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UFR Sciences juridiques, économiques, politiques et de gestion 45 D avenue de l’Observatoire F- 25030 Besançon Cedex Tél. (33) 03 81 66 65 80 – Fax : (33) 03 81 66 67 37 http://sjepg.univ-fcomte.fr [email protected] RAPPORT DE STAGE Licence Professionnelle « Management des Organisations » Spécialité « Conduite de Projets Internationaux de Co-développement » Thème du stage : ELABORATION DE MICROPROJETS ET RECHERCHES DE FINANCEMENTS Au sein de l’association MOSOH CAMEROUN Mouvement de Solidarité aux Handicapés du Cameroun Période de stage : Du 8 MAI au 21 AOÛT 2011 Etudiante: Sabrina JACQUET Responsable du diplôme J. C. ELNABOULSI Tuteur pédagogique V. MUDRY Année universitaire 2010-2011

rapport de stage - MOSOHCAMEROUN · médian est de 17,1 2 ans. - 43,6 % 2 de la population a moins de 15 ans et 5 % 2 plus de 65 ans. Que ce soit par sa position géographique, par

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UFR Sciences juridiques, économiques, politiques et de gestion ■ 45 D avenue de l’Observatoire F- 25030 Besançon Cedex ■ Tél. (33) 03 81 66 65 80 – Fax : (33) 03 81 66 67 37 ■ http://sjepg.univ-fcomte.fr ■ [email protected]

RAPPORT DE STAGE

Licence Professionnelle « Management des Organisations »

Spécialité

« Conduite de Projets Internationaux de Co-développement »

Thème du stage :

ELABORATION DE MICROPROJETS ET RECHERCHES

DE FINANCEMENTS

Au sein de l’association MOSOH CAMEROUN

Mouvement de Solidarité aux Handicapés du Cameroun

Période de stage :

Du 8 MAI au 21 AOÛT 2011 Etudiante: Sabrina JACQUET

Responsable du diplôme J. C. ELNABOULSI

Tuteur pédagogique V. MUDRY

Année universitaire 2010-2011

UFR Sciences juridiques, économiques, politiques et de gestion ■ 45 D avenue de l’Observatoire F- 25030 Besançon Cedex ■ Tél. (33) 03 81 66 65 80 – Fax : (33) 03 81 66 67 37 ■ http://sjepg.univ-fcomte.fr ■ [email protected]

Licence Professionnelle

Management des Organisations

Spécialité

« Conduites de Projets Internationaux de Co-développement »

RAPPORT DE STAGE

Effectué du 8 MAI au 21 AOÛT 2011

Organisme de stage : Association MOSOH CAMEROUN

Mouvement de Solidarité aux Handicapés du Cameroun

Adresse : BP 36 Nkongsamba, Cameroun

Tél : +237 96.28.91.76 70.63.95.38 33.49.36.72 33.15.95.17

Email : [email protected] ; [email protected]

Siteweb : http://www.mosohcameroun.org

Etudiante: Sabrina JACQUET

1 rue des troënes, 50710, CREANCES

Tél : 06-33-96-82-87 Email : [email protected]

Maître de stage : Me DAKEYI Athanase Fonction : Secrétaire Permanent

Année universitaire 2010-2011

SOMMAIRE

Introduction…….....………………………………………………………..4 I. Contexte du stage .............................................................................................. 5

1. Le Cameroun ...................................................................................................................... 5

a. Localisation et découpage administratif ........................................................................... 5

b. Populations et croyances .................................................................................................. 5

c. Le régime politique ........................................................................................................... 6

d. Les richesses du pays. ....................................................................................................... 7

e. Echanges internationaux ................................................................................................... 7

f. De la croissance à la paupérisation de la population ...................................................... 8

g. Quelques indicateurs socio-économiques du Cameroun .................................................. 9

2. La personne handicapée au Cameroun ........................................................................... 9

a. La législation ..................................................................................................................... 9

b. La vie quotidienne ........................................................................................................... 10

3. Le Mouvement de Solidarité aux Handicapés du Cameroun (Mosohcameroun) ...... 11

a. Ses objectifs ..................................................................................................................... 11

b. Ses activités ..................................................................................................................... 12

4. Contexte et objectifs du stage ......................................................................................... 14

a. Objectifs initiaux ............................................................................................................. 14

b. Résultats de la période d’observation ............................................................................. 14

c. Objectifs corrigés ............................................................................................................ 17

II. Activités, Méthodes et Résultats obtenus ..................................................... 19

1. Le Programme de « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain » ........................... 19

a. Le projet Mosoh Elevage ................................................................................................ 21

b. Le projet de « Renforcement des capacités de formations professionnelles et

d’intégration des personnes handicapées dans les domaines de la coiffure/ esthétique et de

la couture » ............................................................................................................................ 23

2. La gestion administrative et financière .......................................................................... 35

a. Gestion et comptabilité ................................................................................................... 36

b. Le dossier de demande de financement du fonctionnement de l’association ................. 40

3. Les autres activités du stage ............................................................................................ 44

a. Le projet plaidoyer .......................................................................................................... 45

b. Un peu d’artisanat .......................................................................................................... 46

Conclusion…. …………………………….……………………………........48

Tables des Annexes....…………………………………………………………………………..50

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INTRODUCTION

Lors de mon second séjour au Cameroun, j’ai été amenée à travailler sur un projet d’amélioration de l’accès à la santé dans un petit village de brousse. Mon rôle, bien qu’important, était limité dans le champ de l’action. Je devais mettre en place la comptabilité et la gestion des stocks d’un centre de santé et former le comité de gestion à ces techniques. La réalité du terrain à voulu que je m’immisce dans l’aspect plus global du projet et, étant bénévole au sein d’une très jeune structure associative française, j’ai compris plusieurs choses, notamment que l’association devait s’approprier les techniques de gestion de projet. Comme je ne voulais pas restée limitée dans la compréhension des processus, j’ai candidaté à la licence professionnelle Codèv afin, d’une part, de me donner les compétences et les éléments de réflexion nécessaires à la gestion de projet et d’autre part pour aider l’association à se professionnaliser.

Pour ce stage de cursus, j’ai voulu qu’il se déroule dans une autre association mais de préférence au Cameroun afin d’accroître ma connaissance de ce pays et de mieux comprendre les enjeux du développement.

J’ai découvert l’association Mosohcameroun (Mouvement de Solidarité aux Handicapés du Cameroun) qui œuvre pour la dé-stigmatisation et l’autonomisation des personnes handicapées. Il est vrai que je n’ai aucune formation dans le social mais j’ai tout de suite été attirée par cette association qui me permettait de travailler avec un public différent et dans un contexte différent .

Mosohcameroun existe depuis 2005 et mène différentes activités ayant pour point commun d’aider les personnes handicapées à être respectées et à devenir autonomes. Elle mène des actions de plaidoyer, elle accueille et oriente les bénéficiaires et leurs familles, elle aide à la scolarisation et à la formation professionnelle, elle aide à améliorer l’accès à la santé et au matériel adapté, elle élabore des microprojets avec ses bénéficiaires et recherche les financements adéquats.

A première vue, il s’agit d’une association compétente et professionnelle assise sur son expérience, pourtant, elle rencontre des difficultés organisationnelles et financières profondes. Ce qu’elle fait pour ses membres est d’une importance fondamentale, lorsque l’on sait qu’au Cameroun, la personne handicapée est vue comme malsaine, victime de sorcellerie, porteuse de mauvais sorts, de malchance. Elle est synonyme de honte pour la famille qui la cache ou qui l’envoie au village en attendant qu’elle « guérisse », entendez qu’elle meure…

Jusqu’en avril 2011, l’association était managée par une seule personne, le coordinateur national, mais depuis l’Assemblée Générale du 7 avril, les statuts ont été modifiés, on rencontre maintenant un conseil d’administration composé de 4 commissions et un secrétariat permanent. Toutefois, les modifications prennent du temps pour être réellement efficaces. Il faut que les personnes élues prennent effectivement conscience de la situation financière de l’association et de leurs nouveaux rôles, que l’ancien coordinateur national, devenu secrétaire permanent, réussisse à décentraliser sa personne, c'est-à-dire à délégué les tâches afin de ne plus être irremplaçable comme c’est le cas aujourd’hui.

Mon rôle durant le stage a été de conseiller et d’aider l’association à être plus transparente et un peu mieux organisé sur certains points, à rechercher des financements de fonctionnement tout en continuant les activités normales et les projets de l’association.

Au travers de ce rapport, nous verrons le travail qui a été réalisé sur le programme de « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain », qui est un programme à multiples facettes. Ensuite, nous nous intéresserons aux activités administratives et financières pour enfin nous arrêter sur des activités non liées aux problèmes de financements.

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I. Contexte du stage

1. LE CAMEROUN

a. Localisation et découpage administratif

D’une superficie de 475 442 km², le Cameroun se situe au carrefour entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale. De forme triangulaire, il est entouré de 6 pays : le Nigeria à l’Est, le Tchad et la République Centre Africaine à l’Ouest, le Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale au Sud. Il possède également 590 km de côtes le long de l'Océan Atlantique.

Le découpage administratif actuel est récent (2008) et correspond au modèle français de décentralisation et de déconcentration des pouvoirs. Le Cameroun compte 10 régions pour 58 départements divisés en arrondissements, en cantons puis en communes, villages et hameaux. On dénombre 325 communes dont 305 rurales, 11 urbaines et 2 communautés de communes urbaines.

Les villes principales sont : Yaoundé (la capitale), Douala (la capitale économique), Garoua, Maroua, Bamenda, Bafoussam, Ngaoundéré, Bertoua, Mbalmayo, Nkongsamba, Ebolowa et Buéa.

b. Populations et

croyances

- En 2009, le nombre d’habitants était estimé à 19 521 6451.

- L’âge moyen est de 22,12 ans et l’âge médian est de 17,12 ans.

- 43,6 %2 de la population a moins de 15 ans et 5 %2 plus de 65 ans.

Que ce soit par sa position géographique, par son relief et ses climats ou par la

multiplicité de ses peuples, le Cameroun est communément appelé « l’Afrique en miniature ». On y compte pas moins de 2863 langues dont 2782 langues vivantes mais l’histoire a fait que le Cameroun a officiellement deux langues : le français (80% du territoire) et l’anglais (20%).

1 Source : Banque mondiale 2 Institut national de la statistique du Cameroun, « Etat et structure de la population : indicateurs démographiques » 3 Source : Ethnologue, http://www.ethnologue.com

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Pour ce qui est des croyances et des religions, le Cameroun se compose d'une mosaïque de confessions. On y trouve2 :

- Des Catholiques : 38,4 % - Des Protestants : 26,3 % - Des Orthodoxes : 0,5 % - D’autres chrétiens : 4 % - Des Musulmans : 20,9 % - Des Animistes : 5,6 % - D’autres religions : 1 % - Des Libres-Penseurs : 3,2 %

Le Cameroun serait un exemple de cohabitation religieuse dans le sens où il n'existe quasiment aucune friction entre les différentes communautés religieuses, chacun respectant le culte de l’autre. Les cultes « importés » sont modulés par les croyances traditionnelles où la sorcellerie tient un rôle très important.

Le Cameroun est aussi une terre d’accueil puisque début 20091, il comptait 91 900 réfugiés et demandeurs d’asile. 65 200 venant de la République Centre-africaine, environ 20 000 du Tchad, 3 000 du Nigeria et les autres du Rwanda, de la République Démocratique du Congo, du Burundi, de Côte d’Ivoire, de Guinée, du Libéria et d’autres pays encore.

c. Le régime politique

Le Cameroun, de son nom officiel « République du Cameroun », est une démocratie multipartite qui compte plus de 150 partis légaux. Le président est théoriquement élu tout les sept ans et depuis le 10 avril 2008, une loi a été adoptée sur la révision constitutionnelle permettant la multiplication infinie des mandats présidentiels.

Depuis son indépendance proclamée en 1960, le Cameroun n’a connu que deux présidents : Ahmadou Ahidjo (1960- 1982) et Paul Biya (1982 à nos jours).

Ahmadou Ahidjo, après vingt-deux ans de « règne » annonce le 4 novembre 1982 sa démission du pouvoir pour des raisons officielle de santé. Deux jours après cette déclaration, Paul Biya, alors chef du gouvernement depuis sept ans, hérite, conformément à la constitution, de la place de Président de la République du Cameroun. Depuis 28 ans, Son Excellence Monsieur Paul Biya règne sur le Cameroun.

Des élections législatives et présidentielles ont été tenues respectivement en 2002 et en 2004 et les résultats ont été fortement contestés par l’opposition qui dénonçait des irrégularités dans les bureaux de vote mais les observateurs nationaux comme internationaux ont accepté la réélection de M. Biya.

Les résultats des élections montrent que sur les 150 partis légaux, seuls 5 sont présents à l’assemblée nationale et que le RDPC2, parti du Président, est largement représenté.

Vu la façon dont sont généralement tenues les élections et le manque de représentation de l’opposition à l’Assemblée Nationale, le régime du Cameroun n’est pas réellement vu comme une démocratie mais plutôt comme une démocrature voire une kleptocratie. Le 23 juin 2010, le magazine américain, Foreign Policy a rendu public un article qui recense 40 dictateurs dans le monde actuel et le chef de l’Etat camerounais y figurait en 23e position.

Les prochaines élections sont constitutionnellement prévues le 9 octobre 2011 et après un long suspense, Son Excellence M. Paul Biya a enfin déclaré sa candidature à sa réélection. Pour avoir visité quelques sites3 internet, il semble que les jeunes sont fatigués et désabusés et ils demandent que leur président s’en aille, les tons employés dans les posts sur les forums sont revendicatifs et il est à craindre qu’une révolte populaire (à plus ou moins grande échelle) ait lieu au moment des élections si M. Biya est de nouveau déclaré Président. 1 Source : US committee for refugees & immigrants ; http://www.refugees.org/ 2 RDPC : Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais 3 http://cameroonblog.info ; http://www.camer.be/ ; http://www.cameroon-info.net/ ; http://voixdupeuplecamerounais.blog.fr/ ; etc

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La corruption est telle au Cameroun qu’on ne peut pas parler de politique sans la citer. Certains l’expliquent et l’excusent par leurs propres cultures qui prévoyaient de toujours cadeauter les chefs afin d’obtenir satisfaction face à leurs requêtes. D’autres ne veulent pas ou plus l’excuser et avouent que c’est une maladie qui ronge le Cameroun de l’intérieur. Elle est apparue à cette échelle après la dévaluation du Fcfa en janvier 1994 mais surtout après la diminution drastique de 70% des salaires des fonctionnaires due aux politiques d’assainissement des dépenses publiques conseillées par la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International. On la retrouve aujourd’hui à tous les niveaux administratifs mais pas seulement, chaque personne ayant une influence quelconque l’utilise afin d’améliorer ses conditions de vie. Selon un sondage réalisé par Transparence Internationale, 79 % des camerounais déclarent avoir versé un pot de vin pour l’obtention d’un service public. La corruption a plusieurs noms comme : bière, carburant, tchoko, taxi, gombo, motivation …

d. Les richesses du pays.

Le Cameroun dispose de nombreuses richesses naturelles minières (or, étain, bauxite, fer, cobalt, diamants), pétrolières, forestières et agricoles.

Le secteur primaire contribue à près d'un quart du PIB et emploie environ 50% de la population active. Avant l'avènement du commerce du pétrole, l'agriculture était le pilier économique du pays. Le Cameroun reste l'un des principaux producteurs mondiaux de certaines denrées alimentaires, notamment le cacao, le café, les bananes, les produits dérivés de la palme, le tabac, le caoutchouc et le coton. La pêche, l’élevage et la sylviculture sont trois autres activités importantes du pays.

Le secteur secondaire compte pour près d'un quart du PIB. Les principales industries du pays sont la préparation industrielle des aliments, la scierie, la fabrication de biens de consommation légers et le textile.

Le secteur tertiaire représente la moitié du PIB. Il profite de l'activité économique créée autour de l'oléoduc Doba/Kribi, opérationnel depuis juillet 2004. Le secteur des services (télécommunication, trafic aérien, transports) est en pleine croissance.

e. Echanges internationaux

Le Cameroun est membre du Commonwealth, de la Zone Franc et appartient à la zone CEMAC1 dont il possède 50% du PIB, ce qui lui confère une importance régionale. Sa position

1 CEMAC : Communauté économique et monétaire des états d’Afrique Centrale

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géographique en fait un pays charnière entre la CEMAC et la CEDEAO1 avec qui il entretient des relations commerciales privilégiées.

Les trois principaux clients du Cameroun sont l'Espagne, l'Italie et la France. Les produits principalement exportés sont les carburants minéraux, le pétrole, le bois, le charbon, le cacao, le coton et l'aluminium. Le Nigéria, la France et la Chine sont ses trois principaux fournisseurs. Les importations concernent des carburants minéraux et du pétrole, des céréales, des véhicules, des machines et des équipements électriques et électroniques.

L’Union Européenne est le premier partenaire commercial du Cameroun, représentant plus de 50% des échanges hors pétrole. Les deux entités ont signé un accord de partenariat économique le 15 janvier 20092. Le Cameroun s'est ainsi engagé à libéraliser à terme 80% des importations venant de cette zone sur une période de 15 ans. Depuis quelques années, l’Asie orientale (notamment la Chine, le Japon, l’Inde et la Thaïlande) renforce ses liens commerciaux avec le Cameroun. La zone représente aujourd'hui près de 20% du total des échanges du pays.

f. De la croissance à la paupérisation de la population

Le Cameroun a longtemps été parmi les pays les plus prospères d'Afrique tropicale. De 1965 à 1985, il a connu une croissance soutenue, plus de 15 % par an en moyenne grâce à l'exploitation des réserves maritimes de pétrole. La situation économique s'est ensuite fortement dégradée, la mauvaise gestion économique et la surévaluation de la devise ont mené le pays jusqu'à la dévaluation, en janvier 1994 du franc CFA, précédée par une diminution drastique des salaires de l'ordre de 70 %. Le solde du compte courant s'est dégradé, les déficits fiscaux se sont accrus et la dette extérieure a augmenté. Le gouvernement s'est engagé dans une série de programmes de réformes économiques soutenus par la Banque Mondiale et le FMI et, après une décennie de récession caractérisée par une forte baisse du PIB (-30 % entre 1985 et 1993) et une chute de 40 % de la consommation par habitant, le Cameroun a renoué avec la croissance économique depuis 1994 avec une moyenne de 5 % par an. Cependant, les ressources publiques du Cameroun sont toujours caractérisées par une forte dépendance vis-à-vis des recettes pétrolières, alors même que la production de pétrole diminue dans le pays.

