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Réseaux pédophiles belges avant l'affaire Dutroux_ Huybrechts, CRIES, pédophiles de Neupré etc

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Avant

Les réseaux pédophiles, eh bien figurez vous qu’avant l’affaire Dutroux, les médias belges osaient

en parler. En parcourant les archives numérisées de mon journal, qui commencent au milieu des

années 90, j’ai vu que de grosses affaires impliquant des réseaux pédophiles étaient venues au

jour, entre 1992 et 1996. Dans ces affaires, la Justice s’est montrée particulièrement clémente avec

les coupables. Et depuis 1996, année du scandale de l’affaire Dutroux, on ne lit plus un seul article

sur les réseaux pédophiles. Comme s’ils avaient tous cessé leur activité depuis cette affaire dans

laquelle, pourtant, on a conclu que le dénommé Dutroux était un « prédateur isolé ».

1. L’affaire du gendarme qui prostituait des enfants

Cette affaire explose moins de six mois avant l’affaire Dutroux, début févier 1996. Les gardiens d’un

parking sous terrain à Bruxelles ont vu sur les vidéos de surveillance qu’un gendarme abuse d’enfants

dans le parking. Les gardiens en parlent à la police, qui réagit très vite. De son côté, la gendarmerie

est au courant de tout cela depuis un le mois de novembre, un mois avant la police, mais elle ne veut

surtout pas la médiatiser, et reprochera ensuite à la police de l’avoir fait. Bref, la guerre des polices,

qui a également été la toile de fond de l’affaire Dutroux, battait son plein. La fusion police

gendarmerie qui occupait l’actualité, est devenue une réalité peu de temps après.

Revenons à notre gendarme pédo et proxo. Il s’appelle Hedwig Huybrechts, et bizarrement, bien que

l’affaire ait duré presque 10 ans, il n’y a quasiment plus rien à ce sujet sur le web.

Fin janvier 1995, un gendarme de la brigade de Gingelom, à Saint Trond, est mis en taule ainsi qu’un

dénommé Alija Seket, jeune Yougoslave de 18 ans qui a fourni les enfants à Huybrechts (ils étaient

amants, semble-t-il), et sept clients du réseau. Seulement sept, bien que les flics aient saisi l’agenda

de Huybrechts.

Le gendarme, c’est donc Hedwig Huybrechts, Maréchal des Logis de 34 ans. Dans le coffre de sa

Mercedes, on a trouvé des centaines de photos pédopornos et des cassettes du même registre, avec

des viols d’enfants. Parmi les clients, on avait un type de 80 ans, vice président du Dolphinarium de

Bruges, et le monsieur communication de l’aéroport d’Ostende1. Une quarantaine d’autres clients,

mais qui ne consommaient que des photos, nous dit-on, avaient été repérés. Chez tout ce petit

1 D’après le quotidien Le Soir du 03/02/1996, « Selon les enquêteurs, tous les clients ayant commis des viols sur

ces enfants ont été arrêtés. Il s'agit d'Alain G. (40), un pédophile connu de Woluwe-St-Pierre, ex-ingénieur au

chômage qui, sous couvert d'une association destinée à protéger les jeunes, abusait d'eux; de Georges L. (80),

de Bruges, vice-président du dolphinarium de Bruges; de Ludo K. (41), de Borsbeke, pédo-psychiatre à Anvers;

de Michel V. (46), d'Ostende, public-relation de l'aéroport d'Ostende; de Chrétien G. (41), de Maaseik, sous-

officier de carrière à la base militaire de Kleine-Brogel; de Marcel P. (44), de Merksem, employé aux chemins de

fer d'Anvers et de Christian B. (64), de Woluwe-St-Pierre, directeur de société à Bruxelles ». D’après le même

quotidien, le 08/02/1996, d’autres clients sont tombés dans les jours suivants, à savoir « Gérard D., un Français

de 57 ans, agent-immobilier à Etterbeek; de Philippe V. (20 ans), modèle, de Louvain; de Raymond J. (42 ans),

ouvrier, d'Anvers; de Christian D. (44 ans), d'Ixelles; de Rudolf K., un Allemand de 51 ans résidant en Belgique

qui a la particularité d'avoir été naguère traducteur à la police de la jeunesse dans son pays d'origine; de Jean

