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Regard sur un projet : « Valoriser son image et adopter une attitude professionnelle » Le COREPS du Nord-Pas-de-Calais a rencontré Madame Laëtitia Dumas, Professeur d’Eco Gestion au Lycée des métiers Henri Senez d’Hénin Beaumont. Cette rencontre a permis d’échanger sur le projet « Valoriser son image et adopter une attitude professionnelle ». L’établissement accueille environ 1100 élèves. Madame Dumas a été affectée en 2014 au Lycée et enseigne auprès d’élèves scolarisés en classe de CAP jusqu’au BAC. Le projet, développé depuis quelques années, a été initié par Madame Wiart, enseignante au sein de l’établissement. Suite au départ de celle-ci, le Proviseur de l’établissement, Monsieur Duranel, a proposé à Madame Dumas, intéressée par le projet, de le poursuivre. Pourquoi ce projet est-il développé, à qui s’adresse-t-il et en quoi consiste-t-il ? Le projet s’adresse aux élèves s’orientant vers un CAP « Commerce » et « Cuisine », soit 6 classes. Ils se préparent à exercer des métiers où le contact avec le client est primordial. Cela implique une nécessaire réflexion sur l’image que l’on a de soi et que l’on renvoie au client. Il est donc important qu’ils sachent se mettre en valeur et, pour cela, qu’ils soient conscients de leurs compétences. Les professionnels de l’établissement constatent que la plupart de ces élèves n’ont pas une image positive d’eux. « Ils sont repliés sur eux-mêmes, n’osent pas prendre la parole. J’enseigne la communication et donc je travaille beaucoup sur la prise de parole. Je mets en place beaucoup d’exercices que je leur demande de faire à l’oral et je constate qu’ils sont en difficulté avec ça… Dans leur attitude, on le voit aussi, ils ne sont pas à l’aise. Ils ont des difficultés avec leur reflet, leur image ». A travers le projet, la volonté est de re-donner confiance aux élèves, les valoriser et leur permettre de s’accepter tels qu’ils sont. Afin de répondre à ces enjeux, le projet est composé de plusieurs modalités d’intervention, faisant appel à des compétences professionnelles spécifiques et complémentaires. Au cours de l’année scolaire 2014/2015, 4 professionnels sont intervenus au sein du projet : un psychologue a travaillé avec les élèves sur la connaissance de soi, la perception qu’ils ont d’eux- mêmes, ainsi que sur l’identification, l’expression/la gestion des émotions et du stress, un diététicien a permis aux élèves de se questionner et réfléchir sur les notions d’équilibre alimentaire, un socio-esthéticien a travaillé sur l’image de soi, un comédien a accompagné les élèves dans la prise de parole en public, l’élocution, la gestion de l’espace, le paralangage, la tenue et gestuelle du corps. Les interventions couplent théorie et pratique. Madame Dumas insiste sur l’importance d’accompagner les apports de connaissances par leur mise en pratique au sein des ateliers : « Il faut tenir compte du fait que les élèves apprennent aussi par la manipulation, le fait « d’exercer » et manipuler favorise la compréhension ». Evaluation et effets du projet ? Madame Dumas a souhaité privilégier une évaluation continue : pour chaque intervention, les élèves étaient questionnés sur leur ressenti et vécu, les aspects qui leur avaient plu ou déplu, ce qu’ils avaient retenu, ce qu’il fallait modifier si besoin. Par ailleurs, un questionnaire d’évaluation en fin d’action a permis de compléter cette évaluation « à chaud ». Les élèves ont apprécié les interventions. Madame Dumas souligne l’importance, pour les élèves, d’avoir été au cœur des activités. « Ils ont apprécié car ils étaient au centre de l’activité ». S’agissant de chaque activité, les élèves auraient souhaité disposer d’autres d’interventions avec le psychologue. Avec l’intervention de la socio esthéticienne, ils ont pu aborder les questions relatives à l’image de soi, sur le plan « physique», par exemple l’entretien de la peau : « La socio esthéticienne a travaillé avec des produits de base, pas chers, que l’on trouve à la maison et que l’on peut facilement utiliser. Pas mal d’élèves m’ont dit : « Madame, j’ai suivi les conseils, je le fais à la maison ». C’est appréciable car je me rends compte que ça les a touchés, qu’ils ont compris pourquoi on leur a proposé ces interventions, et qu’ils ont pu les reproduire à la maison, avec des membres de leur famille ». Les ateliers ont également permis à certains élèves, grâce à la présence du psychologue, de faire émerger des situations antérieures vécues. Ils ont alors interpelé en aparté Madame Dumas, pour exprimer ce vécu, un suivi a été mis en place. Les élèves ont mesuré la plus-value du projet et son utilité dans une future pratique professionnelle : dans le commerce par exemple, il est important d’avoir conscience, face à un client, de l’attitude que l’on adopte, de la manière dont on va se positionner par rapport au client… Pour permettre cela, il est nécessaire, lors de la formation, de travailler certaines compétences, les identifier voire les développer (savoir prendre de l’assurance, savoir bien présenter, pour représenter l’image de marque du magasin, savoir s’adresser au client, prendre de parole, avoir conscience du paralangage…). « On a pu percevoir une progression pour certains élèves qui, au départ, étaient réservés et timides, on a pu observer une progression au niveau de l’attitude, de la prise de parole. Ils l’ont eux-mêmes exprimé également ». Dans l’éventualité d’une prochaine mise en œuvre du projet, s’il fallait faire des choix quant aux types d’interventions à maintenir, il faudrait questionner la mise en œuvre de certaines activités, notamment celle portant sur le thème de l’équilibre alimentaire. L’évaluation montre que certains élèves n’ont pas

