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ECOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME DE TUNIS Département d’Architecture Recueil cours Histoire de l’architecture Rome Première année Par Hind KAROUI Assistante

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ECOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME DE TUNIS Département d’Architecture

Recueil cours Histoire de l’architecture Rome

Première année

Par Hind KAROUI Assistante

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P.2/ L’Architecture des civilisations antiques

PARTIE 2, COURS 5, L’ARCHITECTURE ROMAINE

PLAN

INTRODUCTION

1. Rome antique : Histoire d’une cité

1.1 Organisation interne de la cité

2. L’architecture de la Rome Antique

2.1 Techniques de construction

2.2 Quelques œuvres de référence

A. Le temple

- Le temple de Jupiter Capitolin

- Le Panthéon

B. La basilique

- Basilica Ulpia

C. Le mausolée

- Mausolée d’Hadrien

D. Les thermes

- Les thermes d’Antonin à Carthage

E. Le théâtre

- Théâtre de Pompée

F. L’amphithéâtre

- Le Colisée

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Livres disponibles à la bibliothèque de l’ENAU

RACHET, Guy, La Grèce et Rome (RD.047)

VON MATT, Léonard, Architecture antique à Rome (RM.097)

PICARD, Gilbert, Empire Romain (RM.157)

GOLVIN, Jean Claude, Amphithéâtres et gladiateurs (RM.494)

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INTRODUCTION

Les origines de l’architecture romaine remonte aux Etrusques, peuple originaire d’Asie mineure qui

colonisa la région du centre de l’actuelle Italie, appelée Etrurie (entre le Tibre et l’Arno), au courant du

VIIes av J.-C.

Leurs réalisations architecturales étaient faites de temples, d’autels pour les sacrifices religieux, de tombes,

de ponts et d’aqueducs. Leurs villes étaient fortifiées avec des enceintes monumentales munies de portes.

Citons celles de Pérouse (-300), de Volterra et de Falerium Novum (-250).

Le style architectural développé par les Etrusques se distinguait par l’usage des arcs brisés et des voûtes

(ou encorbellement) en pierre.

Les temples :

Les temples, orientés face au sud, étaient construits en brique, en bois et plus tard en pierre. Ils

étaient édifiés au centre des villes, à proximité des autels. Beaucoup de temples étrusques

possédaient trois cellae : celle du centre était la plus importante et généralement la plus grande. Le

culte était dans ce cas adressé à trois divinités. En face de la cella se trouvait un vaste pronaos

(vestibule muni d’un portique à colonnade) vers lequel on accède par des escaliers. La

caractéristique principale des temples étrusques est leur ouverture sur un seul côté. Le style des

colonnes reproduit le style dorique des grecs mais sans cannelures au niveau du fût, avec une base

et un chapiteau plus simple. C’est la forme primitive de l’ordre toscan, reproduit par les romains.

Les tombes :

Les tombes individuelles et collectives étaient regroupées dans des nécropoles. Les plus anciennes

étaient recouvertes de tumulus. A partir de l’an 400 av J.-C, les tombes ressemblaient à des

maisons d’habitation , taillées dans le roc et présentant une façade décorée avec des portes et des

fenêtres. C’étaient de véritables « maisons mortuaires » aménagées de l’intérieur par des meubles

taillés dans la pierre (lits, bancs) et des ustensiles domestique. Les murs intérieurs étaient peints.

Un temple étrusque type

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1. Rome antique : Histoire d’une cité

L’histoire de l’architecture romaine est marquée par deux périodes successives :

Période républicaine (509/27 av. J.-C) qui correspond à l’établissement de la République après

deux siècles de pouvoir monarchique (royauté). Cette période est marquée par les trois guerres

puniques (contre Carthage – de 264 à 146 av. J.-C) et par la domination romaine du Sud de l’Italie

(Grande Grèce) et de la Sicile. C’est ce qui explique la double influence que va subir l’architecture

locale : héritage grec d’une part et tradition locale des Etrusques d’autre part.

