210
1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État au Patrimoine et à la Décentralisation Culturelle Mai 2001 lieux espaces projets friches actions expériences aventures laboratoires fabriques démarches expérimentations squats intermédiaires interstitiels possibles improbables alternatifs ouverts transculturel pluridisciplinaire collectif système lieux espaces projets aventures friches actions expériences laboratoires fabriques squats démarches expérimentations intermédiaires interstitiels possibles improbables alternatifs ouverts transculturel une nouvelle époque de l‘action culturelle pluridisciplinaire collectif système marseille mise en page : rouge - sparrow 1 PREMIER VOLUME Introduction Monographies et fiches d'expériences

Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

11Fabrice Lextraitavec le concours de Marie Van Hammeet de Gwenaelle Groussard

R a p p o r t à M i c h e l D u f f o u rS e c r é t a r i a t d ’ É t a t a u P a t r i m o i n e e t à l a D é c e n t r a l i s a t i o n C u l t u r e l l eM a i 2 0 0 1

lieux

espaces

projetsfriches

actions

expériencesaventures

laboratoires

fabriquesdémarches

expérimentations

squats

intermédiaires

interstitielspossibles

improbablesalternatifs

ouverts

t ransculture lp lur id isc ip l inai re

collectifsystème

lieux

espaces

projets

aventuresfriches

actions

expérienceslaboratoires

fabriques

squats

démarchesexpérimentations intermédiaires

interstitielspossibles

improbablesalternatifs

ouverts

t ransculture l

u n e n o u v e l l e é p o q u e d e l ‘ a c t i o n c u l t u r e l l e

plur id isc ip l inai recollectif

système

marseillemise en page : rouge - sparrow

1PREMIER VOLUME

IntroductionMonographies et fiches d'expériences

Page 2: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Ce rapport a été commandé par Michel Duffour en octobre 2000. Il a été suivi par Alain Van der Malière (directeur de cabinet) etMarie Pierre Bouchaudy (conseiller technique) et accompagné parla Délégation au développement et à l’action territoriale.

Ce travail n’est que le rapprochement des aventures quidepuis quinze ans réinventent l’action culturelle en France. Il doit tout à l’engagement de ceux, artistes, techniciens,opérateurs, producteurs, fonctionnaires, élus, journalistes,publics qui ont su investir une incroyable énergie dans ceformidable chantier en y consacrant souvent l’essentiel deleur vie. Tous nos remerciements vont à eux, et bien sûr enparticulier aux nombreuses personnes qui nous ontconsacré un peu de leur temps pour cette étude, lors des visites sur sites, lors de rencontres et lors desgroupes d’appui.

A Philippe Foulquié et aux équipes passées, présentes et à venir de la friche la Belle-de-Mai

Page 3: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État
Page 4: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État
Page 5: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

INTRODUCTIONPréambule MéthodologieComment nommer ?

MONOGRAPHIES ET FICHES D’EXPÉRIENCES

Principes de travail Plan détaillé de l’implantation géographiqueMonographies et fiches d’expériencesLes monographies :

◗ L’Archipel des squats/Grenoble ◗ Alternation/Paris◗ L’Antre-Peaux/Emmetrop/Bourges◗ La Base 11-19/Culture commune/Loos-en-Gohelle◗ La Caserne d’Angely/Nice◗ Friche André Malrau /Le Collectif 12/Mantes-la-Jolie◗ Friche la Belle-de-Mai/Système Friche Théâtre/Marseille◗ La Laiterie/Cejc/Strasbourg◗ Mains d’Œuvres/Saint Ouen◗ Mix Art Myris/Toulouse◗ La Paperie/Cie Jo Bithume/Angers◗ Le 49 ter/Lille◗ Rakan/Nîmes◗ TNT/Cie Thiberghein/Bordeaux◗ Uzeste musical/Cie Lubat/Uzeste

Les fiches :◗ Le Batofar/Paris◗ La Casa Musicale/Perpignan◗ La Caserne/Pontoise◗ Le Comptoir/Marseille◗ La Condition publique/Roubaix ◗ La Fabriks/Marseille – Paris - Dakar ◗ La Ferme du Bonheur/Cie Paranda Oullam/Nanterre ◗ Les Friches en Italie◗ Les Frigos/Paris◗ Gare au Théâtre /Ivry◗ La Halle Verrière◗ Les Halles de Sharbeek/Bruxelles◗ Le Hangar des Mines/Aigrefeuille ◗ Les Récollets/Paris◗ Les Subsistances / Lyon◗ L’Usine Hollander / Cie La Rumeur / Vitry◗ L’Usine / Tournefeuille

PREMIER VOLUME

Page 6: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Introduction

Page 7: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

MéthodologieVOL.1/INTRODUCTION ❚

❚ MÉTHODOLOGIE

L’étude réalisée, à la demande du secrétariat d'Etat au Patrimoine et à laDécentralisation culturelle, sur “ces projets qui posent de manière originale etsingulière les conditions de production et donc de réception de l’acte artistique”, aété menée du mois d’octobre 2000 au mois d’avril 2001. Le champ que noustenterons d’aborder dans cette étude n'est pas, par nature, délimité à un secteur, àun territoire, à une discipline, à un genre et nous avons souhaité privilégier unedémarche pragmatique qui combinait plusieurs approches.

Tout d’abord, il nous a semblé indispensable de mettre en place un dispositif decollecte d’informations qui permettrait d’esquisser, sur la base d’un travailempirique, une cartographie du réel. Cette approche descriptive doit permettred'éclairer un territoire particulier et de tenter de comprendre des processuscomplexes que l’on ne connaît souvent que superficiellement.

En enquêtant dans 11 régions différentes , nous avons pu rencontrer plus de 150personnes impliquées à différents titres dans ces expériences, qu’elles soientopérateurs, artistes, personnels administratifs et dans une moindre mesure élus. Lesquinze monographies et les seize fiches d'expériences présentées dans ce rapport(volume 1) sont les productions éditoriales de ce “tour de France”. Ensuite, nous avons considéré que les problématiques soulevées par cesexpériences nécessitaient une approche contradictoire, qui plus est collective. C’estpour cela que nous avons mis en place un groupe d’appui constitué de 15personnes issues d’horizons très divers. Le contenu des échanges de ce groupe quis’est réuni à trois reprises a fait l’objet d’une transcription intégrale (volume 3).Enfin, pour appréhender les contours d’une possible politique publique dans cechamp, nous avons rencontré au sein du ministère de la Culture, mais également ausein de nombreux autres ministères, les techniciens en charge de ces dossiers. Cetravail inter-directionnel et inter-ministériel nous a permis d’interroger les position-nements actuels et les potentialités d’investissements complémentaires de chacun.

L’objet de ce travail est de pouvoir appréhender les fondements communs et lesdéterminants artistiques, économiques, sociaux, urbains et politiques de cesexpériences afin de définir “une approche qui permette que le ministère de laCulture les repère, les écoute, les accompagne, sans les institutionnaliser, ni lesenfermer dans une catégorie ou un label”. Les précautions nécessaires à l’investi-gation d’un tel sujet sont nombreuses, car la première difficulté est celle de ladéfinition “conceptuelle” du champ d’investigation. Les expériences dont il seraquestion ne sont pourtant pas mystérieuses; elles s’offrent au contraire très naturel-lement, à l’observation, au commentaire, à la critique. Elles sont toutes porteusesd’une réalité qui fait sens et qui peut, contrairement à bien d’autres phénomènes

Mettre en place un dispositif decollectes d’informations.

Quinze monographies seize fiches d’expériences.

Un groupe d’appui constitué de 15 personnes issues

d’horizons très divers.

Une approche inter-directionnelleet inter-ministérielle.

Appréhender les fondementscommuns et les déterminants

artistiques, économiques, sociaux, urbains et politiques

de ces expériences.

Accompagner sans institutionnaliser,

ni enfermer dans une catégorie ou un label.

Préambule

Page 8: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

culturels, être analysée concrètement. En fait l’“illisibilité” de ces expériences,souvent évoquée par les interlocuteurs institutionnels, est sans doute à l’origine dela difficulté que l’on a, aujourd’hui encore, à les situer dans un pays culturel identifié,dont les paysagistes sont pour une part les intervenants de l’économie industrielle,et pour une autre part les personnels des ministères ou des collectivités locales.Écartés des schémas culturels institutionnels publics et privés, ces projets n’ont passu non plus se structurer collectivement pour faire entendre leur voix et témoignerde leur intérêt, de leur nécessité. C’est donc d’une situation paradoxale qu’il nousfaut partir pour relier la situation actuelle à un faisceau d’indices historiquesindispensables à la compréhension du mouvement.

❚COMMENT NOMMER ?

La dénomination des projets que nous allons évoquer ici reste en débat. La pluralitédes situations, la volonté déterminée de ne pas les enfermer dans un label explique,bien entendu, l’impossibilité politique de résumer avec un mot-valise ou un groupenominal qualifié une expérimentation en train de se faire. Même l’usage d’un nomde code nous est interdit, car il en faudrait plusieurs. Il serait, de la même façon, vainde refuser les noms qui ont commencé à être utilisés dans ce champ, car ils corres-pondent à un usage de ces lieux, à un vécu, à des projections fantasmatiques etpolitiques. Deux grands types de déterminants doivent être appréhendés afin demieux discerner les enjeux qui courent autour de ces nominations. Le premier typede déterminants concerne le nom commun, le deuxième type concerne lequalificatif.

Lorsque nous parlons du champ étudié, nous parlons de lieux, d’espaces, de projets,de friches, d’actions, d’expériences, de laboratoires, d’aventures, de fabriques, dedémarches, d’expérimentations… qui sont, lorsqu’un adjectif les accompagne,intermédiaires, interstitiels, possibles, improbables, alternatifs, ouverts… Nouséviterons peut-être un troisième déterminant qui pourrait être transculturel,pluridisciplinaire… En fait c'est l'ensemble du vocabulaire employé qui dessine lepaysage dans lequel nous allons évoluer, car il traduit la pluralité des démarches quenous aborderons.

Chacun des responsables rencontré a travaillé avec attention à l’appellation de sesprojets et de son lieu. La langue employée par chacun est riche. Elle cherche àqualifier des réalités pour donner aux expériences l’écho intellectuel et médiatiqueindispensable à leur transformation. Dans le débat autour des noms trois indicespermettent déjà de caractériser la nature du phénomène que nous avons étudié.

Le premier indice concerne le rapport physique à l'espace choisi. Ce rapportn’est pas forcément durable (par exemple Usines Ephémères), mais il induit unepart de l’identité de ces expériences (maison, fabriques, friches), d’autant plusfortement que la nature du territoire physique est en rapport avec la nature duterritoire humain, artistique ou politique du projet. La localisation se traduit trèssouvent dans le nom du projet, souvent comme un signe historique (ancienneaffectation de l’espace, La Laiterie, La Caserne, Les Subsistances), parfois commeune indication d’implantation (un quartier, Alternation, la Belle-de-Mai), parfoiscomme une appropriation plus abstraite du lieu (L’Antre-Peaux).

Le deuxième indice à appréhender concerne l’approche du type d'actions quipeut être mené par ces opérateurs. Par la mobilisation des termes de laboratoire,d’expériences, d’expérimentation, d’innovation, ces espaces manifestent la

Elles sont toutes porteuses d’une réalité qui fait sens.

La dénomination des projets reste en débat.

Comment nommer ?VOL.1/INTRODUCTION ❚

Page 9: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

réinscription d’une problématique de production, de travail, au cœur des projetsculturels, signifiant également la valeur prototypale de leur démarche. L’usage duterme de fabrique est ainsi à approcher dans sa double valeur de référence auxfonctions passées du site, mais aussi à la qualification de la nature des propositionsémanant de ces démarches qui placent le travail artistique au centre du projet.

Le troisième indice touche aux contenus mêmes de ces projets, à leur mixité,à leur pluralité interne. La présence des mots art, théâtre, musique, pluridisciplinaire,social… renseigne souvent sur les intentions de l’espace et ses fondements.

Pour terminer cette rapide introduction sémantique, il faut signaler que presquetout le temps, la pluralité des démarches dont nous reparlerons très longuementdans le présent rapport est également à apprécier au niveau de chaque projet, quifédère différentes dynamiques. Souvent le premier signe d’“illisibilité” détecté par lescontacts institutionnels réside dans la multiplication des noms de code désignanttout ou parti du dispositif. Il y a ainsi fréquemment différentes nominations pour lelieu et le projet, le projet et la structure de gestion, la structure de gestion et lesstructures de production…

Un quatrième indice nomme parfois le mode d’organisation de l’expérience.Ce renseignemant complémentaire permet aux porteurs de projet d’être mieuxidentifiés dans un paysage particulièrement riche (collectif, système).

“Je veux dire que les espaces intermédiaires où se déroulent mes livres sont très étroits.Mais je ne vis que de ces espaces intermédiaires, où l’histoire est comme lorsque deuxporte-avions se rapprochent et ne laissent entre eux qu’une mince fente… C’est de cesfentes, de ces regards passant par les interstices que je vis et que j’écris ; tout ce quej’ai fait vit de ces espaces intermédiaires qui se rétrécissent, et c’est aussi défini parl’histoire. Je regarde donc par où puis-je encore m’échapper, mais tout en m’échappant,ce qui est aussi très important, où puis-je susciter un mouvement producteur d’unepermanence ou d’un projet.” Peter Handke1

Comment nommer ?VOL.1/INTRODUCTION ❚

1- Peter Handke et Herbert Gamper - Les espaces intermédiaires - Flammarion

Page 10: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Monographies et fiches d’expériences

Page 11: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Principes de travailVOL.1/MONOGRAPHIES ET FICHES ❚

Pour déterminer les projets auprès desquels nous allions plus particulièrementrecueillir le contenu de notre étude, nous avons croisé plusieurs indications et tentéde mêler des représentations différentes qui garantiraient la diversité de l’échan-tillon. Nous avons donc, suite à une demande faite aux Directions régionales desaffaires culturelles au mois de juillet 2000, proposé une liste de projets qui noussemblaient poser et traiter les questions essentielles du développement de cesexpériences. Nous avons été particulièrement attentifs à :

- la présence de la plupart des disciplines (théâtres, cirques, arts de la rue, arts plastiques, audiovisuels, musiques, écritures, danses.)

- la répartition territoriale dans les différentes régions et la prise en compte de l’existence de pratiques urbaines et rurales

- la taille des expériences, qui est très variée- la mise en évidence des différentes fonctions.

Très rapidement il nous a semblé évident que les quinze monographies prévues nepouvaient pas embrasser le champ et que nous devions élargir notre approche afinde percevoir une séquence suffisante du paysage. C’est pour cela que nous l’avonscomplétée par dix-sept fiches dont le contenu est plus succinct. L’essentiel du travailde rencontre s’est déroulé au mois de novembre 2000, dans onze régionsdifférentes2.

Pour mener à bien notre travail de terrain, nous avons fait en sorte de croiser pourles monographies différents points de vue, celui des responsables des projets, celuid’artistes et celui de fonctionnaires. Pour cette première approche, nous avonschoisi de ne pas solliciter directement le point de vue des politiques élus, mais nousnous sommes attachés à situer le rapport entretenu par chacun avec la représen-tation populaire en collectant directement des informations à ce sujet auprès de nosinterlocuteurs ou en mettant à profit une recherche documentaire. Nous avonsainsi pu rencontrer entre 3 et 10 personnes par expérience. En plus de cesentretiens, nous avons collecté une importante base documentaire et demandé àchaque structure de nous fournir une notice qui présente sur un certain nombrede points la nature de leur activité. Ce questionnaire a été rempli par les structures,elles-mêmes. Enfin, lorsque l’exercice était possible, nous présentons un budgetconsolidé de l’expérience monographiée, et les budgets des structures3 qui lacomposent.

Pour les fiches d’expériences, nous nous sommes limités à la rencontre du porteurdu projet qui pouvait être accompagné de quelques autres parties prenantes del’aventure. Ces rencontres se traduisent par une note d’une à deux pages, parexpérience, positionnant la dynamique de chaque travail.Les monographies sont présentées en première partie suivent ensuite les fichesd’expériences. Fiches et monographies sont classées dans chaque partie par ordrealphabétique.

Principes de travail

1- Le terme de monographie employé depuis le début de cette étude n’est pas le mieux approprié. Il posait une ambition que nous avons tenté de tenir avec le soutien de chaque équipedans les lieux qui ont investi beaucoup de temps pour nous accueillir et nous fournir les documents demandés. Si nous avons tenté, l’“étude détaillée” nous n’avons pas, loin de là etheureusement, “épuisé ce point précis”. Nous n’avons donc au sens littéral produit aucune monographie, mais espérons simplement contribuer à l’écriture des monographies de cesespaces qui ne peuvent être produites que dans une polyphonie.

2- Le choix de ces onze régions est certes dû à la concentration d’expériences sur leur territoire, mais il ne signifie en aucun cas que les autres régions soient dépourvues d’espaces danslesquels de nouvelles pratiques sont à l’œuvre. Par ailleurs, nous n’avons pas pu, pour des raisons de temps, élargir notre étude à des structures étrangères. Cette dimension comparativemanque à notre échantillon et il est à espérer que des prolongements à venir puissent traiter cette question.

3- Nous nous limitons généralement aux structures les plus importantes quantitativement au sein du site, dans l’objectif de pouvoir identifier des masses financières significatives, comme lecoût des charges de personnel, l’organisation des produits, le chiffre d’affaires consolidé…Les informations financières sont à prendre avec précaution : l’étude ne portant pas spécifi-quement sur ces questions, le dispositif de collecte ne garantit pas une fiabilité suffisante à l’analyse structure par structure.

Page 12: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

CarteVOL.1/MONOGRAPHIES ET FICHES ❚

Mains d'ŒuvresMains d'Œuvres Saint Ouen

La Ferme du BonheurCie Paranda OullamNanterre

Friche A. MalrauxCollectif 12Mantes-la-Jolie

AlternationParis

Gare au ThéâtreCie Mustapha AouarIvry

Le BatofarParis

Les RécolletsParis 13

Les FrigosParis 13

L'Usine HollanderCie la RumeurVitry

La CasernePontoise

La Condition publiqueRoubaix

Le 49 terCie A ChahuterLille

Base 11-19Culture communeLoos-en-Gohelle

Halles de SharbeekBruxelles

Halle VerrièreMeisenthal

La LaiterieCejcStrasbourg

Les SubsistancesLyon

Archipel des squatsBrise-GlaceGrenoble

Caserne d'AngelyLes Diables bleusNice

Friches en Italie

La PaperieCie Jo Bithume

Angers

L'Antre -PeauxEmmetrop

Bourges

TNTTNT

Bordeaux

Uzeste musicalCie Lubat

Uzeste

L'UsineTournefeuille

Mix Art MyrisToulouse

La Casa MusicalePerpignan Le Hangar des Mines

Cirque Gosh - Cie Contre pourSaint-Sébastien d'Aigrefeuille

Friche la Belle-de-MaiSystème Friche ThéâtreMarseille

Le ComptoirLes Pas perdusMarseille

La FabriksMarseille/Paris/Dakar

RakanNîmes

ème

ème

Plan détaillé de l’implantation géographique

Page 13: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

renoble est un archipel de frichesindustrielles. Du “102”, historique,

au “Brise-Glace”, en passant par la“Barak”, il y a depuis vingt ans dans cetteville l’expression d’une urgence et latransmission de cette urgence d’unegénération à une autre, d’un lieu à l’autre.

Si tour à tour ils sont devenussquatters, c’est qu’il fallait“arrêter d’attendre”, pouvoirtrouver un toit qui permettede travailler même si lesconditions de cet exercice

étaient précaires, éphémères, incertaines.Les filiations se construisent ainsi depuisla rue d’Alembert1 en passant par lamandature Dubedout2 et en remontantjusqu’à l’esprit genevois presque voisin.

Archipel de SquatsVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

G

GRENOBLE

Personnes rencontrées :Xavier Querel, association le 102Isabelle Doudaine, association le 102Richard Bokhboza, association le 102Sam, Mattia, Mauricette, artistes, le Brise-GlaceManu, Théâtre Moskaï, le Brise-GlacePitch, Richard, Guillaume, artistes, le Brise-GlaceCorinne, Ici-Même, le Brise-GlaceGilles Byule Bodin, artiste, le PassageDenis Vedelage, artiste, le PassageVincent Sorrel, artiste, CinexGaëlle Rouard, artiste, MTKEtienne Caire, artiste, MTKElga Sobeta, directrice des Affaires culturelles, ville de Grenoble

“Quelles alternatives les pouvoirs publicsproposent-ils à des jeunes qui tentent derésoudre leur situation de précarité en sedonnant les moyens de mettre en œuvreleurs projets culturels ?”

RHONE-ALPES

Page 14: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Dans cette “ville expérimentale” lessquats font partie du paysage politique,économique et culturel, et AlainCarignon3 qui a voulu expulser, passerà l’acte, n’a fait que consolider lemouvement et son assise dans unepartie de la communauté grenobloise.Finalement pour la paix sociale, il y apetit à petit une appropriation de laculture du squat, dans la deuxième villefrançaise au hit-parade du Pacs.Mais cettea p p r o p r i a t i o nculturelle ne signifiepas intégrationdans une politiquec u l t u r e l l e .Grenoble reste“une ville pleinede lieux de diffusion” qui résiste encoreaux revendications de ses squatters.Lorsqu’on leur demande “c’est quoivotre projet ?” les occupants du Brise-Glace répondent : “Venez visiter, c’estpas du faux théorique, c’est du concret,ce que l’on a fait a valeur de projet.”

Le projet et l’activitédu Brise-Glace

L’objectif du Brise-Glace est demaintenir un lieu de vie et de travail, derencontres et d’échanges, où matériauxet savoir-faire fabriquent de l’en-commun, une de ces friches quitransforment en liberté la nécessitéd’articuler espace et création. “Lieu decréation d’activités et de production de

nouvelles compétences urbaines5”,l’identité du Brise-Glace s’est forgéepeu à peu en réseau avec les autressquats grenoblois. Le Brise-Glace estaujourd’hui un gigantesque atelier defabrication, mais aussi un lieu de vie. “Lefait de vivre ensemble est uneexpérience humaine et ar tistiqueessentielle. Habiter ensemble, c’est seconnaître, faire circuler des idées,

découvrir lespratiques des unset des autres,construire desprojets6.” Mêmesi autour duB r i s e - G l a c e ,Tapavu etMandrak offrentdes possibilités

de diffusion, l’ensemble du réseaugrenoblois est utilisé par les artistesrésidents. Leur notoriété individuelle lesamène également à être accueillis dansdivers centres culturels à traversl’Europe. Cetteouverture localeet internationalecontribue aumouvement sur le site, mouvement quia permis en cinq ans d’accueillir près de200 artistes dans toutes les disciplines.Essentiellement dédié à la productionartistique, le Brise-Glace s’est ouvertavec les associations, Tapavu etMandrak, à la représentation publique.Plusieurs milliers de personnes ont ainsivisité des expositions ou assisté à desspectacles. Par ailleurs les résidents duBrise-Glace ont toujours été soucieux

de l’ouverture au public de proximité,conscients des préjugés générés par lesoccupations illégales. Les propositionsde portes ouvertes ont ainsi permis derendre le lieu moins étranger et de fairedécouvrir les artistes en travail.

Le choix artistique

Dans les squats, le non-choix esthétiqueest proclamé comme règle de base etc’est un système de cooptation quifonctionne avec des gens engagéscapables de contribuer à l’existence etau maintien du lieu. “Il y a un paradoxechez nous, on est un groupe qui n’estpas un groupe. Il y a des avis trèsdivergents sur bon nombre de sujets,sur tous les sujets. En fait nous serionsplutôt un collectif de collectifs, ou ce quicompte c’est de bien identifierles solidarités et les responsabilités.Le non-droit dans lequel on estpose même en interne bien desquestions. Les amendes par exemple

qui nous ont étéinfligées, elles sontnominatives7.”

Budget - Organisation

“Au Brise-Glace personne ne s’estjamais positionné comme directeur, eton a toujours écarté l’idée de profes-sionnalisation, pas par idéologie, parpragmatisme. Alors c’est sûr, ça lesénerve de nous voir débarquer à4,5,6… Ils disent qu’il y a autant d’avisque d’individus, mais en fait ils sont piresque nous8.” Le Brise-Glace est géré par

30 Archipel de SquatsVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

1- Adresse du 102.

2-3- Anciens maires de Grenoble.

4- François Deck.

5- Moricette dans Cassandre, décembre 1999.

6-7-8- Collectif du Brise-Glace – Entretien.octobre 2000.

9- Collectif du Brise-Glace - Entretien - octobre 2000.

Le lieuLa friche Bouchayer Viallet, propriété d’ Alstom, s’étend sur six hectares au bord duDrac (le fleuve), a coté du CNAC le Magasin (le centre d’art contemporain), pas trèsloin du centre de la Ville. Le site a été abandonné en 92 et plusieurs bâtiments ont étépillés. Le site, très étendu, est aujourd’hui destiné à être reconverti en pôle dedéveloppement scientifique. Sur les deux grandes halles de plusieurs milliers de m2

inoccupées actuellement l’une devrait être conservée, l’autre détruite. La partieutilisée par les squatters est divisée en plusieurs bâtiments et affectations. La Barak estune maison qui est tenue par un collectif et dont la vocation sociale est affirmée, enmatière de lutte contre l’exclusion. Le Brise Glace représente une surface de plancherd’un peu moins de 1000 m2 (380 m2 au sol), utilisés comme hébergement et commeateliers d’artistes (18) toutes disciplines confondues (son, spectacle vivant,photographie, sérigraphie, arts visuels). Dix personnes vivent en permanence sur lesite. Jouxtant ce bâtiment qui pourrait dans sa vocation culturelle être intégré auprojet définitif, une grande halle aux multiples potentialités scénographiques a déjàété utilisée occasionnellement par les résidents, comme par des institutions. Ellepourrait avec un petit entrepôt dédié à la musique, “le Tapavu”, et un autre dédié auxexpos, “Mandrak”, faire partie d’un programme global d’aménagement culturel.

“Nous nous sommes mis dans lesfailles, là où personne n’avait prévud’avenir. On a travaillé à partir denos nécessités premières, de notrerapport au social, de notre vécu.Nous sommes dans une époque etun système dans lequel les phases derecherche ne peuvent être financées.Il fallait bien que nous trouvions unemanière d’exister4”.

“Ce qui va devenir le signe distinctifde la politique culturelle de la villesera le squat.”

Page 15: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

une association loi 1901. Le groupe debase est de dix personnes qui résidentsur le site. Tout est décidé collecti-vement lors d’une réunion mensuelle,au cours de laquelle sont traitées toutesles questions liées à l’organisation et à ladéfense du projet.Les résidents payent 100 à 200 F parmois et par pièce occupée à l’asso-ciation.Au cours des cinq dernières années, lesoccupants du Brise-Glace ont dû faireface à une bataille juridiquepermanente, menée par le propriétaire,qui a obtenu de sévères condamnationsdes squatters. Malgré le soutien de lamunicipalité, les indemnités (plusieurscentaines de milliers de francs)auxquelles certains ont été condamnéscourent toujours.

Développement

Aujourd’hui le Brise-Glace ne sait pastrès bien s’il restera squat.L’appropriation de la culture du squatpar les institutions permet de réduire laprécarité sur le site, mais le fosséculturel reste important, même s’il figuredans le XIIe contrat de plan, ou dans laconvention entre la Ville et l’Afaa.“Lorsque la municipalité a voulu nousaider, on lui a dit de ne pas sortir lechéquier et de nous épauler pourdéfendre le lieu vis-à-vis du propriétaire,et petit à petit nous allons vers unemaîtrise foncière publique et vers unprojet de réaménagement. A partir delà, la question est de savoir si l’on veut,qui veut, pour quoi faire une petitefriche dans la grande friche requalifiée.Mais là ce n’est pas que les politiquesculturelles qui sont à changer, il y a aussitoutes les approches techniques9.” Lafriche Bouchayer Viallet doit êtretransformée en un pôle de dévelop-pement scientifique. Le devenir del’activité culturelle reste incertain, lamunicipalité étudiant actuellement lamise à disposition pour des activitésculturelles (dont celles des occupants duBrise-Glace) d’anciens bâtimentsmilitaires.

Archipel de SquatsVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Elga Sobeta, directrice desAffaires culturellesTravailler avec les squats grenoblois n’estpas toujours facile, lorsque l’on a encharge la direction de la politiqueculturelle de la ville car chaque sujet estun cas particulier que l’on doit aborderavec des marges de manœuvrefinancières très réduites. “Ces projetsprennent la ville, l’espace public commeun champ d’expérimentation artistique etculturel. Ils révolutionnent le rapport auxvaleurs esthétiques, les rapports auxpublics et l’appréhension de la plupartdes outils. Ils bousculent les frontières etnous avons beaucoup de difficultés à lesprendre en compte car nous avons unsystème d’évaluation qui ne correspondpas à cette réalité. Nous sommes obligésde jouer aux marges en cherchant leseffets d’entraînement avec l’Afaa parexemple, car il est difficile de menersimultanément le soutien auxémergences et la rénovation de la Maisonde la culture. De plus on se heurte àl’hétérogénéité de ce milieu. Il faut traiterle problème du foncier dans un cas, larénovation d’un bâtiment dans l’autre, ouencore trouver un accompagnementadapté à un projet de productionartistique. Nous cherchons notammentdans notre politique à faciliter lapossibilité du travail artistique et nousavons en projet, dans une ville où lapression immobilière est très forte, detransformer une friche militaire en lieu detravail, une pépinière artistique etculturelle ouverte sur la ville. La difficultépour un projet de cette nature est desavoir comment il peut se générer.”

“L’exigence artistique naît d’un manque,mais d’un manque cultivé.”

“Il faut le potentiel artistique pour que ladimension sociale existe”.

Page 16: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Archipel de SquatsVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

10- Labominable à Paris, Zebra à Genève, Mir à Nantes, Studio à Rotterdam…

11- MTK - Entretien - octobre 2000.

12- Le budget global de l’association est de 180 KF

13- Cinex - Entretien - octobre 2000.

14- Le Passage - Entretien - octobre 2000.

15- Jean-Jacques Gleizal, L’Art et le Politique, collection lapolitique éclatée, Puf, Paris, 1994.

16- Le lieu a été souvent menaçé d’expulsion. Depuis peuune convention d’occupation lie la Ville à l’association.Des travaux de mise en sécurité ont été réalisés àhauteur de 300 KF, travaux pour lesquels l’associationa exigé une collaboration étroite afin que le coût deceux-ci soit minimisé.

17- Le budget de l’association est de 100 000 F,1/3 provenant du bar, 2/3 des entrées.

MTK, Passage et Cinex sont les associations résidentes d’une jeune friche concédée par la Ville de Grenoble au dévelop-pement culturel, le Peldis. A la limite communale, près d’une entrée d’autoroute, sur un site promis à la démolition, la municipalitéa accepté de regrouper ces trois associations œuvrant dans le domaine de l’image. Les activités, qui se développent ici aujourd’hui,étaient auparavant abritées par l’un des squats historiques de la ville “le Polder”. “Le Polder a été un endroit très vivant dans lequel ily avait un grand nombre d’ateliers. Nous avions transformé l’Usine en un jardin et nous avons pu travailler avec la sociétéd’économie mixte au moment de sa reconversion par Christian de Portzamparc. Nous avions notamment réalisé avec une équipepluridisciplinaire un jardin éphémère dans lequel nous avions réuni 100 espèces non hybrides sur 3000 m2 de dalles”.

Le nouveau lieu de MTK (700 m2) est divisé en deux niveaux dans lesquels se répartissent toutes les activités. Les espaces sontoccupés par de vieux projecteurs de cinéma, par les laboratoires de développement, par les studios de mixage et de montage, parquelques bureaux… Dans ce lieu de travail, il n’y a pas “un projet commun”, mais des artistes, techniciens, producteurs qui par leursfiliations communes nourrissent des liens parfois plus forts que ceux décrétés par l’intérêt commun déclaré. MTK s’occupe de cinéma expérimental depuis 1993, tant pour sa production que pour sa diffusion. De l’accueil en résidencesd’artistes souhaitant travailler avec cette matière qu’est la pellicule, à l’organisation de soirées et de festivals ayant pour but demontrer ces images, MTK est aujourd’hui l’un des rares repères européens de ce mouvement. En deux ans, 50 personnes sontvenues utiliser les outils mutualisés et un réseau10 est né de façon à ce qu’un peu partout, l’on puisse faire vivre “ces imagessauvages”. Les cinéastes qu’ils accueillent en résidence bénéficient désormais d’un don de pellicule, de la gratuité du petit matérielde développement, d’un hébergement au Brise-Glace et de nourriture. “Nous, c’est ce que l’on recherchait le plus, ce que l’on auraitaimé trouver lorsque l’on a commencé11” . Souvent les travaux qu’ils permettent sont liés à d’autres actions musicales ou plastiques.Laurent Folon, le groupe Zur, les Barbarins, le groupe O, Erick M… sont passés par là, quelques jours ou quelques semaines, afin deréaliser ce qu’ils ne pouvaient faire nulle part ailleurs dans ces conditions. “Nous faisons cela par amour de cette discipline, êtrepayé serait un peu une trahison. Ici le lieu et les fluides sont gratuits, ça nous évite de courir après les financements pour fairefonctionner la structure12. Quand on a eu le développement du nombre d’utilisateurs du labo (jusqu’à 100 personnes), on aurait puse professionnaliser mais nous, ce que l’on souhaite, ce n’est pas d’ouvrir boutique, c’est de multiplier les rencontres, d’échangeravec des interlocuteurs motivés. C’est la même chose pour le festival que nous organisons. Le faire “normalement” coûterait 600 à700KF par an. Les réalisateurs qui se déplacent, les 30 personnes qui travaillent pendant quinze jours et nous deux pendant sixmois, ça revient finalement à 80KF, 50 de subventions, 20 d’entrée, 10 de bar. Si on avait plus d’argent, la première chose que l’onferait serait d’offrir la gratuité.”

Cinex et le Passage sont situés quant à eux, au premier étage juste à côté des studios qui accueillent les artistes au travail,pour un montage, un mixage, ou du web-mastering. “Ce que l’on souhaite ici, c’est d’être dans une expérimentation constante, untravail progressif autour des outils que nous réunissons ou que nous mobilisons, et autour des projets qui nous sollicitent ou qu’onorganise. “Avec Cinex, nous tentons de mettre l’écriture cinématographique dans la relation la plus appropriée à l’outil. Nouscherchons à transformer le rapport au temps de travail, dans le montage par exemple, où les normes professionnelles s’imposent àtous pour des raisons essentiellement économiques. Lorsqu’une collectivité souhaite mener un projet de production, dans le cadrede la politique de la ville, nous essayons également d’être le plus à propos et de défendre les artistes qui acceptent ces travaux engardant toute leur exigence13”.“Pour nous, au Passage, le rapport aux commanditaires est essentiel. Nous voulons garder toute notre autonomie et en mêmetemps nous désirons intervenir plus souvent dans la ville, dans la région. Je préfère bosser sur des commandes que de vivred’assistanat et de subventions14”.

Page 17: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Archipel de SquatsVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Le 102 (rue d’Alembert) Le 102 (rue d’Alembert) à Grenoble est un espace indépendant, autogéré sanssubvention, qui bénéficie (depuis peu) de locaux conventionnés avec la Ville16. Danscette petite rue grenobloise, on a tout d’abord du mal à imaginer que l’archipel desfriches se soit constitué à partir de ce petit noyau composé d’un jardinet, d’unemaisonnette, d’une “salle de concert” de 100 m2 et de quelques locaux en étagepouvant accueillir expos, ateliers ou réunions. Depuis 1983, le lieu a traversé tous lesconflits, surmonté tous les obstacles avec une douzaine de bénévoles impliqués dansla musique, le cinéma et les expositions qui se sont succédé de promotion univer-sitaire en promotion sociale. Ils ont ainsi essaimé dans la ville créant naturellementun réseau de coopération et de solidarité à partir d’une urgence “diffuser les œuvresque l’on aime” et “d’une manière de faire les choses dans un certain rapportpolitique”. “Ce que nous faisons ici, c’est dégager des espaces de liberté hors desespaces commerciaux, à notre échelle17. Les entrées payent les artistes, la buvette lesfaux frais, et c’est ainsi en mesurant nos forces que nous tenons et réussissons àconvaincre un peu de public. Nous sommes obligés dans notre économie de réaliserdes entrées payantes sur des propositions musicales qui ne sont pas “très soutenues”par les médias. Nous ne pouvons jamais nous contenter, contrairement à certainslieux subventionnés , de cinq ou six entrées payantes. On aime faire un endroit où lesartistes aiment venir, où ils savent pourquoi ils sont là. Moi en tant qu’artiste, je meretrouve dans des lieux labellisés et je ne sais pas pourquoi je suis là.”

“Le rapport de l’art à la marge est lasource d’un des rapports essentielsde l’art à la vie de la cité. L’art peut,de ce point de vue, mener vers unemarge source de changement (…)Après la régionalisation de lapolitique artistique, il fautaujourd’hui définir une politiqueurbaine s’appuyant sur desinstitutions autonomes qui, rendantl’art possible, en feront un des lieuxde recomposition de la citoyenneté15.”

coordonnées : Le Brise-Glace24, rue Ampère 38000 GrenobleT : 04 76 84 58 94F : 04 38 12 03 79

MTK8 av. du Général-Leclerc 38950 Saint-Martin-Le-VinouxT : 04 76 17 11 [email protected]

Le Passage24, rue Ampère 38000 GrenobleT : 04 76 47 48 19

Cinex8 av. du Général-Leclerc 38950 Saint-Martin-Le-VinouxT : 04 76 43 84 [email protected]

Le 102102, rue d’Alembert 38000 GrenobleT/F : 04 76 70 12 [email protected]

Références documentaires

Documents de communicationRevue de presse le Brise-Glaceseptembre 1999

Catalogue Drac

ProgrammePrésentation du Brise-Glace

Projets du 102

Page 18: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

duardo Alberggia était une figure dumouvement des squatters parisiens

qui s’illustrent depuis quelques annéesdans une capitale qui n’accorde en sonsein que très peu de place au travail desartistes. Compagnon de la Grange-auxBelles, squat historique du 10e arrondis-sement, il décide, au début de l’année

2000, de partir à larecherche d’un nouveaulieu afin d’inventer unerésidence qui permette

aux artistes“ de devenir acteurs de leurpropre vie, pour mieux la vivre, sans lasubir”. En mars 2000, le bâtiment de larue Pierre-Bourdan dans le 12e arrondis-sement est investi par les premiersartistes vite rejoints par les squattersexpulsés de Matignon. Le groupe sebaptise 21-19. Le bâtiment de la rue

AlternationVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

E

“Un squat c’est une performance artistique.”

“Un squat, c’est une exhibition vide et vindicative.”

PARIS

Artistes rencontrés :Frédéric AtlanYann (Mirage), ChuckTitou (Michel Bonaldo)Olivier, Pascal OlmerKarine, Tamara BothkineMokrani, Pierre ManguinManu Lebrun

ILE DE FRANCE

Page 19: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Pierre-Bourdan devient Alternation.Le groupe 21-19 se donne alors commeobjectif de légaliser l’occupation del’immeuble, afin de développer un projetsur le long terme, comme une véritableentreprise culturelle qui “ne veut plus sesentir en sursis permanent avec l’épée del’expulsion sur sa tête tous les six mois2.”

“Le principe d’un lieu d’expérimentationet de développement de pratiquesculturelles alternatives est né de laréflexion individuelle et collectived’artistes confrontés, dans leurs pratiquesquotidiennes, à l’inadéquation desstructures existantes. En effet, lesrésidences ouvertes sur le monde etadaptées aux besoins d’échanges, detechniques et de savoirs de l’artiste

contemporain sont aujourd’hui encoretrop rares dans le pays et à Paris4.”Même si le ministère de la Culture ainsique la plupart des collectivités localesont développé une politique visant àmettre à disposition des lieux de travailadaptés aux artistes plasticiens entermes d’ateliers et d’atelierslogements, les programmes réalisés(l’ensemble de ceux qui pourront) nepermettront pas de satisfaire lademande et ceux pour deux raisons.La première est quantitative. “A Paris ilexiste 1600 ateliers dont 400 financéspar l’Etat et 1200 appartenant à la Villede Paris. Les délais d’attente, pour enobtenir un, vont de 8 à 9 ans. Laconstruction annuelle d’une dizaine paran ne peut suffire à combler lesbesoins5.”La seconde raison est qualitative, carles ateliers ainsi programmés n’offrentque rarement ce que recherchent lesartistes engagés dans les squats, c’est-à-dire des lieux en prise avec la vie de lacité, dans lesquels différentes disciplinesse côtoient, et dans lesquels le rapportau public peut trouver différentesexpressions.

A Alternation, l’occupation de l’immeublede la rue Bourdan a permis de créer unespace de vie artistique et culturelleaccessible au plus grand nombred’artistes mais aussi au public qui peutaccéder au squat dans le cadre d’une“programmation” de vernissages,d’ateliers, de spectacles, de rencontres.Le groupe 21-19 a, avec Alternation, décidéde proposer un projet culturel à part

AlternationVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

1-3-Friche urbaine Alternation, résidences d’artistes- document de présentation.

2- Edouardo Albergaria - Le Parisien, 4 mai 2000.

4- Friche urbaine Alternation, résidences d’artistes- document de présentation.

5- La politique en faveur des arts plastiques, présentéepar Catherine Trautmann ministre de la Culture et de la Communication, le 10 février 2000. Voir aussi le communiqué de presse du 2 août 2000.

6- Edouardo Albergaria - Libération, 3 avril 2000

7-9-10-11-12 Entretien avec le collectif 21-19décembre 2000.

8- Le Journal des arts, 12 au 25 mai 2000.

12- Ancien lycée technique de 15 000 m2.

13- Franck Hiltebrand dit Yabonplasticien - Epok - mai 2000.

Le bâtimentAlternation est un bâtiment situé juste à coté de l’Ecole Boulle (maquettistes).Abandonné par son propriétaire (visiblement en lien avec le Consortium DeRéalisation des actifs du Crédit Lyonnais), le site représente une surface de 3 500 m2.Une petite cour intérieure dessert les deux ailes d’un unique bâtiment. Le rez-de-chaussée est utilisé comme salle d’exposition, salon de musique et lieu de travail pourles pièces situées en périphérie. Les étages abritent de nombreux ateliers et leschambres des permanents.Dans les caves, un petit théâtre a été aménagé et les garages sont répartis en atelierset en petites galeries. Le site accueille en tout : 14 ateliers d’artistes, 1 médiathéque, 2galeries d’exposition, 2 salles de spectacle, 6 espaces de répétition, 4 studios demusique électronique, un laboratoire photo. Le lieu associe espaces publics-espacesprivés, espaces de création-espaces de diffusion, espaces de travail-espaces deconvivialité. Il est conçu comme un espace de passages, comme un espace favorisantl’échange entre les artistes et le public, les habitants des quartiers et ceux de la ville,les communautés et les groupes sociaux.

Le squatde la Grange-aux-Belles“Le squat artistique de la Grangeaux-Belles, ouvert en août 1995, estné pour répondre à un besoind’échanges d’expériences et departages. Son fonctionnement étaitbasé sur le mélange d’art, de viequotidienne et d’activités culturellesouvertes au plus grand nombre. LaGrange-aux-Belles était un espaced’accueil pour les artistes depassage, pour ceux qui désiraient yrésider, le temps de réaliser unprojet artistique. La philosophie dulieu et de ses artistes était basée surl’esprit de créations individuelles etcollectives où les différences sontune richesse, laissant de côté lessolitudes dechacun1 .”

Le squat de Matignon“Le groupe Matignon, issu dumouvement culturel et artistiquealternatif parisien, manifeste, par lebiais des friches urbaines qu’il occupeillégalement, les nouvelles tendanceset les nouveaux besoins de l’artcontemporain. Devant faire face auxexpulsions successives, malgré leurstatut de hors-la-loi et leur manquede moyens, ces artistes ont su offrir àla ville de Paris certains de sesspectacles les plus fascinants et lesplus rares. L’Antimusée Socapi 98, lesquat Marais public, la place de laBourse, l’avenue Matignon ont été deréels sites touristiques permettant àParis de se hisser au rang de certainesgrandes villes à l’identité et à la vieculturelle plus pétillantes, tellesNewYork, Londres ou

Page 20: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

entière qui ne se limite pas à la mise à disposition d’espaces, et à unepolitique d’animation événementielle.L’expérience des principaux activistes dugroupe a permis de structurer quatre axesde travail, fondant ainsi un véritable propossur “le rôle de l’artiste en ville6 ” :- Favoriser la création sous toutes sesformes en accueillant des artistes detous horizons, qu’ils soient ar tistespermanents (12 personnes), artistesrésidents (15 personnes de 3 à 6 mois)ou ar tistes non résidents (100personnes de 3 à 6 mois).- Accueillir et réunir des publics trèsdifférents dans un lieu d’art et decréation, vivant et déclencheurd’intérêts et de curiosités.- Développer une culture de proximitéet créer du lien social.- Expérimenter toujours dans lestechniques comme dans les relationshumaines.

La sélectiondes artistes en résidence

Les artistes souhaitant être accueillis enrésidence doivent présenter un projetsur la base duquel les pairs décident del’attribution ou non de l’atelier. Au seindes squats, la question de la sélectionest toujours un point en débat surlequel le collectif 21-19 a tenté d’établirune procédure, remettant en cause lescanons officiels mais refusant de laisserune certaine confusion s’instaurer sur la“nature artistique” des squatters. Quoiqu’il en soit, cette question del’exigence, de la rigueur, de la qualitéreste vivante dans ces lieux où leséchelles de valeurs sont réinterrogées.“Ici, l’accueil est empirique, on a invitédes gens que l’on connaissait en évitantceux qui sont trop trash. La moyenned’age, c’est 30 ans et c’est bien, parceque les plus jeunes, ils sont trop durs, ilsne respectent rien.- Moi je ne suis pas d’accord, il n’y a pas

assez de jeunes ici, le squat s’est figé. Ilfaut que l’on continue d’offrir laconfrontation entre des jeunes et desgens plus expérimentés, et en plus lesaccueillir ici c’est souvent leur donnerune chance.- De toute façon on est plein, c’est troppetit maintenant.- Non, je ne suis pas d’accord, on a unproblème de qualité, de choix.7”L’absence réelle de critères esthétiquesdans le choix des résidences est à la foisla force et la faiblesse des squats, quirevendiquent ne déterminer aucun“mouvement artistique défini”. “Cetteabsence de critères de sélection a pourconséquence logique de voir se cotoyerle pire et le meilleur, et si l’on ne peutdiscerner parmi les squats existants decourant ar tistique dominant, onremarque a contrario que chacunpossède une véritable spécificité. Celle-ci découle du mode d’organisation misen place par ses fondateurs etconditionne indirectement le travail deses occupants8.”

Malgré cetteindéfinition decritères, les squats créent une véritabledynamique artistique, par le rapportprofessionnel et public auquel estconfronté toutsquatter. “Lescollectifs m’ontpermis dem’exposer plusque tout ce que j’avais fait avec lesgaleries. En termes d’expérimentation,j’ai gagné des années et des années. Lesmusées, j’y ai goûté, mais ce n’est pas çaqui fait la force de la création. Dans unsquat, tu ne peux pas faire semblanttrès longtemps. Ceux qui sont les plusintransigeants, ce sont ceux qui sontdans les lieux eux-mêmes. C’est uneémulation que je n’aurais jamais euedans une chambre de bonne, mais ilfaut aussi pouvoir sortir du collectif, ne

pas s’enfermer sur nous-mêmes, detoute façon mon plan de carrière n’estpas de me faire sortir tous les six moisau petit matin par les CRS10.”

Dans la ville, hors la ville

La localisation des squats dans la villeest un des enjeux de chaqueoccupation de bâtiments. En fonctionde cette localisation s’induisent tout unréseau de relations et le principe desocialisation des artistes résidents.Alternation est localisé dans le 12e

arrondissement de Paris, dans unquartier ou naturellement l’ouverturedu squat était moins événementielleque celle des squats Rivoli, Bourse ouMatignon. Le flux potentiel de publicpassant sous les fenêtres de l’immeubleest donc déterminant quant à l’ouver-ture aux publics et quant à l’organi-sation que le squat devra avoir pour lagérer. Si, à Nation, cette ouverture estextrêmement limitée pour conserver

aux artistes unequalité de travail,les protagonistesdu lieu ont eu

auparavant des expériences différentesdans un quartier chic à Matignon etdans un quartier populaire à Belleville.

Sur le pôle Pi12 àBelleville, “on sefaisait déborderpar des bandesde délinquants

et l’atmosphère était très tendue. Onpassait plus de temps à régler desproblèmes de sécurité et d’intendancequ’à travailler, jusqu’au jour où un jeunea été tué, ce qui a mis fin à l’expérience,dont je suis sorti très traumatisé. De cejour, j’ai décidé d’investir des lieux dansles quartiers bourgeois”13. “Aveccertains jeunes, ça se passaitfranchement bien. Une minorité asalement foutu la merde. On avaguement espéré que les pouvoirs

AlternationVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

“J’en arrive à préférer, une œuvremaladroite mais généreuse auxœuvres complètement aseptisées9.”

“En fait, au ministère, ils ont lesyndrome de la normopathie. C’estune maladie grave, longue etd o u l o u r e u s e 1

Page 21: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

AlternationVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

publics se mouillent, qu’ils s’intéressent ànotre démarche. On n’a rien obtenu. Ilfallait se démerder seuls. On était

pourtant canali-s a t e u r sd ’ é n e r g i e spositives, onjouait un rôlesocial pour tout

un tas de jeunes. On a décidé que çasuffisait et dit adieu aux quartierspopulaires15.” Cette attitude controverséeà l’intérieur du mouvement dessquatters, est également le fruit desdésillusions nées de l’absence deréponse politique à la dynamique dessquats : “On a inventé un vrai lieu deculture de quartier que nous avons sugérer pendant cinq ans, avec zéro franc.

La ville aurait dûfaire préemptionsur le bâtimentpour 1,8 MF. Aulieu de cela c’estla spéculation

immobilière qui reprend et la préfectureexpulse à tour de bras17.”

Rapport économique

Un des éléments cruciaux de la revendi-cation des squatters concerne donc lalocalisation des squats ou des futurslieux qui pourraient leur être concédéset hors les questions de sécurité lesquestions économiques sont au cœurde ces choix. Le collectif Croustie’s, quia rejoint la rue Bourdan, a été à l’originedu squat de la rue Matignon et a, sur ceterrain, démontré que les productionsartistiques produites par les squatterspouvaient trouver un débouché sur lemarché, dans certaines conditionsd’exposition. “Les lieux intra murosnous permettent de vivre de notretravail. Nous voulons et nous pouvonsexister par notre art. En quatre mois,lorsque nous étions à Matignon, nousavons vendu pour 230 000 F d’œuvres.

Le syndicat des antiquaires avaitd’ailleurs déposé plainte pour exerciceillégal du commerce. On s’ouvre ainsinos propres marchés, et une réflexions’ouvre sur le prix de l’œuvre, sa sociali-sation. Finalement c’est le thème de ladémocratisation de l’ar t que nousposons avec cette revendication18.”Aujourd’hui, même si un certainnombre de collectionneurs ont suivi lesartistes relogés à Alternation, le principeéconomique repose plus sur celui del’économie solidaire que sur celui d’unmarché de l’art.Les artistes permanents et les artistes

accueillis s’inscrivent dans unedynamique d’échange qui les amène àparticiper à un dispositif d’économiesolidaire dans lequel ils peuventbénéficier d’apports multiples du squat(logement, ateliers, conseils…) etauquel ils contribuent en présentant à lafin de cette période leurs productions,en animant un atelier collectif et enparticipant à la vie collective du site.Le squat pose tout le problème de

l’économie de l’artiste. Les artistes dessquats ne sont pas unanimes sur cerapport à l’économie qui dénonce à lafois l’économie de la subvention et dumarché de l’art sans trouver encore lesmodèles économiques qui pourraientse déployer dans un cadre légal etpermettre de sortir d’une économie dela précarité.“On n’a pas besoin de subvention dansles squats, on demande seulement leslieux.- Mais ce n’est pas vrai. Si on nousdonne les lieux, on ne pourra pascontinuer à tout faire illégallement. Ilfaudra bien de l’eau, de l’électricité.- Oui peut être, il faut nous donner l’eauet l’électricité gratos.- On pourrait faire payer l’entrée aupublic ?.- Il faut faire vendre nos œuvres par unecoopérative.

“ Les squats inventent un art de fairebien, vite et sans moyens. Il fautabsolument que l’Etat et la mairie sedécident à investir dans les frichesurbaines1 4.”

“Chaque lieu est une inspirationdifférente. Si l’on parvenait àlégiférer sur les contrats deconfiance, il faudrait deux ou troislieux fixes qui soient des bases etplein de lieux

14- Frédéric Atlan - Entretien - décembre 2000.

15- Anne-Charlotte Berger - élue municipalede la mairie du 10e arrdt, Libération, 9 juin 2000.

16-19-23 Entretien avec le collectif 2119décembre 2000.

17- Stéphane Mir - comédien - Epok - mai 2000.

18- Edouardo Alberggia - “La Grange est tombée”Libération ,9 juin 2000.

20- “Petits pas dans la mare aux squats”Cassandre, avril-mai 2000.

21-Le groupe Matignon, In Fact,Chez Robert/Electron Libre, La Grange,Les Articulteurs, Les Mains Gais,Le collectif Tromblon, PotofProd de Montreuil,Chez Emile à Rouen, Les Diables-Bleus de Nice,Le Brise-Glace, La Barak, le 102 de Grenoble,Les Tanneries à Dijon, Le Clandé, la Datcha,Myris à Toulouse, Chez Rita à Roubaix.

22- Edouardo Albergaria - Libération, 3 avril 2000.

Page 22: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

AlternationVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

- Si l’on veut rester authentique, il fautque cela fonctionne sans subvention. Lasubvention c’est la récupération19.”

Organisation

Les squats sont les nouveaux espacesde l’utopie organisationnelle, presquetoujours organisés autour d’un leader.Un grand soin est apporté à corrigerl’effet du leadership. A Alternation parexemple, l’organisation tournante, larépartition du travail administratif et laresponsabilisation permanente de tousles acteurs permet de travailler lerapport au pouvoir collectivement.

Inter-Squat20

Les squats artistiques sont aujourd’huiune donnée fondamentale du paysageculturel. Ainsi, un timide rapprochements’est mis en place autour d’un Inter-Squat21. L’objectif commun de ces lieux,ne répondant à aucun modèle, est dedéfinir une plate-forme commune afind’obtenir des contrats de confiance, ouautres baux d’occupation précaire. Ceprincipe mis en acte à Genève (depuis1966) par exemple22, permet lapérennisation des actions engagées et lamise en place d’un cadre légal, évitant lacriminalisation de ces pratiquesd’occupation. Le groupe réunit au moisde février 2000 a proposé que :- L’Etat puisse être médiateur et garantmoral de cescollectifs auprèsde propriétairesprivés disposantde lieux vacants appropriés à la mise enplace de projets créatifs et donnel’exemple en tant que propriétaire.- Les pouvoirs publics locaux soientsoumis à une charte nationaleconcernant les conventionsd’occupation de lieux vacants.- L’Etat s’engage à exonérer partiel-lement de taxes foncières et autresimpôts les propriétaires privésétablissant ces contrats.

- Au titre de la sécurité des personnes,des lieux et des publics, des travaux demise aux normes puissent être engagés.Les occupants fournissant la main-d’œuvre nécessaire en concertationavec des cabinets d’architectescompétents, les pouvoirs publicspouvant intervenir en subventionnantles matériaux.- Le droit aux fluides étant inaliénable,les pouvoirs publics s’engagent à fairerespecter ce droit.- Les lois de réquisition et contrel’exclusion soient régénérées et quel’Etat leur donne force d’application.

“C’est drôle. A chaque fois qu’on asquatté un lieu de l’Etat, c’est làqu’on a le plus

coordonnées : Alternation19-21, rue Pierre-Bourdan75012 Paris

Page 23: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

’association qui se crée en 1984 àBourges autour d’étudiants de

l’école d’art s’engage dans la ville afin d’ymener des actions culturelles inscritesdans la mouvance des indépendants etdes dynamiques alternatives. Karine

Noulette et Fré-dérique Marcignacsont deux de cesactivistes qui durant

cinq ans multiplient l’organisation deconcerts, d’expositions et d’événementsde rue. De 1986 à 1989, refusant lechemin de la professionnalisation dansle domaine des musiques actuelles ou

L’Antre-PeauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

L

BOURGESCENTRE

Personnes rencontrées :Karine Noulette, directriceEddy, Son Art LabFrédérique Marcignac, coordinatriceGuerino Simonelli, Le Nez dans les étoilesAnne Hugon, Le Nez dans les étoilesJean-Paul Labro, Bandits-MagesClaude Levêque, artisteAlain Meillan, directeur de la Culture, ville de Bourges

EmmetropBandits-MagesLe Nez dans les EtoilesSon Art LabMille Univers

“Il faut replacer la culture danssa fonction primordiale dequestionnement de la société”.

Page 24: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

de l’art contemporain, Karine Nouletteet Frédérique Marcignac s’engagent dansla vie d’un squat parisien. Après cetépisode de vie collective, l’associationEmmetrop retrouve ses animatrices et lenouvel engagement de l’association dansla vie culturelle de Bourges va se dirigerdans les quartiers nord de la ville. “Nousavons toujours voulu éviter de devenirdes spécialistes en nous enfermant surl’unicité d’une action. L’association n’ajamais pensé pouvoir apporter desréponses, notre objectif a toujours étéde faire des propositions qui pouvaienttrouver un écho dans la ville1.”

De 1990 à 1993, en menant de frontune activité de création avec la TribuPyrofore (théâtre de rue) et le travaild’intervention dans les quartiers,l’équipe d’Emmetrop tente d’interrogerde nouveaux dispositifs de productionet un autre rapport entre créateur etopérateur. Après ces trois ans de travailconjoint, la Tribu Pyrofore se saborde,l’ensemble des activités n’étant plustenable simultanément. Confrontée à ladifficulté d’un ancrage local et à unepression conflictuelle et institutionnellepermanente, l’association cultivera unecertaine différence, construira ainsi sonpropre discours. “En fait, notre projetétait écrit dès 1992, mais nous noussommes toujours heurtés auxinstitutions locales. Le travail pluri-associatif que nous proposions n’étaitpas éligible, et bien que l’on nous aitaccordé une convention précaire dansun lieu, racheté par la Ville en 92, il n’yavait pas de soutien à ce que nousdéfendions2.” Après plusieurs tentatives

d’ouvertures de Cafés Musique, l’asso-ciation investira finalement sur le lieu dela friche baptisé Antre-Peaux, enouvrant en 1998 le Transpalette, unevigie de l’art contemporain parrainé parClaude Lévêque.

L’organisation

Le projet de la friche s’est développé parcooptations successives d’associationspartageant un esprit collectif, Bandits-Mages pour l’art vidéo, Le Nez dans lesétoiles pour les arts du cirque, Eko’N’Kopour l’enregistrement musical et SonarLab pour la création sonore. Chaquestructure a une convention cosignéeavec Emmetrop et la Ville. Ce principeévite toute centralisation tout enconservant à Emmetrop le rôle defondateur, garantissant le sens desprojets et les éventuelles futures locali-sations. Les structures sont ainsi ensynergie tout en garantissant leursindépendances de fonctionnement. “Notre rôle de pilote, c’est d’associer surles projets les utilisateurs de la friche,d’amener de la matière que chacuns’appropriera ensuite. L’Antre-Peauxn’est pas une accumulation de structures,c’est plutôt un positionnement decompétences3.”Les espaces sont répartis entre lesdifférentes structures. Elles disposentchacune de leur base de travail etmutualisent les espaces de diffusion etcertains espaces de production. “Le principede la mutualisation et de l’ouverture estessentiel à l’Antre-Peaux, mais il peut parfoisêtre délicat de laisser se dérouler sur le sitedes événements de nature très différente.

C’est particulièrement évident pour les artsplastiques, ou la ligne artistique doit restertrès serrée.”

Le projet

Pour ne pas s’enfermer dans son propreprojet, Emmetrop crée de multiplesniveaux d’accompagnement des artistesou des initiatives associatives. ”Pournous, alors que le lieu labellisé est le lieude synthèse, la friche doit être le lieu del’amont. Nous devons être en amontmême des pratiques amateurs. Nousdevons travailler en profondeur lemode d’appropriation des “petitssavoirs”, créer en douceur des publics,comme par exemple, le travail menéavec la chorale amateur et lelaboratoire vocal de New York. C’est ceque j’appelle le décloisonnement despratiques culturelles, c’est le décalibragedes pratiques et des produits, unrapprochement des amateurs et desprofessionnels.”L’Antre-Peaux est un lieu dans lequel sejoue l’équilibre entre la préparation et laprésentation du travail ar tistique.L’équipe d’Emmetrop a toujours refuséd’être enfermée dans un rôledéterminé de la chaîne de la productionculturelle. Positionnée sur le champ desmusiques actuelles, l’équipe aurait puprétendre à la gestion d’une scène desmusiques actuelles, mais l’esprit duprojet s’est toujours manifesté endécalage face à ces exigences de laconsommation culturelle. Ce décalages’est cultivé dans l’opposition, laconfrontation au passé culturel d’uneville qui a construit cette équipe, et son

L’Antre-PeauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

1-2-3 Karine Noulette - Entretien - novembre 2000.

4- Directeur du Printemps de Bourges.

5- Alain Meilland - Entretien - novembre 2000.

