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Egalement disponible :

Addictive Love

Entre Tom Kelley, le quarterback des Giants, et Maya Leblanc, la jeune photographe, rien n’aurait dûarriver ! Tom vit dans un monde fait de victoires et de paillettes, de dollars et de bimbos. Maya, elle,essaie tant bien que mal de boucler ses fins de mois.Alors quand Tom essaie de la séduire, l’instinct de Maya lui dit de fuir… Ne risque-t-elle pas de sebrûler les ailes à côtoyer ce monde si différent du sien ? D’autant que cet univers aux apparencessuperficielles dans lequel vit Tom est moins innocent qu’il n’y paraît…

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Tout ça, c’est la faute du chat !

Tout ça, c'est la faute du chat ! Je devais rester à San Francisco quelques semaines seulement, le tempsd'une exposition de photos. Mais Prince, ce maudit félin, a tout fichu par terre ! Prince, et surtout sonpropriétaire : Jason, le beau, séduisant, irrésistible chanteur de Golden. Un aimant à problèmes ! Le genred'homme que je fuis sans me retourner, d'ordinaire.Seulement, je n'ai jamais su résister à un défi… Surtout quand celui-ci est aussi sexy que Jason. Alors, lesproblèmes, j’en fais mon affaire. Quitte à jeter mon cœur et toutes mes convictions dans la balance !

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Retrouve-moi

Emily Green, jeune créative dans la publicité, découvre par hasard une porte qu’elle n’avait jamais vueauparavant dans le building de sa société. Poussée par une curiosité dévorante, elle ouvre cette porte etse retrouve alors dans une étrange entreprise où les employés tapent sur des machines à écrire et fumentdans les bureaux ! Mais plus étrange encore, la jeune femme rencontre un homme intriguant et plein decharme qui lui fait une proposition inattendue.Emily sait bien qu’elle devrait refuser mais poussée par un étrange désir, elle signe le contrat les liantdésormais l’un à l’autre… au-delà du temps. Choix du cœur ou pire erreur de sa vie ?

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Résiste-moi

Ludmilla Providence est psychologue. Quand une de ses patientes lui raconte des choses étranges sur unéminent chirurgien esthétique, Ludmilla enquête, persuadée que sa patiente est manipulée, voire abuséepar le médecin. Mais elle est bien obligée de reconnaître que le docteur Clive Boyd est absolumentcharmant ! Luttant contre son attirance pour le médecin, Ludmilla décide de lui tendre un piège… Mais sic’était elle, la proie ? Le docteur Boyd est-il sincère ou essaie-t-il de manipuler Ludmilla comme il en amanipulé d’autres ? Impossible de le savoir sans se mettre en danger…

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Protège-moi… de toi

Célèbre actrice abonnée au succès et au sommet du box-office, Liz Hamilton est une jeune femme de 22ans, insouciante et légère. Sa vie se résume à une succession de tournages, de soirées, d’interviews – etd’amis pas toujours sincères. Jusqu’au jour où elle reçoit les lettres d’un détraqué. Des missivesinquiétantes, violentes, sinistres. Habituée à évoluer dans un monde de paillettes et de faux-semblants,elle n’y accorde guère d’importance… avant que son agent n’engage un garde du corps.Et pas n’importe lequel !

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Megan Harold

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INSUPPORTABLE...MAIS À TOMBER !

Volume 2

ZORA_002

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1. Seule au monde

Mes grands-parents, l’incendie de l’hôtel. J’ai l’impression de vivre un cauchemar alors que c’estbien moi là, qui suis en train de courir dans les rues obscures de la ville, à moitié couverte, terrorisée parla terrible nouvelle.

Quand je tourne au coin de la rue et que je peux apercevoir un coin de l’hôtel, de mon hôtel, mon cœurse serre douloureusement dans ma poitrine. Les pompiers… Je cours encore plus vite. Je ne pense pas, jene pense à rien.

L’hôtel n’est pas en flammes, je m’en aperçois alors que je m’approche. J’éprouve comme une sortede soulagement. Ça ne doit pas être si grave… Bettina a dû s’inquiéter pour rien, mes grands-parents vontbien. Ils ont peut-être eu peur…

– Je suis la propriétaire de cet hôtel, dis-je au policier pour qu’il me laisse passer le cordon desécurité.

Je regarde autour de moi, il y a du monde, beaucoup de monde dehors. Je reconnais des clients,emmitouflés. Je ne comprends pas ce qu’il se passe. De l’extérieur, comme ça, l’hôtel n’a rien.

Mais pourquoi alors autant de pompiers ?

Bettina est là, je m’approche d’elle.

– Bettina ?

Mon assistante a les yeux rouges et quand elle me voit, ses larmes coulent à nouveau.

– Où sont mes grands-parents Bettina ? Parle ! Dis-moi que c’est une erreur, que ce n’est pas vrai !Qu’ils ont eu le temps de sortir !

– Oh Nora… Ils sont…

Bettina tente de parler mais sa voix est malmenée par les sanglots. Je ne comprends rien. Je sensl’angoisse monter.

Deux civières sortent de l’hôtel à ce moment-là. Je sens mes jambes fléchir, Bettina me soutient. Deuxsacs noirs… Deux sacs mortuaires. J’arrive à retrouver un peu de force pour me précipiter vers eux.

Un homme me retient, un pompier. Son emprise est ferme. Je lui jette un regard désespéré. J’essaie deme débattre. Personne ne me parle, personne ne me dit rien. Je ne veux pas comprendre, je refuse. Ilsdoivent être là quelque part, au chaud !

Je vais les retrouver, tout va bien…

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Je sens les larmes couler sur mes joues. Je me débats de plus en plus.

– Mademoiselle, vous ne pouvez pas rester ici, m’indique-t-il.– Je suis Nora Preston, la propriétaire de cet hôtel, tenté-je de dire, presque hystérique. Avez-vous vu

mes grands-parents ?

Mon cœur éclate quand je surprends le regard que le pompier adresse à Bettina, venue me rejoindre.Je comprends.

– Nora, commence Bettina doucement.– Non…

Mes larmes coulent de plus belle. J’ai mal, terriblement mal dans la poitrine.

– Non, Bettina… Non…

Je l’implore. J’espère encore qu’elle me dise que tout va bien, qu’elle va me conduire à eux. Que jeme trompe. Mais elle ne fait rien de tout ça… Elle pleure aussi et tente de me prendre dans ses bras. Jerefuse, je m’écarte, je ne veux pas croire ce qui est en train de se passer.

C’est un cauchemar. Je suis encore dans mon lit. Juste un mauvais rêve…

– Mademoiselle Preston, je suis désolé, intervient le pompier. Le feu s’est déclaré dans les cuisines del’hôtel. Il a été rapidement circonscrit mais vos grands-parents ont été intoxiqués dans leur sommeil parles fumées et…

Un bourdonnement sourd résonne dans mes oreilles. Je n’écoute plus, n’entends plus. Je suis dévastée.

– Il n’y a pas d’autres victimes dans l’hôtel, continue-t-il.

Les deux civières sont montées dans les ambulances. Je les suis des yeux, incapable de bouger. Uneodeur âcre règne dans l’air. Je n’arrive pas à bouger, complètement hagarde.

– Bettina… Les clients… Il faut les aider… arrivé-je seulement à dire.– On s’en occupe, tente de se reprendre Bettina, effondrée. Nous allons contacter les hôtels pour eux.– Ok…– Nora, je suis tellement désolée…

Je secoue la tête. J’agis comme un robot.

– Vas-y Bettina, va t’occuper des clients.– Et toi Nora ? Tu ne peux pas rester seule, comme ça…– Mademoiselle Preston, est-ce que vous souhaitez accompagner vos grands-parents ? me demande le

pompier à mes côtés.

Je le regarde. J’acquiesce. Je fais un signe à Bettina et suis le pompier. Je monte dans une des deuxambulances, fixant le corps enveloppé dans sa housse sombre. Je reconnais le petit corps de ma grand-

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mère.

Et alors qu’on ferme la porte du véhicule derrière moi et que Bettina me fait un signe à travers seslarmes, j’explose en sanglots et me jette sur la civière. Je réalise et ma douleur est énorme. Mes grands-parents sont morts. Ils sont partis, je ne les verrai plus, je ne les entendrai plus. Je ne me réfugierai plusjamais chez eux, ils ne m’écouteront plus… Je ne les verrai plus jamais sourire, ils ne me prendront plusjamais dans leurs bras.

Je pleure sur ma grand-mère. Je n’ai plus personne.

Je suis seule.

***

Bettina est à mes côtés dans mon bureau ce matin. Après la morgue, je me suis réfugiée ici. Lespompiers m’ont laissé le droit d’entrer, il n’y avait plus de risques. Je suis restée là, dans cet hôtelterriblement silencieux. Que pouvais-je faire d’autre ? Je n’ai pas dormi, j’ai pleuré, complètementabattue.

– Tous les clients ont été relogés, me souffle Bettina d’une voix lasse et fatiguée. Leurs affaires ont ététransférées.

– Merci Bettina, dis-je péniblement en passant la main sur mon front, sentant une migraine s’installer.– Nora, tu devrais essayer de manger un peu, me glisse mon assistante en me tendant des biscuits.

Je secoue la tête. Je suis incapable d’avaler quoi que ce soit. Le café ne sait même pas réchauffer lefroid glacial qui m’habite.

– Tous les hôtels hébergent gratuitement nos clients. Tout le monde pense à toi Nora, ils connaissaienttous tes grands-parents, continue-t-elle, pleine de douceur.

Une larme roule sur ma joue. Bettina pose sa main sur la mienne.

– Tu n’es pas toute seule Nora, je suis là, toute l’équipe est là pour te soutenir, tente-t-elle de meréconforter.

– Il faut procéder à l’état des lieux, lui réponds-je. Pour les assurances.

Je suis submergée par le chagrin mais la déclaration du sinistre ne peut attendre. Il faut la faire vitepour que l’assurance nous rembourse et que les travaux démarrent.

L’hôtel, il continue de me lier à eux… Il doit vivre.

Bettina et moi arpentons l’hôtel, le pas lourd. Nous notons, prenons des photos. Toute la cuisine a étédévorée par les flammes, la réserve et… je ne veux pas aller plus loin. Le petit patio de mes grands-parents a lui aussi été brûlé. Je laisse Bettina s’occuper de la partie privée. Je sais que c’est dur pour elleaussi. Elle les aimait beaucoup. Combien de fois avons-nous pris un verre tous les quatre avant departir ?

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Les fumées âcres de l’incendie ont laissé des traces dans le hall. Dans toutes les pièces, il règne cetteodeur de brûlé. Tout est imprégné, le drame est partout.

– Je vais m’occuper des papiers pour l’assurance, me propose Bettina en revenant dans mon bureau.– Merci Bettina, accepté-je en grimaçant un pauvre sourire.

Plus tard dans la matinée, mon assistante glisse la tête à la porte de mon bureau, discrètement. Tout lecontraire de son habitude.

– Nora, toute l’équipe est là, m’apprend-elle. Il faudrait que tu leur parles, mais si tu ne te sens pasde…

– Non, ça va aller. Je vais le faire, dis-je en me relevant.

La migraine me vrille les tempes. Ils sont venus prendre des nouvelles. Mes grands-parents étaientproches de tout le monde ici. Ils sont là pour connaître l’avenir aussi. C’est mon rôle de les rassurer, jedois trouver les mots, malgré l’immense chagrin que j’éprouve.

Et après, je rentrerai chez moi pour sombrer sous ma couette…

Et Neil, où est-il ?

Ils sont tous là : le chef, le barman, les femmes de ménage, Stan, Bree… Tous viennent me voir pourme serrer contre eux, certains ont les yeux rouges. Leur peine est sincère. Je serre les dents, m’interdis depleurer. Je m’effondrerai plus tard.

– Merci d’être venus, commencé-je, contrôlant le timbre de ma voix. Comme vous le savez, unincendie s’est déclaré hier dans les cuisines, avec le résultat que vous pouvez voir… Nous sommes doncfermés jusqu’à nouvel ordre, le temps de tout remettre en état… et de… recommencer…

Je lève les yeux au plafond pour dominer mon émotion.

– Mes grands-parents... Je pense qu’ils voudraient qu’on continue alors…

Ma voix se brise. Je puise dans mes dernières forces.

– Nous allons avoir beaucoup de travail, et j’aurai besoin de vous tous.

Ce n’est pas le moment de m’effondrer !

– Nora, tu peux compter sur moi. Je m’occupe des cuisines et de chercher des entreprises pour laremettre en état dès que ce sera possible, entends-je la voix du chef près de moi.

– Nous allons tous nous occuper de chercher des artisans, ajoute Bettina. Nous serons prêts dès quel’assurance nous donnera son feu vert. Nous allons nous occuper de tout ça Nora. Tu as d’autres choses àpenser de ton côté, l’enterrement à organiser… Et tu dois penser à toi aussi.

Bettina a raison. Pour une fois, l’hôtel ne sera pas ma priorité. Tant pis si ce drame survient au piremoment, que nous loupons les fêtes de fin d’année. Mais je dois m’occuper de mes grands-parents, une

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dernière fois. Après, oui, l’hôtel m’aura, rien que pour lui, à 100 %.

Et certainement pas pour les journalistes qui n’arrêtent pas d’appeler depuis ce matin !

***

Bettina a laissé Bree, la réceptionniste, s’occuper des appels. Je ne suis là pour personne. Assise àmon bureau, je pose ma tête dans mes mains, espérant calmer cette douleur lancinante. Je tombe desommeil mais je suis incapable de rentrer chez moi. Rester ici, c’est être au plus près de mes grands-parents. À nouveau les larmes coulent. Le vide qu’ils laissent derrière eux est vertigineux.

– Je peux entrer ?

Cette voix…

– Neil ?! Mais… Qu’est-ce que tu fais là ? demandé-je, surprise de cette apparition complètementinattendue.

– Je suis venu dès que j’ai su, me dit-il en refermant la porte derrière lui.– Je te croyais en prison, à Philadelphie, ajouté-je simplement.– Un malentendu, mes avocats s’en occupent, m’explique-t-il rapidement. Comment te sens-tu ?

Les beaux yeux bleus de Neil sont emplis d’attention. Le regard qu’il pose sur moi me réconforte. Ils’approche de moi, je peux sentir son parfum. L’espace d’un instant, je ne perçois plus l’odeur de brûlé,l’odeur du drame. Sans prononcer un seul mot, il m’attire doucement contre lui. Je me laisse aller et posema tête contre son front. Parler est inutile. Neil est ici pour moi et sa présence me fait du bien. Nousrestons ainsi quelque temps, imperméables au monde extérieur.

Et l’émotion me submerge, implacable.

– Mes grands-parents, m’effondré-je. Ils sont… morts. Les fumées de l’incendie…– Nora, je sais… Ne dis rien…

Neil m’attire contre lui vers le canapé. Je ne résiste pas. Je n’ai pas la force de prendre sur moi, sonétreinte me fait du bien. Je pleure, incapable de me contrôler. Ses mains me caressent les cheveux, mondos. Ses gestes sont doux, réconfortants.

– Je suis désolée, soufflé-je, essayant de me calmer un peu.– Pourquoi es-tu désolée Nora ? Tu traverses une des pires épreuves de la vie.– Je ne sais même pas à partir de quand nous pourrons reprendre les travaux de décoration…– Ne t’inquiète pas pour ça, nous interviendrons le moment venu, ça ne change rien à mon envie de

travailler avec toi, ici.– Ils… ils allaient partir, prendre leur retraite… Ils n’ont même pas eu le temps de réaliser leur rêve.

