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    Regar

    dssu

    rlad

    roite

    27 fvrier 2013 - n 14

    Lettre ditepar la cellule Veille et Ripostedu Parti socialiste

    dito

    NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE L EXTRME-DROITE 1

    Pour rtablir une vrit

    Cette citation qui reprend le titre dun ouvrage posthume de Georges Pompidou, sap-pliquerait bien au type de dbat que mne la droite contre nous. Car, on cherche envain la moindre entre dans une vraie discussion. Le gouvernement sest attel desrformes structurelles importantes, dont on peut discuter les modalits, mais diffici-lement la ncessit.

    Rien ne vient comme critique contructive, de la part de lopposition. Sinon, un dni-grement systmatique comme le montre le document publi par lUMP rcemment,en forme de rquisitoire.

    Faut-il ne voir l que des effets tactiques privilgiant le court terme ? Il y a de cela.Mais, dire vrai, il faut y voir aussi les difficults majeures pour lUMP, qui saccumu-lent. La crise de leadership reste patente. Rien nest rgl entre Jean-Franois Cop etFranois Fillon, alors que lombre de Nicolas Sarkozy devient de plus en plus prsente.Cela interdit une vritable rflexion rtrospective sur les politiques publiques menespar la droite pendant dix ans, et livre lavenir une surenchre idologique pour pr-parer la primaire de 2016

    Les dsaccords marquent, ds lors, les positionnements de la droite. Et la posturemoyenne qui en rsulte, cest finalement que la droite a chou, parce quelle ntaitpas alle assez loin dans les mesures nolibrales relatives au march du travail et la rorganisation de ltat.

    partir de l, aucune discussion srieuse ne peut tre mene, ni sur la diagnostic nisur les rformes conduire. charge pour nous, de rtablir les vrits dune politiquequi cherche construire de nouveaux quilibres entre les marchs et ltat, la com-ptitivit et la solidarit, louverture au monde et la protection.

    Alain BERGOUNIOUX

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    Les mensonges de lUMP

    Dans Le Magazine de lUnion, lUMP se livre une critique comptable de laction gouverne-mentale, depuis dix mois (1). Il est toujoursintressant de voir comment la droite nous cri-tique. Cela vaut toujours la peine dy rpondrepour ne pas laisser sinstaller des affirmationserrones. De mme quil est utile danalyser untel document pour voir comment la droite veutse prsenter et se reprsenter(1) Nous prsentons ici les principales critiques, avec lesrponses quil faut y apporter.

    LUMP a rendu une copiedsastreuse, au terme dedix annes de gestion.Les dficits publics se sontcreuss, la charge annuellede la dette a dpass les

    45 milliards, la dette a dou-bl, en dix ans, pour attein-dre 90 % du PIB, en volume.

    tttt

    BUDGET, FISCALITCe quils disent Nicolas Sarkozy avait exonr de droits desuccession 95 % des Franais. La gauche rta-blit et augmente les droits de succession pourtous.

    Ce que nous faisonsLe montant de l'abattement pour le calcul desdroits de succession tait fix jusqu' l't 2007, 50 000. Il a t multipli par trois, l'occasionde l'adoption de la loi Tepa, en 2007. Il s'levait

    159 000

    , dbut 2012, puisqu'index sur l'in-flation, annuelle.

    La gauche a dcid, conformment ses enga-gements, de rduire ce montant 100 000 ,dans un double souci de justice sociale et deplus grande galit des chances.Il convient de prciser que moins de 10 % dessuccessions dpassent le seuil des 100 000 .Il s'agit donc d'une mesure, qui vise essentielle-ment une petite minorit de grosses succes-sions.Nous assumons cette rforme qui repose sur la

    justice sociale ; plus forte raison, au momento le rtablissement des comptes publics s'im-pose, aprs dix annes de laxisme et de client-lisme fiscal. Elle s'inscrit dans une dmarcheglobale, fonde sur la progressivit de l'impt,l'alignement de la fiscalit du capital sur celledu travail et la priorit au redressement produc-tif, au dtriment de la rente.

    tttt

    Ce quils disent Jean-Marc Ayrault ment aux Franais quandil affirme que 90 % dentre eux seront pargnspar les hausses dimpts. Cent pour cent desFranais seront affects par cette augmentationsans prcdent de 33 milliards deuros de la fis-calit, dont 9 millions de salaris avec la taxa-tion des heures supplmentaires, 16 millions defoyers avec la hausse de 23 % de limpt sur lerevenu, 7,5 millions de retraits avec une taxespciale de 0,30 %, 2,5 millions dindpendants

    avec une hausse des cotisations de 1,3 milliarddeuros

    Ce que nous faisonsLa droite UMP a rendu une copie dsastreuse,au terme de dix annes de gestion :

    doublement des niches fiscales, au profit desplus favoriss ; rduction des tranches suprieures de l'Imptsur le revenu ;

    instauration du bouclier fiscal pour les plusnantis ;

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    rduction du barme de l'Impt de solidaritsur la fortune.

    Au bout du compte, les dficits publics se sontcreuss, la charge annuelle de la dette a

    dpass les 45 milliards, la dette a doubl, endix ans, pour atteindre 90 % du PIB, en volume.Il fallait agir vite, avec un double souci : redres-ser les comptes et rtablir la justice fiscale.Le projet fiscal de la gauche, c'est la justice. Lesprincipales mesures visent ainsi, l'aligne-ment de la fiscalit du capital sur celle du tra-vail, l'instauration de la tranche 45 % surl'Impt sur le Revenu, au-dessus du seuil de150 000annuels, la rduction du volume desniches ou dpenses fiscales. Elles compren-

    nent aussi 10 milliards de baisses des d-penses publiques. Pour autant, la plus grandepartie des prlvements supplmentaires,indispensables pour rduire les dficits lguspar la droite, concerne les plus favoriss.La justice fiscale reste indissociable de l'effortde redressement productif, propos aux Fran-ais. Elle demeure aussi au cur d'un vraicontrat rpublicain, parce au cur de lacitoyennet.