Période impériale (-27/395 ap. J.-C) coïncidant avec l’avènement d’Auguste (- 27/+14) qui va

assurer l’unité et la prospérité de l’Empire qui va ainsi s’élargir vers d’autres provinces du bassin

méditerranéen (Afrique du Nord, Grèce, Espagne), de la côte égéenne et d’une partie de l’Europe

du nord (voir carte). Parmi les empereurs qui se sont succédés du Ie au IIIes ap.J.-C citons

Caligula, Néron, Titus, Trajan, Nerva, Aurélien, Tacite, Florien, Honorius, Arcadius…

Carte de l’Empire romain (IIIes ap.J.-C)

Plan et section longitudinale sur une tombe taillée dans le roc datée de l’an 600 av. J.-C : un couloir rectangulaire extérieur appelé dromos débouche sur un long vestibule menant à une chambre ronde, tholos, à encorbellement.

L’intérieur d’une tombe étrusque avec en premier plan une vue sur des colonnes basses de style dorique

Façade gravée d’une tombe étrusque

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1.1 Organisation interne de la cité

Rome1 à l’époque impériale présentait une superficie de 1000 ha. Elle comprenait la ville proprement dite

(urbs), les faubourgs (continentia) et la banlieue (partie périphérique).

La ville est traversée par le fleuve du Tibre sur une longueur de neuf kilomètres et une largeur moyenne de

80 mètres (prof. 3m). Au milieu du Tibre se dresse une petite île appelée île tiberine. Celle-ci est rattachée

aux deux rives (rive droite : le Transtevere et rive gauche : le champ de Mars) par deux ponts : le pont

Cestius (100 av. J.-C) et le pont Fabricius (62 av J.-C).

Le territoire géographique était composé de 7 régions appelées les unes, collines les autres, monts : Le

champ de Mars, le Capitole, l’Aventin, le Caelius, l'Esquilin, le Palatin et le Quirinal. Cette configuration a

permis l’exploitation des terrains en pente, des sites élevés et des plaines et vallées pour réaliser

d’importantes constructions en vu de glorifier et de célébrer la puissance de l’Empire.

NB : Les photos ci-dessous sont celles de la maquette de la Rome antique (à l'époque de Constantin,

début IVe s ap. J.-C), réalisée par l’architecte Paul BIGOT (1900) et déposée au Musées Royaux d'Art et

d'Histoire (MRAH) de Bruxelles (www.unicaen.fr/rome).

Le champ de Mars

Nord Portiques, temples, édifices

de spectacle et thermes

Le Capitole

Nord Temples dédiés à diverses

divinités

L’Aventin (40m)

Sud Grand Cirque (Circus

Maximus)

Le Caelius Sud Temple du divin Claude

Aqueduc

1 La ville de Rome fut fondée en 753 av J.-C par Romulus, période coïncidant avec la colonisation grecque en Italie du Sud.

Ile tibérine

Caelius

Aventin

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L'Esquilin Est Thermes de Titus, de Trajan,

Jardins

Le Palatin Sud Quartier de la classe

dirigeante et résidence des

empereurs. Sanctuaires,

thermes, Panthéon, Le

Colisée

Le Quirinal (61m)

Nord-

Est

Nombreux temples (Temple

de Quirinus, Temple de

Sérapis) et thermes (Thermes

de Constantin et Thermes de

Dioclétien).

Rome avec ses faubourgs est une ville doublement fortifiée. La première enceinte date du IVes et est noyée

dans le tissu urbain, la deuxième, fut construite sous l’ordre de l'Empereur Aurélien vers 271 av. J.-C afin

de préserver la capitale des invasions barbares.

Au milieu de la ville on trouve des forums, c'est-à-dire des esplanades (vastes aires en plein air) ornées de

colonnes et entourées par une série de bâtiments publics et sacrés (temples, basiliques, arcs de triomphe).