Qu’est-ce que je vais faire ici sans eux ?!

J’éclate en sanglots et Neil me sert à nouveau contre lui.

– Tu es sous le choc Nora. Nous nous occuperons de l’hôtel plus tard. Tu es une battante, tu vas

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rebondir. Mais donne-toi du temps.– Du temps… Nous allions bientôt fêter l’anniversaire de la mort de ma mère. Maintenant, j’aurai une

autre raison de ne pas aimer Noël, articulé-je froidement, les yeux dans le vague.

Mes larmes coulent, silencieuses. Neil Caine, le grand designer extraverti, est là, à mes côtés. Je suisincapable de comprendre pourquoi, mais je ne me pose pas de questions. Cette présence, ce bien-être queje ressens à ses côtés, m’apparaît comme une évidence. J’avais besoin de lui, d’être avec lui pour trouverdu réconfort. Personne n’a réussi à m’apaiser, sauf lui. Il n’y a qu’avec Neil que je peux me lâcher etpleurer. Tout est si naturel. Je vais surmonter ma perte, je le sais désormais.

***

L’enterrement. Nous y sommes. Le jour des adieux. Je m’y rends les yeux secs. Je n’ai peut-être plusde larmes en réserve…

Ou parce que je ne réalise pas encore.

Il y a du monde. Mes grands-parents étaient très appréciés à New York. Mais les journalistes sont làeux aussi, et les photographes sont nombreux.

Pourquoi sont-ils là ? Ne peuvent-ils pas respecter ce moment ?!

Alors que je m’installe à côté des cercueils, mon regard tombe sur Neil. Il est là lui aussi, il a pris sesdistances.

La presse est là pour lui… Pas pour nous….

Est-ce qu’il me regarde derrière ses lunettes noires ? Son visage est fermé.

Même loin, sa présence me réconforte. Mon père a fait le déplacement. Il n’a pas vraiment changé. Sescheveux blancs ont remplacé sa tignasse brune, son visage est marqué par le temps et un léger embonpointcommence à naître sous sa veste noire. Et dire que c’est la seule famille qu’il me reste, cet homme qui setient à quelques pas de moi comme un étranger…

Mes amis ne sont pas là, mais ils m’ont tous envoyé des messages de soutien. Bettina est avec le restede l’équipe, regroupée, soudée.

Désormais, c’est pour eux que je me bats !

À la fin du service, la foule s’éparpille. Ils sont nombreux à venir me saluer, me serrer la main etm’apporter leurs condoléances. Je souris, je remercie. Je fais ça comme un robot. La dernière fois,j’avais 12 ans, c’était à la mort de ma mère. Je n’avais pas supporté toute cette sollicitude. Aujourd’hui,je la reçois mais j’ai la tête ailleurs. Si j’avais pu, une dernière fois, serrer mes grands-parents contremoi…

Et soudain, devant moi, mon père. Je le sens sur la réserve. Bourru. Ni lui ni moi ne sommes douéspour ce genre de situation.

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– Je suis désolé, me glisse-t-il presque à voix basse.

Je hoche la tête. Le silence s’installe entre nous. Ce maudit silence que nous sommes incapables desurmonter. De briser. Et ce moment où nous aurions pu, peut-être, échanger un peu plus, file entre mesdoigts.

Pourquoi n’agit-il pas comme un père ? Pourquoi ne me console-t-il pas ?!

– Merci d’être venu, me contenté-je de dire.

Mon père me souffle un « À bientôt » rapide et il n’est déjà plus là. Je ferme les yeux pour les ouvrirau son de la voix de Neil.

– Qui était-ce ? me demande-t-il doucement.– Mon père.

Neil pose un regard profond sur moi. Il n’insiste pas.

– Je te raccompagne ?– Euh… Oui, d’accord…, accepté-je en faisant signe à Bettina de ne pas m’attendre.

Voir Neil partir à mes côtés met les journalistes et les photographes en émoi. Ils se pressent autour denous, nous bombardent de flashs, nous laissent à peine la place de nous rendre jusqu’à la voiture de Neil.Il doit ressentir la panique qui est sur le point de s’emparer de moi, parce qu’il me lance un regardrassurant en m’ouvrant la portière. S’il y est habitué, je découvre complètement ce genre de violentharcèlement qui nous entoure.

– Je voulais m’excuser de m’être effondrée dans tes bras, la dernière fois, commencé-je une foisinstallée dans la voiture.

– Tu n’as pas à t’excuser, ce que tu vis est difficile, je comprends, me répond Neil de sa voix grave etdouce.

– Je peux te rassurer, j’y arriverai sans eux.

L’hôtel. Je n’ai plus que ça en tête. Je ne DOIS avoir plus que ça en tête.

– J’aime t’entendre parler comme ça. Le chagrin est souvent le meilleur moteur pour nous faireavancer.

Je lis dans ses yeux une pointe d’admiration et je ne peux m’empêcher d’être flattée. Avec tout ce quiarrive en ce moment, je me sens presque coupable d’éprouver encore de l’attirance pour cet homme.Mais la vie doit continuer… Et je pense que mes grands-parents me pousseraient à « profiter de majeunesse ».

– Ton invitation pour passer Noël aux Bahamas tient toujours ? lui demandé-je en accrochant monregard au sien. Je crois que l’hôtel ne sera pas rouvert à temps, alors…

– Je n’ai pas changé d’avis. L’idée de partager ce « non-Noël » avec toi me séduit toujours, merépond-il en posant délicatement sa main sur la mienne.

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Je frissonne à ce contact. Ce sont des sous-entendus que j’entends dans sa voix ?

La voiture me dépose devant l’hôtel et je ne sais pas vraiment comment le quitter.

« On s’appelle ? » « On se tient au courant ? »

Mais Neil ne se pose pas ce genre de questions. Dans un élan spontané, il me prend dans ses bras, meserre contre lui. C’est inattendu et troublant. Quand il desserre son étreinte, je trouve sur son visage unpetit sourire en coin, un sourire à la Neil Caine, un peu frondeur, celui qui me fait fondre.

– On se revoit bientôt, souffle-t-il.

Je hoche la tête. Troublée. Neil Caine est terriblement imprévisible. Et terriblement attirant dans safaçon d’être.

Mais attention, je traverse un moment difficile, je me sens fragile. Je pourrais m’accrocher à lui, justeparce qu’il se montre présent et attentionné. Je ne veux pas d’autres drames dans ma vie, et surtout pas unstupide drame amoureux !

Prudence ! Et de toute façon, à partir de maintenant, c’est l’hôtel, l’hôtel, l’hôtel !

Neil s’est montré absent depuis notre rencontre, insaisissable. Mais il a été là au moment le plusimportant et ça, je ne pourrai pas l’oublier.

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2. Tout s’échappe

Thanksgiving. L’hôtel est désert ce matin, encore plus que d’habitude. J’ai permis à tout le monde derester chez eux pour fêter tranquillement cette journée en famille. Même le téléphone ne sonne plus. Lesjournalistes qui me harcelaient ont dû trouver une autre proie ! Neil est aussi aux abonnés absents. Il doitêtre quelque part, dans le monde… Je jette un regard au tabouret design qu’il m’a offert, un clin d’œil àcelui qui m’a fait tomber dans ses bras le premier soir.

Je souris. Il est entré dans ma vie de façon très étrange. Aussi étrange que peut l’être cette « relation »,si on peut appeler ça comme ça.

Je n’ai aucune idée de ce qu’il se passe entre lui et moi.

S’il se passe un truc d’ailleurs. De mon côté, oui… Mais du sien ?

J’allume mon ordinateur, jette un œil à mes mails. L’un d’eux attire mon attention. Un message del’assurance, reçu hier soir alors que je venais tout juste de partir. Je l’ouvre, le cœur battant. Il s’agitcertainement de la réponse que nous attendons. Le feu vert pour le lancement des travaux.

La pièce jointe met du temps à se charger. Mon doigt tapote nerveusement la souris. Dès qu’elles’affiche enfin, je parcours le texte, cherchant les mots qui vont nous délivrer.

« En raison du rapport de l’expert évoquant une installation électrique défectueuse, responsable ducourt-circuit qui a provoqué l’incendie, nous sommes dans l’impossibilité de prendre en charge lestravaux de réparation de votre hôtel. »

Je lis et relis cette phrase : « une installation électrique défectueuse » . C’est impossible, mesgrands-parents m’ont toujours dit que tout avait été remis aux normes ! Les papiers doivent encore êtrequelque part dans nos dossiers ! C’est impensable, il doit y avoir une erreur !

Pourvu que je retrouve ce foutu papier…

Je ne peux pas refaire toute l’électricité, il me faudrait un crédit, solliciter la banque à nouveau, etça…

Le hic, c’est que je ne sais pas de quand datent exactement les travaux. Éplucher tous les classeurs vame prendre du temps.

Joyeux Thanksgiving Nora !

Je soupire devant l’armoire où sont rangés tous les documents, et me mets à la tâche.

Le vibreur de mon téléphone me sort d’une recherche infructueuse et sauve mes épaules devenuesdouloureuses. Combien de temps je suis restée comme ça, penchée dans les classeurs ?

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[Je suis devant ton hôtel. Il est l’heure de déjeuner, tu m’ouvres ? Neil]

Je me redresse. Neil est là ?! Il a le don pour débarquer quand on l’attend le moins !

Je me lève brusquement, inspecte ma tenue et tente de maîtriser une subite montée de stress. Je suis àpeu près présentable dans mon jean et mon pull-over noir. Je cherche mon sac, oublie où je l’ai posé enarrivant ce matin, le trouve, fouille dedans pour trouver un peu de maquillage à m’appliquer pour chasserles cernes et mettre de la couleur sur mes lèvres. Neil est là ! Et je me sens aussi fébrile que pour unpremier rencard.

Je devrais quand même me calmer, je n’ai plus 15 ans…

Je ne prends même pas la peine de lui répondre et cours presque pour le rejoindre. Mais je mereprends avant d’ouvrir la porte. Trop de précipitation pourrait lui laisser croire que je n’attendais queça. Ou que lui.

C’est le cas…

Je respire, sens mes mains devenir moites, je les essuie rapidement sur mon jean.

Respire…

Neil est bel et bien là, sur les marches, une main dans une poche, l’autre portant un sac par-dessus sonépaule. Écharpe autour du cou, manteau en laine grise, ses cheveux bruns volant au gré du vent… Il estencore une fois à tomber.

– Neil ? Je ne t’attendais pas, dis-je en essayant de prendre un ton léger.

Et on se dit bonjour comment ?

Je ne sais pas si Neil se pose la même question, mais un léger moment de flottement s’installe entrenous. Très léger, parce qu’il est aussitôt balayé par l’un de ses sourires ravageurs dont il a le secret.

– J’aime les surprises. J’ai quelque chose pour toi ! me souffle-t-il en déposant un rapide baiser surmes lèvres avant d’entrer dans l’hôtel. Tu es seule ?

– Oui, tout le monde fête Thanksgiving…– Je reviens du Japon, je t’ai ramené quelque chose, enchaîne-t-il avec enthousiasme, en me tendant

son sac.

Je sens son regard étincelant sur moi quand j'attrape le sac. Neil vient tout simplement d’illuminer leslieux. De les réchauffer. Et quand il pose sa main sur ma nuque pour m’observer ouvrir le paquet,l’atmosphère n’est plus la seule à monter en température.

C’est dingue ce pouvoir !

– Le Japon ? demandé-je en sortant un magnifique kimono traditionnel en soie rouge.– J’avais un ami à voir, m’explique-t-il rapidement. Il te plaît ?

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– Il est sublime ! m’exclamé-je, admirative devant cette étoffe soyeuse.– Mets-le ! Je t’emmène déjeuner dans un restaurant typique qui nous fera oublier qu’on est à

Thanksgiving, me glisse-t-il en descendant sa main dans mon dos.– Tout de suite ? Mais…– Pas de mais… J’en ai un aussi, dit-il en sortant un autre kimono du sac. Où peut-on se changer ?

J’hésite un instant. Juste un instant.

– Oh et puis pourquoi pas !

Je l’entraîne vers les bureaux. Des images de lui et moi en train de nous changer ensemble me donnentencore plus chaud.

Heureusement qu’il ne lit pas dans mes pensées !

– Prends mon bureau, je vais à côté, lui soufflé-je troublée.

Neil me suit du regard et, sans fermer la porte, commence à enlever son manteau. Je lis dans ses yeuxun nouveau défi. Est-ce qu’il s’apprête à se déshabiller devant moi ?

Revoir son corps… Pourvoir le toucher peut-être…

J’ai soudain encore plus chaud… Je reste un peu, pour assister au spectacle, le défiant à mon tour,pour voir jusqu’où il est capable d’aller. Mais subitement, Neil prend un air choqué et claque la porte dupied.

– Ne me tentez pas avec votre petit regard, Mademoiselle Preston ! me lance-t-il à travers la porte.– Je ne vois pas de quoi vous parlez, Monsieur Caine ! lancé-je à mon tour, le cœur battant.– C’est bien parce que j’ai envie de te faire vivre une nouvelle expérience, sinon…

Sinon quoi ? Je connais un autre genre d’expérience qui pourrait me plaire aussi…

Je pars m’enfermer dans le bureau de Bettina, éclatant de rire malgré moi. Je retrouve le Neil piquantet vif, un peu fou, plein de fougue. Et cette attraction entre nous. J’enfile rapidement le kimono etrassemble mes cheveux en un rapide chignon. Je me sens un peu jolie, malgré la matinée passée dans lespapiers. En sortant, je me heurte presque à Neil, déjà prêt. Je frissonne…

Ce n’est pas d’un déjeuner dont j’ai envie, là, maintenant…

– Je savais que cette couleur t’irait, constate-t-il en me détaillant, le ton de sa voix toujours aussichaud.

– Le tien te va bien aussi, lâché-je un peu trop sincèrement à mon goût.

Dis-lui que c’est une bombe pendant que tu y es !

Neil porte la main sur mon épaule et caresse le tissu. Son regard s’est plongé dans le mien et s’estallumé d’une lueur intense. J’entrouvre les lèvres, ma respiration s’accélère.

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L’embrasser…

– Nous devions… faire quoi… ? me demande-t-il en faisant glisser sa main le long de mon bras.– Je crois… qu’il était question… de déj…

Neil me plaque contre le mur pour m’embrasser fougueusement. Le baiser est rapide, passionné.Quand il s’écarte de moi, je sens qu’une bataille s’est engagée en lui. Son regard est brûlant mais un petitsourire se dessine sur ses lèvres.

– Déjeuner. Tu as raison. Allons-y ?

Quoi ?! Il me laisse… dans cet état ?

Son sourire est communicatif. J’attrape mon manteau et retrouve mes esprits. Cet homme est à la foisprovocant et captivant. J’adore ça !

Le restaurant où m’entraîne Neil est typique. Je suis surprise de l’entendre parler avec le serveur danssa langue d’origine.