M. (53 ans), d'Etterbeek; de Claude J., enseignant à Ixelles[qui a reconnu par la suite avoir eu des rapports

sexuels avec des garçons serbo croates de moins de 15 ans]; de Jean-Louis C. (33 ans), de Watermael-Boitsfort;

et de Dimitri M. (30 ans), chômeur ».

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monde, 17 personnes au total, on a retrouvé des cassettes vidéo pédopornos. Et encore, les

perquisitions ont eu lieu quatre ou cinq jours après que l’affaire ait été révélée dans les médias.

Quant aux enfants, ils étaient originaires d’ex Yougoslavie et avaient entre 8 et 14 ans. On nous a dit

qu’ils avaient tous été identifiés. Ils seraient donc 17, tous domiciliés dans le quartier de la place

Flagey, un quartier avec un fort taux élevé d’immigrés arrivés récemment, à deux pas du Parlement

européen.

Côté face, Huybrechts était un gendarme jugé « irréprochable » par ses supérieurs. De 1984 à 1990, il

a été envoyé à Bruxelles pour travailler au Palais de Justice, puis il est retourné dans le Limbourg, à la

brigade de Gingelom. Voilà pour côté face.

Côté pile, le gendarme gérait un réseau d’exploitation sexuelle de mineurs, issus en l’occurrence de

Yougoslavie, pays ravagé à l’époque par une guerre dite « civile ». Il avait même réalisé une sorte de

book, et prenait des photos des jeunes dans ce parking bruxellois, ou encore dans des hôtels.

Huybrechts amenait les enfants chez les clients, recrutés par petites annonces, à bord de sa

Mercedes, parfois jusqu’aux Pays Bas où résidaient certains d’entre eux. Les passes étaient payées

entre 4.000 et 7.000 FB par les clients, soit en gros 100 à 170 €. Une grande partie de cette somme

allait à Huybrechts, qui donnait aux enfants entre 10 et 25€, avec lesquels ils devaient encore

rémunérer Seket.

Officiellement Huybrechts n’a commencé à prostituer les enfants qu’en septembre 1995, mais en

réalité, certaines de ses victimes ont été abusées en 1992, si pas avant encore. En l’occurrence, il

s’agissait d’un gamin que sa mère avait du mal à gérer, et que Huybrechts avait en quelque sorte pris

sous son aile. Un autre gamin racontait la même chose : une fois seul avec le pandore, il les obligeait

à se déshabiller, les prenait en photo dans des poses suggestives, et abusait d’eux.

Après cela, Huybrechts décide d’abuser d’enfants de sans papier, et comme à l’époque nous faisions

la guerre en ex Yougoslavie, les réfugiés étaient donc yougoslaves pour la plupart.

Apparemment, il a rencontré Alija Sefket à la place Flagey, haut lieu de prostitution Bruxellois à

l’époque, où on trouvait aussi des ados. Sefket était alors à la tête d’un petit réseau de prostitution

d’ados yougoslaves.

Bref, tout le monde est mis en taule, et voilà que Huybrechts est libéré sous conditions le 16 juillet

1996, après cinq mois de préventive. Viré de la gendarmerie, il s’est reconverti après un internement

psychiatrique en chauffeur de voitures, métier pour lequel il avait déjà fait ses preuves en livrant des

ados à ses clients. Le jugement a eu lieu fin 1999. Déjà, on sentait que la Justice n’était pas pressée

de rendre Justice, et à la surprise générale, le parquet a requis le sursis pour dix des onze prévenus

envoyés au tribunal. Le seul pour lequel le parquet demandait du ferme, c’était Sefket, contre qui on

a requis quatre ans fermes.

