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Réseaux de Transport Et Organisation Spatiale Dans Le Nord-Est Algerien ( Cas Des Réseaux Ferroviaire Et Routier )
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République Algérienne Démocratique et Populaire
Ministère de L’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
Université Mentouri Constantine Faculté des Sciences de la Terre,
de la Géographie et de l’Aménagement du Territoire Département des Sciences de la Terre
Mémoire présenté pour l’obtention du diplôme
de Doctorat en Sciences en Aménagement régional
Thème
Présenté par Ghenouchi Ahmed
Année universitaire : 2008
Réseaux de transport et organisation spatiale dans le Nord-Est Algerien ( Cas des réseaux
ferroviaire et routier )
1
Avant propos
Ce travail est un peu le résultat d’une certaine intimité avec la géographie des
transports que , tout d’abord nous avons pu développer grâce à l’enseignement
du module « transport et intégration régionale » durant onze années au
département d’aménagement de l’université de Constantine. J’ai contracté
auprès des étudiants des différentes promotions une lourde dette de
reconnaissance, qu’ils en soient tous remerciés.
Je voudrais également remercier Monsieur Mohamed-El Hadi Larouk qui a bien
accepté de diriger et de mener à terme ce travail par ses encouragements et
ses remarques pertinentes qui ont été souvent à l’origine de nouveaux apports ;
qu’il en soit chaleureusement remercié.
Mes vifs remerciements vont également à Monsieur Salah-Eddine Cherrad,
doyen de la faculté de l’Aménagement du territoire, pour son aide matérielle au
moment où nous en avions le plus besoin.
Je voudrais aussi remercier les différents commis dans les différentes
administration, et ils sont nombreux, avec lesquels nous avons noué de bonnes
relations de travail pour leur disponibilité et leur amabilité.
Je voudrais également remercier quelqu’un qui, au moment où je désespérais le
plus, n’a cessé de me supporter et de m’encourager à aller de l’avant, j’ai
nommé mon épouse.
2
Le Nord-est algérien
3
INTRODUCTION
La géographie des transports se fixe pour but la connaissance des
systèmes de transport et par conséquent les besoins de déplacement des
hommes et des marchandises dans un espace donné. Cela suppose donc
que les moyens de transport et de communication soient un outil privilégié
de l’étude spatiale.
L’espace est un support sur lequel s’inscrivent des réseaux coordonnant des
mouvements d’hommes et de produits entre les différents centres et les
différentes régions. Ces mouvements se traduisent par l’existence de flux
(d’énergie, de matières, de biens, de capitaux, d’idées…) et expliquent la
dynamique de ces phénomènes géographiques dans cet espace.
L’étude des réseaux de transport supposerait l’analyse des réseaux visibles
(rail, route, air mer, conduites) mais aussi invisibles (informations, capitaux,
décisions, communications) dont l’approche est beaucoup plus complexe.
Un système de transport est formé d’une série de réseaux correspondant
chacun à une technique donnée : route, voie ferrée, réseau aérien…
Par ce travail de recherche nous avons voulu défricher un champ difficile mais
important dans la vie du pays. L’étude des transports n’a pas été une des
priorités ni des pouvoirs publics, ni des chercheurs algériens. Il convient de
signaler à ce sujet qu’hormis les rapports ou documents sectoriels qui revêtent
le plus souvent un aspect de bilan, il n’existe pratiquement pas de publications
ou de recueils à caractère scientifique ou analytique si indispensables à la
connaissance de l’étude des transports en Algérie.
4
Cependant les transports de voyageurs et de marchandises sont une des
composantes essentielles de la vie du pays, car les habitants circulent
beaucoup. Et ces transports n’ont cessé de se développer.
Si au lendemain de l’indépendance l’héritage du réseau colonial, hétéroclite
mais relativement ample pour un pays sous-développé, a pu paraître suffisant,
la montée de l’économie a fait apparaître des goulots d’étranglement
représentés par l’insuffisance des réseaux et des moyens de transport, et
l’exigence d’investissement importants dans ce domaine.
La nécessité de l’étude nous a conduit à traiter de deux réseaux de transport :
le chemin de fer et la route, mais l’équipement d’un territoire doit s’apprécier
d’après le système de transport qui le compose.
Nous nous sommes donc limités aux seuls transports par rail et par route dont
l’originalité ici, en Algérie, est double :
• Symbole d’un passé contraignant et d’un milieu naturel capricieux,
• Ils sont le reflet d’une situation socio-économique particulière et constituent
par conséquent un instrument privilégié pour une action actuelle et future.
C’est par cet aspect des contraintes que nous commencerons. Tout d’abord les
contraintes, mais également les potentialités du milieu naturel et du milieu
humain (l’histoire politique) et enfin la situation économique de l’Algérie durant
les grandes étapes de sa longue histoire. Ces chapitres nécessaires, ne
constituent pas pour autant une étude poussée. Ils nous aideront à comprendre
le présent et les conditions qui ont prévalu à l’édification de ces deux réseaux
de transport dont l’analyse se fera dans les chapitres suivants. Outre l’analyse
classique de l’offre et de la demande nous proposons une approche
topologique puisant ses sources dans la théorie des graphes.
5
L’étude des flux que nous verrons en deuxième partie aura un intérêt particulier
car elle sera axée sur des phénomènes spatiaux : flux, pôles, échanges.
Le rail a été le premier transport moderne introduit dans le pays. Il a évolué
d’une situation monopoliste à une situation de concurrence avec d’autres
modes introduits ultérieurement en l’occurrence la route. L’analyse du rôle de
chacun de ces modes de transport dans l’organisation de l’espace complétera
l’étude de cette partie.
Il convient enfin d’analyser en troisième partie les perspectives et la place de
ces deux modes de transport dans l’espace du Nord-est algérien.
6
MÉTHODE D’ANALYSE
L’étude des réseaux de transport repose sur une approche «systémique».
Elle nous aide à saisir toute la réalité des dimensions de l’espace.
Elle considère l’espace comme un «système» dont les composantes sont le
milieu physique, le milieu humain, les réseaux de transport, les villes, … Entre
ces différents éléments existent des relations qui font qu’une modification sur
un point entraîne des répercutions sur l’ensemble. La situation actuelle n’est
qu’un moment de la situation générale : elle intègre donc la variable temps.
Ce type de réflexion nous a conduit à ordonner l’ensemble de l’étude de la
façon suivante :
I) La trame spatiale : espace et société
1/ espace physique : vu sous l’angle des capacités et des contraintes qu’il
présente pour la création et le développement des réseaux de transport
2/ espace humain : revue des sociétés pré coloniale, coloniale et actuelle.
II) L’armature spatiale : lignes et points
1/ les réseaux de transport et flux : éléments structurants linéaires, réseaux de
routes, de voies ferrées. les flux : phénomène statistique
2/ les nœuds : éléments structurants ponctuels, centres urbains.
III) Les perspectives
1/ pour le réseau routier
2/ pour le réseau ferroviaire
Toujours en ce qui concerne la méthodologie, nous avons essayé d’introduire
quelques instruments d’analyse qui, loin de sortir de l’ordinaire, nous aident à
pousser plus loin l’étude :
- Simulation, attractivité, accessibilité, topologie
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Néanmoins, il importe de signaler nos regrets quant à notre impossibilité de
traiter certains aspects des transports, et ce par manque de données sur
certains problèmes importants comme le marché de transport, la concurrence
rail-route et le transport pour compte propre, l’étude ne manquerait pas de
souffrir de ces déficiences. En outre, le transport étant un domaine assez
spécifique, il se prête difficilement à une enquête de type classique, c’est
pourquoi son apport est plutôt qualitatif. L’enquête a été axée sur la qualité des
flux (mode, fréquence, choix modal …) dont le résultat ne saurait pris comme
absolu sur le plan quantitatif.
Face donc à la grande masse de données disponibles désagrégées par wilaya,
et à la faible qualité ou à l’insuffisance de ces mêmes données, la question qui
guide la démarche du début à la fin est : de quoi a-t-on besoin ?
Nous avons besoin de données fiables et récentes qui permettent de traiter les
transports selon les dimensions significatives. On sait que beaucoup de
données sont inexistantes : il faudra donc chercher des analogies, d’autres
données reflétant des phénomènes similaires. On sait d’autre part que les
statistiques officielles sont lacunaires, notamment en raison de l’existence du
secteur informel. Cela n’invalide pas le présent travail, mais il faudra tenir
compte des limites des données dans l’interprétation de certains résultats.
8
PROBLEMATIQUE
Les transports terrestres présentent en Algérie deux caractéristiques
essentiels :
- d’une part ils sont l’héritage de la période coloniale au profit de laquelle ils
ont été conçus,
- d’autre part ils n’arrivent plus à contenir tous les mouvements nés de
l’activité économique récente.
Ainsi les localisations industrielles ont porté sur des villes munies de moyens de
transport. De ce fait ils posent un problème de localisation des différents
centres d’activité économique qui sont à l’origine de nombreux déséquilibres :
polarisation sur certains centres et drainage de la population.
Tout développement économique implique une croissance et toute croissance
entraîne une intensification des transports des biens et des personnes.
L’absence d’un réseau adéquat peut donc constituer un facteur de blocage au
développement. Il s’agit alors de savoir si les équipements du Nord-est algérien
sont suffisants et s’ils répondent aux besoins d’un développement harmonieux
et diversifié de l’économie capable de créer une dynamique spatiale. La mise
en place de réseaux de transports adéquats constitue un instrument de
développement harmonieux du pays. Le transport est indéniablement un
secteur clé pour une meilleure intégration physique régionale. Il contribue en
outre, à la réduction des disparités sociales et économiques et permet
l’attraction des investissements.
Comment le Nord-est algérien sera-t-il en 2025? Les Hautes Plaines seront-
elles plus attractives qu’aujourd’hui ? Autant de questions qui préoccupent
aussi bien les décideurs que les simples citoyens.
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Deux scénarios sont envisagés. L’un tendanciel et le second volontariste.
Le premier scénario repose sur la stabilisation des populations à court terme
(2025) et le second sur le redéploiement des populations vers les Hautes
Plaines.
Ces options reposent sur des investissements colossaux pour développer les
infrastructures de base avec la construction d’autoroutes et de lignes
ferroviaires à grande vitesse (LGV).
Dans quelle mesure le rail et la route seront-ils décisifs pour le fonctionnement
spatial régional ? Telle est la question à laquelle nous essayerons de répondre
sans pour autant prétendre apporter une réponse définitive.
10
OBJECTIF
Il s’agira de fournir un outil d’aide à la réflexion capable de comprendre la logique
des réseaux de transport sur un espace régional.
- Question générale
Comment se caractérise un réseau de transport au niveau régional ?
- Question spécifique
Est-il possible d’avoir un modèle de réseau de transport, permettant de rendre
compte de l’interaction entre l’étude des réseaux de transports et l’aménagement
du territoire?
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Première partie LES CONDITIONS D’UTILISATION DES RESEAUX DE TRANSPORT
L’analyse des conditions d’implantation des réseaux de transport implique l’étude
systématique des facteurs de base à l’origine de la création et de l’évolution des
réseaux de transport.
Le développement des réseaux de transport a dû tenir compte des conditions
naturelles. Mais on ne saurait réduire à celles-ci leur dimension spatiale. Le
rapport à l’espace des différents systèmes de transport est différent : la route
offrait une quasi-ubiquité, alors que l’avion est dépendant des aéroports, le chemin
de fer des lignes ferrées et des gares, le transport maritime des ports. L’espace
naturel, quant à lui, intervient à différentes échelles.
12
Chapitre I : milieu naturel et système de transport
L’espace est d’abord un espace topologique à deux (ou trois) dimensions. Cet
espace est divisé en surfaces (une région, une ville, un terrain), alors que les flux
(de biens et de personnes) et les infrastructures sont linéaires.
L’espace topologique n’est pas continu. Mais surtout l’espace terrestre n’est ni
homogène, ni plat, ni isotrope et, de plus, il est soumis à des conditions
météorologiques variables dans le temps et dans l’espace. Aussi, le cadre
physique joue-t-il un rôle important dans la géographie des transports : il
détermine non seulement le choix des tracés et les caractéristiques de certaines
infrastructures, mais aussi la préférence donnée à certains modes de transport
plutôt qu’à d’autres, compte tenu des moyens techniques disponibles.
13
I) Relief et tracé des réseaux
Parmi les éléments d’ordre physique, la topographie oriente plus que d’autres le
choix des tracés des infrastructures, en raison de son caractère permanent.
Le Nord-est algérien comporte plusieurs ensembles géographiques. A chacun de
ces ensembles correspond une circulation particulière. La disposition des reliefs
dans le sens ouest est, et la présence de très peu de vallées méridiennes a, de
tout temps, défavorisé la circulation nord sud. Par contre l’existence de grandes
unités ordonnées dans le sens ouest est, comme les hautes plaines, a beaucoup
aidé à la vie de relation.
I-1 Les plaines littorales
Au nombre de cinq, ces plaines littorales sont séparées les unes des autres par
des reliefs montagneux, et forment ainsi une série de petites plaines littorales :
une seule grande plaine, celle d’Annaba, et quatre autres plus petites et plus
étroites : celles de Skikda, de Collo, de Jijel et de Bejaia. En règle générale ces
plaines servent de cadre à l’installation des voies de communication : la voie
ferrée s’y est établie à côté de la route. Dans ces plaines, le problème causé par
les crues a eu des répercussions notables sur les tracés des routes et surtout des
voies ferrées : leurs infrastructures courent sur les terrasses inférieures, à la limite
extérieure de la plaine alluviale et à une altitude suffisante pour éviter les crues.
La nature du sol de ces plaines peut, dans certaines circonstances, jouer un rôle
non négligeable : un sol meuble (argileux comme c’est le cas) requiert une
préparation appropriée pour asseoir une route ou une voie ferrée sur des bases
solides, d’où une répercussion sur le coût d’établissement des infrastructures.
D’apparence elles ont une situation confortable car elles donnent directement sur
la mer, mais la réalité est tout autre : elles sont difficilement relayées à l’intérieure
14
du pays car flanquées immédiatement au sud par les pentes raides de la chaîne
tellienne. Elles ont peu de relations avec la mer, pour une autre raison : leurs
habitants sont des paysans et non des marins. Elles concentrent aujourd’hui
hommes et activités.
I-2 La chaîne tellienne
D’altitude moyenne (1800m) et d’une structure complexe (série de nappes de
charriage), la chaîne tellienne, orientée ouest est, forme un gros bourrelet.
a) Valeur des pentes
Au-delà d’une certaine valeur et d’une certaine longueur, les rampes exigent de
tels efforts des moteurs que l’exploitation commerciale est impossible sans une
réduction des poids des convois et une augmentation de la puissance de traction.
Le problème n’est pas seulement technique, il faut qu’il soit également pensé sur
le plan de la rentabilité économique : tel est le cas de la RN3 reliant Skikda et
Annaba à Constantine au lieu dit El Kentour, ainsi que la route d’Arris. Les
techniques de construction de tunnels ont permis à la voie ferrée et à la route de
triompher de ces obstacles.
Dans les régions montagneuses, les déclivités sont fortes, d’où la nécessité de
construire des routes en lacets afin de réduire la pente par l’allongement de la
distance à parcourir. La voie ferrée a également des tracés en lacets d’autant que
le rail est, plus encore que la route, tributaire des rampes.
b) Largeur de la chaîne
La circulation est d’autant plus aisée que la largeur de la chaîne est d’autant plus
large : le parcours s’y compose d’obstacles à franchir, coupés de passages plus
faciles. La hauteur de l’obstacle à franchir détermine la nature des difficultés. Pour
traverser les chaînes de montagnes les routes passent toutes au niveau des cols
15
(sauf Kherrata) car il n’y a pas de tunnels routiers qui permettent d’éviter ces
pentes trop fortes. Même la voie ferrée passe aux cols, avec cependant quelques
tunnels pour éviter des pentes trop fortes. L’encaissement des oueds rend la
circulation malaisée (le dédoublement de la voie ferrée entre Ramdane Djamel et
El Garrah a nécessité la construction de plusieurs tunnels et d’un grand viaduc).
Enfermés à l’intérieur de la chaîne tellienne, les bassins intérieurs forment un
ensemble géographique tout à fait original : il comprend la Haute Soummam et les
bassins de Guelma et de Mila. Ce sont là de beaux exemples de circulation
longitudinale ouest est et des relais médians pour les échanges méridiens. Il s’agit
donc d’une pièce maîtresse dans l’organisation régionale et nationale mais qui
reste malheureusement peu valorisée.
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Carte n°1. Le Nord-est algérien : Relief, Réseau de transport et réseau de villes
c) Aisance des hautes plaines
Hautes terres perchées entre 800 et 1000m d’altitude, elles sont un vaste couloir
allongé d’est en ouest et encadrées par les deux atlas. Elles constituent de ce fait
une magnifique voie de communication potentielle. Seul l'ajustement oblique des
monts du Hodna présente un obstacle d’ailleurs aisément franchissable. Ayant
une continuité suffisante, les hautes plaines constituent un cadre favorable à la
construction des infrastructures de transport. Des réseaux à forte connectivité
peuvent s’y établir. En plus de leur aspect de surface plane, elles offrent des
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conditions lithologiques appréciables pour l’établissement de futures voies de
communication. Avec un sol résistant, elles peuvent recevoir une voie ferrée ou
une route avec un minimum de préparations. La circulation automobile peut être
aménagée aux moindres frais en réalisant des pistes précaires. Pour les
aéroports, installations plus exigeantes en matières de dégagements des horizons
et de surfaces planes, les hautes plaines semblent être un endroit idéal.
d) La recherche des vallées
Pour relier la Méditerranée à l’intérieur du pays, rail et routes cheminent le long
des vallées (Saf-Saf, Soummam). La vallée attire les réseaux de transport ; elle
permet de gagner de l’altitude avec des rampes raisonnables. La circulation y est
facile lorsque l’on dispose d’espaces plans et continus hors des atteintes des
crues des oueds : les terrasses dominant les lits majeurs sont à ce sujet très
recherchées. Les vallées des régions montagneuses (chaînes des Babors et des
Aurès) constituent des passages particulièrement appréciés malgré les difficultés
qu’on y rencontre pour l’établissement des systèmes de transport. Les vallées en
gorges étroites (Kherrata, El Kantara), souvent sinueuses, abritent la voie ferrée et
la route le long de leurs versants escarpés ; il a fallu établir une plate-forme
artificielle avançant par moments au-dessus du lit du torrent : c’est le cas de la
voie ferrée destinée à la desserte de Constantine. Elle quitte le fond de la vallée
du Rhumel pour s’accrocher aux versants de la rive droite. Il a fallu la construction
d’une ligne aux parois en surplomb dans les gorges. Des tunnels ont été
indispensables pour échapper à la fantaisie des cours d'eau.
e) le piémont saharien
Caractérisé par la monotonie et les grandes tailles des unités, il ne comporte que
des densités infimes de population. Ici toute vie est liée à la présence de l'eau.
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Mais la plupart des oasis doivent leur existence à leur rôle de relais sur les
grandes routes transsahariennes. Dans ce milieu la morphologie intervient pour
expliquer les formes d'utilisation par les hommes : l’erg est un obstacle aux
déplacements, mais un bon pâturage ; le reg est hostile à la vie mais favorable à
la circulation moderne.
Telles sont les unités majeures qui se définissent sur deux espaces nettement
différents : au Nord les régions plissées maghrébines, au Sud le bouclier africain.
De la Méditerranée au Sahara il n’y a que 250km : proximité mais différence des
milieux, il y a là une richesse certaine.
II) Le relief et les infrastructures terminales : ports et aéroports
Le choix des sites portuaires est lié au relief littoral.
L'installation d'un aéroport exige de vastes espaces, horizontaux ou aux pentes
très faibles, offrant des abords dégagés.
II-1) site des ports
Un port est constitué d'une étendue d'eau à l'abri des tempêtes. Une baie est un
lieu favorable, mais si elle est trop exposée aux vents dominants du nord-ouest,
une digue sera nécessaire : c'est le cas du port de Annaba, Skikda (Stora ainsi
que l'ancien port) et Jijel.
L'abri naturel a été quelques fois à l'origine de la création d'un port, mais la notion
de côte favorable ou défavorable a évolué : le port de Djen-Djen ainsi que celui de
Skikda (pétrolier) sont des ports modernes de construction humaine.
II-2) site des aéroports
La mondialisation de l’économie s’appuie de plus en plus sur le transport aérien.
Le réseau aérien est soutenu par un ensemble d’aéroports. Un aéroport est
généralement muni d’un aérodrome et d’au moins un terminal :
19
• L’aérodrome est le site physique de l’aéroport et comprend les pistes et les
stationnements. Les pistes doivent être d’une longueur suffisante pour permettre
l’accès aux avions commerciaux; un 747 nécessite environ 3 300 mètres. D’autres
caractéristiques telles la pente (moins de 1%), l’altitude (influence la longueur des
pistes par la densité de l’air) ainsi que les conditions météorologiques
(température, précipitation, visibilité, etc.) ont également une part d’influence sur le
site. Enfin, il est à noter au passage qu’une piste affectée au trafic commercial
peut supporter 32 mouvements (atterrissages et décollages) par heure.
III) Le climat et ses conséquences
Comparativement au relief, à considérer comme facteur permanent d’influence sur
les tracés des réseaux, le climat influence plutôt l’utilisation des réseaux à cause
de la périodicité de ses variations. Il peut être un paramètre essentiel :
- Il peut créer des conditions difficiles pendant la phase de construction.
- Il peut créer des problèmes d’exploitation : en régime méditerranéen une simple
averse peut perturber le trafic par des crues d’oueds et des éboulements ou des
glissements de terrain.
- Il pose des problèmes d’entretien : les quelques jours de neige, les inondations
et les pluies détériorent les installations. La sécheresse peut aussi déformer la
voie ferrée.
Si, au total, les moyens de transport se sont fortement affranchis des contraintes
de relief et du sol, ils demeurent néanmoins fortement tributaires des conditions
atmosphériques, surtout au niveau de la circulation.
l'utilisation discontinue du réseau routier
Les perturbations dans le trafic sont d'autant plus importantes que les moyens mis
en œuvre pour construire et exploiter sont faibles.
20
Les interruptions de trafic sont de courte durée (quelques heures) et
irrégulièrement réparties au cours des années pour la partie Nord sous influence
méditerranéenne et sa frange Sud aride. Dans ces régions Sud les routes
empruntent le fond du lit des oueds pour les traverser, faute de ponts. Tout
déclenchement de l'écoulement interdit très vite le passage. En régime
méditerranéen quelques millimètres de pluie suffisent à provoquer des inondations
et à couper les routes.
21
Conclusion
Les données de relief commandent étroitement l’établissement des systèmes de
transport. Ainsi les hautes plaines, les vallées du Saf-Saf et de la Soummam, les
plaines (surtout celle d’Annaba) offrent une grande commodité à la circulation et
influencent pour ainsi dire le sens du déplacement ; alors que l’Atlas Tellien, et
surtout les Aurès font écran à l’établissement des réseaux.
Le climat en pays méditerranéen est décisif pour les régimes des oueds traversés
par des ponts au Nord et des gués au Sud.
22
Chapitre II : l'histoire et la politique : facteurs d'établissement et de
développement des systèmes de transport
Le cadre naturel apparaît donc comme une donnée brute que les hommes, avec
leurs savoirs et leurs capitaux, peuvent utiliser dans leurs intérêts. Les rapports
entre les systèmes de transport et les faits humains sont d'une essence très
délicate : l'homme décide puis réalise les aménagements. Le tracé des voies
ferrées était lié à l'exploitation de l'arrière-pays. La colonisation a ainsi agi en
tenant compte de certaines données économiques et de stratégie militaire.
23
II-1) le poids de l'histoire
L’évolution des transports est d’une grande complexité, elle est liée à l’évolution
spatiale des systèmes économiques. Il est néanmoins possible de synthétiser
cette évolution autour de deux phases majeures reliées à l’histoire de l’Algérie.
A) l'Algérie avant la colonisation
Ce sont des puissances commerciales extérieures qui l'ont intégrée à l'économie
marchande de la méditerranée.
Tout d'abord, et dès le début du premier millénaire avant l'ère chrétienne, les
Phéniciens venus de Carthage, mais originaires de l'actuel Liban, s'installèrent en
de nombreux comptoirs. A la fin de ce millénaire, on assiste à l'établissement de
relations étroites avec les royaumes berbères surtout la Numidie du roi Massinissa
(3eme siècle av. j.c.).
Les berbères occupaient, à cette époque, les hautes plaines du Nord-est algérien
et avaient pour capitale Cirta. C'était un état continental, éloigné des régions
steppiques et de la mer.
Les Romains imposèrent aussi bien à l'Algérie qu'à l'ensemble du bassin
méditerranéen la première forme de structure coloniale. Ils reprirent à leur compte
le réseau routier établi par les berbères et par conséquent l'assise spatiale.
Le réseau romain est d'essence militaire : les routes sont des voies de
surveillance. Ce n'est pas par hasard si les voies de communication de Lambaese
à Sitifis témoignent d'un tel emmêlement : leur densité permettait une
concentration des troupes. La lecture de la carte montre, suivant le degré de
colonisation, une alternance de zones d'inégales densités routières : zones de
resserrement des mailles du réseau dans les régions fortement romanisées :
autour de Theveste, de Cirta et de Sétifis; à l'inverse les mailles s'élargissent dans
24
des régions peu favorables au groupement des agglomérations urbaines et les
routes gagnent en longueur ce qu'elles perdent en densité. Nous pouvons
également remarquer que la présence des secteurs montagneux n'était pas
toujours un obstacle ni à la multiplication des routes ni à la colonisation (région de
Guelma).
Carte n°2. Le Nord-est algérien :Le réseau routier romain
25
Les royaumes arabes du VII au XIV siècle sont concentrés sur des régions très
méridionales: leurs capitales, tour à tour, Tahert, Achir, Kalaâ des Beni Hammad,
Tlemcen, sont toutes situés au contact Tell – Steppe, dans des zones d'échange
entre cultivateurs et pasteurs. Pour comprendre cette position il faut savoir qu'à
cette époque ces Etats avaient bâti leur prospérité sur le commerce de l'or. Ces
capitales, installées au débouché des vallées méridiennes ouvrant vers le Nord,
contrôlaient les flux de ces commerces.
L'orientation vers le Nord apparaît avec les Hammadides quand ils transférèrent
leur capitale de la Kalaâ (Hodna) à Bejaia sur le littoral.
L'arrivée d'une minorité turque au Maghreb central musulman était liée à la
défense de celui-ci contre l'expansionnisme chrétien espagnol. C'est durant cette
époque qu'apparaît l'esquisse spatiale de l'Algérie du Nord en trois entités : les
beylik de l'Ouest, du Centre et de l'Est qui seront repris en suite durant l'époque
coloniale sous forme de départements et marqueront l'organisation spatiale
actuelle.
Ainsi, et à chaque période de son histoire, l'Algérie a vu se développer différents
flux et différentes formes de circulations reposant à chaque fois sur un réseau bien
déterminé.
A l'époque précoloniale les flux de bêtes et de personnes étaient d'une grande
clarté. Ils étaient représentés par deux grands mouvements :
- les échanges entre le Nord et le Sud : sur quelques centaines de kilomètres,
- les échanges entre les massifs montagneux et la plaine : sur quelques dizaines
de kilomètres.
26
Carte n°3. L’Algérie du Nord : Les principaux itinéraires à la fin du 10ème Siècle. D’après Golvin
a) les échanges entre le Nord et le Sud : l'achaba
C'est un mouvement à l'échelle régionale qui liait, et lie toujours, le Tell au Sahara
par une vaste transhumance englobant des bêtes et des hommes à la recherche
de pâturages. Il offre l'occasion aux producteurs de la steppe et du Tell de réaliser
des échanges importants de produits agricoles (céréales surtout).
b) les échanges entre les massifs montagneux et la plaine :
Les échanges entre le massif des Aurès et les hautes plaines ont lieu sur la frange
Sud de ces dernières. Les tribus des montagnes écoulent une grande partie de
leurs produits dans les marchés de la plaine. A l'inverse, les marchés des tribus
sédentaires de la montagne sont fréquentés par les groupes semi-nomades de la
plaine. Dans le Nord-est algérien un certain nombre de souks jalonnent le nord
des Aurès-Nemamcha.
c) les échanges transversaux ouest est :
Un premier flux était représenté par la caravane du pèlerinage à la Mecque. "Du
Maroc où les pèlerins se rassemblent à Taza, la caravane traverse l'Algérie et la
27
Tunisie à la Mecque, si dévot que l'on soit, on participe à la foire immense que
permet les flux des musulmans de tous les horizons. Mousselines et soieries du
Levant, étoffes précieuses de Perse, ambre et épices s'échangent contre les
lainages, les babouches, les bonnets, voire les esclaves noirs par les maghrébins.
Au retour on peut s'approvisionner en soie grecque ou en coton au Caire. Au
terme du pèlerinage, le hadj a doublé le capital emporté au départ…"1 .
C'est surtout le trafic de Constantine vers Tunis qui illustre bien ces échanges.
Une fois par mois, une caravane comprenant 200 à 300 mulets partait pour Tunis.
Au départ on peut relever "vêtements brodés, châles pour turbans, ceintures de
laine et de soie, bonnets, haïks et burnous, fils d'or et d'argent, essence, pipes
dorées, plumes d'autruches, armes de luxe…". Tandis qu'au retour les
chargements sont constitués "d'étoffes précieuses de Constantinople, de tapis
d'Asie mineure, des soierie de Syrie, du café moka…"2.
A la vielle de la conquête ce trafic n'est pas sans importance puisqu'il est estimé
"à un million de francs soit 200 à 250 millions de francs 1955"3.
d) une agriculture archaïque :
Il s'agit d'une agriculture vivrière, dans laquelle la céréaliculture représentait une
part très importante. La superficie agricole cultivée ne dépassait guerre les 15%
de la surface agricole utile dont 90% par les céréales dans les régions telliennes.
Les techniques étaient rudimentaires (araire) et les rendements très réduits.
L'arboriculture était cantonnée dans des secteurs très limités : vergers autour des
grandes villes de Constantine et Annaba, dans le bassin de Mila et dans quelques
vallées de Aurès1.
1 Valensi L in "Le Maghreb avant la prise d'Alger" pages 59 à 68 2 Noushi A in "Constantine à la veille de la conquête" 3 Lacoste Y, Noushi A, Prenant A, in "L'Algérie passé et présent" page 168
28
e) un système de transport primitif :
Au niveau élémentaire d'échanges correspond un système de transport primitif. Il
est constitué de pistes caravanières où le port à dos d'animal est primordial.
Le Maghreb en général n'a connu le routage qu'au XIX siècle par l'introduction de
l'Araba (carrossa), la charrette sicilienne, introduite par les italiens dès l'époque
turque. Elle est restée très peu répandue et utilisée surtout sur de courtes
distances et dans des régions planes telles que les hautes plaines.
Dans les régions accidentées on utilisait le portage à dos d'ânes et de mulets. Les
déplacements se faisaient au pas de l'homme c'est-à-dire de 7 à 8 Km par heure
au maximum, avec un poids transporté de 50 à 1OO kg pour les ânes et les
mulets, et 150 à 200 pour les dromadaires.
L'Algérie a hérité de la période précoloniale de son histoire :
_ Des disparités qui opposent, dès cette époque, les montagnes aux hautes
plaines. Les premières supportent des charges démographiques élevées par
rapport à leurs ressources (20 hab. /km2 dans les Aurès en 1830); les secondes,
dont l'activité associe la céréaliculture à l'élevage (agro pastoralisme) ont des
densités moins fortes (15 hab. /km2 en 1830). Ces dernières, largement dominées
par les citadins, sont mieux exploitées et portent des densités plus fortes (20 à25
hab. /km2 dans le bassin de Constantine en 1830).
_ D'une vie urbaine limitée : on estimait que 5% de la population habitait les villes
qui vivaient des prélèvements liés à l'exploitation de leur arrière-pays. Les profits
réalisés ne génèrent pas d'investissements productifs.
On estimait la population de Constantine à plus de 30 000 habitants en 1830,
alors que celle de Annaba ou Bejaia, sur le littoral, ou celle des villes comme
29
Tébessa, Biskra ou encore M'sila et Mila à 4000 ou 5000 habitants4. Des villes
comme Sétif, ou des ports comme Jijel, n'étaient que de simples garnisons
turques.
Alors, ni le volume des échanges, ni la structure spatiale ne justifiaient
l'introduction d'un mode de transport aussi lourd que le chemin de fer en 1860.
B) l'Algérie sous la colonisation
Sur les 132 années de colonisation on a pu relever deux types de conséquences :
1/ bouleversement de l'équilibre économique de la population par sa dépossession
de la terre et par l'accaparement qui s'en est suivi.
2/ implantation de nouvelles structures économiques capitalistes introduites par et
pour la minorité coloniale à côté des structures traditionnelles.
La politique coloniale consiste à contrôler l'espace en le rendant accessible par
l'introduction de deux éléments que sont :
Les ports : relais de la métropole et points d'appui de la pénétration.
Le chemin de fer : instrument de pénétration et de prélèvement. Il était, en
seconde moitié du XIX e siècle, "le plus sûr agent de conquête et le premier
instrument de règne". C'est ainsi que l'essentiel des investissements à l'étranger
(plus de 70%) des puissances impérialistes a trait à la production primaire
(extraction et agriculture), et aux infrastructures (ports, chemins de fer et routes).
En 1940 les investissements français réalisés en Algérie du Nord se ventilaient
ainsi :
4 Noushi A in "Constantine à la veille de la conquête"
30
Tab.n°1 Les investissements français en Algérie du Nord 1949
Dépenses publiques 22%
Transports 21%
Immeubles 33%
Agriculture 14%
Commerce 3%
Industrie 1%
Source :différents documents des archives wilaya de Constantine
Ainsi le chemin de fer, loin de correspondre à une évolution lente et à un
renouveau, est l’instrument d’un nouvel ordre social et économique.
II-2) l'influence des faits politiques
La politique influence l’évolution des systèmes de transport par le fait que les
réseaux s’inscrivent dans les limites d’un Etat. Ils sont un moyen au service de
l’Etat pour asseoir l’autorité sur tout son espace géographique.
A/ La route élément de cohésion du territoire
A la fois facteur et reflet de l'activité économique d'une région ou d'un pays, les
transports n'échappent pas à l'influence du pouvoir de tutelle. Les décisions prises
dans ce domaine constituent les fondements de la géographie des transports bien
que les choix soient faits en fonction de contraintes physiques, historiques et
parfois techniques, compte tenu des contextes politique, économique et social du
moment.
Le réseau national routier se compose de trois catégories de routes :
• les routes nationales gérées par le pouvoir national
• les routes de wilaya dépendant de la tutelle de la wilaya
• les routes vicinales, contrôlées par les communes avec l'aide des autorités
wilayales ou nationales.
31
Carte n°4. Le Nord-est algérien : Le réseau routier en 2005
Cette diversité des modes de gestion est significative du rôle que le pouvoir
central entend donner à l'infrastructure routière.
Déjà sous l'Empire romain, la construction d'un réseau routier répondait non
seulement à des impératifs stratégiques et miliaires justifiés par la nécessité de
faciliter les déplacements des troupes et le maintien de l'autorité de Rome, mais
aussi à des besoins économiques et administratifs liés au commerce et aux
déplacements des fonctionnaires.
Le développement de la colonisation, qui a provoqué l'éclosion de nombreux
centres urbains, a accentué la nécessité de communiquer avec des régions
éloignées. Pour pallier les insuffisances du rail ce vaste mouvement va d'ailleurs
entraîner la construction de nombreuses routes qui auront à répondre à un souci
de liaison et de desserte à une époque où le pays était colonisé et contrôlé.
L’histoire du tracé des routes est très instructive. Les routes anciennes ne
craignent pas les fortes pentes. Elles coupaient à travers les montagnes. Les
32
routes modernes (coloniales), faites pour le roulage, cherchent les fonds des
vallées. Cette donnée technique a contribué à faire glisser les axes de vie des
hauteurs vers les vallées.
Carte n°5. Le Nord Constantinois :Evolution du tracé routier
C’est ainsi que, entre Collo et Mila, la piste de l’époque turque suivait la ligne de
crête, presque en ligne droite, restant tout le long à environ 1000 m d’altitude.
Aujourd’hui la liaison se fait en empruntant les fonds des vallées de l’oued Rhumel
et celle du Saf Saf.
33
Carte n°6. L’Ouest Constantinois : Evolution du tracé routier
La fortune des villes suivait celle des voies de communication ;El Eulma et
Chelghoum Laïd se développèrent au détriment de Djemila et Mila.
Les routes ont ainsi contribué à renforcer le schéma d'organisation. Au rail
correspondait des points forts : Constantine, Annaba, Batna, Sétif, Tébessa,
Skikda… mais à la route on a plutôt à faire à des aires et des zones fortes. Cette
différence résulte de la nature même de l'infrastructure qui, d'accès et de sortie
libre et facile, d'utilisation souple, permet d'avoir une circulation fluide et le point se
transforme en une aire : région de Constantine, région littorale… Cette
caractéristique propre à la route facilite la diffusion en tâche d'huile et permet
l'homogénéisation de l'espace d'une part et d'avoir un schéma en bandes ou
zones à l'opposé du schéma linéaire du rail d'autre part.
B/ Le rail, facteur d'expansion économique
Au système de production donné répond celui des transports qui constituent le
support et l'ossature du mode de production.
Crée pour l'essentiel par une puissance étrangère, dans un souci de prélèvement
et de colonisation, le système de transport a servi avant tout le fait colonial.
34
L'articulation du rail sur les ports exprime un schéma et détermine une
organisation de type littoral, extravertie et périphérique dont les conséquences
sont loin d'être enrayées. Les ports furent localisés de manière à assurer le
drainage de tout le territoire. Cependant la fortune de chaque port dépendait de la
richesse de son arrière-pays et du pouvoir de son commandement et de
polarisation.
Dès l’origine de la création du rail, en 1860, de grandes compagnies se créèrent
avec l’aide de la puissance colonisatrice : telle la compagnie Bône -Guelma qui
réalisa l’essentiel du réseau algérien et tunisien.
