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Dossier management PRODUCTION MAINTENANCE OCTOBRE, NOVEMBRE, DÉCEMBRE 2010 PAGE 42 U nique unité de production d’eau potable de Nantes Métropole, l’Usine de la Roche a passé en revue il y a dix ans toutes ses activités de mainte- nance et de production en vue d’obte- nir la certification ISO 9001. But de la manoeuvre, intégrer les différents servi- ces afin de mieux partager les compé- tences en interne et disposer d’une vision identique des chantiers d’entretien ; car avec l’exploitation de pas moins de onze sites dédiés à la production, au stockage et au relevage, la Régie de l’Eau, struc- ture communautaire propriété de Nantes Implémenter un logiciel de GMAO n’est pas une mince affaire, et ce quelque soit le type d’activité qu’exerce une entreprise. Parmi les bonnes pratiques et les conseils que l’on peut retenir de la Régie de l’Eau de Nantes Métropole -entité chargée de la maintenance du parc de l’usine de la Roche, productrice d’eau potable-, la GMAO ne structure pas la maintenance, elle n’est qu’un outil ; et le bon paramétrage et l’arborescence du logiciel demeurent des étapes incontournables. Métropole et dont la fonction est de gérer la totalité du parc de la maintenance, les opérations sont nombreuses et ne doivent en rien compromettre la qualité d’une eau utilisée par un peu plus de 100 000 habi- tants réparties sur huit communes envi- ronnantes. « Notre activité, c’est la production d’eau potable. Au sein de la Direction de l’Eau de Nantes Métropole, l’enjeu est important d’autant plus que l’usine produit la moitié de l’eau pour une population avoisinant les 580 000 habi- tants, soit la moitié du département Loire Atlantique », indique Pierre Ageneau, chef du service dédié à l’exploitation des installations. Cet enjeu, en quoi tient-il ? Tout simple- ment au fait que l’usine n’a pas le droit d’arrêter la production, du moins de façon non maîtrisée (certains cas parti- culiers de maintenance permettent aux opérateurs de ne travailler que sur quel- ques réservoirs, assurant la production de l’eau malgré un arrêt de la chaîne). Il est donc impératif, mais aussi obligatoire, de réaliser des travaux de maintenance sans perturber le fonctionnement de l’usine, ni remettre en cause la qualité de l’eau. « Aussi, d’un point de vue régle- mentaire, la continuité et la qualité demeurent les éléments qui condition- nent et déterminent notre activité », pour- suit Pierre Ageneau. Des tâches de maintenance bien spécifiques Une filière de traitement d’eau potable fonctionne à régime variable, avec un entretien des passages unique, d’où la nécessité de travailler sur des réservoirs. Cette filière, aux techniques d’entretien bien spécifiques, implique de respecter différentes étapes : le pompage de l’eau (jusqu’à 15 kilomètres de l’usine), le transit de l’eau jusqu’à l’usine de produc- tion où l’eau est re-pompée à partir du canal avant de passer par l’un des ateliers de traitements -de trois types : ateliers physique, physico-chimique et biolo- gique. « Toute cette chaîne implique des opérateurs de maintenance aux tâches et aux compétences multiples et variées. Car ensuite, des machines tournantes et des pompes sont également utilisées et exigent de mobiliser des électro-techni- ciens, des mécaniciens, des métalliers en Retour d’expérience Implémentation de GMAO – le cas d’une usine de production d’eau potable DR Suite de l’article page 44

Retour d Impl mentation de GMAO le cas d une … management de logiciel Carl Master a été un succès, Pierre Ageneau maintient qu ’aujourd’hui, il prendrait un peu de recul afin

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PRODUCTION MAINTENANCE ➤ OCTOBRE, NOVEMBRE, DÉCEMBRE 2010 ➤ PAGE 42

Unique unité de production d’eaupotable de Nantes Métropole,

l’Usine de la Roche a passé en revue il ya dix ans toutes ses activités de mainte-nance et de production en vue d’obte-nir la certification ISO 9001. But de lamanoeuvre, intégrer les différents servi-ces afin de mieux partager les compé-tences en interne et disposer d’une visionidentique des chantiers d’entretien ; caravec l’exploitation de pas moins de onzesites dédiés à la production, au stockageet au relevage, la Régie de l’Eau, struc-ture communautaire propriété de Nantes

Implémenter un logiciel de GMAO n’est pas une mince affaire, et cequelque soit le type d’activité qu’exerce une entreprise. Parmi les bonnespratiques et les conseils que l’on peut retenir de la Régie de l’Eau deNantes Métropole -entité chargée de la maintenance du parc de l’usinede la Roche, productrice d’eau potable-, la GMAO ne structure pas lamaintenance, elle n’est qu’un outil ; et le bon paramétrage etl’arborescence du logiciel demeurent des étapes incontournables.