Pour sa défense, Huybrechts a dit que Sefket l’avait menacé de dévoiler leur relation à ses

supérieurs, et qu’il l’avait forcé à participer à son réseau, pour passer les petites annonces, réaliser

les séances photos des ados, et parfois de les conduire chez les clients.

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Accessoirement, dans cette affaire aussi on a saucissonné les dossiers, puisque certains clients ont

été jugés à part, comme cet informaticien allemand qui a pris un an ferme.

Bref, finalement, Sefket, qui s’était enfui, a pris 5 ans fermes, Huybrechts a pris deux ans pour

« attentat à la pudeur sur des mineurs et association de malfaiteurs », ce qui n’est pas cher payé.

Quant aux clients, le plus ‘sévèrement’ condamné a pris un an ferme. Le quotidien Le Soir du 3

décembre 1999 précise que « Ces peines assez faibles sont essentiellement dues à la complaisance

dont ont fait preuve les jeunes victimes. Selon le tribunal, ces enfants - souvent d'origine yougoslave-

ont délibérément prêté leur collaboration au réseau ». Et d’après l’agence de presse Belga, le même

jour : « Selon le tribunal, les enfants se sont laissés enrôler sans résistance et gagnaient d'importantes

sommes d'argent en se prostituant. Ils déterminaient eux-mêmes ce que leurs clients devaient payer

et fixaient eux-mêmes les limites de leurs relations. La plupart de leurs parents n'ont en outre rien fait

pour éviter cela. Au vu de ces éléments, le tribunal n'a accordé aux enfants qu'un franc symbolique à

titre de dommages et intérêts ».

2. L’affaire du CRIES

Là encore il reste peu de sources sur le web, d’autant que c’est la première affaire de réseau

pédocriminel qui vient sur la place publique en Belgique, en 1987. Le CRIES, c’est le Centre de

Recherches et d'Information sur l'Enfance et la Sexualité, créé en janvier 1983 par Philippe

Carpentier, et qui disait faire des recherches sur la sexualité chez l’enfant.

En réalité, le CRIES était une sorte de plateforme pour que les pédos se mettent contact avec leurs

victimes, dans 18 pays au moins. Cette affaire a des liens, notamment avec l’affaire du pasteur Doucé

et son magazine du genre le guide du Pédo. Les pédos du CRIES le disaient eux-mêmes : « Le C.R.I.E.S.

milite en faveur d'une réforme législative qui prendrait en compte le libre choix affectif et sexuel des

mineurs et qui décriminaliserait toutes les relations amoureuses librement consenties ». On pourrait

répondre, mais je vais préparer une réponse type à ce genre de propos très bientôt. Mais, pour

résumer, comme tous les pédos, le CRIES partait du principe que les enfants ont des désirs sexuels

qu’il leur revenait d’assouvir (aux pédos, bien sûr). Le centre faisait sa propagande via la revue

L’Espoir.

Le CRIES savait qu’il était hors des clous, la preuve, dons cette communication : « Par mesure de

prudence, vos lettres sont détruites après réponse, afin que vos confidences ne tombent pas dans des

mains indues. Nous prions donc nos correspondants de ne pas oublier de rappeler chaque fois, en tête

de leur lettre, l'adresse à laquelle nous devons expédier la réponse. Les adresses de nos abonnés sont

conservées sous forme codée en un lieu sûr, d'accès difficile ».

Et puis le CRIES se souciait aussi du côté pratique des choses pour ses lecteurs, si l’on en croit le

programme éditorial de l’année 1984 : « En outre, chaque numéro contiendra un chapitre du guide de

précautions à prendre pour tenir nos amours à l'abri de la répression, guide à la rédaction duquel

travaille actuellement un petit groupe au sein du CRIES, et pour lequel les suggestions de nos lecteurs

seraient également les bienvenues ».