Le lieuL’Antre-Peaux est situé dans les quartiers sud de Bourges. Dans cette ancienne usineorganisée autour d’une cour centrale dans un quartier de pavillons, les équipesrésidentes ont exploité les caractéristiques propres de l’espace. En attendant latransformation du site plusieurs espaces sont identifiés : le Transpalette, lieuexceptionnel d’art contemporain se développant sur 3 niveaux ; le Nadir, préfigurationd’un lieu de diffusion musicale ; l’Usina-Son, complexe de trois studios de répétition ;Sonarlab, studio de création sonore ; la galerie du Haidouc, espace dédié auxexpositions de Bandits-Mages ; l’Espace Culture Multimédia ; le Chapiteau de l’écolede cirque et des espaces communs de stockage, d’accueil et de bureaux. Le Secourspopulaire utilise encore une partie du bâtiment.

Page 25: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

engagement. Dans la ville du prototypedes Maisons de la culture et duPrintemps de Bourges, le parcours deces anciens étudiants de l’école d’art asouvent été conflictuel. “Nous avonslongtemps été considérés comme despetits agaçants. Daniel Colling4 nous amême dit un jour que nous nepouvions pas être professionnels,puisque nous étions des militants !!! Etrehors des schémas de la standardisationdes musiques actuelles est unegageure.”

Ne pas stigmatiserles choix esthétiques

Aujourd’hui dans la friche de l’Antre-Peaux, Emmetrop développe un travailpluridisciplinaire ancré sur ses deuxdisciplines historiques, la musique et lesarts plastiques. Dans le domaine desarts plastiques, la qualité de ladémarche menée avec des artistes denotoriété très différente a vitepositionné le Transpalette comme undes espaces importants de la scènenationale. “Il était très important quenous jouions de la dialectique entre lescultures urbaines et les autresesthétiques incarnées par des artistesaussi différents que Claude Levêque,Daniel Buren ou de jeunes plasticiens.C’était indispensable pour nous, auregard de nos désirs artistiques, c’étaitindispensable vis-à-vis des institutionspour rappeler que nous n’étions pasdes spécialistes en hip hop et en rockalternatif, et c’était égalementindispensable pour les publics quidoivent être confrontés dans ce lieu àtoutes sortes de propositions.”Sans espace de diffusion adapté,Emmetrop poursuit malgré tout sonaction dans le domaine des musiquesactuelles, brouillant les pistes de laconsommation culturelle en programmanttour à tour Bernard Lubat, le laboratoirevocal de New York, Otomo Yoshiide ouun sound system. Dans ce domaine,l’Usina-Son est également devenu uneplaque tournante des pratiquesamateurs en accueillant dans 3 studiosprès de 60 groupes de musique, soit

L’Antre-PeauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Ville de BourgesEmmetrop est une vieille connaissance d’Alain Meilland. Jusqu’en 1987, Alain Meillanda en effet participé à la vie culturelle locale, en en étant même un des principauxacteurs. “En 1984, des étudiants de l’école d’art étaient venus me voir pour organiserdes spectacles dans la salle Germinal que je gérais entre autres choses. Leurs discourssur le rapport à la présentation artistique, m’avait frappé, ils considéraient vraiment lespectacle vivant comme un moment en soi, intervenant plastiquement pourtransformer le lieu, créant ainsi des atmosphères surprenantes qui tranchaient avec ladiffusion habituelle des spectacles. J’ai tout de suite indentifié qu’Emmetrop allaitprendre une place complémentaire dans le paysage culturel de la Ville au côté desgrandes institutions. Avec elle, on allait enfin avoir une vision plurielle de la culture”.En 1995, Alain Meilland devient le directeur des Affaires culturelles de la nouvellemunicipalité. “Je suis revenu à Bourges à la demande du nouveau maire qui voulaitpoursuivre dans la voie d’une politique culturelle dynamique. Je lui ai proposé detravailler essentiellement sur le tourisme culturel, et les atouts que Bourges possèdedans ce domaine avec la cathédrale et le Printemps, mais il n’était pas question pourmoi de me désintéresser de la mouvance Emmetrop. Nous avons fait prendreconscience petit à petit que cette initiative était utile pour la ville et qu’il ne fallait pasla rejeter mais au contraire la développer. Ils ont une image de dérangeurs, qu’ilscultivent bien d’ailleurs en prenant systématiquement des positions très pointues surdes sujets de société parfois brûlants pour la municipalité. Quoi qu’il en soit, j’ai eu unaval politique du maire pour faire avancer le dossier. La friche de l’Antre-Peaux s’estainsi retrouvée inscrite dans le contrat d’agglomération. En parallèle, nous devons êtretrès vigilants à l’évolution du projet. Il ne faut pas tomber dans le piège d’uneintégration trop rapide et il faut pouvoir fédérer plusieurs dynamiques. Il y a undiscours de l’Etat aujourd’hui qui est celui de l’intégration aux structures labellisées.Par manque de moyens nouveaux, il faudrait intégrer les musiques actuelles à l’écolede musique, le hip hop à la scène nationale, etc. En fait tout le monde sait bien que çane peut fonctionner que par petites touches, et qu’il faudrait réfléchir largement auxmissions que l’on donne à chacun. Ce que je cherche, au niveau de la ville, c’est àutiliser les moyens existants, à rentabiliser les outils, à repenser les cahiers des chargespour recréer des flux. Rajouter une couche avec la friche serait une solution de facilité.Ce qui m’intéresse c’est de savoir comment le paysage culturel de Bourges serecompose avec cet enfant naturel qu’est Emmetrop5.”

Claude LevêqueClaude Lévêque a fait ses études à l’école d’art de Bourges et la proximité “des filles”d’Emmetrop l’a amené fréquemment au Transpalette ou sur l’un des territoiresarpentés par l’association. “A Bourges, j’ai toujours été frappé par le paradoxe qu’il y aentre Emmetrop et le Printemps. L’un installe des dynamiques, du mouvement, l’autreest un système de récupération et d’exploitation. “Dans ces lieux, à Bourges, à Saint-Etienne ou ailleurs, je peux trouver et éprouverd’autres rapports aux espaces et aux publics. Il y a une aventure commune. Quel quesoit le travail des galeries, des centres d’art, des musées, un langage artistiquecontemporain se doit d’explorer d’autres lieux. Ce n’est pas tant la portée sociale qui està prendre en compte, que l’exploration de lieux autres comme sujet du travail decréation. Je prends ces lieux comme sujet et j’essaie, j’ai besoin d’approfondir le pluspossible ce sujet.“On a aussi besoin de ces lieux parce que l’on a trop fonctionné sur le prestige. Laplace du laboratoire, de l’expérience est devenue ridicule. Ce qui est en jeu dans ceslieux c’est à la fois le travail de fond et le travail de terrain, parce que les conditions deproduction sont réinterrogées. Il y a dans ces espaces une dynamique des équipes,une dynamique des échanges et du temps.“Il faut soutenir ces projets sans leur dicter de cahier des charges socioculturel, ilssavent très bien ce qu’il faut faire”.

Page 26: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

300 musiciens adhérents. Fortementengagée sur le terrain des culturesurbaines, Emmetrop travaille égalementavec la scène des danses urbaines deBourges, en accueillant sur le site lesrépétitions des danseurs et enproposant des stages de formationdirigés par des artistes reconnus quientraînent ainsi les jeunes danseurs surd’autres pistes que celles de lareproduction.La diffusion artistique dans la friche etdans la ville reste une des prioritésd’Emmetrop qui produit des festivalscomme Emosons, le festival Ziva ou laFiestas Y Luchas. “Pour nous cetensemble de propositions n’est pas unprogramme, c’est une démarche quivise à créer de nouveaux rapports entreart et population, en affirmant que lacréation contemporaine est au cœur decet enjeu. Il faut replacer la culture danssa fonction primordiale de question-nement de la société.”

Institutionset nouvelles scènes

Dans la ville de Bourges, la Maison de laculture a toujours eu un rôledéterminant. Sous son nouveau label descène nationale, une collaboration s’estengagée avec Emmetrop et Bandits-Mages, sous l’impulsion du ministère dela Culture. “Lorsque j’ai commencédans ce milieu, je croyais que c’était auxinstitutions de soutenir l’émergence eten fait je me suis petit à petit renducompte que c’était l’inverse. Noussommes, bien entendu, d’accord pourtravailler avec les institutions, mais ce quiest important pour nous c’est de savoirdans quelles conditions nous pouvons lefaire. Pour que les échanges soientfructueux, il faut que soient remis à platles missions et les budgets. A Bourges, laMaison de la culture est le premierconsommateur de crédit de la Politique

de la Ville ! Nous nous retrouvons doncsur des zones communes, concurren-tielles, avec des cultures opposées sansqu’il y ait un balisage du territoire. Il estvrai que les partenariats avec l’écoled’art nous semblent beaucoup plusnaturels qu’avec la Maison de la culture.Dans un cas, nous avons l’impression departage, de confiance, on ne nous bridepas, on ne cherche pas à nous inféoder.Avec la maison de la culture, après deuxbelles réussites, nous avons eul’impression d’être dépossédés. Si cetteappropriation du territoire artistique, enl’occurrence les danses urbaines, avaitété complète, nous aurions sans doutetrouvé cela positif, mais là je crois quenous sommes confrontés à une simplerécupération d’image6.”

La dimensionsocio-culturelle et sociale

Emmetrop initie à partir de cespropositions programmatiques, desprojets de formation et de réinsertionconférant à l’association une fonctionsociale reconnue. Historiquement, lemouvement socioculturel, en particulierla Fol (Fédération des œuvres laïques) asoutenu l’émergence du projet encofinançant des actions et enpermettant que deux postes Fonjepsoient attribués à la structure. Cetancrage, cette filiation, confère encoreaujourd’hui à Emmetrop un rôle trèsimportant dans un certain nombre depolitiques en faveur de la jeunesse,comme par exemple les opérations deprévention auxquelles l’associationparticipe en mobilisant ses ressourcesartistiques et techniques7. Cetteouverture sur ces problématiquess’enrichit d’actions de formationmenées avec les partenaires du servicepublic de l’emploi qui, par l’intermé-diaire de structures de formationhabilitées, cofinance des stages auxmétiers du spectacle ou de l’animation.Cet engagement se traduit même parune convention avec le ministère de laJustice, afin de permettre sur le site del’Antre-Peaux, la purge des peines de

travaux d’intérêt général, pour lesmineurs et les majeurs.

Un engagementdans les quartiers

Lorsque Emmetrop a investi son travaildans le nord de la ville, la méthodereposait sur une immersion totale dansla vie du quartier. Durant trois ans,l’équipe résidera dans un HLM,confrontant ainsi les identités de sesmembres à celles des autres habitants.Après les premiers phénomènes derejet, l’association a pu engager untravail en profondeur, des ateliersinformatiques dans le lavomatic aufestival Ziva8, festival multiculturelouvert à la musique, à la danse, authéâtre de rue, au graff et même ausport. “Avec Emmetrop, le projet quenous avons mené dans lesappartements HLM de Bourges nereposait pas sur la difficulté sociale ducontexte. On désirait faire ce travailparce que le lieu pouvait être un sujetintéressant, c’est tout, mais c’estessentiel”9.

Développement

Le site de l’ancienne usine de Leising, vaaprès de longues années d’attente êtrerénové. Une équipe de maîtres-d’œuvresera choisie d’ici avril 2001 afind’aménager les différents espaces detravail et de présentation au public. Sansgrande qualité architecturale, le projetva donc dépendre de la qualité del’intervention des architectes quidevront trouver comme dans la plupartde ces espaces un rapport coût au m2 leplus avantageux possible afin qu’unéventail de possibilités, le plus largecontinue d’être offert aux artistes etaux publics tout en garantissant unemeilleure qualité technique de l’accueil.Cette transformation sera une étapedéterminante de l’évolution du projet,qui doit simultanément pouvoirbénéficier de nouveaux moyens deproduction.

L’Antre-PeauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

6- Karine Noulette - Entretien - novembre 2000.

7- Production d’un cédérom sur la préventiondes toxicomanies et de l’alcoolisme.

8- Festival organisé dans les quartiers de la Chancellerieet au Gibjoncs.

9- Claude Lévêque - Entretien - février 2001.10- Eddy - Entretien- novembre 2000.11- Jean Paul Labro - Entretien - novembre 2000

12- Guerino Simonelli et Anne HugonEntretien Novembre 2000.

Page 27: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

L’Antre-PeauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Le Nez dans les étoilesGuerino Simonelli et Anne Hugon12 sontartistes de cirque. Ils ont décidé, il yquelques années, de se tourner vers ledomaine de l’enseignement et d’arrêterles tournées et leurs numérosd’acrobates. Choisissant de seréimplanter dans leur région d’origine, laville, suite à une intervention de la Fol,leur propose de s’installer sur le terrainjouxtant l’Antre-Peaux. “Ce lieu s’estoffert et on a décidé d’y planter notrechapiteau pour enseigner aux enfantsl’acrobatie, l’adresse, le jonglage.” Centvingt enfants et dix adultes suivent lescours de base donnés chaque semainesous le chapiteau. Depuis quatre ans, lesrelations institutionnelles se sontégalement développées et GuerinoSimonelli et Anne Hugon interviennentdans le cadre du contrat éducatif local eten milieu protégé. “Le contexte cultureldans lequel nous avons pu nousimplanter est très important. D’abord il ya eu une certaine réticence de parentsqui ne connaissaient pas la friche et puisle lien s’est fait, et souvent, avant derécupérer les enfants ou après, lesparents vont voir une exposition etdécouvrent ainsi le lieu. L’autre élémentimportant de cette implantation, c’estque nous voulons réaliser des ateliersavec d’autres professionnels, et que, si leprojet se structure comme prévu, nousaurons accès à des capacités d’accueilplus importantes. Nous pourrions ainsirétablir des liens entre les amateurs et lesprofessionnels qui ont totalementdisparu avec les grandes école de cirque.”Cette année, Emmetrop et le Nez dans lesétoiles vont ensemble à Lisbonne pourrencontrer l’équipe du Chapitô. Un projetd’échange naîtra sans doute de cesrencontres.

SonarLabDans la série des institutions culturellesde Bourges, je demande le Gmeb(Groupe de musiques expérimentales deBourges). Décidément, la nouvellegénération des acteurs culturels deBourges ont tous à voir avec cettehistoire institutionnelle qui a fait deBourges l’une de villes les plus avancéesen terme d’aménagement culturel.SonarLab est une des associations de lanébuleuse de l’Antre-Peaux, et nombredes ces intervenants ont fait leurspremiers pas dans les studios du Groupede musique expérimentale de Bourges. “J’ai travaillé au Gmeb durant quelquestemps et il ne m’ont jamais vraimentaidé, malgré leurs promesses. En mêmetemps on ne va pas tirer sur la plus petitedes institutions de Bourges, ça n’en vautpas la peine, il vaut mieux essayer detrouver des collaborations avec eux10”.Eddy a monté le labo de son de l’Antre-Peaux pour avoir une base à son travailpersonnel et pour servir de lieu ressourceà d’autres artistes accueillis dans la friche.“Ici, c’est la première fois que je peuxvraiment travailler. Ce lieu me sert debase et je peux ainsi collaborer à desmusiques de films comme je viens de lefaire pour Chauve-Souris, qui a étérécompensé à Imagina. Je peux répéteravec la formation musicale que nousavons avec d’autres musiciens Ya Ka YaLé qui se diffuse dans les bars, improviseravec Bernard Lubat lorsqu’il vient enrésidence, participer à un stage depréqualifiquation aux métiers de lascène, ou échanger avec des plasticiensqui exposent au Transpalette. Avoir cetunivers professionnel autour de moi c’estce que j’espérais depuis quinze ans”.

Bandits-MagesLa véritable pépinière de Bourges setrouve être une école d’art. AprèsEmmetrop, une seconde association del’Antre-Peaux est directement issue del’école, puisque c’est en 1992 que desétudiants décident de créer un festivaldédié à l’art vidéo produit dans les écolesd’art. Le principe est d’inviter les écoles àprésenter auprès du grand public, dansdifférents lieux culturels de la ville deBourges, des travaux d’étudiants dans uncontexte favorisant les rencontres entreétudiants, professionnels et artistes etimpliquant le plus grand nombred’écoles. Au cours des années le festivals’est ouvert à d’autres formes de création(cinéma, multimédia, installations etperformances) suivant ainsi lemouvement de recherche des jeunesplasticiens. La relation entre l’école etl’association s’est également renforcéesur le terrain pédagogique et lescroisements sont de plus en plusnombreux. L’association intervient parexemple au sein du CFPI (Centre deformation pour plasticiens intervenantsde l’ENBA). La permanence offerte parl’implantation à l’Antre-Peaux permet àl’association d’élargir son champ d’actionavec la galerie permanente (galerie duHaïdouc), les ateliers de créations etl’espace culture multimédia coproduitavec Emmetrop. Bandits-Mages étendainsi son travail à l’échelle de la friche etde la ville multipliant les passerelles avecles dispositifs de création, de formation etd’échanges internationaux. “Avecl’évolution du festival et les outils dontnous disposons maintenant noussommes vraiment sur une dynamique derecherche autour des nouvelles écritures,de leur sens et de leurs formes. Nousvoulons développer cet axe de notretravail afin de “penser le net” et des’interroger par exemple sur l’évolutiondes droits d’auteurs avec les différentesthéories sur le copyleft ou la licence artlibre11. ”“Ce qui compte c’est qu’il y ait des cerclesqui se recoupent en profondeur dans noséquipes, afin que le projet global sedéveloppe pour faciliter notre propredéveloppement et vice versa”.

Page 28: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

L’Antre-PeauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Ville : BourgesNom du quartier : AéroportNbre d’habitants : 72 500Situation : Péricentre

Région : CentreNbre d’habitants : 2 440 000

Nom du site : Friche l’Antre-PeauxNom de l’opérateur : EmmetropDate de création : 1984 Date d’ouverture : 1992Président : Bernard GrivelDirecteur : Karine NouletteAdresse : 10 B, route de la Chapelle 18000 Bourges

[email protected]él : 06 62 88 62 63 - Fax : 02 48 50 38 61perso.wanadoo.fr/emmetrop

Opérateur associé : Bandits-MagesDate de création : 1992Adresse : 26, route de la Chapelle BP 6003 18024 Bourges cedex

Tél : 02 48 50 38 61 - Fax : 02 48 20 55 012

1988-1991 occupation d’une anciennebiscuiterie

1992 arrivée aux entrepôts Leising

1992-1995 locaux de fabrique “TribuPyrophore”

1995 ouverture de 3 studios derépétition musicale

1998 obtention du label ECM(Espace Culture Multimédia),ouverture de l’espace artcontemporain Transpalette(création, diffusion)

1999 arrivée du chapiteau Ecole deCirque

2000 arrivée des associations SonArt Lab et Bandits-Mages

La s

itu

atio

nL’

iden

tité

Repères chronologiques

Bandits-Mages (arts vidéo multimédia)

Le Nez dans les étoiles (Arts du cirque)

Son Art Lab (musiques électroniques création,productions, ateliers)

Mille Univers (édition, imprimerie)

Structures associées - 1er cercle

Les structuresprésentes sur le site

Propriétaire du bâtiment : Ville de BourgesType d’occupation : convention Durée : 10 ans (1992-2002)Précédente affectation : entreprise du bâtimentSurfaces construites : 3 300 m2 Surfaces de terrain : 5 400 m2

Surfaces des bâtiments exploités : 1 600 m2

Lieu

Espaces de diffusions

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

Le Salon spectacles arts vivants 240 m2 150

Transpalette art contemporain 300 m2

galerie du Haïdouc art contemporain/arts multimédia 60 m2

Espaces de résidences et de pratiques

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

Le Salon spectacles arts vivants 240 m2 150

Transpalette art contemporain 300 m2

galerie du Haïdouc art contemporain/arts multimédia 60 m2

école de cirque arts du cirque 150 m2 15

Usina-son répétition musiques actuelles 165 m2 30

Espaces administratifsbureaux, centres ressources, ateliers, stokages

Présence d’un bar : en projet Heures d’ouverture : bar :Présence d’un restaurant : en projet Nbre de couverts / jour : Présence de logements pour les résidences : en projetPrésence de logements de fonction : préemption en cours (Ville de Bourges)

Des

crip

tio

n d

es e

spac

es d

e tr

avai

lNotice Antre-Peaux

Page 29: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

L’Antre-PeauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Disciplines représentéesDisciplines Résidences Pratiques Diffusion Résidences Pratiques Diffusion

Théâtre en projet 2002 2002 ** Cirque *** *** **

Arts plastiques ***** ***** ***** Ciné - audio *** *** ***

Ecritures * ** * Radios / Tvs

Patrimoine Danses en projet ** **

Presse projet imprimerie / atelier édition Arts de la rue **

Musiques ***** ***** ***** Modes

Multimédia ***** ***** ***** Solidarité, citoyenneté **** **** *****

Résidences artistiquesCourtes (moins de 3 mois) Oui Nbre par an : de 10 à 15

Moyennes (entre 3 mois et 3 ans) Oui Nbre par an : de 2 à 3

Longues (plus de trois ans) Oui Nbre par an : de 1 à 2

Pratiques artistiquesPratiques artistiques Nbre d’ateliers différents Nbre par an Quantité de public

Ateliers de formation réguliers 24 30+120 cours 5 à 40

Ateliers de formation spécialisés 5 3 12 préqualification métiers du spectacle, 15 CFPI

Mise à disposition de locaux 5 à 10 50 à 250

Spectacles professionnels avec amateurs 3 50 à 250

DiffusionDiffusion Nbre de jours Quantité Jauge basse Jauge haute

Spectacles et expositions en diffusion simple 30 70 900

Créations et expositions originales 9 750 2400

Ouverture des processus de création aux publics permanent + travail avec les scolaires

Conférences, rencontres 10 30 150

Les

acti

vité

s et

leu

rs p

ub

lics

PartenariatPrincipaux partenaires associatifs hors résidentsFOL, Full Colorz, Eko’n’ko, Motif Percussion, ENBA, Maison de la culture, Maison d’arrêt, PEP …

Affiliation à des RéseauxTrans Europe Halles, Banlieue d’Europe, United, Réseau printemps, FRACA, Autre Parts,

(pour Emmetrop) EDMN, La Belle Affaire (Bandits-Mages), Fédération Française des écoles

du cirque ‘Ecole de cirque)

Eléments budgétairesNombre de personnes salariées par l’opérateur : 16 Nombre de personnes salariées sur le site : 25 (7 Bandits-Mages, 2 écoles de cirque)Masse salariale : 1050 000F Emmetrop (en 2000)

Budget de l’opérateur principal : 3,2 MF Emmetrop (en 2000)Chiffre d’affaires consolidé du site : 4,36 MF

Les mots clefsTerritoires Artistiques Economiques PolitiquesQuartiers Musiques Mixte Alternatifs

Multiculturel Solidarité SocialArts plastiques EgalitéNouvelles Images

Principaux partenaires financiersMinistère de la CultureDracRégion centreDDJS, DSU, DIV, FAS,Ville de Bourges, Conseil général

Partenaires pour l’investissement

Notice Antre-Peaux

Page 30: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Note budgétaire

Pour l’Antre-Peaux, nous avons tenté d’appréhender la totalité des budgets desstructures intervenant à la production du site, c’est-à-dire Emmetrop, Bandits-Mages,le Nez dans les étoiles et Son Art Lab.

Le consolidé 2000 du site fait apparaître un budget de 4,4 MF sur lequel Emmetropreprésente 3,2 MF, Bandits-Mages 0,875 MF, le Nez dans les étoiles 0,3 MF, Son Art Labayant un budget non significatif. Le prévisionnel 2001 est positionné à 5,8 MF, soit uneaugmentation demandée de 31%. L’analyse sommaire qui suit est effectuée sur lesdonnées des budgets 2000.

ProduitsLe premier financeur du site est le ministère de l’Emploi qui couvre à hauteur de 33 %le budget général (31% chez Emmetrop et 52 % chez Bandits-Mages). Le ministère dela Culture est présent à hauteur de 20 % du budget et la part Etat de la politique de laVille est de 8%. La totalité de la part Etat atteint 63 % du budget, dont 50 % pour lesseules aides à l’emploi.Les recettes propres représentent 13 % du site qui sont essentiellement liées à de laprestation de services (dont les 2/3 pour l’école de cirque qui couvre ainsi 75 % de sonbudget).La Ville participe à hauteur de 11 % du budget global (7 % du budget d’Emmetrop) etla région à hauteur de 8,4%.

ChargesLe lieu est mis à disposition gratuitement par la Ville. Les fluides sont supportés parl’association. Les charges de personnel représentent 43 %. Les aides à l’emploi couvrent 75 % de ceposte. Cette indication signale le très faible niveau des salaires, proches du Smic.L’équipe est constituée de 25 personnes (16 sur Emmetrop, 2 sur l’école, 8 sur Bandits-Mages).

InvestissementLa friche de l’Antre-Peaux est en attente d’un programme de réhabilitation pour lequelun concours a été lancé. Le site, propriété de la Ville, va être réhabilité avec unepremière tranche de travaux à hauteur de 15 à 20 MF. Des terrains jouxtant le site ontégalement été préemptés.

L’Antre-PeauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Références documentaires

Livres- Bandits-Mages / Catalogue 1997- Bandits-Mages / Catalogue 1999- Bloc Notes – Claude Levêque

Documents de communicationFriche culturelleL’Antre-Peaux – EmmetropRevue de presse 1997 / 2000

Site webperso.wanadoo.fr/emmetrop

Page 31: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

L’Antre-PeauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - ANTRE-PEAUXBudget consolidé du site

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 32: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

L’Antre-PeauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - ANTRE-PEAUXBudget EMMETROP

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 33: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

L’Antre-PeauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - ANTRE-PEAUXBudget BANDITS-MAGES

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 34: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

L’Antre-PeauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - ANTRE-PEAUXBudget NEZ DANS LES ÉTOILES

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 35: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

L’Antre-PeauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - ANTRE-PEAUXBudget SON ART LAB

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 36: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

n arrivant sur le site de la base 11-19,le paysage qui s’offre aux yeux du

visiteur est dominé par le terril et lepuis. A Loos-en-Gohelle, on a choisi deconserver ces patrimoines industrielscomme une trace, une mémoiredouloureuse, mais aussi une mémoirevivante. En dix ans, le bassin a fait samutation et la culture et l’agriculture ontpris place sur ces terrains abandonnés

par l’activité minièreen 1986. A Loos-en-Gohelle, culture eta g r i c u l t u r e ,investissent les frichesde l’ancien carreau ettémoignent de la

transformation d’un territoire particu-lièrement blessé par la reconversionindustrielle des années 80. La base 11-19est ainsi, depuis 1998, le nœud cultureld’un réseau cultivé durant dix ans à

Base 11-19VOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

E

LOOS-en-GOHELLE

Personnes rencontrées :Chantal Lamarre, directriceAlain Bavay, adjoint à la Culture d’Eleu-dit-LeauwetteJanine Saniez, adjointe à la Culture de Montigny-en-GohelleGuy Alloucherie, metteur en scène, compagnie HVDZ (Hendrick Van Der Zee)Doreen Vasseur, metteur en scène, compagnie Théâtre de la Fiancée

NORD-PAS-DE-CALAIS

Cie HVDZMetaloVoice

“On se rend bien compte aujourd’huique la recherche de formes ne peut êtredéconnectée de la recherche de sens. Ilfaut des espaces pour les frictions, lesflottements, des espaces où l’on soitcourageusement dans la recherche.”

Page 37: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

l’échelle d’un bassin de population deprès de 650 000 habitants, le réseauCulture Commune.En 1987, le conseil général du Pas-de-Calais engage une réflexion pourévaluer la faisabilité d’un projet cultureli n t e r communa l .Chantal Lamarre,alors stagiaire àl’Anfiac, est chargéede cette mission1

qui débouchera en1990 sur la créationde l’associationCulture Commune, qu’elle dirige depuislors. “Quand je suis arrivée, le projet quim’obnubilait était la question de lamutation du bassin. A cette époquej’aurais pu défendre, en tant qu’agent dedéveloppement culturel, un équipementà creer sur le territoire. Seule Béthunedisposait d’une structure culturellenationale (CDN). Les élus qui m’avaientdemandé de venir travailler avec euxsouhaitaient de leur côté créer unfestival. Ma proposition a, finalement,été de prendre un an pour travailleravec les acteurs politiques, économiqueset sociaux sur la notion de dévelop-pement local. C’était un terme que l’onentendait beaucoup mais qui restaitlettre morte parce qu’il perturbait lesschémas d’intervention classique3.”

Transformer un territoire

Pour donner un sens commun au projetà venir, et garantir le partage entre lesacteurs d’un constat et d’une ambition,Chantal Lamarre proposera de créer

une association intercommunale avecles mairies. “Je ne pouvais pas attendreune initiative de la population, il y avaittrès peu de capacités d’initiatives et lapopulation était dans une situation de“remise de soi”. Il fallait travailler sur un

processus d’éman-cipation quipermette à lapopulation dereprendre progres-sivement son sorten main.” Ens’adossant au

principe de l’association intercom-munale, Chantal Lamarre va travailleravec les élus pour élaborer le sens desactions qui seront menées. “Il s’est ainsidégagé une ambition pour le territoire.en proposant des actions de qualité,nous avons remué tous les niveaux,pointé les incohérences, révélé lebesoin de compétences, déniché destalents. par cette action, noussouhaitions faire éclater cette chape deplomb qui pèse au-dessus des têtes dela population depuis plus d’un siècle.”

Pour mettre en place un tel dispositif,Chantal Lamarre a dû trouver desalliances permettant de dépasser lescrispations tactiques, les alliances politi-ciennes, les handicaps techniques. “Leministère de la Culture m’a aidéréellement dans cette démarche quitendait à faire émerger une culture deprojet sur le territoire. La conventionde développement culturel que nousavons arrachée participait d’un rééqui-librage de l’investissement culturel del’Etat en faveur du territoire. L’initiativedu conseil général soutenu par les éluscommunaux, le conseil régional et lestechniciens du ministère a permis deporter le projet dans sa phase dedémarrage, même si le dispositif dedéveloppement proposé a parfoisbousculé la culture institutionnelle despartenaires. Ce qui a été et est toujoursdifficile aujourd’hui, c’est de faireentendre les besoins de consolidationet de déploiement de notre action.Depuis quelques temps, je ne peux queconsidérer un repli politique duministère sur nos enjeux. La solutiontrouvée dans l’urgence d’attribuer à

Base 11-19VOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

1- Analyses de politiques culturelles et des pratiquesintercommunales des communes minières pourl’élaboration d’un projet de développement cultureldu bassin minier : mémoire de Dess Direction deprojets culturels. Chantal Lamarre sous la directionde François d’Arcy, directeur de l’IEPde Grenoble –Anfiac 1998.

2- Eric Goubet dans Téléraman° 2538, 2 septembre 1998.

3- Chantal Lamarre - Entretien - novembre 2000.

4- Janine Saniez et Alain BavayEntretien - novembre 2000.

5- Chantal Lamarre - Entretien - novembre 2000.

Le lieuCulture commune travaille en association sur de multiples territoires communaux.Dans les écoles, dans les salles polyvalentes, dans les espaces publics, se déroulentaussi bien les stages, les ateliers de formation que la diffusion des créations. Depuis1998, Culture Commune dispose aussi sur la base 11/19, d’un outil propre deproduction et de recherche artistique, de rencontres et de présentation aux publics.Autour de la nef, ancienne salle des pendus transformée en espace de répétitions setrouvent 2 autres espaces de répétitions, un centre de ressources sur les écrituresthéâtrales, un espace culture multimédia, un centre de ressources transmission de lamémoire et patrimoine et des bureaux administratifs.La base 11/19 est nommée par les puits qui ont été creusés respectivement en 1891et 1896. L’histoire de la mine a commencé à Loos en Gohelle en 1850. Le premier puita été fondé en 1873. Au total Loos accueillera sur son territoire six puits de mine et sixterrils. Après la fermeture, la commune devient propriétaire du carreau en 1989. Celuici sera inscrit à l’inventaire des monuments historiques en 1992. L’inscription aucontrat de plan, d’un projet de réhabilitation de la friche se fera en 1994. Un syndicatintercommunal d’aménagement devient le Maître d’Ouvrage. Une première tranchede 66 MF a été engagée en 1996 qui a permis l’ouverture d’une partie du site qui mixedes activités culturelles et environnementales. La Communauté d’AgglomérationLens-Liévin créée en janvier 2000 assume désormais la maîtrise d’ouvrage du projet etdéveloppe également un centre de création d’écoentreprises. La base 11/19 s’étendsur 110 hectares de terrain et propose d’ores et déjà une capacité de 16 000 m2 deplanchers.Autour d’un idéal fondateur fondé sur le concept de développement durable, le projets’organise aujourd’hui autour de 5 thèmes :- le thème art et culture (culture commune et les fabriques)- le thème nature et écologie végétale (un parc et une jardinerie)- le thème sport, loisirs et tourisme (une base sportive et touristique)- le thème économique (eco-entreprises)

“Ici, il y a une source inépuisablede mémoire, de paroles quicorrespondent à notre travailsur la poésie industrielle. Letémoignage est une forme derésistance2.”

Eric GoubetMétalovoice

Page 38: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Culture Commune le label de scènenationale, a évité le pire, mais lesquestions restent posées quant à lacapacité de l’Etat de soutenir uneinitiative comme la nôtre.”

Le projet, les projets ;Mettre en mouvementle territoire

Culture Commune est porteur depuissa création d’une projection sur l’avenir,d’une ambition. A partir d’une analysepragmatique de ce qui va et de ce quine va pas sur le territoire, l’équipe atravaillé à l’élaboration de projets, dansle court terme comme dans le longterme. Le terme de projet est devenuun “socle” de la démarche de CultureCommune car, pris dans son acceptionde partage et de collectif, il a permisune mise en mouvement du territoire.La spécificité du travail a alors été detraiter le paradoxe de la mise en œuvrede projets d’ar tistes par définitionporteurs de projets individuels, qui nepeuvent se réaliser que dans la sphèrecollective. C’est cette combinaison desprojets singuliers inscrits dans un projetculturel et politique global, qui participeà la transformation du bassin.Aujourd’hui 32 communes sont réuniesau sein de l’association et l’évolution deCulture Commune combine ledéveloppement d’un Projet deterritoire, d’un Projet culturel et d’unProjet artistique. Le travail mené sur cedernier permet de définir avec chaquecommune des actions artistiques etpubliques plus précises. Les résidencesmenées sous des formes très diversesdans toutes les disciplines permettentde créer entre les populations, les éluset les équipes de nouveaux liens, unsocle solide au développement duterritoire, et de qualifier également lespratiques existantes. En fonction del’ambition d’évolution de la vieculturelle et sociale de chaquecommune, une démarche individualiséede conseil et de mise en œuvrepartielle du projet culturel municipal aété assumée par Culture Commune.

Base 11-19VOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Trente-deux communes :L’un des formidables pari de Culture Commune est de poursuivre depuis dix ans un

travail permanent sur le sens des politiques culturelles publiques avec commechambre des débats des rencontres régulières avec les représentants de 32 communesréunissant chacune entre 3000 et 40 000 habitants. Le conseil d’administration del’association réunit à égalité, quelle que soit leur taille, les communes qui sontreprésentées par leur maire ou leur maire adjoint délégué. Le département, la régionet l’Etat sont également membres de droit. Depuis 1992 la charte4 adoptée a introduittrois collèges dans l’association qui élisent leurs représentants au CA. Les trois collègessont, le collège “Associations et structures partenaires”, le collège “Relais, représentantdu public” et le collège “Entreprises”. La charte précise que les principes de l’asso-ciation seront la complémentarité, la mutualisation, la coopération, la solidarité et lanon-ingérence dans les affaires communales et associatives.Récemment un élu témoignait de la mutation du territoire en disant : “Nous sommesdebout”. Culture Commune, c’est-à-dire les populations, les élus, les artistes, lesopérateurs, a été l’un des ferments de cette transformation. C’est de cet engagementcollectif et de ces doutes inhérents à la recherche et aux véritables choix politiquesdont témoignent Janine Saniez et Alain Bavay, respectivement adjointe à la culture deMontigny-en-Gohelle et adjoint à la culture d’Eleu-dit-Leauwette5.“Nous sommes partis du constat selon lequel l’action culturelle était défaillante surnotre territoire. Non seulement il n’y avait presque rien en termes culturels, mais enplus nous étions au cœur d’une crise économique terrible. Ce qui existait culturel-lement parlant, c’était des pratiques académiques disséminées et sans ambition. Ilétait nécessaire d’acculturer la population à la création contemporaine. La mutuali-sation de nos moyens pour avoir un lieu, un théâtre, quelque part sur le territoireaurait été suicidaire et nous avons donc choisi de nous focaliser sur la création et latransmission autour de Culture Commune. Chaque commune pouvait grâce à cedispositif développer son propre projet sur un thème, croiser des pratiques amateurset professionnelles et mutualiser à l’échelle d’une vingtaine et maintenant d’unetrentaine de communes les expériences. Ce dispositif nous a évité de partir dans tousles sens. En trouvant une cohésion, nous avons vu naître un espoir commun, dontChantal Lamarre a été le catalyseur.“Pour choisir un axe de developpement artistique, et un public avec lequel nousallions plus particulièrement travailler, nous avons eu des échanges réels avec nosservices culturels et avec Culture Commune. C’est ainsi qu’ici nous avons choisi les artsdu cirque, là la pratique musicale. Ces débats ont permis une effervescence et CultureCommune a pu mobiliser ses réseaux pour que les interventions artistiques soientjustes et de qualité.“La présence des artistes dans chaque projet offre une proximité avec la population,tout en nous situant dans un paysage culturel national.“Ce qui compte aujourd’hui c’est l’interrelation, la mise en réseau des expériences. Ilfaut que nous garantissions un développement équilibré entre la base 11/19 et lescommunes et que nous soutenions ce qui s’est généré naturellement. Il faut aussi quenous évitions une autosatisfaction qui se limiterait à nos analyses politiques ettechniques. Le champ des possibles s’est ouvert avec Culture Commune, il y a eu unevalorisation du territoire, mais il faut aussi que nous allions plus loin dans l’analyse del’appropriation que les populations ont pu se faire de ces actions.”

Page 39: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Base 11-19VOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Ainsi chaque territoire, chaque entité apu définir progressivement une politiqueculturelle communale correspondant àson engagement au sein de CultureCommune. C’est cette dialectique qui asingularisé la notion de projet dedéveloppement local culturel au sein decette association intercommunale.

Pour Chantal Lamarre, le projet deCulture Commune est interdisciplinaire,international, interculturel, intercommunal.“Mon projet est tout simplement enrapport à l’évolution de notre société, lasociété de communication. Il estnécessaire que les artistes réfléchissentaux dangers du cloisonnement et de lasur professionnalisation qui conduit àune forme d’illettrisme et de fermetureau monde réel. On se rend bien compteaujourd’hui que la recherche de formesne peut être déconnectée de larecherche de sens. Il faut des espacespour les frictions, les flottements, desespaces où l’on soit courageusementdans la recherche.” Afin de poursuivreces objectifs Culture Commune a misen place un programme qui se déclineautour de trois axes de développement,la création-diffusion, la formation et lacommunication. La Fabrique de la Base11-19 a donné au projet une visibilité etune lisibilité plus forte sur le territoiresans désengager la structure du travailpartenarial avec les communes. Aucontraire, cet outil de fabrique permetde soutenir plus avant les ar tistesassociés, comme l’ensemble descompagnonnages dans leurs démarches.L’axe patrimonial reste égalementparticulièrement vivant au sein duprojet qui développe au cœur du bassinminier un large partenariat avecdifférents sites patrimoniaux et despublics associés.

Programmation

L’association mène parallèlement letravail de fabrique sur la Base et untravail de diffusion et d’action culturelleavec les communes. Cette action est à la

fois une action de conseil, de program-mation de spectacles, de coproductiond’événements et de mise en œuvre deformations artistiques. Alors que la Basehéberge les résidences de création et lapermanence artistique, Culture Communeaccompagne les programmations variéessur les communes du territoire. Ainsi,sur un trimestre, le programme deCulture Commune propose du théâtre(“Toute nudité sera châtiée”, unecréation d’une compagnie associée,mais aussi le spectacle de Fellag ou lethéâtre itinérant d’Eyala Penà), descontes (par la compagnie du Tire-Laine)et des musiques actuelles et du jazz(avec Daran, Nakodjé ou l’orchestrenational de jazz). On retrouve ainsi, dansce projet des missions qui vont de lafabrique “pure” à la diffusion despectacles, en passant par toutes lesdéclinaisons possibles d’une présenceartistique sur un territoire.

Publics

“Je crois que l’on ne peut soutenir lacréation sur ce territoire sans inventerdes formes multiples de rencontresavec les habitants, sans susciter un désirde curiosité réciproque entre lapopulation et les artistes. C’est pourcela que dès le départ, l’aventure deCulture Commune, a consisté à créerde toutes les façons et en tous lieuxpossibles des conditions de rencontresentre des œuvres et un public, maisaussi entre les ar tistes et unepopulation. La constitution et laformation d’un public pour le théâtre, ladanse, les arts de la rue sont des enjeuxfondamentaux pour la création et lacirculation des œuvres, mais le décloi-sonnement des publics en termes demixité sociale, géographique, généra-tionnelle est un objectif tout aussiprimordial dans une société culturel-lement segmentée6.” Le travail deCulture Commune a permis de mettreen place une relation de confiance avecdes publics. La qualité des politiquesd’action culturelle, la place prépon-dérante des artistes dans ces processusd’appropriation ont induit une demande

des artistes pour “les rendez-vous avecle public” qui offrent régulièrement desouvertures et des échanges sur destravaux artistiques en cours. Ainsi lepublic prend une place dans la création,que ce soit comme “inspirateur”,spectateur ou parfois comme acteur. Lapossibilité offerte de partage etd’écoute amplifie encore cette relationlorsque au sortir d’un projet un groupeamateur peut à son tour utiliser lesressources de la Base 11-19, commecela a été le cas avec le K.A.K 40 où,après une création, menee avec lesoutien artistique des Metalovoice, de laCompagnie Azanie et de GenerikVapeur, une partie du groupe a décidéde poursuivre le travail et dedévelopper de nouveaux projetsartistiques.

Développement

“Dans les mois et années à venir il fautpouvoir poursuivre cet investissementcollectif, fédérer et ouvrir de nouveauxchantiers. Il nous faut créer de nouvellesfabriques, dans les arts de la rue et lesarts chorégraphique en relation avec ledéveloppement des politiques decréations que nous menons avec lescommunes. Il nous faut développer lescentres de ressources, doter l’espaceculture multimédia de nouveaux outilspour la création tant pour les artistesque pour notre public et offrir, au seinde la base, une possibilité de proposerdes spectacles, des performances issusde recherches et laboratoiresartistiques. Il nous faudrait développerplus encore un public très curieux quirevendiquerait ces prises de risques etdemanderait avant toute chose desœuvres contemporaines. Ce quim’intéresse ce n’est pas de “posséder”un théâtre, mais d’expérimenter sur unterritoire une ambition artistique etculturelle qui nous permettra de passerdu XIXe au XXe siécle.”

6- La charte Culture Commune - novembre 1992.

Page 40: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Base 11-19VOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Doreen VasseurLe Théâtre de la Fiancée (TF)Doreen Vasseur a commencé sonparcours dans une compagnie de théâtreamateur dans laquelle d’autrescompagnons de Culture Commune,comme Philippe L’Herbier et KaderBaraka ont également forgé leurspremières armes. Pour Doreen Vasseur etsa compagnie, Culture Commune répondaux attentes des artistes de la région quipartage le même désir d’engagement surle territoire. Culture Commune offre parson dispositif des lieux de travail, deslieux où l’on peut s’essayer, éprouver enpublic ce que l’on tente. “Si je crée unecompagnie c’est que je veux dire deschoses. Culture Commune nous asoutenus dès la création de la structureen 91 en programmant notre premièrecréation dans un festival. On ne peut pasimaginer combien dans un contextehostile ces soutiens sont importants. A laDrac, on est tout de suite une compagniede plus qu’il va falloir aider, alors qu’avecCulture Commune et les municipalités ily a tout de suite des tentatives pourinscrire ton projet dans le projet duterritoire. C’est une interpellationsimultanée dans laquelle nous épaulonsnous aussi le lieu. On contribue alors trèsvite à la vie du projet, on organise desateliers, on participe aux comités delecture. Avec Culture Commune, on a unpartenaire, qui te fait confiance sur unecréation en te proposant unecoproduction, en t’accompagnantjusqu’à la diffusion à Sallaumines (le lieude la création), mais on a aussi unpartenaire auquel tu peux faire confiancelorsque tu l’interpelles pour t’aider àmonter une convention de résidenceavec la ville de Lens. C’est ce travail etcette exigence réciproque qui sontrares.”

Guy Alloucherie – Compagnie HVDZ (Hendrick Van Der Zee)Le Ballatum Théâtre a depuis 1990 particulièrement marqué la scène théâtralefrançaise. La réussite du travail mené à Liévin durant cinq ans autour de la résidencedu groupe d’Eric Lacascade et de Guy Alloucherie a permis de développer, sur unterritoire jusqu’alors déserté de toute initiative culturelle, de nouvelles pratiques de lapopulation organisées autour des programmations et des dispositifs de sensibilisationdes publics. En 1995 le manque de lieu amène le Ballatum à demander un espace detravail et à visiter la Base 11-19 qui n’était pas encore confiée à Culture Commune. Ledésir commun des élus et de la compagnie pour cette nouvelle implantation duBallatum ne sera pas suivi par l’Etat qui proposera alors un Centre dramatiquenational au groupe. L’expérience du CDN sonnera le glas de la compagnie et GuyAlloucherie quittera le Ballatum pour revenir sur son territoire d’origine en 1998 entant qu’associé au projet de Culture Commune. “Je crois qu’en fait, ce départ du Norddu Ballatum et le refus du ministère de nous aider dans le projet d’implantation sur laBase 11-19 a sans doute été une chance pour le 11-19. A l’époque, j’ai eu peur de lanon-adéquation de notre travail de recherche avec ce lieu. Je craignais la faiblesse denotre projet politique, peut être parce que je suis né à 30 km de là. Le danger avec leBallatum ou avec une autre compagnie aurait été le repli sur un projet singulier. Nousaurions été trop exclusifs. Quand tu es durant trois mois sur un spectacle, lesouvertures que tu peux faire sur un territoire sont rares. L’ouverture ne peut être unobjectif prioritaire, ce travail militant de longue haleine est un projet en soi.Personnellement en tant qu’artiste associé de Culture Commune, je propose 5 à 10rencontres par an. Cela ne suffirait pas à nourrir une programmation si j’étais seuloccupant. En plus, avec Culture Commune, j’ai un médiateur qui connaît à la fois montravail et le territoire. S’il n’y avait pas de suivi, on perdrait tout à chaque fois. Madernière expérience avec Kader, ce travail avec un comédien de la compagnie sur samémoire qui est la mémoire ouvrière du territoire, je n’aurais pas pu le faire, je croismême que je n’aurais pas eu l’idée de le faire. Dans cette présentation, j’ai pumobiliser des moyens vidéo de l’atelier de Culture Commune sans engager des fondsimportants. C’est la première fois que j’utilise la vidéo dans un spectacle, sans cetteinstallation sur la base, sans la structuration de Culture Commune, je ne mènerais pascette expérimentation, je n’aurais pas eu le culot de la faire. Le rapport au public lorsde ces cartes blanches est exceptionnel. Souvent on me demande ce que je vais fairedu matériau produit. Le public se sent partie prenante de l’histoire, il contribue à lanaissance des projets. Ici, j’ai l’impression que je fais ce que je dois faire, que j’obtiensdes embryons de réponses aux questions que je me pose en permanence. Pour quoi,et pour qui je fais du théâtre ?Je crois aussi que la proximité d’outils, de pratiques, d’artistes qui te sont “étrangers”, apriori, est un atout formidable. Les mondes sont tellement différents que s’il n’y avaitpas de lieux de rencontres nous ne parlerions pas, d’autant plus que nos vocabulairessont différents. Dans la base, avec Culture Commune, je suis dans une situation deremise en cause permanente. Ici, il y a un vrai intérêt, la présence du public dans leslaboratoires fait qu’il y a test, que tu es obligé de travailler. Le travail d’action culturellen’est pas une vague caution, c’est un principe actif.

Page 41: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Base 11-19VOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Ville : Loos-en-GohelleNom du quartier : Lorraine

Saint-Albert (Liévin)Saint-Pierre (Lens)

Nbre d’habitants : 80 000 (3 villes)

Situation : -Région : Nord Pas de CalaisNbre d’habitants : 4M

Nom du site : Base 11-19Nom de l’opérateur : Culture CommuneDate de création : 1990 Date d’ouverture : sept 1998Président : Alain LefebvreDirecteur : Chantal LamarreAdresse : rue de Bourgogne 62750 Loos-en-Gohelle

Tél : 03 21 14 25 35 - Fax : 03 21 14 25 30Opérateur associé : Hendrick Van Der ZeeOpérateur associé : MetalovoiceOpérateur associé : Station Mir

12/1985 fermeture du site minier 11-19.Rachat au franc symbolique parla municipalité de Loos-en-Gohelle pour éviter ladestruction.

De 1985 à 1990 organisation par la Ville despectacles avec la participationdes habitants dans le cadre des“Gohelliades”.

1990 Culture Commune est déléguéede production par le conseilgénéral du Pas-de-Calais d’unspectacle Le bourgeois sansculotte de Kateb Yacine mis enscène par Thomas Gennari (5mois d’aménagements etrépétitions sur la friche – 1 moisde représentations).

1991 Organisation sur 15 jours denovembre d’une rencontretransnationale sur la polonitéaxée sur des créations contem-poraines polonaises etfrançaises (arts plastiques –théâtre – danse – musiques).

1995 Etude d’élaboration du concept“artistique, culturel et social” dusite minier 11/19 pour le comptedu Samzal (syndicat devenupropriétaire) réalisé par ChantalLamarre (développement deprojets de fabrique).

1996 création d’Issue de secours,spectacle de danse verticale etvoltige par Antoine le Menestrelet Olivier Farge.

1997 Démarrage des travaux de laFabrique théâtrale.

1998 Juillet : déménagement deCulture Commune •Septembre :inauguration de la Fabrique(une semaine de spectacles,performances).

La s

itu

atio

nL’

iden

tité

Repères chronologiques

Cie Hendrick van der Zeemetteur en scène : Guy Alloucherie(théâtre, cirque, danse)

Cie Metalovoicedirecteurs artistiques : Eric Goubet – Pascal Dores(arts de la rue)

Station Mirresponsable artistique : David Dronet(siège social : Hérouville Saint-Clair – 14)(collectif artistes multimédia)

Structures associées - 1er cercle

Les structuresprésentes sur le site

Propriétaire du bâtiment : Communauté d’agglomération de Lens-LiévinType d’occupation : convention Durée : -Précédente affectation : “salle des pendus” ex-bains douches - vestiaires des mineursSurfaces construites : - Surfaces de terrain : -Surfaces des bâtiments exploités : 1 100 m2

Lieu

Espaces de diffusions

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

- - - -

Espaces de résidences et de pratiques

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

Nef centrale théâtre/danse/arts du cirque/NTIC 400 m2 200

Salle 1 théâtre/danse/NTIC 100 m2 50

Salle 2 théâtre/danse/NTIC 100 m2 50

Espace culture multimédia 60 m2

Centre de ressources ecritures théâtrales contemporainesCentre de ressources transmission de la mémoire et patrimoine

Espaces administratifs6 bureaux dont 2 pour artistes associés (Hendrick van Der Zee/Metalovoice)

Présence d’un bar : oui Heures d’ouverture : rendez-vous avec public

Présence d’un restaurant : non Nbre de couverts / jour : Présence de logements pour les résidences : nonPrésence de logements de fonction : non

Des

crip

tio

n d

es e

spac

es d

e tr

avai

l

Théâtre de la Fiancée direction artistique : Doreen Vasseur (théâtre)

Cie Thomas Duchatelet (danse contemporaine)

Cie Funk Attitudechorégraphe : Jean-Pierre

Douterluingne (danse funk, hip hop, jazz)

Structures associées - 2e cercle

Notice Culture Commune (Fabrique théâtrale)

Page 42: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Base 11-19VOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Disciplines représentéesDisciplines Résidences Pratiques Diffusion Résidences Pratiques Diffusion

Théâtre **** ** **** Cirque *** - **

Arts plastiques * - * Ciné - Audio *** *** ***

Ecritures *** **** *** Radios / Tvs - - -

Patrimoine - *** *** Danses **** **** ****

Presse - - - Arts de la rue *** ** ***

Musiques *** *** *** Modes - - -

Multimédia **** ***** **** Solidarité, citoyenneté - - -

Résidences artistiquesCourtes (moins de 3 mois) : oui Nbre par an : 15

Moyennes (entre 3 mois et 3 ans) : oui Nbre par an : 10

Longues (plus de trois ans) : oui Nbre par an : 3

Pratiques artistiquesPratiques artistiques Nbre d’ateliers différents Nbre par an Quantité de public

Ateliers de formation réguliers 4 25 93

Ateliers de formation spécialisés 7 7 104

Mise à disposition de locaux 5 15 280

Spectacles professionnels avec amateurs 5 5 400

DiffusionDiffusion Nbre de jours Quantité Jauge basse Jauge haute

Spectacles et expositions en diffusion simple 3 1 50 200

Créations et expositions originales 10 1 500 700

Ouverture des processus de création aux publics 13 15 50 200

Conférences, rencontres 12 12 50 200

Les

acti

vité

s et

leu

rs p

ub

lics

PartenariatPrincipaux partenaires associatifs hors résidentsSur le site

La Chaîne des terrils/Carreau vert/et aussi des associations dont le siège social est à CultureCommune : Les Mains Bleues/KAK40

Associations socio-éducatives des 3 quartiers

Affiliation à des réseaux-

Eléments budgétaires :Nombre de personnes salariées par l’opérateur : 30 dont fabrique

Nombre de personnes salariées sur le site : -Masse salariale : 5 725 000 (2000) dont intermittents

Budget de l’opérateur principal : 13,43MF (2000)Chiffre d’affaires consolidé du site : 18,5 MF

Les mots clefsTerritoires Artistiques Economiques PolitiquesUrbains Rendez-vous avec le public Mutation IntercommunalitéMémoire Résidence Tourisme Développement localRéseau Patrimoine Eco-développement et durablePopulation Artistes associés Complémentarité

Compagnonnage Solidarité

Principaux partenaires financiers :Conseil régional Nord-Pas-de-CalaisConseil général Pas-de-CalaisDrac32 communes adhérentesCALL (Communauté d’agglomérationde Lens-Liévin)FEDER - IRISICaisse des dépôts et consignations

Partenaires pour l’investissement

Notice Culture Commune (Fabrique théâtrale)

Page 43: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Base 11-19VOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Territoire : Ex-Bassin minier du Pas-de-Calais

Nom du quartier : -

Nbre d’habitants : 650 000Situation : -

Région : 32 villes adhérentes

Aix-Noulette, Avion, Barlin, Béthune,Billy-Berclau, Bruay-la-Buissière,Bully-les-Mines, Douvrin, Eleu-dit-Leauwette,Fouquières-lez-Lens, Givenchy-en-Gohelle,Gouy-Servins, Hénin-Beaumont,Hersin-Coupigny, Hulluch, Lens, Libercourt,Liévin, Loison-sous-Lens, Loos-en-Gohelle,Mazingarbe, Meurchin, Montigny-en-Gohelle,Noyelles-les-Vermelles, Noyelles-sous-Lens,Pont-à-Vendin, Sallaumines, Servins,Souchez, Vendin-le-Vieil, Vimy, Wingles

Nbre d’habitants : 320 000

Nom du site : Base 11-19Nom de l’opérateur : Culture CommuneDate de création : 1990 Date d’ouverture : sept 1998Président : Alain LefebvreDirecteur : Chantal LamarreAdresse : rue de Bourgogne 62750 Loos-en-Gohelle

Tél : 03 21 14 25 35 - Fax : 03 21 14 25 30Opérateur associé : Hendrick Van Der ZeeOpérateur associé : MetalovoiceOpérateur associé : Station Mir

1988 étude de faisabilité d’un projetde développement artistique etculturel intercommunal pour lebassin minier du Pas-de-Calais

1989 préfiguration du projet avec 22communes (225 000 habitants)

1990 mars : création de l’associationCulture Commune avec 27communes (275 000 habitants)de mars à décembre : poursuitede la préfiguration

1991 démarrage, mise en œuvreprojet intercommunal dedéveloppement

1992 décembre : adoption de lacharte de Culture Commune

1998 déménagement sur la Base 11-19 dans la Fabrique théâtrale(voir Fabrique)

1999 obtention du statut de scènenationale

La s

itu

atio

nL’

iden

tité

Repères chronologiques

Notice Culture Commune (actions sur le territoire)

Page 44: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Base 11-19VOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Pratiques artistiquesPratiques artistiques Nbre d’ateliers différents Nbre par an Quantité de public

Ateliers de formation réguliers 37 hebdomadaire ou mensuel 1 100

Ateliers de formation spécialisés - - -

Mise à disposition de locaux (stages) - 20 240

Spectacles professionnels avec amateurs 02 - 60

DiffusionDiffusion Nbre de jours Quantité Jauge basse Jauge haute

Spectacles et expositions en diffusion simple 82 70 80 700

Créations et expositions originales 12 5 200 350

Ouverture des processus de création aux publics 8 8 500 700

Conférences, rencontres 2 2 50 100

Les

acti

vité

s et

leu

rs p

ub

lics

PartenariatPrincipaux partenaires associatifs hors résidents• associations et structures culturelles des villes adhérentes (entre 100 et 120 sur les projets)• équipes artistiques professionnelles implantées dans les villes : Comédie de Béthune /théâtre de la Licorne

Affiliation à des Réseaux-

Eléments budgétaires (voir Fabrique):Nombre de personnes salariées par l’opérateur : -Nombre de personnes salariées sur le site : -Masse salariale : -

Budget de l’opérateur principal : -Chiffre d’affaires consolidé du site : -

Notice Culture Commune (actions sur le territoire)

Page 45: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Note budgétaire

Pour Culture Commune, l’approche que nous proposons est de consolider CultureCommune et la compagnie HDVZ.

Le Consolidé 2000 du site fait apparaître un budget de 18,5 MF sur lequel CultureCommune représente 13,5 MF et la Compagnie Hdvz 5 MF. Le prévisionnel 2001 estpositionné à 21 MF soit une augmentation demandée de 13 %. L’analyse sommairequi suit est effectuée sur les données des budgets 2000. Les deux structuresbudgétaires sont très différentes entre les deux structures.

ProduitsLe premier financeur du site est l’Etat qui couvre avec 4,2 MF presque 23 % du budgetgénéral, dont le ministère de la Culture à hauteur de 2,75 MF soit 15 % du total desproduits, le ministère de l’Emploi à hauteur de 0,9 MF soit 5 % du même total et leministère de la Ville à hauteur de 0,5 MF soit 2,7 %. Cet apport de l’Etat est surtout faitsur Culture Commune. L’Etat ne représente que 7 % du budget de HDVZ et 28 % chezCulture Commune.La région apporte 3,1 MF (16,7 %) dont 2,8 à Culture Commune.Les communes représentent 2,9 MF (15,7 %) du budget intégralement versés à CultureCommuneLe département donne 2,6 MF (14 %).Les recettes propres 5,2 MF (28 % du consolidé) sont essentiellement apportées par lacompagnie, par la vente de ses spectacles (4 MF sur les 5,2 MF). Les autres recettescorrespondent à la billetterie et aux retours sur coproduction de Culture Commune.Les autres financements viennent pour une part du Feder, de l’Onda et de partenariatdivers.

ChargesLes charges du lieu correspondent à un loyer, à l’entretien du site, aux fluides et auxassurances. La totalité représente environ 500 KF soit moins de 3 %.Les charges de personnel représentent 49,7 %. Il faut dans ce cadre noter que sur 2000la couverture par les aides à l’emploi est de 10 %.Les charges artistiques de Culture Commune sont identifiables sur le plan des achatsde spectacles et coproduction, soit un total de 4 MF. Cette masse ne représente queles charges directes dépensées par Culture Commune. La totalité des charges de lacompagnie, soit 5 MF, étant des charges artistiques, le coût du fonctionnement n’étantpas identifiable dans nos documents.

InvestissementLe coût des premiers aménagements réalisés sur la Base 11-19 est de 6,2 MF. Le projetde fabrique des Arts de la Rue et de l’espace de diffusion expérimental est budgété à10 MF.Le site a été acheté par le franc symbolique par la collectivité locale.

Base 11-19VOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Références documentaires

Sitewww.culture-commune.asso.fr

RapportsCulture Commune – document deprésentation édité par l’associationintercommunale de développementartistique et culturel

La Base 11-19 document édité parla SAEM Artois développement,octobre 2000

La charte Culture Commune,Novembre 1992

Analyses de politiques culturelles etdes pratiques intercommunales descommunes minières pour l’élabo-ration d’un projet de développementculturel du bassin minier, mémoire deDess, direction de projets culturels,Chantal Lamarre sous la direction deFrançois d’Arcy, directeur de l’IEPdeGrenoble, Anfiac 1988

Projet artistique et culturel deCulture Commune, décembre 1997,Culture Commune

Documents de communication :Journal programme de CultureCommune, septembre – décembre2000

Presse :La Documentation française,Observatoire des politiquesculturelles “Action culturelle etcoopération intercommunale”

Territoire, “Culture Commune etintercommunalité”, hors série,novembre 1996

La Scène, “La culture tisse sa toile”,n° 48, septembre 1996

Athéna Itinéraire Bis, “Théâtre,décentralisation et monde rural”,hors série n° 7, avril 1997

Télérama, “Bienvenue sur le carreau”,n°2538, 2 septembre 1998

L’Humanité, “A Loos-en-Gohelle, lesartistes vont au charbon”, 2 avril1999

Télérama, “Cyberculture en solmineur”, n°2566, 17 mars 1999

POUR, “L’appropriation d’unterritoire culturel” (le Nord-Pas-de-Calais), n° 163, septembre 1999

Théâtre Magazine, “Quand lesartistes vont au charbon”, Hiver 2000

Le Journal des Maires, “Le Carreau,temple des arts”, mai 2000

Page 46: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Base 11-19VOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - BASE 11-19Budget consolidé du site

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 47: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Base 11-19VOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - BASE 11-19Budget CULTURE COMMUNE

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 48: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Base 11-19VOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - BASE 11-19Budget CIE HDVZ

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 49: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

e site de la Caserne d’Angely a étéouvert à Nice le 16 juin 1999.