A l’origine, le forum servait comme lieu de rencontres des citoyens voulant discuter des affaires de l’Etat, à

l’image de l’agora grecque. Outre au forum romain, situé entre le Palatin et le Capitole, nous trouvons les

forums impériaux (Trajan, Auguste, César, Nerva) situés entre le Capitole et le Quirinal et le forum

Boarium sur le Capitole.

La muraille d’Aurélien, construite en maçonnerie de brique

Quirinal

Palatin

Emplacement du forum romain

Plan du forum romain. Parmi les édifices construits citons le temple de saturne (ép.archaïque : Ves av. J.-C), la prison, temple de Vespasien (ép.impériale : Ies ap. J.-C), la basilique Aemilia, la basilique de Constantin, la bibliothèque de la paix et les arcs de Titus, d’Auguste et de Septime Sévère (203 ap.J.-C) le père de Caracalla. Le forum romain était le centre commercial, juridique et économique de la cité.

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2. L’architecture de la Rome Antique

La ville avec ses rues, ses ponts et ses 4 aqueducs comportait différents types d’édifices publics,

administratifs et religieux. Nous citons le Sénat, la prison publique, les basiliques, les amphithéâtres, les

théâtres, les cirques (ou stades), les bains publics (thermes), les tombes et les mausolées, les édifices

honorifiques (arcs de triomphe, colonnes, statues), les temples et les autels et bien évidemment les

maisons d’habitation1, les immeubles d’habitation (insula) et les palais (domus).

2.1 Techniques de construction

Les maîtres d’œuvre romains vont acquérir de plus en plus de maîtrise de l’appareillage en pierre, en

travertin2, en calcaire et en marbre qui constitue la technique de base de la construction monumentale

(temples, palais, arcs honorifiques) et des ouvrages d’art (ponts, aqueducs). Pour la construction des

maisons d’habitation, les romains utilisaient la brique crue ou cuite au niveau des murs épais et des

colonnes et le bois au niveau des murs légers et des cloisons internes.

Les murs (ou parements) pouvaient être aussi en briques liées par un mélange composé de morceaux de

pierre + mortier (chaux+sable+eau). Ce mélange forme un liant très solide, compact et très résistant qu’on

appelle le « béton romain ».

De l’extérieur, l’appareillage était le plus souvent recouvert d’un enduit peint (peinture murale) ou bien

d’un décor de marbre, de stuc ou de pierre (bas reliefs, caissons, mosaïques).

Sous l’influence de l’architecture étrusque, les romains introduisent l’usage des murs en encorbellement

(voûtes en berceau, voûte en cul-de-four, coupoles) et des arcs (arc clavé, arc en plein cintre…).

1 Les maisons romaines disposaient de l’intérieur d’un espace couvert orné de colonnes et autour duquel sont disposés les pièces d’habitation. Cet espace est appelé l’atrium et est éclairé par une ouverture zénithale (compluvium) sous laquelle est disposée un bassin (impluvium) qui recueillait les eaux de pluie. 2 Le travertin est une pierre calcaire de couleur blanche et fortement résistante. Il était utilisé dans la décoration des monuments en remplacement du marbre.

L’arc de Titus de la Rome impériale, 80ap.J.-C.

A l’origine les arcs étaient édifiés pour célébrer les triomphes militaires et la puissance des empereurs, ensuite ils furent construits pour servir de portes monumentales.

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L’utilisation des ordres est bien évidemment appliquée à tout type d’architecture. Rappelons que les ordres

sont un système de règles concernant la forme et les proportions des colonnes et des entablements. Outre

l’ordre toscan, les romains ont fréquemment utilisé l’ordre corinthien et un ordre issu de la combinaison

de l’ionique avec le corinthien, appelé l’ordre composite.

Exemple de temple corinthien : Le sanctuaire de Caelestis (Dougga1, Tunisie)

Il s’agit d’un des plus singuliers édifices cultuels de l’Afrique antique. Le temple est inscrit dans une aire

semi-circulaire (area) formant une cour à ciel ouvert, délimitée par un mur précédé d’un portique

corinthien. Le temple est périptère et hexastyle (10 colonnes sur ses longs côtés). Les colonnes sont en

calcaire, et hautes de 5m06 (base+fût+chapiteau).