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En 1986, on arrête un pédophile et on remonte jusqu’à un certain Michel Felu, pédo déjà condamné

avant d’être employé par l’UNICEF2 à Bruxelles, se serait donc servi des locaux dans lesquels il

travaille, sans que son patron ne le sache. Une perquisition s’ensuit, et on trouve du matériel

pédopornographique. Les images ne montrant pas viols sont publiées dans la revue L’Espoir.

Via le CRIES, des photos et cassettes dans lesquels sont montrés les pires viols d’enfants parfois très

jeunes sont diffusées dans 18 pays.

25 enfants sont identifiés (alors qu’on a retrouvé plus de 4.000 cassettes vidéo), et seulement 17

personnes sont envoyées devant le tribunal, dont quelques parents qui avaient vendu leurs enfants.

Au final, treize coupables ont été condamnés, dont l'ex directeur du comité belge de l'UNICEF (qui a

pris deux ans puis fut acquitté en appel) et divers récidivistes. En appel, Felu, Drieghe, Weber et

Carpentier prennent 10 ans (la peine maximale), mais le directeur de l’UNICEF qui avait pris deux ans

en première instance est acquitté, ainsi que plusieurs parents3.

On notera également que malgré le nombre impressionnant de Français (280 semble-t-il) sur les

listes des fidèles du CRIES, aucune enquête n’y a jamais été menée. Ce nombre est important tout

simplement parce que le « Centre du Christ Libérateur » créé par le pasteur Doucé était son

partenaire chez nous. Ce groupuscule défendait aussi ce qu’ils appelaient « la pédophilie ».

Accessoirement, les circonstances de l’assassinat dudit pasteur sont des plus obscures. En tout cas,

sa mort était bien pratique car elle mettait fin au débat inspiré par l’existence de son petit réseau

pédocriminel dans lequel il s’amusait à impliquer des personnalités afin qu’elles défendent ensuite sa

cause.

L’affaire du CRIES, bien qu’étouffée, livre encore quelques bribes de vérité, comme en janvier de

cette année, quand on arrête un certain infirmier d’Asse, Marc Vanden Bossche, qui avait bénéficié

d’une « suspension du prononcé » lors du procès du CRIES, c’est-à-dire qu’on a reconnu sa culpabilité

mais que s’il restait sage un certain temps, il ne serait pas sanctionné. Le type, âgé de 53 ans en 2012,

était impliqué, nous dit-on, dans « une vaste affaire de pédophilie », et il détenait 10 millions de

fichiers pédos dans SES ordinateurs. En 2010 déjà, le Brésil avait demandé son extradition « pour des

abus commis sur 13 garçons » entre 2002 et 2006. Il avait également abusé de cinq jeunes polonais

après 2006 et de cinq autres jeunes belges dans les années 80 et 90. Cela fait beaucoup de victimes

pour un pédo qui aurait pu être arrêté 15 ou 20 ans plus tôt. Ajoutons qu’en 1993, l’infirmier avait

été réhabilité pour son implication dans l’affaire du CRIES. Et en 2010, on l’attrape à faire des photos

pornos de jeunes garçons du voisinage, dans le coin où Nathalie Geijsbregts a été enlevée. Il sera

placé sous mandat d’arrêt deux ans plus tard, et sera condamné à 2 ans avec sursis. On imagine que

tous les pédos tremblent en entendant parler d’une pareille sanction.

D’autres pédos condamnés dans l’affaire du CRIES ont à nouveau fait parler d’eux, comme Claude

Drieghe, 63 ans, condamné à 10 ans pour le CRIES (il était l’un des auteurs les plus prolixes de la

revue L’Espoir), mais qui avait profité de sa libération de préventive pour fuir à Pattaya en Thaïlande

(où il dirigeait des bordels dans lesquels des mineurs étaient prostitués, avec un certain Michel

Rosoor également impliqué dans l’affaire du CRIES mais jamais inquiété). Et c’est pour des bordels

