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INITIATIVE E-2020 POUR 21 PAYS EN PASSE D’ÉLIMINER LE PALUDISME Rapport intermédiaire 2019

Rapport intermédiaire 2019 - WHO

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1Initiative E-2020: Rapport intermédiaire 2019

INITIATIVE E-2020 POUR21 PAYSEN PASSED’ÉLIMINER LEPALUDISMERapport intermédiaire 2019

Initiative E-2020: Rapport intermédiaire 20192

Arriver à un monde exempt de paludisme est un objectif de santé publique et de développement durable ambitieux et considérable. C’est également la vision de la Stratégie technique mondiale contre le paludisme 2016-2030, qui appelle à éliminer le paludisme dans 10 pays au moins d’ici à 2020.

En 2016, l’OMS a estimé que 21 pays, dans cinq Régions, étaient en mesure de vaincre le paludisme en 2020, en raison de la probabilité de parvenir à l’élimination en fonction de critères essentiels. Tous sont unis par la même cible à atteindre : parvenir à zéro cas de paludisme indigène en 2020 au plus tard. Le présent rapport suit les progrès réalisés à cet effet.

En 2019, d’importantes étapes ont été franchies. L’Algérie a officiellement été certifiée exempte de paludisme par l’OMS, ayant enregistré zéro cas de paludisme indigène pendant cinq années consécutives. L’Argentine, qui ne fait pas partie de l’initiative E 2020, a également été certifiée exempte de la maladie.

Pour la première fois en 2018, la République islamique d’Iran, la Malaisie et le Timor-Leste ont enregistré zéro nouveau cas de paludisme humain

Le compte à rebours vers 2020 dans 21 paysAvant-propos

Dr Pedro AlonsoDirecteur, Programme mondial

de lutte antipaludiqueOrganisation mondiale de la Santé

indigène.1 Aucun cas de paludisme indigène n’a été signalé en Chine et en El Salvador pendant deux années consécutives (2017-2018), alors qu’au Cabo Verde, le dernier cas confirmé de paludisme indigène remonte à janvier 2018.

Le présent document fait état des progrès globalement satisfaisants réalisés en vue de l’objectif intermédiaire fixé pour 2020 par la stratégie mondiale concernant l’élimination (voir le Tableau 1). Toutefois, un engagement majeur sera nécessaire pour consolider ces acquis et arriver à ce qu’au moins 10 pays parviennent au but d’ici à la fin de l’année prochaine. Il s’agit de privilégier les solutions communes. Notre mandat est clair et le délai que nous nous sommes fixé est court.

Les pays sont confrontés à beaucoup d’obstacles qui n’ont rien de nouveau et peuvent être surmontés par des efforts résolus à entreprendre ensemble, à condition de disposer de ressources supplémentaires et de faire preuve de l’engagement politique voulu. L’OMS soutient les 21 pays qui cherchent à éliminer le paludisme car leur action est une source d’inspiration pour d’autres en vue d’un monde où plus personne ne mourra du paludisme.

1 La Malaisie est parvenue à zéro cas de paludisme humain indigène, mais continue de signaler des cas de paludisme zoonosique à P. knowlesi.

3Initiative E-2020: Rapport intermédiaire 2019

Un objectif intermédiaire majeur de la stratégie mondiale à atteindre en 2020 est l’élimination du paludisme dans au moins 10 des pays touchés par la maladie en 2015. Afin d’y parvenir, les pays doivent déclarer zéro cas de paludisme indigène d’ici à 2020. Selon une analyse de l’OMS publiée en 2016, 21 pays sont en mesure d’atteindre cet objectif sur la base de trois critères :

la tendance de l’incidence des cas entre 2000 et 2014 ;

les objectifs déclarés concernant l’élimination dans les pays touchés ;

les avis d’experts de l’OMS sur le terrain.

Par l’initiative E-2020, l’OMS collabore avec ces pays pour intensifier les efforts visant à éliminer la maladie dans le délai fixé. Il s’agit notamment du Cadre pour l’élimination du paludisme, lancé par l’OMS en mars 2017, qui offre aux pays un ensemble actualisé d’outils, d’activités et de stratégies pour interrompre la transmission et empêcher la réapparition de la maladie. Le cadre offre aussi aux pays une procédure claire et simplifiée pour obtenir

de l’OMS la certification qu’ils sont exempts de paludisme.