Métropole et dont la fonction est de gérerla totalité du parc de la maintenance, lesopérations sont nombreuses et ne doiventen rien compromettre la qualité d’une eauutilisée par un peu plus de 100 000 habi-tants réparties sur huit communes envi-ronnantes. « Notre activité, c’est laproduction d’eau potable. Au sein de laDirection de l’Eau de Nantes Métropole,l’enjeu est important d’autant plus quel’usine produit la moitié de l’eau pour unepopulation avoisinant les 580 000 habi-tants, soit la moitié du département LoireAtlantique », indique Pierre Ageneau, chef

du service dédié à l’exploitation desinstallations.

Cet enjeu, en quoi tient-il ? Tout simple-ment au fait que l’usine n’a pas le droitd’arrêter la production, du moins defaçon non maîtrisée (certains cas parti-culiers de maintenance permettent auxopérateurs de ne travailler que sur quel-ques réservoirs, assurant la productionde l’eau malgré un arrêt de la chaîne). Ilest donc impératif, mais aussi obligatoire,de réaliser des travaux de maintenancesans perturber le fonctionnement del’usine, ni remettre en cause la qualité del’eau. « Aussi, d’un point de vue régle-mentaire, la continuité et la qualitédemeurent les éléments qui condition-nent et déterminent notre activité », pour-suit Pierre Ageneau.

Des tâches de maintenance bien spécifiques

Une filière de traitement d’eau potablefonctionne à régime variable, avec unentretien des passages unique, d’où lanécessité de travailler sur des réservoirs.Cette filière, aux techniques d’entretienbien spécifiques, implique de respecterdifférentes étapes : le pompage de l’eau(jusqu’à 15 kilomètres de l’usine), letransit de l’eau jusqu’à l’usine de produc-tion où l’eau est re-pompée à partir ducanal avant de passer par l’un des ateliersde traitements -de trois types : ateliersphysique, physico-chimique et biolo-gique. « Toute cette chaîne implique desopérateurs de maintenance aux tâches etaux compétences multiples et variées.Car ensuite, des machines tournantes etdes pompes sont également utilisées etexigent de mobiliser des électro-techni-ciens, des mécaniciens, des métalliers en

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raison des nombreuses canalisations,d’automaticiens pour les systèmes auto-matisés, sans oublier le personnel dédiéau nettoyage et à la désinfection desouvrages et des réservoirs. Il s’agit doncd’une filière avec différentes typologiesd’activités ».

Des enjeux forts, des étapes nombreuseset des activités diverses qui ont poussé laRégie de l’Eau à se munir de logicielsde maintenance performants. Datant desannées 1970, l’usine a revu l’organisationde sa maintenance il y a une vingtained’années, « à une époque où la filière étaitun peu moins complexe qu’aujourd’huiet les contraintes réglementaires n’étaientpas les mêmes, en particulier en ce quiconcerne la qualité, malgré le lancement

d’une directive européenne dès 1989. Eninterne, chaque atelier organisait lui-même sa maintenance mais il n’existaitpas -ou très peu- de coordination entreeux. Ce manque de communication entreces différents services présentait desrisques aux conséquences graves ».

C’est pourquoi, dès les années 1990, s’estmis en place un comité de pilotage del’ensemble des ateliers, posant ainsi lapremière pierre d’une structuration de lamaintenance. Mais l’élément accéléra-teur de cette structuration réside dans lacréation d’une démarche de qualité inter-venue à la fin de la décennie 1990. L’ob-jectif de décrire les différents processuset de développer des interfaces est atteint; il est désormais possible d’installer les

prémices d’une GMAO avec, pour lemoment, un tableur Excel capable d’in-former sur le suivi des activités de main-tenance et de centraliser ces informations.Mais cette “ pré-GMAO ” comportait unobstacle majeur dans son fonctionne-ment : celui d’exclure une partie essen-tielle des équipes de maintenance ; « lepersonnel d’atelier n’avait en effet pas lamain sur cet outil ”. C’est au milieu desannées 2000 que la Régie fait appel à CarlSoftware et à son logiciel de GMAO CarlMaster, “ nettement plus convivial et plusouvert, ce qui nous a permis de rensei-gner à la fois le personnel de maintenanceet le personnel de production ».

L’étape essentielle du paramétrage

L’intérêt de l’implémentation du logicielde GMAO réside à la fois dans les apportsen termes d’organisation et la facilitéd’utilisation, mais aussi dans la prise encharge même du produit, c’est-à-dire dansce que l’outil a amené à découvrir, de partses potentialités et sa transversalité. Lelogiciel a ainsi été pleinement intégré etutilisé au niveau de tous les ateliers et dela production, des agents de terrain auxresponsables d’ateliers; « nous avons puavoir une vision commune sur la vie deséquipements et nous avons réussi àdonner la possibilité à chaque interve-nant de trouver toutes les informationsnécessaires concernant les machines etles tâches à effectuer », souligne DanielSauvaget, responsable et administrateurde la base GMAO au sein de NantesMétropole. Ainsi, les équipes de main-tenance ont pu passer d’un systèmefermé à un outil convivial qui permet,en temps réel, d’obtenir une visibilité surtout ce qui se déroule sur le site. Lespoints positifs du logiciel : « un outil quipermet de disposer d’une base communeet de travailler ensemble à partir d’unerequête de manière à organiser la main-tenance bien en amont et avec davan-tage de visibilité ».