– Tu parles couramment le japonais ? lui demandé-je en m’installant à table.– Oui, ça m’aide dans les affaires. J’ai besoin de maîtriser les langues.– Comme le norvégien ?– Le norvégien ? répète-t-il en me lançant un regard étonné.– Je t’ai entendu parler de la Norvège au téléphone quand tu es venu la première fois à l’hôtel, lui

expliqué-je.– Je ne me savais pas sur écoute, lâche-t-il en plaisantant. Mais oui, j’ai des amis là-bas.– Des amis en Norvège, un autre au Japon ? Est-ce que tous tes amis sont aussi loin ?– Tous, non. Mais Solveig, Marcus et Keito, sont des amis proches auxquels je tiens et j’essaie de les

voir régulièrement.– Des amis de longue date ?– C’est un véritable interrogatoire, Mademoiselle Preston. Je vais regretter ce déjeuner !– Désolée, je m’intéresse, c’est tout ! me défends-je.– J’aime savoir que tu t’intéresses à moi, me lance-t-il dans un clin d’œil aguicheur. J’ai connu mes

amis à l’Oslo Academy of the Arts, pendant nos études. À moi maintenant. Des amis lointains ?– Ma meilleure amie et son frère sont français, mais ils viennent souvent aux États-Unis.– Français ? C’est pour ça que tu le parlais si bien à ma soirée.

La soirée où je me suis fait passer pour une décoratrice française…

Je souris en me rappelant ce grand moment de comédie auquel ils ont tous cru.

Et comment cette soirée s’est terminée…

– Je suis française, par ma mère, répliqué-je en sentant à nouveau la chaleur monter en moi. J’ai faitdes études à Paris, je suis revenue à New York il y a un an.

– Intéressant, souffle doucement Neil en me lançant un sourire démoniaque de tentation.

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Je chasse mon trouble avec quelques gorgées de champagne. La présence de Neil rend mes sentimentstotalement instables. Je dois garder un peu la tête froide pour ne pas passer pour une groupie devant sonchanteur de rock préféré.

– Tu as pu régler tes problèmes avec Philadelphie ? lui demandé-je pour reprendre le contrôle.

Neil pose délicatement sa coupe avant de me répondre.

– Un malentendu. Un homme s’est fait arrêter au cours de la soirée et la presse a cru que c’était moi. Ilétait ivre, il s’est emporté devant le service de sécurité et s’est fait embarquer.

– Mais quel est le rapport avec toi ?– Disons que j’ai peut-être fait un peu parler de moi aussi au cours de cette soirée…– Comment ça ? demandé-je curieuse devant l’air espiègle de Neil, ce même air qu’ont les enfants

quand ils sont contents de leur bêtise.– Je suis venu habillé en arbre et…

Je manque de m’étouffer avec mon champagne, ce qui a pour conséquence de faire rire Neil aux éclats.

– Je t’explique. Le maire de Philadelphie a décidé d’abattre des arbres pour construire un grand centrecommercial. J’ai trouvé très approprié de venir en arbre.

– Dès que je rentre, je me précipite sur Internet pour voir des photos de toi ! Et qu’as-tu fait… enarbre ?

– Je faisais mine de tomber à chaque fois que le maire m’approchait, se remémore-t-il très amusé. Ledîner a du coup été un peu tumultueux… Tu as déjà essayé de manger avec des branches à la place desbras ?

– C’est complètement dingue ! dis-je en essuyant une larme au coin de mes yeux.– Je suis ingérable, c’est mon défaut. Mes avocats ont fait circuler un démenti et on a rédigé un

communiqué de presse pour parler des projets du maire. C’est tout de même le fait le plus important decette soirée, on n’arrache pas des arbres au profit de la consommation de masse !

J’observe Neil. Il est difficile à cerner. Excentrique mais néanmoins déterminé à défendre ses idées.C’est un mélange assez curieux…

– J’en ai profité aussi pour faire retirer cette photo de nous prise lors du gala, m’apprend-il plussérieusement. Tu as d’autres choses plus importantes à gérer en ce moment que ces journalistes et leurscoop. Tu n’es donc officiellement plus ma petite amie, ça a été aussi démenti.

Nous trinquons à la nouvelle, amusés. Je suis touchée que Neil ait pensé à mon « confort » au vu descirconstances.

– Mais pourquoi est-ce que la presse s’acharne autant sur toi ?– Ça fait partie du jeu… Je dis toujours ce que je pense, je vais loin aussi, j’aime provoquer, mon

message est plus percutant. Je suis célèbre, milliardaire, je ne plais pas à tout le monde, mais lesjournalistes m’adorent. Grâce à moi et à mes lubies, ils remplissent leurs colonnes de scoops et vendentleur magazine.

– Et pourquoi est-ce que tu fais ça ? Pourquoi te déguiser en arbre ? Pourquoi ne pas juste faire une

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déclaration ?– S’il n’y a pas de mise en scène, il n’y a pas d’impact. Il faut des actes pour se faire entendre. Je ne

sais pas faire autrement, et je n’ai pas envie de faire autrement. Je suis comme ça. C’est un jeu. J’aime memontrer, m’exhiber. Et je m’amuse aussi !

Je suis surprise par la façon dont Neil choisit de défendre ses idées. Il sait qu’il est médiatique, que çapeut être une arme efficace pour toucher le grand public. Il a un talent aussi pour ça. Et cettedétermination fait partie de son charme.

– Mais arrêtons de parler de moi ! Tu vas bientôt en savoir plus sur ma vie que Google ! s’insurgeNeil. Comment va l’hôtel ?

– Oh… L’hôtel, répété-je en me souvenant brutalement de la nouvelle matinale.– Ça n’a pas l’air d’aller…– L’expert dépêché par l’assurance a fait état d’une mauvaise installation électrique. Je cherchais les

papiers qui prouvent que des travaux de mise aux normes ont été faits quand tu es arrivé ce midi.– Je vois. Est-ce que tu veux que je fasse venir un autre expert pour avoir un autre avis ?– Non, je vais me débrouiller, ne t’en fais pas…– J’insiste Nora. Nous sommes une équipe maintenant. Je ne veux pas que des experts incompétents

nous empêchent d’avancer sur notre projet ! s’emporte Neil, à nouveau très sérieux, impressionnant dedétermination.

– Mais…– Non. Je me suis engagé à travailler avec toi ! Mais j’ai besoin que ton hôtel ait un avenir pour ça.

Je suis surprise par cette nouvelle volte-face. Il y a deux minutes, Neil se moquait de tout et là, je lesens prêt à prendre les armes et à aller de lui-même taper au bureau des assurances.

Mais il a raison. Je doute moi aussi de ce verdict, un contre-avis ne serait pas de trop.

– OK pour l’expert, accepté-je. Mais à une condition !– Laquelle ?– Que tu acceptes de mettre des miroirs !– Depuis que j’ai vu ce que tu sais faire devant un miroir, je veux bien t’en mettre partout, à tous les

étages !

Je rougis instantanément, me rappelant notre première nuit.

– Je… Enfin… Tous les étages… Non…, bafouillé-je.– Je demanderai à une de mes assistantes de faire le nécessaire. Pour l’expert, bien sûr.

Bien sûr.

Je me laisse aller à la légèreté retrouvée de ce déjeuner. Neil est drôle, séduisant. Et ses regards mefont littéralement fondre. Sous la table, nos jambes se frôlent, se cherchent. Mon corps rêve que cedéjeuner devienne un peu plus charnel. La discussion prend un tournant plus intime, nos yeux secherchent. La séduction s’est emparée de nous. Je suis à deux doigts de demander ses plans à Neil pourl’après-midi quand je m’aperçois de l’heure.

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Déjà ?! Mais j’ai rendez-vous !

– Je dois partir, m’exclamé-je en me redressant sur ma chaise, rompant à regret le charme entre nous.– Un rendez-vous ? Le jour de Thanksgiving ? s’étonne Neil, visiblement contrarié.– Oui, je dois… commencé-je.

Je ne peux pas lui dire ça…

– Je dois y aller, ajouté-je précipitamment. Merci beaucoup pour ce déjeuner, c’était une très bonneidée.

– Tu ne veux pas que je te dépose ?– Non, je vais prendre un taxi et me changer…– C’est un homme qui t’attend ? me demande Neil, sourcils froncés.

Je ne peux vraiment pas lui dire !

Autant ne pas faire durer le supplice…

– À bientôt Neil ! lancé-je en quittant la table.

Je m’en veux terriblement quand je passe la porte du restaurant. Pourquoi est-ce que je ne lui ai pas ditque l’homme qui m’attend est juste mon ami ?

***

Le temps de passer à l’hôtel retrouver mes habits, j’arrive en retard dans le hangar qui nous sert desalle d’entraînement. Je ne peux m’empêcher de penser à Neil. J’ai gâché notre déjeuner en partant decette façon ! Si je lui laissais un message ?

Et lui dire quoi ? Il va comprendre que je l’ai laissé pour une partie de dominos…

Je n’ai pas honte de mon loisir, je le trouve même passionnant. Ça fait quatre ans que je suis tombéededans, un jour en France, après avoir vu une compétition à la télé. J’ai trouvé ça tellement exaltant, cettepression, ce suspense, ce challenge énorme de réussir l’improbable ! Emilio et moi faisons équipe depuisun an. Mais ce n’est pas hyper répandu et quand on parle de dominos, on pense plutôt au jeu qu’à laconstruction. Non, moi, je les dispose un à un et quand je pousse le dernier, que je les vois tous tomber,plus rien ne compte. Et c’est encore plus beau quand le parcours nous a donné du mal ! C’est ma petitepassion secrète. Certains sucent leur pouce le soir en secret, eh bien moi, je pose du domino. Mais ça nes’explique pas, ça se voit ! Et je ne me sens pas du tout d’expliquer ça à Neil. S’il le savait, je suis sûrequ’il me proposerait de transformer l’hôtel en espace de jeu avec des miroirs partout !

On va attendre de se connaître un peu plus pour parler de ma passion bizarre !

Je retrouve Emilio, penché sur son installation.

– Hey, soufflé-je doucement pour ne pas trop le déconcentrer.– J’ai cru que tu ne viendrais plus ! me lance-t-il sans quitter des yeux sa ligne.

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– Je suis là maintenant…– Et moi plus pour longtemps, ma famille m’attend pour Thanksgiving. Tu ne t’entraînes pas assez

Nora, ce n’est pas bon. Tu ne seras jamais une assez bonne bâtisseuse pour le concours du printemps, medispute-il en murmurant.

Ce qui n’est pas du tout crédible !

J’attrape les dominos, les fais jouer entre mes doigts. Emilio et moi sommes des grands bâtisseurs.Nous élaborons des circuits ambitieux avec des milliers de pièces. Une grosse compétition nous attend,avec des concurrents du monde entier.

– Je serai la meilleure coéquipière que tu n’aies jamais eue ! dis-je en m’installant près de lui. Onl’attaque cette courbe ?!

Emilio me lance un sourire complice. Il sait que, même si je ne suis pas très assidue, je mets lesbouchées doubles pour être à la hauteur.

Poser des dominos délicatement m’a toujours aidée à décompresser. Mais là, impossible de chasserNeil de mon esprit. Il occupe toutes mes pensées. Même l’image que je me fais habituellement de mescircuits est remplacée par son visage et son regard si séduisant, si brûlant quand nous sommes seuls. Mesdoigts tremblent tellement, il arrive à me faire de l’effet même quand il n’est pas là.

– Alors Emilio, tes amours, toujours aussi compliqués ? demandé-je doucement à mon ami, pouroublier Neil.

Au moins un instant…

***

À nouveau, je me retrouve ce matin seule dans mon bureau. Je m’attaque à la pile de courrier que j’ailaissé s’accumuler ces derniers jours, trie les factures – nombreuses – et jette les publicités. Sauf quel’enveloppe que je viens d’ouvrir n’est ni l’une ni l’autre. Et elle me glace le sang, à m’en faire coulerdes larmes. Un frisson me parcourt le dos, mes doigts se sont crispés sur la lettre, je suis tétanisée.

« Neil Caine n’est pas l’homme que vous croyez. Quittez-le sans attendre ou je vous enverrai brûleren enfer comme je l’ai fait avec votre hôtel. »

C’est une blague ! C’est une mauvaise blague !

Est-ce que quelqu’un est en train de me dire qu’il a mis le feu à mon hôtel ? L’incendie seraitcriminel ? Et pourquoi Neil ?

Je ne comprends pas. La mort de mes grands-parents ne serait pas un accident ?

Mais pourquoi Neil ?!

Tremblante et sans vraiment réfléchir à ce que je fais, je fourre la lettre dans mon sac et cours dehors

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héler un taxi. Je hurle presque l’adresse des bureaux de Blue Bird au chauffeur. Neil va devoirs’expliquer !

J’espère qu’il n’est pas en voyage. Il sait peut-être pourquoi cette lettre parle de lui !

Les questions s’entrechoquent dans ma tête alors que New York défile sous mes yeux. Est-ce quequelqu’un cherche à me faire peur ? À me faire une blague ? Qu’est-ce qui s’est vraiment passé ce soir-là ?

Le taxi s’arrête devant un immeuble new-yorkais. Quand j’entre dans le bâtiment, je me sens aussitôtailleurs. Tout ici respire la Scandinavie, les teintes de bois clairs, la décoration épurée, les couleursdouces… Je suis frappée par le calme ambiant alors que dans ma tête c’est le chaos absolu.

– J’aimerais voir Neil Caine, annoncé-je à l’hôtesse d’accueil.– Vous avez rendez-vous ?– Non, mais c’est urgent.– Je suis désolée, Monsieur Caine ne reçoit pas sans rendez-vous.– Je dois le voir, il me connaît, appelez-le, dites-lui que je suis là et…– Je suis désolée, je ne peux pas faire ça.

L’hôtesse commence à s’exaspérer de mon insistance. Et moi de son entêtement !

– Écoutez, je suis Nora Preston… du Hellington. Neil travaille pour moi et j’ai besoin de le voir.– Oh, vous êtes une cliente ! Je vais appeler son assistante, un instant, me glisse-t-elle alors pleine de

considération cette fois.

Si j’avais le temps de lui dire ce que je pense… Mais ce n’est franchement pas le moment !

L’hôtesse me fait signe de prendre l’ascenseur et de monter au cinquième étage. Je me précipitepresque, les doigts toujours crispés sur la lettre. Arrivée à son étage, j’aperçois Neil en pleinediscussion. Quand il me voit, ses yeux passent de l’étonnement à l’inquiétude.

– Nora ? Qu’est-ce que tu fais là ? me demande-t-il en s’approchant de moi.

Je ne réponds rien, me contente de lui tendre la lettre qu’il lit aussitôt. Son visage se ferme.

– Viens dans mon bureau.

Il m’entraîne et ferme la porte d’une large pièce où trône un magnifique oiseau bleu. Mais je nem’attarde pas.

– Tu as eu ça où ? m’interroge-t-il la voix crispée.– C’était dans mon courrier.– Est-ce que tu as prévenu la police ?– Non, je suis venue directement ici. Explique-moi Neil, est-ce que tu es responsable de la mort de

mes grands-parents ?!– Responsable ?! Mais ça ne va pas ?! Non… Écoute, calme-toi Nora.

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– Me calmer ? Qu’est-ce que je dois penser de cette lettre ? Que quelqu’un a mis le feu à mon hôtel ?Que quelqu’un a tué mes grands-parents ? À cause de toi ? Parce que… c’est ce qu’il y a d’écrit danscette lettre…

– Nora, il faut aller voir la police, l’affaire est sérieuse, je ne comprends pas non plus… Allons-y, toutde suite.

