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RAPPORT DE RECHERCHE Reconstruction et environnement dans la région métropolitaine de Port-au-Prince : Cas de Bristout-Bobin Juin 2013 | Groupe URD

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RAPPORT DE RECHERCHE

Reconstruction et environnement dans la région métropolitaine de Port-au-Prince :

Cas de Bristout-Bobin

Juin 2013 | Groupe URD

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Pour tous renseignements contacter :

Groupe URD La Fontaine des Marins 26170 PLAISIANS

France Tel : + 33 (0)4.75.28.29.35 Fax : + 33 (0)4.75.28.65.44

E-mail : [email protected] | www.urd.org

est une structure d’appui au secteur humanitaire et post-crise. Il vise une amélioration des pratiques humanitaires en faveur des populations affectées par les crises, à travers plusieurs types d’activités, comme des projets de recherche opérationnelle, des évaluations de programmes, de la conception d’outils méthodologiques, des processus d’appui institutionnel et de la formation, en France et à l’étranger.

© Groupe URD | Juin 2013

Note sur les auteurs

Sociologue et doctorant en géographie urbaine, Richener Noel a travaillé comme assistant de recherche et comme professeur de méthodologie l’enquête orale et patrimoine immatériel à l’Université d’État d’Haïti. Il est aujourd’hui chercheur assistant dans le cadre de l’Observatoire URD en Haïti.

Remerciements

Notre plus grande reconnaissance à toutes les personnes vivant à Bristout-Bobin, notamment les Responsables du CCGBB qui nous ont permis de mener à bien cette recherche. Merci aussi à tous les autres interlocuteurs, membres du Gouvernement haïtien, de la société civile ou encore des organisations internationales qui ont répondu à nos interrogations, à tous ceux qui ont participé à l’étude, ainsi qu’aux membres du Groupe URD, notamment à Blanche Renaudin.

Le Groupe URD (Urgence – Réhabilitation – Développement)

Les opinions exprimées dans ce rapport sont de la responsabilité exclusive de leurs auteurs.

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au-Prince : cas de Bristout et Bobin

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SOMMAIRE

1. Introduction ............................................................................................................. 7

1.1. Les objectifs poursuivis : .................................................................. 8

1.2. Méthodologie ..................................................................................... 9 2. Présentation générale des quartiers Bristout et Bobin ...................................... 11

2.1. Positionnement et historique du lieu ............................................. 11 2.1.1. Localisation et délimitation ....................................................................................... 11 2.1.2. Histoire et dynamique d’implantation ....................................................................... 12 2.1.3. Évolution socioéconomique ...................................................................................... 13

2.2. Caractéristiques du milieu naturel ................................................ 13 2.2.1. Description et dégradation du milieu naturel ............................................................ 13 3.2.4. Initiatives de gestion du milieu ................................................................................. 14

3. Évolution du milieu en conséquence du séisme .................................................. 15

3.1. Dynamique de relocalisation ........................................................... 15 3.1.1. Nouvelle occupation de l’espace ......................................................................... 15 3.1.1. État des bâtis ....................................................................................................... 16

3.2. Facteurs d’évolution de la situation environnementale afférente au séisme ................................................................................................. 17

3.2.1. Initiatives et stratégie d’adaptation des populations.................................................. 17 3.2.2. Rôles joués par les pouvoirs publics ......................................................................... 17 3.2.3. Actions menées par les organisations internationales/secteur privé. ........................ 19 3.2. Évolution et analyse de la situation environnementale : eau, déchets et assainissement ............................................................................................................................................. 19 3.2.1. Ressource en eau ....................................................................................................... 19 3.2.2. Gestion des déchets et des excrétas ........................................................................... 20 3.2.3. Système d’assainissement des eaux usées et pluviales ............................................. 21

4. Risques encourus par les populations d’une dégradation environnementale .. 22

4.1. Risque sanitaire ............................................................................... 22 Accommodation camps-quartiers : une situation sanitaire difficilement gérable ............... 22

4.2. Risques de catastrophes naturelles ................................................ 22

4.3. Risques socio-économiques ............................................................ 23 Apparition d’une couche de populations plus défavorisées ................................................ 23

Promiscuité. ............................................................................................ 23 4.4. Autres risques .................................................................................. 24

L’atmosphère de vie de quartiers et vie de camps : dégradation du cadre de vie et augmentation des cas délinquance ...................................................................................... 24

5. Initiatives de relocalisation à Bristout-Bobin ...................................................... 25

6. Conclusion et recommandations .......................................................................... 27

Bibliographie ................................................................................................................. 31

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GLOSSAIRE ALIMA: The Alliance for International medical Action ACDI : Agence Canadienne de Développement International ATL : Agence Technique Locale CAMEP : Centrale Autonome Métropolitaine d’Eau Potable CASEC : Conseil d’Administration de la Section Communale CCGBB : Comité de Coordination Générale de Bristout/Bobin CODCOB : Comité pour le Développement Communautaire de Bristout CRC : Centre de Ressources Communautaires DINEPA : Direction Nationale de l’Eau Potable et de l’Assainissement ENAF : École Nationale d’Administration et des Finances FAU : Fondation Architecte de l’Urgence FNUAP : Fonds des Nations Unis pour la Population FRH : Fonds pour la Reconstruction d’Haïti IHSI : Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique MARNDR : Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural MICT : Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales MOJUB : Mouvements des Jeunes Unis pour le Développement de Bristout MTPTC : Ministère des travaux publics, transports et communications OIM : Organisation internationale pour les migrations OIT : Organisation Internationale du Travail ONG : Organisation Non Gouvernementale UN-Habitat : United Nations Human Settlements Programme OMS : Organisation Mondiale de la Santé PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement SI : Solidarités International UCLBP : Unité de Construction de Logements et des Bâtiments Publics UNOPS : Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets UTDB : Union Têtes-Ensembles pour le Développement de Bobin

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RÉSUMÉ EXÉCUTIF

Les quartiers Bristout et Bobin vivent une situation environnementale difficile qui ne s’est guère améliorée près de trois ans après le séisme du 12 janvier 2010. Il s’agit des zones où vivent des populations parmi les plus pauvres de la grande région métropolitaine de Port-au-Prince. En plus du manque d’infrastructure et de service public, de la privation et de l’enclavement, ces populations sont victimes d’une attitude de déni de réalité de la part des autorités publiques : « elles ne devraient pas être là ». Avec ce comportement d’autruche, les habitants seraient les seuls responsables des risques encourus en s’installant dans de tels endroits non propices à la construction. Après le séisme, on a catégorisé les populations en celles vivant dans des maisons non affectées, reconstruites ou réparées et celles vivant dans des abris de fortune faits de matériaux de récupération. Les camps viennent dégrader davantage une situation de vie déjà calamiteuse engendrée par la bidonvilisation. Les populations ont ainsi vu s’accentuer leur vulnérabilité quant à certains risques environnementaux : contamination, glissement de terrain, écoulement de maison, inondation, etc. En plus des problèmes d’hygiène créés par le maintien des camps dans le quartier, l’ordre social a été bouleversé par l’arrivée de nouvelles personnes et la promiscuité très grande. Les responsables communautaires ont en ce sens fait part d’un sentiment d’inquiétude face aux cas de grossesses précoces, de viols, et d’autres cas de délinquance qui semblent croitre, de grossesses. L’aide humanitaire déployée massivement après la catastrophe du 12 janvier 2010, ne s’inscrivait pas dans une démarche d’aider à

développer des actions pérennes de gestion de l’environnement dans la communauté. Au regard de la non-implication des autorités publiques (nationales, locales), la communauté a mis en place quelques actions prioritaires pour résoudre certains problèmes clés : sensibilisation par les comités de quartiers et les comités de camps à un minimum de bonne gestion des déchets au niveau du quartier ; actions ponctuelles de ramassage collectif des déchets, etc. Ils n’ont cependant, pas proposé d’action communautaire durable à mettre en place pour faire face aux problèmes environnementaux évoqués. Il existe une forte cohésion au niveau des organisations communautaires ainsi qu’une nette prise de conscience par les membres de la communauté des problèmes environnementaux auxquels celle-ci fait face. De plus, les revendications envers les autorités publiques (gestion des déchets et de l’assainissement, accès à l’eau potable, protection des berges, etc.) sont claires. Ce rapport se fonde sur des données recueillies en novembre 2012 ; il recommande de capitaliser sur cette capacité de la communauté et de l’appuyer à développer et mettre en place des activités émanant des ménages et des organisations existantes comme point de départ d’un dispositif de gestion de l’environnement. Ces initiatives encourageraient la communauté et les ménages à jouer un rôle plus important dans la gestion des déchets, la distribution de l’eau potable ainsi que la prévention et la réduction des risques (contrôle de la construction, reboisement, etc.), ne serait-ce que comme palliatif à l’absence des pouvoirs publics.

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1. Introduction La dégradation environnementale en Haïti n’est pas un phénomène récent et ne date assurément pas du séisme du 12 janvier 2010. Ce dernier n’a fait que mettre un peu plus en évidence des facteurs de risques qui préexistaient notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince. Provoquant plusieurs dizaines de milliers de cas de décès, des centaines de milliers de blessés et plus de 1.5 million de sans-abris, l’événement est de loin la catastrophe naturelle la plus importante à l’échelle du pays et parmi les plus dramatiques à l’échelle mondiale. Ce désastre ne peut toutefois être ni abordé comme une fatalité, ni comme un ‘simple’ aléa naturel. La corrélation entre le niveau des risques et vulnérabilités et l’ampleur des dégâts a en effet fait l’objet de discussions au lendemain du séisme et il est avéré que les niveaux de précarité de la majeure partie de la population de la région affectée ont constitué un facteur fortement aggravant au séisme lui-même. Forts de ce constat, l’État haïtien et la communauté internationale ont entamé certaines réflexions pour une reconstruction du pays sur des bases nouvelles. La Présidence et le gouvernement de l’époque ont même alors évoqué le terme de « Refondation » pour exprimer l’idée d’un pays nouveau, plus sûr et moins exposé aux chocs. La notion de relèvement était envisagée dans une logique de développement intégral ; il fallait penser un projet de reconstruction prenant d’abord en compte le développement du pays. Cette approche a même été reprise et défendue par les bailleurs et autres institutions internationales. Il serait prématuré d’établir un bilan définitif trois années seulement après une catastrophe d’une telle ampleur ; pourtant, les premiers constats des actions réalisées en matière de construction et de reconstruction et des choix envisagés laissent nourrir des impressions mitigées quant aux actions effectivement réalisées et surtout quant au flou sur les perspectives stratégiques définies jusqu’à date (UCLBP: 2012, Davis: 2012). Après le séisme, de nouveaux quartiers et camps, probablement permanents pour certains d’entre eux, se sont créés avec l'implication des autorités haïtiennes. Le développement de ces sites, réalisé dans l’urgence et de façon spontanée, n’a bien entendu suivi d'aucune planification et peut alors engendrer des dégâts sociaux et environnementaux. Ces quartiers hébergent en effet des victimes du séisme n’ayant pas toujours les moyens de se construire ou de se « re-construire » par eux-mêmes une nouvelle vie. Quels sont alors les risques d’une détérioration de la qualité de vie des habitants ? Quels sont les risques que ces abris transitoires installés dans les quartiers deviennent structurels et caractéristiques de Port-au-Prince ?