2 D’après un colloque sur la question des réseaux pédophiles, Felu « a été interné sans jugement pour des faits

de pédophilie puis libéré, et qui a été engagé, par compassion dira-t-il, comme homme à tout faire par le

directeur de L’UNICEF Belgique Joseph Verbeeck. » 3

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exploités en Thailande qu’il comparaissait en 2010. Mais encore une fois, Drieghe a eu beaucoup de

chance : il a d’abord été condamné à 6 ans de prison et 25.000€ d’amende, puis à 5 ans en appel,

peine qui fut annulée en cassation en 2012. En outre, il ne purgera jamais les 10 ans de prison

ramassés pour le CRIES, puisque quand il a été expulsé de Thaïlande, la peine était déjà prescrite.

Le monde est petit : en effet, Rosoor a été dénoncé par un certain Jean-Claude Weber, détenu à

Montpellier pour des faits de pédorciminalité (lui aussi était un membre du CRIES, qui a même été à

l’origine de la revue L’Espoir4), et qui a déclaré à un flic belge venu l’entendre sur commission

rogatoire qu’il envoyait régulièrement des K7 pédos à Rosoor en Belgique. Les K7 en question étaient

dissimulées dans des envois vers la périphérie de Bruxelles de poissons exotiques, un secteur qui

semble beaucoup plaire aux réseaux pédos puisque Jean Marc Houdmont ou encore Michel Nihoul

ont exploité ce type de commerce à la même époque. Mais, passons. Lors d’une perquisition

effectuée dans les locaux de cette société de poissons exotiques, appartenant à Rosoor, à Grand

Bigard, donc, Rosoor a carrément dit aux flics qu’il les attendait.

Rosoor, qui se vantait de bien connaître Dutroux, selon un témoin qui a travaillé pour lui en

Thaïlande, a été cité par défaut dans une autre affaire de pédophilie à Draguignan : un réseau pédo

utilisant des enfants asiatiques et roumains, dans lequel on faisait aussi des films. Plusieurs accusés

étaient des récidivistes. L’enquête à ce sujet avait démarré dans le Var et dans la Drôme, chez un

curé de Loriol qui hébergeait un pédo, où les flics ont retrouvé des cassettes vidéos, des photos, et

un des correspondances entre le curé et Rosoor. Un autre accusé a déclaré connaître Rosoor comme

« un riche pédophile belge résidant à Pattaya, en Thaïlande, qui informe régulièrement les amateurs

d’enfants sur les possibilités de tourisme sexuels en Asie ».

3. L’affaire des pédophiles Neupré

En février 1990 c’est une affaire de réseau pédophile impliquant le curé de Kinkempois, près de

Liège, qui éclate à son tour. On l’appelée l’affaire « des pédophiles de Neupré », dont faisait partie

Louis Dupont, ancien curé, donc, de Kinkempois, âgé de 70 ans.

C’est une de ses voisines, qui s’est retrouvée au centre de ce réseau. Victime depuis ses 12 ans d’un

certain Julien Davisson, chauffeur routier de 60 piges, qui la viole régulièrement et est un ancien

collègue de son père. Davisson l’a vendue à divers clients durant plusieurs années, ainsi que d’autres

enfants de 6 à 13 ans.

La première des victimes avait douze ans quand ses parents, qui travaillaient le mercredi, la confient

à Davisson, un ancien collègue de son père. Il la prend au piège en la photographiant, en faisant des

montages photo et en la menaçant de les publier. Il envoie anonymement quelques morceaux de ces

photos à la mère de sa victime et en accroche d’autres dans un abri bus. En 1985, Davisson

commence à livrer la gamine, alors âgée de 15 ans, à ses « clients », 26 paraît-il. L’enfant sera victime

d’innombrables viols commis par de nombreux clients et par ses tortionnaires, y compris des viols

4 Weber voulait faire de la revue le « périodique du Mouvement de Libération des Pédophiles », mais pas de

chance elle a été interdite dans les prisons belges dès son premier numéro, en 1983. Il a pris dix ans de prison,

et à 43 ans en 1991, il avait déjà fait 20 ans de prison.