Il est élevé sur un podium de 2m15 de hauteur traversé par un escalier axial à 11 marches. Il comporte le

pronaos et une cella rectangulaire percée au fond par une grande niche où étaient déposées les statues dont

celle de la déesse Caelestes Auguste.

Restitutions :

1 Dougga : Thugga, une colonie romaine devenue un important centre administratif de l’Empire de la fin du IIIes av. J.-C et jusqu’à l’an 391 ap. J.-C.

Plan du temple

Coupe montrant les rapports de proportion entre le temple et les espaces environnant : accès latéraux, pavillons d’angle, portiques.

Vue sur les ruines du temple

Une des deux entrées latérales au temple, moins élevées renforçant ainsi l’effet monumental de l’ensemble.

Un des deux pavillons

d’angle

Portique à colonnades

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Les ordres romains :

Tableau de confrontation des ordres:

Dorique grec Dorique romain

Simple, tripartite Plus compliqué, plus varié

Ionique grec Ionique romain

Corinthien grec et romain

Identiques: feuillages sculptés

(de gauche à droite): le toscan, le dorique, l’ionique, le corinthien et le composite

Les romains ont utilisé différemment les

ordres par rapport aux Grecs: ils ont travaillé

sur l’interaction des éléments entre eux c’est-

à-dire sur la combinaison des ordres :

surimposition des uns au dessus des autres

(théâtres, basiliques)

« La colonne dorique, masculine et solide

porte l’ionique plus gracieuse qui à son tour

soutien la mince colonne corinthienne. »

* Unité dans la diversité

* Des éléments indissociables formant un

système

Presque identiques: Volutes plus petites, plus chargées

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2.2 Quelques œuvres de référence

L’étude de l’architecture romaine se fera à partir de l’étude de quelques œuvres qui ont caractérisé le style

local :

Oeuvre Date de construction Période historique

Temple de Jupiter Capitolin fondé en -509 et reconstruit en 69 av J.-C Période archaïque

Basilique Aemilia -167 Période républicaine

Basilica Ulpia -100 Période républicaine

Théâtre et portiques de Pompée Entre -61 et -51 Période républicaine

Colisée Arc de Titus

+80 Période impériale

Panthéon d’Hadrien +126 Période impériale

Thermes de Caracalla +212 Période impériale

Mausolée d’Hadrien +130 Période impériale

A. Le temple

Rappelons que le temple est un édifice sacré conçu pour la demeure de la divinité à laquelle il est dédié. Il

naît sous sa forme classique en Grèce à l’époque archaïque (salle rectangulaire divisée de l’intérieur par une

rangée de colonnes). Au cours des siècles, il a subit d’importantes évolutions engendrant toute une série de

variantes, en fonction des dimensionnements, du nombre et type des colonnes, de l’organisation des

portiques1…

Le temple romain est de style italo-étrusque : Il comporte un podium à l’entrée qui n’est accessible que

d’un côté par un escalier. Le plan est de forme quasi carrée dont la moitié antérieure (façade) est,

généralement occupée par le pronaos à colonnes et la moitié postérieure (arrière) par la cella. Celle-ci peut

être tripartite, composée d’une allée centrale plus large que les ailes latérales.

1 Voir cours précédant, « L’architecture grecque » : temple in antis, temple prostyle, temple amphiprostyle, temple périptère, temple diptère, temple pseudo-diptère, temple pseudo-périptère, temple monoptère.

Maison carrée de Nîmes (France) : temple corinthien de l’an 16 av. J.-C, élevé sur un podium de 4m de hauteur. L’intérieur de la cella mesure 11m sur 16m. A l’origine, ce temple était inscrit au milieu d’un forum.