Un processus de reconstruction similaire aujourd’hui au peuplement historique de Port-au-Prince, c’est-à-dire sans cadre légal et largement caractérisé par une construction non encadrée, semble s’intensifier dans la région métropolitaine, et ce, en dépit des politiques de reconstruction annoncées par les autorités dans différents documents officiels (Gouvernement de la République d’Haïti [PARDNA] : 2010, UCLBP : 2012). Les observations montrent en effet que le processus d’auto-construction s’accentue en bien des endroits et notamment sur des pentes aigües ou autres terrains à risques. Cette occupation accélérée de l’espace informel s’explique tout à la fois par les dynamiques de sortie de camps ou dans certains cas, d’opportunisme favorisé par les incertitudes liées aux stratégies de reconstruction. Les migrations des zones rurales et des villes secondaires vers Port-au-Prince seraient également en nette augmentation supposément en raison de l’effet d’attraction créé par la concentration de la réponse post-séisme dans la zone métropolitaine conjuguée à une dégradation continuelle des conditions de vie dans les provinces. Les habitations ou les shelters sont aussi dans certains cas établis dans des emplacements inopportuns (à la place des maisons détruites par le séisme), sans toujours considérer les risques afférents, même préexistants au séisme. Cette forme d’implantation, qu’elle soit contrainte ou opportuniste, est certes une violation de la loi, mais elle s’inscrit dans la continuité du processus historique du peuplement urbain en Haïti et s’accompagne donc d’une forme de licence de la part des autorités concernées. Quels sont alors les risques de négliger les leçons tirées du séisme quant à la nécessité

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de reconstruire autrement en assurant notamment une implication soutenue des instances étatiques et territoriales dans toutes activités de construction dans les quartiers de la région métropolitaine de Port-au-Prince ? Quels sont les risques de voir accroître le mode d’occupation sauvage qui caractérisait déjà le Port-au-Prince pré-séisme ? À Bristout et Bobin, le terrain de recherche de cette étude, les indices d’un relèvement consécutif au séisme ne sont pas encore visibles1. Les deux quartiers ont beaucoup souffert de la catastrophe : avec une vingtaine de pertes en vies humaines, plusieurs centaines de blessés, et sur le plan matériel, plus du tiers de maisons détruites, résultant dans l’installation de camps spontanés abritant près de 40 % des familles du quartier au lendemain du séisme. Si certains camps ont depuis été fermés, d’autres perdurent, regroupant une population estimée à 6 000 personnes (environ 25 % de la population totale) et maintenant une situation complexe à différents niveaux, aussi bien sanitaire que sociale. L’absence des pouvoirs publics pour apporter des éléments de réponse est demeurée une constante dans le quartier au-delà du séisme. Cette discrétion des autorités gouvernementales ou municipales n’est toutefois pas l’apanage de Bristout-Bobin, mais s’inscrit dans une perspective plus large. La politique nationale stipule en effet que les familles sont elles-mêmes responsables de la reconstruction des logements, sous-entendant que ni l’État ni les Municipalités ne mettraient en œuvre de grands chantiers (UCLBP : juin 2012). Cette stratégie ouvre cependant un certain nombre de questionnements, puisque les familles, notamment les plus vulnérables, sont supposées ne pas avoir les moyens de financer des logements décents et sécurisés, ni de pouvoir accéder au crédit auprès des institutions financières. D’un autre côté, la sortie des camps s’effectue sans que l’offre de logements ait été réellement accrue, ce qui accentue les risques d’une structuration de ces conditions de vie précaires. Ces choix en matière de logement et d’habitat ne sont-ils pas susceptibles d’amplifier l’auto-occupation et d’accroître la pression sur l’espace ? Aujourd’hui, plus de deux ans et demi après le tremblement de terre dévastateur où en est la reconstruction ? La situation actuelle constitue-t-elle le prélude à un développement positif visant à produire un environnement meilleur et plus sûr pour les Haïtiens ou au contraire présage-t-elle d’une dégradation environnementale encore plus marquée ? Comment considérer l’aspect temporel de cette reconstruction ? En quoi la stratégie de reconstruction actuelle et sa mise en œuvre sont-elles susceptibles d’avoir des effets sur l’environnement? Quels sont les risques afférents auxquels serait exposée la population ? Telles sont les questions auxquelles ce travail de recherche opérationnelle sur la thématique « Reconstruction et environnement : l’exemple de la région métropolitaine de Port-au-Prince » tente d’apporter des éléments de réponse à travers trois études de cas (Bristout-Bobin, Canaan, Morne-Hôpital). Ce premier rapport concerne le cas spécifique des quartiers Bristout et Bobin, situés dans la Commune de Pétion-Ville (le rapport no2 se portera sur Canaan et le 3 sur Morne-Hôpital). Il s’agit à partir de ce cas concret d’analyser la situation actuelle et les répercussions de la politique de reconstruction et de sa mise en œuvre sur les conditions de vie et du cadre environnemental des populations.

1.1. Les objectifs poursuivis : Améliorer la prise en compte des risques environnementaux en milieu urbain dans la réponse humanitaire, dans la transition et dans la politique de reconstruction post-séisme.

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………… 1 Il faut souligner que les données recueillies dans ce rapport datent de novembre 2012. Les recommandations

avaient alors été validées par les groupes de la communauté. Depuis, certaines améliorations ont été apportées au

quartier par les autorités en place mais nous n’avons pas fait de relevé détaillé de celles-ci.

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i) Étudier les risques d'une détérioration de la situation environnementale dans la région métropolitaine de Port-au-Prince en conséquence du séisme du 12 janvier 2010 (conséquences directes et indirectes).

La détérioration mentionnée concerne celle liée :

- Aux déplacements intra-urbains massifs de population, à l'accaparement non légalisé de terres (ex : Morne l'Hôpital, Canaan/Jérusalem...) et à l'auto-construction non encadrée.

- Aux risques découlants d’ une dégradation de la situation socio-économique des populations affectées induisant le recours à des actions fragilisant l'environnement physique et sanitaire (gestion des déchets, coupe de bois pour les abris ou les combustibles...).

- Aux interventions ou aux non-interventions des institutions publiques ou des organisations inter/nationales en réponse aux conséquences du séisme (études de cas : fermeture des camps, délais dans la reconstruction...).

ii) Étudier les actions permettant de réduire les risques environnementaux et émettre

des recommandations

- Identifier et sélectionner quelques activités visant à réduire les risques environnementaux consécutifs au séisme (ex : projets EcoSan, appui à l'auto-construction, utilisation des combustibles...).

- Émettre des recommandations pour une meilleure prise en compte des questions environnementales en milieu urbain dans les réponses d'urgence et de reconstruction.

iii) Renforcer les capacités nationales sur l'intégration de l'environnement dans le

diagnostic, la conception et la mise en œuvre des programmes

- organiser une session de formation sur l'intégration de l'environnement dans les projets humanitaires ou de développement.

- Organiser des ateliers de réflexion sur ces questions environnementales.

1.2. Méthodologie Les données dans ce présent article ont été rassemblées en combinant plusieurs sources : premièrement, un travail de capitalisation et d’analyse bibliographique des évaluations et des études réalisées dans les quartiers et les camps concernés ; également, un travail d’observation approfondi dans les zones d’études ; enfin, la réalisation de focus group et d’ateliers de travail sur les problématiques tant environnementales que de reconstruction spécifiques au quartier. La démarche analytique retenue combine à la fois les données quantitatives, qualitatives et d’analyse de cartes. Cette approche permet d’analyser à la fois la portée, la mise en œuvre et les évolutions liées aux stratégies/plans définis. Capitalisation sur les travaux déjà réalisés ou en cours de réalisation Depuis le séisme, de multiples travaux de recherche et d’évaluation ont été réalisés par les acteurs humanitaires sur la situation dans les camps et dans les quartiers. La recherche documentaire réalisée dans le cadre de cette étude a ainsi permis de dresser un bilan de la situation de l’environnement physique et d’estimer les différents risques liés à la situation post-séisme et pré-reconstruction actuelle. Les résultats de l’étude ont été mis systématiquement en perspective avec la réalité d’avant le séisme afin de mettre en lumière les différences observables entre les deux périodes. L’enquête de terrain représente un axe important de cette analyse. Elle avait pour objectif entre autres de déceler les stratégies des populations, les dynamiques de re/construction et les actions des

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acteurs étatiques et d’assistance sur le terrain. L’observation in situ des quartiers et des camps devait permettre de saisir leurs spécificités physiques, mais aussi de les confronter avec les points de vue des responsables locaux et des populations. Des focus-group et ateliers de partage d’expériences ont été organisés réunissant les représentants des organisations communautaires, ce qui a permis de mieux saisir leur niveau d’appropriation des questions environnementales et leur lecture de la réalité du quartier. Il s’agissait alors d’identifier les principaux risques environnementaux auxquels sont confrontées les populations du quartier de Bristout-Bobin depuis le séisme, les principales interventions menées dans ce domaine dans le quartier, et de recueillir à partir de l’analyse du quartier de Bristout-Bobin les réflexions des représentants d’organisations communautaires sur la problématique urgence et reconstruction de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Organisation d’un atelier de travail sur la problématique environnementale. Un atelier de travail a servi de panel pour recueillir les points de vue des experts, des ONG qui ont travaillé à Bristout-Bobin. Il a permis de mieux appréhender le contexte, d’élucider les principaux enjeux des interventions et de dégager des perspectives d’avenir, selon les projets d’investissement prévus pour le quartier. Les recommandations formulées à la fin de ce document présentent des propositions d’actions faites tant par la communauté que par les leaders communautaires de Bristout-Bobin. 1.3. Limites de l’étude La démarche adoptée dans le cadre de cette recherche ne constitue pas une étude technique en sciences de l’environnement ou gestion des risques (exemples : analyse des polluants présents dans l’air ou dans l’eau, étude sur la mécanique des sols, micro zonage des risques naturels). Elle s’appuie au contraire sur les études environnementales déjà réalisées dans la zone métropolitaine. La méthodologie de travail n’a pas été envisagée comme une enquête quantitative (exhaustive ou probabiliste) sur les ménages du quartier. Les données tirées des observations, des entretiens individuels et de groupe (focus-group) pourraient être l’expression très partielle de la situation (réelle) du quartier. C’est peut-être là une limite inhérente à la méthode qualitative. Les procédés utilisés, tels que la triangulation des informations, ont toutefois permis de vérifier leur pertinence. Les méthodes de collecte des données utilisées ont permis d’explorer la dynamique des quartiers, d’élucider les problèmes environnementaux auxquels font aujourd’hui face les habitants par rapport à la situation pré-séisme et de recueillir leurs points de vue sur leur situation actuelle.