    Ds le printemps 2012,la gauche a dcid de rta-blir la retraite 60 ans,

    pour les salaris ayantconnu des carrireslongues etune dure de cotisations

    correspondante. Cettemesure bnficiera 110 000 salaris, ds 2013.

    tttt

    Ce quils disent Le gouvernement annonce la cration duncrdit dimpt pour les entreprises. Son mon-tant de 20 milliards efface peine les augmen-

    tations dimpts votes depuis juin. Cest unmonstre bureaucratique difficilement applica-ble. Le dispositif est financ par une hausse dela TVA de 7 milliards. Franois Hollande

    jurait le 14 juillet : Je ne veux pas recourir

    la TVA , et Jean-Marc Ayrault ajoutait le 27 sep-tembre : Il ny aura pas de hausse de la TVA durant tout le quinquennat. Cette mesure serarejete le 16 dcembre par le Snat majoritai-rement gauche.

    Ce que nous faisonsEn vigueur depuis le 1erjanvier dernier, le Cr-dit dimpt comptitivit emploi (CICE)sadresse aux entreprises soumises limptsur le revenu ou sur les socits, sur les bn-

    fices rels. Ce crdit, dont le montant atteindraen rgime de croisire 20 Md, est gal 6 % -4 %, titre transitoire, en 2013 - de la masse sa-lariale correspondant des salaires jusqu 2,5SMIC. Il sapplique aux rmunrations versesdepuis le 1er janvier 2013.Il est utilisable par les PME, y compris cellesqui ne sont pas redevables de limpt sur lessocits. Il ne sagit pas tant dun cadeau fiscalque dun soutien au systme productif fran-ais, aux salaris et aux ouvriers, dans uncontexte particulirement difficile. Lobjectif estde mettre en uvre un pacte de confiance, enprivilgiant linvestissement plutt que la dis-tribution de dividendes. Et ce, afin de crer desemplois sur le territoire franais et de mieuxrpartir la richesse cre.

    tttt

    Ce quils disent Claude Bartolone juge "absurde" la rgle des3 % de dficit public, dfendue par FranoisHollande .

    Ce que nous faisonsRappelons tout d'abord quelques faits prcis :le dficit budgtaire dpassait 7 % du PIBen 2009 ; cette mme impasse atteignait en-core 5,2 % du PIB, fin 2O11, en raison de l'accu-mulation des "niches fiscales" et des cadeauxfiscaux consentis aux plus favoriss (rduc-tions d'impt pour les tranches suprieures de

    l'Impt sur le revenu, par exemple).En juin 2012, la charge annuelle de la dette fr-

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    lait les 50 milliards d'euros, pour un endette-ment public cumul de 1 800 milliards, soitmoiti plus que cinq ans plus tt.La droite semble donc bien mal place, pourtenter de se parer des vertus de la rigueur bud-

    gtaire et de la gestion cohrente, au terme d'unexercice de toutes les drives.La politique engage par la gauche, l't 2012,repose sur plusieurs objectifs complmentaireset cohrents, sans lesquels, il n'est pas deredressement durable :

    rduire en tendance et en trajectoire les dficitspublics pour dsendetter le pays : le laxisme fiscalde la droite a provoqu beaucoup de dgts ; inverser la courbe du chmage, pour redon-

    ner confiance, relancer la croissance et donc di-minuer les dficits ; reconqurir un potentiel industriel pour ta-blir une croissance durable : notre pays a perdu750 000 emplois industriels en 10 ans, dont 350000 les cinq dernires annes ; rhabiliter la justice sociale et fiscale, pour as-surer lan et cohsion : dfaut, l'effort nces-saire ne serait ni compris, ni accept, niintelligible, ni acceptable.

    Le gouvernement est soucieux de prserver lesinvestissements davenir et de rduire lesdpenses publiques de manire cible.

    la gauche a dcid de rta-blir la retraite 60 ans, pourles salaris ayant connu descarrires longues et unedure de cotisations corres-

    pondante. Cette mesure b-nficiera 110 000 salaris,ds 2013.

    EMPLOI, INDUSTRIE, SOCIALCe quils disent Le retour partiel la retraite 60 ans ? Unedcision irresponsable : quand on vit plus long-

    temps, il faut travailler plus longtemps. Unedcision finance par une hausse des cotisa-tions pour tous les salaris.

    Ce que nous faisonsLa rforme du gouvernement Fillon de novem-bre 2010, impose sans la moindre discussion,est un chec. Un chec social, puisque ce sontles salaris ayant engag une activit profes-sionnelle prcoce et dans des conditions sou-vent pnibles qui ont t les plus pnaliss, parle report progressif de l'ge lgal. Un checfinancier, puisque les dernires projections duConseil d'orientation des retraites (COR) laissentaugurer un dficit prvisionnel de prs de20 milliards, en 2017, alors mme que le gou-

    vernement de la droite avait invoqu le retour l'quilibre pour justifier son passage en force.Une rforme srieuse est donc nouveau indis-pensable. Elle suppose une vraie ngociationavec les partenaires sociaux, gestionnairesde la protection sociale, sur tous les sujets -financement, ge lgal, niveau des pensions,pnibilit des mtiers, dure des cotisations,harmonisation des rgimes.Cependant, il fallait agir vite pour rparer uneinjustice, dnonce juste titre, par toutes lesorganisations syndicales de salaris. C'est pour-quoi, ds le printemps 2012, la gauche a dcidde rtablir la retraite 60 ans, pour les salarisayant connu des carrires longues et unedure de cotisations correspondante. Cette me-sure bnficiera 110 000 salaris, ds 2013.Rappelons que l'cart d'esprance de vie 60 ans, dpasse les sept annes, selon les cat-gories socio-professionnelles, et les activitsprofessionnelles exerces.

    tttt

    Ce quils disent 14 juillet. Franois Hollande sen prend lafamille Peugeot. Le prsident qui voulait ras-sembler accuse la famille Peugeot de men-songe Cest le dbut dune stratgie derecherche de bouc mis-saire, pour masquer lafaiblesse du gouvernement.