En raison du rôle économique, politique et de stratégie militaire joué par le rail
comme mode de transport, l’Etat français nationalisa le réseau en 1938.
Par ailleurs, les ressources économiques, surtout minières, ont déterminé
l’ossature du réseau.
35
Conclusion
Tous ces faits politico-économiques ont été le point de départ de l’émergence du
réseau de transport actuel qui doit évoluer pour se réadapter aux mutations socio-
économiques de l’Algérie indépendante.
36
Chapitre III) : l’introduction du rail : une nouvelle organisation de l’espace
L'introduction d'un mode de transport massif et moderne va sûrement bouleverser
l'organisation spatiale et rompre l'équilibre précaire existant. Pour être viable, le
rail nécessite un certain seuil de mobilité de la population et des biens et une
maîtrise de l'économie; chose que l'Algérie du XIX siècle était loin de posséder.
37
III-1/ le port: point d’appui
Carte n°7. Le Nord-est algérien : Le réseau ferroviaire en 2005
Les ports sont par excellence le point d’appui de la colonisation, le point de départ
de la pénétration et enfin le relais entre le pays dominé et la métropole du pays
dominant. Dans sa première phase la colonisation n’a pu être que littorale pour
permettre l’exportation des matières premières et le maintien du contact avec la
métropole. De ce fait les ports sont devenus un lieu de rupture de charge entre les
transports maritimes et terrestres, un point de collecte et de stockage des produits
locaux destinés à l’exportation et un centre de redistribution des produits importés.
Ainsi les ports se sont vus attribuer des fonctions importantes et sont devenus par
conséquent des lieux privilégiés de l’équipement colonial.
38
III-2/ l’arrière-pays : lieu de prélèvement
La colonisation a voulu asseoir durablement sa mainmise en installant un grand
nombre de colons agriculteurs. Elle fut confirmée dans ses objectifs car les plaines
étaient peu mise en valeur et peu habitées.
L’arrière-pays n’intéressait la colonisation qu’en tant que lieu de production des
matières premières. A ce sujet le Nord-ouest se révéla plus propice à l’installation
des colons que le Nord-est. La part des Européens dans la population urbaine
était en 1954 de 28% à Constantine contre 49% à Alger et 54%5 à Oran. Les 2/3
des villages de colonisation étaient localisés dans le Nord-ouest algérien qui était
bien pourvu en routes, barrages, ports et villes ; alors que le Nord-Est faisait figure
de région sous-équipée et rurale (40% des terres colonisées s’y trouvaient pour
moins du 1/5 de la population européenne d’Algérie).
III-3) le rail : support et instrument de prélèvement
Dans l’optique coloniale, le rail assurait la liaison entre les ports et l’arrière-pays.
Son sort est étroitement lié à la prospérité de l’arrière-pays.
Ainsi la fonction première du rail a été d’assurer le drainage des matières
premières et de mettre en relation les centres de production agricoles et minières
avec les ports. Cette vocation du rail de relier l’arrière-pays à la mer a déterminé le
tracé : un réseau en « peigne » à cheveux formé d’une série de lignes parallèles
dans le sens nord-sud.
Les différentes lignes devraient répondre à un trafic restreint mais aux visées bien
déterminées. De ce fait l’administration coloniale a recherché dans la réalisation
des voies le trajet le plus court entre le lieu de production (mines, région
céréalière, oasis) et le lieu d’évacuation (ports). Elle a veillé aussi à ce que le tracé
5 M. Cote in « Les prémices d’un aménagement »
39
soit le plus économique possible en évitant au maximum les rampes et les
ouvrages d’art.
Le développement des chemins de fer fut l’œuvre de Napoléon III : le décret
impérial du 8 avril 1857 prévoyait la construction :
- d’une ligne principale parallèle à la côte de Constantine à Oran en passant par
Alger.
- de lignes partant de la ligne principale et aboutissant aux principaux ports :
• Philippeville à Constantine, 87 km
• Bougie à Sétif, 110 km
• Bône à Constantine, 202 km
• Ténès à Orléansville, 58 km
• Oran à Tlemcen par Sidi Bel Abbès, 120 km
• Arzew et Mostaganem à Relizane, 68 km.
Ce plan de développement, le premier des trois qui se succéderont, correspondait
sensiblement au projet présenté dès 1833 par Emile Pereire et soutenu
financièrement par la famille de Rothschild. Trois tronçons devaient être construits
en priorité, d’une part pour permettre l’exploitation des ressources naturelles des
régions concernées et d’autre part pour consolider la présence française en
Algérie. Il s’agit des tronçons :
- Philippeville – Constantine
- Alger – Blida
- Oran – Saint Denis-du-Sig
La construction et l’exploitation de ces tronçons furent concédées à une société
créée pour la circonstance : « la Compagnie des chemins de fer algériens»
(CFA) dont le siége était à Paris. Très rapidement la compagnie connut des
40
problèmes financiers, à cause notamment d’une conjoncture économique difficile
dans toute l’Europe. Dès la fin 1860, de Rothschild proposait de réduire à 300
voire à 250 m les rayons de courbure alors que le cahier des charges imposait des
rayons de 500 m au moins. Cette nouvelle mesure en permettant à la voie de
mieux épouser les reliefs du terrain, et notamment le tracé sinueux des vallées,
supprimait de facto la construction de nombreux ouvrages d’art et permettait ainsi
de faire de substantielles économies malgré l’allongement des lignes. Ce principe
sera retenu pour l’ensemble des voies ferrées en Algérie, ce qui donnera au
réseau son relief tourmenté et nuira à la vitesse de circulation en raison
principalement, sur certaines portions, des fortes déclivités imposées par le
manque de tunnels. La première ligne d’Alger à Blida fut inaugurée le 15 août
1862. La loi du 11 juin 1863 transférait à la « Compagnie Paris-Lyon-
Méditerranée » les tronçons des lignes précédemment concédées à la
« Compagnie des chemins de fer algériens ».
La construction et l’exploitation de la ligne Alger – Constantine furent cédées à la
« Compagnie de l’est algérien ». Les tronçons formant cette ligne furent livrés
entre mai 1879 et septembre1881.
Ainsi s’explique le réseau ferroviaire du Nord-Est algérien, lequel présente un
ensemble formé de trois pénétrantes nord-sud branchées toutes sur des ports et
reliées entre elles par la ligne Tlemcen – Souk Ahras. C’est donc en raison de
considérations purement coloniales que le tracé passe par ou prés des grandes
agglomérations. Cela explique le fait que la seule voie électrifiée de toute l’Algérie
relie le port d’Annaba aux gisements de phosphates et de fer des djebels Onk et
Kouif.
41
les différentes lignes de chemin de fer :
-les lignes de colonisation agricole
• la grande rocade Alger - Constantine
Cette ligne a été construite par tronçon entre 1879 et 1881. Au départ elle est
commune avec celle d’Oran jusqu’à El Harrach. Elle longe ensuite la riche plaine
des Beni Slimane.
• El Guarrah – Touggourt ; 417 km
Cette ligne a été également construite en plusieurs tronçons et à des dates
différentes. La section El Guarrah – Batna a été réalisée en 1879 et avait pour but
de relier les Aurès à Constantine et aux ports de Skikda et Annaba : les Aurès
étant une région d’insurrections. Le prolongement jusqu’à Touggourt, via Biskra,
répondait au souci de drainer les richesses de l’Oued Righ (dattes) et de surveiller
les incursions des grands nomades chameliers. Elle fut construite en 1910.
• Philippeville – Constantine livrée en 1870
• Bône – Constantine, retardée à cause de l’insurrection d’El Mokrani en 1870,
connut une réalisation particulière. Dans un premier temps la concession du
tronçon Bône – Guelma (88 km) fut accordée à la « Société de Construction des
Batignolles » qui fut rebaptisée pour la circonstance « Compagnie de Bône à
Guelma ». cette ligne fut ouverte à la circulation au mois de septembre 1876.
Cette même compagnie obtient également la concession du tronçon de Guelma
au Khroubs (115 km). Ce tronçon sera mis en service entre décembre 1878 et
mars 1879. la liaison finale Le Khroubs – Constantine sera réalisée lors de la
construction du tronçon Sétif – Constantine.
-les lignes minières
42
• Bône – Tébessa : 163 km
Seule voie électrifiée du pays, elle relie le port d’Annaba aux gisements du djebel
Onk, djebel Kouif, Boukhadra, Ouenza : grande région de minerais de fer et de
phosphate. Cette ligne fut concédée à titre de ligne industrielle à la « Compagnie
de Mokta-El-Hadid ». Elle fut mise en service en 1864.
• Jijel – Sidi Maarouf :
Cette ligne desservait la mine de fer de Sidi Maarouf. Construite à écartement
métrique en 1912 elle fut fermée au lendemain de l’épuisement du minerais de fer
en 1937.
C’est ainsi que le chemin de fer, loin de répondre à une évolution lente a été avant
tout un instrument de pénétration et de domination au service du pouvoir colonial.
A une économie vivrière, de troc et en crise, succède une économie primaire,
extravertie et monétarisée. La pénétration sur le marché de produits manufacturés
et l’appropriation des moyens de production ont fait que les trafics soient avant
tout européens : système bancaire, crédit, techniques… Un nouvel ordre
s’installe : celui de l’exploitation.
43
Conclusion
Le chemin de fer a été ainsi l’instrument qui a permis d’asseoir une nouvelle
organisation spatiale, c’est-à-dire littorale et périphérique. L’articulation entre les
ports et le rail a placé l’espace algérien sous la domination coloniale qui l’a intégré
malgré lui dans le système du commerce international.
Le rôle assigné au rail, dès son apparition, c’est-à-dire l’orientation vers une
production primaire et extravertie, apparaît aujourd’hui comme une force de
résistance à toute restructuration harmonieuse de l’espace.
Les pouvoirs publics font tout pour remettre en cause cette situation héritée. Les
découpages administratifs, les localisations des activités économiques vont dans
ce sens. Mais ce ne sont là que quelques tentatives de retour sur soit et sur le
passé car les facilités que représentent la concentration sur le littoral et les
difficultés à s’opposer à l’héritage légué par la puissance coloniale constituent un
frein puissant.
44
Chapitre IV : l’offre de transport : Le contenant
Moyen de dominer l’espace, les transports sont utilisés par les partenaires du jeu
économique pour établir des chaînes de relations et d’échanges.
Mais cette équation dépend de l’offre de transport qui est une notion qui recouvre
de nombreux éléments, telles les infrastructures, l’accessibilité, la fréquence, la
capacité et la vitesse des moyens de transport.
En fait nous pensons, pour le cas que nous étudions, que les infrastructures
constituent l’élément essentiel de l’offre. La demande, quant à elle, est une notion
très complexe, elle concerne aussi bien les voyageurs que les marchandises. Elle
est avant tout fonction de l’offre.
45
IV-1/ Présentation des modes de transport
En Algérie, l’essentiel du transport, tant de marchandises que de voyageurs, se
fait par voie terrestre et plus particulièrement par la route. Cependant, il faut
signaler que, les autres modes de transport utilisés, concernent le maritime, le
ferroviaire, l’aérien et le transport par canalisations. Voyons tout d’abord la
situation et le rôle de la route dans l’activité économique et social du Pays.
1/ Le cadre juridique
Loi portant Orientation et Organisation des Transports Terrestres
Loi 01 ––13 du 7 Août 2001
La loi a introduit la concession qui peut porter soit sur
•L’exploitation technique et commerciale de tout ou partie des services de
transport ferroviaire de voyageurs et ou de marchandises;
•La gestion des infrastructures ferroviaires de tout ou partie du réseau ferroviaire
national;
•La gestion des infrastructures ferroviaires de tout ou partie du réseau et sur
l’exploitation technique et commerciale des services de transports ferroviaire de
voyageurs et de marchandise sur la même partie du réseau;
2/ Les institutions qui gèrent le transport
Avant d’aborder la fonction « transport », disons d’abord qu’en Algérie, les
infrastructures de transport sont, selon leur type, régies différemment. C’est ainsi
que :
a) les routes, les autoroutes et leurs dépendances sont développées, gérées,
exploitées et entretenues par les services relevant du Ministère des Travaux
Publics,
46
b) le chemin de fer est développé, géré, exploité et entretenu par les services
relevant du Ministère des Transports, en l’occurrence par la Société Nationale des
Transports Ferroviaires (SNTF) et ses filiales.
c) les infrastructures maritimes et aéroportuaires sont développées et entretenues
par les services du Ministère des Travaux Publics et gérées et exploitées par ceux
du Ministère des Transports. Cependant, au niveau des ports et des aéroports, les
installations terminales sont du ressort exclusif du Ministère des Transports.
Quant à l’activité Transport, elle est gérée administrativement à deux niveaux :
Ø au niveau Central par le Ministère des Transports dont le rôle est de
réglementer, de réguler et de contrôler les activités destinées à assurer, entre
autre, le transport des personnes et des biens par voies terrestres, routières et
ferroviaires.
Le Ministère des Transports est, en outre, chargé de la mise en œuvre des
mesures tendant à assurer la coordination et l’harmonisation dans l’activité des
opérateurs publics et privés dans les différents domaines du transport....
Ø au niveau local par les Directions des Transports de Wilaya, représentant leur
Ministère de tutelle. Il en existe 48 à travers le territoire national dont le rôle est de
gérer, d’organiser, de réguler et de contrôler l’activité.
3/ Organisation du transport routier
Après avoir constaté la multiplication des violations et des irrégularités en matière
de transit, l’Algérie a suspendu, depuis 1992, l’application de la réglementation sur
le Transit International Routier (TIR), ce qui a considérablement limité l’utilisation
de la Route Transsaharienne et des ports méditerranéens. Il en est de même pour
le transit de véhicules de tourisme. Un trafic important a été constaté entre
l’Europe et, plus particulièrement la France, et les pays du Sahel. De véritables
47
réseaux de voitures volées en Europe se sont constitués pour écouler leurs butins
dans les pays sub-sahariens. Une partie de ces voitures était écoulée en Algérie
soit en l’état soit en pièces détachées.
Concernant la sécurité routière, l’Algérie se situe parmi les pays les plus
accidentogènes du Monde. On enregistre en moyenne 10 morts par jour sur les
routes algériennes6. A titre de comparaison, l’Algérie compte autant de morts sur
les routes par an qu’au Royaume Uni qui possède un parc automobiles dix fois
supérieur.
Le transport terrestre est l’un des moyens de transport le plus usuel en Algérie.
Que ce soit pour les voyageurs ou pour les marchandises, pas moins de 95%
empruntent quotidiennement la route. Mais dans quelles conditions ?
Au niveau national et en 1988, il y avait 95% d’entreprises étatiques et 5% de
privé7. Actuellement, au niveau régional le transport routier de marchandise et de
voyageurs est assuré à 90% par le privé. Malheureusement, il n’y a pas
d’entreprises qui gèrent le secteur mais plutôt de nombreux petits opérateurs. Ce
qui représente 346 véhicules pour 302 opérateurs , c’est-à-dire 1,14 véhicule par
opérateur.
Il est à noter que, contrairement aux opérateurs du marché de transport actuel, les
entreprises publiques étatiques disposaient quant à elles de véritables structures
parfois relativement bien organisées avec des services d’administration,
d’exploitation et de maintenance.
l’Etat algérien s’est retiré et a opéré une ouverture du marché des transports à
l’initiative des privés. il y a une anarchie qui s’est installée avec l’arrivée des
6 Cf. Le journal El Watan du 14/1/2004 7 Rapport annuel Ministère Des Transports 2004
48
opérateurs de l’emploi de jeunes qui ne connaissent pas le métier ni les lois. Les
prestations qu’offre ces derniers sont très en deçà des attentes citoyennes.
La première conséquence de l’ouverture du secteur des transports aux privés a
été l’augmentation de l’offre. De 1988, année de la libéralisation à 2005, et rien
qu’en matière de transports interurbains de voyageurs (taxis non compris), le parc
régional a accusé une augmentation de 258% passant de 134 véhicules à 3468
véhicules tous types confondus et rendant ainsi les moyens de se déplacer
relativement disponibles. Le parc routier de voyageurs offre une capacité de
20700 places pour une population de 8126300 ; ce qui donne un siège pour 393
personnes.
Mais cet accroissement notable de l’offre s’est fait, malheureusement, d’une
manière très peu contrôlée. En plus, ce développement du nombre d’opérateurs et
des capacités d’une manière générale semblent évoluer vers une surcapacité de
l’offre de transport.
Eu égard à la pénurie des moyens de transport caractérisant la période d’avant la
libéralisation, l’offre actuelle a pu répondre en grande partie aux besoins des
déplacements des citoyens.
IV-2 les infrastructures
1. Ressources humaines consacrées à la gestion du transport
L’activité « transport » est prise en charge au niveau de chaque Direction des
Transports de Wilaya par un service des transports terrestres composé des
bureaux de transport de voyageurs, de marchandises et de circulation routière.
L’aspect « contrôle de l’activité » est assuré par des inspecteurs de transports
terrestres.
8 Dépouillement statistique pour les 17 wilaya de la région à partir de l’annuaire statistique du Ministère des Transports 2004.
49
Il convient de signaler, en outre, que l’activité de transport routier de voyageurs et
de marchandises représente, au niveau national, plus de 500.000 emplois directs
entre chauffeurs, receveurs et convoyeurs, en plus de milliers d’emplois indirects
tels que les mécaniciens, électriciens auto etc...
Le Ministère des Transports a introduit, récemment, une nouvelle réglementation
qui impose un contrôle technique périodique des véhicules. Cette action a permis
de créer un nombre important d’ateliers de contrôle et, de là, de milliers d’emplois
directs.
Il faut rappeler que l’essentiel des transports est assuré par le réseau routier, qui
supporte plus de 85% des volumes transportés ; la répartition annuelle étant de :
• 20 milliards de tonnes.Km pour les marchandises,
• 13 milliards de voyageurs.Km pour les passagers9.
2. Situation du secteur routier
Les éléments de la politique nationale dans le domaine des travaux publics, et
plus particulièrement les routes et les autoroutes, sont élaborés et proposés par le
Ministre des Travaux Publics qui assure le suivi et le contrôle de leur mise en
œuvre dans une perspective de développement durable.
L’article 4 du décret exécutif fixant les attributions du Ministre chargé des Travaux
Publics précise que la conception, l’élaboration, le suivi et le contrôle des mesures
techniques, administratives, économiques et réglementaires pour la réalisation et
la maintenance des infrastructures routières (et autoroutières), maritimes et
aéroportuaires et la conservation du domaine public routier et maritime relèvent du
champ de compétence du Ministre.
9 Rapport annuel Ministère des Transports 2004
50
Avec les autres secteurs et organismes concernés, le Ministre des Travaux
Publics participe à l’élaboration des plans de transports et de circulation, aux
règles définissant la signalisation routière et les conditions et modalités de sa mise
en œuvre.
L’Administration routière relevant du Ministère des Travaux Publics est composée
de :
− deux Directions au niveau Central (la Direction des Routes et la Direction de
l’Exploitation et de l’Entretien Routiers),
− une Agence Nationale des Autoroutes,
− 48 Directions locales, à raison d’une par Wilaya,
− 257 subdivisions, à raison d’une par Daïra,
− 333 Unités d’Intervention Routières (UIR), dont :
→ 318 unités sur le réseau revêtu,
→ et 15 unités sur les pistes sahariennes.
A/ la route
L’Algérie dispose d’un réseau routier relativement important d’une valeur
économique estimée de 7 milliards de dollars US10.
Totalisant plus de 104.700 Km, il assure à lui seul plus de 80% du transport de
marchandises et de voyageurs. Le réseau économique de base, d’un linéaire de
10.000 Km environ, contribue à hauteur de 85% dans le transports de
marchandises et 93% pour le transport de voyageurs.
10 Rapport Banque Mondiale 1994, rubrique Algérie
51
Tab. N°2 Le réseau routier algérien se présente aujourd’hui comme suit
Routes Nationales Chemins de Wilayas Chemins Communaux
Niveau national Nord-est algérien Niveau national Nord-est algérien Niveau national Nord-est algérien
23 397 3 979 21 005 2 970 29 385 5 989
Source : Ministère des travaux publics 2005
Tab. N°3 L’état du réseau routier du Nord-est algérien se présente comme suit :
Bon (Km) Ratio % Moyen (Km) Ratio % Mauvais (Km) Ratio %
RN 1 791 45 1 276 32 915 23
CW 861 29 1 128 38 980 33
CC 1 078 18 1 497 25 3 414 57
Total 3 730 28 3 901 29 5 309 43
Source : Ministère des travaux publics 2005
La longueur totale du réseau routier du Nord-est algérien est de 12940 km.
Cependant, 41% du réseau de routes revêtues est en mauvais état. Cette
situation reste préoccupante puisque, même si ce taux a baissé durant les 6
dernières années passant de 46 à 41%, le pourcentage du réseau en bon état a
lui aussi baissé de 3%.
On constate que le réseau de routes revêtues en bon état représente à peine
29%, alors que la moyenne, dans les pays développés, avoisine les 80%. C’est
dire toute l’ampleur de la tâche qui reste à accomplir pour atteindre un niveau de
qualité appréciable.
Ce réseau s’articule autour de six axes stratégiques :
o Les trois rocades Est-Ouest :
- El Tarf - Tlemcen via Annaba – Constantine – Alger- Oran (1194 Km) dans la
frange Nord ;
- Tébessa – Tlemcen via M’Sila et Tiaret (1053 Km) au Nord des Hauts Plateaux ;
52
- Tébessa – Bougtob via Djelfa et El Bayadh (900 Km) au Sud des Hauts
Plateaux;
o Une pénétrante Nord-Sud.
- Constantine-Djanet via Bislkra, Ourgla et illizi (1938 Km) à l’Est.
Dans le cadre de la mise en oeuvre de la politique du secteur dans le domaine
des infrastructures routières, le ministère des Travaux Publics a réalisé l’étude du
schéma directeur routier et autoroutier couvrant la période 2002 à 2020.
Cette étude portant sur le développement du réseau principal jusqu’à l’horizon
2020 est en voie de finalisation au ministère des travaux publics. La lecture des
résultats partiels indique que les aménagements proposés, concernent la
constructions de l’autoroute Est/Ouest avant l’année 2010, la rocade des hauts
plateaux (environ 1000 km)) ainsi que le développement des axes côtiers et
l’extension de capacité des pénétrantes Nord-Sud, au delà. Les 17 wilayas du
Nord-est algérien représentent 2,6% du territoire national et abritent 26% de la
population totale. Elles sont desservies par un réseau routier relativement dense
dont 12 940 Km supportant près de 15% de l’activité routière nationale (exprimée
en véhicules x kilomètres/an) dont la moitié par l’axe Annaba – Constantine -
Alger, et Skikda – Constantine – Batna - Biskra constitué essentiellement par les
routes nationales (N°3 , N°5 et N°44). Ces dernières connaissent, depuis un
moment, des problèmes de saturation sur la plupart des tronçons et plus
particulièrement à l’entrée des grandes agglomérations. Ces problèmes, appelés à
s’aggraver et à s’étendre, font l’objet de programme en cours, de décongestion
des grandes agglomérations Toutes les études et particulièrement celles
entreprises par l’Agence Nationale des Autoroutes ont conduit à la nécessité de
53
réaliser, sur cet itinéraire, une autoroute en site propre, devant s’inscrire dans
l’autoroute maghrébine.
Le programme de développement du réseau principal consiste en majorité en des
travaux de renforcement et de modernisation des routes existantes et le
dédoublement de quelques axes. Le financement de la construction et de
l’entretien des routes est du ressort de l’Etat.
les crédits budgétaires alloués aux routes au cours des années 2000-2005
représentent près de 1% du PNB, ce qui est faible en comparaison aux normes
internationales selon lesquelles le ratio devrait être de l’ordre de 1,5% du PNB.
Les ressources consacrées à l’entretien des routes sont insuffisantes : elle ne
permettent d’entretenir annuellement que 500 Km des routes nationales, soit 2%
du réseau principal, l’ensemble du réseau routier accuse du retard dans
l’entretien.
En ce qui concerne le financement de la construction des routes et autoroutes, le
gouvernement recherche la participation du secteur privé local ou étranger. Une
tentative de faire participer le secteur privé au financement de l’autoroute Est-
Ouest s’est avérée infructueuse ; la réalisation de cet ouvrage sera donc prise
entièrement en charge par l’Etat.
Après cette présentation du réseau routier, il est utile d’analyser l’évolution récente
de ce réseau et les moyens financiers qui lui ont été consacrés depuis 1998 ;
à livraison des infrastructures :
Les programmes de développement engagés par l’Etat, ces dernières décennies
dans le domaine des routes, se sont attachés à satisfaire, entre autre, les besoins
en désenclavement des régions isolées. Cette politique visait, en premier lieu, à
offrir aux populations concernées, les conditions de vie satisfaisantes de façon à
54
limiter l’exode rural qui a montré ses méfaits sur l’économie nationale et, plus
particulièrement, sur l’agriculture. C’est ainsi que, depuis 1998, le secteur des
travaux publics à entrepris les actions qui ont permis les réalisations suivantes :
Tab. N° 4 Le Nord-est algérien :Programmes engagés par l’Etat
Années Routes (km)
Ouvrages d’art
Construction Renforcement Total Nombre - Total
1998 38 216 254 3
1999 52 170 194 5
2000 145 295 440 4
2001 25 141 166 8
2002 18 27 45 6
2003 9 61 70 3
2004 16 58 74 4
2005 41 233 274 6
Source: Ministère des travaux publics 2006
0
50
100
150
200
250
300
Kilo
mèt
res
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Années
Fig,n°1: Le Nord-est algérien: Situation du réseau routier
Construution renforcement
Source : Ministère des travaux publics 2006
55
à les moyens financiers consacrés à la route :
Les investissements ont connu une relative stabilité en dinars courants entre 1998
et 2000 avant de s’améliorer nettement en 2001 et en 2005. Le tableau et le
graphique suivants donnent l’évolution des investissements pour le
développement des routes et des budgets consacrés à l’entretien routier.
Tab. N°5 Le Nord-est algérien : Evolution des investissements (en milliards de DA courants)
Années Investissements Entretien TOTAL
1998 6.500 1.630 8.130
1999 7.957 2.000 9.957
2000 9.970 2.250 12.220
2001 14.200 2.234 16.434
2002 9.077 2.275 11.352
2003 11.283 2.276 13.559
2004 13.500 3.500 17.000
2005 21.700 5.000 26.700
Source: Ministère des travaux publics 2006
56
Fig. n°2: Dépenses en investissement et entretien 1998 - 2005
0
5000
10000
15000
20000
25000
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Années
Mill
ions
de
DA
Investissements Entretien
Source : Ministère des travaux publics 2006
Le tableau suivant représente la part des investissements consacrés à la route par
rapport au budget d’équipement national depuis 1998 :
57
Tab. N°6 Le Nord-est algérien :Rapport Investissements/ Budget d’équipement (en milliards de DA)
Années Investissement dans les Routes Budget d’Equipement Taux (%)
1998 8,130 235,9 3,45
1999 9,957 285,9 3,48
2000 12,220 297,8 4,10
2001 16,434 275,7 5,96
2002 11,352 245,7 4,62
2003 13,559 265,8 5,10
2004 17,000 318,9 5,33
2005 26,700 462,5 5,77
Source: Ministère des travaux publics 2006
On constate que la part consacrée à la route, aussi bien pour le développement
que pour l’entretien, évolue timidement depuis 1998. Cependant, elle reste bien en
deçà des besoins nécessaires.
3. Rôle des transports routiers dans l’économie nationale
A l’instar des autres pays, le transport routier joue un rôle important dans
l’économie nationale, en participant activement au développement des secteurs
économique, industriel, social et culturel.
Il est omniprésent dans la vie quotidienne des citoyens, qu’il s’agisse d’accès aux
matières premières, de l’approvisionnement des usines et des exploitations
agricoles ou de la distribution des produits de consommation dans les
agglomérations et des localités isolées.
S’agissant du trafic de voyageurs, la demande de transport exprime, dans une
large mesure, des besoins sociaux, tant familiaux que de loisirs (déplacements
quotidiens des citoyens à destination de leur lieu de travail ou pour des besoins
d’études, d’affaires, de détente...).
58
Il représente ainsi, un facteur de développement et de désenclavement.
Le parc routier de transport de marchandises représente en 2005 dans le Nord-est
algérien 392 000 tonnes en charges utiles offertes (1.960.000 au niveau national),
soit 38 800 véhicules tout type confondu (194.000 au niveau national). Pour
surmonter le problème du financement de l’entretien et de l’investissement dans le
réseau routier, le gouvernement envisage de créer un fonds routier qui sera
alimenté par les redevances des usagers de la route.
Le parc national automobile, qui augmente de plus de 100.000 véhicules/an, est
estimé actuellement à plus de 3 millions de véhicules tout types confondus.
Tab. N°7 Parc automobile du Nord-est algérien au 31/12/2005
Genre de véhicules Nombre %
Véhicule de Tourisme 341 675 58,34
Camions 59 625 10,18
Camionnettes 122 504 20,92
Autocars/Autobus 7 386 1,26
Tracteurs Routiers 8 876 1,51
Tracteurs Agricoles 24 089 4,11
Véhicules Spéciaux 573 0,13
Remorques et Semi-remorques 18 994 3,24
Motos 1 849 0,31
TOTAL 585 571 100,00
source : Office National des Statistiques
4. Contraintes du transport routier
Le transport routier est confronté à plusieurs contraintes d’ordre organisationnel et
infrastructurel :
59
à l’existence d’opérateurs disposant d’un seul véhicule, opérant par des
méthodes de travail artisanales sans perspective de développement à moyen et
long termes,
à la non qualification associée à une méconnaissance totale de la réglementation
de la majorité des opérateurs de transport et de leur personnel dans leur domaine
d’activité,
à l’inadaptation et l’inadéquation du matériel et des équipements utilisés à la
nature des prestations fournies,
à l’insuffisance d’infrastructures d’accueil tant pour les voyageurs que pour les
marchandises souvent dépourvues des aménagements et de commodités requis,
ce qui se traduit par des difficultés d’organisation de l’activité des transports
routiers et une mauvaise prise en charge des usagers,
à l’absence de ressources et de compétences permettant aux collectivités locales
la prise en charge des missions qui leur sont dévolues en matière d’organisation
des transports (plan de transport, plans de circulation, gestion des réseaux de
transport urbain) et de la réalisation des infrastructures d’accueil,
à la détérioration de la notion de service public sous l’effet conjugué de la
recherche de la rentabilité et du désengagement progressif de l’Etat en termes de
financement et d’encadrement de l’activité. Ceci a notamment entraîné, dans les
grandes agglomérations, la dislocation des réseaux des transports urbains
(atomisation de l’offre, rupture de charges...).
A l’effet de pallier ces contraintes, les pouvoirs publics ont introduit, à la faveur de
la loi N° 01-13 du 07 août 2001 portant Orientation et organisation des transports
terrestres, de nouveaux mécanismes tendant à professionnaliser l’activité et à
60
ouvrir l’investissement aux opérateurs privés en matière de réalisation
d’infrastructures d’accueil.
5. Politique actuelle de développement de l’infrastructure routière
Bien que disposant d’un réseau routier relativement important l’Algérie affiche la
ferme volonté d’engager des actions d’extension de ce réseau à la mesure de ses
capacités économiques et de ses besoins en développement.
D’autre part, toutes les études engagées ces dernières années confirment que la
route conservera une part très importante dans le transport, même dans le cas
d’un développement volontariste des autres modes de transport et, plus
particulièrement le chemin de fer, qui sera plus complémentaire que concurrentiel.
C’est ce qui ressort, aussi, des résultats du Schéma Directeur Routier et
Autoroutier (2002-2020).
A cet effet, outre la sauvegarde du patrimoine routier qui constitue l’une des
priorités du secteur, les actions suivantes seront engagées à court et moyen
termes :
a) l’achèvement, avant 2009, de l’Autoroute Est - Ouest, reliant les frontières
algéro-tunisienne et algéro-marocaine sur un linéaire de 1.216 Km. S’inscrivant
dans le cadre de l’Autoroute de l’Unité Maghrébine, ce projet, structurant et
stratégique, permettra de répondre à la demande sans cesse croissante du trafic
évalué aujourd’hui, sur les routes nationales RN04 et RN05, à plus de 20.000
véhicules par jour dont 30% de poids lourds. Actuellement, environ 200 Km sont
exploités ou en construction, et plus de 100 Km en cours de lancement,
b) le désenclavement des régions des Hauts Plateaux et du Sud (1.000 Km
annuellement),
61
Nous avons déjà signalé que la route n’a pas toujours bénéficié de la priorité lors
des arbitrages budgétaires ; aussi, et pour s’assurer de ressources régulières, le
secteur des Travaux Publics a proposé la création d’un Fonds Routier qui a été
consacré par la loi de finances 2000 puis transformé en Fonds Routier et
Autoroutier en 2001.
Les recettes de ce fonds proviennent, entre autre, :
− de subventions de l’Etat,
− d’une partie du produit de la vente de la licence GSM (téléphones portables),d’un
demi dinar (50 centimes) sur chaque litre de carburant vendu ; quant aux
dépenses, si à l’origine, le fonds était destiné essentiellement à l’entretien des
routes, après sa modification, il devra financer également certaines actions de
développement routier et autoroutier.
c) le lancement en 2009 des travaux de construction de la Rocade des Hauts
Plateaux. Il s’agit d’une autoroute en 2 x 2 voies, longue de 1.300 Km environ
parallèle à l’Autoroute Est-Ouest et située à une centaine de kilomètres au Sud de
cette dernière. Elle reliera Tébessa - Batna - M’Sila - Tiaret - Saïda et le Sud de
Tlemcen.
B/ Le chemin de fer
Depuis 1997, la SNTF est organisée en 4 régions Alger, Oran, Constantine et
Annaba, ayant chacune une compétence sur leur territoire respectif. Les activités
connexes ont été filialiseés ; 9 filiales d’engineering, de travaux et de services
détenues à 100% par la SNTF sont actuellement opérationnelles.
L’activité " transport de céréales " est confiée à une filiale commune SNTF/OAIC ;
celle qui concerne le " transport de carburant " sera bientôt confiée à une filiale
62
SNTF/NAFTAL. Le projet de création d’une filiale de transport de minerai de fer et
de phosphate est au stade des discussions entre la SNTF et FERPHOS et SIDER.
1- Organisation
En 1963, le Gouvernement algérien a pris 51 % des actions de la SNCFA en vertu
du décret n° 63-183 de 1963.
La SNCFA est restée, cependant, régie par les mêmes statuts jusqu'à la mise en
œuvre de la GSE en 1976.
Par ordonnance n° 76-28 du 25 mars 1976, la SNCFA a donné naissance à la
SNTF pour l’exploitation, au S.I.F pour les études et la réalisation et au SNERIF
pour la réalisation des infrastructures, ces deux dernières sociétés ayant eu une
durée éphémère.
En 1986, la restructuration organique de la SNTF confie la réalisation des travaux
à une nouvelle entreprise de réalisation d’infrastructures ferroviaires (INFRAFER),
érigée en EPE en 1989.A partir de 1988 des relations contractuelles Etat/SNTF
ont fait l’objet d’une convention qui reconnaît le rôle de service public à la société
avec des contreparties financières.
Depuis la SNTF, dotée du statut d’EPIC par le décret n°90-391 du 02-12-90, a été
chargée de l’extension et de la modernisation des infrastructures, matériels et
installations ainsi que de leur exploitation et maintenance.
Missions trop importantes et enchevêtrées qui n’ont pas permis à la SNTF de
trouver son équilibre entre les actions strictement à caractère commercial et le
poids des sujétions de service public. Des dispositions de cette convention, il
ressort que la SNTF doit recevoir de l’Etat :
- une compensation pour les sujétions de service public, notamment sur les lignes
déficitaires et l’insuffisance tarifaire subséquente,
63
- une compensation pour les transports gratuits et les tarifs réduits accordés à
certaines catégories de voyageurs,
- une contribution aux dépenses d’entretien de la voie, des ouvrages d’art et des
installations de sécurité,
- une contribution au titre du gardiennage des passages à niveau
- le financement, sur concours définitif de l’Etat, des investissements relatifs aux
études, réalisation, renouvellement et modernisation des installations fixes du
chemin de fer.
2 - Exploitation.
Concernant le transport de voyageurs, le tableau ci-contre met en évidence que
pour l’année 1995, il y a eu 41 millions de passagers dont 75% ont été constitués
par le trafic de banlieue.
64
Tab. n°8 Trafic de la SNTF( niveau national)
Désignation 2000 2005
Trafic banlieue NB Voyageurs 14.296.063 13.387.400
Voyageurs KMS 292.221.967 251.170.293
Distance MOY. 20 KM 19 KM
Trafic des
abonnements
NB Voyageurs 5.487.288 4.216.328
Voyageurs KMS 104.967.928 75.167.036
Distance MOY. 19KM 18 KM
Trafic des
conventions
collectivités
NB Voyageurs 18.360.000 13.178.812
Voyageurs KMS 386.728.500 250.679.368
Distance MOY. 21 KM 19 KM
Trafic des
grandes lignes
NB Voyageurs 12.024.797 9.649.273
Voyageurs KMS 1.409.416.555 975.281.376
Distance MOY. 117 KM 101 KM
Trafic
international
NB Voyageurs 72.500 35.967
Voyageurs KMS 40.675.681 21.258.100
Distance MOY. 560 KM 591 KM
Trafic total NB Voyageurs 50.240.738 40.467.780
Voyageurs KMS 2.234.010.631 1.573.556.173
Distance MOY. 44 KM 39 KM
Source : SNTF 2006
S’agissant du transport de marchandises, l’évolution du trafic de 1993 à 2005, est
indiquée dans le tableau suivant.
65
Tab. n°9 Evolution du trafic de voyageurs et de marchandises (niveau national)
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Nbre de
voyageurs
V/km (106)
30
2070
40,1
1909
46,5
2035
43,3
1972
44,8
2439
52,5
2724
53,7
2991
57,8
3192
58,4
2904
58,5
3010
50,2
2234
40,5
1574
44,5
1826
Nbre de tonnes
T/km (106)
10,3
2478
11,5
2647
12,4
2934
12,8
2937
13,1
2814
12,6
2703
12,4
2690
11,9
2710
11,1
2522
9,7
2296
9,4
2261
7,9
1946
8,5
2146
Source : SNTF 2006
En 2005, les 8,5 tonnes de marchandises transportées se décomposaient en :
Carburants : 25% ;
Minerais : 24% ;
Céréales : 13% ;
Marchandises diverses : 38%.
