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Regards sur la droite 13 février 2013 - n° 13 Lettre éditée par la cellule Veille et Riposte du Parti socialiste Édito NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE LʼEXTRÊME-DROITE 1 Quelle stratégie face à l’extrémisme ? L’actualité est tellement forte qu’un événement chasse rapidement l’autre et que les informations succèdent aux informations. Il vaut la peine, cependant, de revenir sur une étude parue dans Le Monde du 7 février, l’édition de janvier du baromètre SOFRES sur l’image du Front national. (Cette lettre présente les principaux résultats sous forme d’un encadré). Je voudrais insister sur un paradoxe apparent de cette étude. Elle montre, d’abord - et ce n’est pas une surprise - une porosité plus armée entre les électorats de l’UMP et du Front national. Celle-ci ne se fait pas, cependant, sur les solutions politiques que propose le Front national mais sur des attitudes identitaires, l’attachement aux va- leurs traditionnelles de la France, le rejet de l’Islam, une demande de sévérité en ma- tière de sécurité et de justice. On mesure là, l’eet des déclarations de Nicolas Sarkozy, d’abord, et des dirigeants de l’UMP, récemment, au premier rang desquels Jean-Fran- çois Copé - oh, le « petit pain au chocolat » ! -, qui ont légitimé ces idées. Cela est évi- demment dangereux et nourrira la tentation d’alliances électorales. Mais il faut revenir sur la faible adhésion dans l’opinion aux propositions concrètes du Front national. L’idée qu’il faudrait sortir de l’euro - armation phare de Marine Le Pen - recule, alors que la situation de l’Europe n’incite pas à l’optimisme, c’est le moins que l’on puisse dire. Tout aussi significatif est la faible approbation que recueille le principe de la préférence nationale. 73 % des personnes sondées considèrent ainsi qu’il n’y a pas de raison de faire de diérence entre un Français et un immigré en si- tuation régulière. Il faut donc utiliser la notion de « banalisation » avec prudence. Le Front national de- meure, pour une large majorité de français, un parti protestataire qui a pas vocation à gouverner. Mais son eet le plus dangereux, pour l’heure, est d’exercer un pouvoir d’influence sur une part importante de la droite et, au-delà, dans l’opinion. Cela ne peut pas être ignoré par la gauche. Une stratégie de l’isolement risque de ne pas être susante. Le sondage suggère une attitude qui peut être la nôtre. La faiblesse de l’adhésion sur les politiques proposées montre que les socialistes doivent mettre l’ac- cent sur les réalités concrètes de la politique, avec les conséquences des choix faits et à faire. Ce n’est pas en mettant son drapeau dans sa poche - tout particulièrement sur la question européenne en 2014… - que l’on entraîne la conviction. Il faut aronter le débat avec force et détermination. L’acte de gouverner crée évidemment des interro- gations et des mécontentements, mais cela peut-être également un argument quand il est pleinement assumé. Alain BERGOUNIOUX

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Retrouvez le 13ème numéro de "Regards sur la droite" consacré à la lutte contre les extremismes dans lequel figure une interview de Thierry Marchal-Beck, président des Jeunes Socialistes

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13 février 2013 - n° 13

Lettre éditéepar la cellule Veille et Ripostedu Parti socialiste

Édito

NOTE DE VEILLE ET RIPOSTE SUR LA SITUATION DE LA DROITE ET DE LʼEXTRÊME-DROITE 1

Quelle stratégie face à l’extrémisme ?

L’actualité est tellement forte qu’un événement chasse rapidement l’autre et que lesinformations succèdent aux informations. Il vaut la peine, cependant, de revenir surune étude parue dans Le Monde du 7 février, l’édition de janvier du baromètre SOFRESsur l’image du Front national. (Cette lettre présente les principaux résultats sous formed’un encadré).

Je voudrais insister sur un paradoxe apparent de cette étude. Elle montre, d’abord -et ce n’est pas une surprise - une porosité plus a!rmée entre les électorats de l’UMPet du Front national. Celle-ci ne se fait pas, cependant, sur les solutions politiques quepropose le Front national mais sur des attitudes identitaires, l’attachement aux va-leurs traditionnelles de la France, le rejet de l’Islam, une demande de sévérité en ma-tière de sécurité et de justice. On mesure là, l’e"et des déclarations de Nicolas Sarkozy,d’abord, et des dirigeants de l’UMP, récemment, au premier rang desquels Jean-Fran-çois Copé - oh, le « petit pain au chocolat » ! -, qui ont légitimé ces idées. Cela est évi-demment dangereux et nourrira la tentation d’alliances électorales.

