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GREEN TEACHER 1 Par Sharon Kallis Traduit par Annabelle Normandeau Amener les étudiants à l’extérieur afin qu’ils participent à des programmes d’élimination des espèces envahissantes est une excellente façon de les initier à l’administration environnementale locale. Et si on transformait cet exercice en activité artistique en prenant les fruits de cet effort, en l’occurrence des brouettes pleines de mauvaises herbes diverses, et qu’on les transformait en matière première? En convertissant l’élimination des mauvaises herbes en activité de cueillette, on réinvente le concept et on lui donne un but qui sort de l’ordinaire. Ce type d’activité sert entre autres à gérer les espèces envahissantes, mais peut aussi changer la vision que les étudiants ont de ces plantes qui sont souvent rejetées, car indésirables. Prendre le temps de cueillir ces plantes afin de les transformer est une occasion unique d’observer les changements saisonniers et d’enseigner la biologie végétale. Dans le but de donner une nouvelle vie aux mauvaises herbes, j’utilise une simple technique de vannerie en spirale. Au fil des ans, j’ai tressé des objets avec divers matériaux cueillis à l’extérieur, et pour ce type de vannerie, il vous faudra deux sortes de matériaux en particulier. 1. Le fil de liage: une fibre souple, mais résistante, qui agira comme un fil pour lier les matériaux. Pour les petits objets, j’utilise des fibres qui entrent dans le chas d’une aiguille à tapisserie de laine, aiguille dont le chas est large et le bout émoussé. Il est possible d’utiliser : le liseron, la ronce commune, le lierre commun, ainsi que des languettes de yucca, de massette ou de chanvre de Nouvelle-Zélande. Les étudiants moins expérimentés peuvent utiliser de la ficelle de jute biodégradable. 2. Le matériau de remplissage, aussi appelé fondation: le matériau que vous lierez en tressant de façon circulaire. Les longues aiguilles de pin sont habituellement utilisées en vannerie spiralée, mais il est possible d’utiliser de longues herbes, des jonquilles en fin de saison, des feuilles d’iris, du lierre commun, ou tout autre matériau souple que vous aurez cueilli. Transformer les espèces envahissantes en objets tressés Un projet d’art éphémère qui propose d’éliminer les mauvaises herbes en les cueillant plutôt qu’en les détruisant S. Kallis

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Green Teacher

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Par Sharon KallisTraduit par Annabelle Normandeau

Amener les étudiants à l’extérieur afin qu’ils participent à des programmes d’élimination des espèces envahissantes est une excellente façon de les initier à l’administration environnementale locale.

Et si on transformait cet exercice en activité artistique en prenant les fruits de cet effort, en l’occurrence des brouettes pleines de mauvaises herbes diverses, et qu’on les transformait en matière première? En convertissant l’élimination des mauvaises herbes en activité de cueillette, on réinvente le concept et on lui donne un but qui sort de l’ordinaire.

Ce type d’activité sert entre autres à gérer les espèces envahissantes, mais peut aussi changer la vision que les étudiants ont de ces plantes qui sont souvent rejetées, car indésirables. Prendre le temps de cueillir ces plantes afin de les transformer est une occasion unique d’observer les changements saisonniers et d’enseigner la biologie végétale.

Dans le but de donner une nouvelle vie aux mauvaises herbes, j’utilise une simple technique de

vannerie en spirale. Au fil des ans, j’ai tressé des objets avec divers matériaux cueillis à l’extérieur, et pour ce type de vannerie, il vous faudra deux sortes de matériaux en particulier.

1. Le fil de liage: une fibre souple, mais résistante, qui agira comme un fil pour lier les matériaux. Pour les petits objets, j’utilise des fibres qui entrent dans le chas d’une aiguille à tapisserie de laine, aiguille dont le chas est large et le bout émoussé. Il est possible d’utiliser : le liseron, la ronce commune, le lierre commun, ainsi que des languettes de yucca, de massette ou de chanvre de Nouvelle-Zélande. Les étudiants moins expérimentés peuvent utiliser de la ficelle de jute biodégradable.2. Le matériau de remplissage, aussi appelé fondation: le matériau que vous lierez en tressant de façon circulaire. Les longues aiguilles de pin sont habituellement utilisées en vannerie spiralée, mais il est possible d’utiliser de longues herbes, des jonquilles en fin de saison, des feuilles d’iris, du lierre commun, ou tout autre matériau souple que vous aurez cueilli.