    Ce que nous faisonsAprs lannonce, par le constructeur automo-bile, de fermetures d'usines et de 8 000 suppres-

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    sions de postes, le prsident de la Rpubliquea prcis que le plan de restructuration tait enl'tat inacceptable et devait tre soumis unenouvelle ngociation. Garantie apporte laBanque PSA Finance, entre au Conseil de sur-

    veillance de Louis Gallois au titre dadministra-teur indpendant, participation desconfrences tripartites pour favoriser le dia-logue social dans lentreprise Ltat est plusque jamais mobilis sur ce dossier. Au mmetitre que PSA, dont la priorit est de mettre enuvre un plan de redressement et de consoli-der son alliance avec General Motors.

    tttt

    Ce quils disent Taxation des heures supplmentaires. Lagauche sattaque aux classes moyennes et po-pulaires et dcourage le travail : prs de 9 mil-lions de salaris qui bnficiaient de cedispositif vont perdre en moyenne 500 envi-ron par an.

    Ce que nous faisonsDe 2007 2012, la droite a contribu gnrerpar sa politique, 1 million de chmeurs suppl-

    mentaires. Elle a aussi perptr l'aggravation dela prcarit salariale. telle enseigne que dbut2012, 6 millions de salaris percevaient moinsde 800 euros mensuels, en raison du dvelop-pement de l'intermittence et du temps partielsubi.Au cours de cette mme priode, l'industriefranaise a perdu 350 000 emplois. La part del'industrie est descendue moins de 13 % de larichesse annuelle produite. La dfiscalisationdes heures supplmentaires, adopte au dbut

    de la lgislature Fillon, a donc fonctionncomme une machine supprimer des emplois,sur fonds publics. Au total, elle a cot 22 mil-liards aux finances publiques, raison de4,5 milliards d'par an, sur cinq ans. Cette me-sure a conjugu aggravation du chmage etcreusement des dficits.La gauche a eu le courage, ds juillet 2012, lafaveur d'une loi de finances rectificative, de met-tre fin un dispositif, dangereux pour l'emploi,et coteux pour le contribuable. Elle a d'ailleursutilis une partie de ces nouvelles ressources,ainsi dgages, pour financer les emplois d'ave-nir, lancs l'automne dernier, et les contrats

    de gnration, ngocis par les partenaires so-ciaux unanimes.

    La rforme des 35 heures,

    promise pendant la cam-pagne lgislative de 1997,a permis de crer, ou de

    prserver, prs de 400 000emplois. Elle a accompagnune expansion conomiquede l'ordre de 3 % l'an,

    en moyenne pendant cinqans (1997-2002).

    tttt

    Ce quils disent Franois Hollande avait dclar, le 26 janvier2012 : Je maintiendrai le service minimum. Le Parisien rapporte pourtant que le ministredes Transports, sous la pression des syndicats,

    envisage de revenir sur cette loi qui empcheque lexercice du droit de grve ne prive lesFranais de la libert de circuler.

    Ce que nous faisonsLe gouvernement ne compte nullement remet-tre en cause la loi Diard sur le service mini-mum, encadrant le droit de grve dans lestransports, instaure en 2007. Et ce, mme sils'interroge sur l'ventualit de revoir certainesmodalits d'application pour amliorer le dia-

    logue social en amont. Si des dcisions doiventtre prises, elles le seront en concertation avecles entreprises, les partenaires sociaux et, bienvidemment, les usagers. Ceci nexclut nulle-ment lapplication du droit dalerte sociale, quivaut aux syndicats dexiger un audit, ds lorsque le comportement des dirigeants ne semblepas aller dans le sens de lintrt de lentreprise.

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    Ce quils disent Dans le Parisien, Jean-Marc Ayrault dclare : Pourquoi ne pas [revenir aux 39 heures payes39] ? Panique au gouvernement. Michel Sapindsavoue son Premier ministre : Non, il ne faut

    pas supprimer les 35 heures. Laurent Fabius es-quive : Il dit quil ny a pas de tabou, mais enfinil dit quil nest pas favorable cette mesure.

    Jean-Marc Ayrault rectifie le tir en urgence : Ce nest pas le point de vue du gouvernement.Il nest pas question de revenir sur les 35 heures. La cacophonie gouvernementale atteint dessommets.

    Ce que nous faisonsL'UMP a bnfici de dix annes pour porterconcrtement ce dbat et le trancher. Il n'en a rient, en dpit d'un empilement lgislatif, aussi ma-ladroit que dsordonn. Tout simplement, parceque les salaris sont massivement attachs ceprogrs social, construit avec et par la gauche, la fin des annes 1990, grce la lucidit du gou-vernement Jospin.Cette rforme, promise pendant la campagne l-gislative de 1997, a permis de crer, ou de prser-ver, prs de 400 000 emplois. Elle a accompagnune expansion conomique de l'ordre de 3 % l'an,en moyenne pendant cinq ans (1997-2002). Elle a

    gnr des dizaines de milliers de ngociationsdans les entreprises, et contribu, l'poque, une relance du dialogue social. Elle aussi favorisune meilleure conciliation entre vie familiale etvie professionnelle. Sa remise en cause, au-

    jourd'hui, se traduirait par une relle dsorgani-sation de la vie des entreprises, dont personnene veut, de nouvelles dperditions d'emplois, etune dgradation des conditions de vie.Le partage ngoci du travail n'est pas l'ennemide l'emploi. Il contredit en revanche les prjugs

    induits par le slogan "travailler plus pour gagnerplus", qui s'est finalement sold par plus de ch-mage et davantage de prcarit sociale.

