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Siège social: Douala-Cameroun Tel :(+237) - 243526139/699564172 Mail :[email protected] Mbouo-Bandjoun, les 10 et 11 novembre 2016 Par Michel Ferdinand Journaliste Quotidien Mutations Chef Agence Ouest/Nord-Ouest Président Section Ouest du SNJC Coordonnateur Général Emérite CMO Cel : (237) 699-504-659 / 670-074- 516 Email : [email protected] RAPPORT DE L’ATELIER DE FORMATION DES JOURNALISTES SUR LES FONDAMENTAUX DU JOURNALISME ET DE LA DEMOCRATIE A L’OUEST- CAMEROUN

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Siège social: Douala-Cameroun

Tel :(+237) - 243526139/699564172 Mail :[email protected]

Mbouo-Bandjoun, les 10 et 11 novembre 2016

Par Michel Ferdinand

Journaliste Quotidien Mutations Chef Agence Ouest/Nord-Ouest Président Section Ouest du SNJC Coordonnateur Général Emérite CMO Cel : (237) 699-504-659 / 670-074- 516 Email : [email protected]

RAPPORT DE L’ATELIER DE FORMATION DES JOURNALISTES SUR LES FONDAMENTAUX DU

JOURNALISME ET DE LA DEMOCRATIE A L’OUEST-CAMEROUN

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démocratie à l’Ouest- Cameroun, 10 et 11 novembre 2016 2

Sommaire

Liste des abréviations ............................................................................................................... 3

Introduction ...................................................................................... Erreur ! Signet non défini.

1.Objectif de l‘atelier .................................................................................................................... 5

1.1 Objectif principal .................................................................................................................. 5 1.2 Objectifs spécifiques ............................................................................................................ 5

1.3 Résultats attendus…………………………………................................................………..5

1.4 Méthodologie de travail ..................................................................................................... 5

2.Séquence introductive ........................................................................................................ 6-7

3. Module 1: Déontologie et éthique journalistiques…………...……………………….8-11

4. Module 2: Responsabilité sociale du journaliste………………………………….…12-17

5. Module 3: Droit des médias…………………………………………………………..18-24

6. Module 4: droit de l'information et accès des citoyens à l'information…………....25-29

7. Module 5: Culture et protection des sources……………………………………..….30-33

8. Module 6: Journalisme et démocratie…………………………………….…….……34-37

9. Travaux en groupe………………………………………………..……………….…..38-40

10. Recommandations…………………………………………………………………...…..41

11. Evaluation de l'atelier………………………………………………………………...…42

Conclusion ............................................................................................................................... 43

Annexes .............................................................................................................................. 44-47

Annexe A : Programme de l’atelier

Annexe B : Liste des participant (e )s Annexe C : Coupures de presse

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Liste des abréviations

ADISI Association pour le Développement Intégré et la Solidarité Internationale

CNC Conseil National de la Communication CPF Centre Polyvalent de Formation CRTV Cameroon Radio and Television DP Directeur de la Publication DUDH Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ESSTIC Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l’Information et de la

Communcation NED National Endowment for Democrraty ONU Organisation des Nations Unies RC Radio Communautaire REJODE Réseau des Journalistes pour le Développement et la Démocratie SNJC Syndicat National des Journalistes du Cameroun SOPECAM Société de Presse et d’Editions du Cameroun SMIG Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti STV Spectrum Television TDR Termes de Référence UJC Union des Journalistes du Cameroun UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture

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En date du 10 et 11 novembre 2016, le l’Association pour le Développement Intégré et la Solidarité Nationale (ADISI-Cameroun) a organisé un atelier de formation des journalistes sur le fondamentaux du journalisme et de la démocratie dans la Région de l’Ouest-Cameroun. Ledit atelier, qui s’est tenu dans la salle des travaux du Centre Polyvalent de Formation (CPF) de Mbouo près de Bandjoun, a bénéficié de l’appui financier du National Endowment for Democraty (NED). Pendant deux jours, une vingtaine de participant (e)s, essentiellement jeunes femmes et hommes de médias, veuves, ont changé avec des personnes ressources retenus pour s’approprier des pré-requis pouvant leur permettre de mieux jouer leur rôle en démocratie. Les participant (e)s à cet atelier sont en activité dans les médias à couverture locale et nationale, aussi bien du secteur public et privé que des différents segments des médias : presse écrite, radio, télévision et presse cybernétique. Le rapport narratif ainsi soumis aux participant(e)s et au partenaire, essaye de restituer les principaux modules ayant été abordés lors de cet atelier.

Introduction

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1.1 Objectif principal

Contribuer au renforcement et à la consolidation du droit à l’information du journaliste et du citoyen ordinaire et renforcer par conséquent l’un des piliers de la démocratie qu’est la liberté d’expression et le droit à l’information

1.2 Objectifs spécifiques

Rappeler aux journalistes les textes fondamentaux de leur profession (code déontologique, droit des médias, source et information etc) ;

Renforcer les capacités du journaliste sur son potentiel de pilier de la démocratie

1.3 Résultats attendus

Il est attendu des participants à la fin de cette session :

Une appropriation des textes de base du journalisme ; Une prise de conscience du journaliste comme pilier de la démocratie ; La formulation des recommandations adressées aux instances de la République en

vue d’améliorer le travail du journaliste au Cameroun

1.4 Méthodologie de travail

La méthodologie de travail adoptée a consisté à : Des présentations en plénière ; Des échanges ; Des travaux de groupe ; Des restitutions en plénière

1. Objectif de l’atelier

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La séquence introductive s’est articulée autour des points ci-dessous :

2.1 Mot introductif du Coordonnateur du REJODE-CAM

A ce sujet, le Coordonnateur du Réseau des Journalistes pour démocratie et le développement du Cameroun, Christian Djomo, a remercie ADISI d’avoir associé deux organisations socioprofessionnelles de journalistes, à savoir le REJODE-CAM et la Section Ouest du Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC) dans l’organisation du présent atelier. Tout comme M. DJOMO a souhaité que les participant (e)s en tirent le maximum de connaissances pour améliorer leurs productions journalistiques. 2.2 Intervention du Secrétaire Exécutif d’ADISI Dans ses propos de circonstance, le Secrétaire Exécutif d’ADISI, Paul-Joël Kamtchang, après quelques civilités d’usage, a surtout insisté le rôle du journaliste en démocratie, rôle qui n’est pas toujours perçu de tous les pratiquants du plus beau métier du monde : « La démocratie n’a de sens que si l’accès à l’information est garanti. Il en va de même de la liberté d’expression. Or au Cameroun il y a des menaces sur la liberté de presse et des problèmes d’accès à l’information », a-t-il analysé. Tout en poursuivant : « Il faut davantage sensibiliser les journalistes qui sont la boussole de la société, puisque les citoyens n’ont pas la même technique ou technicité d’accès à l’information, ils n’ont pour seul recours que les médias ».

Le Secrétaire Exécutif d’ADISI n’a pas manqué de revenir sur le contexte ayant justifié l’organisation d’une série d’ateliers du même genre :

« Selon les chiffres du Ministère camerounais de la Communication, le paysage médiatique de notre pays est constitué d’environ 700 titres de journaux pour ce qui est de la presse écrite. Environ 30 seulement paraitraient régulièrement dont 6 des 8 quotidiens. Il faut y ajouter les bihebdomadaires et les autres périodiques à parution occasionnelle. On dénombre aussi une cinquantaine de radios parmi lesquelles des chaines privées/commerciales, communautaires, confessionnelles et publiques. Une vingtaine de télévisions privées, confessionnelles et publiques et autant de portails d’information dont la plupart ont leur base en Europe et aux Etats-Unis. Avec un nombre non répertorié de journalistes qui entrent tous les jours dans la profession du fait du chômage endémique que connait le Cameroun ; entre 25 et 30% selon le Fond national de l’emploi (FNE) et un peu plus de 70% de sous-emploi. Des organisations du secteur des médias indiquent en effet, qu’on assiste à une floraison des titres à la veille d’évènements importants tels que les élections, des inaugurations et poses de première pierre etc. Dans la même veine, le niveau économique des médias reste un grand défi à relever. Des journalistes cumulant des mois sans salaire, d’autres sous-payés où des journalistes pleinement formés mais mal payés. Par Ailleurs, certaines entreprises de presse sont des écuries familiales et pendant que dans d’autres la sécurité sociale n’a aucun sens, elle est même inexistante. Tout ce cocktail est donc à l’origine des dérives qu’on constate dans la presse au Cameroun. Mêlant corruption, incompétence notoire et traitement léger de l’information. Vu sous cet angle, c’est le lecteur qui représente un danger social car, bien informé il est formé et mal informé, il est un danger pour la société. A cela, il faut indiquer que la situation des journalistes en 2014 au Cameroun charrie beaucoup de méditation. Des interpellations, des emprisonnements, aux intimidations, parfois en violation flagrante du code pénal.

2. Séquence introductive

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Autant de tableaux qui n’honorent pas la démocratie camerounaise, la liberté d’expression, le droit à l’information pourtant protégés dans la constitution camerounaise et par les textes supranationaux ratifiés par le Cameroun. C’est cette situation qui fait que Reporter Sans Frontière classe le Cameroun 131ème pays ». Il était donc temps d’agir, et l’ADISI a mis des actions en œuvre dans des villes camerounaises qui concentrent un nombre important de professionnels de média dont Bafoussam.

Le panel constitué Par la suite, le facilitateur du jour, Christian Djomo, a procédé au choix des rapporteurs pour les deux jours consacrés à cet atelier. 2.3 Désignation des rapporteurs

Cette phase s’est faire sur la base des propositions, d’autant que les uns et les autres ont voulu que la tâche soit confiée à quelques personnes connues pour leur ponctualité et assiduité. C’est ainsi que le rapportage du premier jour a été confié au duo Flore Kamga (journaliste à Stv) et Vivien Tonfack (représentant du quotidien La Nouvelle Expression à l’Ouest). Quant au second jour, les préférences du groupe de participant (e)s ont porté sur Alice Simeu (journaliste à la Radio Communautaire de Bafoussam 2) et Yannick Fotso (journaliste à Radio Batcham Fm).

2.4 Désignation du time-kipper

Les participant (e)s ont, presque à l’unanimité, jeté leur dévolu sur Xyste Corneille Noumessi, reporter à la Radio Universitaire Tankou (RUT). Tout laisse croire que sa rigueur, assortie de sa flexibilité, a joué en sa faveur.

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Le premier module de cette formation a été présenté et animé par M. Fomo Eric Vincent, chef d’Agence Ouest-Cameroun de la Société de presse et d’éditions du Cameroun (SOPECAM), productrice du Quotidien gouvernemental Cameroon Tribune. Le contenu de sa présentation se présente ainsi qu’il suit :

3.1 En guise d’introduction

Ce matin, j’ai été chargé de vous entretenir sur un thème fort évocateur et qui renvoie à

l’essence même du journalisme dans le monde. En effet, lorsqu’on scrute les détails liés à ce

métier, au delà des notions de collecte, traitement et diffusion de l’information, on note les

notions d’objectivité, de véracité des faits qui font la caractéristique et la crédibilité du

journaliste et de son médium. Toute personne qui se dit journaliste doit se rassurer qu’elle

respecte l’éthique et le code de déontologie de cette profession hautement délicate et

considérée, à juste titre, comme le quatrième pouvoir. C’est le respect de ces notions qui

permet au journaliste de produire une information de qualité, objective et qui va dans l’intérêt

de la profession et de son intérêt lui-même. De plus, la déontologie et l’éthique entrent dans

le cadre normatif du droit positif. De ce fait, il y a des mesures coercitives et répréhensives

en cas de faute avérée. Notre plan de travail s’articule donc autour de ces deux concepts.

3.2 La notion de déontologie professionnelle en journalisme

Selon Nta A Bitang, enseignant de journalisme à l’Ecole supérieure des Sciences et

techniques de la communication (ESSTIC), la déontologie est un ensemble de règles

éthiques et déontologiques que les professionnels se fixent librement et se donnent de les

respecter pour mieux protéger leur profession. La déontologie du journalisme est définie par

deux textes de référence, dont l'un a été approuvé par l'ensemble des syndicats de

journalistes européens. Il s’agit de la Charte de Munich ou Déclaration des devoirs et des

droits des journalistes adoptée en novembre 1971 à Munich en Allemagne. Ce code de

déontologie comme ceux des autres professions dans l’ensemble, fixe les devoirs des

professionnels, avec leurs obligations et les limites de leur action.

