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On peut contribuer jusqu’à 23 830 $ en 2013 Page 3 REER SOLUTIONS 2013 Le CELI est-il plus avantageux qu’un REER ? Page 6 Le fédéral a mis en place un système pour bonifier le REEI Page 7 CAHIER THÉMATIQUE G › L E D E VO I R , L E S SA M E D I 8 E T D I M A N C H E 9 F É V R I E R 2 01 4 Pour la majorité des Canadiens et pour une portion encore plus grande des Québécois, les revenus de retraite seront assurés par des revenus provenant du Régime de pensions du Canada (RPC) ou de la Régie des rentes du Québec (RRQ). Et, pour compléter tout ça, car les revenus de ces deux sources ne totali- seront jamais plus de 20 000 $, les solutions retenues sont multiples, l’espoir de gagner à la loterie figurant même parmi les options considérées ! NORMAND THÉRIAULT B MO Groupe financier a publié la se- maine dernière les résultats d’un sondage sur les REER et les prévi- sions d’épargne en vue de la re- traite que font tant les Canadiens que les Québécois. Et la première donnée qu’il faut retenir est que les régimes publics consti- tuent le bas de laine futur de la majorité des ha- bitants du nord de notre continent : 89 % des Ca- nadiens et 94 % des Québécois comptent sur la RRQ et le RPC pour financer leur retraite. Mais ces montants alors reçus ne suffiront toutefois pas pour maintenir le train de vie connu au moment de la période de travail actif, car ne dit-on pas, et tel est le discours des banques, caisses et autres conseillers finan- ciers, qu’il faut, pour bien vivre cette période du « bel âge », avoir un revenu équivalant à 70 % du revenu généré par le travail ? Alors, comment compenser le manque à ga- gner ? Ici, les solutions retenues sont origi- nales. Comme l’indique le sondage, les autres sources de financement retenues s’avéreraient multiples et, dans certains cas, audacieuses, pour ne pas dire dangereuses. Ainsi, si 85 % des Québécois (et ils seront 88 % des Canadiens à faire de même) ajoute- ront aux pensions un revenu provenant de leur épargne personnelle, d’autres sources sont ainsi considérées, soit, le tout étant vu de façon globale, un emploi à temps partiel (pour 59 % d’entre eux), la vente d’une maison ou d’une propriété (49 %), un héritage (40 %), le soutien de la famille ou des enfants (28 %) et, ce qui tient de la solution magique, l’espoir de gagner à la loterie (espérance partagée par 34 % des gens et vue comme nécessaire par 14 % des fu- turs retraités). Solution D’un tel sondage réalisé en novembre der- nier par la firme Pollara, on peut retenir comme élément positif le fait que, dans l’en- semble, tous et toutes savent que les ré- gimes publics n’offrent pas un revenu satis- faisant quand la soixantaine s’affiche et qu’un dernier salut à l’employeur (le fameux « Bye-bye, boss ! » d’un temps passé) devient envisageable. « Étant donné les montants qui sont versés par le RPC ou la RRQ, les Canadiens ne devraient pas compter sur ces régimes comme sources prin- cipales de revenu en vue de financer leur re- traite, explique d’ailleurs Jean Richard, vice- président, Groupe de gestion du patrimoine, chez BMO Nesbitt Burns, BMO Groupe finan- cier. Ils devraient plutôt voir le RPC et la RRQ comme des composantes additionnelles de leur solution d’ensemble pour le financement de la re- traite et s’efforcer de mettre en place leur propre régime de retraite personnel en cotisant à un REER de façon régulière. » Garanties Et où M. Richard s’avère même encore plus prévoyant, c’est lorsqu’il s’adresse à cette tranche des travailleurs qu’on pourrait croire les mieux avantagés pour la période de l’après- travail, la tranche de ceux et celles qui peu- vent compter sur un régime de retraite de leur employeur, car, dit-il, « non seulement sommes- nous de moins en moins nombreux à bénéficier d’un régime de retraite d’un employeur, mais les régimes à prestations déterminées — qui garan- tissent aux retraités de toucher des versements de retraite établis à l’avance — sont progressi- vement remplacés par des régimes à cotisations déterminées, dont les versements dépendront des sommes épargnées et de la façon dont les cotisa- tions sont investies. Dans le cas des régimes de retraite à cotisations déterminées, on n’a au- cune garantie quant au montant qu’on reçoit à la retraite. » L’épargne, toujours l’épargne: il n’y aurait donc point d’autre formule pour assurer une re- traite heureuse. Et dire que d’autres sondages, déposés semaine après semaine, nous infor- ment que le taux d’endettement des Québé- coises et des Québécois — et, à ce sujet, les Ca- nadiens ne sont pas en reste — atteint un ni- veau record, plus d’un et d’une prévoyant ces- ser de travailler au moment même où plus d’une dette s’affiche encore à son bilan finan- cier. Alors… Bonne retraite quand même pour qui 2014 est cette année où il pourra enfin jouir de ses REER et des autres revenus engrangés au temps de la période active ! Le Devoir L A RETRAITE VENUE ... Heureusement qu’il y a le RPC et autres RRQ L’achat d’un petit billet de loterie gagnant est aussi une solution de revenus retenue par un Québécois sur trois ! ARCHIVES LE DEVOIR Les régimes publics constituent le bas de laine futur de la majorité des habitants du nord de notre continent : 89 % des Canadiens et 94 % des Québécois comptent sur la RRQ et le RPC pour financer leur retraite.

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On peutcontribuer jusqu’à23 830 $ en 2013Page 3

REERSOLUTIONS 2013

Le CELI est-il plusavantageux qu’un REER ? Page 6

Le fédéral a mis en place un système pourbonifier le REEIPage 7

C A H I E R T H É M A T I Q U E G › L E D E V O I R , L E S S A M E D I 8 E T D I M A N C H E 9 F É V R I E R 2 0 1 4

Pour la majorité des Canadiens et pour uneportion encore plus grande des Québécois,les revenus de retraite seront assurés par desrevenus provenant du Régime de pensions duCanada (RPC) ou de la Régie des rentes duQuébec (RRQ). Et, pour compléter tout ça,car les revenus de ces deux sources ne totali-seront jamais plus de 20000$, les solutionsretenues sont multiples, l’espoir de gagner àla loterie figurant même parmi les optionsconsidérées !N O R M A N D T H É R I A U L T

B MO Groupe financier a publié la se-maine dernière les résultats d’unsondage sur les REER et les prévi-sions d’épargne en vue de la re-traite que font tant les Canadiens

que les Québécois. Et la première donnée qu’ilfaut retenir est que les régimes publics consti-tuent le bas de laine futur de la majorité des ha-bitants du nord de notre continent : 89% des Ca-nadiens et 94 % des Québécois comptent sur laRRQ et le RPC pour financer leur retraite.

Mais ces montants alors reçus ne suffironttoutefois pas pour maintenir le train de vie

connu au moment de la période de travail actif,car ne dit-on pas, et tel est le discours desbanques, caisses et autres conseillers finan-ciers, qu’il faut, pour bien vivre cette période du«bel âge», avoir un revenu équivalant à 70% durevenu généré par le travail ?

Alors, comment compenser le manque à ga-gner ? Ici, les solutions retenues sont origi-nales. Comme l’indique le sondage, les autressources de financement retenues s’avéreraientmultiples et, dans certains cas, audacieuses,pour ne pas dire dangereuses.

Ainsi, si 85 % des Québécois (et ils seront88 % des Canadiens à faire de même) ajoute-ront aux pensions un revenu provenant de leurépargne personnelle, d’autres sources sontainsi considérées, soit, le tout étant vu de façonglobale, un emploi à temps partiel (pour 59 %d’entre eux), la vente d’une maison ou d’unepropriété (49 %), un héritage (40 %), le soutiende la famille ou des enfants (28 %) et, ce quitient de la solution magique, l’espoir de gagnerà la loterie (espérance partagée par 34 % desgens et vue comme nécessaire par 14 % des fu-turs retraités).

SolutionD’un tel sondage réalisé en novembre der-

nier par la firme Pollara, on peut retenir

comme élément positif le fait que, dans l’en-semble, tous et toutes savent que les ré-gimes publics n’of frent pas un revenu satis-faisant quand la soixantaine s ’af f iche etqu’un dernier salut à l’employeur (le fameux« Bye-bye, boss ! » d’un temps passé) devientenvisageable.