Le parcours moyen de transport de marchandises est de 230 km ; 75% du
tonnage transporté est constitué de vrac ; le minerai et les phosphates
représentent 34% du tonnage et près d’un tiers du trafic est assuré par le ligne
minière Annaba – Djebel-Onk. La situation vécue ces dernières années en termes
de crise économique et de dégâts subis par le réseau, de l’ordre d’une dizaine de
milliards de DA, explique la baisse en 2004 par rapport à 2005, de 19% et 15%,
respectivement. Depuis 1993 une certaine diminution des transports commerciaux
et du transport des minerais et phosphates est constatée. Le tonnage de 1995
équivaut à 60% de celui enregistré en 1988.Quant aux résultats financiers, un
bilan consolidé au 31.12.04 fournit les résultats ci-après .
66
Recettes : 2.683 MDA dont 27 % trafic voyageurs et 73 % trafic marchandises
Autres : 30 MDA = diverses prestations
2.100 MDA = contribution de l’Etat
Répartition des recettes des trafics par région
Tab. n°10 SNTF : Répartition des recettes par région
Voyageurs Marchandises Ensemble
Est 27% 68% 47.5% Poids de la ligne minière
Centre 55% 10% 32.5% Poids de la Capitale
Ouest 18% 22% 20%
Source SNTF 2004
L’évolution des résultats financiers, se rapportant notamment aux chiffres
d’affaires, aux subventions de l’Etat, aux charges d’exploitation et aux frais du
personnel, est précisée par le tableau suivant qui en donne un état de
l’endettement de la SNTF qui se confirme d’année en année et ce depuis fort
longtemps.
L’endettement de la SNTF a évolué comme suit (en millions de DA)
Tab. n°11 Evolution de l’endettement de la SNCF
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
2426 3.251 4.454 5.645 5.756 5.775 5.303 7.413 7.228 12617 14121 6720 7200
Source SNTF 2006
67
IV-3/ Analyse topologique et caractéristique des réseaux
A/ Analyse topologique
La notion de réseau, très utilisée de nos jours, englobe des significations
différentes selon les démarches retenues.
Ainsi, en adoptant une approche géographique ; « le réseau représente un
ensemble d’axes et de nœuds qui sont l’œuvre des pouvoirs publics mis en place
par les sociétés humaines dans un espace humanisé, le territoire11 ». La
connaissance objective du réseau est obtenue à partir du nombre de nœuds et
d’arêtes. Ces indicateurs nous procurent des informations sur les caractères du
réseau. Dans cette approche le réseau idéal serait celui qui assurerait une
distance minimale entre chaque point du territoire et les lieux d’accès à
l’infrastructure : les gares, les ports et les aéroports.
Tout développement, qu’il soit économique ou social, est toujours relayé par une
intensification des transports (des biens et des personnes). Les réseaux de
transport insuffisants peuvent donc constituer un facteur de blocage au
développement.
Les équipements de transport du Nord-est algérien sont-ils suffisants et
répondent-ils aux exigences du développement économique régional ?
Le réseau algérien est certes développé par rapport aux autres pays africains et
arabes, mais ne constitue pas pour autant une trame suffisamment complète.
Pour l’étude des réseaux nous allons nous appuyer sur l’analyse topologique.
C’est une méthode de techniques d’analyse qui repose sur un ensemble d’études
et de raisonnements mathématiques dont la plus importante est la théorie des
graphes développée dans les années 1950 par Garrisson et Kansky12.
11 Wolkowitch in Géographie des transports p. 51 12 Cf. annexe2
68
Ainsi les réseaux ferroviaires et routiers du Nord-est algérien peuvent être
représentés par un graphe où les gares, les villes, les intersections sont
représentées par des nœuds. L’existence d’une relation routière ou ferroviaire est
représentée par une ligne ou arête. Dans ce cas chaque ville ou village est
comptée comme nœud ; il s’agit alors d’un graphe symétrique dans la mesure où
l’existence implique la circulation dans les deux sens.
1. Structure des réseaux
Vingt-quatre nœuds pour le rail et soixante-dix-huit pour la route ont été arrêtés
pour l’étude de ces réseaux. Ont été considérés comme nœud :
- les centres urbains reliés par rail
- les grandes gares en trafic
- les points terminaux
- les villes de plus de 30000 habitants
- les intersections (dans la mesure où il s’agit d’un graphe planaire).
A partir de ces éléments du graphe, que sont les nœuds et les arêtes, nous
pouvons calculer des ratios et des indices pour analyser la structure du réseau.
Ces indices sont des méthodes qui impliquent la comparaison de mesures avec
d’autres.
Soit :
V : le nombre de nœuds
E : le nombre d’arêtes
P : le nombre de sous-graphes, dans le cas d’un graphe connecte P=1
Nous pouvons ainsi distinguer :
69
- le nombre cyclomatique (u). Il indique le nombre maximal de cycles
indépendants13 et il est calculé à partir de la formule suivante :
PVEU +−= )(
Leur existence est importante dans la mesure où ils sont plus économiques que
les culs sacs aussi bien pour l’exploitant que pour l’usager et sont un indice de
connexité du réseau.
Pour le cas du réseau ferroviaire du Nord-est algérien nous avons :
U=(23-24)+1=0
Tandis que pour le réseau routier :
U= (186-78) +1=98
L’absence de cycles pour le réseau ferroviaire, qui est du fait a été peu coûteuse
pour le constructeur, en l’occurrence le pouvoir colonial, est néfaste pour l’usager
d’aujourd’hui qui est obligé de faire de longs détours14, ce qui est synonyme de
perte de temps et d’argent.
- l’indice de détour
C’est le rapport entre la distance rectiligne et la distance de transport (réelle).
Il mesure l’efficacité du réseau de transport et sa capacité de s’affranchir des
distances. Plus il tend vers 1, plus le réseau est efficace spatialement.
DTDRID =
Où :
DR : distance rectiligne
DT : distance de transport
Pour le réseau routier :
13 Un cycle indépendant est un cycle dont au moins la moitié de ses arêtes ne peuvent appartenir à un autre cycle conjointement. 14 Dans le cas de la présence de cycles les flux sont diversifiés
70
IDt= 97,0100849850
=
Ce qui est fort appréciable quant à son efficacité.
Pour le rail nous avons :
IDt= 64,01167750
=
- l’indice Alpha α :
C’est le rapport entre le nombre le plus élevé de cycles indépendants (U) et le plus
grand nombre de cycles pour un nombre donné de nœuds (V). Il indique le
nombre de circuits fondamentaux que possède un réseau par rapport au nombre
de circuits possibles.
Le nombre optimal de cycles est donné par la formule :
3(V-2) – (V-1) = 2V – 5
Où
3(V-2) : est le nombre maximal d’arêtes
(V-1) : est l’ossature minimale du réseau au-dessus de laquelle il devient
déconnecté.
D’où
52 −=
VU
α
Plus l’indice est élevé, plus le réseau est connecté. Les arborescences telles que
le réseau ferroviaire du Nord-est algérien, ont des valeurs nulles (=0) du moment
que leur nombre cyclomatique est égal à 0.
Une valeur égale à 1 indique que le réseau est complètement connecté ; mais il
est très rare qu’un réseau puisse avoir une valeur de 1 car cela impliquerait de
sérieuses redondances.
71
Pour la route α=0,54
- l’indice Bêta β :
C’est le rapport entre le nombre d’arêtes et celui des nœuds (V).
VE
=β
Les arborescences et les réseaux simples (cas du réseau ferroviaire) ont une
valeur inférieure à 1.
β = 0,95
Pour le réseau routier
β = 1,33
Les réseaux les plus complexes (cas du réseau routier) possèdent plusieurs
circuits et ont de ce fait des valeurs de β supérieures à 1. Dans ce cas précis plus
il y a de routes, plus grand est le choix pour aller d’un sommet à un autre. Chose
que ne possède pas le rail. Les réseaux les plus sophistiqués possèdent un plus
grand nombre de liens (arcs) que de lieux (sommets) et auront un indice β élevé.
β varie de 0 à 3 environ :
β<1 réseau non connexe (c’est une arborescence)
β =1 réseau ayant un cycle unique
β>1 réseau plus complexe avec au moins deux cycles.
Dans les pays à économie développée cet indice est souvent supérieur à 1,4,
dans les pays à économie attardée il est inférieur à 115.
- L’indice Gamma γ
C’est le rapport entre le nombre d’arcs observés et le nombre d’arcs possibles
pour un nombre donné de nœuds. Il varie de 0 à 1 et est exprimé en pourcentage 15 Pour leurs réseaux ferroviaires : France 2, Japon 2,16, Maroc 0,88
72
(%). Une valeur égale à 1(100%) indique que le réseau est complètement
connecté.
)2(3max −==
VE
EE
γ
Il est de 36,5% pour le réseau ferré et de 45,61 pour le réseau routier.
C’est un indice très efficace pour évaluer la progression du réseau dans le temps.
- L’indice Eta η
C’est le rapport entre la longueur du réseau (en km) ou le trafic (en nombre de
personnes ou en poids, ou en nombre de véhicules…) et le nombre d’arêtes (E). Il
indique alors la longueur moyenne ou le trafic moyen par arête.
ETou
EL
Σ∑=η
- L’indice Thêta θ
C’est le rapport entre le réseau (longueur ou trafic) et le nombre de noeuds. Il
mesure la fonction d’un nœud, c’est-à-dire la quantité moyenne de trafic par nœud
ou la longueur moyenne par nœud. Plus il est élevé, plus le réseau est chargé.
VTou
VL
ΣΣ=θ
D’autres indices aussi importants que les précédents peuvent exprimer la
connexité.
- Le point d’articulation
C’est le nombre de nœuds dont le retrait entraîne la déconnexion du réseau16.
Souvent il suffit de retirer 1 ou 2 nœuds pour que le réseau soit complètement
16 Le point d’articulation d’un réseau est généralement un port ou un aéroport.
73
déconnecté. C’est le cas du réseau ferroviaire. Pour le réseau ferroviaire ce
nombre est supérieur à 10 car c’est un réseau nettement plus connexe.
- L’arête d’articulation
C’est le plus petit nombre d’arêtes dont le retrait entraîne la déconnexion du
réseau. Pour le réseau ferroviaire il est de 1. Il suffit d’un incident ; pour une raison
ou une autre, sur un tronçon quelconque pour que le réseau soit totalement
déconnecté : exemple des inondations de 1969, 1984, 1991.
5) l’espace irrigué
1) la densité :
La densité des réseaux rapportée à la population est plus significative que celle
faisant intervenir la superficie, bien que cette dernière soit l’une des plus
importantes du Maghreb. Cependant ces données brutes ne sauraient être utiles
qu’à des comparaisons internationales.
Il convient alors de définir un concept plus fin à savoir la densité relative. Il s’agit
de la densité par rapport à la population et la surface desservie. La superficie
desservie étant celle concernée par la route ou le chemin de fer. Elle se situerait
en deçà de 10 km17 de chaque voie. La surface réellement induite est alors de :
Pour la route :
→ 100840 km2 au lieu de 152187 km2 qui est la superficie totale du Nord-est
algérien. Dans ce cas cette surface corrigée représente les 2/3 seulement de la
surface totale et qui est véritablement irriguée par le réseau routier. La densité
rapportée à cette surface est alors de 100km pour 1000 km2 ce qui est en réalité
peu important même si les autres indices ont montré qu’il s’agissait d’un réseau
fortement connexe.
17 Chiffre très aléatoire ne correspondant pas aux régions de fort relief.
74
Pour le rail :
→ 11670 km2, la densité y est de 10 km pour 1000 km2.
2) La distance moyenne :
La distance moyenne (Dm) entre les nœuds ferroviaires et routiers est donnée par
la formulation suivante :
LSD =
Où :
S : est la superficie totale
L : la longueur totale du réseau.
Soit dans le cas du réseau ferré : 130,4 km ce qui est très élevé pour permettre
une desserte correcte de l’espace.
3) Le parcours moyen :
C’est la moyenne des de la longueur des relations entre l’ensemble des nœuds. Il
est donné par la formule suivante :
22D
LSp ==
Soit dans le cas du réseau ferré 65,20 km, et 7,54 km pour la route qui est mieux
adaptée au porte-à-porte.
4) Le nombre de mailles :
Les arêtes, en s’entrecroisant laissent entre elles des espaces appelés mailles.
Plus leur nombre est réduit, plus le coté de maille est élevé et plus la couverture
de l’espace par les réseaux est faible. Elles sont calculées à partir de la formule
suivante :
12
±=S
LN
75
La longueur moyenne du côté de maille est donnée, par la formule :
SLSl2
2±
=
Où :
N est le nombre de mailles
L, longueur du réseau
1± , en tenant compte ou non des lignes enveloppantes.
l le coté de maille en km.
En tenant compte des lignes enveloppantes nous avons 2,59 mailles pour le
réseau ferré dont la longueur moyenne du coté est 156,3 km. Dans le second cas,
c’est-à-dire en ne tenant pas compte des lignes enveloppantes, nous avons 0,49
maille dont le côté moyen est 786,9 km.
Dans le cas du réseau routier la distance moyenne (Dm) est de 15,09 km, ce qui
est fort appréciable quant à la desserte de l’espace, surtout qu’il renferme 14,75
mailles avec un coté moyen de 28 km.
Dans le cas d’absence de mailles ou de cycles, cas du réseau ferré, le concept de
champs nous parait le mieux adapté pour cerner la structure du réseau. Il s’agit
d’une aire délimitée au moins par deux cotés du réseau. On dénombre 08 champs
pour le réseau ferré d’une superficie de moyenne de 19000 km2, le coté moyen du
champs y est de 138 km, mais cette longueur varie d’un champs à un autre. Elle
est de 24 km au Nord, sur le littoral entre Jijel et Annaba, 85 km dans la partie
septentrionale des hautes plaines, et de 200 km au Sud.
Ce concept de champs montre bien la desserte du littorale par le rail, les champs
y sont très réduits (6300 km2).ils deviennent de plus en plus importants au fur et à
76
mesure que l’on se dirige vers l’intérieur du pays : 16200 km2 dans les hautes
plaines, à 27000 km2 dans le Sud.
La comparaison entre les deux réseaux ferré et routier est explicite. Elle montre la
suprématie du second sur le premier, et par conséquent sa fonction qui consiste à
bien innerver l’espace.
6) Connectivité
La matrice de connectivité
C’est une matrice binaire18 et symétrique19 qui indique la présence ou l’absence
d’une liaison directe (arête) entre deux nœuds quelconques. L’existence d’une
arête est notée un (1), son absence est notée zéro (0).
Le nombre total de liaisons directes pour un nombre donné de nœuds V varie
d’un minimum de 2(V-1) dans le cas d’une arborescence20, à un maximum de V(V-
1) ; dans le cas d’un réseau connexe21. On peut ainsi mesurer le degré de
connectivité d’un réseau en rapportant la somme des liaisons observées au
nombre minimal de liaisons 2(V-1).
Dans le cas du réseau ferré le total des liaisons directes est de 44 pour 23 nœuds
(cf. annexes), or le nombre minimal de liaisons directes pour 24 sommets est de :
2(V-1)=2(24-1)=46
Ainsi le réseau ferré a une connectivité minimale au-dessus de laquelle (44) il
serait déconnecté.
Pour le réseau routier l’indice est de :
2(V-1)=2(78-1)=154
pour un maximum de 256.
18 Elle ne contient que de uns (1) et des zéros (0). 19 La relation AB implique la relation BA. 20 Dans une arborescence le nombre maximum d’arêtes est de (n-1). Entre deux sommets il n’existe qu’une chaîne unique. 21 Chaque sommet est relié aux autres : ainsi chaque nœud possède (n-1) arêtes.
77
Cependant la comparaison est inutile entre les deux réseaux du fait que l’indice
est intimement lié au nombre de nœuds.
On peut également calculer un indice de centralité (IC) en rapportant le total des
lignes à la somme d’une ligne. Il exprime la position du sommet (ou nœud) dans le
réseau ; plus l’indice est élevé plus le sommet occupe une position périphérique.
Par conséquent le centre du réseau est le nœud qui a l’indice le plus faible.
Cependant la faible connexité du réseau ferré rend l’utilisation de cet indice peu
utile. Il varie de :
)1(2)1(2
−−
VV dans le cas d’une arborescence
à
)1(2)1(
−−
VVV dans le cas d’une connectivité optimale.
uneligneddeslignesIC'Σ
∑=
Nous avons trois centralités pour le rail :
a 44 les terminaux et les culs de sac : Skikda, Touggourt, Dj.Onk…
a 22 pour les nœuds à deux arêtes : Sétif, Batna, Annaba…
a 11 et 14 pour les intersections Ramdane Djamel, Constantine et Bouchegouf.
Ces mêmes niveaux de centralité sont également confirmés par l’étude du réseau
routier.
78
Tab. n°12 Caractéristiques Route - Rail
Rail Route
Longueur (km) 1167 10084
Densité/Sup.totale 7,66 km/1000km2 66,26km/1000km2
Densité/pop.totale 1,43km/10000hab. 12,43 km/10000hab.
%sup.desservie 7,66% 66,26%
Nbre de mailles 2,59 14,75
Coté de maille 156,3 km 28 km
Parcours moyen 65,20 km 7,54 km
Population totale 8126300 Superficie totale 152187 km2
7)Matrice des écarts
C’et une matrice symétrique où la case AB indique le nombre d’arêtes entre A et
B, tout en choisissant le plus court chemin. Le total de la ligne montre le plus court
chemin de A vers tous les autres sommets. La somme des lignes ou des colonnes
indique l’ensemble des chemins existants dans le réseau.
L’indice de dispersion est ainsi donné :
0075,0
2)123(23
44
2)1( 22 =
−=
−∑
=VV
colonnesID
Pour la route cet indice est de :
0013,0234234
312=
Plus cet indice est faible, plus la couverture de l’espace est appréciable et plus les
échanges interrégionaux sont importants. Il y a un indice pour l’ensemble du
réseau.
Le réseau routier est six fois supérieur en couverture que le rail.
79
B/ Infrastructures et caractéristiques des réseaux
Comme nous l’avons déjà vu, le chemin de fer a été un instrument de prélèvement
et de contrôle, installé aux moindres frais, privilégiant certaines relations, guidé à
l’origine par les impératifs de la colonisation, il apparaît aujourd’hui peu adapté à
la desserte, onéreux aussi bien pour l’usager que pour l’exploitant (la SNTF).
La densité des réseaux de transport est liée à plusieurs facteurs : la topographie,
le degré de densité de population, les relations entre centre et périphérie et surtout
le niveau de développement ainsi que l’activité économique de la région.
1. l’omniprésence de la route.
Plus que le rail, la route (sous toutes ses formes) va partout : elle sillonne toute la
région, elle relie tous les lieux habités et elle surmonte de nombreux obstacles du
relief. Donc, il n’y a rien d’étonnant que le réseau routier soit plus développé que
le réseau ferré. Néanmoins, il se compose de voies très différentes les unes des
autres, cela va des quelques tronçons d’autoroute, aux pistes, en passant par les
chemins de campagne.
Toutes les routes ne sont donc pas identiques et ne remplissent donc pas la
même fonction.
-les chemins, ou pistes primitives ou chemins muletiers, sont utilisés
principalement pour les relations domicile - lieu de travail en milieu rural.
-les chemins communaux : formés par prés de 10000 km. C’est un réseau très
complexe, ils ont été de tout temps adaptés au travail rural et ils servent
également pour les relations de voisinage. Ils sont actuellement bien adaptés à la
circulation automobile.
-les chemins de wilaya, d’une longueur de presque 4000 km,
-les routes nationales :
80
Toutes ces voies de communication doivent répondre à une circulation irrégulière
dans le temps et dans l’espace. La route doit donc, non seulement répondre à une
circulation moyenne, mais surtout absorber les pointes de trafic. Le réseau routier
du Nord-est algérien actuel a derrière lui plus d’un siècle d’histoire ; chaque
époque a connu ses méthodes de constructions et ses objectifs.
Aujourd’hui l’essentiel de la circulation routière s’effectue sur un nombre limité
d’itinéraires : 25% du réseau (la RN 05 entre BBA et Constantine, la RN 44 entre
Annaba et Constantine, la RN 03 entre Skikda et Batna) assure prés de 75% du
trafic. Sur ces routes la progression du taux annuel de trafic est plus élevé que sur
l’ensemble du réseau : de l’ordre de 6% contre 4%. Sur ces axes surchargés, la
circulation est devenue très difficile depuis une quinzaine d’années. Les
traversées d’agglomérations, telles que Chelghoum Laïd sur la RN 05, les
rétrécissements de la chaussée dus à des causes diverses constituent des
obstacles à un écoulement réguliers du flot de véhicules ; les déviations autour
des villes et des villages, comme c’est le cas de Oued Athménia sur la RN 05 ou
encore du cas d’El Harrouche sur la RN 03, ont permis de corriger cette situation.
Mais même en rase campagne, sans obstacles physiques, par le seul fait du
nombre de véhicules des ralentissements sont souvent relevés et même parfois
des blocages de circulation, ce qui entraîne une circulation difficile et dangereuse.
La capacité d’une route n’est pas illimitée (cf. tableau) : elle correspond au débit
maximal que peut supporter cette route. Elle dépend de ses caractéristiques
géométriques (largeur, pente, visibilité) et de la nature des véhicules qui y
circulent.
81
Tab. n°13 Seuils de saturation des routes d’après leurs caractéristiques
Nombre quotidien de véhicules
Route à chaussée unique de 6 m 4000
Route à chaussée unique de 7 m 5000
Route à chaussée unique de 10,5 m 8000
Route à chaussée unique de 14 m (4 voies) 13000
Route à chaussées séparées de 7 m 18000
Autoroute à 2 chaussées de 7 m 500000
Autoroute à 2 chaussées de 10,5 m 90000
Source : « Regards sur la France », 1968, n° 40.
Les véhicules encombrants et lents (autocars et camions) constituent une gêne
pour l’écoulement du trafic, particulièrement dans les rampes : c’est le cas du
tronçon d’El Kantour prés d’El Harrouche.
Des véhicules agricoles, tracteurs et autres, sont souvent la cause de
ralentissements et malheureusement parfois d’accidents sur des voies qui ne sont
pas faites pour eux.
82
2. l’importance du rail
D’une longueur totale de 1167 km, le réseau ferré du Nord-est algérien est à voie
unique sauf sur le tronçon Ramdane Djamel – El Guarrah (85 km). Il a atteint sa
longueur maximale en 1937 avec des lignes aujourd’hui disparues.
-Constantine – Tadjenanet
-Constantine – Guelma
-Jijel – Sidi marouf.
Ces lignes ont été fermées en 1937 car jugées non rentables devant la
concurrence de la route.
La section Constantine – Guelma a été fermée en 1969 à cause des avaries
occasionnées par les inondations de la même année.
a) un armement vétuste et hétérogène :
Plusieurs types de rails arment la voie, leurs poids linéaires varient entre 20 et 48
kg. Mais ce sont les rails de 20 à 30 kg qui dominent et représentent 80% des rails
utilisés. Les rails de 46 kg et plus, destinés à supporte un trafic lourd, ne
représentent qu’environ 6% du réseau. L’armement varie d’une ligne à une autre.
Cette différence dans l’armement pose un problème d’entretien et renouvellement
et contribue à limiter la vitesse des trains.
Ces rails sont posés sur trois types de traverses ;
-les traverses métalliques arment plus de 70% des rails
-celles en bois 18%, les rails de 20 kg sont posés sur des traverses en bois.
-les traverses en béton armé, d’usage plus récent elles équipent la nouvelle ligne
doublée.
En plus de son hétérogénéité, le réseau ferré souffre de vétusté. En effet sur les
1167 km, seule la voie dédoublée Ramdane djamal – El guarrah et Ramdane
83
djamel – Jijel a mois de 20 ans d’âge. Le reste en a plus de 60 ans et parfois
même plus d’un siècle (cf. tableau).
Tab. n°14 Age de la voie ferrée
Age Longueur %
- de 20 ans 133 km 11,39
20 – 60 ans 683 km 58,52
60 – 100 ans 355 km 30,07
Total 1167 km 100 %
Source : SNTF 2005
Les limitations de vitesse sont très nombreuses sur une même section et les
dépenses d’entretien se trouvent très élevées pour des interventions ponctuelles
nécessitées par la nature même de l’armement.
b) Tracé et profil
Le tracé et le profil déterminent la relation entre la puissance de la locomotive et le
poids brut remorqué (tonnes brutes remorquées).
On admet souvent qu’un bon tracé doit être supérieur au rayon en voie métrique,
et supérieur à 1 km en voie normale. Un bon profil, quant à lui, doit être inférieur à
5%. Or le réseau n’est qu’à 87% supérieur à 800 m ; ce qui représente un sérieux
handicap quant à l’exploitation de ce réseau.
Le tracé est dans sa majorité en alignement (prés de 80%) ; mais les courbes
inférieures à 300 m sont nombreuses et constituent prés de 4% du réseau. Ces
courbes caractérisent surtout l’ancien tracé.
Tab. n°15 Tracé du réseau ferré
84
Nature du tracé Longueur %
Alignement 923 km 79,09
Courbes > à 500 m 95 km 8,14
Courbes < à 500 m 67 km 5,74
Courbes < à 300 m 44 km 3,77
Courbes < à 100 m 3,25
Total 1167 km 100%
Source : Carte réseau SNTF
La nature du tracé varie d’une ligne à une autre. Ce tracé est plus contraignant
surtout sur les lignes du Nord. Les courbes de moins de 500 m représentent 23%
de la ligne Constantine – Skikda, 14% de la ligne Constantine – Batna et
seulement 4% de la ligne Annaba – Dj. Onk.
Le profil est plus contrasté. Prés du quart du réseau est posé sur un terrain ayant
une pente supérieure à 10% et seulement 1/3 se trouve en palier : 387 km
représentant 33,16%. Les rampes les plus fortes concernent la ligne Constantine
– Skikda et peuvent atteindre plus de 15%. Alors que sur la ligne Annaba – Dj.
Onk la pente est faible : aux environs de 5%. Cette faiblesse de la rampe pour
le trafic minier exprime les impératifs miniers qui ont guidé les réalisations de ces
lignes.
Si les passages à niveau imposent de décélérations ou des accélérations à leur
approche ou une fois traversés, leur nombre contribue à limiter la vitesse
commerciale des trains. Les passages à niveau constituent également des lieux
de conflits entre la circulation routière et ferroviaire.
Au total le réseau dispose de 578 passages à niveau dont seulement 54 sont
munis d’une signalisation automatique (9,34%).
Prés de 83% des passages à niveau ne sont pas gardés et sont sans barrières.
On compte 1 passage à niveau tous les 2015 m et 1 passage à niveau non gardé
85
tous les 2441 m. Les passages à niveau sont si peu espacés qu’une vitesse
élevée n’est pas permise.
c) Le matériel
Il est étroitement lié aux caractéristiques de l’infrastructure.
-Le matériel remorqué
Jusqu’en 1951 les voitures en bois assurent le trafic voyageur. Elles ont été
remplacées progressivement par des voitures métalliques puis en inox.
Le matériel voyageur offre aujourd’hui une capacité de 7432 places (debout et
assises).
-le matériel marchandise
Il est en grande partie de construction ancienne. Les wagons à pondéreux
représentent plus des 2/5 du parc ce qui explique le caractère minier prépondérant
du trafic. Les conteneurs, de développement récent, commencent à faire leur
apparition timidement.
Les wagons sont très spécialisés dans le transport des pondéreux. Ils
représentent 47% du par cet 58% des capacités de transport de marchandise, une
autre façon d’expliquer le caractère minier du chemin de fer du Nord-est algérien.
Cela pose un problème pour tout éclatement du trafic et toute rotation du matériel.
En effet le retour à vide est très important car les wagons destinés aux
phosphates ne sont pas utilisés pour le transport du minerai de fer car les uns sont
culbutables et les autres sont à auto - chargement.
d) Les conditions d’exploitation
86
Par leu vétusté, la voie et le matériel imposent beaucoup de contraintes de gestion
et d’exploitation.
-Sous-utilisation, de l’infrastructure
Théoriquement le débit d’une voie est donné par la formule suivante22 :
ve2=∆
Où :
Δ : est l’intervalle entre deux trains de même sens
e : la distance minimale entre deux croisements successifs
v : la vitesse commerciale
25,180502 ==∆ L’intervalle entre chaque train de même sens est de 1 heure 25
minutes.
Il ressort du potentiel de chaque ligne que la circulation est nettement inférieure
aux capacités des lignes ; on peut :
- doubler le nombre de trains quotidiens sur la ligne Constantine – Annaba.
- Le tripler sur la ligne Constantine - Sétif et Constantine – Batna
- Le quadrupler sur la ligne Constantine – Skikda du fait que cette ligne est à
double sens.
La vitesse maximale sur les nouveaux tronçons est de 110 km à heure entre
Constantine et El Guarrah. Elle varie d’une locomotive à une autre et d’une voie à
une autre. Elle tombe à 40 km à l’heure entre Constantine et El Harrouche pour
des trains qui ont la capacité de rouler à 120 – 130 km à l’heure.
22 Les japonais utilisent une autre formule : F
CTN
+=
1440.N étant le débit, 1440 est le nombre de minutes dans
24 heures, T est le temps de parcours entre deux croisements, c la durée de la manœuvre des signaux et appareils C=3 et F est un coefficient d’efficacité, il varie entre 50 et 70%.
87
La vitesse commerciale des trains de marchandise n’a pas beaucoup augmenté
par rapport à celle des années trente : 80 km contre 30.
L’état des ouvrages d’art ainsi que le tracé des lignes et leur profil imposent des
limitations de charges. Ainsi la ligne Ramdane Djamel – Constantine a une charge
limitée à 500-700 tonnes contre 2000 tonnes sur celle d’Annaba – Tébessa.
88
Conclusion
Durant les deux premières décennies de son indépendance, l’Algérie a ignoré son
chemin de fer et ses routes. A l’exception des axes reliant les grands ensembles
industriels, aucun développement d’infrastructure ni entretien ne sont à signaler.
Ce n’est qu’en 1983 que l’on assiste réellement à une grande opération de
construction partielle et au dédoublement de la ligne de voie ferrée Ramdane
Djamel – El Guarrah. La première ligne entièrement nouvelle a été lancée sur les
hautes plaines en 1982, et 1984 celle de Jijel – Ramdane Djamel fut la seconde.
Conçu pour le drainage des matières premières, le chemin de fer offre aujourd’hui
l’image d’un ensemble dépendant et périphérique : c’est un réseau inachevé
destiné au drainage.
Dans cette situation la route s’est érigée en un mode concurrent.
Malgré les mesures prises depuis longtemps, le rail ne cesse de voir sa part
diminuer dans le transport des marchandises et des voyageurs, face à la route.
Le retard pris dans les investissements et le manque d’une politique claire des
transports n’a fait qu’aggraver la situation.
89
Chapitre V : La demande de transport : la mobilité
La demande de transport est souvent assimilée à la mobilité de déplacement23.
Il s’agit en fait d’une notion très difficile à saisir car une seule partie de cette
demande se réalise : c’est celle que l’on observe. L’autre partie de la demande ne
se réalise pas, soit par manque de dessertes ou de moyens de transports, soit par
manques de moyens financiers ou soit tout simplement par manque de temps.
Cette demande non réalisée est dénommée demande latente, difficile à connaître,
mais néanmoins importante car elle correspond à des besoins réels de mobilité24.
Les transports ont été définis jusqu'à présent comme un service qui assure le
transport des biens et des personnes d'un lieu à un autre. Il nous faut maintenant
chercher à comprendre comment fonctionne cette mobilité des individus et des
biens, c'est-à-dire chercher à comprendre ce qui explique ces déplacements.
Cette connaissance des caractéristiques de la mobilité doit alors nous permettre,
non seulement de mieux la mesurer, mais aussi de prévoir ce qu'elle sera lorsque
des aménagements importants interviendront dans le système de transport, qu'il
s'agisse de la construction de nouvelles infrastructures ou qu'il s'agisse de
modifications importantes dans l'organisation du système de transport.
La mobilité peut se mesurer à l'aide des indicateurs déjà définis, comme les
tonnes-kilomètres et les voyageurs-kilomètres. Mais nous pensons que ce sont là
des mesures qui permettent davantage de cerner l'importance relative du transport
que de comprendre le fonctionnement de la mobilité.
Le fait que les déplacements hors des zones urbaines soient assurés par des
opérateurs qui fonctionnent dans des logiques privées (recherche du profit) rend
23- La mobilité est le plus souvent mesurée en nombre de déplacements par jour par ménage ou par personne. - Le déplacement est le mouvement d’une personne d’une origine à une destination. Cela peut nécessiter l’emploi de plusieurs moyens de transport successifs. 24 Cf. P. Merlin in « que sais-je ? » n°427, 1992, pp.35
90
quasiment impossible l'accès aux données qui sont considérées comme des
éléments stratégiques de l'entreprise.
V-1/ la mobilité des personnes
A/ par route
La mobilité des personne concerne l'ensemble des déplacements, quels que
soient leur durée, leur destination, leur fréquence. Mais on a pris l'habitude de
distinguer des grands domaines qui correspondent à des pratiques de mobilité
différentes : nous retiendrons deux, l'un qui correspond à la mobilité quotidienne
qui est la mobilité de proximité, le plus souvent répétitive d'un jour sur l'autre,
l'autre qui correspond aux déplacements de plus de 100 kilomètres et que l'on
peut qualifier de mobilité lointaine.
La mobilité des personnes et la demande de transport de voyageurs dépendent de
leur situation sociale.
Les déplacements liés à la mobilité peuvent être caractérisés par des éléments
divers : les moyens de transport utilisés, l’origine et la destination ainsi que la
distance, la durée, l’horaire et le motif du déplacement.
Fig.n°3: Le Nord-est algérien:Part des distances parcourues dans le transport des voyageurs
81%
19%
- de 100 km + de 100 km
Source : enquêtes de terrain 2004
Nous constatons alors que les distances inférieures à 100 km prédominent.
91
Fig.n°4: Le Nord-est algérien: Motifs de déplacement
95%
5%
Motif personnel Motif professionnel
Source : enquêtes de terrain 2004
La plupart de ces voyages correspondent à des déplacements pour motif
personnel. On oppose ce qu'on appelle les motifs personnels aux motifs
professionnels qui relèvent de déplacements liés au travail. Les déplacements
pour motifs personnels regroupent tous les déplacements de loisirs (visite à de la
famille, à des amis, vacances, loisirs divers etc.).
Fig.n°5: Le Nord-est algérien: Part de chaque mode de transport des voyageurs
72%
23%5%
Voiture Bus Train
Source : enquêtes de terrain 2004
Pour ces voyages, les ménages choisissent massivement l'automobile, puisque
les trois quarts des voyages sont réalisés de cette façon. Vient ensuite le bus et
92
enfin le train. On découvre alors que le bus et la voiture, compte tenu du réseau
routier, sont deux modes de transport très complémentaires et supportent 95%
des transports de voyageurs.
-Les mouvements pendulaires ou migration alternantes :
Ils répondent surtout au motif du déplacement, et sont formés par les
déplacements des travailleurs et ceux des scolaires. De ce fait ils se concentrent
autour des centres urbains. Ils sont caractérisés par les points suivants :
-ils sont concentrés sur deux tranches horaires, le matin de 7 h à 10 h et en fin de
journée de 16 h à 19 h, avec une tranche horaire secondaire de 12 h à 14 h.
-ils se déroulent sur des distances relativement courtes : entre 20 et 30 km.
-ils se limitent aux jours de semaine, les week-ends étant jours de repos.
Source : enquêtes de terrain 2005
93
Carte n°8. Wilaya de Constantine : Le trafic moyen journalier sur les principaux axes
Ces déplacements sont caractérisés par des pointes horaires qui posent un
problème puisqu’ils sont concentrés essentiellement sur certains axes et pendant
certains jours : l’axe de la RN 05 et l’axe de la RN 03 . Ce type de trafic répond à
une demande continue dans le temps et dans l’espace.
-Les déplacements hebdomadaires :
Ils concernent trois catégories de personnes :
--les travailleurs dont l’éloignement du domicile n’autorise pas un retour journalier.
--les voyageurs de fin de semaine (les étudiants par exemple pour le cas de villes
munies d’universités).
94
Fig.n°7: Voyageurs entre Constantine et Chelghoum-Laïd semaine du 03 au 09 avril 2004-Station Ouest
0
200
400
600
800
1000
1200
S D L Mar Mer J V
Jours de semaine
Nbr
e de
voy
ageu
rs
nombre de voyageurs
Source : enquêtes de terrain 2004
--les déplacements pour les achats : à ce sujet les jours de marché sont devenus
synonymes de bousculade dans les bus : marché d’El Khroub (pour le mercredi),
celui d’Aïn S’mara (pour le lundi), d’El Eulma (pour le mardi).
L’exemple de Jijel
La wilaya de Jijel dispose de 04 gares routières classées comme suit:
1.Gare intermodale (Type A):
Cette gare permet la liaison du chef-lieu de wilaya avec les destinations Est. Elle
accueille quotidiennement environ 370 moyens de transport engendrant des flux
de transport avoisinant 1.000.000 voyageurs/an.
Livrée en 1999 par l'entreprise réalisatrice BOUYGUES, la gare intermodale de
Jijel est un bien de la S.N.T.F. Conformément à la convention établie entre
RESTAU-RAIL (filiale 100 % SNTF) et SOGRAL-SPA, le management de la gare
routière a été pris en charge à compter du 1 Mars 2004.
2.Gares routieres de (Type B):
Il existe aussi (03) gares routières de type B au niveau de la wilaya de Jijel qui
sont :
95
-Gare routière ouest de Jijel :
Celle-ci relie le chef lieu de la wilaya avec les destinations Ouest .Une partie est
réservée aux véhicules de transport urbain de Jijel. Elle accueille quotidiennement
environ 240 moyens de transport engendrant des flux de transport avoisinant
900.000 voyageurs/an.
