Rejouer Le Politique

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    luc ferryjean-luc nancyj e a n - f r a n ~ o i s lyotardr:.. 'nA;' tienne balibar') ...:,,' ' philippe lacoue-labarthe

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    .reJouerle politique

    travaux du centrede recherches philosophiquessur le politique

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    Tuus droits de Ircldllcliofl, de reproduction et d'adclptclon,rJerll:r Imllr 10m IJays y com!J! 'U. R. S. S.'.c) di tiaos Galile, 1981ISBN 2-7186-0223-6

    Avertissement

    En novembre 1980 s'est ouvert l'cole Normale Supn'eure de la roe d'Ulm, sous la responsabtfit de PhtfippeLacoue-Labarthe et de Jean-Luc Nancy, le Centre derecherches phtlosophiques sur le politique *, Confucomme un lieu de libre investigation, le Centre entendaitoccuper une position marginale ou de retrait JI par rapportaux places traditionnellement assignes dans le dialogue(accord ou conflit) entre phtfosophie et politique, Un bre/liminaire en prcait tenjeu .'. Comment (et peut-on), aujourd'hui, interroger ce qu ti jautnommer par provion I'esscnce du politique ?Une te/le recherche, dont la ncesst't se passe de commentaires, eX:lI,e sans doute la construction d'un nouvel objet et nesaurait se confondre ni avec un travat/ d' tudes politiques

    ni avec une entreprise de philosophie polt'tique , La philoso* Les Jances 011t IJeu chaque troistl:me undi du mois 17 heureJ.Toule correspondance est a adresser: 6, rue Charles-Grad, 67000Strasbourg.

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    phie elle-mme s y trouve, au premier chef, miJe en cause; cequi ne jJrJuppOJe pas pour autant qu 'on puiJJe lu i JUbJtituerun diJcourJ poJittl (JOologique, conomique, technologique)I ou normattl (hique, esthtique - ou politique ).Cette posittn de retrat (cet apparent retour a une

    question d'essence JJ) n 'excluait cependant pas des intenons politiques JJ tout a fait dtermines. Dans cemoment, en particuler, oil le plus simple dsespoir pol tque (la lassitude) , mais aussi la factl it ou le calcul, engendraient toutes les rgressions imaginables et rduisaient apresque n'en le dbat polit ique, il tait ncessaire de prendrequelque distance. Non pour se retrancher du politi que ou lerejeter, mais pour en rejuer au contraire, a nouveau frais, laquestion. Si la chance existait, mme tres mince, d'uneintervention phtlosophique dans la politique (ou quant aupolitique), elle tait a ce pnx - exorbitant, si I'on y songe.On trouvera rassembles dans ce volume les premieres tra-ces de ce premier travatl**. Ce sont de simples pistes frayesici et la, sans vn'table programme pralable - pour voir :littralement exploratoires. Ceux qui se sont de la sorteemploys a ce premier dfn'chage ne se retrouvent euxmmes ici rassembls que pour en avoir identiquementsen, malgr tout ce qui les spare, la ncessit " et pouravoir accept, de I'existence d'un te l Centre, I'occasion demanifester une urgence.Entre-temps toutefois, la situation politique, comme onJait, s 'est e/le-mme modifie. Du reste la possibtlit matn'elle nous en aurait t donne (enregistrements, transcn'pttns, tablissements de protocoles), on aurait pu voir au fi ldes discussions qui ont chaque fois suivi les exposs les effetsde cette modification. Nous n 'en parlons pas ici pour direque, dans sa nature et sa foncon, le Centre serait dsormaisdisqualifi. Mais pour indiquer simplement qu a I'avenir tin 'est pas exclu que le travatl s y inflchisse, au moins dans savise, et qu a une certaine relance, mme modeste, de I'histoire rponde, sans que n'en ne soit cd de /'exigence cn-que, une autre fayon de rejuer la politique.

    ** A /'exception de /'expos de Paul Thibaud (16 mars 1981) dont letexte ne nous eJt p"J parvenu ii temps.10

    8 dcembre 1980

    philippe lacoue-labarthejean-luc nancy

    ouverture

    1Il s'agit donc aujourd'hui, nous dirons meme : il s'agitsimplement aujourd'hui d'ouvrir ou d'installer ce Cemrepour lequel, faute de mieux, nous avons propos cet intitul : Centre de recherches phtlosophiques sur le politique.Ouvrir un Centre de recherches, pour toutes sones de raisons qui sont (ou qui devraiem etre) videntes, ce ne peuterre dfinir un programme. Un Centre, c'est d'abord unlieu, un espace de travail - et un espace de travail collectif.Cela suppose donc bien qu ' il Y ait un objet et une vise ;

    qu'un accord, aussi, puisse se faire, entre plusieurs, sur cetobjet et cette vise (de meme que sur le type de travail ou lanature des recherches amener) ; et par consquent que soitdtermin, le plus c1airement possible, I'enjeu de I'entreprise. Mais en aucun cas cela ne peut supposer, de la pa n deceux qui proposent I'ouvenure ou la cration d'un tel Centre, le trac pralable d'un programme de travail. La respon11

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    sabilit d' un Cen tre ne saurai t octroyer un tel genred'autorit.