Reconstitution du temple de Vénus et de Rome, voulu par Hadrien et dont la réalisation a duré 15 ans (121-136

ap. J.-C.). Vénus est la déesse de l'amour. Les murs du

temple étaient en briques revêtus d’un placage de marbre.

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Les divinités romaines

Les romains ont adopté les divinités grecques en leur donnant une nouvelle nomination : Diane (Artémis-

lune), Jupiter (Zeus-ciel), Junon (Héra-femmes), Mars (Arès-guerre), Mercure (Hermès-commerce),

Minerve (Athéna-intelligence), Neptune (Poséidon-eaux), Pluton (Hadès-enfer), Vesta (Hestia-foyer),

Vénus (Aphrodite-amour) et Vulcain (Héphaïstos- feu).

- Le temple de Jupiter Capitolin

Il s’agit du plus grand temple de la ville : 53x63m, dédié à trois divinités locales : Jupiter (dieu du ciel),

Junon (sa femme, déesse du mariage) et Minerve (sa fille, déesse de l’intelligence et des beaux-arts). Il est

situé au sommet de la colline du Capitole, au milieu d’une vaste plate-forme. Sur ce site sacré, étaient bâtis

des autels, des bâtiments publics (tabularium : Archives nationales) et d’autres sanctuaires. Son édification

remonte à la période archaïque, au temps du roi étrusque Tarquin l’Ancien (615 – 572 av J.-C). Ensuite, il

a été repris et reconstruit par son neveu Tarquin le Superbe, le dernier roi de Rome.

C’est un temple toscan, composé d’un pronaos hexastyle et de trois cellae (la cella centrale abrite la statue en

or et en ivoire de Jupiter). Le décor était entièrement réalisé en terre cuite polychrome, ajoutée avec des

matériaux précieux comme le marbre, le bronze et l’or.

Emplacement du temple de Jupiter sur le Capitole

Plan du temple de Jupiter (composition géométrique et ordonnée, colonnes à travées égales)

Source : Maquette de Paul Bigot, op.cit.

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- Le Panthéon (issu du grec pantheos, pan veut dire tous et theos veut dire dieux).

Le temple est situé au milieu de la cité, sur le Champ de Mars. Sa construction remonte aux années 27 à 25

av.J.-C, sous l’initiative d’Agrippa. Il fut ensuite reconstruit entre 118 et 128 ap. J.-C par l’empereur

Hadrien. Il était dédié à toutes les divinités.

La forme d’origine était rectangulaire avec une façade ouvrant sur le côté long. Après sa reconstruction, il

présentait une autre typologie de plan : De l’extérieur, un portique à huit colonnes de granit, ouvrant sur

une cella circulaire de 43m de diamètre, couverte par une couverture hémisphérique (dôme) en caissons.

L’intérieur est éclairé par une ouverture zénithale, non vitrée, de forme circulaire, faisant 8m72 de

diamètre. Il s’agit de l’oculus. Les murs étaient en pierre et étaient percés à l’intérieur par de nombreuses

niches abritant les statues des divinités et rythmées par une série de colonnes corinthiennes.

Le Panthéon est considéré, jusqu’à nos jours, l’une des créations architecturales les plus remarquables.

Avec l’avènement du christianisme, il a été reconduit en église : la Sainte-Marie des Martyrs.

Vue sur le portique hexastyle du Panthéon

Implantation du temple dans le tissu urbain de la ville antique. Source : Maquette de Paul Bigot, op.cit.

Tableau de peinture de Giovanni Paolo Pannini (XVIIIes) représentant l’intérieur du Panthéon.

Plan et coupe longitudinale

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B. La basilique

La basilique est un bâtiment civil destiné à de multiples fonctions publiques (assemblées, réunions,

tribunaux…). Elle est située sur le forum et présente des dimensions importantes. De l’intérieur, elle est

constituée d’une nef centrale flanquée de part et d’autre d’une ou de deux nefs latérales. L’éclairage naturel

se fait à travers des fenêtres hautes sur les côtés. La première basilique romaine date de l’an 184 av J.-C. la

forme générale va servir de modèle aux églises chrétiennes (basilique de Saint-Pierre, cathédrales de Pise et

de Florence, église Saint-Vincent-de-Paul à Paris…).