Mais il faut revenir sur la faible adhésion dans l’opinion aux propositions concrètesdu Front national. L’idée qu’il faudrait sortir de l’euro - a!rmation phare de MarineLe Pen - recule, alors que la situation de l’Europe n’incite pas à l’optimisme, c’est lemoins que l’on puisse dire. Tout aussi significatif est la faible approbation que recueillele principe de la préférence nationale. 73 % des personnes sondées considèrent ainsiqu’il n’y a pas de raison de faire de di"érence entre un Français et un immigré en si-tuation régulière.

Il faut donc utiliser la notion de « banalisation » avec prudence. Le Front national de-meure, pour une large majorité de français, un parti protestataire qui a pas vocationà gouverner. Mais son e"et le plus dangereux, pour l’heure, est d’exercer un pouvoird’influence sur une part importante de la droite et, au-delà, dans l’opinion. Cela nepeut pas être ignoré par la gauche. Une stratégie de l’isolement risque de ne pas êtresu!sante. Le sondage suggère une attitude qui peut être la nôtre. La faiblesse del’adhésion sur les politiques proposées montre que les socialistes doivent mettre l’ac-cent sur les réalités concrètes de la politique, avec les conséquences des choix faits età faire. Ce n’est pas en mettant son drapeau dans sa poche - tout particulièrement surla question européenne en 2014… - que l’on entraîne la conviction. Il faut a"ronter ledébat avec force et détermination. L’acte de gouverner crée évidemment des interro-gations et des mécontentements, mais cela peut-être également un argument quandil est pleinement assumé.

Alain BERGOUNIOUX

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L’UDI dans les pas de l’UDF

Créée de toute pièce par Jean-Louis Borloo,l’Union des démocrates indépendants (UDI)s’est fixée pour objectif de capter, au centre-droit, les voix que l’UMP a laissé filer, sanspour autant parvenir à ses fins. La crise quioppose copéistes et fillonistes n’a pas apportéle flot de ralliements escomptés. Et, en dépit del’énergie déployée par son président, ce partin’a pas réussi, jusqu’ici, à élargir son influenceau-delà du cercle très fermé des orphelins dubayrouisme et… de l’aile modérée de l’UMP.

………

L’union des droites et du centre a vécu. Le 18septembre dernier, Jean-Louis Borloo o!ciali-sait le lancement de l’UDI, avec l’ambition de refonder la famille centriste, en évitant dereproduire les erreurs du passé. Et de ressou-der ainsi une famille divisée, depuis l’éclate-ment de l’UDF. Sous couvert de peser face àl’UMP et au Parti socialiste, l’ex-ministre dugouvernement Fillon a tôt fait d’a!cher sonpositionnement au centre-droit. Manière, pourl’intéressé, de faire contrepoids à la stratégiedu « ni gauche, ni droite » de François Bayrou,en ralliant des déçus de l’UMP, des indépen-dants et des divers droite, avec l’ambition de devenir, à terme, le premier parti de France. La formule choisie - une confédération de par-tis centristes - n’incite pourtant guère à l’opti-misme. Pas sûr, en e"et, que le virus de ladivision, inoculé en 2007, ne produise à nou-veau des e"ets ravageurs sur un mouvementdont les états-majors des formations qui lecomposent sont tentés de tirer la couverture à eux, une fois les élections venues. Borloo etsa suite ne font, ici, que reproduire l’idée dé-fendue, hier, par Jean Lecanuet et Jean-JacquesServan-Schreiber de créer un parti à même de prendre la prédominance à droite, qui s’estconcrétisée en 1978, avec l’Union pour la dé-mocratie française (UDF), sous l’égide de Mi-chel Poniatowski, un fidèle de Valérie Giscardd’Estaing.

Absence de notoriété. L’apparition de l’UDIdans le paysage politique français marque

surtout, aujourd’hui, l’échec de l’UMP à fédérerl’union des droites. « Cette tentative de fairevivre un système moniste d’organisation de ladroite française n’a, au fond, été qu’une paren-thèse dans l’histoire longue des droites et ducentre », constate Pascal Perrineau, directeurdu Centre de recherches politiques desciences-po (CEVIPOF). (1)

Jean-Louis Borloo devratrouver ses marques face àdes « troupes diverses etsouvent rétives », où lesjeunes et les femmes ne luisont, a priori, guère favora-bles. La faiblesse du nou-veau parti centriste estégalement patente chez lesplus défavorisés…

La principale di!culté, pour les dirigeants duparti centriste, sera toutefois d’acquérir cettenotoriété qui a tant manqué à leurs prédéces-seurs. Ce, d’autant plus que les partis se récla-mant de la droite républicaine et du centren’ont plus le vent en poupe depuis un an, à encroire les sondages. Sur le papier, Borloo peutse prévaloir d’une popularité grandissanteface à François Bayrou et Hervé Morin, sesprincipaux concurrents, et compte parmi ceuxauxquels les Français prédisent un avenir. « Dans le baromètre Figaro Magazine-Sofresde février, le nouveau patron de l’UDI fait par-tie du quintette des leaders de droite qui ont àla fois une grande visibilité et un soutien signi-ficatif en termes d’opinion », note le directeurdu CEVIPOF (2). Mais, Jean-Louis Borloo devra trouver sesmarques face à des « troupes diverses et sou-vent rétives », où les jeunes et les femmes nelui sont, a priori, guère favorables. La faiblesse

