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Résumé du Roman de la rose
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Résumé du Roman de la rose
Roman de la Rose, poème allégorique, composé de deux parties; la première est l'oeuvre
d'un Trouvère du XIIIe siècle, animé de sentiments chevaleresques, qui célèbre la
galanterie des Cours d'amour; la deuxième, écrite au siècle suivant, étale une érudition
sceptique, et raille toutes les croyances du moyen âge. La conception même du poème est
des plus froides. L'Amant, qui n'est autre que le poète, est dans un jardin, et entouré de
personnages allégoriques, qui sont les vices et les vertus chevaleresques, Haine, Félonie,
Villenie, Courtoisie, Envie, Vieillesse, Papelardie, Pauvreté, et bien d'autres. Il s'éprend
d'une Rose que défendent Dangier, Male-Bouche, Bassesse, Haine. Avarice, Chasteté,
Honte, Jalousie et Peur. L'Amour adresse à l'Amant un long discours, où il expose les
devoirs des amants fidèles, devoirs difficiles et remplis d'épreuves avant d'atteindre au
bonheur. Bel-Accueil et Doux-Regard, écuyers du dieu d'amour, conduisent l'Amant vers
la Rose; mais Dangier, aussi vigilant que le dragon du jardin des Hespérides, déjoue tous
leurs efforts, s'empare de Bel-Accueil, et l'enferme dans une tour construite par Jalousie.
Là s'arrête la première partie du poème; elle comprend environ 4 000 vers. L'auteur,
Guillaume de Lorris, imite et traduit souvent l'Art d'aimer d'Ovide; il est ingénieux et
naïf, mais il manque de hardiesse et de poésie. c'est à peine si quelques traits heureux
rompent parfois la monotonie de sa fade et ennuyeuse allégorie. Son style, doux et
coulant, mais faible et langoureux, n'a rien qui puisse saisir et attacher le lecteur.
Jehan (Jean) de Mehun ou Meung-sur-Loire, surnommé Clopinel ou le Boiteux, continua
le Roman de la Rose : son oeuvre forme environ 78 000 vers. Tout en acceptant la forme
allégorique de la première partie, il s'inquiéta peu d'accorder ses opinions avec celles de
Guillaume de Lorris. L'action continue. L'Amant se désole au pied de la tour où Bel-
Accueil est enfermé: Raison survient, et lui donne d'excellents conseils pour se
débarrrasser de l'amour et des soucis qu'il entraîne; mais elle ne peut persuader l'Amant et
se retire. L'Ami prend la place de Raison auprès de l'Amant; il le console, et lui apprend
qu'il pourra posséder la Rose, s'il se peut aider de Richesse. Mais il ne peut s'entendre
avec Richesse, et serait réduit au désespoir, si Amour ne lui promettait d'assiéger la tour.
Le dieu mande toute sa baronnie, et commence le siège avec Noblesse de coeur,
Franchise, Largesse, Courtoisie, Abstinence, Contrainte, Faux-Semblant. Celui-ci,
déguisé en moine, pénètre dans la tour et égorge la garde. L'Amant se croit vainqueur;
mais Dangier survient et le bat. Amour ramène ses barons; la mêlée devient furieuse; la
victoire est indécise. Alors Nature envoie son confesseur Génius su camp d'Amour; la
crosse en main, la mitre en tête, il harangue les barons avec tant d'éloquence, qu'ils sont
tous transportés d'une ardeur nouvelle, culbutent l'ennemi, et demeurent maîtres de la
tour. Courtoisie intercède en faveur de l'Amant, et lui fait octroyer enfin la Rose
vermeille.
Jehan de Meung continue l'oeuvre de son devancier, mais il n'en conserve pas le
caractère. Son récit est semé de satires. Bien différent de Guillaume de Lorris, qui ne
parle qu'avec respect de l'amour et des femmes, il fait de l'amour un plaisir tout physique,
et de la femme un être capricieux, esclave des sens, dépourvu de tout principe d'honneur
et de vertu. La royauté, la noblesse, l'Église, ne sont pas mieux traitées. Jehan de Meung
ose écrire que le corps d'un noble "ne vaut pas une pomme plus que le corps d'un
charretier." Il explique l'origine de la royauté; il ne la fait point procéder du droit divin,
mais de l'élection des hommes, qui tiennent ainsi le roi dans leur dépendance. Le poète ne
se contente pas de poser ce principe; il en tire cette conclusion peu conforme aux
traditions monarchiques du moyen âge :
Quand ils voudront
Leur aide au roi retireront,
Et le roi tout seul restera,
sitôt que le peuple voudra.
Les attaques contre l'Église tiennent aussi une place considérable dans le Roman de la
Rose. Le mysticisme avait poussé beaucoup de monde dans les couvents; les maisons
religieuses, en se multipliant, avaient corrompu la pureté de leur institution, et leurs
richesses étaient devenues un sujet de scandale. Jehan de Meung attaque ces moines qui
s'ingéraient dans toutes les affaires publiques ou privées, et dont l'humilité s'accommodait
fort bien des grandes affaires et des grandes pitances, sans se soucier en aucune façon des
pauvres. C'est sous la figure d'un moine qu'il représente Faux-Semblant, l'hypocrite, un
des ancêtres de Tartufe. Enfin il attaque la vie monastique comme contraire au voeu de la
nature. Dame Nature, se confessant à Génius, se plaint de l'homme, qui, seul de tous les
animaux, n'obéit pas a sa loi; Génius prêche aussitôt sur ce texte : crescite et
multiplicamini, et prononce l'excommunication contre quiconque ne pratique point ce
précepte. Jehan de Meung développe une philosophie grossière et matérialiste, que
n'arrête aucune monstruosité, pas même la communauté des femmes.