«Étant donné les montants qui sont versés parle RPC ou la RRQ, les Canadiens ne devraientpas compter sur ces régimes comme sources prin-cipales de revenu en vue de financer leur re-traite, explique d’ailleurs Jean Richard, vice-président, Groupe de gestion du patrimoine,chez BMO Nesbitt Burns, BMO Groupe finan-cier. Ils devraient plutôt voir le RPC et la RRQcomme des composantes additionnelles de leursolution d’ensemble pour le financement de la re-traite et s’ef forcer de mettre en place leur proprerégime de retraite personnel en cotisant à unREER de façon régulière. »

GarantiesEt où M. Richard s’avère même encore plus

prévoyant, c’est lorsqu’il s’adresse à cettetranche des travailleurs qu’on pourrait croireles mieux avantagés pour la période de l’après-travail, la tranche de ceux et celles qui peu-vent compter sur un régime de retraite de leuremployeur, car, dit-il, « non seulement sommes-

nous de moins en moins nombreux à bénéficierd’un régime de retraite d’un employeur, mais lesrégimes à prestations déterminées — qui garan-tissent aux retraités de toucher des versementsde retraite établis à l’avance — sont progressi-vement remplacés par des régimes à cotisationsdéterminées, dont les versements dépendront dessommes épargnées et de la façon dont les cotisa-tions sont investies. Dans le cas des régimes deretraite à cotisations déterminées, on n’a au-cune garantie quant au montant qu’on reçoit àla retraite. »

L’épargne, toujours l’épargne : il n’y auraitdonc point d’autre formule pour assurer une re-traite heureuse. Et dire que d’autres sondages,déposés semaine après semaine, nous infor-ment que le taux d’endettement des Québé-coises et des Québécois — et, à ce sujet, les Ca-nadiens ne sont pas en reste — atteint un ni-veau record, plus d’un et d’une prévoyant ces-ser de travailler au moment même où plusd’une dette s’affiche encore à son bilan finan-cier. Alors…

Bonne retraite quand même pour qui 2014est cette année où il pourra enfin jouir de sesREER et des autres revenus engrangés autemps de la période active !

Le Devoir

LA RETRAITE VENUE...

Heureusement qu’il y a le RPC et autres RRQL’achat d’un petit billet de loterie gagnant est aussi une solution de revenus retenue par un Québécois sur trois !

ARCHIVES LE DEVOIR

Les régimes publics constituent le bas de laine futur de la majorité des habitants du nord de notre continent : 89 % des Canadiens et 94 % des Québécois comptent sur la RRQ et le RPC pour financer leur retraite.

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R E E RL E D E V O I R , L E S S A M E D I 8 E T D I M A N C H E 9 F É V R I E R 2 0 1 4G 2

Quand vient le temps de laretraite, la question qui sur-git à l’esprit, c’est : «Combienvais-je recevoir ? » Bien sûr, ily a l’épargne faite au fil desans, mais on pour ra aussicompter sur les régimes deretraite publics… Oui, mais«combien vais-je recevoir ?»

M A R I E - H É L È N E A L A R I E

Les gouvernements du Qué-bec et du Canada procurent

à la population à la retraite, se-lon certains critères d’admissi-bilité, un revenu de base. AuQuébec, il existe deux ré-gimes : le Régime de pensionsdu Canada (RPC) et le Régimedes rentes du Québec (RRQ).

Il est bon de savoir que le pro-gramme fédéral permet de bé-néficier d’un revenu minimalmême si on n’a jamais travaillé,alors que celui du Québecs’adresse uniquement aux tra-vailleurs. Les coffres de la Ré-gie des rentes du Québec seremplissent grâce aux cotisa-tions des travailleurs et des em-ployeurs, et ce mode de finan-cement permet de maintenirune réserve minimale qui vien-dra atténuer les fluctuationséconomiques et démogra-phiques. Dans le cas du régimefédéral, aucune réserve n’estconstituée et c’est le gouverne-ment qui finance le programmede pension avec les revenus fis-caux. Ce programme est trèssensible à l’effet du vieillisse-ment de la population.

Maintenant, pour démêlertout ça, il faut savoir s’y retrou-ver dans le vocabulaire em-ployé et mettre en lumière cer-tains chiffres.

Petit lexiqueTout d’abord, il y a le pro-

gramme fédéral de la Sécuritéde la vieillesse (SV). Le mon-tant total sur lequel on peutcompter est déterminé par lenombre d’années de résidenceau Canada. Il ne faut pas ou-blier que ce montant est impo-sable et qu’aucune pensionn’est allouée si le revenu netd’un citoyen dépasse 115716$.

Ce qu’on appelle le supplé-ment de revenu garanti (SRG)correspond au montant déter-miné par la SV auquel vients’ajouter un montant supplé-

mentaire que pourront toucherles citoyens pensionnés céliba-taires, qu’ils soient veufs, divor-cés ou séparés; les couples dontun seul des conjoints est pen-sionné alors que l’autre n’estpas admissible à la SV ni à l’allo-cation (terme dont nous ver-rons la définition plus bas) sontaussi visés. On peut égalementrecevoir le SRG lorsque lesdeux conjoints sont pensionnés;notons que les prestations duSRG ne sont pas imposables.

L’allocation (ALC) et l’alloca-tion au survivant (ALCS) ont étécréées au bénéfice des conjointsâgés de 60 à 64 ans. Elles repré-sentent le montant maximal al-loué à un citoyen, soit la sommede la SV et du SRG selon le tauxd’un conjoint pensionné. Lorsquele conjoint aura atteint l’âge de 65

ans, ces deux allocations serontalors transformées en une pen-sion de la SV.

Du côté du Régime des rentesdu Québec (RRQ), on établit lemontant de la rente selon les re-venus de travail ayant servi à dé-terminer la cotisation d’un bénéfi-ciaire depuis 1966, année de l’en-trée en vigueur du programmeprovincial. À la retraite, on peutcompter en moyenne sur unmontant équivalant à 25% de cesrevenus. Au Québec, il est possi-ble de commencer à recevoir unerente dès l’âge de 60 ans; celle-cisera toutefois moins élevée que sion attend l’âge normal de la re-traite, soit 65 ans. Il faut rappelerque cette rente est imposable etqu’elle est indexée chaque annéeau mois de janvier. Il est possiblede recevoir la rente du Québec à

65 ans même si on n’a pas cesséde travailler et il sera aussi possi-ble de retourner sur le marchédu travail tout en continuant depercevoir la rente. Pour se faireune bonne idée du montant au-quel on est admissible à la RRQ,on peut consulter son relevé departicipation. La RRQ l’envoie au-tomatiquement aux cotisants tousles quatre ans et il est aussi dispo-nible sur demande.

Quelques chiffresComme on l’a déjà men-

tionné, les montants des pen-sions et des rentes sont réguliè-rement indexés au coût de lavie. Du côté du programme fé-déral et pour les trois premiersmois de 2014, une personne re-traitée qui a droit au montantmensuel maximal de la pensionde la SV recevra 551,54$. Quantà la personne célibataire qui re-çoit le SRG, elle aura droit à747,86$; le conjoint d’un non-pensionné recevra le mêmemontant, alors que le conjointd’un pensionné tout comme leconjoint d’un bénéficiaire de l’al-location pour ront toucher495,89$. L’ALC sera de 1047,43$et l’ALCS de 1172,65$.

À la RRQ, les montants men-suels maximaux pour les ci-toyens qui commencent à rece-voir une rente de retraite en2014 varieront selon l’âge dubénéficiaire. Les personnesnées après le 1er janvier 1954qui fêteront leur 60e anniver-saire en janvier recevront 70%de leurs revenus de travailmoyens, pour un maximum de726,83 $. Les taux versés aug-mentent jusqu’à atteindre 100%pour un bénéficiaire de 65 anset celui-ci pourra recevoirjusqu’à 1038,33 $. Un bénéfi-ciaire âgé de 70 ans ou plus ob-tiendra 142% de son taux pourun total de 1474,43$.

Petit rappelLes experts estiment que, à

la retraite, on doit pouvoir bé-néficier d’au moins 70% des re-venus annuels bruts sur les-quels on pouvait compter aupa-ravant, si on veut maintenir lemême niveau de vie. D’autresprétendent qu’il faudra avoirépargné plus d’un million dedollars pour avoir une retraiteconfortable. Mais ces chiffrespeuvent en cacher plusieursautres et ce qui est bon pourles uns ne l’est pas nécessaire-ment pour les autres… En fait,la retraite se planifie au cas parcas, d’où l’importance d’élabo-rer un budget précis avec l’aided’un conseiller financier.

Pour s’informer :Sécurité de la vieillesse : ser-

vicecanada.qc.ca, sous la ru-brique Aînés.

Régime des rentes du Qué-bec : rrq.gouv.qc.ca/retraite.

