombre de calculs qui la rendent difficilement util i-

sable sur le terrain. REAM est une nouvelle méthode empirique établie pour faire des évaluations

préliminaires des ponts-voûtes en maçonnerie. Celle-là ne nécessite qu'un minimum d'informations

et peut s'en passer de l'utilisation d'un appareil de calcul.

Les expressions données par la méthode REAM se basent sur une étude menées sur différents

ponts de portées allant de 2 m à 25 m, de rapport ouverture flèche allant de 1/2 à 1/8, de remplis-

sage allant de 0.5 m à 1.5 m d'épaisseur et de charges d'essieux allant jusqu'à 25 tonnes. Les résul-

tats ont servi à calibrer un diagramme qui s'appuie sur la règle de base pour évaluer l'épaisse ur d'un

anneau, présentée par Trautwine1 en 1876 dans son "livre de poche de des ingénieurs civils2".

Principe

La détérioration d'un pont en maçonnerie peut être due à plusieurs paramètres. En les comparant

aux ponts métalliques ou en béton, les ponts en arc sont plus sensibles à certains types de para-

mètres et moins sensibles à d'autres :

les ponts en maçonnerie sont considérés robustes et les charges sont rarement cause de leur rupture. Les sollicitations sont considérées pseudo-statiques et les charges dyna-miques sont prises en comptes par des facteurs d'impact que les ingénieurs se permet-

tent de réduire à partir d'une certaine épaisseur de remplissage. Le trafic génère souvent des fissures longitudinales, mais plusieurs ponts se comportent assez bien après l'appari-

tion de telles fissures.

Les ponts en maçonnerie sont détériorés avec le temps. Bien qu'ils soient lents, les mou-vements d'appuis sont difficiles à noter et leur effet sur les structures en maçonnerie est

très critique. Ce sont en général les mouvements d'appuis qui contribuent le plus à la déstabilisation des structures voûtées.

1 John Cresson Trautwine (1810 – 1883), ingénieur architecte et auteur américain.

2 TRAUTWINE John Cresson, "Civil engineers pocket book", 1871

155

La perte de matériaux cause l'affaiblissement des structures. Il y a perte de matériaux si l'étanchéité n'est pas assez efficace et laisse pénétrer l'eau. L'érosion du mortier par pé-

nétration d'eau est le plus connu des aspects de perte de matériaux. Il faut, de même, noter qu'une la maçonnerie saturée a beaucoup moins de résistance que la maçonnerie

sèche. La perte de matériaux peut être locale et cause la dislocation de quelques blocks ou globale et affaiblit toute la structure.

Les études qui ont abouti à la méthode REAM ont généralisé l'application de certaines règles de

base qui datent du XIXème siècle en les supplémentant de quelques outils de calcul et en modifia nt

certains facteurs pour prendre en compte les nouveaux chargements.

Deux processus d'analyse ont été utilisés. Un nouveau modèle de distribution de la charge sur les

voûtes a été développé pour faire des analyses initiales. Le modèle d'Archie-M a été utilisé pour ob-

tenir des résultats plus étendus. 300 résultats ont été obtenus, ce qui a permis de faire plusieurs

analyses. Il a été question de faire éviter les calculs. Un abaque a donc été réalisé permettant de

passer directement des paramètres principaux à une première approximation de la capacité portante

d'un pont.

Résultats

Règle de base de Trautwine

La règle de Trautwine pour l'épaisseur des anneaux a été établie en pieds. L'équivalent métrique de

sa relation est le suivant :

msR

d 06.02.7

(A.3 - 1)

avec :

R rayon de la voûte

s demi-ouverture

d épaisseur de l'anneau

Soit r le ratio ouverture flèche f

sr 2

f

fsR

2

22

et r

sf

2 (A.3 - 2)

On trouve après calcul la relation entre l'épaisseur à la clé, la flèche et l'ouverture :

156

06.02.7

2

4

2

r

rs

d (A.3 - 3)

qui peut être écrite de la manière suivante :

06.05.14loglog5.02loglog5.0log 1 rrsd (A.3 - 4)

Cette dernière écriture permet de réaliser l'abaque relatif à cette méthode. Ce qui suit est un dia-

gramme pour le calcul de m'épaisseur à la clé selon la règle de Trautwine :

Fig. ‎0-1 – Diagramme1 pour l'épaisseur de l'anneau selon la règle de Trautwine

1 Extrait de la note "Railway Empirical Assessment Method" [Z24]

157

Effet de la charge

L'application de plusieurs chargements sur des ponts à différentes ouvertures a permis d'obtenir le

diagramme suivant :

Fig. ‎0-2 – Facteur sur l'anneau de Trautwing en fonction de la charge1, (r = 2a/f = 4)

Le diagramme révèle une relation presque linéaire entre l'ouverture et le facteur sur l'épaisseur re-

quise par la règle de Trautwine. Seuls les ponts de courte portée ne respectent pas la linéarité. Il a

été admis que l'épaisseur de Trautwine correspond à un chargement de 25 tonnes sur l'axe. Un fac-

teur est établi pour gérer les chargements d'intensité plus faible.