Regard sur un projet : "Valoriser son image et adopter une attitude professionnelle"

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Le COREPS du Nord-Pas-de-Calais a rencontré Madame Laëtitia Dumas, Professeur d’Eco Gestion au Lycée des métiers Henri Senez d’Hénin Beaumont. Cette rencontre a permis d’échanger sur le projet « Valoriser son image et adopter une attitude professionnelle ».

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Regard sur un projet : « Valoriser son image et adopter une attitude professionnelle »

Le COREPS du Nord-Pas-de-Calais a rencontré Madame Laëtitia Dumas, Professeur d’Eco Gestion au Lycée des métiers Henri Senez d’Hénin Beaumont. Cette rencontre a permis d’échanger sur le projet « Valoriser son image et adopter une attitude professionnelle ». L’établissement accueille environ 1100 élèves. Madame Dumas a été affectée en 2014 au Lycée et enseigne auprès d’élèves scolarisés en classe de CAP jusqu’au BAC. Le projet, développé depuis quelques années, a été initié par Madame Wiart, enseignante au sein de l’établissement. Suite au départ de celle-ci, le Proviseur de l’établissement, Monsieur Duranel, a proposé à Madame Dumas, intéressée par le projet, de le poursuivre.

Pourquoi ce projet est-il développé, à qui s’adresse-t-il et en quoi consiste-t-il ? Le projet s’adresse aux élèves s’orientant vers un CAP « Commerce » et « Cuisine », soit 6 classes. Ils se préparent à exercer des métiers où le contact avec le client est primordial. Cela implique une nécessaire réflexion sur l’image que l’on a de soi et que l’on renvoie au client. Il est donc important qu’ils sachent se mettre en valeur et, pour cela, qu’ils soient conscients de leurs compétences. Les professionnels de l’établissement constatent que la plupart de ces élèves n’ont pas une image positive d’eux. « Ils sont repliés sur eux-mêmes, n’osent pas prendre la parole. J’enseigne la communication et donc je travaille beaucoup sur la prise de parole. Je mets en place beaucoup d’exercices que je leur demande de faire à l’oral et je constate qu’ils sont en difficulté avec ça… Dans leur attitude, on le voit aussi, ils ne sont pas à l’aise. Ils ont des difficultés avec leur reflet, leur image ».

