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et redondantes. Cependant, chez les patients hémiplégiques, nous sommes en présence d'une mauvaise intégration cérébrale et/ou d'une sélection non adaptée des informations sensorielles. Ainsi, les oscillations posturales observées sont plus amples que celles des sujets sains et le poids relatif des informations est modié. Il est décrit une plus grande importance donnée aux informations visuelles au sein d'un contrôle postural sufsant pour éviter la chute, mais qui ne permet pas d'établir un niveau similaire aux sujets sains. Cette stratégie sen- sorimotrice peut être particulièrement inadaptée lors des situations de conit sensoriel. Par ailleurs, les informations proprioceptives, qui appa- raissent comme une source de régulation impliquée dès les oscillations posturales les plus faibles, sont également perturbées. Les troubles proprioceptifs sont les plus fréquents et les plus durables des troubles somato-sensoriels des patients hémiplégiques. La présence d'un décit proprioceptif apparaît comme corrélé au niveau clinique d'équilibre des patients et semble avoir un impact sur la performance de marche. Ainsi, ces informations, dépendantes des individus eux-mêmes, sont forte- ment mises en cause dans l'instabilité des patients hémiplégiques. Ainsi les informations proprioceptives, contribuant largement au contrôle pos- tural, sont affectées après atteinte cérébrale. Cependant, il est rapporté des troubles posturaux et locomoteurs spéciques à des lésions de l'un ou de l'autre des hémisphères cérébraux. Comme cela est sous- entendu pour les informations visuelles, il pourrait exister une sensibilité proprioceptive majorée pour l'un des hémisphères, se traduisant dans la mise en place des stratégies sensorimotrices plus ou moins pertinentes chez ces patients. En perturbant les informations proprioceptives, les vibrations tendineuses uni- et bilatérales sont un bon outil pour explorer la pondération sensorielle. De par la physiologie du système neuro- myo-tendineux, l'application de vibrations tendineuses, en l'absence d'informations visuelles, entraîne une illusion de mouvement. En posi- tion debout, les impératifs d'équilibre qui régissent la gestion de la posture humaine produisent une réaction posturale qui vise à éviter la chute à laquelle fait croire l'illusion. An d'appréhender l'intégration corticale des différentes sources d'infor- mations sensorielles, nous avons évalué les stratégies posturales mises en place et le déplacement du centre de gravité résultant de cette illusion de mouvement mais aussi associées à la perception proprioceptive du positionnement des articulations dans l'espace (Fig. 2). C'est dans cette orientation que nous développons depuis quelques temps maintenant, des protocoles expérimentaux nous permettant de mieux comprendre et appréhender la neurophysiologie de la patho- logie et ces conséquences sur la motricité. C'est dans cette optique que nous présenterons des résultats associant les paramètres proprioceptifs aux composantes motrices de sujets hémiparétiques. Par ailleurs, cette compréhension neurophysiologique amènera une évolution positive en termes de prise en charge rééducative à tous les stades de la réhabilitation et de la dépendance de ces sujets. http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2014.02.012 C12 Relations de l'examen clinique du genou et de l'imagerie en kinésithérapie Yves Chatrenet Passy, France Adresse e-mail : [email protected] Mots clés : Évaluation ; Genou ; Imagerie médicale ; Kinésithérapie L'examen clinique du genou répond à une démarche méthodique d'investigation des différentes structures anatomiques. Par une codi- cation des différents gestes d'exploration, les origines des décien- ces peuvent être généralement identiées pour une application précise et pertinente des techniques kinésithérapiques (Fig. 1). L'investigation par imagerie précède fréquemment la visite chez le kinésithérapeute, et les éléments apportés par le dossier radiologique et IRM principalement, sont de nature à compléter, orienter, corro- borer, préciser ou localiser le résultat de l'évaluation clinique. Inver- sement la lecture de l'imagerie peut orienter le kinésithérapeute à repréciser son examen clinique sur un point particulier mis en évidence par l'imagerie. La maîtrise de la lecture de l'imagerie et de tests de l'examen clinique offre une valeur ajoutée au kinésithérapeute qui pourra sélectionner les indications de ses techniques thérapeutiques et les appliquer avec efcience. Figure 2. Le contrôle postural, une nécessité en rééducation. Figure 1. Yves Chatrenet, kinésithérapeute cadre de santé, responsable des services de rééducation, clinique de rééducation Sancellemoz. Kinesither Rev 2014;14(148):3150 Congrès 43