– Non ! Je ne veux aller nulle part avec toi ! crié-je presque, perdant le contrôle de mes nerfs.– Nora, tu es bouleversée, tente de me calmer Neil en s’approchant de moi.– Non, je suis juste venue te montrer cette lettre, dis-je en reculant pour éviter tout contact physique. Je

veux comprendre… pourquoi ton nom est là…

Neil s’arrête. Il serre les mâchoires. Il accuse mon rejet.

– Nora, je ne sais pas, je n’ai pas de réponse ! Il faut aller voir la police !

Je fais un pas en arrière. Je suis incapable de dompter ma colère. Neil lié à la mort de mes grands-parents ?!

– Tant que tu n’as pas de réponse, je veux que tu suspendes ton travail pour l’hôtel, ajouté-je d’unevoix blanche.

– Dis plutôt que tu ne veux plus me voir !– Je… Je ne sais pas, j’ai besoin de temps !– Nora, je ne peux pas perdre de temps, je ne suis pas à ta disposition !– Si ton planning t’accapare à l’autre bout du monde, alors pars, ne te soucie pas de l’hôtel ! Ni de

moi !

Je suis en colère après tout, après la vie, l’injustice du drame, cette lettre, l’hôtel. Je perds pied dansun flot de sentiments contraires et Neil me regarde, froidement. Je quitte son bureau sans autrecommentaire, lui laissant la lettre. Il ne me retient pas.

Dans le taxi qui me ramène, je m’effondre. Je pense à mes grands-parents, à mon projet de rénovationqui part en fumée. Comment Neil Caine pourrait de nouveau travailler avec moi après ce qu’il s’estpassé ? En ai-je envie ? Et cette lettre de menaces… Que signifie-t-elle ?

Ne plus le revoir… Je ne peux même pas l’imaginer… Mais qu’il me traite juste comme une clientequ’il doit caler sur un planning, je ne le supporte pas !

Cette pensée m’échappe et m’éclaire brutalement sur les sentiments que j’éprouve pour Neil. Malgréla colère, l’angoisse, les doutes, les questions, je suis incapable de tirer un trait sur lui. De passer monchemin et de le balayer de ma vie. Notre relation n’est pas que professionnelle… Je me suis laisséeemporter vers autre chose…

Qu’est-ce qui m’arrive ? Pourquoi tout est en train de m’échapper ?

Il faut que je parte, loin d’ici.

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3. Dangereuse chevauchée

Je dors. Je n’ai jamais autant dormi de ma vie. J’ai retrouvé mon ancienne chambre dans la maison duharas de mon père depuis une semaine. J’ai opté pour des vacances improvisées, pris quelques papierspour travailler, et j’ai quitté New York pour le Connecticut.

De toute façon, avec le rapport de l’expert, tout est au point mort…

J’ai besoin de souffler, de recharger mes batteries. La mort de mes grands-parents, l’hôtel, et cettelettre… Je devais prendre du recul.

Neil avait raison, mon premier réflexe aurait dû être d’aller voir la police, pas de débarquer dans sonbureau comme une hystérique ! Mais il a gardé la lettre, et je ne sais pas comment le recontactermaintenant. J’ai été si odieuse !

Est-ce que je me suis trompée en pensant qu’il était impliqué ? Le stress de cette lettre m’a fait diren’importe quoi. Ce n'est pas parce que quelqu'un veut lui porter préjudice que Neil est coupable.

Et cette engueulade, j’ai tout risqué, notre travail, les projets avec l’hôtel…

J’ai fait n’importe quoi. Cette semaine de repos m’a remis les idées en place. Et je me rends comptemaintenant qu’il me manque encore plus…

Il faut que je retourne à New York et que je reprenne les choses en main. Terminées les vacances àprofiter des bons petits plats que me prépare Nicole, la nouvelle intendante des lieux ! Flore et Louis ontprévu de me rendre une petite visite ici puisqu’ils ne peuvent plus venir à l’hôtel comme prévu. Mameilleure amie a terminé son stage à Washington et tous les deux s’apprêtent à repartir en France. Jem’octroie cette dernière parenthèse et je m’y remets !

J’enfile mes bottes pour sortir de la maison. J’adore cet endroit. Tout porte ici les souvenirs de mamère. Même à l’intérieur, rien n’a vraiment changé. Mon père n’a touché à rien. J’ai eu peur un instantque la cohabitation soit difficile, mais nous nous croisons peu. Il est très accaparé par ses chevaux. Il m’avue débarquer, m’a accueillie poliment, mais c’est tout. Je ne sais même pas s’il est content de me voir…

Je n’ai pas fait non plus d’effort pour organiser des petites soirées père-fille… Il serait encore plusmal à l’aise dans un tête à tête imposé !

J’aime marcher ici. Le lieu est magnifique. Burlington est à lisière de forêt. Le haras s’étend sur deshectares et des hectares, on s’y sent libre, en pleine nature. Sa plus belle saison ? Incontestablementl’automne, quand tout devient doré, marron… Presque en feu. Petite, je m’asseyais sur les barrièresblanches et je m’évadais, regardant devant moi.

Nous avons été heureux ici quand ma mère était encore en vie.

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Je marche en direction des écuries, j’ai envie d’une petite chevauchée. Je tombe nez à nez avec monpère. Nous restons plantés là, tous les deux. Maladroits.

– Tu montes ce matin ? finit-il par me demander.– Oui, je pensais faire le tour des bois.– Ne prends pas Galia, je ne l’ai pas trouvée en forme ce matin.– Oh… D’accord… Et… Tu me conseilles quel cheval ?– Yathus, il est doux.– Ok, merci. Je vais faire ça.– Bien.

Mon père me quitte sans un mot de plus. Je fais un signe d’exaspération dans son dos, inutilement.Yathus ? C’est le cheval le plus pépère de l’écurie ! Mon père a oublié que j’étais une excellentecavalière.

Ou il a peut-être envie qu’il ne m’arrive rien ?

Je soupire, et pars à la recherche du box de Yathus.

***

Flore et Louis arrivent au haras en début d’après-midi. Dès que je les vois sortir de leur Cherokee delocation, mon cœur explose de joie. Je tombe dans les bras de Flore, presque émue. Je salue Louis avecmoins d’effervescence mais tout autant de plaisir.

– Ça fait un bail que nous n’avons pas mis les pieds ici ! me lance Flore en attrapant son sac dans lecoffre.

– Plus de cinq ans je pense, dis-je en les accompagnant jusqu’à la maison. Venez vite au chaud, je vaisvous préparer un thé !

– Et ton père ? me demande Flore en s’asseyant à la grande table en bois.– Oh, comme d’habitude. Toujours avec ses chevaux.– Il faudrait quand même que l’un de vous deux fasse le premier pas pour briser la glace, me dispute

mon amie. Vous avez vraiment le même caractère !– Et comment tu vas, toi ? me demande Louis avec une voix attentionnée.– J’avais besoin de faire une pause, lui avoué-je en regardant le fond de ma tasse. Mais ça va mieux

maintenant.– On te le dit tous que tu te surmènes ! Tu frôles le burn-out ! me lance Flore.– Et vous, vous frôlez l’overdose d’avions non ? Vous en êtes où de votre périple américain ?

demandé-je pour réorienter la discussion.

Louis se lance alors dans un récit très détaillé. J’en profite pour l’observer. Blond, athlétique, il esttoujours aussi séduisant. Qu’est-ce qu’il se serait passé si j’avais succombé à ses avances en France ? Jene sais pas… Je ne regrette pas… Nous sommes trop différents. Et nous sommes amis maintenant.Définitivement des amis.

– Tu crois que nous pourrions faire une balade à cheval ? me demande Flore, me sortant de ma

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nostalgie.– Bien sûr, et j’ai justement le cheval qu’il te faut, dis-je en me rappelant Yathus. Mais vous n’êtes pas

trop fatigués ?– Non, je rêve d’une plongée dans la nature, au calme, avec juste le bruit des sabots et du vent,

intervient Louis.– Toi et ta nature… Je ne comprends pas ce que tu fais à Paris, tu dois être malheureux ! le taquine sa

sœur.– Et pourquoi est-ce que tu crois que je cherche à en partir ?– Pour me fuir ? propose Flore, prête à en découdre avec son frère.– Je reste parce que tu ne peux pas vivre sans moi !– TU ne peux pas vivre sans moi, Louis d’Albenas ! Qui est venu me chercher à Washington ?!

Flore et Louis se calment une fois sur leur monture. Et pour profiter du calme, Louis décide de nouslaisser seules derrière.

– J’ai l’impression de ne pas t’avoir vue depuis une éternité ! me glisse Flore. J’aurais voulu être à tescôtés à l’enterrement pour t’aider.

– Je sais… Mais ça va mieux maintenant, je t’assure.– J’ai vu par contre que Neil Caine y était !– Tu l’as vu comment… Attends, laisse-moi deviner, dis-je en me souvenant de la présence des

paparazzis. Sur Internet ? Je n’ai même pas regardé.– C’est ça. Tu dis que tu vas mieux pour me faire plaisir ! Mais vraiment, Nora ?– Vraiment ? C’est compliqué. Ils me manquent. Je ne me suis pas encore faite à leur départ, je les

cherche parfois et puis…– Oh Nora… Tu es trop seule avec cet hôtel !– Non, je suis contente de l’avoir, je t’assure. Il me fait avancer, penser à autre chose.– Et l’incendie ? Les experts ont dit quoi ?– C’est en cours, me contenté-je de dire, sans entrer dans les détails.

Autant ne pas gâcher nos retrouvailles !

– Alors, toi et Caine, vous sortez ensemble ?

Je souris à la question de Flore. Je me doutais tellement qu’elle en parlerait !

Neil et moi… Je commence par quoi ?

– Pas vraiment non, tu sais, lui et moi, c’est avant tout une relation professionnelle.– C’est tout ? Rien de plus ?

Si, beaucoup plus… Mais qu’est-ce que je peux raconter ? Qu’il me laisse régulièrement sansnouvelles ? Qu’il me manque ? Que je ne suis pas sûre qu’il me rappelle ?

– Alors autant tu es douée pour les affaires, autant en amour, tu ne sais vraiment pas t’y prendre,poursuit Flore à mes côtés. Tu n’as même pas essayé de le draguer un peu ?

– Disons que… Nous avons des moments …

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– Vous avez couché ensemble ?– Possible, lâché-je en souriant, pleine de mystère.– Nora ! Tu couches avec Neil Caine, le designer milliardaire et tu ne le dis même pas à ta meilleure

amie ?– C’est arrivé juste une fois… Et ça ne veut rien dire… Une folie, une nuit sans lendemain…– Mouais… Je suis trop loin de toi en ce moment, je ne sais plus rien de ta vie, je ne le supporte pas,

dit-elle faussement agacée.– Et toi alors ? Personne à Washington ?– Personne… Ma vie sentimentale ressemble au désert de Gobi, grimace-t-elle.

Nous partons toutes les deux dans un même rire complice, interrompu par une légère ruade de moncheval. Je tente de le calmer, mais je le sens frustré sans doute par cette balade au pas.

– Va rejoindre Louis, je sens que ton cheval trépigne ! remarque aussi Flore.– Tu es sûre ?– Oui, je vais faire comme mon frère, écouter le silence !

Je donne un léger coup de talons dans les flancs de ma monture et part au galop rejoindre Louis. Unsprint apprécié par mon cheval !

– Je viens mettre fin à ton silence ! dis-je en me mettant au niveau de Louis.– Chevaucher avec toi dans la nature, c’est un plaisir, me lance-t-il dans un sourire charmeur.

Le silence s’installe entre nous. Je n’ose pas perturber le calme qu’il était venu chercher.

– Tu sais Nora, ajoute-t-il au bout d’un instant. Si tu as besoin d’aide, avec l’hôtel, je suis là. Il suffitque tu me demandes de rester et je m’installe à New York.

– C’est gentil Louis, mais tu as des projets, non ?– Je peux tout suspendre pour toi si…– Louis ! Je ne sais pas ce que tu essaies de me dire. Mais… Toi et moi nous sommes amis, tu te

souviens ? Je ne veux pas de sous-entendus entre nous, de malentendus, de faux espoirs ou je ne sais quoi.– Ok, ok, tu ne succomberas jamais à mon charme, je finirai par me faire une raison ! me dit-il en

souriant.

Nous continuons notre balade, discutant de l’activité du haras. Distraite, je ne peux m’empêcherd’imaginer quelle aurait été ma vie avec Louis à mes côtés. Trop lisse ? Trop douce ? Trop normale ?

Pas comme avec Neil, c’est quelqu’un comme lui qu’il me faut…

Un sourire se dessine doucement sur mon visage, je sens comme une grosse bouffée d’émotions dansmon cœur, une évidence dans mon esprit. Les paysages autour de moi viennent eux aussi de s’éclaircir et,comme si la nature était d’accord avec moi, une douce brise vient me caresser les joues.

Neil. Il faut que je l’appelle. Ce silence entre nous ne peut plus durer !

Je pars la première au galop, emportée par une nouvelle énergie. Louis me suit aussitôt.

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Nous nous arrêtons, les joues rouges. Flore finit par nous rejoindre et c’est ensemble que nous prenonsla direction du haras pour la fin de la promenade.

– Vous êtes bons cavaliers tous les deux. Je sens que je n’ai aucune grâce sur un cheval ! remarqueFlore à nos côtés.

– Et regarde, sans les mains ! s’exclame Louis.

Je n’ai pas le temps de réagir. Louis m’attrape le bras et, main dans la main, nous lâchons nos rênes. Jeme laisse prendre au jeu, amusée.

– Et Nora sait même faire ça !

Louis m’attire vers lui, me forçant à me plier en deux, sur ses cuisses. Je ris encore plus fort. Je n’aijamais peur à cheval, j’ai même fait un peu de voltige plus jeune. Mais je ne suis pas sûre que Flore lesache. Ni Louis d’ailleurs, qui s’étonne de ma souplesse.

Je finis par me redresser et pose les mains sur ma selle.

– Nora, tu as un invité, me dit Flore.

Devant la maison, une voiture est garée. Je reconnais la Lamborghini qui m’a conduite la semainedernière au restaurant japonais. Je m’immobilise, je ressens comme un coup dans la poitrine, une vagued’émotions qui me paralyse. Neil se tient debout, à côté. Je lis la contrariété sur son visage. Unecontrariété qui ne s’efface pas quand je descends de cheval tout près de lui.

– Neil, qu’est-ce que tu fais là ? lui demandé-je étonnée.– Ton assistante m’a dit que je te trouverais ici. Je voulais juste savoir si tu allais bien. Mais je vois

que tu te remets plutôt bien et que l’hôtel n’a plus l’air d’être ta priorité, lâche-t-il d’une voix glaciale.

Je suis son regard et tombe sur Louis. Je comprends aussitôt le malentendu qui est en train de naîtredans sa tête. J’ai à peine le temps de me retourner vers lui que Neil est déjà au volant de sa voiture. Ildémarre en trombe et part en marche arrière, sans que j’aie eu le temps de dire quoi que ce soit.

– Qu’est-ce qu’il se passe ? me demande Flore derrière moi.

Je n’en reviens pas. Neil me fait une crise de jalousie ?

– Cette fois, je ne laisserai pas le malentendu s’installer ! dis-je à Flore en remontant sur mon cheval.

