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Kevin KHAYAT-LOUIS
TC01
UTC
Rapport de Stage Technique
effectué
à l'Imprimerie de Compiègne
17 Janvier – 12 Février 2011
Remerciements
Pour commencer, je souhaite remercier l'Imprimerie de Compiègne de m'avoir ouvert
ses portes pendant toute la durée de mon stage.
Merci aussi à Lauriane Dupuis, sans qui je n'aurais pu effectuer ce stage.
Merci à Monsieur François MORAULT, mon responsable de stage et Directeur de
l'Imprimerie, pour sa présence et sa disponibilité.
Je remercie également Denis et Frédéric, chefs des équipes de jour et de nuit, pour
avoir été particulièrement à mon écoute sans jamais laisser mes questions sans réponses - et
pour ne pas m'avoir laissé le temps de m'ennuyer !
Enfin, merci aux ouvriers de l'équipe que j'ai intégrée, pour m'avoir considéré comme
l'un des leurs pendant cette courte période : David et ses compères (que je klaxonne !), et Eric
aux rotatives ; Catherine (pour ses galettes des rois !), Régis, Julien au façonnage ; et Raquel,
Arzi, Caroline, Sabrina, Annabelle, Éric notre cariste, et tou(te)s les autres...
… Et merci à vous qui me lisez, je vous souhaite une bonne découverte de
l'Imprimerie de Compiègne !
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Table des matières
Introduction 4
I – Présentation de l'entreprise ………………………………………… 5
A) Présentation ………………………………………………………… 5
B) Engagement ………………………………………………………… 6
1. Le recyclage
2. Les labels verts
3. Autres économies d’énergie
II – Organisation du travail au sein de l'Imprimerie ………………… 9
A) Horaires ……………………………………………………………….. 9
B) Sécurité ………………………………………………………………… 10
1. Les chaussures de sécurité
2. Les bouchons antibruit
3. Les boutons d'arrêt d'urgence
C) Vie sociale ……………………………………………………………… 11
1. Le CE
2. Les syndicats
III – Le travail à l'Imprimerie ………………………………………………… 12
A) Présentation des services et tâches effectuées ………………….. 12
1. Service « pré-presse »
2. Service « rotatives »
3. Le service « façonnage »
B) Réflexion personnelle ………………………………………………… 16
Conclusion …………………………………………………………………………… 17
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Introduction
A l'issue du premier semestre de Tronc Commun à l'UTC, il est demandé aux étudiants
d'effectuer un Stage Technique de type Ouvrier, d'une durée de quatre semaines. Ce stage a
pour objectifs de donner à l'étudiant une première expérience du monde du travail, ainsi que
de développer son aptitude à communiquer et à travailler en équipe. Il s'agit également de
prendre conscience du métier et du rôle de l'ouvrier au sein d'une entreprise, ainsi que de
réfléchir sur les apports de l'ingénieur à une telle structure.
J'ai réalisé mon stage du 17 Janvier au 12 Février 2011 à l'Imprimerie de Compiègne
(service façonnage majoritairement), la plus importante des Imprimeries du Groupe
MORAULT. Cette unité traite environ quarante titres par mois, dont les tirages moyens sont
de 20 000 exemplaires, distribués dans la France entière.
Dans ce compte-rendu, j'effectuerai tout d'abord la présentation de l'Imprimerie, pour
ensuite décrire l'organisation du travail au sein de l'entreprise, et je terminerai sur la place que
j'ai occupée parmi les ouvriers.
NB: une notation de type ( 1 )
vous invite à vous référer, au fil de la lecture, à l'annexe
correspondante en fin de rapport (ici, 1), pour de plus amples informations et / ou une
illustration.
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I – Présentation de l'entreprise
A) Présentation
L'Imprimerie de Compiègne est créée en 1965. Elle est reprise par le Groupe
MORAULT en 1982. Établie depuis huit ans au 2, Avenue Berthelot, à la ZAC de Mercières à
Compiègne, c'est une entreprise de 155 salariés, qui réalise tout imprimé de la conception à la
livraison, en passant par le façonnage.