Chaque pays a son code de déontologie dans le domaine du journalisme. Au Cameroun, il

existe deux codes déontologiques. Celui adopté le 16 octobre 1996 à Douala par l’Union des

Journalistes du Cameroun (UJC), et le code étatique rendu exécutoire par le décret n°

92/313/PM du 24 septembre 1992 du Premier Ministre conformément à l’article 48 de la loi

du 19 décembre 1990 sur la liberté de communication sociale. La spécificité du Code du

gouvernement réside en ce qu’il ne contient que des devoirs. Le code de l’UJC quant à lui

est inspiré par la Charte de Munich. Il se distingue du code de 1992 par le fait qu’il comporte

non seulement des devoirs auxquels sont soumis les journalistes, mais également des

droits. Il a également prévu un organe disciplinaire chargé de sanctionner les manquements

au Code : la commission d’éthique et de discipline.

Les principes qui sous-tendent cette déontologie sont entre autres : le respect de la vérité ; le devoir de rectification ; l’interdiction de déformer les faits dans le traitement de l’information ; l’exigence d’un haut degré d’intégrité et de résistance aux pressions de

3. Module 1 : Déontologie et éthique journalistiques

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quelque pouvoir que ce soit ; l’interdiction d’accepter des cadeaux, des voyages gratuits ou des privilèges à titre personnel ou des pots de vins ; la recherche loyale de l’information par des voies légales ; le devoir de confraternité ; l’objectivité et la responsabilité ; le respect de la dignité et de la personne humaine ; etc.

Une attitude de M. Fomo

De tous ces principes, je voudrais insister sur le respect de la vérité. Ce principe est le cœur même des principes fondamentaux du journalisme, c’est-à-dire que le premier devoir de l’informateur est de ne dire que ce qui est vrai, de ne livrer qu’une information exacte, vérifiée et vérifiable. Ce principe est prévu à l’article 7 du code du Premier ministre et à l’article 1er du code de l’UJC. Les deux textes interdisent aux journalistes de « publier une information douteuse, fausse et lui enjoignent de livrer au public une information vraie, honnête dont l’origine est connue et vérifiable ». En d’autres termes, il ne faut publier que des informations exactes, fondées, vérifiées et vérifiables. Dans le doute, il faut s’abstenir pour ne pas tomber sous le coup d’une condamnation pour propagation de fausse nouvelle, fausse nouvelle ou diffamation des articles 113, 240 et 305 du Code pénal. Ce principe est régulièrement violé. Le dernier cas en date remonte au 21 octobre dernier, lorsque les réseaux sociaux ont annoncé un vrai faux incendie à l’aéroport de Bafoussam-Bamougoum.

Je peux également évoquer l’interdiction d’accepter des cadeaux, des voyages gratuits ou des privilèges à titre personnel ou des pots de vins. Ici, de nombreuses dérives sont également observées. De nombreux journalistes font aux frais d’un client des voyages de presse, reçoivent des cadeaux et parfois un peu d’argent pour salir quelqu’un ou pour le blanchir. Des chasseurs d’info que sont les journalistes deviennent des chasseurs de magot. Le bon papier est celui qui rapporte une poignée de francs CFA à son auteur ou au directeur de publication. De nombreux articles ressemblent à des publireportages clonés, les contre enquêtes sont plus nombreuses que les vraies enquêtes)

La recherche loyale de l’information par des voies légales. C’est aussi un principe régulièrement violé. De nombreux journalistes dissimulent souvent leur état, n’évoluent pas à visage découvert, usent de chantage et de corruption pour avoir des informations, enregistrent une conversation avec un appareil dissimulé.

Le devoir de confraternité, l’objectivité et la responsabilité : Le code du Premier Ministre et celui de l’UJC interdisent de calomnier les confrères, de médire d’eux et de se faire l’écho de propos de nature à leur nuire dans l’exercice de leur profession.

Le respect de la dignité et de la personne humaine : le préambule du Code du Premier Ministre et l’article 3 de l’UJC disposent « qu’aucune publication ou diffusion ne doit porter atteinte à la dignité humaine, que la vie privée doit être respectée ». Or, dans de nombreux medias, vous verrez publiées des images représentant des personnes dans un état de détresse, des images ou photographies centrées sur des corps déchiquetés, des images des personnes suspectées d’avoir volé et qui sont mises à mort avec une roue autour du coup, et sur laquelle on verse du carburant ou qui sont mis à mort par des foules excitées et des passants. Cela n’est pas normal. C’est inadmissible. La dignité humaine comprend aussi l’honneur et la considération qui peuvent être atteints selon l’article 9 du code du Premier Ministre et l’article 3 de l’UJC « par la publication ou la diffusion d’informations diffamatoires calomnieuses, offensantes, insinuantes ou injurieuses et qui sont considérées comme les pires fautes professionnelles ». Ce principe renvoie au respect de l’honneur et

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de la considération des gens protégées par les articles 153, 305 et 306 du code pénal réprimant les outrages, la diffamation et les injures.

Une vue des participant(e)s

Le métier de journaliste étant catalogué comme l’expression par excellence de la liberté, il doit s’arrimer au principe selon lequel « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». C’est ainsi qu’on observe que pour des manquements déontologiques tel que la diffamation, l’injure, le mensonge, des journalistes selon le code pénal, peuvent écoper des sanctions allant des peines d’emprisonnement ferme variant de 3 mois à 3 ans et des amendes variant de 20 000 à 100 000 francs CFA. Ceux qui portent plainte se disent le plus souvent déterminés à restaurer leur honneur ou leur réputation. Ce qui pousse les journalistes à apporter la preuve de la véracité de leurs diffusions. Même les textes internationaux évoquent les notions de sanctions pour des fautes de manquement déontologiques en journalisme. On l’observe avec le pacte international de l'ONU du 16 décembre 1966. La charte de Munich aussi.

3.3 L’éthique professionnelle en journalisme

L’éthique a d’abord fondamentalement, une définition philosophique. On oppose l’éthique à

l’esthétique en littérature. Là où l’esthétique se contente de rechercher le beau, l’éthique va

en profondeur. Ceci pour permettre de clarifier, d’accorder les consciences sur le meilleur

selon la vision philosophique. L’éthique fait appel à des valeurs, à la conscience de ce qui

est noble ou infâme, bien ou mal, à faire ou à ne pas faire. L’éthique qui est subjective

détermine ce qu’il faut faire et pourquoi. Elle fait appel à la morale.

On évoque la notion d'éthique en journalisme pour ressortir la principale mission du

journaliste qui est de servir l'intérêt public en étant loyal envers ses concitoyens, en

recherchant la vérité et en diffusant de bonnes informations. Une déclaration ou des

nouvelles dans la presse sont dites de qualité lorsque celles-ci ont été faites et/ou diffusées

dans le respect du vrai et reposant sur des actes dont l'authenticité a été vérifiée. La

publication des informations doit être faite en toute impartialité. Une situation peut être ainsi

présentée sous différents angles et points de vue. La défense de la liberté de circulation des

informations fait en outre partie des attitudes éthiques du journalisme. Dans ce sens, le

journaliste se doit d'exercer en gardant son autonomie par rapport aux pouvoirs étatiques ou

économiques. C’est ainsi qu’on invite par exemple le journaliste par principe d’éthique, au

respect de la vie privée, du droit de défendre l’adolescence, de protéger et d’être solidaire à

l’égard de l’armée et de sa nation…

Il est ainsi recommandé au journaliste de faire son métier, d’assumer sa mission

journalistique tout en ayant en considération l’intérêt humain, la primeur de la primauté de

l’humanité. Ceci parce que le journalisme joue un rôle fondamental dans une démocratie,

dans la construction de l’Etat, dans la structuration et le suivi de l’ouvrage du développement

car il permet le renforcement des valeurs propres à ces notions. Notons ainsi le rôle de ce

dernier qui est fondamental dans la mise en œuvre du droit de savoir des citoyens dans un

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Rapport de l’atelier de formation des journalistes sur les fondamentaux du journalisme et de la

démocratie à l’Ouest- Cameroun, 10 et 11 novembre 2016 11

pays démocratique. Dans cette optique, l'éthique du journalisme voudrait également que

l'informateur ne fasse pas une sélection compromettante des informations qu'il a à diffuser

en traitant ainsi tous les aspects de la vie de la société. De même, dans un souci d'équité, le

journaliste ne doit faire aucune distinction de son lectorat en traitant chaque lecteur

pareillement. Mis à part son rôle d'informateur, le journaliste œuvre pour la démocratie en

éclairant son lecteur sur certains points de la vie politique ou sociale de la société ou du

monde. Enfin, s'interdire l'usage des moyens déloyaux, s'obliger à toujours vérifier la

provenance de ses informations ou encore s'interdire de faire diffuser ou non des

informations moyennant paiement ou quelques privilèges qui soient, sont quelques unes des

règles professionnelles à suivre par tous les journalistes en quête de respectabilité. Les

patrons d’entreprises de presse et les éditeurs, eux, doivent s'assurer que leurs journalistes

travaillent dans le respect des valeurs éthiques de la profession. En tout état de cause, le

journaliste doit être réfractaire aux pressions externes diverses qu'il ne manquera pas de

rencontrer au cours de sa profession. Il ne reçoit ainsi des consignes de rédaction que de

son éditeur. L’éthique est aussi en mouvance avec une quête permanente du bien être. La

quête éthique doit s’accommoder aux préoccupations suivantes qu’on se pose en questions

: « que faire, quoi faire, comment faire pour bien faire ? » En tenant compte de l’impact de

ses décisions sur les autres. L’éthique consiste donc à prendre en considération les

conséquences de ses décisions sur l’ensemble des parties prenantes à l’activité.

L'éthique professionnelle peut être abordée par les valeurs (textes, codes) ou par les vertus.

L'approche par les vertus permet de comprendre la dimension éthique des décisions de

façon cohérente et structurée. Elle présente des avantages en termes de méthode. Les

vertus étant des dispositions à agir, elles permettent une déclinaison de l'éthique en

comportements de référence, dans un métier donné. Ces vertus, au nombre de six sont

considérées comme cardinales. Ce sont : la compassion, l’altruisme, la tempérance, la

prudence, la justice, le courage. L’UNESCO a, d’ailleurs, en 1983, avec la collaboration

d’organismes internationaux de journalistes professionnels, approuvé un Nouveau code

international de l’éthique journalistique.

3.4 En guise de conclusion

Tout au long de notre exposé, nous nous sommes attelés à montrer l’importance de l’éthique et de la déontologie dans l’exercice de la profession de journaliste. Le journaliste qui veut être crédible à travers les informations qu’il donne doit être à même de maîtriser et respecter ces notions. Car, en fin de compte, ce qui est important pour un journaliste, c’est qu’il soit reconnu pour son professionnalisme et son attitude exemplaire qui concourent à faire avancer la société dans le respect des valeurs et des mœurs.

3.5 Echanges

Après la présentation faite par M. Fomo Eric Vincent, la phase des échanges a permis aux uns et aux autres d’améliorer leur compréhension de la problématique. La principale préoccupation a porté sur la précarité dans la pratique du métier et le respect de la déontologie ou de l’éthique dans l’environnement médiatique camerounais. Sur le sujet, les débats ont été assez houleux, pour déboucher sur une attitude consensuelle : un journaliste ne peut pas justifier un mauvais papier par le fait qu’il n’est pas bien payé.

Au terme de cette phase, les participant (e)s et formateurs du jour ont observé une pause-café, avant d’embrayer sur le module suivant.