    11 s'agira donc aujourd'hui, pour nous, de simpltmentdlimiter un lieu.Ce qui reviendra en fai t a nous justifier d' avoir accept,

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    C'est dire aussi bien que ce rappel au philosophiquede la question du politique - qui ne suppose, contraireme m aux apparences, aucune assurance quant a la phdosophie - n' est pas un geste simplement critique et ngati f . La vigilance est assurment ncessaire, aujourd'hui surtout, a I'gard des discours qui se prtendent indpendantsdu philosophique et qui prtendent, corrlativement, traiterle politique comme un domaine lui-meme autonome etspar (ou, cela ne fajt pas une grande diffrence, rattach etsubordonn atel auue domaine empirj que ou rgional). Lavigilance est done ncessaire a l' gard de tour discours positif, e'est-a-dire a I'gard de tout discours form d'une prtention a saisir le fait social et politique sur le mode d'unesimple positivit - que celle-c i soit assigne dans l' histoireou dans le diseours lui-meme, dans la force ou dans le dsir,dans le travail ou dans I'affen, etc. (tout en la matiere estpossible, ou presque). Le projet d'une thorie ou d'unescienee du, politique, avec toUt son arriere-plan socioanthropologique (et par consquent ses prsupposs philosophiques) exige plus que jamais sa critique, et la critique deses fonetioos politiques. Mas la vgilanee, ie, ne suffit pas ;et la simple critique serait probablement trop coune et inoprante faee a la domination quasiment sans partage del' anthropologie, C' est pourquoi notre insistance sur le philosophique - au-dela de l' exigenee critique, qui est la moindre des choses - voudrait marquer avant tout eeci : ce quinous parait aujourd'hui ncessaire, et donc urgent, c'est deprendre en compte de f a ~ o n rigoureuse ce que nous appelle rons la co-appanenance essentielle (et non accidentelle ousimp!ement historique) du philosophique et du politique.

    C' est, autrement dit, de prendre en compte le politiquecomme une dtermination philosophique - et inversementoi Cette implication rciproque du philosophique et dupolitique (le politique n' est pas plus extrieur ou antrieurau philosophique que le philosophique, en gnral, n'est

    indpendant du politique), cene implication rciproque nerfere pas seulement pour nous, meme sur le mode de1' hislOrialir , aI'origine grccque soir d'un raccourci ala poiis sophistique et ason rpondam, I'anlhropos iogd:oJ.

    "1t C' est er:t ralit notre situation ou notre tat : nous voulons .dire, dans I'apres-eoup mimtique ou mmorial de1' envoi grec qui dfinit I'age moderne, l'effectuation etl' installation du philosophique comme le politique, la gnralisation (la mondialisation) du philosophique comme le,pol it ique - e t par la meme le regne absolu ou la domina-,tion totale du politique. Telle est d' ailleurs la raison p o u r ~ laquelle, en parlant du politique, nous entendons bien npas dsigner la politiqueo L'interrogation sur le politique ousur I'essenee du politique, c'est au contraire ce qui dor pournous faire retour jusqu'au prsuppos politique l u i ~ m e m e de la philosophie (ou si I'on prfere : de la mtaphysique),c' esd.-dire jusqu'a une dtermination politique del' essence. Mais cene dtermination ne fait pas une positionpolit ique ; c' est la position meme du politique, de la polisgrecque a ce qui s' est dploy dans l' age moderne comme laqualification du politique par le sujet (et du sujet par le politique). Ce qui nous reste a penser, autrement dit, ce n'estpas une nouvelle institution (ou instruction) de la politiquepar la pense, mais c'est I'insti tution politique de la pensedite occidentale.

    D' ou notre seconde vise par laquelle nous n' envisageons pas seulement l' interrogation philosophique du politique(ou la critique philosophique des thories politiques), maisl' interrogation du philosophique lui-meme quant au politique ou sur le politique, c' est-a-dire en somme l' nterrogation du philosophique comme le politique.Ce qui suppose au moins ceci - a savoir :

    1) que soit reconnu un cenain accomplissement du politique ou, pour user d'un autre lexique, qu ' on prenne acte(mais ni par rsignation ni par dpit) de la c/ture du politi-que. Ce que nous dsignons par la n'est pas sans rapponavec ce que Heidegger, a sa maniere (et dans les limites quelui ont malgr tout impos sa propre histoire et I'histoire del'Allemagne), a tent de penser sous la question de la technique . Pour nous, compte tenu de la diffrence des c o n t e x ~

    l. Le texte le plus clair acet gard est saos doute Dpassemem de lamtaphysiquc daos Essais el confrences, plus particulieremem les theses XIX aXXVIII (p. 100 el suiv. de l' ditioo Gallimard).