Le principe planimétrique : forme rectangulaire terminé à une extrémité par un mur courbé en hémicycle

appelé l'abside. Cet espace est voûté.

- Basilica Ulpia

C’est la plus grande basilique de Rome, située dans le forum de Trajan : 170x60m. Orientée nord-est/sud-

ouest, elle s’élevait sur un soubassement rectangulaire, et présentait à ses deux extrémités deux absides.

L’entrée principale était marquée par un arc triomphal à trois arches. De l’intérieur, l’espace comprenait 5

allées (ou nefs) délimitées par quatre rangées de colonnes d’ordre corinthien : celles de la nef centrale, plus

hautes, étaient en granit gris, celles des nefs latérales en cipollin (type local de marbre coloré). Le sol était

pavé de marbre polychrome (différentes couleurs). L’ensemble du décor était sculpté et peint (frise figurée,

stucs en plâtre, édicules en pierre occupés par des statues…).

L’architecte Luigi CANINA, dans son ouvrage Bâtiments de la Rome antique, publié en 1850, présente

différentes planches graphiques de la basilique (plans, coupes, élévations, vues en perspective).

Plan de la Basilique de

Constantin (Ep.Impériale)

Vue sur une basilique romaine

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C. Le mausolée

La tradition funéraire s’est développée chez les romains sous différents aspects : hypogées (tombes

souterraines), pyramide, chambres…

Le type le plus fréquent reste cependant l’édifice circulaire adopté pour les tombes impériales (mausolées

d’Hadrien, d’Auguste…). Les autres tombes des familles aristocratiques avaient le plan centré mais pas

nécessairement circulaire (carré, carré et rond, rond). L’intérieur était richement décoré par des stucs et de

la peinture.

- Mausolée d’Hadrien

Le mausolée, édifié sur la rive droite du Tibre, aux alentour de l’an 130 ap. J.-C, a été construit pour abriter

les dépouilles d’Hadrien (117-138 ap. J.C) et des membres de la dynastie des Antonins entant que ses

successeurs.

La grande masse cylindrique fait 64m de diamètre et était surélevée par rapport au niveau du sol par un

soubassement carré en briques. De ce tambour circulaire émergeait une structure quadrangulaire couverte

par un tumulus de terre planté d’arbres (cyprès). L’entrée est organisée par un vestibule où une niche

abritait une statue d’Hadrien représenté sous la forme du dieu Hélios et une rampe hélicoïdale qui menait

à la chambre funéraire située au centre de ce sépulcre monumental.

D. Les thermes

Le mot thermes est issu du grec thermos qui veut dire « chaud ». Les romains, sous l’influence des grecs, ont

développé le goût de la propreté corporelle. Ils ont commencé à édifier les premiers bains publics depuis

le IIèmes av. J.-C. Des premières constructions de petites dimensions, les ingénieurs et architectes romains

n’ont cessé de développer les procédés de chauffage et de les introduire dans une architecture de plus en

plus monumentale. Ces importantes réalisations ont adopté le nom des empereurs qui les ont fait

construire : thermes de Néron, de Titus, Trajan, Caracalla, Dioclétien, Constantin1…

1 Nous comptons environ 800 thermes éparpillés dans le tissu de la ville.

Vue aérienne sur le mausolée. Source : Maquette de Paul Bigot, op.cit.

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Les thermes se composaient de différentes salles dont chacune avait une fonction spécifique. Les trois

salles principales abritaient des bassins où la température de l’eau variait.

Apodyterium Vestiaire / Lieu de rencontre

Tepidarium Bain tiède

Laconicum Bain turc (sauna) Voûtée avec un revêtement de mosaïques, de verres…

Caldarium Bain chaud Couverte en coupole

Frigidarium Bain froid

Natatio Piscine en plein air

Nous distinguons deux catégories de bains : Les bains hygiéniques (exclusivement pour l’hygiène du

corps) et les bains thérapeutiques (pour les soins).