Confrontés au déficit de lieux decréation, d’expression, de rencontres et

après trois mois deconcertations ayantpermis de forger desparoles collectives,certains acteurs culturelslocaux décident de passer

à l’action en occupant des lieuxdésaffectés. Après les Diables Bleus etl’association La Source, le collectifar tistique Fare prend lui aussipossession d’une aile des anciens

Caserne AngelyVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Les Diables BleusFARE / Théâtre de la Brèche

L

NICEPROVENCE-ALPESCOTE D’AZUR

Personne rencontrée :Nicole Enouf, administratrice de la Cie Grain de SableFrédéric Alemany, coordinateur Diables BleusChristine HufalarEmilien Urbac, Acte LibreTania, ArtisteM. Vernisse, secrétaire adjoint u niversité

“Quelle cohérence y a t-il entrela reconnaissance de notre travailet le rejet de notre implantation ?”

Emilienm e m

br

Page 50: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

bâtiments militaires situés dans un desderniers quartiers populaires de Nice.Cette initiative s’inscrit dans uncontexte niçois particulièrementdifficile, où le travail mené par le secteurculturel et social en matière associativeest peu ou pas reconnu parles institutions. La volonté municipalede ne pas soutenir ces structurescomplexifie gran-dement la possibilitéde réunir un parte-nariat autour d’actionsqui, lorsqu’elles réus-sissent à êtreproduites grâce à l’engagement de sespromoteurs, ne sont pas intégrées àune problématique de développementculturel local. Malgré cette pression surles initiatives artistiques et socialesportées par des acteurs locaux, unmouvement de réaction est devenuperceptible dans la ville, notammentavec l’apparition à partir de 1995 degroupes artistiques reconnus nationa-lement, qui au-delà de leur notoriétérégionale s’investissent dans des actionslocales comme Nux Vomica le carnavalSaint-Roch. La résistance souterrainetenue depuis plusieurs années etmanifestée par le refus “d’expatriation”trouve avec l’ouverture de la Caserne

d’Angely un véritable écho politique,médiatique, culturel et social.

Une reconquête urbaine,politique et artistique

L’occupation de ces locaux désertés parl’armée est un véritable acte dereconquête qui combine plusieurs

dimensions.Tout d’abord cettereconquête esturbaine puisquedes lieuxabandonnés durant

de longs mois, et dont la destinationfinale n’est pas encore arrêtée, sontremis en état. L’intervention des membresdes différentes associations a permisd’éviter une trop grande détériorationdes locaux à uneexception acciden-telle près2. Tout aulong du tempsd’occupation, lesactions menées vont permettred’utiliser des espaces qui n’auraient sans

cela produit aucune valeur.

Ensuite cette reconquête estpolitique. Confrontés à une absence dedialogue avec les collectivités publiques,des citoyens décident de prendre enmain leur avenir en inventant un projetcollectif d’ordre public associant desdynamiques artistiques, culturelles etsociales. Considérant leurs démarchescomme légitimes, les membres descollectifs entrent en rapport de forceavec le principal interlocuteur local, lamunicipalité, qui communique dans lemême temps autour du slogan “Laculture, l’autre soleil des Niçois”. Cetteviolence institutionnelle se traduit donctrès vite en un affrontement politiquefondamental sur la place de la culturedans la société. Enfin cette reconquêteest artistique car sans espaces de travail,

le tissu local nepeut s’exercer, ni àsa discipline, ni aurapport auxpublics. Dans une

ville où l’essentiel de la politiqueculturelle est consacrée au prestige, le

Caserne AngelyVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

1-5-Nice-Matin - revue de presse de La Brèche.

2- En effet une des trois ailes a été occupée par l’asso-ciation La Source, qui était sans doute la structure lamoins organisée des trois. Un groupe électrogènedéfaillant a provoqué un incendie qui a détruitpartiellement le bâtiment.

3- Le Patriote Côte d’Azur, 30 octobre 99.

4- L’accès principal situé sur la rue des Diables-Bleus estinterdit par la Ville qui est toujours propriétaire desterrains situés entre cette entrée “naturelle” et lesbâtiments occupés.

6- Au 20/12/2000 la Drac n’a pas engagé lefinancement du plan d’équipement proposé par lesoccupants du site d’Angely car la demande faite àl’université d’être le maître d’ouvrage des travaux s’estheurtée à une fin de non-recevoir, et l’obtention dessubventions d’équipement ou d’investissement pardes associations titulaires de baux précairesrisquaient d’être bloquée par le trésorier général.

7- La préfecture avait dans un premier temps refusé lesstatuts. Après consultation du bureau ad hoc auministère de l’Intérieur, il a accepté ces statutsconformes à l’esprit et à la lettre de la loi de 1901.

8- Christian Rinaudo, chercheur en sociologie, mène untravail de recherche sur l’organisation sociale mise enplace par les Diables-Bleus.

Le site“Un lieu chaud où bruit la vie3 ”Située dans un quartier populaire, entre le port et Bon Voyage, la Caserne d’Angelyest une friche militaire à laquelle on n’accède qu’après quelques détours4. Après avoircontourné un bâtiment universitaire construit récemment, le visiteur se retrouve aumilieu d’un grand parking délaissé occupé par quelques voitures et les tracesd’activités publiques organisées sur le site depuis dix-huit mois. Les deux collectifsutilisent actuellement deux ailes qui se font face représentant chacune un peu moinsde 2000 m2. L’association Fare gère le bâtiment nommé Théâtre de la Brèche. Lecollectif des Diables Bleus gère l’autre bâtiment. Derrière de grandes palissades, ondevine aisément les autres friches, toujours propriété militaire, qui accueillent encorequelques entraînements du GIGN sur près de trois hectares.

La Brèche est organisée sur 4 niveaux. Le rez-de-chaussée est consacré à l’accueil, aubureau, à une cuisine commune et à un espace qui pourrait devenir public afind’accueillir en toute sécurité la diffusion de certains travaux (15/7 avec 5m de haut).Les niveaux supérieurs sont des studios de 100m2 , chacun avec deux expositions etune desserte facile par trois escaliers. Les affectations de ces espaces ont été faites auxassociations résidentes (une ou deux par espaces) et sont aménagées sommairementen fonction de l’activité. Une des salles est dédiée aux projections audiovisuelles etcinématographiques.

La maison des Diables Bleus fonctionne sur le même principe. Au rez-de-chaussée, onretrouve un atelier technique collectif, une salle de répétition, un foyer salle derencontres polyvalente, une cuisine. Les deux étages accueillent dans des espacesplus réduits les associations. La configuration des lieux est plus proche d’une activitéassociative (type maison des associations) que culturelle. Un garage situé à proximitéde la bâtisse principale va être aménagé en lieu d’exposition. Les espaces extérieursont une importance fondamentale, car ils permettent toutes sortes de rencontresconviviales notamment autour des repas collectifs.

“On essaye de dynamiser lesprojets plus que de créer unesuprastructure.”

Frédéric Alemany

“On a investi des lieux demanière illégale, mais on n’estpas clandestin.1”

Serge Dotti,metteur en scène

de la compagnie La Machina

Page 51: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

désir de cultiver d’autres mode defabrication est essentielle à laproduction artistique vivante. Ainsi, leregroupement opéré sur le site de laCaserne de Saint-Jean-d’Angely permet unemutualisation et une confrontation descompétences dont les potentialitésar tistiques sontbien évidentes.

De juin 1999 àjuillet 2000, laprécarité de l’instal-lation nécessite uneimplication totaledes principauxanimateurs du site.Pour être surtous les fronts à lafois, déblaiements,travaux, sécurité,a n i m a t i o n … ,plusieurs des membresdes associationsdevront renoncer àdes situations profes-sionnelles plus stables. L’absence deconvention d’occupation, etl’opposition farouche de la Ville àl’implantation de ces activités bloquerontdurant neuf mois l’ouverture des contratsde fourniture d’eau et d’électricité. C’est àpartir de juin 2000 que la situation dece qui n’est alors qu’un squat vapouvoir évoluer, avec la signature debaux précaires avec l’université de Nice.La visite de Michel Duffour vaégalement permettre d’engager plusavant l’Etat et le conseil régional quidécident de soutenir le lieu en aidant lefinancement des travaux de sécuritéindispensables6.

Le fonctionnement des structures

Les deux sites fonctionnent selon desprincipes différents. Le principal pointcommun étant la solidarité effectiveexistant entre les différents intervenantsdes projets.Le site des Diables Bleus est fondé surl’expérimentation sociale et fonctionne

en autogestion. L’association qui a étéconstituée n’a pas de président maisseulement des membres d’un bureauélus parmi le conseil d’administration.7

Au sein du conseil, les décisions seprennent à l’unanimité et aucunepersonne n’est rémunérée pour

assumer des fonc-tions collectives8.L’association a d’ailleurspris une positionradicale consistantà ne pas demanderde financementpublic quant aufonctionnement dulieu, au nom del ’ i n d épendan cepolitique et culturelle.Seules les activitésportées par lesa s s o c i a t i o n srésidentes peuventfaire l’objet desubventionnement.La revendication

des Diables Bleus est d’obtenir la mise àdisposition d’un lieu si possible mis ensécurité, le reste des coûts étantassumés par les cotisations desrésidents. Le positionnement desDiables Bleus vise également à unemeilleure utilisation possible des fondspublics, car ils considèrent que lestravaux de rénovation doivent êtreréalisés à moindre prix. C’est pour celaqu’ils revendiquent la maîtrise d’œuvrede la “réhabilitation” et l’usage de larécupération. L’association Fare souhaite, quant à elle, unsoutien plus direct des institutions,revendiquant une égalité de traitement,en terme territorial par exemple.L’association fonctionne plus sur leprincipe de la mutualisation des moyensavec une délégation des servicescommuns à des salariés. Un poste a étéouvert en emploi jeune, afin de libérer unpeu le travail de création des différentescompagnies qui s’étaient beaucoupinvesties dans l’organisation du lieu.

Les structuresrésidentes du site

Le site est aujourd’hui structuré autourde deux projets autonomesdéveloppant de nombreuses passerelles.Les résidences sont programmées, pourles deux structures, sur le mode de lacooptation. Les Diables Bleus regrou-pent aujourd’hui 250 adhérents et unedizaine de porteurs de projets dans lesdomaines du spectacle vivant, de laparticipation citoyenne, des arts de larue, de la communication locale, de lamusique et des arts plastiques. Fare quigère La Brèche regroupe unecinquantaine d’artistes réunis soit dansdes compagnies professionnelles ou envoie de professionnalisation, dans desassociations, ou indépendants, dans lesdomaines du théâtre, des ar tsplastiques, du cinéma, de la musique.

Réseau

Le site développe des projets enimaginant des collaborations ter-ritoriales pouvant avoir des consé-quences économiques favorables. Ainsiun lien étroit s’est installé entre l’arrière-pays et la caserne avec par exemple lamise à disposition dans la vallée de laRoya d’une Gare à Saint-Dalmas-de-Tende (60km de Nice) qui accueille desrésidences artistiques ou la mise enplace d’un marché biologique à laCaserne, garantissant le lien direct entrele producteur et le consommateur, ouencore une programmation double entermes de cinéma. Dans un autreregistre, la friche la Belle-de-Mai aégalement été sollicitée pour transférercertaines compétences en matière desécurité du site ou d’échangesinformels.

La programmationpublique du site

Le site a, depuis dix-huit mois, ouvertde nombreux chantiers de program-mation. Cette ouverture au public a étébien sûr, un élément indispensable de la

Caserne AngelyVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

“De plus en plus, la politique,c’est à dire le domaine dupouvoir rejette le domaine duvivant, de l’humain, et s’instauredans un domaine de gestion de lamort. Et la gestion de la mortprovoque le fric. Si on refuse çaon est obligé d’entrer dans unprocessus d’opposition, illégal,parce que la politique a envahitous les domaines avec sonéconomie. On est obligé d’ouvrirdes espaces de vie. Le théâtre estle fer de lance de tout ça, parcece que c’est un domaine dedialogue et de vie. De plus en plusse pose la question : pourquoi lapolitique gère la mort5”.

Serge Dotti

Page 52: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

défense même du lieu. La program-mation est une accumulation quis’organise et se structure dans unedémarche empirique. Cette démarchese qualifie différemment entre lesDiables Bleus et Fare. En effet, lesDiables Bleus accueillent sur leur siteexclusivement “leurs adhérents”, ilsconsidèrent que l’esprit du lieu endépend, puisqu’il est fondé sur l’auto-gestion et la participation directe.Néanmoins, lesDiables Bleusinitient ous’associent à den o m b r e u s e sprogrammationssur les espaceslibres de la caserne ou sur des espacespublics de la ville. Le désir dedévelopper, dans un des espaces situé àproximité de leur bâtiment principal, un“lieu d’exposition” montre paradoxa-lement leur attachement à l’accueil dupublic sur leur site. Pour Fare, l’aména-gement d’un lieu d’accueil public est unenécessité à la fois pour présenter leurscréations et à la fois pour installer le sitedans un territoire niçois peu équipé entermes de salles intermédiaires.La programmation du site se développeainsi et tente de faire se rencontrer desdémarches de nature différente,associant des amateurs et des profes-sionnels. D’Octobre bleu, qui a réuni enun mois près de 2000 “spectateurs-visiteurs-participants”, au bal occitanavec “Les violons du Rigodon”, auspectacle de rue “Les Arrosés” sur laplace Saint-Roch, en passant par lesrendez-vous réguliers des “mardisbleus” ou de la programmation cinéma,les occupants de la caserne installent unrapport profond avec la population entermes de rencontre publique,multipliant les formes utilisées. Cette“énergie programmatique” traduit biencette volonté d’“exister dans la ville” en

palliant les déficiences criantes de toutesles politiques d’animation. Certes levide-grenier ou la toute dernièrejournée “Au bout du monde, festivalnéolithique” ne facilitent pas l’iden-tification d’une politique artistique“cohérente”. Ce foisonnement estsource de nombreuses incompré-hensions avec les institutions, qui,lorsqu’elles ne sont pas, comme la Ville,farouchement opposées au projet, ne

p e u v e n ta p p r é h e n d e ravec leurs critèresla globalité dup h é n o m è n e ,alors même qu’ilssoutiennent tel

stage10 ou telle création11.

Evolution du siteet perspectives

Proche du nouveau pôle universitaire,les deux bâtiments occupés et lebâtiment qui a été partiellement détruitpar un incendie doivent êtretransformés en résidence universitaired’ici deux à trois ans. D’autres bâtimentssitués à proximité sont désaffectés etsont propriété de l’armée qui les utilisepeu. Ceux-ci font partie du portefeuillede la Mission pour la réalisation desactifs immobiliers qui cherchentaujourd’hui une nouvelle affectation ausite. L’évolution de ce site de 3 hectaresreste aujourd’hui très ouvert. Une desassociations (Diva) a lancé un projet deconsultation sur le quartier. Par untravail d’enquête vidéo et de projectionssuccessives menées comme uneintervention de rue, le groupe d’artistestente de nouer des contacts et desusciter la curiosité des passants, deshabitants, sur le principe de “prendre etfaire, ne surtout pas attendre”. Cetravail est à la fois une ouverture surl’imaginaire et un travail concret basé sur

Caserne AngelyVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

“On est dans un quartierpopulaire sous-équipé en termesculturel et sportif. Du Port-à-BonVoyage il y a près de 80 000habitants et pas de cinéma, pasde centre social…rien9.”

9- Fréderic Alemany - Entretien - décembre 2000.

10- Développement de formation comme les stages de laRibalta, de Mundial Sisters et de Nikolaüs produitspar Fare avec le soutien de la Drac.

11- Depuis deux ans, le théâtre de Nice coproduitcertains spectacles des compagnies résidentes à La Brèche.

12- Par exemple en 2001 un projet de créationcommune à Fare et aux Diables-Bleus lié au festivalEspace libre.

13- Le patriote Côte d’Azurrevue de presse de La Brèche.

14- Mr Vernisse – Entretien - février 2000.15- Nice Matin – revue de presse de la Brèche.

Page 53: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Caserne AngelyVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

UniversitéPour M. Vernisse, secrétaire général de l’université, la présidente Mme Gourdet a“la perception intelligente de la non-nécessité de la non-occupation des bâtiments”.“Dès lors, nous sommes rentrés dans un échange constructif qui permet de laisserune grande liberté, d’installer un climat de confiance, permettant de désamorcerles risques (souvent fantasmatiques) liés à l’occupation. Si la Ville n’exige pas ladémolition de ces bâtiments qui sont frappés d’alignement, nous reconduirons sansdoute durant trois ans les conventions d’occupation qui nous lient à chaque structure,en imaginant peut-être d’utiliser le potentiel artistique de cette occupation, pourl’action culturelle de l’université14.”

les expériences de chacun avec l’armée,l’université, les élus, les écovillages… Decette étape d’échanges et d’information auprojet, il n’y a parfois qu’un pas qui permetde lancer les premières idées de program-mation en termes d’espace public boisé (laforêt des Diables Bleus), d’équipementsocioculturel révolutionnaire (un palacesocial) ou encore d’un centre culturel…

La caserne est située dans un contextepolitique et urbain par ticulièrementsensible. Le potentiel que représentecette aventure doit pouvoir être co-développé avec les institutions quiconsidèrent que la dynamique culturelleest une dynamique essentielle de latransformation politique et sociale. Lesaxes de travail à développer seraient d’une part, d’appréhenderl’aménagement du site de façonprovisoire et d’autre part d’analyser lanature du projet qui pourrait sestructurer au travers de cette expéri-mentation-préfiguration menée à lacaserne. D’autre part la synergiepossible avec l’université est unpotentiel exceptionnel qui nécessiteraitun renforcement des relations, pour laproduction de projets communsambitieux en termes de formation etde création artistique12 ; et d’ailleurs denombreux liens existent déjà avec lasection arts du spectacle de l’UNSAd’où certains artistes du site sont issuset/ou certains ar tistes du siteinterviennent comme formateurs.

“Nous sommes très déterminés àêtre dans ces lieux, à y travailler, à yprésenter nos spectacles, et à noussituer dans cette ville où nous n’avonstoujours pas les moyens d’exister.Nous savons que nous sommes dansune situation précaire, donc noussommes en état de résistance13.”

Marie-Jeanne Laurent,metteur en scène de la compagnie La Saeta

Octobre 1999

“Si l’on en arrive à occuperillégalement des espaces pourtravailler, c’est que l’on y estcontraint, par le désintérêt de l’Etatvis-à-vis de Nice15.”

“On a choisi de vivre à Nice,cinquième ville de France, de plus enplus jeune avec une grosse carence entermes d’équipements de proximité.Ceci en dépit d’une forte demande.Une réponse faite par un chargé demission régional à notre demande esttrès symptomatique de la positioninstitutionnelle : on nous conseillegentiment de quitter Nice où il y apeu de perspective et d’ailleursbeaucoup d’artistes ont fait ce choixdans les années passées.”

Nicole Enoufadministratrice de la compagnie Grain de sable

Page 54: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Caserne AngelyVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Notice Caserne Angely

Ville : NiceNom du quartier : Vieux NiceNbre d’habitants : 500 000Situation : Péricentre

Région : PACANbre d’habitants : 4,5 M

Nom du site : Caserne Saint-AngelyNom de l’opérateur : FARE et Diables BleusDate de création : 1999 Date d’ouverture : sept 1999Président (FARE) : Ludovic VolletPrésident (Diables Bleus) : CollégialeAdresse : 26, avenue des Diables Bleus 06300 Nice

Tél (Diables bleus) : 04 93 56 26 58Tél (FARE) : 04 92 04 23 63

La s

itu

atio

nL’

iden

tité

Repères chronologiques

Diables BleusPépina la Juste (cinéma,vidéo)

Balin Balan (théâtre)

ADN (association pour la démocratie à Nice)

Lou Grenier (spectacles pour enfants)

Diva (association travaillant sur le rapportentre l’art et la fête)

Babouzouk (fanzine)

Les Cagoles rasta (groupe de musique)

Yoggi (artistes plasticien)

Jean-Claude (artiste plasticien)

Les Orteils bleus (musique)

FAREActe libre (Théâtre)

La Machina -Serge Dotti (Cie de marionnettes)

Le Grain de sable (Cie de théâtre)

La Saeta -Marie Jeanne Laurent (Cie de théâtre)

Vis Fabula (Cie de théâtre)

Distance focale (association de photographes)

Orange bleue (association de plasticiens)

Nux cobalt -Françoise Apter (cinématographe,projection art et essai)

Des plasticiens indépendants

Structures associées - 1er cercle

Les structuresprésentes sur le site Propriétaire du bâtiment : Université

Type d’occupation : bail précaire Durée : un an renouvelablePrécédente affectation : caserne militaireSurfaces construites : 8 000 m2 Surfaces de terrain : 6 000 m2

Surfaces des bâtiments exploités : 2x 2 000 m2

Lieu

mars 99 créationjuin 99 occupation de la caserne par

les Diables Bleussept 99 occupation par FAREmai 2000 visite de Michel Duffour et

signature d’une conventionrenouvelable tous les ans avec l’université

mars 2001 Festival Espace libre enpartenariat avec la section artdu spectacle de l’université

Gare de Saint-Dalmas-de-Tende

Structures associées - 2e cercle

Espaces de diffusions (Diables bleus)

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

Foyer spectacle/événement - -

Parking festival/événement - -

Espaces de diffusion (FARE)

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

salle projection projections cinéma et vidéo - -

- spectacle exposition - -

Espaces de résidences et de pratiques (Diables Bleus)

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

Foyer salle de répétition - -

Ateliers plasticiens/musiciens/journal associations - -

Espaces de résidences et de pratiques (FARE)

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

Studios/ateliers théâtre (répétition/costume)arts plastiques - -

Espaces administratifs :Bureaux 2x 40 m2

Présence d’un bar : associatif selon spectaclesPrésence d’un restaurant : selon événementPrésence de logements pour les résidences : un dortoirPrésence de logements de fonction : Non

Des

crip

tio

n d

es e

spac

es d

e tr

avai

l

Page 55: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Caserne AngelyVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Notice Caserne Angely

Disciplines représentéesDisciplines Résidences Pratiques Diffusion Résidences Pratiques Diffusion

Théâtre *** ** * Cirque ***** ** ***

Arts Plastiques *** ** ** Ciné - Audio *** *** ***

Ecritures - - - Radios / Tvs - - -

Patrimoine - - - Danses - - -

Presse ** ** ** Arts de la rue * * *

Musiques ** ** ** Modes - - -

Multimédia * * * Solidarité, citoyenneté *** *** ***

Résidences artistiques :Courtes (moins de 3 mois) oui Nbre par an : NC

Moyennes (entre 3 mois et 3 ans) oui Nbre par an : NC

Longues (plus de trois ans) oui Nbre par an : NC

Pratiques artistiquesPratiques artistiques Nbre d’ateliers différents Nbre par an Quantité de public

Ateliers de formation réguliers 2 cours toutes l’année NC

Ateliers de formation spécialisés 4 4x 1 semaine NC

Mise à disposition de locaux parfois - NC

Spectacles professionnels avec amateurs - - -

DiffusionDiffusion Nbre de jours Quantité Jauge basse Jauge haute

Spectacles et expositions en diffusion simple ponctuellement - -

Créations et expositions originales ponctuellement (générale des créations) - -

Ouverture des processus de création aux publics permanent + travail avec les scolaires

Conférences, rencontres ponctuellement - -

Les

acti

vité

s et

leu

rs p

ub

lics

PartenariatPrincipaux partenaires associatifs hors résidentsDSEA, collèges, …

Affiliation à des Réseaux-

Eléments budgétaires (2000) :Nombre de personnes salariées par l’opérateur : 2 (FARE)Nombre de personnes salariées sur le site : NCMasse salariale : 56 KF

Budget de l’opérateur principal : 86 KF Diables Bleus / 87KF FAREChiffre d’affaires consolidé du site : 173 KF

Les mots clefsTerritoires Artistiques Economiques PolitiquesLieu de création Professionnalisation Aide aux jeunes Compagnies Dynamique citoyenneet de ressources. Création Lieu de ressource Réponse à une carenceLiens avec les quartiers Dynamique pour les programmateurs. EngagementAménagement Formation universitaire Mutualisation de moyens Mobilisation

Expérimentation Agir et ne plus subiréconomique et sociale. Convergence culture

université.

Principaux partenaires financiers :DracRégion Paca

Partenaires pour l’investissement -

Page 56: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Note budgétaire

Pour la Caserne d’Angely, deux structures budgétaires ont été appréhendées. Celle deFare qui gère La Brèche et celle des Diables Bleus qui occupent la maison. Ne sontdonc pas prises en compte les différentes structures artistiques (compagnies profes-sionnelles, festival étudiant…) qui composent notamment La Brèche.

Le consolidé 2000 du site fait apparaître un budget de 175 KF réparti à peu près àparité. Le prévisionnel 2001 est positionné à 810 KF soit une augmentation de plus de4,5 fois le budget 2000. Cette augmentation est essentiellement porté par La Brèche,qui sollicite des aides à l’emploi et des financements culture (Etat et région). L’analysesommaire qui suit est effectuée sur les données des budgets 2000.

ProduitsLes recettes propres représentent 57 % du budget du site et sont essentiellement liéesà des prestations de services (animation, bar, restauration).Les aides publiques sont exclusivement des aides à l’emploi.

ChargesLe lieu est mis à disposition par l’université. Il y a quelques charges d’entretien, deconsommation de fluides et d’assurance, dont les montants sont extrêmement réduitspar rapport à la taille du site.Les charges de personnel correspondent au seul poste aidé obtenu par Fare.

InvestissementLe site représente une valeur de 40 MF. Des logements étudiants doivent y êtreconstruits. Dans l’attente, des travaux sommaires ont été effectués (30 KF). La Caserned’Angely devrait bénéficier d’un soutien pour la mise en sécurité des bâtiments, par leconseil régional et le ministère de la Culture en 2001 de 300 KF. La Ville, opposée auprojet, ne finance pas les deux structures ; la pérennisation des projets n’est pour lemoment pas débattue.Il est à noter que les Diables Bleus refusent toute aide au fonctionnement de l’asso-ciation. Les budgets d’équipement sollicités sont réalisés dans une optique trèséconomique, basée sur la récupération et l’apport en main-d’œuvre des adhérents.

Caserne AngelyVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Références documentaires

Documents de communicationRevue de presse de La Brèche année 1999/2000

Adrénalinetrimestriel, n°19, octobre 2000

Babazoukmensuel, n°13, décembre 2000

ProgrammeOctobre bleu6 au 31 octobre 2000

La Brèchenovembre-décembre 2000

Espace-libre, 8 au 11 mars 2001

Budget Fare 2000(équipement et fonctionnement)

Page 57: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Caserne AngelyVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Caserne d’AngelyBudget consolidé du site

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 58: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Caserne AngelyVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Caserne d’AngelyBudget DIABLES BLEUS

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 59: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Caserne AngelyVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Caserne d’AngelyBudget FARE

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 60: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

près avoir mené durant plusieursannées un travail de création

théâtrale associant la population desvilles dans lesquelles elle résidait,Catherine Boskowitz décide de partir

un an pour un voyage quila mènera du Congo auLiban en passant parl’Afrique du Sud et laPalestine. “J’ai rencontrétout au long de ce péripledes ar tistes quiéprouvaient une véritablenécessité de travail

théâtral, parce qu’ils vivaient dans dessituations politiques, économiques etculturelles extrêmes. A mon retour j’ai

Friche A. MalrauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

A

MANTES-LA-JOLIEILE-DE-FRANCE

Personnes rencontrées :Catherine Boskowitz, metteur en scêneKamil Tchalaev, musicienPhilippe Niorthe, plasticienMarcel Mankita, acteurMarie-Luce Liberghe, relations publiquesTarek Abou Il Foutou, producteurStéphane Gomber, vidéaste

“Partager la création dans saconception comme dans sa réalisation,c’est affirmer que la production desœuvres émane de la communauté. C’estse servir des outils artistiques pourmontrer les visages, faire entendre lesvoix et bouger les corps, pour mettre enlumière cette complexité et fairemouvement…”

Page 61: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

eu envie de mettre en œuvre les chosesdifféremment et j’ai réuni chez moi desartistes dont je connaissais le travail,pour leur proposer de rêver un projetcollectif d’implantation dans une ville1.”Quinze jours plus tard un appel deJacques Livchine l’informe que la ville deMantes-la-Jolie est à la recherche d’unecompagnie en résidence pour bâtir unprojet.

En décembre 1997, le collectif visite lafriche de Mantes et prend les premierscontacts avec la formulation de lademande de la Ville. “Nous étionsproches et distants de cette demande.En même temps les personnes qui nousinterpellaient savaient bien ce qu’unecompagnie est capable de faire àl’échelle d’un territoire. La confiance quis’est installée nous a permis deprogresser dans la formulation duprojet qui était basé sur la nécessité ducollectif.”

Collégialité

Le Collectif 12 se fonde ainsi ets’organise pour pouvoir assumer laresponsabilité de la friche. La collégialitéqui garantit le sens du projet est animéepar trois codirecteurs qui la portent etsont portés par elle. Le choix desprojets qui seront accompagnés estdébattu en réunion de projets au regardde leur inscription dans le territoire etdans le projet global du lieu. La ligne

artistique du site repose donc sur unepluralité et une diversité de formes etd’approches qui sont successivementdéfendues par l’un ou l’autre desmembres du collectif. C’est par cetravail commun que se forgeexpérience après expérience l’entité dugroupe.

Depuis deux ans, six nouveauxmembres sont entrés dans le collectif,alors que six en sont sortis, prouvant ladynamique du collectif et sonopérationnalité. “Nous pensons que ceprojet se pense en se faisant. Il faut seposer toutes sortes de questions etnous avons constaté que nous nepouvions proposer d’autres modalitésde fonctionnement, une collégialité dedirection par exemple, qu’en éprouvantles principes par le réel de l’action2.”

Comment créerensemble, et côte à côtedans un territoire donné,Mantes ?

Le travail du Collectif n’est jamais conçucomme détaché de son implantationdans la ville. “Il s’agit toujoursd’interroger le territoire, de mettre enrelation les propositions artistiques et lelieu où l’on évolue : la ville et seshabitants, la friche, le hangar… de savoirce que l’on fait des murs, comment ilsinfluent sur le travail, comment on

Friche A. MalrauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

1-2-3 Collectif 12 - Entretien - novembre 2000.

4- Collectif 12 - “un collectif d’artistes, un lieu decréations pluridisciplinaires dans un lieu en friche”document de communication.

5- C’est par exemple en saisissant l’opportunité d’uneinvitation institutionnelle de la chorégraphe turqueEmre Koyunciglu dans un centre culturel labellisé quele Collectif 12 a pu lui proposer une résidence inscritedans un rapport étroit avec des femmes de lacommunauté turque de Mantes.

Le lieuLe lieu du Collectif 12 à Mantes est situé sur l’artère principale qui va du centre ville auVal Fourré. Cette “petite” friche (baptisée A.Malraux) se compose autour d’une cour(400 m2) de bâtiments administratifs (150 m2) qui accueillent toute la permanence ducollectif. Dans ce bâtiment, deux espaces (170 m2) peuvent permettre un travaild’atelier et de petites présentations aux publics. Le grand hangar (450 m2) et sesdépendances sont les lieux du spectacle vivant, en répétition, construction oudiffusion. La maison à l’entrée garantit un hébergement aux artistes invités.L’ensemble du site représente une surface de 1 100 m2 construits (hors appartements)qui doivent être transformés prochainement grâce à des investissements consentispar les collectivités publiques. Le principe d’intervention retenu doit permettre-d’imaginer des espaces sans les figer dans leurs fonctions et en les adaptant à chaqueprojet.

Page 62: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

s’inspire de ces espaces qui sont horsnormes ?3.” “Les artistes du collectif 12revendiquent une posture singulière enproposant aux habitants de les associerà différentes démarches de création :l’œuvre artistique est en soi un espaceoù chacun a le droit d’exister et dedonner à voir ses propres combats etutopies. Partager la création dans saconception comme dans sa réalisation,c’est affirmer que la production desœuvres émane de la communauté.C’est se servir des outils artistiquespour montrer les visages, faire entendreles voix et bouger les corps, pourmettre en lumière cette complexité etfaire mouvement4…”.

La production

Le Collectif 12 a tout d’abordfonctionné sur beaucoup de bénévolat.Ce n’est qu’au terme d’une année queles possibilités de production ontcommencé à se formaliser pour sestructurer dorénavant en coproduction,coréalisation et partenariat de projets.Les modalités de la relation entre leCollectif 12 et les projets sont multipleset sont fonction de la nature despropositions. Pour les deux premières années,chaque projet a eu un accompa-gnement spécifique qui a pu aller de laproduction complète à la résidencecroisée en passant par un accueilcoréalisé.Les Tours sonnantes ont par exemplefait l’objet d’une commande spécifiquede la Ville. Cette production particuliè-rement importante par son symbolecomme par son budget pour le Collectifa été menée sur plusieurs mois sousforme de travaux d’ateliers à l’échellede la ville, pour aboutir à uneprésentation événementielle lors de ladémolition des tours de la cité.

Conduite par deux membres ducollectif, cette opération a égalementmobilisé de nombreux intervenantsartistiques hors du groupe.Dans un autre registre, la résidence duKomplex Kapharnaeum a été organiséeconjointement avec le Batofar etl’Echangeur, membres, comme leCollectif 12, du réseau Actes-If. Surcette résidence, une aide spécifique auprojet a été apportée par la Dracpermettant de financer la productionde la résidence et son accueil au sein ducollectif. Pour la venue d’Eyala Pena quis’inscrivait dans le cadre d’une tournéede l’Afaa, il n’était prévu initialementqu’un simple accueil dans le lieu et unhébergement. Des financements allouéspar la Drac, l’Onda et la sous-préfecture des Yvelines ont finalementpermis d’accueillir en coréalisationquatre jours de présentation publiqueet de mettre à disposition deuxtechniciens.Pour la Compagnie l’Empreinte et Cie

de Marc Ange Sanz, le principe (qui nesera pas renouvelé) a été de coréaliserleur venue avec un apport enhébergement et nourriture, une mise àdisposition du lieu et d’un directeurtechnique, et la prise en charge de fraisde construction et de documentspublicitaires ainsi que de relations avecdes publics, la compagnie bénéficiant dela totalité de la recette.

Les moyens dont dispose le Collectifnécessitent sans cesse cettegymnastique de production. Elleimplique la mobilisation de fonds deproduction qui, bien qu’extérieurs auprojet, doivent s’inscrire dans sa lignegénérale. Quels que soient lesproblèmes d’allocation de ressources, lacirculation entre les projets engendreune connaissance mutuelle propice au

travail de recherche du collectif. “Nousvoulons mettre en place une ligne derésidence et de production beaucoupplus forte afin que la permanenceartistique du lieu ait bien un rapportavec la population de Mantes. Pourpouvoir programmer cela, il faut quenotre financement dépende moinsdirectement des projets qu’aujourd’hui.”

L’approche de la production artistiqueque l’on trouve au Collectif 12 est horsde la vision classique de la production.Cette approche est connue par descentaines de projets qui ne peuventfonctionner qu’en réactivité à desnécessités et des opportunités5. “Laquestion qui se pose chaque jour pournous, artistes du Collectif 12, est celledes modes de production dont nouspouvons disposer. En 1994, nous avionsmonté à deux compagnies, avecEmballage Théâtre et Abc, un spectacledans un grand lieu proche de Paris.Nous étions 20 sur scène dans ce CDNet nous étions accueillis à la recette.Nous avions fait scandale parce quenous avions mis sur l’affiche “Artistes -producteurs”. La situation globalementne s’améliore pas, mais avec la frichenous avons déjà un point d’ancrage detravail, une base financière qui ne suffittoujours pas à nos travaux de création,mais qui nous offre une possibilitéd’engagement.”

Un lieu ouvert

A Mantes, la nature du projet depolitique culturelle qui a permisl’implantation du Collectif 12 se traduitpar une demande très forte du local,maintenant une pression permanentesur l’équipe. “La situation même de lafriche la positionne comme uncarrefour : située aux confluents destrois quartiers de la ville, elle offre aux

Friche A. MalrauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Page 63: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

habitants, la possibilité de disposer d’unlieu qui leur est proche6.” Sur leterritoire, le Collectif 12 collaborerégulièrement avec les autres structuresculturelles de la ville comme le Festivalde la Jeunesse, le Chaplin, le théâtre duMantois ou Radio Droit de cité.Pour ouvrir un dialogue avec “cettepression du local”, le Collectif 12 poseles bases d’un réseau international quine soit pas un réseau de structures, maisun réseau de personnes et de projets.Pour le groupe, la question qui se posen’est pas celle uniquement de ladiffusion des œuvres, mais aussi celle dela circulation des artistes et ce, que cesoit au niveau local, national ou interna-tional. “Ce que nous avons engagé avecTarek Abou El Fetouh du Young ArabTheater Fund, c’est une contextuali-sation qui nous permette de développerprofondément des liens entre leGarage, son lieu à Alexandrie et nous.Nous voulons établir des échanges àplusieurs niveaux, dans plusieursdiciplines, comme nous le faisons déjàautour des contreverses avec la friche laBelle-de-Mai ou Culture Commune”.

Le public

Le public de Mantes commence àemprunter le chemin du Collectif 12.Des liens ont été tissés, et la populationse mobilise “dans le parcours”. “Ilsviennent, ils regardent, leur présence estvisible, mais nous avons des difficultéspour avoir un lien suivi”. “Ce quicompte c’est que les projets menés parle Collectif en génèrent d’autres. Lechantier école réalisé il y a un an et demiavec 10 jeunes sur les métiers de lascène et de l’audiovisuel a rendu legroupe moins étranger à la production

artistique et au travail des artistes, etpuis plus tard, un an et demi plus tard,l’un d’eux vient au Collectif pourproposer un projet. La prochaineréunion devra débattre de celui-ci, et dela capacité du collectif à l’accompagner.”

L’organisation, les moyens

Le Collectif 12 est depuis 2000 unestructure indépendante de lacompagnie Abc. Il réunit des artistes dedifférentes disciplines, parmi lesquelstrois sont codirecteurs. Les troiscodirecteurs sont rémunérés en partiepour leur travail de codirection et enpartie sur les projets artistiques qu’ilsmènent, les autres ar tistes n’étantrémunérés qu’en fonction des projetsengagés. Les productions et atelierspermettent en moyenne de les salarierà mi temps. La Ville met à disposition lafriche pour quatre ans et alloue unesubvention de fonctionnement à l’asso-ciation (300KF). La convention devraitêtre reconduite pour une durée pluslongue, les travaux auxquels s’étaitengagée la Ville n’ayant pas été réalisésdans les délais prévus. Le budget duprojet est de l’ordre de 5MF en 2000.Une administratrice assure la gestion duprojet.

Friche A. MalrauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

6- Collectif 12 - “un collectif d’artistes, un lieu decréations pluridisciplinaires dans un lieu en friche”document de communication.

Page 64: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Friche A. MalrauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Sylvie Bessenay est arrivée en 1996 à Mantes-la-Jolie pour y créer la Direction desaffaires culturelles de la Ville. “Dans un bassin de population de 100 000 habitants, les45 000 habitants de Mantes ne disposaient pas vraiment d’une offre culturelleorganisée. Il s’est agi d’élaborer un plan de développement culturel, prenant encompte l’intercommunalité et favorisant la mobilité. J’ai joué un principe de complé-mentarité entre les équipements afin que ceux-ci puissent afficher dans des domainesspécifiques une certaine ambition, que ce soit en termes de lecture publique, dethéâtre, de musiques actuelles ou de patrimoine. Lorsque nous avons fait ce plan dedéveloppement nous nous sommes rendu compte qu’il manquait un lieu dans lequelpourrait exister un lien singulier entre création et population, un lieu dans lequel lapopulation pourrait s’approprier le rapport à la création”. La Ville décide alors de fairele pari inattendu d’un lieu de création atypique, pluridisciplinaire, internationalpouvant se localiser sur une friche rachetée par la Ville et située à égale distance ducentre ville et du Val-Fourré. De l’adéquation de la commande et du désir du Collectif12 naîtra donc en 98 l’histoire de la friche de Mantes. “La municipalité a des attentespolitiques. Nous offrons une possibilité de travail et des matériaux divers, mais nous nesommes pas dans la négociation des contenus artistiques. Nous demandons à ce quesoient produits ici des événements qui aient du sens pour la population, desévénements qui puissent provoquer, montrer que ça vit, que ça bouge. Je crois que laville se fait pénétrer petit à petit par le projet du collectif parce que c’est un lieugénéreux animé par des gens généreux”.

Page 65: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Friche A. MalrauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Ville : Mantes-la-JolieNom du quartier : GassicourtNbre d’habitants : 50 000Situation : Centre

Région : Ile de FranceNbre d’habitants : -

Nom du site : Friche André MalrauxNom de l’opérateur : Collectif 12Date de création : juin 1998 Date d’ouverture : juin 1998Président : Claudine DussolierDirecteur : Catherine Boskowitz, Philippe Chateau, Frédéric FachénaAdresse : 174, Bd du Mai Juin 78200 Mantes-la-Jolie

[email protected]él : 01 30 33 39 42 - Fax : 01 30 33 05 57

Ouverture juin 98

sept • 98 “Ouverture avant travaux”

déc • 98 “Mantes roule des mécaniques”

jan-juin • 99 “Plateforme de mobilisation”

juin • 99 “Baraques foraines”

sept • 99 “Splendid’s”

déc • 99 “Bus en scène”

mars • 00 “Lieux dits”

août • 00 “Eyala pena”

oct • 00 “Tours sonnantes”

oct-nov • 00 Résidence à Alexandrie

Travaux nov • 00 reportés à nov 01

La s

itu

atio

nL’

iden

tité

Repères chronologiques

Cie ABC

Structures associées - 1er cercle

Les structuresprésentes sur le site

Propriétaire du bâtiment : Ville de Mantes-la-JolieType d’occupation : convention Durée : 4 ans renouvelablesPrécédente affectation : entreprise de miroiterie, peintureSurfaces construites : 800 m2 Surfaces de terrain : 1 100 m2

Surfaces des bâtiments exploités : 800 m2

Lieu

Espaces de diffusions

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

Hangar polyvalent 450 m2 200

Espaces de résidences et de pratiques

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

atelier mezzanine polyvalent 170 m2 50

Espaces administratifs :bureaux 150 m2 sur deux niveaux

Présence d’un bar : en projet Heures d’ouverture : bar :Présence d’un restaurant : non Nbre de couverts / jour : Présence de logements pour les résidences : ouiPrésence de logements de fonction : non

Des

crip

tio

n d

es e

spac

es d

e tr

avai

l

Cie Praxis Asso. Toiles SPLS

Structures associées - 2e cercle

Transport en commun

Structures associées - 3e cercle

Notice Collectif 12

Page 66: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Friche A. MalrauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Disciplines représentéesDisciplines Résidences Pratiques Diffusion Résidences Pratiques Diffusion

Théâtre ***** ***** ***** Cirque * * *

Arts plastiques *** *** *** Ciné - Audio *** *** ***

Ecritures - - - Radios / Tvs - - -

Patrimoine - - - Danses **** **** ****

Presse - - - Arts de la rue *** *** ***

Musiques ** ** ** Modes - - -

Multimédia * - - Solidarité, citoyenneté - - -

Résidences artistiques :Courtes (moins de 3 mois) 5 Nbre par an : 4 en 2000

Moyennes (entre 3 mois et 3 ans) 5 Nbre par an : 4 en 2000

Longues (plus de trois ans) non Nbre par an : -

Pratiques artistiquesPratiques artistiques Nbre d’ateliers différents Nbre par an Quantité de public

Ateliers de formation réguliers 10 10 300

Ateliers de formation spécialisés 1 (en 99) - 12

Mise à disposition de locaux - - -

Spectacles professionnels avec amateurs 4 2 50 à 100

DiffusionDiffusion Nbre de jours Quantité Jauge basse Jauge haute

Spectacles et expositions en diffusion simple 15 1 50 200

Créations et expositions originales 50 4 50 200

Ouverture des processus de création aux publics - 3 50 3 000 (extérieur)

Conférences, rencontres - - - -

Les

acti

vité

s et

leu

rs p

ub

lics

PartenariatPrincipaux partenaires associatifs hors résidentsSur l’agglomération mantaise

Association Inter-Assistance, théâtre du Mantois,

CC Le Chaplin, CS Fragonard, CAC Georges Brassens, Radio Droit de cité

Nationaux

Avignon Public Off, Alissar,

Internationaux

Groupe Shams Liban, YATF Egypte, Festival de théâtre indépendant d’Amman Jordanie

Affiliation à des réseauxActes If

Eléments budgétairesNombre de personnes salariées par l’opérateur : 52 (en 2000) 2 permanents et 50 intermittents

Nombre de personnes salariées sur le site : -Masse salariale : 1 300 000 F

Budget de l’opérateur principal : 2,28 MF (prévisionnel 2000)Chiffre d’affaires consolidé du site : -

Les mots clefsTerritoires Artistiques Economiques PolitiquesFriche Pluridisciplinarité Subventions ConventionPartage Accompagnement - -Circulation Collégialité

Principaux partenaires financiersVilleDrac IDFConseil régionalContrat de ville

Partenaires pour l’investissement

Notice Collectif 12

Page 67: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Note budgétaire

Pour le Collectif 12, l’analyse ne porte que sur l’association créée en 2000 qui assumedésormais la totalité de la dynamique, le fonctionnement du lieu comme les projetsartistiques.

Le budget 2000 de l’association fait apparaître un budget de 2,3 MF et celui de 2001est de 4,9 MF soit près du double. L’analyse sommaire qui suit est effectuée sur lesdonnées des budgets 2000.

ProduitsLe premier financeur du site est la commune qui couvre 0,9 MF du budget soit 40 %.(Cependant ce chiffre est surévalué pour cet exercice par une opération spéciale). En2001 la ville ne représenterait plus que 10 % du budget global.Le ministère de la Culture est présent à hauteur de 690 KF soit 30 % du budgetauxquels nous pouvons ajouter 200 KF de la politique de la Ville (10 %). En 2001 lademande est de 960 KF en culture soit 19 %.Les autres produits sont du partenariat et de la billetterie (13 %).Le conseil régional est présent à hauteur de 10 %.L’évolution pour 2001 serait financée par une diversification (aide à l’emploi etpartenariat – en très forte augmentation) et une augmentation des financementspublics.

ChargesLes charges du lieu sont prises en compte par la Ville, y compris les fluides. Les charges de personnel représentent 56 %. L’approche que l’on peut avoir des charges est qu’elles sont très fortement liées auxprojets artistiques.

InvestissementLa friche A.Malraux est propriété de la Ville et des travaux doivent être effectuésdepuis un an. Les appels d’offres aux entreprises sont restés infructueux, le budget adû être révalué à hauteur de 9 MF.

Friche A. MalrauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Références documentaires

Documents de communicationCollectif 12, un collectif d’artistes

Page 68: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Friche A. MalrauxVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Friche A. MalrauxBudget COLLECTIF 12

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 69: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

our écrire sur la Belle-de-Mai, ilfaudrait, comme pour la plupart des

monographies tentées ici, plusieursécrivains, plusieurs styles, plusieursapproches, plusieurs temps, etconfronter ensuite tout cela à la réalité,

à l’histoire déjà longue du projetet à son avenir. Et puis, enregardant l’armoire qui préfigurela “frichothèque” (le futurcentre ressource de la friche) onse rend compte que cettepluralité de regards est àl’œuvre, qu’elle a déjà produit

beaucoup, et qu’au travers de romans,d’articles, de films, de spectacles, deprogrammes de radios et de faits divers,la friche s’est déjà beaucoup racontée.Par modestie alors, on a envie de

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

P

et

Système Friche ThéâtreMassalia théâtre de marionnettesAides aux musiques innovatrices

MARSEILLEPROVENCE-ALPESCOTE D’AZUR

La friche n’est ni un modèle, niune alternative, ce n’est peut-être finalement qu’un desmultiples aspects de cetteformidable capacité des hommesà déjouer les systèmes qui lesempêchent de parler

Page 70: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

renvoyer à quelques signaturesconnues, à une longue bibliographie quiréunirait Jean-Claude Izzo, Jean-PierreOstende et Laurence Roulleau-Berger,une filmographie qui rapprocheraitKamel Saleh, Robert Guédiguian, KarimDridri et Claire Denis, une discographiequi permettrait d’écouter Iam, Rebel,Lucien Bertolina, les Troublemakers etquelques autres moutons à cinq pattes,une théâtrographie qui rappelleraitGatti, Xavier Marchand, Jean-PierreLarroche, Tempestant et les Cuisines…et ainsi de suite par année, discipline ouautre. Et puis par peur du jeu ducatalogue, on se reprend et l’on tentede renouer le fil de l’histoire.

L’histoire de la Friche la Belle-de-Maicommence en fait dans un autrequartier de la ville en 1990 au 31 du BdMagallon dans le 15e arrondissement.Dans cette ancienne graineterie,l’équipe de Système Friche Théâtre ainstallé son campement et accueille lespremières productions de théâtre et dedanse qui vont permettre de forger lesprincipes fondamentaux de son travail.C’est à la demande de l’élu, adjointdélégué à la Culture, Christian Poitevin,que Philippe Foulquié et Alain Fourneaurespectivement directeur du théâtre deMarionnettes Massalia et du théâtre lesBernardines, ont créé cette nouvellestructure pour développer dans lesfriches de Marseille de nouvelles formesculturelles, sur un principe denomadisme, de transversalité artistiqueet de mélange des publics. Le lieuinvesti pour cette tentative est loué à unpropriétaire privé car l’annuaire desquelque 800 hectares de frichesdénombrées par l’Agence d’urbanismen’a pas permis de trouver un espaceadéquat à l’accueil du public et desartistes. Pourtant, les friches visitéesdurant quelques jours par le directeur

technique ont de quoi faire rêver. Del’Escalette à l’Estaque en passant par lavallée de l’Huveaune et la Joliette,chaque site en friche est une histoireurbaine et humaine exceptionnelle, unehistoire interdite aussi, qui empêchetoute tentative d’appropriation, mêmetemporaire. Pourtant après 18 mois àMagallon, l’ancienne manufacture destabacs de la Belle-de-Mai, déjàapprochée en 1990, va pouvoir êtreinvestie par l’association avec uneconvention d’occupation précaire. Des4500 m2 de la graineterie, l’associationpasse, avec un salarié permanent et unresponsable technique intermittent, à45 000 m2 soit le tiers du site qui a étéabandonné par la Seita quelques moisplus tôt. L’association, soutenue par les

équipes des deux théâtres, ouvre le lieuen accueillant d’autres initiatives,d’autres artistes qui vont, de façon trèsempirique, structurer le projet, ledéfinir, le développer. Aux côtés desproducteurs de théâtre, une structurede production musicale, un collectif deplasticiens, un journal, une radio vontvenir proposer leur projet et inventerun dispositif qui va se fonder sur ledécouplement de la fonction deproduction et de la fonction d’accueil.

Confrontée au gigantisme du lieu,l’association qui, sur le premier site,avait coréalisé des opérationsartistiques va se focaliser sur l’aména-gement et la mise en sécurité desbâtiments. De résidence en résidence,

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

1- Patrick Amico, directeur adjoint de la SCICDéveloppement - Petit Colloque 1994.

Le lieuLe site de la Friche la Belle-de-Mai est situé dans le 3e arrondissement de Marseille,derrière la gare Saint-Charles. Dans ce quartier populaire, à la charnière de l’hyper-centre et des quartiers Nord, les 120 000 m2 de planchers sont le résultat des phasesd’industrialisation successives du 19e et du 20e siècle qui ont vu s’installer lamanufacture des tabacs et la raffinerie de sucre Saint-Charles. Au cours du 20e la Belle-de-Mai est devenue le grand site industriel du tabac pour l’ensemble du Sud-Est.Plusieurs-milliers de salariés ont travaillé dans cette usine qui représentait unemémoire collective du développement économique et de la lutte sociale. L’abandonpar la Seita, à la fin des années 80, de l’usine au profit d’autres restructurations,entraînera une perte de près d’un millier d’emplois. L’usine était constituée de troisîlots de facture architecturale différente. L’association est nomade depuis son arrivée,à l’intérieur de ces trois îlots, en fonction des aménagements urbains, des acquisitionsfoncières et des différents usages du site. Les différents bâtiments proposent desespaces “inouïs” offrant des espaces scénographiques exceptionnels. La diversité, desvolumes, des éclairements, la répartition des lieux autour d’espaces libres vontpermettre une appropriation progressive du site. La qualification des espaces évoquela poésie de ce paysage urbain avec, la forêt, les petites colonnes, la terrasse, lescathédrales… Des dizaines d’ateliers, des lieux de résidence et des lieux conviviauxseront aménagés et plusieurs salles seront capables d’accueillir du public. Le principede base est le nomadisme par projet et la réversibilité des espaces. Durant les sixpremières années, 3MF seront investis par l’association (aménagement etéquipement) qui, bénéficiant de conventions précaires directes avec la Seita, sera lemaître d’ouvrage et le maître d’œuvre du projet. A compter de 1998, l’acquisition dusite par la ville transformera le mode d’appropriation des espaces, l’association nemaîtrisant plus les aménagements. Pour le premier déménagement important del’association, de l’îlot 3 à l’îlot 1, dû à des travaux de la SNCF en bordure du site, la Villeconsacrera 6MF à la mise en sécurité de 5000 m2 provisoires. Pour la première tranchede réinstallation de l’association (2000-2001) un budget de 10 MF a été dégagé et unmaître d’œuvre a été désigné, en la personne de Mathieu Poitevin. La suite du projetde transformation doit faire l’objet, pour l’îlot 3 et une part de l’îlot 2, d’une missionde définition intégrant le programme de l’association, des espaces publics et desespaces sportifs.

Le site ne se limite pas à la partie dédiée à la culture vivante. La Ville a terminé larénovation de 20 000 m2 qui sont dédiés aux archives municipales et au centre interré-gional de restauration du patrimoine. L’espace restant de l’îlot 1 doit être affecté auxréserves des musées de Marseille et à l’Institut national de l’audiovisuel. Enfin, 25 000m2 sont attribués à l’économie industrielle de la culture, avec un programmepermettant de retrouver tous les plateaux techniques nécessaires à la productionaudiovisuelle et multimédia.

Page 71: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

de programmation en programmation,la friche la Belle-de-Mai devient enquelques années l’un des principauxpôles de création, de résidence et depratique culturelle de la ville, forgeantses propres missions en fondant sonprojet sur les “paroles d’ar tistes”qu’elle accompagne. En 1993-1994, leThéâtre Massalia deviendra progressi-vement le principal producteur du sitetransférant la totalité de son activitédans le lieu. Philippe Foulquié quiassumait déjà une part importante dela direction du projet en assumera,désormais seul, la responsabilité.L’équipe de l’association qui s’estétoffée de nouvelles recrues dans lecadre des politiques de lutte contrel’exclusion se trouve ainsi renforcéepar celle de Massalia qui s’impliquera,outre sa programmation directe, dansla vie du lieu et particulièrement dansdes projets structurants comme leprojet d’Armand Gatti, “MarseilleAdam, Quoi” qui réunira 80 stagiairesdurant huit mois. Cette structurationde la production se fera égalementpour la musique, avec l’Aide auxmusiques innovatrices de FerdinandRichard qui assumera dès 1994 uneresponsabilité artistique et politique ausein du projet.

L’évolution du projet,de l’expérienceà la fondation

En ouvrant le lieu en 1992, l’équipe dela friche ne pense pas être là pour plusde 2 ou 3 ans. Le principe reste d’êtrenomade dans la ville, et de découvrirdes sites avant qu’ils ne soient affectés àde nouvelles fonctions. Depuis 1990d’ailleurs, le propriétaire Seita chercheune valorisation foncière de sonpatrimoine et a confié à la SCIC le soinde mener les études nécessaires. “Ladécision la meilleure qui puisse êtreprise aujourd’hui, c’est que du tempssoit gagné. Aujourd’hui nous disons quenous n’avons pas de programme toutfait et le propriétaire a accepté que celane se ferait pas comme il l’avait imaginé.Ce ne sera pas un grand centre

d’affaires, ce ne sera pas un grandcentre industriel, ce sera autre chose,mais il faudra que la Seita et ses futursactionnaires privés puissent récupérerla valeur immobilisée. Nous sommesdans un site où l’expérience peut êtrecontinuée sous des formes qu’il vousappartient de définir1.” En fait dès lespremiers jours de l’utilisation du lieu,Philippe Foulquié envisagera un devenirculturel pour cette friche en interrogeantla capacité de la culture à être un facteurde développement local : “Et si la cultureétait l’alternative économique dont cetteville et ce quartier avaient besoin ?” Lalocalisation d’un programmepatrimonial (Archives et CICRP), lacréation de l’établissement publicEuroméditerranée, l’arrivée desnouvelles technologies de la communi-cation et de l’information, lareconnaissance nationale et interna-tionale du travail de création artistiquemené par les producteurs, serontautant d’atouts successifs que l’asso-

ciation mettra au profit de la fondationd’un pôle culturel et urbain, qu’elleformalisera, avec son nouveau présidentJean Nouvel, dans un document en1995, la friche la Belle-de-Mai, un projetculturel pour un projet urbain”.L’acquisition progressive par la ville de latotalité du site, et l’engagementd’Euroméditerranée dans le dévelop-pement de la filière économique de laculture, ancrera définitivement le pôleautour de cette projection. Depuis lors,malgré de nombreuses expérimentations,préfigurations et projets, le site chercheencore un pilotage à la mesure des enjeuxculturels, économiques et urbains qui ontété posés. Sans avancer sur ce terrain, il estfort possible que chaque îlot se sclérosesur ses propres pratiques, alors quel’ambition du projet est de garantir unetransversalité réelle à l’échelle de la friche,à l’échelle du quartier, de la ville et de latrès grande région.

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Cultiver la culture vivanteMarseille a inventé un nouveau lieu culturel.Où la culture est en prise directe avec le quartier, la ville, la jeunesse.Ce lieu – la friche – a pour lui le pouvoir rare de créer le désir de l’artiste de s’y exprimer.Et ainsi, déjà à plusieurs reprises, l’événement culturel, au plan national, a étémarseillais. En cette fin de siècle, la culture s’est institutionnalisée, alourdie. Elle estprogrammée des années à l’avance dans des temples gardés, contrôlés, où elle s’estenfermée. Bref, l’expression culturelle directe est à encourager. Les lieux de culture àréinventer. Marseille, par les hasards de la mutation urbaine et l’intelligence de l’exploi-tation immédiate d’une situation, a une opportunité exceptionnelle : celle d’inventerune nouvelle forme de lieux populaires d’expression de la culture qui soit de nature àcourt-circuiter un certain nombre d’antagonismes : international-local, élitiste-populaire, éclectique-synergique, nomade-ancré, institutionnel – spontané (ouvert)…La friche la Belle-de-Mai est un espace de liberté.Il autorise l’expression, les expressions, sous de nombreuses formes.On y cultive la culture vivante.C’est une base d’action culturelle sur un territoire. On y provoque les rencontres entreles jeunes de Marseille et ceux venus d’ailleurs, entre les musiciens et les acteurs, lespeintres et les danseurs, les poètes et les vidéastes…Trois types d’action politique caractérisent un tel lieu :Inviter, connecter, diffuser.Inviter les formes d’expression les plus diverses dans des lieux identifiés comme leurconvenant, à travers des artistes accueillis, hébergés pendant le temps d’uneexpérience, d’un travail, d’une aventure.Connecter l’international au national, au local par les rencontres, les réseaux.Connecter les artistes de différentes disciplines et les individus ayant la même passion.Enfin, diffuser, irradier, d’abord par l’ouverture permanente du lieu. La friche la Belle-de-Mai est un quartier populaire et culturel où doivent vivre des bars, des restaurants, deslieux permanents pour faire éclore des vocations.C’est aussi, évidemment, émettre : studio de radio, de TV. Editer : livres, journaux.Organiser : des spectacles, des expositions. Jean Nouvel, 1995

Page 72: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Hypothèseset tentatives d’artistes

Autour de Système Friche Théâtre, prèsde 70 structures travaillent désormaisdans toutes les disciplines artistiques.Plusieurs dizaines de milliers depersonnes fréquentent et utilisent lesite, pour y développer une pratiqueculturelle (musicale par exemple avecles ateliers de l’Ami), pour participer àun débat unerencontre (à laradio ou lors d’uneconférence d’archi-tecture), pour venirassister à unspectacle (en familledans le cadre d’une programmation deMassalia), pour visiter une exposition(des résidents d’Astérides ou deTriangle) ou pour y mener leurs propresprojets artistiques. La friche est en fait“un laboratoire de l’action culturelle”,un lieu d’initiation et de pratique pourles publics, une base de production etde socialisation pour les artistes.

