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Regards sur la droite 21 janvier 2014 - n° 32 Lettre éditée par la cellule Veille et Riposte du Parti socialiste Édito NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE LʼEXTRÊME-DROITE 1 Responsabilités Le Pacte de responsabilité, proposé par le Président de la République, ne concerne pas que les entreprises. Il place toutes les forces politiques et sociales devant leurs propres responsa- bilités. Il est temps, en effet, grandement temps, d’arrêter la spirale de l’affaiblissement éco- nomique du pays qui rend difficile d’inverser les deux courbes du chômage et de l’endettement. Nous avons besoin de privilégier l’investissement public et privé. Pour faire réussir les dispositions prises, il faut que chacun aille dans le même sens, non pas simplement par « amour » de l’intérêt général, mais, tout simplement, pour protéger ses intérêts. C’est le sens de la notion de compromis, qui implique de prendre en compte les intérêts des uns et des autres et d’arriver à de nouveaux équilibres. Personne, aucun parti, aucun syndicat, aucun mouvement n’est appelé à se renier, chacun garde ses convictions et promeut sa vision de l’avenir de la France. Les hésitations et les contradictions de la droite, dans ses réactions, sont révélatrices de son état. Pris à contre-pied dans sa politique de radicalisation, Jean-François Copé oppose un refus frontal, reprenant toutes les antiennes traditionnelles contre les socialistes. Il a même, avant la conférence de presse du Président, exhorté le MEDEF à durcir ses positions et à ne rien céder ! Mais, à côté et derrière lui, il y a tout le clan sarkozyste. Nous avions, il y a peu, dans cette lettre, indiqué que Nicolas Sarkozy préparait son retour dans la posture gaullienne du ras- semblement. D’où, dans les nouvelles conditions, la déception, et la tentation de jouer une sorte de politique du pire, au risque de se cantonner dans une opposition caricaturale et stérile. Plus finement, une partie des leaders de l’UMP et de l’UDI, disent prendre en considération ce qui est avancé. Ils expriment, évidemment, des doutes et des critiques, mais définissent une position d’attente pour ne pas laisser toute latitude à Nicolas Sarkozy. En effet, les intérêts de François Fillon et de Jean-Louis Borloo, sans compter ceux de Bruno Lemaire et de Xavier Ber- trand, ne sont pas ceux de Nicolas Sarkozy. Et ceci explique en partie cela, comme le montre la bataille sur la tenue ou non de la primaire de l’UMP où s’esquisse un « front anti-sarkozy ». Dans le détail, il y a tout un dégradé de positions, dont l’analyse serait fastidieuse et un peu inutile. Car le jeu va évoluer dans les semaines à venir. Ce qui peut être, pour l’heure, souligné est que la droite n’a pas plus de cohérence qu’hier. Elle prouve qu’elle n’a toujours pas de projet défini, car la compétition pour le leadership s’aiguise et les différences tactiques l’emportent sur tout le reste. À nous, donc, de tenir le cap et de gagner la bataille de l’opinion, dans l’intérêt du pays. Alain BERGOUNIOUX

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21 janvier 2014 - n° 32

Lettre éditéepar la cellule Veille et Ripostedu Parti socialiste

Édito

NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE LʼEXTRÊME-DROITE 1

Responsabilités

Le Pacte de responsabilité, proposé par le Président de la République, ne concerne pas queles entreprises. Il place toutes les forces politiques et sociales devant leurs propres responsa-bilités. Il est temps, en effet, grandement temps, d’arrêter la spirale de l’affaiblissement éco-nomique du pays qui rend difficile d’inverser les deux courbes du chômage et del’endettement. Nous avons besoin de privilégier l’investissement public et privé. Pour faireréussir les dispositions prises, il faut que chacun aille dans le même sens, non pas simplementpar « amour » de l’intérêt général, mais, tout simplement, pour protéger ses intérêts. C’est lesens de la notion de compromis, qui implique de prendre en compte les intérêts des uns etdes autres et d’arriver à de nouveaux équilibres. Personne, aucun parti, aucun syndicat, aucunmouvement n’est appelé à se renier, chacun garde ses convictions et promeut sa vision del’avenir de la France.

Les hésitations et les contradictions de la droite, dans ses réactions, sont révélatrices de sonétat. Pris à contre-pied dans sa politique de radicalisation, Jean-François Copé oppose un refusfrontal, reprenant toutes les antiennes traditionnelles contre les socialistes. Il a même, avantla conférence de presse du Président, exhorté le MEDEF à durcir ses positions et à ne rien céder! Mais, à côté et derrière lui, il y a tout le clan sarkozyste. Nous avions, il y a peu, dans cettelettre, indiqué que Nicolas Sarkozy préparait son retour dans la posture gaullienne du ras-semblement. D’où, dans les nouvelles conditions, la déception, et la tentation de jouer unesorte de politique du pire, au risque de se cantonner dans une opposition caricaturale et stérile.Plus finement, une partie des leaders de l’UMP et de l’UDI, disent prendre en considération cequi est avancé. Ils expriment, évidemment, des doutes et des critiques, mais définissent uneposition d’attente pour ne pas laisser toute latitude à Nicolas Sarkozy. En effet, les intérêts deFrançois Fillon et de Jean-Louis Borloo, sans compter ceux de Bruno Lemaire et de Xavier Ber-trand, ne sont pas ceux de Nicolas Sarkozy. Et ceci explique en partie cela, comme le montrela bataille sur la tenue ou non de la primaire de l’UMP où s’esquisse un « front anti-sarkozy ».