Fin juin 2010, le stock de la dette du pays était estimé à 1549 milliards FCFA3, en augmentation de 2,6% par rapport au premier trimestre et de 15,3% en glissement annuel. Cette hausse, est le résultat d’une augmentation de la dette extérieure (5,7%), et d’une diminution de la dette intérieure (3,7%).

Le Cameroun a atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE4 en 2006 ce qui ne représente pas pour autant une victoire pour le pays selon un rapport du FMI.

1 CEDEAO : Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest 2 Source :Interex ; http://www.interex.fr/fr/fiches-pays/cameroun/accueil 3 Source : Afrique Avenir 4 L'initiative pays pauvres très endettés ( PPTE) à été lancée par le FMI et la Banque mondiale, c’est une initiative qui vise à assister les pays les plus pauvres du monde en rendant leurs dettes internationales «soutenables». La réduction de la dette est normalement fonction des efforts dans la lutte contre la pauvreté des pays concernés. (définition sur Wikipédia)

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g. Quelques indicateurs socio-économiques du Cameroun

2. LA PERSONNE HANDICAPEE AU CAMEROUN

a. La législation

Le Cameroun fait partie des rares états de l’Afrique Centrale qui possèdent une législation relative à la protection des personnes handicapées. Ce sont les lois n° 83/13 du 31 juillet 1983 et 2010/002 du 13 Avril 20101 portant protection et promotion de la personne handicapée au Cameroun qui leur permettent notamment de bénéficier d’un ensemble d’aides de la part de l’Etat. En revanche, lorsqu’on analyse ces lois, on remarque qu’elles offrent un ensemble de possibilités, de droits aux personnes handicapées, à leurs familles et aux pouvoirs publics, mais elles n’évoquent que très faiblement des obligations d’intégration, d’insertion ou

de non discrimination envers les concernés. Malgré ces insuffisances, ces lois ont permis d’informer les populations sur le droit des personnes handicapées à exister. Elle a également permis d’améliorer leurs conditions de vie avec notamment l’existence de la carte d’invalidité. La Loi de 2010 sus-évoquée a franchit une autre étape en étant un peu plus contraignante et en mettant en place des sanctions pénales pour frapper les auteurs des violations de ses dispositions. Mais restent attendus, les décrets d’application de ce texte.

Il faut aussi noter qu’à la suite du décret n°90/1516 de 1990, ont suivi depuis 2006 une succession d’arrêtés interministériels qui offrent à la personne handicapées camerounaise des raisons de croire en l’avenir puisque les travaux publics, la solidarité nationale, l’enseignement supérieur et secondaires y sont passés en revue.

Le 13 décembre 2006, l’Assemblée Générale des Nations Unies à adoptée la « Convention relative aux droits des personnes handicapées pour plus de dignité et de justice2 », convention qui est entrée en vigueur depuis le 03 mai 2008. Le Cameroun à signer cette convention mais ne l’a toujours pas ratifiée. 1 Les lois n° 83/13 du 31 juillet 1983 et 2010/002 du 13 Avril 2010 sont disponibles sur le site de Mosohcameroun, www.mosohcameroun.org 2 Source : Centre des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique Centrale www.cnudhd.org/unchrd.org

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b. La vie quotidienne

On ne peut pas parler de Handicap au Cameroun sans évoquer les croyances populaires telles que la sorcellerie. Elle est présente à chaque niveaux de la vie quotidienne des camerounais et elle est lourde à porter pour les parents de personnes handicapées. Que ce soit un handicap de naissance, issu de maladie ou accidentel, la sorcellerie trouve toujours une réponse aux handicaps. Ils sont issus de mauvais sorts car la famille ou un de ses membres a eu une mauvaise vie et elle en paye le crédit. Les personnes handicapées sont vues comme porteuses de malchance, victimes de sorciers, voire sorciers eux-mêmes. Elles portent la gêne et la honte sur toute la famille car l’entourage sait que si la personne est handicapée c’est sûrement parce que la famille est malsaine. C’est pourquoi, beaucoup de parents de personnes handicapées les cachent, à la maison ou au village en attendant qu’elles « guérissent » (qu’elles meurent).

Cette façon de voir les choses explique pour beaucoup l’avenir qui est réservé aux personnes handicapées. Certaines n’ont même pas d’acte de naissance ce qui les contraint à ne pas exister. Sans cet acte, elles ne peuvent pas avoir de carte d’identité, de carte d’électeur, d’invalidité, etc. Mais surtout, elles ne peuvent pas accéder à l’école et aux examens.

L’ignorance relative des familles et des acteurs économiques locaux sur les lois existantes est réelle et la position des différentes religions basée sur l’aumône et la mendicité participent non seulement à la précarité des personnes handicapées mais ajoutent aussi à ne pas faire évoluer les mentalités qui font de la personne handicapée une assistée. La majorité des personnes handicapées n’ont suivi ni études supérieures ni formations professionnelles. Il n’existe que peu d’écoles ou de centre de formations adaptés aux Handicaps et les moyens financiers des familles ne permettent pas toujours de les y envoyer. Pourtant, les lois sont là pour donner accès à l’éducation gratuitement pour les enfants handicapés ou issus de parents handicapés, mais les familles sont souvent découragées par la corruption qui sévit au sein des services sociaux qui demandent de l’argent (sans donner de reçus) pour pouvoir transmettre les dossiers. Les démarches administratives pour être reconnue comme personne handicapée sont plus ou moins lourdes en fonction des personnes et surtout si elle n’a pas d’acte de naissance. Elle doit passer par plusieurs services publics où il est très probable qu’on lui demande une contribution monétaire alors même que ces démarches sont légalement gratuites.

De façon plus générale, ce sont pratiquement toutes les infrastructures qui sont inadéquates, l’accès aux bâtiments refermant les services publics sont quasi-impossible en fauteuils comme en béquilles (escaliers, carrelages glissants, etc.), les routes sont construites avec des caniveaux ouverts sources de nombreux accidents des personnes malvoyantes, les postes de travail ne sont pas aménagés, etc.

Au niveau des politiques, il est vrai qu’il existe des lois, mais comme on l’a vu, elles ne parlent que de possibilités et non d’obligations, par exemple, même si un chef d’entreprise pensait à embaucher des personnes handicapées, il n’en a aucune contrainte, ni intérêt. Pourquoi aménager un poste de travail pour personne handicapée quand la loi ne vous l’impose pas et que vous gagnerez en temps et en argent en embauchant quelqu’un de « valide » ?

L’accès aux soins de qualité est un défis pour les personnes handicapées car, non seulement les infrastructures spécialisées sont rares et coûteuses, mais elles ne possèdent pas toujours les équipements nécessaires. De plus, certains médecins acceptent de pratiquer des opérations sans spécialité ce qui malheureusement à déjà aggravé des situations où une personne se retrouve amputée alors qu’une rééducation aurait suffit…

Il convient tout de même de noter que quelques améliorations de la vie quotidienne des personnes handicapées sont à prévoir. Par exemple, dans le département du Moungo, toute nouvelle construction publique devra être accessible aux personnes handicapées, Monsieur le Préfet est sensible aux conditions de la personne handicapée et commence à les prendre en compte dans les politiques.

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3. LE MOUVEMENT DE SOLIDARITE AUX HANDICAPES DU CAMEROUN

(MOSOHCAMEROUN)1

Vu les conditions de vie des personnes handicapées, Messieurs DAKEYI Athanase, ENDOUMBA Danielle, KOUAMOU Paul et LEMY Jean Lévis ont décidés en janvier 2004 de se réunir en association et c’est sous leur action que MOSOH Cameroun a vue le jour. L’expérience acquise par Me DAKEYI dans le domaine du handicap a été fondamentale dans l’élaboration de l’association. Lui-même handicapé moteur, il fut membre de l’AHMAC (Association des Handicapés Moteurs et Amputés du Cameroun), de 1987 à 1991 dont le siège est à Yaoundé et il a fondé l’AEHUY (Association des Etudiants Handicapés de l’Université de Yaoundé) en 1987 lors de ses études universitaires de Droit.

De nouveaux membres se sont joints au mouvement et l’association MOSOH Cameroun (Mouvement de Solidarité aux Handicapés du Cameroun) a pu être légalisée le 28 avril 2005 sous le numéro 23/RDA/C16/Bapp.

a. Ses objectifs

L’objectif principal de Mosohcameroun est de « Vaincre le Handicap » sous toutes ses formes. Pour eux, « vaincre le Handicap » c’est de permettre aux personnes handicapées :

� De s’épanouir économiquement, socialement et culturellement ;

� De développer le désir d’une vie autonome ;

� De créer une saine émulation entre les personnes handicapées et envers leurs semblables valides.

Pour y parvenir, l’association s’est fixée des objectifs spécifiques qui sont de :

� Sensibiliser les personnes handicapées, la société civile et les autorités administratives, traditionnelles et religieuses sur le phénomène du handicap ;

� Identifier et recenser les personnes handicapées dans leurs familles et dans leurs villages ;

� Se réunir pour faire un bilan des difficultés rencontrées par les personnes handicapées et leur apporter un soutien moral et psychologique ;

� Informer sur les droits des personnes handicapées ;

� Orienter les personnes handicapées vers une aide médicale appropriée et vers les structures médicales spécialisées;

� Permettre aux personnes handicapées de recevoir des aides financières et matérielles ;

� S’assurer de la scolarisation, de l’orientation et de la formation professionnelle des personnes handicapées ou des enfants nés de parents handicapés.

1 Source : Reprise du dossier de présentation de l’association, remis à jour en juillet 2011. Travail réalisé en collaboration avec Me Dakeyi, Secrétaire Permanent, Melle Beyrich, volontaire allemande de BEZEV et moi-même.

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b. Ses activités

� Accueil et Orientation

L’accueil au bureau du MOSOH CAMEROUN est effectué par le Secrétariat Permanent. Il se déroule en général de la manière suivante :

� Les personnes handicapées ou leurs proches exposent leurs différents problèmes. La personne responsable de l’accueil donne des informations sur le handicap, ses causes réelles et les mesures à prendre. Au cours de cet entretien, le soutien psychologique et moral de la personne handicapée est indispensable.

� Le rôle de l’accueil est également d’informer très précisément sur les droits de la personne handicapée. C’est à dire sur les démarches pour l’obtention d’une carte d’invalidité qui permet différentes prises en charge par l’Etat, sous forme d’aides sociales, de réductions d’impôts, etc. Mais aussi sur le droit en tant qu’être humain de se voir délivrer un Acte de naissance, une carte nationale d’identité et une carte d’électeur. Suite à ces explications, l’association leur indique les démarches administratives à effectuer pour obtenir ces différents documents.

� Cette rencontre peut également aboutir sur une orientation scolaire, professionnelle ou médicale et demander à l’association d’effectuer des démarches auprès de son réseau.

L’accueil au bureau de l’association est donc le point de départ d’une démarche

individuelle entreprise avec chaque personne handicapée et le travail est effectué dans la

durée avec le plus de continuité possible. C’est également un moment important de soutien et d’échange pour les personnes handicapées, ce qui n’est pas toujours fréquent dans leur vie quotidienne.

� Sensibilisation, Information, Plaidoyer et Lobbying

MOSOH CAMEROUN utilise un ensemble de moyens pour sensibiliser et informer les personnes handicapées, les autorités locales, les organisations de la société civile et les populations sur le Handicap et les droits des personnes handicapées. Ces moyens sont notamment :

� La production et la distribution de dépliants informatifs sur l’association, ainsi que des textes de lois relatifs à la protection des personnes handicapées ;

� L’intégration d’un représentant de l’association à la tournée de prise de contact et de révision des listes électorales des autorités administratives. A cette occasion, le représentant de MOSOH CAMEROUN peut s’adresser aux populations villageoises et aux chefs traditionnels des villages pour leurs demander de « sortir » les personnes handicapées des maisons et de les aider ;

� La sensibilisation auprès des chefs d’établissements scolaires pour intégrer les enfants handicapés au sein de leurs structures ;

� La diffusion d’informations par les médias : émissions de radio, de télévision, articles de presse, etc. ;

� L’organisation de conférences-débats impliquant les autorités locales et traditionnelles, les organisations de la société civile, laïques et confessionnelles, les dirigeants d’établissements scolaires et sanitaires, les personnes handicapées et leurs proches. Les thèmes déjà abordés ont été : « Femmes handicapées et mariage », « Personnes handicapées et droit à l’éducation au Cameroun », « La problématique de l’insertion socioprofessionnelle des personnes handicapées

au Cameroun » etc. Le débat le plus marquant à eu lieu le 22 Janvier 2010 à Souza lors d’une conférence intitulée : « Personnes handicapées, droits civiques et intégration socio-économique

dans le Moungo » réalisée en présence de 13 maires, 13 sous-préfets, du préfet, de 6 députés, du corps judiciaire, des forces du maintien de l’ordre et d’une importante foule.

� La réalisation de plusieurs études sur le Handicap comme :

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o « Les besoins de la personne handicapée dans le département du Moungo »

effectuée en 2007 par Mlle Olivia DEMAIN, étudiante en Master professionnel 2ème année de sport adapté à l’université Marc BLOCH de Strasbourg (France). Cette étude permettra de mieux adapter les actions en faveur de cette population.

o « La dimension pédagogique de la prise en considération du handicap dans le

système scolaire au Cameroun » qui s’est achevée en 2008 par Mlle Peuser Stefanie, étudiante à l’Ecole Supérieure de Pédagogie de Ludwigsburg/Reutlingen, République d’Allemagne. Elle devrait permettre une plus grande prise en compte du handicap dans les programmes et les examens publics au Cameroun

o « La dé-stigmatisation du handicap au Cameroun », réalisé par Mosohcameroun avec l’appui financier du Programme d’Appui à la Structuration de la Société Civile (PASOC) de l’Union Européenne. Elle a été restituée publiquement et suivie d’un long débat le 28 mai 2010 à Nkongsamba, en présence de nombreux responsables.

� Santé : soins médicaux, appareillages et dons de matériel adapté

MOSOH CAMEROUN possède un large réseau de contacts, dont plusieurs médecins spécialisés situés sur l’ensemble du pays. Un membre du secrétariat permanent ou du conseil d’administration accompagne systématiquement la personne handicapée et sa famille lors de la première consultation. Ils réfléchissent ensemble à la solution la plus appropriée pour améliorer les conditions de vie de la personne. Elle peut être opérée, appareillée ou encore prise en charge dans un Centre médical. Ainsi MOSOH CAMEROUN joue un rôle d’interface entre la personne handicapée et le personnel médical.

Le manque de moyen fait parti des premières difficultés rencontrées par la personne handicapée. MOSOH CAMEROUN essaie de diminuer au maximum les frais relatifs à l’appareillage, à l’acquisition de matériel adapté et aux soins médicaux. Toutefois, l’association exige une participation de la famille dans le but de les responsabiliser face à ces prises en charge. La fondation LILIANE FONDS contribue au reste de la prise en charge financière des soins.

Pour les dons en matériel adapté, MOSOH CAMEROUN joue encore une fois le rôle d’intermédiaire entre les donateurs et les bénéficiaires. Ainsi, l’association recherche en permanence des donateurs de matériel et se charge ensuite de les distribuer aux membres concernés.

� Aide à la scolarisation

MOSOH CAMEROUN met un point d’honneur à faire respecter et appliquer la législation en vigueur relative à la protection des personnes handicapées. Ces textes facilitent l’accès à la scolarisation des enfants handicapés ou nés de parents handicapés. Ceci par le biais d’actions de sensibilisation auprès des chefs d’établissements scolaires d’une part, et d’autre part, en aidant les jeunes handicapés à établir et à déposer leurs dossiers administratifs.

� Formation aux métiers générateurs de revenus

Quelques artisans sont partenaires de MOSOH CAMEROUN. L’association fait appel à eux pour la formation professionnelle de ses membres. On compte parmi eux des menuisiers, des mécaniciens, des couturiers, des secrétaires, des coiffeurs… L’action de l’association est d’alléger les frais de formations pour ses membres et d’encourager les établissements d’accueil à faciliter l’accès dans les locaux pour les personnes à mobilité réduite. Nous remarquons que certains membres formés grâce à l’association sont prêts, eux aussi à devenir formateurs, pour peu qu’ils parviennent à s’installer à leur compte. Ceci est très encourageant pour la suite.

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� Projets

Mosohcameroun a des projets à long terme dont :

� La création d’un Centre de formations professionnelles pour personnes handicapées qui aura pour objectifs d’alphabétiser et de proposer différentes formations professionnelles aux personnes handicapées.

� La création de la Maison Régionale du Handicap à Nkongsamba qui se voudra d’être le lieu central et officiel d’accueil, d’information, de sensibilisation et d’orientation des personnes handicapées. A ce sujet, la commune urbaine de Nkongsamba a mis à disposition un terrain pour la construction des locaux, l’étude de faisabilité est terminée, il ne reste plus qu’à trouver les financements…

En parallèle, l’association travaille à la conception et à la réalisation de microprojets à court terme dont par exemple :

� Un projet d’apiculture qui à déjà démarré ;

� Un projet d’élevage de poulets de chairs dont le dossier est en attente de décision du bailleur sollicité ;

� Un projet de création d’un centre multimédia (Internet, téléphone, imprimante…) qui est en cours de négociation ;

Ces projets ont au moins 4 objectifs :

� De générer des revenus aux bénéficiaires afin de les rendre autonomes ; � De renforcer les capacités de formation et d’intégration des personnes handicapées ; � D’accroître la solidarité entre les membres de l’association et d’aider l’association à

atteindre une autonomie financière via le programme de « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain ».