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2. Présentation générale des quartiers Bristout et Bobin

2.1. Positionnement et historique du lieu

2.1.1. Localisation et délimitation Les quartiers Bristout et Bobin se trouvent au nord-est du centre de Pétion-Ville (environ 6 km, sud-est de Port-au-Prince), accessibles principalement par la route de Péguy-Ville (un quartier de cette commune), mais aussi plus difficilement à partir de la route des Frères à travers des voies piétonnières traversant la ravine Galette-Bristout. Ils sont situés dans la deuxième section communale Bellevue-Chardonnière, mais sont devenus des quartiers urbains du fait de l’étalement de Pétion-Ville. Ils sont annexés au Bloc 9 et représentés par un délégué de ville dans l’Assemblée

municipale. Ils constituent deux noms de lieux-dits distincts, mais situés à proximité l’un de l’autre, connaissent à peu près la même histoire et la même réalité sociale. La situation engendrée par le séisme a beaucoup contribué au rapprochement des deux quartiers ; depuis, ils sont généralement cités ensemble par le composé Bristout-Bobin ou Bristout & Bobin. Spatialement, les deux quartiers, quinze hectares de surface, sont bien délimités, au nord et à l’ouest, par le plus grand ravin de la zone dénommé Ravine-Bristout qui sert de barrière physique. Enclavés, les deux quartiers sont méconnus par beaucoup de Pétion-Villois ; même en empruntant la route des Frères ou celle menant à Péguy-Ville, on peut ne pas les apercevoir. Dans la partie est et sud, les limites ne sont pas tout à fait visibles, mais les hauts murs protégeant les grandes villas limitrophes délimitent une frontière très aiguisée tant géographique que sociale, qui restreint très probablement l’espace de Bristout-Bobin au seul bidonville. Cette disparité entre les différentes catégories sociales est très marquée au niveau d’une partie de la rue Solon-Menos (située en périphérie est) et dans les entrées en périphérie sud où peuvent être observées, dans un même plan, les villas imposantes faisant face aux baraques du bidonville. Les habitants aisés du quartier

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limitrophe n’identifieraient pas leurs lieux de résidence à ces toponymes, mais plutôt à Péguy-Ville.

2.1.2. Histoire et dynamique d’implantation L’histoire des deux quartiers, dans les limites connues aujourd’hui, remonte à la fin des années 40, période de l’implantation du premier occupant. Vers 1950, ce lieu n’était peuplé que de quelques habitants constituant un hameau dans le sillage du quartier de résidence de Péguy-Ville, à une bonne distance de la ville de Pétion-Ville. À partir des années 60, les premiers rurbains du quartier commencèrent à s’y installer et c’est à partir de cette époque que l’occupation telle que connue aujourd’hui a réellement démarré. Cette dynamique d’implantation prend son sens dans le contexte de la ruée migratoire vers Port-au-Prince dans les années 60, même si jusqu’à la fin des années 60, il ne s’agissait encore que d’un tout petit quartier (dans la partie sud) où des rurbains vivaient d’activités tout à la fois agricoles et urbaines. Les premiers occupants venus pour la plupart des provinces ont acquis le droit de s’installer par l’affermage de quelques grands propriétaires dont certains étaient des hommes forts du gouvernement des Duvalier. À la suite de l’effondrement de ce régime, en 1986, une nouvelle dynamique dans l’occupation de l’espace s’est mise en place. Tout d’abord, l’exil de certains « grands propriétaires » a « libéré » des terres, lesquelles ont été consécutivement accaparées par des habitants du quartier ou dans certains cas ont été affermées par les gardiens restés dans les maisons après le départ des propriétaires. Ces formes d’implantation sont à la base d’un conflit foncier important dans le quartier. Parfois, c’est par la prescription que les possesseurs de facto des terres ont acquis une certaine légitimité. Depuis les années 90, les problèmes fonciers sont devenus de plus en plus récurrents : il arrive ainsi que lesdits propriétaires reviennent pour chasser les occupants. Vers les années 2000, l’occupation de l’espace des deux quartiers est achevée (du sud, d’abord, le nord, ensuite). Le quartier a toutefois été fortement marqué par les conséquences du séisme du 12 janvier 2010, qui a bouleversé la vie de ses habitants et modifié sa configuration. Avant le tremblement de terre, seules quelques parcelles, réservées par leurs propriétaires, avaient été épargnées par la construction. Ces terrains non occupés ont ensuite accueilli les déplacés. L’occupation de l’espace des quartiers s’est aussi beaucoup densifiée. Après le séisme, Architectes de l’Urgence et Solidarités International (Profil quartier Bristout et Bobin : 2011) ont recueilli des données importantes prouvant l’importance de la question foncière dans la dynamique urbaine à Bristout-Bobin. Si 56% des ménages (1 625) se sont déclarés propriétaires des maisons qu’ils occupent, seulement un quart de ce nombre se disent propriétaires des terrains sur lesquels ces maisons sont bâties. 57% admettent avoir des titres de propriété. Plus de la majorité des propriétaires de maisons affirment avoir auto-occupé les terrains. Les camps eux aussi sont établis généralement sur des terrains privés, ce qui fait que les gens sont en permanence sous la menace d’éviction. Et, de fait, de nombreux propriétaires, impatients et craintifs de perdre définitivement le contrôle de leurs terrains occupés par les déplacés ont déjà recouru à des procédures de toutes sortes (parfois même la force) pour expulser les déplacés. Plusieurs camps ont ainsi été obligés d’être délogés partiellement ou totalement sous menaces des propriétaires. Des personnes se présentant comme propriétaires profitent aussi pour réclamer leurs terrains occupés même antérieurement au séisme. Le problème foncier plus structurel est donc amplifié par le regain d’intérêt pour le sol et l’installation de facto des abris de secours sur les terres suite au séisme. Ces cas d’éviction de camps pour cause de réappropriation des terrains constituent une autre peine infligée aux occupants et montrent que la sortie de ces abris de fortune, signe précurseur d’une reconstruction bien entamée, n’est pas toujours bien encadrée.

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2.1.3. Évolution socioéconomique Les premiers habitants du quartier pouvaient être assimilés à des rurbains par leurs modes de vie, tournés tout à la fois vers l’agriculture (principalement de haricots et de tubercules), l’élevage et la production du charbon de bois, mais aussi d’activités urbaines. Ils avaient pu trouver de quoi survivre et par là donner forme à un quartier péri-urbain pauvre à proximité de ce qui représentait « une ville d’élite » située en banlieue est de la capitale haïtienne. Progressivement, les activités d’agriculture ont disparu, entre autres, par manque d’espace. Quant à l’élevage, il a également quasiment disparu hormis quelques personnes qui continuent à élever librement leurs porcs dans les ravines du quartier. Actuellement, les activités économiques principales sont le petit commerce. Au niveau global, on peut dire que les habitants de Bristout se trouvent ainsi plus ou moins dans une même universalité de conditions : un tissu péri-urbain d’habitats précaires (bidonville) et de camps spontanés où vivent des milliers de gens dans une précarité bien visible.

2.2. Caractéristiques du milieu naturel

2.2.1. Description et dégradation du milieu naturel Bristout & Bobin sont situés dans une zone au relief accidenté composée de trois mornes entre lesquels se sont constitués, par l’érosion, plusieurs ravins secs et rigoles se jetant dans la ravine de la Galette-Bristout, laquelle prend sa source dans la Montagne-Noire. Ils se situent à une altitude variant entre 250 et 350 m. Les ravins sont eux-mêmes instables et leur lit s’élargit perpétuellement du fait des crues et eaux de ruissellement accentuées par la dégradation environnementale qui ne cesse de s’accentuer sur l’ensemble de la région métropolitaine (Holly, op. cit.). En saison cyclonique, ils représentent un réel danger pour le quartier et particulièrement pour les personnes installées sur les berges.

Le sol est constitué essentiellement d’un dépôt d’alluvions (datant des périodes géologiques récentes) qui est très susceptible d’être érodé. Le déboisement et l’occupation sauvage de l’espace ont amplifié la vulnérabilité aux glissements de terrain que la topographie et les caractéristiques naturelles de cette zone favorisaient déjà. Encore plus, sur le plan sismique, cette zone est particulièrement active ; en plus de la faille dominante dite faille de la presqu’île du sud (Enriquillo/Pétion-Ville/Tiburon traversant Port-au-Prince d’est en ouest), qui parcours la zone, le quartier possède deux autres failles locales capables d’augmenter les effets de site des secousses sismiques. Pour preuve, Bristout-Bobin fait partie des quartiers situés sur le flanc de la Montagne-Noire à avoir connu le plus de dégâts matériels lors du séisme.

La dégradation du milieu est principalement liée à la dynamique non encadrée par un plan d’aménagement du territoire ni de la mise en application de normes. Cette dégradation est caractérisée, de manière permanente, selon des responsables d’organisations du quartier par la forte densification et l’occupation d’espaces non destinés à la construction, pollution des eaux souterraines et des sources par la mauvaise gestion des déchets solides et liquides. Lentement, mais progressivement, les milieux sont passés de forêt vierge en quartiers populaires urbains. D’abord, la zone a été déboisée et morcelée pour faciliter la production du charbon de bois et l’agriculture (à partir des années 60), puis pour la construction de maisons (à partir des années 80). Aujourd’hui, l’espace est occupé au-delà de ses capacités d’accueil, incluant des zones à risques telles que les berges de ravines, les abords des sources (en aval de Bristout), les pentes raides (à proximité de la rue Solon-Menos, au niveau de Bobin). Une simple observation peut permettre de décrire une dégradation caractérisée par une occupation sauvage de l’espace, une forte densification du bâti et de la population, un manque d’aménagement, un problème d’assainissement.