Dans le détail, il y a tout un dégradé de positions, dont l’analyse serait fastidieuse et un peuinutile. Car le jeu va évoluer dans les semaines à venir. Ce qui peut être, pour l’heure, soulignéest que la droite n’a pas plus de cohérence qu’hier. Elle prouve qu’elle n’a toujours pas de projetdéfini, car la compétition pour le leadership s’aiguise et les différences tactiques l’emportentsur tout le reste. À nous, donc, de tenir le cap et de gagner la bataille de l’opinion, dans l’intérêtdu pays.

Alain BERGOUNIOUX

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La droite en ordre disperséLes annonces formulées par François Hollande, le 14janvier, dans la logique du contenu de ses vœux auxFrançais du 31 décembre portent une démarched'approfondissement de l'effort d'investissementproductif et de musculation de l'économie. Cette po-litique confirme celle engagée dès novembre 2012,avec la mise en place du CICE. Elle privilégie le travailcontre la rente, l'investissement contre la spécula-tion. Elle s'inscrit dans l'esprit du projet socialiste,adopté en mai 2011, et des 60 engagements de lacampagne présidentielle qui insistaient, au premierchef, sur la priorité nécessaire au redressement pro-ductif, à la création de richesses.

De 2002 à 2012, notre pays aperdu 750 000 emplois indus-triels, enregistré 1,1 millions dechômeurs supplémentaires etsacrifié des filières stratégiques.

Le choix du redressement productif. Il y a doncprolongement des choix énoncés dès la campagneprésidentielle. Désormais, la politique suivie s'appuiesur tous les leviers utiles à une reconquête de la sou-veraineté du pays qui passe par une économie forteet une industrie puissante.L'avènement du CICE, l'instauration de la Banque pu-blique d'investissement (BPI), l'extension del'épargne réglementée, la réforme fiscale engagéepour mieux reconnaitre le travail, la priorité à l'édu-cation et à la formation, la relance de l'emploi aidépour redonner confiance, en particulier, à la jeu-nesse, la réforme bancaire, tout cela concourt à uneremise en selle de l'économie française, fondée surle goût de l'effort et le sens de l'innovation.Cet effort collectif trouve tout son sens avec la réha-bilitation du dialogue social et l'appel au compromissocial. Celui-ci a déjà beaucoup progressé grâce à lanégociation de l'accord national interprofessionnel,des contrats de génération, des réformes des re-traites et de la formation professionnelle. Il sera en-core conforté avec l'élaboration des contrepartiesindispensables aux nouvelles réductions des cotisa-tions sociales patronales. Nous sommes, en effet, enprésence d'une démarche de donnant-donnant quisignifie, en retour, plus d'embauches, plus de pro-grès salariaux, moins de précarité. L'implication detous les acteurs de la vie économique et sociale etnotamment des organisations syndicales de sala-riés, sera donc décisive pour la dynamique d'ensem-ble et le succès de la politique annoncée.Comme en 1945, à la Libération, il faut un grand élan

de toutes les forces vives de la nation. De même qu'iln'est pas de réussite de la politique de l'offre sans in-tégration d'une politique de la demande, de mêmeune volonté de mobilisation des forces vives dans lasociété et dans les entreprises, suppose une étroiteassociation et un profond respect de tous les parte-naires sociaux et, au premier chef, des salariés orga-nisés.L'enjeu du débat est clair. Comment recouvrer notrepuissance économique et industrielle pour peser da-vantage en Europe et dans le monde ? Comment re-lancer la « machine », sans susciter un regaind'importations et, donc, un surcroit de déficit exté-rieur ? Comment maintenir notre pays dans les ra-dars de l'histoire ? Comment redonner force etrayonnement à la cinquième puissance mondiale,membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONUet élément moteur, avec l'Allemagne, de l'aventureeuropéenne ?Car, la situation léguée par la droite, au bout de dixans de gestion ininterrompue, pose en fait le pro-blème en ces termes. De 2002 à 2012, notre pays aperdu 750 000 emplois industriels, enregistré 1,1 mil-lions de chômeurs supplémentaires et sacrifié desfilières stratégiques. Le niveau de notre commerceextérieur s'est affaissé. La précarité sociale et salariales'est amplifiée, au point de précipiter quelque 10 mil-lions d'hommes, de femmes et d'enfants sous leseuil de pauvreté. Il fallait agir dans le respect du mandat politique fixéet dans le souci d'un dialogue social renouvelé. C'estdésormais acté.

Les contradictions de la droite. Face à cette action,cohérente dans le temps et dans l'esprit, la droite réa-git de manière hétérogène et désordonnée. À l’UMP,comme dans les formations du centre-droit, les dé-clarations traduisent des approches à l'évidence di-vergentes.François. Bayrou, récemment allié à l'UDI, Jean-LouisBorloo, mais aussi Jean-Pierre Raffarin ou FrançoisBaroin et Bruno Lemaire, optent pour un soutien cri-tique ou circonspect aux dernières annonces formu-lées par François Hollande. Feignant de croire à untournant, alors qu'il s'agit d'une cohérence énoncée,dès le départ, ils évoquent tous, chacun à leur ma-nière, des décisions allant « dans le bon sens », touten réclamant des actes. Cette posture leur permetainsi de laisser entendre que la gauche se serait four-voyée, depuis 20 mois, alors qu'elle prend ses res-ponsabilités pour réparer les erreurs et leserrements d'un échec, celui de la droite pendant 10ans. Ainsi, il fallait bien, dès l'été 2012, créer despostes d'enseignants, pour combler les effets du dé-crochage scolaire enregistré par tous les observa-