Afin que l’élimination reste au centre des préoccupations programmatiques et politiques dans les pays de l’initiative, l’OMS a organisé un forum mondial initial à Genève en mars 2017, réunissant tous les responsables de programmes de lutte antipaludique des 21 pays pour définir les progrès et les stratégies.

Le forum a conduit à mettre en place deux nouveaux organes indépendants pour appuyer les pays : le Comité de supervision de l’élimination du paludisme, qui oriente les pays dans leurs efforts d’élimination, et le Groupe pour la certification de l’élimination du paludisme, chargé de vérifier que les pays à certifier sont bien exempts de la maladie.

À l’occasion du deuxième forum, accueilli en juin 2018 par le Costa Rica, le Paraguay a été officiellement certifié exempt de paludisme. Après les deux premiers forums couronnés de succès, la Chine a accueilli le troisième en juin 2019 plus particulièrement consacré aux populations à haut risque de paludisme.

L’initiative E-2020

Tableau 1: Buts de la Stratégie technique mondiale de lutte contre le paludisme 2016-2030

Vision d’un monde sans paludisme

BUTS OBJECTIFS INTERMÉDIAIRES CIBLES

2020 2025 2030

1. Réduire les taux de mortalité liée au palud-isme au plan mondial par rapport à 2015 Au moins 40 % Au moins 75 % Au moins 90 %

2. Réduire l’incidence du paludisme au plan mondial par rapport à 2015 Au moins 40 % Au moins 75 % Au moins 90 %

3. Éliminer le paludisme des pays où il y avait transmission en 2015

Au moins 10 pays

Au moins 20 pays

Au moins 35 pays

4. Empêcher la réapparition du paludisme dans tous les pays exempts

Réapparition évitée

Réapparition évitée

Réapparition évitée

Un bref aperçu

4 5Initiative E-2020: Rapport intermédiaire 2019Initiative E-2020: Rapport intermédiaire 2019

* Données preliminaires pour 2018 (Source : rapports des programmes nationaux de lutte contre le paludisme) ; les données finales seront publiées dans le Rapport 2019 sur le paludisme dans le monde.

Pays de l’initiative E-2020Aperçu des cas de paludisme indigène dans le monde en 2018*

NÉPAL

559

Les appellations employées dans la présente publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’OMS aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Les traits discontinus formés d’une succession de points ou de tirets sur les cartes représentent des frontières approximatives dont le tracé peut ne pas avoir fait l’objet d’un accord définitif.

CHINE

0

RÉP. DE CORÉE

501

TIMOR-LESTE

0

MALAYSIE

0

ARABIE SAOUDITE

61

COMORES

19 682

ESWATINI

59AFRIQUE DU SUD

9562

PARAGUAY

0

BOTSWANA

533SURINAME

30

CABO VERDE

2

BELIZE

3

MEXIQUE

803

EL SALVADOR

0

COSTA RICA

70

ÉQUATEUR

1653

ALGÉRIE

0

IRAN (RÉP. ISLAMIQUE D’)

0

BHOUTAN

6

6 Initiative E-2020: Rapport intermédiaire 2019

b Données préliminaires pour 2018 (Source : rapports des programmes nationaux de lutte contre le paludisme) ; les données finales seront publiées dans le Rapport 2019 sur le paludisme dans le monde.

Progrès en matière d’élimination

En bonne voie, moins de 51 cas de paludisme indigène

Pas tout à fait sur la bonne voie, entre 51 et 166 cas de paludisme indigène

Pas du tout en bonne voie, plus de 166 cas de paludisme indigène

d

Ces seuils reposent sur une analyse publiée dans le Rapport 2018 sur le paludisme dans le monde qui indique que sur 17 pays ayant réussi à éliminer le paludisme, 75% avaient moins de 51 cas de paludisme indigène et 95% moins de 166 cas de paludisme indigène deux années avant d’atteindre zéro.

Certifié exempt de paludisme par l’OMS

a Les données fournies pour toutes les années correspondent aux nombres non ajustés de cas rapportés par les programmes nationaux de lutte contre le paludisme.

