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8 prochaine exposition Numéro – septembre 2006 Directeur de Publication : Jean-Claude Duclos Rédaction : Olivier Cogne, Jean-Claude Duclos, Rémi Korman, Anne-Sophie Pico, Cécile Vargas Conception, réalisation : Pierre Girardier Crédits Photographiques : MRDI, Musée dauphinois, Aziz Sahiri Imprimeur : Imprimerie des Deux-Ponts Tirage : 3 000 ex. Dépôt légal à parution– ISSN en cours Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère Ouvert tous les jours, de 9h à 18h, du 1er septembre au 30 juin (sauf mardi, de 13h30 à 18h et samedi, dimanche de 10h à 18h) et de 10h à 19h, du 1 er juillet au 31 août (sauf mardi, de 13h30 à 19h). 14 rue Hébert – 38 000 Grenoble – tél 04 76 42 38 53 – fax 04 76 42 55 89 www.resistance-en-isere.fr L’entrée dans les musées départementaux est gratuite. agenda Jeudi 28 septembre 2006 - 18h30 Rencontre avec Adolfo Kaminsky et Anne-Marie Mingat Clandestinité et faux-papiers pendant la Seconde Guerre mondiale Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble Mercredi 11 octobre 2006 - 18h30 Conférence de Georges Bensoussan autour de son ouvrage Europe une passion génocidaire Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par Georges Bensoussan. Jeudi 19 octobre 2006 - 18h30 Conférence-débat Histoire de la franc-maçonnerie Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par Roger Dachez, historien de la franc-maçonnerie, président de l’Institut maçonnique de France Jeudi 16 novembre 2006 - 18h30 Conférence-débat La propagande antimaçonnique de Vichy : le film Forces occultes Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble Projection présentée et commentée par Jean-Pierre Bertin-Maghit, historien, professeur d’études cinématographiques à l’Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3 Vendredi 17 novembre 2006 - 20h Projection de Il faudra raconter (film de Daniel et Pascal Cling, 2005, 57 minutes) Amphithéâtre de l’IUFM : 30, avenue Marcelin Berthelot à Grenoble En présence de Daniel Cling et de Maurice Cling, l’un des quatre rescapés d’Auschwitz, présents dans le film. Organisée en partenariat avec Les Amis du Musée de la Résistance et de la Déportation, les Amis de la Résistance-ANACR, les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et le Musée. Lundi 20 novembre 2006 - 18h30 Conférence-débat dans le cadre de la Journée internationale des Droits de l’Enfant Janusz Korczak, premier défenseur des droits de l’enfant Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par Daniel Halpérin, président de la Fondation Janusz Korczak. Mercredi 29 novembre 2006 - 18h30 Conférence-débat dans le cadre du Centenaire de la réhabilitation du capitaine Dreyfus La défense de Dreyfus Maison de l’avocat : 45, rue Pierre Sémard à Grenoble avec Vincent Duclert, Philippe Oriol et Simcha Epstein Jeudi 18 janvier 2007 - 18h30 Conférence-débat La franc-maçonnerie iséroise de la IIIe République à l’Etat français Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par Gil Emprin, professeur agrégé d’histoire, responsable du service éducatif du Musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère Jeudi 8 février 2007 - 18h30 Conférence-débat La franc-maçonnerie pendant l’Occupation Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par André Combes, président de l’Institut d’études et de recherches maçonniques, auteur de nombreux ouvrages sur la franc-maçonnerie Du mercredi 7 mars au mercredi 14 mars 2007 Projection-conférence dans le cadre de la 6 e édition du festival du film de résistance proposé par les Amis de la Résistance-ANACR “La traque de l’affiche rouge” avec Denis Peschanski, historien lundi 12 mars 2007 - 18h30 Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble Mémoire du génocide des Arméniens. Un Martinérois raconte A partir du 25 avril 2007 un livre et une exposition La Direction de la culture et du patrimoine du Conseil général de l’Isère et la Direction du patrimoine de la Ville de Saint-Martin-d’Hères unissent leurs moyens pour porter à la connais- sance de tous les mémoires de Yervant Der Goumcian, rescapé du génocide des Arméniens, et réfugié en France, dans la région grenobloise, vers 1920. Rédigés en arménien, ce manuscrit - dont la Ville de Saint-Martin-d’Hères est dépo- sitaire- , relate les événements tragiques de l’his- toire des Arméniens d’Asie Mineure. Composé de plus de 1500 pages et de nombreuses illus- trations (photographies, coupures de presse), ces mémoires couvrent la période des années 1880- 1960, des prémices du génocide aux conditions d’existence de la diaspora, en Isère. La traduction et l’analyse de ce manuscrit ont été confiées à Raymond Kévorkian, conservateur de la Bibliothèque Nubar à Paris et l’un des meilleurs spécialistes de la langue et de l’his- toire arménienne, en vue de leur publication, dans le cadre de l’année de l’Arménie, intitulée « Arménie mon amie ». Ce projet conduit avec la Ville de Saint-Martin-d’Hères, aboutira à une publication en avril 2007, dans la collection édi- toriale du Musée dauphinois. En relation avec l’édition des mémoires de Yervant Der Goumcian, une exposition sera réalisée au Musée de la Résistance et de la Dépor- tation de l’Isère et inaugurée le mardi 24 avril 2007. Une conférence sur le génocide et la dia- spora sera aussi donnée dans ce cadre. Année de l’Arménie 2006-2007 Journées européenne du Patrimoine Samedi 16 et dimanche 17 septembre 2006 dans le quartier Mistral à Grenoble : Lancement de l’exposition itinérante Comment en finir avec la colonisation – Histoire des Isérois d’origine algérienneau Musée : projections en continu des films réalisés par Michel Szempruch et produits par le Musée Comme un vent de liberté. La libération de l’Isère. 20 août – 2 septembre 1944, (2004, 33 minutes) et Ils ont survécu (2005, 39 minutes) récits de la conteuse Claudie Rajon : “Les histoires de l’Histoire : un temps de guerre”, dimanche 17 septembre - 15h