CollaboratriceLe Devoir

RÉGIMES PUBLICS

Aucune pension fédérale n’est allouée si le revenu net dépasse 115716$Qui prend sa retraite à 70 ans pourrait recevoir de Québec jusqu’à 1474,43 $ par mois

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ARCHIVES LE DEVOIR

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R E E RL E D E V O I R , L E S S A M E D I 8 E T D I M A N C H E 9 F É V R I E R 2 0 1 4 G 3

Le nombre des cotisants à unrégime enregistré d’épargne-retraite (REER) demeure sta-ble au Canada. Selon les plusrécentes données de Statis-tique Canada, portant sur l’an-née d’imposition 2011, cenombre s’établissait à un peumoins de six millions decontribuables, environ lemême que l’année précédente,soit 24 % des contribuables,une légère baisse qui s’ex-plique par l’augmentation dunombre des contribuables.P I E R R E V A L L É E

Les cotisations totales en2011 se sont élevées à

34,4 milliards de dollars, soitune hausse de 1,6% par rapportà 2010. La cotisation médianeétait aussi en hausse de 1,4 %pour s’établir à 2830 $. Il estpossible, jusqu’au 3 mars 2014,de contribuer à un REER pourl’année d’imposition 2013, et lemontant maximum de la cotisa-tion est fixé à 23830$.

Un REER est à la fois un abrifiscal et une déduction fiscale.Dans le premier cas, le rende-ment réalisé sur les sommes pla-cées dans un REER est à l’abride l’impôt et le capital peut doncs’apprécier plus rapidement.Dans le deuxième cas, le mon-tant cotisé est déduit du revenutotal du contribuable, ce qui ré-duit ainsi son revenu imposable.

Par contre, dès qu’on retireune somme d’un REER, mêmeà la retraite, cette sommes’ajoute au revenu de l’annéed’imposition durant laquelle leretrait a été fait et elle est doncimposée. « Il reste quand mêmeun avantage fiscal, souligneSophie Sylvain, planificatricefinancière au Mouvement Des-jardins, puisque, dans la majo-rité des cas, les sommes retiréesle sont à la retraite, à un mo-ment où les revenus sont d’habi-tude inférieurs, et donc aussi letaux marginal d’imposition. »

Calcul des cotisations permises

Outre le plafond imposé parle fisc, le montant de la cotisa-tion permise, et par consé-

quent la déduction fiscale per-mise, varie selon la situationdu cotisant. Le montant permisest calculé selon la règle de18 % du revenu gagné ; parexemple, si le revenu gagnéest de 20000$, le montant de lacotisation permise sera de3600$. Par contre, la définitiondu revenu gagné ne comprendpas tous les revenus du contri-buable. Le revenu gagné com-prend le salaire, le revenu nettiré d’une entreprise, les rentesd’invalidité, les redevances etles subventions de recherche.Par contre, il ne comprend pasles revenus d’intérêt, les divi-dendes et les gains en capital.

Le montant permis peutêtre réduit si le cotisant par-ticipe aussi à un autre régimede retraite, soit un régime dep e n s i o n a g r é é c o l l e c t i f(RPAC) ou un régime de pen-sion déterminé (RPD). I ls ’agit du facteur d’équiva-lence (FE). Par contre, lemontant de la cotisation peutêtre majoré par les cotisa-tions permises mais non utili-sées au cours des annéesprécédentes. « Le montant dela cotisation permise et déduc-tible est indiqué dans l’avis decotisation que remet chaqueprintemps le gouvernement fé-déral et qui tient compte à la

fois du FE et des cotisationsinutilisées. Il s’agit du vérita-ble montant que le contribua-ble peut cotiser pour cette an-née d’imposition. »

Façons de cotiserOn peut contribuer à un

REER par le paiement d’unmontant forfaitaire ou sur unebase hebdomadaire, bimen-suelle ou mensuelle, selon lesmodalités of fer tes par l’éta-blissement financier où estsouscrit le REER. « Il est préfé-rable de cotiser de façon régu-lière, puisque les montants encause sont moins élevés et doncp l u s g é r a b l e s . D e p l u s ,

lorsqu’on choisit un montantfor faitaire, il est par fois dif fi-cile d’atteindre l’objectif qu’ons’est fixé, et on finit souvent parinvestir moins. Les cotisationsrégulières assurent que l’objec-tif sera atteint. Il est aussi pré-férable de cotiser dès le débutde l’année d’imposition, afin deprofiter du rendement obtenudurant l’année entière. »

Retraits d’un REERIl est possible de retirer

d’un REER toute somme d’ar-gent, et ce, n’importe quand.Par contre, la somme retiréeest imposable selon le tauxmarginal d’imposition du

contribuable en vigueur du-rant l’année où le retrait est ef-fectué. L’argent cotisé dans unREER peut être placé dans dif-férents véhicules financiers :comptes d’épargne, certificatsd’épargne, placements garan-tis, placements adossés aux in-dices boursiers, valeurs mobi-lières, etc. Il est donc loisiblede diversifier le portefeuille deREER selon les objectifs viséset la tolérance au risque.

On peut aussi retirer unesomme du REER sans payerd’impôt dans deux cas seule-ment : dans le cadre du ré-gime d’accession à la pro-priété (RAP) ou du régimed’encouragement à l’éduca-tion permanente (REEP).Dans le cas du RAP, le retraitmaximum est de 25 000 $ parcotisant pour l’achat d’unepremière résidence. Le coti-sant dispose de 15 ans pourrembourser la somme, soit1/15 de la somme chaque an-née. Dans le cas du REEP, lalimite annuelle est de 10 000 $et la limite totale de 20 000 $. Ilfaut être inscrit à temps pleinà une formation admissible.Le délai de remboursementest de 10 ans.

L’année où le cotisant at-teint l’âge de 71 ans, il doit li-quider son REER. Il peut l’en-caisser au complet, mais il de-vra payer l’impôt prévu sur lasomme totale. Il peut aussis’en servir pour s’acheter unerente viagère. Il peut égale-ment transférer les sommes àun fonds enregistré de revenude retraite (FERR). Dans lesdeux cas, les transferts serontlibres d’impôt. Dans le casd’un FERR, il devra retirerchaque année un montant mi-nimum calculé en fonction del’âge et de la somme d’argentqui se trouve dans le FERR.Dans le cas d’une rente via-gère, le montant versé est auchoix du propriétaire de larente. Dans les deux cas, lessommes ainsi versées sontimposables. « L’avantage duFERR, c’est que les sommesqui ne sont pas retirées conti-nuent à s’apprécier à l’abri del’impôt. »

CollaborateurLe Devoir

RÉGIME ENREGISTRÉ D’ÉPARGNE-RETRAITE

Ce qu’il faut savoir sur le REERLe maximum de la cotisation permise pour l’année 2013 est de 23 830 $

Politiciens, économistes, financiers, syndica-listes et autres tiennent le même discours de-puis un bon moment déjà : il est devenu impé-rieux, notamment en raison de la durée de lapériode de retraite qui s’est accrue sensible-ment, d’avoir recours à des régimes de re-traite appropriés pour maintenir un niveau devie convenable, une fois le statut de retraitéacquis. En milieu de travail, il est possible derecourir à des programmes avantageux defonds de pension sans que des contrecoupsfiscaux grugent trop goulûment les investisse-ments consentis pour les vieux jours.

R É G I N A L D H A R V E Y

V ice-président délégué, Ventes et développe-ment, Stratégie ressources humaines, pour

la Banque Nationale, Steeve Gagné pose enpremier lieu ce regard sur le marché : « Il estévident que se manifeste depuis plusieurs annéesune tendance lourde à la diminution des régimesà prestations déterminées. On se retrouve plutôtavec des régimes à cotisations déterminées pourlesquels l’employeur et l’employé cotisent un mon-tant fixe connu.»

Il cerne deux facteurs responsables d’unetelle mouvance : « Il y a plusieurs raisons, mais,parmi celles-ci, il y a le fait que, lorsqu’on déter-mine une rente à la retraite, on se base sur diffé-rentes hypothèses dont, entre autres, le taux derendement à l’intérieur de la caisse ; celui qui estespéré est définitivement devenu plus faible quele taux de rayonnement atteint, ce qui a causé unimpact important. » Il y a un autre aspect quientre en ligne de compte : « Autrefois, les gensprenaient leur retraite à 65 ans et avaient uneespérance de vie beaucoup plus limitée, de tellesorte que le paiement à la retraite s’étendait surune période qui n’était pas très longue. Par lasuite, il s’en est suivi qu’il n’était pas très rare de

cotiser durant 25 ans à un régime à prestationsdéterminées et de recevoir à la retraite une pres-tation pendant 25 ou 30 ans ; il s’est évidemmentcréé un déséquilibre impor tant, qui a fait ensorte que les régimes à prestations déterminéesont connu des déficits importants. »

Les avantages du collectif simple et souple

Le vice-président se montre insistant, commebien d’autres, sur l’aspect de la durée accrue dutemps de vie et de retraite, qui nécessite main-tenant d’avoir recours à d’autres fonds que lesrégimes publics pour subvenir à ses besoins àla retraite : «C’est insuffisant et souvent les genssont obligés de revenir sur le marché du travailparce que, dans bien des cas, ils ne disposent pasd’une épargne suffisante. »

Dans les circonstances, il reconnaît que leREER collectif est aujourd’hui beaucoup utilisépour pallier cette carence : « Il en est de mêmelorsqu’on recherche de la simplicité ; il exige uneadministration qui est simple et il n’y a aucunecotisation obligatoire de la part de l’employeurou de l’employé, ce qui représente une flexibilitétrès importante. » Il entre plus dans les détailssur la conception du régime : « Il est possible àl’employeur de dire qu’il cotise par exemple 2 %du salaire de l’employé et de ne pas cotiser sil’employé refuse de verser les mêmes 2%; on peutdonc monter quelque chose de simple et souple et,évidemment, la cotisation de l’employé est déduc-tible de l’impôt. »

Quelques inconvénients se manifestent : «Lemontant investi par l’employeur est considérécomme un salaire et le dollar net qu’il verse n’estpas à l’abri du paiement des avantages sociaux ;à titre d’exemple, ce dollar peut grimper à 1,20$ou à 1,25$. Dans un tel cas, à la Banque Natio-nale, on recommande généralement à titre depréférence, lorsque l’employeur cotise, de joindreun autre type de régime qui est aussi simple, soitun régime de participation différée aux bénéfices(RPDB). » Dans plusieurs situations, il est bon

de marier les deux régimes : le REER pour lesemployés et le RPDB qui est réservé exclusive-ment aux employeurs et non à ses proches pa-rents ou aux détenteurs d’une certaine part desactions d’une entreprise.