    La forte progression duchmage a commenc, dsle dbut de l'anne 2008,avant mme que n'clate la

    crise financire et montairede l'automne 2008.

    Ce quils disent LInsee annonce que le nombre de chmeursprogresse de 1,5 %. Nous sommes sur un rythmemoyen dramatique de 40 000 demandeursdemploi supplmentaires chaque mois depuis

    juillet . La France compte 3,1 millions de ch-meurs.

    Ce que nous faisonsLa forte progression du chmage a commenc,ds le dbut de l'anne 2008, avant mmeque n'clate la crise financire et montaire del'automne 2008. Cette envole s'est poursuivie,tout au long du quinquennat de Nicolas Sarkozy,pour atteindre, toutes catgories confondues,4,6 millions d'hommes et de femmes. Rsultat :1 050 000 chmeurs de plus, entre la fin 2007 et

    juin 2012, et, simultanment, un rel dcrochageindustriel, marqu par la perte de 350 000 postesen cinq ans, et le dclin de nombreuses filires.L'inversion de la courbe du chmage et l'ambi-tion d'un redressement productif traduisent unedouble priorit de la gauche, aprs des annesd'inertie ; plusieurs dcisions fortes ont ainsi tprises en moins de huit mois, au service de l'ob-

    jectif de l'emploi :

    lancement des emplois d'avenir, pour faire re-

    culer le chmage des jeunes ; conclusion des contrats de gnration, l'issued'un accord engageant tous les partenaires so-ciaux ; augmentation du nombre d'emplois aids etdes moyens de Ple Emploi ; traduction lgislative d'un accord majoritaireentre partenaires sociaux, propos de la scurisa-tion de l'emploi et des parcours professionnels ; instauration d'un pacte de comptitivit, com-prenant 35 mesures ;

    cration de la Banque publique d'Investisse-ment (BPI) destination premire des PME-PMI ; priorit absolue l'ducation et la formation.

    tttt

    NERGIE

    Ce quils disent Franois Hollande ferme la centrale nuclairede Fessenheim. La gauche porte un premier coup

    lindustrie nuclaire franaise et notre ind-pendance nergtique.

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    Ce que nous faisonsAvec une part de prs de 80 % d'nergie lectrique,d'origine nuclaire, la France est uneexception europenne et une anomalie mondiale.Il s'agit de corriger cette anomalie, en proposantde rduire de prs de 80 % 50 %, la proportionde l'nergie nuclaire dans la production d'lectri-cit, d'ici 2025. Il n'est pas question d'abandon-ner l'nergie nuclaire, mais simplement de laremettre sa place, tout en impulsant les effortsncessaires, en matire de scurit nuclaire et detraitement des dchets.Le choix prconis est simple : diversifier nossources d'nergie, en sortant progressivementd'une double dpendance, au tout nuclaire pour l'lectricit, et au tout ptrole pour ce quirelve des autres nergies consommes.

    Ce choix plus raisonnable qu'audacieux, appelleune logique de diversification nergtique etd'conomies d'nergie, au cur de la transitioncologique, que nous appelons de nos vux.C'est un choix de croissance durable, respec-tueuse des quilibres naturels, et de l'avenir desgnrations futures.

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    GOUVERNEMENTCe quils disentLUMP dnonce limposture de la rduction dessalaires des ministres.

    Ce que nous faisonsLe 17 mai 2012, la baisse du salaire des ministresest adopte par dcret. Le 20 juillet, lAssemblenationale vote la baisse de la rmunration duprsident et du Premier ministre. La rtribution duChef de ltat slve dsormais 14 910 brutspour 12 696 euros nets - 21 300 bruts et 18 276 nets sous le quinquennat prcdent. Prcisonsque la mesure a un effet rtroactif, compter dudbut de leurs mandats respectifs. Aprs la cen-sure prononce par le Conseil constitutionnel, undcret est publi auJournal Officiel, le 24 aot. Pro-messe tenue ! Rappelon quau dbut du prcdentquinquennat, lancien chef de ltat navait pas h-sit majorer son traitement de 172 %.

    Ce quils disent Le Parisien rvle que Franois Hollande com-

    mande des enqutes dopinion depuis llyse.Le 15 avril, il avait dclar : Llyse ne comman-dera plus de sondages.

    Ce que nous faisonsLe chef de ltat sest montr parfaitement clair surce point : la dotation budgtaire de lElyse, pour2013, diminuera de 5 %. En outre, le prsident s'estfix pour objectif de ramener les dpenses de l'ly-se moins de 100 millions d'euros d'ici la fin deson quinquennat, contre 110 millions, en 2012,et 105,3 millions, en 2013. Tous les postes de d-penses sont concerns. Il sagit l dun effort sansprcdent. Fort de ce constat, il ny aura plus desondages commands la discrtion de lElyse.Rappelons quils avaient cot plus de 3,3 mil-lions dlors du prcdent quinquennat.