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    tes et d'une autre histoire (au sens restreint), compte tenuaussi de nos itinraires politiques respectifs et de nos choixparticuliers, qui ne sont ni semblables ni assimilables , c'estle fait que, sans doute en un sens ou Sartre ne pouvait pasentendre sa propre formule, l e marxisme est l'horizonindpassable de notre temps . Dans notre traduction : lesocialisme (au sens du socialisme rel ) est la figure acheve, achevanre, de l'imposition philosophique - jusques ety compris dans ce qui, pour I'un de nous au moins, a pureprsenter l'espoir d'une critique et d'une radicalisationrvolutionnaires du marxisme in stitu.

    JI faudrait ici une grande patience thorique (de longuesanalyses pour une dmonsteation qui ne va pas de soi), etsurtout beaucoup de rigueur politiqueo Mais il nous sembletout aussi indispensable de reconnaitre, aujourd'hui, ques'acheve (ne cesse de s'achever) le grand discours c!air ,progressiste, de l' eschatologie la'ique ou profane, c' est-a-direle discours de, l' appcopriation ou de la rapprapriation de['homme dans son humanit, le discours de l'effectuationdu genre humain - bref, le discours de la rvolution. Cequi n'autorise en aucune maniere, a nos yeux, le conteediscours tragico-mystique, celui qu i se rclame d'un au-delatoujours trap simple de I'humain ou bien de telle ou telleancienne teanscendance, ce!ui qui s'obstine dans le dni dela finitude et de la reconnaissance elle-meme teagique dela fin du tragique (puisque depuis 1806 apeu pres, il paraltque la tragdie c'est justement la politique). Qudles quesoient encore les possibilits de rvolte - et tout porte acroire heureusement qu'il y en a ici ou la, mais plutat la, dureste, qu'ici -, une certaine histoire, qui est peut-etre bienI'Histoire, estfinie. Daos l'poque OU s'aecomplit a ee pointle politique qu'il exclur tout autre domaine de rfrence (ette! est, nous sembie-r-il, le phnomene tota/itaire luimeme), nous ne pouvons plus dcemmenr nous poser laquestion de savoir que!le thorie serait encore ameme de

    2. Pllisqu' on nous l' a demand . - el qu' en faire myslere serail frivole-, i'ilinfraire ue 'UIl O,-L. N,) (,SI pass par Es/m't el la CFDT, l'aurre(PIJ, L-L.) s'esllonglemps rt'lCOllv sur les posilions de 50cialisrne ou Bar-bane el, pour une pan, de l' In ternationale suatton1liste,

    pcomettre une solution politique a I'inhumanit (qui n'enfinit pas; elle), parce que nous savons dsormais ce que promet le dsir d'une transparence sociale, l'utopie de l'homognisation du prtendu corps social , l' esprance attache a la gestion ou a la direction c!aire.Mais eela suppose encore, par voie de consquence :

    2) Que nous distinguions le philosophique, ici, du discours mtaphysique en gnral, consaer afonder l'essencede la politique (ou l'essence politique) et a instituer ou programmer une exisrence qui en soit le eorrlat. C'estaujourd' hui une banalit de base que de dnoneer dansla philosophie le geste de la fondation politique quil' ordonne ou qu' elle ordon ne. Mais eette dnonciationtourne court tour d' abord si elle ne distingue pas avec plusde soin deux gestes sans doure tres diffrents (ordonn er n' estpas etre ordonn), et ensuite en tanr qu'elle reste une ([itique elle-meme politique (e' est-a-dire e1le-meme philosophique) de la philosophie, au lieu de se mettre en peine d' intercoger l'essenee philosoph ique du politiqueo Pour qui dcideen revanehe de rpondre a eette exigenee - c'est-a-dire aussibien de reconnaltre l'urgenee donr nous avons parl -, laphilosophie se teouve impl ique d'emble comme une prati.que destituanre de sa propre autorit : non simplemenr deson venruel pouvoir soeial ou palitique, mais de l' auroritdu thorique ou du philosophique eomme te! (quel que soitle mode dont on dtermine une telle pratique : eritique,retour au fondement, rappropriation pensante et gauehissementl Verwindung, pas-en-arriere, dconstruetion, etc.).C'est bien enrendu de cela meme qu'il s'agit pour nous.Mais ee qu'il ya de grave aujourd'hui, peut-etre, et d'abordparee que ~ laisse le ehamp libre a la rptition a peine teavestie de vieilles ehoses ou au n' importe quoi de prtendues nouveauts, e'est que nulle part jusqu'a prsent, malgr tout, il n'y a eu d'interrogation du politique qui soitrigoureusement, absolumenr a la hauteur de ces gestes dedestitution. Tout s' est pass comme si la philosophie se destituant n'avait pas os toueher au politique ou comme si lepoli t ique - sous quelque forme que ee soit - n'avait paseess de l'intimider. Tout s'est pass, autrement dit, commesi une part d' elle-meme (si ee n' est son essenee meme) tait

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    reste pratiquement interdite a la philosophie se destituant(et quand p n'a pas t le cas, c'est la destitution, rgulierement qui s' est trouve abandonne ou compr omise - jepense a Heidegger), Et comme si, pour finir, le politiquetait rest, paradoxalement, la tche aveugle duphilosophiqueo