Parole d’artiste

La programmation du système est lacombinaison de la “programmation deproducteurs” par Système FricheThéâtre et la programmation d’artistespar les producteurs (une petite dizaineà ce jour). C’est ce principe qui garantitl’accompagnement des projets artistiqueset qui maintient ouvertes et en tension“les hypothèses et tentatives d’artistes”.L’éthique du projet est fondée sur la“parole d’artiste”, et sur sa socialisation.L’enjeu du projet n’a jamais été de créerun phalanstère d’artistes et l’image de lafabrique comme lieu de préparationd’œuvres diffusées par la suite atoujours été rejetée. Ce qui est entravail à la friche, c’est la permanenceartistique dans la ville, la permanence dutravail ar tistique, assurée par undispositif combinant des moyensd’accueil et des moyens de réalisationartistique. L’ensemble de ces moyens de

production est réuni dans descombinaisons différentes suivant lesprojets, suivant les trajets, à la demandedu producteur qui apporte lui-mêmeses propres capacités financières(rémunérations artistiques), humaines(accompagnement) et relationnelles(communication).Système Friche Théâtre “coproduit”l’accueil par des formes variées d’apportqui commencent par le lieu de travail oude diffusion en état de marche,

des soutienst e c h n i q u e sspécifiques, de lamise en réseau, dudéveloppement…Cette combinaison

de facteurs permet de maintenir unevitalité exceptionnelle sur le site et unemixité de pratiques. La friche est ainsidéjà un quartier culturel préfigurant leprojet culturel pour un projet urbain, quise propose d’investir un territoire pluslarge.

Une journée à la friche ?

La coupe sur une journée permettraitde voir arriver le matin dès 9 heures leséquipes et les artistes, à 10 heures ungroupe d’enfants pour un ateliermultimédia, à 11heures un grouped’industriels préparant leur implantationsur la zone d’Euroméditerranée,l’ensemble des “résidents” se retrouvantà l’heure du déjeuner dans le restaurant.L’après-midi, alors que les uns et lesautres se croisent, les portes des ateliersde scratch et de sample s’ouvrent sur unatelier avec un artiste anglais qui résideà la villa, où des danseurs croatesviennent de s’installer pour un mois. A18 heures, alors que le spectacle jeunepublic vient de se terminer unvernissage de jeunes artistes réunit 300personnes. Quelques-unes iront peut-être voir et entendre la dernièrecréation de théâtre musical présentédans la cartonnerie dans unescénographie exceptionnelle surplusieurs milliers de m2. A minuitl’équipe dont 50% de jeunes techniciens

en formation, ferment le site. Dans lapépinière multimédia, dans les ateliersde plasticiens et à la radio, quelquesforcenés travaillent encore.

Petits et grands

La friche est ainsi cet espace de “petitset de grands” avec des artistes degrande notoriété et des amateurséclairés, le jeune public de maternelle etles spécialistes de hip hop, une petitejauge pour une performance plastiqueet des milliers de curieux pour unejournée portes ouvertes, des cigarièresà la retraite et des créateurs de start-up… L’ensemble n’est pas un fourre-tout mais un système articulé autourd’une éthique. “Le principe fondateurdu projet est tout entier autour du rôlede l’artiste, selon le processus l’“artiste,la ville, sa ville”, processus qui ne peuts’affirmer qu’en questionnant lesrapports de l’artiste au développement.Pour être précis, il s’agit de la fonctionsociale, ou plutôt politique, de l’artiste,en l’occurrence de la “parole d’artiste”,c’est-à-dire de l’artiste travaillant, decette parole et de ce qu’elle impliquedans les moments de la production,dans les moments de la réalisation desœuvres et cela jusqu’à la rencontre avecle public2.”

La production

La fonction de production est une desfonctions clefs de l’expérience de lafriche la Belle-de-Mai. Cette fonction quise définit “comme le processusaccompagnant les artistes de l’écriturejusqu’à la socialisation de leurs œuvres”est en effet interrogée sur plusieursregistres économiques et artistiques. Parleurs concentrations sur l’accompa-gnement ar tistique (Système FricheThéâtre se chargeant du dispositifd’accueil) les producteurs peuventexplorer, que ce soit en termes derecherches d’écritures, en termes derelations aux publics ou encore entermes de partenariats économiques,

“Cette formidable capacitédes hommes à déjouer lessystèmes qui les empêchentde parler.”

Page 73: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

des voies inconnues. C’est en sens quela refondation de la notion de productionest porteuse d’innovation et d’expéri-mentation esthétique, sociale ouéconomique.

La résidence

La résidence artistique est la méthodeprivilégiée de travail des producteurs dela friche et ce dans toutes les disciplines,ce qui n’exclut pas, au contraire, d’offriraux publics la possibilité de rencontresavec des œuvres qui ne seraient pasdiffusées dans la ville. Cette propositionétant de plus très souvent l’occasiond’une rencontre préparant des projetssur le plus long terme avec les artistes.Les résidences permettent la créationd’une relation entre la ville et l’artistequi implique un mouvement collectif etde nouveaux modes de socialisationdes œuvres. En multipliant et endiversifiant les modalités de résidence, ilse crée des interactions multiples quifavorisent les rencontres et la synergieentre les artistes.

Les publics,la population de la friche

Chaque jour, avant même l’arrivée dessalariés du pôle patrimonial (ils serontune centaine à la fin de 2001) et deceux du pôle industriel (ils seront unmillier à la fin de 2003), près de 300personnes travaillent à la friche.Artistes, techniciens, journalistes,graphistes, informaticiens, ils sont lepremier public de la friche, un publicpermanent. A ce premier ensembleviennent se conjuguer tous les publicsextérieurs qui pratiquent la friche, pourun atelier, un spectacle, une visite, undébat, un casting… La plupart despublics vivent la friche comme uneexpérience de rencontre du travail del’artiste, ou comme une expérience derencontre du travail avec l’artiste. Lespublics se conjuguent, se frottent car ilsse constituent, certes autour de l’imagedu lieu, mais surtout autour de chaqueproposition artistique. La friche chercheà susciter sans cesse la curiosité despublics, leur attention à l’“inventionpermanente”.

Les producteurs résidents sur le site sont au nombre de 9- Massalia, théâtre de marionnettes : fondateur, associé à la direction (dir. Ph.Foulquié)- Ami, Aide aux musiques innovatrices : producteur associé à la direction (dir.FerdinandRichard)- Euphonia, création sonore (dir. Lucien Bertolina)- Vidéochroniques, art vidéo et multimédia (dir. Edouard Monnet)- Cyprès, multimédia (dir. Louis Bec)- Astérides, arts plastiques (dir. Gilles Barbier)- Triangle, arts plastiques (dir. Alun Williams)- MOD, danse contemporaine (dir. Josette Pisani)- Cinémas du Sud, cinéma (dir. Jeanne Baumberger)D'autres producteurs réalisent des opérations en coproduction avec la Friche comme leGMEM (musique contemporaine), l'Officina (danse), le mur du son (world music),d'autres théâtres marseillais, des opérateurs internationaux, etc.

La friche ne serait pas la friche sans les coupures de courant momentanées quidonnent du piquant, les débordements affectifs et le restaurant service lent. Et ladomination totale du provisoire. Nous sommes des nomades, on ne doit pass’installer, s’accrocher à de petits avantages. On est au-dessus de tout ça. On aimela liberté. Je suis d’accord avec le directeur. Je ne m’accroche pas. Pourvu que çadure.

Jean-Pierre Ostende, Tout en souplesse , manuscrit 1995

Le multimédia à la Belle-de-MaiEn 1994, le premier “cyber café” français été ouvert à Marseille, quelques semainesavant le café Orbital à Paris. Depuis, forts d’enseignements variés en termes d’éditions,de création et de consultation, une plate-forme multimédia s’est constituée sur laFriche, réunissant autour de l’Espace culture multimédia animé par Emmanuel Vergès,l’Incubateur de produits et services éducatifs et culturels (CRDP et Orme), unepépinière d’entreprises (Marseille Innovation), et des producteurs (Cyprès, Dunes,Euphonia, Vidéochroniques…). L’enjeu de cette plate-forme est d’interroger ladimension artistique, culturelle, éducative, sociale et économique de l’utilisation desnouvelles technologies de l’information et de la communication. La proximité installéeentre les publics qui viennent consulter le réseau, participer à un débat sur l’internetcitoyen ou visiter une exposition et les praticiens “amateurs” et professionnels crée uneémulation qui doit favoriser l’intégration et le questionnement de ces nouvellestechnologies. L’accueil d’artistes qui ont déjà une pratique multimédia ou qui ladécouvre à l’occasion d’une résidence multiplie les modes d’appropriation et lesinterrogations de ces “nouvelles” écritures. En utilisant les possibilités, communication-nelles et éditoriales, mais aussi les champs de la création, la plate-forme multimédia dela friche la Belle-de-Mai est devenue un lieu ressource autour de ces pratiques. Lescollaborations externes avec l’université, le festival off d’Avignon ou les rencontresd’Amman tissent également des lieux avec d’autres espaces multimédia. Ainsi sestructurent peu à peu un réseau informel de collaboration autour des nouvellestechnologies, de leurs écritures et de leurs publics.

2- Philippe Foulquié - Avant Programme deDéveloppement – Mai 1995

Page 74: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Des ensemblestransversaux

Pour définir une approche transversaleau site, et pour structurer des politiquesde développement communes, SystèmeFriche Théâtre anime des groupes deréflexion et de chantiers transversauxsur plusieurs thèmes. Ces groupes etces chantiers sont animés par desbinômes constitués par un producteuret une personne référente de l’asso-ciation avec un objectif politique visant àentretenir un débat sur les questionsessentielles de la friche et des objectifsopérationnels visant un transfert desbonnes pratiques d’une expérience àl’autre et l’élaboration de projetscommuns. Ces ensembles sont : lepublic, les relations internationales, lapolitique de la ville, l’économieculturelle, l’utilisation des nouvellestechnologies et emploi.

L’organisation

L’association Système Friche Théâtre estdésormais composée d’une quarantainede salariés dont la moitié est affectée auservice technique. Les autres serépartissent entre les différents servicesadministratifs (secrétariat général,administration, communication, ressourceshumaines) et les unités de productionqui ne sont pas encore autonomescomme le multimédia ou le centred’architecture. L’équipe s’est constituéeprogressivement et il a toujours étéprivilégié l’engagement, la motivationaux compétences assurées. La moyenned’âge de l’équipe se situe aux alentoursde 30 ans, et les salariés les plus anciensparticipent déjà à l’expérience depuis 8ans. La mobilisation des politiques enfaveur de l’emploi a, après une premièrephase de gestion “opportuniste”, étéconçue comme une dimension à partentière de la politique de l’association etdu site.

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Producteurs à la fricheSi la friche est fondée sur la parole d’artiste, son développement est étroitement liéaux paroles de producteurs qui ont déterminé les grands axes des politiquesculturelles menées depuis huit ans. La personnalité des producteurs, la nature de leurséquipes, leurs engagements politiques sont les éléments déterminants de l’histoire dela friche et de son avenir. Base d’accueil pour des producteurs, la friche créée par deuxthéâtres, s’est très vite structurée autour de son producteur-directeur PhilippeFoulquié (Massalia3) rejoint à partir de 95 par Ferdinand Richard, pour l’Ami4,producteur associé à la direction. L’exigence et la marginalité des propos artistiquesqu’ils portaient, avant même leurs implantations à la friche, ont qualifié la frichecomme un territoire d’innovation artistique. C’est notamment grâce à l’absence demodèles préétablis, que les trajets de ces deux producteurs se sont logés dans le siteen le nourrissant et en s’en nourrissant. Malgré, les spécificités des missions quechacun s’est données vis-à-vis de sa discipline, des artistes et des publics, l’Ami et leMassalia se retrouvent sur la dimension politique de leur action, sur l’éthique de larelation aux artistes et aux publics. C’est sur ces fondements que les statuts deproduction les plus divers cohabitent à la friche en créant une dynamique politique,dont les traductions opérationnelles restent parfois obscures, en termes de missions,de définitions et de cahiers des charges pour l’institution (et parfois en interne).L’enjeu est de savoir si, pour les années à venir, des politiques de productionstructurées pourront se mettre en place. Pour cela, il sera nécessaire de mettre enplace de nouveaux dispositifs d’accompagnement et de décision, qui ne pourrontl’être qu’à partir du moment où les moyens économiques d’un tel chantier serontréunis.

Page 75: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

3- Créé en 1997 à la demande de la Ville deMarseille, Massalia a été le premier théâtrepermanent de marionnettes en France. Depuisplusieurs années, le Massalia doit être reconnuinstitutionnellement comme un centre deproduction pour le jeune public.

4- L’Ami est le seul centre national pour lesmusiques actuelles.

La friche a-t-elle un A venir ?Alors que la friche la Belle-de-Mai reste un formidable pôle d’attraction pour lesartistes de toutes origines et leurs producteurs, mais aussi pour bien d’autres acteursde la vie publique et économique, la question de son avenir est posée. Il s’agit enl’occurrence d’un enjeu politique majeur. L’alternative est la suivante : soit le dévelop-pement en trois îlots plus ou moins réunis par des espaces communs de circulationconfirme les perspectives proposées par des gestionnaires, certes avisés, mais dont lamission semble quelque fois être de “ramener dans l’ordre raisonnable des choses desaventures méritoires qui doivent maintenant gagner leur maturité” ; soit unengagement plus audacieux, continuant d’appuyer les dimensions artistiques, fondantune coordination où chacun des trois îlots apporte ses propres contributions, pour lui-même et pour l’ensemble, à un développement dont l’originalité a déjà montré sapertinence. Cette deuxième hypothèse ne repose pas sur la sécurité de modèlespréexistants, même si elle se garde bien de rejeter des sources référentielles en guised’inspiration. Elle suppose un engagement politique qui doit à la fois fonder etencourager une coordination, laquelle doit elle-même s’inventer au fil des dévelop-pements, en transgressant classification et timidité. Au moment où la friche entameune nouvelle étape, l’Etat et particulièrement le ministère de la Culture, en associationavec la ville de Marseille, pourraient reprendre l’initiative pour consolider le develop-pement de l’expérience. L’échec de la friche serait beaucoup plus que le sien propre. Ilpourrait bien stigmatiser l’impuissance de la puissance publique, son incapacité àappréhender le nouveau, à s’occuper d’innovation.

Page 76: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Ville : MarseilleNom du quartier : Belle-de-MaiNbre d’habitants : 900 000Situation : Péricentre

Région : PACANbre d’habitants : 4,5M

Nom du site : Friche de la Belle-de-MaiNom de l’opérateur : SFTDate de création : 1990 Date d’ouverture : 1991Président : Jean NouvelDirecteur : Philippe FoulquiéAdresse : 41, rue Jobin 13003 Marseille

[email protected] site : www.lafriche.orgTél : 04 91 11 42 43 - Fax : 04 91 11 42 44

Opérateur associé : Massalia théâtre de marionnettes Création : 1987 (P. Foulquié)

Opérateur associé : Aides aux musiques innovatrices Création : 1985 (F. Richard)

1990 Ouverture de la Friche Magallon et création de

Système Friche Théâtre codirigé par Massalia

Théâtre et le Théâtre des Bernardines

1992 Ouverture de la Friche la Belle de Mai dans les

anciens locaux de la Seita

1993 Philippe Foulquié, directeur de Massalia, prend

seul la direction de SFT - " Marseille Adam quoi

"Armand Gatti – Installation de l’AMI

1994 Installation du premier cybercafé de France

1995 Présidence de Jean Nouvel et inscription du

projet dans Euroméditerranée comme pole

culturel majeur de développement (1 pole de

création artistique, 1 pole économie culturel, 1

pole patrimonial)

1996 Edition de " Un projet culturel pour un projet

urbain " par la direction de SFT

1997 Etude commandée par l’Etat et la Ville de

Marseille sur la Friche la Belle de Mai confiée à

Jean Jacques Hocquard

1998 Acquisition par la Ville de l’intégralité du foncier

– Relocalisation d’une partie des activités de

SFT dans l’ilot 1- Programmation de l’ilot 3 dans

le cadre de l’appel d’offre pour la réhabilitation

de l’ilot 3

1999 Installation du Groupes Dunes sur le toit de la

Friche " Vous êtes ici "

2000 Appel d’offre pour la réhabiliation de l’ilot 3

abandonnée.

2001 Installation des archives municipales et du

CICRP sur l’ilot 1- Définition du cahier des

charges de l’étude de définition sur la réhabi-

liation de l’ilot 3 – Début des travaux de réhabi-

liation de l’ilot 2

La s

itu

atio

nL’

iden

tité

Repères chronologiques

Massalia ThéâtreAMI

Structures associées - 1er cercle

Les structuresprésentes sur le site

Propriétaire du bâtiment : Ville de MarseilleType d’occupation : convention d’occupation précaire Durée : 2 ansPrécédente affectation : Manufacture des tabacs - SeitaSurfaces construites : 24 000 m2 (îlot 1) Surfaces de terrain : 14 000 m2 (îlot 1)

30 000 m2 (îlot 2) 1 700 m2 (îlot 2)

5 300 m2 (îlot 3) 46 000 m2 (îlot 3)

Surfaces des bâtiments exploités :Ilot 1 Ilot 3Cicrp : 7 000 m2 Système Friche Théâtre : 25 000 m2

Archives municipales : 9 600 m2

Système Friche Théâtre : 3 000 m2

Lieu

Espaces de diffusion

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

Seita promotion polyvalent 400 m2 200 Petit Massalia spectacle vivant/cinéma 210 m2 120Salle BF spectacle vivant/exposition 500 m2 300Accueil Massalia concert/exposition/performance 500 m2 1 000Galerie exposition 100 m2 300Cartonnerie polyvalent 4 000 m2 1 000Bar concert 400 m2 400Cour concert 1 000 m2 2 000Salle des colonnes exposition 1 000 m2 300

Espaces de résidences et de pratiques

Nom Fonction/discipline Surface JaugeThéâtre (5 studios) 870 m2 20Danse (2 studios) 400 m2 20Musique (6 studios) 480 m2 4 à 20Arts plastiques (18 studios) 2 300 m2 4 à 20Photographie (2 studios) 250 m2 4 à 20Audiovisuel (4 studios) 100 m2 4 à 20

Espaces administratifsProducteurs 900 m2 / Equipes artistiques 550 m2

Autres (médias, Geiq, salle de réunion) 350 m2

Présence d’un bar : oui Heures d’ouverture : bar : 9h/20h et spectaclePrésence d’un restaurant : oui Nbre de couverts / jour : 80Présence de logements pour les résidences : oui (sur le site 6 chambres et hors site 9 chambres)

Présence de logements de fonction : oui (gardien)

Des

crip

tio

n d

es e

spac

es d

e tr

avai

l

producteurs :Vidéochroniques, Cypres, Euphonia, Voix Off,Cinéma du Sud, Triangle, Astérides, Mod.artistes :Lieux Fictifs, Cie La Liseuse, Groupe Dunes,Les Théâtres de Cuisines, Le Dernier Cri, Les Guignols, Y. Jeanmougin, Les 7 Portes, Libre d’images, A.Alt, Films de la Belle de Mai, V. Polyphoniques, Art Studio, Artonik, Cie Wa, Mundial Sisters; Corps à sons,Tempestantmédiateurs : GEIQ, Bleu Sud, Rouge, Club de la Friche,Transvercités, Radio Grenouille,Radio Galère,Université et Théâtre Vitez, Erac, Ecole desBeaux arts, Documents d’artistes

Structures associées - 2e cercle

Ecole du Paysage Marseille Innovation (pépinières)Incubateur multimédia et éducatif (EN), CIRCPArchives municipales

Structures associées - 3e cercle

Notice Friche Belle-de-Mai

Page 77: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Disciplines représentéesDisciplines Résidences Pratiques Diffusion Résidences Pratiques Diffusion

Théâtre ***** ***** ***** Cirque * * *

Arts plastiques ***** *** ***** Ciné - Audio *** * ***

Ecritures - - - Radios / Tvs *** - -

Patrimoine - ** - Danses **** * ****

Presse ** - ** Arts de la rue ** ** *

Musiques **** **** **** Modes * ** *

Multimédia *** *** *** Solidarité, citoyenneté - ** **

Résidences artistiques :Courtes (moins de 3 mois) oui Nbre par an : 80

Moyennes (entre 3 mois et 3 ans) oui Nbre par an : 40

Longues (plus de trois ans) oui Nbre par an : 20

Pratiques artistiquesPratiques artistiques Nbre d’ateliers différents Nbre par an Quantité de public

Ateliers de formation réguliers 9 50 3 000

Ateliers de formation spécialisés 3 8 300

Mise à disposition de locaux 3 15 100

Spectacles professionnels avec amateurs 2 3 60

DiffusionDiffusion Nbre de jours Quantité Jauge basse Jauge haute

Spectacles et expositions en diffusion simple 600 55 50 1 000

Créations et expositions originales 120 12 50 1 000

Ouverture des processus de création aux publics 9 9 40 60

Conférences, rencontres 20 15 50 400

Les

acti

vité

s et

leu

rs p

ub

lics

PartenariatPrincipaux partenaires associatifs hors résidentsEtablissements culturels, Structures sociales et d’insertion, Etablissements scolaires,Association d’économie solidaire

Affiliation à des réseauxTrans Europe Halles

Eléments budgétairesNombre de personnes salariées par l’opérateur : 44Nombre de personnes salariées sur le site : 300Masse salariale : 7,2 MF

Budget de l’opérateur principal : 14,1 MFChiffre d’affaires consolidé du site : 31,3 MF

Les mots clefsTerritoires Artistiques Economiques PolitiquesVille Expérimentation Alternative CitoyennetéQuartier Interdisciplinarité Contenu EcologieRevitalisation Socialisation des œuvres Economie mixte ArtisteEspace public Production Valorisation SynergieAttractivité Laboratoire Solidaire PubliqueInternational Exigence Action

Principaux partenaires financiers

VilleMinistère de la CultureConseil régionalConseil généralPolitique de la VilleMinistère de l’Emploi

Partenaires pour l’investissement

Notice Friche Belle de Mai

Page 78: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Références documentaires :Sitewww.lafriche.org

Rapports"Petit colloque des friches", SFT /1994."Implication en matière d’emploi à la friche", SFT /1994."Un projet culturel pour un projet urbain", SFT /1996."La Friche la Belle-de-Mai", J.-J. Hocquard /1998.

LivresToute en souplesse, J.-P. Ostende (non édité).

Documents de communicationLe journal programme, journal externe, trimestriel.L’affriche papier, journal interne, trimestriel.Points de vue, plaquette externe, annuel.

Note budgétaire

Pour la friche la Belle-de-Mai, l’approche que nous proposons est plus difficile car lenombre de résidents sur le site ne permet pas de tout embrasser. Le parti pris a été dene pas faire apparaître dans cette présentation les structures budgétaires directementliées à un artiste ou à une compagnie (Tempestant, Théâtre de Cuisine, Appaix…), niles médias (radios, revues), ni les prestataires (restaurant), ni les activités liées auxdéveloppement économique (incubateur et pépinière), ni les activités patrimoniales(archives et cicrp).Les structures retenues sont Système Friche Théâtre, Massalia, Ami, Euphonia,Vidéochroniques, Cyprès, Triangle, Astérides, Marseille Objectif Danse et Cinémas duSud.

Le consolidé 2000 du site fait apparaître un budget de 31,3 MF, sur lequel SFTreprésente 14 MF, Massalia 6,5 MF, Ami 4 MF, Euphonia 1,3 MF, Vidéochroniques 1,1MF, Cyprès 0,8 MF, Triangle 0,5 MF, Astérides 0,55 MF, Marseille Objectif Danse 1,4 MFet Cinémas du Sud 1 MF.

Le prévisionnel 2001 est positionné à 34,5 MF soit une augmentation demandée de10%. L’analyse sommaire qui suit est effectuée sur les données des budgets 2000.

ProduitsLe premier financeur du site est l’Etat, qui couvre le budget général à hauteur de 33 %,dont le ministère de la Culture à hauteur de 6,3 MF soit 20 % du total des produits, leministère de l’Emploi à hauteur de 3,3 MF soit 10,5 % du même total et le ministère dela Ville à hauteur de 0,8 MF soit 2,5 %. Il est à noter que les répartitions internespeuvent varier de manière importante, puisque Cinémas du Sud voit la participationdu ministère de la Culture atteindre plus de 50 % de son budget alors qu’Astérides nebénéficie d’aucune aide. L’analyse de l’évolution 2000-2001 nous enseigne que lamontée en charge des emplois jeunes modifiera l’équilibre des financements, leministère de l’Emploi passant à 14 % du budget global, le ministère de la Culturerestant stable à 20 %, ce sous réserve de l’accord des augmentations sollicitées.La Ville participe à hauteur de 27 % du budget global soit 8,5 MF. Cet apport place enfait la Ville comme le premier partenaire culturel (8 MF contre 6,3 MF pour le ministèrede la Culture). Là aussi, en fonction des choix, tel ou tel opérateur est plus ou moinssoutenu par la Ville.Les ventes et recettes propres représentent 4,8 MF (15 %) et regroupent desressources très diverses.Les deux autres collectivités locales représentent environ 9 % chacune du budget.

ChargesLes charges du lieu ne correspondent qu’à l’entretien du site et aux fluides, la Villeétant propriétaire du bâtiment. La taille du lieu implique cependant des charges fixestrès lourdes de maintenance, d’assurance, de gardiennage… Un peu plus de 2 MFcorrespondent à ces charges (hors personnel) soit à peu près 7 % des charges. (Il fautnoter que les résidents payent une contribution de 500 KF, toutes structuresconfondues.)Les charges de personnel représentent 50 % (15,7 MF) du budget. Il faut dans ce cadrenoter que, sur 2000, la couverture par les aides à l’emploi représente 20 %. Sur 2001l’augmentation des charges de personnel (20 %) amènerait celles-ci à la hauteur de18,6 MF. Elles seraient couvertes alors à hauteur de 27 % par les aides à l’emploi.

Il faut mentionner le fait que l’association Système Friche Théâtre assume un plan deredressement judiciaire (1999-2004), qui l’oblige à réaliser un excédent de 500 KF paran en trésorerie, afin de rembourser les échéances du plan.

InvestissementLa friche la Belle-de-Mai a été rachetée dans son intégralité par la Ville pour unmontant de 70 MF. Le budget global de transformation du site approchera les 350 MF(80 patrimoine, 160 hôtel industriel, 100 culture vivante et sport).Durant les premières années (92–98) l’association a investi en aménagement et enéquipement environ 4 MF, financés par des subventions, majoritairement issues del’Etat, des Fonds structurels européens, du département et de la région.Un premier déménagement a amené la Ville à engager 6 MF en 1998, puis à nouveau5 MF en 1999. Actuellement se prépare le premier projet cohérent d’aménagement,qui est doté de 7 MF. Une étude de définition doit être lancée pour engager lestravaux plus lourds qui sont budgétés à 70 MF.

Page 79: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Friche la Belle-de-MaiBudget consolidé du site

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 80: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Friche la Belle-de-MaiBudget SYSTÈME FRICHE THÉÂTRE

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 81: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Friche la Belle-de-MaiBudget MASSALIA

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 82: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Friche la Belle-de-MaiBudget AMI

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 83: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Friche la Belle-de-MaiBudget EUPHONIA

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 84: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Friche la Belle-de-MaiBudget VIDEOCHRONIQUES

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 85: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Friche la Belle-de-MaiBudget CYPRES

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 86: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Friche la Belle-de-MaiBudget ASTERIDES

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 87: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Friche la Belle-de-MaiBudget TRIANGLE

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 88: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Friche la Belle-de-MaiBudget MOD

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 89: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Belle-de-MaiVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Friche la Belle-de-MaiBudget CINEMAS DU SUD

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 90: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La LaiterieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

ARTEFACT

usqu’en 1980, les 13 000 m2 debâtiment situés entre autoroute et

voie ferrée, à la limite du centre ville,abritaient la laiterie centrale deStrasbourg. Héritage bismarsckien,l’usine qui collectait et transformait lelait de toute l’Alsace a été transférée àHoerdt en 1986. Après quelques annéesd’études et d’incertitudes sur le devenir

du site, les projets depromotion immobilière sontécartés au bénéfice d’unprojet culturel devantêtre dédié aux culturesémergentes. Dès 1992, à lademande de Norbert Engel,

élu à la Culture de la ville de Strasbourg,Jean Hurstel est chargé de laconception et de la direction du projetqui ouvrira son activité en 1993 avecl’opération Squatt’art, suivi par unepériode de résidence croisée avec dixjeunes artistes. La programmation dusite va se faire par étapes, avec la mise

J

STRASBOURGALSACE

Personnes rencontrées :Jean Hurstel, directeur CEJCCathy Porn, chorégrapheDomininique Jacquot, metteur en scèneChristophe Feltz, metteur en scèneAziz Chouaki, écrivainHakim, Hughes, Fernando, artistes, Sum Qui SumMr Grandjean,directeur des Affaires culturelles, ville de Strasbourg

Décliner les frontières de ce monde.Frontières politiques nationales,frontières de langues, frontièresentre les domaines artistiques,frontières à l’intérieur de nossociétés.

Page 91: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

aux normes d’un premier bâtiment de800 m2 comprenant une salled’exposition et une salle de spectaclede 200 places. Alors que le projetmené par Jean Hurstel développait uneapproche fine de la relation auxbâtiments existants (13 000 m2), lamaîtrise d’ouvrage et la maîtrised’œuvre vont mener une réhabilitationlourde du bâti, privant les projets d’unerelation adaptée aux espaces. L’évolution du projet, et les choix de lamunicipalité vont également orienterl’avenir du site. En 1994, un arbitragemunicipal attribue la salle des musiquesnouvelles à l'association stras-bourgeoise Artefact. L'association étaitcomposée de personnes agissantdepuis plusieurs années déjà sur leterrain des musiques actuelles. Lebât iment de 10 000 m2 prévupour accueillir lesateliers d’artistes,les salles derépétition, et dessalles d’expo-sition est attribuéprovisoirementau conservatoire national de région.Molodoï gère le Centre autonomeJeune, qui jouxte les Salles de Concert. La Laiterie est donc structurée en troispôles distincts, CEJC, Artefact et leConservatoire, qui n’ont à ce jouraucun lien structurel. Au terme d’unenouvelle phase de travaux, en octobre1998, l’ancienne chaufferie de la Laiteriecentrale est ouverte au public sous la

nouvelle dénomination de théâtre desLisières. Cette espace entièrementmodulable permet, pour le CEJC, lareprésentation de toutes les formesartistiques dans les scénographies lesplus diverses.

La Laiterie, Centreeuropéen de la jeunecréation européenne

Jean Hurstel fonde le projet de laLaiterie CEJC2, sur la mutation de larelation entre l’art et la population, etsur la nécessaire appropriation, par lesjeunes générations d’ar tistes et depublics, des espaces délaissés, des non-lieux urbains produits par la criseindustrielle. Dans ce lieu qu’il souhaite

“en perpétuelleé v o l u t i o n , e n c h a n t i e rpermanent, sec o n j u g u e n tquatre champsq u i t i s s e n t u n p r o j e t ,préfigurent une

démarche artistique différente etsingulière”3.Le premier champ de travail concerne“les cultures émergentes urbaines”, quisont approchées simultanément par desrésidences artistiques dans les quartiersde la ville et par une attentionparticulière au développement dumouvement hip hop. La Laiterie CEJCest ainsi devenue “le lieu où s’aven-

turent et se mettent en œuvre lesnouvelles relations entre l’art et lapopulation peu concernée par l’offreculturelle traditionnelle.”Le deuxième champ de travail vise “àcréer une dynamique qui intègre lesproblèmes sociaux et politiques dans lechamp artistique, à ouvrir un lieu dedébat citoyen, de confrontation entredes représentations, des valeurs, desidées opposées4.” C’est avec “leThéâtre des Lisières que la LaiterieCEJC entend décliner les frontières dece monde. Frontières politiquesnationales, frontières de langues,frontières entre les domainesartistiques, frontières à l’intérieur denos sociétés. Par la diversité despropos, le théâtre des Lisières entendaussi ouvrir l’accès à de nouveauxpublics”.Le troisième champ permet “d’ouvrirde nouveaux chantiers artistiques nonencore pris en compte par les instancesofficielles dans une salle d’exposition quientend promouvoir les démarchesplastiques singulières de ce temps. L’artbrut, l’art du graff, l’art des artistesd’Afrique, d’Amérique latine… sedéclinent à chaque fois dans unecréation et une mise en espaceoriginale”.Le quatrième champ tend à “élargir descollaborations avec les artistes de la villedans le Hall des Chars ouvert auxexpériences, aux essais, aux risques prispar les compagnies de théâtre et dedanse indépendantes, en renforçant lepublic curieux des nouvelles démarches

La LaiterieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

1- Molodoï a quitté le projet de la Smac et unedeuxième structure a été créée en paralélle deArtefact, elle se nomme 4.4.0.

2- Dans la Laiterie - centre européen de la jeune créationdocument de communication - historique.

3- Jean Hurstel - Entretien - novembre 2000.

4- La Laiterie CEJC - document de présentation - historique.5- Jean Hurstel - Entretien - novembre 2000.

6- Une lisière est un événement culturel placé sous lesigne d’une communauté ou d’un théme s’yrapprochant. Ces événements combinent, expositions,rencontres, spectacles, échanges conviviaux etimplication d’acteurs non culturels.

7- Réseau d’initiatives culturelles dans les quartierspopulaires en Europe.

Le lieuLa Laiterie est située à la limite du centre ville et se déployait sur plusieurs milliers dem2. Après le rachat du site, l’implantation de logements et le partage du territoireentre les différentes fonctions, le site est désormais organisé autour de plusieurséquipements qui n’ont pas été pensés l’un envers l’autre. Le CEJC a logé ses bureauxdans une maison séparée par la rue du Hall des Chars (expositions et salle dediffusion) et du théâtre des Lisières qui a été livré en 1998, et qui n’est pasdirectement en lien avec le précédent espace. L’occupation par le conservatoire d’uneaile de bâtiment de ce côté de la rue nuit de toute façon à la lisibilité architecturale del’ancienne usine. Toujours de ce côté, un bar a été mis en concession, sans articulationaux possibles circulations avec l’autre équipement qu’est la scène des musiquesactuelles. La Smac occupe un bâtiment indépendant de l’autre côté de la rue. En fait, un véritable plan urbain pourrait être produit à partir des usages du site et desfonctions qui sont localisées, alors qu’aucune plus-value urbaine n’a été tirée de ceslocalisations culturelles desservies directement par un arrêt de tramway.

“Alors qu’il faudrait cultiver unvivier de talents, des passerelles,et un public plus curieux, onrisque en fait de créer un théâtreà deux vitesses. D’un côté lesnombreuses institutions, del’autre le Hall des Chars.”

Dominique Jacquot

Page 92: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

et créations qui s’inventent chaquesaison dans la région”. Pour mener àbien ce projet, Jean Hurstel a dûdéjouer les contraintes économiques etphysiques du lieu qui lui était confié.“Au départ nous n’avions pas lesmoyens de programmer, et nous étionsobligés d’accueillir les compagnies à larecette. Nous sommes allés sur leslisières, les frontières, l’art brut, le graff,le rapport entre le centre et lapériphérie. Il arrive chez moi tout ceque l’institution rejette, tout ce qui n’estpas classable et je passe mon temps àvoir des centaines de gens et àconstruire des actions dans lesquartiers. Nos moyens sont plus quelimités. Aujourd’hui on arrive à diffuserprofessionnellement, mais nous nefaisons pas de production réelle sur lespectacle vivant. Notre seul axe deproduction concerne les expos. C’est lamême chose pour la permanenceartistique, du fait de la configuration desespaces, elle n’existe pas au sein du lieu.Par contre nous la tentons avec lesprojets de développement culturel dansles quartiers5.”

Le projet de la Laiterie CEJC seconjugue donc aujourd’hui entre cettecapacité d’accueil, opportunitéindispensable pour de nombreuxartistes et une capacité de productionréduite à la réalisation de projetsspécifiques. “Le coût d’une lisière6 estde l’ordre de 150 à 400 KF. Pour uneexpo, il faut compter de 100 à 150 KF,et pour un projet culturel de quartierde l’ordre de 100 KF, alors bien sûr,notre capacité d’action est limitée, etnous devons donc souvent accueillirdes projets avec leurs propresfinancements. Ce qui compte ensuite,c’est d’articuler l’ensemble et de fairejouer les relations possibles entrechaque proposition. Je crois que l’on atrouvé un équilibre entre l’accueil despectacles et le travail en profondeurqui nécessite des enquêtes et un lientrès profond avec la communauté,comme lorsque nous faisons uneLisière, la Lisière turque par exemple7.”

La LaiterieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

La Laiterie, scène des musiques actuellesDepuis le début des années 90, la scène musicale strasbourgeoise est occupée parThierry Danet et ses acolytes. Ces “jeunes gens” ont avec Rock au Fort et Radio enConstruction emprunté le chemin d’une “école de la réalité” qui les a amenés aprèsl’investissement de la salle la “Marseillaise” en 93-94, à candidater à la gestion du lieudes musiques actuelles de la Laiterie. “Nous avons déposé notre dossier au mois demai 94 pour une ouverture en septembre. La première saison nous a permis deproduire 150 concerts et de réaliser un chiffre d’affaires de 6,5 MF avec 97% de fondspropres. Au terme de cinq saisons, l’association gestionnaire du lieu, a réussi à tenir lecap et à redresser les comptes qui en 98 présentaient un déficit de 250 KF. Quatrepersonnes constituent aujourd’hui la direction collégiale des deux structuresproductrices, Artefact et 4.4.0, qui salarient 8 personnes (dont 2 emplois jeunes) et desintermittents et réalisent un chiffre d’affaires consolidé de 16 MF pour 4,2 MF desubvention municipale et 0,5 MF d’autres financements publics. La Laiterie est la scénede musiques actuelles à réaliser le plus grand nombre de dates à l’année puisque plusde 200 concerts y sont diffusés auxquels s'ajoutent deux festivals, soit plus 600 artistesprogrammés. “Lieu de grande diffusion” avec sa jauge de 900 places, la Laiterie estégalement le deuxième débit de bière de l’agglomération avec ses 100 000spectateurs annuels. Pourtant derrière cet énoncé quelque peu simpliste et quantitatifse cache une réalité et surtout des désirs plus complexes. Par leurs parcours, leséquipes d’Artefact et de 4.4.0, tentent en effet de se dégager de ce diktat économiqueen produisant des actions ayant leur propre identité, que ce soit avec Furia, Vertigo ouencore les Nuits de l’Ososphère. La Laiterie, entièrement transformée pour l'occasion,accueille 4 espaces de spectacle proposant plus de 50 concerts ou DJ sets, une agoraextérieure, un cyber-café, une mise en lumière et une scénographie vidéo. Artefact et4.4.0 tentent aussi de diffuser autrement que par le sempiternel accueil des tournéesqui ne permettent pas vraiment aux artistes de rencontrer le public d’un territoire, enoffrant à des artistes comme Louise Attaque par exemple, 6 dates dans la région donttrois successives dans le site.Structurer un pôle régional avec le Noumatrouf (Smac de Mulhouse), offrir lapossibilité à la scène régionale de se développer, proposer un accompagnement desartistes et mener un travail de fond avec l’utilisation de locaux de répétitions, aiderl’édition, ouvrir à d’autres disciplines comme la vidéo… sont autant de pistes detravail, de réflexion et d’actions défrichées par cette équipe qui attend encore unprojet politique fort sur le site qui permettrait « de développer des pratiquesdynamiques d’un lieu à l’autre”.

Page 93: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Organisation

La Laiterie CEJC, dirigée par JeanHurstel, travaille dans le domaine duspectacle vivant, des arts plastiques et dudéveloppement culturel des quartiers.L’équipe de 9 personnes, dont 4 emploisjeunes, forme également 12 salariés encontrats emploi solidarité et en contratemploi consolidé. Le budget est de 5,8 MF en 2000. Le principe demanagement reposesur une doubleactivité de chaquesalarié qui est à la foischargé d’une fonction (standard,communication, gestion..) et d’un projet.La Laiterie CEJC est une scène conven-tionnée par le ministère de la Culture.

Public

“Le succès des friches, reposent aussisur la nature conviviale de l’accueil.Nous cultivons de nouveaux publics enproposant un autre rapport entre art etpopulation et en associant les publics ànos démarches.” Au sein de la LaiterieCEJC, la diversité des propositions offreune possibilité de mixité de public quireste l’exception dans les lieux labellisés.La participation, à des résidences ou àdes projets spécifiques, permetégalement d’élargir le cercle desutilisateurs du lieu, qui peuvent venir ymener une pratique personnelle ou ydévelopper une formation profes-sionnelle. Ainsi les stages organisés dansle site, ou dans les quartiers, ouvrent leprojet sur d’autres publics, et tissentainsi des connivences qui dépassent laconsommation de produits culturels.

Réseau

La Laiterie CEJC collabore réguliè-rement avec les institutions strasbour-geoises comme le Théâtre Jeune Public,Pôle Sud pour la danse ou le ThéâtreNational. Sur le site, les échangesinformels avec la scène des musiquesactuelles se font simplement à l’occasiond’un événement ou d’un besoind’espace. Avec le conservatoire s’est

é g a l e m e n tdéveloppé unpartenariat autourdes travaux des

jeunes musiciens, qui proposent réguliè-rement des présentations publiques.Plus largement la Laiterie CEJC, hébergele réseau Banlieues d’Europe8 etparticipe à Trans Europe Halles.

Le développementculturel des quartiers

La Laiterie CEJC est le “bras armé de lapolitique de la ville en matière culturelle”,elle est l’organe instructeur et assume laveille et l’animation culturelle de cesterritoires. Elle est tête de réseau, etanalyse les projets proposés dans lesquartiers inscrits dans les processus depolitique de la ville. Cette “délégation”historique a permis à l’équipe du CEJCd’être soutenue fortement dans cecadre et de mobiliser sur des projets derésidences artistiques les moyens nonalloués par le droit commun. Un réseaus’est constitué et un programme annuelgarantit “une permanence artistiquedans les quartiers9”. Après plusieursannées de fonctionnement, ce principerisque d’être remis en cause car “lesprojets émanant du terrain sont rares. Jevoudrais imaginer un système qui soitdirectement en prise avec les quartiers.

En tant que service culturel je suiscantonné dans ma culture institutionnelleet je n’ai pas d’antenne dans les quartiers,contrairement à d’autres servicesmunicipaux. L’équipe du CEJC ne peutpas indéfiniment tenir ce rôle10.” Enl’espace de 7 années et 1400 manifes-tations Artefact PRL a assuré la gestiondu bâtiment et structuré son équipe etson fonctionnement en vue d'acquérir lavaleur d’une structure dont la qualité detravail est reconnue des professionnelsfrançais du spectacle comme despartenaires institutionnels. L'association atravaillé à l’éclosion et à la constructiondu créneau des musiques électroniquesen favorisant sa connexion avec lespublics amateurs de spectacle vivant dansle cadre des musiques actuelles.Différentes manifestations ont ainsicontribué à la maturation des nouveauxcourants électroniques : le FestivalDubnologie dès 1996 (5 soirées sur unmois), le cycle Ohm Sweet Ohm (8soirées sur la saison 97/98), des grandsévénements type 3x8 Dance Floor, Nuitdu plastique moderne et Nuit du GrandFroid, ou encore en 1999/2000 uneformule de soirées dédiées à la scèneélectronique locale, avec l’événementielFestival des Nuits électroniques del’Ososphère, en synergie avec uneprogrammation régulière de "concerts"et événements électroniques. "La Laiterieest désormais reconnue comme lepremier outil de France en termes dequantité et diversité de spectaclesproposés ainsi qu’en terme de fréquen-tation (100 000 spectateurs par saison).Nous avons reconstruit des publics àStrasbourg et dans le Grand Est."

La LaiterieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

“C’est une mosaïque, il reste àtrouver une identité”.

Dominique Jacquot

8- Cf Aziz Chouaki - Entretien - novembre 2000.9- Directeur des Affaires culturelles - novembre 2000.10- Directeur des Affaires culturelles - novembre 2000.

11- Echangeant avec M. Bredel, directeur régional desaffaires culturelles, sur les projets de « natureintermédiaire » dans le région Alsace, il nous a faitpart d’un nouveau squat artistique et social, le Sumqui Sum. Dans une région, ou le mouvementrevendicatif est très limité, il nous a sembléintéressant de montrer, qu’au côté de la Laiterie denouvelles expérimentations se développent.

Page 94: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La LaiterieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Sum qui Sum11

“A vendre ou à acheter, il n’y a rien chez Sum qui Sum”.Le 8 août 1999, dans des anciens locaux administratifs du rectorat, abandonnés cinqans plus tôt, un collectif dénommé Sum qui Sum ouvre le squat du 206 route deChirmeck. A quelques centaines de mètres de la Laiterie, le long d’une voie routière,rien ne distingue, hors son abandon, le bâtiment occupé par Hakim, Hughes, Fernandoet les huit autres membres du collectif. Le site qui combine des intérieurs et desextérieurs, des locaux de travail et d’habitation, est en assez piteux état malgré l’inter-vention de sauvegarde menée par Sum qui Sum. “On cherchait depuis plusieurs moisun lieu pour travailler en commun et vivre ensemble. On a ouvert la discussion sur laplace publique autour du besoin d’espaces différents. Devant le peu d’écho que nousavons eu du côté institutionnel, il nous a semblé plus juste de mettre devant le faitaccompli. On avait repéré ce lieu qui nous permettait d’avoir à la fois des espacesouverts et de l’intimité. Dès que l’on a squatté, on a eu l’électricité et le téléphone,mais on a dû attendre , six mois, dans des conditions assez dures la réouverture ducompteur d’eau”. “On a ensuite tenté de négocier l’utilisation moyennant un loyer,mais on a eu une fin de non-recevoir du rectorat, qui a toujours veillé à ce que sonattitude ne soit pas considérée comme une entente de fait. Il y a eu les huissiers, il y aeu un jugement d’expulsion, mais le concours de la force publique n’a pas été requis.“Parfois les gens viennent ici et cherchent un coin à œuvres. Ici on a tout simplementune autre manière de travailler. Il y a des résidences, des répétitions, de la musique, duthéâtre, une salle de cinéma et aussi des festins. Avant cet espace était une décharge,aujourd’hui on cultive un jardin communautaire. Les voisins sont contents”.

Page 95: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La LaiterieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Jean-Luc Bredel – Drac AlsacePour moi, un lieu dit intermédiaire est unlieu non institutionnel, aux marges de l’insti-tution et dont le propos est d’être attaché àun public qui n’est pas celui des établis-sements habituels. Un lieu porté par labase qui n’est pas labellisé, ce qui ne veutpas dire pas aidé financièrement.Paradoxalement, la Laiterie est bien unlieu institutionnel, incontournable, portéà bout de bras depuis un bon moment. Enmême temps, c’est la seule structure quidéfriche, qui soutient, qui développe lesformes émergentes, tout ce que l’onappelle les cultures urbaines. En généralsur les lieux intermédiaires, la questionpour nous, c’est de trouver les margespour soutenir les marges, soutenir desgens qui ne savent pas faire de dossier, etdonc faire un effort pour les aider à lefaire. Personnellement, je suis un militantde ces formes nouvelles de dévelop-pement culturel qui ont un rapport directau social. Ces formes créent desesthétiques nouvelles et je crois que ce quise passe aujourd’hui avec les chorégrapheset les danseurs hip hop, est à rapprocherde ce que les musiciens noirs américainsont provoqué dans la musique avec leJazz. Il faut que nous puissions travaillercela, mais nous ne pouvons pas avoir depolitiques ambitieuses par manque demoyens.

La problématique du site

La Laiterie est un site plus qu’un lieu.Pourtant les empilements successifs ontnié cette évidence, en mettant par làmême en péril l’unicité du projet. Il y aaujourd’hui un problème de sens globalreposé par le départ prochain duconservatoire. “Le conservatoire a étéinstallé là par contingence, mais enmême temps, cette implantationprovisoire a permis d’accélérer le projeten investissant 70 MF. En 2003 leconservatoire déménagera dans sesnouveaux locaux (150 MF) et le débatsur la réaffectation de ces espaces estouvert. Le milieu de la danse comme lemilieu du rock ont des vues sur le site.Je ne suis pas pour la balkanisation dusite, mais à horizon de cinq ans, il fautrepenser la mission du lieu, interrogerles fonctions de chacun12.” L’enjeu est detaille, car au moment où la villeaménage des bases de travail artistiquepour les plasticiens (dans les anciensforts abandonnés par la gendarmerie),des locaux pour les groupes de musique(dans l’un des bastions), et des locauxde répétition théâtrale (dans le hangardu Théâtre national), on peuts’interroger sur les moyens qui pourrontêtre consacrés au développement dusite de la Laiterie. “On nous annonceune signalétique unifiée depuis desannées, mais le problème n’est pas là.Quid de la gestion du bar qui a étéconfiée à un privé ? Chaque fois quenous voulons faire quelque chose sur lesite, comme les Nuits de l’Ososphère,nous devons lui acheter sa fermeture13.”Cette approche du site global, JeanHurstel ne cesse de la défendre depuisson arrivée. “Mon objectif est de créerun parc culturel et de loisirs avec desattractions en permanence, quipermettrait d’offrir au public un rapportinédit à l’art. Il faut tenter de définir unprojet pour le nouveau lieu qui ne nous

enferme pas entre nos murs. Il fautdéborder les bâtiments et ouvrir parexemple sur le domaine du théâtre derue, qui est presque totalement absentde la programmation culturelle de cetteville. Et puis on pourrait égalementdévelopper un pôle culturel autour desentreprises d’insertion de la ville etaccompagner les artistes dans leurspremières démarches. Il faut que ce siteserve un développement artistiquelocal”. Pour Thierry Danet, la questiondu devenir du site est au cœur desprojets. Les Nuits de l'Ososphère quiredéfinissent l'espace de la Laiterie et,au-delà, du quartier tout entier préfigu-reraient cette synergie possible. "Nousvoyons dans l'approche globale duquartier sur un projet culturel global,fort et innovant, une chance incroyablepour la ville. Le quartier Laiteriepourrait alors devenir le chaînonmanquant pour les cultures émergentes,qui permettrait enfin aux projetsartistiques locaux de s'épanouir,rencontrer, un public et s'émanciper : endeux mots sortir enfin du misérabilismetristounet. Nous sommes conscientsqu'un tel projet provoqueraforcemment un débat avec les autresinterlocuteurs du site, mais la seulemanière de proposer un projet fortconsistait à aller au bout de noslogiques.

12- Thierry Danet - Entretien - novembre 2000.13- Jean Hursel - Entretien - novembre 2000.

Page 96: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La LaiterieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Aziz ChouakiPour Aziz Chouaki, les ateliers menés àStrasbourg dans le quartier Cronenbourg,sont un prolongement de son travailquotidien d’écrivain, un prolongementqui ne doit pas être automatique, unprolongement qui doit laisser le tempsau ressourcement. “Le travail des ateliersest un travail de transmission, d’échangeoù l’écrivain reçoit beaucoup, malgré ladifficulté de l’exercice. Parfois, on al’impression de prendre en otages lesparticipants, qui ne savent pas forcémentce qu’ils font là, qui n’en comprennentpas l’intérêt, malgré tout le travail demédiation culturelle préalable. Ce travailde préparation, de mobilisation esttoujours insuffisant sur le sens. Lorsque jesuis invité au Festival de la Mousson, onsait qui je suis, là tout est à construire, tudécouvres des choses vivantes, pures, etle plus difficile c’est de raviver,d’entretenir le feu, pour dépasser ladictature de l’écrit. Il faut toujours êtreprudent dans ce type de travail car lesécueils sont nombreux, tout au long duprocessus, de la constitution de groupe,en passant par le choix des thèmesd’écritures ou par les jeux de rôles quis’installent avec les participants et avecles institutions”.

Cathy Dorn est chorégraphe. Elle acréé en 1986 en complicité avec unmusicien et un plasticien la compagnieItinéraires qui réunit deux équipes detravail, l’une professionnelle, l’autreamateur. Elle a trouvé à la Laiterie le seulendroit, à Strasbourg, qui lui offre lapossibilité de conditions professionnellespour ses travaux, particulièrement pourceux qu’elle mène avec les amateurs(entre 16 et 50 ans) de la compagnie quilui renouvellent leur confiance depuis1986. « J’ai rencontré Jean Hurstel en1994. En tant que professionnelle, jen’avais pas de problèmes majeurs pourdiffuser mon travail, mais par contre jen’avais aucun relais pour monter mesprojets avec les amateurs. Ma pratiqued’espaces variés (le café, le jardinbotanique, le musée) m’a rapidementpoussée vers les lieux de la Laiterie qui seprêtent bien à mon travail, et qui étaientadaptés physiquement et symboli-quement aux projets menés avec desamateurs. La démarche que je tente dansle cours ou j’accueille près de 50 élèves,se traduit par des propositions diverses.J’évite par exemple les spectacles de find’année en privilégiant une pratiqued’ouverture de l’atelier à plusieursreprises dans l’année, et surtout enproposant un véritable travail de créationà ceux qui souhaitent tenter l’aventurede la scène. Dans l’offre importantestrasbourgeoise, nous nous sommes crééun public et nous pouvons maintenant,jouer le spectacle 10 ou 12 fois et glisserquelques scolaires.

Dominique JacquotEn 1997, après avoir dispensé trois heuresde cours hebdomadaires au TJP,Dominique Jacquot, comédien au TNSavec Jean-Louis Martinelli, est sollicité parde jeunes élèves qui désiraient être misen scène. Exigeant une relation profes-sionnelle, la jeune équipe a structuré sonprojet, trouvé le lieu et le financement(environ 20 000 F) apporté par despartenariats privés. En montant un textede Jean-Gabriel Nordman, “nous noussommes retrouvés confrontés au hall deschars. C’est un lieu très fort, froid, dur. Cesmurs transpirent réellement l’histoirehumaine qu’ils ont abritée. C’est en faitcette succession de contraintes qui a faitnaître le spectacle, et qui nous a permisde rencontrer un public très varié, fait deprofessionnels, de parents, de voisins, etqu’est-ce que ça fait du bien de faire duthéâtre pour autre chose que le public duthéâtre”.

Page 97: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La LaiterieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Ville : StrasbourgNom du quartier : GareNbre d’habitants : 250 000 / 450 000Situation : Communauté urbaine

Région : AlsaceNbre d’habitants : 2M

Nom du site : La LaiterieNom de l’opérateur : CEJCDate de création : 1992 Date d’ouverture : 1992Président : Raymond WeberDirecteur : Jean HurstelAdresse : 11, rue de Hohwald, Strasbourg

Tél : 03 88 75 10 05 -Fax : 03 88 75 58 78

La s

itu

atio

nL’

iden

tité

Repères chronologiques

Propriétaire du bâtiment : VilleType d’occupation : convention Durée : illimitéePrécédente affectation : aucunSurfaces construites : 8 000 m2 Surfaces de terrain : -Surfaces des bâtiments exploités : 1 200 m2

Lieu

Espaces de diffusions

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

Théâtre Hall des Chars - - 200

Théâtre des Lisières - - 200

Exposition - - -

Salle de concert - - 800

Espaces administratifs : 200 m2

Présence d’un bar : oui Heures d’ouverture : bar : -Présence d’un restaurant : oui Nbre de couverts / jour : -Présence de logements pour les résidences : ouiPrésence de logements de fonction : nonD

escr

ipti

on

des

esp

aces

de

trav

ail

1992 création de l’asssociation et contratavec la Ville

1993 travaux d’ouverture d’un théâtre etd’une salle d’exposition

1995 arrivée du conservatoire et ARTEFACT1998 ouverture du théâtre des Lisières

Artefact PRLConservatoire national de la région de Strasbourg

Structures associées - 1er cercle

Les structuresprésentes sur le site

Molodoï

Structures associées - 3e cercle

Notice La Laiterie

Page 98: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La LaiterieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Disciplines représentéesDisciplines Résidences Pratiques Diffusion Résidences Pratiques Diffusion

Théâtre - - ***** Cirque - - -

Arts plastiques *** * *** Ciné - Audio - - -

Ecritures ** - - Radios / Tvs - - -

Patrimoine - - - Danses - * **

Presse - - - Arts de la rue - - -

Musiques - ** **** Modes - - -

Multimédia - - - Solidarité, citoyenneté - - -

Résidences artistiques :Courtes (moins de 3 mois) - Nbre par an : -

Moyennes (entre 3 mois et 3 ans) - Nbre par an : -

Longues (plus de trois ans) - Nbre par an : -

Pratiques artistiquesPratiques artistiques Nbre d’ateliers différents Nbre par an Quantité de public

Ateliers de formation réguliers - - -

Ateliers de formation spécialisés - - -

Mise à disposition de locaux - - -

Spectacles professionnels avec amateurs - - -

DiffusionDiffusion Nbre de jours Quantité Jauge basse Jauge haute

Spectacles et expositions en diffusion simple - - - -

Créations et expositions originales 333 26 - 28 169

Ouverture des processus de création aux publics permanent + travail avec les scolaires

Conférences, rencontres - - - -

Les

acti

vité

s et

leu

rs p

ub

lics

PartenariatPrincipaux partenaires associatifs hors résidentsThéâtre Jeune Public / Pôle Sud / Théâtre national de Strasbourg, conservatoire

Affiliation à des réseauxBanlieue

Eléments budgétaires :Nombre de personnes salariées par l’opérateur : -Nombre de personnes salariées sur le site : -Masse salariale : 3,3 MF

Budget de l’opérateur principal : 7,1 MFChiffre d’affaires consolidé du site : 20 MF

Les mots clefsTerritoires Artistiques Economiques PolitiquesAppropriation Cultures émergentes Parc culturel et de loisirs Dynamique socialedes non-lieux urbains urbaines Culture et entreprise et politiqueActions dans les quartiers Nouveaux chantiers d’insertion Débat citoyen

artistiques Développement ConfrontationParc culturel et de loisirs artistique local

Principaux partenaires financiers :Ville de StrasbourgCommunauté urbaine de StrasbourgMinistère de la CultureConseil généralConseil régional

Partenaires pour l’investissement -

Notice La Laiterie

Page 99: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Note budgétaire

Pour La Laiterie, deux structures sont appréhendées. Le Centre européen de la jeunecréation et la Smac (Artefact).Le consolidé 2000 du site fait apparaître un budget de 19,9 MF sur lequel le CEJCreprésente 7,1 MF et Artefact 12,8 MF. Nous avons encore deux structures financièresradicalement différentes, puisque l’une est basée essentiellement sur la diffusionmusicale et l’autre sur l’action culturelle transversale.Nous avons opté pour une analyse du seul CEJC (7,1 MF) sur 2000, l’autre structureayant une configuration économique proche des autres lieux de diffusion de musiquesactuelles.

ProduitsLe premier financeur public est la Ville et la Communauté urbaine pour un total de4,575 MF soit 64 %. L’Etat apporte 2,1 MF soit 30% (dont 1,1 du ministère de la Culture, 750 KF d’aides àl’emploi et 200 KF en Politique de la Ville.

ChargesLe lieu est mis à disposition par la ville. Les charges de personnel représentent 46 % du budget global

InvestissementL’achat du site.L’investissement réalisé sur le CEJC et le conservatoire représente 70 MF auxquels il faut rajouter le coût de l’investissement de la Laiterie Smac.

La LaiterieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Références documentaires

Documents de communicationProgrammesRevues de presse

Page 100: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La LaiterieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - La LaiterieBudget consolidé du site

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 101: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La LaiterieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - La LaiterieBudget CEJC

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 102: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La LaiterieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - La LaiterieBudget ARTEFACT

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 103: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

n 1997, le Red Star envisageant des’implanter à Saint-Ouen, la Ville

pense avoir trouvé une nouvelledestination à la friche Valéo. Cet ancienlocal qui abritait les activités sociocultu-relles et sportives du comitéd’entreprise, allait devenir avec laconstruction d’un nouveau stade dans la

ville, la base du club defootball. Lorsque le RedStar décida finalement des’installer au Grand Stade,

la Sidec (Société d’économie mixte dudépartement) se retrouvait avec unbâtiment de 4000 m2 sans affectation.La demande de l’équipe d’Usineséphémères, portée par ChristophePasquet qui avait repéré ce siteabandonné, arrive dans ce contextedans l’administration municipale quiavait, jusqu’alors, écarté les demandes

Mains d’ŒuvresVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

E

Mains d’ŒuvresEurope 99Usines éphémèresVecamTrans Europe Halles

SAINT-OUENILE-DE-FRANCE

Personnes rencontrées :Fazette Bordage, directriceBenoît Rousseau, chargé de production musiqueChristophe Pasquet, codirecteur, Usines EphémèresJoël Borgues, choréraphe Joël Cramesnil, auteur, Metteur en scèneGérard Laffargue, directeur des Affaires culturelles, ville de Saint-Ouen

“Ici on ne programme pasd’artistes, ce sont les artistes quinous programment.”

Page 104: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

d’hébergement d’artistes, jugées “troprisquées”.

L’opportunité d’une telle démarchepour la Ville a été très vite identifiée,comme un complément et uneinterpellation de la politique du servicepublic de la culture. Pour GérardLaffargue, directeur des Affairesculturelles de Saint-Ouen “ce projet,s’inscrivait dans une complémentaritéde la politique culturelle existante. Il yavait une proposition d’équipementdont la ville manque, en termes delocaux de répétitions par exemple et enmême temps une équipe capable deporter cette approche, en ouvrant surle local tout en manifestant uneambition dans les accueils en résidence.