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teurs compétents. Il fallait bien aussi instaurer lesemplois d'avenir, renforcer les emplois aidés pourendiguer la marée du chômage, subie depuis 2007,et redonner des perspectives aux familles. Il conve-nait de renforcer les moyens financiers et humainsde la police et de la gendarmerie pour servir l'im-pératif de sécurité largement altéré par une décen-nie de progressions constantes des atteintes auxpersonnes et de réduction sensible des effectifs.La gauche, en agissant comme elle l'a fait, depuismai 2012, a réparé des injustices criantes, rétablides principes de fonctionnement républicain, af-firmé des priorités de politiques publiques, réhabi-lité l'Etat stratège, dont nous avons besoin pourimpulser et réguler. N'oublions jamais que le capi-talisme va plus ou moins bien, mais ne sait pas oùil va.L'autre branche de la droite parlementaire, autourde Jean-François Copé ou du président du groupeparlementaire de l'UMP, à l'Assemblée nationale,reste campée dans une démarche outrancière,François Fillon préférant afficher son embarras. Ils'agit, pour cette fraction de la droite, de dénigrer, àpriori, toute entreprise, toute initiative, dès lorsqu'elle émane de la gauche au pouvoir. L'esprit desystème ou de calculs politiciens l'emporte surtoute autre considération. Sa culture du déni l'en-traine à refuser la méthode choisie du dialogue etdu compromis social.Cette droite là affiche son refus aveugle de lagauche au pouvoir. Elle la juge, par essence, illégi-time. D'autant qu'il n'est pas question pour elle dereconnaitre vraiment le verdict du suffrage univer-sel tel qu'il s'est exprimé à deux reprises, au prin-temps 2012. Ainsi, elle considère la gauche comme« incapable de réduire les dépenses publiques »,alors qu'elle s'est elle-même révélée inapte à toutemaitrise de celles-ci, depuis 40 ans.Cette attitude dogmatique traduit une autre failleplus grave pour le fonctionnement de notre démo-cratie. En fait, cette droite-là ne possède pas de vi-sion de l'intérêt général, à long terme. Elle n'a pasd’autre projet ni récit de la France que de l’amenerà se fondre dans le seul moule « libéral ». La course à l'hostilité systématique et à la radicalitéverbale se substitue alors à toute analyse, à touteréflexion prospective utile. Il y a, là aussi, une formede paresse intellectuelle et politique. Quoi de pluscommode que de dénigrer, par principe ? Sachantque convention après convention, elle n’a pas pro-posé une alternative sérieuse.

Une absence de projet. Elle a d'abord échouédans l'exercice du droit d'inventaire de sa politique,d'ailleurs tardif, qu'elle s'était fixé. Cette impuissanceest due, en premier lieu, à ses rivalités et inimitiésinternes, exacerbées par les palinodies du congrès

de l’UMP de l'automne 2012.N'a-t-elle pas envisagé la constitution d'undeuxième groupe parlementaire à l'Assemblée na-tionale, à cette époque ? Pour construire ensemble,il faut d'abord se supporter.Elle s'explique aussi par l'ombre tutélaire de NicolasSarkozy et l'incertitude qui plane sur son éventuel« retour ». Certains s'impatientent, d'autres le re-doutent. En tous cas, il fait partie des calculs et desmanœuvres de tous.

La droite se retrouve, au-jourd'hui, assez dépourvue,faute de grilles d'analyse adap-tées, de repères propres, de lienauthentique avec les citoyens,de respect pour les intellectuelset les corps intermédiaires,qu'elle a d'abord ignorés, puis,beaucoup dénigrés.

En outre, reconnaître, même en creux, le bien-fondéet la cohérence, dans le temps, de la politique de lagauche, la conduirait à admettre, même implicite-ment, la gravité de la situation qu'elle a laissée etune incapacité à agir courageusement et lucide-ment pendant 10 ans, lorsqu'elle disposait de tousles leviers de commande. Pourquoi, à cette époque,ce clientélisme fiscal, ce renoncement industriel, cemépris de l'acte d'enseigner ?En fait, une formation politique, même dans l'op-position, ne peut pas pratiquer longtemps lacrainte d'analyser, de réfléchir, de penser et de se re-mettre en question collectivement. La droite aconnu la défaite, en 2012, parce qu'elle ne s'était pasrenouvelée, n'avait pas mesuré les évolutions pro-fondes de la société française dans l'Europe et vis-à-vis de la marche du monde.Elle se retrouve, aujourd'hui, assez dépourvue,faute de grilles d'analyse adaptées, de repères pro-pres, de lien authentique avec les citoyens, de res-pect pour les intellectuels et les corpsintermédiaires, qu'elle a d'abord ignorés, puis,beaucoup dénigrés.À partir d'une telle fausse route, les réflexes politi-ciens, les rivalités de postures et de personnes l'em-portent haut la main, sur l'essentiel, le sens duprojet.C'est triste et même désolant, à un moment où lepays a tant besoin d'un débat politique et écono-mique à la hauteur des enjeux, pour répondre auxinterrogations et aux attentes des français.

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DÉCRYPTAGE & DÉBATS

« Il faut se départir de l’image que l’Europeest embrasée par le national-populisme »

Pascal Delwit est professeur

de Science politique à l’Université de Bruxelles. Il est,par ailleurs, chercheur au Centre d’étude de la vie politique (CEVIPOL). Auteur de plusieurs publicationssur la vie politique en Belgique et en Europe, il vientde rédiger un nouveau manuel d’Introduction à lascience politique aux éditions de l’Université deBruxelles (2013).