    Le retrait d'Afghanistan faitpartie des engagements prispendant la campagne prsi-dentielle. Il s'inscrit, d'ailleurs,dans une logique globale deretraits annoncs, de la plu-

    part des contingents, plus deonze ans aprs les attentatsdu 11 septembre 2001.

    tttt

    INTERNATIONAL

    Ce quils disent Retrait prcipit dAfghanistan : la France perden crdibilit internationale. Au mpris de nos en-gagements internationaux, Franois Hollande an-nonce un retrait prcipit de nos troupescombattantes dAfghanistan.

    Ce que nous faisonsLe retrait d'Afghanistan fait partie des engage-ments pris pendant la campagne prsidentielle.Il s'inscrit, d'ailleurs, dans une logique globale deretraits annoncs, de la plupart des contingents,

    plus de onze ans aprs les attentats du 11 septem-bre 2001. Chacun sait que l'heure est une solu-

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    tion politique en lien avec la communaut interna-tionale et les pays de la rgion.La France a su prendre ses responsabilits, auSahel, et particulirement au Mali. C'est la scurit

    de toute la rgion et dans une certaine mesure del'Europe du Sud, qui tait en jeu. L'intervention fran-aise, dans le respect des rsolutions de l'ONU, et enaccord avec l'ensemble des pays Africainsa t la fois, opportune, rapide et dcisive.Elle permet notre pays, qui a su prendre sesresponsabilits, avec dtermination et sans arro-gance, d'tre unanimement reconnu par la commu-naut internationale. Cette initiative a t justementconduite, au nom de principes simples : intgrit duMali, libert du peuple Malien, respect des droits del'homme. Elle n'a qu'un objectif : rendre sa souverai-net l'ensemble du Mali.

    Lors du sommet europende juin 2012, Franois Hol-lande a repris l'initiative, en

    particulier travers les rela-tions franco-allemandes.

    Il tait temps, aprs nombrede sommets de la dernirechance qui avaient toujoursvu Nicolas Sarkozy s'inclinerdevant le gouvernementconservateur d'Outre-Rhin.

    Ce quils disent Le 17 mars 2012, Franois Hollande dclarait : Ce trait est un risque. Et la proposition n 11 deson programme tait : Je rengocierai le trait eu-ropen. Franois Hollande a pourtant suppli samajorit dadopter ce trait qui tait mot pour motcelui que Nicolas Sarkozy avait ngoci. Vingt-neufdputs socialistes, 12 dputs verts et 13 dputscommunistes dnoncent cette trahison de FranoisHollande, en refusant de voter pour ce trait.

    Ce que nous faisonsLors du sommet europen de juin 2012, Franois

    Hollande a repris l'initiative, en particulier traversles relations franco-allemandes. Il tait temps, aprsnombre de sommets de la dernire chance quiavaient toujours vu Nicolas Sarkozy s'incliner devant

    le gouvernement conservateur d'Outre-Rhin.Franois Hollande a obtenu, en quelques semaines,conformment son discours de campagne lecto-rale : le principe d'un pacte de croissance de 120 mil-liards d', en particulier pour relancer la transitioncologique ; l'adoption d'une taxe sur les transactions finan-cires internationales, dsormais admise par11 pays de la zone euro ; l'amorce d'une supervision bancaire, afin de placerla finance au service de l'conomie relle ; le changement d'attitude de la BCE vis--vis desdettes souveraines des tats en difficult.

    Ce volontarisme a permis de dpasser l'essentiel dela crise montaire, entame fin 2008, et qui a connusa phase la plus critique l'automne 2011. Il romptainsi avec la passivit de la fin du quinquennat deNicolas Sarkozy. Dans ce contexte, l'adoption d'untrait budgtaire visant rduire en tendance, lesdficits publics pour mieux assurer l'indispensabledsendettement, prenait une autre signification.

    D'autant que simultanment, notre pays mettait enplace, pour son propre compte, la Banque publiqued'investissement (BPI), s'engageait dans la voied'une rforme bancaire destine protger les par-gnants des consquences des initiatives spcula-tives, et largissait le champ de l'pargnerglemente.

    tttt

    JUSTICE, INSCURITCe quils disent Christiane Taubira affirme quil faut sortir du fan-tasme selon lequel les centres ducatifs fermsconstituent la solution en matire dedlinquance juvnile. Dans son engagement n 52,Franois Hollande stait pourtant engag en dou-bler le nombre.

    Ce que nous faisonsAu-del des mots, les chiffres. Aprs dix annes degestion par la droite, le nombre de dtenus slve

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    76 074 personnes, pour une capacit carcralelimite 57 048 places. Depuis vingt ans, de nom-breux rapports ont fait le constat dune situationextrmement dgrade. Ce qui vaut ltat fran-

    ais dtre rgulirement condamn pour lesconditions de dtention indignes, dans lindiff-rence gnrale. Qua donc fait la droite, depuis2002 ?Ajoutons que la ministre de la Justice a affirm, plusieurs reprises, son intention de respecter l'en-gagement prsidentiel de doubler le nombre deCEF pour mineurs dlinquants. Louverture dequatre centres est dailleurs prvue ds cetteanne. Christiane Taubira a soulign, par ailleurs,sa volont de maintenir la diversit de l'offre deplacement des jeunes, notamment en milieu ou-vert. Avec des rsultats tels quon atteint, daprsla ministre, 80 % de non-rcidives par le biais decette prise en charge.

    tttt

    Ce quils disent Somm de sexpliquer sur laugmentation proc-cupante de linscurit en France en octobre(+ 8 % pour les crimes et dlits), Manuel Valls perd

    ses nerfs et accuse les dputs UMP dtre la causedu retour du terrorisme . Un drapage inaccep-table condamn du bout des lvres par FranoisHollande.