Pays 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 b ↔ c

2020 d

Afrique Algérie 1 1 55 8 0 0 0 0 0 ↔Botswana a 1 046 432 193 456 1 346 326 716 1 900 533

Cabo Verde 47 7 1 22 26 7 48 423 2

Comores 36 538 24 856 49 840 53 156 2 203 1 300 1 066 2 274 19 682

Eswatini 268 549 562 962 711 157 350 724 59Afrique du Sud 8 060 9 866 5 629 8 645 11 705 555 4 323 22 061 9 562

AmériquesBelize 150 72 33 20 19 9 4 7 3

Costa Rica 110 10 6 0 0 0 4 12 70

Équateur 1 888 1 219 544 368 242 618 1 191 1 275 1 653

El Salvador 19 9 13 6 6 2 12 0 0 ↔Mexique 1 226 1 124 833 495 656 517 551 736 803

Paraguay 18 1 0 0 0 0 0 0 0 ↔Suriname 1 712 771 356 729 401 81 76 40 30

Méditerranée Orientale

Iran 1 847 1 632 756 479 358 167 81 57 0

Arabie Saoudite 29 69 82 34 30 83 272 177 61

Asie du Sud-EstBhoutan 436 194 82 15 19 34 15 11 6

Népal a 3 894 3 414 2 092 1 974 832 591 507 623 559

Timor-Leste a 48 137 19 739 5 211 1 025 342 80 94 16 0

Pacifique OccidentalChine 4 990 3 367 244 86 56 39 3 0 0 ↔Malaysie 5 194 3 954 3 662 2 921 3 147 242 266 85 0République de Corée 1 267 505 394 383 557 627 602 436 501

(République islamique d’)

c Changement dans le nombre de cas de paludisme indigène entre 2017 et 2018

Les totaux annuels peuvent être différents de ceux présentés dans le Rapport 2018 sur le paludisme dans le monde car les pays ont en permanence la possibilté de mettre à jour les données publiées dans le rapport.

7Initiative E-2020: Rapport intermédiaire 2019

Faits marquants concernant les paysAfrique

L’Algérie certifiée exempte de paludisme

Cabo Verde : pulvérisation ciblée pour stopper la transmission

2008, le nombre annuel de cas est passé de zéro à 250 en moyenne.

Les succès enregistrés par la suite dans la lutte antipaludique sont dus avant tout à un personnel de santé bien formé et à la gratuité des soins de santé, ce qui a permis de prendre des mesures préventives efficaces et d’assurer un diagnostic rapide et le traitement de tous les cas ainsi qu’une riposte rapide aux flambées. Le budget algérien de l’élimination du paludisme a toujours été exclusivement financé par des ressources internes.

Le dernier cas de paludisme indigène a été notifié en 2013. Le fait d’être désormais exempt de la maladie devrait permettre à l’Algérie de bénéficier d’une croissance du tourisme et du développement dans les provinces du sud.

Le programme de lutte antipaludique de l’archipel associe un prompt diagnostic et le traitement rapide de tous les cas confirmés à des mesures préventives, notamment de lutte antivectorielle par pulvérisation intradomiciliaire et destruction des gîtes larvaires. Tous les cas confirmés sont traités avec une hospitalisation qui dure au moins trois jours.

Après la détection de l’épidémie de 2017, les efforts de lutte antivectorielle ont ciblé les quartiers touchés. On a interrogé les cas confirmés et géolocalisé le site d’infection le plus probable. Ces mesures ciblées ayant permis de stopper l’épidémie et d’interrompre la transmission, le Cabo Verde est exempt de paludisme depuis janvier 2018.

En mai 2019, l’Algérie est devenue le troisième pays d’Afrique à être officiellement reconnu exempt de paludisme après Maurice en 1973 et le Maroc en 2010.

Le chemin parcouru par l’Algérie pour se libérer du paludisme remonte très loin, jusqu’à la découverte en 1880 du parasite à l’origine de la maladie par le Dr Charles Louis Alphonse Laveran – qui lui valut un prix Nobel en 1907. À partir des années 60, le paludisme était devenu pour l’Algérie le principal problème de santé publique, avec quelque 80 000 cas annuels.

