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Les constats du programme AP3C* sur l’évo- lution du climat A partir du dépouillement de données météo enregis- trées entre 1980 et 2015, des projections climatiques ont été réalisées jusqu’à l’horizon 2050 : Hausse des températures : l’analyse des tempé- ratures montre une évolution de + 0,4 °C sur dix ans soit + 4 °C par siècle. Cette hausse est sur- tout marquée au printemps et elle va continuer. La pousse de l’herbe sera de plus en plus précoce. Les précipitations : le bilan annuel reste stable. Mais la distribution des pluies dans l’année est modifiée : baisse au printemps, augmentation en fin d’été et à l’automne. Déficit hydrique et Evapotranspiration (ETP) : la hausse des températures, l’ensoleillement, le vent entraînent une augmentation de l’Eva- potranspiration (eau qui s’évapore de la plante et du sol). L’ETP a progressé de + 25 mm/an ce qui augmente les conditions de sécheresse. Là aussi, l’ETP va s’accroître encore. Des repères pour être réactif et pour mieux gérer l’herbe. Un des moyens de s’adapter aux variations d’une an- née sur l’autre est de suivre l’évolution des cumuls des températures : le repère des 200 °C (calculé à partir du 1 er janvier - base 0 °C). Un conseiller agronome fait la somme des températures moyennes journa- lières. Lorsque le repère atteint les 200 °C, la végé- tation démarre. C’est le moment de mettre l’azote pour les fauches précoces (ensilage, enrubannage) et d’être organisé pour la prochaine campagne de pâturage. Ces repères changent chaque année en fonc- tion de la météo, alors comment les connaître ? A partir de la fin février, chaque semaine, un bul- letin Info-Prairie est publié sur le site internet, sur la page Facebook de la Chambre d'agriculture ainsi que dans l’Union du Cantal. Il permet de suivre l’évo- lution des sommes des températures par secteur géographique et apporte des conseils techniques. Pour adapter ses pratiques, il faut connaître ses prairies En fonction des espèces dominantes, les prairies ré- agissent différemment aux cumuls des températures. Elles sont classées selon deux critères : productivité et précocité. Il existe trois types de prairies : précoce et productive, tardive mais productive, peu produc- tive mais assez précoce. Il est important de connaître les types de prairies de son exploitation pour mettre en place une bonne gestion du pâturage et de la fauche. Exemple d’un type de prairie : prairie précoce et productive Destination : ensilage ou pâturage intensif de prin- temps. Espèces dominantes : houlque laineuse, RGA, fé- tuque des près, fétuque élevée, dactyle… Repères de températures pour les pratiques de fauche et de pâturage Pâturage : mise à l’herbe précoce (≤ 300 °C). Fin du premier tour de pâture : 600 °C Fauche : fin déprimage : 500 °C, ensilage/enruban- nage : 700 °C, foin précoce : 900 °C. Foin tardif : 1 200 °C. Les pâtures : sortir les animaux dès les 250/300 °C cumulés. Limiter le déprimage et arrêter avant qu’il ne soit trop tard… Les rendements des parcelles déprimées tardi- vement (au-delà de 500 °C) accusent des retards de rendement allant jusqu’à 30 % par rapport à des parcelles non déprimées ou légèrement déprimées. Mettre en place le pâturage tournant : on adapte le chargement aux types de prairie. Le but est de valoriser une herbe de qualité pour faire du lait et de la viande en réduisant le coût alimentaire. Cela permet de limiter le gaspillage et de libérer des surfaces à stock. Accroître la quantité produite sur les surfaces à stock Augmenter la fertilisation des surfaces à stock en réalisant un apport d’azote précoce (40 à 60 kg / hectare à 200 °C cumulés base 0 °C - 1 er janvier). Pour valoriser cette fertilisation supplémentaire, il faudra modifier le mode de récolte et faire une fauche précoce à 700 °C cumulés. Il sera alors possible de prévoir une seconde coupe ou de libérer plus vite des repousses pour agrandir réguliè- rement la surface à pâturer. Pour faire du foin non déprimé récolté tôt (repère 900 - 1000 °C), prévoir 30 kg d'azote/ha, alors que pour faire du foin plus tardif (repère 1200 °C), l’apport de fumier suffit (20 T/ha). Implanter des prairies temporaires en choisissant des espèces plus résistantes à la sécheresse et capables de produire de l’herbe au second cycle (dactyle, fétuque, luzerne). Le semis peut se faire sous couvert de céréales. D’autres pistes existent en fonction de la zone de production et du système four- rager : sur-semis de prairies ; cultures dérobées ; améliorer la fertilité des sols… Ces pistes feront l’objet d’articles à venir. 26 rue du 139° R.I. - BP 239 - 15002 AURILLAC CEDEX - Tél : 04 71 45 55 00 - [email protected] Ces dernières années, la météo a joué bien des tours aux agriculteurs. L’impact sur les récoltes et stocks de fourrage a été important. Alors pour moins subir les aléas, il faut trouver des solutions. La réponse est d’adapter ses pratiques fourragères. Mais comment s’y prendre ? Le groupe agronomie de la Chambre d’agriculture participe à plusieurs projets (AP3C, AEOLE) dont les objectifs sont de proposer de nouvelles pratiques de pâture et de récolte adaptées au changement climatique. Refaire des stocks au printemps, après la sécheresse 2018 Février 2019 - - - Des conseillers pour vous aider à utiliser les nouveaux outils Nouveaux repères, connaissances plus poussées sur les prairies, nouvelles pratiques modifient le mode de gestion du fourrage. Ces outils sont indis- pensables si l’on souhaite rester le plus autonome possible en fourrage. Dans chaque antenne de la Chambre d’agriculture du Cantal, un conseiller s’est spécialisé sur cette thématique pour accompagner les éleveurs qui souhaitent s’adapter. Des aides pour améliorer les pratiques Dans le cadre du PACTE Cantal négocié avec le Conseil régional Auvergne- Rhône-Alpes, des aides peuvent être obtenues pour la gestion du pâturage ou le séchage en grange. Retrouvez les aides sur le site www.cantal.chambagri.fr et demandez des renseignements à votre conseiller de secteur. Mauriac : 04 71 68 38 20 ou [email protected] Saint-Flour : 04 71 60 50 00 ou ca.saint-fl[email protected] Aurillac : 04 71 45 55 30 ou [email protected] QUELQUES PISTES POUR GAGNER EN AUTONOMIE FOURRAGÈRE *AP3C : Adaptation des Pratiques Culturales au Changement Climatique est un programme de recherche et de développement, animé par le SIDAM. Les objectifs sont : Mesurer les impacts du changement climatique sur les systèmes d’exploitation du Massif Central. Sensibiliser les acteurs qui composent et en- tourent le monde agricole. Adapter les outils de conseil pour mieux accom- pagner les agriculteurs. - - - Pâtur’+ : un accompagnement individuel proposé par la Chambre d'agri- culture. Le pâturage est la clé de voûte du système fourrager. Le principe de cet accompagnement : Une rencontre pour faire le point des pratiques de pâ- turage, en se servant de la cartographie des parcelles et en prenant en compte les objectifs de l’éleveur. Une préconisation sur la base de la mise en place du pâturage tournant. Un suivi de la pousse de l’herbe (deux passages avec mesure des jours d’avance d’herbe à l’herbomètre) pour vérifier le niveau de biomasse disponible et prendre les bons repères de hauteur d’herbe. - - -