La nature de la voûte a un grand effet sur les résultats. En effet, la même expérience qu’avant sur

des voûtes plein-cintre donne les résultats suivant :

1 Extrait de la note "Railway Empirical Assessment Method" [Z24]

158

Fig. ‎0-3 – Réduction de l'épaisseur de Trautwine en fonction de l'ouverture pour le plein-cintre

Effet du surbaissement – [ouverture / flèche]

Fig. ‎0-4 – Facteur de réduction de l'épaisseur de l'anneau en fonction du surbaissement et de la charge

L’effet du rapport ouverture / flèche est éminemment faible. Quoique pour des flèches impo r-

tantes, l’effet de l’ouverture est plus remarquable. Le diagramme [§ Fig. ‎0-1] montre une non-

linéarité marquante entre l’ouverture et l’épaisseur de l’anneau pour les voûtes en plein-cintre. Tel

est le cas pour un ratio ouverture flèche égale à 3.

159

Fig. ‎0-5 – Facteur d'anneau en fonction de la charge axiale pour différents ratios ouverture flèche

La relation entre le facteur de l’anneau1 et la valeur du chargement axial a été approchée par

l’équation suivante :

4.028.0 xFT (A.3 - 5)

où FT est le facteur de Trautwine et x est le chargement en tonnes [§ Fig. ‎0-5].

La relation établie entre le facteur d’anneau et le chargement permet de compléter l’abaque pré-

cédent [§ Fig. ‎0-1] pour permettre la correction de l’épaisseur donnée initialement par la règle de

Trautwine.

Effet du remplissage

Le facteur de l’anneau décroit approximativement linéairement en fonction de la profondeur du

remplissage. Les voûtes à faible surbaissement (o/f de 2 à 6)2 donnent des courbes proches de lignes

droites parallèles. Pour les voûtes très surbaissées, une petite réduction de l’épaisseur de l’anneau

implique une grande augmentation de la hauteur du remplissage. En fait, l’augmentation de la

charge permanente sur les fausses-arcades risque de générer de fortes contraintes sur la maçonnerie

de la voûte plutôt que de participer à la stabilité.

1 Facteur modifiant la valeur de l’épaisseur de l’anneau donnée par la règle de Trautwine dans un but d’optimisation

2 Inverse du surbaissement = Ouverture / Flèche =

f

a2

160

Fig. ‎0-6 – Effet du facteur du remplissage sur l'épaisseur de l'anneau - ouverture = 7,5m

Les droites pour les voûtes dont la valeur de O/F = 2 ; 3 ; 4 ; 5 ; 6 ont une pente de -0.09 et successi-

vement les ordonnées à l’origine 0.49 ; 0.53 ; 0.57 ; 0.59 ; 0.61. Cette progression est approchée par

la formule suivante :

2.0

0

243.0

f

aK (A.3 - 6)

où Ko est l’ordonnée à l’origine et 2a/f est l’inverse du surbaissement = ouverture / flèche

La relation entre la profondeur du remplissage et le facteur sur l’épaisseur de l’anneau s’écrit alors :

RT dKF 09.00 (A.3 - 7)

où dR est la profondeur du remplissage et K0 est donné dans la formule précédente.

Création de l’abaque de la méthode REAM

Le premier abaque [§ Fig. ‎0-1 page 156] donne l’épaisseur d’un anneau en fonction de l’ouverture

"s" et de l'inverse du surbaissement "ouverture / flèche" selon la règle de base de Trautwine. Une

reformulation de l'équation utilisée pour faire l'abaque va nous permettre de le modifier pour que

l'axe des épaisseurs d'anneau soit placé à droite [§ Fig. ‎0-7]. Cette nouvelle disposition de l'abaque va

nous permettre de le compléter pour prendre en compte les coefficients qui réduisent la valeur de

l'épaisseur de l'anneau de Trautwine.

161

5.14loglog5.02loglog5.006.0log rrsd

2log5.14loglog5.006.0loglog5.0 rrds

Fig. ‎0-7 – Changement de la disposition de l'abaque [§ Fig. ‎0-1] pour que "d" soit à droite

La valeur de "d" trouvée à l'aide du premier abaque est corrigée par l’équation ‎(A.3 - 7) pour tenir

compte de la participation du remplissage à la stabilité se la voûte. Il suffit maintenant de la réécrire

sous forme de logarithmes _ comme ‎0on a transformé l’équation ‎(A.3 - 1) en ‎(A.3 - 4) _ pour pouvoir

tracer un abaque permettant de corriger l’épaisseur de l’anneau.

L’équation ‎(A.3 - 5) permet de corriger la nouvelle épaisseur obtenue après la prise en compte de

l’épaisseur du remplissage pour tenir compte de la charge appliquée. Le principe est le même que ce

qui est décrit dans le paragraphe précédent. Sauf que dans la pratique, ce n’est pas une nouvelle

correction de l’épaisseur qu’on cherche, mais la charge qui correspond à l’épaisseur réelle. La figure

[Fig. ‎0-8] donne l’abaque final et explique son utilisation

162

Fig. ‎0-8 – L'abaque final de la méthode REAM

Utilisation de la méthode REAM

Le paramétrage de l’abaque se fait de gauche à droite en suivant les étapes suivantes

1. Mesurer l’ouverture de l’intrados et estimer le rapport ouverture flèche. Des méthodes pratiques

et utilisable sur le terrain peuvent être utilisées [§ Fig. ‎0-9]

Fig. ‎0-9 – Estimation du rapport ouverture flèche [Z24]

163

2. Vérification de la géométrie de la voûte. En fait, la méthode REAM implique uniquement la me-sure de l’ouverture. Par contre, il est nécessaire de s’assurer que la voûte n’a pas subit de défo r-

mation. Les piles et les culées doivent être parallèles et niveau. Le même principe de la technique vue à la figure Fig. ‎0-9 est applicable pour l’estimation de la déformée de la voûte.