Voilà les deux types de régimes les plus po-pulaires, de l’avis de M. Gagné : «On peut les ar-rêter en tout temps. En fait, il n’y a pas de légis-lation ou de gouverne qui les touche via la Régiedes rentes du Québec (RRQ). On peut cotiser du-rant une année et suspendre les cotisations l’an-née suivante sans que cela cause des problèmes. »

Le RRS et le rôle des établissementsEn 1998, un autre type de régime beaucoup

moins flexible, le régime de retraite simplifié(RRS), est apparu : « L’employé y retrouve cer-tains avantages, dont celui découlant de la règleselon laquelle l’employeur ne peut se soustraire àla cotisation. » Il est en plusieurs occasions pro-posé à des entreprises de taille plus impor-tante : « Il nécessite une plus grande connais-sance des lois et fait appel à une administrationplus complexe. En cas de dif ficultés financières,l’entreprise ne peut se soustraire à ses obligationsenvers les participants. »

Dans un monde où bon nombre d’em-ployeurs ont pris conscience du bien-être deleur personnel, plusieurs d’entre eux voientd’un bon œil l’adoption d’un tel régime, quicontraint les employés à cotiser à un fonds depension.

La BN, comme d’autres établissements finan-ciers, soutient les administrateurs ou les em-ployeurs dans la mise en place et le suivi d’untel régime, laisse savoir Steeve Gagné : « L’en-treprise ne veut pas, de prime abord, de la rigi-dité mais plutôt de la souplesse. Elle souhaiteégalement faire appel à un partenaire qui vaprendre en charge son administration pour elle.On peut même aller plus loin que cela : à ce mo-ment-là, on parle de formation et de la tenue derencontres en milieu de travail, pour finalementse livrer à de la sensibilisation financière. »

La BN procède alors à une opération d’enca-drement : « On fait des présentations de groupemais aussi individuelles, de façon à s’assurer queles gens comprennent la nécessité de se tournervers une planification de la retraite. Il s’agit desensibiliser nos par ticipants pour les rendreconscients du fait qu’ils doivent cotiser le plus tôtpossible pour être davantage autonomes, une foisle temps de la retraite arrivé. »

CollaborateurLe Devoir

DU REER COLLECTIF AU RRS

Un régime de participation aux bénéfices peut remplacer avantageusement le REER collectifLe régime de retraite simplifié interdit tout désengagement par l’employeur

BANQUE NATIONALE

Steeve Gagné, vice-président délégué, Ventes etdéveloppement, Stratégie ressources humaines,pour la Banque Nationale

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

Le nombre des cotisants à un régime enregistré d’épargne-retraite demeure stable au Canada.

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R E E RL E D E V O I R , L E S S A M E D I 8 E T D I M A N C H E 9 F É V R I E R 2 0 1 4G 6

Voici venu le temps de l’année où on nous in-vite à placer une partie de nos revenus afinde réduire l’impôt à payer. On nous sollicitedonc de toutes parts pour investir dans un ré-gime enregistré d’épargne-retraite (REER) oudans un compte d’épargne libre d’impôt(CELI). Lequel alors retenir comme formuled’investissement en vue de la retraite ?

C L A U D E L A F L E U R

C omme le constate Carole Durand, CPA etconseillère financière depuis 20 ans, bon

nombre d’entre nous font l’erreur de ne voir lesdivers REER ou simples CELI que comme au-tant de moyens de diminuer l’impôt à payer.«Ce qui importe avant tout, dit-elle, c’est de pré-parer sa retraite — de penser à ce que seront sesrevenus lorsqu’on sera âgé — et non pas seule-ment de réduire l’impôt. » Or, d’après son expé-rience, il n’y a pas tellement de gens qui y son-gent. Pour preuve, rapporte-t-elle, « bien desgens ne veulent rien savoir des REER!»

Cependant, il ne faut surtout pas se fier sur lespensions publiques pour s’assurer d’une retraiteconfortable. Comme le relatent maints fiscalistes,les régimes publics ne prévoient que de faiblesrentes pour les personnes retraitées. Ainsi, le tra-vailleur qui prend sa retraite avec pour seuls reve-nus, à 65 ans, la pension de la Sécurité de la vieil-lesse et les prestations du Régime des rentes duQuébec ne recevra qu’au mieux 18800$ par an-née. C’est dire qu’il subira probablement unebaisse marquée de son niveau de vie.

Aussi, conseille-t-on à tous ceux et celles quitravaillent, qu’ils ou elles soient des employés oudes travailleurs autonomes, de contribuer le plustôt possible et tout au long de la vie active à unrégime fiscalement très avantageux: le REER.

Différences entre REER et CELILe CELI étant une façon récente d’économi-

ser de l’impôt, puisque le programme a été pro-posé en 2009, une certaine confusion existe en-tre celui-ci et un REER. Autrement dit, si on aquelques milliers de dollars à placer afin d’éco-nomiser de l’impôt, lequel choisir ? L’un ou l’au-tre ou un peu des deux ? Précisons d’abord lesdifférences entre un REER et un CELI.

Premièrement, les sommes qu’on place dansun REER sont déductibles de ses revenus, cequi n’est pas le cas de ce qu’on place dans unCELI. Placer de l’argent dans un REER permetdonc de réduire d’autant son revenu imposableet donc l’impôt à payer. Par exemple, si le re-venu imposable est de 30 000 $ et qu’on place5000 $ dans un REER, ce revenu imposabletombe à 25 000 $ (dans le cas où on place5000 $ dans un CELI, le revenu imposable de-meure à 30 000 $).

Ce n’est que lorsqu’on retire un montant duREER que celui-ci devient imposable, ce quin’est pas le cas d’un CELI. Les économies dépo-sées dans un REER devant en principe être uti-lisées à la retraite, on paie l’impôt à ce moment-là, c’est-à-dire lorsque les revenus seront proba-blement moindres qu’actuellement (notonsqu’on peut retirer des sommes de ses REERavant de prendre sa retraite, et celles-ci s’ajou-teront alors aux revenus imposables).

Dans le cas d’un REER, on parle donc d’un re-port d’impôt — l’impôt n’est pas éliminé — car onen retarde le paiement jusqu’à un moment de laretraite. Dans le cas du CELI, ce sont les revenusd’intérêt qui ne seront jamais imposés, d’où sonappellation de «compte d’épargne libre d’impôt».

Le REER préférable au CELI?De l’avis de bon nombre de fiscalistes, il est

généralement préférable de placer ses écono-mies dans un REER plutôt que dans un CELI,puisqu’on diminue d’autant ses revenus imposa-bles. Comme le relate d’ailleurs Carole Durand:« On n’investit dans un CELI que lorsqu’on aépuisé ce qu’on peut déposer dans un REER. C’estvraiment pour ceux qui ont des liquidités en sur-plus. Ce que procure un CELI, c’est le fait que l’in-térêt généré à l’intérieur de celui-ci est exemptd’impôt et ne sera jamais imposable, même au re-trait» (alors que tout retrait d’un REER s’ajoutenormalement aux revenus et est donc imposé).

Il faut aussi savoir qu’on ne peut pas mettretout l’argent qu’on veut dans un REER ou dansun CELI : il y a des maximums. Pour le REER,on a droit à un montant maximal en fonction deses revenus. Toutefois, si, les années précé-dentes, on n’a pas comblé au maximum sonREER, les sommes restantes sont cumulatives(les montants auxquels on a droit sont indiquésdans les relevés d’impôt).

Les contributions au REER, pour être déduc-tibles une année donnée, doivent être faitesdans l’année ou dans les 60 jours suivant la finde celle-ci. Ainsi, une contribution effectuée auplus tard le 28 février 2014 pourra être récla-mée en 2013 ou en 2014.