L’espace interne était richement décoré par des dallages polychromes en marbre. Les thermes étaient

également dotés de palestres (pour les activités sportives comme la lutte ou la gymnastique), de

bibliothèques, de salles de conférences, de jardins, des boutiques, des latrines publiques et des salles de

repos. Dans ces salles il y avait de nombreuses statues de dieux ou d’empereurs et des sièges de marbre ou

de bronze. La divinité la plus représentée était Esculape, le dieu-médecin, accompagné de sa fille Hygie.

Exemple : les thermes d’Antonin à Carthage1

1 Carthage a été fondée par les Phéniciens vers 814 av. J.-C. Elle fut une grande puissance commerciale et maritime de la région. A l’issue de la troisième guerre punique, Rome s’est emprise de Carthage qui devint, à partir de l’an 146 av.J.-C, une province romaine de l’Afrique du Nord. Elle fut détruite, rasée au sol, pour être rebâtie par les architectes et les ingénieurs romains

Caldarium Frigidarium Natatio

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Comme dans les thermes romains, le plan est symétrique, composé par une succession de salles déposées

de part et d’autre d’un axe transversal (vertical) : caldarium, tepidarium, frigidarium et la natatio.

Nous trouvons aussi deux piscines chauffées, deux palestres en plein air, deux gymnases couverts et des

latrines publiques. D’autres salles étaient réservées aux séances de massages. A l’extérieur, sur l’esplanade,

plusieurs salles appelées exèdres bordent l’espace. Elles abritaient des douches individuelles et des

chapelles pavées de mosaïques. Un portique bordait les trois côtés de l’esplanade.

Restitution du parcours interne

Les thermes possèdent deux entrées principales accessibles de l’esplanade. La première salle est de forme

octogonale et servait de vestiaire. A côté se trouve la piscine de natation chauffée, couverte. A l’est on

trouve la palestre découverte bordée de portiques sur les quatre côtés. Au sud de la palestre on trouve le

gymnase couvert, utilisé surtout en hiver. Une vaste antichambre sert pour le passage soit vers la salle

tiède, le tepidarium, soit vers la salle froide, frigidarium, soit vers la grande piscine découverte, la natatio.

De la salle tiède on passait dans une salle de forme octogonale, chauffée, appelée le destrictarium : salle

destinée aux opérations de nettoyage du corps. On passait ensuite par une salle hexagonale plus petite et

plus basse appelée le laconicum. Il s’agit d’une étuve composée d’eau chaude. On arrivait enfin à la grande

salle axiale, le caldarium, c'est-à-dire la salle des bains chauds. Cette salle, était « haute, bien éclairée et

spacieuse ». L’intérieur comportait des piscines rectangulaires encastrées dans l’épaisseur des murs, et un

bassin central circulaire. Une vaste coupole couvrait l’espace. Au milieu est percée une ouverture circulaire

appelée oculus pour le régalage de la température, l’évacuation des buées et l’éclairage naturel.

Après avoir pris le bain chaud, on sortait dans un second tepidarium pourvu de deux piscines d’eau tiède.

Celles-ci étaient voûtées. Le tepidarium communique avec le frigidarium, « une salle très élevée, inondée de

lumière avec quatre piscines d’eau froide ». De cette salle, on pouvait soit sortir vers la palestre pour aller

se rhabiller au vestiaire, soit aller nager dans la grande piscine en plein air.

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E. Le théâtre

C’est un lieu de spectacle conçu pour la mise en scène de représentations telle que la comédie ou la

tragédie. Il a une forme semi-circulaire avec une partie rectiligne occupée par la scène. Le plus ancien

théâtre romain construit en pierre est le théâtre de Pompée situé au Champ de Mars (Ies av. J.-C : entre 61

et 55 av. J.-C) à une hauteur égale à 45m. De par ses dimensions importantes, il pouvait recevoir jusqu’à

15000 spectateurs. A l’intérieur, le théâtre était luxueusement décoré de marbre et de stuc. Il abritait de

nombreuses oeuvres d’art dont la statue en bronze du roi Hercule (H=3,85 m).

