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Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 1 1/4 L'irrésistible ascension des énergies renouvelables PAR MICHEL DE PRACONTAL ARTICLE PUBLIÉ LE JEUDI 10 DÉCEMBRE 2015 Quelle que soit l'issue de la COP21, l'année 2015 sera celle de l'explosion des énergies renouvelables, en premier lieu des éoliennes. Plusieurs études d'analystes financiers montrent que cette évolution est inéluctable, même si les combustibles fossiles font de la résistance. Quelle que soit l’issue de la COP21, l’année 2015 restera celle du grand tournant des énergies renouvelables. C’est ce qu’affirment les analystes des groupes financiers Bloomberg et Goldman Sachs, peu suspects d’être des militants écolos. En 2015, l’énergie éolienne est devenue la source d’électricité la moins chère, même sans aides de l’État, en Allemagne et au Royaume-Uni, deux pays du G7, dont les économies sont parmi les plus puissantes de la planète, d’après Bloomberg. Le Danemark, qui ne fait pas partie du G7, a franchi le même seuil en 2014. Les États-Unis et la Chine le franchiront d’ici 2023. Et en 2030, l’éolien et le solaire photovoltaïque seront les sources d’énergie les moins coûteuses dans l’ensemble de l’Europe. [media_asset| eyJtZWRpYSI6eyJpZCI6IjU2Njg4YWJmMjRkZTNkOGYxZjhiNDU3NyIsInBhdGgiOiJmaWxlc1wvMjAxNVwvM D’ici 2040, les deux tiers des investissements mondiaux pour construire de nouvelles centrales électriques, soit 8 000 milliards de dollars, seront placés dans les énergies renouvelables, selon une étude de Bloomberg New Energy Finance (BNEF), branche du groupe Bloomberg spécialisée dans l’énergie. Les analystes de Goldman Sachs abondent dans le même sens. Ils observent qu’en 2015, la capitalisation boursière des quatre premières compagnies de charbon aux États-Unis a baissé de plus de 90 %. Cette même année, « l’éolien et le solaire photovoltaïque vont pour la première fois dépasser le seuil de 100 gigawatts de nouvelles installations et permettent désormais, d’après nos estimations, d’éviter une gigatonne d’émissions de CO 2 par an, écrivent-ils dans un rapport tout récent. Alors que les débats politiques se focalisent souvent sur les prévisions pour 2030 et les objectifs pour 2050, nous prévoyons que les plus grands bouleversements du marché se produiront entre 2015 et 2025 ». Entre 2009 et 2014, les investissements globaux dans l’énergie éolienne et solaire ont été de 1 000 milliards de dollars, entraînant une baisse importante du coût de ces énergies (précisons qu'il s'agit des éoliennes terrestres, celles installées en mer étant encore coûteuses). Les nouvelles éoliennes et les panneaux solaires installés dans le monde vont produire plus d’énergie dans les cinq prochaines années que le gaz de schiste aux États-Unis pendant la période 2010-2015, prévoient les analystes de Goldman Sachs. Ils estiment que le marché du bas carbone représente 600 milliards de dollars par an (550 millions d’euros), et sera dominé par quatre technologies : les lampes LED (qui consomment jusqu’à 80 % de moins que les ampoules électriques classiques), le photovoltaïque solaire, les éoliennes terrestres et les véhicules hybrides ou électriques. « D’ici 2020, six sur dix lampes seront des LED et les constructeurs de voitures vont vendre 25 millions d’électriques et hybrides », lit-on dans le rapport de Goldman Sachs. Les mêmes experts prévoient que d’ici 2020, la Chine construira 23 gigawatts de centrales à charbon et 40 gigawatts de centrales au gaz, mais dans le même temps installera 193 gigawatts de solaire et d’éolien. Autrement dit, trois fois plus d’installations utilisant les énergies renouvelables que les combustibles fossiles. Au total, les analystes pensent que ces développements technologiques vont permettre de faire baisser les émissions globales de CO 2 dès 2020, et d’éviter 5,3 gigatonnes d’émissions en 2025. D’ores et déjà, la progression de l’éolien est irrésistible et observable à l’échelle mondiale. En 2008, il y avait 120 gigawatts de puissance éolienne installée dans le monde, à peu près deux fois l’équivalent de toutes les centrales nucléaires françaises. Fin 2014, les éoliennes