Fig. ‎0-10 - Identification grossiaire de la géométrie de l'intrados [Z24]1

3. Estimation de l’épaisseur de l’anneau. Cela peut se faire aussi à l’aide d’un papier transparent

comme celui pour l’estimation du surbaissement et la définition de la géométrie.

Fig. ‎0-11 - mesure de l'épaisseur de l'anneau [Z24] 1

4. Tracer les points sur l’abaque [§ Fig. ‎0-8]. On dispose jusqu’à maintenant de la valeur de l’ouverture et du ratio ouverture flèche. La projection ligne passant par ces deux points sur le

troisième axe à partir de la gauche permet de lire l’épaisseur de l’anneau de base d1. Si cette épaisseur est plus grande que l’épaisseur réelle d, on affirme que le pont peut supporter une

charge axiale de 25 tonnes.

1 Traduit à partir de l’annexe 3 "Arch shapes" de la note développée pour l’UTC : "Railway Empirical As-sessment Method" [Z24]

164

5. Si d < d1 alors on mesure la hauteur du remplissage. La technique utilisée pour mes urer l’épaisseur de l’anneau [§ Fig. ‎0-11] peut être adaptée pour la profondeur du remplissage. La pro-

jection de la droite qui passe par cette dernière et par le point d1 sur le cinquième axe à partir de la gauche donne la valeur d2, l’épaisseur de l’anneau tenant compte du remplissage comme élé-

ment stabilisateur. Si d > d2 on s’arrête ici.

6. Si d < d2 on trace la droite passant par d2 sur l’échelle des épaisseurs modifiées pour le remplis-

sage et par d sur l’échelle des épaisseurs modifiées pour les charges. La projection de cette droite sur l’axe des charges permet de lire une charge inférieure à 25 tonnes. Cette dernière est alors la

capacité portante du pont en question.

Note de mesures

Les pages qui suivent donnent la forme officielle 1 de l’abaque de la méthode REAM, utilisable pour

évaluer la capacité portante d’un pont en maçonnerie sur le terrain.

1 Les pages officielles sont en anglais. La version qui suit est traduite à partir de l’annexe 4 "Record Sheet" de la note "Railway Empirical Assessment Method" [Z24]

165

166

REAM – Détails de pont

La figure à gauche est une vue en haut vers l'intrados d'une voûte. Les culées ou piles sont également montrées. Veuillez relever les fissures, perte de mortier ou matériau principal dans le carreau approprié avec indication de la taille et profondeur de perte. Marquez également les fissures avec leur amplitude et une largeur approximative. Veuillez photographier tous les défauts et marquer le centre de la photo sur le schéma avec un ordre, de tel sorte que l'ensemble des instants des prises en-registrés dans l'appareil soient utilisés pour relier les photos à leurs positions. Faites une marque sur chaque coin à un niveau choisi en projetant les niveaux à travers l'utilisation d'un laser monté sur un niveau à bulle. Montrez la hau-teur de chaque ligne de naissance par rapport à ces marquages. Mesurez l'ouverture sur chaque côté (de coin à coin des appuis) et les largeurs aux mêmes points. Veuillez également mesurer les deux diagonales si c'est possible. La géométrie est alors complètement définie. Mesures Ouverture gauche ___________________________ Ouverture droite ___________________________ Largeur A ___________________________ Largeur B ___________________________ Diagonale 1 ___________________________ Diagonale 2 ___________________________ Hauteur des naissances par rapport aux marquages : _____________ _____________ _____________ _____________ Estimations Ratio ouverture flèche ____________________ Épaisseur de l'anneau à la clé ____________________

Allure : Arc de cercle Tri-centrée Semi-Ellipse

168

Annexe 4 – Voûte – Calcul à la rupture

Introduction

Le logiciel voûte permet le calcul des structures voûtées selon la théorie du calcul à la rupture. Il

fonctionne selon un algorithme de calcul établi par le SETRA1. Il calcule la stabilité globale d’une

voûte en deux dimensions, tenant compte de sa géométrie, de la résistance et poids propre du maté-

riau constituant et des différentes charges appliquées sur une tranche unitaire du pont à étudier.

Le résultat obtenu à la fin d’un calcul est sous forme d’un coefficient de rupture correspondant à

une ligne optimale de compression. Le chargement, multiplié par le coefficient de rupture, informe

sur la capacité portante du pont. Comme le modèle de pont calculé est idéalisé dans le logiciel, les

avaries présentes dans la réalité et les problèmes d’usure et de vieillissement ne sont pas directe-

ment pris en compte. Le logiciel donne la possibilité d’introduire des résistances variables. Cela peut

être intéressant pour désigner les endroits des dégradations assez graves ou pour modéliser des

contre-voûtes. Dans le cas général, un coefficient de rupture de 3 sous pondération maximale est

convenu admissible dans le cas des ponts ferroviaires.

Éléments théoriques

Le calcul à la rupture consiste à définir un domaine par rapport auquel, si le chargement est à l'ex-

térieur, l'instabilité est certaine. Par contre, si le chargement est à l'intérieur, la voûte peut _ou peut

ne pas_ être stable.