A travers le projet, la volonté est de re-donner confiance aux élèves, les valoriser et leur permettre de s’accepter tels qu’ils sont. Afin de répondre à ces enjeux, le projet est composé de plusieurs modalités d’intervention, faisant appel à des compétences professionnelles spécifiques et complémentaires.

Au cours de l’année scolaire 2014/2015, 4 professionnels sont intervenus au sein du projet : un psychologue a travaillé avec les élèves sur la

connaissance de soi, la perception qu’ils ont d’eux-mêmes, ainsi que sur l’identification, l’expression/la gestion des émotions et du stress,

un diététicien a permis aux élèves de se questionner et réfléchir sur les notions d’équilibre alimentaire,

un socio-esthéticien a travaillé sur l’image de soi, un comédien a accompagné les élèves dans la prise

de parole en public, l’élocution, la gestion de l’espace, le paralangage, la tenue et gestuelle du corps. Les interventions couplent théorie et pratique.

Madame Dumas insiste sur l’importance d’accompagner les apports de connaissances par leur

mise en pratique au sein des ateliers : « Il faut tenir compte du fait que les élèves apprennent aussi par la manipulation, le fait « d’exercer » et manipuler favorise la compréhension ».

Evaluation et effets du projet ? Madame Dumas a souhaité privilégier une évaluation continue : pour chaque intervention, les élèves étaient questionnés sur leur ressenti et vécu, les aspects qui leur avaient plu ou déplu, ce qu’ils avaient retenu, ce qu’il fallait modifier si besoin. Par ailleurs, un questionnaire d’évaluation en fin d’action a permis de compléter cette évaluation « à chaud ». Les élèves ont apprécié les interventions. Madame Dumas souligne l’importance, pour les élèves, d’avoir été au cœur des activités. « Ils ont apprécié car ils étaient au centre de l’activité ».

S’agissant de chaque activité, les élèves auraient souhaité disposer d’autres d’interventions avec le psychologue. Avec l’intervention de la socio esthéticienne, ils ont pu aborder les questions relatives à l’image de soi, sur le plan « physique», par exemple l’entretien de la peau : « La socio esthéticienne a travaillé avec des produits de base, pas chers, que l’on trouve à la maison et que l’on peut facilement utiliser. Pas mal d’élèves m’ont dit : « Madame, j’ai suivi les conseils, je le fais à la maison ». C’est appréciable car je me rends compte que ça les a touchés, qu’ils ont compris pourquoi on leur a proposé ces interventions, et qu’ils ont pu les reproduire à la maison, avec des membres de leur famille ». Les ateliers ont également permis à certains élèves, grâce à la présence du psychologue, de faire émerger des situations antérieures vécues. Ils ont alors interpelé en aparté Madame Dumas, pour exprimer ce vécu, un suivi a été mis en place.

Les élèves ont mesuré la plus-value du projet et son utilité dans une future pratique professionnelle : dans le commerce par exemple, il est important d’avoir conscience, face à un client, de l’attitude que l’on adopte, de la manière dont on va se positionner par rapport au client… Pour permettre cela, il est nécessaire, lors de la formation, de travailler certaines compétences, les identifier voire les développer (savoir prendre de l’assurance, savoir bien présenter, pour représenter l’image de marque du magasin, savoir s’adresser au client, prendre de parole, avoir conscience du paralangage…). « On a pu percevoir une progression pour certains élèves qui, au départ, étaient réservés et timides, on a pu observer une progression au niveau de l’attitude, de la prise de parole. Ils l’ont eux-mêmes exprimé également ».