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3.2.4. Initiatives de gestion du milieu L’absence d’autorités étatiques et municipales a favorisé l’émergence de plusieurs organisations communautaires telles que le Comité pour le Développement Communautaire de Bristout (CODCOB), l’Union Têtes-Ensemble pour le Développement de Bobin (UTDB), le Mouvement des Jeunes Unis pour le Développement des Pétion-Villois (MOJUB). Ces associations, regroupant les différents leaders de la communauté, s’activaient avant le séisme déjà dans plusieurs travaux au profit de la communauté (nettoyages, réfection de routes, etc.). Elles ont été les premières à porter secours aux victimes de la catastrophe du 12 janvier 2010. Après le séisme, une structure-plateforme a émergé, laquelle regroupe des représentants des comités des différents camps et des organisations communautaires existant déjà avant le 12 janvier 2010. Cette structure du nom de Comité de Coordination Générale de Bristout/Bobin (CCGBB) s’est beaucoup renforcée et a été utilisée comme principal canal de distribution de l’aide humanitaire dans les quartiers et camps associés. Actuellement, il s’est renforcé par l’appui d’un Centre de Ressources Communautaires (CRC) nouvellement constitué. Le CCGBB joue aussi le rôle d’interlocuteur et de facilitateur pour les intervenants dans les deux quartiers. De fait, il a milité pour la réalisation de nombreux travaux en faveur de la communauté, comme le bétonnage de certaines rues, la mise en place de lampadaires solaires, l’organisation d’activités culturelles et sportives, la gestion du terrain sportif, etc. Le CCGBB est parvenu donc, au lendemain du séisme, à asseoir sa légitimité auprès des populations grâce à son implication et son efficacité pour apporter une assistance aux victimes de la catastrophe et à sa capacité à fédérer les acteurs intervenant dans le quartier. Depuis, le pouvoir communautaire est centralisé autour de cette plate-forme. La cohésion entre organisations communautaires s’est ainsi renforcée. Conscients des problèmes environnementaux de leurs quartiers, ils ont unanimement exprimé leurs revendications en matière de gestion des déchets et de l’assainissement, d’accès à l’eau potable, de protection des berges auprès des autorités publiques. Toutefois, dans ce contexte où la présence des autorités publiques (nationales, locales) est peu évidente et les acteurs humanitaires se retirent, le rôle joué par les structures communautaires devra être plus important. Les organisations n’ont pas pu mettre en œuvre des initiatives qui pourraient subsister au-delà du départ des organisations humanitaires. D’après les organisations communautaires, l’aide concernait une assistance d’urgence, ponctuelle, n’ayant pas permis aux organisations communautaires d’initier de nouvelles pratiques investies à moyen et long terme, telles que la gestion des déchets ou encore l’assainissement. L’existence de ces structures de pouvoir communautaire renforce la prise de conscience citoyenne de la situation prévalant dans ces quartiers. Elles deviennent permanentes lorsqu’elles se transforment en de véritables structures de gouvernance communautaire et cherchent à apporter des solutions aux problèmes du quartier. Le risque est alors de se substituer aux autorités publiques et de les déposséder de leurs prérogatives et ce d’autant plus quand le quartier en question n’a jamais fait l’objet de l’attention des pouvoirs publics comme c’est le cas pour Bristout-Bobin. Le manque de moyens et le déficit de légitimité de ces structures communautaires sont autant d’obstacles à des réponses efficaces aux problèmes des quartiers qui portent souvent sur des questions d’aménagement du territoire, d’accès aux services publics (assainissement en particulier).

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3. Évolution du milieu en conséquence du séisme

Le séisme n’a pas fait beaucoup de victimes directes, en comparaison à d’autres quartiers de la région métropolitaine : une vingtaine de morts et une centaine de blessés (en page 7), mais a laissé derrière lui une situation socio-environnementale assez difficile à gérer.

3.1. Dynamique de relocalisation

3.1.1. Nouvelle occupation de l’espace À la suite du séisme du 12 janvier 2010 et des dégâts matériels engendrés dans le quartier, 15 camps spontanés, constitués d’abris précaires, se sont montés pour accueillir les familles déplacées issues du quartier et de certains secteurs environnants. Constitués de matériaux de récupération (tissus, cartons, bois et tôles usagées), ils occupent les espaces vides ne marquant pas de discontinuité spatiale avec le quartier lui-même. Ces abris provisoires sont aujourd’hui dans un état de dégradation avancée. En conséquence, de nombreuses familles ont été contraintes d’opter pour le rafistolage de leur abri, avec des matériaux plus résistants, les toits de tôle ont remplacé les bâches plastiques, des structures en bois ont remplacé les tentes. On ne sait pas jusqu’à quand ces dispositifs transitoires pourront tenir, si les mesures de sortie de camps ne touchent pas ces quartiers dans un temps raisonnable.

L’implantation de ces camps de déplacés composés d’abris provisoires participe à la mixité du paysage du quartier (entre abris provisoires, camps de déplacés et abris permanents). Les responsables communautaires ont exprimé leur crainte de voir ces abris devenir permanents, ce qui risquerait d’augmenter les problèmes environnementaux (complexité de la gestion des déchets, pollution des sources, manque de place pour la gestion des excrétas…) et sociaux (augmentation de l’insécurité, promiscuité) afférents au quartier.

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3.1.1. État des bâtis Les maisons construites traditionnellement à Bristout-Bobin sont en dur : mur en maçonnerie (93%, d’après une estimation de la Fondation Architectes de l’Urgence [FAU] et de Solidarités International). Elles sont pour la plupart recouvertes de béton et de tôle. Il y a d’autre part un petit nombre de maisons (un peu anciennes) faites de maçonnerie et de pierres avec des pans de bois, sorte de colombage à moellons. Cette forme de maisons, considérée comme une adaptation des formes traditionnelles du bâti en milieu rural, se retrouve un peu plus dans les parties les plus anciennement occupées à Bristout.

Les effets des secousses sismiques n’ont pas été les plus dommageables de Port-au-Prince, mais ont causé des dégâts aux conséquences importantes sur la vie actuelle du quartier, en déplaçant environ 40% des habitants du quartier vers les camps. En plus des maisons totalement effondrées (nombre indisponible), 15% des maisons ont été constatées irrécupérables (taguées en rouge), 20% partiellement endommagées et nécessitant des réparations ou renforcements (taguées en jaune), 40% ont bien résisté et habitables dans l’immédiat (taguées en vert) et plus de 20% n’ont pas été prises en compte dans les évaluations du Ministère des Travaux publics, des Transports et des Communications (MTPTC)2. Un an après le séisme, en février 2011, plus de 60 % des maisons affectées n’avaient pas encore été touchées par les processus de réparation et dans plus de 30% des cas, ce sont les habitants eux-mêmes qui s’activaient dans la réparation de leur maison. Les données disponibles sur le processus de construction & réhabilitation ne sont plus actualisées ; il n’existe par exemple plus d’informations sur le nombre de maisons réparées, et par quel moyen ces réparations ont pu être financées. Plusieurs initiatives de réparation, de reconstruction et de construction dans les quartiers sont en cours (ex. : UNOPS). Certaines personnes interrogées au cours des différentes visites dans le quartier ont déclaré que l’auto-réhabilitation était un long processus pour chaque famille en raison de la faiblesse des moyens économiques, accentuée par les

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…………… 2 MTPTC, cité par FAU et SI, op. cit.

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difficultés à accéder au crédit : « À chaque fois qu’on a un peu d’argent on achète certains matériaux jusqu’à en compiler suffisamment pour engager des ouvriers ». Il est probable qu’au fur et à mesure, les familles quittent les abris provisoires pour s’installer dans des logements réhabilités. Des responsables communautaires pointent du doigt certaines activités de réparation de maisons entreprises par des organisations internationales (atelier 20 juillet 2013), lesquelles au lieu de permettre de diminuer significativement le nombre d’occupants des camps, faciliteraient des cas de tricherie. Ils font état de cas où certaines personnes ayant leurs maisons réparées choisissent pourtant de rester dans les camps, louant leurs maisons à des particuliers. Dans d’autres cas, ils louent leurs shelters et restent sous les tentes. La participation du comité de coordination dans ces projets aurait, d’après eux, permis un meilleur suivi et aiderait à diminuer plus substantiellement le nombre de personnes vivant dans les camps, avec les mêmes moyens investis. Les modalités d’intervention des ONG n’ont pas toutes été jugées efficaces et efficientes, d’après ces mêmes informateurs.

3.2. Facteurs d’évolution de la situation environnementale afférente au séisme

3.2.1. Initiatives et stratégie d’adaptation des populations À la Suite du séisme, des stratégies d’adaptation et de relèvement ont été mises en place par les populations, ciblant une relance économique y compris dans les camps, ainsi que des activités d’auto-réparation (représentant la majorité des reconstructions effectuées jusque-là). Même dans les camps, les familles s’efforcent de développer une activité économique. Pour ce qui concerne les réparations de maisons, mis à part un certain appui par quelques acteurs internationaux, l’essentiel est accompli par les familles elles-mêmes. Sur le plan collectif, une prise de conscience forte a été acquise du rôle fondamental que les organisations communautaires doivent jouer dans un contexte où les instances étatiques s’impliquent peu. Cela a d’ores et déjà conduit à des actions concrètes à la suite du séisme, telles que la sensibilisation par les comités de quartiers et les comités de camps à un minimum de bonne gestion des déchets dans le quartier ou les actions ponctuelles de ramassage collectif des déchets.