J.M. DELBECQ2 a défini la méthode utilisée par les logiciels de calcul à la rupture dans laquelle, la

voûte est coupée en plusieurs voussoirs égaux d'épaisseur. Les joints entre les voussoirs n'ont ici

qu'une signification géométrique (surface plane entre deux blocs). Chacun de ces joints présente un

nœud auquel est lié un torseur (M;N;V). La stabilité est étudiée au droit de chaque joint en se basant

sur trois hypothèses principales :

Hyp1 : Le matériau de la voûte n'a pas de résistance en traction. Cette hypothèse est inté-

ressante pas le fait que la résistance en traction de la maçonnerie n’est pas maitrisée. En plus, les structures voûtées fonctionnent surtout en compression, cette hypothèse mettrait

donc du côté de la sécurité tout en permettant d’avoir des résultats significatifs.

1 DELBECQ, Jean-Michel. Les ponts en maçonnerie, constitution et stabilité. Bagneux : SETRA, 1982. Fasci-cule 3 – Guide pour l’utilisation du programme Voûte, 156p

2 DELBECQ, Jean-Michel. Analyse de la stabilité des ponts en maçonnerie par la théorie du calcul à la rupture. Thèse : E.N.P.C, 1983.

169

Hyp2 : Les pierres ou briques ont une résistance limitée en compression. Il faut par contre considérer la résistance du matériau "maçonnerie", composé de pierres et de joints.

Hyp3 : Un critère d'interface de type frottement de Coulomb est à considérer au droit des

joints. L'équation générale est tgNcV Mais la cohésion _ et parfois même l'angle

de frottement _ est négligeable dans les calculs étant donnée la faible influence de ce critère sur les structures maçonnées1.

Comme cela est annoncé précédemment, la voûte est stable si le torseur (M;N;V) appartient au do-

maine [T] appelé "domaine potentiellement supportable" :

tgNV

S

NhNM

VNMT0

1/,,

Avec

h la Hauteur d'un voussoir S la section du joint

σ0 la contrainte de résistance en compression φ l'angle de frottement de Coulomb

La définition du domaine potentiellement supportable impose que

N soit un effort de compression (N>0 selon la convention) Le centre de pression soit à l'intérieur du joint

1 HEYMAN, 1972

170

Annexe 5 – Ring – Analyse limite

1.1. Introduction1

Il a été mentionné par Kooharian (1952), Heyman (1966) que les théories de plasticité, formulées

initialement pour des structures en acier, peuvent être appliquées aux structures en maçonnerie

stables sous leur poids. En effet, on considère que la maçonnerie possède un comportement ductile.

La figure [Fig. ‎0-1] montre le principe d'un essai réalisé sur un poteau en maçonnerie. Le graphique

qui accompagne l'essai montre un comportement similaire entre la maçonnerie et l'acier.

Fig. ‎0-1 - Comportement d'un poteau sous l'effet de son propre poids2

La comparaison du comportement d'une colonne en acier et une pile en maçonnerie à mortier

faible permet de déduire que :

- La capacité de l'acier à se comprimer et à se tendre crée un moment plastique de résis-

tance. Le pilier en maçonnerie ne possède pas une capacité de moment comparable géné-rée par sa résistance.

- L'épaisseur et le poids propre du pilier signifient qu'il y a une résistance contre le bascu-lement qui se calcul d'une manière autre que celle de l'acier.

- Pourvu que les déplacements du pilier ne soient pas larges, la résistance de la maçonnerie

au basculement dans une section transversale donnée reste constante.

Ainsi, le comportement de la maçonnerie peut être considéré ductile. Cette condition est néces-

saire pour que la théorie de l'analyse limite puisse être appliquée.

1 Les éléments de l'introduction sont traduits à partir d'une publication de M. Gilbert dans le livre Arch'07 [Z26]

2 Extraite du livre de M. GILBERT "Limit state ring – Theory and modeling guide"

171

Les chapitres qui suivent présenteront la manière de fonctionnement du logiciel RING. Ils s'appuient

sur des livres de Matthew GILBERT, co-développeur de logiciel RING, qui donnent une approche à la

théorie et à la modélisation relative à ce logiciel. Pour plus de détail, § [Z26] et [Z07].

1.2. Éléments théoriques

Conditions d'application de l'analyse limite plastique

Les théorèmes de l'analyse limite plastique impliquent la satisfaction de certaines conditions 1. Si on

arrive à démontrer qu'un pont en maçonnerie les satisfait, les théorèmes permettraient de trouver

un encadrement à la charge de rupture.

- Condition d'équilibre – Les actions internes calculées doivent représenter un état d'équi-libre entre les chargements extérieurs et intérieurs.

- Condition du mécanisme – La structure doit subir suffisamment de relâchements pour se transformer en un mécanisme.

- Condition d'écoulement – À n'importe quel point du matériau, les contraintes ne doivent pas dépasser sa résistance.

Théorèmes de l'analyse limite plastique

Soit une structure subissant un chargement multiplié par un coefficient λ. Les trois théorèmes fon-

damentaux de l'analyse plastique sont comme suit :

- Théorème statique ou de la borne inférieure – Si pour tout facteur de charge λ, les condi-tions d'équilibre et d'écoulement sont satisfaites pour tout point de la structure alors,

I qui est inférieur ou égale au facteur de rupture p .

- Théorème cinématique ou de la borne supérieure – Si tout facteur de charge λ est égal au

travail fait par la dissipation de l'énergie plastique alors, S qui est supérieur ou égal

au facteur de rupture p .