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collectifs. D’après l’un des inculpés, Davisson se vengeait quand elle pleurait, ou à la moindre

occasion, notamment en « en la livrant au plus d’hommes possible ».

Ce n’est qu’en 1987 que la victime parle à ses parents, mais ils ne portent pas plainte. Et voilà qu’en

1989, la sœur de la victime, qui faisait garder ses enfants par Davisson bien qu’elle l’ait mise en

garde, porte plainte contre Davisson et Lambry : ses filles lui ont dit qu’ils les faisaient boire, qu’ils

faisaient ensuite des photos pédopornos, les violaient. Sept autres fillettes comptaient parmi les

victimes. Mais la plupart des actes classés comme « délits » sont déjà prescrits, surtout ceux commis

quand l’enfant avait moins de 15 ans.

26 types ont été identifies, mais seulement trois sont passés aux assises. Comme la justice a décidé

de saucissonner l’affaire en séparant le dossier « clients », envoyés en correctionnelle malgré qu’ils

aient participé à des viols collectifs sur des mineures, et le dossier « organisateurs », où quatre puis

finalement trois des coupables ont été envoyés. Certains ont donc vu leur crime correctionnalisé,

d’autres ont été internés, six ont bénéficié d’un non lieu, ou bien on a mis fin à l’action publique pour

prescription. L’affaire a donc été expédiée en correctionnelle où elle a été vue à huis clos, pour 16

inculpés. Dont cinq seulement ont été vaguement condamnés. Quatre autres ont été acquittés parce

que, nous explique Le Soir, «il ne fut pas établi que ces clients eurent conscience du manque de

consentement de la victime ».

D’autres ont eu droit aux assises : Davisson qui a pris perpet’, le curé qui a pris 10 mois de prison (ce

qu’il a fait en préventive) et est donc sorti libre du tribunal, en promettant de rester dans un

monastère, Armand Lambry, un retraité de 72 ans, de Neupré, qui a pris 20 ans (mais a demandé de

nouvelles expertises), Yvan Fumagalli, un ouvrier, de Chênée qui était un peu l’homme à tout faire du

curé, a été acquitté. De fait, selon Le Soir du 29/02/1992, le bilan de ce scandale est ubuesque

« quatre acquittements, sept prescriptions, cinq condamnations à des peines avec sursis ». Et

quelques condamnations, quand-même, aux assises.

Le quotidien explique encore au sujet de ces peines de sursis : « Cinq sont condamnés avec sursis:

Albert Degey, né en 48, électricien, domicilié rue du Sart à Seraing, est condamné à 2 ans avec sursis

pour le surplus de la détention préventive. Le tribunal souligne notamment qu'il servit de rabatteur à

Davison... Même peine (2 ans sursis pour le surplus de la préventive) pour Jean Sools, né en 1935,

domicilié rue Surlet à Liège, qui a entretenu deux fois des relations sexuelles avec la jeune fille et

notamment dans une scène de viol collectif, souligne le tribunal. Carlo Bracco, né en 63, rue de Visé à

Liège, et son frère Giacomo Bracco, né en 60, rue Jean Pauly, à Ans, ouvriers coiffeurs tous deux, sont

condamnés respectivement à 2 ans avec sursis et 20 mois avec sursis. Eux aussi ont participé à des

scènes de viol collectif, dit le jugement. Enfin, Antoine Ulens, agent provincial, né en 1932, domicilié

rue des Dominicains à Liège, est sanctionné par 18 mois de prison avec sursis pour viol. Le tribunal

rappelle qu'il s'était rendu compte que Davison commandait et qu'il ne s'était pas soucié de l'âge de

la jeune fille. Tous sont interdits de leurs droits pour 5 ans et payeront solidairement 1 F provisionnel

à leur victime ».