Quant au CELI, le gouvernement fédéral ainstauré, le 1er janvier 2009, une nouvelle me-sure afin d’encourager l’épargne. On pouvaitainsi placer 5000 $ par année dans un CELI,somme qui a été por tée à 5500 $ en 2013.Comme ces contributions maximales sont cu-mulatives, c’est dire que quelqu’un qui n’a ja-mais utilisé un CELI pourrait y mettre jusqu’à25500$.

Par contre, attention, il ne faut pas utiliser unCELI comme un compte courant. En effet, lesretraits et les dépôts réalisés durant une mêmeannée ne s’annulent pas. Ainsi, un contribuablequi aurait fait, au cours d’une même année,trois dépôts de 3000 $ suivi de trois retraits de3000 $ serait considéré comme ayant fait descontributions de 9000 $ (alors qu’il n’avait droitqu’à 5500 $). Les contributions en trop sont su-jettes à une pénalité de 1 % par mois du montantversé en trop.

On ne peut pas non plus posséder deux outrois CELI et verser dans chacun jusqu’à5500 $. Mme Durand relate d’ailleurs le cas del’une de ses clientes. « C’est le cas d’une dameâgée qui a pris un CELI de 5000$ à la banque etun autre de 5000$ dans une caisse, dit-elle. Lesétablissements financiers ne se parlant pas, lesdeux ont vendu un CELI à la dame… Mais nousavons expliqué le cas à l’Agence du revenu duCanada. Heureusement, celle-ci s’est montréetrès compréhensive et n’a pas imposé une péna-lité à la dame. On lui a fait comprendre l’erreuret ç’a été correct. »

CollaborateurLe Devoir

INVESTISSEMENTS

REER, CELI ou les deux?« On n’investit dans un CELI que lorsqu’on a épuisé ce qu’on peut déposer dans un REER »

Les établissements financiersproposent toute une gammede produits parmi lesquels leconsommateur peut opter,une fois qu’il a garni de sousson panier de REER et qu’ils’apprête à magasiner unfonds d’investissement inté-ressant. Mieux vaut alors che-miner en compagnie d’unguide financier dans ces sen-tiers qui, pour la plupart, de-meurent inconnus pour lamajorité d’entre nous.

R É G I N A L D H A R V E Y

A ngela Iermieri, planifica-trice financière chez Des-

jardins Gestion de patrimoine,apporte d’abord cette distinc-tion entre REER et CELI : «LeREER est principalement dédiéà la retraite, à quelques excep-tions près : on peut tout demême utiliser cet argent sansimposition en fonction du ré-gime d’accès à la propriété ouencore du régime d’encourage-ment à l’éducation perma-nente. Autrement, c’est un outild’épargne entièrement consacré

à la retraite. » Et elle y va decet éclairage sur le CELI : « Ilest un peu plus flexible et onpeut s’en servir pour investirdans des projets qui sont àcourt, moyen ou long terme.»

Pour 2014, il est possibled’investir dans un REER 18 %du revenu gagné durant l’an-née précédente. Le montanten question peut être investidans un REER collectif defonds de pension, dans unREER personnel ou dans lesdeux à la fois, mais ce pour-centage ne peut être dépassédans aucun cas : « Le REER,c’est un régime enregistré, cequi signifie que, au momentde l’investissement, on tientcompte du numéro d’assu-rance sociale dont le gouverne-ment se ser t pour évaluer lescotisations », souligne-t-elle.

Une nuance de tailleNotre guide sert une mise

en garde : «Attention, le REER,ce n’est pas un outil d’investisse-ment ! Je le comparerais à unpanier à l’intérieur duquel onfait notre calcul de REER; c’estla première étape, au cours delaquelle on a mis notre argentdans le panier, mais il reste

maintenant à investir cet ar-gent-là. Dans ce but, le choix desplacements est assez large : onpeut investir dans un compted’épargne à taux élevé ou uncompte CPG, dans un certificatde placement garanti, dans undépôt à terme, dans des place-ments liés au marché dont le ca-pital est garanti, dans les fondscommuns de placement, dansles titres boursiers directement,dans les obligations et les ac-tions, etc. Tout cela est admissi-ble à un REER. Mais, quand onentend les gens dire qu’ils ontacheté un REER, il y a un boutqui manque : il y a deux étapesà franchir, qui sont celles demettre l’argent dans le panier etensuite de l’investir. »

En période de REER, lesétablissements financiers of-frent donc toute une gammede produits disponibles, dontl e c h o i x a p p a r t i e n t a u xconsommateurs détenteursd’un panier rempli d’argent deREER. La procédure adoptéeest habituellement la suivante :«On se rend à la caisse pour co-tiser à un REER et, à cet en-droit, le conseiller financierdresse le profil de l’investisseurà l’aide de questions-clés, pour

déterminer son horizon de pla-cement, la durée de son place-ment, son objectif, qui est sus-ceptible d’être lié à la retraite,et son niveau de tolérance aurisque ; on établit son profil se-lon ces données et, en fonctionde ce dernier, on va déterminerla répar tition du por tefeuilledu panier de REER entre lesproduits à revenus fixes et ceuxde croissance. »

Un avant-goût desproduits en 2014

Éric Landry, directeur prin-cipal, développement des pro-duits d’épargne spécialiséechez Desjardins, résume rapi-dement la situation au sujetdes produits financiers de lacuvée 2014 : « Avec le contextedes faibles taux d’intérêt qui per-dure et la très bonne per for-mance des marchés boursiersau cours de la dernière année(par ticulièrement aux États-Unis), on a pu observer un en-gouement pour les placementsde type croissance au courant del’année dernière. Cet engoue-ment se poursuit en 2014, alorsque plusieurs observateurs anti-cipent encore une fois de bonsrendements sur les marchés

boursiers, bien que moins im-portants qu’en 2013. Ainsi, lesinvestisseurs optent le plus sou-vent (environ deux fois surtrois) pour des produits de deuxgrandes familles de placement.»Et, en 2014, l’offre de Desjar-

dins se décline entre fonds,multiples, et placements garan-tis liés aux marchés, eux aussià rendement varié.

CollaborateurLe Devoir

PLACEMENTS

Les établissements financiers offrent toute une gamme de produits« On a pu observer un engouement pour les placements de type croissance au courant de l’année dernière »

Rendement en 2013

Rendement2012

PORTEFEUILLES SOCIÉTERRE lesquels s'adressent à une clientèle soucieuse d'investissementssocialement responsables (ISR)

Sécuritaire boursier 3,36 % 5,46 %Équilibré 7,55 % 7,08 %Croissance 11,87 % 8,60 %Croissance plus 19,24 % 9,04 %

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

« Ce qui importe avant tout, c’est de préparer sa retraite — de penser à ce que seront ses revenus lorsqu’on sera âgé — et non pas seulement de réduire l’impôt. »

Rendement en 2013

Rendement2012

PORTEFEUILLES CHORUS II (pour des investissements de plus de 100 K$), disponibles aussi en catégorie de société. Créés en novembre 2011

Sécuritaire boursier 4,78 % 5,23 %Équilibré Revenu 6,84 % 6,07 %Équilibré Croissance 8,90 % 6,98 %Croissance 11,25 % 7,63 %Croissance élevée 14,53 % 8,70 %Croissance maximale 17,12 % 9,23 %

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R E E RL E D E V O I R , L E S S A M E D I 8 E T D I M A N C H E 9 F É V R I E R 2 0 1 4 G 7

Le régime enregistré d’épargne-invalidité(REEI) est un régime d’épargne dont le rende-ment est à l’abri de l’impôt, comme dans unREER, et qui vise à assurer la sécurité finan-cière à long terme d’une personne handica-pée. Par contre, contrairement au REER, lescotisations à un REEI ne sont pas déductiblesde l’impôt. Il n’y a pas de limite quant aux co-tisations annuelles, mais le montant total descotisations à vie est limité à 200000$.

P I E R R E V A L L É E

«L e gouvernement a mis en place le régimeenregistré d’épargne-invalidité, explique

Sophie Sylvain, planificatrice financière au Mou-vement Desjardins, afin de répondre à la ques-tion lancinante de parents ayant à charge un en-fant handicapé : “Qu’arrivera-t-il à mon enfantlorsque nous serons morts ou incapables de subve-nir à ses besoins?”»

Qui peut ouvrir un REEI et y cotiser?Si le bénéficiaire du REEI est une personne

mineure, un parent, tout comme un gardien lé-gal, peut ouvrir et devenir titulaire du REEI. Ilen sera de même pour un bénéficiaire majeurmais jugé inapte à conclure un contrat. Dans lecas d’un bénéficiaire majeur et apte, c’est le bé-néficiaire qui est aussi le titulaire du REEI. Lebénéficiaire mineur et apte en deviendra le titu-laire à l’âge de 18 ans.