“C’était une véritable aubaine : ceuxqui avaient réussil’Hôpital éphémères o u h a i t a i e n ts’investir dans notreville ! Cela pouvaitde plus introduireu n e c e r t a i n econcurrence avecnos institutions quiont bien besoind ’évo luer.” Pouraccompagner cetteinitiative et créer“ l e s cond i t i on sd’émergence en toute indépendancedu projet”, la Ville saisit l’opportunitéfoncière et culturelle de la friche Valéo,et investit dans le rachat du bâtiment.L’accord de base inclut le règlementd’un loyer progressif et la signature d’unbail commercial.

Fazette Bordage, directrice de TransEurop Halles, est associée à ce projetqu’elle a conçu avec ChristophePasquet, depuis 1994 au sein du site del’Hôpital éphémère. Valérie Peugeotd’Europe 99 rejoindra quant à elle ladirection collégiale du nouveau lieu.

Un lieu de culturepour l’invention socialeet artistique1

Mains d’Œuvres se définit comme unlieu de culture pour l’invention socialeet ar tistique, un lieu propice àl’innovation culturelle, à la créationsociale et à la recherche artistique.Situé près du marché aux puces de

Saint-Ouen “le projetse fonde sur unevolonté de mêler etde relier des artistessoucieux de leurenvironnement avecles acteurs inventifsdu monde associatif,pour qu’ensemble ilstransforment lesper spect ives denotre modernité etinterrogent nossociétés en mutation”.

Dans ce “foyer local d’activationculturelle”, le public attendu est aussimultiple et divers que les propositions ;amateurs d’ar t, acteurs associatifs,jeunes adeptes des musiques amplifiées,personnes intéressées par les nouvellestechnologies, futurs acteurs de la scèneculturelle, et plus généralement leshabitants de Saint-Ouen et lesFranciliens souhaitant partager unprocessus de partage des savoirs.

Le premier axe de travail de Mainsd’Œuvres est d’offrir aux artistes desrésidences de travail et un accompa-gnement dynamique. Le principe de ces“laboratoires artistiques de croisement“est de privilégier des formes originaleset innovantes. L’offre d’outils diversifiés(en espaces et moyens techniques)devrait susciter des projets transdiscipli-naires, regroupant des artistes issus dedisciplines variées.

L’accompagnement repose quant à luisur des compétences artistiques etadministratives disponibles au sein del’équipe de Mains d’Œuvres ou dansson réseau opérationnel. Il s’agira toutaussi bien de faciliter la mise en œuvred’un partenariat de production que dedonner accès à un ingénieur capable detraiter du morphing.

Le deuxième axe de travail est laproduction et la diffusion de projets quipourront être promus auprès d’unpublic local ou par-delà le lieu dans unréseau de partenaires et de structuresd’accueil. L’ouverture sur la proximitédu quartier est simultanée à l’affir-mation de la proximité du réseauinternational Trans Europe Halles.

Le troisième axe est l’affirmation d’undialogue avec le monde associatif. Ausein “d’une pépinière d’innovationsociale”, un centre ressource et uneingéniérie adaptée permettra deconsolider la démarche despromoteurs associatifs.

Mains d’ŒuvresVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

1- Extraits du dossier de Mains d’Œuvres - Programmedes activités 2000.

2- Fazette Bordage (coordination et direction artistique),Christophe Pasquet (entretien, gardiennage, sécurité,locaux de répétition, bar, soirées), Valérie Peugeot(activités sociales et civiques).

3- Maxence Rey (danse), Benoît Rousseau (musique),Mathieu Margerin (arts visuels), StéphaneLazarevitch (théâtre et spectacles vivants), AlexandreLeveuf (multimédia).

4- Usines éphémères a bénéficié de l’aide des boursesdéfi jeune.

5- Le budget de l’association était alors de l’ordre de3MF. 60% d’autofinancement (participation desartistes), 20% de subventions publiques (dont 1MFdu ministère de la Culture), 20% de financementsprivés.

6- Christophe Pasquet, codirecteur de Mains-d’Œuvres.

Le lieuA deux pas de la porte de Clignancourt, Mains d’Œuvres est situé à proximité dumarché aux puces en face d’un grand immeuble morose et multicolore. Le corpsprincipal se développe sur 4 niveaux :- Le sous-sol de 100 m2 dédié à la musique, avec 20 studios.- Le rez-de-chaussée de 700 m2 dédié à l’accueil du public avec le cyber-café, la salled’exposition, l’espace club concert, la salle de formation multimédias et la salle dedanse.- Le premier étage de 1050 m2 comprend la salle de sport, la pépinière, 2 espacesassociatifs collectifs, le centre de ressources Hors Champs, et 4 ateliers de plasticiens.- Le second étage de 450 m2 accueille la salle de conférence de 100 places et lesbureaux de l’équipe d’animation et des structures associées.- Un hangar de 600 m2 accueille une salle de danse et 7 ateliers de plasticiens.

Page 105: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Le quatrième axe de proposition deMains d’Œuvres est l’organisation deforums et débats afin d’inciter audialogue et à la dissémination desexpériences “des transformateurs”,qu’ils soient penseurs, universitaires,acteurs artistiques ou sociaux, militantset citoyens. La recherche decroisements thématiques sera suscitéeet les centres ressources implantés dansle site seront également des pointsd’appui et de médiatisation.

L’organisationde Mains d’Œuvres

Mains d’Œuvres s’est constituée enune organisation apte à gérer etdévelopper le site de Saint-Ouen et lesprojets qu’il accueille. Autour d’unedirection tricéphale2, cinq chargés deproduction3 et de programmationassument la responsabilité des projets.Une responsable de la communication,un administrateur, une personne àl’entretien, deux régisseurs et deuxgardiens complètent l’équipe.

Mains d’ŒuvresVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Usines éphémères est née de la rencontre de Caroline Andrieux et ChristophePasquet, qui décident à la fin des années 80 de produire des événements liés à l’artcontemporain . Après une première opération en mai 1987 dans une usine chimique,“Paliss’art”, l’association exploitera des espaces industriels en mettant à disposition deslocaux ou en produisant des opérations de communication. Alors que les demandesdes artistes, du public et des institutions4 se formalisent, Usines éphémères acquiertune notoriété qui lui permet de trouver de nouveaux partenariats et de bénéficier demécénat immobilier. En 1990, l’association ouvre l’hôpital Bretonneau. Cette frichehospitalière de 15 000 m2, propriété de l’assistance publique, fut utilisée, sur la based’un contrat de confiance, par l’association qui permit ainsi à des artistes qui avaientbesoin d’espaces de travail et de liberté d’avoir leur lieu de production5. Le principe decette utilisation est simple : un centre d’art ouvert. L’hôpital sera fermé en 1998. Alorsque Caroline Andrieux part développer un projet similaire au Québec, l’équiped’Usines éphémères se met en quête d’un nouveau lieu. Implantée à Saint-Ouen,l’association est également à l’origine de l’ouverture de la Caserne à Pontoise. “Le principe économique d’Usine éphémères est de garantir l’autonomie des projetsen maintenant une part importante d’autofinancement. Les artistes participent doncau financement de l’association en payant une contribution mensuelle. Ils sont ainsiimpliqués dans un projet global, ils partagent une responsabilité mutuelle alors que lesystème de la subvention infantilise l’artiste. Il faut que l’artiste arrive à se développerici, et c’est pour cela que nous travaillons à sa valorisation dans un lieu où il y aproximité et simultanéité d’activités. Je désire que l’artiste soit consommé par les gens,car c’est la condition de son autonomie, de sa liberté6.”

Après la création du Confort moderne dans les années 80 et le développementdu réseau TEH dans les années 90, Fazette Bordage a décidé que les années 2000seraient celles de Mains d’Œuvres. En prenant parti avec enthousiasme pour cenouveau projet, Fazette Bordage sait qu’il va falloir déployer de nouveau une énergieconsidérable pour faire comprendre à tous les partenaires potentiels les enjeux portéspar MO. “On ne cesse de nous demander ce que l’on va faire, alors que l’intérêtprincipal de ce projet c’est qu’ici l’équipe ne programme pas, elle est programmée parles artistes et leurs projets, ce qui nous amène sans cesse à réinventer notre mission etles moyens de la réaliser. L’habitude en France est de décider un modèle, puis de ledécliner en mettant en place des politiques culturelles. Notre pratique inverse cerapport et elle reste ainsi fondée sur une exigence artistique forte, pour laquelle l’acteartistique entraîne tout le reste.”

Trans Europe HallesLe réseau Trans Europe Halles a été créé en 1983 par Philipe Grombeer. Il rassemble

aujourd'hui, dans 19 pays européens, une trentaine de lieux culturels pluridiscipli-naires installés dans des friches industrielles et militaires. Régi sous la loi belge d'orga-nisation internationale à but non lucratif, Trans Europe Halles est financé par lescotisations annuelles de ses membres, par une subvention de la Communautéeuropéenne et par l'apport sur projets de fonds publics ou privés. Ses membres seréunissent deux fois par an dans l'un des centres du réseau, lors de rencontreseuropéennes, afin de mettre en place des coopérations entre les différentes structuresadhérentes. Les activités de Trans Europe Halles se concentrent autour d'échangesd'artistes ou de personnels, d'organisation de stages de formation de "responsableculturel européen", de coproduction de festivals, expositions, conférences et de laparticipation active à des colloques, séminaires, etcChaque centre développe des projets spécifiques. Le bureau français de TEH, en mène

trois de front : la création d'un centre ressource "Warehouse-Entrepôt" en ligne sur leweb, destiné à rassembler les informations sur le réseau mais aussi à apporter aides etconseils à des acteurs culturels engagés dans l'élaboration de projets similaires. Laréalisation d'un livre, Les Fabriques, lieux imprévus portant sur 16 structures membresdu réseau. Et le projet "In and out of Europe" qui vise à identifier, en Afrique, Asie,Amérique, des structures proches des lieux membres de Trans Europe Halles et àétablir des connexions passant par des échanges et des apprentissages mutuels.Fazette Bordage a assumé la coordination du réseau pendant près de dix ans. Mainsd’Œuvres abrite aujourd’hui les deux permanents du réseau.

Page 106: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Mains d’ŒuvresVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

7- Le tarif de location étant situé autour de 60 F del’heure avec un backline minimum, l’équipe envisagede mettre en place avec la municipalité un moded’accés spécifique pour les jeunes groupes de Saint-Ouen.

8- “Quelque chose que tu ne peux juger”.

9- Ballet Prejlocaj, Herve Robbes, Khan.

10- Le studio de 140 m2 sera mis à disposition(non exclusive) de la compagnie.

11- Rivages à l’abandon, Matériau Médée, Paysages avecArgonautes.

Musiques à Mains d’ŒuvresLes musiques actuelles sont l’un des axes forts du projet. Historiquement les

promoteurs du lieu ont développé une grande partie de leur parcours professionneldans ce domaine et c’est riche de ces expériences et renforcée par un jeune chargé deprojet que la politique musicale s’est construite. Sur les 19 studios de musique queMains d’Œuvres abrite 9 existaient, 10 ont été construits, 10 seront dédiés à la locationhoraire et 9 attribués à des résidences. Parmi ceux-ci–ci, un local batterie et un studioMAO de création sonore seront équipés. L’attribution des locaux qui ne sont pas loués à l’heure se fait par une commission

interne au lieu, qui après avoir lancé un appel à projets étudie les propositions. Lapremière campagne, qui a généré plus de 100 demandes, a permis à l’équipe deMains d’Œuvres de rencontrer une vingtaine de porteurs de projets et d’en retenirune douzaine. Parmi ceux-ci on peut retenir Flop, Madrid, Marie de Monk, DavidChazam, les Little Rabbits ou encore le Label Rectangle. L’accueil en résidence dans lesstudios peut être d’une durée variable, mais la base de la convention est de 10 moisrenouvelable. De plus, des résidences courtes peuvent être organisées, comme celleprévue avec David Grubs et sa création musicale interactive.

Le paradoxe de cette politique musicale ambitieuse ancrée dans le champ desmusiques innovatrices est que les groupes retenus devront normalement payer uneparticipation aux frais de 10 000 F pour les dix mois et que le lieu ne dispose pasd’enveloppe de production pour développer les projets suscités par les résidents,comme ce projet de John Rose dans le marché aux puces, ou le festival interdisci-plinaire Rectangle. Dans ce contexte, toute la cohérence du projet reposera donc surla capacité de développement que sera capable de générer l’équipe permanente pourtrouver les financements nécessaires aux productions artistiques et aux projets en lienavec le quartier7.

Résidentsà Pieds d’Œuvres

Page 107: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Mains d’ŒuvresVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

“Exister avant de naître”Après avoir été danseur et interprète, notamment dans le ballet Prejlocaj, Joël Borges a

créé Ixkizit8 en 1995 afin de pouvoir développer ses propres projets de chorégraphe. Lacompagnie qu’il a créée est “un lieu de rencontre” qui permet “la conversation scènique”entre des créateurs issus de différents horizons. Travailler en fonction des lieux, dessituations, des territoires est la ligne de force d’un travail déjà expérimenté dans lesjardins de la Villa Médicis à Rome ou au château Saint-Georges à Lisbonne. Malgré sonparcours professionnel, Joël Borges produit ses pièces avec des partenaires qui setrouvent à la marge du réseau labellisé de la danse, mais également avec les complicesde certains centres chorégraphiques9. De la Villa Médicis, à la fondation Paribas enpassant par le service de l’action culturelle à l’Opéra Bastille ou le ballet Prejlocaj, il arencontré de véritables partenaires qui comme à Mains d’Œuvres savent s’engager,partager. “Des années 80 aux années 90 on a construit des châteaux. Ces bastillesproduisent aujourd’hui une véritable violence sur de jeunes collectifs, de jeuneschorégraphes qui sont de plus en plus à la lisière.” A Mains d’Œuvres Joël Borges a d’abord trouvé un bureau, une certaine manière depermettre à la compagnie de se structurer, en recrutant une administratrice, ens’inscrivant dans un lieu d’effervescence où il pourrait faire des propositions et desrencontres. Il s’agit toujours pour lui d’“ouvrir des espaces”, avec les étudiants des Beaux-Arts de Paris, Nantes et Rouen, autour d’un travail sur le mouvement et le corps avec lesdanseurs du conservatoire Paris Villette, autour de la choréologie, ou encore avec le jeunepublic pour un projet dénommé “Supervitamine K” en association avec le plasticienStéphane Marcot. Pour ces projets Mains d’Œuvres doit apporter le lieu10, lesdéplacements, l’hébergement, les défraiements, l’accompagnement et une coproductionsur les créations, mais les conditions actuelles de la structure vont sans doute les pousserà démarcher ensemble les partenaires institutionnels et les coproducteurs potentiels.Aujourd’hui rien n’est encore défini, hors le désir farouche de travailler ensemble à Saint-Ouen, port d’attache pour d’autres voyages déjà prévus à Palerme, Budapest ou Palmela.

Joel Cramesnil et Ibrahim QuraichiEn mars 1999, Joël Cramesnil et Ibrahim Quraichi décident de créer la compagnie Faim de siècle pour mener un premier projet decréation à partir d’une trilogie11 de Heiner Müller. Ce spectacle, réunissant 17 artistes issus de plusieurs pays, nécessite des lieuxmodulables, économiquement fort et ayant une ligne de programmation en rapport. Dans cette recherche, Joël Cramesnilrencontre Fazette Bordage, alors coordinatrice du réseau Trans Europe Halles avec laquelle il élaborera l’hypothèse d’une alliance de« riches » (La Villette, Lu, la Maison des arts de Créteil, La Ferme du Buisson) et de « pauvres » (les friches du réseau Teh). Après unepremière proposition à Châtillon, les réactions critiques fortes se focalisent sur la présentation interprétée comme un aboutis-sement alors que la compagnie ne dit proposer qu’une étape de travail. Faim de siècle est alors dans une impasse de production ettente de rebondir sur de nouvelles pistes. La proposition d’une résidence à Saint-Ouen amène la compagnie à construire un projetcombinant la mise à disposition d’espaces, la production de la suite de la trilogie qui reste d’actualité, la diffusion de Rivages àl’abandon (reprise de sa première forme), et une résidence avec Nazim Hikmet développant des ateliers et des soirées d’animationartistique (autour des droits de l’enfant, de la journée de la femme, de la lutte contre la pauvreté ou de la fête de la musique).L’absence de moyens de fonctionnement et de production de Mains d’Œuvres, la jeunesse de la compagnie et l’importance duprojet ne vont pas rendre la concrétisation de ce partenariat facile. Ce contexte paroxystique où une compagnie et un lieu seconstituent parallèlement rend impossible la définition claire des termes de l’échange entre chaque partie et fragilisera finalementla reprise de Rivages. En fait entre les espoirs investis par la compagnie dans le lieu et la réalité de ce que le lieu est capable deproposer l’écart est immense. Mains d’Œuvres, par son ouverture, sa disponibilité aux projets innovants, offre à une compagniecomme Faim de siècle une écoute qu’elle ne trouve pas dans les lieux labellisés, une écoute qui ne peut encore être, que trèspartiellement traduite dans la réalité.

Page 108: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Mains d’ŒuvresVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Ville : Saint-OuenNom du quartier : -Nbre d’habitants : 40 015Situation : Péricentre

Région : Ile-de-FranceNbre d’habitants : -

Nom du site : Mains d’ŒuvresNom de l’opérateur : association “Le lieu Mains d’Œuvres”Date de création : 31 décembre 1998 Date d’ouverture : janvier 2001Président : Fazette BordageDirecteur : -Adresse : 1, rue Charles-Garnier 93400 Saint Ouen

Tél : 01 40 11 25 25 - Fax : 01 40 11 25 [email protected] Site : www.mainsdoeuvres.org

Opérateur associé : Trans Europe Halles Date de création : 1983Tél : 01 40 11 64 [email protected] Site : www.teh.org

Opérateur associé : Usines éphémères Date de création : 1987Tél : 01 40 11 25 25Président : Christophe Pasquet

La s

itu

atio

nL’

iden

tité

Repères chronologiques

Trans Europe HallesUsines éphémèresVecamEurope 99

Structures associées - 1er cercle

Les structuresprésentes sur le site

Propriétaire du bâtiment : Ville de Saint OuenType d’occupation : Bail commercial Durée : 3/6/9 ansPrécédente affectation : Bâtiment social de ValeoSurfaces construites : 4 000 m2 Surfaces de terrain : 1 300 m2

Surfaces des bâtiments exploités : 4000 m2

Lieu

Espaces de diffusions

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

La Scène concert/soirées 150 m2 250

Salle d’exposition exposition/rencontre/répétition 200 m2 300

Studio de danse spectacle danse/répétition 100 m2 100

Salle polyvalente débat/projection/concert 150 m2 100

Restaurant/cyber-café rencontre/débat/exposition 130 m2 150

Gymnase polyvalent spectacle 500 m2 50 à 100

Espaces de résidences et de pratiques

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

Ateliers/studios/ espaces de recherche et de 3 000 m2 200Bureaux de création/ répétition

(production à partir de 2001)

Espaces administratifs :Bureaux de l’équipe de coordination, salle de réunion

Présence d’un bar : oui Heures d’ouverture site: 9h30 / 02h tous les jours

Présence d’un restaurant : oui Heures d’ouverture bar : 12h / 20h

Présence de logements pour les résidences : non Nbre de couverts / jour : 50 à 100

Présence de logements de fonction : non

Des

crip

tio

n d

es e

spac

es d

e tr

avai

l

L’association, loi de 1901, créée le 31décembre 1998, est installée dans lebâtiment de l’ancien comité des usinesValéo, que l’entreprise a quittées en 1991.La ville de Saint-Ouen a racheté le bâtimenten mai 1999. Les travaux de mise aux normes ont durétoute l’année 2000, permettant uneouverture publique le 27 janvier 2001.

Compagnie Ixkizit Joël Borges Compagnie Faim de siècle Label RectangleSynesthésieCassandre / Horschamp

Structures associées - 2e cercle

Batik International April-NTIC-France-Afrique -Anfa

Structures associées - 3e cercle

Notice Mains d’Œuvres

Page 109: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Mains d’ŒuvresVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Disciplines représentéesDisciplines Résidences Pratiques Diffusion Résidences Pratiques Diffusion

Théâtre - *** - Cirque - - -

Arts plastiques **** **** ** Ciné - Audio *** *** ***

Ecritures - - - Radios / Tvs - - -

Patrimoine ** - - Danses ***** ***** ***

Presse *** - - Arts de la rue - - -

Musiques ***** ***** ***** Modes - - -

Multimédia ***** ***** ***** Solidarité, citoyenneté ***** ***** *****

Résidences artistiques :Courtes (moins de 3 mois) non Nbre par an : -

Moyennes (entre 3 mois et 3 ans) oui Nbre par an : 30

Longues (plus de trois ans) non Nbre par an : -

Pratiques artistiquesPratiques artistiques Nbre d’ateliers différents Nbre par an Quantité de public

Ateliers de formation réguliers 2 prévision 2 environ 15/atelier

Ateliers de formation spécialisés 2 prévision 2 environ 15/atelier

Mise à disposition de locaux PA - -

Spectacles professionnels avec amateurs en préparation pour 2002

DiffusionDiffusion Nbre de jours Quantité Jauge basse Jauge haute

Spectacles et expositions en diffusion simple 150 100 50 150

Créations et expositions originales 50 20 50 500

Ouverture des processus de création aux publics encore inconnu

Conférences, rencontres 30 20 100 -

Les

acti

vité

s et

leu

rs p

ub

lics

PartenariatPrincipaux partenaires associatifs hors résidentscentres du réseau TEH / AutrespART / La CaserneAlliance pour un monde responsable et solidaire

Affiliation à des RéseauxTrans Europe Halles, ECM (Espace culture multimédia)

Eléments budgétaires :Nombre de personnes salariées par l’opérateur : 24 (à ce jour)Nombre de personnes salariées sur le site 60Masse salariale 1 MF

Budget de l’opérateur principal 1,5 MFChiffre d’affaires consolidé du site 7,2 MF

Les mots clefsTerritoires Artistiques Economiques PolitiquesProximité Croisement Solidarité Participation à la vieEchanges Décloisonnement Echanges équitables de la villeAccessibilité Recherche Ressources propres Connaissance

Expérimentation Economie croisée des enjeux politiquesCréation humaines et sociales Implication dans la villeParticipation et reconnaissance desCitoyenneté valeurs dans la politiqueet recherche sociétale de proximité

Principaux partenaires financiersMinistère de la Culture et de la Communication

Conseil général de Seine-Saint-Denis

Conseil régional d’Ile-de-France

Ville de Saint-Ouen

Caisse des dépôts et consignations

Partenaires pour l’investissement Fondation de France

Fondation France active

Fondation Agir pour l’Emploi

Fondation Macif

Notice Mains d’Œuvres

Page 110: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Note budgétaire

Pour Mains d’Œuvres, quatre structures budgétaires ont été appréhendées. Celle deMains d’Oeuvres, d’Usines éphémères, de Teh, d’Europe 99 et de Vecam. Ne sont doncpas pris en compte les différentes structures artistiques (compagnies professionnelles),les autres associations de la pépinière, ni les médias qui représentent au moins autantde poids financier que les structures consolidées.

Le consolidé 2000 du site fait apparaître un budget de 7,1 MF répartis en Mainsd’œuvres pour 1,5 MF, Usines éphémères pour 0,75 MF, Teh pour 1 MF, Europe 99 pour0,65 MF et Vecam pour 3,2 MF. Le prévisionnel 2001 est positionné à 8,3 MF quis’explique notamment par la mise en activité du site (passage de 1,5 à 6 MF pourMains d’Œuvres). En effet, l’exercice 2000 n’est pas tout à fait significatif, puisque pourl’association Mains d’œuvres la principale activité a été la rénovation du bâtiment. Parailleurs pour 2001, seul le budget de Mains d’Œuvres nous a été communiqué. Nousavons donc décidé à partir des informations recueillies de remplir tous les budgets enreconduction sauf lorsque nous avions des informations contraires afin d’utiliser lesdonnées du site dans l’approche consolidée. Cependant contrairement aux autressites, nous mènerons l’analyse sur le seul prévisionnel de Mains d’Œuvres pour 2001.

ProduitsLes recettes propres représentent 46 % du budget de l’association et sont composéesde locations et de recettes de restauration et de bar (15 % chacun du total desproduits), et de produits de billetterie et prestations diverses.Les aides publiques sont celles du ministère de la Culture (900 KF soit 15 %), d’autresministères (340 KF soit 6 %), des aides à l’emploi (600 KF soit 10 %), du département(600 KF 10 %).A ces produits s’ajoutent des partenariats divers (fondations) pour 800 KF soit 13 %.

ChargesLe lieu est pris en charge par la Ville, l’association assumant les fluides (320 KF),l’entretien et les assurances. Les charges artistiques identifiées correspondent à 1,3 MF soit 22 % du budget.

Les charges de personnels sont prévisionnées à hauteur de 3,5 MF soit 58 % dubudget. Elles sont couvertes par 600 KF d’aides à l’emploi (taux de couverture de 17%).

InvestissementLe site acheté par la Ville a coûté 20,4 MF. C’est sur cette base que le prix du loyer estcalculé (875 KF). Tous les investissements ont été portés par l’association qui a étémaître d’ouvrage et maître d’œuvre pour un montant de 3,8 MF HT couverts par 2,5MF de subventions (900 KF Ministère de la Culture, 600 KF de la région, 560 KF duconseil général, 400 KF fondations) et 1,3 MF d’emprunts ayant bénéficiés d’unecaution de la Ville auprès de la Bfcc. Le plan d’équipement 2001 est de 2,6 MF.

Mains d’ŒuvresVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Références documentaires

Site (Europe 99)www.quelle-europe.org

RapportsRapports des 49es rencontreseuropéennes de Trans Europe Halles

LivresLes Fabriques, lieux imprévus,auteur Trans Europe Halles

Documents de communicationRevue de presseDossier de presseSite Internet

Page 111: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Mains d’ŒuvresVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Mains d’ŒuvresBudget consolidé du site

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 112: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Mains d’ŒuvresVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001- Mains d’ŒuvresBudget LE LIEU MAINS D’ŒUVRES

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 113: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Mains d’ŒuvresVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Mains d’ŒuvresBudget USINES EPHEMERE

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 114: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Mains d’ŒuvresVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001- Mains d’ŒuvresBudget TRANS EUROPE HALLES

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 115: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Mains d’ŒuvresVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Mains d’ŒuvresBudget EUROPE 99

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 116: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Mains d’ŒuvresVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001- Mains d’ŒuvresBudget VECAM

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 117: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

es friches Myris ont tout d’abordété occupées en 1995 par les sans-

papiers toulousains, qui ont trouvé,dans cette ancienne usine dechaussures, un squat leur offrant un abride fortune. Ce lieu ayant été investi pardes artistes quelque temps plus tard,une synergie naîtra entre les différentssquatters, et un travail communpermettra de structurer un espace derencontres ouvert, qui depuis cinq anslutte pour son maintien.

Mix Art MyrisVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

L

TOULOUSEMIDI-PYRENEES

Personnes rencontrées :Joël Lecussan, coordinateurM. Puel, adjoint à la Culture, ville de Toulouse

C O UA C

Mix Art Myris est une marmite bouillonnantede pratiques artistiques et d’expérimen-tations sociales, dans laquelle le principe desolidarité permet une sociabilisationd’artistes souvent confrontés à des situationsde précarité préoccupantes.

Page 118: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La friche Myris n’abritera bientôt plusles artistes du collectif. Fidèles à leurparole, ils quitteront prochainement leslieux, le propriétaire ayant décidé devendre la dernièrepartie du site quiétait encoreoccupée. Lesartistes cherchentaujourd’hui un nouveau point d’ancrage,une base qui pourrait permettre laconsolidation du projet et son dévelop-pement. Souvent cette recherche doitêtre illégale, car malgré les discours, lesinstitutions ne parviennent pas àtrouver ces quelques milliers de m2,dans une ville “victime” d’une pressionfoncière importante. Alors,d’occupation en occupation, les associésde Mix Art Myris, l’association créée en1997, continuent de faire l’actualité dela préfecture et de la mairie, et de larubrique “société” de Sud-Ouest.

Principes

Durant ces cinq ans d’existence, MixArt Myris a été fondé sur un travaild’appropriation dulieu par sesutilisateurs, artisteset publics. “Nousavons besoin delieux, prenons-les,animons-les”, seraitla devise de cetravail collectif danslequel la responsa-b i l i s a t i o nindividuelle est un élément fondamentaldu projet politique. “Il n’y a jamais eu desélection pour participer. Nous enavons marre des critères qui ne serventqu’à te dire que tu n’es pas ci et pas ça.A Mix Art Myris, la démarche estempirique et la nature des individus estaussi importante que la qualité dutravail artistique. Cette absence de

critères pose bien sûr de nombreuxproblèmes avec la Drac, qui ne raisonnequ’en termes d’excellence. Quelle quesoit la qualité des œuvres que nousprésentons ici, nous savons que

nous répondons àun besoin, unedemande , uneurgence. La questionn’est pas de mettre

en doute l’utilité des grands templesculturels, alors pourquoi doit-ontoujours justifier la nature du travailmené ici, une manière différented'appréhender l'élargissement despublics1?”Mix Art Myris est une marmitebouillonnante de pratiques artistiqueset d’expérimentations sociales, danslaquelle le principe de solidarité permetune sociabilisation d’artistes souventconfrontés à des situations de précaritépréoccupantes. La seule sélection pratiquée à Mix Artest celle de “la volonté de faire”, car lemaintien du lieu nécessite unengagement et une v ig i lancepermanent. Cette seule sélection resteune garantie de la vitalité et de la qualité

du collectif.L’interdisciplinaritéet le mélange deprofessionnels etd ’ a m a t e u r sp e r m e t t e n tégalement unegrande ouverturedu projet en jouant“les collaborationsentre ces aléatoires”.

Pour la plupart des artistes résidant surle site, l’expérience de Mix Art offre “lapossibilité du temps et de la remise encause”, indispensable à leur parcours desocialisation ou de professionnalisationsuivant les cas. Cette absence dedéterminisme professionnel transformeprofondément le rapport entre lesrésidents, mais également le rapport

Mix Art MyrisVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

“La pérennité du projet reposesur la capacité de transmissiondes compétences acquises parchacun”.

“Ici, j’ai pu rencontrer les gensqui avaient les mêmes doutes, lesmêmes pratiques que moi. Jen’étais pas sorti de chez moidepuis deux ans quand j’ai mis lespieds à Myris. J’habitais lequartier, j’ai découvert un lieu oùje pouvais exister, venir m’aaguerri et un peu guéri aussi.Avant d’aider les autres on s’aidesoi même2.”

1- Joël Lecussan était assistant réalisateur. Venuproposer à Toulouse un spectacle sur Boris Vian, il vadécouvrir Mix Art Myris et multiplier les voyages entreParis et Toulouse, jusqu’à son installation en 1999 à Toulouse.

2- Un jeune plasticien de 25 ans rencontré durant la visite.

3-4-5-6- Joël Lecussan - Entretien - novembre 2000.

Page 119: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

avec le public qui fréquentait le site.Avant la construction des logementsqui ont pris la place de la plus grandepartie de la friche, Mix Art était ungigantesque atelier. “Il y avait jusqu’à120 personnes travaillant quotidien-nement sur des projets et des profes-sionnels pouvaient trouver facilementdes conditions de travail précaires maissuffisantes. Il y avait du cirque, duthéâtre de rue, de quoi héberger lesgens et étaient proposées égalementdes rencontres avec le public. Dans ledernier bâtiment occupé, nous avonsprivilégié le rapport aux publics afin demaintenir notre visibilité. Même siquelques ateliers perdurent, c’est déjàun projet amputé3.”

Un travail sur le quartier

“Dans un premier temps, le site deMyris a été perçu par les habitants duquartier comme un“repaire”. Il a fallumener un travailavec les gens duquartier pourdémystifier ce quenous faisions et qui nous étions. Il y avaitune certaine frilosité et en mêmetemps une curiosité qui a permis detisser les premiers liens. En fait nousavions les mêmes soucis et les mêmesproblèmes à régler quant à unecertaine délinquance dans le quartier.Avec la réouverture du passagepiétonnier qui traversait le site, nousavons permis une animation plus fortede notre rue intérieure. Cela facilitait lavie des gens qui n’avaient plus àcontourner plusieurs pâtés de maisons.Cette activité a limité les trafics illégauxqui trouvaient là un no man’s landapproprié. Ensuite nous avons intensifiéces liens, en accueillant dans le site lesenfants, en organisant avec les centresaérés le carnaval. Toutes ces actions ontpermis une intégration au voisinage qui

a vite compris que notre occupationétait plus propice à leur bien-êtrequ’une friche inhabitée4.”

Organisation

Mix Art Myris fonctionne sur le principede l’autogestion. Chaque artiste doitfaire vivre le lieu et ne pas être unsimple consommateur des servicesapportés par l’association. Dans ce lieu,une équipe d’encadrement bénévole apeu à peu pris forme avec uncoordinateur, un régisseur, un régisseuradjoint, un médiateur et un responsablede la vie associative, qui travaillent avecle bureau de l’association. Dans cesystème d’organisation, la pérennité duprojet repose sur la capacité detransmission des compétences acquisespar chacun, afin que la mobilité desartistes qui s’impliquent dans la vieassociative ne mette pas en péril à

chaque départl’ensemble d’undispositif qui restefragile. “Entretenirla responsabili-sation permanente

des résidents et des publics demandeune énergie considérable. Il faut sanscesse trouver les leviers qui favoriserontles rencontres et les croisements.Même si ça fonctionne sur l’investis-sement des uns et des autres, pour moic’est du bénévolat à temps plein depuisdeux ans. Il y a une nécessité decoordination qui n’infantilise pas lesartistes mais qui répartit les tâches,régule sans cesse la dynamique5.”

Une histoire occupée

Mix Art a, par sa dynamique, soulevétoute une série de questions politiquesquant à l’évolution urbaine d’une citéimportante confrontée à un projetculturel de nature alternative. Danscette ville, où le mouvement associatif

se distingue et où le succès artistiquede certains groupes propose un autremodèle de construction de carrière,l’expérience Myris se retrouve au cœurdes problématiques culturelles.Pourtant, le rapport entretenu auxinstitutions est extrêmement distant,car “l’incontrôlabilité du groupe” atoujours inquiété les édiles de la ville. Lapremière table ronde avec lesinstitutions aura lieu en 1998 et auracomme ordre du jour principal lapossibilité de préemption par la Ville,des anciens bâtiments Myris. En fait lesite (3 800 m2) a déjà été vendu pourune valeur de 4 MF par le propriétaireà un promoteur immobilier pour unprogramme de logement, excluantdonc le maintien in situ de l’activitéassociative. Dès lors l’équipe de MixArt se mobilisera afin de trouver unnouvel espace et se repliera sur moinsde 1000 m2 concédés par lepropriétaire.En avril 1999, le collectif occuperadurant 3 semaines des locaux de l’Ensatet organisera 3 jours de portesouvertes qui draineront 5000personnes, confirmant le soutien réeld’une partie de la population à leuraction et la mobilisation des forcespolitiques de gauche.

En avril 2000, une nouvelle occupationles amènera à prendre possessiondurant quelques jours de locaux municipaux de l’avenue duChâteau-d’Eau, signifiant ainsil’existence de locaux vides propriétémunicipale. En avril 2000 une deuxièmetable ronde avec D. Baudis, maire de laville, et M. Lagrange, Drac, permettral’élaboration d’une déclaration deprincipe garantissant au collectif “undroit au relogement ”. L’accord est basésur le financement par les collectivitéspubliques d’une location foncière de5000 m2. Aucun lieu ne sera trouvépour reloger les activités. En janvier

Mix Art MyrisVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

“Ce qui comptait pour nousc’était de continuer à entretenirle dialogue, pour bien exprimerla justice de notre action malgréson illégalité6.”

Page 120: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Mix Art MyrisVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

7- Sont venus les rejoindre Utopia (cinéma art et essai),La Grainerie, Pluriel Guernica, le Collectif des arts ducirque…

2001, Mix Art doit quitter le dernierlocal du site Myris et se lance dans unenouvelle occupation, à quelques moisdes élections municipales. Le 19 janvier2001, après avoir averti, deux semainesauparavant, les autorités publiques quefaute d'un local rapidement trouvé, uneoccupation serait entreprise, l'équipe deMyris investit l'ancienne préfecture, ruede Metz, en plein centre ville.

Les possibles implan-tations et réseaux

Réimplanter Mix Art signifie la prise encompte d’un projet en développementqui doit pouvoir s’établir quelquesannées dans un site, pour consoliderson dispositif et nouer des collaborationsfertiles, notammentsur le terrain de“ l ’ e x i g e n c eartistique”. Depuisplusieurs mois, MixArt Myris ouvreson conseil à des personnalitésextérieures qui pourront faireprogresser la réflexion sur le projet, lesoutenir et le remettre en question. Uncollectif est né visant à donner unelégitimité plus grande aux mouvementsassociatifs toulousains qui souffrentd’une inconsidération institutionnelle.Samba Résille, Federcie, Takticollectif,Motivés font partie de ces forces vivesqui tentent de proposer d’autres formesd’organisations démocratiques etconsultatives. Après une période deréflexion et de reconnaissance desspécificités de chacun, le collectif s'estformalisé et élargi7 sous la forme duCouac, Collectif urgence desassociations culturelles. L’une des pistesexplorées par le collectif est deprocéder à un regroupement associatifqui crédibiliserait la revendication d’unespace, avec des compagnies commeAccrostiche ou Vis à Vis, avec SambaRésille et la Federcies Midi-Pyrénées. Il

est également envisagé un rappro-chement qui pourrait fédérer desassociations de la société civile (Ras lefront, le Dal, Act Up). L'occupation de lapréfecture à contribué à catalyser cettedynamique fédérative. Le Couacparticipe à l'occupation de la préfecture,il a son bureau dans le bâtiment et s'yréunit chaque semaine, d'autresstructures du collectif y sont installées,Samba Résille, Federcie. Le Couac aorganisé la mascarade carnavalesque enmars, participé en avril à une réflexionautour de la problématique de diffusiondes compagnies des arts du cirque quiont installé leur chapiteau (interdit àToulouse) dans un quartierpériphérique. Un cahier d'exigence entermes de politique culturelle, alimenté

par les réflexionsdes acteursculturels et desspectateurs a étérédigé par le Couacen vue d'être

confronté aux pouvoirs publics, collec-tivités territoriales et Etat. Le soutien deZebda et des Motivés s'est manifestépar l'organisation, aux premiers jours del'occupation, d'une conférence depresse à l'occasion de la venue deDieudonné à Toulouse. La demanded'atelier par des compagnies,associations ou artistes indépendantsest telle qu'aujourd'hui trois étages debureaux sont occupés, soit 450personnes en résidence permanente ouen roulement (salle de répétition, sallede réunion, et autres espaces de travailcollectifs). Vide depuis un an, la préfecture estpropriété du rectorat qui envisageait d'yinstaller ses archives mais, vu le coût destravaux de réfection, semblait avoirabandonné le projet. Le rectorat aassigné Mix Art Myris au tribunal. Cettedemande fut levée par la préfecture quia établi une demande d'assignation enson nom propre et qui gère ainsi elle-

“La politique de la ville se limiteà un projet immobilier visant àaccroître les ressources en taxesd’habitations”.

Page 121: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Mix Art MyrisVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

même les négociations avec lesoccupants. Par sa situation centrale etses capacités d'accueil, le bâtimentcorrespond aux attentes de Mix ArtMyris, qui fait de la localisation encentre ville une exigence (conforté parle succès de cette dernière occupation)de son relogement, mais le coût del'immobilier (entre autres) rend peuprobable une installation pérenne. Il estdonc vécu par les occupants commeune solution transitoire, qui pourraits'étaler sur un an ou deux ans, enattendant l'attribution d'un site en état. Plusieurs sites semblent aujourd’huipouvoir être étudiés pour accueillir cesactivités, au titre desquels deux sontparticulièrement intéressants, le site deGiat industrie (avec une architectureintéressante, sur lequel existe un projetde centre commercial et de logements)et celui de la caserne Niel, sur lequel unprojet de Zac été élaboré.

Page 122: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Mix Art MyrisVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Ville : ToulouseNom du quartier : rue de MetzNbre d’habitants : 550 000Situation : Centre

Région : Midi-PyrénéesNbre d’habitants : -

Nom du site : Ancienne préfectureNom de l’opérateur : Mix Art MyrisDate de création : 1999 Date d’ouverture : 13 janvier 2001Président : Nathalie DahonDirecteur : coordinateur : Joël LécussanAdresse : 31/33, rue de Metz 31000 Toulouse

Tél : 06 75 39 38 72Opérateur associé : Couac Date de création : avril 2000

La s

itu

atio

nL’

iden

tité

Repères chronologiques

COUAC composé de :Fédercie, TactikollectifSmaba Résille, La Série, TV Bruit, L’Usine, La Grainerie,Collectif des arts du cirque de l’agglomération toulousaine…

Structures associées - 1er cercle

Les structuresprésentes sur le site

Propriétaire du bâtiment : EtatType d’occupation : illégale et légitime Durée : depuis le 19 janvier 2001Précédente affectation : préfectureSurfaces construites : 8 000 m2 Surfaces de terrain : 8 000 m2

Surfaces des bâtiments exploités : 7000 m2

Lieu

Espaces de diffusions

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

Rez-de-chaussée exposition/installation 900 m2 1 500

Sous-sol événements pluridisciplinaires 250 m2 -

Espaces de résidences et de pratiques

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

Espaces mutualisés toutes disciplines, 6 000 m2 550pour le spectacle vivant, en mouvement constantlabo photo, studio de prisede vue, studio musical,atelier individuel, ou petitscollectifs de 12 à 40 m2

Espaces administratifsUn bureau administratif, un bureau régie

Présence d’un bar : oui Heures d’ouverture : 9h/20h tous les jours bar : soir

Présence d’un restaurant : oui Nbre de couverts / jour : hors événement de 20 à 30

Présence de logements pour les résidences : oui événement 100 à 200

Présence de logements de fonction : non

Des

crip

tio

n d

es e

spac

es d

e tr

avai

l

1995 Occupation Myrys par un grouped'artistes

1997 Création de l'association Mix'Art Myrys1999 Occupationde l'ENSAT suite à la vente

de l'usine Myrys - Création du COUACav. 2000 Occupation du Château d'Eau

municipal. ja. 2001 Après 6 ans de tentatives de

négociation avec les pouvoirs publics,et sans locaux, Mix'Art occupel'ancienne sous-préfecture

Editim Key LargoKostecEd sérigraphie,Ed.Musicale Mix’Art

Structures associées - 2ème cercle

Gelem (gays et lesbiennes en mouvement),Toctoc (carnaval)Toulouse capital de l’OccitanieLe Clandé (débat citoyen)Motivés l’asso…

Structures associées - 3ème cercle

Notice Mix Art Myris

Page 123: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Mix Art MyrisVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Disciplines représentéesDisciplines Résidences Pratiques Diffusion Résidences Pratiques Diffusion

Théâtre ** ** ** Cirque ** ** **

Arts plastiques *** *** *** Ciné - Audio - * *

Ecritures - - - Radios / Tvs - * -

Patrimoine - * - Danses ** ** **

Presse - - - Arts de la rue ** ** **

Musiques ** ** ** Modes - - -

Multimédia - - - Solidarité, citoyenneté a tous les instants

Résidences artistiques :Courtes (moins de 3 mois) oui Nbre par an : se définira à partir d’une solution

Moyennes (entre 3 mois et 3 ans) oui Nbre par an : pérenne

Longues (plus de trois ans) - Nbre par an : -

Pratiques artistiquesPratiques artistiques Nbre d’ateliers différents Nbre par an Quantité de public

Ateliers de formation réguliers 10 - -

Ateliers de formation spécialisés - - -

Mise à disposition de locaux 10 - -

Spectacles professionnels avec amateurs - - -

DiffusionDiffusion Nbre de jours Quantité Jauge basse Jauge haute

Spectacles et expositions en diffusion simple spectacle 1 fois par semaine

expo Renouvelée selon les espaces tous les 15j ou tous les mois

Créations et expositions originales S’intègre dans les événements hebdomadaires ou en plus

Ouverture des processus de création aux publics Selon participants actifs sur le site

Conférences, rencontres Selon participants actifs sur le site

Les

acti

vité

s et

leu

rs p

ub

lics

PartenariatPrincipaux partenaires associatifs hors résidentsTakticollectif, Grainerie, CCA Terre Blanque, TV Bruits, Guernica,… Rivoli (Paris),

Schlimmen Strabe(Allemagne), La Garriga (Espagne), Geber Strabe (Wemach, Allemagne),

Château Kromsdorf (Wemach, Allemagne)

Affiliation à des réseauxInformels et multiples

Eléments budgétaires :Nombre de personnes salariées par l’opérateur : 1, 3 à venir, 6 en perspective

Nombre de personnes salariées sur le site : -Masse salariale : -

Budget de l’opérateur principal : le cas particulier de l’opération ne permet

Chiffre d’affaires consolidé du site : d’avancer des chiffres significatifs

Les mots clefsTerritoires Artistiques Economiques PolitiquesProximité centre ville Pluri et interdisciplinaire Utilité publique Citoyennes

Sans critère esthétique Argent publicSans niveau de compétence Participation financière autonome

Principaux partenaires financiers :DDAT

Partenaires pour l’investissement -

Notice Mix Art Myris

Page 124: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Note budgétaire

L’association Mix Art Myris n’est actuellement qu’une structure économiqueembryonnaire. Seuls 100 KF de subventions ont été obtenus sur intervention politiqueau profit de l’association l’année dernière, et les postes envisagés en emplois aidés nesont pas ouverts. Seules les recettes d’adhésion sont conséquentes et supérieures à cequi avait été imaginé ainsi que les recettes événementielles qui dégagent un bénéficemensuel de 4 000 F par mois. Le budget associatif pourrait évoluer rapidement si unesolution était trouvée pour le lieu. Les projections faites font alors état d’un budget de1,3 MF, couvert à moitié par les subventions, et pour l’autre moitié, par les produits del’activité. Quatre postes seraient ouverts en emplois aidés.

InvestissementPour l’investissement, dans l’hypothèse d’un achat, il faudrait penser un coût d’acqui-sition qui varie considérablement en fonction du prix du m2 et de la taille du lieu. Lesprojections vont de 2,5 MF à 40 MF. Pour l’aménagement du lieu, une base de 1500F/m2 a été retenue (sans connaître le lieu), soit entre 7,5 et 15 MF. Pour le site occupé actuellement, une ancienne préfecture, le coût se situerait en casde consolidation du squat dans la fourchette haute.

Mix Art MyrisVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Références documentaires

Documents de communicationrevue de presse, dossier de presse

Page 125: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

a compagnie Jo Bithume est l’unedes compagnies qui compte dans le

paysage des arts de la rue. Son travaildiffusé en France et en Europe a permisà la compagnie de se consolider aucours des dernières années enorganisant au service de la troupe uneéquipe de production. Créée en 1982 à

Angers, la compagnieJo Bithume regroupeaujourd’hui, autour d’unnoyau artistique de 15

personnes et d’une équipe de 7 adminis-tratifs, une quarantaine d’artistes, comédiens,acrobates, musiciens, performeurs… “Lacompagnie revendiquait depuis plusieursannées une implantation dans la ville,mais nous ne souhaitions pas êtreobligés de nouer un rapport institu-

La PaperieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

L

ANGERSPAYS DE LOIRE

Personnes rencontrées :Jean ChamailletMaryvonne FleuryGroupe ZUR

“A Angers nous savons maintenantce qu’est capable de générer unecompagnie.”

groupe ZUR

Page 126: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

tionnel à la municipalité. Notre ancragelocal n’était pas lisible, il y avait uncertain désintérêt et surtout uneméconnaissance de notre actionpuisque la nature de notre activité nousexporte hors de la région plusieursmois par an. A partir de 1992, nousavons tenté d’investir la ville enorganisant des événements. Duranttrois ans, nous avons produit un festivalsous chapiteau qui s’appelait“Décembre l’escalier”, puis nous avonsutilisé les locaux du Nouveau Théâtred’Angers pour les activités de l’école decirque, mais je crois que c’est avec lecentenaire du Belém1, que nous avonsréellement établi notre notoriété2.” LaCompagnie Jo Bithume, qui est àl’origine une compagnie circassienne,était de plus, très attachée à sonnomadisme et à sa vie en caravane.L’idée de la sédentarisation, par uneimplantation, s’est peu à peu imposéecomme étant une nécessité profes-sionnelle qui permettrait à lacompagnie de mieux gérer ses activitéset de bénéficier de meilleuresconditions de production. C’est en1997 que les premières caravanes de JoBithume s’installent sur la Paperie, àSaint-Barthélemy-d’Anjou.

D’une démarche decompagnie à la créationd’un lieu de fabrique

La démarche de la compagnie reposesur l’intervention dans la rue d’artistes,proposant un travail de création,mobilisant parfois des moyensscénographiques importants et visant àtransformer “l’état des lieux” afin derencontrer le public autour “d’unehistoire, d’un moment de théâtre, d’untemps de rêves et d’émotionspartagées”. La compagnie s’est donnéplusieurs missions, avec la création et ladiffusion de spectacles, la formation auxarts du cirque et de la rue, la créationet l’organisation de manifestationsculturelles, l’animation d’un lieu defabrique ouvert aux autres compagnies.“Avant de décider que le lieu seraitattribué à Bithume, l’élu à la culture aété tenté de dédier la Paperie à un pôlethéâtral. Nous ne voulions pas departage car d’expérience nous savionsque la cohabitation entre des structurestrop différentes est impossible. Parcontre la demande existante sur Angerset en France en termes de mise àdisposition d’espaces étant forte, nousavons réinvesti ce principe de lieu defabrique et proposé d’intégrer à notre

projet personnel la thématique del’accueil d’autres compagnies. On adonc pensé le lieu afin que cettecapacité d’accueil soit possible, etqu’elle puisse se faire sans gêner letravail quotidien de la compagnie.”

Les principes de l’accueil

Après une première phase de refussystématique à toutes les demandesd’utilisation d’espaces, la compagnie aforgé les principes selon lesquelsl’accueil pourrait se faire. La priorité demise à disposition va donc desdemandes formulées pour les besoinsde création de la compagnie elle-même, aux besoins de création desautres compagnies de rue, auxdemandes de compagnies souhaitantmener un travail en extérieur et enfinaux compagnies souhaitant mener laglobalité du processus de création à laPaperie. Le choix de l’accueil restesubjectif et du ressort du collectif, et ladurée des résidences évaluée aurapport des besoins de chaque groupeet de la disponibilité des espaces.L’accueil en résidence concerneaujourd’hui essentiellement la mise àdisposition des espaces et des fluides,mais le souhait de la compagnie3 est depouvoir offrir dans les mois à venir un

La PaperieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

1- Navire école2- Jean Chamaillet - Entretien - novembre 2000.

3- Cette réflexion sur l’évolution des conditions dusoutien apporté aux compagnies par la fabriques’inscrit dans le travail actuellement mené par lafédération des arts de la rue. Cf fiche sur lesFabriques des Arts de la Rue.

4- Jo Bithume, “Genése du lieu Bithume”,document Paperie.

Le lieuLa Paperie est un ensemble immobilier situé à Saint-Barthélemy-d’Anjou en bordurede la Ville d’Angers. Cet ancien site ardoisier exploité depuis le XVIème siécle, estaujourd’hui désaffecté. Ce site minier est devenu récemment “site classé” dupatrimoine industriel. Les bâtiments représentent une surface de 3 000 m2 sur 2,5hectares de terrain. Le site est organisé autour de grands espaces libres, en un villagecaravane, un hangar de stockage, un ensemble de bureaux administratifs, un localcantine, l’école de cirque, un studio de musique, une salle de coupe et de confectionde costumes, une salle de répétition (240m2), un local de construction de décor, unegrande salle de répétition, dite salle rue, de 900 m2 avec 8,5 m de haut. A cetensemble s’ajoute un atelier indépendant de 200 m2. Le site acquis par la Villed’Angers en 1996 est attribué à la Compagnie qui installe ses caravanes en février1997 après quelques travaux de viabilisation (assainissement, bornes électriques…) etd’aménagement d’un local de travail de 400 m2 hors du bâtiment principal. Aprèslibération totale des bâtiments en août 1997 et conception du programme de réhabi-litation, les travaux débutent en juillet 1998. Une première tranche est livrée à Noël dela même année pour l’école de cirque et la seconde tranche sera livrée en avril 1999.”Le lieu se veut flexible et polyvalent, privilégiant des espaces très modulables à desaménagements très, donc trop, spécifiques pour permettre un maximum de créations4.”

Page 127: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

soutien plus important qui pourraitprendre la forme d’une prise en chargedes défraiements et d’un apport en coproduction. Dans l’évolution du projet, la compagnie pose commeambition une interrelation, la plusdynamique possible, entre lesdifférentes missions du projet. “Noussouhaitons proposer un accueil àgéométrie variable, afin de pouvoiroffrir un espace disponible à unecompagnie qui en manque, mais aussiafin de pouvoir soutenir des projets decréation qui apparaîtront commeporteurs d’une véritable dimensionartistique.” C’est autour de chaquecompagnie accueillie que pourrait sefaire un accompagnement adapté quimobiliserait en premier lieu lesressources du site, et faciliterait lespasserelles avec le centre de formation,la programmation dans les événementsproduits par Bithume ou les autrescompétences disponibles sur le site.

L’organisation

Jo Bithume est une compagniefonctionnant en collectif, et un systèmede cooptation interne déterminechaque année 6 personnes qui partici-peront au “politbureau”. C’est danscette instance que se joue la directionde la compagnie en termes depédagogie, de direction artistique desévénements et de création et d’accueilau sein de la fabrique.

La compagnie dans la ville

Avec la programmation du festival “LesAccroche-Cœurs”, commandée par lamunicipalité, la compagnie a retrouvéun contact direct avec la populationangevine. Cet événement qui mobilisefortement le public de l’agglomération apermis à la compagnie de dépasser leseul lien maintenu avec le centre deformation pour le renforcer parl’échange autour d’une manifestationpopulaire. La Paperie est aujourd’hui un

autre aspect de cette dynamique avecle public, car depuis l’ouvertureinaugurale le lieu est devenue uneplate-forme ouverte sur les présen-tations de travaux en cours, lesrépétitions publiques ou encore lesgalas de l’école.

L’école de cirque

L’école de cirque abritée au sein de laPaperie a été initiée par la compagniequi a ressenti, au début des années 90,la nécessité de transmission de sessavoir-faire. En 1996, trois classesd’initiation sont ouvertes pour un publicde 8 à 15 ans, puis au fur et à mesuredes propositions, le centre a accueilliplus d’élèves diversifiant aussi lesrecrutements. Aujourd’hui ce sont prèsde 240 élèves qui pratiquent réguliè-rement (2heures par semaine), au seindu centre, une activité payante, indexéesur le quotient familial. Les stagiairesaccédant sur leur temps libre au centresont plutôt originaires de classesmoyennes, mais un dispositif departenariat se met en place afin d’élargirl’accessibilité aux stages par le biais dumilieu scolaire, hospitalier ou encorepar celui de la justice. La nature desformations évolue également et lecentre accueille de plus en plus deprofessionnels pour des stages de hautniveau ou des amateurs éclairéssouhaitant préparer l’une des écolesnationales. Au sein du centre, l’équipepédagogique constituée essentiellementd’intervenants ne participant pas autravail de création de la compagnie,tente de multiplier les moments derencontres et les frottements entre lesdifférents groupes. Récemment, unesollicitation de la ville de Saint-Barthélemy s’est concrétisée en uneproposition qui a permis l’interventiondans toute la ville des travauxd’amateurs préparés dans le centre.Toutes activités confondues, près de900 personnes par an fréquentent lecentre de formation.

La PaperieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Page 128: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La PaperieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Le Groupe ZurBien qu’originaires d’Angers et bien qu’issus de l’Ecole d’art, les membres du GroupeZur durent attendre près de dix ans pour trouver dans leur ville les moyens detravailler. “Lorsque nous sommes sortis de l’école en 1987, nous avons souhaité êtreautonomes pour pouvoir garder notre liberté de création. Notre travail a ensuite étérepéré à l’extérieur, dans des festivals ce qui nous a permis de continuer ensemblemalgré la difficulté de conciliation de nos parcours personnels. Nous avons rencontréBithume, sur des problématiques graphiques, nous avons alors travaillé pour eux et àl’occasion de ces collaborations nous avons échangé sur nos besoins, nos problèmescommuns. A l’origine, nous avions déposé un dossier commun pour l’obtention d’unlieu, mais un jour, les services techniques de la Ville se sont inquiétés des conditionsde sécurité dans lesquelles nous travaillions. Alors pragmatiquement, Bithume estdevenu le seul interlocuteur de la ville, avec une garantie d’accueil pour nos activités,le jour où tout serait réglé.” Pour Zur, la Paperie est devenue la base indispensable aumaintien du groupe. Un administrateur a été recruté, le stockage des installations desprécédentes créations est assuré et surtout, l’expérimentation pour les projets à venirpeut se faire de façon continue sans une obligation de rentabilité, comme dans leursprécédentes résidences. “C’est très positif de réunir des compagnies, car elles peuventéchanger sur du concret et construire une relation qui peut les amener à collaborerartistiquement par la suite. Ici, Bithume nous aide aussi à exister dans la ville, et ilsnous ont ouvert des portes que nous ne parvenions pas à ouvrir seul. Ce lieu a été uneaubaine car sans nous couper de notre petit réseau de résidences et de diffusion, ilnous ouvre dans notre ville la possibilité de fabriquer décemment, de proposer auxpublics nos premières tentatives et d’accueillir d’autres artistes avec lesquels noussouhaitons collaborer. Et puis, ce lieu nous inspire. L’eau des étangs, cet ancien siteminier est un lieu capable, un lieu de proposition possible.”

5- Maryvonne Fleury - Entretien - novembre 2000

Page 129: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La PaperieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Maryvonne Fleury“Lorsque je suis arrivée en 1991 à la tête du service culturel, j’ai proposé que nousdéveloppions en parallèle du discours sur les institutions, une ouverture surl’émergence culturelle qui était présente dans cette ville, mais qui n’était pasreconnue. Pour Bithume, tout le monde était bien conscient que la relation entre laville et ce groupe autogéré pouvait être plus forte, mais nous nous arrêtions toujours àquelques coups de main en leur prêtant un terrain, ou en leur mettant à disposition legymnase pour leur école. A l’époque, la problématique se posait plus en termesd’implantation de compagnie, qu’en termes de lieu de fabrique. Le déclic est venu, dela commande que nous avons faite à Bithume, à l’occasion de l’inauguration du GrandThéâtre en 1994. Le succès de leur proposition les a tout de suite intégrés à la ville.L’idée de la localisation est venue du maire, qui a proposé lors d’une rencontre avec lacompagnie, une installation en périphérie, sur une usine que la Ville venait deracheter. Nous avons donc mis à disposition le lieu et les fluides, et subventionné lacompagnie (150 KF) et le centre de formation (38KF). Je crois que si nous noussommes engagés dans cette aventure, c’est vraiment grâce à la résonance duspectacle et à la maturité de l’école de cirque. En moins de dix ans, la relation entre laville et la compagnie s’est vraiment développée et je crois que nous pouvons faireconfiance à Bithume pour faire vivre ce lieu. A Angers nous savons maintenant cequ’est capable de générer une compagnie5.”

Page 130: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La PaperieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Ville : AngersNom du quartier : -Nbre d’habitants : 160 000Situation : Périphérie

Région : Pays de LoireNbre d’habitants : 3,223M

Nom du site : La PaperieNom de l’opérateur : Jo BithumeDate de création : 1982 Date d’ouverture : 1999Président : Patrice HoysanDirecteur : Alain TaillardAdresse : rue de la Paperie 49124 Saint-Barthélemy-d’Anjou

Tél : 02 41 66 58 58 Fax : 02 41 66 50 [email protected] site : www.jobithume.com

La s

itu

atio

nL’

iden

tité

Repères chronologiques

Propriétaire du bâtiment : Ville d’AngersType d’occupation : convention de mise à disposition gratuite Durée : triénnalePrécédente affectation : industrielleSurfaces construites : 3 000 m2 Surfaces de terrain : 2,5 haSurfaces des bâtiments exploités : 3 000 m2

Lieu

Espaces de diffusions

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

La paperie théâtre de rue 1 100 m2 500(int) 2000 (ext)

Espaces de résidences et de pratiquesNom Fonction/discipline Surface Jauge

La Paperie Art de la rue 2 500 m2 500(int) 2000 (ext)

Espaces administratifs : 250 m2 de locaux

Présence d’un bar : non Heures d’ouverture : -Présence d’un restaurant : cantine équipée Nbre de couverts / jour : au besoinPrésence de logements pour les résidences : mobil-home (accueil 12 personnes)Présence de logements de fonction : nonD

escr

ipti

on

des

esp

aces

de

trav

ail

1982 Fondation de la Compagnie1996 Ouverture du centre de formation aux

arts du cirque et de la rue1997 Installation provisoire à La Paperie1999 Installation définitive dans les locaux

mis à disposition par la Ville d’Angers

Groupe ZUR

Structures associées - 1er cercle

Les structuresprésentes sur le site

Notice La Paperie

Page 131: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La PaperieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Disciplines représentéesDisciplines Résidences Pratiques Diffusion Résidences Pratiques Diffusion

Théâtre * *** * Cirque ** ***** ***

Arts plastiques - - - Ciné - Audio - - -

Ecritures - * - Radios / Tvs - - -

Patrimoine - - - Danses ** ** **

Presse - - - Arts de la Rue ***** *** *****

Musiques - *** *** Modes - - -

Multimédia - - - Solidarité, citoyenneté - - -

Résidences artistiquesCourtes (moins de 3 mois) oui Nbre par an : 10

Moyennes (entre 3 mois et 3 ans) 0 Nbre par an : -

Longues (plus de trois ans) 1 (ZUR) Nbre par an : -

Pratiques artistiquesPratiques artistiques Nbre d’ateliers différents Nbre par an Quantité de public

Ateliers de formation réguliers 6 180 247

Ateliers de formation spécialisés 18 18 50

Mise à disposition de locaux - - -

Stages 12 19 435

Interventions extérieures 6 14 186

DiffusionDiffusion Nbre de jours Quantité Jauge basse Jauge haute

Spectacles et expositions en diffusion simple 20 3 100 200

Créations et expositions originales 3 1 50 000 70 000

Ouverture des processus de création aux publics 17 3 200 500

Conférences, rencontres - - - -

Les

acti

vité

s et

leu

rs p

ub

lics

PartenariatPrincipaux partenaires associatifs hors résidents-

Affiliation à des réseauxFédération des professionnels des arts de la rue / Fédération française des écoles de cirque

Eléments budgétaires Nombre de personnes salariées par l’opérateur : 17 (équivalent temps plein)Nombre de personnes salariées sur le site : 8 (CDI)Masse salariale : 4 MF

Budget de l’opérateur principal : 10 MFChiffre d’affaires consolidé du site : 10,9 MFw

Les mots clefsTerritoires Artistiques Economiques PolitiquesUrbains Implantation Entreprise de création -Périphérie FormationSite classé Echanges

Principaux partenaires financiers :DracVille d’AngersConseil généralConseil régionalCaisse des dépôts

Partenaires pour l’investissement -

Notice La Paperie

Page 132: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La PaperieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Références documentaires

Documents de communication

Revue de presse Bithume

Jo Bithume, “Genèse du lieuBithume“, document Paperie

Projet école de cirque

Plaquettes des créations

Plaquette école du cirquesaison 2000/2001

Articles de presse récents

Budget d’investissement Ville

Note budgétaire

Pour la Paperie, deux structures sont appréhendées. Jo Bithume et Ath (Zur).Le consolidé 2000 du site fait apparaître un budget de 10,9 MF sur lequel, laCompagnie Bithume représente 10 MF et Ath 820 KF.