Avec la crise économique et sociale, assiste-t-on à une résurgence du national-populisme,en Europe ?Oui et non. La montée de nouvelles formations ex-trémistes est perceptible dans certains états quis’appuient sur des dimensions nationalistes et po-pulistes. Ceci est perceptible, notamment, enGrèce, avec le parti nationaliste, l’Aube dorée, enFinlande, où le parti des Vrais finlandais a fait unetrès forte percée lors des élections de 2011, ou bienencore aux Pays Bas, avec la montée en puissancedu PVV de Geert Wilders. Il faut cependant rester prudent et nuancer le pro-pos, dans la mesure où ces partis ne sont pas tousnécessairement nouveaux. En France, le Front na-tional est né en 1972, tandis que le Parti du pro-grès, en Norvège, ou le Parti populaire, auDanemark, sont des organisations anciennes.Sans compter que l’on n’observe pas toujours un

développement important de ces partis au fil dutemps. Si certains connaissent une progression in-déniable, d’autres sont clairement en retrait. EnNorvège, le Parti du progrès a reculé de septpoints, à l’occasion des dernières élections. L’exem-ple vaut également pour le Danemark, où le Partipopulaire est lui aussi en recul. En Belgique, leVlaams Belang, qui avait atteint 24 % des suf-frages, en 2004, est aujourd’hui à 10 %. Il faut donc se départir de l’image que l’Europe estembrasée par le national-populisme. Il y a certesdes indications inquiétantes, mais tout n’est pasnégatif, pour autant. Ajoutons que certains étatséchappent à l’emprise de ces partis. C’est le cas, enparticulier, du Portugal, de l’Espagne, de l’Irlande,du Grand Duché du Luxembourg ou de l’Alle-magne, où aucun des mouvements d’extrêmedroite n’a atteint le seuil des 5 %, lors des dernièresélections. Méfions-nous des idées reçues.

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Les « grandes coalitions » favorisent-elles levote antisystème ?Dans certains cas, oui. Mais, il n’existe pas de règleen la matière. En France, le FN s’est développé dansun contexte où l’alternance était la règle. Au Luxem-bourg, des coalitions se forment sans laisser lemoindre espace à l’extrême droite. L’élément-clé duvote antisystème, c’est la peur. Laquelle peut êtrefondée sur des éléments objectifs - angoisse de per-dre son emploi ou de ne pas en trouver, de voir sesconditions de travail se détériorer -, ou fantasma-tiques : peur de voir disparaître une richesse accu-mulée ou de subir les aléas de la vie périurbaine…Ces phases anxiogènes ont pour point commun lerejet de l’Union européenne et l’affirmation des iden-tités régionales ou nationales. Ceci est perceptibleen France, dans le nord de l’Italie, en Belgique, enEspagne et en Scandinavie, en lien avec la crise éco-nomique et financière.Le déclin de l’Europe face aux puissances émer-gentes est, lui aussi, très présent. Il suscite de nom-breuses anxiétés qui ne font qu’ajouter à ce climatdifficile.

Dans leur corpus idéologique, les partis popu-listes ont une dimension nationaliste forte.Cette vision n’est-elle pas contradictoire aveccelle d’une Union fédérale ?La plupart des partis populistes sont nationalistes.C’est d’ailleurs sans doute le seul point qui les ras-semble. Ceci étant dit, le concept de nationalismepeut revêtir différentes formes. Il peut être « fermé ».Dans ce cas précis - le plus répandu -, la nation estperçue comme un corps vivant qu’il convient deprotéger du virus de l’invasion et de l’intrusion. Au-delà de leurs différences, la plupart des partis popu-listes européens s’entendent sur ce point. Le PVV deGeert Wilders, le FN ou le Parti du progrès, en Nor-vège, se retrouvent dans l’affirmation d’un senti-ment de pureté nationale. Cette idée selon laquelleil faut éviter à tout prix de rentrer dans l’Union ou delimiter, autant que faire se peu, son développement,en protégeant la vraie nationalité. On est là dans unelogique de « recentrage » sur la Nation, au nomd’une vision mythique du passé.

Cette logique que vous décrivez s’inscrit claire-ment dans une vision raciale de la réalité…C’est effectivement l’idée selon laquelle la nations’est bâtie autour d’une catégorie spécifique de ci-toyens. La notion de « vrais finlandais » est, à cet

égard, très significative. Comme s’ils avaient tou-jours vécu sur un territoire spécifique et qu’ilsétaient porteurs de valeurs et traditions supposé-ment ancestrales. Cette conception est naturellement erronée, quandon sait que les populations ont migré. Sans compterque les frontières n’ont cessé d’évoluer au fil dutemps. Mais, derrière cette nation idéalisée, histo-rique et prétendument ancestrale, transparaît leprincipe d’un bouleversement et d’une mise à maldes frontières par l’immigration, la religion musul-mane et la construction européenne qui contrevien-nent aux valeurs judéo-chrétiennes, catholiques ouprotestantes. En clair, ceux qui ne se réclament pasde la religion officielle, ne peuvent se revendiquerdu lien national.

Le FN bâtit toute une partie de son discours sur la colonisation, au motif qu’elle aurait apporté la civilisation, au nom de la chré-tienté. Seul moyen, aux yeux deses dirigeants, de combattre l’affa-dissement d’une identité supposé-ment pure.