3.2.2. Rôles joués par les pouvoirs publics Bristout-Bobin ne fait partie de ces quartiers de Port-au-Prince qui ne sont pas formellement administrés ni par les autorités municipales ni étatiques. En effet, le seul élu, délégué de ville, le plus proche dans la structure de gouvernance, représentant le quartier à l’Assemblée municipale, ne dispose pas d’un rôle décisionnaire, mais plutôt consultatif auprès de la mairie3.Ce manque de représentativité au niveau des instances gouvernantes, s’intègre dans un cadre de marginalisation structurelle, et se retrouve dans une carence de services publics. Le quartier ne

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…………… 3 Le Conseil électoral en Haïti établit un découpage des centres urbains basé sur des blocs. Ces derniers ne sont que des regroupements de quartiers urbains qui eux-mêmes ne sont pas légalement définis. Chaque bloc délègue par élection un représentant dans l’Assemblée municipale qui est une structure de contre-pouvoir par rapport au Conseil municipal. Cette Assemblée tout comme celle établie dans les sections communales (ASEC) est pensée comme une sorte de parlement local et est censée constituer le maillon entre l'État et la société civile (Castor : 1997, rapportée par Dorner Véronique Dorner, « La Décentralisation en Haïti », Bulletin de l'APAD [en ligne], 15 | 1998, mis en ligne le 20 décembre 2006, consulté le 20 avril 2012. URL : http://apad.revues.org/565 ).

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comprend ainsi aucune école publique, les frais de scolarité des écoles privées excluant de fait les 20% des foyers les plus défavorisés. Si cette absence des institutions publiques est une constante depuis la naissance du quartier, les représentants des organisations communautaires s’étonnent que la situation exceptionnelle causée par le séisme n’ait pas conduit les autorités à une plus forte implication dans des domaines correspondant aux prérogatives de l’État. L’accompagnement au retour des habitants des camps localisés dans le quartier, bien que situés dans la trame urbaine de Pétion-Ville, ne constituent vraisemblablement pas une priorité pour les autorités comparativement aux camps qui se situent dans des endroits plus visibles (tels que les camps placés sur la liste prioritaire du programme 16/6), lesquels révélaient plus ouvertement les problèmes de sécurité, de salubrité, de « normalité » de la vie urbaine, comme si ces enjeux n’étaient pas tout autant présents à Bristout-Bobin. Le risque que ces quartiers soient négligés étant donné qu’ils ne constituent pas des menaces immédiates ou pressantes pour la ville est à considérer compte tenu des arbitrages rendus nécessaires par le manque de ressources financières destinées à la reconstruction. Les responsables de la plate-forme communautaire affirment du reste que ni le quartier ni les camps n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque attention de la part des autorités publiques. « Aucune aide n’est venue de l’État depuis le séisme, à part un court accompagnement du ministère des Sports », a déclaré un des membres de la plateforme. Ils s’interrogent sur la portée et l’étendue du projet national, concernant l’accompagnement des déplacés dans leurs quartiers, et la réhabilitation de ces derniers. L’ensemble des responsables communautaires des quartiers/camps de Bristout-Bobin partage cette analyse, et affirme l'existence d'une forme de réticence vis-à-vis de l’État. Les entretiens et les focus-group ont mis en avant le fait que les autorités municipales n’étaient pas non plus considérées comme des acteurs pouvant répondre aux problèmes du quartier. « En 20 ans, la Mairie de Pétion-Ville n’a rien entrepris ici comme projet ni même comme activité. » « Nous sommes convaincus que si ces autorités s’immiscent dans tel ou tel projet, c’est juste dans l’idée d’accaparer les fonds. Et, il ne restera au quartier que les miettes » a argué l'un des participants à l’atelier sur la situation du quartier. Un des responsables de la communauté a même affirmé que certaines autorités de la Mairie interrogent la légitimité ou la validité de ces quartiers dans le tissu urbain de Pétion-Ville. En effet, dans une réunion où le comité de quartier présentait les besoins du quartier, une autorité de la Mairie a non seulement exposé l’incapacité de ladite institution à répondre aux demandes du comité, mais a lâché des mots laissant comprendre que ces quartiers n’ont pas leur place et que les habitants pourraient choisir de retourner dans leur « pays en dehors ». Les responsables de la ville ne semblent pas enclins à intégrer ces quartiers dans leurs plans. L’installation des populations en dehors de tout cadre légal et donc sans plan d’aménagement reflète aussi la perspective des acteurs internationaux étant intervenus sur le terrain. Certains d’entre eux ont fait savoir, dans le cadre de cette étude, que le flou juridique profite à la fois à la Municipalité de Pétion-Ville qui peut ainsi se déresponsabiliser de ses prérogatives et aux « accapareurs » de terres qui collectent, par la menace ou la peur en impliquant les hougans (prêtres vaudou), des taxes sur l’occupation des terres. Les habitants se retrouvent ainsi contraints à verser une forme de loyer à des individus qui n’ont aucune légitimité. Cette confiscation des terres par quelques familles puissantes n’est pas non plus l’apanage de Bristout-Bobin. Elle est, par exemple, également aujourd’hui pratiquée dans le camp de Canaan où un système d’appropriation s’est mis en place pour s’approprier illégalement des terres appartenant à l’État en spéculant sur leur revente ou leur location. Haïti n’ayant jamais connu de réforme foncière, les spéculateurs profitent de l’absence de cadre légal. La Municipalité, quant à elle, utiliserait cet argument de l’occupation informelle pour à la fois contrôler/acheter la « paix sociale » et pour justifier son inaction. En brandissant la menace de l’éviction et en délégitimant les populations, elle parvient à contrecarrer les revendications et les possibles manifestations et ainsi, à se dédouaner de ses responsabilités. Ils (les participants à notre atelier) admettent aussi que ni la Mairie ni l’État ne se sont manifestés dans le quartier depuis le séisme créant une importante frustration auprès des habitants. Les seules actions réalisées en

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faveur des victimes du séisme l’ont été par les ONG ou les agences de Nations-Unies. Les représentants officiels n’auraient pas même accordé une visite au quartier accentuant le sentiment d’abandon déjà vif avant le séisme. 3.2.3. Actions menées par les organisations internationales/secteur privé. La réponse au séisme a été diligentée essentiellement par des Organisations internationales et non-Gouvernementales, au travers d’actions conséquentes telles que la distribution de nourriture, d’abris provisoires, des services de santé, d’assainissement ou d’aide à la réparation de maisons endommagées. Solidarités International a joué un rôle important dans le secteur Eau & Assainissement dans ce quartier. La Fondation Architectes de l’Urgence a beaucoup aidé à réparer des bâtiments, notamment des écoles, et a participé à l’élaboration d’un document présentant des données sur la situation physique et sociodémographique des quartiers et des camps, lequel est utilisé dans ce travail4. ONU-Habitat s’est impliqué dans la mobilisation communautaire et a servi de médiateur entre les responsables communautaires et les acteurs humanitaires. UNOPS a surtout travaillé dans le secteur des shelters, dans la réparation de maisons marquées en jaune et la destruction de celles évaluées rouge. D’autres acteurs encore comme Bibliothèque sans Frontière, les Croix-Rouges Américaine et Haïtienne, World-Vision, Sport Sans Frontière, Help Doctors, ALIMA (The alliance for International médical Action) ont aussi participé à la réponse dans le quartier. Pour le moment, la plupart des ONG et acteurs internationaux ont cessé leurs activités dans les deux quartiers. Seule ONU-Habitat maintient sa présence, en appuyant les actions du comité de quartier, le CCGBB, via le CRC. Les autorités publiques n’ont pas pris la suite des activités appuyées par les acteurs de l’urgence, ce qui se fait sentir dans tous les domaines touchés auparavant par l’aide (assainissement, l’eau potable, apport alimentaire, installation des shelters).

3.2. Évolution et analyse de la situation environnementale : eau, déchets et assainissement «L’environnement dans lequel vit la population de Bristout-Bobin est assez malsain depuis toujours, mais l’est davantage depuis le séisme, reconnaît un riverain, car les conditions de vie en contexte post-séisme sont plus difficiles.» La gestion de l’assainissement, l’eau potable, le curage des ravins sont parmi les grands enjeux de la gestion environnementale. La situation d’insalubrité affecte non seulement les camps, mais aussi les quartiers en général dans la mesure où cet espace est à la fois quartier d’origine, camps de refuge et quartier de retour.

3.2.1. Ressource en eau L’eau (non-potable) est approvisionnée principalement à partir de quelques sources et ceux qui ont les moyens font venir des camions ou utilisent l’eau de pluie emmagasinée dans des citernes. L’eau jaillie de sources localisées sur le flanc des ravines serait, aux dires des habitants, impropre à la consommation humaine. Les sources de contamination sont tout à la fois les déchets ménagers jetés dans la ravine et les latrines installées en amont sans les précautions nécessaires. La grande majorité de la population n’a pas d’autres choix, pour des raisons économiques, que d’utiliser cette eau pour leurs besoins domestiques quotidiens, et même parfois comme eau de boisson. Piéron5, un habitant venu louer un abri fait de matériaux de récupération, où il vit depuis le séisme, dit ne pas avoir d’autres choix depuis le départ des acteurs humanitaires. Il s’indigne du fait qu’il soit obligé de boire (parfois sans précaution de purification) l’eau puisée là même où sont jetés tous les soirs des sacs remplis de fèces. Selon

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…………… 4 Architectes de l’Urgence et Solidarités international (avril 2011). Profil de Quartier de Bristout-Bobin. Port-au-Prince (sans noms d’auteur). 55 Nom d’emprunt.

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certains responsables communautaires, l’augmentation des personnes vivant sans latrine sur les sites depuis le séisme a provoqué l’augmentation des déchets dans les rigoles et l’amplification de la pollution des sources d’eau du quartier. La mauvaise qualité de l’eau dans les deux quartiers provoquerait des cas de diarrhée et d’allergies parmi les catégories de personnes les plus vulnérables, dont les plus jeunes enfants. Dans des échanges, lors de nos visites dans les camps, les familles n’ont pas manqué d’exprimer, leurs péripéties avec la récurrence de ces cas de contamination. Selon un responsable de le CCGBB, les dossiers médicaux d’un centre de santé établi après le 12 janvier dans le quartier ont montré que cette mauvaise condition sanitaire a d’énormes répercussions sur la santé des gens. Ces affirmations sont corroborées par les enquêtes d’Architectes de l’Urgence et Solidarités International qui indiquent que les maladies les plus répandues sur le quartier sont liées à ces conditions d’insalubrité (choléra, malaria, typhoïde, diarrhée, infection vaginale). La purification de l’eau par une ONG pendant la période d’urgence n’est pas viable ; au départ de cette organisation, cette activité n’a pu être reprise par les organisations communautaires. Ce genre d’intervention n’a pas permis d’initier une gestion communautaire de l’eau. Les sources qui étaient gérées par des particuliers continuent donc de l’être : l’eau vendue au même prix qu’avant les interventions des acteurs humanitaires, deux gourdes le bokit (cinq gallons). Le constat est donc que les différentes interventions effectuées dans le quartier en matière de gestion de l’eau n’ont pas permis à la communauté d’initier ni de développer des pratiques pérennes autonomes. Les actions des ONG ont été circonscrites à une assistance d’urgence, sans objectif d’autonomiser les populations. Pour le moment, la communauté n’a pas manqué de reconnaitre son incapacité à jouer un rôle important dans ce domaine.