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A l’issue de la pause-café du jour, les participant (e)s sont revenue(s) dans la salle des travaux pour cogiter sur le second module, préparé et présenté par M. Olinga Ndoa Joseph, chef d’Agence du quotidien à capitaux privés « Le Messager » dans les régions de l’Ouest et du Nord-Ouest au Cameroun. Globalement, on en retient ce qui suit :

4.1 En guise d’introduction La mission d’information du citoyen reconnue par la Déclaration universelle des droits de l’Homme et la constitution du Cameroun comporte des droits et des devoirs pour le journaliste et les publics. C’est en ce sens que la notion de responsabilité intervient et, s’avère indispensable à la pratique de la profession de journaliste. A travers le monde et au Cameroun en particulier, la responsabilité sociale du journaliste et des médias fait l’objet de débats multiples. Son appréciation par les journalistes eux-mêmes, les publics, les chercheurs et les gouvernants ne fait pas toujours l’unanimité. Il en est de même de sa prescription et de son opérationnalisation. Construite et structurée au gré des intérêts, des perceptions et des contextes, elle parait à son stade actuel difficilement opposable aux journalistes et aux médias traditionnels. A l’évidence, la responsabilité sociale des médias, formulée par la loi sur la communication sociale ainsi que de nombreuses chartes déontologique dont celle de l’Union des journalistes du Cameroun (UJC), dans le contexte sociopolitique et économique actuel se révèle incapable d’assurer la qualité de l’information et la production d’une information objective. La question que nous abordons a souvent suscité des critiques chez les professionnels des médias. Il y a un reproche permanent qui est souvent fait aux universitaires et autres chercheurs en la matière. Accusé à tort ou à raison d’adopter une posture trop critique et en déphasage avec la réalité de la question dans le contexte camerounais. La même posture est adoptée face aux gouvernants. Accusés de vouloir pencher les dispositifs réglementaires à son profit. Nous vous invitons à un exercice d’ensemble, celui qui consiste à aborder la question sans les interférences des universitaires, des publics et des gouvernants. La question ici est de donner un contenu objectif et pertinent à la notion de «Responsabilité sociale du journaliste». L’objectif étant de nous approprier les critiques souvent soulevées, afin de sortir du concept théorique pour aborder les voies permettant d’en faire une réalité dans l’exercice de notre profession au quotidien. 4.2 Essai de définition L’expression qui justifie le contexte justificatif notre discussion, comme on le voit, est un assemblage de trois termes. Chacun à un sens propre et, comme on peut s’en douter, leur juxtaposition crée une signification qui parait quelque peu éloigné de l’étymologie originelle de chacune des expressions. Toutefois, il convient de s’approprier le sens de chaque mot qui constitue notre concept pour mieux en apprécier le sens de l’assemblage qui en résulte. Globalement considéré, la responsabilité ici consiste à assumer et répondre des actes que l’on pose. Il s’agit donc d’apprécier les conséquences des productions que nous mettons à la disposition des publics. Le mot qui est issu du latin «Responsum» qui lui-même vient de

4. Module 2 : Responsabilité sociale du journaliste

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«respondere» signifie ni plus, ni moins «se porter garant». Le substantif ou adjectif «Sociale» ici employé désigne tout ce qui concerne les relations entre un individu ou un groupe social avec les autres membres de la collectivité. Le journaliste, lui, est défini comme une personne qui a pour occupation principale, régulière et rétribuée l’exercice du journalisme.

M. Olinga explique A la lecture des différentes significations officielles qui identifient les trois mots qui nous intéresse, je vous suggère d’adopter la signification convenu par l’introduction de la Charte de Munich de 1971, relative aux devoirs et droits des journalistes, adoptée par la Fédération internationale des journalistes (Fij) ainsi que l’Organisation internationale des journalistes (Oij) et le Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc). Des organisations représentatives des journalistes à travers le monde et au Cameroun qui indique que la Responsabilité sociale du journaliste se résume dans «Le droit à l’information, à la libre expression et à la critique qui sont des libertés fondamentales de tout être humain.» Il s’agit, insiste la même définition «De ce droit du public de connaitre les faits et les opinions. Ce qui procède de l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes.» Au regard de ce qui précède, nous pouvons convenir avec Paul Ricœur que la responsabilité sociale du journaliste est un concept qui appelle en fait à l’accomplissement d’une mission cruciale. Celle d’assurer les droits que lui confie les citoyens. François Borel Hänni martèle à ce sujet que « Le journaliste en tant que profession trouve sa raison d’être dans le service rendu au citoyen que constitue une information «Libre», entre autre qualificatif.» Ce concept est d’ailleurs le socle du Snjc qui trouve sa raison d’être dans la nécessité de promouvoir en primeur la liberté d’informer en toute responsabilité. Pour compléter cette tentative d’appropriation de la notion de Responsabilité sociale du journaliste, nous pouvons associer une perception chère à Joseph Pulitzer. Théoricien du «Nouveau journalisme», le fondateur du prix le plus prestigieux en journalisme précise que « Les meilleurs leçons pour un journaliste sont l’expérience, l’étude de la vie et des gens pour lesquels il écrit. » Toutefois, il souligne que «L’observation n’est pas suffisante.» L’éminent journaliste américain insiste sur la nécessité pour le journaliste de penser afin de produire des articles d’intérêts humains. Ceci, évidement, oblige au choix judicieux des genres journalistiques employés. En définitive, la Responsabilité sociale du journaliste consiste à informer de manière objective et conséquente. C’est informer de sorte que cela soit considéré comme une fin en soi. C’est la source de légitimité du journaliste devant la société dont il est le mandataire des droits et devoirs. La Charte de Munich insiste à ce propos sur le fait que les devoirs du journaliste vis-à-vis de la société priment sur ses droits.

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4.3 La Responsabilité sociale vue par les journalistes

La primauté des devoirs sur les droits. C’est la question qui fâche souvent les journalistes avec leurs critiques. Quel est le contenu des devoirs auxquels est astreint le journaliste dans l’exercice de sa profession? Existe-t-il des instruments permettant de mesurer le degré de prise en compte des responsabilités liées à l’action d’informer dans l’optique de satisfaire le citoyen ou les publics? Je vous suggère d’aborder, succinctement, une thèse énoncée par Paul Fauconnet sur la «Responsabilité sociale du journaliste et des médias». Le chercheur y écrit que «la responsabilité sociale du journaliste naît en dehors du sujet responsable et elle vient sur lui parce qu’il se trouve dans des circonstances qui l’engendrent.» Pour notre part, nous comprenons, à l’appréciation de ce qui précède que la responsabilité du journaliste doit être identifiable et doit provenir d’une série de circonstances bien précise. Au Cameroun, la question est débattue au sein de la corporation. Elle oppose d’ailleurs le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) au Conseil National de la Communication (CNC) et à la Commission de délivrance de la carte de presse. La revendication consiste à laisser les professionnels se constituer de manière à réguler ce secteur social déterminant et indispensable à la République. De nombreux signaux plaident en faveur de cette issue. En considérant cette évocation comme une diversion, le risque d’ignorer la nécessité pour les professionnels de la presse d’organiser la profession est consommé. L’esprit du principe ci-dessus évoqué est de doter la profession d’outils permettant d’encadrer la profession, réguler et véritablement implémenter le concept de Responsabilité sociale des journalistes et des médias. Une réalité visible dans les professions du droit, de la médecine, de la pharmacie etc. ce préalable, viendra à coup sur donne du change à l’Ouvrage «Le professionnalisme du flou». Livre écrit par Erik Neveu qui dénonce les conditions d’entrée observées dans le journalisme. Une perception qui fait d’ailleurs le principal de l’argumentaire chez les pourfendeurs de la presse camerounaise.

Attention soutenue 4.3 La notion de responsabilité sociale à l’épreuve des faits

Comme nous le savons tous, la profession de journaliste, au-delà des attaques dont elle fait l’objet, souffre en grande partie de ses propres tares. Le «Professionnalisme du flou» dont parle Erik Neveu est contextualisé par le Docteur Djimeli Alexandre. Dans son ouvrage «Le capital contre le journalisme», l’auteur, lui-même journaliste souligne aussi les avatars d’un métier qui puisse allègrement dans son environnement sociopolitique, économique et culturel. Une aubaine pour les tenants du système. Prompt à clamer l’avènement démocratique mais résolument engagé à l’immersion d’une presse disqualifié, souvent avec sa complicité, de son rôle premier de constructeur de démocratie.

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C’est que, au Cameroun, comme dans de nombreux autres pays, le rapport entre les dimensions économiques et sociales dans les entreprises de presse est de tout temps source de polémique. Une opposition permanente selon le Docteur Djimeli qui explique cette opposition s’observe au moins à trois niveaux. «Premièrement la divergence de points de vue entre journalistes et promoteurs sur la primauté de l’une des dimensions sur l’autre ; deuxièmement le délaissement de l’objectif économique, surtout par les publications politiquement engagées ou partisanes ; troisièmement la négligence de la mission sociale dans les entreprises fondées par des promoteurs n’ayant d’autre but que de se faire égoïstement de l’argent, pour eux seuls et par tous les moyens.» La responsabilité sociale du journaliste apprécié dans ce prisme nous plonge dans la réalité de l’exercice de cette profession au Cameroun. Une «Explosion» du métier de journaliste selon Ramonet. C’est que, au-delà de l’action érosive des pouvoirs publics sur la presse et les médias traditionnels dans leur globalité, les éditeurs et les manageurs contribuent à une échelle conséquente au déni de responsabilité sociale des journalistes dans les médias. 4.4 Esquisse d’une responsabilité objective

En affirmant que la responsabilité d’informer «Prime sur toute autre», et qu’elle priorise les devoirs sur les droits, les différentes chartes sur la Responsabilité sociale du journaliste indiquent que l’exercice du métier de journaliste est soumis au respect de la déontologie. Le terme dont nous puisons l’explication dans le dictionnaire Larousse se rapporte à l’ensemble des règles et des devoirs qui régissent une profession. Il évoque donc, à la fois la conduite et les rapports de ceux qui exercent une profession avec le public ou ses clients. La « Science de ce qui est convenable » selon le philosophe Kant. En réalité un impératif catégorique qui s’applique, dans notre cas, à la pratique du journalisme. C’est l’occasion ici de préciser que, au-delà des excuses que le journaliste se trouve souvent dans le contexte camerounais pour justifier ses manquements, la responsabilité sociale doit d’abord être celle de l’employé. On peut évoquer le fait que la loi prévoit la responsabilité pénale du Directeur de publication mais celle du rédacteur, dans ce cas, n’est pas des moindres. Nous l’avons relevé plus haut, l’un des combats du Syndicat National des Journalistes du Cameroun à ce jour est de conformer la profession au Cameroun aux normes universelles. La notion de « Tribunal des pairs » n’est pas un vain mot dans cette optique. L’idéal est que la justice pénale soit moins sollicitée pour résoudre des cas liés à la déontologie. C’est un fondamental qui caractérise les états démocratiques à travers le monde. Il n’en demeure pas moins que le journaliste, producteur et émetteur de l’information en assume la responsabilité de celle-ci. Même dans le cadre d’une appréciation empirique, il est constant qu’au droit de liberté d’expression répond celui du devoir de responsabilité. De manière triviale, réitérons-le, le journaliste doit se doter de garanties lui permettant de répondre de sa production. Il ne saurait donc arguer de quelques contraintes ayant guidé une production à polémique. C’est en ce sens qu’il jouit à priori de sa pleine et entière responsabilité dans son exercice. 4.5 Réalité de la production de l’information au Cameroun : entre contrainte de production, souci de vendre et responsabilité sociale Le débat sur l’indépendance du journaliste employé vis-à-vis de son employeur n’est pas l’apanage du Cameroun. Malgré les avancées perceptibles dans les pays aux assises démocratiques certaines, le journaliste doit en tout temps faire montre d’ingéniosité pour échapper au diktat des pouvoirs d’argent pour être un reliant social débarrassé des contraintes commerciale que tente de lui imposer le contexte.