La théorie du déclin est-elle le dénominateurcommun de ces mouvements ?Oui. Elle est même consubstantielle à ces partis.Fondamentalement, elle s’oppose à la fierté d’appar-tenir à la nation. Le FN bâtit toute une partie de sondiscours sur la colonisation, au motif qu’elle auraitapporté la civilisation, au nom de la chrétienté. Seulmoyen, aux yeux de ses dirigeants, de combattrel’affadissement d’une identité supposément pure.

Quelle est la force d’impact de ces partis popu-listes ? Vous paraissent-ils homogènes d’unpoint de vue politique ?Ils ont un certain nombre de points communs, àcommencer par le nationalisme et le rejet de l’autre,qui ressemble, à s’y méprendre, à un immigrantd’origine maghrébine ou proche-orientale, deconfession musulmane. Avec des nuances. En Au-triche, où l’extrême droite est très puissante, ce rejetvise ainsi plus spécifiquement les pays d’Europecentrale. Sans compter qu’il existe des dissem-blances. De ce point de vue, l’extrême droite belge

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diverge de sa voisine française sur les questionssocio-économiques et de société. Si le FN est unparti nationaliste-étatique, la Vlam Line se recon-naît dans le régionalisme. Le PVV, qui entretient des liens avec le FN, af-firme, lui aussi, sa singularité. Son leader naturel,Geert Wilders, est issu du parti libéral, ce qui n’estnaturellement pas le cas de Marine Le Pen, dontle programme socio-économique est plus inter-ventionniste que celui de son père. Il y a chez laprésidente du FN, une volonté de réhabilitationde l’État, comme en Norvège, avec le Parti duprogrès. Mais, au-delà, le sentiment qui domine,c’est le « chauvinisme du bien-être », fondé surl’usage exclusif du système de protection socialeaux « vrais » nationaux ! Image idéalisée du bonchrétien de couleur blanche, qui vient fairecontrepoids à l’immigré qui a osé ôter le pain dela bouche des bons patriotes. Tous se retrouvent dans le rejet des élites, cou-pables, à leurs yeux, de trahison. Seuls leurs élec-torats peuvent diverger. Le PVV s’appuie ainsi surdes nantis, quand le FN bâtit sa force de frappeautour des catégories populaires et indépen-dantes, réparties entre le Nord et le Sud de laFrance. Ce qui les rassemble, c’est la crainte dudéclin et la peur.

Les partis populistes ont encommun de partager le décli-nisme, sous toutes ses formes.Cette idée que les élites trahis-sent tantôt la nation, tantôt lepeuple. C’est un thème centraldu débat.

De la théorie du déclin au rejet des élites, iln’y a qu’un pas. Quel est le point communentre ces deux principes ?Les partis populistes ont en commun de parta-ger le déclinisme, sous toutes ses formes. Cetteidée que les élites trahissent tantôt la nation, tan-tôt le peuple. C’est un thème central du débat.Souvenons-nous : la rhétorique de Jean-Marie Le Pen était clairement dirigée contre le quatuorRPR-UDF-PS-PCF, coupable de trahison. Face audestin supposé de la Nation et du peuple, ce prin-cipe est immuable. Il est d’autant plus présent

aujourd’hui que le processus décisionnel s’estcomplexifié, qu’il est moins compréhensible quedans le passé. L’agencement de la prise de déci-sion, aux niveaux national et infranational, n’ar-range rien à l’affaire. Ceci vaut, en particulier,pour la France où ce processus touche tous lesniveaux de la société. Il est donc moins appré-hendable et compréhensible pour les citoyens.Cet élément renforce la thèse du complot et de latrahison des élites. À cela s’ajoutent des préoccupations socio-éco-nomiques. Depuis les années 1970, aucun exé-cutif, à l’échelle européenne, n’est parvenu àendiguer sérieusement la crise. Tant et si bienqu’un segment important de la population setrouve directement confronté au chômage, pen-dant que le spectre de la désindustrialisation faitécho à la théorie du déclin de l’Europe, dans lemonde. Tout cela crée un climat anxiogène quioffre une meilleure écoute aux discours ciblantla trahison des élites.

À l’heure où les tensions sont vives entreWallons et Flamands, les partis populistes etnationalistes jouissent-ils d’un écho particu-lier en Belgique ?Oui. Il y a une forme de paradoxe en Belgique,puisque le parti d’extrême droite qui a mis cesquestions au devant de la scène se retrouve endifficulté. Au point qu’il a perdu la moitié de sonélectorat, en moins d’une décennie. Ce pays estconfronté, aujourd’hui, à l’affrontement, dans lenord, de deux démocraties et la constructiond’une alternative politique anticapitaliste. C’estd’ailleurs la théorie du leader de la NPA nationa-liste qui s’inscrit dans une perspective confédé-rale ou la constitution d’états indépendants estla règle. Ce débat sera, pour partie, au cœur desélections du 25 mai prochain, parallèlement auscrutin européen.Ceci nous renvoi à la mise en cause du principede solidarité. Depuis une quinzaine d’années,une remise en question des politiques héritéesde l’État-providence, à l’échelle des territoires del’Union européenne, se développe. Elle peut s’ex-primer à l’intérieur des frontières, comme en Bel-gique, en Italie ou en Espagne, avec le débat surl’indépendance de la Catalogne, ou à une échelleplus large. Avec l’idée qu’il faut cesser de venir enaide à l’Espagne, la Grèce ou le Portugal, selon lavieille rhétorique thatchérienne. Elle rejoint un

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propos patronal plus radical et vindicatif quepar le passé.