En 1977, après l’achèvement du segment algérien de la route transsaharienne reliant le pays à l’Afrique subsaharienne, les mouvements de population dans les pays d’endémie voisins ont conduit à une aggravation de la transmission dans le sud algérien et plusieurs flambées ont touché les zones frontalières. Entre 1977 et

Jusqu’à la fin des années 50, le Cabo Verde signalait 5000 à 15 000 cas annuels de paludisme. Depuis, cet État insulaire a réussi à deux reprises à éliminer la maladie, principalement grâce à la pulvérisation d’insecticide à effet rémanent à l’intérieur des habitations, même si des défaillances de la lutte antivectorielle ont conduit à des résurgences.

Alors que le pays était en mesure de parvenir à l’élimination en 2020, 423 cas de paludisme indigène ont été signalés en 2017 dans la capitale Praia, sur la côte méridionale de l’île de Santiago. Vingt trois cas ont été importés de plusieurs pays africains et un cas de P. vivax du Brésil.

8 Initiative E-2020: Rapport intermédiaire 2019

El Salvador : petit pays, grandes ambitions antipaludiques

République islamique d’Iran : ne laisser personne de côté

Dès 1990, l’introduction d’un système d’information électronique a permis de cibler les interventions sur des zones et des groupes spécifiques. On s’efforce aussi de veiller à vérifier et à confirmer tous les cas à 100 % grâce à des tests diagnostiques de qualité.

Voisin de deux pays d’endémie – le Guatemala et le Honduras – El Salvador renforce la surveillance du paludisme le long des frontières en cherchant notamment à détecter les cas suspects chez les travailleurs migrants parfois déjà présents sur son territoire.

importés, ce qui a conduit la République islamique d’Iran à installer des postes de diagnostic dans les zones frontalières pour offrir des services aux sujets présentant des symptômes.

Les volontaires jouent un rôle essentiel et contribuent à la réduction du nombre de cas dans la région grâce à la formation qu’ils ont reçue à l’utilisation de tests diagnostiques rapides, et grâce au suivi de l’observance du traitement par les patients.

Ce solide engagement communautaire et national permet à la République islamique d’Iran d’être en mesure de demander la certification par l’OMS de l’exemption du paludisme d’ici à 2021.

Le programme salvadorien d’élimination du paludisme s’appuie sur trois piliers : un engagement politique résolu pouvant compter sur un financement intérieur durable ; un plan stratégique national plurisectoriel fondé sur des données ; et une éducation permanente pour tous sur le paludisme – des cliniciens aux membres de la communauté.

N’ayant plus enregistré de cas de paludisme indigène depuis 2017, El Salvador est en passe d’être officiellement certifié exempt de paludisme par l’OMS. Ce petit pays a réalisé de gros progrès en veillant à traiter et à notifier tous les cas.

Grâce au programme de lutte antipaludique de la République islamique d’Iran, le nombre des cas de paludisme notifiés en 2018 a été ramené à zéro alors qu’il était supérieur à 1800 en 2010. Ce succès repose sur une volonté politique bien marquée, sur le développement socioéconomique dans les zones d’endémie et sur l’intention de ne laisser personne de côté ; chacun a accès à des soins de santé primaires gratuits, ce qui comprend la lutte contre les maladies transmissibles comme le paludisme et le traitement.

Les importants mouvements transfrontaliers, notamment de travailleurs migrants venus de pays voisins à forte charge palustre comme l’Afghanistan et le Pakistan contribuent au nombre de cas

Amériques

Méditerranée orientale

9Initiative E-2020: Rapport intermédiaire 2019

Timor-Leste : adapter la lutte au type de transmission

imprégnées d’insecticide et la pulvérisation intradomiciliaire. Le Ministère de la santé assure l’accès universel aux moustiquaires imprégnées d’insecticide.

La mobilisation communautaire fait partie intégrante de la stratégie antipaludique nationale. L’approche– qui consiste à instruire par le divertissement, par exemple des chansons, des activités théâtrales ou des jeux – aide le personnel de santé, les familles et l’école à combattre la maladie. Les efforts ciblent avant tout les populations à haut risque pratiquant la culture sur brûlis ou vivant de la pêche. La formation périodique des agents de santé au diagnostic et au traitement donne au personnel les moyens d’intervenir à tous les niveaux du système de santé.

Conformément au plan stratégique national d’élimination du paludisme 2017-2021, le Timor-Leste cherche à se faire certifier exempt de paludisme par l’OMS d’ici à 2023. N’ayant plus enregistré de cas autochtone depuis juillet 2017, il est bien placé pour y parvenir plus tôt que prévu.