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du nouveau parti centriste est égale-ment patente chez les plus défavorisés…« L’enracinement populaire et la capa-cité d’une clientèle d’électeurs de centregauche déçus par le nouveau pouvoirsont (…) les principaux défis que cet héri-tier lointain de la défunte UDF aura à relever dans les mois qui viennent avantles premiers affrontements de l’année2014 où le baptême du feu électoral dé-cidera du destin de l’UDI », résume Pas-cal Perrineau. (3)

Le retrait brutal de Borloode la course de 2012 laisseplaner un doute sur ses in-tentions réelles. Plusieurscadres de l’UDI y ont d’ail-leurs vu un signe, convain-cus de l’incapacitéchronique de leur mentor à aller jusqu’au bout.

Curseur à droite. À l’UDI, le tropisme UMPéiste l’emporte par-dessus tout. Au point que la volonté d’alliance entre les deux partis, en prévision des élections locales, est clairement a!chée. Pas question,en revanche, de se rapprocher des socialistes,même si la dialectique de l’union a ses limites. En témoignent les positions a!chéespar les deux partis de droite vis-à-vis du Frontnational. Le rassemblement unitaire fait ainsidébat à l’UMP, quand l’UDI semble excluretoute idée d’alliance avec le parti frontiste. « L’UMP est partagée entre deux visions. D’uncôté, un avenir protectionniste, national, anti-européen, de l’autre, un avenir ouvert pro-eu-ropéen, résume l’eurodéputé Jean-LouisBourlanges. Ses dirigeants, Fillon et Copé,sont en réalité acquis à la première hypo-thèse. Ce parti aura donc du mal à dégagerune ligne claire. Nous, nous serons capablesde dégager une ligne claire. » (4) Si l’UDI est dans une coalition de droite avecl’UMP, elle n’en rassemble pas moins quatre

sensibilités qui font sa singularité, à en croireYves Jégo, son délégué général : « noussommes plus européens, écologistes, répu-blicains tolérants et pour une véritable libertéd’entreprendre », se plait à répéter le députéde Seine-et-Marne. (5) Manière, pour l’inté-ressé et ses troupes, de peser autant que pos-sible dans les prochains scrutins. Voire.

Desseins politiques. Passé le cap de 2014, laprésidentielle sera dans toutes les têtes. Et, nedoutons pas qu’à ce jeu, les prétendants se-ront nombreux. Le retrait brutal de Borloo dela course de 2012 laisse, en e"et, planer undoute sur ses intentions réelles. Plusieurs ca-dres de l’UDI y ont d’ailleurs vu un signe,convaincus de l’incapacité chronique de leurmentor à aller jusqu’au bout. ChantalJouanno, Rama Yade, Jean-Christophe La-garde, Jean-Christophe Fromantin et mêmeHervé Morin sont en embuscade. Jusqu’àChristine Largarde, aujourd’hui au FMI. Prudent, Borloo s’est constitué son « shadowcabinet ». En qualité de Premier ministre,Yves Jégo joue un rôle de sentinelle, tandisque Rama Yade planchera sur l’éducation,Jean-Christophe Lagarde sur les a"airesétrangères et Nassimah Dindar, présidentedu Conseil général de la Réunion, sur les af-faires sociales. (8) De quoi occuper ce petitmonde en attendant…

NOTES

(1) Pascal Perrineau, L’UDI peut-elle rivaliseravec l’UMP ?, Le Figaro, 5 février 2013.(2) Pascal Perrineau, op. cit.(3) Pascal Perrineau, op. cit.(4) Le Télégramme, 25 octobre 2012.(5) Les centristes élaborent leur projet, in Les Échos, 28 janvier 2013.(6) Libération, 28 janvier 2013.

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DÉCRYPTAGE & DÉBATS

« La France n’est pas ce manteau de clochersque Buisson tente de nous vendre, depuisdes années. Elle est une terre d’accueil etd’égalité qui s’enracine dans la Révolutionfrançaise »

Thierry Marchal-Beckest président du Mouvement des jeunes socialistes(MJS). Désigné par François Hollande comme res-ponsable du pôle de la mobilisation des jeunes dansle cadre de la campagne présidentielle de 2012, il revient sur le travail entrepris, de longue date, par leMJS pour combattre la droite et l’extrême-droite. futures entre le principal parti de l’opposition et le FN.