Marine Le Pen espère créer un groupe poli-tique au sein du Parlement européen. Pourcela, il faut obtenir 25 élus dans au moinsun quart des pays membres. Cela vous pa-raît-il possible ?Oui. Les élections européennes sont particu-lières, avec un taux de participation sensible-ment plus faible qu’aux élections nationales. En 2009, il se situait ainsi dans une fourchettede 42 et 44 % de l’électorat. L’impact sur les ré-sultats est naturellement très important et lesperformances du FN s’en ressentent nécessai-rement, d’autant que l’abstention bat son pleindans ses rangs. Proportionnellement, plusqu’au sein des autres catégories d’électorats.C’est une inconnue, en prévision du scrutin quinous attend, et il sera très difficile d’en appré-cier les effets, en mai prochain. Et ce, même siplusieurs paramètres laissent imaginer qu’ilpourrait bien y avoir une progression des mou-vements nationaux-populistes et d’extrêmedroite, susceptible de déboucher sur la créationd’un groupe au Parlement européen. Mais, au-delà de leur goût commun pour unnationalisme exacerbé et de la posture euro-sceptique qui est la leur, les différends n’en sontpas moins nombreux sur la notion de frontière,de nation et de regard sur l’autre. Il y a d’ailleurssouvent eu des clashs au sein de cette famillepolitique dans le passé. Pas sûr, donc, que lesgroupes qui l’animent soient en mesure d’affi-cher une vraie homogénéité et de parvenir àmaintenir une cohésion d’ensemble dans letemps. Il faut donc se montrer extrêmementprudent sur le sujet, et je ne doute pas que les

élections municipales françaises pèseront detout leur poids sur le scrutin européen. Pourl’heure, beaucoup d’inconnues subsistent.

Indépendamment des résul-tats, il faudra s’interroger surles choix qui ont été opérés, auniveau institutionnel, par leschefs d’État et de gouverne-ment, au sein du Conseil, et parles hauts fonctionnaires dontles résultats sont sujets à cau-tion.

Il serait tout de même paradoxal de voirces partis antieuropéens dotés d’une forcede frappe importante au sein du Parlementeuropéen.Oui. Ce serait à la fois un paradoxe et un dan-ger. Mais, soyons prudents. Ce qui est certain,c’est que le Parlement européen pourrait bienpayer les options prises par la commissionpour répondre à la crise financière et écono-mique, depuis 2008. Certaines de ses décisionspeuvent en effet être contestées. Les résultatsélectoraux ont toujours une cause particulièreet il faudra se garder de toute stigmatisationpour peu que la situation se produise. Indépen-damment des résultats, il faudra s’interrogersur les choix qui ont été opérés, au niveau ins-titutionnel, par les chefs d’État et de gouverne-ment, au sein du Conseil, et par les hautsfonctionnaires dont les résultats sont sujets àcaution.

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8 NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE LʼEXTRÊME-DROITE

Une offre de transports diversifiée, des équipe-ments modernisés, un service public de santéaccessible à tous… La ville de Metz (Moselle, 120738 habitants) ne manque pas d’atouts. Dotéedu label « ville internet » depuis 2012, elle peuts’appuyer sur de réels savoir-faire dans les do-maines de la métallurgie, de la pétrochimie, del’automobile, de la logistique et du commerce.Elle bénéficie également de la présence d’unetechnopôle qui accueille quelque 4 000 salariés,répartis en trois pôles : les entreprises depointes liées aux télécommunications et à l’in-formation, les grandes écoles et les universités,ainsi qu’un important centre d’affaires constituédu World Trade Center Metz-Sarrebruck et duCentre international de congrès. L’antique cité marchande et militaire compte,par ailleurs, parmi les quatre villes membres duQuattroPole, avec Luxembourg, Trèves et Sarre-bruck. Un réseau transfrontalier qui favorise lacoopération interurbaine. Sans compter quel’économie locale se confond avec celle duGrand Duché : 70 000 lorrains y travaillent ainsiquotidiennement. Ils devraient d’ailleurs être135 000 actifs transfrontaliers, en 2030.

« Cette création, à Metz, est un signe de plus de la recon-naissance de l'importance stratégique de notre région, en termes de positionnementgéographique et d'opportunitésde marchés, notamment dansles secteurs innovants. »Dominique Gros, maire de Metz

Entre transformation et innovation. L’autrefierté locale, c’est le groupe UEM, fournisseurd’énergies, qui s’est vu confier la mission du ser-vice public de l’électricité par la ville de Metz,sous forme de régie, en 1925, avant de se trans-former en Société d’économie mixte (SEM), de-

puis le 1er janvier 2008. La naissance d’Efluid,une start up informatique, avec ses 130 emploisprogrammés et ses belles promesses de déve-loppement, est à cet égard l’illustration écla-tante de l'excellence de l'UEM et de sa vision àlong terme des enjeux dans le domaine essen-tiel de l'énergie. « Cette réussite hors norme estcréative d'emplois de haute technologie et d'ac-tivité du futur », se félicite Dominique Gros,maire de Metz. La Centrale Biomasse, c'est encore l’UEM. De-puis quelques mois, le chauffage urbain estpassé à l'énergie renouvelable. Désormais, 30 %des besoins en combustibles sont issus de lavalorisation des ordures ménagères et 30 % derésidus de bois. « Cette centrale à biomasse per-met d'économiser l'équivalent en CO² des rejetsde 20 000 voitures roulant 15 000 km par an »,précise l’élu. Logements et équipements, de laville et de l’agglo, disposent, aujourd’hui, d'unréseau de chauffage urbain connecté à un sys-tème de cogénération performant. « En troisans, il sera passé de 33 000 équivalents loge-ments à 45 000, renchérit l’intéressé. L'écologieurbaine et la transition énergétique, c'est à Metzet c'est maintenant. Nous servons de modèledans toute la France. »L'art d'innover, c’est encore l'institut Lafayette,une plateforme d'innovation, spécialisée dansle domaine de l'optoélectronique et l’étude descomposants électroniques, au service des en-treprises. Un véritable catalyseur de développe-ment économique, unique en son genre, àl’échelle européenne. « Une réussite collectivemagnifique et un nouveau phare sur le terri-toire de l'agglomération », à en croire Domi-nique Gros. Lequel ne manque pas d’insistersur la création d’un relais messin de l'antenneAlsace-Lorraine de l'American Chamber of Com-merce, l'AmCham qui constitue le principal levier des relations économiques et commer-ciales transatlantiques. Avec l’ambition de créerle terreau indispensable à l'émergence de pro-jets de développement, de réseaux de coopéra-tion et d’échanges, par le biais d’entreprises decultures différentes. « Cette création, à Metz, est