1 D'après M. Gilbert [Z26] qui fait référence à Horne (1979).

172

- Théorème de l'unicité : Si pour tout facteur de charge λ, l'état interne de contrainte est tel que les conditions d'équilibre, de mécanisme et d'écoulement sont satisfaits alors, le fac-

teur de charge est égal au facteur de rupture p

Fig. ‎0-2 – Relation entre les solutions de la borne supérieure et de la borne inférieure1

Ligne de pression

Habituellement, on utilise les diagrammes des moments de flexion pour calculer les structures en

béton armé et en acier. Quand il s'agit de la maçonnerie, il devient difficile d'évaluer les moments de

flexion et de les interpréter à cause de la variabilité de l'intensité des forces normales et au change-

ment d'épaisseur. Il est toutefois plus évident de situer les excentricités des forces de compression2,

ou les pressions, à toute section transversale. La stabilité en insuffisance de la résistance aux co n-

traintes de traction est assurée si la ligne de pression se trouve entièrement à l'intérieur de la ma-

çonnerie.

1 Traduite à partir d'un article de M. Gilbert [Z26] publié dans ARCH'07.

2 Excentricité = Moment / Poussée

173

Fig. ‎0-3 - Ligne de pression suite à un calcul de stabilité de voûte avec RING

LA figure ci-dessus montre le mode de ruine d'une structure voûtée suite à un chargement au tiers

de sa portée. Les glissements entre blocs sont supposés nuls et la ruine se fait par rotation de blocs.

Nombre de relâchements nécessaires pour un mécanisme

Un nombre suffisant de relâchements sont nécessaires dans le but de permettre à la structure de

s'articuler et atteindre la ruine. Dans une structure squelettique, un nombre de 1r relâchements

(articulations) sont requis pour une ruine complète1, avec r est le nombre de redondances.

Pour une voûte sur appuis rigides on a 3r . Il faut donc 4 articulations pour atteindre la ruine. Un

pont de deux voûtes a 6r . Donc 7 articulations doivent être créées pour atteindre un mécanisme.

Il est à noter que des mécanismes incomplets ou sur-complets peuvent être rencontrés et quand

d'autres éléments que la structure de la voûte interviennent, le degré de redondance r augmente.

1 Selon la théorie de plasticité (Horne 1979)

174

Fig. ‎0-4 - Quelques exemples de mécanismes

La figure suivante montre quelques exemples de modes de ruine. Les articulations ne sont pas tou-

jours la cause directe des mécanismes.

5.3. Modèles de l'analyse limite discrète

5.3.a. Introduction

Les structures en arc peuvent être modélisées en utilisant l'analyse limite continue. Mais le fait que

les joints présentent en réalité des points faibles naturels a favorisé le recours à l'analyse limite dis-

crète.

Dans un modèle discret, la maçonnerie est idéalisée avec une série de blocs rigides légèrement plus

larges que les blocs réels pour tenir compte de l'épaisseur de mortier qui n'est pas forcément explici-

tement modélisé. Dans le but d'optimiser l'effort de calcul, les macro-blocs peuvent être utilisés au

droit des unités physiques. Cependant, il convient de s'assurer qu'une telle discrétisation n'affecte

pas significativement les modes de réponse prédits.

175

Le problème peut être posé sous la forme statique ou cinématique et peut se résoudre dans plu-

sieurs cas avec programmation linéaire. D'ailleurs, Il a été dicté 1 que le mode de rupture est le

même, qu'il résulte d'un calcul statique ou cinématique. En outre, les deux formes de calcul mène-

ront au même résultat p

pour une discrétisation donnée.

Il existe plusieurs formes de programmation linéaires. Celle utilisée par le logiciel RING s'appelle

"modern interior point linear programming2". Celle là est capable de résoudre des problèmes de

grande échelle. Dans le cas des voûtes, elle est utilisée pour étudier l'équilibre des joints entre

chaque deux bloc. L'algorithme de cette méthode est présenté dans le paragraphe qui suit.

1.3.b. Formulation mathématique de l'équilibre de joint

Gilbert détaille le principe de calcul utilisé par le logiciel Ring2.0. Il mentionne une différence entre

cette version qui utilise la programmation linéaire moderne du point intérieur citée au paragraphe

antérieur et les versions précédentes qui s'appuient sur la méthode de Livesley3.

Considérons b blocs rigides et c surfaces de contact (joints). La méthode consiste à maximiser le

facteur de charge λ [§ ‎1.2] défini par les trois équations ‎0, ‎0 et ‎0 :

Équilibre des contraintes :

PermExp

ffqB

Absence de la résistance à l'effort de tension

2

2

iii

iii

tnm

tnm

pour tout ci ,0

Non glissement entre blocs

1 D'après M. Gilbert [Z26] selon Charles et al. (1959)

2 D'après M. Gilbert [Z26] selon Vanderbei (2001)

3 Livesley R.K. (1978). Limit analysis of structures formed from rigid blocks. Int. Journ. for Num. Meth. in Eng., 12, 1853-1871.

176

iii

iii

ns

ns

pour tout ci ,0

Avec :

est le facteur de rupture

B est une matrice d'équilibre (3b x 3c)

q est le vecteur des forces de contact : cimsnq iii

T,1/,,

f est le vecteur des poids de blocs : ExpPerm fff

Permf est le vecteur des forces permanentes

Expf est le vecteur des forces d'exploitation

iii msn ,, sont les forces de contact dans le joint i et 0in (compression)

Fig. ‎0-5 - Forces de contact et caractéristiques de surface du joint1

Cela dit, les formules précédentes font l'hypothèse que les blocs sont infiniment résistants. Cette

hypothèse marche pour beaucoup de cas car souvent le joint rompt avant que la maçonnerie atteint

les limites de sa résistance. Toutefois, accepter cette hypothèse risque de surestimer la résistance de

la structure voûté. La résistance de la maçonnerie est alors prise en compte dans les calculs. Les for-

mules susmentionnées sont alors réadaptées pour tenir compte de la résistance finie des joints

comme le montre le paragraphe ci-dessous.