Résistance & Droits de l'Homme n°5

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Journal du Musée de la Résistance et de la Déportation de l'Isère

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Page 1: Résistance & Droits de l'Homme n°5

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p r o c h a i n ee x p o s i t i o n

Numéro – septembre 2006Directeur de Publication : Jean-Claude DuclosRédaction : Olivier Cogne, Jean-Claude Duclos,Rémi Korman, Anne-Sophie Pico, Cécile Vargas Conception, réalisation : Pierre GirardierCrédits Photographiques : MRDI, Musée dauphinois, Aziz SahiriImprimeur : Imprimerie des Deux-PontsTirage : 3 000 ex.Dépôt légal à parution– ISSN en coursMusée de la Résistance et de la Déportation de l’IsèreOuvert tous les jours, de 9h à 18h, du 1er septembre au 30 juin (sauf mardi,de 13h30 à 18h et samedi, dimanche de 10h à 18h) et de 10h à 19h, du 1er juilletau 31 août (sauf mardi, de 13h30 à 19h).

14 rue Hébert – 38 000 Grenoble – tél 04 76 42 38 53 – fax 04 76 42 55 89www.resistance-en-isere.fr

L’entrée dans les musées départementaux est gratuite.

a g e n d a

Jeudi 28 septembre 2006 - 18h30Rencontre avec Adolfo Kaminsky et Anne-Marie Mingat

Clandestinité et faux-papiers pendant la Seconde Guerre mondialeArchives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble

Mercredi 11 octobre 2006 - 18h30Conférence de Georges Bensoussan autour de son ouvrage

Europe une passion génocidaireArchives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par Georges Bensoussan.

Jeudi 19 octobre 2006 - 18h30 Conférence-débat

Histoire de la franc-maçonnerieArchives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par Roger Dachez, historien de la franc-maçonnerie,président de l’Institut maçonnique de France

Jeudi 16 novembre 2006 - 18h30Conférence-débat

La propagande antimaçonnique de Vichy : le film Forces occultesArchives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble Projection présentée et commentée par Jean-Pierre Bertin-Maghit, historien, professeurd’études cinématographiques à l’Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3

Vendredi 17 novembre 2006 - 20hProjection de

Il faudra raconter (film de Daniel et Pascal Cling, 2005, 57 minutes)Amphithéâtre de l’IUFM : 30, avenue Marcelin Berthelot à Grenoble En présence de Daniel Cling et de Maurice Cling, l’un des quatre rescapés d’Auschwitz, présentsdans le film.Organisée en partenariat avec Les Amis du Musée de la Résistance et de la Déportation, les Amisde la Résistance-ANACR, les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation et le Musée.

Lundi 20 novembre 2006 - 18h30 Conférence-débat dans le cadre de la Journéeinternationale des Droits de l’Enfant

Janusz Korczak, premier défenseur des droits de l’enfantArchives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par Daniel Halpérin, président de la Fondation Janusz Korczak.

Mercredi 29 novembre 2006 - 18h30 Conférence-débat dans le cadre du Centenaire de la réhabilitation du capitaine Dreyfus

La défense de DreyfusMaison de l’avocat : 45, rue Pierre Sémard à Grenobleavec Vincent Duclert, Philippe Oriol et Simcha Epstein

Jeudi 18 janvier 2007 - 18h30Conférence-débat

La franc-maçonnerie iséroise de la IIIe République à l’Etat françaisArchives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par Gil Emprin, professeur agrégé d’histoire, responsable du service éducatif du Musée de laRésistance et de la Déportation de l’Isère

Jeudi 8 février 2007 - 18h30Conférence-débat

La franc-maçonnerie pendant l’Occupation Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble par André Combes, président de l’Institut d’études et de recherches maçonniques, auteur denombreux ouvrages sur la franc-maçonnerie

Du mercredi 7 mars au mercredi 14 mars 2007Projection-conférence dans le cadre de la 6e édition du festival du film de résistance proposépar les Amis de la Résistance-ANACR

“La traque de l’affiche rouge”avec Denis Peschanski, historienlundi 12 mars 2007 - 18h30Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble

Mémoire du génocide desArméniens.Un Martinérois raconteA partir du 25 avril 2007

un livre et une expositionLa Direction de la culture et du patrimoine duConseil général de l’Isère et la Direction dupatrimoine de la Ville de Saint-Martin-d’Hèresunissent leurs moyens pour porter à la connais-sance de tous les mémoires de Yervant DerGoumcian, rescapé du génocide des Arméniens,et réfugié en France, dans la région grenobloise,vers 1920. Rédigés en arménien, ce manuscrit -dont la Ville de Saint-Martin-d’Hères est dépo-sitaire- , relate les événements tragiques de l’his-toire des Arméniens d’Asie Mineure. Composéde plus de 1500 pages et de nombreuses illus-trations (photographies, coupures de presse), cesmémoires couvrent la période des années 1880-1960, des prémices du génocide aux conditionsd’existence de la diaspora, en Isère.