Pour être admissible à un REEI, le bénéfi-ciaire doit satisfaire aux mêmes critères queceux appliqués au crédit d’impôt fédéral pourles personnes handicapées, c’est-à-dire fournirl’attestation d’un praticien qualifié établissantque le bénéficiaire a une déficience grave etprolongée de ses fonctions physiques ou men-tales. Si le bénéficiaire reçoit déjà le crédit d’im-pôt, il est automatiquement admissible auREEI. Dans le cas contraire, il devra d’abords’inscrire au crédit d’impôt.

Qui peut cotiser? Règle générale, c’est le titu-laire du REEI qui est le cotisant. Si le bénéfi-ciaire est aussi le titulaire et qu’il dispose d’unrevenu, il pourra évidemment cotiser. Parcontre, le bénéficiaire peut désigner une autrepersonne que lui comme cotisant. Il n’y a pas delimite au nombre de cotisants possibles, dans lamesure où ces derniers ont la permission écritedu bénéficiaire. «Ainsi, un parent peut continuerà cotiser au REEI de son enfant même si ce der-nier, à 18 ans, en est devenu le titulaire.»

Bons et subventionsLe gouvernement fédéral a mis en place un sys-

tème de bons et de subventions dans le but de bo-nifier le régime. La subvention canadienne pourl’épargne-invalidité est la somme que le gouverne-ment du Canada verse dans un REEI. Cettesomme varie en fonction du revenu familial et dumontant de la cotisation annuelle. Pour un bénéfi-ciaire mineur, le revenu familial est celui des per-

sonnes qui en ont la charge. Pour un bénéficiairemajeur, le revenu familial est son propre revenu.

Voici comment le montant de la subventionest calculé. Pour un revenu familial égal ou in-férieur à 85414$, la subvention est de trois dol-lars par dollar de cotisation pour les 500 pre-miers dollars cotisés et de deux dollars par dol-lar de cotisation pour les prochains 1000 $, pourune subvention annuelle totale de 3500 $. Pourun revenu familial supérieur à 85 414 $, la sub-vention est d’un dollar par dollar de cotisation,pour un maximum de 1000 $ par année. La li-mite à vie de la subvention est de 70 000 $ et lasubvention est versée jusqu’au moment où lebénéficiaire atteint l’âge de 49 ans.

Le bon canadien pour l’épargne-invaliditéest un montant que le gouvernement du Ca-nada dépose directement dans le REEI d’un bé-néficiaire à faible revenu. Aucune cotisation auREEI n’est requise pour recevoir le bon. Lemontant du bon est basé sur le revenu familial

du bénéficiaire. Ainsi, en 2012, pour un revenuégal ou inférieur à 24 863 $, le bon était de1000 $, soit le montant maximum annuel per-mis. La limite à vie est de 20 000 $ et le bon estversé jusqu’à l’âge de 49 ans.

Retraits d’un REEIOn peut faire un retrait d’un REEI à tout âge.

Il existe deux types de retrait : le paiement via-ger pour invalidité (PVI) et le paiement d’aide àl’invalidité (PAI). Le PVI est un paiement annuelrégulier fait chaque année jusqu’à la fin du ré-gime ou jusqu’au décès du bénéficiaire. Il doitcommencer à être versé dès que le bénéficiaireatteint l’âge de 60 ans. De plus, il est assujetti àun montant maximal annuel dont le calcul tientcompte de la valeur marchande du régime et del’âge du bénéficiaire. «Cette mesure a été mise enplace pour assurer la pérennité du régime.» Parcontre, le montant maximal peut être relevé siun médecin atteste que la durée de vie du béné-

ficiaire ne dépassera pas cinq ans. Le PAI est unmontant forfaitaire versé au bénéficiaire à sa de-mande pour pallier une situation particulière.

Le montant de retenue est le montant de lasubvention et du bon qui doit être remboursélorsqu’on fait un retrait. Il est calculé selon lemontant de subventions et de bons reçus pen-dant les dix années précédant le retrait. Parexemple, une personne faisant un premier re-trait à 60 ans n’aurait pas de montant de rete-nue à rembourser, puisqu’elle a reçu sa der-nière subvention et son dernier bon à l’âge de49 ans, donc depuis plus de 10 ans.

Une partie seulement d’un PVI et d’un PAI estassujettie à l’impôt. «La partie du versement quiest composée des cotisations est exempte d’impôt,par contre, celle qui est composée de la subvention,du bon et du rendement du régime est imposable.»

CollaborateurLe Devoir

RÉGIME ENREGISTRÉ D’ÉPARGNE-INVALIDITÉ

Le fédéral a mis en place un système de bons et de subventions dans le but de bonifier le régime« Un parent peut continuer à cotiser au REEI de son enfant même si ce dernier, à 18 ans, en est devenu le titulaire »

RAP ou REEP : dans cesdeux cas, il est possible de«piger» dans un REER. Maisil faudra remettre ces mon-tants qui auront permis d’ac-quérir une première rési-dence ou de favoriser un re-tour aux études.

C L A U D E L A F L E U R

«C’ est fou comment onpeut se préparer une

belle retraite simplement en ver-sant 10$ par semaine dans unREER!», lance Carole Durand,CPA et conseillère financière.Elle cite en exemple son fils de19 ans, qui va dès cette annéecommencer à cotiser à unREER. «Je lui ai expliqué qu’enne déposant que 500$ par annéedans un REER, rendu à 60 ans,il ne le croira tout simplementpas lorsqu’il verra la sommequ’il aura accumulée.»

En fait, explique la comptable,on peut raisonnablement espé-rer que, tous les huit à dix ans,ce montant aura doublé; ce qui,à raison de 500$ par année accu-mulés durant 40 ans, devraitconstituer un montant impres-sionnant (mais difficilement cal-culable, puisque tout dépenddes rendements). «Et, à 10$par semaine, lui ai-je dit, tu net’en rendras même pas compte!, afait valoir Mme Durand à son fils.

Mais tu vas te constituer un su-per-beau fonds de pension!»

D’après les calculs effectuéspar Carole Durand, quelqu’unqui mettrait 50$ par mois dansun REER dès l’âge de 20 ans au-rait accumulé, 40 ans plus tard,36 700 $, et ce, moyennant unrendement de seulement 2%.

Tout compte fait, ce quenous propose la conseillère fi-nancière, c’est qu’il est facile dese constituer un bon fonds deretraite, même lorsque ses re-venus ne sont pas très élevés; ils’agit de commencer tôt dansla vie et de toujours faire un(petit) effort constant. Et, si onn’a pas commencé dès 19 ans,on peut très bien le faire à 30,35 ou 40 ans (en y mettant uneffort un peu plus soutenu).

Le RAP pour acheter sapremière maison

Il existe en fait plusieursstratégies pour se constituerun bel avenir financier, dontl’utilisation d’une par tie desREER comme mise de fondspour l’achat d’une premièremaison. On recourt alors auRAP (régime d’accès à la pro-priété) en faisant ce que lesexperts appellent « rapper».

Il faut savoir qu’il est en touttemps permis de piger dansses REER, sans même avoir àattendre sa retraite. Toutefois,à ce moment-là, le montantqu’on retire des REER s’ajoute

au revenu imposable. Si, donc,une année, les revenus per-sonnels sont particulièrementfaibles, on peut piger dans sesREER pour compenser. Toute-fois, on hypothèque alors saretraite…

Par contre, le RAP permetde retirer de son REER, sansavoir à payer de l’impôt,jusqu’à 25 000 $ (50 000 $ pourun couple) en vue d’acquérirune première résidence (par« première résidence », on en-tend le fait de ne pas avoir étépropriétaire au cours des qua-tre années précédentes). Ondoit cependant remettre en-suite dans le REER les fondsqui en ont été retirés, et ce,sur 15 ans, à raison de 1/15par année (en commençant auplus tard le 31 décembre de ladeuxième année civile qui suitle retrait, plus 60 jours).

Si, par exemple, on décidaitde retirer 10 000 $, 15 000 $ oule maximum de 25000$ de sonREER, on serait alors tenu derembourser 337 $, 1000 $ ouencore 1667 $ par année dansles REER. Et, si on ne le faitpas une année, la somme duesera ajoutée aux revenus.

Voilà qui arrive d’ailleurs as-sez fréquemment, rappor teCarole Durand. Lorsqu’on doitpayer l’hypothèque, les taxeset les autres dépenses, il esttrès possible qu’on ne disposeplus d’argent pour rembourser

ses REER. « Ce n’est pas la findu monde, constate la conseil-lère financière. J’ai déjà fait lecalcul pour quelqu’un qui rem-bourse son RAP ou qui le ra-joute à son revenu, et l’impactn’est pas énorme.»

Par contre, le fait d’emprun-ter dans ses REER lors del’achat d’une propriété peutêtre très avantageux, constatela comptable. «Souvent, dit-elle,les gens utilisent le RAP, car celaleur permet d’avoir un bon rem-boursement d’impôt qui les aideà faire la mise de fonds pourleur maison ou encore acquitterles coûts de démarrage : le no-taire, la taxe de bienvenue, etc.»