3.2.2. Gestion des déchets et des excrétas La gestion des déchets constitue encore une autre difficulté importante. Selon les responsables communautaires, les autorités municipales ont admis que les camions du service de ramassage d’ordures ne pouvaient pas franchir les rues trop étroites de l’enclave. En conséquence, la population n’a pas réellement d’autres alternatives que de se débarrasser de ses déchets dans les rigoles et les ravines ou de les entasser dans des terrains non construits à proximité et utilisés comme décharges publiques (exemple d’une décharge située aux abords du camp B1, au niveau de la rue St-Preux). Les populations dans les tentes près des décharges ou des rigoles se trouvent obligées de s’accommoder des détritus qui constituent des vecteurs de microbes importants. Dans ces conditions, les fèces et les restes d’animaux, sont particulièrement dommageables pour les gens des quartiers/camps, puisqu'en plus d’être une source de contamination, ils créent par ailleurs une importante pollution et nuisance olfactive. Les habitants situés en aval des mornes sont bien entendu également extrêmement concernés par ces difficultés. La plupart des ménages (89%, d’après Solidarités International et Fondation Architectes de l’Urgence) avaient accès à des latrines individuelles ou partagées avant le séisme, et ont pu continuer à les utiliser après le 12 janvier et jusqu’à aujourd’hui. Les habitants des camps ont pu bénéficier de latrines vidangeables entretenues par les acteurs de l’aide suite au séisme, mais ces acteurs dorénavant partis, ils n’ont d’autres alternatives que d’utiliser les rigoles et les ravines pour y lancer leurs sacs de fèces dénommés « toilettes parachutes ». En outre, les habitants des abris permanents possédant une latrine ont bien du mal à la vider une fois saturée. Les procédés communément utilisés sont de faire appel aux bayakous (vidangeurs) ; ou de creuser un second trou à proximité du premier faisant communiquer les deux fosses6. Ces deux techniques ont l’avantage d’être peu onéreuses, mais n’intègrent aucune considération du risque de contamination du milieu. Cette expérience de manipulation des déchets montre qu’on …………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………… 6 De très souvent ils utilisent aussi des espaces libres (ravins, boisés, etc.) pour déposer la boue.

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peut envisager l’introduction de l’approche EcoSan (assainissement écologique) dans le quartier, avec toutes les précautions d’usage et en capitalisant sur les nombreuses expériences passées en Haïti et à Port au Prince.

3.2.3. Système d’assainissement des eaux usées et pluviales L’évacuation des eaux se fait principalement par écoulement naturel au moyen des rigoles et les ravines se jetant toutes dans la Ravine-Bristout. Plusieurs de ces canaux ont été aménagés par des ONG facilitant sur le moment l’évacuation des eaux. Mais la densification des quartiers suite au séisme avec l’implantation des camps, a saturé et obstrué ces espaces, lieux de décharges, faisant déborder les eaux tout autour, jusqu’aux habitations de proximité. En temps de sécheresse, elles constituent de véritables égouts à ciel ouvert où s’accumulent toutes sortes de détritus. La Ravine-Bristout (principale ravine du quartier), de plus de 20 mètres de large par endroits, est pour sa part en tout temps un véritable espace multifonction. Elle est utilisée comme pâturage, pour l’élevage de porcs. Ces animaux se nourrissent principalement de déchets domestiques et de carcasses. C’est aussi le lieu d’abatage d’animaux. Le lit de la ravine est aussi utilisé pour extraire des matériaux destinés à la construction (galettes et sable) transportés par les eaux au moment de fortes averses. Par ailleurs, certains habitants empiètent sur la ravine pour faire des extensions de leur maison, en augmentant la surface de l’étage supérieur (donnant une forme pyramidale à l’habitat). Ces maisons construites sur les berges resteront menacées et vulnérables tant qu’il n’y aura pas d‘ouvrages permettant de diminuer les effets déstabilisants des eaux lors d’importantes crues notamment les des cyclones constituant de réelles menaces. Ou du moins, peut-être, ce sont les habitants eux-mêmes qui seront obligés de se déplacer, option suggérée dans les discussions sur les solutions à envisager (au moment de la formulation des recommandations avec la communauté). Cette deuxième alternative paraît, pour le moins, techniquement plus facile à atteindre, mais moins plausible en raison du manque d’espace disponible pour une relocalisation dans le quartier. Face à ce problème, d’autres solutions sont envisagées par des responsables communautaires, toutes cependant difficiles à réaliser sans un plan global d’aménagement. Ainsi :

- Le reboisement est proposé pour lutter contre l’érosion, mais ne pourra avoir un impact que si les facteurs ayant conduit à la déforestation totale (augmentation de la population, auto-construction, non-application des règlements en matière de construction, etc.) ne sont pas abordés et pris en charge.

- La construction de murs de soutènement ou l’érection de gabions aux abords des ravines, qui représente cependant un coût élevé. Or le désengagement de l’État laisse les seuls acteurs internationaux capables d’engager de tels frais, et bien que cette action soit envisagée par ces derniers, les problèmes du quartier sont si nombreux, que les priorités sont parfois difficiles à définir dans leurs projets.

En fait, la solution au problème posé par les ravines ne réside pas seulement dans la protection des berges et la canalisation des eaux, mais exige également la mise en place d’un système de collecte de déchets dans ces quartiers. Il est donc essentiel de bannir les solutions à vocation de résoudre les problèmes seulement à l’échelle du quartier pour avancer vers des solutions plus collectives et globales, en intégrant ces quartiers pauvres dans le système de service public de la ville pourvu que ce dernier soit fonctionnel et efficace. Les ravines pourraient être aménagées comme cela se fait dans d’autres quartiers, au lieu de n’être qu’un lieu de décharge, source de contamination. Cela permettrait également de réduire les risques d’inondations et de contamination dans les quartiers situés en aval. Actuellement, la protection des ravines et l’aménagement des canaux sont inscrits dans les « cahiers des charges » des organisations communautaires, et affichés dans la salle de rencontre du CCGBB comme l’un des projets à prioriser.

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4. Risques encourus par les populations d’une dégradation environnementale

Les responsables communautaires sont capables d’élucider les grands impacts du séisme sur la situation environnementale urbaine du quartier et de clarifier les grands enjeux de la reconstruction.

4.1. Risque sanitaire Accommodation camps-quartiers : une situation sanitaire difficilement gérable L’existence des abris provisoires dans le quartier crée une situation sanitaire difficilement gérable. Les habitants du quartier se plaignent que cette situation perdure, augmentant l’insalubrité ainsi que l’insécurité liée à une précarisation accrue entre résidents des camps et des maisons permanentes, et rendant indisponible le peu d’espaces au préalable libres. Le besoin pour la population de vivre dans un environnement assaini devra être intégré dans une même réponse, impliquant les différents services de l’État. Le CCGBB est conscient de la situation et a choisi d’élever la question de la gestion des déchets comme l’une des priorités de la communauté. En fait, depuis le séisme cette plate-forme communautaire joue un rôle catalyseur des préoccupations des populations en matière de nettoyage et d’assainissement.

4.2. Risques de catastrophes naturelles

Des habitants du quartier ont en mémoire des maisons soudainement emportées par des glissements de terrain, tuant les habitants. Ces cas illustrent l’instabilité des pentes, et la difficulté de les anticiper. Ce risque est par ailleurs amplifié par l’instabilité sismique de la zone. Les responsables communautaires admettent que des efforts devraient être faits pour que les nouvelles constructions à venir puissent prendre en compte ce niveau de risque. En effet, le séisme du 12 janvier 2010 a montré ce que peut donner une éventuelle catastrophe et l’enjeu des choix qui vont être faits en matière de construction de logement d’aménagement du cadre de vie des citoyens. Offrir à chaque famille un logement décent représente un grand défi. Même si toutes les maisons du quartier étaient réparées, elles n’auraient pas été en mesure d’accueillir tous les déplacés et revenir à l’état où l’on était avant le séisme. En effet, le nombre de résidents du quartier a augmenté par l’accélération de la croissance interne de la population du quartier et par l’arrivée d’autres personnes venues du dehors. En plus, la plupart des maisons construites avant le séisme n’étaient pas de bonne qualité et construites sur des pentes raides, dans des ravines, près des berges. Au niveau de la rue Solon-Menos et Bobin, par exemple, certaines maisons sont uniquement accessibles par escaliers tellement les pentes sont raides. Elles sont établies sans respecter aucune règle d’urbanisme et de construction ; leur niveau de vulnérabilité est certes à évaluer, mais le seul bon sens montre que la plupart de ces maisons ne devraient pas exister, en raison du risque élevé de glissement de terrain, tant par de fortes pluies que par des secousses sismiques. Par ailleurs, en dehors du lieu d’implantation et des matériaux utilisés souvent inappropriés, même le dimensionnement de l’habitat au regard du nombre de personnes qui y vivent n’est pas adapté. L’un des responsables communautaires a évoqué le problème de la contiguïté des maisons qui représente un réel danger pour les habitants ne pouvant pas s’en écarter en cas de danger. Selon lui, la mitoyenneté des maisons (surtout à Bobin et dans la partie située en aval de Bristout) pose aussi un problème d’aération et donc affecte la qualité de vie des citoyens. Il propose comme solution la construction des habitations en hauteur, ce qui permettrait également de dégager de l’espace pouvant servir un intérêt collectif.

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Les problèmes dans le quartier en matière d’aménagement et de construction sont considérables, et devraient conduire à définir rapidement des standards minima, dans le cadre des enjeux de relocalisation actuels. Cette analyse devra intégrer une évaluation préalable des habitats existants, afin de proposer des normes acceptables et réalistes. En effet, le mode de construction et l’implantation inadaptés des maisons de Port-au-Prince ont été deux facteurs clefs de vulnérabilité ayant accentué de façon considérable l’ampleur du désastre lors du séisme. La seule relocalisation des populations dans des abris permanents le plus rapidement possible ne devrait donc pas être l’enjeu principal.