4. CONTEXTE ET OBJECTIFS DU STAGE

a. Objectifs initiaux

Avant mon arrivée dans l’association, j’ai été en contact avec le coordinateur France de Mosohcameroun qui m’a donné les missions suivantes à accomplir :

- Développement et suivi de micro-projets (création de dossier, recherche de subvention) portés par des personnes valides et des personnes handicapées membres de Mosoh Cameroun.

- Recherche de financement pour l’acheminement de matériel pour personnes handicapées (fauteuils roulant, béquilles, …).

- Participation à la gestion administrative de l’association.

Après discussions via internet avec le secrétaire permanent, nous sommes tombés d’accord sur ces objectifs tout en précisant que la période d’observation sur place permettrait de les approfondir.

b. Résultats de la période d’observation

Une fois dans l’association, j’ai eu besoin d’un mois pour commencer à travailler sur un projet de plaidoyer qui m’a permis de sortir du seul rôle d’observatrice pour occuper le rôle de

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collaboratrice. Outre les apports professionnels que m’a apportés ce projet (qui sera développé ultérieurement), il m’a servi de tremplin pour mieux cerner le contexte et les personnes avec qui je travaillais et, avec un demi-mois supplémentaire d’observations et de discussions avec différents acteurs, j’ai pu commencer à réellement prendre conscience de l’organisation et de la gestion globale de l’association.

� L’organisation

Avant avril 2011, l’association était managée par une seule personne : Me Dakeyi, Athanase, coordinateur national. Bien que l’association ait été crée par plusieurs personnes, beaucoup avait repris au fil des ans leur chemin et seule restée une poignée de convaincus. Toutes les activités étaient donc gérées et concentrées autours d’un seul homme et s’il n’est pas à nier que son travail ait porté ses fruits, lui-même à compris qu’il n’était plus possible de continuer ainsi. Le fait qu’il soit seul à gérer et coincé entre son travail professionnel de notaire (qu’il a pu aménager avec son patron) et son rôle de coordinateur de l’association lui a montré à quel niveau étaient arrivées les difficultés humaines de fonctionnement. Mais ce n’est pas le seul problème, Me Dakeyi connait les difficultés financières de l’association et pour avoir suivi diverses formations, il sait que les partenaires au développement sont de plus en plus exigeants et que s’imposent de nouvelles orientations. Conscient de tous ces problèmes et dans un souci de performance, le coordinateur national a profité de l’Assemblée Générale du 7 avril 2011 pour informer les membres de la situation et choisir entre la réforme et la disparition. La réforme à été choisie par la révision des statuts.

Après cette date, de nouveaux rôles sont apparu, le coordinateur national n’existe plus et est remplacé par un secrétaire permanent qui reste Me Dakeyi et qui sera guidé par un Conseil d’Administration composé de 9 personnes répartis en 4 commissions qui devront lui donner les directives à suivre.

Je suis donc arrivée un mois après ce grand changement qui n’en était pas encore vraiment un. On m’avait dit que le Conseil d’Administration n’avait siégé qu’une seule fois 3 jours avant mon arrivée et que la réunion avait majoritairement servie à présenter l’association et ses activités aux membres fraichement élus. J’apprendrais plus tard qu’une feuille de route avait également été mise en place présentant les objectifs à atteindre par le secrétariat permanent durant les trois mois suivants.

� Le manque de moyens humains

Durant la phase d’observation, j’ai effectivement pu voir le manque de moyens humains au sein de la structure. Le premier mois, nous n’étions que deux à travailler quotidiennement : le secrétaire permanent et moi-même. Je savais qu’il y avait une volontaire allemande qui était là pour un an depuis septembre 2010 mais je ne l’ai vu que quelques jours avant son mois de congés donc je ne connaissais pas bien son rôle. C’est par la suite que j’ai appris qu’elle venait dans le cadre du programme « Weltwärts » du ministère Allemand de la coopération internationale via l’association BEZEV (Behinderung und Entwicklungszusammenarbeit e. V.) qui se préoccupe du rôle des personnes handicapées dans les politiques de développement. Son but était d’installer la coopération entre BEZEV et Mosohcameroun puisqu’elle en était la première volontaire.

Pour ce qui est des membres du Conseil d’Administration, je les ai rencontrées séparément et plus ou moins par hasard lors du premier mois. Etant eux-mêmes fraîchement élus, ils ne semblaient pas particulièrement préoccupés, attendant la prochaine réunion du Conseil en Août.

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� Les difficultés financières

On comprend vite que les cotisations annuelles des membres ne suffisent pas à couvrir les besoins de fonctionnement. Le débat a apparemment eu lieu lors de l’Assemblée Générale qui a décidée de les passer de 2 000 Fcfa à 12 000 Fcfa. Toutefois, il ne semble pas que les causes des problèmes de paiements desdites cotisations n’aient été suffisamment soulevées. En effet, certains ne peuvent réellement pas payer ces frais mais d’autres ne veulent pas ou ne comprennent pas pourquoi encore cotiser après avoir adhéré. Il apparaît qu’il y a une certaine ambiguïté entre les membres et l’association qui est majoritairement due au manque de transparence financière. Tout d’abord, beaucoup croient que « les Blancs » qui viennent régulièrement dans l’association apportent avec eux une mallette d’argent pour financer l’association et ses projets. Ensuite, ils sont persuadé que l’association perçoit des subventions de la part des services étatiques alors même que la loi de 1990 relative aux associations interdit ces dernières d’en percevoir. Pire encore, certains accusent l’association de ne pas partager entre ses membres les soit-disantes subventions accordées. Cela nous apprend plusieurs choses sur les membres de Mosohcameroun :

- Ils sont généralement mal informés sur la gestion financière de l’association : pourquoi cotiser ? à quoi servent les cotisations ? qui finance l’association ? etc.

- Ils connaissent mal le système associatif qui leur apporte des aides autres que financières et le confondent avec un service public chargé de redistribuer de l’argent.

- Ils sont habitués au système d’assistance et ne voient de l’importance que dans la résolution de leurs problèmes immédiats. Ce qui fait qu’ils ne comprennent pas pourquoi continuer à cotiser quand leur problème initial à été résolu et cela même si la personne revient avec un autre problème plus tard. On peut dire qu’ils utilisent l’association comme de sapeurs pompiers que l’on n’appelle qu’en cas d’urgence et sans se demander comment l’appui qu’ils reçoivent est financé.

Mais alors, si ce ne sont pas les cotisations annuelles des membres, Qui finance les besoins de fonctionnement ?

Je me suis posée la question en essayant de mettre de l’ordre dans la comptabilité et en m’apercevant qu’il y avait des écarts entre les dépenses faites et les retraits effectués à la banque sur le compte de Mosohcameroun. La réponse m’a été donné par le secrétaire permanent qui m’a avoué que le compte bancaire de l’association et son compte bancaire personnel ne faisait qu’un. Cela peut d’abord choquer mais après explications et vérifications cela paraît logique et louable. En effet, les rentrées d’argent de l’association étant très faibles, elles ne suffiraient pas pour conserver un compte bancaire ouvert dans une institution sans être régulièrement fermé et taxé alors même qu’un compte bancaire est obligatoire pour percevoir les fonds issus de partenaires au développement. La réalité, c’est que le secrétaire permanent finance majoritairement les besoins quotidiens de l’association grâce à son activité professionnelle d’une part, et à son réseau de contacts qu’il ne cesse de sensibiliser d’autre part. De plus, son siège social est mis gratuitement à disposition par le sous-préfet de l’arrondissement de Nkongsamba Ier au sein des locaux du service social. Il met également à disposition l’électricité et l’eau.

� Les projets

J’ai effectivement était amenée à découvrir les projets cités dans la présentation de l’association (I.3..) et plus particulièrement Mosoh Apiculture et Mosoh Elevage.

Mosoh Apiculture est un projet de mise en culture de cent ruches qui a été financé en 2008 par l’Union Européenne. Je suis descendue sur le terrain et aidé le responsable du projet à débrousser et nettoyer les ruches vides ce qui m’a permis d’en apprendre un peu plus sur ce projet et de comprendre les difficultés auquel il doit faire face. Fin 2009, le champ comptait 28 ruches colonisées quand, un riverain, somme toute ignorant du bienfait des abeilles sur ses

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cultures, a décidé de pulvériser des produits chimiques sur toute la surface du champ faisant fuir les abeilles et laissant les membres du projet avec des ruches vides. Malgré tout, les membres ont recommencé du début et quand je suis arrivée, il y avait une trentaine de ruches recolonisées. Plusieurs problèmes ralentissent ce projet, tout d’abord le manque d’investissement humain face aux travaux champêtres. Le responsable du projet est le seul à effectivement se rendre au champ, un effet sans doute du découragement face à une activité nouvelle et pour laquelle les membres ont reçu une formation incomplète de la part du technicien envoyé par l’Union Européenne. L’association a retrouvé un autre technicien mais celui-ci est tiraillé entre Douala, Nkongsamba et Dschang et a du mal à pouvoir consacrer du temps au projet. Pour le moment, aucune récolte n’a encore était effectuée et le responsable du projet ne se dit pas suffisamment formé pour savoir si c’est le moment ou non. Une autre difficulté est le suivi réel de cette activité car le responsable du projet est un peu volatile et traine à rendre des comptes en temps demandé.

Mosoh Elevage est un projet d’élevage de 8 000 poulets de chaire par bande. Il est en discussion depuis 2007 et à été finalement déposé en juillet 2010 pour demande de financement auprès du Programme PACA (projet d’amélioration de la compétitivité agricole) du Ministère camerounais de l’agriculture. Le dossier est pour le moment retenu et les 11 membres du projet se réunissent chaque mardi au bureau de Mosohcameroun. On peut sentir un peu de découragement face aux délais de réaction du bailleur.

A ce stade, j’ai entendu parler d’un vague projet de salon de coiffure sur lequel je devrais travailler. Au départ, je croyais qu’il n’y avait qu’une bénéficiaire, puis j’ai appris qu’ils seraient 3 dans le domaine de la coiffure et 1 dans le domaine de la couture. Après rencontre avec ces personnes, j’ai appris qu’ils discutaient de ce projet depuis environ 7 mois mais que cela n’avait pas dépassé le stade de discussion sauf pour l’une des coiffeuses qui avait déjà travaillé avec Me Dakeyi sur les besoins de son salon. Apparemment, Le secrétaire Permanent a rencontré une responsable de la fondation Orange au Cameroun qui lui aurait remis les formulaires à remplir et son accord de principe sur le projet.

Par rapport à toutes ces observations, nous avons eu une réunion de travail en équipe mi-juin afin de savoir ce qu’il convenait de faire pour réagir et quels seraient les objectifs détaillés de ce stage.

c. Objectifs corrigés

� Mission principale :

Comme le diplôme préparé est dans le domaine de la coordination de projets et que ma fiche d’objectifs initiale stipulait « le développement et le suivi de micro-projets », nous avons fixé le choix sur trois projets :

- Un projet de plaidoyer qui répondait à un appel à proposition de projet des Nations Unies et qui était déjà monté et déposé à ce moment du stage ;

- Le projet Mosoh Elevage que je devais aider à suivre ;

- Et le projet de « Renforcement des capacités de formations professionnelles et d’intégration des personnes handicapées dans les domaines de la coiffure/ esthétique et de la couture » pour lequel je devais rédiger la demande de financement.

� Missions secondaires :

- Face aux nombreux problèmes financiers de l’organisation, j’ai proposé de réaliser un dossier de demande de financement du fonctionnement auprès des entreprises locales et la proposition a été retenue. Ce projet implique des sous projets comme l’informatisation de la liste des membres, la mise à jour des informations et de l’état des cotisations.

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- Travailler à améliorer la gestion comptable,

- Et Aider à préparer la réunion du Conseil d’administration prévue en Août.

A partir de ces objectifs, j’ai pu réaliser un premier chronogramme des activités que vous trouverez en annexe 11

Dans la prochaine partie, nous allons voir les activités menées, les méthodes mises en œuvre et les résultats obtenus. Nous commenceront avec les microprojets portés par des membres de Mosohcameroun et mis en place dans le cadre du programme « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain » devenu officiel. Puis nous nous attarderons sur les activités liées à la gestion administrative et financière pour finir sur les autres activités menées.

1 Annexe 1 : Chronogramme des activités du stage. : Prévisionnel et réalisé.

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II. Activités, Méthodes et Résultats obtenus

1. LE PROGRAMME DE «L’AIDE D’AUJOURD’HUI EST L’AIDANT DE DEMAIN »

« L’important, c’est qu’ils comprennent que celui que l’on aide aujourd’hui devra être

celui qui va aider les autres demain ». (A. Dakeyi, secrétaire permanent)

C’est une phrase qui a été répétée maintes fois au sujet des bénéficiaires des projets de l’association. L’idée directrice était posée mais elle n’était pas encore devenue un programme officiel de l’association, maintenant, c’est chose faite.

Par le financement des projets portés par des membres de l’association, ce programme vise d’une part à créer des activités génératrices de revenus et d’emplois mais surtout à accroître la solidarité entre les membres de l’association. Ceci pour parvenir à son objectif principal qui est de « vaincre le Handicap » en créant « une saine émulation entre les personnes handicapées et envers leurs semblables valides ».

Ce programme est également l’une des réponses de l’association face aux problèmes immédiats de sous-emplois et de sous-formations des personnes handicapées1. En effet, comme nous l’avons déjà précisé, l’un des projets phares de l’association est de construire un centre de formations pour personnes handicapées, toutefois, ce projet demande un engagement financier conséquent et une organisation interne plus solide. Dans un souci d’efficacité, l’association ne peut pas attendre que ce centre soit construit pour agir, aussi, la mise en œuvre de ce programme permet une réponse plus rapide.

Pour participer, les bénéficiaires des projets doivent accepter les règles du programme qui sont :

- D’être à jour de ses cotisations annuelles auprès de Mosohcameroun ;

- D’accepter de former gratuitement d’autres personnes handicapées membres de Mosohcameroun ;

- D’embaucher au moins une personne formée ;

- Et de reverser à Mosohcameroun un pourcentage du Bénéfice Net (mensuel ou annuel en fonction de l’activité) durant une période donnée. L’association se chargera par la suite de répartir ces versements en deux pôles : le pôle « projets » qui est une réserve d’argent que l’on ne peut toucher que pour financer un autre projet de ce type, et un pôle « fonctionnement » qui sera utilisé pour le fonctionnement des autres activités de Mosohcameroun (accueil, éducation, etc.)

Le fait d’obliger les bénéficiaires à former d’autres membres, à en embaucher et à reverser une partie de leur bénéfice net permet aussi de les responsabiliser face à l’association qui les a aidés. En effet, la plupart des porteurs de projet ne peuvent pas participer significativement à la quotte part locale exigée par les bailleurs de fonds et il n’est pas souhaitable pour l’association de donner sans contrepartie car cela risquerait de rendre les comportements égoïstes et irresponsables comme elle en a déjà eu l’expérience avec un projet appelé Mosoh shopping. Il en va donc de la pérennisation du projet.

1 Cf : Annexe 2 : Arbre à problèmes « les personnes handicapées n’ont pas d’emplois ou occupent des emplois précaires »

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Pour bien visualiser cette chaine de solidarité, nous la retrouvons sur le schéma suivant1 :

Maintenant que l’on sait ce qu’est le programme « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain », nous allons voir où en est sa mise en œuvre au travers de deux exemples de projets : le projet « Mosoh Elevage » puis le projet « Renforcement des capacités de formations et d’intégrations professionnelles des personnes handicapées dans les domaines de la coiffure/ esthétique et de la couture.

1 Schéma réalisé par mes soins

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a. Le projet Mosoh Elevage

a.1. Nature du projet :

Elevage et vente de 8 000 poulets de chairs par bande via l’exploitation d’une ferme avicole à Nkongsamba.

a.2. Contexte et justification :

Au Cameroun comme dans les pays voisins, le poulet de chair se fait rare et coûte cher. Avant que la psychose de la grippe aviaire ne vienne décourager et freiner la production avicole camerounaise, les autorités gouvernementales avaient déjà drastiquement limité les importations de poulets « congelés » ce qui a donné à l’aviculture un envol sérieux. Les membres de Mosohcameroun n’entendant pas rester à la traine dans ce processus se sont regroupé autours de ce projet.

Il est à relever que parmi les différents types d’activités relatives à l’élevage, l’aviculture semble la plus accessible aux personnes handicapées, car elle exige moins d’efforts physiques. Le fait que parmi les animaux domestiques, la volaille figure au rang de ceux dont les maladies les plus foudroyantes ont des vaccins, cela atténue les risques de pertes et s’ajoute au contexte déjà favorable du marché.

Ce projet apparaît rentable, le bénéfice net prévisionnel est de 1 340 530 Fcfa par bande de 8 000 poulets vendus au prix unitaire de 2 000 Fcfa sachant qu’il est possible de conduire 2 à 3 bande la première année pour arriver à terme entre 5 et 6 bandes par an. En plus d’améliorer les conditions de vie des membres du groupe et de leur famille, ce projet permettra aussi à Mosohcameroun de s’assurer d’une base financière solide pour la réalisation d’autres projets indépendamment d’appuis extérieurs. En effet, 15% du Bénéfice Net sera constitué en Réserves pour réinvestissement, 25 % sera reversé à Mosohcameroun et les derniers 60 % seront redistribués équitablement aux membres.

Le résultat d’exploitation annuelle positif, permettra à Mosohcameroun de réduire la pauvreté de ses membres, de concourir à la lutte contre la vie chère et à l’amélioration de la compétitivité des produits agricoles au sein de la sous région.

a.3. Précisions et activités menées sur ce projet :

Réfléchi depuis 2007, ce projet d’élevage de 8 000 poulets de chairs a finalement était déposé par Mosohcameroun en juillet 2010 auprès du Projet d’Amélioration de la Compétitivité Agricole (PACA) du Ministère de l’agriculture financé par la Banque Mondiale. Le budget prévisionnel était estimé à 14 800 000 Fcfa pour un financement demandé de 10 360 000 Fcfa (15 793,72 €).