Mme Durand estime d’ail-leurs que, pour un jeune quiveut investir en vue de s’ache-ter une propriété, « il est tou-jours mieux de prendre desREER [plutôt qu’un CELI],puisque l’économie d’impôt quecela génère en retour peut êtreinvestie dans un CELI. Ça rap-porte toujours plus en bout deligne » , conclut-elle. On dit

qu’il vaut toujours mieux maxi-miser les cotisations au REERpuisque, avec le rembourse-ment reçu, on peut ensuite co-tiser dans un CELI. « Si onimagine investir 5000 $ dansun REER et que le rembourse-ment d’impôt est de 2000$, onpeut par la suite investir celui-ci dans un CELI, ce qui génèreune économie de 7000$!»

Le seul avantage qu’il y au-rait de cotiser dans un CELIpour acheter une maison, c’estdans le cas où il ne s’agit pasde la première maison.

Le REEP pour financerun retour aux études

De même, on peut emprun-ter dans ses REER pour retour-ner aux études. Il s’agit du Ré-gime d’encouragement à l’édu-cation permanente (REEP).

Grâce au REEP, une per-sonne ou son conjoint peut re-tourner aux études et retirerde son REER, sans payer d’im-pôt, jusqu’à 10000$ par annéed’études (maximum de 20000$

pour quatre années d’étudesconsécutives). La formationprévue doit être acquise àtemps plein (10 heures ou pluspar semaine), être de niveaupostsecondaire et durer aumoins trois mois consécutifs.

Comme dans le cas du RAP,on doit cependant remettre dansson REER les montants retirés(selon un échéancier différent).Il y a en outre un certain nom-bre de modalités à respecter.

Toutefois, de l’avis de CaroleDurand, ce programme paraîtplus ou moins intéressantpuisqu’il y a une grande quan-tité de conditions à respecter.« Il me semble, dit-elle, qu’il estpréférable de se doter d’un CELI,dans lequel on pourrait pigerpour n’importe quelle raison, ycompris pour financer les étudesde ses enfants, plutôt que de re-courir au REEP. Remarquezque c’est là une opinion person-nelle», souligne-t-elle.

CollaborateurLe Devoir

DU RAP AU REEP

Les sommes déposées dans un REER facilitent l’achat d’une maison et un retour aux étudesTout montant retiré devra être réinvesti pour prévenir une pénalité

JEAN-PHILIPPE KSIAZEK AGENCE FRANCE-PRESSE

Pour être admissible à un régime enregistré d’épargne-invalidité, le bénéficiaire doit satisfaire aux mêmes critères que ceux appliqués au crédit d’impôtfédéral pour les personnes handicapées.

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R E E RL E D E V O I R , L E S S A M E D I 8 E T D I M A N C H E 9 F É V R I E R 2 0 1 4G 8

Ottawa a porté un dur coupaux fonds de travailleurs.Lors de son dernier budget,il a annoncé l’abolition pro-gressive du crédit d’impôt fé-déral de 15% accordé à leursépargnants. Par contre, cetavantage fiscal demeure in-tact jusqu’au 1er mars 2015,ce qui n’af fecte en rien la pré-sente campagne de REER.É T I E N N E P L A M O N D O N É M O N D

Le rendement composé an-nuel qu’obtient l’action-

naire des fonds de travailleursest impressionnant, lorsqu’ontient compte du crédit d’impôt.Au Fonds de solidarité FTQ, ilest de 10,8 % sur 10 ans et de14,8 % sur 7 ans, tandis qu’àFondaction, de la CSN, il est de7,77 % sur 10 ans et de 20,39 %sur 5 ans. Par contre, si on n’in-tègre pas les crédits d’impôtdans le calcul, le rendement an-nuel composé qu’obtient l’ac-tionnaire s’élève à 3,5% sur 10ans et à 6,6 % sur 5 ans, auFonds de solidarité FTQ. ÀFondaction, il est de -1,21% sur10 ans et de 1,92% sur 5 ans.

Et Ottawa a por té un durcoup aux fonds de travailleurs,lors de son dernier budget, enannonçant l’élimination progres-sive du crédit d’impôt fédéral de15% accordé à leurs épargnants.Ce crédit fiscal demeure in-changé pour les campagnes deREER en 2014 et 2015, mais iltombera à 10 % à par tir du2 mars 2015, puis à 5 % le1er mars 2016, avant de complè-tement disparaître le 2 mars2017 si aucune mesure ne vientrenverser la vapeur d’ici là.

Reste alors le crédit d’impôtde 15% alloué par le gouverne-ment du Québec. Jusqu’au31 mai 2015, Fondaction béné-ficie d’une déduction supplé-mentaire de 10% au niveau pro-vincial, afin de lui permettred’atteindre une taille optimale.Jusqu’au 1er mars 2015, le cré-dit d’impôt demeure donc de30 % pour un REER au Fondsde solidarité FTQ et de 40 %pour un REER à Fondaction.

InquiétudeBien que le Fonds de solida-

rité FTQ soit en ce momentsur la sellette à la commissionCharbonneau, la mesure prisepar le gouvernement fédéralsème davantage l’inquiétudeau sein de la société de capitalde développement. « Je qualifietoujours la commission Char-bonneau, par rappor t à cequ’on vit à l’interne, de gros

rhume. C’est plate le temps queça dure, mais on va en guérir.L’abolition du crédit d’impôt àlong terme, c’est plus déran-geant structurellement », ditDenis Leclerc, vice-président àl’actionnariat du Fonds de soli-darité FTQ.

À l’automne, le Fonds de so-lidarité FTQ et Fondaction onttenté de sauver les meubles endéposant une proposition au-près du gouvernement fédé-ral. Celle-ci s’articulait autourd’une diminution de la dé-pense fiscale du tiers, en limi-tant entre autres les entréesde fonds, et d’un investisse-ment de 2 $ en capital derisque pour chaque dollar decrédit d’impôt pour la duréedu Plan d’action sur le capitalde risque du fédéral. Mais legouvernement Harper a per-sisté et signé en allant del’avant avec sa mesure.

Tant au Fonds de solidaritéFTQ qu’à Fondaction, on nebaisse pas les bras pour au-tant. « Plus on approche d’uneéchéance électorale, plus lespartis politiques sont portés àêtre à l’écoute. Donc, on est ennégociations avec tous les par-tis, y compris le Nouveau Partidémocratique [NPD], qui s’estdéjà positionné pour dire qu’ilmaintiendrait le crédit d’impôt,et le Par ti libéral, qui nousprête une oreille attentive », ditM. Leclerc.

Il n’en demeure pas moinsque, dans la perspective d’unediminution du crédit d’impôt,«un crédit à 20% ou 25% resteintéressant, en comparaison avecrien du tout», croit M. Leclerc.«Par rapport à notre rendement,qui est tout de même très correct,même s’il est un peu plus bas queles autres historiquement, le cré-dit d’impôt demeure un avantagetout à fait concurrentiel, quelqu’il soit», insiste-t-il.

PérennitéUne étude de KPMG Secor

commandée par le Fonds desolidarité FTQ, dont les résul-tats ont été dévoilés le 29 octo-bre dernier, a conclu que la pé-rennité de la société de capitalde développement ne seraitpas mise en péril après uneéventuelle disparition du cré-dit d’impôt fédéral. Mais lesdeux fonds de travailleurs crai-gnent que cette politique bud-gétaire n’af fecte leurs deuxmissions principales, soit favo-riser l’épargne-retraite et four-nir du capital patient aux PMEpour la création et le maintiend’emplois au Québec.

«Les gens vont malheureuse-ment pouvoir cotiser moinspour le même déboursé net, dé-

plore Alain Vallières, directeurde la souscription chez Fon-daction. Si je mets 1000$ dansun REER traditionnel, celame coûte environ 700 $. Cheznous, présentement, cela coûte300 $. Cela ouvre une possibi-lité, pour les gens à plus faiblerevenu, de mettre de l’argent decôté pour la retraite. L’abolitiondu crédit d’impôt fédéral va da-vantage pénaliser ces gens-là. »

Chez les deux fonds de tra-vailleurs québécois, on consi-dère que ce crédit d’impôt in-cite les jeunes à épargner pourleur retraite. « Même si on di-sait aux jeunes qu’ils devraientprendre des REER plus tôt, ilsn’en prendront pas parce qu’ilsn’ont pas l’argent. Le créditd’impôt leur apporte cette capa-cité d’en prendre. Avec la rete-nue sur le salaire qu’on offre etle remboursement d’impôt im-médiat, la paie ne baissepresque pas», dit M. Leclerc.