    Ce que nous faisonsNicolas Sarkozy avait fait de la scurit laxe fort desa politique, au prix dune manipulation des sta-tistiques et doprations mdiatiques chaque faitdivers. Son bilan se rsume une hausse des vio-lences aux personnes de 20 %, entre 2002 et 2009.Et une politique du chiffre impose aux forces delordre, au prix dune dgradation des moyens etdes conditions de travail des principaux intresss.La droite a sacrifi la scurit pour tous, avec lasuppression de 10 000 postes de policiers et gen-darmes et labandon de toute police de proximit.Depuis, le gouvernement Ayrault a cr 64 Zonesde scurit prioritaires. Paralllement, il a mis fin la RGPP impose par la droite, depuis 2007. Enfin,il a entrepris une rforme de lappareil statistiquepour le rendre totalement transparent. Loin desmanipulations gnres par la politique du chiffe

    du gouvernement Fillon. Le ministre de lIntrieursest dailleurs engag communiquer aux Fran-

    ais la ralit des chiffres. Cest un principe fonda-mental de notre dmocratie.

    Le droit de vote des rsidentstrangers extra-communau-taires, en situation rgulire,

    pour les lections locales,figure parmi les engage-ments du Parti socialisteet du candidat de la gauche,lu l'lection prsidentielledu 6 mai 2012..

    tttt

    QUESTIONS DE SOCIT

    Ce quils disent Soixante-quinze dputs PS rappellent dansLe Monde Franois Hollande sa promesse n 50de campagne dinstaurer le droit de vote destrangers. Llyse ragit : Ce qui est clair, cestque lengagement sera tenu. Le PS veut rempla-cer le vote populaire par un vote communautairepour conserver le pouvoir, au dtriment de laconception rpublicaine qui lie nationalit et droitde vote.

    Ce que nous faisonsLe droit de vote des rsidents trangers extra-communautaires, en situation rgulire, pour les

    lections locales, figure parmi les engagementsdu Parti socialiste et du candidat de la gauche, lu l'lection prsidentielle du 6 mai 2012.. Cet enga-gement rassemble d'ailleurs la quasi-totalit desformations de la gauche. Il n'est que le prolonge-ment d'un dispositif en vigueur pour tous lesrsidents trangers, membres de l'Union euro-penne, depuis plus de dix ans. Les rsidentstrangers communautaires votent, en effet, rgu-lirement aux lections locales : cette pratique faitconsensus dans notre pays.

    L'extension de ce droit aux rsidents tunisiens,algriens, maliens ou marocains, c'est--dire

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    des femmes et des hommes, en gnral de cul-ture francophone, travaillant et ayant fond unfamille en France, est conforme nos traditionsd'ouverture et d'intgration. C'tait d'ailleurs en-

    core l'avis formul par Nicolas Sarkozy, en 2008,alors qu'il tait chef de l'tat.Cette avance dmocratique constitue l'un desmoyens les plus srs de conjurer le risque"communautariste". Elle reprsente un acte derespect, d'association et de reconnaissance depopulations dont, pour la plupart, les grands-parents et les arrire-grands-parents ont com-battu pour la France, lors des deux derniersconflits mondiaux.

    L'accs la nationalit a tentrav sans la moindreconcertation, entre 2007 et

    2012. Il ne saurait tre bradou rserv une lite. C'estle moteur du sentimentd'appartenance la nation

    franaise.Ce quils disent Manuel Valls brade la nationalit franaise.Il supprime des critres objectifs de naturalisa-tion, comme la connaissance de notre cultureou le fait doccuper un emploi en CDI. La gaucheremet en cause lessence de lintgration rpu-blicaine qui permet, au terme dun parcoursexigeant, de devenir franais.

    Ce que nous faisonsLe ministre de lIntrieur a publi, le 18 octobredernier, une circulaire visant ouvrir plus lar-gement l'accs la nationalit franaise. Ce, afinde revenir sur la trs forte diminution du nom-bre de naturalisations - de 30 45 % -, depuis2010. L'accs la nationalit a t entrav sansla moindre concertation, entre 2007 et 2012. Ilne saurait tre brad ou rserv une lite. C'estle moteur du sentiment d'appartenance la na-tion franaise.

    Au terme de ladite circulaire, il est demandaux prfets de ne plus considrer labsence de

    CDI comme un critre de refus, de prendre encompte le potentiel des jeunes diplms et deprsumer l'assimilation des jeunes ayant effec-tu une grande partie de leur scolarit en

    France. (Nb : labsence de CDI motivait, sous leprcdent quinquennat, jusqu 40 % de rejetde demande de naturalisation).Une seconde circulaire prcise les modalits dela Charte des droits et devoirs du citoyen fran-ais, signe par les demandeurs. Si ladhsionaux valeurs de la Rpublique - libert, galit,fraternit, mais aussi lacit et solidarit - et lamatrise du franais (niveau 3me) sont indispen-sables, lusage des QCM, entr en vigueur et ja-mais appliqu, est en revanche abandonn.

    tttt

    SANT

    Ce quils disent Le PS rend gratuite lAide mdicale dtat(AME) pour les clandestins. Les dputs PS sup-priment la franchise de 30pour bnficier delAME. Les clandestins profitent ainsi de soins

    100 % gratuits la diffrence dune crasantemajorit de Franais.

    Ce que nous faisonsLa franchise de 30impose aux bnficiairesde lAME a t supprime ds juillet 2012, per-mettant ainsi aux plus prcaires de jouir dunecouverture sant minimale. Il sagit dune me-sure dhumanit, mais aussi de sant publique.Prcisons, par ailleurs, que les trangers en si-tuation irrgulire prsents en France pourront

    obtenir un titre de sjour sur la base de critreslis leur situation professionnelle, la dure deprsence et leurs attaches familiales, notam-ment la scolarisation des enfants.

    tttt

    Ce quils disent Le gouvernement ouvre la porte des sallesde shoot . Marisol Touraine se dclare favora-

    ble des salles dinjection de drogue payes etgres par ltat.