Le MJS a entrepris un important travail de carac-térisation et d’analyse critique sur la droite et l’ex-trême-droite. Comment cette entreprise sedécline-t-elle ?L’essentiel de notre réflexion porte sur la droite,l’extrême-droite et la radicalisation de certainesfranges de la droite républicaine. Nous nous e orçons d’analyser et de disséquer les proposi-tions et l’idéologie des partis qui forment l’oppo-sition, en mettant l’accent sur les politiqueslibérales et conservatrices dont ils se font les promoteurs. Ceci vaut, en particulier, pour le mariage pour tous auquel ils sont naturellementhostiles, la fin du CDI, la remise en cause de notremodèle de retraites, ou bien encore le salaire mi-nimum… Ce travail critique est complété par une entre-prise de veille systématique, menée depuis deuxou trois ans, sur les questions identitaires. Depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, en 2007,

la droite ne se positionne plus uniquement surles sujets économiques et sociaux, mais sur desaspects citoyens et sociétaux. Avec l’ambition dedéfinir un nouveau périmètre national. L’exemplevaut également pour les questions migratoireset l’identité, avec la remise en cause du droit dusol. Et, à la clé, une stigmatisation de plus en pluspressante des personnes de confession musul-manes, que d’aucuns assimilent à tort au radica-lisme et à l’islamisme.

Ce positionnement radical d’une partie de l’UMPet de la droite forte s’est opéré sous le mandat deNicolas Sarkozy, au prix d’une véritable empriseidéologique de l’extrême-droite sur la droite. Oui. L’organisation, par le Bloc identitaire, d’« apéros saucisson et pinard » ou de la « soupeau cochon » en est d’ailleurs la parfaite illustra-tion. Elle se poursuit par une véritable réappro-priation du vocabulaire frontiste par l’UMP,

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sous l’égide de Patrick Buisson, et ce parmi lesplus hautes fonctions de l’Etat. Tout cela, nous l’analysons. Et, nous constatonsqu’il existe une véritable tentation unitaire, àdroite, autour de la question de l’Islam. L’inter-diction du port du voile ou de la burqa, aussi légitime soit-elle, s’opère ainsi dans un climatpermanent de stigmatisation vis-à-vis de lacommunauté musulmane. Et, il ne fait aucundoute, à cet égard, que l’alignement que vousévoquez sur les thèses du Front national a étémanifeste au cours de la dernière campagneprésidentielle. Il s’est traduit, entre 2007 et 2012,par un niveau d’expulsion des populations issues de l’immigration jamais atteintjusqu’alors. Avec des contrôles d’identité systé-matiques et une politique de stigmatisation quidonnent une nouvelle définition de ce qu’est le « nous ».

À droite, il est écrit que lapeur doit changer de camp etque l’inflation des lois sécuri-taires est la norme. L’em-preinte idéologique etculturelle de l’extrême-droiteest ici très prégnante.

Tout cela est à mettre en lien avec le rôle préten-dument positif de la colonisation, l’absence derepentance, après les actes de tortures perpétrésdurant la guerre d’Algérie, ou bien encore ledrame lié à l’abandon des Harkis par la Répu-blique. Oui. Il est important de mesurer le poids de l’hé-ritage colonial dans le discours aujourd’hui en-tretenu par la droite extrême et l’extrême-droite.Le terme « d’assimilation », par exemple, est issude l’administration militaire lors de la colonisa-tion en Algérie. Le colonisateur distingue dèslors les populations juives et Kabyle qui seraientsemblables aux « musulmans », à qui on ne re-connaît d’ailleurs pas la qualité d’Algériens, quiseraient eux-mêmes culturellement inassimila-bles, comme le démontrent les travaux de Patri-cia Lorcin. Nous constatons à quel point larhétorique sur l’assimilation, qu’il faudrait, parailleurs, distinguer de l’intégration souhaitée par

le Front national, vise à véhiculer l’idée que cer-taines populations seraient culturellement inas-similables. On peut y ajouter l’inflation sécuritaire et la thé-matique migratoire. Ce sont d’ailleurs souventles jeunes issus des quartiers populaires quisont la cible de ces attaques, dont Nadine Mo-rano s’est fait une spécialité. À droite, il est écritque la peur doit changer de camp et que l’infla-tion des lois sécuritaires est la norme. L’em-preinte idéologique et culturelle del’extrême-droite est ici très prégnante. Le plussurprenant, c’est que le nombre de policiers n’acessé de diminuer entre 2002 et 2012. Ce quitend à démontrer qu’au-delà de l’interpénétra-tion entre la droite et l’extrême-droite, noussommes bien dans le discours et l’idéologie.