Ce dernier affirme que 40 %des actionnaires du Fonds desolidarité FTQ « n’ont pas deREER ailleurs ». Comme AlainVallières, il voit les REER desfonds de travailleurs commeune por te d’entrée vers uneéventuelle diversification duportefeuille, au moment où lapersonne avance en âge et ac-cumule suffisamment de capi-tal pour lui permettre de dé-passer le plafond de 5000$ fixépour la contribution annuelle.

En revanche, puisque cesREER visent à encourager lesdétenteurs d’actions à seconstituer un capital de re-traite, leurs règles sont plusrestrictives que celles régissantla plupart des REER classiquesen ce qui concerne les retraitsd’un placement. Il n’en de-meure pas moins que certainessituations autorisent un retrait,comme l’achat d’une maison, leretour aux études ou le démar-rage d’une entreprise.

Plafonds permisMais, pour la présente cam-

pagne de REER, il faut rappe-ler que le crédit d’impôt de-meure intact. Fondaction asuspendu l’acceptation des co-tisations par montant for fai-taire le 13 janvier dernier. Enraison du nombre de cotisa-tions par retenue sur le salaireou par débit préautorisé qu’ilprévoit continuer à recueillird’ici le 31 mai, M. Vallières ex-plique que Fondaction « a at-teint le maximum [de cotisa-tion par montant for faitaire]qu’on pouvait prendre, sans ris-quer de dépasser notre plafond»de 200 millions de dollars enémission d’actions pour l’an-née financière en cours. À no-

ter que cette limite sera aug-mentée à 225 millions l’annéeprochaine. Fondaction conti-nue donc de prendre les coti-sations par retenue sur le sa-laire et par débit préautoriséjusqu’à un maximum de 416 $par mois.

Du côté du Fonds de solida-rité FTQ, il n’y a pas de plafondpour l’exercice en cours. Pourune contribution au REER duFonds de solidarité FTQ, la

date limite est le 3 mars 2014.La valeur de l’action du Fondsde solidarité FTQ est de29,21 $. Elle a ainsi enregistréune hausse de 1,23 $ par rap-port à sa valeur en juillet 2013.Le rendement au cours des 12derniers mois a été de 7,4 %,sans tenir compte des créditsd’impôt et des déductions pourun REER. L’actif net du Fondsde solidarité était de 9,7 mil-liards de dollars en date du

6 janvier 2014. La valeur del’action de Fondaction, quant àelle, est passée de 9,44 $ à9,71$ entre le 10 juillet 2013 et15 janvier 2014. Fondaction aenregistré un rendement de4,3% dans les 12 derniers mois.L’actif net était de 1,15 milliardde dollars en date du 13 janvier2014.

CollaborateurLe Devoir

FONDS DE TRAVAILLEURS

Quatre actionnaires sur dix du Fonds de solidarité FTQ«n’ont pas de REER ailleurs»Le crédit d’impôt fédéral est maintenu jusqu’au 1er mars 2015

Plusieurs éléments sont àconsidérer pour décider s’ilest temps de transformer sonrégime enregistré d’épargne-retraite (REER) en fonds en-registré de revenu de retraite(FERR). L’objectif est de pou-voir profiter pleinement dugrand avantage du REER : re-por ter l’impôt à payer,lorsque le taux d’impositionest élevé, à un moment où ce-lui-ci sera moins élevé.

M A R T I N E L E T A R T E

L es gens travaillent à un âgeplus avancé qu’auparavant.

Plusieurs ont souvent changéd’emploi et ont des régimesimmobilisés, ces caisses de re-traite établies chez des em-ployeurs, puis transférées, audépart de l’employé, dans desétablissements financiers. Il ya le Régime des rentes du Qué-bec et la pension de la Sécuritéde la vieillesse, dont les nou-velles règles encouragent cha-cun à commencer les verse-

ments plus tard pour bénéfi-cier de montants plus impor-tants. Le FERR peut s’ajouter àtout cela. Les sources de re-venu à la retraite sont souventnombreuses, et, pour les utili-ser judicieusement, une planifi-cation personnalisée s’impose.

« Lorsque la retraite ap-proche, c’est important d’éva-luer ses besoins, de regarder sesactifs et de définir une stratégiepour utiliser le plus avantageu-sement possible les dif férentessources de revenu, et ce, qu’onait un montant important outout petit dans son REER », af-firme Daniel Robillard, planifi-cateur financier chez RBCBanque Royale.

L’un des défis est de trouverle meilleur moment pour trans-former son REER en FERR.

Prenons le cas d’un travail-leur fraîchement retraité à 58ans. À 60 ans, il pourrait com-mencer à recevoir sa rente duQuébec, puis, à 65 ans, sa pen-sion de la Sécurité de la vieil-lesse. «L’objectif du FERR est dedécaisser lorsque son taux d’im-position est au plus bas ; alors, ilpourrait être avantageux, pour

le nouveau retraité de 58 ans,de conver tir son REER enFERR pour commencer à dé-caisser avant que les régimes pu-blics ne fassent augmenter sonrevenu imposable », expliqueAlexander Tkachyk, planifica-teur financier, directeur desventes, produits de placement,BMO Groupe financier.

Il est aussi possible de trans-férer seulement une partie deson REER en FERR. «On peutse servir du FERR pour avoirun revenu temporaire, indiqueM. Tkachyk. On devra ensuitetransformer le restant de sonREER en FERR au plus tard à71 ans. »

« On peut contribuer à sonREER jusqu’au 31 décembre del’année de ses 71 ans», préciseDaniel Robillard.

Prévoir le retraitminimum

Avec le FERR, on doit faireun retrait minimum annuel.Par exemple, si on a 60 ans audébut de l’année, il faudra reti-rer au minimum 3,3% du soldedu FERR au 31 décembre del’année précédente. « On peut

choisir des versements mensuelsou un versement annuel, in-dique Alexander Tkachyk. Sion n’a pas besoin de cet argent,on peut opter pour un verse-ment annuel en décembre ;ainsi, la somme peut fructifierpresque un an de plus à l’abride l’impôt. »

Le pourcentage minimumdu montant à retirer augmenteavec l’âge. Par exemple, il at-teint 7,48 % à 72 ans, unesomme dont il faut prévoirl’impact. «On conseille souventaux gens de retirer en dernierles sommes de leur fonds enre-gistré, parce que, fiscalement,c’est souvent ce qui est le plusavantageux, mais plusieurs neprennent pas le temps de se de-mander quel sera le montantminimal qu’ils devront retirer à72 ans, remarque Daniel Ro-billard. S’ils ont accumulé unmontant important dans leurFERR, ils peuvent se retrouveravec une grosse surprise. »

Par exemple, avec 400 000 $dans son FERR à 72 ans, il fautretirer au minimum 30000$.

«On veut éviter que le retraitminimum du FERR fasse aug-

menter le taux d’imposition ouperdre des crédits d’impôt et,pour y arriver, on peut parexemple transférer le REER enFERR beaucoup plus tôt, in-dique Daniel Robillard. Si leretraité n’a pas besoin de cet ar-gent, il peut par la suite l’inves-tir dans un compte d’épargne li-bre d’impôt (CELI), qui estplus flexible que le FERR.»

En continuité avec le REER,le FERR permet d’exercer uncontrôle sur les types de place-ment choisis. Toutefois, qu’onait un profil d’investisseur pru-dent ou agressif, il faut tou-jours prévoir ses décaisse-ments. « On priorise des fondsgarantis pour s’assurer d’avoir,dans son compte, les liquiditéssuf fisantes pour les décaisse-ments à faire dans les deux àcinq prochaines années, af-firme Alexander Tkachyk.Ainsi, si un krach arrive,comme ce fut le cas en 2008, onn’a pas à vendre des titres àperte. Pour le reste des sommes,on choisit des types de place-ment à long terme selon sonprofil d’investisseur. »

On parle souvent des Qué-

bécois qui n’ont pas assez éco-nomisé en prévision de leurretraite, mais on retrouveaussi de véritables fourmis quine vivront jamais assez long-temps pour dépenser la ma-jeure partie de leur magot.

À leur décès, la somme res-tant dans leur FERR pourraêtre transférée à leur conjointsans être imposée.

« Par contre, au décès duconjoint survivant, la sommerestante sera considérée à100% comme un revenu gagnédans l’année, indique Alexan-der Tkachyk. Si la somme estimportante, l’impact sur la suc-cession sera majeur puisque letaux d’imposition sera élevé.D’où l’importance d’établir unestratégie avant de prendre saretraite, disons entre 50 et 60ans. Par fois, une rencontreavec son planificateur financierpermet à la personne de se ren-dre compte qu’elle a une cer-taine flexibilité et qu’elle peutmême prendre sa retraite plustôt que prévu. »

CollaboratriceLe Devoir

FONDS ENREGISTRÉ DE REVENU DE RETRAITE

Comment transformer son REER en FERRLe mieux consiste à définir sa stratégie à l’aide de conseils personnalisés

FTQ

Denis Leclerc, vice-président à l’actionnariat du Fonds de solidarité FTQ