Mais l’implémentation d’un logiciel deGMAO, aussi puissant, ludique ou convi-vial soit-il, ne peut pas se substituer à unebonne anticipation et aux pratiques inhé-rentes à l’intégration dans l’entreprised’une part, et à l’acceptation de tout lepersonnel d’autre part. Si l’implémentation

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de logiciel Carl Master a été un succès,Pierre Ageneau maintient qu’aujourd’hui,il prendrait un peu de recul afin d’éviterdes lourdeurs survenues lors de certainsparamétrages. « Le paramétrage et la miseen place de l’arborescence fonctionnelleet géographique du système sont essen-tiels. Au sein de la Régie de l’Eau, nousn’avons effectué le découpage qu’en fonc-tion de la maintenance fonctionnelle, selonles trois ateliers. Ce serait à refaire, nousirions jusqu’à les description des équipe-ments ».

L’expérience parle d’elle-même ; car l’en-treprise se serait bien passée de décrireà nouveau ses installations équipementpar équipement; « nous sommes repartisdu bas cette fois-ci, en sens inverse enquelque sorte. Nous n’avons du coup pasparamétré la maintenance préventivecomme nous l’aurions souhaité »,confirme Daniel Sauvaget. Explications :lors de l’intégration du logiciel, il a étédécidé de se focaliser sur les processusde maintenance et les interfaces avec lesprocessus de production. Une démarchelogique d’un point de vue de l’organisa-tion. Mais les intégrateurs ne sont pasallés assez loin en termes de descriptifsdu système pour vraiment mettre sur piedune arborescence rationnelle.

Avoir impérativement une bonne connaissance

de ses équipements

« Nous avons passé du temps à définircomment décrire tous nos équipements,leurs fonctions ainsi que la maintenance

fonctionnelle qui s’impose. Pour qu’uneGMAO soit pleinement efficace, il fautque toute l’arborescence soit organiséede manière aussi à intégrer les nouvellesinstallations à venir, leurs codificationset entrer tous les renseignements de labase et l’arborescence dans la GMAO ».Une nécessité pour la Régie de l’Eau,dans la mesure où la construction d’unenouvelle usine est programmée pour2013 et devrait s’achever aux alentoursde 2016-2017. D’où l’intégration de lasuite Carl Source dont l’installation vas’opérer en amont des travaux de lanouvelle unité de sorte que tous lesnouveaux équipements soient intégrés àtemps dans la GMAO. « Lors de l’ins-tallation de la GMAO, nous n’avons pasrencontré de problèmes particuliers auniveau de l’organisation, la démarchequalité nous ayant beaucoup aidé enamont. Car il faut toujours avoir àl’esprit que ce n’est pas la GMAO quistructure la maintenance ; la GMAOn’est qu’un outil, et il n’est efficace quesi l’on a une très bonne connaissance deses équipements afin de générer unsystème logique et pour que tout le mondepuisse profiter d’une arborescence fonc-tionnelle. En d’autres termes, il faut quechacun s’approprie l’outil mis en place »,rappelle Daniel Sauvaget.

L’intérêt est donc à la fois de bien identi-fier l’équipement et le lieu. Concrètement,lorsque l’agent de maintenance récupèreune fiche comprenant un ordre de travail,il doit savoir précisément où se situe lamachine sur laquelle il doit intervenir.« C’est pour cela qu’il est important de

mettre au point deux arborescences, l’unequi décrit les équipements, l’autre qui endonne la géographie, de sorte que l’onpuisse reproduire une arête transversaleet parfaitement comprise par tous. Larigueur s’impose donc quant à la mise enplace de la GMAO de façon à pouvoir faireadmettre cette logique d’arborescence. Audépart, ces deux paramètres n’étaient pasliés. Ils le sont aujourd’hui ».

Les grandes étapes dans l’implémenta-tion d’un tel logiciel ont démarré avec ladémarche de qualité, dont l’objectif étaitla transversalité à tous les niveaux ; ontété en effet associés les chefs et lesresponsables d’ateliers ainsi que lesagents de terrain. Ce premier pas franchi,il fallait se pencher sur l’implémentationelle-même. Une équipe dédiée a donc étéconstituée autour des spécialistes de lapartie informatique et des différentsacteurs de la Direction de l’Eau, tentantde répondre à des problématiques tou-chant autant aux questions de mainte-nance que de production. C’est ensuitequ’est venue la rédaction d’un cahier descharges à partir des cas concrets qui ontété traités. « D’autres acteurs ont étéégalement associés au projet, à com-mencer par les responsables de la gestionde stocks, même si leur problématiqueétait quelque peu différente, concèdePierre Ageneau. Un logiciel de gestionde stocks était déjà mis à disposition duservice. Nous avons donc fait le choixd’intégrer ce logiciel au sein de laGMAO » ■

Olivier Guillon

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