5.3.c. Prise en compte de la résistance de la maçonnerie

1 Extraite et traduite de la figure A1-1 de la référence [Z27]

177

La formule ‎0 impose que la ligne de posée soit à l'intérieur de la maçonnerie ou à la limite sur l'une

des lignes extrêmes. Cependant, comme la compression n'est pas nulle, plus si le centre de pression

sur un joint s'approche du bord, il fait tendre les contraintes normales à la surface de contact vers

l'infinie. L'encadrement de la contrainte normale admissible permet de trouver la formule ‎0 qui va

remplacer la formule ‎0.

b

nt

nm

b

nt

nm

i

i

i

i

i

i

i

i

0

0

2

2

pour tout ci ,0

Avec σ0 la résistance de la maçonnerie. Les autres grandeurs sont définies au paragraphe précédent

[§ page 175].

La formule limite le domaine des solutions du torseur des forces appliquées sur le joint à ce qui est

présenté dans la figure ci-dessous :

Fig. ‎0-6 - Enveloppe du domaine de rupture sur l'espace (mi , ni)1

Les contraintes dans la formule ‎0 ne sont pas linéaires. Puisque la méthode utilisée 2 implique un

calcul linéaire, un algorithme itératif pour affiner la représentation de l'enveloppe de rupture où cela

est nécessaire est utilisé dans le processus de calcul. Le détail de cet algorithme est présenté dans le

paragraphe suivant :

1 Extraite et traduite de la figure A3-1 de la référence [Z27]

2 Modern Interior Point Linear Programming

178

Algorithme pour approcher l'enveloppe de rupture

On se réfère à la formule ‎0 et à la figure Fig. ‎0-6 pour définir les paramètres de cet algorithme.

1. Pour tout contact i, on ajoute initialement trois contraintes linéaires : OA, OB et AB [§

Fig. ‎0-6].

2. On obtient une solution globale au problème de la programmation linéaire.

3. Pour tout joint i, on substitue la force ni de la dernière solution dans les contraintes de

l'inégalité ‎0. Si une contrainte est violée, on calcul le facteur de violation k i défini comme suit :

b

nt

n

mk

i

i

i

ii

02

4. Pour tout contact avec ki > 1 (i.e. violation), on ajoute une contrainte linéaire addition-nelle. (e.g. dans le cas du point x [§ Fig. ‎0-6], introduire une nouvelle contrainte linéaire

tangentielle à la contrainte non-linéaire au point x')

5. On itère depuis l'étape 2 jusqu'à ce qu'on obtienne la valeur maximale de k i inférieure à 1+tot, avec tot est la précision du calcul souhaitée.

Fig. ‎0-7 - Exemple de convergence des caractéristiques d'un problème [Z27] – (Figure A3-2)

5.4. Applicabilité du logiciel Ring

179

En plus des hypothèses mathématiques, il y a quelques données à prendre en considération pour

s'assurer de la significativité du calcul. Ce qu'il ne faut pas négliger, c'est de comparer le modèle à la

réalité. La géométrie prise en compte dans le calcul est idéalisée. Le facteur de charge est souvent

supérieur à la capacité portante réelle du pont. L'état du matériau, le risque de détérioratio n, les

conditions d'appuis et beaucoup d'autres facteurs influent sur la vie du pont et ne doivent pas être

négligées. C'est pour ça que les ponts sont dimensionnés avec un coefficient de sécurité 1 de l'ordre

de 3.

Les paragraphes qui suivent donnent des recommandations données par M. Gilbert dans son guide

de la théorie et modélisation2. Ces recommandations aident l'ingénieur à mieux interpréter les résul-

tats du calcul et à estimer leur fiabilité.

5.4.a. L'ouverture

Il est préférable d'utiliser Ring pour le calcul de ponts à arche simple ou multiple à petites et

moyennes ouvertures (de l'ordre de 20 à 30 m). Où les charges prévisibles ne sont pas négligeables.

Pour les ponts dont l'ouverture est supérieure à 30 m, les charges prévisibles deviennent négli-

geables devant le poids des éléments permanents et d'autres considérations deviennent plus impor-

tantes telles que l'usure de la maçonnerie à long terme à cause des concentrations accidentelles de

contraintes. En plus, la présence de hautes contraintes de compression risque de provoquer des dé-

formations de second ordre, rendant le facteur de charge de rupture calculé par Ring potentielle-

ment non-conservateur.

5.4.b. La forme de bloc

Ring propose des modèles de ponts réalistes avec la prise en compte du nombre d'arches et d'an-

neaux pour chaque arche. Cependant, le calcul considère des voussoirs de forme rectangulaire. Par

conséquence, Ring fournit un modèle moins réaliste d'arcs de maçonnerie de moellons disposés arbi-

trairement.

5.4.c. Les ruptures relatives aux contraintes

Ring peut ne pas être précis quant à l'évaluation de la capacité portante d'un pont dans l'un des

deux cas suivants :

1 Ce coefficient de sécurité élevé caractérise globalement tous les ouvrages ferroviaires gérés par la SNCF

2 Gilbert M. - Theory and Modeling Guide [Z27]

180

le pont est constitué d'un arc long (ouverture > 30 m) ou plat (ouverture/flèche > 6) et il est prévu que les déformations plastiques changeraient significativement la géométrie

du pont.

des parties du pont ont une réponse fragile qui risque d'empêcher la formation d'un mé-

canisme de ruine ductile.