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L'irrésistible ascension des énergiesrenouvelablesPAR MICHEL DE PRACONTALARTICLE PUBLIÉ LE JEUDI 10 DÉCEMBRE 2015

Quelle que soit l'issue de la COP21, l'année 2015sera celle de l'explosion des énergies renouvelables,en premier lieu des éoliennes. Plusieurs étudesd'analystes financiers montrent que cette évolution estinéluctable, même si les combustibles fossiles font dela résistance.

Quelle que soit l’issue de la COP21, l’année2015 restera celle du grand tournant des énergiesrenouvelables. C’est ce qu’affirment les analystes desgroupes financiers Bloomberg et Goldman Sachs, peususpects d’être des militants écolos.

En 2015, l’énergie éolienne est devenue la sourced’électricité la moins chère, même sans aides del’État, en Allemagne et au Royaume-Uni, deux paysdu G7, dont les économies sont parmi les pluspuissantes de la planète, d’après Bloomberg. LeDanemark, qui ne fait pas partie du G7, a franchi lemême seuil en 2014. Les États-Unis et la Chine lefranchiront d’ici 2023. Et en 2030, l’éolien et le solairephotovoltaïque seront les sources d’énergie les moinscoûteuses dans l’ensemble de l’Europe.

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D’ici 2040, les deux tiers des investissementsmondiaux pour construire de nouvelles centralesélectriques, soit 8 000 milliards de dollars, serontplacés dans les énergies renouvelables, selon uneétude de Bloomberg New Energy Finance (BNEF),branche du groupe Bloomberg spécialisée dansl’énergie.

Les analystes de Goldman Sachs abondent dans lemême sens. Ils observent qu’en 2015, la capitalisationboursière des quatre premières compagnies de charbonaux États-Unis a baissé de plus de 90 %. Cettemême année, « l’éolien et le solaire photovoltaïquevont pour la première fois dépasser le seuil de 100gigawatts de nouvelles installations et permettent

désormais, d’après nos estimations, d’éviter unegigatonne d’émissions de CO2 par an, écrivent-ilsdans un rapport tout récent. Alors que les débatspolitiques se focalisent souvent sur les prévisions pour2030 et les objectifs pour 2050, nous prévoyons que lesplus grands bouleversements du marché se produirontentre 2015 et 2025 ».

Entre 2009 et 2014, les investissements globaux dansl’énergie éolienne et solaire ont été de 1 000 milliardsde dollars, entraînant une baisse importante du coûtde ces énergies (précisons qu'il s'agit des éoliennesterrestres, celles installées en mer étant encorecoûteuses). Les nouvelles éoliennes et les panneauxsolaires installés dans le monde vont produire plusd’énergie dans les cinq prochaines années que le gaz deschiste aux États-Unis pendant la période 2010-2015,prévoient les analystes de Goldman Sachs. Ils estimentque le marché du bas carbone représente 600 milliardsde dollars par an (550 millions d’euros), et seradominé par quatre technologies : les lampes LED (quiconsomment jusqu’à 80 % de moins que les ampoulesélectriques classiques), le photovoltaïque solaire, leséoliennes terrestres et les véhicules hybrides ouélectriques.

« D’ici 2020, six sur dix lampes seront des LED etles constructeurs de voitures vont vendre 25 millionsd’électriques et hybrides », lit-on dans le rapportde Goldman Sachs. Les mêmes experts prévoientque d’ici 2020, la Chine construira 23 gigawatts decentrales à charbon et 40 gigawatts de centrales augaz, mais dans le même temps installera 193 gigawattsde solaire et d’éolien. Autrement dit, trois fois plusd’installations utilisant les énergies renouvelables queles combustibles fossiles.