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    Ce que nous faisonsLes salles de consommation moindre risque ontun intrt rel pour les toxicomanes. Si la qualit dusuivi devait tre avre, elle soulve aussi dautres

    difficults qui doivent tre analyses avec soin . Dece point de vue, le gouvernement est convaincu dela ncessit de poursuivre lanalyse. Le sujet estdonc ltude, en raison de sa complexit. Une mis-sion a t confie, en ce sens, la prsidente de laMission interministrielle de lutte contre la drogueet la toxicomanie. Loin de lexploitation politicienneet primaire laquelle lUMP se livre sur le sujet.

    tttt

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    DCRYPTAGE & DBATS

    Plutt que de dclin, mieux vaut voquer laradicalisation de la lutte des classes

    Rmi Lefebvre est est professeur deScience politique lUniversit Lille-2 et chercheur auCERAPS (Centre dtudes et de recherches adminis-tratives, politiques et sociales ; UMR 8026 CNRS).Ses recherches portent sur le pouvoir local, les partispolitiques et les campagnes lectorales. Il a publi,rcemment, Leons dintroduction la Science poli-tique, Ellipses, 2010, et Les Primaires socialistes, la findu parti militant, Raisons dAgir, 2011.

    Fait-il bon dtre ouvrier dans la socit franaisedaujourdhui ?Cette identit sociale est peu revendique par lesmilieux populaires. Nous sommes confronts, au-

    jourdhui, une stabilisation du nombre dou-vriers dans la socit franaise qui reprsententquelque 6 millions de salaris, soit un quart de lapopulation active. Sil ny a pas lieu de parler de d-

    clin du milieu ouvrier, proprement parler, il existebien, en revanche, un affaiblissement du senti-ment dappartenance cette classe.Le monde ouvrier est la fois important, pour peuquon y agrge les employs - plus de 50 % dessalaris -, et difficile identifier, parce quhtro-gne. Cest pourquoi il est difficile dvoquer unvote ouvrier. Mieux vaut se rfrer au vote des ou-vriers. Derrire ce label transparaissent des cat-gories sociales diffrentes o coexistent descultures politiques et professionnelles composites.

    Lclatement des milieux populaires constitue unerelle difficult pour la gauche qui se retrouveconfronte un problme dhomognit de sondiscours pour tenter de rapprocher et dunifier cesgroupes.Oui. Et ce, dautant plus quil y a une rticence,dans ces milieux, lide de sidentifier au label ouvrier . Il appartient donc la gauche et au

    Parti socialiste de redonner une fiert et une iden-tit ces groupes, en (re)conceptualisant la socitet en cultivant lide dune conscience de classe.Plutt que de dclin, mieux vaut voquer laradicalisation de la lutte des classes. charge,pour notre famille politique, de transmettre auxmilieux populaires cette consistance quils ont per-due.

    lre de lindividualisme et du dclassement, lanotion de classe sociale a-t-elle toujours prise ?Elle existe objectivement, dans la mesure o la

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    classe sociale, comme fait sociologique, la com-munaut de destin et le sentiment dingalitnont pas disparu. Le Parti socialiste a, de ce pointde vue, un discours trs consensuel, se refusant

    toute ide de clivage socital. Or, notre socit estdiffrencie, socialement. Cest toute la difficult.

    Les couches populaires se sont loignes peu peu des centres-villes, pour sinstaller dans leszones priurbaines. Comment est-il possible, pourla gauche, de reconqurir ces populations quiconstituent, lvidence, le cur de cible du Frontnational ?Nombreux sont ceux qui font rfrence unenouvelle gographie lectorale rvle, voiremme amplifie par la dernire lection prsiden-tielle. Nous sommes bien confronts une prol-tarisation du monde priurbain, lie, enparticulier, laugmentation du prix de limmobi-lier, mais aussi aux difficults daccs des milieuxpopulaires la proprit. Il convient, de ce pointde vue, de distinguer le priurbain subi dupriurbain accept . Certaines catgories de po-pulation nont ainsi pas dautre alternative que desloigner des centres-villes, au prix de multiplesdsagrments : allongement du temps de trans-port, hausse de la consommation dessence, ab-

    sence de services publics Ces populations sontdotes dune culture politique plus faible que lesautres catgories sociales, du fait de labsence fr-quente dencadrement militant.Le priurbain accept rsulte, pour sa part,dun refus de la mixit sociale et dune volontdembourgeoisement des classes populaires quifuient les quartiers sensibles, au profit de strat-gies rsidentielles. Il existe, naturellement, une lec-ture politique de ce phnomne que le gographeMichel Bussi rsume parfaitement : on nest pas

    de droite parce quon est priurbain, on est priur-bain parce quon est de droite.

    Le rapport la mixit ne tient-il pas, pour lessen-tiel, aux comportements sociaux ?Oui. Quand on est de gauche et diplm, on semontre souvent plus sensible au principe demixit sociale. Les couples issus des classesmoyennes se disent prts, ainsi, sinstaller dansdes quartiers populaires, tout en accdant laproprit ou en rnovant leur habitat. Ce compor-

    tement ouvert sur laltrit et la diff

    rence se re-

    trouve moins chez les populations classes droite, plus portes vers lentre-soi. Les stratgiesrsidentielles sont donc dictes par des systmesde valeur. Il y a clairement une tendance au spa-

    ratisme chez certaines catgories sociales,moyennes ou populaires, conduisant des pro-cessus de sgrgation de plus en plus importants.Au point que la variable territoriale savre dter-minante dans la signification du vote.Fort de ce constat, le Parti socialiste et ses lus doi-vent sinterroger sur la question de ltalement ter-ritorial et des politiques urbaines. Le tout, encombattant les ghettos, au profit de la mixit, dela politique de transports ou du logement. Il meparat tout aussi indispensable dentreprendre unvritable travail militant dans les zones ruralesqui souffrent dun manque criant dencadrementpolitique. Labsence de services publics et derepres culturels pse tout autant sur ces terri-toires en dshrence. Il nous faut donc les recon-qurir, cote que cote.