Des solutions alternatives peuvent être utilisées pour encadrer la solution réelle dans de telles si-

tuations. Cependant, ces dernières sont compliquées à prévoir.

5.4.d. Profondeur de remplissage

Comme Ring a été calibré dans des situations où le remplissage est peu profond par rapport à l'ou-

verture de l'arc, pour les ponts ayant une profondeur ne dépassant pas la demi-ouverture, les résul-

tats seraient raisonnables. Si tel n'est pas le cas, les résultats doivent être considérés comme étant

très approximatifs. Souvent dans de tels cas, on trouve que la capacité portante du pont prévue est

en excès.

5.4.e. L'effet tridimensionnel

Les murs tympans se trouvant aux limites du pont peuvent le raidir et ainsi, supporter une partie de

la charge appliquée et transmise horizontalement par le remplissage. Mais généralement, si le pont

est assez large, l'effet des murs tympans devient assez minimal.

Comme le logiciel idéalise le pont en deux dimensions, les murs tympans ne sont pas modélisés.

Quoique l'utilisateur du logiciel peut définir la largeur du pont et choisir la loi de distribution de la

charge dans le sol1.

1 Distribution de Boussinesq ou uniforme

181

Annexe 6-bis – En-tête du code de calcul en APDL

5.5. Introduction

Cette annexe a pour but de montrer le début du programme du calcul qui consiste à définir les va-

riables paramétriques de la géométrie et les matériaux du pont modélisé en langage APDL pour le

logiciel de Calcul AnSys. En fait, la stratégie de ce code a voulu que tout le paramétrage soit fait au

niveau de cet en-tête et après la définition de toutes les variables vient la partie du code qui permet

de créer le maillage et lancer les calculs.

Celle manière d’écrire le programme est intéressante par le fait qu’elle facilite d’utilisation des ou-

tils d’assistance au paramétrage et rend le code lisible et accessible.

Dans ce qui suit vont être présentées les parties du code extraites du fichier original destiné à créer

les éléments et leur affecter les matériaux. Les valeurs numériques affectées à ces variables sont

données ici à titre significatif.

5.6. Paramétrage préliminaire

FINISH

/CLEAR,START

/PREP7

/graphics,full

! Non affichage des messages d’alerte

/UIS,MSGPOP,3

! Affichage des numéros des éléments

/PNUM,KP,0

/PNUM,LINE,0

/PNUM,AREA,0

/PNUM,VOLU,0

/PNUM,NODE,0

/PNUM,TABN,0

/PNUM,SVAL,0

/NUMBER,0

!*

/PNUM,ELEM,0

182

/REPLOT

! Coordonnées cartésiennes

CSYS,0

! Paramètre de maillage

n13=1

n14=2

n1=n13

n2=n13

n3=n14

n4=n14

n5=n14

n6=n13

n7=n14

n8=n14

n9=n13

n10=n14

n11=n14

n12=n13

5.7. Données géométriques

183

Fig. ‎0-1 - Rendu du logiciel Ansys définissant les différents éléments modélisés

5.7.a. Suivant X

Fig. ‎0-2 - Schéma longitudinal de du modèle du pont sous AnSys

! Portée

portee1=12.5

184

! Longueur totale

longtot1=15.

5.7.b. Suivant Y

(§ la figure ci-dessus [Fig. ‎0-2])

! Pont

!Niveau bas du pont

nivbpt1=12.357

!Niveau haut du pont

nivhpt1=17.057

! Voûte

! Niveau bas de la voûte

nivbvou1=12.357

! Niveau bas de la clé

nivbcle1=15.157

! Niveau haut de la clé

nivhcle1=16.057

! Hauteur de l'acrotère

hautacro1=0.85

5.7.c. Suivant Z

185

Fig. ‎0-3 - Schéma du découpage transversal

! Largeur du pont

largpt1=8.26

! Coordonnées des points transversaux

! Épaisseur acrotère

epaiacro1=0.85

Origine1=0

dist1=0.55

dist2=dist1+epaiacro1

dist4=largpt1/2

dist3=dist4-1

dist5=dist4+1

dist8=largpt1

dist7=dist8-0.55

dist6=dist7-0.85

5.7.d. Coordonnées points particuliers

186

Fig. ‎0-4 - Positions des points particuliers

! Point du cercle sur la pile

xb1=-7.5

yb1=14.787

!!! Pt du cercle extrados de la voute

!! Points donnés

! Point A

xa2=-5.25

ya2=15.174

! Point B

xb2=Origine1

yb2=nivhcle1

! Point C

xc2=-1*xa2

yc2=ya2

5.7.e. Autres données

! Nombre de voussoirs = Nombre pair et supérieur ou égal à 6 !

nbrvou1=20 !nbrvou1=min(6)

! Nombre de voûtes à modéliser

187

nbrvou2=1

! Hauteur des bandeaux

hbandeau=0.8

ysep1=nivbpt1+hbandeau

! Position exacte des rails

(§ la figure [Fig. ‎0-3])

zrail11=-1.6

zrail12=zrail11-1.5

zrail21=-largpt1+1.6

zrail22=zrail21+1.5

(§ la figure [Fig. ‎0-2])

! Profondeur des piles

profpile1=2.

!!! Largeur des culées

! Largeur de la culée gauche

largculgau1=2. ! Création des keypoints à la position 0

! Largeur de la culée droite

largculdroi1=2. ! Création des keypoints à la position finale

5.8. Données de matériaux

5.8.a. Introduction

Les données relatives aux matériaux sont également informées à l’en-tête du fichier de commande.