Au cours des 10 dernières années, la situation s’est améliorée de manière spectaculaire au Timor-Leste où l’on est passé de 223 002 cas de paludisme en 2006 à 95 en 2016 et à zéro cas en 2018. C’est là un remarquable résultat pour un pays devenu indépendant en 2000.

Au total, 30 cas ont été notifiés sur l’ensemble du territoire en 2017 et tous ont fait l’objet d’une enquête. La plupart des cas de paludisme indigène en 2017 ont été notifiés dans la région d’Oecusse, enclavée dans le Timor occidental indonésien. Pour interrompre la transmission, les agents de santé ont mis l’accent sur les régions frontalières, en privilégiant la lutte antivectorielle intensive et la surveillance.

Le Timor-Leste doit son succès en partie à l’extension rapide des tests diagnostiques de qualité et au traitement des cas dans les zones peu accessibles grâce aux volontaires communautaires et à d’autres personnels de santé. Les principales méthodes de lutte antivectorielle employées sont les moustiquaires

Asie du Sud-Est

10 Initiative E-2020: Rapport intermédiaire 2019

Chine : 1-3-7, des chiffres de bon augureLe « 3 » fait référence au délai de trois jours dans lequel les bureaux locaux des Centers for Disease Control and Prevention chinois (CDC) doivent confirmer et examiner les cas et déterminer si un risque de propagation existe.

Enfin, le « 7 » représente le septième jour suivant la notification, quand le bureau des CDC devra gérer la situation dans la zone où le cas est apparu, pour réduire le risque de transmission ultérieure, en recherchant activement les éventuels nouveaux cas, en traitant tout sujet infecté, en sensibilisant la communauté au risque et en menant des interventions de pulvérisation d’insecticide à l’intérieur des habitations.

La stratégie 1-3-7 a été couronnée de succès même dans la province du Yunnan qui jouxte trois pays d’endémie palustre, la République démocratique populaire lao, le Myanmar et le Viet Nam.

Pays le plus peuplé de la planète, la Chine a réussi le véritable tour de force de ne pas enregistrer le moindre cas de paludisme indigène pendant deux ans, alors que dans les années 40 on estimait le nombre annuel de cas et de décès dus au paludisme à 30 millions et à 300 000 respectivement. Plusieurs décennies d’efforts de lutte et d’élimination à grande échelle ont progressivement permis de réduire la transmission de façon spectaculaire.

En particulier, la mise en œuvre de la stratégie de surveillance et de riposte « 1-3-7 », introduite après le lancement du programme d’élimination en 2010, a permis de ramener à zéro le nombre de cas de paludisme indigène à partir d’août 2016.

Le chiffre « 1 » de la stratégie se rapporte au délai d’un jour accordé aux établissements de santé pour notifier un diagnostic de paludisme. Il faut agir vite pour prévenir la transmission locale de la maladie.

Malaisie : élimination dans les zones peu accessibles

Afin de briser le cycle de l’infection, les responsables malaisiens collaborent avec les employeurs pour distribuer des moustiquaires de lit, intensifier la pulvérisation d’insecticide à l’intérieur des habitations et communiquer des informations sur la prévention et le traitement.

Bien qu’on ait éliminé avec succès la transmission locale de l’ensemble des espèces à l’origine du paludisme humain (P. falciparum, P. vivax, P. ovale et P. malariae), le parasite P. knowlesi affectant normalement le singe continue d’être souvent transmis à l’homme. Si rien ne démontre l’existence d’une transmission interhumaine durable de P. knowlesi – qui de ce fait n’est pas considéré comme un parasite humain – les effets sanitaires de l’infection par ce parasite peuvent être sérieux.

En enregistrant zéro cas de paludisme humain indigène en 2018, la Malaisie a atteint son objectif deux ans avant la date prévue, ce qui est particulièrement remarquable si l’on songe que le nombre de cas notifiés dépassait 5000 en 2010. Un diagnostic rapide, le traitement des cas et la surveillance dans les régions peu accessibles ont joué un rôle déterminant dans la stratégie nationale d’élimination de la transmission du paludisme humain indigène.

Le risque de cas importés reste bien préoccupant toutefois et les travailleurs étrangers présents sur le territoire, dont beaucoup sont sans papiers, peuvent exposer la population locale à la maladie. Les Malaisiens travaillant en dehors du pays, dans l’agriculture ou l’exploitation forestière par exemple, sont également très exposés et risquent de ramener l’infection lorsqu’ils rentrent chez eux.