Metz : confirmer le réveil !

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un signe de plus de la reconnaissance de l'impor-tance stratégique de notre région, en termes depositionnement géographique et d'opportunitésde marchés, notamment dans les secteurs inno-vants », explique le premier édile. Elle vient com-pléter le triangle magique des relationsinternationales de la ville, aux côtés des relationsfranco-allemandes avec son institut Ifalor, qui avu le jour fin 2012, et des relations franco-chi-noises avec l'institut Confucius, inauguré à Metz,en novembre 2011.

Volontarisme politique. Parallèlement, le maireet son équipe sont parvenus à maîtriser les dépenses de fonctionnement - 572 € par habitantà Metz, en 2012, contre 640 € pour la moyenne na-tionale –, les impôts locaux - 409 € par habitant,contre 531 € pour la moyenne nationale -, et lepoids de la dette - 104 € par habitant, contre plusde 1 088 € pour la moyenne nationale. Dans lemême temps, les dotations aux associations cul-turelles, sociales et sportives s’élevaient à 251€ parhabitant, contre 160 €, à l’échelle nationale. Des chiffres rendus publics par la presse spéciali-sée. « C'est grâce à cette gestion saine et équilibréeque nous pouvons continuer à renouveler la villeet nous projeter dans l'avenir », assure le mairequi entend faire du berceau de la dynastie caro-lingienne une destination incontournable. Nonplus seulement du tourisme culturel et patrimo-nial, mais du tourisme d'affaires, dont le marchéeuropéen est porteur. Le futur de la Ville, c'est aussi le transport et la mo-bilité. L’inauguration de METTIS, le nouveau bus àhaut niveau de service de l'agglomération, le 5 oc-tobre dernier, en présence de Jean-Marc Ayrault etde la régionale de l'étape et ministre de la Culture,Aurélie Filippetti, participe de cette ambition.Grâce à ses deux lignes, il relie désormais le centreaux quartiers métropolitains, dans une logiquemultipolaire. « Un véritable succès, se plait à répé-ter le maire. Nous sommes non seulement parve-nus à doter la ville d’un moyen de transportrapide et écologique, mais nous l’avons fait àmoindre coût et en un temps record. »Pour attirer, il faut se transformer, se plait-il à sou-ligner. Partager, aussi, afin d’apporter une réponsecollective à la crise. C’est que la Lorraine souffreface à la réalité économique et aux espoirs déçusde la sidérurgie et des salariés de Florange. Lapauvreté gagne du terrain, avec l'arrivée de de-

mandeurs d'asile, toujours plus nombreux. Cettecrise se manifeste aussi par des actes d'incivilité,même si la délinquance reste modérée à Metz. Pas question, pour autant, de laisser les oiseauxde mauvais augure jeter sur la ville le voile gris dela peur et du repli sur soi. Ce, d’autant plus qu’unparfum de revanche y règne, avec les deux an-ciens candidats du second tour, en 2008, qui se re-trouveront en mars prochain. Candidat à sasuccession, Dominique Gros aura pour principaladversaire Marie-Jo Zimmermann (UMP), qu’ilavait battue en 2008 et qui est parvenu, cette fois-ci, à faire l’unité autour de son nom.

La droite fait feu de tout bois.Pour endiguer ses assauts etfaire face à un front uni, Domi-nique Gros pourra compter surla ministre de la Culture et de lacommunication, Aurélie Filip-petti, en seconde position sur sa liste. Une richesse et un atout,d’autant que la conseillère géné-rale de la Moselle, depuis 2012,fut également députée lors de la précédente mandature (2007-2012).

Toutes se focalisent sur METTIS et la priorité faiteau bus, quand d’autres lui préfèrent le tramway.Pourtant, nombreux sont ceux qui s’en inspirent.Au point que le constructeur belge voit affluer lescommandes de l’Europe entière. Comme si celane suffisait pas, Dominique Gros se voit reprocherles trois années de travaux qui ont précédé la réa-lisation de l’ouvrage. Autre thème prêtant à polémique : la constructiond’un nouveau palais des congrès qui pourraitnourrir la campagne. Le sujet fait débat, d’autantqu’il pose, en toile de fond, la question de l’attrac-tivité de la ville et sa santé financière. Du côté dela majorité, on se plait à décrire un projet qui nemanquera pas de conforter l’image de la ville, de doper l’activité touristique et de créer de la ri-chesse. L’opposition en fait des tonnes sur le sujet,

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quand elle ne s’en prend pas ouvertement au « matraquage fiscal » du maire et de sonéquipe, alors que Metz reste l’une des villes lesmoins imposées de France. Et qu’il a bien fallufaire face à la baisse des dotations de l’État,conjuguée à la suppression de la taxe profes-sionnelle sous le précédent gouvernement.