Transformer les espèces envahissantes en objets tressés

Un projet d’art éphémère qui propose d’éliminer les mauvaises herbes en les cueillant plutôt qu’en les détruisant

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Lorsque des matériaux naturels sont utilisés en vannerie, ils sont cueillis et séchés, puis réhydratés. Important : les matériaux frais contiennent une grande quantité d’eau et ils rétréciront beaucoup lors du séchage; s’ils sont utilisés immédiatement après la cueillette, le tressage ne sera pas aussi serré une fois que le produit aura séché. Lorsque vous cueillez des plantes que vous envisagez d’utiliser immédiatement, évitez les plantes charnues ou grasses; utilisez plutôt des matériaux qui ont la texture du papier.

Je préfère la technique de l’enroulement pour sa polyvalence et parce que le produit fini peut varier selon que vous choisissez de créer des tresses larges ou étroites et selon le matériau cueilli. L’utilisation de divers matériaux pour le tressage permet aussi d’étudier les différentes structures des plantes avec lesquelles vous travaillez; vous pourrez déterminer quel type de plante rétrécit davantage, en plus de comparer leurs différentes propriétés en ce qui concerne la facilité d’utilisation, et la façon dont elles changent en séchant pour créer le résultat final.

Vous pouvez disposer les œuvres terminées à l’extérieur, soit sur votre terrain, soit dans votre aménagement paysager, car elles sont biodégradables et enrichiront le sol de nutriments. Pour plus d’informations sur la vannerie, je vous recommande de consulter des ouvrages variés, cherchez ceux qui contiennent des illustrations d’exemples de vannerie en spirale, qui vous aideront à mieux comprendre les étapes avant de commencer.

Les étapesLa cueillette: voici quelques techniques simples pour tester la résistance d’une plante et comprendre ses propriétés.

1. Prenez quelques brins de l’herbe ou de la plante choisie et enroulez-les autour de vos doigts. Ensuite, essayez d’écarter vos doigts; si la plante se fend ou s’effiloche, elle a peu de résistance et pourrait servir de fondation, mais pas de fil de liage.2. Enroulez la tige d’une plante trois fois autour d’un doigt; si elle se fend ou s’effiloche, elle a peu de résistance et ne peut être utilisée comme fil de liage.3. Tenez la tige d’une plante par ses deux extrémités et tirez à quelques répétitions. Est-ce qu’elle casse? Est-ce qu’elle reprend sa forme? Si elle casse, elle est trop fragile, mais si elle reprend sa forme, vous avez une bonne candidate pour le tressage.4. Prenez ensuite cette tige souple et essayez de la plier en deux. Est-ce qu’elle se déchire? Si elle reprend sa forme et se plie facilement, vous avez trouvé un excellent matériau pour le liage.

Rondes ou plates? Portez attention aux plantes qui se trouvent dans votre environnement. Dans un endroit couvert d’herbes, vous constaterez que de loin, les herbes se ressemblent, mais si vous regardez de plus près, vous verrez que certaines sont plates, tandis que d’autres sont rondes. Prenez le temps de voir de quelle manière est faite l’extrémité de l’herbe et si celle-ci est plate ou ronde. Est-ce que cette espèce ferait un bon fil de liage? L’observation de ces particularités avec votre classe vous permettra de déterminer quelles plantes conserver.

Lors de l’élimination des mauvaises herbes, faites trois piles: Expliquez aux étudiants que ce procédé est l’équivalent de leur palette de couleurs. Ils doivent être en mesure de voir les

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couleurs et textures des plantes parmi lesquelles ils devront choisir et ce sera beaucoup plus facile si les piles sont organisées.

1. Matériau de liage: Conservez vos matériaux bien organisés en demandant aux étudiants de placer les racines du même côté pour les matériaux plus courts. Pour les matériaux plus longs, ils peuvent les enrouler autour de leur main, puis attacher le paquet ainsi créé par le bout destiges. L’idée est de déposer le paquet au sol sans que celui-ci s’ouvre, sans quoi il faut resserrer l’attache.

2. Matériau de remplissage: Cette pile sera la plus volumineuse; demandez aux étudiants d’y déposer les plantes de façon ordonnée afin de faciliter le tri et la sélection.3. Compost: Il est fort probable que vous n’utilisiez pas toutes les plantes cueillies, fiez-vous aux résultats des tests et éliminez celles qui sont trop fragiles, trop grosses ou charnues et envoyez-les au compost.