Je pars au galop. Je connais assez bien les lieux pour savoir que, si je coupe à travers la forêt, jepourrai peut-être l’arrêter sur la route. J’entends les sabots battre la neige, je guide mon cheval à traversles chemins. J’aperçois la route, mais pas la voiture de Neil. Des flocons tombent à nouveau et la nuitcommence à s’installer. J’évite quelques branches d’arbres. Chevaucher dans de telles conditions n’estsans doute pas l’idée du siècle, mais je ne me pose aucune question. Au détour d’une intersection,j’arrive sur la route. Les phares d’une voiture m’éblouissent, mon cheval se cabre, le véhicule fait unelégère embardée pour m’éviter et s’arrête quelques mètres plus loin sur le bitume.

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– Tu es folle ! Tu aurais pu te tuer ! crie Neil en sortant de sa voiture.– Mais pourquoi est-ce que tu es parti aussi vite ?! m’écrié-je à mon tour, descendant de cheval.– Je ne m’attendais pas à te voir avec ton petit ami !– Quoi ?!– J’aurais dû m’en douter, après ton départ l’autre midi, une femme belle et intelligente comme toi…

Tu devais forcément avoir…

Je ne le laisse pas parler davantage et fonds sur ses lèvres comme une droguée en manque sur sa dose.Je rêve de ce baiser depuis des jours. Cette fureur dans ses yeux, sa cicatrice… Mon envie de lui mesubmerge complètement. Je ne suis pas la seule, Neil me serre dans ses bras avec force. Ses lèvres sontchaudes et humides. Et encore une fois, l’évidence. Pas besoin de parler, pas besoin de discours. Cebaiser est une vraie déclaration. Si nous n’osons pas nous l’avouer, nos corps le font pour nous. Jamaisnous ne nous sommes autant livrés l’un à l’autre qu’à ce moment précis. Neil éprouve des sentiments pourmoi, je le sais maintenant.

– Louis est juste mon ami. Ils sont venus ici parce que je ne peux pas les loger à l’hôtel. Je te croisquand tu me dis que tu ne sais rien pour la lettre. J’ai besoin de toi… pour l’hôtel, dis-je d’une traite enplongeant mon regard dans le sien, sans arriver à me défaire de lui.

Le sentir contre moi… Ça m’a trop manqué !

Neil m’observe, mais dans la pénombre qui s’installe, je ne vois pas l’expression de son visage.

– C’est dangereux de rester ici, souffle-t-il.– Oui… Tu rentres avec moi ?– OK, répond-il après une courte hésitation.– Je passe devant, tu m’éclaireras avec tes phares.– OK, mais ne pars pas au galop une deuxième fois. Je ne suis pas sûr de pouvoir aller aussi vite,

ajoute-t-il en souriant.

***

Quand nous revenons au haras, Flore et Louis ont déjà dessellé leurs chevaux.

– Louis, Flore, voici Neil Caine, dis-je en faisant les présentations.

Si Flore l’accueille avec un large sourire, Louis est plus distant. Est-ce qu’il a compris les raisons dudépart précipité de Neil ? Les deux hommes se saluent, sans grande chaleur. Louis attrape les rênes demon cheval et nous le suivons tous vers le box. La présence de Neil ici, dans mon dos, sur les lieux oùj’ai grandi fait naître en moi un flot de sentiments, de sensations qui s’entrechoquent. J’ai chaud, j’aifroid, je sens mon cœur battre, je suis troublée.

– Dis donc, tu as chevauché comme une folle. Ne me dis pas que ce mec-là ne compte pas pour toi, çacrève les yeux, me souffle Flore à l’oreille, discrètement.

Il compte oui ! Un peu trop, même.

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Je propose à tout le monde de faire une petite visite des lieux pour tenter de réchauffer l’atmosphère.Louis n’a toujours pas desserré la mâchoire et Neil ne se montre pas non plus très bavard.

– Il ne manque plus que ton père pour continuer à plomber l’ambiance, lâche Flore tout haut.

Mais ?! Flore !

Je jette un regard noir à mon amie. Qu’est-ce qui lui prend de penser tout haut comme ça ?!

– Le père de Nora est ici ? demande aussitôt Neil à Flore, curieux.– Vous ne savez pas ? Ce haras appartient à la famille de Nora. Elle a grandi ici, explique Flore, en

verve.– Il y a de nombreuses choses que je ne connais pas de Nora, ajoute-t-il dans un sourire charmant

adressé à mon amie.– Eh bien, ce début de soirée doit être riche pour vous alors ! Vous avez vu ses talents de cavalière,

vous nous connaissez désormais Louis et moi, et vous avez mis les pieds dans la maison d’enfance deNora. Le tout en moins d’une heure !

– C’est beaucoup d’informations d’un coup, j’avoue, plaisante Neil.

Je regarde, éberluée, Flore et Neil parler de moi comme si je n’étais pas là.

– Est-ce que l’idée de découvrir un peu plus le passé de Nora vous tente ? demande Louis sans chaleurà Neil en sortant du box.

– Avec plaisir, je suis ouvert à toute nouvelle découverte !

Je sens que Louis fait un effort pour tenter de sympathiser avec Neil. Les deux hommes se tiennent àdistance, mais discutent. Et Flore est ravie de pouvoir lancer quelques anecdotes à mon sujet.

– J’ai le droit de venir ou pas ? demandé-je en faisant mine d’être vexée.– Tu auras peut-être besoin de te défendre, me lance Neil en suivant Louis.

Je ne me défends pas, mais j’empêche Flore de trop parler. À ma grande surprise, c’est Louis qui faitla visite du haras. Il parle des chevaux, de la nature environnante… Mon ami nous révèle un côté de sapersonnalité que je ne connaissais pas. Je le savais amateur de grands espaces, bon cavalier, mais pas sipassionné ! Plus Louis parle du haras, plus il se détend. Et son enthousiasme est communicatif. Il a passébeaucoup de temps ici quand nous étions plus jeunes, il sait de quoi il parle. Il en sait d’ailleurs autantque moi, alors que je suis née ici. Il est intarissable.

– Louis, nous devrions nous préparer pour notre soirée, l’interrompt sa sœur.– Soirée ? s’étonne Louis.– Oui, la soirée, insiste-t-elle. Allez, on y va. Désolée de vous quitter comme ça Neil, mais nous avons

des plans pour ce soir.

Et sans attendre, Flore entraîne son frère en direction de la maison. Je sais qu’ils n’ont aucune soiréeprévue. Flore a trouvé une excuse pour nous permettre d’être seuls.

Je me sens un peu nerveuse devant Neil, pas hyper sexy dans mes bottes, mon blouson, avec mes

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cheveux attachés.

– Je dois t’avouer que je suis un piètre cavalier, m’explique Neil en caressant le museau d’un cheval.Mais je compte bien prendre le temps un jour de maîtriser cette bête.

– La bête ne se laisse pas dompter comme ça ! le taquiné-je.– Rien ne me résiste très longtemps, se défend-il, le regard lourd de sous-entendus, une petite étincelle

dans les yeux.– C’est ce que tu crois ! lui dis-je en lui décrochant un sourire plein de défi.

C’est sans compter le coup de tête que le cheval lui adresse dans le dos, qui le projette quelques pasen avant. Je laisse échapper un cri de surprise et tends les bras pour le retenir dans sa chute. Maisheureusement, Neil ne tombe pas.

D’abord surpris, nous éclatons de rire.

– Je pense que ce cheval n’y croit pas non plus, souffle Neil, amusé.– Vu la façon dont il te regarde, je pense qu’il risque de remettre ça et de passer le mot à ses voisins.

Tu veux rester ici cette nuit ? Il y a une dépendance, nous pourrons être tranquilles pour discuter.

Ou comment demander à un mec de passer la nuit avec moi… Le coup de la discussion, pas du toutcrédible !

– Rentrer de nuit ne serait pas raisonnable, commence Neil… Et personne ne m’attend… Donc ok !

Nous quittons les écuries, l’un près de l’autre. La tension entre nous est forte mais il y a encore de lamaladresse, de l’embarras entre nous. Petit à petit, nous réussissons à nous laisser aller, mais rien nepasse encore par les mots. Nos attitudes, nos regards, nos gestes parlent pour nous. Délicatement, Neilpose son bras autour de mes épaules et m’attire contre lui. Je souris dans la nuit tombante, à ses côtés.

***

Devant le feu de cheminée, nous sirotons tous les deux un verre de vin rouge californien. Neil s’estinstallé dans le canapé, sur la méridienne, dans une posture très décontractée. Dans son jean et son pullbleu marine, il est à tomber. J’ai pris le temps de me rendre présentable, de me sentir plus sexy.

Juste au cas où…

À ses côtés, mon cœur bat à mille à l’heure. J’ai chaud et je ne crois pas que le feu y soit pour quelquechose.

– Tu comptes rester loin de moi toute la soirée ? me demande-t-il en ouvrant son bras.– Pas vraiment, mais comme je ne sais pas ce que tu veux non plus…– Je n’ai pas fait tous ces kilomètres pour t’observer de loin.

Je devine les raisons de sa présence par son sous-entendu. Je me glisse aussitôt près de lui, profitantpleinement du moment. Quoi de plus romantique que cette soirée ? Nous observons tous les deux lesflammes dans l’âtre. Aucun de nous n’a envie de briser le silence. Délicatement, les doigts de Neil

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glissent jusqu’à mon poignet et caressent mon tatouage.

– Je comprends mieux le fer à cheval, maintenant.– Je l’ai fait en souvenir de ma mère. C’était une excellente cavalière, c’est elle qui m’a appris à

monter.

Je sens son bras se resserrer autour de mes épaules. Je me tourne alors vers lui et, à mon tour, laisseglisser mon index sur sa cicatrice.

– Tu sais pour mon tatouage, à toi de me parler du tien…– Non… Ce n’est pas très… Pas ce soir.– Mais…

Neil fait taire les mots sur mes lèvres en m’attirant contre lui. Allongés l’un contre l’autre, plus rien necompte, si ce n’est le regard brûlant qu’il me jette. Les mauvaises tensions se sont envolées, d’autres,plus sensuelles, s’insinuent doucement dans la pièce, faisant quelque peu monter la température de noscorps.

Un semblant de raison me souffle que nous n’avons discuté de rien. Je le chasse aussitôt.

Plus tard…

Je ne sais pas si cette dépendance a déjà connu une température aussi élevée. Le feu de cheminéen’explique pas toute la chaleur qui règne ici, alors que dehors l’hiver est bien installé.

Dans cette maison attenante, je n’ai pas d’entraves, pas de souvenirs, pas de vieux fantômes. Ni devoisins proches. Je peux libérer l’amante qui est en moi, celle que j’ai découverte la première nuit quenous avons passée ensemble, Neil et moi, chez lui…

– Je savais que tu ne voulais pas seulement discuter en me proposant de rester cette nuit, me souffleNeil, après ce premier et torride baiser de la soirée.

– Je tenais vraiment à ce que nous parlions mais… Tu ne m’offres pas la possibilité de me concentrer.– Ah, parce que je suis responsable de ce feu qui anime tes yeux ?– Je ne vois personne d’autre dans la pièce, rétorqué-je en me mordant la lèvre.– Puisque je suis responsable, j’assume complètement les dérives de cette soirée.

Sur l’étroite méridienne, Neil me surplombe, dominateur. Je ne peux pas riposter au risque de nousfaire tomber tous les deux aux pieds du canapé. Neil me tient les mains de chaque côté de ma tête et jen’ai pas envie de me débattre. J’aime me dire que je suis toute à lui, abandonnée à ses désirs et à sesfantasmes.

– Mademoiselle Preston, je ne m’attendais pas à une telle initiative de votre part… Accueillir uninconnu rencontré sur la route… Est-ce prudent ?

– Cet inconnu avait l’air si perdu…– Et vous pensez l’avoir remis dans le droit chemin ?– Je crois plutôt que c’est lui qui m’entraîne… sur un autre genre de chemin…

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J’ai envie que nous fassions l’amour à nouveau, que nous ne pensions plus qu’à notre désir charnel.Que rien ne vienne nous arrêter. J’ai enfermé à double tour dans un coin de ma tête tout ce qui pourraitvenir ternir ce moment.

Je suis à Neil et Neil est à moi. C’est tout ce que je veux ce soir !

Je sens le désir monter en moi, s’intensifier. Il est là, partout. Dans le bas de mon ventre, impatient.Dans le creux de mes reins, de mes seins, sur mes lèvres, au bout de mes doigts. Au-dessus de moi, Neilme savoure du regard. Je suis la proie du félin, prête à être dévorée !

Il ne faut pas longtemps pour que ses lèvres s’abattent sur ma bouche, pour que sa langue se glissecontre la mienne, prête à mener la danse. Une de ses mains me lâche, pour remonter le long de ma cuisse,de ma taille, de mes seins. Mon corps se cambre, réclamant le contact de sa peau sur mon épiderme,même s’il doit me brûler…

Mais seuls ses doigts explorent mes courbes et encore, sur le tissu de mes vêtements. Le corps de Neilest loin, inaccessible dans ma position. La frustration me gagne. Je n’ai aucune patience.

Neil est un parfait amant, je l’ai découvert la première fois. Je sais déjà qu’il aime faire durer notreplaisir, l’intensifier, le démultiplier. Je me sens à côté de lui comme une sauvageonne, prête à endécoudre, tout de suite. C’est ce que fait ma main libre d’ailleurs qui s’est déjà glissée sous son pull, etcaresse la peau de l’homme le plus musclé que j’aie jamais vu. Les yeux fermés, et alors que notre baiserattise encore un peu plus notre désir, mes doigts effleurent ses abdominaux. Je me mets à suivre leurslignes, leurs bosses… Je suis impressionnée…

Et je m’imagine être emportée par cet homme fort…

Je pousse un gémissement qui surprend Neil. Son baiser s’interrompt et il redresse doucement la têtepour m’observer.

– Déshabille-moi, murmuré-je.

Comme s’il n’attendait que ça, il se pose sur mes cuisses et part en guerre contre mes vêtements. Je meredresse légèrement pour l’aider à passer mon pull, puis mon top. Mon soutien-gorge est à son tourprojeté au-dessus du canapé.

En quelques secondes, me voilà à moitié nue devant cet homme ultra-sexy, beau comme un dieu. Etc’est lui qui m’observe, qui s’arrête sur mes seins. Son regard enfiévré accélère ma respiration. Ilentrouvre légèrement les lèvres…

Installé sur mes jambes, il m’empêche de bouger. Mais lui non plus ne fait aucun geste. Je remontealors mes mains sur son ventre, doucement. Mes doigts entrent en scène, avec lenteur, sous le regardbrûlant de Neil… Ils dessinent la courbe de ses muscles dessinés. Mes tétons se sont durcis et du bout deson index, Neil passe délicatement dessus. Son regard se fait provoquant. Comme seule réponse, je memords la lèvre. Mais il ne bouge toujours pas, comme s’il souhaite prendre le temps de me découvrir. Jesens que le désir gonfle en moi mais je ne souhaite pas mettre fin à cette lente exploration sensuelle.L’attente permet de créer en moi une sensation nouvelle, excitante. L’espace d’un instant, je ferme les

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yeux, je soupire même. Instinctivement, mon bassin se relève, emporté lui aussi par un violent plaisir,plus impatient d’en vivre davantage.