Le Groupe MORAULT regroupe onze unités de production, pour un chiffre d'affaire
de soixante millions d'euros ( 1 )
:
– Imprimerie de Compiègne à Compiègne (Oise) ;
– Imprimerie Yvert à Amiens (Somme) ;
– Imprimerie Houdeville à Beauvais (Oise) ;
– Imprimerie Lecerf à Isneauville (Seine Maritime) ;
– Imprimerie SNAG à Gonfreville l'Orchet (Seine Maritime) ;
– Imprimerie Dieppoise à Martin Eglise (Seine Maritime) ;
– Imprimerie Caennaise à Caen (Calvados) ;
– Imprimerie GIP à Paris ;
– Imprimerie GIC à Châlons-en-Champagne (Marne) ;
– Imprimerie GIC à Betheny (Marne) ;
– Imprimerie Telliez à Compiègne (Oise) .
La technique d'impression utilisée est appelée Offset : c'est un procédé d'impression
utilisant des plaques métalliques réalisées photographiquement à partir de négatifs. Ces
plaques sont encrées (enduites d'un mélange eau-encre approprié et à régler à chaque tirage :
c'est le mouillage) et les images sont transférées sur un cylindre de caoutchouc (le blanchet),
qui les dépose ensuite sur la feuille de papier. Le procédé Offset est le procédé le plus utilisé
actuellement en imprimerie. Son succès est dû à sa rentabilité et à sa capacité à s'adapter à une
large gamme de commandes. De plus, il fournit des produits de qualité, à un coût assez faible.
Les machines datent de 1986 (pour les plus anciennes encarteuses, au façonnage) à
2010 (pour la dernière rotative japonaise). L'Imprimerie a conservé quelques machines bien
plus anciennes, mais très bien entretenues et toujours en état de marche ( 2 )
!
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B) Engagement
L'Imprimerie de Compiègne mène une politique en faveur du développement durable
et de la protection de l'environnement.
1. Le recyclage
Dans l'usine, on remarque de nombreuses bennes de tri des déchets ( 3 )
: bleues pour le
papier, vertes pour le carton, jaunes pour les DIB ( Déchets Industriels Banalisés : bois,
métal… ). Leur contenu sera collecté par une société de recyclage, en partenariat avec
l'Imprimerie. A noter qu'un grand sac transparent stocke aussi le plastique (films plastiques
défectueux par exemple). A la sortie de l'imprimerie, un broyeur compacte les déchets pour
amoindrir l'encombrement des bennes, et donc limiter les allers-retours des camions
d'enlèvement. Par ailleurs, le stockage des résidus de produits toxiques se fait de manière
sécurisée ( 4 )
et a beaucoup diminué. Le prestataire qui les récupère s'engage de plus à les
détruire dans le respect de l'environnement.
2. Les labels verts
Son respect pour l'environnement a permis au Groupe d'obtenir des normes
distinctives :
La Certification PEFC ( 5 )
La marque PEFC ( Programme de Reconnaissance et de Certifications
Forestières ) garantit la protection des ressources forestières. Ainsi, le logo
ci-contre atteste que les matières premières proviennent de forêts dont les
propriétaires se sont engagés à respecter les règles de gestion durable. Pour
mériter ce logo, l'Imprimerie doit prouver l'origine de ses approvisionnements. La preuve en
question : le numéro d'identification encadré en rouge qui accompagne le logo sur chaque
document commercial (facture, bon de livraison…).
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La Certification FSC ( 6 )
FSC (Forest Stewardship Council) est une organisation non gouvernementale,
à but non lucratif et indépendante, fondée en 1993 suite à la conférence de Rio
de 1992. Son but est de promouvoir à travers le monde un mode de gestion
responsable et durable des forêts. Le label FSC assure un lien crédible entre
une production et une consommation responsable des produits issus de la forêt,
et permet de faire un choix éclairé vers des produits issus d'une gestion écologique. FSC a
créé un cahier des charges de principes et de critères de gestion forestière à respecter, qui
constitue aujourd'hui une référence mondialement connue.