Relations de l’examen clinique du genou et de l’imagerie en kinésithérapie

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et redondantes. Cependant, chez les patients hémiplégiques, noussommes en présence d'une mauvaise intégration cérébrale et/oud'une sélection non adaptée des informations sensorielles. Ainsi, lesoscillationsposturalesobservéessont plusamplesque cellesdes sujetssains et le poids relatif des informations est modifié. Il est décrit une plusgrande importance donnée aux informations visuelles au sein d'uncontrôle postural suffisant pour éviter la chute, mais qui ne permetpas d'établir un niveau similaire aux sujets sains. Cette stratégie sen-sorimotrice peut être particulièrement inadaptée lors des situations deconflit sensoriel. Par ailleurs, les informations proprioceptives, qui appa-raissent comme une source de régulation impliquée dès les oscillationsposturales les plus faibles, sont également perturbées. Les troublesproprioceptifs sont les plus fréquents et les plus durables des troublessomato-sensoriels des patients hémiplégiques. La présence d'un déficitproprioceptif apparaît comme corrélé au niveau clinique d'équilibre despatients et semble avoir un impact sur la performance demarche. Ainsi,ces informations, dépendantes des individus eux-mêmes, sont forte-mentmises en causedans l'instabilité des patients hémiplégiques. Ainsiles informations proprioceptives, contribuant largement au contrôle pos-tural, sont affectées après atteinte cérébrale. Cependant, il est rapportédes troubles posturaux et locomoteurs spécifiques à des lésions de l'unou de l'autre des hémisphères cérébraux. Comme cela est sous-entendu pour les informations visuelles, il pourrait exister une sensibilitéproprioceptivemajorée pour l'un des hémisphères, se traduisant dans lamise en place des stratégies sensorimotrices plus oumoins pertinenteschez ces patients. En perturbant les informations proprioceptives, lesvibrations tendineuses uni- et bilatérales sont un bon outil pour explorerla pondération sensorielle. De par la physiologie du système neuro-myo-tendineux, l'application de vibrations tendineuses, en l'absenced'informations visuelles, entraîne une illusion de mouvement. En posi-tion debout, les impératifs d'équilibre qui régissent la gestion de laposture humaine produisent une réaction posturale qui vise à éviterla chute à laquelle fait croire l'illusion.Afin d'appréhender l'intégration corticale des différentes sources d'infor-mations sensorielles, nousavonsévalué les stratégiesposturalesmisesenplaceet le déplacement ducentre degravité résultant decette illusionde mouvement mais aussi associées à la perception proprioceptive dupositionnement des articulations dans l'espace (Fig. 2).C'est dans cette orientation que nous développons depuis quelquestemps maintenant, des protocoles expérimentaux nous permettant de

mieux comprendre et appréhender la neurophysiologie de la patho-logie et ces conséquences sur la motricité. C'est dans cette optiqueque nous présenterons des résultats associant les paramètresproprioceptifs aux composantes motrices de sujets hémiparétiques.Par ailleurs, cette compréhension neurophysiologique amènera uneévolution positive en termes de prise en charge rééducative à tousles stades de la réhabilitation et de la dépendance de ces sujets.

http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2014.02.012

C12Relations de l'examen clinique du genou etde l'imagerie en kinésithérapieYves ChatrenetPassy, FranceAdresse e-mail : [email protected]

Mots clés : Évaluation ; Genou ; Imagerie médicale ; KinésithérapieL'examen clinique du genou répond à une démarche méthodiqued'investigation des différentes structures anatomiques. Par une codi-fication des différents gestes d'exploration, les origines des déficien-ces peuvent être généralement identifiées pour une applicationprécise et pertinente des techniques kinésithérapiques (Fig. 1).L'investigation par imagerie précède fréquemment la visite chez lekinésithérapeute, et les éléments apportés par le dossier radiologiqueet IRM principalement, sont de nature à compléter, orienter, corro-borer, préciser ou localiser le résultat de l'évaluation clinique. Inver-sement la lecture de l'imagerie peut orienter le kinésithérapeuteà repréciser son examen clinique sur un point particulier mis enévidence par l'imagerie.La maîtrise de la lecture de l'imagerie et de tests de l'examen cliniqueoffre une valeur ajoutée au kinésithérapeute qui pourra sélectionnerles indications de ses techniques thérapeutiques et les appliquer avecefficience.

Figure 2. Le contrôle postural, une nécessité en rééducation.