En 2008, deux listes concur-rentes s’étaient affrontées ausein de l’UMP. L’une menée parla candidate susnommée, l’au-tre par le maire sortant, qui vi-sait un septième mandat. L’élusocialiste avait su tirer profit dela situation, au terme d’unetriangulaire meurtrière pour ladroite. Six ans plus tard, la pré-tendante a réussi, bon an malan, le pari de l’unité.

Union sous tension, à droite. La droite fait feude tout bois. Pour endiguer ses assauts et faireface à un front uni, Dominique Gros pourracompter sur la ministre de la Culture et de lacommunication, Aurélie Filippetti, en secondeposition sur sa liste. Une richesse et un atout,d’autant que la conseillère générale de la Mo-selle, depuis 2012, fut également députée lorsde la précédente mandature (2007-2012). En face, Marie-Jo Zimmermann a été désignéepar l’UMP pour conduire une liste d’union avecles représentantes de l’UDI et du MoDem, dontle positionnement est scruté avec attention,dans une ville à forte clientèle centriste. Elle estparvenue à faire taire les divisions dans soncamp, en convaincant Patrick Thil, un prochede Rausch, de fusionner sous la forme d’un in-tergroupe, au sein du conseil municipal. Mais,l’équilibre est précaire, en dépit de la signature,dans la douleur, d’un protocole d’accord pour

la constitution d’une liste unique, sur fond delutte de places.En 2008, deux listes concurrentes s’étaient af-frontées au sein de l’UMP. L’une menée par lacandidate susnommée, l’autre par le maire sor-tant, qui visait un septième mandat. L’élu socia-liste avait su tirer profit de la situation, au termed’une triangulaire meurtrière pour la droite. Sixans plus tard, la prétendante a réussi, bon anmal an, le pari de l’unité.Plus à droite, le Front national annonce songrand retour, à l’Hôtel de ville. Contraint de dé-clarer forfait, en 2008, faute d’unités suffisantes,il promet « une surprise qui explosera à la fi-gure de la gauche et de la droite », selon les pro-pres termes de Thierry Gourlot, patron du FN,en Moselle. Difficile, pourtant, de voir dans Fran-çoise Grolet la figure de proue de cette croisadeantirépublicaine. Proche des milieux catho-liques et intégristes, cette mère de neuf enfantsa de faux airs de Me Tout-le-Monde, à en croireles observateurs. C’est pourtant bien cette an-cienne conseillère régionale d’Aquitaine (1998-2004) qui est arrivée en tête du premier tour del’élection cantonale de mars 2011, devant Do-minique Gros. Une vraie surprise quand on saitque le FN éprouve traditionnellement des diffi-cultés à percer dans les grandes villes. Mais, lestemps changent, à la lecture d’un sondage réa-lisé par l’Ifop, fin septembre : la candidate fron-tiste y est créditée de 21 à 24 % des intentionsde vote. Un résultat qui, s’il se confirmait dansles urnes, lui permettrait de figurer au secondtour de l’élection municipale. En femme avertie, Françoise Grolet se livre àune véritable campagne de terrain. Arpentantles rues une à une, elle distribue tracts et bro-chures, multiplie les visites de quartier, allantmême jusqu’à imprimer à 60 000 exemplairesun questionnaire demandant aux Messins delui faire part de leurs préoccupations. Loin derabâcher les idées émises à Paris par les res-ponsables de son parti, elle municipalise sondiscours, autour de ses thèmes favoris : Mettis,l’insécurité et l’austérité, sur fond de hausses fis-cales et de préoccupations concrètes. Et si leprincipal danger, pour la gauche, venait de cecôté-ci de l’échiquier politique ?

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Quel est votre état d’esprit à deux mois du pre-mier tour de l’élection municipale ? Je suis déterminé. Notre équipe peut gagner, d’au-tant qu’elle s’appuie sur un bilan positif. La ville deMetz est aujourd’hui bien gérée, avec de faiblesdettes et une pression fiscale maîtrisée. Je le dois,d’ailleurs, largement à mon héritage. La sobriété est notre marque de fabrique. Nous ve-nons d’ailleurs d’engager d’importants investisse-

ments pour les prochaines années, en donnantune inflexion politique sur le moyen terme, au-delà des échéances électorales des 23 et 30 marsprochains.

Quels sont les principaux axes de votre cam-pagne ?Notre objectif est clair : renforcer la solidarité surla ville. D’importantes initiatives ont été prisesdans ce sens, avec l’adaptation des tarifs dans lescantines pour permettre aux plus défavorisés d’ac-céder à la restauration scolaire, en toutes circons-tances, ou bien encore l’augmentation des fondsde soutien pour favoriser l’accès à l’énergie. Deuxéléments parmi d’autres qui témoignent de notrevolonté de remédier aux inégalités, en sus d’im-portants efforts en faveur du transport en com-mun, de l’attractivité urbaine ou de la créationd’une salle de musiques actuelles.

La municipalité a également lancé une Cité descongrès… Oui. Elle s’ajoute à l’aménagement de plusieursZAC qui complètent utilement une importante po-litique équipementière. Metz recèle de nombreuxatouts. Nous sommes confiants et résolus. La vic-toire est à ce prix !

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DOMINIQUE GROS, MAIRE DE METZ

« Une ville bien gérée, avec de faibles detteset une pression fiscale maîtrisée »