La traduction et l’analyse de ce manuscrit ontété confiées à Raymond Kévorkian, conservateurde la Bibliothèque Nubar à Paris et l’un desmeilleurs spécialistes de la langue et de l’his-toire arménienne, en vue de leur publication,dans le cadre de l’année de l’Arménie, intitulée«Arménie mon amie». Ce projet conduit avecla Ville de Saint-Martin-d’Hères, aboutira à unepublication en avril 2007, dans la collection édi-toriale du Musée dauphinois.

En relation avec l’édition des mémoires deYervant Der Goumcian, une exposition seraréalisée au Musée de la Résistance et de la Dépor-tation de l’Isère et inaugurée le mardi 24 avril2007. Une conférence sur le génocide et la dia-spora sera aussi donnée dans ce cadre. w

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Journées européenne du PatrimoineSamedi 16 et dimanche 17 septembre 2006

dans le quartier Mistral à Grenoble :w Lancement de l’exposition itinérante“Comment en finir avec la colonisation –Histoire des Isérois d’origine algérienne”

au Musée :w projections en continu des films réaliséspar Michel Szempruch et produits par le Musée

Comme un vent de liberté. La libération de l’Isère.20 août – 2 septembre 1944, (2004, 33 minutes)et Ils ont survécu (2005, 39 minutes)w récits de la conteuse Claudie Rajon : “Les histoires del’Histoire : un temps de guerre”, dimanche 17 septembre - 15h

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n ° 5 s e p t e m b r e 2 0 0 6

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CCoommmmee uunn ppllaaffoonndd ddee vveerrrree……

Ainsi que cela fut écrit dès le premier numéro de ce jour-nal, c’est dans la défense des Droits de l’Homme qu’estaujourd’hui reconnue l’actualité des valeurs de la Résis-tance. Et c’est ce postulat qui incita le Conseil général del’Isère à demander que le projet d’une Maison des Droitsde l’Homme soit instruit à partir du Musée de la Résis-tance et de la Déportation de l’Isère. « Résistance & Droitsde l’Homme » dont voici le cinquième numéro, doit enêtre l’expression et le lien réguliers.

Aussi continuerons-nous à croiser ici, l’histoire récenteet l’actualité, pour alimenter la réflexion sur la liberté,l’égalité et la solidarité. Bien que supposées fonder nossociétés démocratiques, ces notions sont trop souventremises en question, hélas, pour que la vigilance quenous tenons des résistants, ne nous incite pas, encore ettoujours, à traquer l’inacceptable. Ainsi, par exemple,reste-t-il toujours aussi difficile d’aller au-delà des diffé-rences,de reconnaître l’autre soi-même qui réside toujourschez autrui, de se comprendre et de faire admettre par tousque les hommes naissent et demeurent égaux et libres, sansexception.

Ceci dit, il est un mal décidément tenace dans notre société,qui fait que des jeunes ont beaucoup plus de difficultés qued’autres à trouver leur place dans la société. Yamina Ben-guigui nomme plafond de verre cet obstacle invisible. Pour-quoi, ce qu’il faut appeler par son nom, le racisme, conti-nue-t-il d’empêcher certains de nos concitoyens debénéficier des mêmes chances et des mêmes droits que lesautres? Parmi les injustices qui continuent de contreveniraux principes des Droits de l’Homme, c’est à cette causelà que l’équipe du Musée de la Résistance / Maison desDroits de l’Homme veut apporter sa contribution. Elles’associe en cela à l’Association «Algériens en Dauphiné »dont l’ouvrage de Paul Muzard, qu’elle vient de publier,Pour mémoire – Algériens en Isère , apporte à cette questionde très utiles explications.

Comme à l’habitude, c’est dans l’Histoire que des éclair-cissements doivent être recherchés, et par le témoignagevérifié, que nous voulons tenter de les restituer. Le tout apris la forme d’une exposition, modeste dans son aspect,

[ ]

C’est sur ce témoignage que s’ouvre l’expositionComment en finir avec la colonisation – Histoire desIsérois d’origine algérienne. On ne peut pas comprendreen effet l’immigration algérienne en Isère sans revenir aucontexte colonial dans lequel cette migration s’inscritet à la violence qu’il induit encore entre Français etAlgériens. Les témoignages utilisés ont été recueillis parmiles matériaux de l’exposition D’Isère et du Maghreb-Pourque la vie continue, présentée au Musée dauphinois en1999 et dans l’ouvrage de Paul Muzard, paru en mai 2006.