La contribution locale est assurée par les membres qui souhaitent s’adresser à un établissement de micro-crédits. Le terrain est déjà trouvé et la ferme est quasiment prête à accueillir l’exploitation.

Au début ce projet comptait 25 membres pour en compter finalement 11 aujourd’hui. Ce qui est probablement dû au découragement des membres puisque cela fait plus d’un an qu’ils attendent des nouvelles du bailleur de fond. Début 2011, ils ont reçu la visite de l’organisme d’appui venu vérifier que l’association existait bien et que le projet n’était pas factice. Ils ont rempli ensemble une fiche d’identification du projet et en Mai, l’association a reçu un courrier des responsables du PACA à Douala attestant de la réception de la fiche projet.

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Mi-juin 2011, nous avons rencontré le délégué départemental du Ministère de l’agriculture en charge du suivi du programme PACA qui nous a confirmé que notre dossier était à Douala mais que nous devions constituer un Groupe d’Initiative Commune (GIC).

Lorsque j’ai commencé à travailler sur ce projet, nous voulions voir si nous ne pouvions pas remettre les données à jour pour le présenter à un autre bailleur de fonds avec l’idée de réinvestir dans l’activité avec l’argent de PACA si nous finissions par être financé. Finalement nous avons plutôt décidé de suivre l’évolution de la demande à PACA pour plusieurs raisons :

- Par la rencontre avec différentes personnes ayant elles-mêmes déposé une demande de financement au PACA, nous avons appris que les financements sont en moyenne versés 2 ans à 2 ans et demi après avoir déposé le dossier.

- Parce que nous avons appris que le PACA prenait en compte les variations de prix du marché entre le moment du dépôt du dossier et le moment du financement et que le budget prévisionnel serait recalculé.

- Et parce que ce projet étant déjà rédigé et déposé, ce n’était pas le projet prioritaire du stage.

Nous avons tout de même écouté le délégué départemental du Ministère de l’agriculture qui nous demandait de constituer un Groupe d’Initiative Commune (GIC) car dans tout les cas, le PACA ne finance que les GIC et non les associations.

Nous nous sommes donc rendus au COOP-GIC qui est la délégation départementale en charge de la légalisation des coopératives et des GIC où on nous a donné les formulaires à remplir. La personne était fortement étonnée qu’il s’agisse d’une création de GIC dans le but de percevoir des financements du PACA puisque selon ses dires et confirmés par d’autres, le PACA ne financerait que les GIC de plus de trois ans.

Nous avons donc demandé des explications au délégué du Ministère de l’agriculture qui nous a dit qu’il retenait la demande de l’association mais que les financements seraient versés au GIC. Il nous fallait donc bien constituer un GIC.

La rédaction des statuts m’est revenue et je me suis appuyé sur les travaux réalisés par les membres au départ du projet. Se réunissant chaque mardi, les membres avaient déjà travaillé sur tous les aspects administratifs du projet en décrivant les responsabilités liés à chaque poste et en votant pour les responsables. Je n’ai donc eu qu’à reprendre leurs travaux pour remplir le formulaire et à ajouter le lien entre Mosohcameroun, les membres et le GIC dans les statuts avant de passer à la relecture en présence des membres pour adoption. Il a fallu trois mardis pour adopter finalement le texte car des discussions ont eu lieu au sujet des pourcentages de la répartition du Bénéfice Net. Plusieurs points de vue argumentés se sont fait entendre pour finalement s’accorder sur :

- 15% constitué en Réserves pour réinvestissement,

- 25 % reversé à Mosohcameroun,

- et 60 % redistribués aux membres.

Le dossier de constitution du GIC Elevage de Mosohcameroun à été déposé mi-juillet et jusqu'à mon départ nous n’avions toujours pas reçus le récépissé de déclaration de la part du COOP-GIC qui nous a affirmé qu’il fallait un délai d’environ deux mois avant de le recevoir.

C’est tout ce que j’ai été amenée à faire sur ce projet qui est un précurseur du programme de « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain ». En effet, ce projet comme Mosoh Apiculture, avaient déjà dans l’idée de créer des activités génératrices de revenus tout en finançant en partie le fonctionnement de l’association et d’autres projets portés par les membres de Mosohcameroun.

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Maintenant, nous allons voir le projet qui a réellement fait émerger le programme de « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain » et qui m’a demandé beaucoup plus de travail.

b. Le projet de « Renforcement des capacités de

formations professionnelles et d’intégration des

personnes handicapées dans les domaines de la

coiffure/ esthétique et de la couture »

Ce projet m’a été confié car il correspondait à une attente de l’association et des bénéficiaires. Il a été vite facile de comprendre que le véritable porteur du projet était l’association et qu’elle l’avait proposée à des membres. Toutefois, il a été plus difficile de comprendre exactement ce qui était attendu de ce projet et combien de membres étaient impliqués dans le processus. Au départ, je pensais qu’il n’y avait qu’une bénéficiaire sourde-muette que j’avais rencontré dans un cadre différent et qu’on m’avait présenté comme membre du projet. C’est plus tard qu’on m’a présenté une autre personne sourde-muette et qu’on m’a dit qu’elle aussi en été bénéficiaire et qu’il y en avait une troisième. Pendant un long moment, je pensais que le projet n’était que dans le domaine de la coiffure/ esthétique et qu’il y avait trois futures gérantes. C’est plus tard que j’ai rencontré un couturier handicapé moteur et qu’on m’a appris qu’il faisait aussi parti du projet mais dans le domaine de la couture.

Il faut dire qu’il m’a fallu du temps avant de réellement commencer à m’impliquer en profondeur dans ce projet, il fallait que j’en sache plus sur le contexte et la justification, sur les membres-bénéficiaires et sur ce qui avait déjà été réalisé. Pour cela, j’ai demandé au secrétaire permanent de me fournir les études qui avaient été faites puisqu’il m’avait dit qu’il y en avait. Après quelque contretemps, j’ai eu en main les documents sur le projet qui se résumaient en fait à trois pages Word contenant un budget prévisionnel pour un atelier de couture, quelques idées d’objectifs et le nom des trois bénéficiaires. Cela était trop peu pour réellement m’aider car d’une part, le budget prévisionnel me semblait léger d’autant que j’ai appris par la suite qu’il avait été réalisé avec l’aide d’une seule des trois bénéficiaires et d’autre part parce que le projet parlait de création d’ateliers et que je ne voyais pas d’autres activités autours.

Dans ce contexte, j’ai plutôt commencé à travailler sur l’aspect technique du projet qui me semblait être la partie la plus laborieuse, en me penchant sur les besoins réels des bénéficiaires afin de pouvoir au moins établir la partie du budget prévisionnel relative aux ateliers. Durant ce temps, je continuais à m’informer sur les tenants et les aboutissants du projet et c’est après ce travail que nous nous sommes penchés sur les différentes activités liés au projet.

Le prochain point sera axé sur les méthodes et les résultats de mes investigations et du travail réalisé en équipe. Dans un second point, j’expliquerai plus précisément quelle a été la démarche suivie, quels ont été les obstacles rencontrés et comment ils ont été contournés.

b.1. Méthodes et résultats des investigations et du travail en équipe

� Comment est né ce projet ?

L’idée du projet a germé fin 2010 sous l’impulsion de l’association Mosohcameroun qui, par l’expérience acquise sur le terrain, connaît les différents problèmes auxquels sont confrontées les personnes handicapées en matière de formations professionnelles et d’accès à l’emploi. Ne pouvant pas voir se concrétiser rapidement le projet de création d’un centre de formations professionnelles pour personnes handicapées, l’association a du repenser sa manière d’agir dans le court terme et elle a donc pensé aux micro-projets. S’ils ne peuvent avoir

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un lieu dédié aux formations professionnelles, autant en créer plusieurs petits. L’idée de base du projet était donc d’améliorer l’accès aux formations professionnelles des personnes handicapées membres de Mosohcameroun tout en créant ou en améliorant des activités génératrices de revenus. La rencontre de Me Dakeyi, secrétaire permanent de Mosohcameroun, avec Madame NGUIME EKOLLO Suzanne de la Fondation Orange au Cameroun a été déterminante dans la poursuite de ce projet puisqu’elle a donné un accord de principe.

7 mois avant mon arrivée, ce projet était déjà en discussion avec les futurs bénéficiaires directs du projet et le choix était déjà porté sur les domaines professionnels de la coiffure/ esthétique et de la couture. L’idée que l’aidé d’aujourd’hui devait être l’aidant de demain était déjà là puisque les règles de participation étaient fixées mais encore en discussion.

Pour bien comprendre les tenants et les aboutissants du projet, j’ai réalisé un arbre à problèmes1 portant sur « Les personnes handicapées n’ont pas d’emploi ou occupent des emplois précaires ». Cet arbre à problème à été largement approuvé par le secrétaire permanent qui y a vu la synthétisation de la situation.

� Quels sont les objectifs du projet ?

L’élaboration de l’arbre à problèmes nous a permit de nous situer et de savoir exactement là où nous pouvions agir dans le cadre d’un micro-projet2.A partir de là nous pouvions construire notre arbre à objectifs3 afin de bien nous repérer entre les objectifs principaux et spécifiques, les activités à mener et les résultats attendus. En matière d’objectifs, voici ceux que l’on a répertoriés :

• Objectif principal :

� Améliorer l’accès et l’intégration des personnes handicapées sur le marché du travail.

• Objectifs spécifiques :

� Améliorer l’offre de formations professionnelles à Nkongsamba dans les domaines de la coiffure/ esthétique et de la couture au profit des personnes handicapées ;

� Augmenter l’offre de main d’œuvre qualifiée sur le marché du travail issue des membres de l’association Mosohcameroun ;

� Créer des activités génératrices de revenus et d’emplois ;

� Mettre en place le programme « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain » qui va renforcer les liens de solidarité entre les membres de l’association Mosohcameroun et permettre de réaliser de nouveaux projets de ce type ;

� Concourir à la dé-stigmatisation du Handicap à Nkongsamba et ses environs ;

� Augmenter le nombre d’embauches de personnes handicapées par les acteurs économiques locaux ;

� Amener d’autres acteurs économiques locaux à devenir partenaires techniques de l’association Mosohcameroun dans le domaine des formations professionnelles.

1 Cf : Annexe 2 : Arbre à Problèmes « les personnes handicapées n’ont pas d’emplois ou occupent des emplois précaires » 2 Cf ; Annexe 3 : Où agir dans l’Arbre à Problème ? 3 Cf : Annexe 4 : Arbre à Objectifs du projet « Renforcement des capacités »

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� Quelles activités sont à mener dans le cadre du projet ?

Toujours grâce à notre arbre à objectifs et à l’expérience de terrain, nous avons su qu’il y avait au moins quatre activités principales à réaliser :

� Installer et équiper 3 salons de coiffure/ esthétique et 1 atelier de couture tenus par les 4 professionnels participant au programme « l’aidé d’aujourd’hui est l’aidant de

demain » ;

� Former les 4 professionnels à la gestion comptable quotidienne de leurs activités ;

� Mener des actions de communications sur le projet ;

� Mener des actions de sensibilisation et d’information sur le thème « Handicap,

compétences professionnelles et législation »

� Les résultats attendus

En fonction des activités à mener, nous espérons des résultats positifs à court, moyen et long terme.

• Résultats attendus à court terme :

� Un engagement sur l’honneur est signé par 4 professionnels membres de l’association pour la participation au programme « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain » ;

� Les 4 professionnels ont reçus des séminaires de formation sur la gestion comptable quotidienne de leurs activités et sont prêts ;

� Les 3 salons de coiffure/ esthétique et 1 atelier de couture sont équipés et ouvrent leurs portes ;

� Au moins un apprenti est recruté par atelier dès l’ouverture ;

� Une journée de sensibilisation et d’information est organisée le jour même de l’ouverture officielle des 4 ateliers, et commencera par une conférence sur le thème « Handicap,

compétences professionnelles et législation » ;

� Une vague de publicité et de promotion du projet et des ateliers est déployée pendant un mois.

• Résultats attendus à moyen terme :

� Les gérants des 4 ateliers participent activement au programme « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain » en :

- Formant gratuitement des personnes handicapées recrutées au sein des membres de l’association Mosohcameroun

- Embauchant au moins un de leurs apprentis en fin de formation ;

- Reversant 20% de leurs bénéfices nets mensuels à l’association Mosohcameroun afin d’accroître la solidarité entre les membres en contribuant au fonctionnement de l’association et surtout à la réalisation de nouveaux projets de ce type.

� Les gérants des 4 ateliers sont quasi autonomes en matière de gestion comptable quotidienne de leurs activités ;

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• Résultats attendus à long terme (5 ans) :

� Les gérants des 4 ateliers sont autonomes en matière de gestion comptable quotidienne de leurs activités ;

� Au moins 12 apprentis sont recrutés et formés (au moins 3 par atelier). Au total, un minimum de 9 apprentis en coiffure/esthétique et de 3 apprentis en couture sont formés en 5 ans.

� Au moins 4 apprentis sont embauchés à l’issue de leur formation (au moins 1 par atelier). Au total, un minimum de 3 apprentis en coiffure/esthétique et de 1 apprenti en couture sont embauchés en 5 ans au sein des ateliers de formation.

� Les populations et les acteurs économiques locaux sont informés et sensibilisés sur le thème « Handicap, compétences professionnelles et législation » ;

� De nouveaux acteurs économiques locaux sont devenus partenaires techniques de l’association Mosohcameroun dans le domaine de la formations professionnelle ;

� A l’issue des 5 ans du programme « l’aidé d’aujourd’hui est l’aidant de demain », une nouvelle convention de partenariat est signée avec les 4 gérants afin qu’ils demeurent des partenaires techniques privilégiés de l’association Mosohcameroun dans le domaine de la formation professionnelle (ils n’auront plus à reverser de pourcentage de leurs bénéfices nets).

� Qui sont les bénéficiaires ?

Cette partie nécessitait effectivement que le budget prévisionnel des quatre ateliers soit terminé ou bien avancé. Non pas pour les bénéficiaires directs et semi-directs qui étaient déjà répertoriés mais pour les bénéficiaires indirects.

• Bénéficiaires directs : au minimum 16 personnes handicapées membres de Mosohcameroun

� 4 gérants (2 personnes sourdes-muettes et 2 personnes handicapés moteurs),

� 12 apprentis minimum (tous handicaps confondus).

Les 4 gérants étaient déjà choisis bien avant mon arrivée, alors ma question a été de savoir comment est-ce qu’ils ont été choisis parmi les 250 membres, pourquoi eux et pas d’autres ? La réponse a été que l’association voulait que les futurs gérants aient déjà une formation professionnelle et un atelier ce qui élimine déjà pas mal de membres de l’association, puis, le secrétaire permanent a aussi regardé l’intérêt que porter les membres à l’association et la motivation qu’ils dégageaient. C’est ainsi que les quatre futurs gérants ont été sélectionnés.

• Bénéficiaires semi-directs : dû au programme « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain »,

� Autres porteurs de microprojets de ce type, les futurs formés membres de Mosohcameroun grâce aux nouveaux projets,

� Tous les membres de Mosohcameroun (plus de 250),

• Bénéficiaires indirects :

� Artisans locaux (menuisiers, peintres, plombiers, électriciens, sérigraphes) pour travaux de mise en état des locaux ;

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� Entreprises locales pour fournitures des matériaux ainsi que des entreprises de transport et logistiques ;

� Grossistes et boutiques de vente de produits liés à la coiffure/esthétique et à la couture ;

� La population locale par l’augmentation de l’offre de services ;

� Les autres opérateurs économiques locaux dans les domaines de la coiffure/esthétique et de la couture par l’augmentation de main d’œuvre qualifiée sur le marché du travail.

� Quels sont les risques liés au projet et quelles réponses sont envisagées ?

Risques encourus Actions palliatives

▪ Stigmatisation des gérantes handicapées « sourdes-muettes »

▪ Grande sensibilisation et communication, plus des banderoles « Sourde-muette peut-être… mais Coiffeuse d’abord ! » ▪ Obligation de prendre une apprentie ayant l’usage de la parole dès ouverture ▪ Semaine de solidarité : main d’œuvre gratuite ▪ Carte de fidélité : main d’œuvre gratuite après 10 coiffures

▪ Difficulté de maîtrise et de compréhension des mécanismes de gestion comptable (intérêt, mise en place, etc.)

▪ Suivi hebdomadaire pendant 1 an, puis ▪ Suivi mensuel pendant 4 ans réalisé par une équipe de Mosohcameroun

▪ Rentabilité insuffisante des ateliers au bout de 3 mois d'activité

▪ Renforcement de la sensibilisation ▪ Reprise de la communication (dépliants, radio, etc.)

▪ Cambriolages ▪ Gardiens sur place ▪ Dispositifs de sécurité (barrières, battants en fer, clôtures) ▪ Poursuites judiciaires avec le soutien de l'autorité administrative locale (Préfet) et judiciaire

▪ Déménagement "à la cloche de bois" (avec tout le matériel)

▪ Signature d'un engagement sur l'honneur ▪ Poursuites judiciaires avec le soutien de l'autorité administrative et judiciaire

▪ Non respect d'une des clauses de l'engagement sur l'honneur

▪ Tentative de conciliation ▪ Mise en demeure ▪ Poursuites judiciaires avec le soutien de l'autorité administrative et judiciaire

b.2. Démarche suivie dans l’élaboration du projet

Vu le contexte de la prise en main de ce projet, je ne pouvais pas suivre la recette apprise en cours qui veut que l’on commence par les termes de références, puis la création de l’arbre à problème et de l’arbre à objectifs. En effet, ce projet étant déjà relativement réfléchi avant mon arrivée, c’était à moi de m’en imprégner. Sachant qu’il y avait une activité de sûre à mener qui était l’équipement de trois ateliers de coiffure/ esthétique et d’un atelier de couture et que ce devait être l’activité qui prendrait le plus de temps dans son élaboration, je m’y suis donc attaqué.