4.3. Risques socio-économiques

Apparition d’une couche de populations plus défavorisées Le séisme a contribué à augmenter le niveau de pauvreté des habitants les plus défavorisés des camps et des quartiers. Avant le séisme, les plus pauvres trouvaient toujours où se loger, et la misère n’était pas ostentatoire. Suite au séisme, la destruction des maisons a augmenté le prix des loyers, ne laissant aux plus pauvres pas d’autres alternatives que de vivre sous tentes. Parmi cette catégorie, les personnes interviewées mentionnent, en plus des habitants du quartier, des gens venus de l’extérieur du quartier (environ 25% des gens vivant dans les camps). « De nombreuses personnes passent la journée entière assises devant leurs tentes à attendre de l’aide. Ils vivent au jour le jour du bon vouloir d’un parent ou d’un ami, depuis que l’aide alimentaire n’arrive plus dans le quartier », a déclaré un habitant du quartier. Les gens vivant dans les camps ne trouvent pas actuellement un accompagnement significatif qui les aiderait à améliorer leurs conditions de vie. Selon l’enquête de SI et FAU, environ 48% des familles dans les camps et 28% de celles du quartier (composées de 4 à 5 personnes en moyenne) gagnent entre 0 et 250 Gourdes par jour. Plus de 66% des ménages du quartier étaient considérés comme actifs avant le séisme et cette proportion atteint 74% des ménages vivant dans des camps au moment de l’enquête. Pourtant, au moment de l’enquête en février 2011, environ 60% des camps et 33% du quartier, ont avoué avoir perdu leur revenu principal avec le séisme. Cette perte de revenus semble avoir eu pour conséquence principale la déscolarisation des enfants : plus de 20% des familles du quartier et plus de 30% des familles vivant dans les camps n’envoient pas à l’école leurs enfants en âge scolarisable7. Promiscuité. L’existence sous une même tente très exiguë de plusieurs personnes crée une situation de promiscuité. Au cours de nos visites, nous avons trouvé un cas, qui n’est pas isolé, où sous une même tente résidaient une mère avec plusieurs enfants dont sa fille ainée âgée de 17 ans et elle-même mère de deux enfants tous nés après le séisme du 12 janvier 2010 ; avec leur mari, ils sont environ huit personnes vivant dans un abri de moins de 20m2. Les responsables communautaires n’ont pas manqué de signaler que cet état de fait provoque l’augmentation des cas de grossesse précoce, de viols et par conséquent fragilise et dégrade la situation notamment des jeunes femmes. Le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP) indique que le taux de grossesse est passé à 12% après le tremblement de terre du 12 janvier alors qu’en général le taux de femmes enceintes en âge de procréer est de 4 %. Les responsables communautaires affirment ne pas savoir comment gérer la forte augmentation des populations dans le quartier, et quelles en seront les conséquences sur l’environnement du quartier et sur le niveau de vie de ces familles. L’extrême précarité de ces familles vivant dans les camps induit le recours à des stratégies de survie à risques, telles que la prostitution de jeunes filles souvent mineures. En l’absence de moyens contraceptifs, elles se retrouvent alors mères bien qu’encore adolescentes. Cette situation est loin d’être spécifique à Bristout-Bobin, mais elle a été évoquée par les membres du comité comme un facteur de fracture sociale dans la mesure où les camps seraient devenus des espaces en marge où le contrôle social (pratiques sociales qui assurent un certain ordre) qui semblait garantir un état de paix avant le séisme serait en train de se désagréger.

…………………………………………………………………………………………………………………………………………………

…………… 7 L’on ne note pas cependant si ces familles pouvaient envoyer leurs enfants à l’école avant le séisme.

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4.4. Autres risques

L’atmosphère de vie de quartiers et vie de camps : dégradation du cadre de vie et augmentation des cas délinquance Bristout et Bobin, en dépit de l’augmentation de sa population, furent pendant longtemps un quartier fermé sur lui-même où tout le monde se connaissait. Le contrôle social était si fort que l’ordre du quartier était assuré sans la présence nécessaire de la police. La population était épargnée de tensions communautaires, de violences liées aux gangs, ou encore d’instabilité politique, contrairement à d’autres quartiers populaires de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Pourtant, l’événement catastrophique a favorisé le dérèglement de cet ordre notamment par l’introduction de personnes étrangères au quartier et méconnues des habitants, augmentant le nombre de cas de délinquance (trafics illicites, viol, vol, etc.). Dans certaines artères du quartier, les femmes sont priées de ne pas circuler la nuit, car elles prendraient alors le risque de se faire violer ou braquer, ce qui constitue une réalité relativement nouvelle. Les responsables communautaires affirment n’avoir pas les moyens d’identifier tous les habitants qui s’y sont à peine installés. Les responsables communautaires se disent conscients des effets néfastes de l’augmentation de la population afférente au séisme engendrant plus de violence, donc d’après eux plus de misère, ceci participant à l’isolement du quartier et augmentant les risques de détérioration du milieu.

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5. Initiatives de relocalisation à Bristout-Bobin

L’UCLBP dès sa mise en place s’est vue confier la responsabilité de la coordination des initiatives du Gouvernement en matière de relocalisation des déplacés et le projet 16/6 (16 quartiers/6 camps) a ainsi été intégré dans ses prérogatives. Cette initiative est un projet pilote de relocalisation des occupants de six camps prioritaires dans 16 quartiers de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Lancé le 17 août 2011 par le Président Martelly, le projet initial prévoyait à la fois un appui financier aux familles déplacées à travers une subvention équivalente à un an de loyer ou à la réparation de logement (pour 5 239 familles) et un renforcement de la capacité d’accueil des quartiers concernés. Les activités dans lesdits quartiers sont entre autres : la réparation de maisons endommagées ou jaunes (pour près de 4 000 maisons dans le document initial) ; la démolition des maisons étiquetées rouge et l’élimination des décombres ; la construction de nouvelles maisons ; l’évaluation des zones à risque ; l’investissement dans l’infrastructure communautaire (routes, écoles, espaces publics) ; la formation de maçons locaux ; et la génération de revenus. Le projet, prévu sur 24 mois, devrait s’achever le 21 septembre 2013, mais pour des raisons financières, seule une partie de ces activités (concernant la relocalisation et le réaménagement de certains quartiers) a toutefois pu être engagée et c’est l’une des raisons pour lesquelles le projet 16/6 est aujourd’hui souvent associé à la subvention au logement et donc davantage à une stratégie de fermeture des camps plutôt qu’à un réel appui aux retours. L’approche adoptée dans le cadre du 16/6 a ensuite été répliquée à d’autres camps de la ville (tel que le Champs de Mars) et de nouveaux financements semblent déjà avoir été engagés pour poursuivre cette stratégie dans les mois à venir. Ni ce projet de relocalisation, ni les travaux d’aménagement n’ont encore concerné les quartiers/camps de Bristout-Bobin. Les contraintes financières tel qu’indiqué précédemment ne permettent pas aujourd’hui d’envisager de les intégrer dans une extension du projet 16/6. Il reste encore à Bristout-Bobin une douzaine de camps de petite et de moyenne dimension (entre 50 et 400 familles), et ceux qui ont été fermés le sont plus par les efforts des déplacés eux-mêmes, surtout ceux qui avaient eu leur maison relativement peu affectée par le séisme. Les seules actions de relocalisation qui ont été entamées l’ont été par l’UNOPS dans son projet pilote consistant en des réparations sur 800 maisons jaunes (endommagées entre 10 et 40 %) pour la zone de Pétion-Ville. Il n’est pas possible de réellement évaluer la stratégie de reconstruction, dans la mesure où celle-ci n’a pas encore atteint le quartier. L’effort que les populations devraient consentir pour être des acteurs de la reconstruction est encore très considérable. Il n’y a pas d’espace disponible pour la construction. Et, dans les conditions actuelles, les maisons du quartier populaire ne sont pas extensibles, bien que l’espace occupé en moyenne par famille soit très restreint. Alors que les maisons, dans la plupart des cas, ne peuvent pas être développées en hauteur sans une importante intervention au niveau de la base ; ce qui parait difficile à cause du manque de moyens économiques de ces propriétaires. Sont-ils assez solvables pour des crédits bancaires ? Rien n’est moins sûr. À noter que, nous l’avons montré, beaucoup de ces propriétaires sont dans l’insécurité foncière ; en ce sens, on ne peut prétendre que ces familles pourraient jouer un rôle fondamental dans l’accueil des déplacés, contrairement au discours officiel, assez répandu parmi les acteurs humanitaires, laissant croire que la stratégie des familles à étendre leurs habitations constitue une solution crédible à moyen terme au problème de logement. Entre temps, les occupants des camps de Bristout-Bobin s’inquiètent de se voir un jour obligés de laisser les espaces pour se rendre dans d’autres territoires éloignés de la ville, comme c’était le cas dans d’autres camps depuis le séisme. Et, de fait, il y a actuellement des évictions forcées dans certains camps installés dans des cours privées situées le long de la rue Solon-Menos.

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Certains responsables communautaires critiquent la Mairie de Pétion-Ville qui ne défend pas les intérêts des déplacés, et les autorités du pays qui cautionneraient ces cas d’évictions forcées. Encore des situations à Bristout-Bobin qui montrent que la sortie des camps n’est pas toujours encadrée.