Pacifique occidental

11Initiative E-2020: Rapport intermédiaire 2019

Le chemin vers 2020Il reste moins de deux ans pour atteindre l’objectif intermédiaire de 2020, et le chemin pour éliminer le paludisme, s’il est clairement défini, nécessite des mesures résolues à prendre d’urgence. Un accent particulier devra être mis sur les pays qui subissent des revers afin de surmonter les obstacles.

L’élimination ne constitue d’ailleurs qu’une étape dans la lutte contre le paludisme : pour éviter la réintroduction de la maladie, il faudra maintenir de solides capacités techniques ainsi que les compétences et le savoir-faire voulus. L’intégration des activités de lutte antipaludique aux programmes de santé publique peut permettre de préserver les fonctions centrales. Un haut niveau de vigilance du système de santé est crucial pour repérer les cas suspects et établir rapidement un diagnostic.

Les 21 pays de l’initiative ont entrepris un effort qui pourrait se révéler historique en démontrant ce qui devient possible lorsqu’un but ultime conjoint est fixé et poursuivi. L’action conjuguée des pays concernés contribue à rapprocher la communauté internationale de la vision commune d’un monde sans paludisme.

Pratiques exemplaires au Sri Lanka La certification ne garantit pas qu’un pays sera toujours exempt de paludisme. La vigilance doit être constante, surtout dans un monde où des millions de personnes se déplacent tous les jours.

Sri Lanka, certifié exempt de paludisme par l’OMS en 2016, a été confronté à une alerte en décembre 2018 lorsqu’un ouvrier indien travaillant sur un site de construction en milieu rural a contracté une infection à P. vivax.

Comme il était arrivé dans le pays 23 jours avant, le cas a été classé comme « importé ». Le diagnostic a rapidement été établi et le sujet a bénéficié d’un traitement efficace. La surveillance sur le site a révélé des densités élevées d’Anopheles culicifacies, le principal vecteur du paludisme au Sri Lanka ; des moustiquaires imprégnées d’insecticide ont immédiatement été distribuées à toutes les personnes résidant sur place.

Avant la notification de ce cas, un ressortissant sri-lankais – un commerçant qui n’avait pas quitté l’île récemment – s’était rendu sur le site. Dix jours après être rentré chez lui à Colombo, il a lui aussi présenté un état fiévreux et le diagnostic a conclu à une infection à P. vivax.

Ce cas survenu après le cas importé auquel il était lié a été classé comme « cas introduit ». L’analyse a montré que les souches de parasite étaient les mêmes dans les deux cas. Le commerçant a lui aussi rapidement bénéficié d’un traitement et, à la mi-mai, aucune nouvelle transmission n’était survenue.

Parmi les meilleures mesures à prendre figurent le niveau d’alerte nationale notifié aux hôpitaux et aux médecins ainsi qu’une large couverture médiatique. Ces cas étant survenus pendant la période creuse de fin d’année avant les fêtes, la riposte rapide des autorités est d’autant plus remarquable.

12 Initiative E-2020: Rapport intermédiaire 2019

Élargir le filet de l’éliminationAu-delà des 21 pays, la stratégie mondiale offre une base à tous les pays d’endémie soucieux d’éliminer le paludisme. Ces progrès sont indispensables pour que les États Membres de l’OMS puissent atteindre la cible fixée par la Stratégie pour 2030, à savoir l’élimination du paludisme dans 35 pays au moins où la transmission sévissait encore en 2015.

Dans les pays à forte charge de morbidité palustre, l’élimination est un objectif à plus long terme. Elle reste néanmoins le but ultime. La stratégie mondiale définit les éléments nécessaires pour parvenir à l’élimination et la maintenir à chaque niveau d’intensité de la transmission dans chaque pays d’endémie. Elle est fondée sur cinq principes de base :

Accès équitable aux services de santé À mesure que certains pays se rapprochent de l’élimination, une grande proportion des cas sont enregistrés dans des groupes vulnérables établis en milieu rural et dans des zones peu accessibles. Les progrès peuvent être accélérés en veillant à ce que tous les groupes à risque aient accès aux services de prévention, de traitement et de diagnostic, en particulier les populations difficiles à atteindre comme les migrants en situation irrégulière.