Lambry et Davisson étaient les organisateurs de ce réseau, et prétendaient garder deux fillettes

d’amis le mercredi après midi. En parallèle, ils recrutaient des clients par petites annonces, et parmi

ces clients on a l’encore curé de Kinkempois et Fumagalli, son homme à tout faire. Les victimes

étaient droguées, et ensuite on filmait les viols pour revendre les cassettes. L’avocat général, lors du

procès, a parlé de « partouzes costumées auxquelles participait le curé en soutane et son exigence

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d’une fille très jeune et d’un jeune garçon ». Ledit curé se montrait le « plus brutal des visiteurs » et le

plus assidu parmi les clients, disait la seule victime qui ait finalement été concernée par ce procès, et

il avait déjà commis des actes pédos dans les divers lieux où il a hélas pu officier. Bien sûr, l’Eglise, qui

était probablement au courant, n’a pas bougé.

Pour tenter de baisser la peine de leurs clients, Me Hissel et Me Charlier, avocats de Davisson (qui

décidément devait en avoir les moyens, pour un simple chauffeur routier), et Me Lévy et Me

Jeunehomme pour Lambry, ont déclaré que leurs clients avaient un niveau intellectuel très bas. Mais

enfin, on ne peut tout de même pas les laisser recommencer sous ce prétexte.

Dans cette affaire, les victimes, qui venaient de milieux plutôt défavorisés, ont mis des années avant

de parler tant elles étaient terrorisées, n’ont pas témoigné au procès, qui s’est déroulé à huis clos. Et

les 130 témoins qui se sont succédé ont largement défendu les coupables. Pour résumer l’ambiance,

le quotidien Le Soir du 4 février 1992 mentionnait ainsi : « Au fil du temps, l'affaire s'est effilochée et

les vingt-six prévenus ont connu des sorts différents. La justice a découpé ce dossier en tranches. Que

va-t-il en sortir? Seize prévenus se sont retrouvés lundi devant le tribunal correctionnel de Liège, qui a

prononcé d'emblée le huis clos » au nom des « bonnes mœurs », et cela à la grande satisfaction des

accusés, notamment du curé dont les avocats ont beaucoup insisté pour obtenir ce huis clos. Car en

effet, dans un procès à huis clos, les débats ne sont par définition pas publics, et les médias ne

peuvent pas savoir ni communiquer ce qui est dit à l’audience. Le public, non plus, et cela arrangeait

bien le pouvoir autant que les accusés.

Quant auxdits huis clos, il était précisé par la journaliste Nicole Jacquemin dans Le Soir du

08/09/1992 que la victime principale «réclamait la publicité des débats «car elle a l'impression que

justice ne lui a pas été rendue et que déjà la décision du huis clos prise en correctionnelle a empêché

la réalité d'être connue.» Même requête de M. de La Brassine, avocat général, qui allait rappeler que

la règle est la publicité des débats et qu'en l'occurrence, il était fondamental que le public soit averti

des dangers que peuvent courir des enfants ».

4. Les snuff movies de la place Fontainas

En octobre 1996, l’affaire Dutroux a déjà explosé, et a occulté une autre belle affaire de réseau

pédoporno. Des flics des mœurs bruxellois identifient trois ados de 13, 14 et 15 ans qui tapinent à

côté de la place Fontainas, autre lieu de prostitution homosexuelle et de mineurs en plein cœur de la

capitale belge. Les trois ados sont d’origine serbo croate, et deux d’entre eux ont déjà été pris en

photo par le gendarme proxénète Hedwig Huybrechts exactement un an plus tôt. Si ledit gendarme

n’apparaît plus dans cette affaire, il ne faut pas oublier qu’il a été libéré de prison en juillet 1996,

avant même d’être jugé.