Est-ce le déclic pour Neil ? Il fond sur moi, sa bouche attrape le bout de mon sein quand sa main sepose sur l’autre. Il se montre plus sûr, plus ambitieux dans son approche. La tête me tourne, je n’en peuxdéjà plus tant je souffre d’un désir qui me submerge. Je gémis… Je glisse mes doigts dans la chevelure deNeil, m’y accroche presque. Je jette la tête en arrière sous les attaques de sa langue, de son pouvoir desuccion.

Je frémis, mon corps tremble… Je sens la respiration de Neil s’accélérer… Je n’en peux plus, il mefaut autre chose… Mes doigts entrent eux aussi dans la bataille et c’est sur sa ceinture qu’ils s’attardenten premier. Rapidement, elle n’est plus une barrière. Ni le bouton de son pantalon. Je m’attaquemaintenant au pull de Neil, mais je me sens rapidement limitée. Sans son aide et posé ainsi au-dessus demoi, je ne peux rien lui enlever.

Les lèvres de Neil remontent vers mon cou, mon menton… Il me mord délicatement mais suffisammentpour m’électriser encore plus. Je n’en peux vraiment plus ! Je veux le sentir nu contre moi !

Je me tortille comme un ver, ôte mes chaussures, glisse mes mains entre nous pour défaire mon proprepantalon. Neil comprend-il mon supplice ? Je n’arrive pas à décrypter ce regard qu’il me lance quand ils’éloigne loin de moi et de la méridienne. Devant le feu de cheminée, il commence à se déshabiller. Àfinir ce que j’ai commencé.

– C’est ce que tu voulais ? souffle-t-il, la voix rauque.

Je me redresse sur mes avant-bras. Son pull vole, découvrant un torse luisant et musclé à la lueur desflammes. Très vite, son pantalon gît à ses pieds. Il se tient debout en boxer noir devant moi. À la bossequi se dessine sous le tissu, je perçois qu’il a lui aussi très envie de moi.

Mais pas tout de suite… Si Neil s’approche à nouveau, c’est pour glisser mon pantalon jusqu’à meschevilles. Il remonte vers moi en m’embrassant délicatement les cuisses, le ventre, le creux de mes seins,mon cou, mes oreilles…

Mes mains se glissent dans son boxer, sur ses fesses musclées. Je les caresse, les attrape… Je pousseson bassin à se serrer contre le mien. J’arrive même à écarter suffisamment les jambes pour sentir le sexede Neil contre le mien. Nous soufflons tous les deux à ce nouveau contact. Malgré nos sous-vêtements, lasensation est intense. Je commence à bouger doucement sous lui, les mains toujours sur ses fesses. Nousnous embrassons, avides. Notre respiration est saccadée. Je sens Neil de plus en plus au bord du gouffrelui aussi, il commence à son tour à bouger sur moi. Mais c’est trop pour nous désormais. Notre excitationest à son paroxysme.

Neil se lève, fouille dans ses affaires. J’en profite pour enlever ma culotte. Et alors qu’il revient versmoi, le regard lourd de désir, je me redresse, chaude, humide, les jambes légèrement écartées. Ma maincourt sur mon ventre… Neil ne me lâche pas des yeux. D’un geste, il se défait de son boxer. Il passe salangue sur ses lèvres et déroule un préservatif sur son sexe tendu.

Puis il fond sur moi. Nos dents s’entrechoquent quand il m’embrasse à nouveau. Mon bassin se tend

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vers lui et très vite, je sens son membre viril s’immiscer en moi. Délicatement. J’étouffe un gémissement,lui aussi. Son mouvement devient plus rapide. Mes mains retrouvent leur place sur ses fesses. Je lepousse à s’enfoncer plus loin en moi, je le guide, rythme son va-et-vient que je veux intense. Neil me suit,sans aucune réticence. Je suis emportée dans une autre chevauchée, terriblement excitante. Mon bassins’incline un peu plus, chaque fois, Neil s’enfonce plus loin, plus vite. Je sens venir la vague de plaisir. Jela laisse monter en moi, je m’en délecte. Je m’accroche au coussin, au-dessus de ma tête. Je suisemportée par un orgasme long, intense…

Neil ralentit, mais ses à-coups sont profonds. Je m’agrippe à ses épaules, ce qu’il me fait désormaisme coupe le souffle… Comme s’il était possible de prolonger mon orgasme, je suis dans un entre-deuxvertigineux. Et soudain, je le sens exploser à son tour. Sa tête dans le creux de mon épaule, Neil savourepleinement lui aussi son plaisir. Petit à petit, son rythme ralentit pour s’arrêter doucement.

L’un contre l’autre, nous ne bougeons pas. Nous reprenons notre souffle. Je me sens apaisée. Mondésir a été violent. Je n’avais jamais imaginé avoir envie de quelqu’un avec une telle force.

Peu à peu, nos cœurs retrouvent un rythme normal. Le feu crépite, les bûches se consument. Le tempsest comme suspendu. Comme si aucun de nous deux ne souhaitait rompre cette douce harmonie. Mais laméridienne est vraiment trop étroite.

– Est-ce qu’il y a quelque part dans cette maison, un endroit où nous pourrions avoir plus de place ?me glisse Neil à l’oreille.

– J’ai souvenir qu’il existe quelques chambres à l’étage… Mais il faut choisir…– Pour choisir, il faut les essayer… me dit Neil en se redressant, l’iris éclatant d’une intensité

espiègle.

Nus tous les deux, nous nous levons. Collés l’un à l’autre, nous nous précipitons dans la premièrechambre venue. Le lit est froid, piquant.

– Pour se réchauffer, rien de tel que le contact de deux corps nus, souffle Neil en s’allongeant ànouveau sur moi.

– Alors cette fois, c’est moi qui te réchauffe !

Ma protestation n’est pas vaine. J’arrive à le plaquer sur le dos et à me glisser sur lui.

– Donne-moi juste le temps de me remettre de cette traversée polaire, et je peux t’assurer que tu netiendras pas sur moi très longtemps !

– On parie que tu ne bouges pas ?

Je défie Neil du regard. Ma main s’est glissée entre ses jambes.

Il est important de tout réchauffer…

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4. Tourner la page

C’est la première fois que nous passons une nuit complète ensemble…

Je ne dois surtout pas y voir une preuve de quoi que ce soit. Pas de méprise. Je dois juste profiter del’instant présent.

Et savourer les souvenirs laissés par cette nuit !

Neil est descendu plus tôt dans la matinée. Je me fais silencieuse pour l’observer, voir comment il estle matin, au réveil. Mais je suis déçue, Neil a déjà pris sa douche, son café et semble même sur le départ.

Comme d’habitude. Toujours prêt à filer à l’autre bout du monde ! Neil est comme ça et c’est aussice qui me plaît chez lui !

– Bonjour, lancé-je en entrant dans la cuisine.– Hello marmotte ! dit-il en m’adressant un sourire terriblement craquant avant de m’enlacer.– Tu pars déjà ? demandé-je en me servant une tasse de café fumant.– J’ai des rendez-vous et de la route, la neige risque de me ralentir.– Je rentre à New York bientôt moi aussi, il est temps !– Prête à te battre à nouveau contre moi pour la décoration de ton hôtel ?– Contre ? Je dirais plutôt « avec », non ?– Ça dépend… Tu as laissé tomber l’idée de tes miroirs ?– Pas vraiment…– Ça promet !– Et je suis en forme, après ces vacances…– J’ai hâte de voir ça !

J’adore cette complicité que nous avons, cette petite bataille entre nous. C’est à la fois un jeu, un défi,ça me pousse à me dépasser encore plus. Et surtout, c’est réciproque !

– Avant que tu partes, je dois te demander. Tu as gardé la lettre de menaces ? Tu avais raison, je doisaller voir la police.

Je dois mener de front la réhabilitation de l’hôtel, mais je dois régler ça aussi.

– J’suis allé voir la police après ton départ, m’apprend Neil, redevenu sérieux, presque grave. J’étaisaussi venu te parler de ça hier. L’un des meilleurs enquêteurs de New York est sur l’affaire. Il vachercher à savoir si l’incendie est criminel et pourquoi j’ai été évoqué dans la lettre.

– Oh… La police prend ça au sérieux alors ?– Assez. D’ailleurs, il aimerait te rencontrer. J’ai sa carte, dit-il en sortant de sa poche un petit carton.

Appelle-le dès que tu rentres.– OK… soufflé-je en lisant le nom de Levison.

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Neil m’attire à nouveau contre lui et repousse délicatement mes cheveux en arrière. Ses yeux bleusplongent dans les miens.

– On se revoit à New York, me souffle-t-il, en déposant plusieurs baisers légers sur ma joue, mon cou,mon épaule…

Mon corps frémit.

Si j’avais besoin d’une motivation supplémentaire pour rentrer… Je l’ai trouvée !

Après le départ de Neil, je retrouve Flore et Louis. Tous les deux ont préparé leurs valises, prêts àreprendre la route eux aussi. Ils font une escale à New York pour rejoindre un oncle avant de repartirpour Paris. Je ne mets pas longtemps à me décider pour les accompagner.

Pourquoi rester plus longtemps ici ?

Faire mes bagages ne me prend pas plus de dix minutes. Toutefois je ne peux pas partir comme ça, ilfaut que je prévienne mon père.

Je le trouve derrière l’écurie, près du manège. Il n’est pas seul. Mon père discute avec Nicole. Riend’étonnant à ça, si ce n’est que sa main à lui se trouve sur son dos à elle.

– Papa ? l’interpellé-je, surprise.

J’ai l’impression de les prendre en faute tant ils s’éloignent vite l’un de l’autre. Nicole me sourit,gênée. Quant à mon père, son visage s’est fermé.

– Je… Je suis juste venue te prévenir que nous partons. Merci de nous avoir accueillis ici…

Mon père hoche la tête. Je vois le regard de Nicole se poser sur lui. Je me sens soudainement de tropici, presque blessée, et je ne comprends pas pourquoi. Je préfère partir vite, et mettre de la distance entrenous.

Peut-être parce que mon père a des gestes d’affection pour quelqu’un d’autre que sa propre fille ?

***

Sur la route qui nous ramène à New York, je passe un appel à ce Levison. Pour ne pas alerter mesamis, je parle de routine, de procédure habituelle après un incendie. L’inspecteur est prêt à me recevoirdès mon arrivée.

Autant régler ça au plus vite !

– Je peux venir avec toi, Louis a des trucs à faire de son côté, me propose Flore.– Ce ne sera pas très passionnant tu sais, essayé-je de dissuader mon amie.– Oh allez ! C’est toujours du temps passé ensemble ! Après il y a un océan qui va nous séparer, tu te

rappelles ?

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Je n’insiste pas. Mais je ne suis pas sereine à l’idée de devoir mêler Flore à tout ça…

Quand Louis nous dépose devant le poste de police, je prends la décision de tout raconter à mameilleure amie. La lettre de menaces, la dispute avec Neil, puis cet enquêteur qu’il me faut rencontrer.

– Mais pourquoi est-ce que tu ne m’as rien dit plus tôt ? Tu as traversé ça toute seule ?! Non maisNora, tu te rends compte ?!

– La police va prendre ça en main, ça va aller…

Peu convaincue, Flore me suit lorsque j’entre et demande à voir Levison. Ce dernier ne tarde pas àvenir à notre rencontre. Grand, blond aux yeux marron, le regard doux, la trentaine sans doute, il nousinvite à le suivre dans son bureau.

– Mademoiselle Preston, heureux que vous puissiez enfin être là.

Je m’installe derrière un bureau gris. Flore prend le fauteuil à mes côtés. Je la présente, rapidement.

– Flore d’Albenas, une amie.– Nous avons déjà avancé dans notre enquête depuis la visite de Neil Caine et vous devez en être

informée, enchaîne Levison en ouvrant un dossier.– Expliquez-moi tout, depuis le début, lui demandé-je doucement, sentant monter en moi l’adrénaline.– Très bien. Monsieur Caine est venu la semaine dernière nous parler de cette lettre et de l’incendie

qui a ravagé une partie de votre hôtel, causant la mort de vos grands-parents, m’explique l’inspecteur, ensortant la lettre de menaces de son dossier. L’expert qu’a fait intervenir Neil Caine a totalement remis enquestion l’avis de celui de l’assurance. L’incendie de votre hôtel n’est pas lié à un défaut dans votreinstallation. On a saboté votre tableau électrique, ce qui a provoqué un court-circuit source de l’incendie.

– Vous voulez dire que… quelqu’un a volontairement fait ça ? Mais qui ? demandé-je en accusant lecoup.

La main de Flore se pose sur ma jambe.

La lettre disait donc vrai ?

– Et pourquoi est-ce que le premier expert ne l’a pas vu ? l’interrogé-je, perplexe.– Les premiers experts envoyés sur un sinistre sont rarement du genre à chercher très longtemps la

raison de l’incident. Ils ont considéré que votre hôtel était vieux et que tout devait l’être aussi. Vous avezbien fait de demander un contre-avis. Beaucoup ne le font pas.

– C’est Neil qui m’a poussée à prendre un autre expert, soufflé-je.– Et ce fut un très bon conseil Mademoiselle Preston, ajoute Levison, un sourire réconfortant aux

lèvres. Nous prenons très au sérieux cette enquête. La lettre de menaces n’a rien donné jusqu’à présent,mais nous continuons de chercher. Nous allons tout faire pour trouver l’auteur de tout ça.

Levison me pose des questions. Je lui explique tout, en détail. Mes souvenirs d’avant l’incendie, ceuxaprès le drame. Non, je n’ai rien noté de différent par rapport à d’habitude. Il n’y avait rien d’anormaldans ma vie à ce moment-là.

Sauf ma rencontre avec Neil Caine…

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– Est-ce que Nora est en danger ? demande soudain Flore, inquiète.– C’est probable, déclare Levison.– Et vous comptez faire quoi ? insiste mon amie.– Flore… interviens-je pour essayer de la tempérer.– Je comprends votre inquiétude, répond Levison. Nous allons tout faire pour régler ça rapidement.

Flore grimace. La réponse ne la satisfait pas et elle me le montre aussitôt une fois sorties du poste depolice.

– Je vais rester avec toi, tu ne peux pas être seule alors qu’un malade t’en veut !– Flore, ça va aller… Je ne suis pas toute seule, j’ai une équipe derrière moi… dis-je pour la rassurer.

Je n’en mène tout de même pas large. Mais que puis-je faire ? Je ne vais pas me terrer chez moi !

– T’en penses quoi de l’inspecteur ? demandé-je à Flore.– Ah… Tu as remarqué toi aussi ?– Quoi ? Qu’est-ce que j’ai remarqué ?– Euh… Tu parlais de quoi toi ?– Je te demande juste ce que tu penses de Levison et de cette enquête…– Ah…

Je note un certain malaise chez Flore, ses joues rougissantes confirment cette impression.

– Qu’est-ce que t’as ? l’interrogé-je, curieuse de connaître les raisons de son trouble.– Je sais que c’est bizarre mais je crois que j’ai eu un coup de cœur pour cet inspecteur… C’est

complètement déplacé vu ce qu’il vient d’annoncer… Ça m’est tombé dessus en entrant dans son bureau !– Tu as eu le coup de foudre pour Levison ?!– C’est dingue je sais… mais il s’est passé quelque chose, avoue-t-elle, troublée.

Je pousse mon amie d’un coup d’épaule, surprise et amusée de ce qu’il ressort de cet entretien.

Un coup de foudre et une menace !