Innovation dans les outils de lutte antipaludique Partout, et notamment dans les pays à forte charge de morbidité, l’élimination du paludisme nécessitera probablement de nouveaux outils qui ne sont pas encore disponibles. Il est impératif d’accorder la priorité aux investissements en faveur de la recherche-développement de produits de diagnostic améliorés, de médicaments plus performants, de nouveaux insecticides et d’outils de lutte antivectorielle novateurs.

Appropriation par les pays Pour que les efforts d’élimination aboutissent, la gestion des pouvoirs publics dans les pays d’endémie, ainsi que l’engagement et la participation des communautés touchées, joue un rôle essentiel. La lutte antipaludique sur le territoire d’un pays peut être optimisée par la collaboration transfrontalière et régionale.

Ripostes adaptées au contexte Tous les pays peuvent accélérer les progrès vers l’élimination par une combinaison efficace d’interventions et de stratégies adaptées aux contextes locaux.

Surveillance renforcéeLa surveillance du paludisme aide les pays à repérer les failles dans la couverture des outils de lutte antipaludique et à intervenir sur la base des données reçues. Lorsque l’élimination se rapproche, la détection de chaque infection ou groupe de cas acquiert une importance accrue en vue de mettre un terme à la transmission dans les dernières poches où elle subsiste encore.

13Initiative E-2020: Rapport intermédiaire 2019

De bons progrès ont été réalisés par de nombreux pays cherchant à éliminer la maladie. En 2019, l’Algérie est devenue le deuxième pays de l’initiative E-2020 à être certifié exempt de paludisme après le Paraguay dont la certification remonte à juin 2018. L’Ouzbékistan en 2018 et l’Argentine en 2019, qui n’appartiennent pas au groupe des pays de l’initiative, ont eux aussi été certifiés exempts de paludisme. La République islamique d’Iran, la Malaisie et le Timor-Leste ont pour la première fois enregistré zéro cas de paludisme humain indigène en 2018. Plusieurs autres pays ont enregistré une baisse sensible de la transmission et se sont rapprochés de l’élimination.

Pour cerner et traiter les dernières poches de cas de paludisme indigène et prévenir la transmission ultérieure de cas importés, les 21 pays ont mis l’accent sur l’amélioration des systèmes et des outils.

Mieux cibler les solutions L’obtention de données fiables puis leur utilisation dans des interventions spécifiques – comme les moustiquaires imprégnées d’insecticide et la pulvérisation à l’intérieur des habitations dans les zones appropriées – contribuent à réduire la transmission et à sauver des vies.

Surveillance communautaire renforcée Lorsque des infections surviennent, l’utilisation des données sur les cas individuels contribue largement à cibler la riposte communautaire et nationale.

Élimination du paludisme au-delà du secteur de la santé Les effets dévastateurs du paludisme sur l’économie, la productivité et le tourisme sont reconnus toujours davantage dans des secteurs autres que la santé, ce qui conduit à la participation d’autres secteurs aux efforts en vue de l’élimination dans bien des pays.

Comités nationaux d’élimination du paludisme Les ministères de la santé peuvent se prévaloir des conseils, des orientations et de la perspective objective des comités nationaux d’élimination.

Des produits de diagnostic de bonne qualité Les pays veillent à ce qu’aucun cas ne leur échappe en mettant sur pied des laboratoires nationaux de référence chargés de surveiller la qualité de leurs produits de diagnostic du paludisme.

Un important financement d’origine interneBeaucoup de pays aspirant à l’élimination financent eux-mêmes leur programme sans aide extérieure. D’autres apportent une importante contribution d’origine interne même s’ils reçoivent une aide extérieure.

Changer les mentalités Les pays ne cherchent plus à éliminer la maladie dans le cadre de leurs activités normales mais bien à faire tout ce qui est nécessaire pour y parvenir.

Intégration des programmes antipaludiques dans les systèmes de santé Pour éviter la réintroduction du paludisme sur leur territoire, les pays doivent fournir des services de prévention, de diagnostic et de traitement dans toutes les zones à risque, ce qui ne peut se faire qu’en intégrant les services contre la maladie dans le système de santé national.Cibler les zones frontalières

En ciblant les zones frontalières, on protège les communautés vivant des deux côtés de la frontière.