-Gare routière commune de Taher :
Elle accueille quotidiennement 292 moyens de transport engendrant des flux de
transport avoisinant les 800.000 voyageurs/an.
-Gare routière commune de El Milia :
Elle accueille quotidiennement 259 moyens de transport engendrant des flux de
transport avoisinant 750.000 voyageurs/an.
Tab.16 Situation des transports terrestres de voyageurs dans la wilaya de Jijel
ANNEE 2003 2004 2005 Mode trans. Nb.Op Parc Sièges Nb.Op Parc Sièges Nb. Op Parc Sièges
Inter-urbain 947 419 11309 1021 424 11307 1100 419 12161
Urbain 174 3834 198 5070 174 5910 Rural 487 8201 553 9529 487 10997 Total 987 1077 23334 1021 1175 25906 1100 1080 29068
ANNEE 2006 2007
Mode trans. Nb. Op Parc Sièges Nb.Op Parc Sièges Inter-urbain 1147 488 13500 1051 503 14258
Urbain 216 6485 257 7936 Rural 626 11671 496 10216 Total 1147 1330 31656 1100 1256 32410
Source : Direction des Transports de la wilaya de Jijel décembre 2007
Le taux d'augmentation du parc roulant entre 2003 et 2007 a été de16.29 %
Le nombre de sièges offerts pour 1000 habitants est de 50 sièges / 1000 habitants.
Le taux d'évolution en sièges offerts: 38.84 %
Le nombre de bus pour 1000 habitants est de 1,95 bus / 1000 habitants.
96
La hausse du parc auto est important mais de faible capacité. En contre partie il a
été enregistré durant l'exercice 2007, 58 cessations d'activité de transport de
voyageurs. Soit un taux de cessation d'activité = 4,62 %.
B) par rail
Le trafic voyageur par rail a toujours été lié à l’évolution de la population
essentiellement urbaine. La tendance récente (1990–2005) montre que
l’accroissement a été de prés de 20% soit 1,2 % par an avec une pointe en 1993,
Fig.n°8: Le Nord-est algérien: Evolution du nombre de voyageurs par rail
3500000360000037000003800000390000040000004100000420000043000004400000
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
2004
Années
Nbr
e de
voy
ageu
rs
Nombre de voyageurs
Source : SNTF 2006
Bien sûr, l’évolution diffère selon les réseaux de grandes lignes ou de banlieue.
--le trafic de banlieue :
Les transports ferroviaires ont connu ces dernières années une orientation
marquée par la part de en plus importante occupée par le trafic de banlieue dans
la structure globale du trafic des voyageurs.
Ainsi l’intensification du transport de voyageurs par rail, notamment sur les
réseaux de banlieue des grandes agglomérations (Annaba en premier lieu, mais
également Constantine), a permis de mettre en exergue les possibilités offertes
par ce mode dans la prise en charge de ce type de demande. En 2003 sur les 30
97
millions de voyageurs transportés sur l’ensemble du réseau ferroviaire national, 14
l’ont été sur le réseau de banlieue, cela représentait 46,66% (presque la moitié)
des personnes transportées.
Avec l’ouverture programmée de nouvelles rotations telles que Constantine – Aïn
M’lila on s’attend à une augmentation du trafic de banlieue. L’aspect irrégulier de
ce trafic, provoqué par une vitesse réduite des trains qui accumulent beaucoup de
retard, s’est traduit par une diminution graduelle du nombre de voyageurs.
Fig.n°9: Le Nord-est algérien:Trafic de banlieue et de grandes distances
0
500000
1000000
1500000
2000000
2500000
3000000
1990
1992
1994
1996
1998
2000
2002
Années
Voy
ageu
rs
Trafic de banlieue Trafic de grandes distances
Source : SNTF 2006
Ces caractéristiques du rail, conjuguées à la montée en puissance du transport
routier par microbus (les fameuses J9), ont nettement participé au déclin du
transport ferroviaire.
• Inégale répartition : prés de 3 millions de voyageurs sont transportés
annuellement par train dans le Nord-est algérien en 2004. Une seule ligne assure
l’essentiel du trafic :
→La ligne Sétif – Constantine – Annaba et qui prend racine à Alger.
C’est une ligne longitudinale est-ouest, qui dessert les deux principales villes de la
région (3ème et 4ème à l’échelle nationale), Constantine et Annaba, et assure 65%
98
des voyageurs en 2004 alors qu’elle ne représente que 23% de la longueur du
réseau.
→ La ligne Skikda – Batna :
C’est une ligne méridienne de moindre importance qui assure prés de 12% des
transports de voyageurs.
→ La ligne Annaba – Tébessa : avec 18%
→ La ligne Jijel – Constantine : n’assure que 4%.
• Variations saisonnières : c’est durant l’été que le trafic atteint son maximum le
plus élevé.
Fig.n°10: Le Nord-est algérien: moyenne mensuelle de voyageurs:2005
0
50000
100000
150000
200000
250000
300000
J F M A M J J A S O N DMois
Voy
ageu
rs
Voyageurs
Source : SNTF 2006
Presque le tiers (29%) du trafic se fait pendant les trois mois de juillet – août –
septembre. Plusieurs raisons expliquent cela : les vacances scolaires et les
congés des travailleurs. Il existe aussi une variation caractérisée par
l’augmentation du trafic pendant les congés de fêtes religieuses : l’Aïd par
exemple.
--Le trafic suburbain :
99
Notre étude s’est limitée à deux lignes suburbaines : Annaba – El Hadjar d’un coté
et Constantine – Zighoud Youcef de l’autre dont le trafic est représenté par les
déplacements domicile – travail surtout.
→ La ligne Annaba – El Hadjar :
Le trafic y est de l’ordre 400 000 voyageurs par an dans les deux sens .Mais il est
en constante baisse : de l’ordre de 3% par an, il est passé de 900 000 voyageurs
en 1980 à 400 000 en 2003. Cependant le trafic se caractérise par un mouvement
régulier à cause des travailleurs du complexe sidérurgique et des étudiants.
→ La ligne Constantine – Zighoud Youcef : 130 000 voyageurs par an. Ici le trafic
est en constante augmentation : de l’ordre de 4% par an. Le nombre de voyageurs
est beaucoup plus fluctuant que dans le premier cas. La période creuse
correspond aux vacances scolaires.
Comme on peut l’imaginer, il est malaisé d’établir la part de chaque mode de
transport pour les diverses catégories de déplacements, pour des raisons
multiples :
- l’absence de données continues pour les divers endroits considérés ;
- la qualité des relations routières ;
- l’utilisation de plusieurs moyens de transport pour un même trajet : par exemple
« fraude »-bus ;
V-2/ Le transport de marchandise
A/ Par route :
Plus que les personnes, on connaît mal la demande de transport de
marchandises.
Une part importante des transports routiers de marchandises se fait sur de très
petites distances (moins de 50 km). Si l'on peut le repérer dans les statistiques
100
disponibles, il faut s'intéresser aux tonnes chargées et non aux tonnes kilomètres.
En effet, les Tonnes Kilométriques sont le produit des tonnes chargées par la
distance du parcours ; cette mesure privilégie donc les transports longs au
détriment des transports courts.
On constate alors que les trois quarts des marchandises transportées vont à
moins de 50 kilomètres. Les transports routiers de longue distance, ceux qui sont
repérables sur les routes par les longues files de camion, ne représentent que 5%
des tonnages transportés, même s'ils occupent une bonne part des
infrastructures. Le transport pour compte propre (c'est-à-dire celui que les
entreprises assurent par elles-mêmes sans recourir à une entreprise de transport)
sont surtout des transports de courte distance. Les trois quarts de ce type de
transport ne dépassent pas 50 km. Ces deux formes d'organisation du transport
routier de marchandises correspondent donc à deux réalités tout à fait distinctes.
Fig.n°11: Le Nord-est algérien: Part des distances parcourues des transports de
marchandise23%
72%
5%
- de 30 km de 30 à 50 km + de 50 km
Source : Enquête de terrain 2004
Le boom économique des années soixante-dix, puis celui des années deux mille,
a renforcé l’activité des transports. Les aides de l’Etat dans le cadre de
l’ANSEJ25ont contribué à l’essor du transport de marchandises.
25 Agence Nationale pour la Sécurité de l’Emploi des Jeunes
101
0
20
40
60
80
Pourcentages
Fig.n°12: Part en pourcentage du trafic lourd et léger
poids lourd 26 23 32 36
poids léger 74 77 68 64
Cne- Aïn S'mara
Cne- El Khroub
Cne-El Hamma
Skikda-El Harrouche
Source : Enquête de terrain 2004
Une des conséquences de l'intensification des échanges induites par le
développement économique est le bond effectué par le parc automobile national.
Le parc régional de transport routier de marchandises a connu un accroissement
de 100% passant ainsi de 190 000 tonnes utiles en 1980 à 250 000 tonnes utiles
en 1995. Il est de 392 000 tonnes utiles aujourd'hui.
Sur le plan réglementaire, les activités de transport terrestre sont régis par le
décret 82-148 du 17 avril 1982 qui définit les différentes prestations de transport
terrestre de marchandises et de voyageurs, recense les opérateurs de transport et
précise les domaines respectifs d'intervention en introduisant un système fondé
sur la spécialisation des différents détenteurs des moyens de transport. Les
petites entreprises privées de transport public de marchandises interviennent en
principe dans les limites de la wilaya dont elles relèvent et pour la satisfaction des
besoins de transport de celle-ci. Elles peuvent toutefois, pour des raisons
évidentes de commodité, étendre leurs activités au-delà du territoire de la wilaya.
Elles interviennent surtout dans le transport de flux résiduels non assurés par le
transport pour compte-propre.
102
Le transport pour compte-propre revient aussi bien aux entreprises publiques
détentrices d'un parc propre qu'aux personnes physiques ou morales de droit
privé.
B) Par rail :
Son histoire est intimement liée à celle des mines et de la production des
pondéreux. Le trafic passe de 12000 tonnes en 1880 à 50000 tonnes en 1900 et à
presque 1200000 tonnes en 1910. Ce trafic, en grande partie formé de pondéreux
(minerais de fer et phosphates) a connu des fluctuations. Il atteint 4 millions de
tonnes en 1920. Le seuil des 6 millions de tonnes est atteint en 1930. Cependant
avec l’avènement et les répercutions de la crise mondiale de 1929, le trafic tombe
à moins de 3 millions de tonnes en 1935.
La reprise, de courte durée est interrompue par la deuxième guerre mondiale.
Fig.n°13: Trafic de marchandises -niveau national-
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
1900 1910 1920 1930 1940 1950 1960
Années
Mill
iers
de
tonn
es
Source : Archives SNTF
La baisse de 1960 correspond au début de l’indépendance et au départ des
européens. Entre 1980 et 2000, le trafic passe de 5 200 000 tonnes à plus 9
millions : soit un accroissement de 57% sur toute la période et 2,70% par an.
103
Mais malgré les imperfections relevées au niveau de l’offre (le réseau), le chemin
de fer du Nord-est algérien assure le transport de plus de 5 millions de tonnes (en
2003) de marchandises : soit plus de 66% du trafic national de marchandises. Le
trafic est constitué pour 68% de trois produits : minerais de fer, hydrocarbures et
phosphates. Les produits miniers constituent à eux seuls plus de 50% de ce trafic.
Les produits agricoles, surtout les céréales, ne forment que 4% du trafic.
Beaucoup d’autres produits agricoles, telles que les agrumes et les légumes
échappent complètement au trafic ferroviaire. En effet les fermes étant trop
éparpillées : le chemin de fer ne peut donc les atteindre et le transport par camion
est bien plus approprié.
Tab. n°17Principales marchandises transportées en 2005
Produits Volumes (t) % Recettes (D.A) t/km
Hydrocarbures 924115 17,61 215 289 873 198100129
Minerais de fer 1861220 35,43 191345277 326182580
Céréales 221196 4,21 39395355 86159111
Pr.Sidérurgiques 249854 4,74 10400373 103016846
Phosphates 772262 14,70 120417626 258161164
Ciment 123043 2,34 37866447 41463838
Coke 296743 5,64 11185484 6066281
Semoules + farines 50828 0,97 12169908 20960800
Autres 746090 14,22 170387712 --
Total 5245351 100 808458055 D.A
Source : SNTF 2005
Les produits industriels constituent 80,59%, c’est-à-dire les 4/5 du trafic ferroviaire
de marchandises. Plusieurs raisons à cela : l’héritage colonial basé sur un réseau
de drainage et une industrie basée sur les produits miniers.
104
Les transports de marchandises peuvent être classées en trois grandes
catégories :
--les transports lourds : qui correspondent aux déplacements massifs de
marchandises sur une relation donnée : de l’ordre de 100000 tonnes par an au
minimum.
Parmi tous les modes de transport, le chemin de fer se trouve dans une position
privilégiée pour réaliser ces transports.
--les transports par charges complètes : qui portent sur des charges allant de 5 à
60 tonnes en provenance d’un même expéditeur pour un même destinataire. La
SNTF rencontre une vive concurrence de la part des transporteurs routiers dans
ce type de transport, en raison notamment de l’avantage que représente la route
pour la réalisation des trafics dits de « porte-à-porte » et la mauvaise qualité de
service offert par les chemins de fer, particulièrement en ce qui concerne la durée
et la régularité des acheminements.
--les transports de détail : portent sur des colis de quelques kilos à moins de cinq
tonnes.
Les ressources du Nord-est algérien et la réalisation de trois grands centres
industriels, sidérurgique et phosphatique à Annaba, pétrochimique à Skikda et
mécanique à Constantine, ont fait naître un marché de transport très important,
voire le plus important de tout le pays. Le chemin de fer y participe pour une part
importante puisqu’il s’agit de transport de masse. Il s’agit d’un transport basé sur
les minerais et les hydrocarbures et limité à deux lignes.
105
Conclusion
On peut essayer d’établir un bilan sur l’offre, mais l’imprécision de certaines
données nous pose un certain problème. Toutefois il apparaît clairement que :
- la route assure l’essentiel du trafic voyageur ;
- elle assure également la plus grande part du trafic de marchandises en tonnage ;
- et elle correspond probablement à la plus grande part des dépenses et des
emplois.
Un réseau ferré en peigne à cheveux où Constantine est le passage obligé et le
point le plus central des deux réseaux routier et ferroviaire.
La faible connexité du réseau ferré implique en fait la déficience de l’éclatement
des flux.
Cette faiblesse laisse le rail en position marginal dans l’organisation de l’espace,
devant la route plus souple et plus connecte.
L’analyse a montré également qu’il s’agit d’un transport basé sur les
marchandises formées essentiellement par les minerais et les hydrocarbures et
limité à deux lignes.
Il n’y a pas de réels échanges à l’intérieur de la région.
Il s’agit également d’un transport à grande distance26 pour les marchandises.
La concentration et la linéarité des flux sont la les principaux traits de ce trafic.
La désarticulation du réseau aggrave encore plus le problème, et laisse le rail en
état de dépendance vis-à-vis de la route.
26 Le parcours moyen en 2003 était de 73 km pour les voyageurs et de 112 km pour les marchandises.
106
Chapitre VI : Le marché de transport.
Introduit par une puissance étrangère à un moment où l’économie avait besoin de
moyens plus légers, le chemin de fer a tout de suite acquis une situation
monopoliste qui ne durera pas trop d’ailleurs quand la route fit son apparition entre
les deux guerres.
La concurrence du camion, le retard dans les investissements, la structure même
du réseau ont contribué au recul du rail. Ce n’est que durant les années quatre-
vingt que les pouvoirs publics ont commencé à s’intéresser au rail dans des
conditions particulières et de courte durée.
VI-1/ Recul du rail et montée de la route
Sans trop entrer dans le détail nous pouvons distinguer plusieurs époques en
fonction de la position du rail sur le marché des transports.
- Le monopole : 1880 – 1920
Comme nous l’avons déjà vu (cf.1ère partie) le rail n’a pas eu véritablement de
monopole dans la mesure où les moyens de transport traditionnels ont continué à
exister, assurant des trafics remarquables entre les centres urbains et les régions.
S’agissant d’un mode de transport « européen », il n’a intéressé à ses débuts que
les colons. Grâce au développement de la colonisation agraire et à l’exploitation
des mines, le rail a été le support des transports massifs et des longues distances.
Dans les hautes plaines des pistes ont été crées pour relier les fermes des colons
aux gares. La route, à cette époque, n’était qu’un complément du chemin de fer.
Dès le début du XXème siècle le besoin de la route se faisait sentir ; et jusqu’en
1920 la route n’existait qu’en tant que chemin colonial et donc comme
complément du rail.
107
- La route et la concurrence : 1920 - 1935
Le développement de la route et par conséquent du camion, au lendemain de la
première guerre mondiale, et ensuite entre 1930 – 1935, a enlevé au chemin de
fer une part importante du trafic.
Introduits dès 1909 les premiers véhicules (notamment les camions), vont modifier
le marché de transport, car ils sont plus souples, plus accessibles (transport à la
demande) et surtout plus adaptés au porte-à-porte.
- La modernisation : 1935 – 1945
Devant le recul du rail, l’administration coloniale entreprend de moderniser le parc.
C’est le matériel voyageur qui en bénéficie le premier par l’introduction des
autorails et par la diésélisation des locomotives, ce qui a permis de moderniser le
parc et de faire des économies. Mais toutes ces tentatives sont insuffisantes pour
protéger le chemin de fer d’une route devenue trop concurrente.
- La réglementation routière : 1945 – 1962
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, la route connaît un développent
important. Le décret de 1945 soumet les transports privés de marchandises à une
autorisation renouvelable chaque année qui n’est accordée que là où les services
publics n’existent pas.
En 1948 une taxe dite de « compensation » est instaurée aux transporteurs de
voyageurs et de marchandises.
Mais malgré toutes ces mesures, le train voit son déficit augmenter, car
parallèlement aux transporteurs réguliers, le transport au noir se développe
pratiquant des tarifs très bas.
108
- L’organisation des transports publics : 1962
Face à la complexité des difficultés léguées par la puissance coloniale au
lendemain de l’indépendance, l’Etat algérien tente l’autogestion des entreprises de
transport placées sous la tutelle du ministère des transports. Leur mission
première était de rompre l’isolement des populations. Ces entreprises autogérées
sont au nombre de 8. Face à l’Ouest et au Centre, le vide de l’Est est saisissant.
Tab. n°18 Les entreprises autogérées en 1965
Entreprises Lieu du siège social
T.P.A.C.B. Transports Populaires des Autocars Blidéens
C.T.B.A. Complexe des Transports de Bel Abbes
T.P.S.M. Transports Populaires Sahel et Mitidja (Alger)
T.C.L. Transports Colonel Lotfi (Alger)
T.V.R.O. Transports de Voyageurs Réunis de l’Oranie
S.O.T.A. Société Oranaise de Transport Automobile
A.T.A. Algérienne de Transports Automobiles
T.R.C.F.A. Transports Routiers des Chemins de Fer Algériens (Oran).
VI-2/ Leur place dans le marché :
L’absence d’études sur la concurrence, et la difficulté à quantifier le transport privé
rendent le traitement de ce sujet très délicat.
Les pondéreux constituent les trafics les plus captifs du réseau ferroviaire : les
minerais sont totalement confiés au chemin de fer. Les céréales passent de 71%
en 1960 à 23% en 1978 et enfin à environ 3% en 2005.
La structure du trafic en 2005 par rail et par route nous permet de saisir la part de
chaque mode dans les transports publics. La part du rail varie de 3% pour les
produits alimentaires et les céréales à 100% pour les produits miniers.
109
Tab. n°19 Part rail-route dans le transport public de marchandises en 2005
Produits (t) Rail Route Part du rail %
Carburants 924115 ? -
Pr. Alimentaires 29459 987123 2,98 %
Céréales 21196 741373 2,85
Ciment 123043 1542368 7,97
Minerais 2633482 - 100
Pr. Sidérurgiques 249854 651728 38,33
Source : Dépouillements de situation SNTF et Ministère des travaux publics
Ne pouvant pas assurer une continuité de la chaîne de transport entre deux
points, le rail présente un grand handicap qui favorise la route.
Au niveau régional la concurrence est avant tout terrestre. En effet l’avion
n’intervient que sur les longues distances.
Se prononcer sur la rentabilité d’un mode de transport sans analyser les différents
coûts (coûts sociaux, coûts d’investissement, coûts de fonctionnement…), est
chose très difficile, mais tout concourt à favoriser le chemin de fer.
De l’accroissement de l’activité commerciale liée à l’accord de partenariat avec la
CEE, conjugué à l’augmentation de la production nationale de tout genre va
induire un volume sans cesse important de marchandises à écouler.
L’émergence de pôles économiques, tels que Bordj Bou Ariridj, de marchés, tels
que Tadjenanet, ou l’existence d’anciens pôles industriels, tels que Skikda,
Annaba ou Constantine, nécessitera la mise en place d’un moyen de transport
lourd à rendements bénéfiques que seul le train est en mesure d’apporter.
S’agissant d’un service public, le rail ne cherche pas le profit, son objectif est
d’assurer l’équilibre budgétaire. Par ce fait donc ses tarifs pratiqués sont
concurrentiels sur les moyennes et grandes distances. Par le fait aussi qu’il
s’agisse d’un transport de masse, il offre des capacités très élevées de transport
110
pour répondre aux exigences des grands pôles industriels. Un train de 6 voitures
peut transporter 900 passagers, ce qui est l’équivalent de 15 autocars avec autant
de chauffeurs et de receveurs.
L’étude multicritères des services rendus par le rail et la route oriente le choix pour
le chemin de fer.
Tab. n°20 Etude multicritères Rail/Route
Rail Route
Capacités -Voy.
-Marchandise
900 voy.
2000 t
60 voy.
30 t
Portée 400 – 500 km 100 – 150 km
Sécurité 9 0,3
Facilité d’accès 0,2 10
Nuisances 1 9
Formalités de transport 2 9
Souplesse horaire 4 8
Transport de masse 10 0,6
Régularité 9 1
Infrastructures
-Coûts / km
- Emprise au sol
- Durée de vie
39 millions da / km
25 m
40 – 50 ans
440 millions da /
km
40 – 50 m
10 - 15 ans
Porte-à-porte 0,4 10
Source : Rapport Ministère des transports 2002
o Sur une échelle de 1 à 10 le rail est peu nuisant et peu polluant que la route.
o Pour ce qui est de la sécurité, le rail avec une note de 9 sur 10, se place au
premier rang.
111
Les incidents les plus fréquents se produisent souvent aux passages à niveaux,
c’est-à-dire aux points de conflits avec la route. Le nombre d’accidents routiers a
été de 5847 pour l’ensemble des wilayas de l’Est algérien causant la mort de 1339
personnes et blessant 7540 en 2005. Quant au train on a enregistré pour la même
période 18 incidents et 2 morts.
• Pour ce qui est de la souplesse des horaires la route est mieux placée : horaires
à la demande et possibilités de ramassage et de distribution à l’échelle la plus
fine.
Il ressort de ce tableau que le chemin de fer est le moins coûteux pour la
collectivité. Mais la route présente quand même des avantages que le rail est loin
de posséder actuellement. En fait nous pensons qu’il s’agit de complémentarité
entre le rail, moyen de transport en masse plus sûr et moins coûteux pour la
collectivité, et la route, moyen plus souple, à la demande ayant un pouvoir
structurant important.
Pour plus de clarté sur ce chapitre nous avons essayé un autre indice sans toute
fois avoir la prétention d’y apporter toute la lumière : c’est le coût comptable de
transport. Les éléments qui s’y attachent sont :
- les frais de personnel
- les impôts
- les assurances
A titre comparatif nous avons essayé de prendre une entreprise privée de
transport routier de voyageurs qui possède 3 autocars. Sans vouloir la nommer,
pour des raisons qui lui sont propres, cette entreprise relie Constantine à Sétif.
Son effectif est composé de 4 chauffeurs, 3 receveurs et 1 mécanicien.
112
Tab. n°21 Comparaison des charges d’une entreprise privée et du rail
Montant / an (année 2004) %
Rail Entreprise privée Rail Entrep. privée
Frais personnel 3 616 000 000 DA 1 332 000 DA 63,64 % 56,39 %
Impôts 193 600 000 DA 410 000 DA 3,40 % 17,35 %
Assurances 1 872 000 000 DA 620000 DA 32,94 % 26,24 %
Total 5 681 600 000 DA 2 362 000 DA
Source : Enquête de terrain 2004
La comparaison de ces différents postes de ces deux modes de transport souligne
l’importance des frais de personnel.
L’analyse de ces deux modes de transport démontre que chacun de ces modes
possède ses particularités. Ils peuvent se concurrencer ou se compléter en termes
de coût, de rapidité, d’accessibilité, de fréquence, de sécurité, de confort, etc.
• La concurrence provient essentiellement d’une co-présence du trafic de
passagers et de marchandises le long des mêmes itinéraires et reliant les mêmes
points.
Bien entendu, ceci a amené une congestion accrue, une réduction de la sécurité,
une dégradation accélérée des infrastructures mais aussi à de lourdes
préoccupations d’ordre environnemental.
113
Conclusion
La faiblesse du rail s’explique par :
- le retard dans les investissements
- l’héritage négatif de son tracé
- l’absence d’une politique ferroviaire
- les difficultés financières
Cependant la cause profonde et essentielle de cette situation réside dans deux
facteurs :
1. l’héritage négatif du réseau ferré répondant à des besoins qui ne sont plus
ceux de l’Algérie indépendante.
2. le choix de la route comme élément d’intégration national.
114
Conclusion de la partie
C’est à partir de ce contexte socio-politico-économique que le Nord-est algérien
pourra être saisi. Sa situation géographique l’a toujours aidé à jouer un rôle de
carrefour. Les voies nord-sud ont fonctionné simultanément ou alternativement
mais presque sans interruption depuis l’histoire ancienne. Il suffit d’évoquer les
brillantes périodes du Moyen Age musulman au cours desquelles le commerce
transsaharien s’est développé. Cette situation de carrefour a fait pendant
longtemps la prospérité des villes de Constantine et Bejaia. L’un des aspects les
plus négatifs de la domination turque, à partir du XVIème siècle, a sans doute été
d’avoir étouffé les courants nord-sud et ouest-est et orienté l’essentiel de l’activité
sur Alger : métropole de la course en Méditerranée.
La domination française rétablit les mouvements nord-sud mais ces courants
d’échange sont animés de l’extérieur et au profit, le plus souvent, de la métropole
française.
L’analyse topologique a montré une connexité minimale pour le chemin de fer.
Cette situation est rendue encore plus délicate par les caprices du climat où une
simple averse peut déconnecter le réseau. Les souvenirs des inondations de
1969, 1984, 1989 et 1991 ne peuvent être oubliés, d’autant plus que les dégâts
n’ont pas été entièrement réparés. Les lignes de chemin de fer en cul de sac (9
terminaux sur un total de 23 nœuds) font que le coût d’exploitation est très élevé
et les parcours trop allongés pour les usagers.
C’est plutôt un réseau de drainage par opposition au réseau routier qui est lui un
réseau de desserte.
115
Ceci contribue donc, et d’une façon claire, à donner au rail une position très
vulnérable par rapport à la route, mieux placée pour desservir l’espace.
116
Deuxième partie
Transports et espace : diagnostic territorial
Les flux sont des mouvements se produisant dans un espace donné. Ces
mouvements s’articulent, se combinent et laissent une empreinte sur l’espace.
Ces flux, de biens et de marchandises, expriment la dynamique des échanges.
Leur analyse permet de connaître leurs contenus et la manière avec laquelle
s’organise l’espace qu’ils irriguent.
117
Chapitre I : les flux
Au cours des différentes périodes de son histoire les réseaux de transports
algériens27 ont de tout temps structuré l’espace. Au début en influençant la
répartition des cultures agricoles, par la suite en favorisant la localisation de
certaines activités industrielles. Ils ont stimulé également le développement
économique par le fait même de leur existence. Ce développement s’est traduit
par la création de pôles économiques reliés entre eux par des relations
matérialisées par des flux. Ces flux sont l’œuvre des politiques d’aménagement du
territoire menées depuis l’indépendance.
Comment se présentent ces flux et comment s’organisent-ils ?
Il est difficile d’apporter toute la lumière sur cet aspect car complexe et difficile à
saisir devant la carence et parfois l’inexistence de données appropriées. Pour plus
de clarté nous étudierons les flux de biens et de personnes séparément.
27 Des pistes primitives à la route moderne en passant par les pistes caravanières du Moyen-Âge musulman.
118
I-1) Les flux de voyageurs
-- Par route
L’examen de la carte n°9 permet de dégager un certain nombre d’axes routiers
majeurs :
- Un axe est-ouest reliant Alger à Constantine et passant par Sétif. Il est de loin le
plus important de tous. Chaque jour environ 6000 voyageurs (30 bus) circulent
dans un sens ou dans l’autre. C’est un axe d’une grande importance. Il est le
cordon ombilical de la région Nord-est. Ici les modes de transport sont
complémentairement, plus que concurrents : routes, rail, avion.
Carte n°9. Le Nord-est algérien : Nombre de bus en circulation quotidienne
119
Sur cette artère, des pôles majeurs de convergence des flux routiers ont pris une
dimension considérable depuis l’ouverture de l’Algérie à l’économie de marché :
Bordj Bou Ariridj, Sétif, Tadjenanet.
Sur cette charpente se greffe un réseau complexe de voies routières secondaires
dont la trame est dense dans les lieux de forte densité de peuplement, Chelghoum
Laïd, M’sila, Ferdjioua.
- Parallèlement un autre axe de moindre importance et de tracé plus dévié, relie
Bejaia à Jijel en passant par la Soummam. Bejaia, au nord, bien que bien reliée
au réseau routier et ferroviaire et possédant un port actif, reste un peu en marge
du système de transport routier à cause de la barrière de montagnes des Babors
qui la cernent.
- Trois axes, mais cette fois-ci de direction nord sud, moins fournis que le
précédent, le premier relie Bejaia à M’sila en passant par Sétif. Le second relie
Skikda à Biskra en passant par Constantine et Batna. Il est le plus soutenu des
trois. Le troisième, Annaba – Souk Ahras – Tébessa : il se prolonge jusqu’à El
Oued.
La carte souligne aussi deux éléments primordiaux de l’organisation de l’espace :
- le rôle de carrefour de certains centres, Constantine en premier lieu, mais
également Sétif, Batna, Biskra, Oum El Bouaghi.
- Dans les Aurès, zone de montagnes qui n’ont qu’un maillage urbain très lâche,
fait de petites villes, l’accessibilité a été longtemps assez difficile. Pour remédier à
ce déséquilibre entre l’écheveau serré des flux dans les hautes plaines et les
espaces intérieurs encore mal desservis, des politiques d’aménagement routiers
ont été entreprises depuis les années 1980 : rocades de contournement et
élargissement des voies.
120
-- Par rail
Les flux de personnes par rail sont beaucoup plus simples que les flux routiers.
Un grand axe est ouest relie Alger à Annaba via Constantine avec cependant une
bretelle importante vers Bejaia. Le trafic voyageur de la SNTF se limite
pratiquement à cette ligne. Les deux autres lignes Skikda – Batna et Annaba –
Tébessa n’ont qu’un trafic réduit.
Le trafic ferroviaire de voyageurs renforce donc les flux routiers de voyageurs de
l’axe central des hautes plaines.
- L’importance de Constantine :
Les gares de la wilaya de Constantine ont reçu et envoyé 1254000 voyageurs en
2005 sur un total de 3254000 soit 38,53%.
Les axes les plus importants sont ceux qui relient Constantine à Sétif et
Constantine à Annaba.
Carte n°10. Le Nord-est algérien : Flux ferroviaires de voyageurs
121
- Le rayonnement des gares :
→ Portée spatiale :
Pour nous permettre de traduire le rayonnement spatial des différentes gares,
nous utilisons le parcours moyen de chaque gare. Plus il est faible plus les
échanges se font sur de courtes distances.
Tab. n°22 Rayonnement des gares
Gares Parcours Moyen Gares Parcours Moyen
Constantine 92,4 km Téléghma 54,7 km
Batna 84,4 Aïn M’lila 43,9
Sétif 91 Guelma 41,6
Jijel 82,6 Azzaba 39,2
Tébessa 88,1 Zighoud Youcef 24,5
Skikda 82,2 Bouchegouf 23,2
Souk Ahras 69,8 Ouenza 78,1
Annaba 96,7 El Khroub 17,8
Source : Traitement statistique
La lecture de ce tableau montre l’importance des moyennes distances 70 à 80 km
et des courtes distances 20 - 50 km. En fait la portée spatiale de ces gares n’est
que la distance les séparant de la gare de Constantine. Les terminaux détiennent
les indices les plus élevés et sont par conséquent les plus excentriques.
→ Taille des gares :
Six gares assurent presque les 2/3 du trafic voyageur. Mais une seule détient plus
du 1/5 du trafic :
122
Tab. n°23 Part des gares
Gares Nombre de voyageurs %
Constantine 783127 20,60
Annaba 600192 15,79
Sétif 440160 11,58
Batna 370264 9,74
Bejaia 354189 9,32
Souk Ahras 303856 7,79
74,82
Source : Traitement statistique 2005
I-2) Les flux de marchandises :
Ils sont intimement liés à la géographie de la production et de la consommation et
sont bien placés pour exprimer l’organisation spatiale.
On différenciera dans notre démarche les marchandises diverses des pondéreux,
dont l’unicité de l’itinéraire est la principale caractéristique.
1. les pondéreux :
Extraits au Sud, ils sont acheminés vers le littoral pour être soit exportés soit
transformés sur place dans des unités industrielles : complexe sidérurgique ou
phosphatique. Ils sont pris totalement en charge par le rail.
Pour les flux de marchandises externes, ceux qui franchisent les limites de la
région par voie terrestre, le rail gagne en importance et représente les 3/4 du
tonnage. La route représente quand même le 1/4 restant ce qui explique les
colonnes de camions sur les routes. Le rail est donc plus compétitif sur les
grandes distances et la route plus appropriée sur les courts trajets.
2. les flux de céréales :
Produits dans les hautes plaines, ils échappent au transport ferroviaire sauf pour
les céréales importées.
123
La distribution des céréales importées à partir des ports de Bejaia, Skikda, Djen-
Djen et Annaba. Ces flux sont de loin les plus importants par leur volume et par
leur régularité. Les principaux flux se dirigent vers des villes comme Bouchegouf,
Guelma, Aïn M’lila, Bordj Bou Arreridj ou vers les centres de consommation
déficitaires comme : Constantine, Sétif, Batna, Biskra, Skikda et Annaba. Ces flux
sont souvent saisonniers et assez diffus bien qu’ils empruntent les principaux
axes. De Bejaia plus de 200000 tonnes sont acheminées vers Sétif. De Djen-Djen
et de Skikda prés de 10000 tonnes vont vers Constantine et Batna.
Carte n° 11. Le Nord-est algérien : Flux ferroviaires de céréales
3. les flux de produits pétroliers :
Les flux ferroviaires des hydrocarbures ont un sens inverse à celui des pipe-lines
et des gazoducs, c’est-à-dire du nord vers le sud. C’est à partir du port d’Annaba,
mais surtout à partir de la raffinerie de Skikda que les flux desservent la région.
-un axe Annaba – Tébessa
-un deuxième axe Skikda – Constantine – Batna.
124
Il s’agit de produits fabriqués à Annaba pour les engrais, hydrocarbures à Skikda
ou importés de l’étranger. En ce qui concerne la partie Ouest de la région : Sétif et
M’sila, l’approvisionnement vient d’Alger qui joue de ce fait le rôle de cinquième
port de la région.
Carte n°12. Le Nord-est algérien : Flux ferroviaires de carburants
4. les flux de ciment :
Avec 1665100 tonnes le rail n’assure le transport que de 123000 tonnes, soit 7,38
%. Quelques pôles de distribution se distinguent : tout d’abord les ports, mais
également les cimenteries du Hamma Bouziane, de H’djar Essoud prés d’Annaba,
celles de Aïn Touta et de Aïn Kébira prés de Sétif.
125
Carte n°13. Le Nord-est algérien : Flux ferroviaires de ciment
I-3) le rayonnement spatial des gares :
Comme pour les voyageurs, le rayonnement spatial est mesuré par le parcours
moyen de la tonne expédiée ou reçue. Ce sont les gares littorales : Annaba,
Skikda et Djen-Djen qui ont la portée spatiale la plus importante.
Tab. n°24 Rayonnement des gares
Gares Parcours moyen Gares Parcours moyen
Constantine 86,12 km Aïn M’lila 101,58 km
Annaba 192,56 Ouenza 118,52 km
Skikda 201,68 km Bouchegouf 135,48 km
Djen-Djen 176,84 km Souk Ahras 98,54 km
Bejaia 125,36 km Tébessa 112,73 km
Batna 108,92 km Biskra 115,49 km
Source : Traitement statistique 2005
L’analyse des expéditions et des arrivages montre aussi que :
126
- dans les gares minières, Ouenza par exemple, il y a un excédent au profit des
expéditions
- les gares-ports sont des gares de réception et de collecte : Annaba, Skikda et
Djen-Djen où les pondéreux sont importants.
- Les gares de l’intérieur accusent un déséquilibre au profit des arrivages formés
pour l’essentiel de produits de biens de consommation (céréales, farines, produits
sidérurgiques…), de matériaux de construction (ciment) et de produits pétroliers.
La faiblesse de l’éclatement des flux ferroviaires exprime la structure du réseau.
Les échanges interrégionaux sont faibles. Ils sont soit en direction de Constantine
soit en direction d’une ville moyenne, Annaba, Sétif ou Batna.
I-4/ Les basins d’emploi
Les recensements de population permettent d’avoir une information sur la marché
du travail en Algérie au niveau géographique le plus fin. Il existe une demande
pressante en matière d’informations au niveau local, mais cette demande épouse
les contours du découpage administratif. La région du Nord-est algérien est divisé
en 17 wilaya totalisant 519 communes depuis le découpage de 1984. Malgré
qu’une des préoccupations majeures des pouvoirs publics a été la recherche d’un
équilibre régional, force est de constater que l’implantation des activités
économiques ne suit pas exactement celle des populations (et réciproquement) et
ce pour des raisons diverses. Notre travail vise donc, à analyser, à partir de ces
divisions territoriales l’attractivité en nous basant sur les navettes de la main
d’œuvre entre lieu de résidence et lieu du travail. Ces divisions constituées seront
appelées bassins d’emploi.