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Au Cameroun, le problème se pose avec plus d’acuité. En l’absence d’un dispositif permettant la viabilité des médias, la pression économique que subissent les médias du privé est un facteur tentant à la déresponsabilisation sociale des journalistes. Cette pression est d’autant plus accentuée que les instances de régulation existantes sont tenues par le gouvernement à travers des organes qui lui sont assujettis. A cela s’ajoute l’absence d’un Conseil de l’ordre restreignant l’accès au métier et susceptible de peser sur le phénomène de création à tour de bras de la multitude de médias qui ne plaident pas toujours pour une amélioration des contenues. L’existence d’une convention collective des journalistes n’a pas changé grand-chose à la donne en l’état actuel. Si la définition admise du journaliste est celle de celui qui pratique et vit du journalisme, les rétributions s’y rapportant sont souvent inexistante et au mieux insignifiantes et sporadiques. Relativement à l’impact de cette économie frileuse, le journaliste se situe dès lors dans un rapport mercantile. A l’envie, des termes comme «Gombo», «Soya», «Njansang», «Huile de moteur» et bien d’autres du cru font flores dans le paysage médiatique au Cameroun. A voix feutrées, les professionnels s’accordent sur la nécessité de tordre le coup à l’hydre que constituent les pots-de-vin et la corruption dans la presse. Des hauts cris qui ne dépassent malheureusement le stade de cette dénonciation. Pour les plus chanceux, la voie de la communication institutionnelle est le salut. Dans les médias, la conséquence est de plus en plus à une offre de personnel au rabais. L’offre rédactionnelle, évidement, en pâtit. Les rédacteurs de la Charte de Munich de 1971 ont pourtant stipulé, dans le cinquième paragraphe consacré aux droits du journaliste, la nécessité d’un contrat personnel assurant la sécurité matérielle et morale de son travail. Tout comme le même texte exige une «rémunération correspondant au rôle social qui le sien, et suffisante pour garantir son indépendance économique». La réalité au Cameroun est connue de tous et semble souvent soutenue par les journalistes eux-mêmes. Exit l’évocation, la question universelle est souvent de savoir comment le journaliste qui revendique une telle souveraineté et la pleine possession de sa responsabilité au cœur d’une branche professionnelle peut-il être un employé différent des autres? C’est d’ailleurs là l’objet de notre réflexion. Evoquons néanmoins un extrait du travail de François Borel-Hänni qui indique que les principes contenus dans les deux Chartes d’éthiques mentionnées précédemment donnent aux journalistes une palette de droits. Il s’agit notamment de la « Clause de conscience, grille de salaire située au-dessus du SMIG dès le premier échelon, des abattements fiscaux. » Mais, à l’observation, très peu d’éléments permettant au journaliste employé de transcender sa condition de subordonné à son bailleur de fonds. Peut-il dans ces conditions privilégié son rapport avec le public avant de rendre compte à son patron? Le débat reste ouvert sur la question. Il existe néanmoins une modeste consolation. En cas de délit de presse la responsabilité juridique au sein d’une publication incombe à la fois au rédacteur et au Directeur de publication. L’esprit du texte étant d’éviter que la responsabilité d’un contenu n’incombe au seul journaliste qui agit dans le cadre d’un organe. Une consolation minimale car, au demeurant, cette disposition semble indiquée que le journaliste est subordonné à son employeur. Par voie de conséquence, il bénéficie d’une autonomie partielle. Il ne faut cependant pas désespérer. Comme nous l’avons évoqué tantôt, quelques garde-fous existent pour limiter les atteintes à l’indépendance du journaliste vis-à-vis des pourvoyeurs de capitaux.

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4.6 Comment concilier les impératifs de production avec la nécessité de viabiliser les produits informationnels et la responsabilité sociale du journaliste dans le contexte sociopolitique et économique camerounais? La responsabilité sociale du journaliste implique, rappelons-le d’assumer ses responsabilité vis-à-vis des citoyens. Responsabilité que le journaliste assume par rapport aux sujets d’information. Je vous suggère d’emprunter de nouveau à la thèse du Docteur Alexandre Djimeli, «Le capital contre le journalisme : La presse camerounaise entre missions sociales et obligations de rentabilité.». L’auteur, dans le sillage de nombreux autres chercheurs soutient que «on assiste à un tournant entrepreneurial dans les médias au Cameroun. Ce tournant s’opère dans un contexte marqué par deux éléments majeurs : d’une part le boom médiatique accéléré le décret du 03 avril 2000 opérationnalisant la libéralisation de l’audiovisuel consacré par la loi sur la communication sociale de décembre 1990. Et d’autre part le développement de nouveaux moyens de communication qui poussent les annonceurs à réorienter leurs stratégies.» La réalité peut paraître paradoxale quand le constat est, dans la réduction-diminution de l’enveloppe publicitaire. Une réalité qui, au plan global, relativise les perspectives des entreprises de presse. Entreprise au sens classique du terme, la presse n’échappe pas aux aléas de la conjoncture. Comme l’explique Douglas North, la «logique d’acteur» assumée par le créateur d’entreprise s’applique aux entreprises de presse. De manière empirique, la logique de création et de gestion d’entreprise est centrée sur l’entrepreneuriat. Ici, le manageur est au centre de la production et conditionne l’implémentation du projet de société de l’entreprise. Plus qu’une hypothèse, la responsabilité sociale du journaliste reste étroitement liée au conflit qui oppose les objectifs économiques que connaissent les entreprises de presse et leurs missions sociales. Une situation qui pourrait empêcher au journaliste de prendre en compte son entière responsabilité, ne pouvant répondre d’un libre choix des contenus qu’il produit puisque conditionné dans le contexte par les impératifs de production décidé par son employeur. 4.7 Echanges

Des débats, il ressort que le journaliste doit faire attention, en évitant d’être à la solde de quelque intérêt que ce soit, qu’il soit politique, économique ou socioculturel. Le vrai journaliste, a-t-on conclu, n’a aucune coloration. C’est alors qu’on a pris une pause-déjeuner pour aborder le thème sur le « Droit des médias ».

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Il est revenu au Pr Alain Cyr Pangop, journaliste principal et enseignant-chercheur à l’Université de Dschang [Ouest-Cameroun], de partager son expérience autour d’un thème fort évocateur. Le praticien qu’il fut est allé puiser dans son riche parcours pour proposer ce qui suit aux jeunes journalistes –relativement au nombre d’années cumulé dans la pratique- retenus.

5.1 Les grands principes du droit de la presse La liberté de la presse est considérée par la Cour européenne des droits de l‘Homme (CEDH) comme une composante de la liberté d'expression (article 10 de la Convention européenne des droits de l‘Homme). Par ailleurs, la protection des sources journalistiques est considérée comme « l'une des pierres angulaires de la liberté de la presse » La jurisprudence de la Loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 retient parmi les termes juridiques le principe de bonne foi journalistique, à condition de réunir quatre critères, dont la qualité de l'enquête et l'absence d'animosité personne. Elle condamne systématiquement le directeur de publication lorsque la faiblesse de l'enquête, et donc des moyens accordés au journaliste, est la cause de la diffamation. Les journalistes ne sont pas contrôlés par une instance propre à leur profession, qui pourrait édicter des règles et leur infliger des sanctions, en cas de faute. Le code du travail, avec la loi cressard leur accorde cependant des droits protecteurs, tandis qu'une partie de la déontologie est reprise dans la convention collective nationale de travail des journalistes, les syndicats de journalistes réclamant l'annexion de la charte de Munich dans sa version entière. 5.2 Droit des journalistes Codes de déontologie professionnelle : «Libre accès à toutes les sources d’information et le droit d’enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique ». La Charte de Munich (ou Déclaration des devoirs et des droits des journalistes) est signée le 24 novembre 1971.

Le Pr Pangop partage

5. Module 3 : Droit des médias

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5.3 Cinq droits contre dix devoirs Les journalistes revendiquent le libre accès à toutes les sources d’information et le

droit d'enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique. Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en ce cas être opposé au journaliste que par exception en vertu de motifs clairement exprimés ;

Le journaliste a le droit de refuser toute subordination qui serait contraire à la ligne

générale de son entreprise, telle qu'elle est déterminée par écrit dans son contrat d'engagement, de même que toute subordination qui ne serait pas clairement impliquée par cette ligne générale ;

Le journaliste ne peut être contraint à accomplir un acte professionnel ou à exprimer

une opinion qui serait contraire à sa conviction ou sa conscience ;

L'équipe rédactionnelle doit être obligatoirement informée de toute décision

importante de nature à affecter la vie de l’entreprise. Elle doit être au moins consultée, avant décision définitive, sur toute mesure intéressant la composition de la rédaction : embauche, licenciement, mutation et promotion de journaliste ;

En considération de sa fonction et de ses responsabilités, le journaliste a droit non

seulement au bénéfice des conventions collectives, mais aussi à un contrat personnel assurant sa sécurité matérielle et morale ainsi qu’une rémunération correspondant au rôle social qui est le sien et suffisante pour garantir son indépendance économique.

5.3 Signataires de la Charte de Munich

Elle est adoptée par les syndicats de journalistes des 6 pays du Marché Commun réunis à Munich, le 24 novembre 1971, qui votent à l'unanimité "la Déclaration des devoirs et des droits des journalistes". Les syndicats de journalistes de Suisse et d'Autriche, ont participé à la réunion et voté également la charte. Elle est ensuite adoptée par la Fédération internationale des journalistes (FIJ), puis plus tard par l'Organisation internationale des journalistes (OIJ) qui était son pendant soviétique durant la Guerre froide. L'Union nationale des syndicats de journalistes français a ensuite demandé aux organisation d'employeurs que ce texte figure en préambule de la convention collective des journalistes, afin d'imposer à tous "les principes éthiques de la profession et les clauses nécessaires à son extension", selon Bernard Voyenne, dans "Les Journalistes Français". Cette demande n'a pas abouti, et une partie des directeurs de journaux français indiquaient, dans une enquête effectuée en 2000, ne pas connaître la charte de Munich. 5.4 Classement mondial

Les inquiétudes pour la liberté de la presse dans le monde sont reflétées par le palmarès annuel réalisé par l'association Reporters sans frontières (France). Chaque année, l'ONG Reporters sans frontières établit une liste des pays du point de vue de leur liberté de la presse. Le classement mondial de la liberté de la presse est fondé sur les réponses aux enquêtes envoyées aux journalistes membres d'organisations partenaires de RSF, aussi bien qu'aux spécialistes de la question : les chercheurs, les juristes et les activistes des droits de l‘Homme.

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L'enquête porte sur des attaques directes faites aux journalistes et aux mass-médias aussi bien que d'autres sources indirectes de pression contre la presse libre, comme la pression sur les journalistes par des lobbies. RSF note que le classement se préoccupe seulement de la liberté de presse et ne mesure pas la qualité du journalisme ni de l'autocensure. 5.5 En Afrique Le Bénin est le pays d'Afrique qui assurerait le mieux la liberté de la presse. Depuis quelques années déjà, de plus en plus de journaux, radios ou encore chaines de télévision se créent, dans l'un des plus pauvres pays du monde. Dans la capitale (Cotonou), avec son million d'habitants, à peu près quarante journaux quotidiens sont publiés chaque jour, peut-être le record dans le monde (bien que comble de tout, il y ait 50 % d'analphabètes). Les huit millions d'habitants du pays peuvent suivre la chaîne de télévision nationale ORTB, ainsi que le contenu de plus de 70 radios et quatre télévisions privées. Cependant, la plupart des journalistes ont un emploi provisoire (pendant la dictature, deux tiers des journalistes avaient une aide de l'état). Seulement à peu près cinq sont rentables. Ils reçoivent un tout petit budget de l'État et très peu d'aides. Exercice à faire - Comment se présente le classement mondial le plus récent de Reporter Sans Frontières? - Quel est le rang du Cameroun?

On écoute 5.6 La Liberté d’expression La liberté de la presse est l'un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques qui reposent sur la liberté d'opinion, la liberté mentale et d'expression. Ainsi, l'article 11 de la Déclaration française des droits de l‘Homme et du citoyen de 1789 dispose : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. » Il nous apprend que le droit le plus précieux de l'homme est la libre communication des pensées et des opinions.