Entreposage des matériauxSelon le temps de classe dont vous disposez, il se peut que vous cueilliez une journée et que vous tressiez le lendemain. Si tel est votre cas, voici les options d’entreposage qui s’offrent à vous :

• Entreposez les matériaux à l’extérieur dans un endroit ombragé. S’il fait chaud et sec, déposez un linge humide sur les matériaux et recouvrez-les d’une bâche pour la nuit. Si vous choisissez cette option, demandez aux étudiants de placer les piles directement sur une bâche, que vous pourrez facilement rouler et déplacer à l’endroit choisi pour l’entreposage. Je vous conseille de déposer une affiche sur votre bâche afin que les gens sachent qu’ils ne doivent pas y toucher.

• Si vous devez plutôt entreposer vos matériaux à l’intérieur, les plantes seront sèches et fragiles le lendemain. Avant le tressage, celles-ci peuvent être humectées en les plaçant dans un seau d’eau pour une durée de 15 minutes à deux heures, ou en les enveloppant dans un linge humide pour quelques heures. La durée de trempage varie considérablement selon

que vous utilisez des herbes, des ronces, des brindilles, etc. Si l’écorce est épaisse ou que la surface est cireuse, le temps de trempage sera plus long. Les herbes ayant la texture du papier et les tiges de plantes peuvent souvent être simplement enveloppées d’un linge humide, car elles absorbent l’eau plus rapidement et deviendront trop molles si elles sont laissées dans l’eau.

Une recherche rapide sur Internet peut vous donner des indications sur le temps de trempage optimal selon les espèces. Si vous croyez que vos

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étudiants sont assez patients, vous pouvez même transformer le temps de trempage en expérience de recherche : demandez à votre classe de tresser avec des plantes ayant trempé pour des durées différentes.

Entreposer vos matériaux à l’intérieur à l’aide d’un linge humide et d’une bâche pourrait aussi vous convenir. Il m’est déjà arrivé de conserver de petites quantités de matériau dans un réfrigérateur, un peu comme le ferait un fleuriste.

La terminologie du tressageLa fondation: le matériau qui sera tressé.Le rang actif: le rang de fondation extérieur que vous êtes en train de coudre à un rang intérieur.Le fil de liage: la ficelle ou la fibre des plantes qui sert à lier votre panier.

Les étapes1. Enfilez votre fil de liage sur une aiguille à repriser ou toute autre aiguille dont le chas est large. Pour la fondation, utilisez environ un centimètre de diamètre, ou moins, de fibres de plante et coupez-en une extrémité afin de créer une extrémité propre, qui deviendra le centre de votre ouvrage. 2. Enroulez votre fil de liage autour des cinq à sept derniers centimètres de la fondation, près de l’extrémité propre. Pour tenir le bout du fil en place, enroulez par-dessus ou faites un nœud si nécessaire. Ensuite, passez l’aiguille à travers le centre de votre fondation près de l’extrémité propre, puis ramenez-la à travers la partie recouverte et tirez dessus pour que l’extrémité se replie sur elle-même. Le tout devrait ressembler à un point d’interrogation lorsque vous rapprocherez l’extrémité propre de la tige principale. Remarque: Peu importe la manière de faire, l’important est d’avoir l’extrémité propre recourbée vers le bas de façon à ce qu’elle touche la tige principale et commence à ressembler à une crosse de fougère.3. Faites des coutures rapprochées et commencez à tresser la rangée active vers l’extrémité propre que vous venez d’attacher. Le procédé est simple : il suffit de continuer à tresser de façon circulaire en attachant la fondation au côté extérieur de la rangée que vous venez d’attacher.4. Une fois que vous aurez fait un premier tour de votre ouvrage, il n’est plus nécessaire de coudre jusqu’au centre avec chaque couture, attachez simplement la rangée active à

la rangée d’avant. Lorsque votre matériau de fondation s’amenuise, il suffit d’en ajouter. Lorsque votre fil de liage devient trop court, ajoutez-en dans le chas de l’aiguille, en faisant un nœud ou non, puis continuez votre travail.