Au total, les analystes pensent que ces développementstechnologiques vont permettre de faire baisser lesémissions globales de CO2 dès 2020, et d’éviter 5,3gigatonnes d’émissions en 2025.

D’ores et déjà, la progression de l’éolien est irrésistibleet observable à l’échelle mondiale. En 2008, il y avait120 gigawatts de puissance éolienne installée dans lemonde, à peu près deux fois l’équivalent de toutes lescentrales nucléaires françaises. Fin 2014, les éoliennes

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dans le monde représentaient 369,6 gigawatts, plusdu triple de la puissance installée en 2008 et plus devingt fois celle qui existait en 2000. La Chine estle leader mondial, avec une puissance éolienne quidevrait dépasser en 2015 celle de toutes les centralesélectriques françaises. Les États-Unis viennent audeuxième rang, l’Allemagne au troisième, suivie del’Espagne et de l’Inde, et la France est en huitièmeposition.

Déjà en 2013, une étude de Bloomberg montraitqu’en Australie, il devenait moins coûteux deconstruire des éoliennes que de nouvelles centralesthermiques à charbon ou à gaz, même sanssubventions. Le prix de l’électricité fournie par unenouvelle ferme éolienne était de 80 dollars australienspar MWh, contre 143 pour une nouvelle centrale àcharbon et 116 pour une nouvelle centrale à gaz, entenant compte du coût des émissions. Même sans prixdu carbone, l’éolien était 14 % moins cher que lenouveau charbon et 18 % moins cher que le nouveaugaz.

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« La notion que les combustibles fossiles sontbon marché et que les énergies renouvelables sontchères est dépassée, déclare en février 2013 MichaelLiebreich, directeur exécutif de BNEF. Le fait quel’énergie du vent soit maintenant moins chère quele charbon et le gaz [en Australie], pays dont lesressources en combustibles fossiles sont parmi lesmeilleures mondiales, montre que l’énergie propreest capable de changer la donne et de renverserl’économie des systèmes d’énergie. »

Conclusion de BNEF : dans le futur, d’ici 2030,l’économie australienne s’appuiera en grande partiesur les énergies renouvelables et l’investissement dansles combustibles fossiles devrait être limité, même siles vieilles centrales thermiques resteront rentables,du fait que leur coût sera amorti. Même le gazdevrait être moins rentable que les éoliennes et lesgrands panneaux photovoltaïques d’ici une décennie,

du fait que l’on disposera de technologies pour gérerl’intermittence du vent et de l’ensoleillement, estimentles analystes de Bloomberg.

[[lire_aussi]]

Il est intéressant qu’une telle analyse soit développéeà propos de l’Australie, dont la politique climatiqueest l’une des moins ambitieuses parmi les paysdéveloppés (sous l’influence d’une puissante industriefossile défendue par le parti libéral dont font partiele premier ministre actuel et son prédécesseur, leconservateur et climatosceptique Tony Abbott). SelonBloomberg, la logique économique pure n’est passuffisante pour réduire les émissions australiennes ;une volonté politique est encore nécessaire pour« installer des mégawatts sur le sol et construireles savoir-faire et l’expérience nécessaire pour dé-carboner le système énergétique sur le long terme ».

L’Allemagne, elle, a affirmé une forte volontépolitique en faveur de l’environnement. Elle a misen place un programme de transition énergétique trèsvolontariste, « Energiewende », qui a commencé par lasortie du nucléaire, d’où un recours au charbon et desémissions accrues dans une première phase. Mais lesémissions sont aujourd’hui redescendues à leur niveaude 2009 et la production éolienne allemande représentedésormais 45 % de celle de l’Europe.