Cette nouvelle présentation de la Maison/Musée a voca-tion à voyager dans le département. Les douze panneauxqui la composent proposent un cheminement à traversles dates et les thèmes qui permettent de comprendre lesdifficultés que rencontrent ces immigrés pour se loger,travailler, communiquer, rencontrer l’autre. Car ce dontil est question ici, c’est de repérer ce qui, dans le tempset au-delà de l’indépendance de l’Algérie, persiste insi-dieusement dans certains comportements et suscite tou-jours les stéréotypes, les ségrégations, le racisme…

RRÉÉSSIISSTTAANNCCEE&& DDRROOIITTSSDDEE LL’’HHOOMMMMEE

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Journal duMusée de la Résistance et de la Déportation& de la Maison des Droits de l’Homme

““TToouutt ççaa,, ççaa aa ccoommmmeennccééppaarrccee qquu’’oonn aa ééttééccoolloonniissééss..”” Saâdia

l ’ e x p o s i t i o n

COMMENT EN FINIR

AVEC LA COLONISATION

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Chacun des panneaux de l’exposition estconçu à partir d’un témoignage, prolongélui-même d’une explication historique et dephotographies qui montrent les hommes etles femmes qui, depuis la Première Guerremondiale ont quitté l’Algérie pour venirtravailler en Isère. Soumis à des conditionsde vie difficiles, ces hommes et ces femmesse heurtent à un racisme récurrent que leursenfants subissent aujourd’hui encore. CesFrançais, nés de l’immigration, revendi-quent leurs origines et luttent contre lesdiscriminations.

Chaque panneau aborde un aspect particu-lier de leur histoire afin de comprendre leursdifficultés d’aujourd’hui : Etre colonisé,Partir, Vivre, S’installer tout de même,Se faire aider, Lutter pour l’Indépendance, …mais à quel prix, Naître en Isère, Revendi-quer ses origines, Etre reconnu. Comprendrel’histoire de l’immigration et chercherdes voies pour lutter contre le racisme et lesdiscriminations, telle est le cheminementque propose l’exposition. w

Le 2 décembre dernier, une journée d’étudesintitulée Etablir l’histoire de l’immigrationalgérienne en Isère avait rassemblé histo-riens, témoins et acteurs de la période auMusée dauphinois. C’est à cette occasion queBrahim Felahi a confié son témoignage. Enattendant que les actes de ce colloque soientmis en ligne, dès l’automne, en voici quelquesextraits.

« Une fois j’ai demandé à ma mère pour-quoi les colons étaient plus riches que nous.Sa réponse est restée en moi, elle m’a dit : leparadis du colon, c’est aujourd’hui et le nôtre,c’est pour demain.

En 1954, j’ai voulu partir en France pourgagner de l’argent avec la certitude de mettrefin à cette misère ; j’ai toujours connu descolons en Algérie et le reste du monde pourmoi, c’était la France. Mon père m’avait signéune autorisation pour quitter l’Algérie ;j’avais cinq amis qui vivaient en France. Pourles rejoindre, j’ai utilisé les enveloppes deslettres qu’ils nous avaient envoyées. Lesadresses écrites sur ces enveloppes m’ontservi à demander mon chemin une fois arrivéen France. Quand je suis arrivé chez mesamis,nous nous sommes rendus dans un café

tenu par un Algérien de ma région et il m’aproposé de me nourrir et de me loger. J’aidormi sur les tables de son bar ; en échangeje lui avais promis de lui payer une fois quej’aurais trouvé du travail, ce qui n’a pas tardémalgré beaucoup de difficultés. J’avais bienremarqué aussi qu’il y avait au moins deuxcatégories d’Algériens : les Algériens illet-trés qui venaient des campagnes et les Algé-riens qui parlaient un peu mieux le français.

J’ai eu d’autres humiliations, comme unefois je me suis trompé en remplissant un sacde charbon avec une autre qualité de char-bon. Quand le patron s’en est aperçu, il m’agiflé. J’ai rien dit mais le patron était commeun colon à ce moment-là. Je me suis dit queje m’étais peut-être trompé sur l’image dela France.

Mais en 1956, […], nous étions tous deve-nus des Algériens unis et frères ; les événe-ments internationaux étaient des difficul-tés en plus à assumer pour les Algériensen France. J’ai compris le regard que lesFrançais portaient sur nous, c’était trèsnégatif de leur part, nous étions mal vus entant qu’Arabes à ce moment-là. J’ai prisconscience qu’on me considérait comme un

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““TToouutt ççaa,, ççaa aa ccoommmmeennccéé ppaarrcceeqquu’’oonn aa ééttéé ccoolloonniissééss..”” Saâdia

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A c c u e i l l i r l ’ e x p o s i t i o n

Le prêt de l’exposition En finir avec la colonisation– Histoire des Isérois d’origine algérienne estgratuit. Les douze panneaux mesurent 70X100cm.

Pour plus de renseignements : tél. 04 76 42 38 53ou [email protected]

Expérience de vie(s)

Travailleurs nord-africains requis par legouvernement français, Jarrie, octobre1916, coll. Musée dauphinois

Percement de la chaussée par desouvriers maghrébins, Grenoble,années 1960, C. Mabille et H.Parise, coll. Musée dauphinois

Petite fille dans un immeubledélabré abritant des familles detravailleurs immigrés, Grenoble,années 1960, photo. C. Lecocq,coll. Musée dauphinois

L’exposition sera présentée lors des journéeseuropéennes du Patrimoine, les 16 et 17 septembre2006 dans le quartier Mistral à Grenoble enpartenariat avec la Maison pour tous.