    C'est cette double cxigence - reconnaissance de la clo(jture du politique et pratique destituante de la philosophie al' gard d' ellememe et de sa propre autorit - qui nousentraine a penser en termes de retrait du politique,Le mot est a prendre ici dans ce qui fait au moins son double sens : se retirer du politique comme du bien connu etde l' vidence (d e l' vidence aveuglante) de la politique. du tout est politiqu e par quoi l' on peut qualifier notreenfermement dans la clrure du politique ; mais aussi retracer le politique, le re-marquer - en faire surgir la question nouvelle, qui est la question, pour nous, de son essenceoCe qui ne ~ a u r a i t consti tuer - nous nous hatons de le direpour couper court a toute mprise -, ce qui n'annonce enaucune maniere un repli dans 1' apolitisme 0 Le re-trait ausens ou nous l' entendons est assurment ncessaire pour rendre possible une interrogation qui renonce a s'en tenir auxeatgories o rdinaire ment comprises sous le politique, et probablement, aplus ou moins long terme, a ce dernier eonceptlui-meme. Une telle interrogation, qui est tout autre chosequ'un proees ou une excution sommaire du politique, sedoit certainement de remonter a la constitution la plusarcha'ique du poli tique et d'explorer I'essence de I'essencepolitiquement assigne, c' est-a-dire de mettre en cause leconcept et la valeur de l' archa'ique en gnral : origine etprimitivit, autorit, principe, ete. C' est, si l' on veut, lepn'nczpiat en gnral qui doit ctre soumis a la question et ades questions, Mais a des questions telles qu ' elles devraient anos yeux dconcerter tout autant la politique du Prince quele principe du politique, C' est dire aussi bien que le geste dure-trait est lui-m eme un geste politque - par ou sans douteil s'agit d'excder que!que chose du politique, mais absolument pas sur le mode d 'une sonie hors du politique . Lere-trait n'est surtout pas la sonie qui, elle, sous l'une que!

    conque de ses formes (thique, esthtique. religieuse, cte.),quivaut toujours en fait a confirmer la domination et leprincipiat du politiqueo Il s' agit pour nous au contraire de cequ'il n'y a pas si longtemps on aurait appel un engagement - ce qui fait bien autre chose qu'un gage donn al'une ou I'autre politique,

    Cela dit, il serait vain de dissimuIer que cette esquisse dedlimitation suppose bien de notre pan Ull llavail djiengag - e t engag, ce n'est sans doute pas un hasard, dansnotre enseignemento Pour que notre position, ici, soit dfinie le plus clairement possibIe, il est ncessaire d' en toucherquelques motso

    JI

    Il nous a sembl, en effet, souhaitabIe de retracer brievement devant vous le chemin qui a t le n6tre dans cettequestion du politiqueo Tout d'abord, et comme pour corriger, s'ille faut, certains dfets ventuels de la premiere partiede cet expos, parce que nous n' avons pas de reprsentation systmatique de cette question aoffrir, et parce que l' vi-dence massive, aveuglante de la question ou de l' instance politique au sein de la philosophie a sans doute pourcorollaire, aujourd'hui, a la mesure meme de son pouvoiraveuglant, la nature contingente, alatoire, voire erratiqueou fragmentaire des procdures qui permettent de I'aborder(ce qui, prcisons-le au passage, ne signifie pas du tout pournous que le politique lui-mme se rduise dsormais,comme on le dit ici ou la, a une dispersion alatoire de purseffets de pouvoir. .. )o Ensuite - seconde raison -, cetteespece de rcit ou de rapport nous a paru eonstituer lemoyen le moins faux de nous situer dans l'ouverture de ceCentre de recherches, c'est-a-dire de situer notre particularit dans l' espace ouvert dont nous entendons prendre la res-ponsabilit sans pour autant confisquer le domaine,

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    Notre travail sur le politique a pris place jusqu' ici depuis cinq ans - pour sa plus grande pan, comme nousI'avons dja dit, dans I'enseignement. Ce qui signified'abord que dans ce domaine, jusqu'ici, I'exposition criteet publie restait encore, pour nous, d'une cenaine manierehors de prise. D'une pan, il est vident que plus qu'unaurre, le travail public sur le politique doit co mpter avec seseffets d'intervention politique - avec la politique. D'autrepan, tout s'est pass comme s' il nous avait fallu tatonnerassez longtemps avant de pouvoir seulement nous dgagerun peu de l' vidence aveuglante du politique (dont dpen-daient en outre certaines au moins des maximes habituellesde prudence en matiere politique, et pour simplifier, lamaxime de ne pas risquer, par des malentendus, de nuire ala gauche. Mais aujourd'hui en tout cas, et s'jJ faut poser leprobleme dans ces termes, le risque serait plutat de contribuer par le silence a l' extinction de toute gauche ).Nous avons abord la question du politique de manierearbirraire : je veux dire, sans qu'elle vienne prendre placedans une logique dtermine et explicite de nos travauxantrieurs. Nous n' tions pas des spcialistes de philosophie poli tique , et norre abord a t, d'une cenainemaniere, pratique et politique avant d'etre philosophique . - Ce qui, soit di t en passant, ne nous a pas empech et ne nous empeche pas de considrer qu ' entre des travaux consacrs, par exemple, aux rapportS de la philosophie,et de la linrature, ou au statut et a la Darstellung du discours philosophique, et une interrogation sur le politique ilexiste des rapports beaucoup plus troits, fondamentaux etdterminants que ne veut l' entendre un certain esprit deI'poque.