Pour qu’un ouvrier ou un em-ployé puisse voter Sarkozy ausecond tour, c’est-à-direcontre ses intérêts matériels,il doit passer par un « sas »qu’est le vote Front national.

La structure de l’électorat FN et UMP est pourtantloin d’être homogène…Absolument. L’entre-deux tours de la campagneprésidentielle l’a d’ailleurs parfaitement démon-tré. Nicolas Sarkozy a certes réussi, en 2007, à capter dès le premier tour de la présidentielleune partie des voix du FN. La mise en placed’une politique favorable aux plus riches a toute-fois changé la donne, au fil du quinquennat. Parallèlement, les ouvriers et employés, issusdes territoires périurbains, se sont rapprochéspeu à peu de l’extrême-droite, au détriment de lagauche et de la droite républicaine. Sarkozy l’aparfaitement saisi. Pour qu’un ouvrier ou un em-ployé puisse voter Sarkozy au second tour, c’est-à-dire contre ses intérêts matériels, il doit passerpar un « sas » qu’est le vote Front national. Nousconstatons à quel point la droite a besoin desubstituer la question raciale à la question so-ciale pour obtenir une majorité politique. D’où sastratégie d’empiètement sur l’idéologie frontistedans l’entre-deux tours de l’élection présiden-tielle de 2012. Mal lui en a pris.

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Une étude de la Fondation Jean-Jaurès et du CEVIPOF pour le journal Le Monde en date du 25 janvier, met en exergue les crispationsalarmantes de la société française. Elle pointeégalement la très forte demande d’autorité et la tentation du repli national. Comment analy-sez-vous ce phénomène ?Ce constat, nous le faisons également. Il n’y pasde fatalité, à l’heure où 20 % des jeunes optentpour le Front national. Ils ne votent d’ailleurspas di"éremment de leurs parents. Lorsquele FN est faible, il l’est tout autant chez ces pu-blics, et inversement. Je constate, par ailleurs,que ce parti jouit d’une très faible audiencedans le milieu universitaire, tandis qu’il peut recueillir 30 à 35 % des su"rages chez les per-sonnes peu qualifiées, issues, pour la plupart,des territoires périurbains. Les zones urbaineset rurales, votent en revanche clairement àdroite ou à gauche. Le FN y enregistre ses plusfaibles audiences. Au-delà de ce constat, le travail de déconstruc-tion que nous avons entrepris doit être accom-pagné par l’a!rmation d’un projet de société.Existe-t-il ou non une dimension xénophobedans le vote FN ? Bien-sûr. Y a-t-il une demanded’ordre et d’autorité dans cette o"re politique ?Clairement, oui. La crainte et la peur d’êtreconfronté à des cultures di"érentes de la nôtre ?Cela va de soi. De tout cela, nous tirons desconséquences. Avec la volonté d’apporter desréponses à celles et ceux qui vivent quotidien-nement sur ces territoires. Et qui sont touchésde plein fouet par la crise, l’absence de servicespublics de proximité, la di!culté d’accéder à laculture, la santé ou à une école de qualité, la peur du déclassement, et qui seraient tentés par le repli sur soi. La question du pouvoird’achat occupe naturellement une place cen-trale dans leurs préoccupations. Ce que MarineLe Pen a compris de longue date.

Il y a nécessité, pour nous, de créer du lien avec les ac-teurs des quartiers popu-laires, plus sensibles qued’autres au discours frontistesur l’immigration et la préfé-

rence nationale. Ceux-làmêmes qui voient dans Ma-rine Le Pen quelqu’un d’at-tentif à leurs préoccupations.Leur vote ne fonctionne pastant sur des items que surdes considérations liées aupouvoir d’achat.

Dans chacune de ses interventions, la prési-dente du FN insiste, e!ectivement, sur la peurde la mondialisation et ses e!ets sur la crise du multiculturalisme et du pouvoir d’achat, enreléguant au second plan les questions socié-tales, qui figurent pourtant au cœur des préoc-cupations citoyennes.J’ai grandi entre le Nord-Pas-de-Calais et la Lorraine. Deux territoires aux prises à d’impor-tantes di!cultés industrielles, dont les habi-tants ont des préoccupations souvent éloignéesde celles et ceux qui vivent dans des grandscentres urbains. Ces disparités nourrissent lathèse frontiste d’une France « invisible » et del’idée savamment entretenue par la droite selonlaquelle la gauche ne s’adresserait qu’aux po-pulations issues des grandes métropoles. S’ensuit la nécessité, pour nous, d’entretenir des liens avec les acteurs des quartiers popu-laires, plus sensibles que d’autres au discoursfrontiste sur l’immigration et la priorité natio-nale. Ceux-là mêmes qui voient dans Marine Le Pen quelqu’un d’attentif à leurs préoccupa-tions. Leur vote ne fonctionne pas tant sur desitems que sur des considérations liées au pou-voir d’achat. Mais, qu’on ne se méprenne pas : le programme du FN repose sur le principe dela préférence nationale qui transite par unchangement constitutionnel et une remise encause radicale de la déclaration universelle desdroits de l’homme et des citoyens. Au FN, la mo-dernité n’est que de façade. Seule la communi-cation prime.Il nous faut donc impérativement réarmer lesjeunes militants contre l’extrême-droite, sonprogramme et sa conception du pouvoir, en ciblant, plus particulièrement, les zones géogra-

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phiques où elle enregistre ses résultats les plusflatteurs.