Solutions partagées

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La certification intervient quand un pays a prouvé sans que cela ne puisse raisonnablement être mis en doute que la chaîne de la transmission locale du paludisme indigène par l’anophèle a été interrompue sur le territoire national pendant les trois dernières années au moins. Le pays doit aussi démontrer qu’il est capable de prévenir la reprise de la transmission.

C’est au pays qui cherche à se faire certifier qu’il incombe de prouver qu’il satisfait aux conditions requises. Un système de surveillance national capable de détecter les cas éventuels et de réagir doit être opérationnel, ainsi qu’un programme approprié pour prévenir la reprise de la transmission.

La certification de l’élimination est la reconnaissance officielle qu’un pays est exempt de paludisme.

La décision finale d’accorder la certification est du ressort du Directeur général qui se fonde sur une recommandation du Groupe pour la certification de l’élimination.

La certification de l’élimination est gérée par le Programme mondial de lutte antipaludique de l’OMS et constitue l’aboutissement de plusieurs examens d’experts, d’évaluations sur le terrain et de l’établissement d’un rapport d’évaluation final qui détermine sur la base des éléments réunis si un pays peut être certifié exempt de paludisme.

Cette procédure volontaire ne peut être engagée que par la présentation d’une demande officielle d’un pays à l’OMS.

En quoi consiste la certification de l’élimination par l’OMS ?

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Aider les pays à parvenir à zéro cas

Le Comité de supervision de l’élimination du paludisme collabore avec les pays pour les aider à devenir exempts de paludisme. Créé en avril 2018, il vise à donner à tout moment une vue d’ensemble de la progression des pays et des Régions vers l’élimination. Les progrès sont évalués par rapport aux objectifs intermédiaires et aux calendriers fixés par les pays, ainsi qu’au moyen d’examens programmatiques et de visites occasionnelles du Comité sur le terrain. Une des fonctions importantes du Comité consiste à repérer les problèmes susceptibles de menacer l’élimination. L’échange des données permet à l’OMS, à des initiatives régionales ou à un programme antipaludique national de faire face aux risques potentiels. En tant qu’organe indépendant, le Comité peut aborder des questions difficiles tout en restant impartial.

Vérifier le statut exempt de paludisme

Les pays qui ont interrompu la transmission du paludisme indigène depuis trois ans au moins peuvent demander la certification de l’élimination de la maladie par l’OMS. C’est le Groupe pour la certification de l’élimination du paludisme qui est chargé d’examiner ces demandes et de présenter une recommandation au Directeur général de l’OMS. Formé en décembre 2017, le Groupe évalue les éléments soumis par les pays (par exemple les rapports nationaux sur le paludisme), analyse des sources indépendantes (comme des articles, des travaux de recherche ou des rapports de visites dans les pays) et entreprend des missions d’évaluation en vue d’arriver à une recommandation tendant à certifier l’exemption ou à différer la certification sur la base de son évaluation.

Plus d’informations sur les membres et les fonctions du Comité et du Groupe sont disponibles à l’adresse : http://www.who.int/malaria/areas/elimination/advisory-committees/.

Comité de supervision de l’élimination du paludisme

Groupe pour la certification de l’élimination du paludisme

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REMERCIEMENTS

Les progrès décrits dans le présent rapport n’auraient pas été possibles sans le leadership et l’engagement des 21 pays de l’initiative et les efforts d’une large coalition de partenaires. L’OMS tient en particulier à remercier les programmes nationaux de lutte antipaludique des pays de l’initiative E-2020, leurs ministères et d’autres partenaires et parties prenantes au plan interne. Leur appui a été déterminant pour concrétiser l’initiative. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, la Fondation Bill & Melinda Gates et d’autres donateurs ont apporté leur soutien à l’établissement du présent rapport ainsi qu’à l’initiative dans son ensemble.

POUR PLUS DE RENSEIGNEMENTS :

Programme mondial de lutte antipaludiqueOrganisation mondiale de la Santé20 Avenue Appia CH-1211 Genève 27 Suisse www.who.int/malaria/fr

WHO/CDS/GMP/2019.07 © Organisation mondiale de la Santé 2019. Certains droits réservés. La présente publication est disponible sous la licence CC BY NC-SA 3.0 IGO.