Le Label Imrpim'Vert ( 7 )
L'imprimerie est, depuis 2008, titulaire du label Imprim'Vert, la seule
marque environnementale qui certifie que « Votre imprimeur agit pour
l'environnement », et ce, en respectant un cahier des charges incluant :
– l'élimination propre des déchets toxiques et des emballages souillés ;
– la sécurisation du stockage des liquides et déchets dangereux, en cours d'utilisation ou
non. Par sécurisation, on entend, en cas de fuite, aucun risque pour les ouvriers comme pour
l'environnement (pas de pollution accidentelle) ;
– la non utilisation de produits étiquetés « toxiques » (symbole ) ;
– la mise en place d'une action de sensibilisation la plus pertinente pour toucher sa
clientèle (affichage, site web...), notamment en mettant l'accent sur le choix de papier recyclé,
PEFC ou FSC (il arrive en effet que le client fournisse lui-même le papier à l'Imprimerie, en
fonction de ce qu'il désire précisément. Les coûts de sa commande sont dans ce cas réduits) et
sur l'économie du papier (préférer un tirage en retiration, c'est-à-dire recto-verso ; porter
attention au grammage du papier, c'est-à-dire son poids par mètre carré).
Cette marque est renouvelée chaque année, sous condition de présentation d'un justificatif
(bordereau d'enlèvement), en plus d'une visite effectuée à l'Imprimerie tous les trois ans.
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3. Autres économies d'énergies ( 8 )
En temps normal, les machines d'impression tournant jour et nuit, il convient de
vidanger leurs bacs de mouillage une fois par semaine, à raison de 150 litres d'eau par
machine. Pour annuler cette dépense d'eau considérable, un système de filtrage est incorporé
aux machines, par lequel l'eau usée est traitée puis réutilisée par la machine, circulant ainsi en
circuit fermé.
Par ailleurs, les rotatives produisent énormément de chaleur, qui représente autant
d'énergie perdue par effet Joule. Un système de recyclage de cette énergie a été développé
pour de tels cas, ce qui permet à la machine de s'accaparer une partie de l'énergie qu'elle
perdait a priori, mais aussi d'abaisser la température ambiante à proximité de la machine.
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II – Organisation du travail au sein de
l'Imprimerie
A) Horaires
En temps normal, l'Imprimerie de Compiègne tourne du lundi matin au vendredi soir,
24 heures sur 24. Ceci permet assurément de meilleures productivité et rentabilité qu'un
fonctionnement exclusivement diurne. Sans compter que le client est satisfait plus rapidement.
Les ouvriers travaillent donc sur le modèle des « trois huit » : trois équipes se
répartissent les 24 heures de la journée et changent d'horaires chaque semaine, permettant
ainsi aux machines de tourner sans discontinuer. Le tableau suivant ne concerne que le service
« façonnage » où j'ai été affecté, les horaires différant légèrement en fonction du service.
Matin Après-midi Nuit
Lundi 8h – 13h30
13h30 – 21h
21h – 6h
Mardi
6h – 13h30
Mercredi
Jeudi
Vendredi 6h – 13h 13h – 18h XXX
Horaires de travail à l'Imprimerie au service « façonnage »
Le matin et l'après-midi, le temps de travail est de 7h30 sans pause (il y a possibilité de
se faire remplacer par un autre ouvrier pendant une courte période de temps), et la nuit, les
ouvriers travaillent 9h durant, avec une pause d'une demi-heure à 3h du matin. Ils m'ont appris
qu'ils perçoivent une « prime de nuit » pour leurs heures nocturnes, ce qui monte leur salaire à
environ 1100 € pour un ouvrier à la chaîne, et environ 1300 € pour un ouvrier conducteur de
machine (plus qualifié).
A noter qu'en cas de période de travail intense, l'Imprimerie peut demander aux
ouvriers de venir travailler ponctuellement les dimanches ou jours fériés. Libre à eux
d'accepter ou de refuser, le temps de travail alors effectué étant comptabilisé en tant qu'heures
supplémentaires. C'est d'ailleurs la seule manière pour eux de « faire des heures
supplémentaires » : ils ne peuvent décider de leur propre chef de travailler une ou deux heures
de plus pendant un jour « normal ».
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B) Sécurité
Comme le rappellent plusieurs affiches, à l'entrée de l'usine et près des machines, les
ouvriers doivent se soumettre à plusieurs consignes de sécurité pour éviter tout accident au
sein de l'Imprimerie. Leur non-respect est passible de sanctions.
1. Les chaussures de sécurité
A mon arrivée à l'Imprimerie, le chef de l'équipe de nuit me remet des chaussures de
sécurité neuves ( 9 )
. Tout ouvrier se doit de porter ces chaussures dès sa prise de poste,
caractérisées par une semelle plus épaisse que la normale (au cas où des clous traîneraient sur
le sol, par exemple), et une partie en fer recouvrant la pointe du pied (pour prévenir les
accidents avec les charriots).