Alors que je cherche à en savoir davantage, Flore reçoit un message de Louis. Elle compte lerejoindre, non sans me demander mille fois de faire attention à moi. Nous nous quittons avec la promessede vite nous retrouver.

***

J’ai repris avec plaisir le chemin de l’hôtel depuis quelques jours, même si le retrouver vide, sombreet froid m’a serré le cœur. Et cette odeur de fumée qui persiste… Mes grands-parents ne me l’ont pasconfié pour que je le laisse dans cet état.

Si seulement l’homme qui a mis le feu était arrêté rapidement… Je pourrais tourner complètementla page.

Bettina est revenue elle aussi. Toutes les deux, nous avons commencé à passer quelques appels.

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Depuis, je cours partout, le téléphone n’arrête pas de sonner. L’assurance a réétudié le dossier avec lesnouveaux éléments de l’enquête et a promis de le traiter rapidement pour nous permettre de lancer lestravaux. À ma grande surprise, des clients appellent pour savoir si nous serons ouverts à Noël. Il meparaît impossible de tout boucler en moins de trois semaines. Nous nous sommes tous fait une raison.Nous raterons cette saison, mais nous ouvrirons dans de meilleures conditions. Cela ne supprime nil’épée de Damoclès qui menace au-dessus de ma tête, ni le stress. Ma marge d’erreur s’est réduite, lesfonds vont rapidement manquer si nous n’ouvrons pas au plus vite. Et j’ai des salaires à payer.

Neil a envoyé ses équipes. Le hall de l’hôtel ne ressemble déjà plus à ce qu’il était il y a quelquesjours. Toutes les vieilles boiseries ont disparu, remplacées par des nouvelles au vernis brillant, lemobilier usé aussi. Du papier peint aux motifs Art Déco s’est emparé des murs, bleu foncé, tranchant avecle beige des moulures et des plafonds. Le grand lustre ancien est en passe d’être démonté. Les équipes deNeil ont trouvé une pièce de collection, moins imposante, mais typique du style de l’hôtel. Touts’accélère à vitesse grand V et l’adrénaline me tient éveillée des nuits entières. Je n’ai pas cédé quant àl’installation des miroirs. Pour faire comprendre à Neil ce que je souhaite, ou essayer de lui montrerl’idée que je m’en fais, j’ai dessiné un rapide croquis. Le dessin n’est pas mon fort et le résultat n’est pastrès probant. Je grimace devant mon œuvre.

– Neil arrive dans une heure ! lance un assistant à son collègue.

Mon ventre se crispe aussitôt. À chaque fois, c’est la même chose. Je perds mes moyens, je me senscotonneuse. Je pourrais même me ronger les ongles si je me laissais aller ! Mais ici, je dois resterprofessionnelle.

J’évite d’être dans le hall quand Neil arrive. Je ne veux pas lui donner l’impression que je l’attends.Je m’installe plutôt à mon bureau pour trier des papiers. Toujours les mêmes. Vingt fois de suite. Je saisqu’il va frapper à la porte. Il faut que j’aie l’air occupé.

Il faut que ça ait l’air crédible aussi… Je ne sais toujours pas comment me comporter avec lui !

Le coup à la porte me fait sursauter. Neil n’est pas du genre à attendre qu’on lui dise d’entrer. Il nefrappe qu’une fois en même temps qu’il pénètre dans la pièce.

– Il y a de la vie dans cet hôtel, ça fait plaisir ! dit-il en s’asseyant directement face à moi.

Neil ne s’encombre jamais des « Bonjour, tu vas bien ? »

Et bien sûr, je fonds encore une fois face à ses yeux bleus et ses mèches brunes rebelles.

Il n’y a ni tabouret, ni tasse à café près de moi… Je vais gérer !

– Oh, tu es arrivé ? Je ne savais pas que tu passerais !

Je mens. Et la comédie n’est pas mon fort.

– Je voulais voir comment tout se mettait en place, et ça m’a l’air pas mal du tout ! J’ai l’impressionque tu es prise d'un nouvel élan ! Si je n’avais pas en face de moi la business woman, je te féliciterais à

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ma façon !– À ta façon ?! Tu veux dire, comme quand tu réapparais après avoir disparu de la circulation ?– J’adore ce genre de retrouvailles, me glisse-t-il avec un regard lourd de sous-entendus.

Je rougis instantanément et Neil se rend compte de l’effet de ses mots. Il se penche vers mon bureau etajoute :

– Et te découvrir en cavalière sexy…

Je baisse la tête pour reprendre une contenance et calmer la vague de chaleur qui s’est emparée demoi. Mes yeux tombent sur mon dessin.

Parfait pour reprendre le contrôle !

– Regarde, j’ai quelque chose pour toi. C’est une idée de ce que pourrait être le hall avec ces miroirsdont tu ne veux pas. Tu as le temps de regarder ?

Neil attrape mon dessin et éclate de rire.

– Mais qui a dessiné ce truc ?– C’est moi, réponds-je, faussement vexée.– Oh… Pardon, mais tu n’as aucun talent pour le dessin.– Oui bon, peut-être… Tu vois l’idée ou pas ?– Absolument pas, non, déclare-t-il, un peu moqueur.

Il attrape sur mon bureau une feuille et un stylo. Je vois rapidement apparaître le hall sous son trait decrayon. Son esquisse est parfaite, ses mains sont habiles. Je suis impressionnée par sa maîtrise, et larapidité avec laquelle il réussit à coucher sur le papier une projection de la pièce.

– Tu dois laisser le dessin aux professionnels. Est-ce que j’interviens dans tes réservations, moi ? medemande-t-il en continuant son œuvre.

Neil termine et me montre, côte à côte, les deux dessins. Le sien ne souffre pas la comparaison.

– C’est ce que tu veux ?

Il a su exactement reproduire mon envie de miroirs.

Preuve que mon dessin est un minimum parlant…

– C’est ça ! m’exclamé-je, enthousiaste.– Mais je ne suis toujours pas d’accord.– Pourtant tu vois que ça rend bien !– Tu as eu du goût pour le choix des couleurs, ça, oui, ça rend bien. Mais les miroirs, non !– Même un ? Ou deux ? Tu m’as dit que tu en mettrais partout vu ce que je savais faire avec. Ce sont

tes mots, tu te souviens ?– Oui, je sais. Mais ce n’est pas dans ton hôtel que tu sauras autant te laisser aller. Donc… Laisse-

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nous faire notre métier ! m’ordonne-t-il gentiment en se levant pour me quitter.

Alors que je m’apprête à répliquer, Neil m’impose le silence en posant son index sur mes lèvres, au-dessus du bureau.

– À chacun son métier, souffle-t-il, amusé.

Puis il part, aussi rapidement qu’il est entré.

J’attrape son croquis. Effectivement, la présence de tant de miroirs ne va pas du tout, Neil a raison.

Et ça m’énerve qu’il ait raison !

On frappe de nouveau à la porte. C’est Bettina.

– Nora, commence-t-elle doucement. L’entreprise qui va rénover l’appartement de tes grands-parentsm’a demandé si tu voulais récupérer quelques affaires avant qu’ils ne commencent leurs travaux ?

– Oh… Je n’y ai pas mis les pieds depuis…– Je peux t’accompagner si tu veux, me propose-t-elle gentiment.– Merci Bettina… ça va aller.

Mon assistante ne semble pas convaincue, mais elle n’insiste pas. Je dois le faire pour passer à autrechose. C’est une étape à franchir.

Même si elle me coûte.

Plus rien ne ressemble à l’appartement chaleureux que j’ai connu. Parce qu’il n’y a plus mes grands-parents pour m’accueillir avec leur bienveillance et parce que la fumée a laissé des traces noires, partout.J’ai même encore du mal à respirer. Je ne veux pas m’attarder, je ne veux pas laisser les souvenirsheureux me submerger. Je ne dois pas trop penser.

Dans les cadres, certaines photos sont intactes. Des photos de nous tous, de ma mère… Je récupèrequelques bijoux, quelques objets riches en souvenirs. Mais je ne m’encombre pas trop. Je passe la portede l’appartement, en maîtrisant mes émotions. La mort de ma mère m’a appris à me blinder dans ce genrede situation. Se fermer pour ne pas glisser vers la profonde déprime.

Quand je croise Bettina, plus tard, je lui demande de contacter une association. Elle trouveracertainement des choses utiles à donner. Les travaux pourront alors commencer.

C’est le point final pour moi. J’ai mal, la douleur de cette perte me fait souffrir, mais je dois aller del’avant. Pour eux. Pour moi.

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5. Le saut de l’ange… ou du démon ?

Et merde ! J’ai oublié mon dossier !

Je viens de poser mes affaires chez moi et de m’apercevoir de mon oubli. J’en ai besoin pourtravailler ce soir. Je n’ai pas le choix, il faut que je reparte. En pestant contre moi-même, je ressors dansles rues illuminées de New York, encore animées en ce tout début de soirée. Je ne sais pas si c’est lafatigue de ces derniers jours ou le stress des travaux à venir, mais quelque chose me met terriblement malà l’aise. Je me retourne plusieurs fois, je me sens observée. Je me fais certainement des idées. Levisonn’a pas appelé depuis ma visite, il ne doit rien y avoir de nouveau dans l’enquête. Et ce n’est pas pour merassurer.

Il y a quelqu’un, quelque part, qui a mis le feu à ton hôtel et envoyé une lettre de menaces.

Je frissonne, presse le pas. Mes nerfs me jouent certainement des tours.

Quand je retrouve le cocon de mon appartement, mon malaise s’envole. J’ai bien mérité une séancecanapé-dossier-plaid et tasse de chocolat chaud. Mais mon téléphone m’interrompt dans mon élan.

– Allô Nora, c’est… c’est Papa.– Papa, est-ce que tout va bien ? demandé-je aussitôt, surprise.

Mon père ne m’appelle jamais.

– Oui, tout va bien. Écoute, je n’aime pas la façon dont nous nous sommes quittés la dernière fois… Ilfaut que tu saches. Nicole… Nous nous apprécions et…

Je laisse mon père m’expliquer maladroitement sa relation avec Nicole. Je ne suis pas étonnée, ce quej’ai vu ne laissait aucun doute. Mais je n’ai pas forcément envie de l’entendre.

– D’accord Papa, tu fais ce que tu veux, m’entends-je dire, lointaine. Je dois te laisser, je doisemmener mes amis à l’aéroport. Au revoir.

Dès que j’ai raccroché, je me sens aussitôt assaillie par une vague de culpabilité. Mon père a fait uneffort pour se livrer de cette façon. Il a fait un premier pas, il a tenté de renouer le contact, ce quej’attends depuis des années et c’est comme ça que je l’accueille ?! Il vit seul depuis la mort de ma mère,il a le droit d’être heureux. Ça ne change rien pour moi de toute façon, ça ne réparera pas des années desilence…

Je viens de faire n’importe quoi et je n’en suis franchement pas fière. Je le rappelle, pour m’excuser etpour discuter un peu, mais personne ne répond.

Bravo Nora !

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***

À dix jours de Noël, les travaux battent leur plein. L’hôtel grouille d’activité. Bettina et moi affichonsun vrai sourire. Alors que nous faisons toutes les deux un point dans mon bureau, une tornade nomméeNeil Caine débarque.

– Neil ? Je te croyais sur la côte ouest !– Et non ! J’ai changé mes plans, une envie de skier m’a pris. Tu viens avec moi ? me demande-t-il

tout en effectuant un élégant baisemain à Bettina, ravie.– Où ça ? Skier ? Là, comme ça ? Non, impossible… J’ai du…– Du travail, je sais, m’interrompt-il en déposant un baiser léger au creux de mon oreille, ce qui ne

manque pas de surprendre mon assistante.

Je ne me suis pas encore étendue sur cette relation avec elle…

– Moi aussi ! continue-t-il en m’attrapant la main pour m’encourager à le suivre. J’ai un projet à SanFrancisco, mais il peut attendre. Je suis sûr que tu peux prendre quelques jours, n’est-ce pas ?

Neil se tourne vers Bettina pour lui demander son avis. Je sais que mon assistante ne sera pas unealliée, elle me répète à longueur de journée que je devrais me ménager. Et avec ce qu’elle vient devoir…

– Oui, prends quelques jours, je m’occupe de tout, déclare Bettina en me décrochant un clin d’œilcomplice. Un séjour au ski, ça ne se refuse pas !

– Mais Bettina…– Bettina est d’accord avec moi. Tu travailles trop ! Allez, nous avons tout juste le temps de passer

chez toi prendre quelques affaires, ajoute Neil en me tirant par la main.

Bettina me regarde partir, hilare, me faisant signe que tout sera ok. Et que je n’échapperai pas à sesquestions à mon retour…

– Mais tu ne peux pas débarquer comme ça dans mon bureau ! m’exclamé-je alors que nous nousengouffrons dans la voiture.

– Si, je peux. Et je l’ai fait ! dit-il en me décrochant un regard victorieux.– Tu peux prendre des vacances quand tu le souhaites, tant mieux pour toi. Je dois mettre les bouchées

doubles pour l’hôtel et ouvrir au plus vite, j’ai des obligations…

Son assurance et sa légèreté me déconcertent ! Tout en moi devrait dire non mais je ne peux pas luirésister. Pire que ça, je me rends compte que je ne veux pas lui résister. Neil est toute la spontanéité etl’énergie positive dont j’ai besoin.

– Je ne pense pas qu’ouvrir ton hôtel tout en étant épuisée soit une bonne chose, ajoute-t-il en posant samain sur mon genou. Ta vie, c’est ton hôtel, je le comprends. Accepte de prendre un peu de repos et jen’aurais pas besoin de te kidnapper. J’avais aussi envie de passer du temps avec toi !

Passer du temps avec moi ?! Neil commence à se livrer… La perspective d’un nouveau tête-à-tête

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balaie toute réticence. Et si je fais semblant de lui en vouloir, juste pour la forme, intérieurement, jejubile !

Neil me laisse monter chez moi, le temps de faire un sac avec quelques vêtements.

J’ai peur d’en oublier la moitié, pressée de cette façon !

Mais je dois avouer, c’est une bonne méthode pour m’empêcher de trop réfléchir et de changer d’avis.

***

Neil ne lâche rien, jamais rien. Dans son jet privé, il m’assoit dans un fauteuil et attache ma ceinture.

Je pars en jet privé et c’est un milliardaire qui attache ma ceinture… Normal…

– Voilà, comme ça, tu ne peux plus t’échapper ! souffle-t-il, le regard amusé. C’est bon, nous sommesprêts, nous pouvons décoller ! Oh… Juste une chose avant le décollage…

Neil se penche à nouveau sur moi, mais cette fois pour me décrocher un baiser torride.

Vol privé avec option sensualité… Je vais défaillir avant l’atterrissage !

– Qu’est-ce que tu me fais faire… soupiré-je, les yeux plongés dans les siens. Il faudrait quand mêmeque je passe quelques appels pour annuler des rendez-vous !

– Quand nous serons en plein vol, tu pourras utiliser le téléphone de l’avion. Je te laisserai dix minutesdans la peau de la femme d’affaires. Mais après ça, je ne veux plus que ma cavalière sexy et torride pource séjour.

Comment résister à ça ?! Neil est fier de son kidnapping. Il a posé sa tête dans sa main, le bras surl’accoudoir. Il ne me lâche pas des yeux. Je suis incapable de lui en vouloir. Non seulement l’idée de cevoyage improvisé à ses côtés commence à me séduire, mais le voir comme ça, devant moi… Ses lèvres,cette moue… Je rêve de pouvoir l’embrasser, mordiller sa bouche… Mais le signal du décollage melaisse accrochée à mon siège, frustrée.