Dans l’éventualité d’une prochaine mise en œuvre du projet, s’il fallait faire des choix quant aux types d’interventions à maintenir, il faudrait questionner la mise en œuvre de certaines activités, notamment celle portant sur le thème de l’équilibre alimentaire. L’évaluation montre que certains élèves n’ont pas

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compris l’objectif de la venue de la diététicienne. Il faudrait de fait réfléchir aux attentes des élèves sur cet aspect et la manière d’amener cette thématique. Dans le cadre du projet, les différentes interventions proposent des apports théoriques, permettant aux élèves de développer ou renforcer leurs connaissances sur les sujets abordés. Afin que celles-ci prennent sens et se concrétisent, ces connaissances sont travaillées par le biais de mises en situation. Cependant, la manière de coupler ces apports théoriques et leur mise en pratique pourrait être révisée : « aborder les notions théoriques dans un premier temps puis les aspects pratiques dans un second temps n’est pas forcément la meilleure démarche, certains élèves ont trouvé que la théorie, « c’était trop long » ». S’il fallait ajouter d’autres interventions au projet, le lien entre les volets équilibre alimentaire et activité physique pourrait être intéressant.

Comment et pourquoi les jeunes ont participé aux projets ? Madame Dumas précise que la mobilisation et l’implication des jeunes dans le projet a été effective parce que « ça leur parlait, pour une fois, on a eu l’occasion de les écouter et d’entendre leur point de vue. Le fait d’être centré sur les élèves, la volonté de les mettre en valeur, pour leur donner les moyens de réussir et contribuer à leur épanouissement. Ce type de projet apporte un « plus » aux élèves, dans l’idée de les valoriser, parce qu’ils en ont besoin ».

Le projet a été écrit à partir des besoins observés par les professionnels de l’établissement scolaire. En début d’année scolaire, Madame Dumas a rencontré les élèves des classes concernées afin de leur présenter le projet. L’accent a été mis sur les motivations à sa mise en place, les objectifs et enjeux, les perspectives d’actions et interventions possibles. Elle a également privilégié l’expression des élèves sur ces propositions. « Je leur ai demandé ce qu’ils en pensaient, si ça les intéressait, si la manière dont nous avions envisagé les interventions leur convenait, s’ils pensaient que ça pouvait leur apporter quelque chose, s’ils avaient envie de participer ». Les élèves ont apprécié le fait d’être associés à cette réflexion. Ils ont également formulé l’envie de vivre ces activités. Madame Dumas leur a précisé que l’approche ludique serait privilégiée, tout en indiquant qu’il ne s’agissait pas de « jeux ». A travers cette démarche, elle a donné du sens au projet, explicité le but, les compétences que les élèves allaient pouvoir développer grâce au projet et son utilité dans leur parcours de formation.

Suite à ces échanges, Madame Dumas a contacté les intervenants afin de planifier les activités. Elle a constaté que les élèves se sont investis dans les

interventions sans aucune difficulté, aucun problème de discipline n’a été observé. Le fait d’avoir expliqué le processus de mise en œuvre du projet, le cadre de financement, les objectifs et la complémentarité des interventions a permis aux élèves de mesurer l’intérêt de chaque intervention.

La posture du professionnel dans le projet A travers le récit de Madame Dumas, franchise et confiance entre celle-ci et les élèves ont été le fil conducteur du projet. Cette attitude a favorisé la relation avec les élèves tout au long du projet.

Madame Dumas a souhaité être présente lors des interventions, notamment pour observer le déroulement des séances et s’assurer de la cohérence entre les objectifs fixés et travaillés lors des interventions. Au-delà de ces attendus, elle met en avant la volonté d’accompagner et d’impliquer les élèves dans le projet. « Si je souhaite que les élèves soient concernés par le projet, il faut que je leur montre que moi aussi je suis concernée. Le fait que je sois là, ça rassure les élèves, et le fait que je fasse aussi certains exercices, « j’ai joué » le jeu, ça les a mis à l’aise pour vivre les séances. Ça m’a permis de ressentir ce que les élèves pouvaient ressentir également ».

Perspectives L’établissement scolaire souhaiterait poursuivre ce projet. Il n’est pas développé durant cette année scolaire 2015/2016, mais espère que le contexte politique et financier en faveur de la santé des jeunes lycéens permettra sa mise en œuvre dans les années à venir. En savoir plus : Madame Laëtitia Dumas, Lycée des métiers Henri Senez Hénin Beaumont - 0321773577

Décembre 2015

Avec le soutien financier de