Les bassins d’emploi constituent le résultat d’un découpage du territoire, élaborés
à partir de statistiques de flux : déplacements lieu de résidence-lieu de travail. Ils
127
rendent compte de la structuration de l’espace, découlant non de l’organisation
administrative, mais de la façon dont le territoire est vécu par la main d’œuvre
occupée.
1- Présentation des données :
Le découpage en bassins d’emploi s’appuie sur deux bases d’information :
la première est relative aux flux entre commune de résidence et commune de
travail de la population occupée, à partir des données du recensement général de
la population et de l’habitat et les données de l’ONS 2005 ;
2- Analyse du ratio d’attractivité :
De prime abord, nous avons procédé à une analyse du ratio d’attraction de la
main d’œuvre par wilaya (calculé par le rapport entre le nombre d’emplois
disponibles par wilaya et le nombre d’occupés résidant dans cette même wilaya).
Ce ratio nous a permit de constater que sur l’ensemble des 17 wilaya du Nord-est,
seulement 3 sont excédentaires. L’une d’entre elles (Biskra) est une wilaya du
Sud, régions connues par des faibles densités de population.
D’autre part, les wilaya les plus répulsives sont, Mila et El Tarf, donc celles
provenant du dernier découpage administratif.
Après, nous avons analysé ce ratio à un niveau plus fin, le niveau communal, car
comme nous l’avons dit dans l’introduction l’analyse au niveau wilayal cache
souvent des disparités intrawilayal. Sur l’ensemble des 519 communes de la
région, seules 77 d’entre elles sont excédentaires. Elles représentent 14,83% du
total des communes, absorbent plus de 53% de l’emploi et comptent seulement le
tiers de la population occupée. Nous constatons également que les 17 communes
chef lieu de wilaya sont toutes attractives et elles représentent plus de 37% de
128
l’emploi régional. Les communes les plus attractives en terme d’effectif sont :
Constantine, Annaba, Sétif.
Carte n° 14. Le Nord-est algérien : L’indice d’attractivité régionale et locale
D’après les emplois
Tab. n°25 Répartition des communes attractives par région.
Nbre de communes attractives
Nbre total de communes % de communes attractives
Centre 71 477 14.88%
Est 77 519 14.83%
Ouest 58 390 14.87%
Sud 57 155 36.77%
total 263 1541 17.06%
Source : ONS 2005
Nous remarquons que le pourcentage de communes attractives dans le sud est
plus élevé par rapport aux autres régions. Dans cette région, les communes
attractives sont celles à faible densité de population. Dans les autres régions les
communes les plus attractives sont principalement les chefs lieu de wilaya, en
129
particulier les communes métropoles où les zones industrielles sont très
importantes . Les autres communes moins attractives sont des communes rurales
à faible densité de population et où prédominent des activités agricoles.
Carte n° 15. Le Nord-est algérien : Indice d’attractivité par wilaya
Que pourrait-on tirer de cette carte ?
Principalement la majorité des wilaya issues du dernier découpage administratif
(1984) sont répulsives. L’attraction vers les grandes métropoles semble se
maintenir. Constantine en tant que capitale régionale, économique et culturelle
attire des quatre coins de la région. Les autres grandes villes recrutent à un
niveau régional. Les régions des hautes plaines et du sud attirent la main d’œuvre
au niveau national du fait du sous peuplement de ces régions par rapport au
130
littoral et aux régions telliennes et aussi de l’absence d’une main d’œuvre qualifiée
tant pour l’activité industrielle que pour l’encadrement administratif. Réellement,
c’est l’attraction vers les chefs lieu des wilaya, quelques pôles industriels et les
zones d’activités portuaires qui est plus importante en terme d’effectif. Cette
analyse, bien que sommaire, met en évidence l’importance de la mobilité de la
main d’œuvre inter- commune d’une part, d’autre part elle nous rend compte de
combien les indicateurs classiques calculés au niveau régional tels que les taux
d’activité et de chômage par wilaya peuvent masquer la réalité quand à
d’éventuelles disparités spatiales.
Tab. n°26 Ratio d’attractivité par wilaya
Wilaya Nbre d’occupés ratio B.Bou Arreridj 60183 0.93
Biskra 74131 1.01 Guelma 60977 0.94
Constantine 132585 1.02 Khenchela 42546 0.96
Annaba 113578 1.12 Bejaïa 109490 0.96
Mila 68319 0.83 Souk-Ahras 47461 0.96
Et-Taref 42293 0.85 Skikda 103338 0.97
Jijel 62341 0.87 M’sila 79445 0.98
Sétif 155051 0.91 Tébessa 64770 0.99
Batna 118871 0.93 Oum El Bouaghi 73270 0.99
Un examen plus approfondi des différents flux par commune nous a permis de
faire d’autres constats plus pertinents :
1/ L’attractivité dépasse de loin la contiguïté spatiale. Ceci est vrai pour les villes
industrielles qui recrutent au niveau national leur main d’œuvre avec une
organisation du travail assez particulière qui permet ce genre de configuration.
131
2/ Une commune peut être attractive pour les communes environnantes sans pour
autant être attractive dans l’absolu. Cela renvoie à l’existence de plusieurs
marchés du travail (main d’œuvre qualifiée et non qualifiée par exemple).
La dissociation croissante entre le lieu de travail et le lieu de résidence est
grandement due à l'essor des transports motorisés, principalement la voiture
privée. Les bassins d'emplois étant situés à l'extérieur des zones de résidence,
ceci a entraîné un grand nombre de déplacements quotidiens pour se rendre de la
maison au lieu de travail.
I-5/ Rôle des ports dans la saturation des axes routiers
Le port s’inscrit à l’intérieur d’un système de distribution de fret reposant sur les
notions d’avant-pays et d’arrière-pays qui interagissent par le biais d’activités
d’importation et d’exportation.
L’arrière-pays (ou encore l’hinterland) regroupe une clientèle directement
rattachée au port. Ce dernier sert alors de point de convergence du trafic routier,
du trafic ferroviaire ou encore des flux issus de points de consolidation
périphériques.
La région d’avant-pays rassemble une clientèle outre-mer avec laquelle le port
entretient des relations.
Les ports sont des points de contact entre deux espaces de transport de fret (ou
de passagers), soit les espaces terrestre et maritime. Ils expriment de ce fait une
relation très étroite avec les réseaux de transport. Ceci contribue à la création de
points de congestion, où le réseau de transport souffre d’une capacité
d’amélioration affaiblie.
Leurs champs d’influence s’étendent sur l’ensemble des wilayas du Nord-est où
sont situées des zones industrielles à fort potentiel de développement et des
132
ressources naturelles tels que les mines de fer, de phosphates et les champs
pétroliers.
o Le port d’Annaba
Carte n° 16. Le Nord-est algérien : Distribution des produits importés par le port d’Annaba
Il est situé au point d’intersection d’importants réseaux routiers et ferroviaires qui
lui assurent une excellente fluidité. Il est relié aux réseaux de voies expresses
desservant l’Est et le Sud-est du pays et au réseau ferroviaire national,
précisément par une ligne ferroviaire électrifiée aux mines de fer de l’Ouenza et au
complexe sidérurgique d’El-Hadjar. Cette infrastructure portuaire assure
actuellement près de 20% du trafic portuaire national hors hydrocarbures. Il se
classe en 2ème position après Alger du point de vue trafic. Sa production annuelle
est de 4.584.000 T (en 2006), avec une progression de 5,19 % par an.
133
Son influence se fait sentir sur la plus grande partie de la région. En effet la
présence d’activité génératrice de trafic et de flux engendre des conflits et
encombrements dans la circulation. Sur le tronçon Annaba – El Harouche 57%28
des transports routiers lourds ont comme point de départ ou d’arrivée le port
d’Annaba.
o Le port de Skikda
Carte n° 17. Le Nord-est algérien : Distribution des produits importés par le port de Skikda
Le développement du commerce régional et le choix de Skikda pour l’industrie
pétrochimique ont entraîné la construction d’un grand port artificiel accessible aux
grands navires. Cette situation a fait des ports de Skikda un point de convergence
des réseaux de transport routier et ferroviaire régionaux. Son attraction s’étend sur
28 Enquêtes de terrains 2004
134
la partie centrale de la région. Les flux de transport terrestres générés par ce port
sont un cas assez original dans la mesure où il est considéré comme le port de
Constantine. Les flux de transport routiers lourds sur le tronçon Skikda – El
Harouche représentent 63%22de l’ensemble du trafic lourd.
o Le port de Djen-Djen
Carte n°18. Le Nord-est algérien : distribution des produits importés par le port de Djen-Djen
Le port de Djen-Djen se trouvant dans la wilaya de Jijel, est un site vierge situé à
350 km d’Alger, à 150 km de Constantine et à 40 km de la première zone franche
d’Algérie «Bellera». Il s’inscrit dans le cadre de l’accroissement des capacités
portuaires de la région Centre/Est, et faisant partie d’un ensemble de projets
intégrés. Cela fait à peine 15 ans que le port de Djen-Djen est entré en fonction.
135
Les résultats d’une telle démarche se sont concrétisés et se confortent d’avantage
d’année en année :la progression annuelle du port est en moyenne de 30% depuis
l’entrée en fonction de celui-ci. Avec un démarrage timide de 211 725 tonnes en
1992, le port a réalisé en 2005, le trafic le plus élevé de son histoire avec1 753
044 tonnes. Au-delà de ces aspects, le port de Djen-Djen ambitionne à moyen
terme d’être la principale plate-forme portuaire nationale hors hydrocarbures : cela
se traduit concrètement par le début de réalisations de certains investissements
générateurs de trafic portuaire, touchant les céréales, la sidérurgie, les huiles
végétales, le ciment … pouvant générer un trafic de plus de 06 millions de tonnes
par an ; de même, qu’il est envisagé de faire du port Djen-Djen un port
d’éclatement de conteneurs. La part du trafic routier lourd sur le tronçon Jijel –
Guerarem , et ayant pour origine ou destination le port de Djen-Djen est de
seulement 12%.
L’articulation des réseaux de transport sur les ports exprime un schéma et
détermine une organisation spatiale de type littoral, extraverti et périphérique. Les
ports furent localisés de manière à assurer le drainage de tout le territoire national.
La conséquence en est une saturation du réseau routier de transport surtout sur
les axes qui mènent à Constantine.
Les ports ont un rayonnement calqué sur celui du réseau routier. Le rail, auxiliaire
de la route à ses débuts, ne remplie plus qu’une infime partie de ces transports.
De par sa situation de nœud central et grand carrefour régional (cf. étude
topologique), le transport autour de Constantine est un cas tout à fait original dans
la mesure où, en plus du trafic régional, le transport urbain est de type radial ce
136
qui engendre des problèmes de circulation immenses. Le trafic de banlieue amène
un flot important surtout aux heures de pointe.
La fertilité des plaines qui s’étendent au sud de ces ports, les facilités de
communication qu’offrait la vallée de la Seybouse, du Saf-Saf ou celle de la
Soummam ont très tôt attiré les marchands et favorisé la création de grandes
agglomérations .
Dans l’état actuel, la route reste dominante, mais l’on constate une percée du rail.
Le rail ne remportera des succès que s’il existe une articulation forte avec les
terminaux à conteneurs.
D’une manière générale, les infrastructures routières reliant les port à l’intérieur de
la région sont saturées, ce qui se traduit par de long délais pour d’acheminement.
Face à cela, le rail constitue une alternative crédible a priori.
Pour le chemin de fer, on est obligé de constater que les prestations ne sont pas
toujours performantes et compétitives, car le temps de transport, la fiabilité des
délais, l’information en cours de transport, sont ses points de faiblesse . Le
chemin de fer ne pourra s’en sortir que s’il est capable de s’adapter à cette
nouvelle situation.
137
Conclusion :
Les transports organisent et structurent l'espace. On l'a vu, le marché à
approvisionner et le centre de production engendrent de multiples échanges. Les
voies de communication stimulent le développement économique mais structurent
également l'espace que nous représentons en termes de pôles, de flux et de
relations.
La concentration des flux sur quelques axes privilégiés, au profit de quelques
centres est le résultat le plus significatif auquel a abouti notre étude à travers les
différents exemples.
Par ailleurs la répartition spatiale des flux oppose voyageurs et marchandises. La
lecture simultanée des différentes cartes est saisissante : d’un côté nous avons le
grand axe Alger – Sétif – Constantine, d’orientation longitudinale ouest est, de
l’autre, et malgré les diversités des marchandises, les orientations nord sud
l’emportent, organisées à partir des trois ports et relayés par l’axe Alger –
Constantine.
Les flux de personnes reflètent les relations entre les différents centres urbains et
particulièrement Alger. Le Nord-est algérien semble s’organiser comme une région
mais sa vraie capitale n’est autre qu’Alger.
Le deuxième type de flux marque les relations avec l’étranger. Ils traduisent la
dépendance de la région (d’ailleurs de tout le pays) qui ne vit que grâce aux
importations. Ce type de flux est très caractéristique des pays en développement.
Il y a certes permanence des tracés mais non des marchandises importées car les
orientations économiques et politiques du pays ont changé et la population a plus
que quadruplé.
138
Chapitre II : Réseaux de transport et réseaux urbains.
L’espace régional est structuré par les voies de transports et par le maillage des
villes. Les deux systèmes sont intimement liés et ce depuis l’antiquité romaine.
En règle générale les systèmes de transport ont toujours été créés en fonction des
villes. En effet « le trafic interurbain est largement dominant et il est rare de ne pas
avoir une ville comme point de départ ou de destination29 ».
Les villes organisent le territoire en ce sens qu’elles sont le point de convergence
et de redistribution des flux de biens et de personnes. De ce fait elles dessinent
dans le territoire des réseaux de relations.
On parle souvent de fonctions de la ville pour parler des influences et des pouvoirs
de commandement que celle-ci exerce sur l’espace. Ces zones d’influence sont
largement dépendantes des moyens de transports et de l’accessibilité à la ville
(longueur et durée du trajet). Elles se font sentir au niveau de l’agglomération, de
la région ou même du pays et parfois aussi au-delà des frontières nationales. On
distingue alors la centralité territoriale qui correspond aux pouvoirs d’encadrement
de la ville sur le territoire et la centralité économique qui correspond à la position
de la ville dans la hiérarchie urbaine.
29 Wolkowitsch, in “ la géographie des transports”, p.291
139
II-1. Relation entre réseaux de transport et population
Soit R le coefficient de corrélation nous avons:
( )[ ] ( )[ ]∑ ∑∑ ∑∑ ∑ ∑
−−
−=
2222
.
yynxxn
yxxynR
n : le nombre de centres urbains
x : densité de population
y: densité du réseau
La corrélation est plus forte avec la population desservie par le rail: elle est
de39%.
Pour le réseau routier la corrélation avec la population totale est de 56%, mais elle
est de 65% avec la population urbaine.
Le trafic de voyageurs apparaît donc lié à la population urbaine dont la mobilité est
plus grande que celle des campagnes.
La densité
La pression démographique est une variable essentielle de l’aménagement du
territoire. De très nombreux indicateurs sont envisageables, nous en proposons
un, pour lequel les données sont disponibles. Il est purement démographique : la
densité de la population.
140
Carte n° 19 : Le Nord-est algérien : Répartition de la densité de population par wilaya
Dans une perspective d'aménagement du territoire et de prospective, les
indicateurs de peuplement son évidemment essentiels.
Selon un document élaboré par le ministère de l’Aménagement du territoire, de
l’Environnement et du Tourisme, la population des Hauts-Plateaux répartie dans
les wilayas d’Oum El Bouaghi, Batna, Sétif, Bordj Bou-Arréridj, Khenchela et
Tébessa s’élève à 4, 952 millions d’habitants. Elle a plus que doublé en trente ans
et le rythme de croissance est supérieur au niveau national. La région est de loin
la plus peuplée des Hauts-Plateaux avec une moyenne de 95 habitants/km2
contre 17 dans les Hauts-Plateaux du Centre et 11 dans ceux de l’Ouest. La
population urbaine supplante légèrement la population rurale avec 53% de
citadins.
141
Carte n°20. Le Nord-est algérien : Nombre de kilomètres de routes pour 100 000 habitants
Les infrastructures de transport sont également un des principaux critères de
localisation des activités économiques. Elles représentent des externalités30 des
territoires, et sont très importantes pour un pays étendu comme l’Algérie.
Plusieurs variables peuvent être construites, nous avons choisi le nombre de km
de routes nationales, rapportées au nombre d’habitants. La région la plus
défavorisée est celle des Hautes plaines, à cause de la déficience de la longueur
du réseau routier mais également à cause de la faiblesse du nombre de
population. 30 D’après Larousse en ligne « l’externalité ou effet externe désigne une situation économique dans laquelle l'acte de consommation ou de production d'un agent influe positivement ou négativement sur la situation d'un autre agent non-impliqué dans l'action ».
142
II-2. les aires d’influence :
Les aires d’influence sont le résultat de phénomènes d’attraction commerciales et
de services. La polarisation s’affirme donc dans le territoire par la convergence
des flux vers des pôles où se concentrent des équipements multiples. Le degré de
polarisation n’est pas toujours lié à l’importance démographique des villes, mais
souvent au dynamisme de ses activités tertiaires ou supérieures (professions
libérales).
Une approche théorique simple peut être tentée pour appréhender ce
phénomène : c’est le modèle de simulation. Elle nous permet de comprendre la
logique des réseaux de transports, c’est-à-dire leur cohésion par rapport à
l’organisation de l’espace, par rapport à la localisation des villes et par rapport au
système urbain.
La méthode suivie est celle proposée par Kansky31.
En appliquant la loi de la gravitation on calcule un indice d’interaction « i » entre
un couple de villes A et B suivant la formulation classique suivante :
ABDPBPAi
××= 2
Où :
PA : population de la ville A
PB : population de la ville B
D : la distance à vol d’oiseau entre A et B
i : étant l’indice d’interaction entre A et B
31 Kansky K. (1963) Stucture of transportation networks : relatoionshops between network geography and regional characteristics. University of Chicago, Department of Geography, Research Papers 84.
143
Globalement la simulation permet de saisir le lien entre le réseau urbain et le
réseau routier ou ferroviaire. Les indices obtenus déterminent les lignes de désire
théoriques.
Ces indices étant calculés par couple de villes, on obtient une matrice O/D
(origine/ destination) des indices (cf. annexe).
Carte n° 21. Le Nord-est algérien : Simulation du réseau de transport à travers les lignes de désire
théoriques
En reliant chaque ville à celle à laquelle correspond l’indice le plus élevé, on
obtient un graphe. Il traduit la forte centralité de Constantine.
Deux niveaux apparaissent :
- un niveau régional : où Constantine, principal nœud, centralise le réseau et
domine l’espace. Son influence est d’autant plus large qu’elle dispose des
144
instruments d’exercice de fonctions de niveau plus élevé. En effet Constantine
abrite un hôpital de premier ordre, où les spécialités sont nombreuses et où les
cliniques privées disposent d’équipements de haute qualité. La ville a également
un pouvoir très étendu car elle cumule plusieurs fonctions : financière, culturelle et
d’information.
- Un niveau local où Sétif et Batna, d’une part, mais surtout Annaba rayonnent
sur les ailes Est, Ouest et Sud de la région.
L’extension des aires d’influence urbaine des villes moyennes est la conséquence
de la réduction des temps de transport. L’amélioration du réseau routier avec
l’élargissement de la route, le dédoublement de la voie ferrée entre Skikda et El
Garrah, l’extension et la multiplication des lignes d’autocars interurbains
expliquent une mobilité accrue des personnes et l’allongement des trajets.
La comparaison entre le réseau ferroviaire simulé et le réseau réel dégage les
faits suivants :
• Les lignes simulées existantes : il s’agit surtout des pénétrantes : Annaba -
Dj.Onk, d’un coté et Skikda – Touggourt, de l’autre.
• Les lignes simulées mais non existantes : il s’agit surtout des lignes rejoignant
Constantine, telles que Jijel – Constantine, El Milia – Constantine, ou encore
Annaba – Constantine, Sétif – Bejaia en est un autre exemple.
• Les lignes en construction (supposées existantes) mais non simulées : Aïn
M’lila – Tébessa ou M’sila – Bordj Bou Arréridj.
D’une façon générale nous pouvons affirmer que le rail a été une rupture dans
l’organisation spatiale dans la mesure où quelques tronçons non simulés ont
existé : réseau minier Jijel – Beni Haroun ou encore la ligne agricole Constantine –
Oued Athménia – Tadjenanet.
145
Le rail a ainsi orienté et modifié le système urbain. La route a pris la relève et a
accentué la « littoralisation » du Nord-est algérien : d’un réseau dense au Nord,
les mailles deviennent de plus en plus larges au Sud.
Une autre méthode peut être tentée en prenant l’ensemble des agglomérations
urbaines, nous proposons de relier chaque ville à sa plus proche voisine à vol
d'oiseau par une arête, montrant par là les relations privilégiées entre les villes de
manière théorique en posant comme hypothèses que la distance est le seul
paramètre influant sur les échanges et que l'espace possède les propriétés
d'homogénéité, d'isotropie et de continuité. Cela nous a permis :
1. de voir que le fait de relier une ville à sa plus proche, nous a rapproché d'un
sous-système de réseau urbain de voisinage.
2. de constater que l'on n'obtient pas un graphe fortement connexe, c'est-à-dire
qu'il n'existe pas un chemin qui permet de relier n'importe quelle ville à toutes les
autres (en passant ou non par d'autres villes). Mais que l’on obtient un graphe
arborescent, donc de relations simples.
3. d’avoir un aperçu des densités d’entrecroisement sur la frange Nord et celle
des hautes plaines et sur la morphologie des réseaux obtenus.
146
Carte n° 22. Le Nord-est algérien : Le réseau urbain de voisinage
Nous avons relevé deux classes de distances entre les villes les plus proches,
comme on peut le constater sur la carte, avec un seuil de 30 km qui correspond à
la distance moyenne entre une ville et sa plus proche voisine sur l'ensemble de la
région et un autre seuil de 100 km qui permet de distinguer les relations de
longues distances.
II-3. La hiérarchie des centres
1/D'après leur taille
La nécessité d'introduire des hypothèses de taille en terme de population quant à
la relation de hiérarchie urbaine est une des caractéristiques majeures.
147
La taille de la ville à travers sa population n'est certes pas l'unique critère
permettant de mettre en évidence les hiérarchies urbaines dans le système, mais
elle contribue à en résumer l'aspect général. Ces populations sous-tendent des
fonctions administratives, industrielles et de services importantes.
La courbe présente des irrégularités qui traduisent deux anomalies:
-la faiblesse des villes en tête
-la surreprésentation des villes moyennes. Il y a là un niveau fort de l'armature
urbaine que nous retrouvons dans bien des aspects de l'organisation de l'espace.
L’objectif principal est la recherche de pôles d’équilibre à la ville primatiale
(Constantine) qui souffre de congestion et d’hypertrophie. La logique du
«système» basée sur l’interdépendance de ses éléments du plus grand au plus
petit, veut que le changement opéré au niveau d’un centre donné entraîne
systématiquement des modifications dans les autres centres. Pour cela, la
recherche de la cohérence passe obligatoirement par la révision de l’ensemble
des relations qui caractérisent les centres de différents niveaux.
148
2/D'après leur fonction
L’Etat cherche à promouvoir la wilaya et la commune, à les doter d’outils et
d’instruments pouvant garantir à ces dernières, une autonomie et un pouvoir de
décision plus importants. Mais en pratique, la commune algérienne souffre
aujourd’hui sur tous les plans. Budgets insuffisants, créances impayées,
entreprises communales dissoutes, programmes de développement faibles sont
les caractéristiques majeures de la commune d’aujourd’hui. Cependant, les
grandes options nationales en matière d’aménagement régional et local visent
d’un côté la stabilité des populations rurales en limitant au maximum l’exode vers
les milieux urbains, de l’autre l’égalité des chances pour tous les habitants face à
l’accès aux biens et équipements. Ces objectifs louables esquissent le chemin
vers la recherche d’une cohérence spatiale basée sur les principes suivants :
Ø Bien que le découpage wilayal présente une certaine concordance dans ses
grandes limites internes, le dysfonctionnement de la région Nord dans leurs
marges limitrophes, nécessite rectification, afin d’assurer à la wilaya son unité
territoriale. La viabilité du système exige l’adéquation entre les espaces
149
fonctionnels et administratifs que ce soit aux niveaux interne ou externe. Mais
lequel des deux doit être calqué sur l’autre ? Il nous paraît indispensable d’agir sur
les deux à la fois, car l’un et l’autre se complètent. Les flux d’hommes guidés par
leurs besoins et les flux de décision, projetés dans l’espace, doivent dessiner les
mêmes contours.
Ø Le court-circuitage des centres intermédiaires par les micro-centres pour des
besoins multiples y compris les services élémentaires nuit, non seulement aux
habitants du monde rural du fait de déplacements coûteux et inconfortables, mais
aussi à la ville, car à la longue, ces flux ruraux de va et vient entre le sommet et la
base vont terminer leurs parcours en se stabilisant dans la grande ville. Ce qui
favorise la congestion de cette dernière et l’exacerbation de ses problèmes
environnementaux. Une meilleure cohérence dans les structures de la wilaya, doit
passer par le renforcement des niveaux intermédiaires en équipements, afin qu’ils
assurent la liaison entre le niveau supérieur et les niveaux inférieurs de la
pyramide. La surreprésentation en centres de niveaux intermédiaires (4 et 3 )
exige la promotion de ces centres supports, afin de hiérarchiser les relais.
Ø Les disparités communales, le sous-équipement, le chômage, etc. orientent vers
un principe fondamental : la recherche d’une meilleure égalité spatiale. En ce
sens, tous les habitants doivent être à égale distance des biens et des
équipements. Ils doivent avoir les mêmes chances pour accéder à l’éducation, aux
soins, aux transports, à l’emploi, aux produits de consommation etc. La
redistribution spatiale des ressources et des services est un passage obligé pour
une meilleure égalité sociale.
Une organisation cohérente de l’espace nécessite une hiérarchisation des centres,
des services et des espaces. Un système cohérent est caractérisé par une triple
150
exigence. Une pyramide des niveaux équilibrée ayant une base ni trop large, ni
trop étroite et ne présentant ni creux intermédiaire ni vide latéral. Des centres et
des services hiérarchisés s’appuyant les uns sur les autres pour les différents
besoins qu’ils soient quotidiens, hebdomadaires ou occasionnels. Des espaces
s’emboîtant les uns dans les autres et commandant des sous-espaces et à un
degré moindre des micro-espaces.
Pour cela, il serait intéressant de connaître le système soukier, son réseau et ses
montants d'adjudication.
Le recours aux montants des adjudications des souks permet d’appréhender la
hiérarchie relative aux activités de desserte.
Carte n°23. Le Nord-est algérien : Montants d’adjudication des principaux souks
Lieux de rencontre et de transactions commerciales en produits divers agricoles
ou autres, l’importance du phénomène « souk » n’est pas à démontrer.
151
La ville Tadjenanet est de loin le centre dont le rayonnement de son souk dépasse
largement les frontières de sa wilaya. Le montant de son adjudication annuelle est
supérieur à 11 millions de dinars algériens. Les détaillants des quatre coins du
pays s’y approvisionnent hebdomadairement. Trois autres grands centres sont de
niveau 7 (El Khroub, Sétif et El Eulma).
Ce sont là des souks qui sont implantés en position de contact entre régions
naturelles différentes: hauts plateaux et l'atlas tellien. Bien sûr les souks se sont
transformés.
Économiquement, ils ont perdu la commercialisation de certains produits agricoles
(grains) et acquis celle des produits de fabrication industrielle.
Spatialement, ils se sont urbanisés car bon nombre de villes ont créé leur propre
souk.
Le dernier critère concerne le volume d’habitants desservis par les activités
commerciales de détail, les activités de desserte et les équipements. Il ne s’agit
pas de la population des centres mais de celle de leurs aires d’influence32.
32 Selon Reilly, l’influence (I) d’un centre est proportionnelle à son poids (P) et inversement proportionnelle
au carré de la distance (D) qui le sépare d’un autre centre donné: I = P/D2. Dans ce modèle gravitaire, le poids du centre correspond à sa taille démographique. La distance kilométrique (D) sera remplacée par le temps de parcours (T) entre les centres afin de parer aux problèmes relatifs à l’état des routes, leur topographie, leur nature, leur statut etc. Une route nationale est plus rapide qu’un chemin de wilaya ou une piste. Une route sinueuse est plus lente qu’une route droite. La vitesse relative à chaque type de routes représente en réalité la moyenne des temps de parcours des bus privés, des bus de l’EPTVE (ex SNTV), des taxis et des données de la Direction du transport. * Données recueillies après enquête auprès des utilisateurs du réseau routier (chauffeurs de taxis et de l’EPTVE et privés.
152
Carte n° 24. Le Nord-est algérien : Les aires d’influence des principales villes
Tab. n°27 Vitesses selon les catégories de routes
Catégories de routes
Vitesse moyenne en km par heure
Distance parcourue en 30 minutes (km)
Routes nationales (montée) 60 30 Routes nationales (descente) 75 37.5 Routes nationales (plaine) 90 45 Routes secondaires(montée) 55 27.5 Routes secondaires (descente) 60 30 Routes secondaires (plaine) 70 35 Routes non revêtues 40 20 Pistes carrossables 35 17,5 Pistes difficiles 20 10 Traversée agglom. < 500 habitants 45 22,5 Traversée agglom. de 10 000 hab. 40 20 Traversée agglom. < 20 000 hab. 40 20 Traversée agglom. > 20 000 hab. 40 20
Source: ANAT 2002
153
La méthode consiste à tracer des isochrones autour de chaque centre. Les
isochrones sont des courbes qui permettent de mettre en évidence les conditions
de temps dans lesquelles on peut atteindre un centre à partir d’un réseau de
communication donné. Il s’agit en fait d’une accessibilité potentielle.
Pour plus de précision, nous avons opté pour des isochrones de 30 minutes. Les
rapports de la population sur les temps de parcours au carré permettent de
déterminer les limites d’influence33.
La répétition de la même procédure pour chaque centre a permis l’élaboration des
zones d’influence de tous les centres. La superposition de cette dernière sur la
carte de la répartition de la population nous a permis d’avoir le nombre théorique
de population desservie par centre. La hiérarchisation par niveaux des différents
centres selon le critère de la population desservie par les équipements
fonctionnels, le commerce de détail et le commerce de gros a fait ressortir trois
types d’attraction (mineure, moyenne et majeure) qui traduisent trois niveaux de
fonctionnement.
Les populations des zones éparses s’adressent aux centres les plus proches en
dessinant autour d’elles des micro-espaces desservant moins de 5000 habitants
ainsi que les chefs-lieux de communes dont la zone d’influence est réduite à leurs
propres populations pour les besoins quotidiens. Des espaces plus importants
sont animés par les chefs-lieux de communes desservant des effectifs allant de
33 Si l’on suppose qu’on a deux centres (A) et (B) situés dans une région de plaine, distants de 20 kilomètres, la voie qui les relie est une route nationale; leurs tailles sont respectivement de 2000 et 4000 habitants; la vitesse moyenne de parcours étant de 90 km/heure soit 45 km en 30 minutes. On calcule pour chaque centre le rapport
2TP
suivant le nombre d’isochrones tracés, on aura diverses valeurs.
On affecte ensuite à chaque isochrone la valeur correspondante : 500 pour le premier isochrone de (A), 125 pour le deuxième et ainsi de suite jusqu’au dernier. La même démarche sera faite aussi pour le centre (B). On cherche ensuite le ou les points de rencontre des valeurs de (A) et de (B) ou celles qui se rapprochent le plus. La limite de la zone d’influence se situe au niveau du croisement des isochrones des deux centres qui ont les valeurs les plus proches..
154
5000 à 10 000 habitants ainsi que les agglomérations secondaires. Les niveaux 5
animent des espaces de plus de 50 000 habitants. L’inexistence du niveau 6
accentue l’hypertrophie de la ville de Constantine. Cette dernière, de niveau 7
dessert, non seulement sa couronne immédiate (un effectif qui dépasse 900 000
habitants,), mais aussi une grande partie de la population rurale des niveaux
inférieurs et arrive à desservir entre aires directe et indirecte à travers tout le
territoire wilayal près de 380 000 habitants (carte n° 24). L’inexistence du niveau 6
atteste du dysfonctionnement des dessertes en matière d’équipements, de
commerce de gros et de détail. Les populations rurales font de grands parcours
pour arriver sur les niveaux 5 et court-circuiter les centres intermédiaires.
Tab. n°28 Niveau des centres selon le critère de la population desservie
Population desservie Niveaux < 5000 hab. 1 5000 à 10 000 hab. 2 10 000 à 25 000 hab. 3 25 000 à 50 000 hab. 4 50 000 à 100 000 hab. 5 100 000 à 200 000 hab. 6 > 200 000 hab. 7
Source : ANAT 2002 La superposition des niveaux correspondant à chaque critère analysé permet de
dresser un tableau synoptique mettant en exergue le rapport entre la somme des
niveaux et leur nombre et de ce fait la hiérarchisation fonctionnelle
II-4. Rail et urbanisation :
L’extension du bâti urbain stimulé pourtant par la route pose un vrai problème
d’aménagement.
1. Rail et croissance urbaine :
La carence des données sur des périodes antérieures puis la concurrence du
camion et de l’automobile dès 1930 ne nous permet pas de saisir les effets du rail
sur le développement urbain.
155
Mais une comparaison de l’évolution des effectifs de population de quelques
centres desservis par route et par rail est très significative.
Tab. n°29 Evolution des effectifs de population des centres desservis par rail
1930 - 1940 1940 - 1950 1950 - 1960
Centres desservis par rail 3,45% 3,86% 4,11%
Centres non desservis par rail 2,33% 3,14% 3,74%
Accroissement urbain national 2,91% 3,66% 3,97%
Source : Traitement des différents recensement
En effet les centres desservis par rail ont connu un taux d’accroissement plus
élevé que les centres non desservis, notamment entre 1940 et 1950 :3,45% contre
2,33%. Entre 1940 et 1950 l’écart se réduit à 0,72% et tombe à 0,37% en 1960.
Cette baisse s’explique surtout par le recul du rail commencé à partir de 1927 pour
les voyageurs et dans les années 1930 pour les marchandises. La route qui a
également desservi les centres munis de gares a aidé à faire baisser l’écart entre
les deux groupes.
2. Rail et tissu urbain
Le rail a certes favorisé l’urbanisation mais il a créé des problèmes
d’aménagement urbain.
a)le cas de Constantine :
première ville de la région et grand carrefour des échanges, Constantine se trouve
dès la fin du XIX siècle embranchée au réseau ferré qui la contourne par l’est,
gêné en cela par la Médina dont l’accès direct est rendu difficile par les gorges de
l’Oued Rhumel.
La ville moderne se développe tout d’abord vers le Sud-ouest (Coudiat Atti, Belle
Vue), donc en retrait par rapport à la gare. Entre les deux guerres le bâti urbain
156
s’étend à l’est (Plateau du Mansoura). Cette extension pose des problèmes aigus
de fonctionnement car les deux flancs Est et Ouest de la ville sont mal reliés entre
eux, coupés par la voie ferrée ; surtout que le centre-ville accapare la quasi-totalité
des services et de l’administration. La structure urbaine assez spécifique de
Constantine : centre très dense reposant sur un système de transport urbain radial
aggrave l’engorgement du centre-ville.
Le tracé du chemin de fer pose alors des problèmes urbains de plus en plus
aigus :
-il gèle un grand espace en plein centre urbain.
-il coupe la ville en deux et isole certains quartiers : Faubourg Lamy.
-il gène la circulation : 5 à 6 trains par jour.
-il amène en plein centre-ville un trafic lourd et nuisant.
Toutes ces contraintes ont nécessité la construction de plusieurs ouvrages :
croisement, dégagements, passerelles, et posent un problème au passage de la
voie ferrée.
Le cas de Constantine est assez original dans la mesure où il se pose en termes
de centralité : la gare de Constantine constitue, comme nous l’avons vu, le
principal nœud ferroviaire pour les marchandises et les voyageurs.
157
Carte n° 25. Constantine : Rail et tissu urbain
b)le cas de Sétif :
Sétif offre un tout autre exemple où le rail, établi à la fin du XIX siècle en
périphérie de la ville, se trouve actuellement de plus en plus enserré dans le bâti.
Plus de 4 km de voie traversent la ville et constituent une gêne à la circulation :
deux ponts ont été construits pour dégager la circulation automobile. Le rail forme
158
une rupture nette et constitue un obstacle à l’extension de la ville vers le Sud : il
oblige ainsi le bâti urbain à se développer vers le Nord pourtant très escarpé.
Carte n° 26. Sétif : Rail et tissu urbain
3. Rail et morphologie urbaine :
L’analyse de l’évolution du bâti urbain à travers ces deux exemples qui peuvent
être généralisés à d’autres villes d’origine coloniale, permet de noter les faits
suivants :
1- la gare de marchandises a donné naissance à un quartier typique de réparation
et de dépôts.
159
Ce quartier qui était périphérique au moment de la création de la gare est devenu
de plus en plus central ; il pose de ce fait un problème d’aménagement urbain :
une grande surface se trouve gelée en plein centre urbain : cas des ateliers de
réparation de la SNTF à Constantine.
2- la gare de voyageurs a été à l’origine d’un quartier typique surtout dans les
grandes villes. Ce quartier a des fonctions de services :
_ D’hébergement : série d’hôtels. Cette fonction est très apparente à Constantine
où l’on note la présence d’hôtels à la rue Ben M’hidi.
_ Les cafés se concentrent dans les alentours des gares.
_ La présence de marchands ambulants vendeurs de cigarettes, bonbons…
_ La concentration de gargotiers
Tous ces facteurs donnent au quartier de la gare un paysage original et une
fonction centrale.