    Norre premiere enquete s'est adresse au marxisme, a laquestion politique chez Marx et dans les premieres traditionsmarxistes. C'tait, de norre pan, a peine un choix, c'taitplutt de I'ordre de I'vidence. - Evidence aussi, jusqu'aun c e n a i r ~ .>oint, que de rerrouver ainsi pour notre comptece que d'aurres avaicnt alors dja enregistr, et qui depuisn'a cess d'etre soulign : asavoir, ce que Claude Lefort, parexemple, a pu appcler la lacune du politique dans le

    marxisme. Mais dans cene lacune nous retrouvions aussibien la prsence vidente, de la problmatique meme dup o l i t ~ q u e : nous la retrouvions sous la forme de la ntationde I'Etat sparau profit d'une imprgnation par I'Etat detoutes les spheres non politiques , selon les termes de Marxpour caractriser la dmocra tie authentique, dans sa Critiquede la phzJosophie de I'tat de Hegel,Au-dela de Marx lui-meme, il nous semblait que toutesles problmatiques marxistes, quelles qu'elles aient t etquelqu'analyse qu'elles aient adopte quant a I'histoire etaux dplacements de la pense de Marx, taient tributairesde cene lacune et de cene prsence - de cette prsence, ensomme, dans la lacune et grace a elle -, sot qu'elles enaient simple ment recueilli I'hritage, sot qu'elles aient rencontr la ncesst de poser a cet hritage la question supplmentaire, excdante, d'une speificit du politique, Dansdes contextes thoriques et pratiques aussi diffrents queceux du conseillisme, du gramseisme, de l' althussrisme oudu maoi:sme - par exemple - c'est bien la forme gnraled'une telle question qui est venue a s'imposer. Non seulement comme la question d'une forme politique transitoirencessaire au passage de la rvolution (ainsi que Marx enavait soulev le probleme apres la commune, et ainsi que ceprobleme semblait s'terniser ou s'enliser dans la pratiquedes pays socialistes), mais plus radicalement comme la quesotion de mot singulier qu'on trouve dans la Critique du pro-gramme de Gotha, lorsque Marx voque ou invoque le Staatswesen futur de la socit communis te , l' erre tatique, le mode d' etre ou d' essence tatique qui s e r a ~ ou quiserait celui du communisme, ou encore l' espece d' Etat quisera le sien : un mor qui ne fournit pas le concept, mais quiouvre un pur probleme, le p r o b ~ e m e de la r e s p o n ~ a b i l i t deIimiter I'Etat spar, la forme-Etat spare, a I'Etat bourgeois, ou bie9, et systmatiquement (si le Staatswesen dsigne un etre-Etat-non-spar), le probleme des implicationsd'une pense de I'immanence totale, ou de I'immanentisation totale du politique dans le social.Ce reprage, bien entendu, ne saurait passer pour une lec-ture de Marx. II ne faisait qu'y engager. Cependant, le caractere massif - trop massif - du probleme pos nous a

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    drourns d 'une lecrure direcre. Il devenait, pour nous,ncessaire de prendre aussi les repeces d'un re tour spcifique, non marxiste, prcismenr, mais pas antimarxiste pourautant, de la question du politiqueo Nous nous sommesalors adresss simultanment a Bataille et a Heidegger.Cest-a-dire eette fois adeux groupes de textes ayanr accompagn - en des sens divers du terme - la monte et l' installation du nazisme.De celle double lecture - qui fut elle aussi exploratoire etreste pour nous largemenr a reprendre : nous le ferons prochainement -- , nous pouvions rctenir, dans un premiertemps et tres schmatiquement, eeei :

    1) d'une part, que ce que nous abordions en tant que discours spcifiquement tenu sur le politique et en lui (discoursqui comportaienr aussi des actes d'inrervenrion politique : leDiscours de rectorat ou Contre-Attaque) s'ordonnai t en ralit a un registre fondamental qu ' on pourrait dsignercomme outre-politique , ou plus exactemenr comme leregistre d'une limite, d'un bord extreme (et pour cela memedcisif) du politique. Ainsi en particulier des deux polesconstitus par des concepts (ou par les problemes...) dupeu-pie d'une pan, de la JOuverainetde l'autre.