En 2040, un tiers de l'électricité européennesera d'origine solaire

L’efficacité du programme Energiewende s’estmanifestée juste au moment de l’ouverture de laCOP21, grâce à la météo. Fin novembre, l’Allemagnea connu quelques jours de grand vent qui ont misen vedette les éoliennes installées Outre-Rhin. Lesoir du dimanche 29 novembre, les fermes éoliennesd’Allemagne ont produit un record historiquede 35,25 gigawatts d’énergie, rapporte LeonidBershidsky sur Bloomberg. Pendant la plus grandepartie du week-end, plus de la moitié de l’électricitégermanique était issue du vent, et quasiment gratuite.

En été, par une journée ensoleillée, le photovoltaïquecombiné au vent peut produire jusqu’aux trois quartsde l’électricité allemande. Le 25 juillet dernier, le

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record de 78 % d’électricité renouvelable a été atteinten cumulant éolien, solaire photovoltaïque, biomasseet hydraulique.

Bien sûr, ces performances se produisent de manièreponctuelle, et il y a aussi des jours sans vent ni soleil.Mais au total, l’Allemagne est en passe de franchirle seuil d’un tiers d’électricité renouvelable en 2015,contre 27,4 % en 2014. Et l’objectif de 45 % d’ici2040 sera sans doute atteint plus tôt que prévu. Àterme, le principal obstacle sur la route vers les 100% d’énergies renouvelables est le caractère fluctuantdu vent et de l’ensoleillement, mais les technologiesde stockage qui permettront de pallier ce problèmeprogressent rapidement.

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Certains pays disposent d’une configuration trèsfavorable qui limite le handicap de l’intermittence.C’est le cas du Danemark, qui a produit 39 % deson électricité par énergie éolienne en 2014. SelonThe Guardian, en juillet 2015, les éoliennes danoisesont produit assez de courant pour satisfaire lademande du pays et exporter de l’électricité enAllemagne, Suède et Norvège (voir notre article).Un jour très venteux, les éoliennes danoises ontproduit 116 % de la demande du pays, avec un picde 140 %. L’interconnexion a permis de récupérer80 % du surplus de courant et de le partager entrel’Allemagne et la Norvège, qui peuvent le stockerpar des systèmes hydrauliques. La Suède a bénéficiédes 20 % restants (on peut observer en temps réel laproduction d’électricité du Danemark et ses échangesavec ses voisins sur le site energinet.dk).

Le Danemark ambitionne de parvenir à 50 %d’électricité renouvelable d’ici 2020. L’énergie duvent produit 20 % de l’électricité au Portugal et18 % en Espagne. En France, avec 9,285 gigawattsinstallés fin 2014, on est encore très loin des capacitéspotentielles, et l'électricité éolienne ne représentequ'environ 3 % de la production du pays, aux troisquarts nucléaires. Mais l'Ademe (Agence nationale del’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a conçu

un scénario d'électricité produite à 100 % par desénergies renouvelables à l'horizon 2050 (voir notrearticle).

Aux États-Unis, les éoliennes terrestres représentent31 % des nouvelles capacités de productiond’électricité installées de 2008 à 2014. L’électricitéd’origine éolienne a atteint son prix le plus basen 2014 et continue de diminuer, de même que lephotovoltaïque solaire qui progresse rapidement. Lesdeux combinés produisent environ 5 % de l’électricitéaux États-Unis, ce qui est une petite fraction, mais uncercle vertueux est en train de se mettre en place etla part de production par les renouvelables augmenteexponentiellement.

En tenant compte des aides gouvernementales,l’électricité éolienne est devenue la moins chère auxÉtats-Unis en 2014, et le sera sans subventions avantdix ans. La situation est similaire pour le solaire,avec un décalage de cinq à dix ans. Mais les expertsde BNEF pensent qu’à partir de 2025 environ, lespanneaux solaires seront devenus moins chers etprendront le pas sur les éoliennes aux États-Unis, et unpeu plus tard en Europe et en Chine.