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5.6.1 Quatrième pouvoir L'expression quatrième pouvoir désigne la presse. On désigne par extension tous les médias de quatrième pouvoir, dans la mesure où ils peuvent parfois servir de contre-pouvoir face aux autres pouvoirs incarnant l'État. L'historique des emplois de l'expression peut être retracé jusqu'à Alexis de Tocqueville, dans son ouvrage De la démocratie en Amérique (1833). Tocqueville y apporte une nouvelle classification des pouvoirs, qui seraient : - le pouvoir central (aux États-Unis, le pouvoir fédéral), dans lequel on retrouve la séparation des pouvoirs classique (pouvoir législatif, pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire) ; - le pouvoir local (pouvoirs fédérés) ; - le pouvoir associatif (lobbies) ; - la presse [écrite]. On dit souvent que le quatrième pouvoir fait suite aux trois pouvoirs classiques (pouvoir législatif, pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire). 5.7 Protection des sources d’information Au plan juridico- légale, la protection des sources est un aspect important de la liberté de la presse, du droit des peuples à l’information. Elle est organisée contre l’absolutisme, et contre le secret utilisé comme arme absolue de la sottise de l’Etat. Elle est de ce fait un principe constitutionnel ou légal selon les pays. La protection des sources constitue une garantie de la défense du bien public contre toutes formes d’oligarchie pour assurer au choix individuel le maximum de liberté dans le cadre de la res- publica. En effet, lorsque le citoyen se sent protégé contre les excès ou la vindicte de l’autorité de l’Etat, il peut marquer sa différence, attirer l’attention sur certains dérapages à la puissance publique à travers les moyens d’information collective à qui il confie des informations sous le sceau du secret. Le travail de collecte des informations s’opère principalement pour le journaliste auprès des personnes et sur des faits impliquant des individus qui comme tels, ont des droits dont la violation relève des délits de presse. 5.8 Protection de la vie privée des sources

En fait, la vie privée des sources est protégée de même que leur image. L’article 9 du code civil dispose que « chacun a droit au respect de sa vie privée » Cette protection légale explicite est complétée par le régime général de la responsabilité civile qui protège les autres éléments et attributs de la responsabilité qui sont l’image, la voix, le nom, etc. indépendamment des infractions pénales. L’alinéa 2 de l’article 9 suscité prévoit-il la possibilité pour le juge de « prescrire toutes mesures (…) propres à empêcher ou faire cesser une atteinte à l’intimité de la vie privée », mesures qui peuvent être ordonnées en référé s’il y a urgence. Les articles 226.1 à 226.9 du nouveau Code pénal incriminent quant à eux notamment le fait de porter atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui : - En captant, enregistrant ou transmettant sans le consentement de leur auteur des paroles prononcées à titre confidentiel ; - En captant, enregistrant ou transmettant sans le consentement de celle-ci l’image d’une personne se trouvant dans un lieu privé.

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Sont également visés : Le fait de conserver, porter ou laisser porter à la connaissance du public ou d’un tiers ou d’utiliser de quelque manière que ce soit tout enregistrement ou document. De publier par quelque voie que ce soit le montage réalisé avec les paroles ou l’image d’une personne sans son consentement, s’il n’apparaît pas à l’évidence qu’il s’agit d’un montage. L’article 12 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme a quant lui, « le droit à la protection de la loi contre les immixtions dans la vie privée ». Car la jurisprudence considère que la vie privée est différente de la vie publique, dans la mesure où elle comprend : la vie sentimentale et médicale ainsi que la fortune. A quoi il faut ajouter le droit à l’image d’une personne non connue même dans sa vie publique, droit qui prévaut même en ce qui concerne l’utilisation de son image de manière à rendre compréhensible (photomontage) le lieu (public ou privé) où elle se trouve. La loi protège pareillement certaines personnes en raison des fonctions qu’elles occupent, en définissant les délits :

- D’offense au président de la République et en cas de vacance, à la personne qui détient tout ou partie de ses prérogatives ;

- D’offense aux Chefs d’Etats et de gouvernements étrangers ; - D’outrage aux ambassadeurs, ministres plénipotentiaires ou autres agents

diplomatiques accrédités. En outre, les personnes et les institutions publiques sont protégées contre les informations et commentaires qui leur ont porté préjudice, à charge pour elles d’en demander réparation ; ces atteintes peuvent prendre la forme de l’injure, de la diffamation ou du chantage ; une nouvelle incrimination dénommée propagation de fausse nouvelle (article 113 du nouveau Code Pénal) permet au Procureur de la République de demander des comptes à un journaliste sans qu’une victime ait formellement porté plainte. Il convient de noter que : - L’injure est définie comme « toute expression outrageante, terme de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait » ; - La diffamation est au contraire « toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé ». Le délit peut être établi même si l’allégation est faite sous forme dubitative, interrogative, voire négative, par antiphrase ou si elle se borne à reproduire une allégation formulée par un tiers, voire déjà publiée ailleurs, sans que la personne ou l’institution soit expressément dénommée. Les seules exceptions à ceci sont celles résultant :

- Soit des comptes rendus de débats et publications des jugements de cours et tribunaux s’ils sont fidèles et faits de bonne foi ;

- Soit de la critique ou polémique dans la presse quel que soit leur objet, s’ils sont faits de bonne foi, sans animosité personnelle et sans intention de nuire en dénaturant, amplifiant, déformant les faits ou en leur donnant une tournure spectaculaire.

La preuve de bonne foi incombe au directeur de l’organe de presse et à l’auteur de l’article. La trahison de la source peut avoir comme conséquence négative des condamnations pécuniaires pour le journal, des peines privatives de liberté pour le journaliste, en cas de « divulgation interdite ».

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Un certain nombre de textes de lois, de décrets, d’arrêtés et/ou parfois des mesures d’ordre interne (note de service, circulaires…) interdisent au Cameroun, comme dans nombre d’autres pays, la divulgation des informations soit en raison de leur fausseté, soit parce qu’elles bénéficient d’une protection spéciale. Le journaliste doit connaître ces « divulgations interdites » pour mesurer le risque qu’il prendrait et qu’il ferait courir à ses informateurs en publiant de telles informations. Autrement dit, la protection des sources qui est en réalité une forme de « secret professionnel », pour le journaliste, n’est pas toujours pris en compte par les pouvoirs publics. Il est ainsi difficile d’opposer « la protection des sources » à la police et à la justice. 5.9 Restrictions du droit des médias Le Code Pénal ne prévoit pas, en effet, que les journalistes sont couverts par le secret professionnel ; il leur impose, à contrario, par le Code de procédure pénale, à saisir tous papiers, documents et autres objets de journalistes De plus, la diffusion d’informations, même exactes, est interdite si celles- ci se rapportent aux faits suivants :

- Informations militaires ; - Informations classées secret défense ; - Informations constituant des outrages au public ou aux bonnes mœurs ; - Informations fausses ou déclarations mensongères, en vue notamment de porter

atteinte au crédit de la nation ; - Informations relatives aux travaux des commissions d’enquêtes parlementaires, à

leurs délibérations ou autres actes accomplis par elle et non autorisées par ces commissions ;

- Publication de listes des contribuables assujettis aux différents impôts ; - Publication des cours de valeurs mobilières non extraites d’une côte officielle ; - Publication dissimulant pour les mobiles intéressés une publicité financière ; - Divulgation de la filiation d’origine d’une personne ayant fait l’objet d’une adoption

plénière.

Il est clair qu’une source peut donner son consentement et se rétracter plus tard, ce qui place le journaliste dans une posture inconfortable. Mais parfois, la loi prévoit des situations où une source doit être citée, notamment en matière de droit d’auteur. Ici, la loi prévoit la reproduction sans autorisation et sans rémunération, sous réserve que cette reproduction soit fidèle et que soient clairement indiqué le nom de l’auteur et la source, de courtes citations d’œuvres publiées, ou la reproduction et la diffusion même intégrale, à titre d’information d’actualité, des discours prononcés en public. En dernière analyse, c’est toujours la responsabilité personnelle du journaliste qui est engagée pour faute. Malgré le principe de la protection de ses sources, il doit faire attention à ne pas publier des informations protégées, notamment les secrets d’intérêts publics comme :

- Le secret de la défense nationale ; - Le secret judiciaire (instruction, constitution de partie civile, actes d’accusation et

actes de procédure, débats, audiences, crimes, certaines souscriptions destinées à indemniser des amendes, des dommages- intérêts et frais concernant certaines condamnations judiciaires).

Mais aussi des intérêts particuliers : atteintes à l’honneur et à la considération, protection de la vie privée, respect des droits fondamentaux individuels (sur le corps, la propre image, droit moral, de la parole, etc.) Le journaliste ne doit en aucun cas se laisser griser par la protection des sources. Il doit être rigoureux dans la vérification de l’information.

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5.10 Droits des médias numériques Parler de l’e.civilisation et gap digital entre nord et sud, c’est percevoir l’influence d’internet dans la souveraineté des Etats. Ce qui implique : la cybersécurité. On peut donc se pencher sur des sujets variés tels que :

- CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) ; - Espace cybernétique et vérification de sa réputation ; - Enjeux du droit des communications numériques ; - Dispositions légales contre la piraterie informatique dans un système d’information ; - Litiges MTN vs Orange dans la fourniture des biens et services Internet; quelles

procédures juridiques pour régler le contentieux?

5.11 Echanges

Comme à la fin des autres exposés, le Pr Pangop a dû ouvrir les débats pour quelques éclairages sur des zones d’ombre, surtout quand il s’est agit de l’e.civilisation, outil nouvellement arrivé au Cameroun. Si les pouvoirs publics, a soutenu le formateur, s’emploient à élaborer une législation en la matière, il est conseillé aux journalistes de considérer les réseaux sociaux comme des sources d’information susceptibles d’être critiquables. C’est en cela que le journaliste fera la différence pour demeurer crédible. Le module animé par le Pr Pangop a renseigné les participant (e)s sur les enjeux du droit des médias, avant de laisser place à une autre thématique aussi importante qu’est : le Droit de l’information et l’accès des citoyens à l’information.

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La suite de l’atelier a connu l’intervention de M. Choun Nyat Jean Paul, journaliste et responsable régional de la chaîne de télévision à capitaux privés Equinoxe Tv, dont l’essentiel se résume dans les lignes suivantes. 6.1 Essai de définition du droit à l’information Le préambule de la charte de Munich adopté en 1971 par diverses organisations internationales de journalistes, définit « Le droit à l’information comme une liberté fondamentale de tout être humain ». En toute circonstance, parler du droit à l’information, c’est invoquer le droit d’être informer. De ce fait, le droit à l’information recouvre deux droits indissociables à savoir le droit d’informer et le droit d’être informé. Dans d’autres pays comme le Maroc on parle même du droit de s’informer, ce qui par ricochet pose la problématique de l’accès aux sources dans nos pays, à l’exemple du Cameroun. Ceci constitue encore une entrave sérieuse au travail du journaliste, laissant ainsi pendante la question de savoir si un citoyen lambda peut librement avoir accès aux sources d’information au nom du droit à l’information. 6.2 Fondements du droit à l’information Si le droit de l’information ou de la presse se définissait comme un cadre juridique, moral et déontologique d’exercice d’activités médiatiques, le droit à l’information revêt deux variantes celle dans un premier temps d’informer à savoir informer donc produire des informations (travail que font les organes de presse) et celui d’être informé c’est-à-dire disposer de ces informations. (Et donc le destinataire ici c’est le public constitué de citoyens). L’enjeu ici repose sur la garantie des moyens d’exercer ce droit à l’information au même titre que le droit à la libre expression, la libre critique et la liberté d’opinion. On ne saurait donc prétendre que le droit d’informer est pleinement exercé quand la majorité des citoyens en est exclue et que le droit d’être informé est garanti quand il est arbitrairement mutilé.