Là où nos militants se sen-tent les plus forts, le FN se re-trouve souvent en position defaiblesse.

Justement, quelles actions le MJS met-il enœuvre pour combattre l’extrême-droite et leFront national sur le terrain ?Là où nos militants se sentent les plus forts, le FN se retrouve souvent en position de faiblesse. En Ile-de-France, à Lyon, Toulouse,Marseille, Lille, Nantes et dans les villes universi-taires. À l’inverse, les bassins éloignés rendent lemilitantisme plus ardu. Ce qui pose clairementle problème des moyens. Comment fait-on pourtoucher ces populations ? À l’occasion des cam-pagnes présidentielle, législatives et cantonales,les Jeunes Socialistes ont organisé de nom-breuses caravanes militantes, dès que la situa-tion l’exigeait. Il nous faut poursuivre cet e"ort,en procédant à un véritable travail de caractéri-sation du Front national. Ce qu’a fait LaurianneDeniaud, en 2011, en interpellant Marine Le Pen,à plusieurs reprises. Il nous faut expliquer clairement ce qu’est ceparti, en insistant sur les liens qu’il tisse avec des groupes d’extrême-droite et identitaires, son racisme antimusulman, le fait qu’il n’a jamais été du côté des ouvriers, ou les attaquesciblées qu’il mène contre le droit des femmes.C’est notre priorité. Parallèlement, nous devonsformer les militants pour argumenter et répon-dre aux interrogations légitimes de nos conci-toyens. Enfin, il nous faut créer du lien et faireconnaître notre projet de société. Et ce, en met-tant l’accent sur les questions liées au pouvoird’achat, la santé, le logement et la mobilité dansles territoires périurbains. L’attente est forte et ilnous appartient de rappeler avec force que lagauche est du côté des services publics car c’estle patrimoine de ceux qui n’en n’ont pas.Les valeurs qui fondent le pacte républicainsont, de ce point de vue, essentielles. À chargepour nous de les défendre avec la même déter-mination que celle qui a valu à Nicolas Sarkozyet ses troupes d’en saper les fondements. Notrerôle est d’a!rmer les valeurs dans lesquelles

nous nous reconnaissons. Il n’est pas questionde s’excuser au motif qu’on est de gauche ! Noussommes pour la justice, la fin des peines plan-cher, la lutte contre les inégalités, l’intégration, la hausse du pouvoir d’achat. Montrons-le !Nous sommes le parti de la liberté, de l’égalité etde la fraternité. Nous sommes persuadés qu’àpérimètre culturel constant, nous perdrons dansles urnes. C’est donc une reconquête des têtes etdes cœurs qu’il s’agit d’entreprendre. La gauchea besoin d’un discours fort et clair sur ces sujets.Nous ne possédons pas les médias, ne faisonspar le 20 h de TF1. Notre force, ce sont nos mili-tants sur tous les territoires, qui convaincrontleurs amis, leur famille, leurs voisins.

Il nous faut expliquer claire-ment ce qu’est ce parti, en in-sistant sur les liens qu’il tisseavec des groupes d’extrême-droite et identitaires, son ra-cisme antimusulman ou lesattaques ciblées qu’il mènecontre le droit des femmes.

La gauche éprouve souvent des di"cultés às’adresser, de manière homogène, aux popula-tions issues des zones urbaines, périurbaines et rurales. Comment expliquez-vous ce phéno-mène ?Les militants doivent occuper le terrain, rassem-bler, être présents dans le tissu associatif. Ce n’est pas facile. Il nous faut donc des moyens.Tout est a"aire de volonté politique. Mais, j’in-siste sur une dimension essentielle : lorsque ledéterminant du vote est à dominante écono-mique et social, nous l’emportons. Employés etouvriers doivent donc figurer au cœur de nospréoccupations. La bataille idéologique et fron-tale avec la droite est en cela indispensable,d’autant qu’elle se réfère à un récit di"érent dunôtre. Non, la France n’est pas ce manteau declochers que Buisson tente de nous vendre, de-puis des années. Elle est une terre d’accueil etd’égalité qui s’enracine dans la Révolution fran-çaise. Assumons pleinement ce positionnement.Il est tout aussi important de s’adresser aux

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FN : une « banalisation » à marcheforcée !