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Arabe et non pas comme un Français.En 1962, je me trouvais en Algérie, la situa-tion était déplorable, principalement àcause du chômage et de la misère. La misèredans laquelle se trouvaient mon père et mafamille était insupportable. Les employeurspotentiels étaient français mais n’étaientplus présents en Algérie, suite à l’Indépen-dance. Il y avait des emplois possibles dansl’administration algérienne car il y avaitbeaucoup de structures à mettre en place.Malheureusement, mon illettrisme ne m’apas permis d’accéder à certains postes, j’aidonc travaillé encore quelques temps entant que manœuvre dans les chantiers desponts et chaussées avec pour salaire des sacsde farine envoyés par les Américains pouraider l’Algérie. Ma situation financière a étémisérable comme beaucoup d’autres dansmon cas. Il a fallu que je retourne en Francepour aider mon père et ma famille. En 1964,je suis reparti en France pour travailler etéconomiser de l’argent pour la deuxièmefois. C’est la misère qui me pousse à veniren France. Je suis parti en France pour unan et aujourd’hui ça fait quarante ans queje vis ici. » w

é d i t o ( su i t e )afin qu’elle circule partout, mais très ambitieuse dans soncontenu puisqu’elle doit expliquer pourquoi les idées quiinspirèrent le colonialisme restent la cause du racisme dontsouffrent aujourd’hui les descendants des colonisés. Parcequ’il nous semble temps de tourner la page de cette his-toire dont ne sont responsables aujourd’hui que ceux quicontinuent de témoigner de comportements racistes, etparce que convenons-en,ceux qui les subissent,parmi nous,sont surtout d’origine algérienne, nous l’avons appelée :« COMMENT EN FINIR AVEC LA COLONISATION –Histoire des Isérois d’origine algérienne ». Au point de ren-contre de l’action d’un Musée de la Résistance, dont lamission est aussi d’en porter les valeurs, et d’une Maisondes Droits de l’Homme dont beaucoup ont souhaité qu’ellefonctionne comme un Centre de veille, cette expositionitinérante, claire et facile d’accès, devrait contribuer àdévelopper des échanges qui, sur ce sujet,demeurent encoredifficiles.

L’exposition “Rester libres”, présentée au Musée dauphinoisà partir du 9 décembre prochain proposera, comme nousl’avions indiqué dès l’annonce de la création de la Maisondes Droits de l’Homme, une exploration de chacune desluttes pour la liberté, des Allobroges à aujourd’hui et enresituera toutes les causes dans le temps long de l’histoirelocale. Les discussions que ne manqueront pas de susciterces expositions, tant à propos du racisme que des luttes d’hieret d’aujourd’hui, devront contribuer à l’édification de laMaison des Droits de l’Homme. w

1914-1918 : Participation des travailleurs coloniaux à l’effort de guerre sur le territoire nationalAnnées 20 : Recrutement massif des travailleurs étrangers, notamment algériens, par le patronat françaisAnnées 30 : Crise économique et arrêt temporaire de l’immigration1939-1945 : Participation des troupes coloniales à la Seconde Guerre mondiale1960 : Mise en place de la procédure de contrôle de l’entrée en France et de régularisation au titredu regroupement familial1974 : Suspension de l’immigration de travail1980 : La loi Bonnet du 10 janvier fait de l’entrée et du séjour irréguliers des motifs d’expulsion1981 : Régularisation des étrangers en situation irrégulière, entrés en France avant le 1er janvier 1981et pouvant produire un contrat de travail : 132 000 régularisations1984 : Création de la carte de résident, valable 10 ans et renouvelable de plein droit1986 : 1ère loi Pasqua qui restreint les conditions de séjour et facilite les reconductions à la frontière1993 : 2ème loi Pasqua sur la “maîtrise de l’immigration”1997 : Loi Debré qui encadre strictement la régularisation des sans-papiers1997-1998 : Régularisation Chevènement : 80 000 personnes régularisées dont des conjoints deFrançais ou d’étrangers en situation régulière, des déboutés du droit d’asile que le retour dans leurpays exposeraient à des risques sérieux, des étrangers suivant un traitement médical lourdet des étudiants2003 : Loi Sarkozy sur la “maîtrise de l’immigration”. Renforcement de la lutte contre l’immigrationclandestine et suppression de l’asile territoriale2004 : Devant les expulsions d’enfants sans papiers scolarisés, création du réseau de soutienEducation sans frontières rassemblant des enseignants, des personnels de l’Education nationale,des parents d’élèves, des éducateurs, des collectifs, des syndicats et des organisations attachéesà la défense des droits de l’hommeJuin 2006 : Loi Sarkozy sur l’immigration. Concept “d’immigration choisie”La loi rend plus difficile les mariages mixtes, le regroupement familial désormais lié à des conditionsde ressources de travail et des conditions de logement. Elle abroge la régularisation de plein droit desclandestins sur le territoire depuis plus de dix ans pour y substituer une régularisation au cas par caspar les préfets, après avis des maires.En réaction à la loi, une mobilisation importante autour des enfants scolarisés et de leurs famillesmenacés d’expulsion à la fin de l’année scolaire aboutit à la régularisation de plusieurs centainesde familles.

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sources : Le Monde, 7 juin 2006 & AFP

Logements de travailleursimmigrés, Grenoble, années1960, C. Mabille et H. Parise,coll. Musée dauphinois

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Retour sur une expérience quotidienne dutravail de mémoire PPoouurr mméémmooiirree 11994455--22000055 AAllggéérriieennss eenn DDaauupphhiinnéé