Une position de M. Choun Nyat

6. Module 4 : Droit de l’information et accès des citoyens à l’information

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6.3 Principes du droit à l’information L'information est l'oxygène de la démocratie. Si les gens ne savent pas ce qui se passe au sein de leur société, si leurs dirigeants agissent sous le voile du secret, ils ne sont pas en mesure de participer d'une manière positive à la vie de leur société. Mais l'information n'est pas seulement nécessaire au public, elle est un élément constitutif majeur de tout bon gouvernement. Un mauvais gouvernement ne peut survivre que s'il pratique la culture du secret. Dans de telles conditions, l'incompétence, le gaspillage et la corruption ne peuvent que s'épanouir. C'est l'économiste, Amartya Sen, Prix Nobel de la Paix, qui faisait remarquer qu'on ne connaît aucun cas sérieux de famine dans les pays dotés d'un régime démocratique et d'une presse relativement libre. La divulgation de l'information permet aux citoyens d'examiner minutieusement les activités de leur gouvernement, et constitue le point de départ d'un débat sérieux et bien informé sur l'action gouvernementale. 6.3.1 Principe de divulgation maximale

Le principe de la divulgation maximale repose sur la présomption, selon laquelle toutes les informations détenues par des organismes publics sont réputées ‘‘divulgables’’. Au cœur même du concept de liberté de l'information, ce principe devrait en bonne logique être consacré dans la Constitution pour poser clairement que l'accès à l'information officielle constitue un droit fondamental. La législation devrait avoir pour objectif primordial d'assurer la mise en œuvre effective du principe de divulgation maximale. 6.3.2 Obligation de publier

Le droit d’informer suppose non seulement que les organismes publics fassent droit aux demandes d'information, mais aussi qu'ils publient et diffusent largement les documents présentant un intérêt majeur pour le public, sous la seule réserve de rester dans les limites du raisonnable eu égard aux ressources et aux capacités. Le type d'information à publier est fonction de l'organisme public concerné. La loi devrait poser une obligation générale de publier tout en définissant les principales catégories d'informations sujettes à publication. Du moins l’obligation d’informer implique la guerre à la culture du secret pour une promotion de la transparence de l’administration. Nous nous limitons à ces trois principes qui de notre point de vue sont fondamentaux au droit à l’information. 6.4 Garanties du droit à l’information

Les garanties du droit à l’information, selon la personne ressources s’établissent à divers niveaux : - Le droit d’informer est un droit social qui devrait être universellement partagé. Il ne saurait être réservé à des groupements publics ou privés qui prétendent s’en réserver l’usage parce qu’ils en monopolisent les moyens ; - Le droit d’informer appartient à tous et n’est pas le monopole des médias établis et des journalistes professionnels, quel que soit le rôle irremplaçable que ceux-ci peuvent jouer ; - Le droit d’informer n’est vraiment garanti que dans la mesure où les citoyens disposent des moyens adéquats à la production de leur propre information ; - Le droit d’informer, comme le droit d’être informé, n’est pas ou ne devrait pas être un privilège (et a fortiori le monopole) des journalistes (et encore moins des entreprises qui les emploient, surtout quand celles-ci ont pour principal objectif de réaliser des profits). C’est un droit des citoyens qui, quand on se tient à hauteur des grands principes, ne saurait diviser les bénéficiaires de ce droit entre des « citoyens passifs » à qui l’information est destinée et des « citoyens actifs » qui la produisent.

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Il est donc indispensable de lutter prioritairement contre les formidables inégalités qui existent en matière d’information entre d’un côté les médias privés et la puissance publique et de l’autre la majorité de la population, et non de les entériner, comme le font les défenseurs d’un statu quo dont ils espèrent tirer avantage (ou qu’ils n’espèrent modifier qu’en démantelant le secteur public de l’audiovisuel et en muselant les médias associatifs, au bénéfice des seuls médias commerciaux).

On en sait davantage Le droit d’informer et le droit d’être informé étant indissociables, fondent ensemble la liberté de la presse telle que la loi l’encadre ou devrait l’encadrer et c’est à leur respect que la liberté de la presse doit être mesurée. C’est à ce titre qu’il n’appartient à aucun pouvoir économique ou politique d’exercer à leur endroit une censure préalable. 6.4.1 Publicité de l’information

Le droit à l’information concerne tous les aspects de la vie économique, sociale et politique. Il ne saurait, en particulier, s’arrêter aux portes des ministères et des entreprises. Ce droit est un droit à la publicité qui suppose la levée des secrets et des entraves qui privent les citoyens des informations d’intérêt public (qu’elles soient de sources gouvernementales, administratives ou économiques), et donc « le libre accès à toutes les sources d’information et le droit d’enquêter librement sur tous les faits qui conditionnent la vie publique », comme le revendique, les seuls journalistes, la Charte de Munich. Celle-ci précise que: « Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en ce cas être opposé au journaliste que par exception en vertu de motifs clairement exprimés. » Or dans la réalité, ces droits ne sont pas rationnellement limités, mais arbitrairement mutilés, quand le droit d’informer est monopolisé par des pouvoirs publics qui exercent un droit de censure illimité, par des pouvoirs sociaux qui s’entourent de secrets destinés à garantir leur puissance, par des pouvoirs médiatiques qui se soumettent alternativement ou conjointement aux pouvoirs politique et économique. L’exercice du droit à la publicité suppose donc :

- Le libre accès aux documents administratifs, aujourd’hui prévu sous une forme restrictive ;

- Le libre accès à tous les documents économiques et financiers d’intérêt public, et par conséquent l’abolition du secret bancaire ;

- La protection effective du secret des sources ; - L’extension de ce droit à la publicité aux entreprises – véritables zones de non-droit

à l’information – et particulièrement aux entreprises médiatiques elles-mêmes.

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6.4.2 Pluralisme de l’information

Les droits d’informer et d’être informé ne peuvent être garantis que par le pluralisme, généralement compris comme pluralisme des opinions politiques, mais dont le principe doit être clarifié et étendu. Le pluralisme suppose que la multiplicité toujours souhaitable des médias favorise la pluralité des opinions et la diversité des points de vue (mais aussi fasse droit à la variété des goûts et des cultures). 6.4.3 Indépendance de l’information

Le droit d’informer et d’être informé, est un fondement de la liberté de la presse garanti par un pluralisme véritable, supposent l’indépendance des producteurs d’information et, au premier chef, l’indépendance des journalistes.

Une participatin effective

Les journalistes ne vivent pas en état d’apesanteur : ils dépendent toujours, jusqu’à un certain point, de leur trajectoire sociale, de leur statut professionnel et de l’environnement économique et politique qui pèse sur eux. A ce titre, le journaliste devrait éviter de manipuler l’information au nom des intérêts inavoués. Mais cette relative dépendance peut être limitée et une indépendance relative doit être garantie. L’indépendance des journalistes n’est garantie que dans la mesure où ils ne sont soumis ni à l’arbitraire du pouvoir politique, ni à celui de leurs employeurs (mauvaises conditions de vie et de travail, sans salaire, clochardisation), qu’ils soient publics ou privés. L’indépendance des journalistes repose sur les combats indispensables, toujours légitimes et souvent prioritaires, contre toutes les formes de violence perpétrées contre les journalistes par des forces politiques ou militaires, et pour la protection de l’activité des journalistes contre les ingérences arbitraires ou autoritaires (voire dictatoriales) du pouvoir politique. Mais ces combats ne suffisent pas à préserver l’indépendance des médias et des producteurs d’informations. 6.5 Résumé

Comme vu précédemment, on peut retenir en guise de conclusion que le droit d’informer et le droit d’être informé font partie des droits fondamentaux du citoyen. Le droit à l’information n’est nullement le monopole des médias (producteur) encore moins des administrations publiques ou privées détentrices des informations d’intérêt public. Les médias comme les administrations et les entreprises privées devraient être tenus par l’obligation de diffusion maximale. Pour besoin de transparence libre, l’accès aux sources d’information doit être laissé aux médias afin qu’ils informent les citoyens sur la marche des affaires de la nation. A

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côté du droit d’informer et du droit d’être informé, on peut aussi parler du droit de s’informer qui garantit à chaque citoyen à recourir aux sources d’information sur l’activité des gouvernants et de la vie publique.

6.6 Echanges

Il s’agit d’une phase qui a presque tenu en haleine les participant (e)s, préoccupés par des techniques ayant cours dans la pratique quotidienne à l’Ouest-Cameroun. L’une des questions posées, a porté sur : le public a-t-il droit à toute les informations dont dispose le journaliste ? En réaction à cette interrogation, la personne ressource a insisté sur le fait que le/les publics a/ont besoin d’une information crédible, traitée par le journaliste. Parce qu’en réalité, le journaliste ne peut pas livrer tous les fruits de sa collecte sans confronter au préalable les sources d’où il tire ces « informations ».

La fin de cet exposé a ouvert le champ à un problématique nouvelle portant sur : la culture et la protection des sources.

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Ce module a été présenté par Michel Ferdinand, journaliste et représentant du quotidien privé Mutations dans les régions de l’Ouest et du Nord-Ouest Cameroun. Dans le contexte camerounais, rien ne paraît d’ailleurs nouveau en la matière, lorsqu’on sait que dans la plupart des pays, les mêmes exigences sont prescrites. Mais, avant de déblayer le sujet proprement dit, il a été question de s’attarder sur la définition de quelques notions. La démarche étant presque conforme au manuel de formation élaboré par l’ADISI. 7.1 Essai de définition

On entend par source une personne physique ou une morale d’où provient une information. A titre d’exemple, on peut citer les : -Administrations publiques (ministères, délégations, services de sécurité (police, gendarmerie, représentations diplomatiques etc.) ;

- Administrations privées

- Entreprises ;

-Organisations de la société civile ;

-Syndicats ;

-Rapports d’études ;

-Victimes et témoins d’événements ;

-Etc. Le journaliste ne vit que par sa source, puisqu’il n’y peut rien sans elle. La source est donc au journalisme ce qu’est le sang dans le corps humain. Reste que la Charte de Munich de 1971 prescrit de : « Publier seulement les informations dont l’origine est connue ou les accompagner, si c’est nécessaire, des réserves qui s’imposent ». Le journaliste, pour être crédible, doit s’abreuver à bonne source. Il a intérêt à en avoir plusieurs, avant de procéder à une critique minutieuse de celles-ci. Cela s’appelle aussi la confrontation des sources d’information. La multiplicité des sources d’information ne vise pas seulement à en vérifier l’exactitude, mais également à donner à son public les clés nécessaires pour se forger sa propre opinion d’un fait ou d’une affaire. Ce qui est prescrit par l’Unesco dans la Déclaration sur les principes fondamentaux de 1978 : «L’accès du public à l’information doit être garanti par la diversité des sources et des moyens d’information dont il dispose, permettant ainsi à chacun de s’assurer de l’exactitude des faits et de fonder objectivement son opinion sur les événements ».

7. Module 5 : Culture et protection des sources

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7.2 Diversité de sources

Les sources d’information du journaliste sont nombreuses et diversifiées. Chacune d’entre elles doit être exploitée à bon escient, en fonction du type d’information recherchée. 7.2.1 Le terrain

Le journalisme, c’est surtout le terrain, c’est la meilleure source d’information. On ne pratique pas le métier de journaliste étant assis dans un bureau. Il y a quelques années, le directeur de la publication d’un quotidien à capitaux privés au Cameroun, reprochait à sa rédaction de s’être sédentarisée, pour traduire son mécontentement vis-à-vis de ses reporters qui avaient pris la mauvaise habitude de rester sur place, à la rédaction, dans l’attente d’une éventuelle information. Le Dp s’en était d’autant plus offusqué que les ventes de son journal ont enregistré une baisse drastique à cause de ce phénomène au cours de cette période-là. Peu après, son personnel a compris qu’il était important d’adopter l’attitude dite de nomade. Parce qu’on ne le dira jamais assez, le métier de journaliste se pratique sur le terrain. C’est la seule manière d’apprécier vraiment les événements, les situations, les tranches de vie. Il faut parler aux acteurs/trices, voir soi-même ce qui se passe, observer, être ouvert à l’inattendu etc. Le terrain est plus que jamais conseillé, parce qu’il apporte une foule d’informations de première main qui sont, la plupart du temps, irremplaçables. Le terrain permet au journaliste de se faire lui-même une idée de ce qui se passe. Cet ancrage au terrain passe dans un grand nombre de cas par la recherche d’un lieu de reportage, d’un personnage à interviewer ou à portraiturer, d’une entreprise innovante à visiter…Autant d’exemples, d’illustrations qui vont donner à votre idée de papier « la chair », « l’intérêt humain » et la force de la réalité concrète. Le journalisme c’est les faits, c’est aussi ce qu’on a vu, senti, touché etc. 7.2.2 Les institutions/organisations publiques/privées

Elles fournissent des informations dites « institutionnelles ». Ce sont des sources utiles, à manier avec précaution et en gardant l’esprit critique. Les communiqués de presse, dossiers et documents de présentation, conférences de presse…relèvent de la communication. Ce sont des instruments de promotion ou de propagande à prendre avec un regard critique. Toutefois, en interrogeant les gens qui travaillent dans ces organisations, on peut souvent obtenir des informations fortes intéressantes. 7.2.3 Les médias

Les médias pris au sens large du terme (radios, télévisions, presses écrite et cybernétique) sont pour le journaliste des sources d’information de seconde main dont il ne peut assurer l’entière crédibilité. Les informations qu’on y puise ne peuvent donc pas être reprises à son compte par le journaliste, mais seulement citées. Par honnêteté intellectuelle et pour se protéger contre des éventuelles inexactitudes (le journaliste pourrait invoquer sa bonne foi). 7.2.4 La documentation « La meilleure et la pire des choses pour le journaliste », avertissait Gérard Ponthieu, auteur de « Le métier de journaliste en 30 questions-réponses ». Elle permet de compléter les informations de terrain, de trouver des chiffres, des dates, de donner le contexte des faits relatés, de préciser certains points. Les rapports et études des experts, les statistiques nationales ou internationales constituent les principaux documents consultés. Ses inconvénients sont tout aussi redoutables : les erreurs sont reprises et perpétuées, sa consultation coûte trop de temps et accapare trop le journaliste sur les dossiers (matière morte) au détriment du travail de terrain (matière vivante).