Les idées du Front national ont-elles fini par impré-gner l’opinion ? À moins que celle-ci ait im-primé durablement sa marque sur le partifrontiste ? L’interrogation bat son plein. D’aprèsle baromètre TNS Sofres publié dans le journalLe Monde en date du 7 février, plus d’un tiersdes Français adhèrent aujourd’hui aux idéesfrontistes.

Les frontières sont poreuses et les sympathiesaffichées, à l’heure où un sympathisant UMPsur deux se déclare séduit par des alliancesélectorales avec le FN. L’emprise du discours lepéniste sur les catégories populaires et lanormalisation de l’image du parti d’extrême-droite, sur fond de crise économique et sociale,ne sont sans doute pas étrangères à cetteadhésion. Si 67 % des sondés n’envisagent pasde voter pour ce parti à l’avenir, ils sont 47 % à estimer qu’il ne représente pas un dangerpour la démocratie.

Ce résultat sans précédent ne fait que confir-mer l’image d’une « droite patriote attachéeaux valeurs traditionnelles », dont Marine Le Pen fait son miel, alors que son père se re-connaissait plus volontiers dans la xénopho-bie, le poujadisme et le libéralismeéconomique. Tant et si bien que le curseur s’estinversé auprès des sympathisants UMP, dont51 % déclarent adhérer aux constats expriméspar la fille du Menhir, sans pour autant se lais-ser séduire par ses solutions.Ces idées trouvent un écho particulier chez les

personnes peu ou pas diplômées. À commen-cer par les ouvriers (42 %) et employés (34 %)issus des zones rurales (41 %), rurbaines (36 %)et périurbaines (38 % d’adhésion). A contrario,les titulaires de diplômes supérieurs, issus,pour la plupart du tissu urbain, sont les plushermétiques aux idées frontistes : 79 % se déclarent en désaccord avec Marine Le Pen et ses troupes.

Acteur à part entière du jeu politique, le FN occupe désormais toute sa place, à droite. Cette banalisation, sur fond de dédiabolisation,conforte la crédibilité de sa présidente qui metaujourd’hui l’accent, dans ses discours, sur leseffets de la mondialisation sur le portefeuilledes Français, touchés de plein fouet par lacrise. 35 % des sondés, contre 31 % en 2012, la croient ainsi capable de gouverner le pays.Plus étonnant, 53 % d’entre eux la jugent capa-ble de rassembler au-delà de son camp, alorsque 39 % souhaitent des alliances avec l’UMP,au gré des configurations locales et des oppor-tunités politiques. Soit , une hausse de quatrepoints par rapport à l’an dernier.

Le rejet de l’Islam chez 54 % des personnes interrogées (+ 11 % par rapport à 2010) est particulièrement prégnant au sein de l’électoratUMP (+ 10 % en un an). Au même titre que lastigmatisation grandissante de l’immigrationqui contribue à rapprocher le premier parti del’opposition et le FN. La responsabilité des diri-geants de l’UMP n’en est que plus engagée.

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habitants des quartiers populaires abandonnés àleur sort par les amis de l’ex-président de la Répu-blique et qui subissent de nombreuses stigmati-sations, qu’à ceux qui vivent sur des territoiresplus favorisés. Il y a un vrai danger à opposer plusieurs éléments issus de la classe populaire,au risque de trahir l’idéal d’égalité porté par lagauche. Chacun doit pouvoir accéder à l’école dela République, aux services publics ou aux soinsles plus élémentaires…

Toute stratégie visant à opposer des catégories depersonnes est dangereuse, parce qu’elle ne faitque diviser et fractionner la société. Ceci n’apporterien de positif à la gauche. Interrogeons-nous plu-tôt sur l’encadrement des loyers, l’aide aux trans-ports ou l’accès à la santé. François Hollanden’aurait jamais été élu s’il n’était pas parvenu àaccumuler entre 6 et 8 millions de voix dans lesquartiers populaires.

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Wauquiez : une mise en scène laborieuseLaurent Wauquiez, porteur de la motion dite «Droite sociale », faisait sa rentrée politique le 5février, en réunissant l’essentiel de ses sou-tiens. Les quelque 21,7 % obtenus par la mo-tion qu’il a présenté lors du congrès de l’UMPd’octobre 2012, lui o!re une tribune média-tique, qu’il entend utiliser pour mettre enavant ses idées libérales et conservatrices

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La Droite sociale fait sa rentrée. En présence de parlementaires et de militants ralliés à sa cause, Laurent Wauquiez a présenté, le 5 février, à Paris, les principaux axes de ré-flexion sur lesquels il entend construire son logiciel de pensée. Son crédo : les droits et lesdevoirs qu’il assigne, pour l’essentiel, aux « assistés » sociaux. Sa cible : les classesmoyennes, prétendument ignorées de la classepolitique et de la presse parisienne, qu’il croit acquise à la gauche. Ce qui lui vaut, à chacune de ses sorties, d’opposer la « solida-rité juste » et l’assistanat « que nous refusons ».