Ne coupez pas les extrémités avant que l’ouvrage soit sec, car il se peut qu’en rétrécissant, les extrémités se desserrent; attendez que l’ouvrage soit complètement sec avant de couper les bouts qui dépassent. Un ouvrage non achevé qui a séché peut être brièvement trempé dans l’eau lorsque vous serez prêt à continuer le travail. Il est préférable de conserver certains matériaux dans l’eau afin qu’ils restent souples et si l’ouvrage devenait friable, réhydratez-le dans l’eau pendant quelques minutes.

Outils optionnels: baguettes et paillesDe courts bouts de pailles d’un centimètre peuvent être utilisés comme gabarit pour obtenir une fondation d’un diamètre uniforme, ce qui est essentiel si vous travaillez avec des matériaux plus courts comme des aiguilles de pin, que vous mettrez dans la paille. Placez celle-ci près du point de couture; elle se déplacera le long de la rangée d’avant et si le matériau devient moins compact à l’intérieur, il suffit d’en ajouter, cela assurera une fondation d’un diamètre constant tout au long de l’ouvrage. Des baguettes peuvent être utilisées en tant que poinçons pour faire des trous dans les matériaux, technique qui peut s’avérer utile si vous travaillez avec des matériaux plus larges et que vous ne voulez pas utiliser une aiguille. J’utilise cette technique lorsque je tresse avec le lierre commun. Avec la baguette, faites un trou à l’endroit où vous voulez coudre et lorsque vous enlèverez la baguette, passez simplement le lierre dans le trou pour créer la couture. D’ailleurs, si vous pensez travailler à l’extérieur, je vous conseille d’utiliser des baguettes aux couleurs vives, qui ne risquent pas de se confondre avec les couleurs du jardin. De vieilles serviettes peuvent s’avérer pratiques pour protéger vos cuisses si les matériaux sont encore humides. Il est possible que certaines plantes tachent les serviettes, alors utilisez de vieilles serviettes pour envelopper vos matériaux.

ConseilsJ’aime rappeler à tous ceux qui participent à mes projets qu’il existe plusieurs bonnes manières de faire des coutures. Prenez le temps d’admirer le travail unique de chaque étudiant et célébrez les différences

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de styles. Ne les réprimandez pas s’ils sont un peu désordonnés et encouragez-les à explorer diverses techniques au-delà de celles que vous leur avez enseignées. Ainsi, votre classe pourra découvrir de nouvelles possibilités.

• En soulignant les différents styles, on encourage les étudiants à les répéter, ce qui au bout du compte donne une variété de motifs personnels. Pour ma part, je fais des petites coutures qui suivent le rythme de la rangée d’avant et je repasse toujours au-dessus de ma dernière couture en faisant passer l’aiguille sur le côté le plus éloigné, c’est-à-dire à gauche de votre dernière couture si vous tressez dans le sens antihoraire et à droite si vous tressez dans le sens horaire. Au fur et à mesure que les rangées s’ajoutent, cette technique crée un motif en spirale.

• Travaillez de façon à ce que l’aiguille entre par le dessus et ressorte en dessous, de cette façon, vous verrez le dessus de l’ouvrage et vous n’aurez pas à le retourner pour voir où insérer l’aiguille.

• L’aiguille sert toujours à coudre la rangée active à la rangée d’avant.

• Il est possible de torsader la fondation pendant le travail.

• Selon la manière dont vous tenez l’ouvrage, celui-ci peut rester plat ou prendre la forme d’un petit panier ou d’un nid. Si vous avez déjà montré à vos étudiants à manipuler l’argile et qu’ils sont à l’aise avec la technique du colombin (utiliser des « serpents » d’argile pour créer une forme), vous pouvez y faire référence pour leur expliquer que le placement de la rangée active au-dessus ou en angle, par rapport à la rangée d’avant, changera la forme du panier au fur et à mesure que des rangées supplémentaires seront tressées.

• Le cercle du centre de l’ouvrage est toujours la partie la moins peaufinée parce que vous essayez de vous approprier la technique. Je vous conseille d’utiliser un fil de liage d’une couleur semblable à la fondation au début, puis de changer de couleur une fois que le cercle du centre est entamé.

Effectuer ce travail hebdomadairement à un endroit donné pendant un mois au printemps est une excellente façon d’observer la croissance d’une plante. Les plantes changent de semaine en semaine durant la saison de croissance; elles peuvent être parfaites une semaine alors que la semaine d’avant, elles étaient trop fragiles, et la semaine d’après, elles seront trop coriaces. Une fois que les étudiants auront commencé à cueillir des plantes dans leur environnement afin

de les travailler, ils remarqueront davantage les changements et il sera alors plus facile d’en discuter.