    La stratgie de la droitese rsume, pour lessentiel,

    monter les catgoriessociales les unes contreles autres, fragmenter le

    salariat et fustiger lassista-nat qui figure au cur de

    sa rhtorique.

    Limportant nest-il pas galement de construire unrcit qui rassemble nos concitoyens autour de va-leurs communes, en montrant quils sont lis lesuns aux autres par un sentiment de solidarit ?La stratgie de la droite se rsume, pour lessentiel, monter les catgories sociales les unes contreles autres, fragmenter le salariat et fustiger las-sistanat qui figure au cur de sa rhtorique. Ellese plait, en particulier, opposer les classesmoyennes, qui travaillent beaucoup, et les classespopulaires, qualifies dassistes. Noublions pasque Nicolas Sarkozy a bti sa campagne de 2007

    autour de cette thmatique.

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    Il appartient donc la gauche dunifier et de ras-sembler le salariat autour dintrts communs, enconfortant le principe de solidarit au sein de lasocit franaise. Paralllement, il lui faut identi-

    fier et caractriser les ingalits propres auxclasses sociales, sans pour autant renoncer undiscours dintrt gnral. Celui-l mme quiguide la justice sociale, cimente et unifie 80 % aumoins de nos concitoyens.

    Au fond, la question estde savoir si nous ne sommes

    pas pleinement intgrs

    des socits librales etautoritaires, fondes sur un

    processus dinscurit cono-mique qui gnre des crispa-tions identitaires.

    Le centre de gravit de la vie politique franaiseest-il en train de se dplacer vers la droite ?Ce sujet fait flors. Il tient la droitisation de lEu-rope et pose clairement la question de lchec dulibralisme, depuis la crise de 2008, sans pour au-tant voquer sa remise en cause, alors mme quece systme, qui promeut lindividualisme et la per-formance, atomise peu peu notre socit, en lalivrant aux discours autoritaires et populistes.Au fond, la question est de savoir si nous nesommes pas pleinement intgrs des socitslibrales et autoritaires, fondes sur un processusdinscurit conomique qui gnre des crispa-

    tions identitaires. Sans doute convient-il de nuan-cer ce propos. Il existe, en effet, des tendances ladroitisation de la socit lies au vieillissement etau caractre anxiogne de la mondialisation,mais je ne crois pas, contrairement un certainnombre de mes confrres, la pertinence duconcept dinscurit culturelle. Il est mme dan-gereux politiquement, puisquil revient opposerdes aspects sociaux et socitaux.

    Llvation du niveau de diplme et de qualifica-tion nen constitue pas moins une des variables

    les plus prdictives du vote gauche.Oui. charge, pour le PS, de se montrer plus offen-sif sur le terrain culturel. Loffre fait la demande. Etlorsque la gauche est timore, lopinion publique

    se radicalise. La squence sur le mariage pourtous en est la parfaite illustration. Le PS a assumson positionnement sans complexe, en se mon-trant affirmatif sur ses fondamentaux. Lopinion asuivi. Le discours sur la droitisation ne sauraitdonc justifier une stratgie de recentrage. Ni servirde prtexte un glissement politique de lagauche.

    Nassiste-t-on pas, paralllement, une radica-lisation de la droite rpublicaine ?Oui. Marine Le Pen voque dailleurs aujourdhuiclairement des alliances lectorales avec unedroite en mal dlus. Il ny aura certes pas daccordnational, mais elle cherche attirer les leaders lo-caux de lUMP, dans une stratgie de rapproche-ment. Les prochaines lections intermdiairesconstitueront, de ce point de vue, un vritablelaboratoire de la fusion des lectorats de droite etdextrme-droite, dj effective dans le sud-est,lors des lections lgislatives de juin dernier.Le risque dune coagulation entre ces deux fa-milles politiques est donc bien rel, mme sil

    existe une poche de rsistance au sein de lUMPet de lUDI, autour des centristes et des librauxqui partagent des valeurs rpublicaines. En ci-blant loption frontiste, il ne fait en effet gurede doute que lUMP salinera les voix du centre.Ses dirigeants mesurent parfaitement les cons-quences dune telle stratgie, qui pourraitconduire une partie de llectorat modr setourner vers la gauche, comme ce fut le cas,rcemment, avec le Modem.

    La motion La Droite forte , mouvement lancpar plusieurs jeunes sarkozystes qui soutenaientJean-Franois Cop pour la prsidence de l'UMP,est pourtant arrive largement en tte (28 %) duvote des adhrents de lUMP, le 18 novembre der-nier, justifiant ainsi une volont de droitisationdune partie de lappareil.Ce qui dmontre bien que la tentation existe. Cettemotion nest toutefois pas majoritaire au sein delUMP. Et lon voit bien que des gens commeNathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire ou

    Xavier Bertrand, dont le discours est parfois trs

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    ancr droite, se montrent plutt rservs surcette dmarche. Le dbat na pas encore t tran-ch. Mais, le risque dun effet dentranement dansle cadre des lections municipales de 2014 est

    bien rel. Et, ne doutons pas que les discours vi-sant favoriser des convergences entre droite etextrme-droite pourrait alors produire ses effets.