Afin d'éviter les pertes et vols, les chaussures sont laissées dans les vestiaires, dans des
casiers cadenassés mis à la disposition des ouvriers.
2. Les bouchons antibruit
L'Imprimerie propose à ses ouvriers plusieurs distributeurs de bouchons antibruit
jetables. Pour cause de l'importante nuisance sonore omniprésente due aux encarteuses et aux
rotatives essentiellement, leur port est obligatoire, selon une fiche apposée dans le hall
d'entrée.
Les baladeurs mp3 sont interdits (de jour), car un ouvrier absorbé par sa musique sera
moins attentif (à sa tache et à son entourage), ce qui peut être dangereux en cas d'urgence.
3. Les boutons d'arrêt d'urgence
Ce sont de gros boutons rouges disposés régulièrement sur les machines. On peut en
trouver un, voire plusieurs, par poste. En cas de bourrage (fréquent, c'est pourquoi il faut avoir
l'œil alerte et la main leste, ce qui est difficile au début !) ou d'accident, il suffit de les
enfoncer pour arrêter immédiatement la machine et allumer une lumière rouge au-dessus du
poste concerné. Le même effet est produit lorsqu'une partie protectrice de la machine est
ouverte.
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Une fois une machine arrêtée, et le problème réglé par un ouvrier ou un technicien (et
non un stagiaire !), un ouvrier qualifié appuie deux fois sur le bouton de démarrage, le
premier coup déclenchant un son d'alerte, avertissant du redémarrage prochain de la chaîne.
C) Vie sociale
1. Le CE
L'entreprise comporte un CE, ou Comité d'Entreprise, dont la vocation est d'améliorer
la vie sociale des ouvriers. Ses membres sont élus par les employés. Il propose aux salariés
des sorties, culturelles et ludiques, à prix très avantageux : spectacles de théâtres, entrées pour
parcs d'attractions, places de cinéma, jetons lavables... Il garantit en outre une réduction de
50% (ne pouvant excéder 25 € par place) sur l'achat de toute entrée à n'importe quel spectacle
ou parc d'attraction, autre que ceux répertoriés. De plus, le CE accorde aux employés un
cadeau d'une valeur de 15 € et un bon d'achat de 60 € à l'occasion de la fête des familles (vers
début Juin), ainsi qu'un panier garni d'une valeur de 20 € et un bon d'achat de 60 € à Noël.
Avec autant de « bons plans », je me suis demandé comment cela pouvait ne pas être
préjudiciable à l'entreprise, étant donné le nombre important de salariés. Voici les réponses du
responsable du CE.
Tout d'abord, il est du devoir de l'entreprise d'accorder au Comité un budget annuel
équivalent à 1 % de la masse salariale. Ensuite, le règlement du CE stipule quelques
restrictions : ne peuvent profiter des offres que les salariés et leur « famille proche » (enfants
et conjoint), et un salarié ne peut bénéficier qu'une fois dans l'année de l'offre d'entrée réduite
à un spectacle ou dans un parc d'attractions, ainsi que de 24 places de cinéma et 24 places de
bowling au maximum, par an. Pour finir, le CE ne fait plus crédit : le règlement se fait à la
commande, par espèces, ou par chèque (encaissé après un délai d'un mois).
2. Les syndicats
A l'exception de quelques ouvriers syndiqués, l'Imprimerie ne comporte pas de
syndicats. En effet, le Directeur lui-même explique que l'Imprimerie est fondée sur une
logique familiale, et met en avant les bons rapports qu'il entretient avec ses ouvriers – et que
j'ai moi-même pu constater : il vient en effet tous les jours saluer les ouvriers, et il lui arrive
de travailler quelques instants à un poste pour contrôler la qualité des produits finis.
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III – Le travail à l'Imprimerie
A) Présentation des services et tâches effectuées
De nuit (les première et quatrième semaines) ou de jour (les seconde et troisième
semaines), l'Imprimerie fonctionne de la même manière ; cependant le travail à effectuer peut
différer selon les commandes des clients. Cependant, j'ai eu la chance de pouvoir effectuer
lors de mon stage des tâches très variées. J'ai essentiellement travaillé au service
« façonnage », mais je présenterai aussi les autres services, notamment le service « rotative »,
où j'ai travaillé quelques jours durant.