Qu’est ce qui vous a amené à rencontrer lesAlgériens dans les années 1950 ?Au milieu des années 1950, arrivé dans lequartier Notre-Dame, je me suis trouvéimplanté dans un quartier cosmopolite ; j’aifait connaissance avec les Italiens dont lesuns étaient originaires de Corato (dans lesPouilles) et plus récemment arrivés, des Sici-liens. Peu à peu j’ai été amené à rencontrerdes Algériens dont la culture était bien pluséloignée de la nôtre mais avec laquelle je mefamiliarisais peu à peu. Quelques annéesaprès, je suis allé soigner une tuberculose ausanatorium de Saint-Hilaire-du-Touvet.C’est celui où il y avait le plus d’Algériens.J’ai vécu neuf mois là en proximité avec cesderniers, découvrant un monde de coloni-sés, très pauvre, démuni, analphabète le plussouvent, de culture arabo-musulmane, avecses traditions. Comme j’avais commencé àapprendre l’arabe pour une meilleure ren-contre, j’ai continué dans un contexte trèsfavorable. Au bout de 9 mois je suis sorti,puis j’ai travaillé à mi-temps parce quej’avais été embauché onze mois, avant de

rentrer au sanatorium, par l’association quitravaillait avec les Algériens.

Est-ce que le terme d’accompagnateursocial de l’immigration vous convient pourdéfinir votre travail ?L’éducation, ce n’est pas dire ce qu’il fautfaire ou quelle orientation à prendre. La per-sonne peut le découvrir par elle-même. Mavolonté, c’est d’aider les gens à se détermi-ner par rapport à ce qu’ils vivent. Pour lapopulation d’origine algérienne, il fallaitmettre en place des structures qui leur per-mettent de participer et de trouver leurplace dans la société et d’évoluer sociale-ment, dans le travail par exemple, ou parrapport à leur logement. Alors c’est vrai onpeut me voir comme un accompagnateur.

Pourquoi avoir décidé d’écrire un ouvragesur votre mémoire de l’immigrationalgérienne en Isère ?J’ai eu envie et besoin aussi de reconnaîtrele travail accompli par ces hommes et cesfemmes pour le développement de la France

dans des conditions de vie et de travail infé-riorisantes. A l’école de l’immigration algé-rienne, au quotidien, on mesure l’horreurdu racisme, les souffrances qu’il engendreet qui touche même ceux qu’on désigneencore comme des immigrés alors qu’ilsrelèvent de la 3e ou 4e génération. C’étaitune nécessité de témoigner du besoin de sedire, de rencontre, de vivre ensemble, dereconnaissance.

Qu’est-ce qui vous a guidé en tant quemilitant ? Les Droits de l’Homme ?Ce qui a guidé mes engagements pour lesDroits de l’Homme ? J’hésite à parler en cestermes car je trouve que nous n’avons pasassez parlé, défini, certaines revendicationset certains droits comme les Droits del’Homme. Je pense en particulier à tout cequi relève de la mémoire ouvrière. L’arrêtdu travail des enfants, c’était les Droits del’Homme. La santé du travailleur, c’était lesDroits de l’Homme. Et quand maintenant,le gouvernement rétablit le travail de nuitpour les gosses de quinze ans, ce sont des

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I n t e r v i e w

PPaauull MMuuzzaarrdd vviieenntt ddee ppuubblliieerr aavveecc ll’’AAssssoocciiaattiioonn Algériens en Dauphiné,, ll’’oouuvvrraaggee Pour mémoire,Algériens en Isère 1940-2005.. AApprrèèss ddeess ééttuuddeess rreelliiggiieeuusseess,, iill cchhooiissiitt ffiinnaalleemmeenntt dd’’aaccccoommppaaggnneerrlleess ppeerrssoonnnneess qquuii oonntt ddeess ccoonnddiittiioonnss ddee vviiee ddiiffffiicciilleess eett ddeevviieenntt aanniimmaatteeuurr ssoocciioo--ccuullttuurreell ddaannss ddeessaassssoocciiaattiioonnss ggrreennoobbllooiisseess.. DD’’oorriiggiinneess ddiivveerrsseess,, iill lleess ssuuiivvrraa ddaannss lleeuurrss eexxppéérriieenncceess dd’’iimmmmiiggrrééss eennFFrraannccee,, ppuuiiss ddee FFrraannççaaiiss dd’’oorriiggiinnee aallggéérriieennnnee.. RReemmeettttaanntt eenn ccaauussee lleess mmeennttaalliittééss ccoolloonniiaalliisstteess ddeell’’ééppooqquuee eett lleess ppeerrssiissttaanncceess ddee llaa vviioolleennccee ccoolloonniiaallee aauujjoouurrdd’’hhuuii,, iill aa ttoouujjoouurrss ééttéé gguuiiddéé ppaarr lleebbeessooiinn ddee rreennccoonnttrreerr ll’’aauuttrree ddaannss uunnee rreellaattiioonn dd’’ééqquuiittéé..

Manifestation contre le racisme, Grenoble, 1973, coll. Musée dauphinois

Paul Muzard

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Les expressions de la liberté, des Allobroges à nos jours

Droits de l’Homme qui sont mis en ques-tion. Mais on ne les désigne pas ainsi, maisle situer dans « les Droits de l’Homme »ça contribue à valoriser les droits. Je penseque tout le travail que nous avons fait et quenous continuons de faire est essentielnotamment pour les Algériens parce queje pense que ce sont les derniers des der-niers au niveau des droits, toujours consi-dérés comme une immigration colonialeou post-coloniale et que nous traînons faceà tout ce qu’ils subissent des relents de lacolonisation. Dire que la colonisation estterminée est une réalité historique mais ladécolonisation est inachevée parce quebeaucoup de mentalités demeurent impré-gnées d’un racisme qui remonte à la colo-nisation. La colonisation de l’Algérie a duré132 ans, un aussi long temps laisse inévita-blement des traces. w