Refaire des stocks au printemps, après la sécheresse 2018 ... · Augmenter la fertilisation des surfaces à stock en réalisant un apport d’azote précoce (40 à 60 kg / hectare

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Page 1: Refaire des stocks au printemps, après la sécheresse 2018 ... · Augmenter la fertilisation des surfaces à stock en réalisant un apport d’azote précoce (40 à 60 kg / hectare

Les constats du programme AP3C* sur l’évo-lution du climat

A partir du dépouillement de données météo enregis-trées entre 1980 et 2015, des projections climatiques ont été réalisées jusqu’à l’horizon 2050 :

Hausse des températures : l’analyse des tempé-ratures montre une évolution de + 0,4 °C sur dix ans soit + 4 °C par siècle. Cette hausse est sur-tout marquée au printemps et elle va continuer. La pousse de l’herbe sera de plus en plus précoce.

Les précipitations : le bilan annuel reste stable. Mais la distribution des pluies dans l’année est modifiée : baisse au printemps, augmentation en fin d’été et à l’automne.

Déficit hydrique et Evapotranspiration (ETP) :la hausse des températures, l’ensoleillement, le vent entraînent une augmentation de l’Eva-potranspiration (eau qui s’évapore de la plante et du sol). L’ETP a progressé de + 25 mm/an ce qui augmente les conditions de sécheresse. Là aussi, l’ETP va s’accroître encore.

Des repères pour être réactif et pour mieux gérer l’herbe.

Un des moyens de s’adapter aux variations d’une an-née sur l’autre est de suivre l’évolution des cumuls des températures : le repère des 200 °C (calculé à partir du 1er janvier - base 0 °C). Un conseiller agronome fait la somme des températures moyennes journa-lières. Lorsque le repère atteint les 200 °C, la végé-tation démarre. C’est le moment de mettre l’azote pour les fauches précoces (ensilage, enrubannage) et d’être organisé pour la prochaine campagne de pâturage.

Ces repères changent chaque année en fonc-tion de la météo, alors comment les connaître ?

A partir de la fin février, chaque semaine, un bul-letin Info-Prairie est publié sur le site internet, sur la page Facebook de la Chambre d'agriculture ainsi que dans l’Union du Cantal. Il permet de suivre l’évo-lution des sommes des températures par secteur géographique et apporte des conseils techniques.

Pour adapter ses pratiques, il faut connaître ses prairies

En fonction des espèces dominantes, les prairies ré-agissent différemment aux cumuls des températures. Elles sont classées selon deux critères : productivité et précocité. Il existe trois types de prairies : précoce et productive, tardive mais productive, peu produc-tive mais assez précoce. Il est important de connaître les types de prairies de son exploitation pour mettre en place une bonne gestion du pâturage et de la fauche.