Cependant, elles ne sont affectées aux éléments qu’après les avoir réalisés. C’est pour ça que ces

variables ne sont exploitables qu’à la fin de la définition des volumes.

À priori, le modèle du pont se compose de quatre éléments principaux ;

Voûte Bandeau

188

Mur tympan Remplissage

Piles Culées

Chacun de ces éléments a son propre matériau. Un matériau dans cette configuration est sous

forme d’un décuple de paramètres présentés comme dans le code ci-dessous :

5.8.b. Données des matériaux

Matériaux

Voûte Bandeau M. Tympan Remplissage Piles Culées

Module d’Young eYoungV eYoungB eYoungT eYoungR eYoungP eYoungC

Coefficient de Poisson nuV nuB nuT nuR nuP nuC

Paramètre de confinement deltaV deltaB deltaT deltaR deltaP deltaC

Densité densV densB densT densR densP densC

Résistance en traction rtV rtB rtT rtR rtP rtC

Déformation au pic de

traction eptV eptB eptT eptR eptP eptC

Energie de fissuration en

traction gftV gftB gftT gftR gftP gftC

Résistance en compression rcV rcB rcT rcR rcP rcC

Déformation au pic de

compression epcV epcB epcT epcR epcP epcC

Energie de fissuration en

compression gfcV gfcB gfcT gfcR gfcP gfcC

Tab. ‎0-1 – Variables des paramètres des matériaux

Avec :

Symbole Désignation Unité

E Module d’Young MN / m2

nu Coefficient de Poisson -

delta Paramètre de confinement kN / m3

dens Densité kg / m3

rt Résistance en traction kN / m2

ept Déformation en traction m / m

gft Énergie de fissuration en traction kN / m2

189

rc Résistance en compression kN / m2

epc Déformation en compression m / m

gfc Énergie de fissuration en compression kN / m2

Tab. ‎0-2 - Désignation des paramètres des matériaux

Fig. ‎0-5 - Loi de comportement conventionnelle des matériaux du pont

5.9. Conditions aux limites

5.9.a. Introduction

Les conditions aux limites sont les différentes raideurs au pied de chaque appui 1. Trois variables

sont définies par appui. Leurs valeurs correspondent aux raideurs surfaciques dans les trois direc-

tions (X, Y, Z)

5.9.b. Variables des conditions aux limites

Les variables des raideurs s'écrivent sous la forme suivante :

raidp<index d'appui2><direction3>

1 Pile ou culée

2 0 est l'index de la culée gauche

3 X, Y ou Z du repère local lié au pied de l'appui

190

raidp0x=2

raidp0y=2

raidp0z=8

raidp1x=1

raidp1y=3

raidp1z=8

5.10. Chargement

5.10.a. Introduction Il y a quatre chargements définis dans le logiciel :

Poids propre Charge ponctuelle

Train Dénivellation d'appuis

A chacun de ces chargements correspond un coefficient qu'on peut faire varier dans le temps pour

faire plusieurs combinaisons de charges. Une liste de temps / coefficient est définie pour chaque

chargement.

5.10.b. Listes des temps et coefficients

Les variables des listes sont définies comme indiqué dans le tableau ci dessous

listpptps0=0

listpptps1=1

listpptps2=2

listppcoef0=0

listppcoef1=1

listppcoef2=2

listcptps0=0

listcptps1=1

listcptps2=2

listcptps3=3

listcpcoef0=0

listcpcoef1=2

191

listcpcoef2=1

listcpcoef3=3

listtrtps0=0

listtrtps1=2

listtrtps2=5

listtrcoef0=0

listtrcoef1=5

listtrcoef2=2

listdatps0=0

listdatps1=1

listdatps2=2

listdatps3=3

listdatps4=4

listdatps5=5

listdatps6=6

listdacoef0=0

listdacoef1=1

listdacoef2=4

listdacoef3=9

listdacoef4=16

listdacoef5=25

listdacoef6=36

!___________________

! Données des trains

!traintr=TGV

postraintr0=0

postraintr1=1.5

postraintr2=3.2

postraintr3=5

postraintr4=12.5

chargetraintr0=5

chargetraintr1=12.5

chargetraintr2=4.5

chargetraintr3=10

chargetraintr4=6

192

!_________________________________

! Position de la charge ponctuelle

positioncp1=6

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

!!! Fin des données appuis par l'utilisateur !!!

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

!!! Données du calcul fournis par l'utilisateur !!!

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

!_______________

! Type d'analyse Statique[0] - Temporelle[1]

typeanalyse1=0

!_______________

! Type de calcul Position défavorable[0] - Linéaire[1] - Non linéaire[2]

typecalcul1=1

!__________________________

! Liste des temps de calcul

listtpscal0=0

listtpscal1=1

listtpscal2=2

listtpscal3=3

listtpscal4=4

listtpscal5=5

listtpscal6=6

!________________________

! Liste des pas de calcul

listpascal0=2

listpascal1=2

listpascal2=4

listpascal3=4

listpascal4=1

listpascal5=1

193

!__________________________________________

! Liste des nombres des temps à sauvegarder

listnbrtpssvd0=1

listnbrtpssvd1=1

listnbrtpssvd2=2

listnbrtpssvd3=2

listnbrtpssvd4=1

listnbrtpssvd5=1

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

!!! Fin des données du calcul fournis par l'utilisateur !!!

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

194

195