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L’exposition Rester libres marquera une étapeimportante de la réflexion menée depuis quatreans par le Conseil général, via le Musée de laRésistance et de la Déportation de l’Isère, pourl’édification d’une Maison des Droits del’Homme. Son programme relie en effet laprésence, aujourd’hui, en Isère, de plus de deuxcents associations engagées dans tous leschamps de la solidarité à l’histoire longuedes luttes pour la liberté dans les Alpes dau-phinoises. La population des Alpes dauphi-noises serait-elle ainsi prédisposée, par sonhistoire, à lutter mieux que d’autres pourla liberté et la démocratie ? La montagnerendrait-elle libre, comme on aime à le dire ici ?

p r o c h a i n e m e n t

Y aurait-il, plus qu’ailleurs, des comportementsd’exception ? Dans quelle réalité historiques’ancrent les mythes, quelle relation les unit etquels rôles jouent-ils dans la capacité donttémoigne la population à s’insurger, aujour-d’hui, contre l’injustice, la misère ou le racisme ?Telles sont les questions auxquelles l’expositionRester libres tente de répondre en abordant cha-cune des périodes de l’histoire où des habitantsde la région dauphinoise auraient combattupour les droits fondamentaux ou innové danscette lutte. Rester libres est présentée au Muséedauphinois, à partir du 9 décembre, dans lecadre des activités de son centenaire, et duranttoute l’année 2007.

Rester libres

AAuu MMuussééee DDaauupphhiinnooiiss

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Accompagnant ce travail, une importantecollecte de témoignages a été menée auprès deceux qui animent ou ont animé le tissu asso-ciatif local. Ces entretiens mettent en lumièretant l’histoire des associations que les engage-ments et l’expérience des militants. Traversantle siècle, les récits recueillis retracent les nom-breuses luttes pour la liberté dans le départe-ment : la lutte contre la peine de mort, pourles droits de la femme, les droits de l’enfant,les droits des étrangers, les droits des malades,la lutte contre l’exclusion et contre la misère,le droit à l’éducation et à la culture, les droitsdes travailleurs, la lutte contre le racisme etl’antisémitisme, la lutte pour la paix et lasolidarité internationale. Autant d’histoiresqui trouveront partiellement leur place dansla dernière partie de l’exposition et dont lesenregistrements seront bien sûr intégralementarchivés dans les collections du musée.

Cent ans de luttes pour la défense des Droits de l’Homme en IsèreC

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z o o m

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Le cercle Bernard LazareCette association grenobloise propose, aux côtés du Musée, quatrerendez-vous à l’automne.

C’est en avril 1981, après une dizaine d’annéesde travail, que le Cercle Bernard Lazare de Gre-noble naît officiellement, sous la forme d’uneassociation loi 1901. Ouvert à tous, il a pourbut la promotion d’une culture juive laïque etprogressiste. Il est également adhérent auConseil représentatif des institutions juives deFrance (CRIF). La référence à la personnalitéde Bernard Lazare, écrivain, journaliste, anar-chiste et défenseur du capitaine Dreyfus est àrapprocher de l’objectif que s’est fixé l’asso-ciation et permet de mieux comprendre la phi-losophie qui guide ses actions.

La mémoire et l’histoire de la Shoah, la défensedes Droits de l’Homme, la laïcité, les commu-nautarismes, l’intégration, autant de sujets quifont débat aujourd’hui et sur lesquels le CercleBernard Lazare a engagé une réflexion àtravers l’organisation de différentes manifes-tations, de coIloques, de conférences, d’expo-sitions, et même de fims, tel Oublie ton nom,régulièrement diffusé au musée.

Le CBL organise également chaque automne,depuis 12 ans, un festival de culture juive quifait une grande place à la musique qu’elle soityiddish, classique ou contemporaine, sépha-rade ou judéo-arabe, mais aussi à la littératureet au théâtre juifs. w

Né, en 1865, dans une famille juive assimilée, Ber-

nard Lazare, journaliste, critique littéraire, ami

des symbolistes et des libertaires, prend

conscience de son identité juive après la lecture

du brûlot antisémite de Drumont, La France

juive. Il décide alors d’assumer sa judéité de

manière “active, positive et légitime”. Il répond à

Drumont en publiant en 1894, L’antisémitisme,

son histoire, ses causes. En 1895, il est le premier

à prendre la défense du capitaine Alfred Dreyfus,

condamné à l’unanimité par le Conseil de guerre

le 22 décembre 1894, pour espionnage au profit

de l’Allemagne, à la déportation perpétuelle et à

la dégradation militaire. Il écrit alors sa brochure

Une erreur judiciaire, la vérité sur l’affaire

Dreyfus qui suscite une vive émotion dans les

milieux littéraires et dont la lecture convainc

Emile Zola de se lancer dans la bataille. Peu après,

Bernard Lazare s’engage dans le mouvement sio-

niste et voyage en Europe centrale où il prend la

défense des Juifs opprimés. Il meurt en 1903, à

l’âge de 38 ans.BBeerrnnaarrdd LLaazzaarree

Pour plus d’informations

wwwwww..ccbbll--ggrreennoobbllee..oorrggccoonnttaacctt@@ccbbll--ggrreennoobbllee..oorrgg