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7.2.5 Les personnes-ressources

On peut obtenir auprès d’elles deux types d’informations : celles qui peuvent être citées, et celles qui ne le peuvent pas (des informations « off »), utiles pour comprendre le contexte ou disposer de clés de lecture. Quelle que soit la source, le journaliste doit rester prudent pour ne pas tomber dans le piège de la manipulation. En prenant pour informations des messages de propagande. 7.3 Information, manipulation et propagande : éviter le piège

Les ministères, les organisations publiques ou privées, les entreprises et les hommes politiques sont pour la plupart dotées de services de communication avec une composante « relations presse » ayant pour cible les médias. Le travail de ces services est d’amener les journalistes à parler en bien de ces personnes ou organisations selon un agenda qu’ils ont décidé. Autrement dit, manipuler les médias pour qu’ils fassent leur propagande. Si les informations qui viennent de ces sources peuvent être utiles pour le journaliste, celui-ci doit être prudent pour ne pas être utilisé pour faire leur promotion. Le journaliste n’est pas non plus à l’abri de la manipulation de la part de ses informateurs habituels. Il est donc impératif qu’il reste toujours lucide : tout contact avec des sources comporte un risque de manipulation, d’instrumentalisation. Pour éviter ce piège, le journaliste doit être très prudent, et toujours vérifier les informations de différents côtés, qu’elles proviennent de ses informateurs habituels ou pas. Il doit également rester insensible aux petits cadeaux, aux gestes d’amitié, aux Perdiem, aux « frais de taxi »... Enfin, être conscient d’une chose : on n’écrit pas pour ses informateurs, mais pour ses lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs. Il est donc hors de question de faire plaisir à ses sources dans le traitement de l’information, mais plutôt de penser à ceux qui, suivant le support, vont nous lire, nous écouter ou nous regarder. 7.4 Comment reconnaitre la bonne source

Une source doit être crédible et pertinente. Il faut éviter d’utiliser les informations des gens qui ne sont pas des témoins directs d’un évènement, mais qui l’ont appris de tierces personnes. Ce manque de rigueur a déjà causé de nombreux dégâts. 7.5 Comment entretenir et protéger ses sources

La tâche la plus essentielle, et jamais achevée du journaliste consiste à se constituer un bon réseau d’informateurs, ce qu’on appelle dans le jargon du milieu un bon carnet d’adresses. Généralement, ces informateurs sont recrutés parmi les dirigeants des organisations, les universitaires, les juristes, les responsables d’associations et d’Ong, les chercheurs, les spécialistes en tous genres qui pourraient être interrogés pour éclairer une situation. Pour entretenir et protéger ces sources, il faut respecter les règles suivantes : -Etablir une relation de confiance : Le premier effort à faire envers une source c’est de

dissiper la méfiance qui caractérise le premier contact. Ici, les premiers mots de présentation

valent leur pesant d’or. Par la suite, le journaliste doit mériter, par sa compétence

professionnelle, la confiance de ses interlocuteurs. Il doit également tester la fiabilité de ses

sources, l’exactitude de leurs informations, avant de pouvoir leur accorder, à son tour, sa

confiance. Mais, attention ! Il ne faut pas confondre confiance et connivence ! Chacun doit

rester à sa place. Les médias ont suffisamment perdu de leur crédibilité à cause des

rapports ambigus et imbriqués entre les journalistes et les hommes politiques, les milieux

d’affaires, ou des entités ethno-tribales ;

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-Ne jamais violer le « Off the record ». Au cours d’un entretien, il arrive souvent que la

source donne des informations « Off » ou «Off the record », c’est-à-dire, « à ne pas publier

». Il faut effectivement respecter cet accord implicite. Ces informations sont cependant

importantes pour bien comprendre le contexte. Et pourraient un jour être publiées si le

contexte a changé ;

-Ne pas « brûler » ses sources tout en gardant la confiance de son public

Dans les organisations, il est fréquent que des sources donnent des informations tout en demandant qu’on les publie en gardant leur anonymat. Il faut également respecter cet accord, contre vents et marées, quel que soit ce que cela peut vous coûter. Problème, dans le contexte africain en général et camerounais en particulier où la fiabilité des journalistes est assez écornée, une telle information risque de perdre en crédibilité. Il faudrait que le journaliste s’assure qu’effectivement la personne court un risque en se dévoilant. Et si ce risque n’est pas évident, essayer de convaincre la source d’accepter d’être citée. Si cela ne marche pas, laisser tomber l’information car, la manipulation n’est pas loin. En la publiant sous anonymat, le lecteur n’est pas dupe, il comprendra que l’information n’est pas fiable. Exemple à éviter: « Dans l’entourage du ministre de l’Agriculture, on affirme que le Cameroun a produit 200 000 tonnes de cacao en 2014 ». La source n’étant pas citée pour une information qui n’a rien de « sensible », l’information perd de sa crédibilité, le journaliste également. 7.6Commentaires libres contre faits sacrés

Par respect pour ses lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs, il faut toujours veiller à séparer les faits des commentaires. Car si ceux-ci sont libres, les faits, par contre, ne le sont point. Quelle est la différence ? Soient les deux affirmations suivantes : - « Le manque d’efficacité, les mauvais choix de gestion et le management approximatif du maire de la commune de Bafoussam 3ème vont freiner le développement de l’arrondissement durant les prochaines années » ; - « Le maire de la commune de Bafoussam 3ème a sorti 10 millions de Francs cfa des fonds

de la mairie pour payer les études de son fils aux Etats-Unis. »

La première affirmation est une opinion, un commentaire. L’auteur est tout à fait libre de ses propos, et ne devrait pas en être inquiété, en vertu du principe de la liberté d’opinion. En revanche, la deuxième affirmation n’est pas une opinion, mais un fait. L’auteur n’est pas libre de l’énoncer tant qu’il n’est pas sûr de son exactitude. Il ne peut pas invoquer la liberté d’opinion pour se soustraire de sa responsabilité pénale si le fait allégué est inexact et qu’il est poursuivi pour diffamation. 7.7 Echanges

Même si l’exposé a une fois de plus donner l’occasion à quelques jeunes pratiquants de pouvoir désormais mieux cerner la culture et la protection des sources, plusieurs d’entre eux n’ont pas manqué d’insister sur une pratique quotidienne, celle selon laquelle des autorités publiques se sont souvent montré menaçantes vis-à-vis de quelques reporters. Et face à la peur de représailles ces reporters ont fini par céder en livrant l’identité de leur (s) source (s). Il découle donc des échanges que le journaliste doit connaître les textes juridico-légaux, afin de mesurer le risque qu’il prendrait et qu’il ferait courir à ses informateurs en publiant telle ou telle autre informations. Ce qu’il convient de retenir en tout état de cause, c’est que la protection des sources, qui est en réalité une forme de « secret professionnel » pour le journaliste, n’est pas toujours reconnue par les pouvoirs publics. Ainsi, il est difficile au Cameroun d’opposer « la protection des sources » à la police et à la justice.

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Il est une dois de plus revenu à M. Michel Ferdinand d’entretenir l’auditoire sur deux concepts clés, pratiquement indissociables. Dans une approche andragogique, la personne ressource a essayé de puiser l’essentiel des connaissances des participant (e)s, avant de leur présenter le contenue de l’exposé qu’il a préparé. Lequel contenue se résume ainsi qu’il suit :

La personne ressource explique

8.1 Introduction partielle

Il n’est plus à démontrer que le journalisme, je veux dire le journalisme professionnel ou de qualité permet de soutenir la démocratie, puisqu’il donne aux lecteurs, auditeurs, téléspectateurs et de plus en plus aux internautes des informations vitales dont ils ont besoin pour voter intelligemment et s’engager en tant que citoyens. Et c’est d’ailleurs fort à propos que Hervé Bourgues, ancien président de l’Union de la presse Francophone, reconnaît que « Pas de démocratie sans espace public, pas d’espace public sans une information fiable, pluraliste et partagée par tous ». Journalisme et Démocratie: la problématique ainsi formulée soulève des questionnements au point où l’on se demande, à raison, si le journalisme -la presse telle que nous la connaissons- est vraiment essentiel pour la démocratie. 8.2 Clarification des concepts

Il s’agit ici, de s’éloigner des définitions prosaïques, afin de restituer à chaque concept une signification contextuelle. La Démocratie signifie que le gouvernement est à l’écoute des citoyens. On entend par gouvernement aussi bien les politiciens élus que tous les responsables recrutés ou nommés

8. Module 6 : Journalisme et démocratie

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par l’Etat: la police, l’armée, les responsables qui dirigent les villes, les régions, les écoles et les hôpitaux etc. Mais, comme beaucoup d’entre-nous le souhaitent, on peut dire également qu’étymologiquement, démocratie vient du grec « Dëmokratia » ou « Pouvoir au peuple ». D’un côté, l’on a Dèmos (peuple) et de l’autre Kratos (pouvoir, autorité). Il en découle dès lors que la démocratie est un régime politique dans lequel le pouvoir est détenu/contrôlé par le peuple, sans qu’on y perçoive des distinctions dues à la naissance, la richesse, la compétence. Le seul principe qui gouverne est celui d’égalité. Le journalisme renvoie au travail, à l’activité, à la profession de journaliste. C’est aussi le mode d’expression propre à la presse. Le journaliste est celui dont le métier est d’écrire dans un journal, de parler à la radio ou à la télévision et, par extension, d’informer à travers un média: presse écrite et cybernétique, radio, télévision.

On perçoit les enjeux Dans le contexte camerounais, l’article 46 de la Loi numéro 90/052 du 19 décembre 1990 sur la Liberté de communication sociale « considère comme journaliste toute personne qui sur la base de ses facultés intellectuelles, de sa formation et de ses talents et reconnue apte à la recherche et au traitement de l’information destinée à la communication sociale ». Le journaliste, laisse-t-on de plus en plus répandre au Cameroun et celui qui collecte, traite, diffuse une information et en tire l’essentiel de ses revenus. 8.3 Les fondements juridiques de la liberté de communication et de la démocratie

Dans la hiérarchie des normes juridiques, la Constitution occupe le premier rang. C’est ainsi que la Constitution du 18 janvier 1996 et ses modifications subséquentes (Loi n°2008/001 modifiant et complétant certaines dispositions de la Loi n°96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution du 02 juin 1972 dans son préambule affirme son « Attachement aux libertés fondamentales inscrites dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Charte des Nations Unies, la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples et toutes les conventions internationales y relatives dûment ratifiées.