ContexteÉphémère signifie temporaire. Avec vos étudiants, trouvez des raisons pour lesquelles un projet d’art biodégradable est une bonne idée. Si vous enseignez une classe d’arts et que vous souhaitez donner à vos étudiants un contexte plus large pour le projet, renseignez-vous sur le tricot graffiti et présentez-leur des projets d’installation collective. L’idée derrière le tricot graffiti, aussi appelé tricot pirate, est d’adoucir et de personnaliser les environnements urbains stériles. Ce qui me plaît de la vannerie graffiti, c’est que le concept est le même, ajoutant toutefois une dimension environnementale.

Prenez par exemple l’artiste écossais Andy Goldsworthy et l’artiste de rue américain Shepard Fairey. Le premier crée des sculptures extérieures qui lui demandent beaucoup de travail, le deuxième, quant à lui, crée des œuvres à exemplaires multiples, souvent présentées sous forme d’affiches graffitis, qui peuvent être téléchargées à partir d’Internet.

Ayez des discussions sur la façon dont ces deux artistes doivent gérer les points suivants :

• les projets qui s’intègrent dans l’environnement (espace vert ou espace urbain);

• les contraintes de temps (météo, vandalisme, gardiens de sécurité);

• les exemplaires multiples et leur diffusion (livres et calendriers ou téléchargements à partir d’Internet).

• la nature éphémère du travail : est-ce que l’environnement a des effets sur la vulnérabilité des œuvres?

• la marque que leurs œuvres laissent : traces de leurs actions créatives sur la place publique;

Pourquoi ne pas faire une installation collective des œuvres des étudiants sur le lieu de cueillette? Celles-ci se décomposeront sur place au lieu que les étudiants les amènent chez eux.

Sachez que: certaines plantes, comme la ronce commune, ont des propriétés chimiques qui peuvent les rendre irritantes pour certaines personnes. Faites des recherches sur les plantes avec lesquelles vous travaillez et portez des gants si nécessaire, bien qu’ils puissent être encombrants pour le travail manuel, et lavez vos mains avec de l’eau et du savon après toute activité. De plus, évitez d’installer les œuvres terminées à des endroits où cette espèce ne pousse

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pas; vous ne voudriez pas permettre aux espèces envahissantes d’accéder à de nouveaux territoires.

Voyez quelles sont les méthodes habituelles d’élimination des espèces envahissantes dans votre collectivité et ne mettez pas les rebuts frais de votre vannerie avec le compost normal pour éviter que les plantes prennent racine ou fassent des graines. Laissez-les plutôt sécher avant de les mettre au compost.

L’enseignement des rudiments de la vannerie démontre rapidement que cet art n’est pas une tâche simple. La complexité des différentes techniques de tressage et le talent nécessaire à chaque étape aideront à changer la perception des gens face aux paniers tressés peu dispendieux vendus au magasin tout-à-un-dollar. L’apprentissage d’une nouvelle technique, qui libère un instant du rôle de simple consommateur, bien que ce ne soit que pour un petit article, peut générer un fort sentiment d’estime de soi. Le fait de personnaliser une création qui fait partie d’un projet de groupe peut éveiller de émotions positives, mais certaines personnes peuvent être intimidées à l’idée de laisser une marque permanente.

Ainsi, lorsque l’œuvre se décomposera, ces sentiments de gêne disparaîtront, emportant avec

eux toute trace des débuts maladroits ou imparfaits, mais inévitables de l’apprentissage d’une nouvelle technique. Célébrez avec les étudiants le fait que leurs créations soient biodégradables, qu’aucun combustible fossile n’ait été utilisé et qu’aucune énergie n’ait été dépensée, car les matériaux utilisés pour cette expérience sont à portée de main. Prenez des photos du travail accompli et ayez du plaisir!

Sharon Kallis est l’auteure du livre Common Threads: weaving community through collaborative eco-art, publié par New Society Publishers. En visitant le www.sharonkallis.com, vous pourrez en apprendre davantage sur la cueillette et la transformation des espèces envahissantes ainsi que sur les techniques pour travailler avec des espèces telles la ronce commune, la ronce discolore, le lis versicolore et le genêt à balais.

Annabelle Normandeau est étudiante finissante au baccalauréat en traduction professionnelle de l’Université de Sherbrooke.