ProduitsLes recettes propres représentent 5,7 MF soit 52 %. Les recettes de spectacles s’élèvent à 4,4 MF et les prestations à 1,3 MF.Le premier financeur est la commune avec 3,4 MF (31,2%) qui financent le fonctionnement mais surtout les événements que la Compagnie produit dans la ville.L’Etat apporte 0,9 MF soit 8% (dont 530 KF du ministère de la Culture et 380 KF d’aides à l’emploi).

ChargesLe lieu est mis à disposition par la Ville qui assume les fluides et l’entretien.Les budgets d’achat de spectacle sont de même gérés en régie directe par lemunicipalité en ce qui concerne la Compagnie Jo Bithume.Les charges de personnel représentent 40 % du budget global

InvestissementL’achat du site a représenté 1,5 MF.L’investissement réalisé sur la Paperie a été de 5,5 MF financé par la ville d’Angers 3,4 MF, le Feder 1,6 MF, Etat et région 0,5 MF.

Page 133: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La PaperieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - L a PaperieBudget consolidé du site

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 134: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La PaperieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - La PaperieBudget CIE JO BITHUME

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 135: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La PaperieVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - La PaperieBudget ATH ASSOCIÉS

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 136: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

e 49 Ter était une anciennebrasserie située rue du Docteur-

Yersin à Lille, entre les quartiers deWazemmes et Moulins. Investie en1986 par Vincent Dujardin etEmmanuel Guenon, la friche lilloise vadurant treize ans être l’un des sitesassociatifs les plus dynamiques de laville, réunissant une vingtaine de

structures et d’indépendants enautogestion. En louant aupropriétaire, l’équipe animatricedu lieu va pouvoir offrir auxutilisateurs du site une “stabilitéprécaire” qui leur garantira unebase d’actions. “Nous avionspassé une annonce dans les

pages immobilières du quotidien local,indiquant ce que nous cherchions. Unbâtiment vide pouvant accueillirdifférentes activités. En visitant cetteancienne brasserie, j’ai découvert un

49 TerVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

L

LILLENORD

Personnes rencontrées :Catherine Brocard, administratrice, Ici-MêmeDavid Hazebroucq, artiste, Atelier K la CaravaneVincent Dujardin, artiste, Métalu Compagnie HautEric Tartainville, artiste, Métalu Compagnie Haut

“Je suis pour une occupation douce deslieux, une logique du lieu et de sonenvironnement doit s’imposer, il doit yavoir un échange avec lui, il nousapporte des logiques, des rêves, desidées, c’est bien de faire avec, sinon ontfait de l’autoroute fonctionnelle à toutbout de champ.”

Lieu fermé depuis 1999

Cie A ChahuterCie Les Sangs CaillouxRock en Nord

Page 137: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

potentiel, je m’y suis installé, j’y ai résidépour pouvoir accueillir ceux qui avaientbesoin d’espaces, de compétences, delieux où se produire, de rapports auxautres, d’encadrement au sens large.L’ouverture en 86 a été très stimulante,il y avait une dynamique qu’il a fallu peuà peu structurer. La principale difficultéà partir de là a été de travailler le senscommun. Pour consolider ce travail, ilaurait fallu des moyens. La mutualisationétait d’autant plus nécessaire àorganiser que le lieu grossissait, et sanssoutien institutionnel le 49 Ter aéclaté1.”

Les objectifsLes initiateurs du 49 Ter avaient

décidé de faire vivre des lieux avant deles aménager, et de prouver, même si laprécarité qui régnait était souventinsupportable à vivre, que l’appro-priation de lieux désaffectés par desartistes répondait à un réel besoin.Durant dix ans, le succès du 49 Ter adémontré le manque de lieuxdisponibles pour le développement desassociations culturelles lilloises, etl’ensemble des apports du 49 Ter “a pudonner à de nombreuses associationsles moyens de se développer et ainsid’être reconnues par les collectivitéspubliques pour la qualité du travailqu’elles menaient2.” “Petit à petit, le 49Ter est devenu une adresse, un drôled’espace mi-friche, mi-royaume, bienintégré dans le voisinage. Pas vraimentune salle, plutôt des murs et desplanchers qui invitent à la création, dansune certaine intimité3.” “L’activité desgens qui résidaient là était réelle, cen’était pas un repaire de dilettantesmais bien un lieu de travail4” et quand le

49 Ter a implosé, ou a été implosé, lesrésidents ont essaimé leurs expèriencessur de nouveaux territoires, créant ainsides espaces comme l’Atelier K, ouMétalu.

Le 49 Ter était un espace quiregroupait des projets artistiques danstous les domaines disciplinaires. En1990, les ar tistes en présenceinaugurent le lieu avec “Les Pas Perdus”,un spectacle itinéraire avec une mise enscène globale du bâtiment intégrant laparticipation des acteurs résidents etdes habitants du quartier. A la fin de1995, l’“extension”, la nouvelle ailecomposée de trois plateaux de 500 m2

et de caves a permis d’accueillir plus demonde. Le développement d’activitéspermanentes et événementielles a enfait déclenché le début des difficultésnotamment en matière de sécurité,mais a donné au lieu un tout autrestatut dans la ville. De l’Atelier Quazar(Vincent Dujardin) au Sangs Cailloux(Pascal Marquilly), le 49 Ter a pusimultanément assurer un toit à denombreuses expériences associatives etêtre le creuset de créations artistiquesexigeantes, qui aujourd’hui encorecomptent dans le paysage culturel lillois.La multiplicité des disciplines présentesdans le lieu et leur propre ouvertureont également contribué à la singularitéde cette friche artistique mêlant art dela rue, théâtre de laboratoire, rock ettechno, photographie et peinture.

Le 49 Ter était à la fois un lieu derépétition, de production, de création,un lieu de rencontres et de convivialité,et un lieu de diffusion événementiellealternant les propositions intimistes etles grandes messes électroniques. Il ne

s’agissait pas d’être une régie à la traînedes demandes des résidents, maisd’offrir un véritable service aux jeunescréateurs. Il faut que les utilisateursforment l’activité des lieux comme lesnôtres, la définissent. Ce sont eux quidéveloppent, défrichent. Parallèlement,il est indispensable de trouver desdispositifs qui garantissent l’ouverturepour que les utilisateurs ne se replientpas sur eux-mêmes. Il faut faciliter lescourants d’artistes et de publics ”enoffrant des résidences longues qui ontdes respirations de création et desrésidences courtes qui vont créerd’autres rencontres et qui reposent surun autre souffle5.”

L’organisationDans ces projets, la coordination est laclef de voûte de l’expérience. Dans celieu où les initiateurs sont bien identifiés,mais ou il n’y a pas de direction affichée,le plus difficile est de trouver dans ladurée une coordination de qualité.“C’est souvent le plus difficile à trouvercar il faut beaucoup d’abnégation pourl’assumer. Le désir d’un travail ensembleest le moteur de la vie collective maisles convergences et les divergences,privé-public, individuel-collectif mettentle système sous tension permanente.On a toujours beaucoup investi person-nellement pour chercher des solutionspartagées. Il y a une véritable réflexionà mener sur les processus de décisiondans ces espaces et sur les relationspossibles aux institutions6.”

La relation institutionnelle“La question qui se pose reste celle dessoutiens possibles à une action

49 TerVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

1- Vincent Dujardin - Entretien - novembre 2000.2- David Hazbroucq - Entretien - novembre 2000.3- Le 49Ter s’éclate - Nord Eclair - 11 Mai 1996.4- Catherine Brocard - Entretien - novembre 2000.5- Vincent Dujardin - Entretien - novembre 2000.6- Vincent Dujardin - Entretien - novembre 2000.7- Vincent Dujardin - Entretien - novembre 2000.8- Vincent Dujardin - Entretien - novembre 2000.

Le lieuRéoccupant une ancienne brasserie “Lion des Flandres”, le 49 Ter a ouvert en 1989 surune surface de 850 m2 et s’est développé pour atteindre 2 000 m2. Le lieu qui a étéfermé en 1999 était un véritable labyrinthe organisé en cinq niveaux et découpé en25 espaces. Des caves au troisième étage, se déploient salles de répétition demusiques, de danse et de théâtre, des ateliers de plasticiens et de cinéastes, des lieuxde diffusion pour le spectacle vivant (théâtre de poche et Agone pour la danse)et les arts plastiques (les 4 Colonnes) ainsi qu’un bar associatif (le Bunker).

Page 138: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

collective. La pratique institutionnelledes élus et des techniciens est dedécider la création de lieux puis d’yaccueillir des artistes. Je crois qu’il fautsortir de ce modèle et accompagner lesinitiatives qui sont parties du terrain. Au49 Ter, les collectivités ont financé lesstructures mais pas le dispositifcommun qu’elles jugeaient pas assezcohérent. En fait on leur faisait peurparce qu’on leur échappait7.” Sanssoutien institutionnel structurel, le 49Ter, représente malgré tout l’un desrecords de longévité de lieuindépendant. L’absence de soutiensétait compensée par la mutualisationdes moyens de chaque projet. “Nousétions proches des directions culturelleset nous avons peut-être limité nosrevendications du fait de cetteproximité. Des techniciens nous ontsoutenus, mais il était difficile pour euxde trouver des interlocuteurs dansnotre structure. Il y a donc eu une aideplus forte sur les projets qui étaientidentifiés. La seule fois ou nous avons pustructurer un rapport à une politiquepublique, ce n’était pas dans le domaineculturel mais dans le domaine del’emploi. Cette collaboration était enfait un acte plus ou moins conscientd’instrumentalisation8.” C’est donc parcette capacité à déjouer l’institution quele 49 Ter a pu maintenir son travail etréaliser notamment cette structurationremarquable du tissu associatif. Sans lesproblèmes de sécurité, qui ont entraînéla fermeture du lieu, le soutien publicobtenu avec le programme derecrutement d’emplois jeunes, mis enplace avec la mission locale, l’Etat et leconseil régional, le noyau decoordination aurait sans doute putrouver les ressorts d’unredéploiement. C’est suite à un auditsur la viabilité technique du lieu

(résistance au feu) que celui-ci a éclaté,la perspective d’une prise en compteréelle par les collectivités localess’obscurcissant.

Le rapport au quartier“Le rapport au quartier était ambigu.C’était un lieu ouvert/fermé, par sanature architecturale mais aussi par leclivage social entre les utilisateurs dulieu et les jeunes qui habitaient lequartier. Les soirées techno quiréunissaient 1000 à 1500 jeunes,n’étaient pas vraiment la pratiquefestive des jeunes de Wazemmes. Enmême temps, le 49 Ter s’était impliquédans la fête du quartier et il y avait unréel potentiel dans cette rencontre.Quand le 49 Ter a fermé, cette énergies’est épuisée et cette fête a péreclité.Nous étions très bien intégrés dans lequartier, car nous avions réalisé lespremiers travaux avec une poignée desept gamins adolescents. Ils nous ontaccompagnés dans nos récups diverses.Nous avons visité un grand nombre defriches encore debout à ce moment-là.Ils ont grandi avec nous, ils étaient chezeux au 49 Ter. Cette friche était leurterrain de jeux avant que nous arrivions.On a continué à jouer avec eux9…”.

49 TerVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Les ateliers du 49 Ter regroupent plusieurs associations et indépendants. ERG, pourles installations plastiques et sonores ; la Fabrique de songes, atelier de conception etde réalisation de machines et d’objets ; Midiane, laboratoire de mixage sonore ; LeGraaloscope, performances visuelles à base d’images tournantes, de super-8 et dediapositives ; Law Tech, structure de formation aux techniques du son et dumultimédia ; Métis, danses et percussions africaines ; Pepete l’Or, photographe ; les 4Colonnes, expositions singulières ; Quazar, théâtre de rue et art forain ; les Reprises deTêtes, duo chansonniais ; Rock en Nord, répétitions musicales, label, bar associatif ; LesSangs Cailloux, théâtre de rue et d’ailleurs ; le théâtre du Songe, compagnie de théâtreanimant également le théâtre de poche.Par son activité, le 49 Ter accueillait également des projets sur des durées limitéescomme Uppercut, né d’un texte de Joël Jouanneau, qui regroupait pour plusieursétapes de création différentes structures du 49 Ter (Quazar, Sangs Cailloux, Songe…)

Page 139: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

49 TerVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

A venir

Durant plusieurs années, la relation avecles institutions a permis aux membresdu 49 Ter d’espérer une prise encompte de l’ensemble du projet desateliers, et plusieurs tentatives ont étémenées pour trouver des conditions depoursuite. Une implantation sur d’autresfriches a été envisagée, tout comme latransformation physique des atelierseux-mêmes afin que les normes desécurité soient respectées. L’ensemblede ces négociations a échoué et le site adû fermer en 1999, après toute unesérie de départs et un dépôt de bilan de l’association. Aujourd’hui, le travail du Métalu et de l’Atelier K, et lesparcours individuels de bien desoccupants du 49 Ter montrent à la foisla qualité de l’expérience menée durantdix ans à Lille et la nécessité toujourspremière de trouver au cœur de l’agglo-mération des espaces d’initiativesartistiques et sociales. Deux ans après lafermeture du 49 Ter, un réseaud’espaces et de projets se dessinentavec à Lille la Malterie (friche voisine du49 Ter qui continue quant à elle sonexpérience), avec à Roubaix leregroupement Chez Rita et les projetsplus institutionnels de la Conditionpublique et de la MAJT.

L’Atelier KL’Atelier K est un projet porté par l’association la Caravane qui soutient également ledéveloppement de la compagnie les Sangs Cailloux, dirigée par Pascal Marquilly, quirejoignit le 49 Ter sept ans après son ouverture. C’est après la fermeture du 49 Ter quele lieu a été ouvert pour accueillir certaines activités qui n’avaient plus d’hébergementdans la ville. L’Atelier K occupe 700 m2 et propose “ des lieux à loyers modérés ” pourdes projets artistiques. Les subventions publiques allouées à l’association, l’implicationde chacun et l’organisation d’événements assurent un autofinancement, qui permetde diminuer le coût de participation des résidents. Quatre personnes en emplois aidéssont salariées par l’association. Plusieurs associations et indépendants sont implantésdans le bâtiment. La Caravane, qui gère l’atelier et produit et diffuse les spectacles desSangs Cailloux, du théâtre du Songe, du théâtre de l’Anonyme. Le fil du rasoir, quiaccompagne la promotion de groupes et d’événements musicaux. Pepete l’Or,photographe plasticienne, Jérôme Coppin, photographe, Par-dessus le marché,imprimerie, et Daily Life, atelier photographique.

9- Catherine Brocard – Entretien - novembre 2000.

10- La compagnie A Chahuter a été aidée par la Ville aumoment de la fermeture du 49 Ter. Un financementcomplémentaire de 40 000 F lui a été attribué.

Page 140: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

49 TerVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Du 49 Ter à MétaluAprès s’être considérablement investi dans le 49 Ter, Vincent Dujardin accompagnépar Jérôme Jeanmart, Fabien Colonna, Bertrand Boulanger, Alex Herman, ChristopheCarpreau, Eric Tartinville, Delphine Sekulak ( et bientôt rejoint par d’autres) ont ouvertun nouveau site en juillet 1999, à la porte de Lille, sur la commune de Loos, dans unefriche que deux architectes Anne Fauvarques et Jean Dupont avaient acquis quelquesmois plus tôt. Cette “petite” friche de 3000 m2, louée 10 500 F par mois, est constituéede grands hangars, d’une vaste cour et d’un immeuble ayant abrité des bureaux et deslogements. “On n’a pas les moyens de déformer les lieux. Le lieu conditionne lesactivités que l’on développe. Le labyrinthe du 49 Ter structurait d’une certaine façonnotre projet. A Métalu, on tire parti des parcours, de l’extérieur qui implique un autrerapport au travail et à l’accueil du public. Tout espace forme. Ici, je suis pour uneoccupation douce des lieux, une logique du lieu et de son environnement doits’imposer, il doit y avoir un échange avec lui, il nous apporte des logiques, des rêves,des idées, c’est bien de faire avec, sinon ont fait de l’autoroute fonctionnelle à toutbout de champ.”Métalu accueille à plein régime une vingtaine de personnes impliquées dansdifférentes structures. La compagnie de rue A Chahuter menée par Vincent Dujardin,Hors Série, un atelier de construction, Rikita, association vidéo, et Ricochet, studio demusique assistée par ordinateur sont les principaux occupants du site avec d’autresartistes indépendants. Les propriétaires, partie prenante du projet, souhaitent avec lesutilisateurs du site pérenniser la friche autour d’un projet culturel ancré dans lequartier. “ On a envie que les gens sortent de chez eux pour venir voir ce que l’on fait.Nous sommes au milieu de 20 000 habitants, nous voulons mener des projets avec euxet les artistes résidents, inviter cette population aux événements que nousorganiserons et qui aurons chaque fois un caractère exceptionnel. Dans une friche, onne rentre pas comme dans un lieu culturel institutionnel, les jeunes du voisinage quirentrent voient bien qu’ils peuvent oser, toucher. Ce qui compte c’est la découvertepar fréquentation : Ah, tiens, c’est possible.”Pour Vincent Dujardin, il est indispensable que les collectivités publiques10 acceptentde prendre en compte la structure commune qui gère Metalu. “L’objectif serait depouvoir recruter trois personnes pour la coordination du projet, qui vont dans unpremier temps gérer la transformation du site et les travaux, mais qui devrontégalement animer le projet commun, et organiser, souvent en coproduction lespropositions événementielles.” De plus Métalu pourrait structurer un réseau autour deses activités en instaurant par exemple avec la MAJT un lien régulier fondé sur lacomplémentarité d’activités.

Page 141: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

49 TerVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Ville : LilleNom du quartier : WazemmesNbre d’habitants : 40 015Situation : Péricentre

Région : NordNbre d’habitants : -

Nom du site : 49 TerNom de l’opérateur : Atelier du 49TerDate de création : avril 1986 Date d’ouverture : avril 1986Président : différent suivant les annéesDirecteur : néantAdresse : 49 ter, rue du Docteur-Yersin 59000 LilleOpérateur associé: Rock en Nord

La s

itu

atio

nL’

iden

tité

Repères chronologiques

Propriétaire du bâtiment : M. DelahayeType d’occupation : location Durée : 3/6/9 ansPrécédente affectation : brasserieSurfaces construites : - Surfaces de terrain : -Surfaces des bâtiments exploités : 2 000 m2

Lieu

Espaces de diffusions

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

Le Bunker salle de concert 400 m2 300

Espaces de résidences et de pratiques

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

ateliers du 49 Ter diverses et croisées 1 600 m2 -

Espaces administratifsBureaux de l’équipe de coordination, salle de réunion (50 m2)

Présence d’un bar : oui Heures d’ouverture : bar : selon événementsPrésence d’un restaurant : non Nbre de couverts / jour : -Présence de logements pour les résidences : ateliersPrésence de logements de fonction : non

Des

crip

tio

n d

es e

spac

es d

e tr

avai

l

1986 création de l’association :Atelier du 49 Ter

1990 ouverture : « les Pas Perdus »1993 Arrivée de Rock en Nord

et autres compagnies1995 Ouverture de l’extension1999 Dépôt de Bilan

Notice 49 Ter

Page 142: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

49 TerVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Disciplines représentéesDisciplines Résidences Pratiques Diffusion Résidences Pratiques Diffusion

Théâtre *** *** *** Cirque ** ** **

Arts plastiques **** **** *** Ciné - Audio * * *

Ecritures - - - Radios / Tvs - - -

Patrimoine - - - Danses ** ** **

Presse - - - Arts de la Rue **** **** ****

Musiques *** *** - Modes * * *

Multimédia - - - Solidarité, citoyenneté - - -

Résidences artistiquesCourtes (moins de 3 mois) oui Nbre par an : 5

Moyennes (entre 3 mois et 3 ans) oui Nbre par an : 10

Longues (plus de trois ans) oui Nbre par an : 7

Pratiques artistiquesPratiques artistiques Nbre d’ateliers différents Nbre par an Quantité de public

Ateliers de formation réguliers - - -

Ateliers de formation spécialisés - - -

Mise à disposition de locaux - - -

Spectacles professionnels avec amateurs - - -

DiffusionDiffusion Nbre de jours Quantité Jauge basse Jauge haute

Spectacles et expositions en diffusion simple 40 15 15 150

Créations et expositions originales 40 15 250 600

Ouverture des processus de création aux publics - -

Conférences, rencontres 3 3 60 300

Les

acti

vité

s et

leu

rs p

ub

lics

PartenariatPrincipaux partenaires associatifs hors résidentscentres du réseau TEH / AutrespART / La CaserneAlliance pour Un Monde Responsable et Solidaire /

Affiliation à des Réseauxfédération Hyéro

Eléments budgétairesNombre de personnes salariées par l’opérateur : -Nombre de personnes salariées sur le site : -Masse salariale : -

Budget de l’opérateur principal : -Chiffre d’affaires consolidé du site : -

Les mots clefsTerritoires Artistiques Economiques PolitiquesEssaimage Multi et interdisciplinarité Mutualisation PérennisatonStructuration du tissu Expérimentation Réseau Implication desassociatif. Aide aux créateurs collectivités publiquesRencontre AccompagnementOccupation douce

Principaux partenaires financiers-

Partenaires pour l’investissement -

Notice 49 Ter

Page 143: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Note budgétaire

Le 49 Ter n’existant plus, aucun budget n’a pu être retrouvé. Le lieu était loué. Lescharges des loyers et des frais de gestion (fluides, assurances…) étaient répartis entreles différents utilisateurs (90 KF/an). Ce système a perduré jusqu’à l’extension, qui anécessité un investissement en travaux de 30 KF et une augmentation du loyer. Lebudget a atteint 160 KF. La longévité de l’aventure a été permise par une très grandeautonomie. A la fin du projet, des partenariats notamment autour du dispositifemplois jeunes avaient été trouvés. Ils se sont brutalement arrêtés avec la fermeturedu lieu.

49 TerVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Références documentaires

Documents de communicationRevue de presse du 49 TerLes ateliers du 49 TerAtelier KLa Malterie

Page 144: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

n avril 1995, un collectif d'asso-ciations baptisé Rakan (Regroupement

d'associations kulturelles et d'artistesnîmois), composé de quatre associations(Dard'art, Artsonique, Grossomodo,Trans'Art) et d'artistes indépendants,

investit durant trois joursles locaux désaffectés dela Banque de France.Invité au départ pourune exposition parl'Office nîmois de lajeunesse, proche dumaire de l'époque, JeanBousquet, le collectiftransforme l'invitation en

manifestation. Sous la banderole"Artistes cherchent local", il occupefestivement (expositions, concerts,théâtres de rue) la terrasse et la courintérieure. Ils seront priés de quitter les

Le RakanVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

E

NÎMES

Personnes rencontrées :Marie Van Hamme, cofondateurPatrice Loubon, cofondateurMonique Manoha, administraticeJean Roatta, secrétaire général adjoint ville de Nîmes

LANGUEDOC-ROUSSILLON

“On se bagarre pour que soitmaintenu le lieu et que notre travailsoit reconnu.On affirme des choix, mais notreposition de base par exemple sur lesarts plastiques c’est de ne pas avoirune seule ligne. C’est paradoxalmais cela peut donner des chosespas mal.”

Page 145: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

lieux avec le "soutien" de représentantsdes forces de l'ordre. Un an plus tard, en avril 1996, peuaprès les élections et le changement demunicipalité1, le collectif obtient, parune convention d'un an renouvelabletrois fois, la jouissance à titre gratuitd'un bâtiment dans un quartier prochedu centreville. Deux des associations(Grossomodo, Trans'Art) abandonnentle projet. C'est une équipe réduite quidoit entreprendre la réhabilitation dulieu. Les diverses pièces du bâtiment,victimes des assauts d'une entreprise deprédémolition, ont des allures cataclys-miques. Ceux qui eurent à charge depanser, à grand renfort de plâtres et debriques, les traumatismes subis sesouviennent : “C'était digne d'unbombardement! Des tonnes de gravatsjonchaient le sol. Il y avait des tas dedétritus, des matelas éventrés, des sacs-poubelles et autres vestiges des squatssuccessifs provoqués par l'abandon dubâtiment…” La réhabilitation fut effectuéeavec les moyens du bord (beaucoup derécupération dans d'autres frichesabandonnées), des dons (peintures pardes entreprises) et l'apport de briqueset d'une armoire électrique par lamunicipalité. Il faudra plus de six moisde travaux, réalisés par les membres ducollectif, avant que le lieu ouvre sesportes.

Le contexte d'émergence

Le projet déposé auprès de lamunicipalité pour l'obtention du lieumentionnait l'installation d'ateliers

d'ar tistes, de studio de répétition,l'accueil de compagnie en résidence, etla diffusion de concerts, exposition etspectacle vivant. Aucune salle de concert n'existe àNîmes (ni dans le Gard). Les seulesprogrammations sont effectuées par lethéâtre municipal ou des tourneursdans les arènes. L'association Quand laville dort, active dans le domaine desmusiques actuelles, est engagée depuis sept ans dans le projet d'une Smac dont laconstruction dubâtiment devraitcommencer cetteannée2. Malgré unpotentiel artistiquenon négligeable,150 groupes tousstyles confondus répertoriés dans leGard, peu de structures leur sontdestinées. Seuls quelques barsaccueillent des petites formations. “Leterrain est rude. A part desarrangements avec le Théâtre municipalet l'Odéon, il n'y a pas de salle deconcert, aucune politique concernantles lieux de répétition3.” La situation estanalogue pour les arts plastiques, pasde structure de création, une dizaine delieux de diffusion dans le Gard pourquelque 300 artistes recensés4. Le projet du Rakan se présente donccomme une réponse à ce manque entermes d'espace de travail et dediffusion, en termes de choix dedémarche artistique et de relation deproximité au public.

Le projet

Hormis ces grandes lignes, le projet seconstruit sur le terrain. Durant les troispremières années se sont ainsi mis enplace, en plus des concerts et desexpositions, des propositions endirection des publics qui associaient lesartistes présents dans le lieu et hors dulieu : des repas de quartier, des ateliersportesouvertes, des soirées vidéo d'art,

des conférences-débats, des lectures,des soirées cabaret,des vernissages-musicaux auxquelsparticipent les groupesqui répètent dansles caves (transfor-mées en salle de

répétition), ou la compagnie de théâtrede rue installée sur le terrain-vague(ancien parking). Des contacts sontdéveloppés avec des friches artistiques.Un colloque est organisé sur ce thèmeen avril 1998. Il rassemble des universi-taires, des responsables de friches(Belle-de-Mai, 49 Ter, le Noumatrouf),des acteurs culturels locaux et desacteurs institutionnels. L'un desobjectifs est d'informer les élus locauxde l'existence, en France, de cesnouvelles émergences et de modifierl'image marginale que revêt le Rakan àleur yeux. Un site internet sur les frichesest coproduit avec la Belle-de-Mai5. Despartenariats sont développés avec desassociations de quartier (Route d'Arles,Mas de Mingue, ATD Quart Monde…)par l'atelier photographique NegPos

Le RakanVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

1- Gauche plurielle.

2- Le permanent de l'association, figure emblématiquenîmois, a fait une grève de la faim, en mars dernier,pour ne pas être exclu de la gestion de la Smac,projet qu'il a initié.

3- Dany Aribi, chargé par le service Jeunesse de lamairie de faire un état des lieux de la musique.

4- Estimation Arfacs Nîmes, association d'aide à laréalisation de projets artistiques et culturels dans ledépartement du Gard.

5- www.arts-friches.org

6- Les emplois conventionnés nécessitent une partici-pation financière de l'employeur à laquellecontribuent les Paf payés par les utilisateurs du lieu.

Le lieuHabitation bourgeoise qui jouxtait le théâtre de la Renaissance, (qui abrita ensuite un grand magasin Les Dames de France, aujourd'hui devenu une université) lebâtiment fut acquis par la municipalité en 1987. Il fut mis à la disposition, lors de laguerre du Golfe, de hauts fonctionnaires de l'armée, puis fut intégré au projet d'uneZac. Il fut l'objet de plusieurs hypothétiques affectations : une maison des antiquaires,une salle du patrimoine, un multiplex, Virgin… avant d'abriter les activités culturellesdu Rakan. Entre-temps, la venue d'une entreprise de prédémolition avaient rendu lelieu inutilisable : chambranles de porte arrachés, cheminées et pans de mur démolis.Par manque d'espace, le Rakan occupait, hors convention, une partie du rez-de-chaussée des Dames de France, le porche et le parking intérieur où une compagniede théâtre de rue avait installé ses caravanes. Avec l'installation de l'Université, leRakan s'est aujourd'hui replié sur les deux étages de l'habitation qui lui avait étéconcédée par la convention (convention non renouvelée depuis avril 1999), soit 400 m2. Le premier étage abrite les bureaux, la salle d'exposition et le bar, la terrasse et quatre ateliers d'artistes. Le second étage comporte une quinzaine d'ateliers de plasticiens excepté le bureau d'une association Mora Vocis, et un studio d'enregistrement Adma.

Durant ces trois ans, avril 1996 àavril 1999, la mairie sera sur leterrain de l'ambiguïté, dénonçantl'accueil du public, menaçant defermer le lieu, (…) tandis queparallèlement, des élus, le maireen personne “honorent” de leurprésence plusieurs vernissages.

Page 146: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

sous forme d'ateliers d'initiation à laphotographie inscrits dans unedimension citoyenne de rapport àl'espace urbain. Autant d'initiatives quipour s'instaurer nécessitent du temps,de l'énergie, de l'argent.Les entrées des concerts, et spectacles,(le prix est tiré à “la roue de la fortune”,entre 10 et 30 F), la participation auxfrais des ateliers permettent de payerl'électricité et l'eau (il n'y a pas dechauffage). Une quinzaine d'ateliersaccueillent des artistes (essentiellementdes plasticiens) pour une participationau frais de 400 F. Les seules subventionsobtenues atteignent, toutes institutionsconfondues, 40 000 F. La DRAC seréfugie derrière le bail précaire pourrefuser son soutien et reporter laresponsabilité sur la municipalité… A cela s'ajoutent les tiraillements avecles élus. Le lieu n'est pas autorisé àrecevoir du public, pour cause denormes de sécurité, ce qui provoquedes descentes de police, des impôts…qui resteront au niveau de menacessans conséquences. En réponse auxarguments de la mairie, le Rakan faitappel, en 1998, à un ami architecte quiétablit un projet de réhabilitation auxnormes de sécurité, approuvé par uneentreprise habilitée. Une entreprised'insertion est prête à effectuer lestravaux à moindre coût. Le projetdéposé à la mairie restera sans réponse,malgré une descente d'une trentainedes membres du Rakan au bureau de laDirection de la culture. Pèse aussi telleune épée de Damoclès la menace dereconversion du lieu, avec promesseverbale de la mairie de reloger le Rakantout en affirmant qu'il n'y a aucun lieudisponible. Durant ces trois ans, avril1996 à avril 1999, la mairie sera sur leterrain de l'ambiguïté, dénonçantl'accueil du public, menaçant de fermerle lieu, interdisant dans le journalmunicipal la parution d'informations surles spectacles (puisque le lieu ne peutpas accueillir de public)… tandis queparallèlement, des élus, le maire enpersonne “honorent” de leur présence

plusieurs vernissages. En avril 1999 la convention ne sera pasrenouvelée. Dès lors la mairie sembles'accommoder de l'existence de cetteverrue culturo-urbaine, comme si ellese sentait déchargée de toute respon-sabilité. “A partir de là, la mairie ne s'estplus opposée à nous. Elle a laissé faire.Mais elle ne faisait rien non plus pournous aider. Elle se désintéressaitcomplètement de nous, Et ça, c'est lapire des attitudes puisque nous n'étionsplus dans la lutte, et nous n'étions pasdans la reconnaissance”, estime PatriceLoubon, l'un des fondateurs du Rakan,permanent de l'atelier photographiqueNegPos.

Les structures résidentes

En plus des plasticiens (15), lesstructures résidentes étaientcomposées d'un groupe de rap “Clairet Net” qui avait installé un studio decréation musicale, un groupe de chantsmédiévaux, Mora Vocis, NegPos,association de photographe, Artsonique et Dartd'Art (associationsfondatrices), Hobo, association éditriced'un fanzine culturelle. Calypso (dansehip-hop) et Sud Tango utilisaient la salled'expositions pour des cours de dansehebdomadaires, et une dizaine degroupes de musique utilisaient lesstudios de répétition. Le Rakan faisaitpartie de la fédération Smac quirassemblent plusieurs associations sur leprojet initié par Quand la ville dort..Reste aujourd'hui Mora Vocis et unenouvelle association, fondée par un dessalariés Adma (studio d'enregistrement)et les 15 ateliers de plasticiens.

L'organisation

L'organisation privilégie une gestioncollective dans laquelle tous lesrésidents du lieu sont impliqués. Lebureau est une collégiale de septmembres qui se réunit chaque semaine,chaque membre endossant une

responsabilité spécifique : responsablede la commission arts-plastiques,responsable de la collecte des Paf (participation au frais) des ateliers,responsable musique… Elle permet dedéfinir la logique du lieu, le sens duprojet, de recibler les objectifs, de tirerdes bilans, d'initier de nouvelles actions.Une autre réunion hebdomadairerassemble tous les résidents du lieu etrend compte de la réunion collégiale.Les décisions sont votées lors de cetteréunion.

Deux emplois-jeunes, un CEC et deuxCES6 ont été employés depuis 1997,(chargé de la communication,comptable, responsable musique,responsable de la salle de concert,responsable de l'accueil et de la salled'exposition) et récemment un CESchargé de la biennale de bijoux. En octobre 1999, le Rakan rencontredes difficultés financières (100 000 F de trésorerie négative…). S'ajoute à ces difficultés l'instabilité quant à lapermanence du lieu (tous les mois, onannonce le rachat prochain dubâtiment), la suppression de certainsespaces à la suite de l'aménagement àproximité de l'université (le terrainvague où était installée la Compagniede théâtre de rue, un atelier decostume et décor disparaissent). Autantde facteurs qui contribuent àl'épuisement de la dynamiquecollective.

Lors du renouvellement de bureau, levote met en évidence la nécessité des'attacher au redressement financier età un retour à une gestion plusdémocratique. Au bout de quelquesmois, la situation financière s'estaméliorée, en restreignant les activitéset en mobilisant différemment lesbénévoles pour redresser la structure :une exposition mensuelle, avecvernissage de 18 heures à 20 heures,trois concerts par mois. Pour certainsoccupants de la première date, le Rakanest devenu une association qui gère des

Le RakanVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Page 147: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Le RakanVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

espaces “loués” aux artistes et auxautres associations. Ils revendiquentdonc que soit de nouveau pris encompte un projet qui se définisseclairement, en termes politique, culturel,artistique, fidèle à l'optique du départ.Ces deux visions s'affrontent lors d'uneréunion des membres résidents du lieuqui conduira au départ de certainsmembres. Les deux parties en présenceavaient des visions divergentes sur leprojet. Les uns revendiquent leurappartenance aux réflexions et auxdémarches des friches ar tistiques,filiation non retenue par nouveauxvenus. Ils reprochent la façon dont lerecadrage adminis-tratif déteint sur leprojet culturel etartistique lui-même etsur les relations entreles individus àl'intérieur du collectif,sur le manque devolonté fédératrice àl'intérieur et à l'extérieur du lieu. Ilsregrettent l'absence de démarcheenvers la création et le public : créationcloisonnée (les plasticiens dans leuratelier, les musiciens dans leur studio derépétition) sans rencontre, sans projetni réflexion collective et le rapport aupublic se résumant aux habituellesconsommations de spectacle. “Le Rakana voulu se mouler dans un modèletraditionnel, il s'est figé, il s'est détruit. Ilne s'est pas aperçu que, de toute façon,par son histoire, par ses choixartistiques, politiques il ne corres-pondait à aucun modèle. Et c'est ce quifaisait sa force. Le Rakan s'est ferméalors que le projet n'était pas arrivé àmaturité, il s'est privé ainsi de l'aspectexpérimental, work in progress, qui enfaisait l'intérêt, et ce à un moment où iln'est pas défendable quant à ces choixartistiques. "Pour les autres l'efficacité, larigueur sont une nécessité pour évoluervers une professionalisation. Les artistesdoivent trouver dans le Rakan letremplin qui leur permettra d'acquérirune autonomie, des contacts, des

relations afin d'obtenir unereconnaissance artistique. Il faut doncqu'ils soient libérés des contingencesliées à la gestion et à l'organisation dulieu. Reconnaissance liée à lareconnaissance du lieu lui-même : "Onest sorti de la revendication d’unemarginalité. Ce fut difficile avec lesfondateurs qui étaient plus dans unaffect avec le lieu. La coquille n’est pasvide, au contraire, il y a une véritableplate-forme de débat. On se bagarrepour que soit maintenu le lieu et quenotre travail soit reconnu, on n’est pasun fourre-tout, une réponsesystématique, mais une proposition. On

affirme des choix,mais notre positionde base parexemple sur lesarts plastiques,c’est de ne pasavoir une seuleligne. C’est para-doxal mais cela

peut donner des choses pas mal."

Cet objectif aurait incité le Rakan à entrerdans des “cadres” qui le rendraient plus"lisible" par les institutions et qui, enretour, auraient permis d'obtenir unereconnaissance et donc desfinancements. La ville a pris en chargecertains des travaux (carreaux, tuiles,w.c refaits), ce qui peut sembleranecdotique mais est vital pour lesactuels occupants, même si la précaritédu lieu reste forte en raison del’absence de convention et de la volontéde ne pas maintenir l'activité dans celieu. Les caves, utilisées comme studiode répétition, ont été fermées par lesservices techniques de la ville en raisonde travaux actuels menés dansl’université, qui nécessitent un étayageafin de laisser circuler les engins dechantiers. Le porche, où se déroulaientles concerts, a été récupéré pouragrandir l'université. La réhabilitation dubâtiment à des fins de logements a étévotée au conseil municipal, mais aucuneautre implantation n'a été proposée. Un

nouveau changement de municipalitéest survenu sans que la précédente n'aitpris des engagements qui garantissent lapérennisation ou le relogement.L’association mène un travail pours’implanter sur de nouveaux locaux à laSernam qui correspondent mieux à laproduction artistique, même si le lieuest moins central. "Ce quartier, à lapointe du quartier Richelieu est unezone de développement urbain danslequel la localisation d’un endroit quibouge peut être une priorité politique."La SNCF qui est toujours propriétairedoit restructurer le site en yréimplantant une activité industrielle. Leprojet ar tistique se développeraitd’abord, par rapport à la qualité deslocaux, par l’ouverture d’espacesd’ateliers et aussi d'une salle de concert,en imposant l’idée d’une complémen-tarité entre une salle de 200 places et laSmac en construction de 800 places. LeRakan développe aujourd'hui deuxactivités principales, la musique et lesar ts plastiques. Dans le domainemusical, il réoriente son action par leprojet de création d'un label et demanagement de jeunes groupes. Dansle domaine des arts plastiques, unenouvelle personne va être recrutée(emploi conventionné) pour s’occuperde la salle d’exposition et développer laprofessionnalisation. Un des objectifs àterme étant aussi de garantir lemouvement afin de ne pas laissertoujours les mêmes artistes dans le site.Les investissements en termes deprojets se portent sur l'organisationd'une biennale de bijoux, la première en1999 ayant permis d'obtenir despartenariats (Shisheido) et l'implicationdes musées de la ville. L'opération“ateliers portes ouvertes”, se poursuit,une fois par an. Elle permet de mobiliserles acteurs du lieu et d’accueillir, en unweek-end 300 personnes, "dont, lors dela dernière opération, le nouvel adjointau maire."

“On est sorti de la revendicationd’une marginalité (…). On sebagarre pour que soit maintenule lieu et que notre travail soitreconnu (…).”

Monique Manoharesponsable administrative

7- L'attribution d'un local au Rakan est une despremières actions réalisées par Alain Massot,aujourd'hui décédé, au tout début de son mandat.

Page 148: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Le RakanVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Alain Massot7, adjoint à la Culture,analysait le développement de ceCollectif d'artistes et d'associations,comme une réponse au “besoin desjeunes d'inventer de nouvelles formespour s'exprimer. Les structurestraditionnelles ne correspondent pas àleur attente et de nouveaux lieux sontnécessaires pour accueillir ses nouvellesformes d'expression. Les friches,marquées par une ancienne activité, parun passé humain, permettent aussi dese démarquer des lieux officiels de laculture”. A ce rôle culturel s'ajoutel'aspect social qui est le plus souventévoqué et retenu par les élus. “Il y a auRakan, le soir, des gens que nousaurions du mal à canaliser. Le lieurépond à leur désir sociétal. Il joue doncun rôle social fondamental sur la ville deNîmes.”Mais que la dimension sociale du Rakanait été reconnue au détriment de sadimension culturelle n'a, de toute façon,amené aucune mobilisation des élus,des institutions, aucun accompa-gnement du projet. La personne élueen charge de l'administration adémissionné. Elle quittera le lieu aprèsla biennale de bijoux dont elle estinitiatrice et qu'elle organise. L'un desfondateurs, membre de l'associationDard'Art, monte un projet de Fabriquedes arts de la rue, dans une ancienneusine Haribo, à quelques kilomètres aunord de Nîmes. Un des autresfondateurs, qui a quitté la structureavec son association NegPos, chercheun local et travaille au projet decréation d'une Maison inter-régionalede la photographie.

Une biennale de bijouxLa biennale de bijoux à Nimes est née en 1999 de “la frustration d’artistes” travaillantdans un domaine peu reconnu par les institutions culturelles. Souhaitant sedémarquer de l’approche artisanale de la fabrication des bijoux, Monique Manoha(responsable administrative du Rakan) a impulsé un rendez-vous qui se tiendra en2001 pour la deuxième fois. “Dans mon travail, le bijou ouvre sur un questionnementplus large que celui du joli-objet, de la parure superficielle, des matériaux précieux. Ce qui m’intéresse avec cette biennale, c’est de m’interroger sur un véritable domainede création dans le domaine des arts appliqués en développant le regard du public sur cette celle-ci.” Pour asseoir cette manifestation, Monique Manoha mobilise au-delàdu Rakan le réseau institutionnel de la Ville en collaborant par exemple avec labibliothèque du Carré d’Art pour constituer un fond documentaire sur le bijou. Labiennale se déclinera cette année autour d’une exposition réunissant dans cinq lieux27 créateurs qui proposeront aux visiteurs de découvrir leur univers. Simultanémentil sera proposé, une autre exposition sur des bijoux ethniques, un cycle cinématogra-phique sur “bijoux et cinéma” et des lectures de contes. Après cette nouvelle étape, labiennale de bijou devrait se tenir en alternance avec un autre pays européen,certainement le Portugal, et Monique Manoha espère que ce travail sur le bijou pourratrouver une régularité d’exposition dans différents lieux à Nîmes.

Page 149: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Le RakanVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Ville : NîmesNom du quartier : CarmesNbre d’habitants : -Situation : Péricentre

Région : Languedoc-RoussillonNbre d’habitants : -

Nom du site : RakanNom de l’opérateur : RakanDate de création : 1996 Date d’ouverture : avril 1996Président : gestion collégiale (7)Directeur : Mercedes FuentesAdresse : 9, pl. Gabriel-Péri

Tél : 04 66 36 01 61 - Fax : 04 66 36 01 [email protected]

La s

itu

atio

nL’

iden

tité

Repères chronologiques

Propriétaire du bâtiment : la VilleType d’occupation : mise à disposition Durée : indéterminéePrécédente affectation : logements de militaireSurfaces construites : 1 000 m2 Surfaces de terrain : -Surfaces des bâtiments exploités : 1 000 m2

Lieu

Espaces de diffusion

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

salle d’exposition arts plastiques 100 m2 -

Espaces de résidences et de pratiques

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

15 ateliers arts plastiques 20 à 50 m2 -

5 studios de répétition musique 15 à 30 m2 -

Espaces administratifs :3 bureauxPrésence d’un bar : oui Heures d’ouverture : bar : mardi-samedi 14h/16hPrésence d’un restaurant : non Nbre de couverts / jour : -Présence de logements pour les résidences : 1+ ateliersPrésence de logements de fonction : non

Des

crip

tio

n d

es e

spac

es d

e tr

avai

l

Adma(association pour le developpement des musiques actuelles)Mora Vocis(promotion et développement de la musique médiévale)

Structures associées - 1er cercle

Les structuresprésentes sur le site

Pollux(association de plasticiens)

Structures associées - 3e cercle

Notice Le Rakan

Page 150: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Le RakanVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Disciplines représentéesDisciplines Résidences Pratiques Diffusion Résidences Pratiques Diffusion

Théâtre - - - Cirque - - -

Arts plastiques - ***** *** Ciné - Audio - - -

Ecritures - - - Radios / Tvs - - -

Patrimoine - - - Danses - - -

Presse - - - Arts de la rue - - -

Musiques - *** **** Modes - **** ****

Multimédia - - ** Solidarité, citoyenneté - - -

Résidences artistiques :Courtes (moins de 3 mois) : - Nbre par an : -

Moyennes (entre 3 mois et 3 ans) : - Nbre par an : -

Longues (plus de trois ans) : - Nbre par an : -

Pratiques artistiquesPratiques artistiques Nbre d’ateliers différents Nbre par an Quantité de public

Ateliers de formation réguliers - - -

Ateliers de formation spécialisés - - -

Mise à disposition de locaux - - -

Spectacles professionnels avec amateurs - - -

DiffusionDiffusion Nbre de jours Quantité Jauge basse Jauge haute

Spectacles et expositions en diffusion simple 5j/semaine 1 expo/mois (concert en cessation actuellement) - -

Créations et expositions originales biennales de bijoux 4 semaines tous les 2 ans - -

Ouverture des processus de création aux publics - - - -

Conférences, rencontres selon programmation - - -

Les

acti

vité

s et

leu

rs p

ub

lics

PartenariatPrincipaux partenaires associatifs hors résidents

Affiliation à des réseaux

Eléments budgétaires :Nombre de personnes salariées par l’opérateur : 7Nombre de personnes salariées sur le site : -Masse salariale : 390 KF

Budget de l’opérateur principal : 610 KFChiffre d’affaires consolidé du site : -

Les mots clefsTerritoires Artistiques Economiques PolitiquesDévelopper des projets Accompagnerculturels sur la ville la professionnalisation

des jeunes artistes

Principaux partenaires financiers :VilleConseil généralConseil régional

Partenaires pour l’investissement

Notice Le Rakan

Page 151: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Note budgétaire

Les budgets que nous communiquons du Rakan représentent à la fois un budget desite et de structure.

L’année 2000 fait apparaître un budget de 600 KF. Le prévisionnel 2001 se positionnelui à 1030 KF, soit une augmentation demandée de 59 %. L’analyse sommaire qui suitest effectuée sur les données 2000.

ProduitsLe premier financeur du site est le ministère de l’Emploi, qui couvre le budget généralà hauteur de 58 %. Les recettes propres représentent 25 % du budget et se répartissent essentiellemententre des prestations de services (participations aux frais du lieu) et des ventes demarchandises.Le département participe à hauteur de 10 %. La commune couvre 4 % du budgetgénéral et la Région 1 %.

ChargesLe lieu étant mis à disposition par la Ville, ce budget n’indique que le coût des fluideset des charges locatives, pour ce qui concerne les charges liées au site.Les charges de personnel atteignent 64 % du budget et sont couvertes à hauteur de90 % par les aides à l’emploi. Cette indication signale le très faible niveau des salaires,proches du Smic.

InvestissementAucun programme d’aménagement n’est prévu dans le lieu du Rakan.

Le RakanVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Page 152: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Le RakanVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Le RakanBudget LE RAKAN

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 153: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

l aura fallu trois ans, de 1994 à 1997,pour que l’initiative de Gilbert

Tiberghien, metteur en scène dethéâtre, et Alain Raimond, restaurateuret comédien issu des ateliers amateurs

de la compagnie, trouve unterrain d’ancrage àBordeaux. Sa compagnieCGT était implantée depuisdix ans à Eysines où, grâce àune induction culturelleforte, il a développé un

équipement de qualité. C’est le désir derevenir dans la ville centre, le désir d’unlieu qui ne soit pas un théâtre quil’amènera à contacter Jean-Luc Terradeet sa compagnie les Marches de l’été,installée à Sarlat, et Eric Chevance qui

TNTVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

I

BORDEAUXAQUITAINE

Personnes rencontrées :Eric Chevance, coordinateurGilbert Tiberghien, metteur en scèneAlain Remond, comédien-restaurateurDominique Unternehr, metteur en scèneMichel Schweizer, chorégrapheCatherine Contour, chorégrapheAlexia Philippon, relations publiques

Cie Gilbert Tiberghien

“D a n sl ep r o je t,

Page 154: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

était alors le secrétaire général duCentre dramatique national deBordeaux.Dès lors, cette impulsion va structurer“une équipe de préfiguration” qui seréunira autant que faire se peut durantplus de deux ans. Au sein de celle-ci,Eric Chevance qui quitte le CDN pourune formation à l’Arsec à Lyon,organise les tables rondes de structu-ration du projet et les premierscontacts institu-tionnels. AlainRaimond négocieparallèlement unlieu, une ancienneusine de chaussuresqui est offerte à lavente. Le proprié-taire, attaché àces bâtiments,acceptera delouer celle-ci etde garantir undédommagementpour les amélio-rations quiauraient pu êtreapportées par lesoccupants durantle temps du bail.

L’équipe souhaitefaire avec le TNT un lieu d’élaboration d’une parolecontemporaine, un lieu “vertébré ” parle théâtre mais ouvert aux autresdisciplines, un lieu où ils pourraientaccueillir des jeunes, un lieu de vie et deformation. En avril 1997, le lieu estouvert au public pour un mois, durant

lequel les compagnies permanentes ontprésenté leur travail, puis refermé enattendant la première tranche detravaux qui a eu lieu entre octobre1997 et avril 1998.

Une histoire

Très vite les premières brouilles entreGilbert Tiberghien et Jean-Luc Terradevont apparaître, sans doute liées à la

nature tropsingulière dechaque démarchethéâtrale et aucontexte institu-tionnel lesentourant. Pour Eric Chevance,“Gilbert est unhomme de théâtrequi défend unpropos politiqueet social, ouvertau monde alorsque Jean-Luc estdans une urgenceintime. Dans sontravail, c’est luiqui est au cœur.De plus lesc o m p a g n i e sétaient dans unes i t u a t i o n

opposée. Jean-Luc était victime d’uneimplantation ratée à Sarlat. Il était trèssoutenu par les experts mais rejeté parle local. Gilbert dont l’implantation étaitune réussite, souffrait d’unereconnaissance artistique insuffisantequi étiolait son rapport à l’institution. Sa

subvention de l’Etat (500 KF), qui étaitla plus importante pour uneCompagnie dans la région était remiseen cause. Le TNT était une façon ausside régler ces problèmes, de faire unesurenchère. On voyait bien en montantle projet que l’on occultait des pointssur lesquels, il ne pouvait y avoirentente. Il y avait des problématiquesartistiques et des stratégiesdifférentes”2. “On sentait cesantagonismes, mais on pensait quec’était une force” Alain Raimond.

Parmi les sujets qui sont vite devenusdes points d’achoppement, il y avaitl’idée d’une troupe commune quirestera bien sûr au stade du principe etbien d’autres oppositions sur lesquestions laboratoire / ouverture,foisonnement / exigence, boîte noire /espace libre…“L’éclatement a été provoqué par laconfrontation à la réalité du lieu et desdécisions des institutions. Le coupleétait donné perdant sauf par l’Etat, maisd’autres collectivités ont joué lespyromanes en diminuant la subventionde l’un, en augmentant celle del’autre… De plus, on s’installait dans lelieu en période de création… J’ai sentique l’on se sabotait nous-mêmes, et j’aifixé un ultimatum et proposé un modeopératoire de partage. On a passé uncap, mais les relations ont continué dese détériorer et nous avons perdu laconfiance des institutions3.”

Face à l’échec de cette collégialité (cinqpersonnes étaient impliquées dans ladirection) Eric Chevance assume

TNTVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

1-2-3-4-5-Eric Chevance - Entretien,novembre 2000

6- La compagnie de Gilbert Tiberghien, payeannuellement une participation au fonctionnementdu lieu.

7- Gilbert Tiberghien - Entretien - novembre 20008- TNT -document de présentation

du 28 septembre 2000.

Le lieuL’usine de chaussures du TNT a été construite dans les années 30 et a cessé defonctionner en 1985. Elle a employé jusqu’à 300 salariés. L’usine est structurée en unlong bâtiment sur deux niveaux, un grand terrain, une maison d’habitation, deuxautres maisons plus petites et quelques dépendances peu fonctionnelles. Elle estsituée dans un quartier périphérique de Bordeaux, à la limite de la ville de Bègles.Le parti pris retenu a été d’utiliser trois séquences pour la halle principale qui offredésormais un hall d’accueil / bar au - dessus duquel se trouve les bureaux et ateliers.La séquence suivante a été transformée lourdement, afin qu’une hauteur raisonnablesous plafond soit disponible pour l’espace libre de présentation du travail. La dalle aainsi été ouverte tout en maintenant une coursive au niveau supérieur, permettant demultiplier les dispositifs scénographiques. La dernière séquence du bâtiment estconstituée de deux salles de travail et de répétition. Les travaux du site n’ont pourl’instant concerné que la création du grand volume, son aménagement et une partiede son équipement. Il reste à traiter les espaces administratifs, les espaces derépétition et les espaces d’accueil, dont le projet de restaurant.

“ No u sc o n s t a tio n su n ec a re nceàB o rd e a u x.C eq u is ef ai s ai td ep l u sc o n te

Page 155: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

progressivement la majorité desdécisions et renforce l’équipepermanente alors que le lieu setransforme physiquement sous lahoulette des architectes Limouzin etBaudin. La situation ne sera réglée qu’aumoment du départ de la compagnie deJean-Luc Terrade en avril 2000.

D’une crise à l’autre

L’année 2000 ne sera pas une annéefaste pour le tout jeune TNT. A peineremis de cette crise au cœur de ladirection et de la définition du projet,une crise financière entraîne lasuspension de l’activité à compter deseptembre 2000. L’exercice 99 s’estconclu par un déficit de 340 KF qui aconsommé les 100 KF de réserves, etoccasionné un déficit cumulé de 240 KF.Les mesures prises (arrêt des activitéspour une durée de 4 mois — septembre/décembre 2000 — etlicenciement économique du directeurd’août à décembre 2000) ont permisde réaliser sur 2000 un excédent de140 KF, ce qui ramène le déficit cumuléà 100 KF. Analyse faite de la situation,l’équipe a les moyens d’exister (ellepeut payer les charges de structure)mais pas de travailler, le budgetartistique représentant 300 KF annuels(alors qu’il devrait s’élever, dans uneconfiguration normale, à environ 1 million de francs). La décision derésorption du déficit a entraîné uneprise de conscience de la nécessité demoyens complémentaires. “Les conditions d’émergence du projetnous ont handicapés en termesbudgétaires car nous n’avons pas pu,pas su diversifier nos sources definancement en faisant appel à laPolitique de la Ville par exemple. Ondevait en même temps organiser leprojet, accompagner la transformationdu lieu et nous n’avons pas eu le tempsde penser cet aspect du projet4.”

L’année 2000/2001 sera une année detransition pour le TNT. Après avoir misen évidence “la nécessité de ce lieu detravail, de rencontres, de formation”, lasaison en partie coréalisée avec le CDN(3 spectacles sur les 11 présentés) seraune saison de diffusion. Ces crises

successives vont sans doute marquerprofondément le projet du TNT. “Enfait on est parti d’un projet classiquealliant création / diffusion pour aller versune réflexion plus en profondeur sur lesévolutions des modes de travail dans lacréation contemporaine. Notre sentiment,avec Jean-Luc et Gilbert de la nécessitéd’aller voir ailleurs, était en faitconditionné par nos parcours institu-tionnels. Maintenant, on refonde notreprojet sur un travail de fond avec lesartistes en échangeant par exempleavec les laboratoires d’Aubervilliers,entre autres5.”

Une re-fondation,une ré-organisation

Le chemin de cette re-fondation duprojet passe actuellement par un travailcollectif. Confrontée au débordementd’activité du lieu lors de ses premièresprogrammations, l’équipe se pose afind’essayer de tisser de nouveaux liens etde mener une démarche fondée sur lesens des actions.De la réunion dutr iumvirat (Er icChevance, GilbertTiberghien6, AlainRenaud), à laréunion d’équipedu TNT, en passantpar la réunion deséquipes résidentes,jusqu’au conseilartistique, il y a unemême démarchequi vise à porterl’expérience ducôté de l’innovationen menant unréflexion profondesur la politiqueculturelle, sociale etpolitique du lieu. Le TNT estaujourd’hui dirigé par une personne,appuyée par deux emplois jeuneschargés de l’administration et de lacommunication. La compagnie GilbertTiberghien, seule compagnie perma-nente apporte son soutien à l’organi-sation, mais il manque encoreaujourd’hui au moins trois personnes àtemps plein dont un directeur

technique. Un conseil artistique seréunit régulièrement pour débattre desorientations artistiques du TNT, et leconseil d’administration de l’associationa été revalorisé.

Montrer que les artistessont des travailleurs

“Dans le projet, nous voulons pouvoirtravailler la permanence artistique et lapluralité ar tistique. Nous sommespersuadés que ce sont les voies àprendre pour répondre aux urgencesque nous percevons. Nous dévelop-pons pour cela des résidences longuesqui offriront des contrats de deux ansou plus à des artistes et nous aimerionségalement pouvoir réfléchir à unecollaboration avec Musique de nuit afind’associer une compétence complé-mentaire7”. “A l’origine consacré au théâtre, leprojet artistique du TNT s’est ouvertaux autres disciplines. En les accueillant,le TNT cherche à favoriser les

rencontres, croise-ments, échangesentre ces différentschamps, mais au-delà de l’aspectpurement discipli-naire, c’est la parolepolitique de l’artiste-acteur de la citéque nous entendonsdéfendre et accom-pagner. Le travaildans la friche offreégalement aux ar-tistes un espaced’une grande plas-ticité, qui permet à des langages très différents des’exprimer. Le lieu,

par sa singularité, détermine une partdes choix artistiques de programmationet stimule les artistes qui le découvre às’engager dans d’autres formes derapport aux publics8.”Enfin, le TNT, développe une proximitéavec les jeunes artistes régionaux enleur offrant un support logistique et enaccompagnant certaines de leursdémarches.

TNTVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Page 156: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

En parallèle de “cette ligne artistique”les contraintes économiques du TNTont entraîné la multiplication des co-réalisations, qui pourraient être au seindu projet un axe structurant et non unesimple contingence de pauvres. “Nousvoulons travailler encomplémentar itéavec les autres,réussir à échanger ànégocier avec l’Opéra, le CDN, leconservatoire, l’école d’ar t ou lespetites associations. C’est comme celaque nous pourrons croiser les publics9

dans les salles, mais aussi lors desateliers de formation ou lors du pique-nique que nous organisons avec leshabitants du quartier10.”

Une politiqued’action culturelle

Au sein du TNT, les démarches d’actionculturelle ne sont pas synonymes de

recherche de public. Il s’agit en fait pardes actions bien déterminées “deprendre en considération son environ-nement proche, de considérer larelation entre le lieu et la cité”. Troisprincipaux axes de travail se sont

structurés depuisdeux ans autour dulieu et de certainesactions artistiques.

Les espaces extérieurs ont pour unepartie été mis à disposition de lapopulation afin de cultiver des jardinspotagers, en liaison avec le centre social.Des familles du quartier y cultivent uneparcelle alors que des enfantsparticipent à des actions pédagogiques.Dans cette même perspective, visant àfavoriser les rencontres, les pique-niques permettent aux habitants devenir partager un moment deconvivialité. Ces rencontres sontpensées en association avec des jeunescréateurs afin que la dimensionartistique et festive soit présente.Le travail d’action culturelle, qui ne secantonne pas au quartier, se traduit

également par un important travailscolaire, autour notamment de l’écoledu spectateur.