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Il n’est donc pas surprenant de constater que cette Constitution consacre « la liberté de communication, la liberté d’expression, la liberté de presse, la liberté de réunion, la liberté d’association, la liberté syndicale…(dans les conditions fixées par la loi). Plus loin, le Titre premier, en son article 1er alinéa 2 proclame que : « La République du Cameroun est une et indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Ce qui veut tout dire. Une fois adoptés et ratifiés, les instruments internationaux ou infra-constitutionnels ont aussi une toute puissance, à l’instar de la DUDH des Nations Unies du 10 décembre 1948 qui dont certaines dispositions proclament : Article 19: « Tout individu a droit à la liberté d’opinion, d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ». Article 21 (1) : Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants librement choisis. Comme nous le constatons, le journalisme occupe une place privilégiée dans les constitutions et les lois de nations. Le parallèle, c’est que les médias donnent aux citoyen (ne)s la possibilité d’exercer le droit à la libre expression. 8.4 Le rôle des médias (du journaliste) en démocratie (période électorale)

Parce que l’élection est l’une des manifestions vivantes de la démocratie, la tâche d’un journaliste responsable dans une campagne électorale est d’informer correctement les citoyen (ne)s pour qu’ils puissent prendre des décisions responsables le jour du scrutin. De ce point de vue, les médias sont le moyen le plus efficace pour informer le peuple sur les élections et les choix politiques. Les médias peuvent demander au gouvernement et à l’opposition de rendre des comptes concernant leurs agissements lors du mandat précédent. Les citoyens ont le droit de savoir comment le gouvernement a géré le pays depuis les dernières élections et qu’elles ont été les alternatives proposées par l’opposition pendant la même période. Malheureusement, il existe encore des journalistes qui sont obligés de travailler sous la contrainte imposée par les gouvernements ou par de puissants intérêts qui interfèrent avec le professionnalisme. S’il est admis qu’il faut aux journalistes de définir librement leur mission, ils doivent suivre certains critères professionnels du métier. 8.5 Les critères du journalisme professionnel Les critères du journalisme professionnel, d’après la personne ressource, se résument en :

- La fiabilité: elle renvoie à la confiance

- La diversité: le choix politique est essentiel dans une élection démocratique tout

comme il est essentiel d’avoir une diversité dans la couverture médiatique de la campagne électorale. Aucun média ne peut à lui seul couvrir les élections, même les médias publics ne peuvent assurer cela. La concurrence entre les différents médias permet ainsi de garantir que les opinions des partis politiques en compétition et celles des électeurs sont transmises au grand public. En plus de la diversité, il faut que les médias soient indépendants.

- L’indépendance: Les médias doivent être à l’abri des interventions du gouvernement

et des partis aux enjeux puissants qui tentent d’empêcher les journalistes de transmettre les voix des partis et des électeurs. L’indépendance des médias doit être

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renforcée par les lois, les tribunaux et des régulateurs indépendants qui les protégeront des éléments perturbateurs

8.6 Conclusion partielle

Un bon journaliste, enseigne un érudit: « est comme un remède efficace: sa composition n’est ni politique, ni culturelle, ni raciale. Son rôle est de renforcer la bonne santé de la démocratie. L’élément humain étant un déterminant important dans la production journalistique, on convient avec le sociologue sénégalais, Oumar Diagne, dans son ouvrage « Le sens du journalisme dans le développement », que le journaliste doit savoir le rôle que doit jouer ce métier, afin de contribuer à briser les barrières qui étouffent les potentialités propres à faire accéder l’Homme à une vie et à une société qualitativement meilleures. Ce dans cette direction que doit travailler le journaliste pour être plus que jamais un agent de développement. 8.7 Echanges

Les échanges qui s’en sont suivis ont surtout porté sur la capacité du journaliste, d’échapper aux diverses pressions en période électorale, notamment au Cameroun, où la structuration des médias les prédisposent à quelques dérives. « C’est une question de responsabilité, d’éthique et de déontologie pour un journaliste de traiter une information de manière impartiale, puisque sa crédibilité en dépend », a soutenu la personne ressource. Tout en renchérissant : « Le journalisme étant un pilier important de la démocratie, nous encourageons les confrères et consœurs à ne pas s’éloigner des fondamentaux, surtout qu’en Afrique, la plupart des démocraties sont récentes. Autant nous nous efforcerons à mieux informer l’opinion, autant nous enracinerons la culture démocratique dans l’environnement qui est le nôtre ». La fin des exposés a ouvert le champ aux travaux en groupe.

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Trois groupes ont été constitués, et chacun a travaillé sur des TDR élaborés bien avant : La phase de restitution que nous présentons ci-dessous est le fruit de la réflexion mûrie dans chacun des groupes. Groupe 1 : Les problèmes d’accès à l’information dans les services publics

- Recours à la hiérarchie ; - Indisponibilité des archives et mauvaise gestion ; - Manque de confiance des autorités vis-à-vis des journalistes - Manque de crédibilité des journalistes et de leur média - Phobie pour certains médias (privés), discrimination - Mauvaises approches - Méconnaissance des textes - Manque de cellule de communication - Corruption - Contexte socioculturel - Indisponibilité des personnes ressources - Refus catégorique de certaines sources

Y ont contribué :

- Moïse Kankeu - Vivien Tonfack - Alice Simeu - Symaro Mebego - Linda Agbor

Groupe 2 : Les sources d’informations Ce thème a été traité en deux parties par les membres dudit groupe

A- Les difficultés

1) Les sources administratives - La barrière entre les administrations et le journaliste (silence, peur, recul, secret

professionnel, méfiance…)

9. Travaux en groupe

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- L’amateurisme dans la recherche (attitude, non maîtrise du sujet, mauvaise démarche, mendicité…)

- Le manque de crédibilité (chantage, diffamation, intimidation…)

2) Les sources privées - Le mauvais choix - L’absence de relation interpersonnelle - Manque de confiance

B- Pourquoi protéger ses sources

1) Crédibilité de l’information – Garder la confiance – Professionnalisation de l’organe de presse – Possibilité d’avoir une bonne information

2) Suivi de l’information - Expliciter l’information - Entretenir sa source

Y ont participé :

- Pascal Vénus Ngabang - Corneille Noumessi - Flore Kamga - Dallas Tchana - Guy Roméo Mbopda

Groupe 3 : déontologie et éthique Les membres du groupe ont examiné le thème en faisant ressortir les difficultés liées au non respect de la déontologie professionnelle et de l’éthique journalistique.

Les blocages ainsi identifiés sont : - Salaires dérisoires - Mauvaises conditions de travail - Frustration - Corruption

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- Clochardisation du personnel - Propension à la mendicité - Manipulation

Malgré ces difficultés, poursuivent les membres de ce groupe, on a quand même des journalistes qui s’efforcent à mettre en application les règles fixées. Ils appellent néanmoins les promoteurs d’entreprises de presse à l’application de la Convention collective nationale des journalistes et des professionnels métiers connexes de la communication sociale du Cameroun, signée en 2008 au Cameroun. Y ont réfléchi :

- Béatrice Tengo - Yannick Fotso - Christèlle Yimga - Michel Fonkoua - Jean de Dieu Koagne

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Au sortir de cet atelier, les participant (e)s ont formulé les recommandations suivantes :

Mener un plaidoyer en direction des pouvoirs publics en vue de faciliter l’accès aux

sources officielles d’information ;

Inciter les patrons de presse à mettre en application dans de bref délais la Convention collective nationale des journalistes et des professionnels des métiers connexes de la communication sociale du Cameroun ;

Encourager les organisations socioprofessionnelles à mettre sur pied un véritable tribunal des pairs pour apprécier les productions journalistiques et assainir la profession de journaliste au Cameroun ;

Multiplier les séquences de remise à niveau des journalistes pour leur permettre de

s’approprier davantage la déontologie professionnelle, l’éthique journalistique et la responsabilité sociale du journaliste ;

10. Recommandations

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Avant de se séparer au bout de deux jours d’atelier, les participant (e)s ont librement exprimé leurs opinions à travers une évaluation dont les modules sont les suivants, avec dans chaque cadre un nombre comme élément d’expression.

Ponctualité Contenu des

modules

Pertinence des

modules

Méthodologie d’animation

Logistiques

Moyen

07

Bien

08 05 05 04 03

Très bien

10 10 11 12

11. Evaluation de l’atelier

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Conclusion En attendant de voir si cet atelier a produit des résultats –à travers l’amélioration de la qualité des productions journalistiques-, on peut d’emblée qui a contribué à revisiter des notions élémentaires connues et souvent perdues de vue dans la pratique du journalisme. Dans l’ensemble, chaque module présenté, et objet de débats soutenus, démontre à quel point il était important de mettre en œuvre un projet pareil, davantage dans un environnement médiatique camerounais gangréné par des maux tels que décrits par les participant (e)s eux/elles mêmes à savoir: l’accès difficile aux sources officielles d’information, la clochardisation des professionnels, la corruption, l’absence d’application de la convention collective existante etc. C’est le lieu pour nous de traduire notre gratitude à l’endroit de l’ADISI et de son partenaire financier NED, tout en souhaitant que des initiatives similaires interviennent régulièrement, afin que le journaliste, pierre angulaire de la construction d’une société démocratique, soit à même d’informer l’opinion en gardant toute la distance possible Dans ce registre, nous ne manquerons pas de remercier les personnes ressources, journalistes en activité dans des organes de presse public et privé, qui ont accepté d’apporter leur contribution dans ce sens.

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Annexes Annexe A : Programme de l’atelier

Mbouo-Bandjoun, les 10 et 11 novembre 2016

AGENDA

Jour1

8h00-09h : Arrivée et accueil des participants

09h-9h30

Contexte et objectifs de l’atelier

Désignation des rapporteurs J1 et J2

Désignation des rapporteurs des recommandations de l’atelier

Désignation des time-kipper

9h30-11h00

Déontologie et éthique journalistique

Echanges

11h00- 11h30 : Pause-café

11h30-13h00

Responsabilité sociale du journaliste

Echanges

13h00-14h : Pause-déjeuner

14h- 15h30

Droit des médias

Echanges

15h30-17h

Droit de l’information et accès des citoyens à l’information

Echanges

17h-17h10 : Evaluation et clôture de la journée

Facilitateur :

Jour2

9h- 9h30 : Lecture et amendement du rapport du J1 Rapporteurs

9h30- 11h00 :

Culture et protection des sources

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Echanges

11h00- 11h30 : Pause-café

11h30- 13h00

Journalisme et démocratie

Echanges

13h00- 13h30 : Organisation des travaux de groupe sur les thèmes

- Problèmes d’accès à l’information dans les services publics

- Sources ADISI

- Déontologie et éthique

13h30- 14h30 : Pause déjeuner

14h30- 15h30 : Travaux en groupe (suite) ADISI

15h30- 16h : Restitution des travaux de groupe Rapporteurs

16h- 16h10 : Synthèse des recommandations de l’atelier Rapporteurs

16h10-16h30 : Lecture du rapport du J2 Rapporteurs

Facilitateur :

16h30 : Clôture de l’atelier ADISI

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Annexe B : Liste des participant (e)s

N° Noms et Prénoms Organes Téléphones Emails

01 Christele Yimga Radio Batcham FM 694 621 248 [email protected]

02 Flore Kamga STV 691 366 528 [email protected]

03 Linda Agbor The Post 671 441 657 [email protected]

04 Alice Simeu Radio communautaire

Bafoussam 2

698 022 522 [email protected]

05 Béatrice Tengo Radio Bonne Nouvelle 677 931 932 [email protected]

06 Vivien Tonfack La Nouvelle Expression 695 264 692 [email protected]

07 Moïse Kankeu

Kengne

Dunamis FM 679 445 691 [email protected]

08 Michel Fokoua Canal 2 International 677 834 268 [email protected]

09 Yannick Fotso Radio Batcham FM 695 622 823 [email protected]

10 Pascal vénus

Ngabang

RUNA FM 695 210 301 [email protected]

11 Corneille

Noumessi

Radio Universitaire

Tankou

699 950 598 [email protected]

12 Dallas Tchana Equinoxe Tv 698 839 850 [email protected]

13 Guy Roméo

Mbopda

Radio Communautaire

Baf 2

696 688 737 [email protected]

14 Jean de Dieu

Koagne

Crtv Ouest 699 041 483 [email protected]

15 Symaro Mebego STV (Dschang) 679 466 485 [email protected]

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Annexe C : coupures de presse