Les enfants ont donc dénoncé certains de leurs clients, dont l’un habitait place Fontainas, et a été

rapidement identifié comme était Alain Maigre, 34 ans. L’individu avait été condamné pour

exhibitionnisme, et il était depuis peu sous le coup d’une instruction à Tournai, pour y avoir recruté

des enfants et les avoir filmés dans des poses pornographiques. Maigre était en lien avec le gérant

d’un vidéoclub à Bruxelles, et a facilement pu organiser la vente de ses productions Là aussi, il

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s’agissait d’enfants de familles défavorisées, et les accusés ont dit qu’ils se prostituaient

volontairement. Mais bien sûr : les enfants n’aspirent qu’à cela, a-t-on envie de dire.

Bref, revenons à la place Fontainas5. Un deuxième client, Frédéric Cappelaere, 29 ans, est arrêté à

son tour. Lors des perquisitions effectuées aux domiciles des deux pédos, des taudis pleins de

cafards, les flics ont mis la main sur 600 cassettes vidéo et des centaines de revues, dont certaines

étaient pédophiles, et leur fichier clients.

Puis deux autres clients, justement, sont attrapés, et chez l’un d’eux, Michel Schlimm (déjà

condamné à 3 ans de prison en 1993 pour faits de mœurs) on a retrouvé des snuff movies, ces vidéos

de mises à mort d’enfants, en l’occurrence de 7 à 17 ans environ. C’était officiellement la première

fois qu’on trouvait ce genre de film amateur en Belgique. D’après un enquêteur qui parle sous

couvert d’anonymat, il s’agissait de « cassettes vidéo pédophiles montrant des scènes de torture

pratiquées sur des enfants ainsi que des mises à mort de ces petites victimes, préalablement violées.

C'est la première fois, semble-t-il, que pareille abomination est découverte dans notre pays ». Mais ce

pédo n’a été inculpé que pour détention de pornographie enfantine et attentat à la pudeur sur

enfants de moins de 16 ans.

Lors du procès, on a considéré que, comme on ne pouvait pas prouver que ces films n’étaient pas des

mises en scène, on a laissé les films de côté. Pas d’investigations sur ces enfants, sur les adultes

qu’on y voit, rien.

Schlimm fréquentait un vidéo club porno, Erot-X, pas loin de la place Fontainas, pour trouver des

vidéos pornos. Erto-X était alors géré par Alain Maigre, et deux autres clients impliqués dans l’affaire

y allaient également. De là, Maigre et les trois clients nouent des relations, et Maigre prête son

appartement aux trois autres, pour y amener des mineurs dont ils abusent, et qu’ils filment. Parmi

ces mineurs, certains jeunes d’ex Yougoslavie qui étaient dans le réseau de Huybrechts.

Deux autres gamins ont été amenés là par Cappelaere et un autre client. Des ados en décrochage

familial, qu’ils avaient accostés à la gare de Tournai. Pour les forcer à les suivre, ils les ont emmenés

dans un entrepôt désaffecté pour abuser d’eux et les filmer. Mais, les deux pédos ont été acquittés

pour ces faits, le tribunal considérant que les jeunes étaient consentants.

Cappelaere et l’autre client, qui ont été acquittés pour les faits de Tournai, prennent un an et demi

de prison ferme (en Belgique on peut être libéré à un tiers de sa peine), Maigre a pris deux ans et

demi. Un peine légèrement plus forte car il a vendu des vidéos de viols de mineurs. Chacune étant

revendue entre 6 et 7.000 FB.

Les cassettes de Schlimm ont davantage choqué l’auditoire, car il s’agissait souvent de scènes de

tortures et de violences contre des mineurs parfois très jeunes. Schlimm a donc été condamné à … 6

ans fermes. Et tout le monde a eu un sursis probatoire avec l’obligation de se faire soigner !

Les peines étaient tellement dérisoires que l’avocat général a fait appel du jugement.

5 On notera que le cardinal Danneels, dont on a parlé dans le cadre de la cassette vidéo du meurtre des petites

Julie et Mélissa, a justement perdu sa bague d’évêque dont il ne se sépare jamais, volée par un jeune gitan de

la place Fontainas, justement.

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