Nous allons maintenant voir les différentes étapes qui m’ont conduit jusqu’à la rédaction finale de la demande de financement du projet.

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1°) Première descente sur le terrain (coiffure)

Je savais que pour être bénéficiaire du projet, les membres devaient déjà avoir un atelier. Afin de me rapprocher et d’en apprendre un peu plus sur eux, j’ai entrepris de me rendre dans leurs ateliers. Outre le fait que cette descente sur le terrain m’a donné un premier contact officiel avec les bénéficiaires dans le cadre du projet, elle m’a surtout aidé à comprendre leurs difficultés quotidiennes.

Pour le premier salon de coiffure, je m’y suis rendue en tant que cliente ce qui m’a permit d’y rester pendant un peu plus de cinq heures, le temps, quasiment d’une journée de travail. Le salon est tenu par une jeune femme sourde-muette et lorsqu’on ne le sait pas, cela peut choquer. C’est l’expérience que j’en ai retiré lorsqu’une femme pressée est arrivée au salon. Elle a d’abord demandé qu’on lui confirme que c’était bien un salon de coiffure, en effet, l’emplacement du salon n’est pas optimal, coincé entre une boucherie dite « moderne » et un vendeur de brochettes faites de pattes de bœufs grillées, la fumée et les mouches sont courantes et quelque peu repoussantes. Qu’à cela ne tienne, la femme est venue et a posée sa question qui bien évidemment est restée sans réponse de la part de la coiffeuse et de son apprentie elle aussi sourde-muette. C’est moi qui lui ai répondu que, comme elle pouvait le voir j’étais en train de me faire coiffer. Elle a alors demandé qu’on lui replace rapidement sa greffe parce qu’elle était pressée et encore une fois, pas de réponse. Elle s’est presque agacée et m’a demandé pourquoi elles ne lui répondaient pas. Je lui ai donc expliqué qu’elles étaient sourdes-muettes et j’ai vu son mouvement recul, comme je demandais déjà aux coiffeuses si elles pouvaient lui replacer sa greffe, elle est finalement entrée, non sans hésitation. Elle est restée avec moi environ une heure durant laquelle nous avons débattu du fait que même si elles sont sourdes-muettes, cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas compétentes. Son problème majeur était la façon de communiquer avec elles, elle semblait perdue et dépassée mais après quelques gestes elle a réussi à se faire comprendre.

Au niveau équipement, le salon fait une dizaine de mètres carré et est pratiquement vide, si une cliente veut des produits, elle doit soit les apporter elle-même, soit faire confiance à la coiffeuse en lui donnant son argent pour qu’elle aille en acheter dans l’une des boutiques de la ville ce qui lui prend environ 30 minutes.

Le deuxième salon que je suis allé visiter était beaucoup mieux placé que le premier, visible de l’axe principal et à côté du grand temple protestant de la ville. Une fois à l’intérieur, on est frappé par l’espace, environ 20 m² mais quasiment vide. Seule une table, des fauteuils et un miroir font références à un salon de coiffure. Elle dispose également d’une petite armoire mais qui est vide de produits. La gérante étant également sourde-muette s’est arrangée pour que sa grande sœur soit avec nous. Elle m’a fait savoir que cela faisait plus d’un an et demi qu’elle était installée ici et qu’au début, des clientes venaient mais aujourd’hui elles se font plus rares. Entre le fait qu’elle ne dispose pas de produits et qu’elle est obligée comme la première d’aller les acheter en faisant attendre sa cliente, son salon, de part son apparence extérieur est trompeuse. Apparemment, les clientes de la couche populaire n’osent pas y entrer car l’emplacement et la propreté extérieure leur fait pressentir des tarifs élevés. D’un autre côté, les clientes de la couche aisée venaient mais repartaient dès qu’elles voyaient que le salon était vide.

Le dernier salon de coiffure visité est situé au cœur du marché permanent de la ville et est tenu par une gérante handicapée moteur. Construit en planches, il est relativement petit mais elle m’a appris que son voisin allait bientôt partir et qu’il y avait possibilité d’agrandir son salon. C’est le premier salon que je vois aussi bien achalandé, les clientes ne manquent pas et attendent patiemment leur tour.

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2°) Réunion avec les bénéficiaires et leurs familles (coiffure)

L’objectif de cette réunion était de bien faire comprendre les conditions de participation au projet afin de parvenir à la signature d’un engagement sur l’honneur de la part des futures bénéficiaires-gérantes des ateliers.

Pour cela, j’ai convoqué une réunion faisant participer les bénéficiaires et au moins un membre responsable de leurs familles. Au cours de cette réunion, j’ai d’abord dû expliquer que ce n’était pas Mosohcameroun qui finançait directement le projet mais un bailleur de fonds extérieur et que j’étais là pour aider l’association à déposer la demande de financement. Ensuite, je suis passée aux modalités de participation au projet qui sont :

- D’être à jour de ses cotisations à Mosohcameroun,

- D’avoir un compte bancaire dans l’institution de leur choix,

- De former gratuitement d’autres personnes handicapées membres de Mosohcameroun,

- D’embaucher au moins un apprenti à l’issu de sa formation,

- De reverser 20% de leur Bénéfice net mensuel à Mosohcameroun pendant 5 ans,

- Et de venir aux réunions hebdomadaires et mensuelles de suivi de la gestion comptable de leurs activités.

Il a évidemment fallu que j’explique clairement à quoi étaient destinés les 20% du bénéfice net reversé à Mosohcameroun et, pour répondre à une question posée, j’ai précisé que chaque engagement était personnel et que les versements du bénéfice net mensuel était lié au niveau de l’activité de chacune et que bien entendu il risquait d’y avoir des écarts entre les versements de l’une et de l’autre.

• Difficultés rencontrées :

L’association avait déjà essayé de discuter avec les bénéficiaires pour leur faire comprendre les principes mais force était de constater qu’ils n’étaient pas tous entendus de la même façon. Cela a eu pour conséquences de donner certaines idées préconçues et fausses aux familles des bénéficiaires et aux bénéficiaires eux-mêmes.

La plus grande difficulté à été la barrière de la langue. Avec les bénéficiaires sourdes-muettes d’une part et avec la grand-mère de l’une d’elles d’autre part. Tout d’abord, il faut savoir qu’il n’y a pas d’école spécialisée pour sourds-muets dans les alentours de Nkongsamba et que par conséquent elles ne savent ni lire ni écrire. D’autre part, elles ne connaissent pas les 2 langages des signes conventionnels et communiquent donc avec les signes qu’elles ont appris dans leur entourage familial. Le problème avec la grand-mère, c’est qu’elle ne parle ni le Français, ni l’Anglais mais le Pidgin et un dérivé du Bangangté.

• Réactions face aux difficultés :

Mon but était clair : bien faire comprendre à tous les modalités du projet et si elles étaient acceptés, faire signer un engagement sur l’honneur aux bénéficiaires et leurs familles.

Comme le bureau de Mosohcameroun n’était ni un lieu neutre ni un lieu calme et propice aux conversations, j’ai convoqué la réunion dans le salon de coiffure le plus spacieux.

Avant de démarrer la réunion, je n’avais pas de solutions pour la grand-mère ce qui était dérangeant puisqu’elle devait autant comprendre que sa petite-fille sourde-muette.

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Heureusement, l’une des participantes de la réunion connaissait un homme qui parle sa langue, elle est donc allée le chercher et nous avons pu commencer.

Dès les premières phrases, j’ai vu que les familles faisaient des gestes rapides et je n’avais pas la certitude que les bénéficiaires comprenaient bien de quoi il était question, par conséquent, c’est moi qui faisait la traduction en langages des signes sachant que je ne connais pas non plus les langages conventionnels. Mais, pour avoir un peu discuté avec elles, j’ai tenté. C’est sûr que de parler de notions un peu compliquées comme les mots « projet » ou « bénéfice net mensuel » ou encore d’expliquer la répartition faite par Mosohcameroun des versements n’est pas aussi simple qu’une conversation banale. Cela n’a pas toujours été facile mais je me suis trouvée très adaptable, quitte à dessiner et grimacer.

Il n’a pas non plus était simple de discuter avec l’une des bénéficiaires sourde-muette qui, dès qu’elle ne comprenait pas un seul signe, fuyait du regard pour obtenir de l’aide de quelqu’un sans chercher à regarder la suite et donc à comprendre. Après lui avoir fait comprendre deux ou trois fois qu’avant de regarder partout, elle devait au moins suivre mes explication jusqu’au bout pour essayer de comprendre, elle a fini par le faire et ça a payé. J’ai appris par la suite qu’elle n’était pas sourde-muette de naissance mais qu’elle avait été victime d’épilepsie ce qui avait aussi diminué sa capacité de concentration.

• Résultats de la réunion :

Il m’a finalement fallu trois heures de réunions pour parvenir à mes objectifs et je peux affirmer qu’à la fin de la réunion, tous les participants étaient bien conscients des modalités du projet qu’ils ont accepté et, trois jours plus tard, ils sont revenus au bureau de l’association pour signer leur engagement sur l’honneur.

3°) Descente sur le terrain et explication des modalités du projet (couture)

Tout comme pour le côté « coiffure », je me suis rendue à l’atelier de couture du dernier bénéficiaire du projet qui est handicapée moteur. Son local est réellement trop petit, il veut bien en changer avec joie mais à condition de rester dans son périmètre car il a de la clientèle et pas trop de concurrence. Le manque de matériel et de matière première est visible.

Nous avons discuté et je lui ai rappelé les modalités de participation qu’il connaissait déjà. Il les a accepté et est venu signer son engagement sur l’honneur le lendemain.

4°) Etude des besoins des ateliers de coiffure/ esthétique.

Afin de connaître les besoins avec le plus de réalisme possible, j’ai décidé de me rendre dans chaque ateliers. Par logique, je me suis d’abord rendu dans celui de la seule coiffeuse réellement active, d’abord parce qu’elle a de l’expérience, ensuite parce que je ne m’y connais pas en coiffure et qu’elle pouvait me montrer de quoi elle parlait, et enfin parce qu’elle a l’usage de la parole.

La liste des besoins que nous avons réalisé m’a permit de les classer en catégories afin d’avoir une ligne à suivre avec les deux autres bénéficiaires. Une fois la liste informatisée, je me suis rendue dans les autres salons de coiffure où nous pouvions ajouter des éléments ou en retirer en fonction des besoins. Il est à noter que les sœurs des deux bénéficiaires sourdes-muettes étaient présentes afin de facilité les échanges. Lorsque j’ai eu fini de récolter les besoins, j’ai pu les comparer et obtenir ainsi une seule liste avec les besoins de chacune. Elle a été utile notamment pour la réunion d’harmonisation des besoins faite en équipe et pour l’élaboration du budget prévisionnel.

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Suite à la réunion d’harmonisation j’ai pu passer à la phase de vérification des prix. J’ai commencé par élaborer une fiche de prix vérifiables chez les grossistes que j’ai remise à la sœur de l’une des bénéficiaires pour plusieurs raisons :

- Parce qu’elle a l’air sérieuse et motivée pour sa sœur, elle l’aide depuis pratiquement deux ans. C’est elle qui lui a trouvé son local et qui le lui fait conserver malgré qu’elle ne paie pas son loyer, etc.

- Parce qu’elle a une connaissance et un réseau dans le domaine de la coiffure,

- Parce que je suis blanche et qu’il allait être difficile d’avoir les bons prix,

- Parce que cela fait aussi partie de la contribution de la famille que de participer au mouvement.

Après cela, il me restait encore des prix à vérifier alors je me suis rendue dans les différentes boutiques et magasins de la ville. Tout d’abord seule dans les magasins où les prix sont affichés puis accompagnée par l’homme qui m’a servi d’interprète avec la grand mère lors de la réunion et que j’ai rencontré par hasard en cherchant un quincailler. Il a été très utile en tant que guide et m’a beaucoup aidé à obtenir les bons prix.

Pour les artisans nécessaires aux travaux d’aménagement des différents ateliers, j’ai fait appel à un membre actif de l’association qui est menuisier. Nous sommes descendus ensemble dans les ateliers où il a pu prendre toutes les mesures nécessaires à l’établissement de devis. Pour l’électricien et le peintre, j’ai établit une liste des besoins par ateliers et je n’ai eu les devis que 2 jours avant mon départ. La demande de devis chez un sérigraphe n’a pas encore été déposée.

Lors d’une réunion de travail, j’ai demandé à l’équipe de réfléchir pendant une semaine sur les problèmes de communication et de risque de stigmatisation des jeunes sourdes-muettes et sur les actions palliatives qui seraient à mettre en place. Plusieurs idées se sont fait entendre et nous avons retenues celles-ci :

- Obliger les 2 bénéficiaires à prendre une apprentie ayant l’usage de la parole.

- Mettre en place une communication très forte autours du projet afin de sensibiliser la population avec notamment une cérémonie d’ouverture avec coupure de ruban, participer à l’émission « Le Handicap à la Une » de Radio Baré, distribuer des dépliants, etc.

- S’axer sur la publicité en employant une voiture publicitaire pour prévenir de la cérémonie d’ouverture, passer des flashs publicitaires sur Radio Baré, créer des carte de fidélité qui donne droit au bout de 10 coiffures à la main d’œuvre gratuite sur une coiffure

- Mettre en place une semaine de solidarité durant laquelle la main d’œuvre sera gratuite.

• Difficultés rencontrées et réactions :

Il n’y a pas eu trop de difficultés dans cette partie si ce n’est encore une fois la barrière de la langue mais qui s’était déjà largement réduite.

La sœur de la bénéficiaire n’a finalement pas été elle-même à Douala pour relever les prix, elle à plutôt envoyé la liste à une amie coiffeuse pour qu’elle le fasse et elle lui a renvoyé des feuilles écrites en tout petit sans remplir la liste elle-même. Toutefois, elles se sont vues et ont discutées de comment lire les feuilles. Lorsque la sœur de la bénéficiaire est venue me voir, elle voulait qu’on reprenne toute la liste ensemble et a commencé à m’expliquer. Etant donné

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que je n’avais absolument pas le temps pour le faire, qu’elle était sérieuse et qu’elle en avait les compétences, je lui ai demandé de remplir le tableau de la liste puisqu’il correspondait aux informations de la feuille manuscrite. Elle l’a fait et quelques jours plus tard elle a rapporté la liste avec parfois différents prix par articles en fonction des marques ce qui m’a permit d’établir une moyenne de prix pour ces articles.

5°) Négociation de bail des locaux

En parallèle de ces activités, j’ai dû rencontrer les bailleurs de 3 des 4 bénéficiaires afin de négocier avec eux un bail d’au moins 3 ans renouvelables pour assurer la pérennité du projet et rassurer le bailleur de fond.

Le premier propriétaire a accepté rapidement et m’a montré le contrat de bail en cours qu’il allait reprendre et corriger. Une fois signé, une copie du contrat de bail m’est parvenue et m’a permit de créer un contrat de bail « type » pour les autres au cas où il n’aurait pas de contrat de bail avec leur propriétaire ce qui est chose courante. Ce contrat a été relu avec mon maître de stage, juriste et clerc de notaire.

Le modèle type m’a servi lors de la rencontre avec le second bailleur qui n’avait effectivement pas de contrat de bail et qui loué ses locaux à l’année par contrat oral avec tout ses locataires. Nous avons lus et commenté tout les articles ensemble et il a accepté de le signer.

Le troisième bailleur a refusé de signer le contrat car il n’est pas propriétaire et la sous-location est interdite dans son propre contrat de bail enregistré chez un notaire. Qu’à cela ne tienne, il était de toute façon prévu de trouver un autre local.

Le quatrième bénéficiaire cherche également un autre local que celui utilisé actuellement, il avait espoir dans un local inoccupé mais l’ancien locataire à laisser des affaires qu’il traine à récupérer. La propriétaire que je n’ai pas rencontré refuse donc de signer un bail pour le moment.

6°) Les besoins de l’atelier de couture

Pour cette partie, j’ai fait venir le bénéficiaire au bureau afin d’établir avec lui la liste de ses besoins sur laquelle je lui avais demandé de réfléchir. Pour ce qui est des prix, il me les a fournis lui-même, je voulais les vérifier mais par manque de temps, je n’ai pas pu le faire. Aussi, j’ai conservé ses prix dans le calcul du budget prévisionnel. Sachant qu’il est dans le métier depuis plusieurs années et qu’il souhaite s’agrandir depuis longtemps, je pense pouvoir tout de même me baser sur lui.

7°) Elaboration du budget prévisionnel des besoins des 4 ateliers.

Après avoir récolté tous les prix des éléments nécessaire en coiffure/esthétique et en couture, j’ai pu formaliser et élaborer le budget prévisionnel de l’activité, même si il manque encore quelques prix.

Le fait que l’une des coiffeuses n’ai pas de local n’a pas été un grand problème puisque nous avons estimé les besoins d’aménagement dans un local vide trouvé en centre ville. Par contre, que le couturier n’ai pas trouvé de local a été un plus grand problème, par conséquent, je me suis permise de faire la moyenne des sommes nécessaires aux besoins d’aménagement des salons de coiffure pour la lui attribuer.

8°) Début de rédaction du projet

Vu le temps que je venais de passer à travailler sur ce projet, j’en avais une idée suffisamment claire pour pouvoir commencer à rédiger la demande de financement.

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Comme j’avais déjà terminé toute la partie relative à l’association, je l’ai donné au secrétaire permanent afin qu’il puisse la relire et me faire ses commentaires. Pendant ce temps, je me suis attaquée à la rédaction du projet en lui-même. D’abord seule puis avec le secrétaire permanent afin d’organiser les idées. C’est à ce moment que s’est fait ressentir le besoin de poser l’arbre à problème1 afin de savoir exactement sur quels problèmes nous pouvions agir2 car même si nous l’avions bien en tête, nous voulions être sûrs de ne pas nous tromper. Cette méthode nous a permit de réaliser l’arbre à objectifs3 afin de ne pas confondre activités et objectifs.