En 2040, selon les prévisions de BNEF, l’Europe dansson ensemble aura suivi l’exemple de l’Allemagneet du Danemark : un tiers de l’électricité européennedevrait être produite par des panneaux solaires etun cinquième par des éoliennes, tandis que la partdes combustibles fossiles ne serait plus que d’unsixième environ, et celle du nucléaire d’un vingtième.Les États-Unis, la Chine et l’Inde devraient recourirdavantage aux combustibles fossiles. Pour la planèteentière, la prévision est que la part des combustiblesfossiles sera encore de 44 %, contre deux tiersaujourd’hui. De ce fait, les analystes de BNEFpronostiquent que les émissions de CO2 n’atteindrontpas leur pic avant 2029 et vont rester élevées jusqu’à2040.

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Leurs collègues de Goldman Sachs pensent, eux, quele pic pourrait survenir dès 2020. Ils prévoient undéploiement rapide des éoliennes terrestres et des

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panneaux solaires, remplaçant le charbon et le gazà proportions égales. En associant leurs projectionsà une forte volonté politique, il semble plausible deparvenir à un scénario à 100 % d'énergie renouvelabledans plusieurs pays d'Europe d'ici 2030 ou 2040. Lescénario de l'Ademe pour la France, qui vise le milieudu siècle, apparaît relativement prudent.

Les analystes observent cependant que les réductionsobtenues avec leurs hypothèses ne suffiraient pas àéviter un réchauffement supérieur à 2 °C par rapportà l’ère préindustrielle. Cela vient de ce que mêmesi les renouvelables sont portées par une dynamiqueindustrielle, des pesanteurs économiques et politiquesvont prolonger l'emploi des énergies fossiles.

Pour aller plus loin et plus vite, il faut tabler sur despolitiques incitatrices et volontaristes, à l'image decelles de l'Allemagne ou du Danemark. Les analystessoulignent que les techniques bas carbone dont ilsprévoient l’essor – éolien, photovoltaïques, LED etvéhicules hybrides ou électriques – ne sont pas le seulmoyen de réduire les émissions. Remplacer le charbonpar du gaz ou économiser l’énergie est aussi efficace,et peut être moins coûteux. Et si l’on veut vraimentrester sous les 2 °C, il faut une stratégie agressive deremplacement du charbon.

Un autre document, dû à Climate Policy Initiative,think tank financé par le milliardaire Georges Soros,montre que 80 % des réductions d’émissionsnécessaires pour rester sur la trajectoire des 2°C pourraient être obtenues en diminuant laconsommation de charbon. La moitié de cette baisse

du charbon concernerait la Chine. Ce qui amplifiela dimension politique du problème. Pour des payscomme la Chine et l’Inde, le charbon est la manière laplus accessible de répondre à la demande énergétique.Et même dans une économie riche comme celle del’Australie, il y a une pression pour maintenir l’usagedu charbon.

Seule une politique très volontariste peut conduireà réduire rapidement l’utilisation du charbon,et plus généralement des combustibles fossiles.Or, globalement, plus de la moitié des actifsdes combustibles fossiles appartiennent à desgouvernements, ou sont contrôlés par eux. Autrementdit, si le développement des renouvelables estirrésistible et va réduire les émissions par une logiqueéconomique inéluctable, les décisions à l’échellenationale des différents pays vont continuer de jouerun grand rôle. Car ces décisions vont peser lourdementsur la vitesse à laquelle on se débarrassera des énergiesfossiles.

«Les discussions les plus chaudes à la COP21 (…)vont porter sur la manière de partager le coûtde la réduction des émissions entre pays riches etpauvres, écrit Leonid Bershidsky pour Bloomberg.L’Allemagne a déjà répondu à la question enchoisissant de porter unilatéralement le fardeau dela transition énergétique. C’est une question devolonté, et le degré de volonté requis diminue chaqueannée à mesure que les progrès technologiques fontdes énergies renouvelables une alternative viableéconomiquement aux combustibles fossiles. »

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