    - Le peuple - en tanr que lieu d'une individualitpropre, distincte de l' tat autanr que de la socit civile, lieud'une mission ou d'une destination (d'une Bestimmung) elte meme dpendanre d 'une problmatique gnrale de I'Etre comme destin, ou comme etre-destin).- La s ouver ainet - en tant qu'oppos nondialenique de la maltrise ou de la domination, et cependantprincipe si I'on peut dire non principiel du pouvoir politique comme tel, aussi bien que de sa subversion.De I'une et de l'autre maniere - cenes bien diffrentes - s' Jmposait en somme la question d'un sujet propre ou plutat d'un outre-sujet du politique, excdant la subjeetivir ahsoJue qu ' effecrue I'tat hglien.Nous tlons ainsi contraint d' envisager deux !t'mites, quine sont pas celles entre lesquelles le politique se tiendrait (ouse serait tenu) : ce sonr les limites sur lesquelles il s' difie _

    1:;1 mais aussi bien en refoulant ou en occultant completementl':.22

    leur nature de limites, et en occultant, du coup, les questions excessives qu ' elles impliquent. Ces questions, il noussemblait que les condamnations morales (et /ou politiques)jetes sur le fascisme et sur le stalinisme ne servaient qu'a lesocculter...2) d'autre part, eet exces du politique meme nous semblait se refermer, se rapproprier - et ehez Bataille et ehezHeidegger (de f a ~ o n s , la encore, bien diffrentes ; chez Heidegger, cene fermeture engageait directement la responsabilit de sa compromission politique de 1933 ; mais chezBataille elle engageait aussi, quoique bien moins lourde, laresponsabilit par exemple de l'loge du Plan Marshall) :fermeture ou rappropriation qui se produit dans l' exaetemesure ou, malgr tout, un scheme de la subjectivit persiste a gouverner l ' analyse des limites elles-mmes. Les ques:-:tions ouvertes sous les mots de peuples ou de souverai- .,net se referment lorsque le peuple ou la souverainet sont \..rimputs, rassigns comme sujets (e'est-a-dire peut-erretoujours en dfinitive comme volontS) : la voeation (et leFhrer) d'un peuple, la vocation (et la sacralisation) del'artiste. ..;- Il ne s'agissait pas la de conclusions, mais de questions,d'obstacles et d'avertissements reneontrs en ehemin.Nous avons eonsidr que cela impliquait, une deuxiemefois, l'impossibilit d'aborder de /ront le probIeme du politique, si derriere son videnee se dissimula it eneore l' vidence du sujet, ou I'videnee d'une arehi-proprit toujoursreconduit e derriere les figures de la dsappropriation absoluequ' taient censs eonstituer a u ~ s i bien le proltariat que l .souverainet. La question de l'Etat, ou la question gnraledu pouvoir nous apparaissait ne pas pouvoir tre prise pourelle-meme sans passer par la question du sujeto Ce qui sign!':lfiait aussi que la question du pouvoir nous semblait ne pasconstituer par elle-meme la premiere question du politiqueoMais cela ne voulait pas dire pour autant qu ' a nos yeux laquestion du pouvoir perdait toure pertinence propre et que,ainsi qu'on le pense a certains endroits depuis quelquesannes, l' ide de pouvoir recouvrirait un type d' effets indissociables du diseours, par exemple, ou de l'inconscient

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    effers eux-memes multiples, diversement loealiss et disperss ou stratifis en des configurations mobiles. La combinatoire ou l' alatoire des miero-pouvoirs dis sout l' effeetivitpounant bien relle (et done d i s s o u t ~ en reve. o.) des grandspouvoirs, qu'ils soient de classe, d'Etat, de monopole, ou

    ,. des trois a la foiso Or l' enjeu n' a jamais t pour nous d' earter ou de sublimer ni la lutte des classes, ni les luttes politiques : ce sont des donnes de I'poque de la domination dupolitique et de la teehnique, ou de la domination de l'conomie politiqueo Mais I'enjeu pourrait etre de ne plus asservir ces lurtes, dans leur finalit, a eerre domination.Et par eonsquent a la domination areh-tlologique duSujer. Or I'videnee polit ique du Sujet tient a laprsupposi!ion absolue du rapport des sujets 0 Seulement eette prsupposition permet d'ordonner une tlologie politique, etsurtout d' ordonner le politique eomme telos. C'est parl' idal ou par l' ide de la polis, plus que par tour autre, quel'poque moderne - le romantisme, bien sur, et toutI'idalisme, y compris l'idalisme soeialiste - s'est ramarre a l' origine . et a la finalit greeques de l' Oeeident, e' est-adire a voulu se rassurer comme sujet de son histoire, etcomme histoire du sujer.

    La polis prsuppose le rapport - le rappon logikos, ou lelogos eomme rappon - que pounant elle inaugure -, ete'est en quoi, peut-erre, elle est le fondement philosophique oRien d'tonnant, des lors, a voir aussi la question du rappon comme tel surgir de toutes les manieres dans la philosophie, des que le poli tique y fait nigme, laeune ou l imite-ce qui s'esr sans doute produit des que Hegel a pens l'achevement du politique, et dans le politique. Politeuein, Hegeltraduisait ce verbe par mener la vie universelle dans lacit : conduire les rappoftS eomme la vie du seul Sujer. o.Des lors, er comme en retour, que ce soit sous la figure des scienees humaines ou sous des figures ph ilosoph iques, lesqueslions d' autrui, de l' alter ego, des formes de la sympathie , de I'agonisrique, des sourees de la morale et de la religion, de l' erre camme erre-avee, etc., proliferent dans lapense de la fin du XIX' et de la premiere moiti du xx'siecle.24