1. Service « pré-presse »
A cet endroit, isolé du bruit des machines, les commandes sont reçues sous forme de
fichiers électroniques, puis traités par des opérateurs. Puis, c'est aussi là que sont gravées les
plaques. Ce sont des panneaux flexibles en métal, sur lesquels sont gravées numériquement le
texte et les images qui figureront sur le produit fini. C'est le processus CTP, pour « Computer
to Plate ». A l'issue d'un plaquage ( 10 )
(mise en place des plaques sur les cylindres porte-
plaques de la machine d'impression), elles entreront en jeu au niveau du service « rotatives ».
Je n'ai pas pu travailler dans ce service, les tâches étant surtout électroniques et
nécessitant des compétences avancées, et n'ai pu le visiter que très rapidement.
2. Service « rotatives »
C'est là que se passe l'impression à proprement parler. Les rotatives et les machines
feuilles sont des machines d'impression qui utilisent la technique Offset décrite en I – A (page
5). Le plaquage décrit plus haut doit être effectué quatre fois pour un tirage en ligne (recto
seul), et huit fois pour un tirage en retiration (recto-verso). En effet, il existe quatre blocs par
face, chacun ayant la charge de déposer sur le papier l'une des quatre couleurs primaires: le
noir d'abord, puis le bleu, le rouge, et enfin le jaune. Une infinité de nuances peut ainsi être
créée par superposition des précédentes.
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Les couleurs sont d'abord déposées sur la plaque, qui imprime en négatif le blanchet,
qui à son tour imprime le papier ( 11 )
.
Je me suis demandé comment l'encre pouvait ne pas baver, étant donné la vitesse
d'impression (en moyenne 30 000 exemplaires à l'heure pour la rotative, voire davantage). En
effet, il est impossible, pour des raisons d'espace, d'intégrer à la machine un four assez grand
pour être efficace. C'est pourquoi il faut ruser : les cylindres de transfert, chargés d'acheminer
la feuille, sont faits d'une matière micro-grainée, imperméable à l'encre. Et lorsqu'il n'y a pas
de cylindres, la feuille progresse grâce à un système de souffleries, afin que le papier ne
touche pas les parois. De plus, afin d'éviter que les grandes feuilles (cf plus avant) ne se
collent en sortant de la machine feuilles, une poudre faite à partir de fécule de pomme de
terre, comparable à de la farine, est répandue régulièrement sur le passage du papier.
Évidemment, on comprend bien l'importance cruciale d'avoir un papier de bonne
qualité, et donc de choisir au mieux son fournisseur. Lors de ma deuxième nuit, nous avons eu
un retard de plus d'une heure car le papier n'était pas d'assez bonne qualité pour supporter la
vitesse de tirage de la rotative.
A noter que les différences entre une rotative et une machine feuilles résident dans le
format du papier, à l'alimentation et à la sortie : la rotative ne peut être alimentée qu'en
bobines de papier alors que la machine feuilles peut utiliser soit des bobines soit des palettes
de feuilles (grâce à un bloc d'alimentation amovible : le custar, une particularité moderne) ; et
en bout de chaîne, la rotative sort des magazines entièrement pliés (mais non coupés, entre 4
et 32 pages) alors que la machine feuilles sort « à plat », c'est-à-dire de grandes feuilles qui
doivent ensuite être coupées et pliées au service façonnage.
Je n'ai occupé qu'un seul poste au service rotatives : celui de receveur ( 12 )
. Mon
travail est alors de déposer sur une palette en bois, selon un plan précis pour en
optimiser l'espace, des paquets de journaux ou magazines fraîchement imprimés et
pliés. La difficulté est que les paquets sont souvent lourds et volumineux, il faut donc
de l'entraînement pour arriver à bien les tasser avant de les poser précautionneusement
sur la palette afin d'éviter toute chute. Se baisser avec de tels poids dans les bras fait
mal au dos. Là encore, il faut être habitué.
A noter : Au service rotative, que ce soit à la machine feuilles ou aux rotatives, tout est
contrôlable à partir de panneaux entièrement numérisés ( 13 )
.
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3. Le service « façonnage »
Les encarteuses
Ce sont des machines qui ont pour rôle de coller, pour l'une, ou de brocher (agrafer)
pour les autres, la tranche des magazines pliés qui sortent des rotatives.
Elles incorporent un tapis roulant, sur lequel viendra se poser un ou plusieurs jeux de
pages intérieures puis la couverture, à cheval pour les encarteuses-piqueuses, ou à plat pour
l'encarteuse dos carré collé.