Cette méthode a permit de remplir une bonne partie du formulaire de la fondation Orange au Cameroun car en ayant mis le projet à plat, nous savions où nous allions. Nous avons pu mettre par écrit les objectifs principaux et spécifiques ainsi que les activités à mettre en place et les résultats attendus. Cela nous a alors aidés à réfléchir au plan méthodique d’action et aux moyens nécessaires pour les atteindre, en passant par les indicateurs de suivi du projet et les risques encourus.

9°) Détermination du Budget prévisionnel global

Comme vu précédemment, grâce à l’arbre à objectifs nous avons pu faire ressortir la globalité des activités à mener dans le cadre de ce projet. Nous en avons donc définit quatre qui sont :

- D’installer et d équiper 3 salons de coiffure/ esthétique et 1 atelier de couture tenus par les 4 professionnels participant au programme « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain » ;

- De former les 4 professionnels à la gestion comptable quotidienne de leurs activités ;

- De mener des actions de communications sur le projet ;

- De mener des actions de sensibilisation et d’information sur le thème « Handicap,

compétences professionnelles et législation »

Le budget prévisionnel de l’installation et de l’équipement des 4 ateliers étant quasi-terminé, nous pouvions passer à la budgétisation des autres activités. J’ai demandé au secrétaire permanent de se charger des activités de communication et de sensibilisation sachant qu’on les avait déjà bien expliquées. Il m’a remis ce travail auquel j’ai ajouté des postes de charges notamment sur la conférence en me référant au projet de plaidoyer sur lequel nous avions déjà travaillé.

Cela m’a alors permit de mettre en forme le budget prévisionnel global et de réfléchir à la répartition des postes de charges entre l’association Mosohcameroun, les bénéficiaires, les collectivités locales décentralisées, que nous comptons démarcher, et la fondation Orange au Cameroun. Après discussion et quelques modifications de la répartition des charges effectuée avec le secrétaire permanent, nous avons finalisé le budget prévisionnel global4.

Bien qu’il manque encore quelques prix, nous ne pensons pas que des changements substantiels auront lieu et nous sommes arrivés à ce résultat :

1Cf : Annexe 2 : Arbre à Problèmes « les personnes handicapées n’ont pas d’emplois ou occupent des emplois précaires » 2 Cf : Annexe 3 : Où agir dans l’Arbre à Problème ? 3Cf : Annexe 4 : Arbre à Objectifs du projet « Renforcement des capacités »

4 Cf : Annexe 5 : Budget prévisionnel global du projet de « Renforcement des capacités »

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b.3. Résultats de l’élaboration du projet

Comme on a pu le voir, malgré les difficultés rencontrées, la demande de financement du projet est rédigée à 95 %.

Il manque encore quelques tarifs, notamment les devis du plombier et du sérigraphe et il me reste à incorporer dans le budget les devis de l’électricien-peintre que j’ai reçu deux jours avant mon départ. Heureusement, le travail sur Excel facilite les choses et je n’aurai qu’à entrer les sommes pour que tout le budget se recalcule automatiquement.

A part ces détails, il me reste à mettre en ordre les annexes de la demande de financement et à en récupérer, notamment : les contrats de bail et les devis manquants, les certificats médicaux ou les cartes nationales d’invalidité des membres ainsi que leurs cartes d’identités et la copie des titres fonciers de l’association.

Le travail restant étant moindre, je me suis évidemment proposé de le terminer même hors du stage grâce à internet ce qui permettrait que le projet soit déposé auprès de la fondation Orange d’ici à deux mois maximum.

Lors de la descente de vérification des prix dans un magasin de la société FOKOU1, j’ai été amenée à rencontrer le chef d’agence. Après lui avoir expliqué ma démarche, il m’a proposé de lui fournir la liste des besoins et qu’en fonction des articles, il pourrait nous établir des prix spéciaux car c’est le seul pouvoir qu’il avait sur les comptes. La liste est déposée, nous attendons la réponse.

Sur l’aspect travail, j’ai vu concrètement ici l’importance de la réalisation de l’arbre à problème. Même s’il est d’ordinaire logique de commencer par lui afin d’en faire ressortir les activités à mener, il a été ici réalisé à la fin de l’étude de l’activité principale. Grâce à son expérience, Me Dakeyi, avait déjà bien en tête l’arbre à problème et grâce aux observations que j’ai pu faire en travaillant sur l’élaboration de la première activité, je me suis bien imprégnée de la situation.

Pour des questions de lisibilités d’abord et ensuite parce que le bailleur de fond ne le demandait pas, nous n’avons pas formalisé de cadre logique en tant que tel, préférant rester sur le système de liste.

1 Entreprise de matériaux pour le bâtiment, construction, aménagement et décoration intérieur et extérieur.

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Comme nous venons de le voir au travers de 2 exemples de projet, la mise en place du programme de « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain » avance. La demande de financement du projet Mosoh Elevage étant déjà déposée et retenue et celle du projet de « Renforcement des capacités » étant quasi-terminée et certainement déposée avant deux mois présagent de la pérennité du programme. En sachant que le projet Mosoh Apiculture, qui était un précurseur du programme, a déjà été financé et que même s’il ne fonctionne pas correctement aujourd’hui, il y a espoir pour qu’il germe et aide à financer d’autres projets de ce type. Si ce programme se met effectivement en place, nous avons vu qu’il permettra de répondre aux problèmes immédiats de sous-emploi et de sous-formation des personnes handicapées mais pas seulement, il pourra, à terme, donner à l’association une certaine indépendance en matière de financements de micro-projets de ce type sans avoir nécessairement besoins d’appui financier extérieur.

Toutefois, pour en arriver là, il faudra d’abord s’assurer du bon suivi des projets lancés et comme ils ne suffiront pas à générer rapidement de nouveaux projet, il faudra encore en créer quelques-uns avec des appuis extérieurs.

Maintenant que nous avons vu la mise en place du programme de « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain », nous allons pouvoir nous intéresser aux activités menées dans le cadre de la gestion administrative et financière de l’association.

2. LA GESTION ADMINISTRATIVE ET FINANCIERE

La situation financière de l’association est presque inavouable. Les cotisations versées par les membres ne suffisent pas à couvrir les besoins de fonctionnement de l’association. Ce problème à été posé lors de l’Assemblée Générale d’avril et le résultat à été l’augmentation des cotisations annuelles en fonction de la catégorie socioprofessionnelle du membre. Au lieu de 2 000 FCFA, la cotisation est passée à :

- 12 000 FCFA pour les membres actifs,

- 2 000 FCFA pour les étudiants, élèves et sans emplois,

- Et 0 FCFA pour les indigents et écolier.

Toutefois, beaucoup de membres ne s’acquittent actuellement pas de leurs cotisations alors maintenant qu’elles ont augmenté, pourquoi le feraient-ils ? Chez ceux qui pourraient effectivement cotiser, nous avons pu noter un certains manque d’information sur les raisons de continuer à cotiser et sur les origines des finances de l’association.

Face à ces deux problèmes majeurs que sont le manque de transparence générale, et le manque de ressources financières, il convenait de réagir. Nous verrons donc ce à quoi nous avons pensé, tout d’abord au niveau de la gestion et de la comptabilité et ensuite au niveau des finances de l’association.

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a. Gestion et comptabilité

a.1. Création d’un fichier informatisé des membres

Pour être plus transparent, il faut déjà avoir une bonne visibilité soi-même. C’est un peu l’idée de base de la création de ce fichier.

1°) Informatisation et mise à jour de la liste des membres

Lorsque je suis arrivée dans l’association, j’ai été un peu étonnée lorsque j’ai appris que la liste informatisée des membres n’existait pas. Je venais d’arriver et je voyais d’une part que l’ordinateur était un outil très utilisé et d’autre part que la structure comptait environ 600 membres, ce qui n’est pas exact comme nous le verrons par la suite.

Tout en continuant ma phase d’observation, j’ai donc commencé par informatiser cette liste qui existait déjà de façon manuscrite dans un cahier. Comme il était inévitable avec ce mode de gestion des membres, des erreurs s’étaient glissées telles que :

- Des membres ayant plusieurs numéros de dossier,

- Des numéros de dossier attribués plusieurs fois,

- Des sauts dans la numérotation des dossiers avec des numéros inutilisés, etc.

Une fois cette liste informatisée, Magdalena, la volontaire allemande de BEZEV et moi-même avons entrepris de la mettre à jour. Pour cela nous avons repris l’ensemble des dossiers existants afin d’une part de vérifier si les numéros attribués dans le cahier étaient les mêmes que ceux affectés sur les chemises et d’autre part si effectivement les noms qui avaient plusieurs numéros étaient bien la même personne. Nous voulions également en savoir un peu plus sur les membres-bénéficiaires et vérifier si les dossiers étaient complets.

Outre les numéros de dossiers et l’identité de la personne, nous avons convenus de rechercher d’autres informations dans les dossiers afin de les faire apparaître dans le fichier1 :

- La date de remise de leurs cartes de Mosohcameroun,

- Leurs contacts téléphoniques,

- Leur activité ou profession,

- La nature du handicap et son taux,

- Si les dossiers sont complets, ou les pièces manquantes le cas échéant,

- Et S’ils sont encore en vie,

Au terme des trois jours qu’a demandé ce travail, nous nous sommes aperçues qu’il manquait un peu plus d’une vingtaine de dossiers, soit la pochette était vide, soit elle n’existait pas. Nous avons donc du rechercher ces dossiers parmi les innombrables documents non classés. Nous en avons retrouvé quelques-uns mais d’autres sont encore en portés disparus à ce jour.

2°) Valeur ajoutée d’un tel fichier

� Mise à jour de l’état des cotisations

Ce fichier à été réutilisé et modifié par Magdalena afin de pouvoir établir l’état des adhésions et des cotisations annuelles depuis 2005. Grâce à ce travail, elle a pu calculer le nombre moyens d’adhésions par an, la valeur des cotisations effectivement reçue par mois et en

1 Pour des questions d’anonymat des membres- bénéficiaires de l’association, vous ne trouverez pas d’illustration de ce fichier en annexe.

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a établit la moyenne. Ces informations ont ensuite été très utiles, tout d’abord pour l’établissement du budget prévisionnel de fonctionnement de l’association, puis pour la deuxième réunion du Conseil d’Administration qui a eu lieu 2 jours avant mon départ. En effet, avec des chiffres sous les yeux, il était plus facile de faire prendre conscience aux membres de ce conseil, de l’état et de la provenance des fonds de l’association. Ils ont dus comprendre qu’il n’était pas possible d’embaucher un secrétaire comptable afin de soulager le secrétaire permanent dans ses tâches car le budget ne le permettait pas pour le moment.

� Données et Statistiques

Ce fichier permettra de réaliser des statistiques fiables sur l’association et ses adhérents qui pourront être comparées à l’étude départementale réalisée par Mosohcameroun. Avec ces données, il sera possible d’établir les futurs budgets prévisionnels du fonctionnement de la structure.

Par exemple, on sait maintenant que le nombre exact de membres bénéficiaires est de 226, une fois avoir réparti ces 226 personnes par catégories de membres, il sera possible de connaitre la valeur globale des cotisations attendues. Et en lui infligeant un taux de perte réaliste et atteignable, on pourra estimer plus précisément le montant prévisionnel attendu pour l’année suivante.

Ce travail de statistique n’a pas été fait, toutefois, nous avons déjà réalisé un grand pas dans l’organisation de la gestion des dossiers des membres.

De plus, il est à noter que Magdalena à déjà une remplaçante dans le cadre de la coopération et qu’il est possible qu’elle soit amené à continuer ce travail. D’autre part, il est prévu l’embauche d’un secrétaire comptable en 2012, bien entendu si la demande de financement du fonctionnement aboutie ou s’il accepte de travailler en tant que bénévole.

� Sensibilisation ciblée

Le fait d’avoir ce fichier permet de profiter du passage de la personne au bureau pour la sensibiliser sur l’état de ses cotisations depuis son adhésion. Nous vérifions surtout si elle sait exactement à quoi servent les cotisations qu’on lui demande. Le cas échant cela donne l’occasion d’un moment d’échange avec les membres durant lequel il est possible d’expliquer :

- Que l’association n’est pas un service public et que par conséquent elle a des besoins de fonctionnement.

- Que sans les cotisations, le simple fait d’accueillir des membres au bureau ne serait pas possible.

- Que c’est d’ailleurs tout le travail au bureau qui serait impossible ; comment aider quelqu’un si on ne peut pas téléphoner à une personne ressource ? Comment contacter les partenaires au développement sans utiliser internet ? comment imprimer ou scanner des documents sans imprimante ni encre ni feuille ? etc.

- Et enfin, comment continuer à réaliser des projets de plaidoyer qui certes ne sont pas rentables immédiatement mais qui visent une rentabilité à long terme dont toutes les personnes handicapées seront bénéficiaires ?

En général, ces sensibilisations individuelles ont données leurs effets, du moins à très court terme puisque certains ont trouvé de quoi payer une partie de leurs cotisations presque immédiatement. Maintenant, est-ce que cela fonctionnera dans le long terme, nous ne le savons pas encore.

La plus grande difficulté de ce travail à été de classer les dossiers. En effet, nous avions convenus que toutes les demandes faites par un membre soient regroupé dans un seul et même

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dossier afin d’avoir une meilleure visibilité et comme nous étions en train de travailler sur les dossiers, nous en avons profité.

Il existe une pochette avec beaucoup de dossiers sans chemises qui sont parfois presque complets mais selon le secrétaire permanent, ce sont des membres qui n’ont pas adhérés ou qui n’ont pas apporté de chemises pour ranger leurs dossiers et que dans tout les cas, ce sont des gens qui n’ont pas vu de numéro de dossier leur être attribué. Or, lorsque nous recherchions les dossiers manquants, nous en avons retrouvé dans cette pochette. Magdalena et moi avons classé autant de dossiers et documents que possible mais, malgré nos efforts, il reste encore tout les dossiers sans chemises et quelque documents que nous ne pouvions classer sans l’intervention du secrétaire permanent puisqu’il est le seul à savoir à quoi peuvent correspondre ces documents.

Comme nous étions seulement trois à travailler au bureau et que chacun étaient occupé à d’autres activités jugées prioritaires, nous n’avons pas pu dégager de temps pour pouvoir le faire. Toutefois, il est encore à noter qu’une seconde volontaire allemande de BEZEV va arriver et hypothétiquement un secrétaire-comptable, l’un des deux pourra certainement se charger de cette tâche.

a.2. La comptabilité

La comptabilité actuelle est hasardeuse. En effet, même si on sait que c’est le secrétaire permanent qui finance majoritairement l’association avec l’aide de son réseau et de quelques membres des plus aisés, il n’est pas dans la capacité de savoir combien il dépense personnellement par an pour les besoins de l’association.

Pourtant, l’association ne fait pas elle-même sa comptabilité annuelle et pour obtenir son bilan, elle fait appel à un comptable extérieur établis en centre ville à qui elle remet ses factures et retraits bancaires. J’ai eu en main un exemple de ce qui est remis au comptable et je comprends maintenant pourquoi il n’a pas encore remis les bilans financiers 2009 et 2010. Les factures sont ne sont pas classées et arrivent en vrac sachant qu’elles sont conservées en divers endroits ce qui facilitent la perte de pièces comptables.

Le fait que le compte du secrétaire permanent soit le même que celui de l’association ne facilite pas la tâche même si c’est un cas de nécessité que d’avoir réagi de la sorte. Lorsque le secrétaire permanent retire des fonds à la banque, il ne demande qu’un seul reçu quand bien même si l’argent va servir à des fins personnelles et à des fins associatives. Dernier point, les dons que le secrétaire permanent parvient à récolter sont souvent effectués de manières informelles et ne sont pas répertoriés clairement sauf pour les grosses sommes qu’il est capable de citer de mémoire.

1°) Ce que je proposais

Afin d’assainir la gestion comptable de l’association, j’ai formulé quelques orientations, notamment :

- Que le secrétaire permanent demande dès aujourd’hui plusieurs coupons à la banque dès lors qu’il retire en même temps de l’argent pour lui et pour l’association ;

- Qu’un cahier de réception des dons soit mis en place ;

- Qu’il faudrait conserver le système actuel qui consiste à déposer le dossier chez le comptable. Cela permet de prouver la bonne foi de Mosohcameroun puisque c’est une personne extérieure qui calcule et qui valide les comptes. De plus, ce qu’on attend réellement d’une association, c’est qu’elle soit déjà capable de tenir sa comptabilité quotidienne avant l’annuelle. Ce système permet aussi de réduire les dépenses puisqu’au lieu de payer un salaire de comptable à longueur d’année, on ne paie plus que les honoraires de fin d’année à comptabiliser lors du budget prévisionnel. Le futur secrétaire-comptable charger d’aider Me Dakeyi pourrait peut-être

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également se charger de la comptabilité quotidienne. Il faut aussi compter pour le moment sur les volontaires allemands qui viennent, sans pour autant tout reposer sur eux puisqu’ils ne sont pas censés prendre la place d’un salarié ;

- Que pour conserver le système actuel, il faudrait une gestion comptable quotidienne plus rigoureuse. Pour cela, il faudrait trouver ou créer un modèle comptable accessible mais complet (tableau Excel) qui permette de mettre en place une comptabilité quotidienne claire avec un système parallèle de classement des pièces comptables. Ceci dans le but de non seulement avoir une meilleure visibilité mais aussi de rendre la tâche plus facile au comptable. Il serait également intéressant de créer un deuxième fichier qui permette de connaitre en un clic l’état financier des projets en cours et d’y incorporer les nouveaux projets lorsqu’ils sont en phase de réalisation ;

- Que l’association soit en mesure de rédiger et de publier en même temps que son rapport d’activité annuel, son rapport financier annuel qui établisse et explique les différences entre le budget prévisionnel et les dépenses effectivement réalisées dès que le comptable apportera le bilan annuel.