– Rassure-toi, je ne vais pas m’envoler, lâché-je, faussement agacée.– Tu es très sexy aussi quand tu es contrariée… Dommage que ce jet ne soit pas équipé. J’aurais adoré

te faire un massage pour te délasser.– Tu peux toujours garder cette idée pour plus tard…

Neil acquiesce, l’œil brillant. Je ferme les yeux, me laissant submerger par un flot d’images de lui enboxer, au-dessus de moi.

– Je ne sais pas à quoi tu penses, mais ça a l’air de te faire de l’effet… C’est l’idée du massage ?– Peut-être… Peut-être pas… soufflé-je en lui adressant un petit sourire coquin.

Quand enfin nous pouvons détacher nos ceintures, je me jette sur lui pour l’embrasser à mon tour. Pourlui faire comprendre que j’accepte d’être l’amante qu’il attend. Puis je m’éloigne afin de me débarrasser

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de mes appels. Une idée me traverse l’esprit : et si je tentais de joindre à nouveau mon père ? Le momentest assez mal choisi pour réveiller les histoires familiales…

– Une contrariété ? me demande Neil lorsque je retourne m’asseoir à ses côtés.– Un souci avec mon père, rien de grave…– Je ne peux pas t’aider. Je suis de très mauvais conseil quand il s’agit de famille.

Neil ne me laisse aucun répit et encore moins le temps de m’apitoyer sur mon sort. Il m’attrape la mainet commence à me masser délicatement les doigts, dans des gestes très, très sensuels…

– Un petit avant-goût… Tu ne regretteras pas de m’avoir suivi…

***

Le premier massage de Neil est mis à exécution dès notre arrivée dans la suite, somptueuse. Nous nepassons pas les premières heures dans cette station du Colorado à skier, mais à profiter l’un de l’autrecomme deux amants assoiffés.

Parfois, je pense qu’il faudrait que nous ayons une discussion pour savoir quelle relation nous avons.Est-ce que nous sommes un couple ? Ou juste des sex friends ? Mais le séjour est tellement idyllique queje ne tiens pas à rompre le charme. Et pourquoi se poser des questions après tout ?

Nous arrivons quand même à nous traîner sur les pistes et je découvre à quel point Neil est aussi untrès bon skieur. Personnellement, je me sens plus à l’aise sur un cheval que sur des skis et je multiplie leschutes. Nous rions de mes maladresses.

Alors que nous admirons le panorama blanc des Rocheuses, Neil est attiré par l’activité d’un groupe.Des compétiteurs de base jump s’entraînent. Il n’en faut pas plus pour enthousiasmer Neil !

– Tu ne vas quand même pas sauter, plaisanté-je en le voyant si intéressé.– Et pourquoi pas ? me lance Neil visiblement excité à l’idée de relever un nouveau défi.– Mais c’est n’importe quoi ! On ne saute pas comme ça, dans le vide, sans expérience ! Tu veux

mourir ?– Je suis sûr que je peux le faire…– Neil, c’est absurde ! m’emporté-je. Tu sautes dans le vide, sans repères ! Tu les as vus ? Ce sont des

pros !

Mais Neil ne semble pas m’écouter, trop accaparé à regarder le groupe se préparer. Ce qui a le dond’attiser encore plus ma colère ! Je sais très bien qu’une idée est en train de germer dans sa tête. Et là, ily a un vrai danger pour sa vie en sautant dans le vide !

– C’est complètement ridicule Neil ! Tu cherches quoi, là ? À te prouver quoi ? Ou à qui ? Qu’est-ceque tu veux à part te casser le cou sur les rochers ? Je refuse de te laisser faire ça ! Oublie ce défi que tuveux te lancer, c’est n’importe quoi ! Je trouve ça drôle, et énorme, quand tu veux secouer les espritsavec tes idées étranges, mais pas là !

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Je m’arrête pour reprendre ma respiration. Je dois être rouge de colère, je me sens terriblementimpuissante. Je découvre qu’il est impossible de faire changer d’avis Neil Caine quand il a une idéederrière la tête. Cet environnement met mes nerfs à rude épreuve. Je n’ai pas seulement peur de le voirmourir sous mes yeux, je suis aussi incapable de porter mes yeux vers l’horizon. J’ai le vertige ! Cettesensation de perdre pied me rend nerveuse et si Neil et ses lubies s’y mettent…

– Neil…, soufflé-je.– Garde tes deux pieds sur terre, il ne t’arrivera rien, me glisse-t-il en souriant. Je prends la voie des

airs, on se retrouve en bas !

Je suis loin d’être rassurée…

– Ça va aller, ajoute-t-il, le regard déjà ailleurs.

Je le regarde rejoindre le groupe. Personne ne l’arrête. Au contraire, on l’équipe.

Mais ces gens sont fous ?!

Un des hommes le briefe, lui montre quelque chose plus bas, dans la montagne. Neil se retourne versmoi et me fait signe. Je me précipite pour l’arrêter avant qu’il ne fasse l’impensable. Trop tard, Neil asauté.

Je m’arrête au bord de la montagne, mon cœur s’est arrêté. L’homme qui l’a équipé est à mes côtés etsemble apprécier ce qu’il voit.

– Mais, il n’a jamais sauté… dis-je tout haut, surprise.– Oh si, Neil a quelques sauts à son compteur… m’apprend l’homme.– Vous le connaissez ?– Je lui ai appris les bases… Je ne laisse pas sauter les inconnus, encore moins débutants !

Je n’en reviens pas. Neil m’a fait marcher… Je sens la colère revenir. Je ne supporte pas qu’on semoque de moi comme ça, encore moins quand on me fait une telle frayeur !

– Outch… Par contre l’atterrissage, c’est pas ça, il vient de tomber sur un rocher. On va aller lechercher tout de suite, ça peut être grave ! Vous voulez que quelqu’un descende avec vous pour lerejoindre ? me demande le coach de Neil prêt à partir.

J’accepte d’un signe de tête.

– Ok pour me descendre, mais je vais directement à l’hôtel, dis-je en serrant les dents.

***

Neil me retrouve plus tard au bar de l’hôtel. Je suis toujours furieuse, mais soulagée de voir qu’il n’arien. Quand il s’installe en face de moi. Je ne desserre pas la mâchoire. Neil comprend que je ne suis pasd’humeur et que la colère gronde.

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– Ok, j’aurais dû te dire que j’avais déjà sauté…

Silence.

– Je n’aurais jamais mis ma vie en péril comme ça. Ni risqué que tu me voies tomber et avoir untragique accident. Je ne suis pas assez fou pour courir le risque de mourir.

Je le regarde. Je sens intérieurement que ma colère s’évapore. Neil, l’insaisissable, le casse-cou,l’empêcheur de tourner en rond… Son regard me désarme.

– Nora…

Il tente un petit sourire ravageur, de ceux dont il a le secret, pose sa main sur la mienne. Je soupire,vaincue par ses yeux bleus.

– Ne t’avise plus jamais de te moquer de moi de cette façon !– Promis, c’était nul, tu as raison.– Tu n’as rien, c’est l’essentiel.– J’ai toujours eu beaucoup de chance.– Et ne t’attends plus jamais à ce que je m’inquiète pour toi !– Vraiment ? me demande Neil en m’offrant l’un de ses plus beaux sourires charmeurs.– Peut-être un peu…

La dernière soirée que nous passons tous les deux est juste merveilleuse. À la lumière des chandelles,nous dînons devant les montagnes, majestueuses, illuminées par les lumières de la station.

– J’adore venir ici, m’avoue Neil en regardant dehors.– Seul ?– Oui, toujours.

Neil a des amis, mais il est aussi très solitaire… Les Bahamas seul, Aspen seul…

– Je côtoie beaucoup de monde, j’aime bien me retrouver, ajoute-t-il comme s’il lisait dans mespensées.

– Tu me reproches de ne pas avoir de temps pour moi, mais je n’ai pas l’impression que ton métiert’en laisse beaucoup non plus, remarqué-je.

– Tu marques un point… Mais je fais ce que j’aime, je sors beaucoup, je voyage énormément, je n’aipas à me plaindre.

– Et tu n’as jamais eu envie de te poser ? De rencontrer quelqu’un ? demandé-je, curieuse.– J’ai un mode de vie assez décalé, est-ce qu’une femme peut vivre avec ça ?

Neil me jette alors un regard inquisiteur. Comme s’il me posait la question à moi, directement…

– Peut-être… soufflé-je.– Dans ce cas, si une femme sait m’accepter comme je suis, elle sait aussi que je ne suis pas du genre à

me poser quelque part, continue Neil en me fixant toujours intensément.– Il te faut peut-être quelqu’un qui ait une vie bien occupée ?

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– Et toi Nora, pourquoi es-tu toujours célibataire ? Tu ne manques pas de prétendants…

Je ne relève pas cette allusion à Louis.

– Mon hôtel laisse peu de place à un prince charmant.– Ton hôtel n’a pas le pouvoir de te faire ça…

Neil se lève et se baisse vers moi pour m’embrasser. Son baiser m’emporte… Et le dîner s’arrête là.

***

La voiture de Neil me dépose en bas de chez moi. À aucun moment, sur le trajet du retour, il n’a lâchéma main. Au moment de descendre, il m’attire contre lui et m’embrasse dans le cou, sa petite manie.

– Ce que tu as dit sur la montagne, l’autre jour…

J’attends la suite, mais rien ne vient. Les yeux de Neil se sont assombris. Pour s’éclairer aussitôt.

– Passe le bonjour à ton hôtel, se reprend-il, à nouveau charmeur. Dis-lui bien que je n’hésiterai pasun seul instant à te voler de ses bras !

Je rejoins mon appartement le sourire aux lèvres. Je ne sais pas ce que voulait me dire Neil à proposde mes paroles et je décrypte encore moins le ton qu’il a pris. Mais je préfère retenir son envie derevivre un moment aussi magique que fut ce séjour ensemble.

Et de s’imposer auprès de son principal concurrent… Si l’hôtel ne lui laisse pas de place, Neil al’air de vouloir en prendre…

Une surprise m’attend. Dans mon courrier, une invitation pour l’inauguration du nouveau centreculturel du quartier de Greenwich, aux couleurs de Blue Bird. Une mention manuscrite a été rajoutée :« Envie d’être ma cavalière ? »

Et comment !

[Invitation reçue. Avec plaisir. Nora]

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6. Tapi dans l’ombre

Pour la soirée de Neil, j’ai décidé de faire les choses en grand. Une robe de soie rouge sombre m’atapé dans l’œil. Elle est courte, échancrée dans le dos et met en valeur ma silhouette. Impossible de nepas ajouter le collier offert par mes grands-parents, dans la même teinte. Je relève mes cheveux dans unchignon, me maquille. Je veux faire honneur à Neil Caine qui m’a choisie comme cavalière ce soir.

Une voiture m’attend en bas. Sur mes escarpins, emmitouflée dans mon manteau, je m’engouffre dansle véhicule en remerciant le chauffeur d’avoir mis le chauffage. Je ne peux pas m’empêcher d’être déçue.J’avais espéré y voir Neil…

Et tu pensais aussi qu’il allait te tenir la main toute la soirée et te présenter à la presse ? C’est toutle genre de Neil ça !

La circulation est difficile mais nous finissons enfin par arriver au centre culturel de Greenwich qui,pour l’occasion, semble avoir revêtu lui aussi ses habits de soirée. Un grand tapis rouge se déploie del’entrée à la chaussée. Et déjà les premiers photographes sont là pour prendre des clichés des arrivants.

Mais je n’ai jamais fait ça, moi !

Je tarde à sortir du véhicule et je croise le regard du chauffeur dans le rétroviseur.

– Est-ce que ça va ? lui demandé-je en pointant ma tête du doigt.– Oui mademoiselle, se contente-il de répondre.

Super ! Cache ton enthousiasme !

Le lieu est blindé de monde. Une vraie ruche. Tout ce que font Blue Bird et Neil Caine est toujours trèsmédiatisé. Cette inauguration, c’est la soirée « où il faut être » aujourd’hui.

Toutefois quelque chose cloche. Je n’arrive pas tout de suite à comprendre, ni à savoir quoi. Je fouleun tapis bleu cette fois, au milieu de lumières bleues. Le centre culturel entier est baigné dans uneatmosphère bleue. Mais ce n’est pas ce qui me gêne.

Plus j’avance, plus je perçois un immense brouhaha. Pas celui des discussions de réception, maisplutôt celui d’un hall de gare, quelque chose de plus naturel, de moins aseptisé. Comme si tout le mondeavait oublié où il se trouvait.

Étrange pour une inauguration… Mais avec Neil, on peut s’attendre à tout…

Des photographes sont réunis dans un coin, les flashes crépitent. J’en suis convaincue, Neil a dûpréparer un truc hors du commun encore une fois ! Je m’approche, me glisse dans la foule. J’entends desbribes de discussions, les invités qui s’agglutinent ne semblent pas en revenir.

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Ce doit être énorme !

Je suis sûre que c’est encore un coup médiatique !

Tant bien que mal, j’arrive à me frayer un passage. Et quand, enfin, j’arrive au premier rang, je me figesur place. Sur un énorme fauteuil design, inscrit au feutre indélébile, est écrit :

« Neil Caine, tu n’as pas le droit d’être heureux ! »

Je manque de vaciller. Ce n’est pas du tout un coup médiatique… Ces mots font écho à la lettre demenaces que j’ai reçue. Ce reproche, ce ton… Comment ne pas faire le parallèle ? Je m’éloignerapidement. L’auteur de l’incendie, le responsable de la mort de mes grands-parents, est toujours là,autour de nous. Une main se pose sur mon épaule, je sursaute.

– Te voilà enfin, me souffle-t-il, le ton grave.– Je… je viens de voir…– Je crois que cette soirée ne prend pas la tournure escomptée par mon service de communication,

ajoute-t-il, sarcastique.– Cette menace Neil, je reconnais cette écriture…– Moi aussi. L’auteur change de cible. Et même si ce n’est pas très agréable, je préfère qu’il s’en

prenne à moi…

Je n’ai pas le temps de répondre. Les photographes ont aperçu Neil et fondent sur lui comme desvautours. En un instant, je suis écartée, poussée… Je m’éloigne, tremblante.

Je me sens oppressée. Et si j’avais été vraiment suivie la dernière fois ? Si quelqu’un épiait nosmoindres faits et gestes ?

L’auteur de ces menaces est toujours là, il ne semble pas avoir envie de nous laisser tranquilles. Etcette fois, c’est à Neil directement qu’il s’en prend !

J’ai déjà perdu mes grands-parents, est-ce que je risque de perdre Neil aussi ?

À suivre,ne manquez pas le prochain épisode.

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Prête à tout ?

Deux inconnus irrépressiblement attirés l’un par l’autre passent ensemble une nuit torride, ils n’ont pasprévu de se revoir.Oui mais voilà, elle, c’est Tess Harper, une jeune femme qui a un grand besoin d’argent et qui participe àune émission de télé-réalité, quitte à passer pour une poufiasse. Lui, c’est Colin Cooper, il est producteur,plutôt intello, et déteste les paillettes et les bimbos. Et ils n’avaient pas le droit de se rencontrer.

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Mars 2016

ISBN 9791025730133