Une fois le magazine ainsi constitué, une agrafeuse vient piquer de deux agrafes (le
plus souvent, mais c'est réglable) la tranche du magazine. Si le magazine n'est pas complet
(par exemple, s'il y a eu un bourrage et qu'un jeu de pages intérieures ne s'est pas déposé), un
palpeur le détecte (par un système de pesée), et le magazine sort de la chaîne.
Un couteau coupe alors les bordures du magazine comportant toujours les pliures des
pages intérieures, puis le stacker compose des tas dont le nombre d'exemplaires est réglable.
Il ne reste plus qu'à, éventuellement, passer les tas ainsi constitués sous film grâce à une
filmeuse ( 14 , 15 )
(incorporée dans la chaîne de l'encarteuse dos carré-collé) et, si besoin est,
les ranger dans des cartons disposés sur une palette.
Le travail sur les encarteuses occupe une place importante au service façonnage. La
tâche qui m'a le plus occupé (plusieurs heures d'affilée, parfois toute une journée /
nuit) est l'alimentation d'un ou plusieurs margeurs ( 16 )
(jusqu'à 3 simultanément, dans
mon cas) en jeux de pages intérieures, ou encarts. Pour mener à bien cette tâche, il
faut être rapide pour éviter que les margeurs ne s'épuisent, attentif à poser les feuilles
dans le bon sens (un modèle est en général accroché au-dessus du poste), ne pas mettre
trop d'encarts à la fois pour éviter les bourrages et, dans le même but, « aérer » les
feuilles pour en diminuer le poids une fois empilées. Le dos est mis à rude épreuve,
surtout quand la palette où sont disposés les encarts se vide : il faut constamment et
rapidement se baisser pour récupérer les (lourds) empilements de papier.
Quand les magazines sortent de la chaîne parce qu'ils ne sont pas complets, il faut en
séparer et trier les différents jeux de pages intérieures : c'est le décartage, un travail
manuel qui nécessite une certaine habileté et de la rapidité. Les tas formés sont ensuite
à charger à nouveau dans les margeurs. Les pertes sont ainsi limitées.
14 / 17
Mise en forme des cartons : ce sont les ouvriers (ou stagiaires... !) qui se chargent
eux-mêmes de la mise en forme des cartons qui recevront les produits finis. Le travail,
peu fatiguant, consiste à plier le patron du carton et à en scotcher le bas à l'aide d'une
scotcheuse. Après quelques minutes de pratique, quelques secondes suffisent à créer
un carton prêt à l'emploi.
Le massicot ( 17 )
Cette machine sert à couper à la bonne dimension (dépend de la commande) les
grandes feuilles qui sortent de la machine feuilles. Le travail demande de l'expérience et de la
précision, tant au niveau du réglage du massicot que pour le travail manuel à effectuer
(manipuler des paquets de grandes feuilles, de format A2 ou A1 par exemple, n'est pas chose
aisée). Je n'ai donc pas travaillé sur cette machine.
Les plieuses
Une fois coupées, les grandes feuilles sont apportées jusqu'aux plieuses. Leur rôle est
de plier les feuilles au format souhaité, en effectuant entre 1 et 4 plis (les fascicules seront
donc constitués de 2 à 16 pages). L'étape suivante peut être l'encarteuse (si le fascicule plié est
un encart dans un autre magazine).
- Le coin des plieuses comporte aussi un atelier de pliage manuel. La première nuit,
j'ai donc mis en forme de nombreux dépliants en papier glacé (voir plus loin). Le travail
consiste simplement à plier le papier selon des pliures (3, pour cette fois) préalablement
effectuées par des machines de rainage. Étant donnée la texture du papier, il faut que le pliage
soit franc pour tenir en place.
La vernisseuse UV ( 18 )
et la pelliculeuse
( 19 )
Là encore, ces machines nécessitent des compétences techniques qu'un stagiaire ne
possède pas. Je n'ai pas beaucoup été en contact avec.
Le rôle de la vernisseuse UV est de déposer sur le papier sortant de la machine feuilles
un vernis UV, le rendant beaucoup plus résistant qu'un papier normal, et lui conférant un
aspect brillant (papier glacé).
Quant à la pelliculeuse, elle recouvre la feuille d'un film plastique (collé), ce qui la
rend encore plus résistante et quasiment indéchirable.