160
Conclusion
Une étude plus fine serait intéressante pour saisir dans le détail le rôle des
systèmes de transport dans l'urbanisation; surtout avant l'apparition de la voiture
et la montée de la concurrence de la route. Mais l'absence de données relatives à
la période antérieure à 1930 ne nous l'a pas permise. Il ressort tout de même de
l'analyse que le chemin de fer, en premier lieu, mais également la route, ont
contribué à façonner la morphologie urbaine et à orienter les implantations
industrielles.
L’analyse systémique a permis d’identifier le système actuel, ses faiblesses et ses
points forts. Les résultats ont mis en évidence un système incohérent. D’une part,
la trame spatiale composée de la trame support et celle de l’occupation humaine
présente en superposition des mailles mal ajustées. D’autre part, l’armature
spatiale est relativement fragile du fait que les structures sur lesquelles elle
repose, montrent des incohérences que ce soit aux niveaux infrastructurel ou
hiérarchique. Réseaux et nœuds sont en déséquilibre par rapport au territoire et à
la démographie. Alors que l’inadéquation entre les espaces fonctionnels et
administratifs marque le dysfonctionnement spatial aux niveaux interne et externe
du fait que la dynamique des mouvements, des flux et des aires d’attraction
n’épouse pas la structure administrative des espaces et sous-espaces.
161
Chapitre III :Rôle des infrastructures et des transports dans le
développement économique
Incontestablement, les réseaux de transport jouent un rôle capital au sein de
l'économie de par leur omniprésence dans la chaîne de production et ce, à toute
échelle géographique. « Le transport se conçoit comme une composante intégrale
du cycle de production -consommation34».
Un mythe consiste à croire que les transports sont une force décentralisatrice, qui
favorise l’étalement des activités à travers l’espace35. Il n’en est pas toujours ainsi.
Dans de nombreux cas, les transports incarnent une force centralisatrice,
notamment en ce qui concerne les activités industrielles. Puisqu’en règle générale
nos infrastructures de transport sont héritées de la période coloniale, leur mission
première était de desservir les centres les plus importants. La route s’avère un
facteur de premier ordre parmi ces forces décentralisatrices, elle a favorisé la
concentration massive d’activités en des endroits particuliers.
Quelle est l’importance et la place des réseaux de transport dans l’économie
nationale ? Où se fait l’articulation entre le rail et la route ?
Face à ces questions, nous essayerons de faire le lien entre plusieurs éléments,
notamment lorsque ceux-ci ont une considération spatiale. Parmi ces
considérations, les plus adaptées sont :
o Localisation : Elle détermine l'origine, la destination, la distance et même la
possibilité qu'un mouvement ait lieu. Toutes les activités sont localisées quelque
part. Le concept de localisation est intimement lié à la géographie des transports,
tout comme à la géographie en général. Le poids du concept est issu évidemment
de l’emplacement des ressources et de la distance.
34 Volkowich in « La géographie des transports » 35 Cf. Weber in « La théorie des places centrales »
162
o Echelle : Selon leur nature les activités génèrent des mouvements survenants
à différentes échelles. Par exemple, les migrations pendulaires, comme nous
l’avons vu ont une échelle locale tandis que les réseaux d'approvisionnement et
de distribution d'une société, telle que la Sonatrach, sont étendus. Différentes
échelles géographiques sont donc imbriquées.
o Structure spatiale. Toutes les localisations étant spatialement différentes, et
considérant l'échelle à laquelle ces localisations interfèrent, le résultat en est une
structure spatiale particulière.
En Algérie, l’activité des transports emploie entre 8 et 10% de la population active
urbaine, participe de 35 à 40% à la consommation de l’énergie, assure entre 6 et
8% du PIB et apporte 12 à 16% de recettes à l’Etat36. La mise en place de
réseaux de transports adéquats constitue un instrument de cohésion et de
développement harmonieux de la région. Le transport est indéniablement un
secteur clé pour une meilleure intégration physique régionale. Il contribue en
outre, à la réduction des disparités sociales et économiques.
36 Ministère des transports 2005
163
III-1/ Réseaux de transport, accessibilité et localisation industrielle
Instrument au service des différents partenaires de l’économie nationale, le
chemin de fer et la route exercent une action sur celle-ci.
Ayant en premier lieu une relation avec l’espace, ils jouent de ce fait un rôle
important dans les localisations des activités économiques.
Par extension, les infrastructures de transport structurent l’espace puisqu’elles
permettent d’abaisser les coûts de transport, d’améliorer l’accessibilité et donc
d’induire la localisation industrielle, autrement dit de produire du développement.
A. L’accessibilité
La notion d’accessibilité est fondamentale à la géographie des transports, tout
comme d’ailleurs à la géographie en général.
Elle se définit comme la capacité d’un endroit à être atteint à partir d’autres
endroits de localisation différente. Elle se mesure par la position d’un lieu en
rapport avec les infrastructures de transport qui sont un support aux
déplacements. Il s’ensuit donc que la configuration et la capacité des
infrastructures de transport soient un élément clé dans la détermination de
l’accessibilité et donc de la localisation des activités industrielles. Cette hypothèse
a donné lieu à des interprétations du rôle des infrastructures de transport qui sont
donc un moyen pouvant augmenter l’accessibilité d’un endroit et par conséquent
permettre l’éclosion et le développement économique.
Un autre élément, aussi important que les deux premiers pour juger de la notion
d’accessibilité, est la distance. Elle illustre la friction de l’espace. Elle est exprimée
en kilomètres ou en temps, mais d’autres variables telles que le coût ou l’énergie
peuvent être utilisé.
164
L'accessibilité de référence a été illustrée par l’analyse topologique. Il s'agit de
l'accessibilité résultant de la seule position géographique des lieux sur le réseau. Il
en a été possible de déterminer les lieux centraux et ceux qui sont périphériques
(cf. chapitre sur l’analyse topologique).
Mais pour évaluer le rôle de cette position géographique, nous tiendrons compte
de la position des nœuds dans l'espace, de la morphologie et de l'agencement
des infrastructures (sinuosité et configuration des voies). Nous utiliserons la
somme des longueurs kilométriques minimales de déplacements sur le réseau
entre chaque ville et toutes les autres.
L'accessibilité dépend donc des performances des grands axes structurants
(routes et voie ferrée). Leur niveau de saturation est également déterminant.
-- l’accessibilité géographique :
L’accessibilité géographique considère que l’accessibilité d’un endroit est donnée
par la sommation de toutes les distances le séparant des autres endroits. Plus
faible est sa valeur, plus un endroit se voudra accessible.
A(G)i = l’accessibilité géographique d’un endroit i.
dij = la distance entre l’endroit i et l’endroit j en passant par le chemin le plus court.
Il est aussi possible de fractionner cette mesure par le nombre d’endroits afin de
comparer les mesures d’accessibilité pour des endroits spécifiques. La matrice
d’accessibilité géographique suivante montre la distance en kilomètres entre les
différents centres urbains.
165
Tab. n° 30 Matrice des distances
La somme des colonnes (i) est égale à la somme des lignes (j), puisqu’il s’agit
d’une matrice symétrique. L’endroit le plus accessible est Constantine car elle
possède la plus faible somme des distances (1759). Il est important de noter au
passage que la distance séparant un même endroit n’est pas égale à 0. Ceci
découle simplement du fait qu’une zone possède une surface et par conséquent
tout mouvement interne implique une distance.
Le Nord-est algérien se présente comme un espace relativement homogène : les
secteurs les plus éloignés par rapport à l’ensemble sont évidemment les ailes Est
et Ouest et le secteur Sud. Le quadrilatère Sétif – Batna – Oum El Bouaghi –
Skikda apparaît comme le mieux desservi.
04 05 06 07 12 18 19 21 23 24 25 28
04 1 148 311 271 117 215 200 158 225 161 69 336
05 148 1 280 123 209 265 169 208 275 193 119 158
06 311 280 1 305 440 96 111 247 351 348 242 236
07 271 123 305 1 332 331 194 331 398 316 242 172
12 117 209 440 332 1 344 329 287 227 200 198 397
18 215 265 96 331 344 1 137 151 255 252 146 262
19 200 169 111 194 329 137 1 220 287 237 131 125
21 158 208 247 331 287 151 220 1 104 87 89 345
23 225 275 351 398 227 255 287 104 1 64 156 412
24 161 193 348 316 200 252 237 87 64 1 106 381
25 69 119 242 242 198 146 131 89 156 106 1 256
28 336 158 236 172 397 262 125 345 412 381 256 1
∑ 2212 2148 2968 3016 3081 2455 2141 2228 2755 2346 1755 3081
166
L’indice de centralité confirme la position remarquable de Constantine, grand
carrefour routier et ferroviaire en plein centre du Nord-est algérien. Constantine
est à 1755 km de l’ensemble des 12 chefs-lieux de wilaya du Nord-est, contre
2755 km pour Annaba. Par rapport à l’espace, l’une est en position centrale,
l’autre en position excentrique.
Pour bien préciser ces données il faut tenir compte de la distance temps, car la
nature du tracé et l’état de la voie sont très variables. Sur la ligne Sétif –
Constantine (130 km) les véhicules mettent deux heures, ils mettent le même
temps pour aller de Constantine à Skikda (90 km).
- L’accessibilité potentielle
L’accessibilité potentielle est une mesure plus complexe que l’accessibilité
géographique, car elle joint au concept de distance les attributs d’un endroit
pondérés. Elle se mesure comme suit :
• A(P)i = l’accessibilité potentielle d’un endroit i.
• dij = la distance entre l’endroit i et l’endroit j.
• Pj = les attributs de l’endroit j, tels sa population,
• n = le nombre d’endroits.
En considérant les mêmes centres que dans l’exemple précédent et les
populations de chaque centre, il en ressort la matrice d’accessibilité potentielle
suivante:
167
Tab. n° 31 Matrice d'accessibilité potentielle
Les résultats de ce tableau corroborent les mesures d’accessibilité géographique
puisque la région de Constantine, en vertu de son poids démographique, est
toujours la zone la plus accessible. Ainsi, plus la mesure est élevée, plus l'endroit
est accessible. Ceci fait ressortir deux notions sous-jacentes à l’accessibilité
potentielle, soit l’émissivité et l’attractivité.
• L’émissivité qui est la capacité de quitter un endroit; la somme des valeurs d’une
ligne.
• L’attractivité qui est la capacité d’atteindre un endroit; la somme des valeurs
d’une colonne.
D’après la matrice ci-haut, tandis que les régions intérieures ont une attractivité
supérieure à leur émissivité (2262214 contre 2006065), la région côtière montre
une émissivité supérieure à son attractivité (1503272 contre 1061466). Il y a là un
fort décalage entre la densité des réseaux et la répartition des nœuds.
Pi/dij 04 05 06 12 18 19 21 23 24 25 28
04 255000 2398 606 991 533 1625 1443 1524 910 7427 562 273023
05 1722 355000 673 555 432 1923 1096 1247 759 4306 1196 368914
06 819 1267 188500 263 1193 2927 923 977 421 2117 800 641937
12 2179 1698 428 116000 333 988 794 1511 732 2588 476 127739
18 1208 1339 1963 337 114600 2372 1510 1345 581 3510 721 129504
19 1275 2100 1698 352 836 325000 1036 1195 618 3912 1512 257243
21 1614 1706 763 404 759 1477 228000 3298 1683 5758 548 246031
23 1133 1291 537 511 449 1132 2192 343000 2289 3285 458 356300
24 1584 1839 541 580 454 1371 2620 5359 146500 4835 496 602331
25 3695 2983 778 585 785 2481 2561 2198 1382 512500 738 530711
28 759 2247 798 292 437 2600 660 832 384 2002 189000 200039
∑ 270988 373868 197285 120870 120811 343896 242835 362486 156259 552240 196507
∑
168
B/ Analyse de la connectivité
Pour l’analyse de la connectivité entre agglomérations, nous avons opté pour la
durée de déplacement entre Constantine et les autres agglomérations de la
région. Il s’agit d’une mesure utilisée et proposée dans divers documents de la
planification régionale.
Le choix de Constantine a été décidé pour agir comme centralité urbaine dans la
région. Dans ce choix, il a été tenu compte tant du poids démographique,
indiquant l’importance de l’agglomération urbaine, ainsi que de l’importance des
gares routières et de ses connexions régionales, éléments clés pour donner à la
région une connexion convenable avec le reste de la région et delà le reste du
pays. D’autre part, un groupe d’agglomérations de moindre importance disséminé
dans toute la région a été sélectionné pour évaluer la façon dont s’organise la
communication avec la plus grande agglomération urbaine de la région.
Carte n°27. Le Nord-est algérien :Le temps de voyage par route au départ de Constantine en 2005
169
Ainsi on obtient le temps de déplacement (et par extrapolation le coût de
déplacement entre deux agglomérations).
Dans la situation actuelle, on observe que la zone des Hauts Plateaux - à faible
densité de population - est celle où les relations entre agglomérations s’effectuent
avec le plus bas coût en temps.
Sur le littoral, toutes les agglomérations comprises entre Jijel et Annaba se situent
à moins de 3 heures de Constantine, une durée qui permettrait un aller et retour
dans la même journée. Le cas des trajets de moins de cinq heures est très rare,
ils permet la connexion avec les zones très périphérique (cas de M’sila). Ceci
signifie que les agglomérations de la zone comprise entre la mer, où se concentre
en fait la majeure partie de la population et les Hauts Plateaux, se situent à un
maximum de cinq heures d’un grand centre urbain.
Quand on prend la portion de 4 heures, qui permet difficilement un aller-retour
dans la journée, les relations entre agglomérations augmentent, principalement
par l’intensification des zones de littoral et la création de nouvelles connexions
vers l’intérieur.
Se dessine ainsi un espace dans la bande littorale se trouvant à moins d’une
journée de voyage de Constantine. C’est là que se regroupe la plus grande partie
de la population.
III.2/ Réseaux et industrie
L’émergence du tissu industriel en Algérie est beaucoup plus liée à la route qu’à la
voie ferrée. La genèse des unités industrielles remonte au début du siècle avec
quelques unités destinées à la colonie européenne : usines à gaz, briqueteries…
En suite vient la création d’unités de première transformation des minerais :
fonderie à Constantine…
170
Par la suite, entre les deux guerres, le développement urbain nécessita la création
d’unités de matériaux de construction : ciment, carrelage, peintures et colles,
carrières…
Jusqu’à l’indépendance, l’industrie était de type colonial, c’est-à-dire, extravertie,
urbaine et concentrée sur le littoral, notamment à Annaba car les autres centres
n’abritent généralement que quelques petites entreprises. Mais le fait essentiel
c’est que ces usines sont intégrées au tissu urbain, ou implantées dans la
périphérie urbaine immédiate, comme dans le modèle européen de la Révolution
Industrielle. Les usines localisées à proximité des ports ou dans les faubourgs
s’imbriquent avec les boutiques, les ateliers artisanaux et les immeubles
d’habitation. Seules quelques entreprises plus récentes (après la deuxième guerre
mondiale) sont localisées dans des zones industrielles.
Après l’indépendance, plusieurs usines privées s’installent à l’intérieur du tissu
urbain, principalement entre 1967 et 1972, profitant des avantages offerts par le
Code des Investissements de 1967.
Les nouvelles implantations, c’est-à-dire après 1972, se font en dehors du tissu
urbain, soit en périphérie, soit en zones rurales sous forme de zones industrielles.
L’analyse de l’évolution permet de dégager quatre phases :
1) la première phase : jusqu’en 1956 : La route n’a été qu’un auxiliaire du rail qui
assurait l’essentiel des transports des céréales à partir des centres de collectes
dotés de silos vers les ports.
2) La deuxième phase : 1957 – 1967. Les premières zones industrielles datent de
1957.
3) La troisième phase : 1967 – 1974. Elle se caractérise par les points suivants :
171
- équipement des pôles littoraux : le haut fourneau d’El Hadjar est mis en service
dès 1969, l’usine d’engrais phosphatés entre en production en 1972 et à cette
même date le pôle de Skikda connaît un début d’aménagement.
- en même temps on achève la mise en place de l’industrie de substitution : le
textile à Batna et Constantine.
4) La quatrième phase : 1974 – 1979. Elle est marquée par deux faits majeurs :
1/ le renforcement des pôles littoraux : Skikda devient opérationnelle en 1976 pour
l’exportation du gaz liquéfié (4,5 milliards de m3). Le complexe polymère
fonctionne tandis que s’édifie la raffinerie de 16 millions de tonnes. A El Hadjar les
grands travaux entrepris porteront sur la capacité de production de 400 000
tonnes à 2 millions de tonnes d’aciers.
2/ l’industrie se diffuse à l’intérieur du pays. Si durant les phases précédentes les
installations d’unités industrielles sont en étroite relation avec le tracé du chemin
de fer, la période suivante voit le même phénomène se renforcer, le tableau
suivant montre cette situation.
Tab. n°32 Relation : unités industrielles - voie ferrée
Localisation Date Activités Voie ferrée
Constantine 1973 Moteurs Tracteurs Oui
Souk Ahras 1973 Papiers Oui
Guelma 1973 Céramique - faïence Oui
Sétif 1974 Piles Oui
Hadjar Soud 1974 Cimenterie Oui
Guelma 1974 Motocycles Oui
Aïn S’mara 1977 Pelles et Grues Non
Aïn Kébira 1978 Boulonnerie Non
Aïn M’lila 1979 Cabines sahariennes Oui
El Eulma 1979 Transformations Oui
172
Seules les unités embranchées utilisent le chemin de fer. Paradoxalement ce
sont les unités proches du rail qui l’utilisent le moins comme les minoteries d’El
Kantara et celles de Sétif ou encore les unités de transformation des produits
agricoles comme la conserverie de Ramdane Djamel ou l’usine de pâte à papier
de Souk Ahras.
C’est la route qui se trouve favorisée : la nationale 5 et la nationale 33 forment la
charpente de cet espace industriel.
173
Conclusion
L’analyse "systémique" a permis d’identifier le système actuel, ses faiblesses et
ses points forts. Les résultats ont mis en évidence un système incohérent. D’une
part, la trame spatiale composée de la trame support et celle de l’occupation
humaine présente en superposition des mailles mal ajustées. D’autre part,
l’armature spatiale est relativement fragile du fait que les structures sur lesquelles
elle repose, montrent des incohérences que ce soit aux niveaux infrastructurel ou
hiérarchique.
Réseaux et nœuds sont en déséquilibre par rapport au territoire et à la
démographie. Alors que l’inadéquation entre les espaces fonctionnels et
administratifs marque le dysfonctionnement spatial aux niveaux interne et externe
du fait que la dynamique des mouvements, des flux et des aires d’attraction
n’épouse pas la structure administrative des espaces et sous-espaces.
174
Chapitre IV Réseaux de transports et trame rurale
Le terme de transport rural a été réduit, pendant longtemps, aux routes de
campagne avec comme fonctions prioritaires, l’évacuation des produits agricoles
et l’acheminement des moyens de production pour l’agriculture.
175
IV.1/ Les structures spatiales issues de la colonisation agricole
1. Le rôle des réseaux routiers
L’organisation spatiale de la colonisation agricole prenait en compte les éléments
du relief et plus particulièrement la structure du réseau hydrographique. Les pistes
sont généralement tracées entre deux rivières, les lots de terres sont fréquemment
limités sur un côté par un cours d’eau. Néanmoins, ce sont les réseaux routiers
qui ont formé l’armature des projets de colonisation : ils ont servi de repère pour
délimiter les lots. Plusieurs exemples montrent que dans les projets de
colonisation la configuration des réseaux routiers est assez simple, avec un
nombre de pistes relativement grand.
On est amené, en prenant comme critère l’agencement des routes, à distinguer
quelques formes principales d’organisation de l’espace :
a. la structure la plus simple se compose d’une route unique, souvent rectiligne,
reliée à une route principale. Les champs se situent de part et d’autre et
couvrent des superficies de plusieurs centaines d’hectares. On rencontre cette
forme dans la région des hautes plaines.
Fig. n°16 : La structure simple
b. la structure en arête de poisson est constituée de pistes équidistantes et
parallèles qui partent toutes d’une piste principale. Cette forme est très
176
répandue dans les régions aux reliefs accidentés. Dans ce cas, les lots sont de
faible superficie.
Fig. n°17 : La structure en arête de poisson
c. les formes en damiers sont assemblées selon un nombre variable de
perpendiculaires éloignées les unes des autres. La forme des réseaux routiers
mis en place illustre la préférence faite aux dispositifs rectilignes, préférence qui
se manifeste aussi dans la manière dont les lots de terre sont délimités. C'est le
cas de la vallée du Saf-Saf.
Fig.n°18 : La forme en damier
2. la composante spatiale élémentaire
déterminant de la colonisation agricole
Le processus de colonisation ne s'arrête pas avec la mise en place du réseau
routier et l'attribution des terres. Les organismes chargés de la colonisation
interviennent parfois pour défricher quelques hectares.
Les différentes formes d’appropriation de l’espace sont relativement répétitives.
Cette organisation est un témoin de la formation de nouveaux espaces agricoles
177
mais aussi d’espaces politico-administratifs rapidement structurés par la trame des
communes et des chefs-lieux (communes mixtes ou de plein exercice).
L’espace régional s'est construit en même temps que s’étend et s’agrège la
colonisation agricole. Il existe néanmoins des différences sensibles d’organisation
de l’espace dans les différentes régions agricoles. Il conviendrait de mettre en
rapport ces différences avec les types de cultures qui y sont pratiquées.
IV.2/ Marginalité et tendance actuelle
La tendance est aujourd’hui à une conception plus large et plus complète des
réseaux de transports. A ces deux fonctions majeures, il y a lieu d’ajouter que les
routes rurales favorisent également les contacts de toutes sortes nécessaires au
progrès social et économique des populations (marché, visites, diffusion de
nouvelles idées, diffusion de nouvelles technologies, etc.), le ramassage des
récoltes, l’accès aux biens tels que le gaz et l’eau, l’accès aux services publics
comme ceux de la santé et de l’enseignement.
Si la « marginalité » de l'espace rural a suscité beaucoup d'intérêt au cours des
années 1970, lors de la Révolution Agraire, elle est devenue moins préoccupante
par la suite, et on sait moins à quoi elle correspond durant les années 1990. On
s'efforce ici de préciser cette notion de marginalité, tout particulièrement
géographique, et de dégager sa signification aux plans spatial et occupationnel.
La notion de mobilité géographique mérite une attention particulière.
Bien que l'on reconnaisse l'existence de poches de pauvreté en milieu urbain,
c'est surtout en regard de l’opposition urbain - rural que les disparités spatiales se
démarquent le plus, se traduisant par les conditions les plus difficiles en milieu
rural.
178
Durant les années 1970 et dans la première moitié des années 1990, on a abusé
abondamment de l'expression « localités marginales » pour identifier des entités
de l'espace rural aux prises avec des problèmes socio-économiques sérieux. A
partir de 2000, on évoque moins souvent la marginalité rurale, du moins dans les
médias et le discours technocratique et politique. Il y a donc lieu de se demander
si elle est encore un phénomène de grande ampleur et quelles en sont les
caractéristiques.
Dans la mesure où la marginalité socio-économique se double d'une marginalité
géographique, la variable mobilité se doit d'être précisée. En effet, il faut savoir si,
dans un endroit mal équipé en services et défavorisé sur le plan de l'emploi et des
revenus, si les inconvénients de la vie peuvent être compensés par la facilité des
déplacements aux environs. Il importe donc de connaître le degré de mobilité des
populations rurales et, surtout, de celles situées à l'écart des centres de services.
La présente analyse a un double objectif : examiner la marginalité géographique
en milieu rural en évaluant le degré de mobilité de la population. Mais pour bien
situer ces analyses dans leur contexte, il importe, au préalable, de considérer la
place accordée au concept de marginalité.
Bien que d'utilisation généralisée pendant au moins quinze ans, cette notion n'a
jamais eu de définition très précise.
Définir et identifier la marginalité géographique dans un espace habité pose des
problèmes méthodologiques sérieux. Avant d'en arriver à un choix pertinent
d'indicateurs et à la façon de les traiter, il faut définir, au préalable, de quoi on
parle.
Si l’analyse ne donnent pas de résultats entièrement satisfaisants, elle permet
néanmoins de clarifier un peu mieux le problème. La marginalité considérée avait
179
au moins trois dimensions : économique, sociale et géographique. Chacune d'elle
intègre un nombre important de caractéristiques qui se présentent avec des
modalités et des systèmes d'interrelations différents selon les endroits. Si la
dimension économique est nettement présente dans toutes les études, les
aspects sociaux et géographiques sont, par contre, souvent mentionnés de façon
plus implicite. C'est particulièrement le cas de la situation par rapport aux grands
axes routiers.
L’analyse des transports ruraux et de leur organisation implique la connaissance
des composantes de cet espace à savoir :
-- d’une part la trame de l’espace rural, c’est-à-dire la distribution des hommes et
des ressources économiques à travers cet espace. Trame relativement continue
dans une région où l’habitat est dispersé et les exploitations agricoles morcelées.
Mais rarement trame homogène.
Elle peut être saisie à travers la distribution de l’habitat, et la distribution des unités
de production majeures.
La cartographie des rapports entre habitat et unités de production, c’est-à-dire les
déplacements de travail, met en valeur les distorsions de cette trame.
-- d’autre part les éléments structurants de l’espace rural, c’est-à-dire les pôles et
axes qui se superposent à la trame pour organiser l’espace.
- Les axes correspondent aux grands éléments d’infrastructure.
- Les points de polarisation correspondent à tous les nœuds de l’espace qui, à
quelque échelle que se soit, polarisent cet espace : les villages bien sûr, mais
aussi les souks, les écoles rurales…
180
La détermination précise de ces points de polarisation, de leur niveau
d’équipement, de leur relation avec les points voisins, est essentielle car ils
constituent un cadre de référence élémentaire du rural.
La mesure des flux le long des axes d’infrastructure vers les principaux points de
polarisation met en valeur les déplacements de service et les lacunes que le
réseau actuel peut comporter.
A partir des ces composantes il est possible de préciser comment s’organise
l’espace rural et voir si le réseau actuel dessert d’une façon cohérente tous les
secteurs de l’espace.
IV-3/ la répartition de l’habitat :
L’espace rural du Nord-est algérien est fait de gros bourgs appelés « villages » ou
« filadj » par les ruraux, même s’ils comportent des niveaux de population assez
élevés (plus de 50 000 habitants), par opposition à « ville » ou "m'dina" que sont
Constantine ("lebled"), Batna ou Sétif, Tébessa, Annaba ou encore Skikda et Jijel.
Le tableau suivant met l’accent sur un phénomène assez important :
Tab. n°33 Le Nord-est algérien : Répartition de la population
Population urbaine (plus de 10 000 hab.) 4 007 000 45.84%
Population villageoise (1 000 – 10 000 hab.) 2 850 000 32.60%
Population éparse (moins de 1 000 hab.) 1 882 700 21.54%
La trame villageoise est peu représentée. Cela a eut pour conséquence que les
paysans des zones éparses s’adressent directement au centre de niveau
supérieur passant outre tous les niveaux intermédiaires puisque ceux-ci n’existent
pas ou ne sont pas en mesure d’assurer les services demandés. Cela peut les
amener à faire 20 ou 30 km pour des services élémentaires.
181
Étude de cas : transport dans le bassin Jerdjioua-Mila
Cette partie du S’bakh (hautes terres), présente une structure assez complexe où
la proximité de Constantine, d’un côté, mais également celles de Sétif et de Jijel a
beaucoup influé sur les déplacements.
1/ Répartition de l'habitat
Les caractéristiques de la distribution de l’habitat dans le cadre de la wilaya de
Mila sont :
- la forte concentration sur un centre unique, Mila.
- La grande dispersion de l’habitat sur tout le reste de la wilaya.
Le piémont pauvre du Djebel Lakhdar au Sud-est ainsi que les collines
accidentées du Nord-ouest sont fortement peuplés. C’est le domaine de la petite
paysannerie, refoulée autrefois par la colonisation.
Au Sud-ouest, l’habitat linéaire correspond à un secteur de petite irrigation
paysanne
2/ les déplacements :
⇒ de travail : c’est-à-dire les déplacements entre les lieux de travail et les lieux de
résidence.
La carte met en relief :
- l’ampleur de certains déplacements : ainsi certains travailleurs qui habitent aux
alentours : Oued N’dja, Rouached, Tiberguent, Sidi Marouane ou Sidi Khalifa et
qui travaillent à Ferdjioua ou Mila font tous les jours 15 km et plus qui les en
séparent.
182
Carte n°28. Wilaya de Mila :Les mouvements de transport autour de la ville
(Source :Enquête de terrain 2004)
- le caractère régulier de ces déplacements : un transport interurbain dans le sens
est – ouest et rural nord – sud . ces deux flux s’entrecroisements au niveau des
agglomérations urbaines.
⇒ de service : ce sont les déplacements réalisés par les habitants pour des
besoins de « service » : commerciaux, administratifs, sociaux…Ce sont
généralement des déplacements sur de plus grandes distances que les
déplacements de travail mais moins fréquentes.
Ils peuvent être saisis à travers le trafic des cars de voyageurs. Le trafic des taxis
(officiels et clandestins) serait intéressant à analyser également.
La carte met en évidence deux phénomènes :
183
- le trafic énorme sur l’axe ouest - est, c’est-à-dire la route nationale n° 79
Ferdjioua-Mila.
- le trafic réduit en direction des secteurs Nord et Sud.
Il traduit le rayonnement des deux gros souk de Mila et Ferdjioua : le souk reste
l’occasion essentielle pour la population rurale de venir chercher au centre les
services qui lui manquent en zone éparse.
Ces liaisons sont vitales pour les populations des secteurs Nord et Sud, et les bus
n’hésitent pas à emprunter des routes parfois très dégradées pour les assurer.
Cette carte confirme la disposition d’une armature solide dans le sens est – ouest
et reprend l’idée générale de l’armature est algérienne.
Pour qu’un centre soit viable, il faut qu’il soit bien relié par route. Il est essentiel en
particulier de prévoir de bonnes liaisons pour les centres ruraux, mais également
d’un centre rural à un autre, de façon à avoir un réseau ouvert.
Par ailleurs, la vitalité d’un centre rural peut être renforcée ou amortie par sa
situation administrative.
3/ les points de polarisation
Les points de polarisation ont été inventoriés sur l'ensemble de la wilaya de Mila.
Ces points ont été analysés et classés en niveaux suivant les 5 critères suivants37:
- Niveau d'équipement
- Niveau de commerce
- Population desservie
- Population de la localité
- Statut administratif
La carte présente la structure suivante de points de polarisation:
37 Cf. Grille type in annexes, d'après "Schéma d'extension des chefs-lieux de la wilaya d'Oum El Bouaghi"
184
-- 1 centre élevé (5) pour une petite région.
-- 2 centres de niveau (4), très comparables entre eux: Ferdjioua et Grarem
-- Aucun centre de niveaux (3).
-- 4 points de niveau (2): Bouhatem, Oued N’dja, Rouached et Sidi Marouane.
-- Enfin quelques de niveau (1) ou (0), correspondant en majorité à de grosses
méchtats dotées d'une école et bénéficiant de la route.
Le fait majeur présenté par la carte est l'opposition entre deux types de rapports
des points de la polarisation les uns par rapport aux autres:
- sur un axe ouest-est, forte structure, bien hiérarchisée, Mila s'appuyant sur les
relais que sont Ferdjioua et Grarem pour animer le monde rural.
Carte n°29. Le bassin de Ferdjioua-Mila : Les points de polarisation
185
Dans le secteur Nord et le secteur Sud, faiblesse des niveaux des points de
polarisation, qui sont peu hiérarchisés, et sont reliés directement à Mila sans
intermédiaire: le point de niveau (1) ou de niveau (0) se relie directement au chef-
lieu de niveau (5).
Donc nous avons un réseau bien structuré sur l'axe ouest-est, mais très affaibli
dans les zones Nord et Sud.
4/ L'attraction rurale du bassin
Il faut aller un plus loin. L'influence soutenue par une armature ouest-est
correspond-elle à l'intégralité des mouvements de la région? Autrement dit, existe-
t-il une attraction, purement rurale, pouvant s'exercer en dehors du canal des
centres et infrastructures?
Pour cela nous avons essayé d'analyser les flux de personnes autour de Mila.
Ceci a fait ressortir les points suivants:
- la grande majorité des mouvements se fait dans un rayon relativement court: une
quinzaine de kilomètres.
- Existence d'un courant important nord-sud.
Donc nous avons là une emprise forte, mais limitée dans l'espace, correspondant
avant tout au bassin Ferdjioua-Mila, avec cependant une prépondérance des
secteurs Nord et Sud.
Il y a là aussi, à l'échelle locale, un décalage entre les réseaux et les nœuds. Les
flux convergent vers Mila pour souligner l'influence directe très forte de cette
dernière sur les ailes Nord et Sud malgré l'absence d'infrastructures, et peut-être à
cause de ce manque: c'est parce que ces régions sont dépourvus d'équipements
qu'elles fournissent les plus gros volumes de flux. A l'Est et à l'Ouest ces flux sont
canalisés par Ferdjioua et Grarem.
186
Cela peut également refléter une autre dimension: les complémentarités
traditionnelles entre les différents terroirs ceux du Nord et ceux du Sud (S'ra et
S'bakh).
Carte n°30. Le bassin Ferdjioua-Mila : L’attraction rurale
L'analyse de la trame de l'espace rural, à travers l'exemple que nous venons de
voir, a mis en évidence un espace organisé schématiquement en auréoles
concentriques, l'auréole périphérique étant la plus peuplée parce que
correspondant à la paysannerie privée, le cœur du bassin présentant le vide
colonial.
L'analyse des éléments structurants a révélé la distorsion entre deux lignes de
force, centrées toutes deux sur l'agglomération de Mila:
- un axe ouest-est créé à l'époque coloniale, soutenu par la route nationale 79 et
appuyé par une succession de centres urbains.
187
- Un axe méridien, correspondant aux vieilles complémentarités traditionnelles de
l'époque pré coloniale, qui ont été totalement négligés pendant longtemps et qui
reviennent en force aujourd'hui.
188
Conclusion L’exemple de ce bassin n'est qu'un schéma réduit d'une réalité beaucoup plus
grande et qui s'étalerait sur l'ensemble du Nord-est algérien. Dans ces espaces
ruraux, l’automobile ne suffit plus à répondre aux besoins de mobilité de toute une
partie de la population, jeunes ou âgées, actives ou inactives, non motorisées de
manière occasionnelle ou permanente.
Depuis quelques années, se développent des transports. Parallèlement des
formes alternatives de transport émergent, mais de façon encore trop discrète :
deux-roues, « le clandestin ».
Le gouvernement est le principal fournisseur d’infrastructures de transport routier.
Son intervention en matière de construction et d’entretien des routes doit tenir
compte de toutes les considérations qu’on vient d’énumérer.
189
Conclusion de la partie Les investissements dans le domaine des transports sont particulièrement lourds
et engagent l’avenir à long terme. Les enjeux en sont complexes. Ils sont d’abord
d’ordre humain (ou social) : il s’agit de donner à chacun la possibilité de se
déplacer. Or, sont exclus de ce «droit au transport» des fractions importantes de
la population dans les villes et dans les campagnes.
Au total le Nord-est algérien offre l’image d’une région qui n’a pas maîtrisé son
équipement et où extraversion et irrationalité sont les principales caractéristiques
de ses réseaux. A une voie ferrée de drainage s’oppose une route diversifiée
supportant l’essentiel des flux de marchandises et de voyageurs. Ceci a contribué
à l’aggravation des déséquilibres entre le littoral et l’intérieur. Le système
économique basé sur les exportations et les importations ne peut se passer des
ports et des axes de drainage.
190
Troisième partie : perspectives
L’organisation des transports joue un rôle fondamental dans le cadre d’une
politique du développement. Ceux-ci devront être renforcés afin de pouvoir mieux
répondre aux besoins de mobilité et de garantir l’accessibilité à l’ensemble du
territoire. Les transports devront soutenir le développement économique par une
offre adéquate et les valoriser comme plates-formes de communications
régionales et locales. La desserte devra être assurée de manière complémentaire
par les divers modes de transport existants, à savoir le bus et le train.
191
Chapitre I Le réseau routier
L’importance du réseau routier dans la dynamique du développement n’est plus à
démontrer. Le méga-projet de l’Autoroute Est-Ouest qui s’étale sur une longueur
de 1216 Km en assurant la liaison entre Annaba et Tlemcen avec la desserte des
principaux pôles touchant directement 24 wilayas, s’inscrit dans ce souci.
Les études du schéma directeur routier national 2005-2025, élaboré par le
ministère des travaux publics, s'inscrivent dans le schéma national
d'aménagement du territoire. La nécessité de disposer à moyens et longs termes
d'un réseau adapté, dont les principaux axes structurants sont constitués par
quatre catégories de route, est considérée comme vitale.
192
I-1/ La liaison autoroutière est-ouest:
C'est une infrastructure nouvelle située dans la partie nord du pays à construire en
site vierge, qui doit permettre de régler les problèmes de congestion sur le réseau
routier existant, et de réduire le taux d'accident.
Le projet autoroutier est-ouest, d'une longueur de 1.216 Km assurera la liaison
entre Annaba et Tlemcen, avec la desserte des principaux pôles en touchant
directement 24 wilayas.
En outre, les autres pôles de développement, situés sur la côte et dans la zone
des Hauts plateaux, seront desservis par les raccordements de l'autoroute Est -
Ouest au réseau principal, notamment par les pénétrantes Nord - Sud.
1/ Une dimension maghrébine
L'autoroute Est-Ouest s'intègre dans le grand projet régional de l'autoroute
maghrébine, avec un linéaire de 7.000 Km et dont la réalisation a été retenue par
les pays de l'U.M.A. L'Algérie, par sa position et de sa volonté de parachever en
2009 ce projet grandiose, participe à l'épanouissement économique de l'ensemble
du Maghreb.
2/ Des retombées multiples
- Répondre à la demande de trafic et aux besoins en matière de transport;
- Créer environ 100.000 emplois en phase travaux;
- Créer et valoriser des richesses locales;
- Augmenter la sécurité dans les transports et réduire le coût social induit par
l'insécurité routière;
- Augmenter le gain de temps pour les usagers;
- Réduire les coûts d'exploitation des véhicules;
- Contribuer à un aménagement équilibré et rationnel du territoire;
193
- Création d'un nouvel espace socio-économique rentable et attractif pour
l'investissement.