Figure 1. Yves Chatrenet, kinésithérapeute cadre de santé,responsable des services de rééducation, clinique de rééducation

Sancellemoz.

Kinesither Rev 2014;14(148):31–50 Congrès

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Parmi les multiples exemples pouvant illustrer la relation collaborativede l'examen clinique et de la lecture l'imagerie, on peut citer la réédu-cation des lésions du LCA. La mesure radiologique d'une pente tibialesupérieure à la norme, est un facteur prédisposant à la tension du néo-ligament suite à une ligamentoplastie. La mesure de la pente tibiale(Fig. 2) est représentée par l'angle complémentaire du plateau tibialmédial et de l'axe diaphysaire du tibia (normalement de 108). Ellerenseigne sur le contexte morphologique osseux avec la prédisposi-tion ou non au glissement postérieur des condyles sur les plateauxtibiaux (tiroir antérieur) en chaîne cinétique fermée (CCF).D'autre part l'état des formations capsulo-ligamentaires postéro-médiales et du segment postérieur du ménisque médial conditionnela stabilité du compartiment médial du genou, déterminant dans lastabilité globale du genou. La déstabilisation de ce compartimentnécessite une attention particulière pour la rééducation musculaireintensive du semi-membraneux et des muscles de la patte d'oie.L'examen clinique en tiroir antérieur du genou fléchi associé à unerotation externe du segment jambier, permet de tester le degré d'intég-rité ou de laxité des formations capsulo-ligamentaires postéro-médiales. L'état du segment postérieur du ménisque médial, peutraductible par l'examen clinique, sera précisé par l'IRM et/ou lecompte-rendu opératoire si une ligamentoplastie est pratiquée.L'association d'une pente tibiale exagérée avec la détente des élé-ments capsulo-ligamentairespostéro-médiaux et la lésion ou ménisec-tomie du segment postérieur du ménisque médial, fait partie del'investigation clinique et radiologique en kinésithérapie. Une telleassociation nécessite alors la plus grande réserve quant à l'utilisationdes exercices monopodaux en CCF lors des premières semainesderééducation. Cette pratique favorisant la déformation plastique du

néo-ligament facteur d'une micro-laxité du genou, générant à longterme une usure ménisco-cartilagineuse accélérée.Ainsi la complémentarité de l'examen clinique et de l'imagerie apportedes éléments décisionnels pour les choix que peut effectuer le kinési-thérapeute afin d'optimiser la rééducation et le devenir à long terme dugenou.

http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2014.02.013

C13La rééducation de la maladie de Parkinson :actualitésJean-Pierre BletonParis, FranceAdresse e-mail : [email protected]

Mots clés : Évaluation ; Kinésithérapie ; ParkinsonLa rééducation occupe une place majeure dans le traitement de lamaladie de Parkinson (MP). Le livre blanc édité par l'AssociationFrance Parkinson en 2010 montre que 75 % des patients ont recoursà la kinésithérapie en complément du traitement médical. Malgré unconsensus fort sur l'intérêt de la rééducation, les essais cliniquescontrôlés cherchant à en valider l'efficacité sont encore peu nombreux(Fig. 1). Des progrès certains ont été réalisés dans ce domaine. Si en2001 Deane et al. [1] dans une revue systématique pouvait écrire :L'efficacité de la rééducation standard doit être dans un premier temps,démontrée avant d'examiner les variations liées aux différentesmétho-des, Tomlinson et al. [2] ont depuis montré une amélioration signifi-cative de la MP par la physiothérapie comparée à l'absenced'intervention. Les paramètres de marche, d'équilibre, de motricitéet d'incapacité fonctionnelle sont plus particulièrement modifiés sousl'effet de la rééducation.La MP présente une symptomatologie composée de troubles moteurset non moteurs, qui s'enrichit au cours de l'évolution. Par essence, lakinésithérapie porte plus particulièrement sur le traitement de la

Figure 2. Mesure de la pente tibiale (en jaune) : anglecomplémentaire à l'angle d'inclinaison du plateau tibial (trait rouge)et de la perpendiculaire à l'axe de la diaphyse tibiale (trait bleu).

Figure 1. Jean-Pierre Bleton, masseur-kinésithérapeute, doctorant:Inserm UMR S 894, centre psychiatrie neurosciences (CPN), centrehospitalier Sainte-Anne (Paris) ; école doctorale des sciences dumouvement humain, faculté des sciences du sport, université Aix-Marseille (AMU) ; fondation Rothschild, unité James-Parkinson,

service de neurologie.

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