Un espace de circulation

“Qu’ils soient accueillis pour desreprésentations, ou engagés dans unecréation, qu’ils soient en formation ouen répétition, les artistes au travailreprésentent un vivier de pensées, deprojets, d’attitudes particulièrementriches, que les différents espaces detravail du TNT ne peuvent que valoriseret faciliter11.” Pour faciliter les rencontresinternes et externes, entre stagiaires,artistes, population, le TNT souhaitepouvoir offrir un espace de circulationconvivial, qui pourrait être une brasserieouverte sur l’extérieur. Ce lieu informel,pourrait également être le supportd’aventures artistiques singulières etenrichir le dispositif d’échange.

TNTVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Patrick DuvalA Bordeaux, Musiques de nuit irriguedepuis plusieurs années le territoire deses projets singuliers, dans le domainedes musiques actuelles. Alors que lesautres initiatives bordelaises ont pour laplupart un point d’ancrage (institu-tionnel ou pas), Patrick Duval en cherchetoujours un. “L’absence de visibilité, delisibilité du projet en un lieu nousfragilise, alors que nous sommes arrivés àune certaine stabilité économique avec50% de financements publics sur nos 6,7MF de budget (2/3 sur la diffusion, 1/3sur les stages et les ateliers). Aprèsl’échec d’une tentative sur un site SNCFde la rive droite de la Gironde, tous nospartenaires nous ont poussés à trouverun lieu. Alors, bien sûr, nous avons aussipensé à un rapprochement avec desstructures existantes comme le TNT ou laRockschool. On a commencé à fairequelques petites choses ensemble avecle TNT, dont je connais bien l’équipe,mais le plus dur c’est de penser quelquechose ensemble qui puisse permettre deconserver notre identité. Si l’on arrivait àsortir des logiques de petits territoiresqui morcèlent notre secteur, nouspourrions imaginer des collaborationsmultiples, car Musique de nuit, c’est aussiun réseau et des liens à développer avecle quartier du TNT.”

Michel Pierre est venu à Bordeauxpour créer la Direction des affairesculturelles de la Ville il y a trois ans avec,comme principale mission, la limitationdu coût des grandes institutions. Avec336 MF de budget culturel, Bordeaux estdans le peloton de tête des budgetsculturels, mais à y regarder de plus près,l’essentiel de ses moyens est englouti par“les dépenses de centralité”. L’arrêt dufestival Sygma, celui du mai musical et ledépart de Jean Louis-Froment de la têtedu CAPC ont été vécus comme l’impossi-bilité de réaliser hors l’institution uneactivité culturelle contemporaineambitieuse. Pourtant la ville est en pleineeffervescence culturelle, son rajeunis-sement, “l’exportation” de ses plus jeunes talents(Noir Désir, les Hurlements de Léo, Vassalet Lacaton…) ont réouvert des voiesdans lesquelles une politique culturelleen manque de marges a bien du mal àtrouver sa place.

Catherine Contour est arrivée auTNT pour un atelier, partie intégranted’un travail chorégraphique plus largequi était mené en différents points de laville. Dans le collège artistique qu’EricChevance est en train de mettre en place,Catherine Contour développe un vasteprojet associant l’école d’art, le musée, lethéâtre… “Aujourd’hui il s’agit d’inventerun mode d’association qui ne soit pasl’organisation managériale habituelle. J’aitoujours refusé, comme interprète etcomme chorégraphe le principe de lacompagnie. C’est un système hiérarchisé,dont le principe de production esttoujours le même, calqué sur le modèleclassique. Je cherche un système léger,créer des associations en fonction desprojets tout en ménageant des fidélités.Je ne défends jamais une positionunique et je suis très attentive à lamanière dont on convoque, dont onqualifie. Je considère qu’il faut répondreà chaque besoin de production par uneréponse singulière.Le déplacement d’un territoire à l’autreest riche. Chaque territoire est un champd’investigation particulier, mais je necrois pas que l’on puisse le vivre commeun déterminisme esthétique car il y a trèsvite un risque d’enfermement.Personnellement je revendique ce qui nedure pas, il ne faut pas modéliser unedurée12.”

9- La jauge de public est de 15 à 400 personnes. Ladanse réalise sur trois soirs des taux de remplissagede 70 à 120 spectateurs PAR SOIR. Pour le théâtre50 à 100 spectateurs PAR SOIR se déplacent sur unedurée variable de 5 à 10 jours.

10- Eric Chevance – Entretien - novembre 2000.11- TNT document de présentation

du 28 septembre 200012- Catherine Contour – Entretien - novembre 2000.

13- La première création de la compagnie avait pourthème “Pourquoi serions nous prêts à mourir et quisont nos héros ?”, La deuxième, “Les cinquantedernières années du XXe siècle”.

14- Dominique Unternehr - Entretien - novembre 2000.15- Michel Sweitzer - Entretien - novembre 2000.16- Gilbert Tiberghien - Entretien - novembre 2000.

Page 157: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

TNTVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Conjugaison d’intérêtsDepuis 1984, Michel Schweitzer mène son travail chorégraphique. Tantôtchorégraphe, tantôt danseur, tantôt comédien. En 1995, après l’arrêt d’une longuecollaboration chorégraphique, il souhaite interroger l’évolution du monde de la danseet l’enchaînement de spectacles qui doivent marcher pour pouvoir en faire d’autres…Déçu, fatigué du mode de production, Michel Schweitzer monte, en 1998, uneexpérience “Assanies”, avec un dispositif éprouvant le rapport scénographique àEysines. Cette tangente professionnelle, cette nouvelle trajectoire permettent auxinstitutions de “remettre les compteurs à zéro” et de limiter leurs soutiens à cestravaux. “Eric Chevance a vu ce travail et m’a proposé de renouveler l’expérience auTNT. Je souhaitais travailler avec des professionnels et des amateurs, une rencontreentre un homme assez âgé, des danseurs, un jeune internaute…tenter un brouillon.Pour mon projet “King”, le TNT me fait confiance et j’ai pu préfigurer ici mes premièresébauches. J’ai trouvé ici, l’image d’un lieu qui va bien à mon projet, une cohérence.Même si les moyens de coproduction sont faibles, et que l’équipe est insuffisantepour accompagner tous les projets, le TNT me permet de trouver des coproductionsque je n’aurais pas trouvées par ailleurs avec Pantin ou le festival Tendances parexemple. Ici on m’offre la possibilité de faire exister la communauté de 15 personnesimpliquées dans ce projet, c’est une conjugaison d’intérêts”.“En tant qu’artistes, je vais voir de moins en moins de spectacles dans les grandesinstitutions. Pour moi le TNT est dans ce réseau de lieux à haut risque, où il y a uneexpérimentation, un niveau d’exigence qui nourrit. Ces lieux sont importants parcequ’ils donnent aux tentatives artistiques plus d’espaces physiques, sociaux etpolitiques. Parfois je m’interroge sur la raison de certains spectacles ici. Il y a en fait undosage entre des produits culturels identifiables et des ovnis. Il y a peut-être un risquede déception, de trouver ici, ce que l’on peut voir ailleurs. En même temps c’est peut-être pour amener le public ? 15”

Des lieux, où l’on s’offre au regard, là où on creuseDominique Unternehr a créé en 1993 Lorsque 5 ans, compagnie de théâtre franco-espagnole issue pour partie du travail entre le conservatoire de Bordeaux et de Saragosse. Depuis la compagnie est devenue hispano-franco-italienne. Cette jeune compagnie “centrée” sur des lieux ruraux mène un travail de créationlié notamment à la langue et à la musique, à partir de thèmes européens13. PourDominique Unternehr, “TNT représente en fait le lieu dans lequel on a le plus envie de travailler. Il y a une véritable prise de risque et un certain accompagnement. Nous avons pu jouer dix fois devant un public varié et nombreux, ce qui a permis aux Italiens de payer leur voyage. La mise à disposition d’un lieu équipé nous a permisd’affiner le spectacle et nous avons pu essayer avec l’équipe du TNT de faire venir des diffuseurs même si c’est difficile.”Le TNT en tant que “lieu en standby” propose quelque chose d’ouvert, propice auxbesoins de création commune manifestés par Dominique Unternehr. « Nous noussommes donné un programme de travail annuel qui se fait dans les trois pays et quinécessite autre chose qu’une scène de répétition. Ici, on trouve un environnement, dessollicitations, “un endroit inspirant”, et une équipe qui adhère à notre démarche.L’échange se fait dans la confiance, car on sait que, s’ils ont les moyens de répondre ànotre demande, ils le feront. Nous pensons en plus qu’il est indispensable que lescompagnies qui travaillent ici épaulent le lieu. Qui soutiendra, si ce n’est nous, l’endroitdes essais, des rencontres musicales, chorégraphiques, plastiques, théâtrales ?”“Coproduire entre compagnies, c’est gagner en autonomie, c’est une solidaritéfondamentalement différente du misérabilisme. Même si les moyens sont très faibles,nous parvenons au moins à financer notre activité (décors, costumes) et quelquescachets de temps en temps14.”

Gilbert Tiberghien“A l’origine du projet, le fait depoursuivre à deux un objectif communétait fondateur. Il y avait dans notreapproche un potentiel théâtral très fort.Cette tentative de remettre en place uneaction collective est indissociable de lapluridisciplinarité. On a pensé ce projet àpartir d’un désir partagé, d’un besoin decollectif, d’un rapport à l’utopie quifonde le lieu. Il nous fallait créer desstructures pour pouvoir les dépasser.Tout de suite, les institutions ont essayéde nous mettre dans des tiroirs, nousidentifier dans une case. J’ai toujoursrefusé ce principe de la décentralisationthéâtrale. J’ai monté un spectacle, il y aquelques années les diffuseursd’ambiance qui n’a pas du tout étéapprécié par le milieu. J’ai l’impressionque ce spectacle, la crise avec Jean-Luc,le besoin de “jeunes”, les ont amenés àvouloir me couper la tête. Le travail queje voulais mener, et que j’entendstoujours développer, était basé sur laconstitution d’une troupe avec desjeunes sortis du conservatoire. J’aicommencé à travailler avec 6 comédiens,2 techniciens, un principe de commandede texte et des invités, des liens interré-gionaux, une pluridisciplinarité avec lelyrique, le dramatique, le musical, lechorégraphique. Nous sommes dans unerégion où il y a dix nouvelles compagniespar an ! Et en même temps des acteursqui vieillissent avec les mêmes pièces, lesmêmes metteurs en scène, les mêmespublics…c’est terrifiant. Il faut irriguerdifféremment le territoire, recréer desréseaux, non des assises. Pourquoi nepeut-on pas faciliter les échanges de lieuà lieu, la mobilité des équipes, le transfertdes compétences ?Au TNT, ce que je veux c’est pouvoirtransmettre, utiliser le contexte, travailleravec des amateurs comme je le faisrégulièrement tous les 5 ou 10 ans. Pourmoi l’élaboration de la parole contem-poraine, c’est avant tout le renouvel-lement de la pratique et prendre un lieu,c’était arrêter de parler, passer de lacritique à la pratique. Dans le débatpermanent que nous avons avec Eric, ilme parle souvent de nouveaux modes deproduction, de nouveaux rapports à ladiffusion. Moi j’ai des limites ; dans monimaginaire une équipe doit tourner16.”

Page 158: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

TNTVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Ville : BordeauxNom du quartier : Carle-VernetNbre d’habitants : 215 000Situation : Péricentre

Région : AquitaineNbre d’habitants : 2 910 000

Nom du site : TNTNom de l’opérateur : TNTDate de création : 1996 Date d’ouverture : avril 1998Président : Janick PrémonDirecteur : Eric ChevanceAdresse : 226, bd Albert-Premier 33800 Bordeaux

[email protected]él : 05 56 85 82 81 - Fax : 05 86 85 25 72

Opérateur associé : Cie Tiberghien Création : 1986

1994 naissance de l’idée d’un nouveauthéâtre à Bordeaux

1995 premiers contacts avec les collec-tivités publiques

mars 1996 déclaration de l’association TNTjan.1997 installation des deux compagnies

fondatrices à la Manufacture dechaussures

oct. 1997 embauche d’un premier salarié (E.Chevance, administrateur)

déc.97/av.98 1ère tranche de travauxavril 98 ouverture du TNTavril 2000 départ de la compagnie Les

Marches de l’Etéaoût 2000 fermeture temporaire du TNT et

licenciement économique dudirecteur (E. Chevance)

janvier 200 réouverture du TNT etréembauche du directeur

La s

itu

atio

nL’

iden

tité

Repères chronologiques

Cie TiberghienLes Marches de l’été (jusqu’en avril 2000)

Structures associées - 1er cercle

Les structuresprésentes sur le site

Propriétaire du bâtiment : Mauduit FrèresType d’occupation : location Durée : 9 ans renouvelablePrécédente affectation : fabrication de chaussuresSurfaces construites : 2 184 m2 Surfaces de terrain : 2 566 m2

Surfaces des bâtiments exploités : 2 184 m2

Lieu

Espaces de diffusion

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

nef création/représentation 600 m2 400 bar accueil/concert/bar 200 m2 150

Espaces de résidences et de pratiques

Nom Fonction/discipline Surface Jaugesalle du haut répétition 150 m2 variablesalle du bas répétition 150 m2 variableatelier atelier 160 m2 variable

Espaces administratifsAnciens bureaux de l’usine accueillant l’administration du TNT et de la Cie Tiberghien

Présence d’un bar : oui Heures d’ouvertures bar : heures de représentationPrésence d’un restaurant : en projet Nbre de couverts / jour : -Présence de logements pour les résidences : nonPrésence de logements de fonction : non

Des

crip

tio

n d

es e

spac

es d

e tr

avai

l

Catherine Contour, artiste associée

Structures associées - 2e cercle

différents artistes institutions et associations culturellesdont Musiques de nuit

Structures associées - 3e cercle

Notice TNT

Page 159: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

TNTVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Disciplines représentéesDisciplines Résidences Pratiques Diffusion Résidences Pratiques Diffusion

Théâtre ***** ***** ***** Cirque - - -

Arts plastiques *** - *** Ciné - Audio - - **

Ecritures * ** * Radios / Tvs - - -

Patrimoine - - - Danses *** ** ****

Presse - - - Arts de la rue - - -

Musiques * - *** Modes - - -

Multimédia - - ** Solidarité, citoyenneté ** ** **

Résidences artistiques :Courtes (moins de 3 mois) : oui Nbre par an : 7

Moyennes (entre 3 mois et 3 ans) : oui Nbre par an : 1 à 2

Longues (plus de trois ans) : oui Nbre par an : 1 (Cie Tiberghien)

Pratiques artistiquesPratiques artistiques Nbre d’ateliers différents Nbre par an Quantité de public

Ateliers de formation réguliers 2 2 20

Ateliers de formation spécialisés 1 1 12

Mise à disposition de locaux 15 15 variable

Spectacles professionnels avec amateurs irrégulier irrégulier irrégulier

DiffusionDiffusion Nbre de jours Quantité Jauge basse Jauge haute

Spectacles et expositions en diffusion simple 60 60 15 250

Créations et expositions originales 60 60 15 250

Ouverture des processus de création aux publics irrégulier - - -

Conférences, rencontres 10 10 40 200

Les

acti

vité

s et

leu

rs p

ub

lics

PartenariatPrincipaux partenaires associatifs hors résidentsHors résidents, partenaires associatifs : Musiques de nuit, Etnicolor, et plus ponctuellement,Centre Ssocial Carle Vernet, Asais, Réseau 32 (association d’insertion)

Affiliation à des réseauxnon

Eléments budgétairesNombre de personnes salariées par l’opérateur : 3,5 permanentsNombre de personnes salariées sur le site : 6Masse salariale : 620 000 (permanents salariés par l’opérateur)

Budget de l’opérateur principal : 1,98 MF (en 2000)Chiffre d’affaires consolidé du site : 3,3 MF

Les mots clefsTerritoires Artistiques Economiques PolitiquesQuartier Laboratoire Services EngagementAgglomération Recherche Partenaires publics CitéInternational Interdisciplinarité Tarif unique ArtProximité Parole/corps Réforme Concertation critiquePopulation Ouverture Nouveaux financements Collectivité

Principaux partenaires financiers

VilleEtatConseil régionalConseil général

Partenaires pour l’investissement

Notice TNT

Page 160: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Note budgétaire

Pour le TNT l’approche que nous proposons concerne les deux structures résidentes,l’association de gestion et de production TNT et la compagnie fondatrice et résidenteCGT.

Le consolidé 2000 du site fait apparaître un budget de 3,3 MF sur lequel TNTreprésente 2 MF, et CGT 1,3 MF. Le prévisionnel 2001 est positionné à 4,4 MF soit uneaugmentation demandée de 33 %. L’analyse sommaire qui suit est effectuée sur lesdonnées des budgets 2000.

ProduitsLe premier financeur du site est le ministère de la Culture qui couvre à hauteur de 30 % le budget général (compagnie conventionnée pour CGT).Les recettes propres représentent 23 % du site qui sont essentiellement liées à de la recette de la billetterie et à des ventes de spectacles. La Ville participe à hauteur de 14 % du budget global (17,5 % du budget de TNT), la Région à hauteur de 13 % et le département pour 10 %.

ChargesLes charges du lieu sont assumées par l’association TNT, pour le loyer 300 KF soit 9 %et pour 90 KF de fluides. La totalité représente donc un peu plus de 10 %. (Il faut noterque la compagnie paye une contribution au TNT pour le lieu de 75 000 F par an).Les charges de personnel représentent 45 % avec un fort écart entre le TNT 30 % et lacompagnie 67 %.

Le résultat affiché est affecté au déficit que l’association TNT a connu l’annéeprécédente et qui a entraîné le licenciement de son directeur. En 2001 la situations’améliorant, et la Ville ayant accepté une augmentation de sa participation, l’équipepermanente sera renforcée, à la fois par la réembauche du directeur et par des emploisjeunes.

InvestissementLa friche du TNT doit être réhabilitée pour un montant total de 5,6 MF HT. La premièretranche a coûté 1,8 MF réalisée grâce à des subventions d’équipement Etat 400 KF,Ville 400 KF, département 100 KF, Feder 540 KF, ressources propres 360 KF.

TNTVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Documents de communicationprogrammes, revues de presse

Page 161: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

TNTVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - TNTBudget consolidé du site

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 162: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

TNTVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - TNTBudget TNT

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 163: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

TNTVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - TNTBudget CIE TIBERGHIEN

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 164: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

omment parler d’Uzeste, villagegirondin de quelques centaines

habitants ? Ou plutôt par oùcommencer ? L’estaminet ? Le rugby ?Les palombes aux petits pois ? Le jazz ?Le printemps ? L’été ? L’automne ?L’hiver ? La mémoire ? La menuiserie ?Les orages ? En fait, Uzeste c’est tout cela puissance1000, un projet rare comme les grandes

œuvres, un projettravaillé au corps etau cœur par desmilitants vivants quiont décidé de sebattre pour qu’un

village de la Gironde soit “un village desarts à l’œuvre”. Bernard Lubat estl’œuvrier principal de ce chantierincroyable conçu en 1975, “parinadvertance, et dans le refus desfestivals de consolation et de

Uzeste MusicalVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

C

UZESTEAQUITAINE

Personnes rencontrées :Bernard Lubat, directeur - musicien Alain Chiradia, administrateurOlivier Perriolat, chargé de production

Page 165: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

compilations qui commençaient àfleurir”. A cette époque, alors que sa“carrière” est toute tracée, BernardLubat décide de revenir à Uzeste et detravailler dans le village, où ses parentsavaient ouvert il y a près de 40 ans lepremier “dancing” de la région,L’Estaminet. “En1975 je me suisrendu compte quele Paris jazzistiquehistorique était vide,vidé de son suc etque pour être dansla mêlée, ne pasêtre à côté, il fallaitdemander aux musi-ciens qui vivent deleur ar t, d’êtremilitant de leur artplus que de leurstatut, leur deman-der de venir fairedes “listes ratures”en public. Dans le jazz, ils apprenaientcomme cela, en jouant, les pains, leserreurs, le hasard, les coups dechance… c’est la vie. Ici finalement, jesuis dans les emmerdements que jemérite, ça m’a sauvé des vingt concertspar mois ou la qualité de la chambredevient la plus importante desdonnées.”

D’année en année, la compagnie Lubatva ainsi inventer un projet singuliercombinant la diffusion locale, nationaleet internationale de ses créations,l’organisation d’un festival “multi-pluridisciplinaire”, l’animation d’ateliers et dedébats avec les publics les plus divers.D’année en année, la compagnie Lubatet ses invités vont simplementtémoigner de “cette confiance desartistes en l’action”, de ce refus dufatalisme, de l’évitement, de la culpabili-

sation. “Jouant avec les intempéries,l’artiste est dans la mêlée, comme aurugby. Un jeu de combat offensifnécessitant solidarité, puissance,abnégation, finesse, force, générosité, ruse,évitement, stratégie, débordement,rudesse, un jeu individuel dans le collectif”.

Refusant l’approcheculturelle habituelle,Uzeste est alléjusqu’à la grève en2000. Subventionsréduites et rupturede trésorerie, onten effet amené lacompagnie à suspen-dre l’organisationd’Uzeste Musical, età ouvrir le débatavec les collectivitéspubliques et “sescitoyens œuvriers,tôliers, associés”pour qu’une prise

en compte globale du projet puisse voir lejour.

A Uzeste la compagnie Lubat organisedes manifestivités annuelles pluri-thématiques que l’on peut identifier entrois ensembles :- Tout d’abord, le printemps et l’hiverd’Uzeste Musical sont fondés sur les“imagin’actions éducatives”, permettantdurant quinze jours une successiond’ateliers, de rencontres, d’entretiens etde spectacles, réunissant des stagiaireset la population du territoire. Ladémarche éducative lubato-uzestienne

encourage par ces imagin’actions unedécouverte du plaisir de découvrir. Avecles participants, il s’agit donc dedéconstruire dans un premier temps,pour parvenir à un état permanent derécréation, seule réponse au soucipermanent de la transformation. “Lubatet les siens ne se posent pas en maîtres,ils donnent aux gens les moyens d’êtreleur propre maître, de s’employer àtrouver des réponses eux-mêmes auxquestions qu’ils se posent, pour s’enposer d’autres à nouveau afin d’êtretoujours en mouvement. Cettedémarche est l’apprentissage de laliberté1.” Ces rendez vous sontégalement l’occasion de “nuitsmanifestives” qui revisitent le principemême des fêtes populaires en tentantde retrouver d’urgence “le sens durythme, le sens de l’imagination, lespertinences de l’improvisaction, et lesexpressions d’oralités personnalisées,libérées, confrontées, partagées. Ensuite, la Hestejada de la Arts, grandefête des arts, est depuis 1978 l’un desrendez-vous estivaux les plus attendusen France. Lieu de tous les possibles,Uzeste a accueilli en 23 ans toutes lesrencontres possibles et imaginablesdans le domaine du jazz certes (Portal, Shepp, Taylor, Louiss,Nougaro…), mais aussi dans les artsplastiques, la physiologie végétale, lethéâtre, la danse… La magie d’Uzestetient, pour tous ceux qui fréquententquelques jours par an le village, “à lathéâtralité de la compagnie Lubat et àl’implication de tout le village et de la région

Uzeste MusicalVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

1- Christophe Verdier dans “Uzeste Musical” : Mémoire de Dess, Olivier Perriolat, 1999

2- Alain Kirili dans “Uzeste Musical” : Mémoire de Dess, Olivier Perriolat, 1999

3- Bernard Lubat dans Sud-Ouest,15 août 1997 dans “Uzeste Musical” : Mémoire de Dess, Olivier Perriolat, 1999

4- “Uzeste Musical” - p. 35 -Mémoire de Dess, Olivier Perriolat, 1999

5- Francis Marmande dans Sud-Ouest5 mai 1998 dans “Uzeste Musical” : Mémoire de Dess, Olivier Perriolat, 1999

Le lieuLa compagnie Lubat investit pour mener ses actions, l’ensemble du village. A partir de« la menuiserie » salle polyvalente de 250 m2, du bureau et du studio d’enregistrementqui les jouxte, l’équipe installe maison, par maison le « visage village des arts àl’œuvre ». Lieu historique de l’action, l’estaminet est le café musique du village. Lieude diffusion et de convivialité, il accueille tout au long de l’année la permanence del’activité.Depuis peu, la SCI a pu racheter une nouvelle maison face à l’église qui sera “lamaison de la mémoire en marche”. Cette maison sert déjà aux ateliers de pratiquesartistiques et la cave pourrait devenir, après quelques travaux, un studio utile pour lesrépétitions et la diffusion. D’autres maisons sont actuellement repérées pour accueillirles développements de l’activité d’Uzeste musical et plus largement l’ensemble desdisponibilités foncières du village pourrait être mobilisé à terme. L’été, le grandchamp est le théâtre principal des manifestivités qui irriguent toutes les rues, ferméesà la circulation, et de nombreuses cours privées mise à disposition par leurs proprié-taires. A l’occasion d’une création, la compagnie, n’hésite pas à s’enfoncer dans lesbois, ou à remonter le cours de la rivière.

N il i bé r a l,n il i be r t ai re,l i bé r a n t.T r a n sfo rme r

Page 166: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

qui installe un esprit d’improvisation et deliberté que le professionnalismeacadémique et le seul souci de la rentabilitécommerciale excluent en général2.”Enfin, les assises de la mémoire enmarche, ont étécréées en 1998.Traduction complé-mentaire de lapermanence desactions développéestoute l’année dansla commune, lesassises réunissentpendant quatre joursquelques centainesde personnes afinde travailler lamémoire citoyen-ne, rurale, occitane,la mémoire dutravail, de l’histoirede l’art et du jazz, lamémoire militante et résistante.“Comme les autres activitésdéveloppées à Uzeste, ces assises sontun moyen de créer des passerellesentre passé, présent et futur et detenter de montrer quil n’y a pas devéritables fractures4.”“La perfection du capital c’est l’anéantis-sement de la mémoire5.”

Structuration, organisation

Pour réaliser ce programme, inviter lesar tistes (et non des moindres),convoquer le public, diffuser sescréations (sur scène et sur disques),quatre structures juridiques distinctesregroupent l’ensemble des activités dela compagnie et des personnesassociées :- La compagnie Lubat créée en 1976produit les spectacles et les tournées.- L’association Festival d’Uzeste Musicalcréée en 1989, en relais desprécédentes structures, assume lesmanifestivités d’Uzeste Musical qui sedéroule l’été bien sûr, mais égalementtout au long de l’année.

- Les Editions du Tilleul créées en 1986croisent plusieurs activités artistiques etont contribué à de nombreusesproductions.- La société civile immobilière Uzestoise

créée en 1988 estle support desprojets de réalisa-tion du Village desarts à l’œuvre.Cet ensemble quiréalisait en 1999 unchiffre d’affairesconsolidé de plusde 8 MF est financépar des subvention-nements publics quisont tombés de35% du budgetglobal à moins de20% cette année là.L’imbrication desstructures et la

solidarité financière qui caractérisentl’organisation sont à la fois sourced’inventivité et de précarité organisa-tionnelle, car il suffit que l’une ou l’autredes activités ne soit plus financée pourque l’ensemble soit mis en déséquilibre.

En créant unensemble d’outilsadaptés le plusfinement possible à sa démarche, lacompagnie a trouvé sans reniement uneexistence réelle sur le “marché musical”.En produisant des disques, en diffusantses créations, en multipliant à l’extérieurses interventions, les revenus tirés deces activités ont permis de coproduirela permanence artistique etpédagogique à Uzeste. Le travailar tistique du groupe est venucoproduire d’autres chantiersartistiques sur leur territoire d’ancrage.C’est sans doute à ce premier niveauque Uzeste pourrait être identifié commeune “référence” en matière d’économiesolidaire et d’autofinancement. Bienentendu, "le modèle de valeuréconomique” de la compagnie Lubat n’estpas transposable, et il ne connaît que de

Uzeste MusicalVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

L’é q u

Page 167: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Uzeste MusicalVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

rares échos sur le territoire national. Ilrepose en effet sur l’adéquation entre uneécriture artistique exigeante et une nichedu marché (public et privé) qui offre ainsiune solvabilité aux propositions de lacompagnie. La spécificité du ”modèle” estcaractérisée par le système de redistri-bution et de répartition des revenus decette activité, qui n’est pas affecté intégra-lement à la rémunération artistique etadministrative. La compagnie Lubat en tantque collectif d’“œuvriers” se comporteainsi comme un véritable producteur,finançant une part de ses projets par lesbénéfices réalisés sur un secteur de sonactivité.Ainsi, tout en affirmant une position decombat face aux institutions afin que letravail mené à Uzeste, dans son ensemble,soit consolidé et développé, l’équipe a pubénéficier d’une autonomie maximale faceaux contraintes économiques et politiquesextérieures, et surtout a pu jusqu’à uncertain point financer son développementpar ses ressources propres et le bénévolatde certains intervenants, combinés auxfinancements publics insuffisants.

Le deuxième niveau de l’exemplaritépolitique et organisationnelle d’Uzesteconcerne la définition, du village des artsà l’œuvre comme pôle d’activité local,fondé sur les démarches artistiques de lacompagnie et de ses invités. Lacompagnie Lubat, la plus importanteentreprise du village, a engagé par sonimplantation une redynamisation de lavie locale. Sans le projet “du village desarts à l’œuvre” et sans l’apport concretdes manifestations, il n’y auraitcertainement plus aucun signe de vie

économique et les derniers servicescollectifs encore présents seraient sansdoute fermés. Bien entendu, lesretombées directes du festival sontévidentes sur les commerces et surl’utilisation du foncier disponible, maisdes retombées plus indirectes commele regroupement pédagogique inter-communal ou le maintien du bureau deposte sont bien à porter au crédit del’intervention permanente de lacompagnie et de ses événements sur leterritoire. Du rachat de certainesmaisons du village par la société civileImmobilière qu’ils ont créée, à ladynamique touristique liée au festival, lacompagnie mène “une action décentra-lisatrice par le bas” qui interpelledirectement les politiques publiques dedéveloppement local6. En effet, alors que cette approche esten phase avec les dispositifs de politiquepublique qui se mettent en place sur lesterritoires, la reconnaissance de la

ressource artistique comme ressourcecontribuant au développement localsemble être impossible. La question quise pose est en fait de savoir si lespartenaires du territoire sont disposés àprendre en compte le travail de lacompagnie sur un autre registre quecelui de l’approche traditionnelle desprojets culturels, qui enferme celle cidans le rôle d’organisateur, sollicitant,sur la base d’un catalogue d’actions,l’intervention des pouvoirs publics.

Jean-Michel Lucas8, propose parexemple que la compagnie soit associée

étroitement et sérieusement à l’étapede préparation de la charte de pays, ausens de la loi d’orientation d’aména-gement et de développement du territoire,de juillet 1999. “Cette loi insiste sur lesobjectifs de solidarité et appelle aurenforcement de la démocratie partici-pative. Elle pose aussi l’importance del’attractivité internationale des territoiressoucieux de se développer, et indique aussi,(pour l’Etat au moins) la nécessité de définir,à travers les schémas de services collectifsculturels, une politique compatible avec lesenjeux de développement territorial.Elle stipule notamment en son article 22 lanécessaire prise en compte “des dyna-miques locales déjà organisées etporteuses de projets de développement9.”Inscrit dans ce schéma d’actionpublique, l’ensemble des moyensindispensables à la consolidation et audéveloppement partagé du projet seraitréuni en termes de constitution deséquipes techniques réellement qualifiéesou de mobilisation de crédits d’investis-sement.

Le travail en réseau

La compagnie Lubat a fait naître uneémulation qui a permis de développerles problématiques propres de chaqueopérateur sur leurs territoires. Cerayonnement régional qui dépasse laseule dynamique événementielle estégalement connecté sur le territoirenational à d’autres initiatives souventportées par d’autres musiciens. (Ex : lesJournades de Villandraut, les Nuitsatypiques de Langon, la Musicalarue deLuxey, le Festival de fifres de Saint-Pierre-d’Aurillac…).

Public

Uzeste n’est pas un village d’artistes ausens du phalanstère, ni un villagetouristique au sens entendu habituel-lement par les canons du tourismeculturel. A Uzeste, “le public est invitéau processus, pas à la représentation du

“ Moij emeb a l a d ea v ecu n ep a n c a r tej e

6- De l’habitat, de l’éducation, de l’accueil d’entreprises,de la lutte contre l’exclusion, de l’amélioration desconditions de vie des personnes âgées, de l’image etdu rayonnement du territoire, de la valorisation del’environnement, du développement des nouvellestechnologies…

7- Colloque à Uzeste. Bernard Lubat

8- Ex Drac Aquitaine

9- Lire “Pour ouvrir des perspectives au “visage villagedes arts à l’œuvre”, Jean-Michel Lucas dans L’Uzesteseptembre 2000.

10- Bernard Lubat dans Politis, 10 juillet 1997,dans “Uzeste Musical” :Mémoire de Dess, Olivier Perriolat, 1999.

11- Felix Marcel Castan, “Décentralisation occitaniste”et “Manifeste culturel”

Page 168: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Uzeste MusicalVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

processus” et “la compagnie y cultivel’art de la diffusion de l’art en refusant lepâté/pathos de la diffusion de l’art”. Enoffrant des propositions de villégiatures,le rapport installé avec le public changefondamentalement du rapport habituel-lement vécu dans les grandes messes“les marchés de solutions”. En refusantde positionner Uzeste musical commeune marchandise culturelle de plus,l’équipe a gagné le soutien d’un publicmilitant, participatif et curieux qui ouvreen même temps de nouveaux espacesartistiques. Les artistes retrouvent ici,une relation directe qui remetdirectement en question leur art et leurpratique de l’ar t. En conjuguantl’exigence des propositions et la fête,Uzeste réactive “des capacités departage intensif des existences, de misesen commun des émotions. L’efferves-cence festive se rapproche ainsi d’unepensée de la révolution permanente,bouleversant les inerties et créant desterritoires sensibles nouveaux. La fêtece n’est pas le défouloir mais l’utopie. Et l’utopie, il n’y a pas plus réaliste que ça10.”Le changement profond du rapport aupublic lors d’Uzeste musical, estégalement fondé sur la permanence del’activité, et notamment sur les stages,rencontres et débats, lors desquels ils’agir de changer les repaires.

L’improvisation, l’artistique

Pour Bernard Lubat, “l’homogénéisationde la création musicale ne peutqu’évoluer vers une réappropriation dusens et surtout de la fonction du travailartistique redéfinie par les artistes eux-mêmes. La bagarre de front et de fond,c’est la bagarre multidisciplinaire. Créerdes esthétiques, des formesd’expression inattendues. “A Uzeste,c’est l’art de l’improvisation qui est enjeu. Improvisation qui permet avecl’expérimentation de créer dessituations d’éclosion d’œuvres collectives

donc d’expériences politiques.” Ladirection artistique d’Uzeste est fondéesur cette base, ce principe d’une pré-paration ar tistique et politique quidevient une incitation aux aléas. Fort durapport instauré entre le public et lesartistes, Lubat peut provoquer l’inat-tendu en préparant soigneusementl’agencement de la scène, le parcoursdans les bois, l’arrivée de l’orage, ou larencontre d’un musicien et d’undanseur. Que ce soit par les créationscollectives de la compagnie ou par lesintégrales “Portal” et “Debussy-Pennetier”, Uzeste prône et pratique untravail multi-pluri-indisciplinaire (et nonétanche), une recherche sur le langageet l’écriture. “

I lf a u tq u el e sa r t i s te ss ec h a r g

“L ad éce n t r a li s a ti

“ A vec

“ O ni nf l ue nce

“P l u sd e

“L’

U nl i

“L ad éce n t r a li s a tio n ,c’

Page 169: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Uzeste MusicalVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Ville : UzesteNom du quartier : -Nbre d’habitants : 417Situation : -

Région : AquitaineNbre d’habitants : -

Nom du site : Uzeste musical, visage village des arts à l’œuvreNom de l’opérateur : Société coopérative de production artistique Cie LubatDate de création : 1976 Date d’ouverture : mars 1978Président : -Directeur : -Adresse : 4, rue Faza 33730 Uzeste

Tél : 05 56 25 38 46 - Fax : 05 56 25 36 [email protected] - Site : www.uzeste.com

La s

itu

atio

nL’

iden

tité

Repères chronologiques

Propriétaire du bâtiment : tout type, public et privéType d’occupation : convention ou accord amiable Durée : -Précédente affectation : -Surfaces construites : - Surfaces de terrain : -Surfaces des bâtiments exploités : -

Lieu

Espaces de diffusions

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

La menuiserie spectacle/exposition - -

Maison de la mémoire librairie, centre de doc - -en marche et de recherche, spectacle

Les Champs Alizés spectacle/exposition - -

Transartistic accueil des travaux de la Cie Lubat - -café restaurant et festival d’Uzeste Musical

+ tous lieux publics ou privés à Uzeste ou villages alentours

Espaces de résidences et de pratiques

Nom Fonction/discipline Surface Jauge

La Menuiserie studio, atelier, bureaux - -

Maison de la mémoire atelier radio - -en marche

Espaces administratifs :bureaux, centre de ressources, ateliers, stokages

Présence d’un bar : - Heures d’ouverture : bar : -Présence d’un restaurant : - Nbre de couverts / jour : -Présence de logements pour les résidences : logement en gîtes ruraux, chambre d’hôtes, ou chez l’habitant, en camping et hôtel et aménagement d’un village de toiles (200 lits)chaque année par le CCAS (EDF/GDF)Présence de logements de fonction : -

Des

crip

tio

n d

es e

spac

es d

e tr

avai

l

1978 naissance du premier événement

estival au café-restaurant L’Estaminet

et à l’intérieur de ka Collégiale papale

1983 Uzeste musival devient toute l’année

et se décentralise chez l’habitant

(particuliers, commerçants, artisans :

cafés, ateliers, jardins, parcs, forêts,

maisons, granges, champs, école, salle

des fêtes, places palombières, étangs.

Naissance du concept «Uzeste, visage

village des arts à l’oeuvre»

1989 premier subventionnement

conséquent et reconnaisant

1990 les Manifestivités d’Uzeste Musical se

décentrent vers les Champs Alizés

(terrains communaux dans le village),

les villages voisins, les quartiers

éloignés, les Châteaux Clémentins

1993 l’Art de la diffusion de l’art et les

transartisticités d’uzeste Musical

s’imposent

1995 naissance des «Imaginactions

éducatives» : stages, ateliers séjours et

nuits manifestives

1997 premières «Assises de la Mémoire en

marche»

Notice Uzeste Musicale

Page 170: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Uzeste MusicalVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Disciplines représentéesDisciplines Résidences Pratiques Diffusion Résidences Pratiques Diffusion

Théâtre *** *** *** Cirque ** ** **

Arts plastiques **** **** **** Ciné - Audio ***** ***** *****

Ecritures *** *** *** Radios / Tvs *** *** ***

Patrimoine ***** ***** ***** Danses *** *** ***

Presse *** *** *** Arts de la rue *** *** ***

Musiques ***** ***** ***** Modes ** ** **

Multimédia ** ** ** Solidarité, citoyenneté ***** ***** *****

Résidences artistiquesCourtes (moins de 3 mois) : - Nbre par an : -

Moyennes (entre 3 mois et 3 ans) : - Nbre par an : -

Longues (plus de trois ans) : - Nbre par an : -

Pratiques artistiquesPratiques artistiques Nbre d’ateliers différents Nbre par an Quantité de public

Ateliers de formation réguliers 10 4 200

Ateliers de formation spécialisés 5 4 50

Mise à disposition de locaux - 20 10 000

Spectacles professionnels avec amateurs - - -

DiffusionDiffusion Nbre de jours Quantité Jauge basse Jauge haute

Spectacles et expositions en diffusion simple 30 10 6 15

Créations et expositions originales 30 10 5 20

Ouverture des processus de création aux publics 365 illimité

Conférences, rencontres - - - -

Les

acti

vité

s et

leu

rs p

ub

lics

PartenariatPrincipaux partenaires associatifs hors résidentsles Journades de Villandraut, les Nuits atypiques de Langon, la Musicalarue de Luxey,le Festival de fifres de Saint-Pierre-d’Aurillac, …

Affiliation à des réseaux-

Eléments budgétaires :Nombre de personnes salariées par l’opérateur : NCNombre de personnes salariées sur le site : NCMasse salariale : 1,5 MF

Budget de l’opérateur principal : 3,1 MFChiffre d’affaires consolidé du site : 7 MF

Les mots clefsTerritoires Artistiques Economiques PolitiquesRuralité Transartisticités Formation de formateurs Education populaireDéprovincialisation Transversalité entre Villégiature culturelle Art moteur de la citéRéhabilitation tradition et novation. Résidence artistique Enfance de l’artRevitalisation Art de l’improvisé Tourisme/nature/culture Débats philosophiquesLire le territoire Art de la diffusion de l’art Nouveaux métiers en ruralité Mémoire en marcheHistoricité Modernité de la nouvelle Création d’entreprises

ruralité. du futur.

Principaux partenaires financiers :DRACConseil généralConseil régional

Partenaires pour l’investissement -

Notice Uzeste Musicale

Page 171: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Note budgétaire

Pour Uzeste, quatre structures sont à appréhender. Uzeste Musical, Cie Lubat, lesEditions du Tilleul et la SCI Uzestoise. Les Editions du Tilleul et la SCI Uzestoise sontcomptabilisées à partir de données recueillies en 2000 et reconduites en 2001. Pour laCie Lubat et pour Uzeste Musical les comptes et budgets 2000 ne sont pas encoredisponibles et seront peu significatifs (grève). Nous avons donc opté pour l’analyseglobale sur le prévisionnel 2001 du site. Les chiffres comptabilisés sur 2000 sontconsidérés à partir des données 2001, afin de pouvoir intégrer Uzeste à l’analyseconsolidé des dix sites.

Le Consolidé 2001 du site fait apparaître un budget de 7 MF sur lequel, Uzeste Musicalreprésente 3 MF , la Cie Lubat 3,1 MF, les Editions du Tilleul 740 KF et la Sci Uzestoise120 KF.

ProduitsLe premier financeur public prévisionnel est le département avec 1,4 MF (20 %). (En fait sur le 1,4 MF, 140 KF proviennent du département des Landes, le reste du département de la Gironde)L’Etat (culture, éducation nationale) couvre avec 770 KF presque 11 % du budgetgénéral. La région apporte 370 KF.Les recettes propres sont la première source de produit avec 53 % du budget (3,7 MF).Elles se décomposent en recettes de spectacles (1,7 MF - Cie), recettes de billetterie(0,7 MF - festival), ventes diverses (0,69 MF – éditions et SCI) et autres prestations.Les autres subventions et partenariats représentent 420 KF (société civiles…)

ChargesLes locations sont faites à la SCI qui a acheté les biens immobiliers. Les autres chargesliées au lieu ne sont pas identifiables.Les charges de personnel représentent 41 %, qui sont pour beaucoup portées par lacompagnie.

InvestissementLa totalité des acquisitions qui ont été portées par le projet est de 200 KF (Maison dela mémoire, menuiserie, estaminet). Les travaux ont coûté 1,5 MF hors estaminet. Denouveaux aménagements sont à prévoir.

Uzeste MusicalVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Références documentaires :

RapportsRencontres des labels d’iciorganisés les 1 et 2 avril à Uzeste

Uzeste Musical : laboratoire artistique etpolitique de la Compagnie Lubat de Gasconha,Olivier Perriolat 1999 - mémoire de Dess Arsec

Page 172: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Uzeste MusicalVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Uzeste MusicalBudget consolidé du site

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 173: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Uzeste MusicalVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Uzeste MusicalBudget CIE LUBAT

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 174: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Uzeste MusicalVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Uzeste MusicalBudget UZESTE MUSICAL (FESTIVAL ET ACTIVITÉS)

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 175: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Uzeste MusicalVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Uzeste MusicalBudget EDITION DU TILLEUL

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 176: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

Uzeste MusicalVOL.1 / MONOGRAPHIE ❚

Budgets prévisionnels 2000 et 2001 - Uzeste MusicalBudget SCI UZESTOISE

Attention, ce budget est à appréhender pour ses valeurs générales

Page 177: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

ulie de Muer est l’une des principalesanimatrices du Batofar, l’un des lieux

culturels parisiens les plus chroniquéspar la presse. Dans certaines “sphères”on considère même un peu rapidementque ce bateau phare, ouvert 7 jours sur7 (très tard le soir) et (presque) 365jours par an n’est en fait qu’un dancing,une boîte de nuit à la mode. “C’est vraique notre équilibre économique génèreun paradoxe. Dès que l’on ne parle plusde nous, notre fréquentation baisse etdonc notre équilibre est menacé.Lorsque l’on parle de nous, on est toutde suite catalogué dans les lieuxtendance, sans grand intérêt culturel. Ilnous faut simultanément casser l’image

du club et en même temps courir après.C’est une véritable paranoïa quis’installe quant à l’identité artistique duprojet.”

Il est certain que l’équipe du Batofarréussit à tenir un équilibre assez uniqueen son genre. Il réussit à faire convergerles intérêts d’une structurecommerciale qui assure la gestion dubar et les intérêts d’une structureassociative qui programme lesévénements artistiques. “Lorsque noussommes arrivés avec la GuinguettePirate sur un quai inlouable, au milieudu chantier, nous avons été considéréscomme des marginaux. Et puis petit à

Batofar

J

Le Batofar

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

ParisIle-de-France Cherche navigation subjective avec…

Page 178: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

petit, nous sommes devenus unélément valorisant et nous avons pûenvisager différemment notre implan-tation dans le quartier. Cette prise encompte de notre environnement afondé le propos des résidences. Nousavons eu envie de travailler avec desvilles comme Berlin, qui vivaient lesmêmes changements que nous etinterroger ainsi les transformations quenous allions subir, vivre, provoquer. Cesrésidences nous forcent à réfléchir.C’est un autre temps.”

Le Batofar est en effet ainsi devenu enquelque temp, l’un des lieux les plusremarqués de la scène électronique parson ouverture et sa singularité. Amarrédevant la bibliothèque François-Mitterrand, il est un élément atypiquedu paysage culturel parisien et plusspécifiquement du paysage de cequartier en pleine mutation dans lecadre de l’opération d’aménagementSeine-Rive-Gauche. Sa programmation,qui combine des découvertes et desartistes inscrits dans les réseaux dediffusion plus classiques est une interro-gation permanente du rapport entre lesmusiques populaires et les musiquessavantes, entre la musique que l’onproduit ici et celle que l’on produit là-bas. Cette dimension internationaleaffirmée est souvent la source deprojets qui ont un rapport direct àl’image, à la ville et bien sûrgénéralement à l’usage des nouvellestechnologies. “Nous avons une attitudede production, mais en fait noussommes dans une incapacité àproduire. Nous n’avons pas les moyensde réellement monter les chantiers quinous intéressent. Nous n’en avons ni lesmoyens financiers, ni les moyenstechniques puisqu’il faudrait égalementdisposer d’un lieu de fabrication.”

La structure du projet du Batofar reposesur deux entités. L’association salarie dixpermanents polyvalents, un chargé deproduction, deux programmateursmusique, une personne pour les artsplastiques, une personne au multimédia,une personne à l’administration et une àla comptabilité, un régisseur, unepersonne à la communication et unepersonne à la coordination. La société,composée d’un responsable d’exploi-tation, d’un chef barman, d’un comptable,de deux personnes à la maintenance etde barmen occasionnels, reverse 10 % dela recette à l’association. La société prendà sa charge la location du bateau et del’anneau, le catering des équipes et leservice d’ordre. L’association a ainsi unbudget financé à 65% par la billeterie(prix d’entrée entre 50 et 70 F), 25 % parles subventions et 10 % par lereversement de la société.Les budgets de l’association et de lasociété sont de 5 MF chacun.

BatofarVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Le BatofarQuai François-Mauriac face à la bibliothèque François-Mitterand750013 ParisTél. : 01 56 29 10 [email protected]

Page 179: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

ors d’un débat télévisé concernantles questions de l’immigration et de

l’intégration, Jean-Paul Alduy, le mairede Perpignan débuta son interventionen expliquant que dans cette ville, quiconnaît une importante communautégitane et maghrébine, deux politiquesconjointes étaient menées. L’uneculturelle, l’autre cultuelle. La CasaMusicale, l’expérience menée depuis1996 par Michel Vallet, était alorsprésentée par le maire comme l’un desexemples du travail d’intégrationperpignanais, dans une émission deprime time sur une chaîne nationale.

Retour sur l’histoire. En avril 1996, dansle cadre du programme des projetsculturels de quartier, l’action de GuyBertrand, professeur au conservatoire,

qui travaille avec un groupe gitan, estidentifié comme un potentiel dedéveloppement. A la recherche d’undéveloppeur, et par l’intermédiaire de laDrac, Michel Vallet, alors directeur dufestival Ramdam à Blois, rejointPerpignan pour mettre en œuvre laconvention de développement culturelde trois ans que la Ville et la Drac ontdécidé de signer. En quatre ans lebudget de l’association passe de 1MF à4,4MF avec, pour l’année 2000, lepremier déficit d’exploitation.

Le cœur de l’activité de la Casa est ledéveloppement des pratiques musicaleset l’organisation d’un événementannuel, grande fête populaire mobilisanttrès largement les populations de laville. La proposition " pédagogique " de

Casa Musicale

L

La Casa Musicale

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Un lieu ouvert de pratiques, de rencontres et de création artistiques enprise directe avec les réalités urbaines d’aujourd’hui

PerpignanLanguedoc Roussillon

Page 180: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

la Casa combine 60 heures d’ateliers depratique tout public (500 participants),un accompagnement ar tistique ettechnique (mise à disposition d’un localéquipé avec technicien), et desrésidences d’initiation, de perfection-nement ou de création. Le festivalannuel " Yda y Vuelta " regroupe les 600musiciens qui participent tout au longde l’année à la vie musicale de la Casa. " Si la Casa connaît un réel succès dansla ville, c’est parce que l’on a joué lapertinence de l’offre, qui a répondu àune demande latente."

La Casa est installée aujourd’hui dansdes locaux provisoires au cœur d’un sitemilitaire abandonné par l’armée,l’Arsenal. Le site, qui abritait égalementun ancien couvent, est classé et a trèsvite été identifié comme un site possibled’investissement à long terme. Sur les 3500 m2 de bâtiments, quelquesmesures conservatoires ont été prises,mais l’essentiel des travaux doit encoreêtre mené afin de sortir les utilisateursactuels de la précarité. Le site est deplus situé au cœur de la ville, à laproximité du centre, dans un quartieren cours de requalification urbaine eten voisinage avec le collège Jean-Moulin.

Dans le projet du site qui se dessine,Michel Vallet a fait entendre le potentielde développement que recelaitl’expérience de la Casa. “Puisque, sur lesite, d’autres structures étaientamenées à se localiser, j’ai proposé derepérer et de travailler avec lesassociations et les artistes pouvant, au-delà de leur propre objet, ouvrir unchamp commun. J’ai réussi pour cela àfaire renforcer l’équipe de la Casa avecun responsable du secteur ar tsplastiques, un responsable pédagogiqueet un responsable du secteur hip hop.Tout reste à déterminer car, à côté del’institut Jean-Vigo (cinéma) pour lequella décision a déjà été prise tout resteouvert. J’aimerais, en fait, proposerl’installation d’équipes ar tistiquescomme celle de Jackie Taffanel, avec

laquelle nous travaillons déjà, et attirerune équipe dans le domaine des arts dela rue. Il y a aussi d’autres équipes sur leterritoire qui bénéficieraient d’unrapprochement comme l’association del’art au cochon qui travaille dans lesecteur de la vidéo”.

L’équipe de la Casa se positionne pourêtre au centre du dispositif afin detravailler la singularité du projet, ladiversité de ses publics et lesrencontres transversales entre lesdisciplines. “Je crois que nous n’inaugu-rerons jamais le site, mais que lesrapprochements successifs seront lesgaranties de l’ouverture du projet.”

Le budget de l’association est de 4,3 MFen 2000 avec 2,5 MF pour le travail àl’année et 1,8 MF pour le festival.Une petite dizaine de personnes constituel’équipe permanente.Pour l’investissement 5 MF sont inscritssur la première tranche.24 MF sont inscrits sur l’Arsenal dans lecontrat de plan pour la transformation dela totalité du site.

Casa MusicaleVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

La Casa MusicaleMichel ValletArsenal - 1, rue J.-Vielledent66000 PerpignanTél. : 04 68 62 17 22 Fax : 04 68 62 18 22

Page 181: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

’établissement public (Epa) de la villenouvelle de Cergy-Pontoise, s’est

porté acquéreur en 1998 des terrainsmilitaires situés à proximité de la gareRER entre Pontoise et Cergy. Ce sitemilitaire désaffecté de 14 hectares estbâti de 44 000 m2 de planchers quiabritaient auparavant les casernes duministère de la Défense. Ce quartiermilitaire programmé en 1870 fut livréen 1914 et présente des espacesstandards composés de chambrées etd’ateliers d’artillerie.

Après l’achat du site, l’Epa a lancé unappel d’offres visant à trouver pour cinqans un gestionnaire du site chargé del’entretien, du gardiennage et de

l’animation de la caserne. Lauréat de cetappel, une équipe constituée dans laproximité de l’association Usineséphémères s’installe à la Caserne enaoût 1999, avec à sa tête FrédériqueMagual.

L’objectif de l’Epa dans l’opération estde familiariser la population à unterritoire enclavé, peu connu, qui n’apas encore de destination program-matique ferme. De plus, conscient dubesoin en espaces de travail exprimésdans la région parisienne, l’EPAtransforme un coût de gardiennage dusite en dépense productive, d’image etd’intérêt public. L’association titulaire dela convention se voit en effet mandatée

La Caserne

L

La Caserne

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Centre de pratiques artistiques contemporainesPontoiseVal d’Oise

Page 182: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

sur le lieu des missions précédemmenténumérées et reçoit durant cinq ansune somme dégressive calculée à partirdu coût de gardiennage évalué parl’EPA soit 1MF.

Le projet artistique n’était pas en soitun fondement de l’appel à projet, maistrès vite l’association va structurer uneapproche ayant pour but de qualifier lesaccueils réalisés. La mise en place d’unsystème de sélection, d’un fonds decoproduction et d’un réseau dediffusion dans le Val-d’Oise du travailproduit à la Caserne va très vitepositionner le projet dans une relationinstitutionnelle dynamique. La Drac, leFrac, des critiques, des galeristesprendront place au sein descommissions.

Après un an et demi de tâtonnements,la structure se rode et les premièrescontestations doivent être travailléespar l’équipe en place. "La pressionlocale s’est faite plus forte ces dernierstemps. On nous a traités de Parisiens,alors il a fallu réexpliquer et peut-êtreaussi rééquilibrer, valoriser nos actionsvis-à-vis des plasticiens rmistes etmédiatiser le réseau que nousconstituons peu à peu avec le Théâtre95, l’école d’ar t (Cergy), l’espaceMichel-Berger (Sannois), le studiol’Usine (Fragny) et la biennale d’artcontemporain (Enghien). La Caserneest en effet avant tout un lieu de repli,de concentration, de création d’œuvres,les murs d’enceinte restant trèsprégnants et résistants à l’ouverture aupublic. Ceci ne nous empêchera pas dedévelopper un programme d’actionspédagogiques, d’insertion et demédiation qui favorisera l’appropriationdu projet par les habitants."

Sur le site de la Caserne, qui reste unespace extrêmement difficile à fairevivre de par sa taille, 34 ateliers deplasticiens, un espace chapiteau, 10 ateliers de théâtre et de rue, 12studios de musique et des bureaux,

notamment d’associations d’insertion àpartir de la culture, ont été ouverts.L’ensemble est à ce jour occupé et lefond de coproduction a été ouvert. Lesartistes plasticiens qui bénéficient debourses reçoivent une dotation de 10000 F souvent consacrée à l’achat dematériaux.

Les artistes plasticiens paient pour unesurface de 80 m2 une participation aufrais de 600 F HT par mois, un groupemusical 1 000 F et une compagnie dethéâtre 1 500 F. les charges sont fac-turées en plus de cette somme.

Ce "5 lieux de fabrique et d’accompa-gnement de projets ar tistiques”bénéficie du soutien de l’Epa (1 MF), duministère de la Culture (460 KF), duministère de la Jeunesse et des Sports(100 KF), de la Ville, du conseil généralet du conseil régional, et d’aides àl’emploi (1MF).Des financements en équipement ontégalement été obtenus à hauteur de500 KF.

L’équipe est constituée d’une petitedizaine de personnes et de 4 gardiens, ettente d’émanciper le projet de la seuleattribution de lieux de travail enproduisant des projets spécifiques et enoffrant aux artistes résidents un centreressource et des soutiens ponctuels.

La CaserneVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

La CaserneFrédérique Magal 1, rue du premier Dragon95300 PontoiseTÉl. : 01 34 25 82 35Fax : 01 34 25 82 [email protected]

Page 183: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

e Comptoir est un nouvel espace,ouvert à la fin de l’année 2000,

d’ateliers, de studios, de bricolage etd’excentricité inventé par deux équipesartistiques, L’Art de vivre et Les Pasperdus. Ce lieu permanent derencontres et de créations installé dansle quartier de la Belle-de-Mai à Marseilleaccueille deux structures développantpour la première des projets dans lespectacle vivant (sous la responsabilitéd’ Yves Fravéga – l’Art de vivre) et pourla seconde des projets dans les artsplastiques et ar ts visuels (sous laresponsabilité de Guy-André Lagesse –les Pas perdus)

Ce projet entrepris en commun vise àfavoriser des initiatives multiples etdiversifiées de plasticiens, deréalisateurs, d’écrivains, d’acteurs, demusiciens convoquant différents modesd’expressions. "Le principe de l’instal-lation d'un studio de bricolage etd'excentricité nous est venu à la suite

de conversations où nous avonsconstaté deux nécessités : celled'organiser nos activités de façon plusrégulière, celle de changer de principesde production. Pour l’Art de vivre ils’agit d’abandonner l'idée de fabricationde spectacle, au profit d'autre types deformes plus légères. Pour les Pas perdusil s’agit d’approfondir une recherchedans le domaine des arts plastiquesmenant toujours davantage à unerelation privilégiant un contact directavec le public. Il nous a sembléopportun de disposer d'un lieu et d'unéquipement, dans un système où l'onserait dégagé d'une obligation, non pascelle de produire, puisqu'on s'y rendraitpour cette raison, mais celle derespecter un format, une formeprédéterminée par la commande (celledu "spectacle", de l’"objet d’ar t"). Ils'agirait d'inverser un processus : tousles ouvrages hétéroclites fabriqués dansce contexte pourraient produire, misbout à bout, un joyeux bazar qui nous

Comptoir

L

Le Comptoir

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

MarseilleProvence-Alpes-Côtes d’Azur L’Art de Vivre et les Pas-Perdus

Page 184: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

semble proche de l'idée que nous nousfaisons du spectacle (c'est-à-dire ce quiadvient, et non pas ce qu'il fautfabriquer). Il sera le lieu d'exécution depetits travaux, qui pourront prendrel'allure de formes intermédiaires ouprovisoires. Par principe ce studio serafait pour fabriquer tout ce qui nouspasse par la tête, dans les conditionsdans lesquelles on se trouve. Cesconditions doivent favoriser l'"humeur"indispensable à de telles intentions.Ces conditions ne sont pas quematérielles, mais font aussi référence àun état d'esprit : le goût pour unecertaine instabilité de l'installation (lescabanons) et pour la circulation (lescampements où rien ne manque et oùrien n’est fait non plus pour rester). Il nes'agit pas de renoncer aux commoditésessentielles à la réalisation de nosprojets, mais de chercher à repérer undispositif propice à l'effervescence.L'équipement devra impérativementêtre efficace, même s'il se présentecomme modeste et d'apparencesommaire."

Un lieu pluridisciplinaire"Ce qui fait la particularité de notredémarche, c'est la nécessité de circulerd'un mode d'expression à l'autre, depasser de l'art dramatique à la musique,à la danse, au cinéma, etc. Cescroisements n'ont rien de définitif et nese présentent pas comme des difficultésremarquables. Tous ces modesd'expression sont utilisés comme onutilise des matériaux de récupérationen art plastique (chercher l’équilibredans l’agencement d’élémentsempruntés). Le choix qui est fait estcelui d'emprunter des postures : cellesdes musiciens, des danseurs, etc, pargoût, par plaisir. Nous ne sommesévidemment pas dans un rapportd'imitation parodique avec cespratiques, mais plutôt en situationd'usurpateurs (choisir d'être ce que l'onignore peut prendre l'allure d'uneimposture, mais c’est l’impostureinverse de celle qui consiste à montrer

son savoir-faire pour masquer sonignorance). Même dans les disciplinesqui seraient nos spécialités, puisque nosformations et nos expériences ont faitde nous des comédiens, des musiciens,des danseurs, des cinéastes... noussommes toujours tentés par des genresque nous ne connaissons pas. De toutefaçon, pour nous, c'est toujours notreétat d'ignorance qui se donne enspectacle (et nous sommes surpris quecertains prétendent à autre chose).Pour nous, en tant que praticiensapproximatifs, la réussite absolue dansle savoir-faire c'est acquérir la virtuositéde l'insuffisance."

Un lieu de rencontre avec lepublic autour de projets decréations"Ce doit être un lieu d'expérimentationdes choses au quotidien, sans autresouci d'échéance que celui du goût devouloir faire partager au plus vite. Cen’est pas un lieu de diffusion mais defabrication, même si, de fait, il estattractif et peut ponctuellement devenirle lieu d’événements autour de nosproductions. Ces visites ou rendez-vouspublics pourraient être comparés à despromenades ou déambulations, matiè-res à une rencontre poétique. Nousvoulons mettre en place un art de larencontre où le public-visiteur est prisen considération comme faisant partieintégrante du processus de création."