3/ Respect de l'environnement
Une étude d'impact sur l'environnement a été menée pour tenir compte à la fois du
milieu naturel, des activités humaines et de du patrimoine culturel et
archéologique environnant. Des mesures de protection ont été préconisées:
• Mise en place d'un dispositif pour la préservation des ressources en eau
superficielles et souterraines, avec des bassins décanteurs déshuileurs, des
fossés étanches...
• Aménagement foncier par remembrement;
• Aménagement paysager par reboisement et vegétalisation des berges et abords
de la voie;
• Etablissement de fouilles prospectives dans le cas où l'autoroute projetée
traverse un site classé comme site archéologique potentiel;
• Respect des habitudes et de la sécurité des riverains par le rétablissement des
servitudes.
4/ Des trajets plus rapides et plus sûrs Le projet autoroutier Est-Ouest aura,
des retombées positives pour l'usager:gains de temps de parcours important,
correspondant, à titre d'exemple: 4h00 sur le trajet Alger - Constantine.
194
Carte n°31. Le Nord-est algérien :Le futur réseau routier et autoroutier à l’horizon 2020
En outre, les pouvoirs publics ambitionnent à travers ce projet lequel dessert
principalement les villes d’El Tarf, Annaba, Constantine, Chelghoum Laid, Sétif,
Bordj Bou Arréridj de créer un nouveau espace rentable et attractif pour
l'investissement avec des équipements : aires de repos, stations-service, relais
routiers et centres d’entretien et d’exploitation de l’Autoroute.
Le schéma routier et autoroutier 2005-2020, s’articule autour de la réalisation de
l’autoroute Est-Ouest et de l’extension des capacités actuelles notamment au
niveau du réseau économique de base. Parmi les grandes options retenues,
figurent la réalisation de la rocade des hauts plateaux, le développement des
routes côtières et la poursuite des actions de désenclavement dans les régions
des hauts plateaux et du Sud notamment la route transsaharienne .
Des voies d’accès qui permettront une facilitation dans l’échange économique, de
meilleures possibilités d’investissement dans des régions actuellement trop
enclavées, une circulation plus rapide et plus sûre. Ce sont quelques-unes des
195
nombreuses conséquences heureuses de cet énorme projet. D’ores et déjà, le
nombre d’emplois directs qu’il génère est estimé à 100 000 emplois en phase de
construction et en période d ‘exploitation. Un nombre à multiplier par deux ou trois
pour ce qui concerne les emplois indirects. Ainsi et ajoutés à la rentabilité certaine
du projet, d’énormes avantages profiteront à la collectivité. D’abord, c’est
l’évidence, la construction de l’autoroute entre Constantine et Oran (800km)
réduira le temps de parcours actuel (12h) de près de 25% pour le ramener à
(9h30). A l’inverse, dans le cas de la non réalisation de l’autoroute à l’horizon
2015, le temps de parcours doublera et sera porté à (20h). Ensuite, par le
développement des zones traversées grâce à l’implantation d’investissements
encouragés par l’accès rapide aux grands centres industriels et économiques et la
diminution des facteurs de production. Un développement qui favorisera une
réduction notable du chômage dans ces régions où ce phénomène est des plus
étendus. L’impact se fera également sentir par la diminution notable des coûts
d’exploitation des véhicules et des temps de transport d’où une meilleure
productivité et une plus grande mobilité des usagers de la route. Et, beaucoup
plus important car mettant en cause les vies humaines, l’autoroute est-ouest
permettra une réduction substantielle du nombre d’accidents de la circulation d’où
un allègement des coûts supportés par la collectivité nationale et bien sûr un
décroissement des nombres de victimes. Il est en effet reconnu que l’autoroute
augmente la sécurité et divise par 3 le nombre d’accidents par comparaison à la
route à double sens. Toutes ces projections démontrent encore s’il en est le
caractère vital que revêt le réseau routier futur.
196
I.2/ Le schéma national d’aménagement du territoire 2025
repose sur 04 grandes lignes directrices :
••La durabilité: l’obligation impérative de prendre en compte et d’assurer la
préservation des ressources et des milieux naturels
••L’équilibre : rétablir un équilibre durable entre les grandes composantes du
territoire algérien: le littoral et la montagne, les hauts : plateaux et le sud,
••La compétitivité: adapter les territoires algériens aux exigences l’économie
mondiale,
••L’équité: réduire les inégalités économiques et sociales dont souffrent les
populations des zones rurales et urbaines défavorisées.
Le programme de développement du réseau principal consiste en majorité en
des travaux de renforcement et de modernisation des routes existantes et le
dédoublement de quelques axes. Au Sud, ce sont des constructions de
nouvelles liaisons le long des pistes existantes y compris la transaharienne. Le
financement de la construction et de l’entretien des routes est du ressort de
l’Etat.
les crédits budgétaires alloués aux routes au cours des années 90 représentent
près de 1% du PNB, ce qui est faible en comparaison aux normes
internationales selon lesquelles le ratio devrait être de l’ordre de 1,5% du PNB.
Les ressources consacrées à l’entretien des routes sont insuffisantes : elle ne
permettent d’entretenir annuellement que 500 Km des routes nationales, soit
2% du réseau principal, l’ensemble du réseau routier accuse du retard dans
l’entretien.
En ce qui concerne le financement de la construction des routes et autoroutes, le
gouvernement recherche la participation du secteur privé local ou étranger. Une
197
tentative de faire participer le secteur privé au financement de l’autoroute Est-
Ouest s’est avérée infructueuse ; la réalisation de cet ouvrage sera donc prise en
charge entièrement par l’Etat. Le parc routier de transport de marchandises
représente en 2001, 1.960.000 tonnes en charges utiles offertes, soit 194.000
véhicules tout type confondu. Le parc routier de voyageurs est évalué à 48.500
véhicules dont ceux du secteur privé représentent 90%. Pour surmonter le
problème du financement de l’entretien est de l’investissement dans le réseau
routier, le gouvernement envisage de créer un Fonds routier qui sera alimenté par
les redevances des usagers de la route.
futur réseau routier dans le Nord-est algérien
- La liaison autoroutière : le port de Djen-Djen/ les Hauts Plateaux 100 km.
- La rocade des Hauts Plateaux, liaison est-ouest, desservira les agglomérations situées
entre la frange Nord du pays et le Sud : 1200 km.
Les liaisons Nord-Sud
● RN 45 : Bordj Bou Arréridj, M'sila, Boussaâda 124 kilomètres
● RN 28: Sétif, Magra, Barika vers Biskra 218 kilomètres
● RN 3 : Constantine, Ain Mlila, Batna, AinTouta, Biskra 139 kilomètres
● RN16 : Annaba, Souk Ahras, Tebessa vers Bir El Ater
et Negrine 259 kilomètres
198
Conclusion
Le parachèvement de l’autoroute Est-Ouest s’impose à notre région de façon
incontestable pour une exploitation rationnelle des ressources agricoles et
touristiques, d’une part, et pour le développement des échanges entre
l’ensemble du pays d’autre part. Ce réseau routier devrait garantir aux
usagers un niveau de services, de confort et de sécurité élevé, homogène et
revêtant un caractère de continuité.
199
Chapitre II Le réseau ferré
Carte n°32. Le Nord-est algérien : Le réseau ferré à l’horizon 2020
En dépit du niveau de sécurité qu’il offre, la part du transport ferroviaire dans
l’offre globale de transport au niveau national ne dépasse pas les 5%. Mais à la
faveur de la reconfiguration du réseau de chemin de fer, avec notamment la mise
en service du tramway (de Constantine ,d’Annaba et de Sétif), et la réalisation de
nouvelles lignes ferroviaires, ce taux avoisinera les 10%. A moyen terme, 2009, le
transport par voie de chemin de fer devra prendre en charge annuellement 10
millions de voyageurs (80 millions au niveau national) et 8 millions de tonnes de
marchandises (15 millions au niveau national). En 2025, ce mode de déplacement
concernera 160 millions de voyageurs transportés et 60 millions de tonnes de
marchandises à l’échelle nationale38. Dans le cadre du programme de soutien à la
relance économique, une enveloppe de 900 milliards de dinars a été allouée au
38 Estimations de la SNTF en 2004
200
développement du secteur du chemin de fer. En effet d’importants projets ont été
lancés à travers le territoire national. On citera à titre d’exemple les tramways
d’Alger, Oran et Constantine en cours de réalisation, ceux de Sétif, Ouargla,
Annaba et Sidi-Bel-Abbès en cours d’études, le dédoublement de la ligne Annaba-
Ramdane Djamel sur 96 km.
Deux périodes sont à considérer
période 1962 - 1979:
De manière générale, en l’absence de plan de développement, cette période a
porté sur le renouvellement du matériel roulant alors que l’infrastructure n’a
bénéficié que de moyens négligeables pour son entretien courant.
En effet, jusqu’à la moitié de la décennie 1970, le secteur ferroviaire a été laissé
au second rang des préoccupations des Pouvoirs Publics. L’intérêt relatif
manifesté par la suite jusqu’aux années 1980 n’a pas été suffisant pour rattraper
les retards cumulés dans les divers domaines, notamment dans celui des
infrastructures et des installations fixes.
A titre d’illustration, les investissements totaux réalisés pendant la période
1969/1973, et pour les deux directions régionales de Constantine et d’Annaba
n’ont été que de 50Millions de DA ; par contre, ils ont été multipliés par 7, soit 360
Millions de DA pour la période 1974/1978. Du montant total, 400 Millions de DA
d’investissements, seuls 130 Millions de DA, soit le 1/3, ont été destinés aux
installations fixes.
Les réalisations cumulées de 1962 à 1979 dans le domaine des infrastructures
ferroviaires n’ont porté que sur :
-le renouvellement de 60 km de voie,
-le doublement de 10 km de voie pour desservir El-Hadjar,
201
- la construction d’une gare : Hadjar-Soud.
Période 1980-1996
Après 1980 et particulièrement au cours des dix dernières années, le chemin de
fer a bénéficié d’un programme important d’investissements destinés à assurer
son renouvellement, sa modernisation et son extension.
En effet, dès le début des années 1980, la réorientation de la politique
économique nationale et l’augmentation conjoncturelle des revenus pétroliers ont
favorisé le lancement d’un vaste programme de réhabilitation, de modernisation,
et d’extension du réseau ferroviaire nécessité par ailleurs par la saturation du
réseau routier de base.
L’effort principal en matière d’infrastructures a porté essentiellement sur :
-la réalisation de la ligne nouvelle Jijel/Ramdane-Djamel (140 km) programmée
dans le cadre du projet du complexe sidérurgique de Taher, et transféré par la
suite à Bellara ;
-le renouvellement et le renforcement des ouvrages d’art
-l’aménagement, la modernisation et la reconstruction de gares
-l’aménagement ferroviaire partiel de la région d’Annaba.
Organisation et exploitation
1. les programmes encours
a/ Investissements.
Etat actuel du programme en cours.
Le programme en cours comporte 88 opérations inscrites pour une autorisation de
programme totale arrêtée au premier semestre 2005 à 103,5 Milliards de DA. Ce
programme dont certaines opérations ont été inscrites depuis les années 1980
enregistre un retard dans les plannings de réalisation générant des réévaluations
202
successives. Le reste à réaliser s’élève au premier semestre 1996 à 57,3 Milliards
de DA. Ce programme porte sur les volets suivants :
Etudes:
Celles-ci visent la modernisation des infrastructures existantes ou préalables à la
réalisation de nouvelles infrastructures.
Le nombre d’opérations individualisées est de 14 avec un reste à réaliser de 156
Millions de Dinars.
Lignes nouvelles et embranchements particuliers :
Le nombre d’opérations est de 12 y compris les trois opérations " Grands travaux
ferroviaires ".
Le reste à réaliser pour les lignes nouvelles et embranchements particuliers est de
23 Milliards de Dinars.
b/ Aménagements ferroviaires
Ces aménagements concernent la zone de Annaba, où il a été réalisé près de 100
km de rail, ainsi que la banlieue algéroise avec l’axe El-Harrach/Thénia.
Ces opérations sont en voie d’achèvement, le reste à réaliser étant de 544 Millions
de DA pour une autorisation de programme de 4,7 Milliards de Dinars.
Signalisation, Télécommunications, Amélioration des débits de lignes :
La modernisation de la signalisation et de la télécommunication constitue une des
priorités du secteur ferroviaire car elle conditionne l’exploitation fiable et efficace
du réseau.
Le programme de signalisation et de télécommunications couvre la quasi-totalité
de la Rocade Nord.
Les cinq (05) opérations en cours présentent un reste à réaliser de 9 Milliards de
DA par rapport à une autorisation de programme de 14,4 Milliards de Dinars.
203
En matière d’amélioration de débit des lignes, les projets concernés sont la
réalisation du nouveau tunnel d’El-Achir, pour remplacer l’actuel tunnel en état de
dégradation avancée risquant l’isolement de la partie Est du pays, et la
rectification du tracé de la rampe d’El-Ghomri.
Le reste à réaliser pour les deux opérations s’élève à 7,1 Milliard de DA ; les
travaux du nouveau tunnel ont débuté en mai 1996.
c/ Mise à double voie :
Elles concernent les tronçons Bordj-Bou-Arréridj/Sétif.
Le reste à réaliser de ces quatre (04) opérations est de 2,2 Milliards de DA pour
une autorisation de programme de 4,14 Milliards de DA.
Construction de gares et d’ateliers et allongement des voies de gares :
Les 23 opérations existantes totalisent un reste à réaliser de 2,3 Milliards de DA
par rapport à un coût global de 6 Milliards de Dinars.
Ces opérations concernent essentiellement le transfert vers Rouiba des ateliers du
Hamma et l’extension des ateliers de réparation du matériel roulant et la
réalisation de 15 gares sur la rocade Nord.
d/ Ouvrages d’art
Les ouvrages d’art, souvent vétustes, sont concernés par 7 opérations qui
totalisent un reste à réaliser de 1,8 Milliards de Dinars.
Renouvellement de voie :
Ce volet particulièrement important comporte douze (12) opérations relatives à la
modernisation et au renouvellement de la voie sur plusieurs tronçons. Il présente
un reste à réaliser de 7,1 Milliards de Dinars.
204
e/ Opérations exceptionnelles :
Il s’agit d’opérations liées à la situation sécuritaire existante ; leur financement
est réalisé sur concours définitifs.
L’estimation financière (20.289 Millions de dinars – M.D.A-) des dégâts
occasionnés au réseau ferroviaire pour la période allant de 1992 à Juillet 1996
s’établit comme suit :
f/ Equipements :
Les opérations suivantes, individualisées , sont en cours de réalisation :
-L’acquisition de 9 grues pour le relevage du matériel roulant,
-L’aménagement de 200 fourgons pour l’escorte des trains par les services de
sécurité
-L’acquisition de 143 voitures (wagons à voyageurs) de réemploi et la
réhabilitation de 19 locomotives endommagées par les actes de sabotage.
2/ Financement
Le fonctionnement du matériel roulant est tributaire de l’approvisionnement en
pièces de rechange en majorité importées. Les difficultés rencontrées pour la mise
en place des financements et l’impossibilité de règlement au comptant ont
entraîné des pénuries de pièces se traduisant par l’immobilisation d’une partie
importante du parc roulant, déjà à peine suffisant eu égard aux besoins exprimés.
Le financement du matériel roulant.
Le désengagement, en 1990, du Trésor Public a entraîné de facto celui de la
Banque Algérienne de Développement qui finançait jusque là les investissements
en matériel roulant à des conditions correspondant à leur durée de vie (15 à 25
ans en moyenne) à des taux d’intérêts adaptés.
205
Ceci a obligé la SNTF à s’orienter vers le système bancaire national et
international ; mais sa situation financière actuelle ne lui permet pas de mobiliser
facilement les crédits nécessaires à son développement.
Les dépenses d’investissement en matériel roulant ont évolué comme suit :
Tab.n°34 Le Nord-est algérien Dépenses de la SNTF en matériel roulant (en millions de DA)
1963 - 1973 1974 - 1984 1985 - 1995 1996 - 2006
Nord-Est National Nord-Est National Nord-Est National Nord-Est National
Matériels roulants 112 266 560 1 325 1 266 3 800 165 525
3/ Perspectives à l’horizon 2010
Le plan Directeur de Développement des Infrastructures Ferroviaires pour
l’horizon 2010, élaboré par le secteur, en fonction du rôle du chemin de fer dans le
système national des transports et des options générales et d’aménagement du
territoire, est destiné à constituer un cadre de référence permettant d’assurer la
cohérence des investissements de modernisation et d’expansion.
La définition du Plan des infrastructures ferroviaires s’articule ainsi autour de la
présentation des caractéristiques et des objectifs généraux du système de
transport ferroviaire futur d’une part, de l’identification des principales opérations
d’infrastructures à réaliser pour atteindre ces objectifs et ces caractéristiques
d’autre part.
Ces opérations sont regroupées en trois grandes rubriques relatives
respectivement à la modernisation et à l’accroissement des capacités du réseau,
aux grands aménagements ferroviaires régionaux et à l’extension géographique
du réseau.
206
4/ Caractéristiques et objectifs généraux :
Le type et la qualité des prestations fournies par le système de transport
ferroviaire, qui caractérisent la participation du chemin de fer à la satisfaction des
besoins régionaux (et nationaux) en transport, sont intimement liés aux modalités
internes d’exploitation et d’organisation technique du système de transport
ferroviaire.
Les principales options retenues en la matière au niveau du plan Directeur sont
les suivantes :
- le transport ferroviaire touchera la totalité des grands pôles d’activités du pays,
grâce à la densification du réseau existant dans le Nord et à la poursuite de
l’extension géographique du réseau sur la zone des Hauts-Plateaux,
- à la création dans les grandes agglomérations, de gares centrales intermodales,
pour le trafic-voyageurs ;
- à la création de gares - marchandises, en nombre limité et bien équipées en
moyens de manutention pour le transfert rail/route et dotées de capacités
importantes de stockage ;
- à la mise en place de techniques de transport intermodales : transports
ferroviaires de conteneurs et de semi-remorques routières .
- l’acheminement du trafic marchandises sera fondé sur la possibilité de mettre en
circulation des trains lourds chaque fois que le volume du trafic l’autorisera.
Il sera fait appel à la technique d’acheminement par train-blocs complets, dans les
conditions de circulation favorables, ces trains circulant sans rupture intermédiaire
entre expéditeur et destinataire. Le trafic par wagons isolés transitera par des
triages de forte capacité implantés aux nœuds de trafic principaux du réseau
(Constantine, Annaba),
07
- le chemin de fer jouera un rôle important dans la satisfaction des besoins de
transport – en particulier domicile – travail – dans les banlieues des grandes
agglomérations Annaba et Constantine,
- sur certains itinéraires où les caractéristiques géométriques du tracé des lignes
sont favorables et la demande de transport importante, les vitesses de circulation
des trains voyageurs inter-villes pourront être élevées à 140 km/h et
éventuellement à 160 km/h,
- la configuration et l’équipement des lignes du réseau à voie normale, seront
adaptés aux besoins de capacité de transit ; il sera ainsi fait appel, selon les cas,
soit à la voie unique avec un équipement moderne de signalisation, soit à la
double voie,
- le réseau ferroviaire doit disposer d’un système moderne de télécommunications,
outil indispensable pour en assurer un fonctionnement sûr et efficace.
5/ Modernisation et accroissement des capacités
Les opérations de modernisation et l’accroissement des capacités du réseau
visent à donner à celui-ci, des caractéristiques modernes lui permettant de
répondre quantitativement à la demande de transport et d’améliorer la qualité des
services rendus.
Ce réseau continuera à moyen terme à jouer un rôle essentiel dans les échanges
entre les diverses régions du pays.
Les opérations de modernisation et d’accroissement des capacités des lignes
existantes continuent de constituer une priorité absolue dans la poursuite du
programme de restructuration du chemin de fer.
Les travaux à réaliser au titre de la modernisation sont encore nombreux,
dispersés, de nature variée et très largement interdépendants.
208
Leur réalisation est souvent rendue difficile par la nécessité de les effectuer sous
trafic.
La modernisation est ainsi une opération complexe qui nécessite des délais
d’exécution longs et coûteux.
Les principales opérations concernées sont :
Le renouvellement de voie et ballast
Le programme en question porte sur :
-182 km de renouvellement voie et ballast,
- 140 km de renouvellement de ballast,
- 100 appareils de voie.
Au-delà de l’an 2008, les renouvellements se poursuivront selon un cycle complet
par ligne d’environ 25 à 30 ans.
Le renouvellement et le renforcement des ouvrages d’art.
La consistance du programme concerne le nombre d’ouvrages suivants :
- 98 ponts,
- 3 tunnels.
Ce programme est établi dans la continuité de celui déjà entamé, permettant
d’augmenter la longueur, et partant, la charge des trains et la capacité de transit
des lignes.
Il est réparti comme suit :
o ligne Annaba/Ghardimaou : 05 gares
o ligne Souk-Ahras/Tébessa : 03 gares
o ligne Beni-Mancour/Béjaïa : 06 gares
L’aménagement, modernisation et reconstruction des gares
- ligne Alger/Constantine : 07 gares
209
- ligne Constantine/Annaba : 05 gares
La modernisation de la signalisation et la refonte du réseau de
télécommunications.
Ce programme qui comprend les lignes nouvelles déjà entamées, ainsi que la
poursuite des programmes de modernisation, porte sur :
- le tronçon Drean/Bouchegouf : 04 gares avec bloc de voie unique
- le tronçon Souk-Ahras/Tuileries : 01 gare
- le tronçon Tuileries/Tebessa : 01 gare avec bloc de voie unique
- la ligne nouvelle Barika/M’sila (hors gares de Barika et M’sila)
- la ligne nouvelle Bordj Bou Arréridj/M’sila (hors gare de Bordj Bou Arréridj)
Les grands aménagements ferroviaires régionaux :
Les régions d’Annaba et de Constantine, posent au chemin de fer des problèmes
particuliers et difficiles.
Elles induisent en effet, de par leur rôle industriel, commercial et administratif,
d’importants transports de marchandises et de voyageurs de nature très variée.
L’implantation des installations ferroviaires y est un des éléments importants du
schéma de structuration spatiale.
Les embranchements particuliers :
Le programme proposé concerne la réhabilitation des embranchements existants,
en particulier les embranchements OAIC, NAFTAL, SIDER, ANABIB, ASMIDAL,
qui sont de grands utilisateurs du rail.
L’électrification :
Ce programme portera sur l’électrification par étapes des réseaux de banlieue des
régions Alger, Oran et Constantine et progressivement la Rocade Nord.
L’extension géographique du réseau :
210
Ce programme portera sur deux volets visant à réactiver les projets différés
suivant :
- Tébessa/Ain-M’Lila
- Bordj-Bou-Arreridj/M’Sila
- Barika/Batna
6/ Lignes nouvelles à créer dans le cadre de la densification et du
renforcement du réseau Nord
Le schéma prévoit à long terme, la création des lignes nouvelles à voie normale :
- El-Khroub-Guelma/Bouchegouf,
- M’Sila/Aïn-Oussera/Tiaret/Saïda,
La mise en place de la totalité de ce réseau est une œuvre de longue haleine,
nécessitant souvent plus de 20 ans, et dont les étapes méritent d’être arrêtées en
fonction des priorités d’aménagement du territoire national et le cas échéant, de
l’échéancier de mise en place des grands ensembles industriels utilisateurs du
chemin de fer.
7/ Les axes prioritaires
Dans ce cadre, le plan directeur des infrastructures ferroviaires retient les
opérations relatives à :
la modernisation de la signalisation et la refonte du réseau des
télécommunications,
la nécessité du renouvellement de la voie,
l’allongement des voies des croisements des gares,
la rénovation des ouvrages d’art,
l’aménagement, la modernisation et la reconstruction des gares,
l’électrification des réseaux de banlieue,
211
la suppression des voies étroites,
l’extension géographique du réseau.
8/ Mode de financement
Compte tenu de l’ampleur du programme d’investissement projeté, l’enveloppe
financière est considérable. Son évaluation préliminaire est de l’ordre de 190 Mds
de DA . Elle s’élève à 50 Mds de DA dans le cas du programme neuf minimum –
hors aménagement de la région algéroise.
Eu égard aux contraintes financières du pays, l’Etat ne peut plus, à lui seul,
mobiliser les crédits nécessaires à la réalisation de ce programme.
Il y a donc nécessité de faire appel à d’autres sources de financement si l’on ne
veut pas compromettre la mise en œuvre des opérations inscrites à l’horizon
2010.
Schéma directeur de développement à long terme du réseau ferroviaire.
Le système national des transports, dans sa configuration actuelle, n’accorde pas
au chemin de fer, la place qui lui revient.
Il se caractérise, notamment, par une absence de coordination entre les différents
modes. Les équipements de manutention et de stockage devant permettre les
services multimodaux sont pratiquement inexistants.
En fait, chaque mode de transport semble se développer isolément, situation qui
se traduit par les dysfonctionnements préjudiciables à l’efficacité et à la rentabilité
des différents modes et plus particulièrement celui du chemin de fer dont le retard
considérable est inhérent à l’absence de synergies.
Les programmes, en matière de développement du rail, décidés par l’Etat, fondés
sur la réalisation de grands projets industriels (complexe sidérurgique, laminoirs,
unités de construction automobile, unités chimiques, etc. …) et de Grands
212
Travaux (stabilisation et mise en valeur des terres, lutte contre la désertification,
transferts hydrauliques, armature urbaine etc. …) ont leur justification du fait de la
bonne santé économique du pays.
Par ailleurs, quand elles sont achevées, les lignes ferroviaires génèrent de lourds
déficits d’exploitation.
Les investissements réalisés depuis une vingtaine d’années n’ont pas eu
d’impacts positifs sur le développement des capacités de transport ferroviaires, et
dans bien des cas, ils ont été à l’origine de l’aggravation des problèmes
d’exploitation de la SNTF.
213
Conclusion
Le réseau ferroviaire est pour l’essentiel à voie unique et la situation de
l’infrastructure reste, de manière générale, médiocre sur beaucoup de lignes.
Le réseau est inadapté à une exploitation moderne, rationnelle et économique.
Les lignes présentent souvent un tracé sinueux, avec de fortes déclivités qui
rendent l’exploitation difficile et imposent une limitation de la vitesse et des
charges.
Par ailleurs et malgré d’importants investissements, en infrastructures et en
matériels roulants, notamment durant la décennie 1980, force est de constater que
le rôle du chemin de fer est en déclin.
En effet, par rapport à l’ensemble du transport terrestre, la part du transport
ferroviaire, a subi une baisse significative et révèle, en conséquence une sous-
utilisation importante de ses capacités.
La baisse est également liée à la situation sécuritaire qu’a vécu le pays. Il est à
signaler à ce propos que la SNTF, en dépit des importantes pertes aux plans
humain et matériel qu’elle a subies, continue d’assumer ses activités.
Les statistiques soulignent l’inadaptation du réseau aux nouveaux types de trafic-
containers, trains-blocs, etc…, une mauvaise exploitation par comparaison avec le
transport routier qui a connu un très fort développement durant la période écoulée
grâce à :
- une extension importante du réseau bitumé ;
- la technologie des véhicules routiers à fortes capacités et à faibles coûts
d’exploitation ;
- la facilité d’accès à la profession de transport routier ;
- la rentabilité parfois non négligeable des capitaux investis.
214
Ces avancées technologiques ont entraîné une modification profonde de la
structure du marché de transport.
Durant les années à venir, la concurrence du transport routier doit inciter à des
efforts soutenus pour une amélioration de ses critères de performances du chemin
de fer.
L’évolution des trafics montre que depuis 1980, les volumes et les tarifs n’ont pas
varié de manière significative, alors que les coûts ont doublé, souvent triplés et
parfois même quadruplé.
Malgré ces résultats préoccupants, le chemin de fer reste déterminant dans
certains segments de transport tels que le transport de masse et de pondéreux,
surtout sur les grandes distances.
Nécessairement, il faudra renforcer les avantages comparatifs clés du réseau pour
lui permettre de relever les défis et répondre efficacement à la demande des
usagers et aux impératifs économiques de ses clients.
215
Chapitre III Amélioration de l’accessibilité dans le cadre des futures
infrastructures
Ce paragraphe analyse l’amélioration de l’accessibilité obtenue pour les échanges
entre les différents nœuds dans le cadre de la mise en place des différents projets
routiers et ferroviaires.
Aux fins de l’analyse, une distinction est établie entre l’amélioration du transport
routier et ferroviaire. Dans le cas du chemin de fer, on examine l’incidence d’une
politique axée notamment sur l’interconnexion effective des lignes existantes et
l’amélioration des vitesses de circulation et des services offerts sur l’axe ferroviaire
qui relie Alger à Annaba. Par contre, pour la route, l’analyse présuppose de
compléter la construction de l’autoroute Est-Ouest. Dans les deux cas, l’analyse
est réalisée pour le transport des voyageurs, des résultats similaires sont à prévoir
dans le cas des marchandises.
1/ Les situations de référence et de futur
• Pour le transport par chemin de fer
Dans le cas du chemin de fer, on prendra pour situation de départ ou de
référence, un scénario dans lequel le niveau de services est similaire au niveau
actuel. L’analyse proposée a pour but de montrer les bienfaits de l’extension du
réseau ferré. La situation de référence se définit par les vitesses moyennes
actuelles de circulation des trains, et le temps de correspondance sur l’axe Alger-
Annaba et les autres lignes, correspondance estimée en fonction de la fréquence
actuelle des trains. L’assignation de vitesses dans le réseau peut être faite à partir
des horaires de train actuels, de même que le temps d’attente lors des
correspondances. Cependant, face à la difficulté d’obtenir ces informations, il a été
choisi de faire une estimation de vitesses moyennes et de déterminer la durée des
216
correspondances par rapport au nombre de services journaliers. Comme scénario
futur, est pris en considération le réseau d’infrastructures actuel, avec une
augmentation de la vitesse de circulation sur l’axe Alger-Annaba , ainsi que les
futures lignes (amélioration des conditions générales de l’infrastructure et du
matériel de traction sur cet axe).
• Pour le transport routier
Dans le cas du transport routier, on prendra pour situation de référence, un
scénario dans lequel est maintenu l’état actuel du réseau routier. Comme scénario
futur, on considèrera que l’ensemble des projets d’infrastructure sont terminés
(l’autoroute Est-Ouest et la rocade des Hauts Plateaux).
2/ Calcul de l’accessibilité
L’accessibilité d’une zone se calcule selon l’expression suivante:
∑ −=j
CijPjAi ).exp(* β
où: Ai = Accessibilité de la zone i.
Pj = Potentialité d’attraction ou d’activité de la zone de destination j.
Cij = Impédance dans le déplacement entre les zones i et j.
On considérera donc que l’accessibilité entre deux points dépend d’une part de la
potentialité d’attraction et d’autre part de l’impédance dans le déplacement.
L’impédance se corrige par son exponentiel inverse, ce qui signifie qu’une plus
grande importance est donnée aux zones proches.
Comme potentialité d’attraction ou d’activité P, on a considéré la population de
chaque Wilaya et comme impédance, le temps de transport entre les chef-lieux de
wilaya. La valeur de la constante β considérée est 0,0639,
39 valeur utilisée dans les différentes études sur les transports
217
2/ Résultats obtenus :
Pour le chemin de fer :
Les résultats sont présentés sous forme de cartes. Sur cette première carte,
apparaît les wilaya les plus accessibles pour les voyageurs par train dans la
situation actuelle .
Carte n°33. Le Nord-est algérien : Indice d’accessibilité des voyageurs par train. Situation 2005
Dans le cas du chemin de fer, l’accessibilité actuelle se concentre essentiellement
sur les deux zones (carte n° 33), la première, et la plus importante, les wilaya à
cheval sur deux régions géographiquement différentes mais surtout celles
traversées par l’axe Alger-Annaba : Bordj Bou Arreridj, Sétif, Constantine,
Annaba…La deuxième zone renferme surtout les wilaya des Hauts Plateaux. Le
218
contraste entre les indices d’accessibilité des deux zones peut s’expliquer par la
présence d’importants foyers de population, ce qui n’est pas le cas pour la
seconde zone.
Carte n°34. Le Nord-est algérien : Amélioration de l’accessibilité des voyageurs par train à la fin de
tous les projets
Dans le scénario d'incorporation des axes ferroviaires futurs, on observe une
amélioration de l’accessibilité générale dans toute la zone d’étude, en
reproduisant la même distribution de zones à plus ou moins grande accessibilité
de la situation de référence.
L’amélioration se traduit par le fait qu’une grande partie du territoire ait une
accessibilité supérieure à celle des zones les plus accessibles de la situation de
219
référence. Ce phénomène se reflète aussi dans la réduction des temps : ainsi le
temps nécessaire pour arriver à tous les autres nœuds diminue dans plus de la
moitié des cas à un niveau inférieur aux durées les plus basses de la situation de
référence.
La lecture simultanée des deux cartes montre que les augmentations les plus
importantes se produisent dans les zones qui ont un faible niveau d’accessibilité
au départ (région des Hauts Plateaux surtout). En revanche les zones à grande
accessibilité dans les deux situations sont celles qui manifestent les hausses les
moins fortes.
Pour la route
Carte n° 35. Le Nord-est algérien : Indice d’accessibilité des voyageurs par route. Situation 2005
220
Dans le cas de l’accessibilité routière, les résultats reproduisent à grands traits
ceux obtenus avec le transport ferroviaire (carte n°29). Les zones à grande
accessibilité se situent sur les Hauts Plateaux.
Carte n°36. Le Nord-est algérien : Amélioration de l’accessibilité des voyageurs par route à la fin de
tous les projets
L’achèvement de la construction de l’autoroute Est-Ouest entraîne une
augmentation importante de l’accessibilité (carte n°30). A cet horizon, la majeure
partie de la région atteindra un niveau similaire à celui des zones de grande
accessibilité dans la situation de départ. Les Hauts Plateaux en seront les plus
favorisés.
221
De façon similaire à ce qui arrive avec le transport ferroviaire, les
augmentations d’accessibilité les plus importantes se produiront dans les zones
à fort niveau d’accessibilité de départ.
Les régions côtières sont accessibles par des routes permettant des vitesses
de circulation basses. Considérées d'abord comme périphériques, ces zones
sont en fait bien dotées en infrastructures. A l'inverse, les villes situées sur les
Hauts Plateaux pourraient bénéficier de meilleures routes.
222
Conclusion de la partie
Selon son rôle, un réseau de transport de qualité doit permettre les relations entre les
différentes agglomérations de la région, de manière à ce que les zones rurales ou
isolées puissent avoir accès aux différents services et ressources offerts par les
centres urbains de rang supérieur.
Dans le cas du Nord-est algérien, cette fonction est entravée par la géographie de la
région et la distribution des installations humaines. La zone littorale, où se situent la
plupart des concentrations, se caractérise par une succession de plaines, vallées et
systèmes montagneux qui rendent difficiles les communications entre
agglomérations. Plus au sud, dans les Hautes Plaines, les densités de population
diminuent et les distances entre agglomérations augmentent.
223
Conclusion générale
Le secteur du transport joue un rôle primordial dans la concrétisation des objectifs
et des choix de développement, dans le soutien aux secteurs productifs et le
renforcement de leurs capacités concurrentielles ainsi que dans l'amélioration du
niveau de vie des citoyens.
L’importation et la vente de véhicules neufs sont la signification d’un potentiel de
croissance économique important. Elles sont le résultat des tendances
démographiques qui suggèrent un nombre sans cesse à la hausse d’individus
potentiels en âge de conduire jumelé à la situation financière des ménages où la
capacité d’épargne connaît également une augmentation. En plus, la montée du
poids démographique des petites et moyennes villes, s’accompagnant d’un
besoin en services rapides et du besoin du porte-à-porte, entretient une demande
de plus en plus importante en véhicules ce qui confère une impulsion au
développement du transport routier.
Les concentrations démographiques et la configuration des flux d’échanges ont
mené à l’émergence de grands corridors, est-ouest pour les passagers, et nord-
sud pour les marchandises.
D’une situation de monopole, le rail n’assure aujourd’hui que 5% du marché de
transport.
La faiblesse des réalisations depuis l’indépendance n’a rien changé au rapport :
port - voie ferrée - arrière-pays, bien au contraire, elle l’a accentué par une
politique économique basée sur l’exportation de matières premières. Cette
situation a privilégié la route, mieux adaptée pour répondre aux besoins de
224
l’importation de plus en plus grande, formée pour l’essentiel de céréales, de
ciments et d’autres biens destinés aux marchés de consommation.
La structure des réseaux ferré et routier n’a pas permis de dégager une
articulation régionale. Mais nous pouvons relever globalement une étroite relation
entre les flux et l’organisation spatiale :
- la suprématie littorale : un gradient décroissant du nord au sud,
- la primauté de Constantine en tant que carrefour,
- l’inadéquation entre le rail et la desserte,
- l’étroite relation entre port - rail et route - métropole dont l’articulation explique
l’essentiel de l’organisation spatiale actuelle. Dans ces conditions c’est à la route
que revient l’exclusivité des échanges et le rôle du désenclavement.
La politique algérienne engagée pour le développement du pays implique
nécessairement un développement harmonieux de tous les secteurs de l'activité
économique y compris le secteur des transports.
Depuis toujours, les transports ont été un outil indispensable à toute politique de
développement. Ils sont alors insérés entre deux nécessités vitales: la production
et la distribution. Les réseaux ont ainsi pour rôle de faciliter les échanges
économiques.
Il s'avère qu'à l'heure actuelle ces objectifs n'ont pas été atteints ; le secteur des
transports n'a suivi que de loin le développement économique du pays. Il constitue
de ce fait un goulot d'étranglement ralentissant les efforts de développement
entrepris dans plusieurs secteurs.
Les modes de transport les plus touchés par ce phénomène sont le rail et la
route ; surtout le rail car par l'importance des fonds qu'il utilise et par ses longues
tractions il est un précieux outil de développement.
225
La politique des transports en Algérie souffre d’une absence de cohérence entre
les différents ministères en charge de la question.