Exemple d’un type de prairie : prairie précoce et productiveDestination : ensilage ou pâturage intensif de prin-temps.Espèces dominantes : houlque laineuse, RGA, fé-tuque des près, fétuque élevée, dactyle…

Repères de températures pour les pratiques de fauche et de pâturage

Pâturage : mise à l’herbe précoce (≤ 300 °C). Fin du premier tour de pâture : 600 °C

Fauche : fin déprimage : 500 °C, ensilage/enruban-nage : 700 °C, foin précoce : 900 °C.Foin tardif : 1 200 °C.

Les pâtures : sortir les animaux dès les 250/300 °C cumulés. Limiter le déprimage et arrêter avant qu’il ne soit trop tard… Les rendements des parcelles déprimées tardi-vement (au-delà de 500 °C) accusent des retards de rendement allant jusqu’à 30 % par rapport à des parcelles non déprimées ou légèrement déprimées.

Mettre en place le pâturage tournant : on adapte le chargement aux types de prairie. Le but est de valoriser une herbe de qualité pour faire du lait et de la viande en réduisant le coût alimentaire. Cela permet

de limiter le gaspillage et de libérer des surfaces à stock.

Accroître la quantité produite sur les surfaces à stock

Augmenter la fertilisation des surfaces à stock en réalisant un apport d’azote précoce (40 à 60 kg / hectare à 200 °C cumulés base 0 °C - 1er janvier). Pour valoriser cette fertilisation supplémentaire, il faudra modifier le mode de récolte et faire une fauche précoce à 700 °C cumulés. Il sera alors possible de prévoir une seconde coupe ou de libérer plus vite des repousses pour agrandir réguliè-rement la surface à pâturer.

Pour faire du foin non déprimé récolté tôt (repère 900 - 1000 °C), prévoir 30 kg d'azote/ha, alors que pour faire du foin plus tardif (repère 1200 °C), l’apport de fumier suffit (20 T/ha).

Implanter des prairies temporaires en choisissant des espèces plus résistantes à la sécheresse et capables de produire de l’herbe au second cycle (dactyle, fétuque, luzerne). Le semis peut se faire sous couvert de céréales.

D’autres pistes existent en fonction de la zone de production et du système four-rager : sur-semis de prairies ; cultures dérobées ; améliorer la fertilité des sols… Ces pistes feront l’objet d’articles à venir.

26 rue du 139° R.I. - BP 239 - 15002 AURILLAC CEDEX - Tél : 04 71 45 55 00 - [email protected]

Ces dernières années, la météo a joué bien des tours aux agriculteurs. L’impact sur les récoltes et stocks de fourrage a été important. Alors pour moins subir les aléas, il faut trouver des solutions. La réponse est d’adapter ses pratiques fourragères. Mais comment s’y prendre ? Le groupe agronomie de la Chambre d’agriculture participe à plusieurs projets (AP3C, AEOLE) dont les objectifs sont de proposer de nouvelles pratiques de pâture et de récolte adaptées au changement climatique.

Refaire des stocks au printemps, après la sécheresse 2018 Février 2019

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Des conseillers pour vous aider à utiliser les nouveaux outils Nouveaux repères, connaissances plus poussées sur les prairies, nouvelles pratiques modifient le mode de gestion du fourrage. Ces outils sont indis-pensables si l’on souhaite rester le plus autonome possible en fourrage. Dans chaque antenne de la Chambre d’agriculture du Cantal, un conseiller s’est spécialisé sur cette thématique pour accompagner les éleveurs qui souhaitent s’adapter.

Des aides pour améliorer les pratiques Dans le cadre du PACTE Cantal négocié avec le Conseil régional Auvergne- Rhône-Alpes, des aides peuvent être obtenues pour la gestion du pâturage ou le séchage en grange. Retrouvez les aides sur le site www.cantal.chambagri.fr et demandez des renseignements à votre conseiller de secteur.Mauriac : 04 71 68 38 20 ou [email protected] : 04 71 60 50 00 ou [email protected] : 04 71 45 55 30 ou [email protected]

QUELQUES PISTES POUR GAGNER EN AUTONOMIE FOURRAGÈRE

*AP3C : Adaptation des Pratiques Culturales au Changement Climatique est un programme de recherche et de développement, animé par le SIDAM.

Les objectifs sont :

Mesurer les impacts du changement climatique sur les systèmes d’exploitation du Massif Central.Sensibiliser les acteurs qui composent et en-tourent le monde agricole.Adapter les outils de conseil pour mieux accom-pagner les agriculteurs.

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Pâtur’+ : un accompagnement individuel proposé par la Chambre d'agri-culture. Le pâturage est la clé de voûte du système fourrager.

Le principe de cet accompagnement :Une rencontre pour faire le point des pratiques de pâ-turage, en se servant de la cartographie des parcelles et en prenant en compte les objectifs de l’éleveur.Une préconisation sur la base de la mise en place du pâturage tournant.Un suivi de la pousse de l’herbe (deux passages avec mesure des jours d’avance d’herbe à l’herbomètre) pour vérifier le niveau de biomasse disponible et prendre les bons repères de hauteur d’herbe.

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