Un lieu de collaboration, dedéveloppement de “pratiquesparticipatives”"Cet espace est conçu pour intensifierles relations et les opportunités deréalisations communes avec despersonnes ciblées qui sont engagées àleur manière dans un processus créatif:enfants, personnes handicapées,étudiants des beaux-arts, ar tistespopulaires, artisans... le but étant defavoriser et de valoriser la combinaisonentre une pratique “conceptualisée” etune pratique “empirique”, l’unes’appuyant sur l’analyse d’une

démarche, l’autre se façonnant intuiti-vement au gré des événements.L’intérêt de mettre en œuvre desprojets de collaboration avec cesparticipants spécifiques se situe dans leregard nouveau, donc critique, qu’ilsapportent sur la production artistique ;ce qui permet d’avancer ensemble àl’intérieur de la création (rigueur dans lafabrication, exigence sur le sens,précision dans les intentions). Cestravaux communs permettront auxcréateurs de se familiariser les uns avecles autres et de s’initier aux outilstechnologiques mis à leur disposition ".

Le lieu, dont les travaux d’aména-gement rendent déjà une part du siteutilisable, est structuré sur deux niveauxdans une friche accueillant différentesactivités commerciales et artisanales,mais également des activités artistiques.400 m2 sont d’ores et déjà exploitables900 m2 complémentaires le seront dansles mois à venir. La situation du lieu ausein du Grand Projet de Ville peutpermettre d’envisager la qualification decelui-ci en un “pôle ar tistique deréférence”.

Les travaux représentent un coût de 600 000 F qui ont été financés par lesdifférentes collectivités.

ComptoirVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Le Comptoir10, rue Sainte-Victorine13003 [email protected] 91 64 31 [email protected] 91 33 15 23

Page 185: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

a Condition Publique de Roubaix esten train de changer d’histoire. Ce

bâtiment magistral inscrit à l’inventaireva se transformer en un nouveau lieuculturel d’ici quelques années par lavolonté de la Ville qui voit là l’occasionde marquer, une fois de plus, son savoir-faire en matière de transformation defriches industrielles. Une équipe a étérecrutée, au mois de juillet 2000, pourmettre en œuvre le processus. " Nousavons l’ambition de créer un nouveaulieu, d’être en complémentarité avec lesprojets existants et de ne surtout pasajouter une structure de plus." Les deuxchargés de mission, Véronique Barbezatet Manu Barron, s’entourent peu à peu

d’une équipe qui va avoir en charged’élaborer le projet et les équipementsqu’il nécessite.

Les objectifs du projet sont encore endéfinition mais, d’ores et déjà, plusieursaxes forts structurent son position-nement. Le projet se définit en premierlieu par la mise au cœur du site desartistes au travail. “Nous voulons fairedes lieux de vie, casser les frontières,placer l’artiste dans le regard des genscomme quelqu’un qui travaille.” Sur cefondement viennent ensuite toutes lesquestions liées aux territoires(ar tistiques, physiques, sociaux…)qu’explorera la Condition Publique qui

Cond-Publique

L

La Condition Publique

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

RoubaixNord-Pas-de-Calais

Page 186: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

veut être dans “une ultra-proximité dequartier et une dimension interna-tionale simultanément, sans schizo-phrénie”. Pour les deux responsablesdu projet “ce qu’il faut créer, c’est unestructure qui ne soit pas faite pour unhomme mais pour les artistes et lepublic.”

Pour ce projet qui se construit detoutes pièces à partir de l’équipe depréfiguration, l’enjeu principal va être defaire coexister et de croiser desdynamiques locales déjà présentes surle terrain et des accueils régionaux,nationaux et internationaux quisitueront la Condition publique commeun lieu d’émergences et de rencontresartistiques. “Il nous faut conjuguer desparadoxes, des contradictions appa-rentes, comme notre rapport àl’alternatif, le portage politique puissant,un lourd suivi institutionnel, la qualitéincroyable du patrimoine qui nousabrite, sa nécessaire transformation,notre désir de contemporanéitéarchitecturale et artistique, l’ouvertured’un lieu de diffusion et l’urgence d’unepépinière culturelle de projetséconomiques…” Pour affirmer sonprojet l’équipe va bénéficier d’un tempsde préfiguration, configuration particu-lièrement rare dans ces nouveaux typesde projet. Durant ces trois ans, il seramalgré tout indispensable decommencer à tenter des expérimen-tations in situ ou dans la ville pour rallierles acteurs locaux et positionner leprojet sur la scène de l’euro-région."

La politique artistique qui est au centredu projet est en cours de définition etse situe notamment autour de laproblématique de l’adaptation de l’outil(qui sera livré en 2002-2003) et desdemandes artistiques et publiquesactuelles. Le projet est ainsi en débat,entre la revendication d’une excellenceartistique, d’un réseau international delieux culturels décalés et institutionnelset d’une réflexion sur l’évolution despratiques des artistes et des publics. La

situation urbaine et géographique de laCondition publique est également undes principaux actes de réflexion d’uneéquipe qui a bien identifié la mobilitédes projets et leurs positionnementsglocaux " . Dans la recherche sur la nature del’outil qui devra être " construit " sur cesite et sur l’équilibre qu’il proposera,l’équipe entend associer outre un"comité de personnalités", desopérateurs car " dans un lieu comme lenôtre il est plus juste de programmerdes programmateurs, plutôt que designer seul, la totalité de la program-mation ".

Enfin le lieu, autrefois “conditionnementtextile de Roubaix”, accueillera unprogramme architectural lourd quidevra permettre de conserver l’espritdes lieux et lui donner un maximum desouplesse. De la grande halle pour desexpositions, à la petite salle pour desconcerts, aux locaux commerciaux, enpassant par les résidences d’artistes etles pépinières d’entreprises culturelleset multimédia, le maître d’œuvre (choisidans le cadre d’un marché dedéfinition) devra trouver les réponsesarchitecturales adaptées à la qualité et àl’ambition du lieu. De plus, la dimensionurbaine et paysagère sera une donnéeimportante du projet avec la rueintérieure, l’interconnexion avec lesautres friches en proximité ou l’accessi-bilité aux exceptionnelles terrasses. Ence sens également le projet sera suivicomme une expérimentation.

Coût d’objectif des travaux 140 MF(première tranche de 70 MF)

La mission de préfiguration coûte horscharges artistiques environ 1MF par an.

Cond-PubliqueVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

La Condition publiqueVéronique Barbezat et Manu Barron14, place Faiderbhe 59100 [email protected]él : 03 28 33 57 57Fax : 03 20 45 16 59

Page 187: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

La Fabriks, c’est compliqué, c’estimprovisé, c’est se débarrasser des

idées, car une idée qui préexiste faitpartie de la culture. Pour faire de l’art tudois travailler sur l’évidence, te tenirdans l’espace incertain de l’insu. Si tun’échappes pas à ton goût pour l’histo-ricité, tu fais de l’artisanat, de la culture,pas de l’art." La Fabriks est l’association animée parJean-Michel Bruyère, une compagnieinformelle, un groupe transdisciplinaire(différents métiers) et transculturel(Europe de l’Est, de l’Ouest, Afrique)qui a inventé son propre systèmed’ordre imaginaire, le Vospazar. Legroupe travaille autour d’Actéon, "sansprojet, sans idée, avec un peuple dechiens et le carnage du maître", utilisant

chaque occasion (un festival, unerésidence), pour réitérer cette tragédie,"cette brutalité pastorale", qui les réunit,ar tistiquement, intellectuellement etamicalement.

La Fabriks est l’une de ces nombreusesexpériences qui ne trouvent pas dansles dispositifs existants la possibilité dedévelopper leur travail artistique. Sansstructure permanente, travaillantsimultanément à Paris, Dakar etMarseille et souvent dans d’autres villes,le groupe ne peut se réunir que grâce àla complicité de quelques institutionsqui, jouant avec leurs cahiers descharges, leur proposent, le temps d’unfestival ou d’une commande l’occasionde produire quelques-unes des

Fabriks

La Fabriks

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Marseille - Paris - Dakar

Page 188: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

expériences. La plupart du temps, cesinterventions, ne permettent que definancer les transports, les défraiementset les outils technologiques nécessairesau travail. "Ce que je me demande, c’est si l’insti-tution peut avoir un rapport à l’art entrain de se faire. Pour moi le temps del’art, c’est le temps de l’expérience, del’expérimentation. L’art, c’est dans legeste, pas dans l’objet, alors que tousles lieux culturels sont fondés sur lareprésentation. C’est stupide de croireque l’on va faire des lieux d’art de ceslieux-là, ils existent et remplissent leurfonction. Il ne faut ni les supprimer, niles réformer. Je refuse par contre queles institutions s’approprient la notionde création et de production de l’art. Jene demande pas que l’on crée unenouvelle catégorie, simplement que l’onne crée pas plus de confusion."

Jean-Michel Bruyère n’a pas l’intentionde s’installer quelque part. “Je ne veuxpas me considérer comme concierge,tant que les choses sont comme cela entout cas. Je ne suis pas obligé departiciper à la sociabilisation de l’art età la dépolitisation des rapports sociaux.Même si je travaille avec les enfants àDakar, je ne le fais pas pour l’Etat, enrelais de la déficience du politique. Cequi se passe en France, c’est cela, unrelais pris par les artistes, dans un vasteprocessus de moralisation de l’art.”

“J’ai l’impression en fait de travailler enamateur. Ma seule rémunération à peuprès stable, c’est de faire la publicité(graphiste, concepteur) de la scènenationale du Merlan à Marseille.Lorsque le ZKM fait appel à moi pourtester leur nouvel outil technologique,dans le média théâtre, il m’apporte enfait une mise à disposition techno-

logique, que l’on peut évaluer à 10, 20MF. En même temps il ne me donne pasun franc en production artistique, pourpayer qui que ce soit. Comme je n’aijamais obtenu de financement régulierpour le fonctionnement du groupe,nous sommes toujours en train decoproduire nos créations. Ce problèmeest particulièrement grave, pour lesartistes qui comme nous mobilisent desmoyens technologiques importants. Deplus, chaque fois que l’on a proposé denous aider, cela impliquait l’arrêt denotre raison même d’être. C’est uneconfusion permanente sur la nature denotre démarche. Nous ne faisons pasun travail sur le rapport art et société.”

“Ce dont nous avons besoin, c’est desmoyens de coproduction (1,5MF) etd’un plateau technique de base. Celaapporterait une constance, unepermanence du travail avec unepossibilité de présentation publique.”

FabriksVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Page 189: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

oger des Prés a installé la Ferme duBonheur à Nanterre, après avoir

fréquenté différents lieux de la régionparisienne. Le Caes de Ris-Orangis,l’Hôpital éphémère…puis Nanterre en1993. Roger des Prés est un artiste dethéâtre de rue, de cirque, un plasticienqui a planté son univers à côté duchapiteau de Michel Novack, pas trèsloin de l’université, au pied des tours dela cité. Sur ce terrain vague, lacompagnie Paranda Oulam qu’il a crééea planté son décor fait de tentes, debaraques, de caravanes, d’écuries, depoulaillers, de jardins et de chemins.

Roger des Prés vit là au milieu desanimaux (un bouc, quatre chevaux, despoules, trois dogues allemands),accompagné par les salariés de lacompagnie, pour mener les projets lesplus fous, qui font que pour une soirée,une semaine ou un mois " le mondeentier est à Nanterre " . Un festival demusiques traditionnelles, la mise enscène d’un Dostoïevski, une collabo-ration pour le jardin avec GillesClément, la construction du FavelaThéâtre avec Patrick Bouchain… ontdonné à Roger des Prés la possibilité defaire vivre son projet avec quelques

Ferme du bonheurVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

R

La Ferme du BonheurNanterreIle-de-France

Page 190: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

soutiens institutionnels et dans uneprécarité absolue. Comment définir unlieu où la température est systémati-quement inférieure à celle del’extérieur (en hiver), un lieu où lesanimaux sont interprètes et gardiens,un lieu où les agressions extérieuressont fréquentes et qui implique deuxjeunes voisins à la dernière création, unlieu bénéficiant du soutien du ministèrede la Culture au titre de l’"aide auxcompagnies gérant un lieu" et quisquatte un terrain sur lequel la Ville nelui établit pas de convention, un lieu oùles seuls salariés sont quatre emploisjeunes et qui recoit une subvention de2 500 F du conseil général, un lieu quela commission de sécurité vient visiteraprès une pleine page dans Libération,un lieu dont les amis sont inscrits dansle ”fichier bonheur" et participentlibrement aux différents événementsorganisés en offrant une caisse dechampagne ou un arbuste, un lieusoutenu par YSL, la CDC ou LVMH , unlieu frappé par la tempête... un lieu duparadoxe.

"Plus la brutalité de l’environnementsera grande, plus j’irai vers la préciosité,parce que je le vaux bien."Le Favela Théâtre a été construit sanspermis de construire, mais dans cedésordre urbain, chantiers d’autoroutes,cités HLM, couloirs aériens, héliport…,La question ne s’est jamais posée depermis mais de devoir, devoir depoésie…"J’ai suffisamment d’idées pourconstruire une bonne centaine demondes, mais je n’ai que quatre jambeset six bras.

La Ferme du Bonheur est un lieud’ar tiste, un lieu d’une violencepoétique exceptionnelle dans lequel ona pu assister aux représentations del’enfant criminel de Genet ou à cellesdu Rêve d’un homme ridicule deDostoïevski, retraduit spécialement parRoger des Prés et un ami, “pour ne pasavoir à payer les droits, et puis parceque c’était bien”.

Roger des Prés est également unnomade, il devra bientôt quitter leterrain occupé illégalement car un IUTdoit être construit sur le site. Alors ilcherche déjà un autre espace pourdévelopper un projet plus large lié àl’environnement et à l’agriculture etpourquoi pas une île, celle de Chatou,de Fleury ou de Saint-Martin.

Le budget annuel de moins de 1MF avec4 salariés en emplois jeunes (Drac 200KF, Cnasea, 400 KF)

Ferme du bonheurVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Document de présentationde la Compagnie Paranda Oulam,théâtre, le laboureur forain"La Ferme du Bonheur" Cassandre,décembre 1999, janvier 2000

Document graphique dans le dossier, plan croquis, photos couleurs.La Ferme du Bonheur220, av. de la République92 000 NanterreTél. : 01 47 24 51 24

Page 191: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

n octobre 2000, dans le cadre desrencontres franco-italiennes, une

table ronde a été organisée autour duthème des nouveaux lieux culturels. Ilnous a semblé intéressant, de releverdans les propos de cette discussionquelques positionnements de "friches"italiennes.

La friche Koréja à Lecce de lacompagnie CantieriLa friche Koréja est une anciennefabrique de tuiles située à Lecce dansl’Italie du Sud. Cet espace a été achetépar la compagnie Cantieri sur ses fonds

propres qui remboursent sur dix ansl’emprunt par mensualités de dixmillions de lires par mois (35 000 F).Pour la compagnie, cette aventurerépond au désir de "vivre et habiterdans un espace qui corresponde ànotre communauté, un lieu particulierdans une ville de 50 000 habitants.Nous utilisons cet espace comme unlieu de production où l’on construitl’expérience théâtrale, une maisonouverte, une sorte d’île habitée par desgens, une place aussi pour les gens duquartier"."Ces espaces sont pour nous des

Friches en ItalieVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

E

Friches en Italie

Page 192: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

petites cités dans la cité, dans lesquellesles rencontres avec le public sont trèsdifférentes des rapports deconsommation que l’on trouve dans lesthéâtres en général. Ce sont aussi deslieux de formation pour les adultescomme pour les enfants, un lieu où l’onpeut travailler avec les publics, un lieuoù l’on peut penser le théâtre. Notrefonctionnement est horizontal et nousfaisons en sorte qu’une fonction neprenne pas le dessus sur une autre.L’Etat italien ne prend pas en compteces expériences. Nous sommessoutenus par l’ETI (Entente théâtraleitalienne) sur des projets en termesd’aménagement du territoire, dans lesPouilles par exemple, mais les collec-tivités régionales et les politiquesstructurelles européennes ne sont pasmobilisées sur ce champ."

Le Links à Bologne – Nelsy Ledi"Bologne est une ville "culturelle"exceptionnelle. Avec ses 400 000habitants, dont 100 000 étudiants, lesopérateurs culturels peuvent comptersur une demande forte et structurée.La ville-laboratoire, comme on l’asouvent appelée, est également un lieupropice à l’expérience mais hostile àleur développement. Pour le Links, laVille (propriétaire de ces magasins),avait donné en 1994 ces espaces à uncartel d’associations. Les activités qui yont été développées ont toujours étéconsidérées comme un problème,jamais comme un potentiel. On nous aenfermés dans une catégorie sociale etnon culturelle. La solidaritééconomique existant à l’intérieur dusite, nous a permis de garder unegrande indépendance et de pro-grammer dans les arts visuels et lamusique en ouvrant le lieu à des publicstrès différents. Les moyens du lieu nenous ont jamais permis de faire que de

l’accueil. Après toutes ces années, jecrois que je privilégierai le principe denomadisme. Je ne veux pas garder unemaison. Il faut se déplacer pour éviter lafossilisation."

Le théâtre Garibaldi de Palerme– Matteo BaveraLa Sicile a été durant un siècle une terrepropice à la construction de théâtre. Cethéâtre de 1860 est devenu en trenteans une ruine, victime successivementd’une rénovation catastrophique et desfeux de joie des fêtes populaires (lethéâtre Garibaldi était en bois). En1995, la compagnie cherche un lieu oùse régénérer. A Palerme, dans une ville" retournée " par le juge Falcone, CarloCeccki accepte de venir travailler auGaribaldi, dont il a rêvé comme étant lespectre de Hamlet. Ce cadre excep-tionnel et particulier (par exemplel’impossibilité de faire le noir) vaconditionner le travail et être priscomme tel. Après cinq ans de créations,de laboratoires intégrant acteurs etmusiciens palermitains, les premierssignes de fatigue, les premièresquestions apparaissent. "La régéné-ration pour nous, c’était d’abordretourner sur des spectacles. Revenirsur le corps des spectacles, leursdonner une nouvelle vie. Pour changerde dessein, nous avons travaillé surl’idée du théâtre et de la ville détruits etpromu l’idée d’une réhabilitation duthéâtre qui nous permette de travaillerhors les cinq mois d’été, tout en nefaisant que des interventions trèsrespectueuses de l’esprit de lieu. Toutcela a été une régénération. L’autre jourje demandais à Carlo ce qu’il avaitappris au long de cette aventure. Il m’arépondu : ne plus avoir peur du public".

Friches en ItalieVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Page 193: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

es Frigos font partie des siteshistoriques du travail artistique. Ce

lieu, situé quai de la Gare dans le 13e

arrondissement de Paris, est unepropriété du Réseau ferré français quiloue le bâtiment à des artistes, desmicro-entreprises, des ar tisans etquelques professions libérales. Ceregroupement d’artistes a permis aucours des dernières années demaintenir dans ce quartier en mutationun pôle de vie et d’activités reconnu, auniveau national et international, commel’un des plus importants pôles derésidences artistiques. Avec le temps etles aménagements successifs, effectuéspar les occupants, le site a été utilisé aumaximum de ses capacités. L’archi-tecture de ces anciens Frigos, quelques

peu carcéraux, a permis de fairecohabiter des activités dans des domai-nes différents, en évitant les trop fortesnuisances, liées à la contiguïté des rési-dents. Différentes disciplines, différentsniveaux professionnels, différentshorizons culturels, se côtoient dans lesFrigos qui ont un temps accueilli toutela nouvelle génération du Jazz desannées 80, avant d’être égalementutilisés par des plasticiens, des artisans,des graphistes, des architectes…Aujourd’hui près de 250 personnestravaillent sur le site.

Par sédimentation, le projet s’est peu àpeu installé dans le paysage culturelparisien, masquant sans doute laprécarité de l’installation des locataires

Les Frigos

L

Les Frigos

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

ParisIle-de-France

Page 194: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

du quai de la Gare. L’émergence duprojet d’aménagement urbain, Seine-Rive-Gauche menace en effet le lieu,qui ne devait pas être conservé dans lecadre de la transformation du site.Après l’expulsion des squats duquartier, et la démolition d’un desbâtiments voisins des Frigos qui accueil-laient également des résidencesartistiques, la résistance des utilisateursa permis de stopper, la démolition dubâtiment et de contraindre les appétitsdes aménageurs.

L’expulsion évitée, les questions liées àl’avenir du site restent entières. Lestatut du bâtiment doit évoluer, puisqueson propriétaire, la Sncf, Réseau ferréde France, ne souhaite pas le rester. Les8 900 m2 ont été évalués à 42 MF parle service des domaines, et les 90utilisateurs, qui règlent des loyers de 3 000 F à 15 000 F, ne savent pasencore qui sera leur prochain bailleur.L’achat par un propriétaire public est ennégociation afin de maintenir lefonctionnement actuel, en garantissantque les droits acquis ne se transmettentpas et s’éteignent avec l’arrêt del’activité d’origine. Ce systèmepermettrait de ne pas privatiser lefoncier et offrirait la possibilité d’accueilde nouveaux résidents au fur et àmesure des départs, et ce dans unesprit de service public. Une autrehypothèse serait la vente "parappartement" du site, et la transfor-mation en copropriété. Plusieurs desrésidents ayant réalisé des travauximportants trouveraient, bien entendu,cette possibilité attractive, puisque leprix de la transaction serait l’occasiond’un bon investissement. La difficulté dece type de montage est double. Toutd’abord, certains utilisateurs actuelsn’auront pas la capacité économique dese porter acquéreurs de leur atelier.Ensuite, la pérennisation de l’activitéartistique au sein des Frigos risqued’être mise à mal, car au fur et à mesurela tentation risque d’être grande, pourcertains, de réaliser une plus-value

immobilière en vendant l’atelier commeloft ou bureau.

Une autre problématique a trait austatut urbain du bâtiment. Avec cecombat pour leur survie, les occupantsdu quai de la Gare se sont mobiliséspour proposer une animation culturellequi ouvre le site. Le statut du site,même s’il reste celui d’un lieu de travail,pourrait évoluer afin d’accompagner latransformation urbaine. Les Frigos sonten effet un des lieux d’animationpossible de ce nouveau quartier qui seveut être "un nouveau quartier Latin".En cela, il est indispensable que soitreconstruits et ré attribués les 4 000 m2

de locaux qui ont été rasés, et ce dansun plan urbain qui permette deretrouver une lisibilité du site,notamment depuis les quais. Or, le planqui a été établi sur cette zone de Seine-Rive-Gauche, isole l’îlot des frigos pardes opérations immobilières impor-tantes visant par exemple à construire40 000 m2 de bureaux entre les quais etles Frigos. Pour s’opposer à ce projet,l’association des Frigos, occupe depuisquelques mois le terrain et négocieavec la société d’économie mixtel’évolution possible du projet urbain.Seule cette mobilisation orchestréedepuis 1992 par l’association pour ledéveloppement du 91, quai de la Garea permis de résister aux pressionsimmobilières, en réunissant au-delà duseul intérêt des occupant, d’autresmilitants qui tentent de faire entendreleurs voix dans ce grand projetd’aménagement, décidément trèscontroversé.

Les FrigosVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Les FrigosJean-Paul Reti91, quai de la Gare75013 ParisTél : 01 45 70 94 94

Page 195: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

ustapha Aouar est francilien. Il a euun parcours théâtral qui l’a

entraîné de Colombes à Vitry enpassant par Strasbourg. Du théâtreamateur au collectif, l’immersion dans lethéâtre sera "son va-tout, un éclatementpositif, une réponse à son enfermementfamilial". En 1980, la création de lacompagnie marque une étapedéterminante dans le parcours deMustapha Aouar, qui souhaite "écriredes spectacles, les mettre en scène, enconstruire les décors". "A partir decette époque, les spectacles produitspar la compagnie se sont diffusésfacilement et une certaine représen-

tation du métier et de la carrière s’estinstallée. Je suis allé vers la marionnette,l’engagement syndical, j’ai eu peur de lareproduction systématique et j’aidécidé, en 1986, de produire unspectacle avec vingt-cinq personnes, unspectacle intournable. Pendant dix ans,j’ai eu ainsi un parcours chaotique avecchaque fois une remise en cause. En1995, je préparais la création d’unspectacle sur l’Espagne médiévale,Séville, la définition du jardin perdu, laplace de la civilisation arabe, RaoulRuiz… Je m’étais beaucoup investi surce spectacle et j’avais trouvé les moyensde la production, environ 1,5 MF. J’avais

Gare au ThéâtreVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

M

Gare au théâtreVitry sur SeineIle-de-France

Page 196: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

choisi comme coproducteur principal lethéâtre Jean-Vilar de Vitry et je me suisretrouvé avec un interlocuteur qui veutle spectacle pour trois mois plus tard, etpour deux ou trois représentations. Nevoyant pas d’issue, j’ai vu de monbureau, que j’occupais déjà à Vitry sur ledomaine ferroviaire, la halle en face… "

Quelque temps après la création,Mustapha Aouar propose de réunir dixcompagnies afin "de s’affranchir desdirecteurs de théâtre qui font …" Leprincipe est de louer le lieu, del’aménager et de proposer des bureauxet un espace partagé autour d’un projetartistique commun. Six mois plus tard lemontage est bouclé avec la Ville, larégion et la Drac. Les travaux débutent,et les compagnies enthousiastes sedésengagent les unes après les autres".On a donc refait le projet, architecturalnotamment, ce qui nous a permisd’éviter le découpage de la grandehalle. On a alors tout assumé, l’archi-tecture, la maîtrise d’ouvrage, lamaîtrise d’œuvre, la relation auxentreprises… Ce mode de productiondu lieu nous a permis d’associer lescollectivités publiques au plus près etnous avons ouvert en décembre 1996avec une rencontre "Alger rit." Ça sertà cela les lieux intermédiaires." Durantdeux ans, le lieu ne sera pas auxnormes de sécurité et c’est seulementavec la tranche de travaux de 1998 quele lieu sera mis en conformité. Les 1350 m2 auront finalement été rénovéspour un montant de 4,5 MF (30 %l’association, 10 % la Ville, 40 % l’Etat,20 % la région).

La halle n’est pas le lieu de la compagniequi mène ses propres activités indépen-damment du projet artistique de Gareau Théâtre. "Pour moi, c’est le lieu d’unprojet artistique collectif, c’est-à-dire

d’un espace qui vise à rapprocher dessingularités à provoquer des frictions.Souvent, on me critique sur ce terraincomme ne faisant pas de choix. Si je mefous de la qualité, c’est qu’il faut bienopposer quelque chose au discours del’excellence. Ma position n’est pas celled’un discours, c’est une position quis’exprime dans la réalité. Je crois qu’ilfaut favoriser l’ouverture, la tentative,l’expérience. J’en ai marre de cediscours sur le trop de compagnies. Leproblème c’est le trop de produits."

Aujourd’hui Gare au Théâtre est inscritdans le paysage culturel comme un lieuproche des problématiques descompagnies. Des commandes auxécrivains contemporains (Petit, petit,petit…), à "Nous n’irons pas à Avignon",le lieu dirigé par Mustapha Aouar,gagne, peu à peu, notamment grâce auxdispositifs des emplois jeunes (quatrepostes), les conditions de sonautonomie par rapport à la compagnie."Ce sont deux plaques qui sesuperposent et qui bougent ensemble.Il n’y a pas de disparition de l’un surl’autre, plutôt un enrichissement mutuelqui s’affine avec le découplement dedeux fonctions."

Pour garantir la pérennité du projet,Gare au Théâtre doit faire avec lanature de la convention d’occupationprécaire qui lie la SNCF. L’équipe, quiloue le lieu 200 KF par an, se bat pourdéfendre le principe d’une mixité defonctions sur ce site industriel que laSNCF souhaite dédier au ferroutage,mixité qui pourrait aller, si lesdémarches entreprises par l’associationaboutissent, jusqu’à la mise en placed’un véritable partenariat.

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚ Gare au Théâtre

Journaux Gare au ThéâtreRevue de presse,“Nous n’irons pas à Avignon”Gare au Théâtre Fabrique, document de présentation

Gare de fret, 13, rue Pierre-Sémard94400 Vitry-sur-Seine01 46 82 61 9001 46 81 21 [email protected]

Page 197: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

a transformation des Halles deSchaerbeek aura été longue et lente.

De 1974 à 1994, il aura fallu vingt ansd’expérience avec les publics, lesartistes, le lieu, les pouvoirs pour passertoutes les étapes et réussir, au-delà dudialogue institutionnel, à garder l’utopiefondatrice du projet et de son lieu.Partie d’un travail intuitif, d’unesensibilité liée à la connaissance duterrain, d’un engagement militantquotidien, les Halles sont aujourd’huiune structure institutionnelle dont 55 %du budget dépend des institutions.Quarante millions de francs de travauxaprès, la halle offre moins de liberté et de souplesse qu’auparavant. “Onnous demande moins de chosesexceptionnelles. Une certainespontanéité est freinée car il a fallu

intégrer des problèmes dont nous nouspréoccupions moins, comme lamaintenance, la sécurité, une certaineécologie du bâtiment. L’outilconditionne bien sûr notre travail, maisnous trouvons des compromis, ce quenous appelons ici un compromis à labelge. Par exemple l’autre jour, onvoulait mettre des bougies sur les tables,ce que le règlement nous interdit, alorson les a mises dans des coupellesd’eau.”

Le projet s’est structuré et a évolué,fermant des possibles, mais en ouvrantd’autres. “Si l’on n’avait pas obtenu latransformation du lieu, et donc lesmoyens qui vont avec pour le fairefonctionner, on aurait été des has been.De nouvelles institutions sont nées en

Schaerbeek

L

Les Halles de Schaerbeek à Bruxelles

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

BruxellesBelgique

Page 198: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

ville, de nouveaux espaces alternatifsont pris le relais de certaines lutte etc’est à nous de prouver notre utilité etnotre intérêt dans ce paysage. Le pariactuel est de trouver un profil nouveauen gardant les bases éthiques du lieu. Ilnous faut garder cette image de lieuatypique, pouvant être à l’initiative oucoproducteur de grands événementsartistiques et sociaux.”

Les Halles de Schaerbeek sontconstituées d’une très grande halledivisée en deux parties qui accueillentles projets d’importance nécessitant desscénographies originales ou des jaugespubliques importantes, et d’un petitespace associé au bar et à l’accueil quis’ouvre régulièrement pour accueillir lajeune initiative bruxelloise. Pourpoursuivre ce travail de mutation,Philippe Grombeer a recruté uneéquipe de jeunes gens, dont undirecteur artistique qui doit permettrede donner une nouvelle impulsion aulieu. “Ce que je souhaite, c’est que lejeune terrain artistique désire les halles,comme nous avons pu les désirer, etpour cela il faut que le lieu soit attractif,mais aussi qu’il soit capable d’accom-pagner. L’accompagnement doit êtreartistique, technique, public, financier, etcela est toujours difficile à réunir car lesmoyens n’évoluent pas toujours aussivite que nos projets, et qu’avant jepouvais avoir le lieu ouvert six jours sursept. Aujourd’hui je ne pourrais plus,l’équipe le refuserait et je trouve celalégitime.

“En fait je me rends compte que ce lieua une capacité incroyable de remise enquestion. Je crois que c’est inscrit dansson histoire, sa structuration. Je ne saispas dire quelle est la voie assurée, car ledoute m’habite sans cesse. Souventc’est déstabilisant pour les équipes, maisen même temps c’est ce qui me permetde relancer sans cesse la machine avecles nouveaux venus.”

SchaerbeekVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Page 199: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

ne émergence locale,les enfants de la halle

Depuis vingt ans dans un village dequelques centaines d’habitants, uneassociation (Euréka) tente de fairepartager la passion de ses animateurspour les musiques actuelles. "Nousavions 18 ans en 1980 et nous étionstrès mobiles d’un festival à l’autre, d’unconcert à l’autre. Nous pouvions fairedes centaines de kilomètres pourécouter les artistes que nous aimions.Nous pratiquions presque tous uninstrument et cette dynamique nous aamenés à penser un festival. Nousavons ainsi organisé, avec les contactsque nous avions, un plateau de 5 groupes qui a attiré 400 spectateursen plein air. Et puis on a continué, au-delà des clivages de styles, jusqu’en1988. A partir de là on a eu envie defaire une programmation plus régulièreen fonction d’opportunités que l’onpouvait avoir. A chaque fois il nous fallaitmonter un chapiteau et mobiliser 20personnes pendant 2 jours. La plupartd’entre nous prenait ce temps sur leurscongés."

La redécouvertede la halleMeisenthal est situé entre Strasbourg etMetz, à une heure de chaquemétropole, dans le parc régional desVosges, au cœur d’une région désertéepar les entreprises qui en avaient faitune place forte de la productionverrière. Au centre du village,l’imposante usine de verre faisaittravailler presque tous les habitants."Nous avons un attachement très fort à

la halle. Mon père et mon grand-père ytravaillaient, mais moi je l’ai presquetoujours connue comme un terrain dejeu, parce que, à Meisenthal, tout s’estarrêté en 1969." Dans les années 70, laville rachètera l’usine et développera unpremier programme avec le parcrégional qui a permis d’installer uncentre international d’art verrier. "Nousavons utilisé la halle qui fait 3400 m2 àpartir de 1990. Nous avons réalisé destravaux au sein de l’association et tentéde redonner vie à ce lieu chargéd’histoire. Nous avons créé Rock àl’usine qui est devenu un label et fait unplus grand nombre de concerts grâceau 5 à 10 personnes qui composent lenoyau dur de l’association. En 1996nous avons eu envie d’aller plus loin ; leconseiller de la Drac nous a soutenuspour défendre un projet global et lamairie a décidé de s’engager. Nousavons alors demandé à StéphaneBalkenhol, un plasticien qui s’étaitinstallé dans la région, s’il ne souhaitaitpas travailler avec nous car nous savionsqu’il avait une véritable fascination pourla halle. Cette dynamique, à laquelles’est associée une compagnie dethéâtre amateur, nous a permis deréaliser une préfiguration de notreprojet avec Art fusion qui proposait lefestival rock, une grande exposition etles représentations de la troupeamateur qui mène un travail en dialectesur des thèmes régionaux."

Une réhabilitationimpossible ?En 1997, à l’initiative de l’association,une rencontre est organisée avec lespartenaires publics autour d’un projet

La Halle Verrière

U

La Halle Verrière de Meisenthal

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

MeisenthalVosges

Page 200: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

de transformation du lieu dessiné parun architecte proche de l’association.L’ensemble des partenaires s’entend surla nécessité d’une étude approfondie,mais personne ne propose de lafinancer. Ce sera à la suite d’unerencontre avec le parc régional quel’étude sera commandée avec commeconsigne "une programmation architec-turale qui ne coûte pas plus de 10 MFafin que la ville puisse en prendre 15 %à sa charge. Le coût d’objectif a alorsété fixé à 13,5 MF et nous avonsorganisé une réunion avec tout lemonde durant laquelle nous avonsprésenté le projet à quatre ans et leprojet architectural. Depuis lors,plusieurs engagements ont étéconfirmés et de nouveaux intervenantinstitutionnels se sont manifestés. Leministère de la Culture a confirmé saparticipation à hauteur de 2 MF, l’EPMLqui est chargé de réhabilitation defriches industrielles apportera sa quote-part…, mais le budget global n’est pasbouclé, d’autant plus qu’entre-temps letrésorier payeur général a émis desréserves sur la faisabilité technique etéconomique du projet. Aujourd’hui,entre la commune, la communauté decommunes, la société d’économiemixte et les études complémentairesqui ont été commandées en matièred’ingénierie culturelle, nous ne savonsplus où l’on va."

Un potentielà développerLe projet culturel de Cadhame et desassociations fédérées n’est pas àcommenter. Il existe (les concerts, lesexpos), il a même attiré d’autresénergies, en révélant la présence sur leterritoire d’ar tistes professionnelssouhaitant s’investir dans leur pays (lacompagnie Amoros et Augustin etStéphane Balkenhol), et il se projette :"Nous aimerions organiser desrésidences, offrir des locaux derépétitions, participer au réseau desmusiques actuelles en Lorraine." La question qui se pose aujourd’huiconcerne en fait le cadre de ces actions,le cadre physique, avec la réhabilitation,

sans doute très lourde, de la halle, et lecadre institutionnel indispensable à laformalisation du partenariat. Le lieu,fermé depuis un an pour cause desécurité, risque sans cela d’être définiti-vement fermé, voire détruit, alors quela commune voisine construira une sallepolyvalente de plus.

La compagnie Amoroset AugustinLa compagnie Amoros et Augustin estune compagnie reconnue par le public,les opérateurs et les institutions. Sa base de travail est située à quelques kilomètres de Meisenthal, àReipertswiller. "Depuis 1997, la compagnieréfléchissait à la production de grandesformes. C’est Luc Amoros qui a vu dansle journal local ce lieu qu’il ne con-naissait pas. Nous avons donc décidé derencontrer les animateurs de Cadhamequi développe une énergie et unengagement formidables. Nous souhai-tions travailler avec le parc régional desVosges, avec les scolaires, et nous avonsdonc pu, grâce à cette rencontrepenser un dispositif qui soit un momentd’échange autour des ateliers. L’objectifdes Journées de la halle en juin est demontrer la permanence du travailar tistique. Nous ne voulons pasabandonner notre travail de création,mais susciter les interventions d’autrescompagnies, d’autres ar tistes ettravailler à des rencontres entre lesdisciplines. La halle est un élémentattractif, mais nous souhaitons conti-nuer à travailler sur un large territoire eten particulier sur notre village. Cerapprochement c’est aussi casser lafrontière entre le Bas-Rhin et laMoselle.

Programmesde manifestations :Les Journées de la halle, juin 2000,Art Fusion, musique, théâtre de rue,exposition d’art contemporain(traces de verre), rock à l’usine.Plaquette de présentation Euréka rock à l’usine

La Halle Verrière VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Association Cadahme, comité d’animation et de développement de la Halle de MeisenthalHalle Verrière – BP 8 – 57960 MeisenthalTél : 03 87 96 82 91Fax : 03 87 96 99 [email protected]

Page 201: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

ans le Gard, entre Alès et Anduze,à une demi-heure de Nîmes, le

Hangar des Mines borde une routesinueuse. Aux abords de cet ancien siteminier, la nouvelle construction de tôlerouge frappe le visiteur. Au milieu deces collines, une renaissance industrielleaurait-elle lieu, au cœur d’unecampagne notabilisée où les citadins onttrouvé de belles demeures ? Sur le site,hors ce nouveau bâtiment, on peutobserver des habitations, un portiqueplanté en plein air, un long hangaruniforme, quelques caravanes camou-flées et un grand terrain en contrebasqui pourrait bien accueillir de grandestentes, voire un chapiteau. Non, la hightech n’a pas élu domicile dans ceterritoire et la mine n’a pas étérouverte cependant depuis 1991 leshangars et les maisons, longtempsabandonnés, retrouvent vie autour denouvelles activités que l’on rattacheraau cirque. C’est Michel Daller qui adécouvert le lieu et s’y est installé en

1991. Du Cirque du Soleil à Archaos,son travail de metteur en scène estinternationalement reconnu et lescréations de sa compagnie Contre Poursont attendues comme despropositions hors du commun, commecelle de la compagnie — collectif dont ilest le principal metteur en scène depuis1991, Gosh. Les histoires s’entre-croisent et brouillent parfois les pistespour les interlocuteurs institutionnelshabitués à plus de “rationnalité”. Il n’estpas toujours facile de percevoir lestrajets singuliers et il serait plus simplede confondre Michel Daller et les deuxcompagnies Gosh et Contre Pour. Enfait, tout rapproche et tous séparecelles-ci. Gosh a été créé en 1991 aprèsle départ d’artistes d’Archaos qui ontavec d’autres musiciens, notamment enAllemagne, décidé de fonder leurcompagnie. Ce collectif qui avaittravaillé avec Michel Daller l’a sollicitépour une première mise en scène, puisde fil en aiguille, le collectif a décidé de

Le Hangar des Mines

D

Le Hangar des Mines

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Saint-SébastienGard On pourrait faire mieux, mais pas plus

Peut-être faudrait-il faire moins

Page 202: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

se doter d’un outil de travail.L’implantation de Michel Daller àAigrefeuille était bien connue desanciens membres d’Archaos et l’idée agermé de l’installation dans cettecommune de quelques centainesd’habitants d’un lieu de travail dédié auxartistes de Gosh et de Contre Pour. En1994, les bâtiments sont achetés par lesartistes qui ont été rejoints par MichelPerilhou, chargé de mission au ministèrede la Culture quitte l’administrationpour tenter cette aventure. “L’enga-gement dans l’achat s’est pris dans leflou. Le projet était hésitant, et ce quiprédominait était ce besoin de lieux detravail. On a fait avec les contraintes dulieu en programmant les travaux quivont être réalisés jusqu’en 2002.L’objectif est de pouvoir accueillircorrectement 25 personnes simulta-nément en résidence et proposer desespaces qui garantissent de bonnesconditions de formation et deproduction. La démarche progressiveque nous avons eue a permis, pour lelieu comme pour le projet, d’installer lesprincipes sans fantasmes. C’est commecela que nous avons pu gérer lesproductions des deux compagnies, lesstages de formation, les commandesque les collectivités nous passent ou lesinterventions que nous faisons pourd’autres structures. Michel Daller parexemple a mis en place le derniernuméro de clown du Cirque du Soleilet nous avons assumé l’écriture, laformation des clowns et leurs rempla-cements tous les six mois. Ces recettespropres nous permettent defonctionner. Cette prestation, parexemple, ce sont des droits d’auteurstous les mois pour le Hangar desMines.” Au côté des deux compagnies,le Hangar des Mines a été créé pourgérer le lieu et l’implantationterritoriale, car depuis cinq ans cetancrage est de plus en plus fort. Ainsientre le réseau international qui

fréquente les formations dispensées parMichel Daller et les ateliers, cabarets etautres événements proposés auxcommunes, lycées, et autres institutionsrégionales, le Hangar des Mines devientune véritable base de travail et deproduction qui, même si elle estd’abord consacrée aux projetsartistiques de ses protagonistes, s’ouvreà des accueils d’autres compagnies. Cesaccueils, choisis par un groupe constituédes trois structures (Hangar, Gosh,Contre Pour), offrent la mise àdisposition des lieux (gratuits), de laprestation artistique (mise en scène,technique) rémunérée ou pas, et de la“mise en marché” qui permet de faireaccéder les projets défendus par leHangar au réseau constitué par le travaildes autres compagnies. “Ce qui estdifficile, c’est l’équilibre du programme.On ne veut pas se retrouver avec uncahier des charges lourd et les lieuxconventionnés sont beaucoup utiliséscomme des écrans, pour ne pas êtresoumis directement aux collectivitéslocales. Même si les compagniesmarchent bien, nous assumons sanscesse des prises de risque artistique etéconomique et nous dépendonscomplètement des prestations quenous assumons pour pouvoir faire desapports sur les autres projets que nousaccueillons. On va peut-être trouverune stabilisation avec le pôle cirque quenous essayons de monter avec leCratère à Alès et la Scène conven-tionnée de la Lozère. Pour nous le pôlesera une étape de plus pour arriver àporter des gens que l’on a choisis et quinous choisissent. Avoir le Hangar, c’estavoir un endroit où les groupes semélangent, où sont inventées desrelations et regroupées des activités quisinon seraient dispersées. L’écart dulieu, le repli, participe également de larecherche. Il y a une concentration icique tu ne trouves pas facilement quandtu es dans une ville où il y a mille sollici-

tations. Ici, c’est tranquille. Et puis c’estaussi, pour nous, apporter de véritablesréponses économiques. Qu’est-ce quesignifie la pratique de la résidence dansdes fabriques où tu reçois 100 KF, maisoù ça te coûte plus que dans tonpropre lieu ?”

Le coût total des travaux aura été de 4,1MF (financement par le ministère de laCulture, Fnadt, Feder, Collectivités locales,autofinancement)Le budget du Hangar est de 1,5 MF et lebudget consolidé du site est en moyennede 8 à 9 MF.

Le Hangar des MinesVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Le Hangar des MinesContact : Reigoux30140 Saint-Sébastien-d’AigrefeuilleTél. : 04 66 61 71 18Fax : 04 66 60 53 67

Page 203: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

e bâtiment des Récollets (XVIIe

siècle), propriété du ministère del’Equipement, a été occupé jusqu’en1989 par l’Ecole d'architecture de ParisVillemin. Le site de 5 000 m2, situé dansle XXème arrondissement de Paris, a étésquatté à partir de 1989 par les “Angesdes Récollets” qui ont reçu alors lessoutiens artistiques et intellectuels deDeleuze, de Guattari, de Chambas…En 1992, les Anges sont expulsés, et unsystème de gardiennage sera mis enplace afin d’éviter toute nouvelle

occupation. Le bâtiment, inscrit àl’inventaire, fait alors l’objet d’un auditde Véritas qui évalue à 2 MF les travauxd’urgence.

Une nouvelle étude est confiée àA.Grumbach qui déclenche, à sonrendu, un avis des domaines conseillantla vente du bâtiment à un client déclaré,Virgin, le commerce de biens culturels.La mobilisation associative, qui a grandidurant les dernières années, réussit àbloquer le dossier et déclenche une

Les recollets

L

Les Récollets

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

ParisIle de France

Page 204: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

pétition (mai 1998) qui vise à maintenirl'intégrité du site et à revendiquer unprojet culturel fort et une largeconcertation.

Le ministère de l’équipement décidealors de lancer un appel d’offre, qui doitpermettre de réutiliser le site, sansfinancement public tout en dédiant à laCulture un espace de 1000 m2.C’est la RIVP (société d’économiemixte entre Suez et Ville de Paris), quiremporte cet appel d’offres, en juin1999, avec un projet de centre derencontre hôtelier de 85 chambres,ménageant l’espace culturel prévu dansle cahier des charges.

L’espace culturel qui se projette au seindes Récollets est un enjeu fort enterme de définition, car la nature de laprogrammation du projet n’est pasencore définie. L’association, qui a menéle travail de mobilisation autour du sitedes Récollets, est porteuse d’uneproposition qui vise à faire vivre un pôleartistique, un pôle sociétal et un pôlede recherche. La mobilisationcitoyenne, qui a en effet permisd’orienter la programmation du site,entend jouer un rôle déterminant dansl’élaboration et la gestion de ladynamique culturelle. Les trois pôles quisont en cours de définition combine-raient des fonctions distinctes maisintégrées dans un projet global.- Le pôle de recherche et de réflexions’appuie sur le rayonnement del’Université européenne de laRecherche animée par le philosopheJean-Pierre Faye. Des cours, confé-rences, séminaires, colloques seraientorganisés au cœur des Récollets etoffriraient à l’environnement immédiatdu quartier comme aux autres citoyensune université permanente et plurielle.Le développement d’un observatoired’initiative sociale, d’une unité derecherche sur la ville et l’urbain, ou unobservatoire de l’usage social desnouvelles technologies, sont autant dedéveloppements potentiels liés à cette

implantation.- Le pôle artistique est conçu en lienavec la résidence proposée par la RIVP.L’expérimentation de pratiques, latransmission, la diffusion des propo-sitions ar tistiques dans un cadreconvivial seraient les différentes voiesempruntées par le projet.- Le pôle sociétal est initié quant à lui àpartir de la Maison du développementdurable qui regrouperait un ensembled’activités ayant pour but de faireprogresser la réflexion, le débat etl’action autour de ce concept. Unequinzaine d’associations se sontregroupées pour faire vivre cettedimension du projet.Les Récollets sont à ce jour en attentede la formalisation des relations quilieront le propriétaire, la sociétéd’économie mixte qui porte le projetrésidentiel et l’association qui pourraitse voir confier l’animation de ladimension culturelle. La nature du pré-projet conçu par l’association etl’agitation produite depuis deux ans surle terrain confirment l’émergenced’actions concrètes tentant à Paris defaire évoluer le rapport entrepopulation et culture. Ces projets(Récollets, Maison des métallos, Maisondes Buttes-Chaumont…), qui se défi-nissent par leur transversalité, leurproximité, leur complémentaritétentent de répondre à un besoinnouveau d’articulation de l’art et de lasociété.

Les RécolletsVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Cité des Récollets, le projet,Association de préfigurationde la Cité des Récollets1, rue d’Enghien75010 Paris

Page 205: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

e nouveau directeur des Subsistancesaime à les dénommer "la friche

municipale". Situées au cœur de la ville,en face du conservatoire, à quelquescentaines de mètres du théâtre desCélestins ou du musée des Beaux-Arts,à côté de la Drac, les Subsistances sontdévolues au travail ar tistique, aulaboratoire. Ce projet, rare exemple decette nature à encore être géré en régiemunicipale, a été voulu par lamunicipalité lyonnaise qui, sousl’impulsion de son adjoint à la cultureDenis Trouxe, a souhaité doter Lyond’un centre qui puisse offrir un espaceculturel non institutionnel. "Nousdevons réensemencer sans cesse leterreau culturel de Lyon, car une Villen’est véritablement culturelle quelorsqu’elle est capable de produire desartistes. Il faut leur donner les moyensde s’exprimer.” Après une étuderéalisée en 1996 par l’équipe de lafriche la Belle-de-Mai, une période depréfiguration et de travaux menés par leprécédent directeur Paul Gremmeret,

disparu brutalement le 15 juin 2000, lesSubsistances ont été inaugurées officiel-lement en février 2001, sous la houlettedu nouveau directeur Klaus Hershe, àgrand renfort de moyens pyrotechniques.

La première phase du processus detransformation de la friche militaire enfriche culturelle a concerné 8000 m2

(environ 1/3 du bâtiment) d’espaces detravail et de diffusion qui ont nécessitéun budget de 70 MF. "Le mode deréhabilitation retenu pour les Subsistancespose problème, quant à la façon decréer ce type de lieu. Dans un bâtimentpatrimonial comme celui-ci, on ne peutpas faire n’importe quoi, mais il fauttout de même faire en sorte que leslieux rendent possibles les invitationsque l’on souhaite déclencher. C’estencore trop propre, trop fini, il va falloirque les artistes mettent de la saleté, etce sera le premier test, pour voir ce quel’on peut faire dans une frichemunicipale." Le lieu doit faire l’objet deprochaines tranches de travaux, pour

Les subsistances

L

Les Subsistances

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

LyonRhône-Alpes

Page 206: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

accueillir de nouvelles fonctions detravail, encore limitées dans cettepremière tranche, et des espacesdédiés aux industries culturelles et àl’artisanat.

Les Subsistances se présentent commeun chantier permanent "qui couvrelargement les différents champs de lacréation, de la diffusion et de la for-mation. Souhaitant travailler à l’accom-pagnement d’artistes et de démarchesculturelles transversales, les Subsistancesveulent être un laboratoire, une plate-forme de réflexion et un lieu d’échan-ges avec tous les publics.

La contemporanéité n’est pas unequestion stylistique."Aujourd’hui nous devons prendrepossession du site, sans référence àaucun modèle. Nous devons trouver unpositionnement entre la friche précaireet l’institution et rester prudent sur ceque l’on va produire. Je demande auxartistes que je reçois, des contenus quidépassent le besoin d’espaces. Dans unlaboratoire, il faut des projets, unquestionnement, des confrontations. Laconfiguration du lieu se prête d’ailleursbien aux mélanges de genre. Il ne fautpas seulement des monologues réunis,il faut des discours, des chœurs.”

Il faut des fêtes et des événementsgrinçants."Pour créer les possibilités derencontres, il faut être très vigilant àl’indépendance des personnalités quel’on accueille. Il faut simultanémentinviter des artistes locaux (ManuelMeyrieux, Christophe Imbert, les TroisHuit, Premier acte), faire appel à desartistes internationaux, insérer descitoyens dans le lieu, faire travailler desjeunes ensemble… C’est dans lefoisonnement qu’il peut y avoir unintérêt. Je veux que les Subsistancessoient un espace où l’on peutapprendre d’un échec. Nous ne devonspas être un lieu du best off de ladiffusion, mais plutôt un lieu de

rencontres, de cartes blanches, un lieuqui entretient un dialogue permanentavec d’autres endroits dans le monde,un lieu où l’on a plaisir à accueillir.”

Les Subsistances sont pour Lyon un parivéritable car elles offrent la réellepossibilité d’une réconciliation entre lacréation vivante et la Ville. Les artistescontemporains de la région, des plusobscurs aux plus notoires, exprimentfréquemment "ce désir de la ville, deson cœur, de sa presqu’île". En attri-buant à la création ar tistique cepatrimoine réhabilité et en recrutantune équipe revendiquant une liberté detravail et de propositions, Lyon peutrenverser son image de ville culturellede l’institution. "Sans destination garantieet sans moyens excessifs" , les Subsistancesapportent dans le paysage desnouveaux lieux culturels, un position-nement atypique, qui peut se révélerparticulièrement instructif par le rapportqui sera entretenu aux artistes de larégion, par l’ouverture internationalequi sera développée, par l’autonomiequi sera conquise et par les synergiesinstitutionnelles qui seront trouvées enlien avec le sens profond du projet.

Le budget du projet est actuellement de 8 MF. 4MF couvrent les fluides, l’entretien, le gardiennage. L’équipe de 12 personnes bientôt portée à 15 représenteun coût de 2,5 MF avec les dépensesd’intermittents et les mandataires.

Les SubsistancesVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Les SubsistancesKlaus HersheQuai Saint-Vincent69001 LyonTél : 04 78 39 10 02Fax : 04 75 30 46 35

Page 207: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

’équipe animée par Patrice Bigel estarrivée à Choisy-le-Roi à la demande

du Théâtre Paul-Eluard, pour une rési-dence de quatre ans. "Après le prix dufestival off d’Avignon, que la compagniea obtenu en 1983, nous avons beau-coup tourné partout en France. Al’issue de cette période, nous noussommes interrogés sur le rapport quenous avions avec le public, sur le sens denotre travail. Constatant que nous nepouvions pas avoir de rapport directavec le public dans ces conditions deproduction, nous avons décidé dechanger de trajectoire et de nous

inventer notre propre public. Nousavons alors mené des projets quipermettaient d’être accompagnés par lepublic dans le travail théâtral. Très vite,on a eu l’impression de ne plus avoir àse vendre et que nous devions en faittrouver les conditions de notre propreproduction."

Dès son arrivée à Choisy, la compagnie,inscrite hors commission depuis 1992,demande à la Ville un lieu de travailqu’elle utilisera jusqu’à sa démolition.L’Usine Hollander sera investie aprèscette démolition en 1995 afin de fonder

Usine Hollander

L

Usine HollanderChoisy-le-RoiIle-de-France

Page 208: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

un lieu de formation dont l’objet esttendu vers la création. " Notre métier,c’est de faire du théâtre. Ce que nousavons décidé, c’est de ne pas nousmettre dans une perspective decarrière, visant à obtenir la directiond’un centre dramatique ou d’une scènenationale. Je vais d’une scène d’opéraen Allemagne à mon lieu de 60 places,et notre travail de création s’inscrit danscette diversité. On associe les gens à ceparcours, et les amateurs participent decette expérimentation artistique dansun échange où l’on parle de ce qui esten train de se faire."

L’Usine Hollander réunit autour de lacompagnie La Rumeur une importantedynamique d’amateurs qui participent àdifférents projets. "L’importance dunombre des participants est le résultatd’un ancrage, et d’une base derenouvellement très large. La formationest ici, une dimension de la création et en aucun cas un biais détourné pour être en prise avec le public. Les 250 cinquante personnes sontimpliquées sur plusieurs créations, l’une avec les adultes, les deux autresavec les lycéens et les collégiens."

L’Usine offre également un lieu d’appuià des équipes qui se professionnalisentet qui y trouvent la possibilité derépéter, un lieu de résidence. "Je veuxque nous restions réactifs aux sollici-tations que nous recevons, parce que ledésir doit être le principal moteur de la

création. Lorsque tu ne peux plus rienfaire sans le prévoir deux ans plus tôt,tu inhibes tout désir, tu programmes."

"Usinage : action d’usiner, travailler,façonner une pièce avec une machineoutil, fabriquer dans une usine, travaillerdur. La Compagnie la Rumeur édite lejournal programme Usinage."

L’Usine Hollander est située dans unecour de petites entreprises, dans unespace de 600 m2 réparti en une sallede travail pouvant également accueillirde la diffusion, un local à décors, unstudio son, des bureaux et une salle detravail complémentaire. " Le lieu a seslimites. Parfois on aimerait s’enaffranchir, mais les problèmes desécurité s’imposent à nous. De toutefaçon, il ne faut pas qu’on s’enfermedans le lieu. On veut des résidences,des diffusions, des échanges avecd’autres équipes à l’étranger. On veutfaire vivre une notion à laquelle oncroit, celle de compagnie."

La location du lieu est de 200 KF par an.Le budget est de 1,3 MF à 1,7 MF (350 KF pour le département, 100 KF pour la ville, 650 KF pour l’Etat).

Usine HollanderVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

Usine Hollander1, rue du Docteur-Roux94600 Choisy-le-RoiTél. : 01 46 82 19 63

Page 209: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

e besoind’un lieu de travail

En 1986, la compagnie Katertone, doitpour honorer une commande trouverun lieu de fabrication. C’est une usined’équarrissage à Blagnac qui accueilleral’équipe et les autres tribus cousines(Image Public, Color y Calor, les Petitsd’en face) afin que "pour une fois, lesbagages puissent être posés quelquestemps". L’usine sera squattée durantsept ans, "sept ans de froid et deprécarité". Lorsqu’en 1992, l’Etatannonce les mesures pour les "lieux defabrique", Katerton tente de porter ledispositif, sans aucun soutien institu-tionnel. Les équipes présentes décidentalors de créer une structure qui gérera

le lieu et chapeautera une politique decommunication commune en termesde diffusion.

Un des membres de l’équipe seconsacre alors au projet et s’investitdans une étude visant à transformerl’usine d’équarrissage. Avec le soutiende Hors les Murs et la participationd’un programmiste, un dossier estmonté afin que le lieu puisse êtreréhabilité. La Ville, qui vient d’acquérir lebâtiment, percevra alors, le potentielque l’usine recèle, et la capacité quel’association lui offre de rentrer enpartenariat avec l’Etat. Les problèmesde responsabilité en matière de sécuritéet d’assurance du lieu changent de nature avec le transfert de propriétéà la Ville. L’audit du bâtiment évalue

L’usine

L

L’Usine de Tournefeuille

VOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚

TournefeuilleMidi-Pyrénées

Page 210: Rapport à Michel Duffour 1 - Artfactories Autresparts...1 Fabrice Lextrait avec le concours de Marie Van Hamme et de Gwenaelle Groussard Rapport à Michel Duffour Secrétariat d’État

à 55 MF de travaux la réhabilitation."Tout cela était hors de proportion.Nous avons décidé d’abandonnerBlagnac. Nous avons passé uneannonce et avons cherché sur unpérimètre plus large autour deToulouse . Nous avons trouvé le lieu deTournefeuille en location, et la configu-ration du site nous convenait, avecplusieurs hangars et de grands espacesextérieurs. Nous avons décidé dedéménager."

De Blagnac à Tournefeuille,une intégration progressive

"Nous sommes arrivés sur le site avecnos caravanes car à Blagnac nouslogions sur place pour animer et garderle bâtiment. Dès notre arrivée noussommes entrés en conflit avec leshabitants au sujet de notre campement.Un bras de fer s’est installé avec lamairie, et nous avons préféré céder entrouvant un accord afin que ceux quivivaient en caravane puissent trouverun logement. Parallèlement les activitésdes compagnies se développaient et leconflit avec la Ville s’est estompé. En1999, la Ville a changé de position vis-à-vis de notre implantation et nousavons ouvert un processus de travail,notamment sur la nature de la relationque l’Usine pouvait avoir avec lapopulation. On a recruté une personnequi travaille maintenant au dévelop-pement de cet échange ".

Un fonctionnement

Aujourd’hui, l’Usine fonctionne sur unprincipe de mutualisation et gère unbudget de 3 MF par an. L’équipecomposée de quatre personnesgarantit aux compagnies résidentes etaux compagnies accueillies lesconditions de leurs créations, tout enrecherchant de futurs développements,comme l’obtention d’un fonds decoproduction. Le lieu s’organise sur unterrain d’un hectare. Une grande halleabrite les ateliers principaux deconstruction, la cuisine et les bureaux.Des bâtiments de fortune servent deréserves et d’ateliers plus précaires deproduction.

Un développement possible

L’évolution de la relation à lamunicipalité permet d’envisager pourles années à venir l’exploration denouvelles potentialités. En effet, la Ville,au sein de la problématique d’agglomé-ration, a engagé une réflexion sur laconstruction d’un lieu de diffusion quipourrait être couplé à un lieu defabrique auquel serait associée l’Usine.

Les résidents de l’Usine sont

Le Phun, compagnie de théâtre de rueKatertone, spectacle de rue et effetsspéciauxLes Petits d’en face, spectacle jeunepublic, initiations et formationsLa Rouquine du premier, groupe musicalLes Commandos percu, groupe de rythmesColor y calor, spectacle de rueImages publiques, atelier de construction.

Le budget de l’Usine : 3 MFEquipe :direction, Robert Savigny et trois personnesadministration, relations publiques,régisseur responsable de la mutualisation

L’Usine18, chemin du Canal 31170 TournefeuilleContact : R. Savigny, P. Phéraille, F. DelaroziereTél : 05 61 07 45 18Fax : 05 61 06 65 [email protected]

L’usineVOL. 1 / FICHE D’EXPERIENCE ❚