Le ministère des Travaux publics a pour mission la réalisation des routes et leur
entretien, celle des pistes et parkings avions ainsi que des ports.
Le ministère des Transports réalise les aéroports et les voies ferrées et a la tutelle
de la gestion des ports et aéroports.
Le ministère en charge de l’Aménagement du territoire doit déterminer les
éclairages de la politique globale d’occupation des espaces dans le cadre du
développement durable.
Aussi, le programme du gouvernement estime que l’urgence pour le secteur est
de renforcer le tissu des infrastructures de base.
L’aménagement du territoire a toujours été une préoccupation dans les politiques
publiques, en particulier dans la définition des réseaux d’infrastructures qui sont
les supports du service public. L’ouverture des infrastructures de réseaux aux tiers
et le désengagement de l’Etat et des organismes publics de la gestion directe de
ces réseaux risquent de remettre en cause la politique d’équipement du territoire
et, ainsi, influer aussi bien sur les mouvements des populations, sur les choix des
localisations industrielles que sur la protection de l’environnement. Les Autorités
de régulation sectorielles pourront être investies de missions de promotion du
développement des infrastructures et de développement territorial, de protection
de l’environnement et, de façon générale, de contribuer à la définition et à la
promotion des politiques publiques dans les secteurs concernés.
A propos du système national des transports :
Autoroutes, métro, tramways...et rail... Le secteur des Transports connaît une
période propice. C'est là où la manne pétrolière trouve sa traduction la plus
226
visible et sans doute la plus consensuelle: le secteur des transports est devenu,
faute de capacité d'absorption de la manne pétrolière par l'économie nationale,
un choix d'investissement public logique. Les choses bougent en effet. Outre,
l'autoroute Est-Ouest en cours de réalisation, deux nouveaux projets sont en
préparation : l'autoroute des Hauts Plateaux et l'autoroute Nord-Sud.
La grande satisfaction a été de voir que le secteur du rail, longtemps délaissé,
est en train de connaître, lui aussi, une nouvelle jeunesse avec des
investissements conséquents de plus de 16 milliards de dollars sur cinq ans. Il
s'agit non seulement de rattraper le retard mais aussi de réaliser et de
moderniser au cours de cette période plus de 1.700 km de voie, soit près de
40% du réseau national existant. Pour les grandes villes, largement saturées en
matière de circulation automobile, la réalisation des projets de tramways
(Annaba - Sétif - Constantine) est attendue avec impatience.
Le problème est que les projets d'extension des routes et autoroutes ne seront
pas terminés avec 2009 ou 2010 alors que les ventes de véhicules continuent
d'augmenter à grand rythme (100 000 véhicules par an), dopées par le crédit
automobile et l'arrivée sur le marché de voitures chinoises à des prix attractifs
pour les petites bourses. A cela s'ajoute, les pressions des pays occidentaux,
en négociation avec l'Algérie pour son accession à l'OMC, ils exigent que soit
levée l'interdiction d'importer des voitures d'occasion. L'amélioration de l'offre
en matière de transports publics (Train, rail et bus) sera donc essentielle pour
les prochaines années. Cela semble être pris en compte dans l'action des
pouvoirs qui, a doté les villes d’Annaba et Constantine d'Entreprises Pilotes de
Transport Public Urbain. Il est également prévu de créer 5 nouvelles entreprises
227
de transports publics dans les chefs-lieux des wilayas de Batna, Tébessa, Sétif,
Skikda et M'sila.
Le réseau ferroviaire
Il y a nécessité d’accorder au rail une place importante dans le système
national des transports et de promouvoir les actions qui concourent à la mise en
place d’un nouveau mode d’organisation et d’aménagement du territoire pour
permettre l’émergence de chaînes de services globales et multimodales
(terrestre, maritime, aérienne).
Dans ce cadre, le transport ferroviaire devrait assurer des prestations de " bout
en bout ", et pour ce faire, une priorité sera donnée aux équipements de
stockage et de manutention pour éviter les ruptures de charge et permettre des
transbordements efficaces.
Dans la logique de l’aménagement intégré et du développement économique
du territoire national, il est opportun de réaliser des voies de communications
modernes et rapides (autoroutes, rails, routes nationales améliorées), mais il
est encore plus raisonnable et probablement plus efficace de réaménager les
liaisons existantes et de réaliser les jonctions nécessaires avec les espaces à
promouvoir.
Ceci peut être concrétisé à condition :
- que la demande en besoins de transport soit préalablement analysée, évaluée
et clairement définie,
- qu’une dynamique de développement soit mise en place dans les régions à
développer - plaines intérieures, Hauts Plateaux, espaces intermédiaires
littoraux,
228
- qu’un plan de désengorgement des aires métropolitaines et surtout qu’un
système urbain conjugué à un réseau de petites villes et villages soient
minutieusement élaborés dans la perspective d’un maillage cohérent du
territoire ;
- que les objectifs à même d’assurer les déplacements des biens et des
personnes dans les meilleures conditions (temps, sécurité, enchaînement, etc.)
soient sérieusement envisagés et en tout cas prioritairement affichés.
Il y a lieu de noter que certaines lignes envisagées sont économiquement peu
justifiées, alors que l’effort devrait porter sur la consolidation et la modernisation
du réseau existant (signalisation, télécommunications, équipements et matériel
roulant etc.) : la ligne AïnTouta / M’sila en cours de construction est considérée,
sans rentabilité évidente. Le doublement des voies de la Rocade Nord et la
modernisation de certaines pénétrantes nord-sud sont recommandés à court
terme; tout en accordant la primauté à la notion de service public et à
l’amélioration de sa qualité, à moyen et long terme, la concrétisation des
options de développement territorial, par la création de lignes et la mise à voie
normale des pénétrantes existantes, est un enjeu national.
Le réseau routier : son développement devrait reposer sur :
- le renforcement, la modernisation et l’extension des capacités du réseau
existant, notamment, principal,
- la conduite d’études comparatives pour l’identification de solutions appropriées
à l’effet de mieux cerner la convenance des aménagements autoroutiers.
- la poursuite des programmes de construction de pénétrantes intérieures ,
229
- le financement des grands projets autoroutiers qu’il y a lieu de distinguer de
celui des routes à réhabiliter ou à moderniser et qui doit être appréhendé avec
beaucoup de rigueur et de réalisme,
- la garantie d’une plus grande fluidité et d’une plus grande sécurité sur le
réseau routier principal afin d’offrir plus de facilitations au développement
économique et social, notamment dans les espaces à promouvoir ou les zones
de développement.
A ce sujet nous apportons beaucoup de réserves quant au tronçon de
l’autoroute dans sa partie de l’extrême est. En absorbant directement vers la
Tunisie les flux nourriciers de la RN44 et du CW109, elle va dépouiller la région
du plus important segment de sa fragile économie locale : les passagers et les
Carte n°37 : Partie Est du tronçon de l’autoroute Est-Ouest
vacanciers. Il aurait fallu, au contraire, rectifier et entretenir les petites routes
pour les inviter à être plus nombreux à prendre le temps de traverser et surtout
de s’arrêter dans la région et consolider ainsi les bases d’une activité touristique
qui commence à prendre forme. En passant plus au Sud, dans la région
enclavée de Bou Hadjar, elle aurait là, sans aucun doute, apporté quelques
230
progrès en ouvrant de vastes espaces agropastoraux à quelques minutes à
peine du port et de l’aéroport de Annaba, et à lui éviter, par la même occasion,
d’empiéter sur le parc d’El Kala sur une longueur de 20 km : quelques 150 ha
de forêts seraient ainsi préservés.
Ainsi, bien que les projets d’infrastructure (routes, autoroute et rail) améliorent
les relations entre les différentes parties de la région et contribuent à créer un
système urbain mieux intégré, ces modifications ont une faible incidence sur la
connectivité nord-sud de la région analysée.
Il en est ainsi principalement parce que l’exécution de ces projets vise à faciliter
la mobilité est-ouest.
231
ANNEXES
232
Annexes 1 Théorie des graphes
Pour bien saisir l’apport de cette technique un rappel succinct de quelques
définitions de base est nécessaire.
2. Définitions :
La théorie des graphes a principalement pour objet les modalités d’encodage des
réseaux ainsi que la mesure de leurs propriétés. Le premier objectif de ce
préambule vise à définir les éléments de base utiles à l’encodage d’un graphe.
• Un graphe G
C’est une représentation symbolique d’un réseau associant un ensemble de
nœuds (villes, villages, intersections…) entre lesquels des relations sont
matérialisées par des lignes (arêtes, routes…). Un graphe G est donc un
ensemble de nœuds V et d’arcs E. par suite G= (V, E).
• Un nœud V
Ou sommet, est un point d’extrémité ou un point d’intersection de deux ou
plusieurs lignes. Il s’agit d’une abstraction d’un lieu tel une ville, une intersection
routière ou une infrastructure de transfert (stations, terminus, ports et aéroports).
• Un arc E
C’est une ligne continue entre deux nœuds et exprime une relation quelconque
entre ces mêmes nœuds. C’est donc une représentation abstraite d’infrastructures
de support des déplacements entre deux nœuds. Elle peut être orientée ou
symétrique selon la nature de la relation.
• Un sous-graphe S
Est un sous-ensemble du graphe G tel que chacun des éléments de S appartient
à G mais non l’inverse. A moins de considérer le système de transport mondial
233
comme formant un tout, chaque réseau de transport est, en théorie, un sous-
graphe d’un autre.
• Une boucle
Il y a boucle lorsqu’un arc fait correspondre un même sommet.
3. Caractéristiques
Un réseau de transport permet la circulation des flux d’individus, de fret ou
d’information. La théorie des graphes se doit donc de considérer la possibilité de
représenter les mouvements.
• Une arête
Elle incarne toute possibilité de mouvement entre deux nœuds, nonobstant la
direction. Les arêtes permettent donc de savoir si un endroit peut être atteint.
• Un chemin
C’est une séquence d’arc tous parcourus dans le même sens. L’établissement de
chemins est une étape fondamentale dans la mesure d’accessibilité et de flux de
trafic au sein d’un réseau.
• Une chaîne
C’est une suite d’arcs telle que chaque arc de la suite a une extrémité en commun
avec l’arc précédent. La direction n’a pas d’importance.
• Un circuit (ou cycle, dans le cas d’un symétrique)
C’est un chemin où le sommet initial coïncide avec le sommet terminal de la
dernière arête. Les cycles revêtent une importance capitale dans le transport car
plusieurs systèmes de distributions utilisent des cycles afin de couvrir le plus
d’espace possible en une seule direction.
4. Propriétés
a) Un graphe connecte
234
Est un graphe G où entre deux nœuds quelconques, il existe toujours une ou
plusieurs lignes. Un autre graphe est dit fortement connecte lorsqu’à partir de
n’importe quel nœud on peut atteindre tous les autres, chaque nœud a, au moins,
une ligne adjacente.
b) La distance topologique
Elle est égale à l’unité, chaque ligne est comptée un (1). La distance est un ou
nulle (1,0).
c) Un graphe planaire
Est un graphe où toute intersection est considérée comme sommet40. Il s’applique
surtout aux réseaux terrestres (routes, chemins de fer). Le graphe non-planaire
s’applique aux réseaux aériens et maritimes.
d) Une arborescence
Le graphe ne contient ni cycles ni circuits.
40 L’intersection n’est pas obligatoirement un nœud.
235
Annexe 2 Les wagons de voyageurs mis en circulation entre Alger et Blida
I/ Train Grandes Lignes,1ère Classe
Ambiance feutrée, évoquant plutôt les couleurs du Sud, la voiture 1ère Classe,
Grandes Lignes, propose désormais des tables repliables et des accoudoirs
relevables. L'ergonomie des assises et des dossiers est nouvelle. L'accès pour
les personnes à mobilité réduite est prévu par l'adoption d'un siège spécifique
II/ Train Grandes Lignes ,2ème Classe Couleur Azur, ambiance claire et
limpide, la voiture de 2ème Classe, Grandes Lignes propose des sièges à
assises individuelles, plus confortables avec accoudoirs relevables et repose-
tête.
236
III/ Train couchettes 1ère et 2ème classe
IV/Train de banlieue
237
Annexe 3 Le terminal de circulation : l’aéroport
Le terminal est composé d’infrastructures de traitement de fret et d’accueil de
passagers ainsi que d’infrastructures d’abordage. Les traits économiques de
la région renfermant l’aéroport sont importants. Le niveau de développement
du secteur tertiaire est directement lié au trafic d’un aéroport.
La configuration d’un aéroport doit favoriser une fluidité des mouvements
issus des terminaux vers l’aérodrome (et inversement). En effet, l’efficacité du
mouvement se veut primordiale, notamment lorsque l’aéroport incarne le rôle
de hub international ou régional. Cependant, la planification de nouveaux
terminaux aéroportuaires implique des lieux loin des villes centrales,
puisqu'ils sont d'importants consommateurs d'espace.
l'établissement des aéroports
Le tracé des voies maritimes et aériennes ne saurait se concevoir sans tenir
compte des caractères du milieu dans lequel le parcours est prévu.
Les données météorologiques conditionnent la vitesse et la dépense
d'énergie, elles sont des facteurs de la rentabilité du trafic aérien.
La nature des infrastructures est étroitement commandée par la température
et la pression. La poussée des réacteurs diminue quand la température
augmente; les vitesses au décollage, le poids de l'appareil lors de l'envol et la
longueur de la piste sont liés à la température : la distance nécessaire au
décollage croît de 20 m pour 1° supplémentaire; si la piste n'est pas allongée,
la charge utile doit être réduite de 150kg. La poussée des réacteurs diminue
également avec l'altitude, compte tenu de la baisse de la pression
atmosphérique. Les aéroports des régions d'altitude, tel que celui de Batna,
238
et ceux des régions chaudes, tel que celui de Biskra, exigent donc une plus
grande disponibilité d'espace.
Les observations météorologiques minutieuses et fréquentes permettent de
tracer les lignes aériennes en tenant compte de la circulation atmosphérique
et de ses incidences sur la sécurité, sur la consommation de carburant et sur
la durée du voyage. Les routes aériennes sont fixées en fonction du temps de
parcours minimal et non de la distance la plus courte : les navigations
isobariques sont plus fréquemment employées que les navigations
loxodromiques .
Les brumes et les brouillards affectent la circulation aérienne et routière.
Il convient de noter qu’à l’inverse les transports d’une manière générale
influent sur l’environnent par les nuisances qu’ils occasionnent : bruit et
pollution.
239
Annexe 4 A/ Matrice des lignes de désire théorique
2DPbPa∗
Nœuds 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22
1 Béjaïa - 64 69 25 55 10 4 2 10 2 1 3 4 2 14 1 4 0.3 4 4 0.1 5 2 B.B.A. 64 - 99 98 68 13 8 4 17 3 1 4 6 3 21 1 4 0.4 6 5 22 13 3 Sétif 69 99 - 99 89 64 34 19 65 14 6 16 18 10 69 36 17 1 18 14 1 68 4 El Eulma 25 98 99 - 91 64 28 15 47 11 5 11 11 6 43 2 10 1 10 8 0.4 68 5 Constantine 55 68 89 91 - 96 99 98 97 98 89 97 91 92 94 26 88 10 65 65 3 95 6 El Khroub 10 13 64 61 96 - 88 85 43 33 16 28 12 8 49 2 23 1 11 6 3 71 7 H.Bouziane 4 8 34 28 99 88 - 97 91 76 21 32 12 10 50 2 25 1 11 5 0.2 51 8 Z.Youcef 2 4 19 15 98 85 97 - 95 97 26 31 1 10 39 2 16 0.5 8 3 0.2 22 9 Skikda 10 17 65 47 97 43 91 95 - 98 99 95 71 66 92 10 35 3 34 15 0.7 47 10 Harouche 2 3 14 11 89 33 76 97 98 - 97 82 12 11 52 2 27 6 10 3 2 12 11 R.Djamal 1 1 6 5 89 16 21 26 99 97 - 67 9 9 32 1 3 0.4 3 1 0.1 5 12 Azzaba 3 4 16 11 97 28 32 31 95 82 67 - 16 15 98 6 15 2 15 5 3 11 13 Jijel 4 6 18 11 91 12 12 1 71 12 9 16 - 91 50 2 10 1 10 7 0.3 8 14 El Milia 14 3 10 6 92 8 10 10 66 11 9 15 91 - 31 0.6 7 0.6 0.1 0.2 0.1 5 15 Annaba 1 21 69 43 94 49 50 19 92 52 12 98 50 31 - 99 98 78 98 97 6 32 16 El Hadjar 4 1 36 2 26 2 2 2 10 2 1 6 2 0.6 99 - 23 5 23 5 0.3 1 17 Guelma 4 4 17 10 88 23 25 19 35 27 3 15 10 7 98 23 - 60 91 45 3 6 18 Bouchegouf 0.3 0.4 1 1 10 1 1 0.5 3 6 0.4 2 1 0.6 78 5 60 - 81 5 0.4 1 19 Souk Ahras 4 6 18 10 65 11 11 8 24 10 3 15 10 0. 98 23 91 81 - 89 62 18 20 Tébessa 4 5 14 8 65 6 5 3 15 3 1 5 7 0.2 97 5 45 5 89 - 99 4 21 Ouenza 0.2 22 1 0.4 3 3 0.2 0.2 0.7 2 0.1 0.3 0.3 0.1 6 0.3 3 0.4 62 99 - 0.2 22 Aïn M’lila 5 13 68 68 95 71 51 22 47 12 5 11 8 5 32 1 6 0.5 18 4 0.2 -
240
B/ Connectivité et accessibilité Matrice des écarts
Nœuds 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 Σ Rang 11 R.Djamal 17 13 11 10 4 6 3 2 1 1 0 1 4 2 3 4 5 6 9 9 11 11 15 148 1 5 Constantine 13 9 7 6 0 2 1 2 5 3 4 5 8 6 7 8 10 9 10 13 5 7 11 151 2 7 E.Hamma 14 10 8 7 6 3 0 1 4 2 3 4 7 5 6 7 9 8 9 12 6 8 12 151 2 8 Z.Youcef 15 11 9 8 2 4 1 0 3 1 2 3 6 4 5 6 8 7 8 11 7 9 3 151 2 10 Harouche 16 12 10 9 3 5 2 1 2 0 1 2 5 3 4 5 7 6 7 9 2 10 14 155 5 9 Skikda 18 14 12 11 5 7 4 3 0 2 1 2 5 3 4 5 7 6 7 10 10 12 16 164 6 12 Azzaba 18 14 12 11 5 7 4 3 2 2 1 0 5 8 2 3 5 4 5 7 10 12 16 169 7 15 Annaba 20 16 14 13 7 9 6 5 4 4 3 2 7 5 0 1 3 2 3 6 12 14 19 175 8 6 Khroub 11 7 5 4 2 0 3 4 6 5 6 7 10 8 9 10 12 11 12 15 3 4 9 180 9 14 Milia 19 15 13 12 6 8 5 4 3 3 2 3 1 0 5 6 8 7 8 11 11 13 17 187 10 16 El Hadjar 21 17 15 14 8 10 7 6 5 5 4 3 8 6 1 0 2 1 1 2 5 3 19 191 11 21 Aïn M’lila 10 6 4 2 5 3 6 7 10 8 9 10 13 11 12 13 15 14 4 15 0 18 6 201 12 18 Bouchegouf 22 18 16 15 9 11 8 7 6 6 5 4 9 7 2 1 1 0 1 4 14 16 20 207 13 13 Jijel 21 17 15 14 8 10 7 6 5 5 4 5 0 1 7 8 10 9 10 13 13 15 19 222 14 19 Souk Ahras 23 19 17 16 10 12 9 8 7 7 6 5 10 9 3 2 2 1 0 3 15 17 21 222 14 18 Guelma 23 19 17 16 10 12 9 8 7 7 6 5 10 8 3 2 0 1 2 5 15 17 21 223 16 4 E.Eulma 7 3 1 0 6 4 7 8 11 9 10 11 14 12 13 14 16 15 16 19 3 5 9 229 17 3 Sétif 6 2 0 1 7 5 8 9 12 10 11 12 15 13 14 15 17 16 17 20 4 6 10 230 18 22 Tébessa 25 21 19 18 12 14 11 9 9 8 7 12 10 5 4 3 15 3 17 19 20 0 24 273 19 2 BBA 4 0 2 3 9 7 10 12 14 18 13 14 17 15 16 17 19 18 19 22 6 8 12 283 20 20 Ouenza 26 22 20 19 13 15 12 10 10 9 8 13 12 6 5 5 4 3 2 0 18 20 24 295 21 23 Biskra 16 12 10 9 11 9 12 13 16 14 15 16 19 17 18 19 21 20 21 24 6 4 0 322 22 1 Béjaïa 0 4 6 7 13 11 14 15 18 16 17 18 21 19 20 21 23 22 23 26 10 12 16 252 23
241
C/ Matrice directe
Nœuds 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 Σ C.I 10 R.Djamal 0 0 0 0 0 0 0 1 1 - 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 4 11 5 Constantine 0 0 0 1 - 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 3 14 16 Bouchegouf 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 - 0 1 0 0 0 0 0 3 14 2 BBA 1 - 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 22 3 Sétif 0 1 - 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 22 4 El Eulma 0 0 1 - 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 22 6 Khroub 0 0 0 0 1 - 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 2 22 7 Z.Youcef 0 0 0 0 0 0 - 0 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 22 14 Azzaba 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 - 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 22 13 Milia 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 1 - 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 22 17 Souk Ahras 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 - 1 0 0 0 0 0 2 22 18 Tébessa 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 - 0 1 0 0 0 2 22 20 Dj.Onk 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 - 0 0 0 2 22 21 Aïn M’lila 0 0 0 0 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 - 1 0 2 22 22 Batna 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 - 1 2 22 9 Harouche 0 0 0 0 0 0 0 - 1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 2 22 14 Annaba 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 - 0 1 0 0 0 0 0 0 0 2 22 1 Béjaïa - 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 44 8 Skikda 0 0 0 0 0 0 0 - 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 44 12 Jijel 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 - 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 44 15 Guelma 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 - 1 0 0 0 0 0 0 0 1 44 19 Ouenza 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 - 1 0 0 0 1 44 23 Biskra 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 - 1 44 Σ 44
242
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RESSOURCES EN LIGNE
Le Laboratoire d'économie des transports (LET) dont les recherches portent
sur les questions économiques et sociales inhérentes à la mobilité des personnes
et des marchandises : www.ish-lyon.cnrs.fr/let
L'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (INRETS) :
www.inrets.fr/index.html
Université Paris VII / UMR Géographie-cités - L'Analyse spatiale des
phénomènes sociaux - L'accessibilité - cours de Claude Grasland :
www.grasland.cicrp.jussieu.fr/grasland/anspa/access/Ateg98_2.htm
TORRICELLI G-P., 1997, Mouvements et réseaux : un "nouveau" monde ? ; en ligne : http://www.cyberato.org/colloques/iri97/torricel.htm Ministère de l’aménagement du territoire et du tourisme www.matet.dz Ministère des transports www.ministeredestransports.dz Ministère des travaux publics www.mtp.gov.dz
246
Table des figures
Fig,n°1: Le Nord-est algérien: Situation du réseau routier.
Fig. n°2: Dépenses en investissement et entretien 1998 – 2005
Fig.n°3: Le Nord-est algérien:Part des distances parcourues dans le transport des
voyageurs
Fig.n°4: Le Nord-est algérien: Motifs de déplacement
Fig.n°5: Le Nord-est algérien: Part de chaque mode de transport des voyageurs
Fig.n°6: Volume de la circulation entre Constantine et Ain S’mara.
Fig.n°7: Voyageurs entre Constantine et Chelghoum-Laïd
semaine du 03 au 09 avril 2004-Station Ouest
Fig.n°8: Le Nord-est algérien: Evolution du nombre de voyageurs par rail
Fig.n°9: Le Nord-est algérien:Trafic de banlieue et de grandes distances
Fig.n°10: Le Nord-est algérien: moyenne mensuelle de voyageurs:2005
Fig.n°11: Le Nord-est algérien: Part des distances parcourues des transports de
marchandise
Fig.n°12: Part en pourcentage du trafic lourd et léger
Fig.n°13: Trafic de marchandises -niveau national-
Fig.n°14 : Le Nord-est Algérien : le rapport rang-taille des agglomérations urbaines.
Fig.n°15 : Le Nord-est Algérien : hiérarchisation des centres urbains d’après leur
fonction.
Fig. n°16 : La structure simple
Fig. n°17 : La structure en arête de poisson
Fig.n°18 : La forme en damier
52
54
90
91
91
92
94
95
96
97
100
100
102
147
148
175
176
176
247
Tableaux
Tab.n°1 Les investissements français en Algérie du Nord 1949 Tab. n°2 Le réseau routier algérien Tab. n°3 L’état du réseau routier du Nord-est algérien Tab. n° 4 Le Nord-est algérien :Programmes engagés par l’Etat Tab. n°5 Le Nord-est algérien : Evolution des investissements (en milliards de DA courants) Tab. n°6 Le Nord-est algérien :Rapport Investissements/ Budget d’équipement (en milliards de DA) Tab. n°7 Parc automobile du Nord-est algérien au 31/12/2005 Tab. n°8 Trafic de la SNTF( niveau national) Tab. n°9 Evolution du trafic de voyageurs et de marchandises (niveau national) Tab. n°10 SNTF : Répartition des recettes par région Tab. n°11 Evolution de l’endettement de la SNCF Tab. n°12 Caractéristiques Route – Rail Tab. n°13 Seuils de saturation des routes d’après leurs caractéristiques Tab. n°14 Age de la voie ferrée Tab. n°15 Tracé du réseau ferré Tab.16 Situation des transports terrestres de voyageurs dans la wilaya de Jijel Tab. n°17 Principales marchandises transportées en 2005 Tab. n°18 Les entreprises autogérées en 1965 Tab. n°19 Part rail-route dans le transport public de marchandises en 2005 Tab. n°20 Etude multicritères Rail/Route Tab. n°21 Comparaison des charges d’une entreprise privée et du rail Tab. n°22 Rayonnement des gares Tab. n°23 Part des gares Tab. n°24 Rayonnement des gares Tab. n°25 Répartition des communes attractives par région. Tab. n°26 Ratio d’attractivité par wilaya Tab. n°27 Vitesses selon les catégories de routes Tab. n°28 Niveau des centres selon le critère de la population desservie Tab. n°29 Evolution des effectifs de population des centres desservis par rail Tab. n° 30 Matrice des distances Tab. n° 31 Matrice d'accessibilité potentielle Tab. n°32 Relation : unités industrielles - voie ferrée Tab. n°33 Le Nord-est algérien : Répartition de la population Tab. n°34 Le Nord-est algérien Dépenses de la SNTF en matériel roulant (en millions de DA)
30 51 51 54 55 57 58 64 65 66 66 78 81 83 84 95 103 108 109 110 112 121 122 125 128 130 152 154 155 165 167 171 180 205
248
Table des cartes
Carte Titre de la carte Page 1 Le Nord-est algérien :Relief, réseaux de transport et de ville 12 2 Le Nord-est algérien : Le réseau routier romain 22 3 L’Algérie du Nord : Les principaux itinéraires à la fin du 10ème Siècle. 24 4 Le Nord-est algérien : Le réseau routier actuel 29 5 Le Nord de Constantine : Evolution du tracé routier 30 6 L’Ouest de Constantine : Evolution du tracé routier 31 7 Le Nord-est algérien : Le Réseau ferroviaire actuel 35 8 Wilaya de Constantine : Le trafic moyen journalier sur les principaux axes 93 9 Le Nord-est algérien : Nombre de bus en circulation quotidienne 118 10 Le Nord-est algérien : Flux ferroviaires de voyageurs 120 11 Le Nord-est algérien : Flux ferroviaires de céréales 123 12 Le Nord-est algérien : Flux ferroviaires de carburants 124 13 Le Nord-est algérien : Flux ferroviaires de ciment 125 14 Le Nord-est algérien : Indice d’attractivité régionale et locale 128 15 Le Nord-est algérien : Indice d’attractivité par wilaya 129 16 Le Nord-est algérien : Distribution des produits importés par le port d’Annaba 132 17 Le Nord-est algérien : Distribution des produits importés par le port de Skikda 133 18 Le Nord-est algérien : Distribution des produits importés par le port de Djen-Djen 134 19 Le Nord-est algérien : Répartition de la densité de population par wilaya 140 20 Le Nord-est algérien : Part de chaque habitant dans le réseau routier 141 21 Le Nord-est algérien : Simulation du réseau de transport à travers les lignes de désire
théoriques 143
22 Le Nord-est algérien : Le réseau urbain de voisinage 146 23 Le Nord-est algérien : Montants des adjudications des principaux souks 150 24 Le Nord-est algérien : Les aires d’influence des principales villes 152 25 Constantine : Rail et tissu urbain 157 26 Sétif : Rail et tissu urbain 158 27 Le Nord-est algérien : Le temps de voyage par route au départ de Constantine en 2005 168 28 Wilaya de Mila : Les mouvements de transport autour de la ville 182 29 Le bassin de Ferdjioua-Mila : Les points de polarisation 184 30 Le bassin de Ferdjioua-Mila : L’attraction rurale 186 31 Le Nord-est algérien : Le futur réseau routier et autoroutier à l’horizon 2020 194 32 Le Nord-est algérien : Le réseau ferroviaire à l’horizon 2020 199 33 Le Nord-est algérien : Indice d’accessibilité des voyageurs par train. Situation 2005 217 34 Le Nord-est algérien : Amélioration de l’accessibilité des voyageurs par train à la fin de
tous les projets 218
35 Le Nord-est algérien : Indice d’accessibilité des voyageurs par route. Situation 2005 219 36 Le Nord-est algérien : Amélioration de l’accessibilité des voyageurs par route à la fin de
tous les projets 220
37 Partie Est du tronçon de l’autoroute Est-Ouest 229
249
Table des Matières
Page
Première Partie Les conditions d’utilisation des réseaux de transport 8
Introduction 8
Chapitre I Milieu naturel et système de transport 9
Introduction 9
I/ Relief et tracé des réseaux 11
1/ Les plaines littorales
2/ La chaîne tellienne
3/ Aisance des Hautes Plaines
11
13
14
II/ Le relief et les infrastructures terminales : ports et aéroports 14
1/ Le site des ports
2/ Le site des aéroports
15
16
III/ Le climat et ses conséquences 16
1/ L’utilisation discontinue du réseau routier
2/ L’établissement des aéroports
16
17
Conclusion 19
Chapitre II L’histoire et la politique, facteurs d’établissement et de développement des réseaux de transport
20
Introduction 20
I/ Le poids de l’histoire 21
1/ L’Algérie avant la colonisation
2/ L’Algérie sous la colonisation
21
27
II/ L’influence des faits politiques 28
1/ La route, élément de cohésion des pouvoirs
2/ La rail, facteur d’expansion économique
28
31
Conclusion 33
Chapitre III L’introduction du rail : une nouvelle organisation de l’espace 34
Introduction 34
I/ Le port : point d’appui 35
II/ L’arrière-pays : lieu de prélèvement 36
III/ Le rail : support et instrument de prélèvement 36
Conclusion 41
Chapitre IV L’offre de transport 42
Introduction 42
I/ Présentation des modes de transport 43
1/ Le cadre juridique
2/ Rôle des institutions qui gèrent le transport
3/ Organisation, réglementation et aspect de sécurité des transports routiers
43
43
44
250
II/ Les infrastructures 46
1/ La route
2/ Le chemin de fer
48
59
III/ Analyse topologique des réseaux 65
1/ Présentation
2/ Caractéristiques
3/ Propriétés
//4/ Structure des réseaux
5/ Espace irrigué
6/ Connectivité
7/ Matrice des écarts
66
67
68
68
73
76
78
IV/ Infrastructure et caractéristique des réseaux 79
1/ L’omniprésence de la route
2/ L’importance du rail
79
82
Conclusion 88
Chapitre V La demande de transport 89
Introduction 89
I/ La mobilité des personnes 90
1/ Par route
2/ Par rail
90
94
II/ Le transport de marchandise 99
1/ Par route
2/ Par rail
99
101
Conclusion 105
Chapitre VI Le marché de transport 106
Introduction 106
I/ Le recul du rail et la montée de la route 106
1/ Le monopole : 1880 – 1920
2/ La route et la concurrence :1920 – 1945
3/ La modernisation : 1945 – 1962
4/ L’organisation des transports en 1962
107
107
107
108
II/ Leur place dans le marché des transports 108
Conclusion 113
Conclusion de la partie 114
Deuxième partie Transport et espace : diagnostic territorial 116
Introduction 116
Chapitre I Les flux 117
Introduction 117
I/ Les flux de voyageurs 118
1/ Par route 118
251
2/ Par rail
II/ Les flux de marchandises 122
1/ Les pondéreux
2/ Les flux de céréales
3/ Les flux des produits pétroliers
4/ Les flux de ciment
122
122
123
124
III/ Le rayonnement des gares 125
IV/ Les bassins d’emploi 126
1/ Présentation des données
2/ Analyse des ratios d’attractivité
127
128
V/ Rôle des ports dans la saturation des axes routiers 131
1/ Le port d‘Annaba
2/ Le port de Skikda
3/ Le port de Djen-Djen
132
133
134
Conclusion 137
Chapitre II Réseaux de transport et réseaux urbains 138
Introduction 138
I/ Relation entre réseaux de transport et population 139
II/ Les aires d’influence 141
III/ La hiérarchie des centres 146
IV/ Rail et urbanisation 154
1/ Rail et croissance urbaine
2/ Rail et tissu urbain
3/ Rail et morphologie urbaine
154
155
158
Conclusion 160
Chapitre III Rôle des infrastructures de transport dans désenclavement régional 161
Introduction 161
I/ Réseaux 163
1/ L’accessibilité actuelle
3/ Analyse de la connectivité
163
168
II/ Réseaux et industrie 176
Conclusion 179
Chapitre IV Réseaux de transport et trame rurale 180
Introduction 180
I/ La structure spatiale issue de la colonisation 181
1/ Rôle des réseaux routiers
2/ La composante spatiale élémentaire
181
182
II/ La marginalité 183
III/ Etude de cas : Le bassin Ferdjioua - Mila 187
1/ Répartition de l’habitat 187
252
2/ Les déplacements
3/ Les points de polarisation
4/ L’attraction rurale
188
189
191
Conclusion 194
Conclusion de la partie 195
Troisième partie Les perspectives 196
Introduction 196
Chapitre I La liaison autoroutière est-ouest 197
Introduction 197
I/ Une dimension maghrébine 198
II/ Des retombées multiples
III/ Un projet rentable
Conclusion
198
198
Chapitre II La liaison ferroviaire 204
I/ Les Programmes en cours
II/ Le financement
III/ Les perspectives à l’horizon 2010
IV/ Les objectifs généraux
V/ Les axes prioritaires
Conclusion Chapitre III L’amélioration de l’accessibilité I/ Situation de référence
II/ Les résultats obtenus
Conclusion
206
209
210
211
215
213
215
215
217
Conclusion de la parte 222
Conclusion générale 223
253
Résumé
Le développement économique d’un pays repose, comme pour tout
développement d’organisme vivant, sur des échanges ; or, il n’existe pas
d’échange qui ne suppose des déplacements de personnes, de biens ou
d’idées. Ainsi, les interactions indispensables aux échanges s’appuient sur des
systèmes de communications et plus particulièrement sur les réseaux de
transports.
En Algérie d’une façon générale, et dans le Nord-est algérien d’une façon plus
particulière, l’essentiel du transport, tant de marchandises que de voyageurs,
se fait par voie terrestre et plus spécialement par la route.
Totalisant plus de 12940 Km, le réseau routier contribue à hauteur de 85%
dans le transports de marchandises et 95% pour le transport de voyageurs.
Le transport ferroviaire joue un rôle important pour la desserte des ports et
des grands centres urbains de la bande côtière. Il a évolué en rapport avec les
activités agricoles au départ, minières et industrielles en suite. il a été un
instrument dans la croissance démographique de certains centres urbains. Il
est un agent essentiel dans l’aménagement du territoire..
Le transport routier est le mode le plus prédominant tant pour le transport de
voyageurs que pour celui des marchandises. Il a évolué graduellement en
fonction de la distribution de la population et de ses activités et selon les
contraintes de la topographie. Ainsi, le réseau et les services sont plus denses
le long de la bande côtière ; ils diminuent graduellement vers les Hautes
plaines et se réduisent à un nombre restreint d’axes dans le Sud.
Tels quels, et avec toutes leurs insuffisances, ces moyens de transport ont un
impact important sur l’organisation de l’espace régional : industrialisation,
urbanisation… sont en relation étroite avec eux. Mais les infrastructures de
transport peuvent aussi être conçus comme un instrument d’aménagement du
territoire, c’est-à-dire non plus répondant à un besoin, mais créant des courants
d’échange dans des régions à développer.
Mots-clefs :
Nord-est algérien, Réseaux ,transport, organisation, espace, flux, attractivité,
accessibilité,
254
Abstract
The economic development of a country depends, like any living organism
development, trade, but there is no exchange, which involves the movement of
persons, goods and ideas. Thus, interactions essential to trade based on
communications systems and more particularly on transport networks.
In Algeria in a general way, and in the north-east of Algeria in a more
particular, the bulk of transport both cargo and passengers, is by land, and
especially by road. Totaling more than 12940 km, the road network contributes
up to 85% in the transport of goods and 95% for passenger transport. Rail
transport plays an important role in serving ports and major urban centres of
the coastal strip. It has evolved in relation to agricultural activities initially,
mining and industrial. it was an instrument in the demographic growth of some
urban centres. It is an essential agent in land.Road transport is the most
predominant both for passenger transport for the goods. It has evolved
gradually depending on the distribution of the population and its activities and
depending on the topography. Thus, the network and services are more dense
along the coast, they gradually decrease to the High Plains and are reduced to
alimited number of lines in the South.That is, and with all their shortcomings,
these means of transport have a significant impact on the organization of the
regional space: industrialization, urbanization… are in close contact with them.
But transport infrastructure can also be designed as an instrument of land use
planning, ie rather than responding to a need, but creating trade flows in
regions to develop.
Key words:
North-east of Algeria, networks, transportation, organization, space, flow,
attractiveness, accessibility.