2°) Ce qui a été réalisé

� Le secrétaire permanent à été sensibilisé au fait de demander plusieurs coupons à la banque lors des retraits. De plus, il a été prévu que si la subvention de fonctionnement était accordée par les bailleurs sollicités, le secrétaire permanent devrait ouvrir un autre compte bancaire en son nom propre.

� Un répertoire des dons à été mis en place,

� Nous avons réfléchis avec Magdalena sur les fichiers Excel qui permettraient un meilleur suivi de la comptabilité quotidienne et des projets. Nous avons émis plusieurs hypothèses mais par des contraintes de temps, nous n’avons pas pu les formaliser. Toutefois, il serait souhaitable que la prochaine volontaire de BEZEV reprenne la main à ce sujet, en espérant qu’elle ait de bonne connaissances d’Excel afin de non seulement le mettre en place mais aussi de le faire intégrer aux habitudes de gestion.

Il est très regrettable de ne pas avoir eu le temps de travailler plus sur ce point qui est pourtant essentiel dans la suite du processus de réorganisation choisi par l’assemblée Générale en avril. Toutefois, il faut dire que nous avons déjà pu mettre en exergue les problèmes et ce que l’on attendait de tels fichiers. Maintenant, si la prochaine volontaire ne peut pas mettre ce système en place, il serait possible d’adresser une demande auprès de l’Institut Supérieur de Management du Manengouba (ISMAM) présent à Nkongsamba et qui est déjà partenaire de Mosohcameroun à un autre niveau afin d’obtenir la présence d’un stagiaire qui pourrait mettre cette comptabilité en place.

Dans un contexte comme celui-ci où une association veut passer au stade d’ONG, il y a beaucoup de choses à faire et de détails à régler, qu’ils paraissent petit ou laborieux, ils ont tous une grande importance.

Il est vrai que dans cette partie, beaucoup de choses restent encore à faire, mais on peut dire que le premier pas est engagé et que l’on a pu faire des avancées notoires surtout au niveau de la gestion du suivi des membres. Maintenant c’est à l’association de réagir et de prioriser ses actions en fonction du regard extérieur et des conseils que j’ai pu lui apporter.

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Toujours dans le domaine des finances, nous allons maintenant passer à l’élaboration du dossier de demande de financement des besoins de fonctionnement de l’association que j’ai eu à établir afin d’assurer un entrée d’argent à l’association.

b. Le dossier de demande de financement du

fonctionnement de l’association

Comme nous avons pu le voir, la situation financière de l’association est délicate : les membres-bénéficiaires ne paient pas leurs cotisations et le projet Mosoh Apiculture qui est le seul projet effectivement mis en place par l’association et qui devait rapporter des revenus substantiels ne fonctionne pas encore correctement. Tout cela contribue à l’instabilité des ressources de l’association et ne permet pas de sortir rapidement de la gestion actuelle.

Nous avons déjà dit que le secrétaire permanent finançait majoritairement l’association sur ces deniers personnels mais ce que l’on n’a pas dit c’est qu’il risque de s’essouffler. En effet, sa profession de notaire bien que théoriquement stable ne l’ai pas exactement, de plus, il a une famille à nourrir et qui s’est d’ailleurs agrandie durant mon stage et il s’aperçoit qu’en continuant à financer autant l’association, il ne pourra pas réellement mettre sa famille à l’abri des besoins.

Outre la sensibilisation ciblée mise en place grâce au fichier de gestion des membres et la mise en place du programme de « l’Aidé d’aujourd’hui est l’aidant de demain » afin d’améliorer à moyen terme les ressources propres de l’association, il fallait trouver une solution à court terme. La seule qui paraissait la plus rapide était de solliciter ponctuellement des bailleurs extérieurs afin d’obtenir une aide pour le financement des besoins de fonctionnement de l’association. Nous allons donc voir la démarche qui a été suivie ainsi que les questionnements qu’elle a amenés et les réponses associées.

b.1. Démarches suivies pour l’élaboration du dossier

1°) Composition du dossier

Je n’avais absolument pas d’idée claire sur la composition d’un dossier de ce type, aussi, je me suis mise à la place des bailleurs en me demandant ce que je voudrais avoir comme informations sur une association pour pouvoir la financer. Voici le produit de ma réflexion :

- Une lettre de demande,

- Une lettre de justification du recours,

- Le budget prévisionnel de fonctionnement pour 2012,

- Un dossier de présentation de MOSOHCAMEROUN,

- Le récépissé de déclaration d’association,

- Le plan de localisation de nos bureaux,

- Un dépliant présentant rapidement notre mouvement,

- Une présentation de la coopération BEZEV- Mosohcameroun

- Le rapport d’activité 2010,

- Et l’attestation de domiciliation de notre compte bancaire,

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2°) Mise en forme du budget prévisionnel annuel de fonctionnement

Pour la partie « dépenses », j’ai demandé à Me Dakeyi de mettre les postes par écrit et de me préciser autant que possible les prix et les quantités nécessaires car c’est lui qui les connait encore le mieux. Suite à ce travail, j’ai pu catégoriser les postes de dépenses et grâce à la descente dans les magasins et boutiques de la ville que j’avais effectuée précédemment, j’étais en mesure de vérifier quelques prix. J’ai ajouté à ces postes les coûts de la charge salariale afin d’une part de prendre en compte le salaire du futur secrétaire-comptable et d’autre part pour pouvoir valoriser par la suite les contributions bénévoles.

Du côté des ressources, il y avait plusieurs choses à prendre en compte :

- Les adhésions et les cotisations des membres. Pour parvenir à une attente réaliste, je me suis servi du travail réalisé par Magdalena sur le fichier de gestion des membres.

- Les apports du programme « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain ». Pour ces ressources, il n’y a que le projet Apiculture sur lequel nous pouvons compter de façon quasi-certaine. Nous avons donc imaginé pouvoir effectuer au moins une récolte pour prendre en compte la part qui revient de droit à Mosohcameroun. J’ai trouvé également intéressant de noter le projet « Elevage » et le projet de « Renforcement des capacités » du côté des ressources même si nous leur attribuons pour le moment des montants nuls. En effet, cela a pour but de montrer une fois de plus aux bailleurs que nous ne sommes pas que des demandeurs, mais que nous avons également mis des dispositifs en place afin de contrer notre déficit.

- La valorisation des contributions bénévoles. Pour cela, nous avons tout d’abord calculé ce que coûterait l’embauche d’un secrétaire permanent qualifié. Puis, comme il n’est effectivement pas rétribué, nous avons reporté ce montant du côté des valorisations des contributions bénévoles. Je n’ai pas valorisé les contributions des volontaires et stagiaires au sein de l’association, peut-être que j’aurai dû mais je ne voulais pas non plus trop grossir le budget pour ne pas effrayer les bailleurs.

- La participation des collectivités territoriales décentralisées. Puisque la sous-préfecture de Nkongsamba Ier met à disposition les locaux ainsi que l’eau et l’électricité, nous avons tout d’abord dû estimer la valeur de son apport avant de la faire figurer dans le budget prévisionnel annuel.

Après avoir mis en forme les postes de charges et de ressources prévisionnelles, nous avons repris ce budget en équipe afin de voir s’il pouvait manquer des informations et après réflexions et quelques modifications, nous avons finalement adopté le budget prévisionnel annuel du fonctionnement 2012 de l’association1.

3°) Mise en forme du dossier

Après avoir travaillé sur le budget prévisionnel, il y avait encore toute la phase de rédaction de la demande à faire. Pour cela, nous avons procédé de la sorte :

- La lettre de demande et la lettre de justification du recours.

C’est moi qui me suis d’abord attelée à jeter les idées sur un brouillon ce qui est une phase un peu difficile. Puis lorsque les brouillons étaient finis, je les ai envoyés à l’équipe pour relectures et commentaires. Au bout de quelques relectures, nous sommes tombés d’accord sur le fond et la forme. Vous trouverez donc en annexe un exemple de ces deux lettres2.

1 Cf : Annexe 6 : Budget prévisionnel annuel du fonctionnement 2012 de l’association. 2 Cf : Annexe 7 : Lettre de demande de financement envoyé à la société « FOKOU » issue du dossier de demande di

financement; et Annexe 8 : Lettre de justification du recours envoyée à la société « FOKOU »

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- Le dossier de présentation de l’association.

L’Assemblée Générale Ordinaire venant de modifier les statuts, il fallait alors reprendre ce dossier. Magdalena ayant participé à cette assemblée avait la possibilité de le reprendre, toutefois, son niveau de Français écrit, bien qu’il ait énormément progressé, n’était pas suffisant. Par conséquent, j’ai repris les informations de l’ancien dossier avec les mises à jour et je l’ai remis en forme pour aussi le rendre plus attrayant à la lecture que précédemment.

- Une présentation de la coopération BEZEV- Mosohcameroun

Ce point a été traité par Magdalena puisque c’est elle la première volontaire de cette coopération. Mon seul rôle a été de l’aider à la rédaction en Français.

- Le rapport d’activité 2010.

Avant même de savoir qu’il me servirait pour cette activité, j’avais déjà travaillé dessus dès le début du stage afin d’aider le secrétaire permanent dans sa mise en forme. Il était donc prêt à être utilisé.

Après avoir travaillé sur ces annexes et récupéré les autres (le récépissé de déclaration d’association, le plan de localisation de nos bureaux, le dépliant de présentation rapide et l’attestation de domiciliation bancaire), il a fallu mettre ce dossier en forme. Pour cela j’ai découvert les fonctionnalités du logiciel PDF24 qui m’a permis de créer d’une part un fichier PDF composé du « cœur » inamovible du dossier et d’autre part à créer autant de PDF que nécessaire pour la partie amovible. Ensuite, je pouvais à gré ajouter les parties amovible pour créer le dossier final à présenter à chaque bailleurs

b.2. Questionnements suscités et réaction choisie

La décision de créer un dossier de demande de financement du fonctionnement n’a pas était si facile à mettre en place. En effet, je n’avais pas du tout d’expérience dans ce domaine, si ce n’est un exercice que l’on a été amené à réaliser en cour de comptabilité mais qui était au sujet d’une association française. Au départ, j’étais un peu coincée sur deux questions fondamentales, mais les réponses sont venues par la suite.

1°) A qui s’adresser ?

Au départ, je ne voyais pas bien à qui je pouvais adresser cette demande. J’avais une dimension plus internationale en tête en voulant solliciter des bailleurs de fonds mais en même temps, je savais que les bailleurs de fonds de fonctionnement étaient rares. J’ai plutôt laissé cette question de côté pendant un petit moment puisqu’il faut aussi dire que j’étais bien occupée par ailleurs.

Ensuite, la réponse est venue d’elle-même : il faut solliciter les entreprises locales. Oui mais lesquelles ? Je savais que Total travaillait au Cameroun mais j’avais tout de même une certaine réticence par rapport à ce groupe. Alors, s’en est suivie une recherche des marques locales pour savoir vers quelle entreprise s’orienter. De plus, j’ai profité de moments « calmes » au bureau pour solliciter l’aide de l’équipe. Nous sommes parvenue à une liste d’entreprises pour lesquelles il fallait s’assurer via leurs sites internet, qu’un volet social existait bien et quelle en était la sensibilité. Après ces recherches, nous avons convenus de solliciter dans un premier temps les entreprises suivantes :

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- La Société Moderne des Pneumatiques Camerounais qui est une filiale de Michelin (SMPC-Michelin). Cette entreprise donne déjà régulièrement des fonds d’appui à l’association mais cette manière de procéder pourrait nous aider à budgétiser cette aide.

- Le Pari Mutuel Urbain Camerounais (PMUC) qui a un budget social colossal et qui est sensible aux conditions de vie des personnes handicapées.

- La Société Générale des banques Camerounaises (SGBC) qui elle aussi à un budget conséquent réservé à l’aspect social et notamment envers les personnes handicapées.

- La société FOKOU auprès de laquelle j’avais déjà noué des contacts relationnels.

Ensuite, l’association pourra continuer le travail entrepris envers d’autres entreprises de son choix.

2°) Jusqu’à quel point devons nous être honnête ?

C’est la seconde question qui m’a value de demander conseil à nos professeurs d’anthropologie et de comptabilité.

En effet, je ne savais pas vraiment au début si je devais ou non parler du fameux compte bancaire commun à l’association et au secrétaire permanent. Comme j’ai avoué dans les lettres que c’était le secrétaire permanent qui finançait majoritairement l’association, j’avais machinalement imaginé expliquer comment il le pouvait en apportant des preuves et qu’elles étaient les solutions qu’il avait mises en place avec notamment ce compte bancaire joint et qu’il était prêt à se retirer du compte de l’association pour en ouvrir un personnel, dès l’assurance de recevoir les fonds nécessaires au maintien de celui de l’association. Il ne pouvait le faire avant l’arrivée des fonds car au cas où les bailleurs ne finançaient pas le fonctionnement, il ne serait pas en mesure de tenir financièrement face aux frais bancaires de deux comptes.

Encore une, fois, j’ai laissé cette question de côté avant de me repencher dessus. J’avais peur qu’en suivant cette logique, je ne parvienne qu’à effrayer les bailleurs. En effet, les questions monétaires sont taboues et le fait qu’ils apprennent que le compte était commun pouvait les faire fuir. Il est vrai qu’au premier abord, c’est surprenant et laisse imaginer des détournements ou autres sans même essayer de comprendre la raison.

Fac à un sujet aussi sensible, nous avons plutôt décidé, en accord avec le secrétaire permanent, de ne pas dévoiler autant de détails. Nous leur dirons seulement que Me Dakeyi finance majoritairement l’association et les autres détails resteront en gestion interne.

b.3. Résultats obtenus

Le dossier de demande de financement est complet et rédigé. Je sais qu’il aurait fallu y ajouter des documents comptables tels que des rapports financiers certifiés afin de rassurer les bailleurs. Mais ces documents n’existent pas et c’est une sorte de rapport financier que de leurs expliquer les motifs détaillés de notre recours.

Au niveau relationnel et sensibilisation des entreprises, nous avions pensé à nous rendre au siège des entreprises afin de défendre de vive voix le dossier après avoir obtenu des rendez-vous. Les contraintes de temps ont fait que nous n’avons pas pu le faire, toutefois, il est à noter que :

- Pour La Société Moderne des Pneumatiques Camerounais (SMPC-Michelin), le dossier n’est pas encore envoyé. En effet, après deux contacts téléphoniques avec la secrétaire de direction, elle nous a fait savoir qu’avec le contexte actuel de la crise économique, ce n’était pas vraiment le moment le plus propice pour une telle demande. Nous attendons donc un peu avant de les solliciter une nouvelle fois, nous leur enverrons notre dossier au moment où ils bouclent leur propre budget prévisionnel annuel.

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- Pour Le Pari Mutuel Urbain Camerounais (PMUC), nous sommes entrés en contact par mail et par téléphone mais le dossier n’est pas envoyé. En effet, la correspondante que j’ai pu joindre m’a clairement fait comprendre que si la direction était intéressée, elle nous le ferait savoir. Le ton employé laissait entendre qu’il fallait la laisser tranquille. Malgré cela, nous allons tout de même envoyer le dossier de demande aux services concernés puisque nous avons pu avoir leurs contacts.

- Pour La Société Générale des banques Camerounaises (SGBC), j’ai pu avoir le contact du Président Directeur Général via une autre étudiante de la licence également en stage au Cameroun. Après lui avoir téléphoné, il semblait plutôt intéressé pour étudier la demande qu’il m’a demandait d’envoyer à son adresse mail après son retours de vacances en mi-septembre. Nous allons donc lui envoyer très prochainement.

- Enfin, pour La société FOKOU, le dossier est envoyé et en attente de décision. J’ai pu obtenir les contacts du directeur commercial basé à Douala par le biais du chef de l’agence FOKOU de Nkongsamba que j’avais rencontré dans le cadre d’un autre projet. Notre contact téléphonique s’est avéré positif puisqu’il m’a demandé de lui envoyé le dossier de demande qu’il étudierait. Même si ce n’est pas réellement le directeur commercial que je visais mais plutôt le directeur général, le chef d’agence m’a rassurée sur l’aspect protocolaire. En effet, le fait que je passe d’abord par lui m’a permit de nouer le contact avec le directeur commercial qui a apparemment le bras long au niveau de la direction. Je devais rencontrer le directeur commercial le jour de mon départ mais pour des raisons de déficiences du réseau téléphonique, je n’ai pas pu le joindre à mon arrivée à Douala. Je lui ai tout de même envoyé un mail en arrivant en France.

Du point de vu de la gestion administrative, comptable et financière de l’association, nous avons pu faire des avancées remarquables même s’il reste encore bon nombre de choses à faire. En effet, dans un contexte comme celui dans lequel je me suis retrouvée, c'est-à-dire en pleine restructuration de l’association qui veut passer comme le stipule dorénavant ses statuts, au stade d’ONG, les choses à faire sont nombreuses, complexes et variées mais surtout, elles sont toutes aussi importantes les unes que les autres. S’attaquer à tous les fronts en même temps pour un stage de seulement trois mois et demi n’est pas évident, mon rôle à donc surtout était de faire une sorte d’expertise de la situation pour trouver des solutions. Certaines ont pu être mises en œuvres et d’autres restent encore à développer.

Maintenant que nous avons pu voir les activités principales de mon stage, nous allons pouvoir nous intéresser aux activités secondaires.

3. LES AUTRES ACTIVITES DU STAGE

Outre les activités réalisées dans le cadre de la restructuration de l’association et du programme de « L’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain », j’ai été amené à travailler sur deux autres projets. Un projet officiel et un projet plus ou moins officieux basé sur l’opportunisme.