Ce proche de François Fillonse verrait bien en chef demeute pour fixer le cap, ense projetant sur 2017.

Chef de meute. Fustigeant les « querellesd’égo », les « guerres fratricides » et les « affrontements de personnes », au seinmême de sa famille politique, le député de laHaute-Loire entend se poser en rassembleur,tout en a!chant sa ferme opposition au gou-vernement. En fait, ce proche de FrançoisFillon se verrait bien en chef de meute pourfixer le cap, en se projetant sur 2017. Pour cela, il commence - sans réelle surprise -par fustiger les « mensonges de François Hol-lande », le « matraquage fiscal », mis en scène

par Jean-Marc Ayrault, et le « démantèlement »,par le gouvernement, des politiques familiales.De son point de vue, la gauche s’emploie ainsià défaire, une à une, les pierres de l’édificeconstruit patiemment par la droite. Travail, famille, école… La critique va bon train,au prix de caricatures parfois surprenantes.L’État socialiste s’en prendrait, ainsi, indumentaux fondements de la société que Sarkozy etFillon auraient prétendument défendus. « Ilss’attaquent, par le biais des heures supplé-mentaires, à toutes les di!érences entre l’assis-tanat et le travail », martèle-t-il comme unmantra. Au détour d’une phrase, il tacle Vin-cent Peillon, qu’il accuse, mal-à-propos, devouloir supprimer l’évaluation des élèves. « C’est le grand retour de l’idéologie de lagauche, raille-t-il. Nous croyons dans l’e!ort,elle défend le nivellement. »

En digne héritier du sarko-zysme, Wauquiez se dit prêtà « briser les tabous », fusti-geant au passage la « vraiefausse générosité » de lagauche, coupable, à sesyeux, d’emprisonner ladroite sur le terrain social.

Vraie fausse générosité. « Assistanat », promo-tion du travail, fin des 35 heures, dictat de lagauche et du Parti socialiste… En digne héritierdu sarkozysme, Wauquiez se dit prêt à « briserles tabous », fustigeant au passage la « vraiefausse générosité » de la gauche, coupable, à ses yeux, d’emprisonner la droite sur le ter-rain social. « Cette voie, Nicolas Sarkozy l’a ou-verte. Nous devons la poursuivre », insiste-t-il. Dès lors, l’occasion est trop belle de tirer à bou-lets rouges sur le pacte de compétitivité dans

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lequel il ne veut voir surtout que les e"ets pervers, en termes d’alourdissement decharges. Franchement curieux d’entendre cet ex-ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui ne s’est guère illustrépar son audace durant le précédent quinquen-nat, distribuer les bons et les mauvais points !À coup d’assertions et de contre-vérités récur-rentes sur le « matraquage fiscal » auxquellesle gouvernement se livrerait depuis huit mois,et dont seraient victimes, au premier chef, lesclasses moyennes.« Chaque français doit acquitter l’impôt », constate-t-il, avant de conditionner la réduc-tion du déficit à une baisse de deux-tiers de ladépense publique. Troisième chantier : la maî-trise des dépenses locales, par le biais d’unplafond fiscal et, là aussi, d’une compressionde la dépense, dont les socialistes sont tenusresponsables. Seul moyen, veut-il croire, depréserver les classes moyennes contre unchoc fiscal.

Au détour d’une phrase,Wauquiez se prend à bro-carder les « corporatismes »qui mettent le système enpéril. Par là, il entend les me-

sures de solidarité sociale et l’aide médicale d’État,taxées d’ouvrir la voix à tousles abus et d’inciter lesétrangers, entrant irréguliè-rement sur le territoire, àprofiter de notre système desanté…

Poison. Déficit record du régime d’assurance-chômage, système de protection sociale enfaillite, « financé à crédit et payé par nos en-fants … Au détour d’une phrase, Wauquiez seprend à brocarder les « corporatismes » quimettent le système en péril. Par là, il entendsurtout les mesures de solidarité sociale etl’aide médicale d’État, taxées d’ouvrir la voix àtous les abus et d’inciter les étrangers, entrantirrégulièrement sur le territoire, à profiter denotre système de santé… Derrière une prétendue modernité, le parle-mentaire UMP agite ainsi les peurs. Au-jourd’hui, comme hier, on ne voit pas ce qu’ade sociale la droite de Laurent Wauquiez. «Droite sociale » ? Non, plutôt droite libérale etconservatrice.

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