    Surgissait par eonsquent pour nous la neessit dereprendre cette question du rapport, la question du liensocial en tant que non prsuppos, et pourtant en tantqu'impossible a dduire ou a driver d'une premieresubjeetivit.Nous avons alors voulu aborder eette question dans leehamp le plus cart, en apparenee au moins, et de I'habitus.philosophique et de l' investissement politique : eelui de Ia\.psyehanalyse. '

    11 ne s'agissait pas du tout, pour nous, d'un noncprogramme du genre politique et psyehanalyse 0 11 s'agissait d' interroger a la fois les multiples et puissants modfs dela socialit, de l'altrit, du rapport comme tel, qui agitentla spcifieit du sujet f re ud ien - et par ailleurs l' especede reconstmetion, pourtant, ou de raffirmation, ehez lememe Freud, du zoon politikon.

    De ce travail (dont nous avons publi une panie, et dontune aurre partie sera bientat publie)J, nous avons cm pouvoir retirer ceei : bien que, sur un premier registre du diseours de Freud, ou eneore dans la vulgate psychanalytiquequi s'est inJtalle aujourd'hui, I'inconseient soit stmetur. eomme un Etat (ou comme une dietature), bien que le Nareisse, somme toute, soit totalitaire, un autre registre dumeme discours (et qui va peut-erre, mais c'est une autrequestion, jusqu'a entamer la proprit meme et I'autarciede la psychanalyse) eorrespond au contraire a de multiplesbranlements ou fissurations de cette normadvit politiqueet subjectaleo Et de fait, pour une pense qui exclut en p r i ~ \ eipe et au prineipe la position d'une autosuffisance et d'uneautoeratie, la question du rappon ne peut que surgir.Comme question, e'est-a-dire dan s I'impossibilit de prsupposer la solution du rappon, que ce soit dans un sujet oudans une communaut. La quesrion du rappon esr la question du passage a la communaur, mais aussi bien du passage au sujet. Et cette question surgit chez Freud de toures,sones de manieres, qui vont de la problmatique de la socii\

    \

    3. ef. La panique polltque in Confron/atlons, 2, l'tat cellulaire (Aubier), et Le peuple jU!ne reve /yas in La psychanalyse es/-elle une h-!oire juive ? (l e Seuil, 1981).25

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    lit originaire jusqu 'a celles de la bisexualit, de l' identifie a l'autre en un examen de ce que j'appellerais la pr1tion, ou de la prhistoire de I'CEdipe. inscription thique du rappon, a panir de Kant. Mais ee"'. Nous nous contenterons aujourd hui de souligner ceci : si sont, pour I'essentiel, des travaux en cours, et ee n'est pas lele lien social fait question vritable - et fait, du coup, lieu d'en parleroquestion-limite - pour Freud, e' est que le rapport donn e est en revanche le lieu de dire que ees travaux nous(nous voulons dire : le rappon tel que, malgr tout, Freud se ramenent au politique , en nous ramenant a la questionle donne, tel qu'ille prsuppose, lui aussi, comme toute la d'une disjonction ou d'une disruption plus essentielle auphilosophie), ce rappon d' un sujet avee la subjectivit elle politique que le politique meme, et qui du reste nous semmeme dans la figure d'un pere, implique, dans I'origine ou ble faire l'enjeu, ades titres divers, de plus d'une interrogaen guise d'origine, la naissance (ou le don, prcisment) de tion contemporaine. Un enjeu que, pour aujourd'hui, nousce rapport. Et une pareiJle naissance implique le retrait de ee rsumerions aiosi : le transcendantal de la polis n' est pas':qui n'est ni sujet, ni objet, ni figure, et que J'on peut, par l'organicit, ni celle d'une harmonie ou d'une communion,provision et par simplifieation, nommer la mere . ni celle d'une rpartition des fonetions et des diffrences.Derriere la politique (s'il faut I'identifier au Pere), la Mais il n'est pas non plus I'anarchie. II est J'an-archie demere : on imagine aisment a quelle Schwiirmerei cela l' archie elle-meme (a supposer que ~ puisse encore etre;peut donner lieu ... Mais eela n'y donne lieu sans doute qu e vis dans le lexique du transc endanta l ; mais c' est aussipour une interprtation dja elle-meme soumise au bien pour ne pas entrer trop vite dans des discussions dterpolitique. mines de ce type que nous avons simplement - si nousPour nous, cette espeee de pointe aigue de la question du pouvons dire ... - mis l'ensemble du travail du Centre sousrappon (qui a du rc:ste bien d'autres formes) a signifi en fait le titre d'une question de l'essence du politique).ceci : il y avajt done, en un autre sens ou plutt sur un autre Du moins pouvoos-nous dire, avec ces formules sommaiplan que eelui sur leque! nous nous sommes tenus tout a res, que pour notre part la question du retrait (deI'heure, un probleme de retrait par rappon a et dans J'instal 1' essenee , done du retrait ) du politique nous paraislation du politique, daos J'reetion du politique. Un pro sait relever d'une problmatique gnrale de I'entame, de lableme du retrait, c'est-a-dire le probJeme d'une ngativit trace (de la trace sans proprit) telle que l'avait laborenon dialeetique, le probleme d'un avenement (de l' dentit Derrida. Et que, du meme coup, la question du politiqueet du rapport) par soustraction (du sujet ) ; ou encore le nous paraissait relaneer anouveaux frais, et apartir d'autresprobleme de ee qui fait le rappon comme rapport, dans la lieux, cette problmatique elle-meme, la dsinstallant dumesure oil le rappon a pour nature (si jamais il a une champ textue! (en un sens souvent rduit au littnature.. .) le retrait reiproque de ses termes, dans la mesure raire ) qu ' on lui attr ibuait .oil le rapport (peut-on meme dire le rapport ?) est fait de la e est pourquoi la derniere tape fut pour nous, cet t,division, de J' ineision, de la non-totalit qu ' il est . un colloque oil, sous le titre Les fins de I'homme , nousavons essay de proposer non pas un e laboration - ce n' est