JJaannuusszz KKoorrcczzaakk eett lleess ddrrooiittss ddee ll’’eennffaanntt

La Convention des Droits de l’Enfant de 1989 peut être considérée comme un héritagedirect de la pensée de Janusz Korczak. Il a en effet appelé de ses vœux une sorte de chartesolennelle (“Magna Charta Libertatis”) dès le début du XXe siècle. Son oeuvre fourmilled’indications éparses sur les droits particuliers qui lui tenaient le plus à cœur.Selon Korczak, l’enfant a droit :à l’amour,au respect,aux conditions les meilleures pour sa croissance et son développement,à vivre dans le présent, d’être lui-même ou elle-même,à l’erreur,d’avoir des secrets,d’être pris au sérieux,d’être apprécié pour ce qu’il est,de désirer, de réclamer, de demander,à “un mensonge, une tromperie, un vol occasionnels”,que l’on respecte ses biens et son budget,à l’éducation,de résister aux influences éducatives qui entrent en conflit avec ses croyances, de protestercontre une injustice,d’avoir un Tribunal des enfants où il peut juger et être jugé par ses pairs,d’être défendu dans un système de justice spécialisé dans l’enfance,que l’on respecte son chagrin,de mourir.Source : site de la Fondation Janusz Korczak (www.aidh.org/korczak)

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Les rencontresproposées enpartenariat avec leCercle Bernard Lazare

Rencontre avec Adolfo Kaminsky et Anne-Marie MingatClandestinité et faux-papiers pendantla Seconde Guerre mondialeJeudi 28 septembre 2006 - 18h30

Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble

La vie d’Adolfo Kaminsky est de celles que l’on lit habituellement dans les romans.Né en 1925 dans une famille juive émigrée en France, laissé orphelin par la guerre, il entredans la sixième section de l’UGIF (l’Union générale des Israélites de France) où il fabrique desfaux papiers principalement destiné aux enfants juifs. Son activité de “faussaire” ne cesse paspour autant avec la fin de la guerre : les quotas imposés par les Britanniques pour les migrantsvers la Palestine, la guerre d’Algérie puis les mouvements nationalistes d’Amérique du Sud, oud’Afrique lui donneront encore l’occasion d’exercer ses talents jusqu’en 1970.

Anne-Marie Mingat, quant à elle, était secrétaire de Mairie à Domène. Profitant de son statut,elle a falsifié de nombreux documents pour sauver des familles juives. Elle est titulaire de lamédaille de Juste pour avoir caché chez elle et sauvé une petite fille juive.

Conférence de Georges Bensoussan autour de son ouvrage :Europe une passion génocidaireMercredi 11 octobre 2006 - 18h30

Archives départementales de l’Isère : 2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble

Pourquoi et comment, le XIXe siècle européen, celui de la raison, de la science et du progrèshumain, a-t-il engendré un XXe siècle totalitaire et exterminateur dont la Shoah constituel’aboutissement ? Telle est la question à laquelle Georges Bensoussan tente de répondre dansson livre Europe une passion génocidaire. Essai d’histoire culturelle, paru en avril 2006(éd. Mille et une nuits).

Georges Bensoussan est professeur d’histoire à Paris, rédacteur en chef de la Revue d’Histoire dela Shoah (CDJC). Il a écrit de nombreux ouvrages sur l’histoire de la Shoah et l’histoire dusionisme.

Conférence-débatJanusz Korczak, premier défenseur des droits de l’enfantLundi 20 novembre 2006, 18h30,

Archives départementales de l’Isère :2, rue Auguste Prudhomme à Grenoble

Médecin-pédiatre et écrivain, Janusz Korczak (1878-1942) était en Pologne avant guerre,la personnalité la plus en vue et la plus respectée dans le domaine de l’enfance. Il est déportéà Treblinka en 1942, avec les enfants du ghetto de Varsovie qu’il n’a pas voulu abandonner etavec lesquels il meurt gazé. Il est également le précurseur de la Convention internationaledes Droits de l’enfant dont il exigeait l’élaboration depuis le début du XXe siècle.

Avec, Daniel Halpérin, président de la Fondation Janusz Korczak.

Conférence - débatLa défense de DreyfusMercredi 29 novembre 2006 à 18hen partenariat avec le CRIF

Maison de l’avocat : 45, rue Pierre Sémard à Grenoble

En 1894, Alfred Dreyfus, capitaine de l’armée française et juif est accusé de trahison aubénéfice de l’Allemagne, dégradé et condamné à la déportation à vie. Le 12 juillet 1906, lacour de cassation le réhabilite. Entre ces deux dates, partisans et adversaires de Dreyfuss’affrontent violemment dans une ambiance antisémite. Si le J’accuse ! de Zola, paru dansl’Aurore du 13 janvier 1898 est demeuré célèbre, il ne doit pas cacher l’engagement d’un petitgroupe d’intellectuels qui n’aura de cesse de faire éclater la vérité. C’est donc à la défense deDreyfus qu’est consacrée cette soirée organisée tout naturellement en partenariat avec laMaison de l’Avocat.

avec, Vincent Duclert, agrégé d’histoire, professeur à l’Ecole des hautes études en sciencessociales, et auteur de nombreux ouvrages sur l’affaire Dreyfus, Philippe Oriol, historienet enseignant à Paris III. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur le mouvement ouvrier.Il a également publié une biographie de Bernard Lazare et un ouvrage consacré au J’accused’Emile Zola et Simcha Epstein, chercheur au Centre Vidal Sassoon d’étude del’antisémitisme.