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a. Le projet de plaidoyer

L’association Mosohcameroun à déjà de sérieux antécédents dans les domaines de la sensibilisation et de l’information du grand public. En effet, elle a déjà été amenée a coordonner de multiples conférences-débats telles que : « Femmes handicapées et mariage », « Personnes handicapées et droit à l’éducation au Cameroun », « La problématique de l’insertion

socioprofessionnelle des personnes handicapées au Cameroun » et le débat le plus marquant à eu lieu lors d’une conférence intitulée : « Personnes handicapées, droits civiques et intégration socio-économique dans le Moungo ». Ce débat à été suivi quelque mois plus tard par la restitution publique de l’étude sur « La dé-stigmatisation du handicap au Cameroun » réalisées par Mosohcameroun en mai 2010.

Un peu moins d’un mois après mon arrivée, le 6 juin exactement, le secrétaire permanent à reçu une correspondance conjointe du Centre des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique Centrale (CNUDHD) et du Programme de Nations Unies pour le Développement (PNUD) qui lui apprenait l’existence d’un appel à proposition de projet qu’il fallait déposer au plus tard le 17 juin. Le secrétaire permanent m’a demandé d’y jeter un œil afin de voir si nous pouvions participer.

L’idée de l’appel à proposition de projet était de renforcer, à travers l’éducation aux droits de l’homme, les capacités de promotion et de protection des droits de l’homme des communautés locales. Le thème principal était de lutter contre les discriminations sous toutes ses formes. L’appel à proposition était composé de six axes de travail et un seul pouvait correspondre aux activités de l’association, à savoir : « l’Organisation d'ateliers et de sessions de formation portant sur les droits de l’homme, notamment les enseignants, les femmes, les travailleurs sociaux, les fonctionnaires et les peuples autochtones ».

Comme la dernière conférence-débat avait eu lieu un an auparavant, Me Dakeyi avait déjà des idées de futurs plaidoyers et sachant que les Nations-Unies sont très impliquées au Cameroun en faveur des personnes handicapées puisqu’elles veulent que le Président ratifie enfin la convention internationale intitulée « Convention relative aux droits des personnes handicapées pour plus de dignité et de justice » qui est seulement signée aujourd’hui, nous voulions nous situer sur ce créneau.

Vu le temps extrêmement court qui était imparti pour le dépôt du dossier, ce projet m’a plutôt était lancé comme un défis avec l’idée que s’il n’était pas retenu, nous pourrions le réutiliser puisqu’il serait rédigé. Les chances d’être retenus à cet appel à propositions étaient relativement minces car au niveau national, seul quatre projets seraient retenus pour une valeur unitaire ne dépassant pas 7 000 dollars américains.

a.1. Démarche de la rédaction du projet

Ne connaissant pas encore suffisamment bien le contexte global, j’ai plutôt eu un rôle de propositions techniques alors que le secrétaire permanent avait un rôle de proposition active. Nous nous sommes donné quelques jours afin que chacun réfléchisse sur les objectifs et les activités à mener sur ce projet dont le titre était déjà choisi : Plaidoyer pour la prise en compte

des droits des personnes handicapées dans les politiques publiques de santé, d’éducation et

de développement économique local dans le département du Moungo au Cameroun.

Après cette période de réflexion, nous nous sommes accordés sur nos idées puis nous nous sommes directement attaqués à la rédaction à l’aide du formulaire. Vu le temps imparti, il n’était pas question ici de poser un arbre à problème et les mécanismes inhérents donc je me suis plutôt reposé sur l’expérience et l’expertise du secrétaire permanent.

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a.2. Résultats

Nous avons réalisé un travail d’équipe efficace en prenant en compte les restrictions de délais et de budgets imposées par le bailleur. En trois jours, le projet était rédigé et budgétisé et 2 jours plus tard, il était formalisé et envoyé à quelques connaissances pour lectures, avis et propositions.

La veille de la fermeture légale de dépôt des projets, nous avons pu l’envoyer conformément aux instructions.

Nous n’avons jamais reçu de réponse, toutefois nous nous en doutions et ce qui était réellement important c’est que ce projet était formalisé et qu’il pourra être réutilisé dans le cadre d’une nouvelle demande de financement à un nouveau bailleur. Cela permettra de reprendre le budget prévisionnel1 afin de s’affranchir des conditions budgétaire qui étaient jusqu’alors imposées et difficile à respecter.

Outre le fait que ce projet soit rédigé et que c’est une avancée certaine, il faut surtout noter que c’est lui qui m’a permit de sortir du rôle de simple observatrice pour occuper le rôle de véritable collaboratrice. Il m’a permit de m’adapter et de trouver ma place au sein de la structure.

Maintenant que nous avons rapidement évoqué ce projet de plaidoyer, je vais pouvoir

vous parler d’un projet d’artisanat et le rôle opportuniste que j’ai pu y tenir.

b. Un peu d’artisanat

Depuis quelque temps, Mosohcameroun réfléchi à l’élaboration d’un projet de renforcement des capacités de formation des personnes handicapées dans les domaines de l’artisanat.

Lorsque j’ai rencontré l’un des hypothétiques bénéficiaires, mes objectifs de stage étaient déjà bouclés et je savais que je n’aurai pas le temps d’y travailler. Pourtant, lorsque j’ai vu de quoi était capable cette personne, j’ai été époustouflée, tant au niveau de la qualité de l’ouvrage qu’il nous a présenté qu’au niveau de son immense humilité. En effet, je savais qu’il était menuisier-ébéniste et c’est par hasard que j’ai pu découvrir en même temps que le secrétaire permanent qu’il était aussi artiste. Il est venu au bureau pour nous saluer et avait avec lui une sorte de planche qu’il tenait bien contre lui. Pour plaisanter, nous lui avons demandé s’il venait nous ajouter une étagère au bureau puisque la semaine précédente, il était venu faire des travaux. Il a hésité à nous montrer et a finalement retourné la planche qui s’avérait être un magnifique tableau sculpté en relief. C’était d’autant plus surprenant que l’on connaissait son handicap, cette personne souffre d’une hémiplégie du côté droit en plus d’une atrophie du bras droit qui fait que ses réflexes, sa précision et sa force sont amoindries de ce côté.

Touchée par un tel talent, je trouvais regrettable de ne pas pouvoir travailler sur ce projet qui était devenu en quelque sorte un coup de cœur. Cela dit, il est pensable et souhaitable qu’un étudiant de la prochaine promotion de la licence se rende à Mosohcameroun afin de l’étudier.

Lors de notre discussion du jour de la découverte, nous avons mis en avant les différents problèmes qui freinaient la production et la ventes de ces œuvres. Par sa connaissance de l’atelier, Me Dakeyi m’a appris qu’il était caché et peu accessible et que l’artiste n’avait aucun lieu pour exposer et donc promouvoir la vente des tableaux. L’artiste lui-même a avoué qu’il ne travaillait que sur commande qui était souvent due au bouche à oreille.

Avant même de savoir que j’allais un peu le pousser, j’ai commencé par lui commander trois tableaux, dont deux que j’allais offrir ..

1 Cf : Annexe 8 : Budget du projet « Plaidoyer »

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Au fil du stage, j’ai été amenée à rencontrer plusieurs responsable et lors d’un entretien avec le chef d’agence de la société « FOKOU » de Nkongsamba, je lui ai dit que je savais que « FOKOU » faisait dans la construction et l’aménagement du bâtiment mais aussi dans la décoration. Même si le site de Nkongsamba est encore petit puisqu’il à ouvert six mois auparavant, j’en ai profité pour lui demandé s’il lui arrivait de prendre des artisans locaux comme fournisseur. Il m’a dit que justement, il était en travaux d’agrandissement du magasin pour pouvoir loger la partie ameublement et décoration et qu’une fleuriste était déjà venue lui demander si elle pourrait y exposer ses produits. Il m’a alors demandait ce que faisait l’artisan auquel je pensais et il a répondu qu’il était prêt à étudier la demande mais qu’il lui faudrait l’aval de la direction commercial de Douala.

De retours au bureau, j’en ai parlé à Me Dakeyi et nous avons appris la bonne nouvelle à notre artisan. Nous avons rédigé la demande comme l’avait prescrit le chef d’agence et quelques jours plus tard nous étions tout les trois à son bureau afin que je présente d’une part l’artisan et d’autre part Me Dakeyi. En voyant les œuvres, le chef d’agence à dit qu’il les voyait très bien dans le magasin, par exemple lors de la constitution d’un salon « témoin ». Lui-même artiste, mais dans un autre domaine, à été touché par la qualité de ces tableaux.

D’autre part, le secrétaire permanent s’était battu pour que notre artiste puisse participer à la foire départementale de l’artisanat au cours de laquelle il a été primé. Il a reçu la somme de 25 000 FCFA et la chance de participer à la foire internationale de Yaoundé qui aura lieu en janvier 2012.

Enfin, lors de l’une de mes rencontres avec le Préfet du département du Moungo, j’ai pu m’apercevoir, ne serait-ce que dans son bureau, qu’il s’intéressait à l’art et plus particulièrement aux tableaux sculptés. J’en ai alors profité pour lui parler de notre artiste et il a été convenu que je le lui présente lors de la cérémonie d’ouverture de la foire départementale au cours de laquelle il a demandé à notre artiste de venir à son bureau dès le lundi suivant.

Pour conclure, nous avons fait ce qui était dans nos possibilités afin de le sortir de sa situation initiale. Si la direction commerciale de la société « FOKOU » accepte, il aura un lieu d’exposition non négligeable au vu la taille et de la réputation de la société, mais en attendant, il a déjà exposé à la foire départementale au cours de laquelle il a distribué plusieurs cartes de visites et il va pouvoir exposer à la foire internationale de Yaoundé ce qui peut lui faire une bonne publicité.

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Conclusion Générale

Le contexte du stage était un peu spécial étant donné qu’il se situait dans la phase de restructuration de l’association en ONG. Cette restructuration est la première réponse donnée par la structure face aux nombreux problèmes internes dont elle souffre mais réorganiser une association ne se fait pas du jour au lendemain et demande de s’attaquer à tous les problèmes quasiment en même temps. Il était donc difficile de réussir à prioriser les activités à mener dans ce cadre et mon rôle à tout d’abord était d’observer l’association, de comprendre son fonctionnement actuel et de mettre en évidence ce qui n’allait pas afin de proposer des solutions concrètes à mettre en place, en somme, de faire une expertise globale de la situation. Les choses à faire se sont révélé êtres nombreuses, complexes et variées mais surtout toutes aussi importantes à faire les unes que les autres, sans compter les activités « normales » qu’il ne fallait pas négliger.

La mise en place officielle du programme « L’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain » qui comme on l’a vu se situe au carrefour entre les activités « normales » et l’amélioration des finances de l’association est quasi-terminée. Une fois en place, ce programme permettra, en plus d’améliorer les conditions des personnes handicapées, de fournir à l’association des ressources propres non négligeables qui lui permettront, à terme de ne plus compter seulement sur les bailleurs de fonds. Toutefois, il faut noter que le projet de « Renforcement des capacités » n’est qu’un premier pas vers cet objectif et que pour l’atteindre, il faudra encore multiplier les petits-projets de ce type et donc les demandes de financements.

Du point de vu de la gestion administrative, comptable et financière de l’association, nous avons pu faire des avancées notables même s’il reste encore bon nombre de choses à faire. La mise en place du fichier de suivi des membres et de leur cotisation est une nette progression en matière de gestion, ses avantages ont été prouvés et il reste encore des applications non exploitées pour le moment. En matière de gestion comptable quotidienne, seules des idées ont pu être formulées mais il est maintenant de première urgence de trouver des solutions. Pourquoi ne pas se rapprocher rapidement de l’Institut Supérieur de Management du Manengouba (ISMAM) qui pourrait envoyer un stagiaire pour s’occuper de la création de l’outil et de sa mise en place puisque maintenant les termes de références sont établis ? Pour les finances, nous avons vu qu’un dossier de demande de financement du fonctionnement à été déposé et que trois autres sont en cours de l’être, maintenant, il convient de les suivre et de les multiplier au niveau de nouvelles entreprises.

D’un côté plus personnel, j’ai réellement apprécié ce stage, tant au plan de l’expérience professionnelle que j’ai pu en retirer qu’au plan humain.

Sur le plan professionnel et strictement technique, j’ai pu mettre en application un certain nombre de notions vues lors de la formation. J’ai réellement compris la nécessitait de créer un arbre à problème qui facilite grandement la réflexion sur les projets en synthétisant la situation initiale. Les cours de comptabilité et notamment ceux sur les budgets prévisionnels m’ont été d’un grand secours, notamment pour mettre en exergue les contributions locales. Le fait que je sache plutôt bien me servir d’Excel m’a été bénéfiques car je ne peux pas compter le nombre de tableaux dynamiques et de formules que j’ai dû élaborer afin de me faciliter la tâche, notamment lors du calcul du budget prévisionnel relatif au projet de « Renforcement des capacités ». J’ai aussi appris à me servir du logiciel PDF24 qui est un outil magique lorsque l’on a un cœur de dossier inamovible et une partie changeante.

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Plus largement, j’ai apprécié le travail en équipe car j’ai pu voir à quel point les idées de chacun sont complémentaires et permettent d’élargir la réfléxion, le fait d’avoir organisé des réunions régulières de suivi du travail de chacun s’est révélé bénéfique à la coordination du groupe. Cela m’a aussi appris à déléguer des tâches lorsque je voyais que quelqu’un d’autre était plus compétent sur le sujet. J’ai vraiment senti que j’étais plus vue comme une collaboratrice à part entière plutôt que comme une simple stagiaire et ça, c’est ce qu’il me fallait pour être motivée.

L’aspect social et relationnel a été très important au cours de ce stage puisque j’ai été amenée à rencontrer beaucoup de personnes, à responsabilité ou non. Cela m’a encore une fois montré que j’étais très adaptable à différentes situations et même plus que je ne le pensais. En effet, je ne savais pas si j’allais être capable de discuter avec les membres sourds-muets de l’association alors que je ne connais pas les langages des signes conventionnels et je trouve que je m’en suis très bien sortie. D’ailleurs, les sourds-muets eux-mêmes ne connaissent pas les langages conventionnels et m’ont dit qu’ils étaient contents de voir les efforts que je déployais pour bien me faire comprendre.

Le travail en équipe est certes très intéressant mais il demande un certain sens du tact et de la diplomatie puisqu’il faut aussi bien s’accommoder des qualités de chacun mais aussi de leurs défauts. Au niveau des relations extérieures et notamment chez des personnes à responsabilité, le fait d’être une femme n’a pas toujours été évident à supporter. Cela m’a très certainement ouvert des portes plus facilement mais il a été parfois difficile de savoir si ces portes s’ouvraient par sensibilité envers le sujet traité où par d’autres envies. Encore une fois, il fallait avoir un certain sens du tact pour ne pas mettre en péril les efforts de l’association.

Pour conclure, j’ai apprécié ce stage réalisé au sein de Mosohcameroun, il m’a permit de toucher à beaucoup de domaines, de la coordination de projet bien sûr mais aussi de la comptabilité, de la gestion financière etc. j’ai vraiment sentie qu’on m’attribué un rôle de collaboratrice avec des responsabilités, des périodes d’autonomie et des périodes de travail de groupe. Cela m’a permit de me sentir utile et d’avoir un peu plus confiance en moi qu’avant le stage car il m’a montré que j’avais des compétences et que je pouvais les mettre en pratique.

Maintenant, on peut se demander si les conseils que j’ai pu donner seront suivis ou non. Il est vrai qu’on ne peut pas être assuré à 100 % mais j’ai sentie une réelle motivation de la part du secrétaire permanent à faire évoluer les choses. Il faut savoir que les questions financières sont plutôt taboues et malgré la situation actuelle de la gestion, il a était direct, franc et transparent. Il est très ouvert et veut faire beaucoup. C’est dorénavant sur lui que va reposer l’aspect sensibilisation des membres fraîchement élus du Conseil d’administration pour qu’ils comprennent bien où en est l’association et ce qu’il est convenable de faire pour y remédier.

Il serait vraiment intéressant qu’un étudiant de la licence y retourne dans quelques mois afin de suivre l’évolution de la restructuration de cette association en future ONG et de mettre en place de nouveaux projet dans le cadre du programme de « l’Aidé d’aujourd’hui est l’Aidant de demain ». Toutefois, il faudra prévoir un stage de plus longue durée.

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1

TABLE DES ANNEXES

ANNEXE 1 : Chronogrammes des activités du stage : prévu et réalise -2-

ANNEXE 2 : Arbre a problèmes : les personnes handicapées n’ont pas d’emploi ou occupent des emplois précaires -7-

ANNEXE 3 : Où agir dans l’arbre à problème ? -8-

ANNEXE 4 : Arbre à objectifs du projet de « Renforcement des capacités » -9-

ANNEXE 5 : Budget prévisionnel global du projet de « Renforcement des capacités » - 10-

ANNEXE 6 : Budget prévisionnel annuel du fonctionnement 2012 de Mosohcameroun -11-

ANNEXE 7 : Lettre de demande de financement envoyée à la direction commercial de la société « FOKOU » issue du dossier de demande de financement du fonctionnement. -12-

ANNEXE 8 : Lettre de justification du recours envoyée à la direction commercial la société « FOKOU » issue du dossier de demande de financement du fonctionnement. -13-

ANNEXE 9 : Budget prévisionnel du projet « Plaidoyer » -16-

2

ANNEXE 1 : Chronogrammes des activités du stage : prévisionnel et réalisé.

3

4

5

6

7

ANNEXE 2 : Arbre a problèmes : les personnes handicapées n’ont pas d’emploi ou occupent des emplois précaires

8

ANNEXE 3 : Où agir dans l’arbre à problème ?

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ANNEXE 4 : Arbre à objectifs du projet de « Renforcement des capacités »

10

ANNEXE 5 : Budget prévisionnel global du projet de « Renforcement des capacités »

11

12

ANNEXE 7 : Lettre de demande de financement envoyée à la direction commercial de la société « FOKOU » issue du dossier de demande de financement du fonctionnement.

13

ANNEXE 8 : Lettre de justification du recours envoyée à la direction commercial la société « FOKOU » issue du dossier de demande de financement du fonctionnement.

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16

ANNEXE 9 : Budget prévisionnel du projet « Plaidoyer »

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