    pas la fonction d'un colloque - mais, disons une ponctuaCe n'est pas avee Freud que nous avons poursuivi I'explo tion de eet tat des questions apartir du travail de Derrida.ration de lTI Je question. La psychanalyse, sur cette limite, Et e'est pourquoi a prsent nous parait souhaitable unreconduit :lU philosophique. Daos notre travail le plus nouve! espace de travail, ce Centre de recherches , quireenr, la question du rappon et du retrait se reformule, devrait s'efforcer de fonctionner a partir de plusieurspour J'un en une inrerrogation, chez Heidegger, du retrait types de travaux et de problmatiques.du politique dans la problmatique de I'a:uvre d'an, pour .26 27

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    " Nous n' ouvrons pas eet espaee ala poursuite de notre ou" de nos trajets. Ces trajets, nous les poursuivrons de notrecot, bien entendu, et nous les ferons intervenir, priodiqueme nt, iei, parmi d 'autres . Mais nous ouvrons eet espaee aun ensemble problmatique, e'est-a-dire a un ensemble deproblmatiques et a un ensemble comme telproblmatique,

    .. muitiple, htrogene, mallable, sans limites absolues etsans exclusives. - Une telle situation ne va pas de soi, elledevra peu a peu, e'est viden t, etre rflehie, travaille,questionne pour e1le-meme.

    Mais la premiere tape doit consister a laisser se dgager,dans le travail et la confrontation, le seheme de ees questions, et par eonsquent le seheme de I'identit singulierequi pourrait devenir eelle d'un te! " Centre de recherchesphilosophiques sur le politique . Nous refusons que sondpart soit assujetti a une figure philosophique ou (et) politique, puisq ue e' est la figure philosophico-politique eommetelle, ou la figure du philosophieo-politique que nousentendons soumettre a notre interrogation.. Une seule ehose, pour le moment, donne sa limite a cet)" espaee : e'est la dtermination de poser pour elle-meme la

    question du politique, e'est-a-dire ala fois de ne pas lui prsupposer une rponse, et de la prendre comme questiond'" essenee - ou comme question d'un retrait deI'essenee. Ce qui exc1ut les attitudes de sortie hors du politique. La sonie, ou la liquidation du politique, nous l'avonsdja marqu toUt a I'heure - qu'elle prenne forme thique,juridique, soeiologique, estht ique ou re1igieuse -, est toujours en passe de confirmer sa domination. Ce sehma estdja vieux, mais iI opere toujours .. .

    19 janvier 1981

    luc ferry

    de la critique de l'historicismea la question du droit*(sur la querelle des Anciens et des Modernes)

    ArgumentJI s'agirail d'inlerroger, aude/ii de la eonslalallon du mouvemenlauqu el on assisle aujourd'hui, souven l /'exlneur meme de la phJo-soph/e, d'un relour vers le droit, ou d'un relour du droit en tant q ue

    moment du politique (e l les articles de C. Lefort et P. Thibaud) , lesconditions de possibilits phJosophiques d'une adhsion au discoursdes Droits de /'Homme. Avant que ce diseours n 'aeheve en eff et dedevenir - ou, selon le poinl de vue adopl, de redevmir - une sim-ple /dologie ou une mode parmi d'autres, /1 nous semb/e urgenld'essayer de dgager les prsupposs et les implicallons thoriques* Le texte qu ' on va lire est la simple re-rranscription de la communication prononce au Centre en janvier 1981. De la les imperfections proprcs

    a un style oral, et la discrtion dlibre d'un appareil scientifique quej'on aurait du sans doute enrichir si l'on avait voulu rcrire anificie!lement ce texte. Pour un plus ample dveloppement de la problmatiqueici simplement esquisse, nous nous permettons de renvoyer le lecteur audossier, consacr au theme Oroit et Morale , a paraltre dans un prochain numro de la revue Espril. ralis avec Alain Renaut a)'issue d'unsminaire organis dans le cadre du Cenlre d'lude s el de reeherehes surKant et Fiehle.

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