15 / 17
B) Réflexion personnelle
Ce stage a été pour moi l'occasion d'acquérir une première expérience professionnelle,
et m'a beaucoup apporté, même s'il m'a été difficile de m'adapter au rythme très particulier et
fatiguant des « trois huit ». Travailler en équipe (dans laquelle j'ai très bien été intégré) dans
un but commun est vraiment une expérience enrichissante.
Sur le plan humain, j'avoue avoir été (agréablement !) surpris par ma découverte « de
plein pieds » du monde ouvrier. Je m'attendais davantage à trouver des ouvriers (surtout des
hommes) usés et blasés par leur métier harassant. J'ai trouvé au contraire une véritable
« micro société » d'ouvriers, ici majoritairement des femmes, de tous âges, de toutes
nationalités (française, mais aussi péruvienne, turque, espagnole, sénégalaise, etc).
De plus, chacun connait vraiment son métier (les conducteurs de machines reçoivent
une formation spéciale, notamment), et tous ont répondu à mes questions avec plaisir. Quand
nous nous sommes un peu mieux connus, certains sont même venus vers moi pour me donner
des détails auxquels je n’avais pas pensé. L'ambiance est vraiment agréable, et bien que le
labeur soit dur, le travail d'équipe est très présent (concertation sur la qualité des produits
finis, réparation de machines… ) et l'on se soutient mutuellement : gâteaux confectionnés par
Frédéric (le chef d'équipe de nuit), sucettes apportées par une ouvrière, galettes des rois et
cidre par Catherine (conductrice d'encarteuse) pour fêter l'Épiphanie … et pâtes de fruit par
moi-même, peu avant mon départ.
Il n'empêche que je ne suis resté à l'Imprimerie qu'un mois, je ne peux donc me targuer
de connaître le métier d'ouvrier. Ceci dit, cet aperçu a suffi à confirmer que le travail ouvrier
est particulièrement éprouvant, physiquement (le biorythme est complètement déréglé par les
alternances d'horaires) mais aussi psychologiquement (faire la même tâche pendant au mieux
plusieurs heures, au pire plusieurs jours, ou encore ne pas voir le Soleil pendant plusieurs
jours sous prétexte que l'on travaille la nuit et que l'on dort la journée, est assez déroutant par
exemple...).
Par ailleurs, je déplore de n'avoir pas croisé d'ingénieur dans l'usine-même. Certes,
leur rôle apparaît clairement, ne serait-ce que dans la conception de telles machines, des
systèmes électroniques, de l'optimisation de la production, etc, mais je pense qu'une forte
interaction entre l'ingénieur et l'ouvrier est indispensable au déroulement optimal du métier de
16 / 17
l'un et de l'autre (et pourrait notamment contribuer à l'amélioration des conditions de travail
ouvrières…). En effet, si l'ingénieur conçoit, l'ouvrier fait corps avec la machine au quotidien,
constate au jour-le-jour ses points positifs et les choses à améliorer. C'est pourquoi je pense,
personnellement, que les « cols blancs » devraient quitter plus souvent les bureaux insonorisés
et se rendre sur le terrain, près des « cols bleus », afin qu'une coopération poussée soit
profitable à tous.
Conclusion
Le stage ouvrier proposé par l'UTC, que j'ai effectué à l'Imprimerie de Compiègne, a
été pour moi une expérience très enrichissante, que j'estime indispensable au cursus de tout
ingénieur, et plus largement, de tout étudiant. En effet, il m'a permis d'explorer la réalité du
monde ouvrier, que je connaissais peu et dans lequel j'ai été plongé pendant un mois, ainsi que
de découvrir le fonctionnement d'une entreprise dont la structure repose sur le travail
industriel et sur des hommes et femmes dont les conditions et le mérite sont souvent négligés.
C'est en établissant un rapport privilégié avec ces ouvriers que l'ingénieur doit
remédier à cela (et non uniquement œuvrer à une meilleure productivité), contribuant à ce que
leur place indispensable soit rappelée et que leur image de moteur de notre société « germe
lentement dans les sillons », comme le dit si bien Zola …
17 / 17
Annexes
Annexe 1 : Évolution du chiffre d'affaire du Groupe MORAULT entre 1982 et 1986
Annexe 2 : Quelques machines manuelles sont très anciennes, mais toujours utilisables. On
préfère cependant privilégier modernité et productivité !