« Après avoir déterminé le lieu où doit être la place publique (forum), il faut choisir celui où l’on

veut bâtir un théâtre pour les spectacles qui se donnent aux fêtes des Dieux. Or il est très

important que ce lieu soit sain (air pur, loin des marécages)…Il faut encore prendre garde que le

théâtre ne soit pas exposé au midi (sud) car les rayons du soleil enfermés dans la rondeur du

théâtre échauffent l’air qui y est arrêté et cet air ne pouvant être agité devient si ardent et si

enflammé qu’il brûle, cuit, diminue les humeurs du corps. » (VITRUVE, De architectura, Livre V,

Chap.III : « Comment il faut bâtir le théâtre pour faire qu’il soit sain », traduit et corrigé par

Claude PERRAULT (1673) )

Jardin garni de fontaines et entouré de portiques sur lequel ouvrait des salles appelées exèdres servant pour les réunions et les assemblées politiques. Ce grand espace dégagé faisait 180 m sur 135 m.

Cavea (gradins) semi-circulaires de 150m diamètre

Temple de Vénus Victrix

Bâtiment de scène

Orchestra : cet espace était occupé par les sièges des dignitaires (dans les théâtres grecs c’était le lieu de la danse

des chœurs)

Source : Maquette de Paul Bigot, op.cit.

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Confrontation théâtre romain /théâtre grec :

Plan du théâtre de Marcellus (Rome, 13 av J.-C)

Plan schématique d’un théâtre romain

Les théâtres romains sont édifiés sur un

terrain plat. Les gradins (ou cavea) forment

un demi-cercle. Ils reposent sur des

galeries à arcades disposées sur plusieurs

niveaux.

Axonométrie du théâtre de Dionysos à Athènes

Plan schématique d’un théâtre grec, le théâtre

d’Epidaure

Les théâtres grecs adossés à une pente d’une

colline qui soutenait les gradins épousant une

forme d’une demi-ellipse. Au milieu se

trouve l’orchestra, qui pouvait être soit

circulaire, soit semi-circulaire soit elliptique

elliptique.

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F. L’amphithéâtre:

Il s’agit d’une combinaison de deux théâtres aboutissant à une forme elliptique. Les plus anciens datent du

II av J.-C. Nous comptons 75 amphithéâtres dans tout l’Empire: Rome, Vérone, El Jem, Nîmes…

Il comprend une arène autour de laquelle se développent les gradins, et les coulisses (sous l'arène et les

gradins avec des cages pour les bêtes et des salles pour les combattants, des couloirs, des chambres, des

toilettes, des élévateurs (monte-charge)).

Exemple : Le Colisée de Rome (80 ap.J.-C)

Il s’agit du plus grand amphithéâtre de l’Empire. De dimensions impressionnantes, il pouvait accueillir

jusqu’à 80,000 spectateurs. Il était destiné aux combats des gladiateurs (choisis parmi les condamnés, les

esclaves, les prisonniers de guerre), à des représentations de scènes de chasse aux animaux sauvages et à

des combats navals.

«Tant que le Colisée sera debout, Rome aussi le sera ; quand le Colisée s'écroulera, Rome aussi... quand

Rome s'écroulera, le monde entier s'écroulera » (Proverbe romain antique)

L’arène était elliptique (86 mètres de long pour 54 mètres de large).

Le Colisée (Colosseum) avec ses parements en grands blocs de pierre (le travertin), gradins et colonnes en marbre)

Surimposition des ordres sur une hauteur totale de 48m : RDC: toscan (simple et fort)

Etage 1: ionique (plus léger)

Etage 2 : corinthien (élégant) Etage 3: des colonnes en légère saillie par rapport au mur appelées pilastres (ordre corinthien et composite)

3 2 1 RDC

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