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6. Conclusion et recommandations Comme dans la plupart des quartiers informels de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, les populations des quartiers Bristout-Bobin vivent dans une situation d’insalubrité. Celle-ci affecte non seulement les camps, mais aussi les quartiers en général dans la mesure où cet espace est à la fois quartier d’origine, camps de refuge et quartier de retour. La mixité du paysage du quartier, suite au séisme, principalement du fait de la situation enclenchée par la structuration de plusieurs camps, a accentué les risques et la vulnérabilité de la population. Les déchets solides et liquides domestiques et les fèces, la pollution, l’occupation des berges des ravines, le contrôle de la construction sont quelques-uns des grands enjeux de la gestion de l’environnement dans les camps/quartiers Bristout-Bobin. Au regard de la non-implication des autorités publiques (nationales, locales), d’une part, qui n’ont pas réagi après le séisme, d’une part, qui n’ont pas doté le quartier en services sociaux de base, la communauté représente, au moins, selon l’ordre actuel, le pilier sur lequel devrait se fonder toute initiative pérenne de sauvegarde de l’environnement et de diminution des risques et des vulnérabilités. C’est ainsi que l’essentiel de nos recommandations concerne le remembrement des structures communautaires. 1. Renforcement des capacités communautaires dans la recherche de solutions aux problèmes environnementaux à l’échelle du quartier Acteurs cibles : communautés et acteurs humanitaires Notre recherche fait état d’une forte cohésion au niveau des organisations communautaires, d’une nette prise de conscience par la communauté des problèmes environnementaux auxquels fait face le quartier, et de revendications ciblées à l’égard des autorités publiques (gestion des déchets et de l’assainissement, accès à l’eau potable, protection des berges). D’un autre côté, au regard de la non-implication des autorités publiques (nationales, locales), la communauté a mis en place quelques actions prioritaires pour résoudre certains problèmes clés : sensibilisation par les comités de quartiers et les comités de camps à un minimum de bonne gestion des déchets au niveau du quartier ; actions ponctuelles de ramassage collectif des déchets. Cependant, ils n’ont pas proposé d’actions communautaires pérennes à mettre en place pour faire face aux problèmes environnementaux évoqués. La formation des acteurs de la communauté en matière de recherche de solutions adaptées constitue donc un enjeu fondamental dans toute intervention dans le quartier. � Descriptif de la recommandation 1.1 Renforcement des capacités communautaires par la formation La formation cible des membres des organisations communautaires (CCGBB, Responsables Assainissement, etc.) chargés de diffuser l’information reçue auprès de la population. La DPC pourra également être sollicitée pour participer à la formation, facilitant ainsi la communication avec les autorités du quartier. Cette formation prendra en compte les paramètres suivants :

• Capacité à apprécier et à évaluer les différents facteurs de risques de dégradation de l’environnement et leurs conséquences néfastes pour les populations ;

• Capacités à évaluer les risques liés à une trop forte densité de la population (violence, conditions sanitaires, vulnérabilité accrue au tremblement de terre) ;

• Capacités de sensibiliser la population sur la vigilance à tenir vis-à-vis des actions individuelles (susceptibles d’augmenter les risques environnementaux) et des conséquences néfastes d’un environnement dégradé à titre individuel et collectif, sur le plan sanitaire, social, prévention des catastrophes.

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Une mise à disposition de l’information pourra être intégrée au niveau du CRC sous forme de documentation (rapports, livres, outils pédagogiques, CD). Étudier avec ONU Habitat l’intérêt et l’implication possible des référents du CRC comme personne ressource en matière d’environnement. 1.2 Renforcement des capacités communautaires par la structuration des acteurs

• Un comité responsable de la gestion de l’environnement pourra être structuré sur la base des référents assainissement existants et membres du CCGBB. D’autres membres pourront prendre part à ce comité, chacun responsable des activités dans son îlot.

• Des efforts devront être déployés en vue du renforcement de la légitimité de la plate-forme communautaire en développant un espace de dialogue et un cadre participatif avec les habitants du quartier pour une meilleure gouvernance.

2. Définir les actions prioritaires de gestion de l’environnement à mettre en place par les ménages et la communauté Acteurs cibles : communauté et acteurs humanitaires Après la catastrophe du 12 janvier, l’aide humanitaire s’est déployée massivement dans le quartier. Elle s’inscrivait dans un cadre momentané, sans perspective d’aider à développer des actions pérennes de gestion de l’environnement dans la communauté. La recommandation vise donc ici à aider la communauté à mettre en place et à développer des activités partant des ménages et des organisations existantes comme point de départ d’un dispositif de gestion de l’environnement. Ces initiatives devront permettre à la communauté et aux ménages de jouer un rôle plus important dans la gestion des déchets, la distribution de l’eau potable, ainsi que la prévention et la mitigation des risques (contrôle de la construction, reboisement, etc.) � Descriptif de la recommandation Initier des ateliers avec la population encadrés par le CCGBB/comité environnement pour définir de manière participative les axes prioritaires d’interventions :

• collectives (ex : traitement de l’eau, gestion de l’eau, gestion des déchets, recherche d’investisseurs privés, …)

• individuelles (ex : tri des déchets, nettoyage de l’espace collectif à proximité de chaque habitation…)

Des partenariats avec le secteur privé pourront être envisagés afin de faciliter l’atteinte de ces objectifs ; ex : investisseur privé intéressé par la collecte de déchets spécifiques (organiques, plastiques, etc.), la transformation, valorisation et la commercialisation de ces produits. Détailler les modalités de mise en œuvre pour chacune, formaliser les engagements, et définir les moyens de contrôle à mettre en œuvre pour s’assurer de la durabilité et de l’efficacité de ces actions. 3. Le développement d’un plan d’aménagement participatif. Acteurs cibles : communauté et acteurs humanitaires � Bien-fondé et justification par rapport aux résultats de recherche Les membres de la communauté revendiquent un plan d’aménagement, précisément pour améliorer les conditions de vie, l’accès aux services, et résoudre le problème d’enclavement, etc. Les problèmes liés à l’aménagement du quartier sont très complexes. La délimitation de l’espace pour les places publiques, les routes, les zones boisées, les marchés, terrains de jeu est limitée par la superficie et la densité de population.

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� Descriptif de la recommandation L’élaboration du plan d’aménagement participatif permettra aux citoyens d’apporter des éléments de réponse à ces problèmes, et de délimiter des espaces d’intérêt collectif. Ces espaces devront être repris sur des zones bâties de façon consensuelle, en veillant à trouver des alternatives pour les familles devant être relogées. Ce plan devra également intégrer des normes communes à respecter. L’élaboration de ce plan nécessitera une relation étroite entre les membres de la communauté, les ONG impliquées dans le quartier, et les instances de la Mairie et de l’État travaillant dans ce domaine (CIAT, MTPTC, ministère de la Planification, UCLBP, etc.). La participation des communautés permettra d’accroitre leur niveau de sensibilité ainsi que leur implication dans le respect des règles établies. 4. Exploration et validation avec la communauté des initiatives de gestion de l’environnement réalisées dans d’autres quartiers de Port-au-Prince ou d’autres contextes, et susceptibles d’être mises en œuvre à Bristout-Bobin Acteurs cibles : communautés et acteurs humanitaires

Comme nous l’avons vu, la communauté a déjà initié quelques actions de préservation du milieu, et a la volonté d’en réaliser d’autres avec l’aide d’acteurs extérieurs (ramassage des ordures avec la mairie, potabilisation de l’eau par la DINEPA ou des acteurs humanitaires) Cependant, d’autres actions initiées dans d’autres zones pourraient servir de modèle aux membres du quartier. � Descriptif de la recommandation Un travail de capitalisation des actions de préservation de l’environnement adaptées à un contexte de reconstruction en milieu urbain, et ayant été menées dans des quartiers de Port-au-Prince ou ailleurs, devra être effectué par les acteurs humanitaires, afin de les présenter aux responsables du quartier. Ce travail de capitalisation pourra tout autant être mené en partenariat avec des membres de la communauté. Une analyse de ces actions et des retours d’expériences associés, devra être effectuée de façon participative et encadrée par les acteurs humanitaires, afin de définir celles pouvant être adaptées au contexte local, ainsi que les modalités de mise en œuvre. Le partage d’expériences avec les acteurs clés en charge des actions sélectionnées au niveau du quartier, permettra aux leaders communautaires d’améliorer leur compréhension et de faciliter la mise en œuvre. 5. Intégration des quartiers Bristout et Bobin dans le cadre global de la ville Acteurs cibles : l’état haïtien et la mairie de Pétion-Ville La recherche a mis en évidence un déficit en ce qui a trait aux services publics dans le quartier. Ce manque de service est à lier à l’oubli ou au désintéressement des autorités publiques vis-à-vis de ces quartiers pauvres. Ces quartiers sont dits marginalisés. Un canal de communication entre les pouvoirs publics et le quartier a déjà été proposé via les structures de CRC, Agence technique local (ATL), Mairie, Ministère de l’Intérieur, pour faire remonter les revendications de la communauté, mais résultats paraissent peu concluants. Cependant, au risque de réduire les rapports entre CRC et ATL et les autorités publiques à seulement une dimension technique, l’intégration entre la Mairie et les communautés, telle que

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proposée ici, doit prendre la forme d’un plus large consensus (plus politique) entre quartiers et autorités municipales en vue d’une gestion partagée de l’environnement dans ces quartiers et dans une plus large mesure la résolution des problèmes du quartier en général. � Descriptif de la recommandation Les aspects qui devront être pris en compte ici sont les suivants :

• Reconnaissance de ces quartiers comme parties intégrantes de la ville, étape préalable à la prise de conscience par les autorités d’un devoir de service ;

• Partage au niveau du quartier d’éventuelles bonnes pratiques définies par la mairie sur les mesures de réduction d’impact d’un tremblement de terre ;

• Mise à disposition des services publics urbains : collaboration avec la DINEPA, collecte des déchets assurée par la municipalité et le SMCRS ;

• Renforcer le cadre de communication entre quartier et mairie, afin de faciliter la bonne intégration du quartier et de rappeler au conseil municipal leurs responsabilités ;

• Faciliter la prise en compte du quartier dans le cadre de l’aménagement de la ville en général

Ces recommandations vont être présentées sous forme d’un plaidoyer. Des discussions devront être entreprises avec la mairie pour définir les moyens de favoriser cette intégration ; ainsi qu’avec la communauté sur la manière de porter ces revendications auprès des instances concernées. 6. Financement dans la recherche et le développement d’initiatives innovantes et pérennes en matière de gestion de l’environnement Acteurs cibles : bailleurs Les recommandations mentionnées s’appuient sur l’initiation et le développement d’actions émanant des citoyens et des organisations du quartier en faveur de la gestion de l’environnement. S’il va être possible de partir sur les bonnes actions déjà réalisées dans d’autres quartiers, il est toutefois important que des efforts soient déployés afin d’évaluer leurs caractéristiques et les adapter aux contextes spécifiques locaux. Le développement d’initiatives innovantes et pérennes sur la base de la participation des ménages et des communautés, dans les quartiers marqués par une absence de l’État et un déficit en matière de service public, est donc un élément fondamental dans la gestion de l’environnement. � Descriptif de la recommandation Les éléments à prendre en compte ici concernent :

• Investissement dans des instituts ou des organisations à vocation de recherche et de formation qui devront eux-mêmes accompagner les communautés dans l’initiation et le développement de nouvelles initiatives de gestion de l’environnement (la gestion des déchets, l’eau, les espaces publics, aménagement participatif, etc.) ;

• Attention spéciale aux aspects relatifs à la formation, le renforcement, le transfert de compétences, l’appui à l’autonomie et les capacités d’initiatives des communautés dans la formulation des projets visant les quartiers.

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Reconstruction et environnement dans la région métropolitaine de Port-

au-Prince : cas de Bristout et Bobin

Groupe URD | Juin 2013