Annexe 3 : Des bennes de tri des déchets sont disponibles près de chaque machine.
Annexe 4 : Plusieurs bacs de rétention de liquides et déchets dangereux sont présents dans
l'usine, puis stockés au-dehors dans une armoire extérieure sécurisée.
Annexe 5 : Certificat d'obtention de la Certification PEFC
Annexe 6 : Certificat d'obtention de la Certification FSC
Annexe 7 : Diplôme d'obtention du Label Imprim'Vert
Annexe 8 : D'autres économies d'énergies mises en place sur les rotatives Komori
(marque japonaise)
Annexe 9 : Mes chaussures de sécurité, neuves et de qualité
Annexe 10 : Un plaquage est effectué sur une machine feuilles.
Annexe 11 : Illustration du Système d'impression Offset dans le bloc « couleur rouge » d'une
machine feuilles
Annexe 12 : Mon poste de receveur à la rotative
Annexe 13: Panneaux de contrôle numériques de la rotative japonaise Komori et de la
machine feuilles allemande Heidelberg
Annexe 14 : La filmeuse ou fardeleuse
Annexe 15 : La filmeuse « un par un »
Annexe 16 : Première nuit, premier poste : deux margeurs à tenir sur une encarteuse-piqueuse.
Annexe 17 : Le massicot
Annexe 18 : La vernisseuse UV en action
Annexe 19 : Une bobine de film plastique montée sur la pelliculeuse. Il est très résistant, et
sera collé à-même la feuille.
Annexe 1 : Évolution du chiffre d'affaire du Groupe MORAULT entre 1982 et 1986
Annexe 2 : Quelques machines manuelles sont très anciennes, mais toujours utilisables.
On préfère cependant privilégier modernité et productivité !
Annexe 3 : Des bennes de tri des déchets sont disponibles près de chaque machine.
Annexe 4 : Plusieurs bacs de rétention de liquides et déchets dangereux sont présents dans l'usine, puis
stockés au-dehors dans une armoire extérieure sécurisée.
Annexe 5 : Certificat d'obtention de la Certification PEFC
Annexe 6 : Certificat d'obtention de la Certification FSC
Annexe 7 : Diplôme d'obtention du Label Imprim'Vert
Annexe 8 : D'autres économies d'énergies mises en place sur les rotatives Komori (marque japonaise).
Annexe 9 : Mes chaussures de sécurité, neuves et de qualité.
Annexe 10 : Un plaquage est effectué sur une machine feuilles.
protection en
fer
semelle renforcée
Annexe 11 : Illustration du Système d'impression Offset dans le bloc « couleur rouge » d'une machine
feuilles
Annexe 12 : Mon poste de receveur à la rotative
plaque
blanchet
Il y a un plan précis à
respecter !
Sortie des paquets
fraîchement imprimés
Annexe 13: Panneaux de contrôle
numériques de la rotative japonaise
Komori (haut) et de la machine
feuilles allemande Heidelberg (droite)
Annexe 14 : La filmeuse ou fardeleuse
1°)
On place les ouvrages ici,
sous le film plastique,
et on abaisse la barre
chauffante pour fermer
le film…
2°)
...puis le four
chauffe le plastique
et le réduit autour du
paquet...
3°)
...qui sort emballé
prêt à être mis
en cartons ou
sur palette.
Annexe 15 : La filmeuse un par un : fonctionne comme une encarteuse, met sous film les magazines
individuellement (avec un encart éventuellement). J'en ai chargé les margeurs, comme sur l’encarteuse.
Annexe 16 : Première nuit, premier poste : deux margeurs à tenir sur une encarteuse-piqueuse.
modèle
margeur
tapis
roulant
arrêt
d'urgence
sens
de défilement
margeurs
Annexe 17 : Le massicot
Annexe 18 : La vernisseuse UV en action
1°)
Cette partie, montée sur
pneumatiques, s'incline en
arrière
pour bien tasser les feuilles
dans un angle.
2°)
Par l'intermédiaire
de cette table...
3°)
… les feuilles sont
placées
dans cet angle,
pour que le surplus
soit coupé par la lame.
Annexe 19 : Une bobine de film plastique montée sur la pelliculeuse. Il est très résistant, et sera collé
à-même la feuille.
Merci d'avoir lu jusqu'au bout !